effet d’un changement de programme lumineux sur les

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EFFET D’UN CHANGEMENT DE PROGRAMME LUMINEUX SUR LES PERFORMANCES DE PONTE DE DEUX SOUCHES DE PONDEUSES Galéa Fabien 1 , Ferchal Erwann 1 et Rouillière Henri 2 1 Cybelia, Glon-Sanders, 104 avenue du Pdt. Kennedy 75781 Paris Cedex 16 2 Sourches, Centre de recherche, Glon-Sanders, 72240 Saint Symphorien Résumé L’objectif de cet essai est d’évaluer les différences de réactions des souches Isabrown et Lohmann Brown à un changement de programme lumineux. L’essai dure 8 semaines et porte sur 1200 animaux de 42 semaines d’âge répartis en 200 répétitions de 3 poules par souche. Pendant les 4 premières semaines, le programme lumineux est de 14 h de lumière en continu. Un programme fractionné de 4h de lumière suivi de 2h d’obscurité est appliqué à partir de la 4 ème semaine d’essai. La consommation d’aliment, identique avant le changement de programme, augmente pour les Lohmann Brown après l’instauration du nouveau programme et devient significativement supérieure à celle des Isabrown. Pour les deux souches, le changement de programme entraîne une augmentation du poids moyen de l’œuf, mais est plus importante pour la Lohmann Brown. Sur les autres critères mesurés le changement de programme lumineux n’entraîne pas de réaction différente entre souche. Cet essai montre que sur plusieurs critères que l’Isabrown et la Lohmann Brown répondent différemment à un changement de programme lumineux. Introduction Pour différentes raisons comme l’amélioration de la solidité de coquille ou encore la lutte contre les poux rouges, les programmes lumineux peuvent être modifiés. Ces modifications portent sur la fréquence d’alternance des périodes de jour et de nuit. Habituellement des programmes ‘plats’ sont utilisés en élevage de poules pondeuses mais peuvent être remplacés par des programmes fractionnés. Le but de cet essai et de comparer l’effet d’une transition de programme lumineux sur les performances techniques de ponte de deux souches de pondeuses l’Isabrown et la Lohmann Brown. 1. Matériels et méthodes L’essai s’est déroulé à Sourches, le centre expérimental du groupe Glon-Sanders, sur 1200 pondeuses de souches Isabrown et Lohmann Brown. Pour chaque souche 200 répétitions de 3 poules sont mises en place. Les pondeuses des 2 souches sont élevées en cages de 1500 cm² avec 3 poules par cage dans les mêmes conditions (même bâtiment / programme lumineux / alimentation) dès la 18 ème semaine d’âge. De 18 à 45 semaines d’âge les animaux reçoivent un programme lumineux de type 14 h de lumière / 10 h de nuit ; à partir de la 45 ème semaine un programme fractionné est mis en place : 4h de lumière suivi de 2h de nuit, répété 4 fois par jour. L’essai dure donc 8 semaines, de 42 à 49 semaines d’âge. La formule d’aliment est commune aux 2 souches et issue de la même fabrication ; l’aliment contient 17% de protéine et a une concentration énergétique de EM=2680kcal/kg d’aliment brut. Les performances de ponte et les œufs déclassés sont enregistrés hebdomadairement. L’analyse statistique utilisée est une analyse de variance ANOVA. Les différences entre traitement ont été testées en utilisant le test de Bonferroni. 2. Résultats Comme le montrent les Tableaux 1, 2 et 3 de 42 à 45 semaines d’âge, avant le changement de programme lumineux, certaines différences significatives sont observées entre souches. Ces différences sont un poids moyen d’œuf supérieur, une masse d’œuf supérieure et un indice de consommation inférieur pour l’Isabrown. Par contre, aucune différence significative entre souche n’est observée sur les consommations d’aliment ni sur le taux de ponte. Les proportions d’œufs cassés sont significativement supérieures pour l’Isabrown et inférieures pour les œufs sales en comparaison avec la Lohmann Brown. Le changement de programme lumineux n’a pas la même incidence sur les consommations d’aliment des deux souches. Suite au changement de programme, les consommations d’aliment diffèrent signicativement entre souches, alors qu’elles étaient identiques avant le changement de programme (Tableau 3). Les Lohmann consomment plus Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003

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Page 1: Effet d’un changement de programme lumineux sur les

EFFET D’UN CHANGEMENT DE PROGRAMME LUMINEUX SUR LES PERFORMANCES DE PONTE DE DEUX SOUCHES DE PONDEUSES

Galéa Fabien 1, Ferchal Erwann 1 et Rouillière Henri 2

1Cybelia, Glon-Sanders, 104 avenue du Pdt. Kennedy 75781 Paris Cedex 16

2 Sourches, Centre de recherche, Glon-Sanders, 72240 Saint Symphorien

Résumé L’objectif de cet essai est d’évaluer les différences de réactions des souches Isabrown et Lohmann Brown à un changement de programme lumineux. L’essai dure 8 semaines et porte sur 1200 animaux de 42 semaines d’âge répartis en 200 répétitions de 3 poules par souche. Pendant les 4 premières semaines, le programme lumineux est de 14 h de lumière en continu. Un programme fractionné de 4h de lumière suivi de 2h d’obscurité est appliqué à partir de la 4ème semaine d’essai. La consommation d’aliment, identique avant le changement de programme, augmente pour les Lohmann Brown après l’instauration du nouveau programme et devient significativement supérieure à celle des Isabrown. Pour les deux souches, le changement de programme entraîne une augmentation du poids moyen de l’œuf, mais est plus importante pour la Lohmann Brown. Sur les autres critères mesurés le changement de programme lumineux n’entraîne pas de réaction différente entre souche. Cet essai montre que sur plusieurs critères que l’Isabrown et la Lohmann Brown répondent différemment à un changement de programme lumineux. Introduction Pour différentes raisons comme l’amélioration de la solidité de coquille ou encore la lutte contre les poux rouges, les programmes lumineux peuvent être modifiés. Ces modifications portent sur la fréquence d’alternance des périodes de jour et de nuit. Habituellement des programmes ‘plats’ sont utilisés en élevage de poules pondeuses mais peuvent être remplacés par des programmes fractionnés. Le but de cet essai et de comparer l’effet d’une transition de programme lumineux sur les performances techniques de ponte de deux souches de pondeuses l’Isabrown et la Lohmann Brown. 1. Matériels et méthodes L’essai s’est déroulé à Sourches, le centre expérimental du groupe Glon-Sanders, sur 1200 pondeuses de souches Isabrown et Lohmann Brown. Pour chaque souche 200 répétitions de 3 poules sont mises en place. Les pondeuses des 2 souches sont élevées en cages de 1500 cm² avec 3 poules par cage dans les mêmes conditions (même bâtiment / programme lumineux / alimentation) dès la 18ème semaine d’âge. De 18 à 45 semaines d’âge les animaux reçoivent un programme lumineux de type 14 h de lumière / 10 h de nuit ; à partir de la 45ème semaine un programme fractionné est mis en place : 4h de lumière suivi de 2h de nuit, répété 4 fois par jour. L’essai dure donc 8 semaines, de 42 à 49

semaines d’âge. La formule d’aliment est commune aux 2 souches et issue de la même fabrication ; l’aliment contient 17% de protéine et a une concentration énergétique de EM=2680kcal/kg d’aliment brut. Les performances de ponte et les œufs déclassés sont enregistrés hebdomadairement. L’analyse statistique utilisée est une analyse de variance ANOVA. Les différences entre traitement ont été testées en utilisant le test de Bonferroni. 2. Résultats Comme le montrent les Tableaux 1, 2 et 3 de 42 à 45 semaines d’âge, avant le changement de programme lumineux, certaines différences significatives sont observées entre souches. Ces différences sont un poids moyen d’œuf supérieur, une masse d’œuf supérieure et un indice de consommation inférieur pour l’Isabrown. Par contre, aucune différence significative entre souche n’est observée sur les consommations d’aliment ni sur le taux de ponte. Les proportions d’œufs cassés sont significativement supérieures pour l’Isabrown et inférieures pour les œufs sales en comparaison avec la Lohmann Brown. Le changement de programme lumineux n’a pas la même incidence sur les consommations d’aliment des deux souches. Suite au changement de programme, les consommations d’aliment diffèrent signicativement entre souches, alors qu’elles étaient identiques avant le changement de programme (Tableau 3). Les Lohmann consomment plus

Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003

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d’aliment que les Isabrown. La consommation d’aliment des Lohmann augmente alors que celle des Isabrown reste constante. Au niveau du poids moyen de l’œuf, les différences significatives entre souches observées avant le changement de programme lumineux ne sont plus observées après le changement de programme. Sur la dernière semaine d’essai, le poids moyen d’œuf des Lohmann Brown devient significativement supérieur à celui des Isabrown. Si l’on compare cette évolution du calibre de l’œuf par rapport au standard de chaque souche, selon le standard de l’Isabrown, à âge identique le poids moyen de l’œuf augmente de 0.3% alors que pendant l’essai l’augmentation du poids moyen d’œuf était de 1.7% en 4 semaines. Pour les Lohmann Brown le poids moyen d’œuf standard augmente de 0.9% alors que l’essai montre une augmentation de 3% du poids moyen pendant la même période. Le programme lumineux fractionné a entrainé une augmentation du poids moyen de l’œuf pour les deux souches, conformément aux résultats reportés par Bougon et al (1980), Nys et al. (1980) mais qui est significativement plus marquée pour la Lohmann Brown en fin d’essai.

Quel que soit le programme lumineux, l’indice de consommation (IC) est significativement supérieur pour la Lohmann. Les IC des deux souches évoluent de la même manière tout au long de l’essai. Le changement de programme lumineux n’entraîne pas différence de comportement entre souches au niveau des œufs déclassés. Quelle que soit la période, les Isabrown ont toujours un pourcentage d’œufs cassés significativement supérieurs à celui des Lohmann Brown ; l’inverse est observé pour les œufs sales, les Lohmann ont toujours un pourcentage d’œufs sales significativement supérieur aux Isabrown. Pour les deux souches l’application d’un programme lumineux fractionné entraine une diminution significative des œufs cassés, indiquant donc une amélioration de la qualité de coquille Conclusion Les résultats de cet essai montrent que la réaction des pondeuses à un changement de programme lumineux diffère suivant la souche utilisée. L’augmentation de la consommation d’aliment des Lohmann Brown s’est traduite par une augmentation du calibre des œufs plus importante que pour les Isabrown. Des tendances communes sont tout de même observées pour les deux souches. Effectivement le passage d’un programme lumineux plat à un programme fractionné entraîne l’augmentation du poids moyen de l’œuf, une diminution du taux de ponte et des œufs déclassés comme l’ont déjà rapporté

Bougon et al (1980), Sauveur (1988) et Nys et al. (1980). La diminution des œufs déclassés est essentiellement due à la diminution des œufs cassés induite par l’instauration du programme lumineux fractionné.

L’incidence d’un changement de programme lumineux sur les performances techniques de ponte diffère donc selon la souche de pondeuse utilisée. Dans les conditions pratiques d’élevages industriels, le frein principal à l’instauration d’un programme lumineux fractionné reste l’augmentation du poids moyen de l’œuf. Cette augmentation peut être cependant limitée par une adaptation nutritionnelle des formules, qui à la vue de ces résultats, doit tenir compte de la souche utilisée. Références bibliographiques Bougon et al., 1980. Bulletin inf. Ploufragan n°2 -22 :155-161. Sauveur, 1988. Reproduction des volailles et production des œufs - 6 :128-129 – INRA. Nys et al., 1980. Br. Poult. Sci. 21 : 391-397. Guide d’élevage Isabrown, 2000. Guide d’élevage Lohmann Brown, 1999.

Page 3: Effet d’un changement de programme lumineux sur les

TABLEAU 1 : Performance de ponte des Isabrown

42 à 45 semaines

46 à 49 semaines ETR CVR Probabilité

Consommation (g/jour) 118.0 117.8 8.6 7% NS Taux de ponte (%) 91.5 a 89.2 b 7.5 8% 0.001%

PMO (g) 66.2 b 67.1 a 2.7 4% 0.001% Masse d'œuf (g/j) 60.6 a 59.8 b 5.3 9% 1%

IC 1.96 b 1.98 a 0.17 9% 5%

TABLEAU 2 : Performance de ponte des Lohmann Brown

42 à 45 semaines

46 à 49 semaines ETR CVR Probabilité

Consommation (g/jour) 118.4 b 121.2 b 8.8 7% 0.001% Taux de ponte (%) 91.1 a 88.7 b 6.9 8% 0.001%

PMO (g) 65.4 b 67.1 a 3.0 4% 0.001% Masse d'œuf (g/j) 59.6 59.5 5.3 9% NS

IC 2.00 b 2.05 a 0.18 9% 0.001%

TABLEAU 3 : Analyse statistique des différences entre Isabrown et Lohmann Brown avant et après changement de programme lumineux

ETR CVR Probabilité

Consommation g/j 8.3 7% NS Taux de ponte % 7.1 8% NS

PMO g 2.9 4% 0.001% Masse d'œuf g/j 5.2 9% 0.01%

42 à 45 semaines

IC 0.2 8% 0.001% Consommation g/j 9.1 8% 0.001% Taux de ponte % 7.3 8% NS

PMO g 2.9 4% NS Masse d'œuf g/j 5.5 9% NS

46 à 49 semaines

IC 0.2 9% 0.001%

TABLEAU 4 : Différence entre souche sur les œufs déclassés avant et après le changement de programme lumineux

42 à 45 semaines 46 à 49 semaines Probabilité

Isabrown 6.4% 5.4% p<0.1% Lohmann Brown 5.2% 3.9% p<0.01% % œufs

cassés Probabilité p<0.001% p<0.001% - Isabrown 2.8% 2.7% NS

Lohmann Brown 4.7% 3.9% p<0.001% % œufs sales Probabilité p<0.001% p<0.001% -

Page 4: Effet d’un changement de programme lumineux sur les

EFFETS DE L’ALIMENTATION AD LIBITUM SUR LES POULES REPRODUCTRICES CHAIR ENTRE 1 ET 40 SEMAINES D’AGE

Heck Ariane1, Metayer Sonia1, Puterflam Julie1*, Jego Yves2, Trévidy Jean-Jacques2,

Williams John1 et Picard Michel1

1INRA Station de Recherches Avicoles, 37380 Nouzilly, 2Hubbard-ISA, Le Foeil, BP 159, 22800 Quintin,

*adresse actuelle : ITAVI, Beaucemaine BP 37, 22440 Ploufragan Résumé Les progrès de la sélection génétique sur la vitesse de croissance accroissent chaque année proportionnellement à la restriction alimentaire des génotypes lourds. Dans le cadre d’un programme européen, cette expérience compare deux génotypes de poules reproductrices chair : Standard (SA nourries ad libitum ou SR restreintes) et Label (L), entre 0 et 40 semaines d’âge. Pour cela nous avons mesuré différents paramètres zootechniques tels que la consommation, le poids vif et les performances de ponte ainsi que l’état de l’ovaire à 32 semaines d’âge. La maturité sexuelle est retardée de 5 semaines chez les SR comparées aux SA et aux L. Chez les poules SA, on observe une forte sensibilité à la chaleur qui se traduit par une mortalité incompatible avec une production réelle. L’ovaire des poules à 32 semaines comporte en moyenne 6,3 ; 8,0 et 9,4 follicules jaunes pour les L, SR et SA respectivement. Ce développement folliculaire accru s’accompagne d’une augmentation du nombre d’œufs anormaux (double jaune, mous, cassés) qui conduisent à une diminution de la production d’œufs. Globalement l’alimentation ad libitum des reproductrices lourdes n’est souhaitable ni pour la poule ni pour l’éleveur.

1. Matériels et méthodes Introduction

1.1. Protocole expérimental Les poules sont sélectionnées génétiquement selon l’objectif de production chair (poules reproductrices lourdes) œufs de consommation (poules pondeuses). L’élevage des poules reproductrices nécessite un rationnement sévère de leur alimentation pendant la croissance et pendant la période de ponte. L’excès de poids entraîne, en effet, des problèmes cardio-vasculaires, des problèmes d’ascite et une moindre résistance à la chaleur. On observe, en outre, chez les poules reproductrices nourries à volonté un dysfonctionnement ovarien qui se caractérise par un surnombre de follicules jaunes dans la hiérarchie et des anomalies de la ponte (ovulations multiples, œufs à jaune double) conduisant à une chute de la production (Hocking et al., 1987). Le rationnement pendant la croissance et pendant la ponte permet un développement normal des follicules ovariens, une meilleure production (Hocking et al., 1989) et une mortalité plus faible (Katanbaf et al., 1989). Toutefois, la restriction entraîne un stress physiologique (concentrations plasmatiques élevées de corticostérone) (Hocking et al., 1993). L’objectif de cette étude est de mesurer les effets de l’alimentation ad libitum sur 2 génotypes : reproductrices standard de souche lourde (S) et reproductrices label (L). Plusieurs paramètres zootechniques ont été mesurés pour chaque lot au cours de la période d’élevage : la consommation, le poids vif, la mortalité, ainsi que le taux de ponte et le poids des œufs entre 1 et 40 semaines d’âge.

Les poules étaient au nombre de 504 et regroupées en 36 parquets (1,6m x 1,6m) de 14 animaux (12 blocs de 3 parquets). Les S ont été séparées en deux lots équivalents : un lot de poules nourries à volonté (SA : 168) et un lot de poules rationnées (SR : 168) depuis l’éclosion selon les recommandations du guide Hubbard-ISA. Les poules label (L : 168) ont été nourries ad libitum avec le même aliment que les S. Le programme lumineux était le suivant : lumière constante la première semaine, 12 h de lumière jusqu’à 18 semaines augmentant ensuite d’1 h pour atteindre 16 h après 23 semaines d’âge. La température était maintenue à 31°C pour les poussins, puis progressivement baissée pour atteindre 18-20°C après 3 semaines d’âge. Les poids vifs individuels ont été enregistrés toutes les trois semaines avec ajustement du rationnement pour les SR (en fonction des poids individuels). L’ingéré alimentaire a été mesuré avec la même périodicité par parquet en pesant les refus. A 18 semaines, les nids ont été mis en place et la production d’œufs a été enregistrée chaque jour puis cumulée par semaine. Le poids des œufs a été mesuré par parquet sur quatre jours de production chaque semaine. Tous les œufs sales, mous, doubles ou cassés ont été notés. A 32 semaines d’âge, une poule par parquet a été abattue pour prélever l’ovaire afin de récupérer tous les follicules jaunes et l’ovaire résiduel. La taille de chaque follicule de la hiérarchie a été mesurée.

Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003

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1.2. Calculs et analyses statistiques La courbe de poids suit globalement celle de la consommation pour chaque génotype. Les SA et les L ont un poids stable après 24 semaines d’âge : 2,2 kg pour les L et 5,4 kg pour les SA. La courbe de croissance des SR suit exactement celle des L jusqu’à 21 semaines d’âge puis augmente pour se stabiliser à 3,5 kg après 30 semaines d’âge (Figure 2).

Tous les résultats concernant la production et la consommation ont été analysés par parquet par une ANOVA à un facteur. Les moyennes ont été comparées si nécessaire par le test de Student Newman-Keuls (p < 0,05). Pendant la production un bilan a été réalisé pour la période 32 et 40 semaines, c’est à dire après le pic de ponte pour tous les traitements. L’indice de consommation a été calculé comme étant le rapport entre la consommation et la quantité moyenne d’œufs pondus par jour et par poule. La conversion énergétique a été calculée comme étant le produit de l’indice de consommation par la concentration énergétique des aliments. Le pourcentage d’œufs anormaux (mous, doubles, sales et cassés) a été calculé en fonction du nombre total d’œufs pondus par parquet. Les pourcentages ont été transformés en arcsinus (racine carrée) pour ANOVA mais les moyennes sont présentées non transformées.

FIGURE 2 : Poids vifs moyens entre 0 et 40 semaines d’âge des reproductrices nourries ad libitum (SA : standard, L : label) ou rationnées (SR) (n=12 parquets de 14 poules par traitement)

Poids vif (g)

2. Résultats

2.1. Effet du régime sur la mortalité, la consommation et le poids vif

Pour les deux génotypes la mortalité est faible pendant la période de croissance (elle n’excède pas 5%). Après le début de la ponte on constate une augmentation de la mortalité pour les SA au cours d’une période de chaleur où la température a atteint 30°C dans le bâtiment. A 40 semaines, le nombre total de poules mortes ou éliminées de l’élevage pour problème locomoteur est : 5L (3,8%), 51 SA (38,6%) et 8 SR (6,1%). Le taux de mortalité des SA est statistiquement plus élevé que celui des SR et des L (P < 0,01). La consommation alimentaire des standard nourries ad libitum atteint 185 g/poule/jour dès l’âge de 11 semaines. La consommation des SR et des L suit la même évolution jusqu’à 23 semaines d’âge puis diverge au moment où on relâche la restriction des SR. A partir de ce stade le taux d’ingéré des SR augmente (170 g/poule/jour - Figure 1).

0

1

2

3

4

5

1 3 6 9 12 15 18 21 24 27 30 33 37 39

6

LSASR

Âge (semaines)

2.2. Effet du génotype et du régime sur la production d’œufs

La maturité sexuelle a lieu à 20 semaines pour les L et les SA et 25 semaines pour les SR (Figure 3).

Age (semaines)

% de ponte

LSASR

40 38 36 34 32 30282624222018

1009080706050403020100

FIGURE 3 : Pourcentage de ponte moyen entre 0 et 40 semaines d’âge des reproductrices nourries ad libitum (SA : standard, L : label) ou rationnées (SR) (n=12 parquets de 14 poules par traitement)

Age (semaines)

Consommation (g/poule/jour)

LSA SR

40 38 35 32 29 2623 20 14 17 11 8 5 2

250 225 200 175 150 125 100

75 50 25 0

FIGURE 1 : Consommation moyenne entre 0 et 40 semaines d’âge des reproductrices nourries ad libitum (SA : standard, L : label) ou rationnées (SR) (n=12 parquets de 14 poules par traitement)

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce retard : d’une part un poids et un âge minimum sont nécessaires chez un génotype pour que la maturité sexuelle puisse se déclencher (Brody et al., 1980). Dans cette expérience les SR et les L avaient le même poids à 20 semaines d’âge et les SA et les L entrent en ponte au même âge, donc le retard pourrait plutôt s’expliquer par une différence de composition

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Conclusion corporelle entre les SR et les SA ou les L. Il pourrait s’expliquer aussi par un contrôle physiologique résultant de la disponibilité en nutriments (Sauveur, 1988) et/ou d’une régulation hormonale (LHRH) consécutive différente au niveau hypothalamique (Bruggeman, 1998). Les SA et les L atteignent le pic de ponte entre 24 et 25 semaines d’âge alors que les SR attendent 32 semaines. Le taux de ponte maximum est de 92% pour les L, 57% pour les SA et 83% pour les SR. On observe des fluctuations du taux de ponte pour les SA entre 25 et 40 semaines d’âge (Figure 2). Cette fluctuation peut être un artefact dû indirectement à la mortalité pendant la période de ponte chez les SA si les animaux qui meurent ne pondaient pas.

Cette expérience illustre les problèmes posés par l’alimentation ad libitum sur les performances de reproduction et sur la viabilité des reproductrices de type standard, qui ne peuvent être partiellement compensés que par un rationnement qui devient de plus en plus sévère chaque année avec les progrès de la sélection génétique sur la croissance. Les poules label qui présentent un juste équilibre entre viabilité, nutrition et reproduction constituent un témoin intéressant pour la mesure des effets du rationnement sur les reproductrices lourdes. Les résultats de la présente expérience confirment qu’il est impossible de produire des poussins à croissance rapide en alimentant les reproductrices ad libitum. Les mesures comportementales effectuées permettent de compléter la discussion de ces résultats zootechniques (Puterflam et al., 2003)

Le taux de ponte des SA et leur très mauvaise conversion alimentaire et énergétique sont incompatibles avec une production réelle. La faible viabilité des poules SA et leur sensibilité à la chaleur condamnent définitivement ce type de production (Tableau 1). Le rationnement permet une compensation partielle mais les poules SR restent significativement moins efficaces que les L.

Remerciements Nous remercions Florence Favreau, Claude Bouchot et Maxime Quentin pour leur contribution aux prélèvements de tissus, aux relevés des résultats et aux analyses statistiques. Ce programme est financé par la Communauté Européenne (QLRT 2000 1732). A. Heck bénéficie d’une bourse de la région Centre.

Le nombre d’œufs anormaux (œufs à jaune double, mous et cassés) est plus élevé chez les SA comparées aux L et aux SR (Tableau 2). Ce résultat est en accord avec des résultats précédents et peut être attribué aux dysfonctionnements ovariens liés à la sélection génétique sur la vitesse de croissance (Hocking et al., 1987, Whitehead et Hocking, 1988, Yu et al., 1992). Le rationnement compense en partie ces différences mais le nombre d’œufs doubles et cassés est plus élevé chez les SR comparées aux L ce qui pourrait s’expliquer soit par un effet du génotype soit par leur décalage dans le stade de ponte. En effet, quand la comparaison a été faite, les L étaient en ponte depuis 12 semaines alors que les SR venaient d’entrer en ponte. Or le nombre d’œufs défectueux est le plus élevé à l’entrée en ponte ce qui pourrait expliquer cette différence.

Références bibliographiques Brody T., Eitan Y., Soller M., Nir I. et Nitsan Z. 1980. Br. Poult. Sci., 21 : 437-446. Bruggeman V. 1998. PHD thesis Katholieke Universiteit Leuven (Belgium) 187 pages. Hocking P.M., Gilbert A.B., Walker M. et Waddington D. 1987. Br. Poult. Sci., 28 : 493-506. Hocking P.M., Waddington D., Walker M.A. et Gilbert A.B. 1989. Br. Poult. Sci., 30 : 161-174. Hocking P.M., Maxwell M.H. et Mitchell M.A. 1993. Br. Poult. Sci., 34 : 443-458.

2.3. Effet du génotype et du régime sur l’ovaire à 32 semaines d’âge

Katanbaf M.N., Dunnington E.A. et Siegel P.B. 1989. Poult. Sci., 68 : 352-358.

Puterflam J., Heck A., Jego Y., Trévidy J.J., Williams J. et Picard M., 2003 Journées de la Recherche avicole

Le nombre moyen de follicules jaunes par ovaire à 32 semaines d’âge était significativement plus élevé chez les SA que chez les SR et les L, les L ayant moins de follicules jaunes que les SR. Le poids de l’ovaire résiduel après retrait des follicules jaunes était significativement plus élevé chez les SA et les SR comparé aux L.

Sauveur B. 1988. Reproduction des volailles et production d’œufs. INRA, Paris. p.28-29. Whitehead C. et Hocking P. 1988. Pages 6-7 in : Science and the poultry industry. J.Hardcastle, ed. Agricultural and food research council, London, England. Le nombre de follicules par ovaire est comparable au

nombre d’œufs anormaux ce qui confirme l’hypothèse que les hiérarchies multiples entraînent une diminution des performances de reproduction (Hocking et al., 1989, Yu et al., 1992). Mais un effet du stade de ponte ne peut être exclu quand on compare les SR aux génotypes ad libitum.

Yu M.W., Robinson F.E., Charles R.G. et Weingardt R. 1992. Poult. Sci., 71 :1750-1761

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.

TABLEAU 1 : Production d’œufs et indice de consommation moyens entre 32 et 40 semaines d’âge chez des reproductrices nourries ad libitum (SA : standard, L : label) ou restreintes (SR)

(n=12 parquets de 14 poules par traitement)

L SA SR P1 ESM Mortalité (%) 3,8 a ± 1,4 31,1b ± 5,9 6,1a ± 2,3 *** 3,7 Taux de ponte (%) 80,2 b ± 1,4 52,4 a ± 3,4 79,1b ± 1,9 *** 2,4 Poids moyen de l’œuf (g) 61,5 a ± 0,4 63,7 b ± 0,6 63,7 b ± 0,3 ** 0,4 Production d’œufs (g/poule/jour) 49,0 b ± 1,0 33,5 a ± 2,3 50,3 b ± 1,3 *** 1,6 Consommation (g/poule/jour) 117,0 a ± 2,9 184,0 c ± 2,9 167,0 b ± 0,4 *** 2,4 Indice de consommation (g/œuf) 2,4 a ± 0,1 5,8 c ± 0,4 3,3 b ± 0,1 *** 0,3 Conversion énergétique (KJ/g d’œuf) 26,8 a ± 0,2 66,2 c ± 1,1 37,9 b ± 0,3 *** 0,6

1Probabilité : ** <0,01, *** <0,001 2Test de Newman et Keuls : les moyennes avec des lettres différentes dans la même ligne diffèrent significativement (p<0,05) ESM : écart standard à la moyenne TABLEAU 2 : Proportion d’œufs anormaux pondus entre 18 et 40 semaines d’âge, nombre de follicules jaunes

et poids de l’ovaire résiduel à 32 semaines d’âge chez les poules reproductrices nourries ad libitum (SA : standard, L : label) ou restreintes (SR)

L SA SR P1 ESM

Jaune double 1,07 a ± 0,16 7,62 c ± 0,57 2,50 b ± 0,56 *** 0,50

Mou 0,15 a ± 0,03 2,41 b ± 0,22 0,42 a ± 0,10 *** 0,14 Cassé 1,47 a ± 0,12 5,22 c ± 0,37 3,23 b ± 0,45 *** 0,29 Sale 4,86 a ± 0,83 9,50 b ± 0,81 11,80 b ± 1,47 *** 1,00

Nombre de follicules jaunes/ovaire 6,33 a ± 0,19 9,36 c ± 0,72 8,00 b ± 0,37 ** 0,45

Poids du reste d’ovaire (g) 5,12 a ± 0,36 8,41 b ± 0,40 7,38 b ± 0,60 ** 0,45

1Probabilité : ** <0,01, *** <0,001 2Test de Newman et Keuls : les moyennes avec des lettres différentes dans la même ligne diffèrent significativement (p<0,05) ESM : écart standard à la moyenne

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UNE TECHNIQUE D’ACCLIMATATION PRECOCE DES POULETS DE CHAIR AU CLIMAT TROPICAL

De Basilio Vasco1, Vilariño Maria2*, Requena Fanny2, Leon Alicia2 et Picard Michel3

1Sección de Avicultura, Instituto de Producción Animal, Facultad De Agronomia, Universidad Central De Venezuela, Apdo. Postal 4579, Maracay 2101, Venezuela, 2Instituto de Investigaciones Zootecnicas, Instituto Nacional de Investigaciones Agropecuarias, Apdo. 4653, Maracay 2101, Venezuela. 3Station de Recherches

Avicoles, Institut National de la Recherche Agronomique, 37380 Nouzilly, France. * adresse actuelle : ARVALIS Pouline 41100 Villerable

Résumé La mortalité des poulets en finition due à la chaleur, peut être réduite par l’acclimatation précoce des poussins induite à l’âge de 5 j à une température ambiante (Ta) de 36 - 40 °C pendant 24 h (TC). Cette technique améliore la résistance des poulets à la chaleur et stimule irrégulièrement la croissance en milieu tropical simulé et réel. La température corporelle (Tb) est durablement diminuée (de 0,10 à 0,25°C) immédiatement après TC. Une trentaine d’expériences de taille (20 à 2000 poulets de chair mâles) et de durée (7 à 42 j) variables, valident la mesure de Tb dans le colon terminal et utilisent un modèle d’ambiance tropicale semi-contrôlée. Pour réduire Tb, Ta pendant TC doit être > à 36°C pendant 24h. La source de chaleur modifie l’efficacité de TC. Par rapport au gaz, les ampoules infra rouge n’induisent pas de résistance durable à la chaleur bien que la réduction de Tb après TC soit maintenue. Des Ta quotidiennes maximales >31°C peuvent induire une acclimatation tardive masquant ultérieurement les effets de TC sur la mortalité. Les variations de Tb chez le jeune poussin sont partiellement liées à l’acclimatation et semblent héritables (héritabilité d’env. 0,4). TC induit à 7 j une réduction de 85% de l’expression des ARNm de avUCP, la protéine découplante mitochondriale du muscle de poulet. TC produit un changement métabolique et une réduction de Tb immédiats et durables. C’est une technique relativement facile à appliquer dans les poulaillers tropicaux. Introduction La production et la consommation annuelles de plus de 25 kg de poulet de chair par habitant et par an est permise au Venezuela par une technicité rigoureuse de la filière. Son organisation permet d’envisager le développement rapide de techniques nouvelles pour résoudre des problèmes essentiels dus au climat tropical. En France, le développement de l’aviculture, bien que plus chevronné qu’au Venezuela, a aussi ses problèmes et la mortalité estivale en fait partie. Une technique proposée par Arjona et al. en 1988 et développée par Yahav (2000) consiste à stimuler les jeunes poussins âgés de 5 jours par une exposition à une chaleur élevée (37-38°C) pendant 24h. Cette technique ou « early-age thermal conditioning » réduit la mortalité des poulets en finition lors d’un stress thermique sans que l’on sache avec précision si cette stimulation initiale a diminué la thermogenèse ou stimulé les capacités de thermolyse des animaux. TC correspondrait au « conditionnement thermique des jeunes poussins » que nous nommerons « acclimatation précoce». Considérons successivement les effets, les causes d’échecs et les modes d’actions possibles de TC au travers de résultats récents obtenus en milieu tropical (De Basilio, 2000 ; consultable sur demande à M. Picard). 1. Les effets de l’acclimatation précoce Le premier effet mesurable de TC est une augmentation de la température corporelle (Tb)

accompagnée d’une réduction transitoire de la consommation et de la croissance des poussins pendant les 24 h d’exposition. Dès une heure après la fin de TC une réduction durable et significative de Tb (de 0,10 à 0,25°C) par rapport aux témoins non exposés est mesurée même dans les conditions de la production (Figure I). FIGURE 1 : Température corporelle moyenne (Tb) de 50 poussins N = non acclimatés et de 50 poussins T = acclimatés, avant (5j), pendant (après 23 heures d'acclimatation) et 1 heure après la fin d'acclimatation (6j) dans un poulailler de production tropical. De Basilio (2001a).

Tb (°C)

p<0.01

p<0.01

ns

T

N

après pendant avant

41.841.641.441.2

4140.840.640.440.2

40

Le second effet majeur de TC est l’acquisition d’une résistance accrue au stress thermique notamment en finition. La majorité des travaux de laboratoire rapportent une réduction de la mortalité dans des

Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003

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conditions de stress aigu sur des effectifs variables (Tableau et De Basilio et Picard, 2001 pour revue). Il est toutefois plus réaliste de mesurer ces effets dans des conditions de production où un millier de poussins a été conditionné ou non dans des cercles au départ, marqué à la patte puis relâché dans un troupeau de 17600 congénères (Figure 2). FIGURE 2 : Nombre cumulé de poulets morts de 2 à 6 semaines d’âge provenant des cercles N = non acclimatés (960 poussins au départ) et des cercles T = acclimatés (960 poussins au départ) dans un élevage tropical au Venezuela (De Basilio, 2001a)

Le troisième effet moins constant serait une stimulation de la croissance musculaire se traduisant par une augmentation du poids vif des poulets conditionnés T par rapport aux témoins N au moment de l’abattage (Tableau et Yahav et McMurtry, 2001).

2. Mesures et « échecs » de l’acclimatation précoce L’amplitude et la nature des améliorations induites par l’acclimatation précoce sont variables d’une étude à l’autre. La mortalité est réduite de 63 % (Arjona et al., 1988) ou non significativement de 15 %. (Bougon et al., 1996). La croissance n’est améliorée que dans 4 cas sur 13 (Tableau). L’équilibre entre la précision des mesures et le nombre d’animaux est une question centrale dans beaucoup d’expériences. Une haute précision ne peut être obtenue que dans des conditions artificielles contrôlées qu’il est difficile d’appliquer à de grands effectifs. La mortalité est un paramètre très souvent évoqué comme la preuve de réussite, malgré le nombre réduit d’animaux et les conditions artificielles de beaucoup de travaux. Il n’est pas aisé de passer d’une recommandation née dans un laboratoire bien contrôlé aux conditions de l’élevage de poulets en climat tropical, dans des bâtiments ouverts aux aléas climatiques (pluies,…). La durée (24 heures) et le moment d’application de

TC (période de démarrage) facilitent en apparence la mise en pratique. Par contre, un suivi précis de la température ambiante (Ta) pendant l’acclimatation (38-40°C) est délicat. Par un travail mené alternativement au laboratoire et en élevage, la nécessité d’un environnement tropical « semi-contrôlé » comme outil de recherche s’est imposée pour rester précis et évaluer des facteurs essentiels à la normalisation des résultats (Figure 3). A partir d’une comparaison raisonnée des modèles expérimentaux (Tableau et De Basilio et Picard, 2001), deux approches complémentaires ont été développées : établir un semi-contrôle de l’espace expérimental, et compartimenter celui-ci à différentes échelles. « L’emballage » d’un espace expérimental par un filet plastique a permis de contrôler partiellement la Ta par le chauffage et le conditionnement d’air, tout en subissant les fluctuations extérieures du climat (Figure 3). La construction de cercles est une première structuration de l’espace permettant de contrôler de manière rigoureuse l’environnement pendant un temps donné, quelles que soient les fluctuations extérieures ou la Ta dans un autre cercle.

05

101520253035404550

Nom

bre

cum

ulé

de p

oule

ts m

orts

2 3 4 5 6

ns nsns

ns

p=0.045N

T

Grâce à cet outil certaines causes apparentes d’échec de TC ont été analysées : les ampoules infra rouges (IR) n’ont pas la même efficacité que les radians à gaz à Ta constante (De Basilio et al., 2002). Les IR peuvent chauffer très rapidement par radiation la périphérie du corps des animaux qui, à 5 jours, n’est pas encore emplumée. Dans nos conditions les ampoules augmentaient la luminosité dans les parquets et l’activité des poussins pendant l’acclimatation. Leurs conséquences sur la teneur de l’air en oxygène et en humidité sont différentes.

Age (semaines)

Sur le terrain, l’hygrométrie varie entre 49 et 89% au niveau des poulets ce qui pourrait expliquer des variations de réponses à TC. Une hygrométrie élevée peut aggraver de 2 à 3°C la perception de la chaleur par les poussins, expliquant ainsi que les Ta optimales que nous déterminons (38 – 40°C) soient supérieures à celles déterminées par Yahav et McMurtry (2001). Il est très difficile de contrôler l’hygrométrie d’un poulailler tropical ouvert. Il faut ajuster les Ta de TC à l’hygrométrie relative réelle. Après TC, des pics thermiques quotidiens à 35°C et au-dessus peuvent stimuler une acclimatation tardive (May, 1987). Dans nos conditions, lorsqu’une telle acclimatation tardive s’est produite, elle a masqué les effets de l’acclimatation précoce (De Basilio et al., 2002). Enfin, la possibilité d’une sensibilité différente à TC à des âges différents est démontrée (Yahav et Mc Murtry 2001). Le débat sur l’âge optimal entre 2 et 5 jours repose le problème de l’âge biologique exact des poussins à l’arrivée.

Page 10: Effet d’un changement de programme lumineux sur les

TABLEAU. Nombre de travaux qui rapportent une réduction (T<N), pas de changement (T=N) et une augmentation (T>N) de la température corporelle (Tb), de la consommation d’aliment, du poids vif, de la

mortalité et du taux circulant de T3 chez les poulets soumis (T) ou non (N) à TC, dans 11 travaux publiés sur acclimatation précoce (De Basilio et Picard, 2001) 15 expériences inclues dans la thèse de De Basilio (2002)

Période (âge)

Nombre d’expériences

T < N

T = N

T > N

___________Tb____________ Pendant TC (6j) 4 0 0 4 Après TC (7 j) 17 17 0 0 7-35 j 4 2 2 0 Avant coup de chaleur 7 4 3 0 Pendant coup de chaleur 4 4 0 0 ___Consommation d’aliment___ 5-6 j 8 7 1 0 0-7 j 8 1 7 0 Avant coup de chaleur 8 0 9 1 __________Poids vif__________ 5-6 j 9 8 1 7 j 9 4 5 0 14-24 j 7 1 6 0 Avant coup de chaleur 13 0 9 4 _________T3 circulante_______ 24 heures après TC 3 3 0 0 48 heures après TC

2 0 2 0

Entre TC et coup de chaleur 2 0 2 0 Avant coup de chaleur 2 1 1 0 _________ Mortalité _________ Pendant coup de chaleur 20 12 8 0

FIGURE 3 : Dispositif d’ambiance tropicale semi-controlée utilisé au Venezuela

5 m

Cage individuelle

14m cercle

Cage collective

Position manipulateurAir conditionné Porteventilateur Ampoules infra rouge

Rideaux isolants* et grillage 4cm

Rideaux isolant

Rideaux isolant et grillage 0,5 cm maille

Eleveuse a gaz

* Filet plastique (type serre) laissant passer l’air mais réduisant la luminosité

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3. Comment agit l’acclimatation précoce ? Si TC réduit toujours Tb, cette réduction n’est pas systématiquement associée à une réduction de la mortalité lors du coup de chaleur final. Dans certaines expériences, des poulets ayant une Tb plus élevée ont plus de chance de mourir si Ta augmente en finition. Dans ces cas « favorables », l’acclimatation précoce aurait un effet relativement simple, en réduisant la température basale des poulets, et donc en réduisant le risque d’hyperthermie. Malheureusement, l’explication n’est sans doute pas aussi simple. La variation de Tb entre 4 et 7 jours d’âge est, dans d’autres expériences, moins prédictive de la mortalité que la Tb à l’âge de 4 jours, soit avant TC (De Basilio et al., 2002). Les liens existant entre Tb et mortalité existent dans de nombreux travaux sur le climat, sans qu’il ait pu être établi une relation simple et claire. FIGURE 4 : Expression de la protéine de découplage mitochondriale (av UCP) dans le muscle pectoral de poussins témoins (N) et soumis à l’acclimatation précoce (T). (Taouis et al., 2002)

Une réduction de l’expression des ARNm de avUCP (- 85%) dans le muscle pectoral à l’âge de 7 jours chez les poussins acclimatés pourrait contribuer à une réduction durable de la thermogenèse (Figure 4). Cependant, une augmentation faible mais significative du rythme respiratoire confirme également une facilitation de la thermolyse chez les poulets acclimatés (Zhou et Yamamoto, 1997). D’autre part, les résultats non publiés de Yahav (communication personnelle), indiquent une modification durable des pertes de chaleur sensible par radiation et convection chez le poulet soumis à TC. La facilitation de la thermolyse pourrait être une explication majeure des effets d’adaptation climatique observés. L’aptitude des poussins à s’acclimater est-elle héritable ? Les quelques mesures effectuées indiquent une héritabilité de 0,4 de la variation de Tb après TC (Taouis et al., 2002)

mais ils doivent encore être validés sur des effectifs plus importants. La mort par coup de chaleur ne semble pas être corrélée à un poids vif supérieur à la moyenne dans un groupe (De Basilio et al., 2001b) mais les poulets qui vont mourir à 40 jours d’âge peuvent déjà avoir à 4 jours une Tb en moyenne plus haute que les poulets survivants (De Basilio et al., 2002). Conclusions et perspectives

L’acclimatation précoce est une technique utile et praticable en élevage tropical. Son efficacité sur la croissance doit être précisée. TC produit un changement métabolique et une réduction de Tb immédiats et durables. Le suivi de la Tb et de la croissance d’un poulet identifié, acclimaté ou non à différents âges, auquel on prélève deux échantillons de muscle pectoral à différents moments peut permettre de progresser dans l’étude des changements métaboliques induits par TC. Ce modèle peut aussi bien être testé au laboratoire que sur le terrain en adaptant les conditions de captures (i.e., remise d’animaux marqués dans les cercles à différents âges). Une telle démarche est souhaitable également pour maintenir le lien entre les recherches pratiquées dans des pays différents par leur climat et par leurs outils d’expérimentation. avUCPA

T1 N1 T2 N2 T3 N3 T4 N4 T5 N5

0

. 25

. 5

. 75

1

1. 25

1. 5

1. 75

2

2. 25

2. 5

N T

avUCP / 18S

P < 0.02

DL’acclimatation précoce peut certes sauver de nombreux poulets. Elle peut également faire mieux comprendre le développement post-éclosion du jeune poussin de chair, quelle que soit la latitude. Remerciements Nous remercions vivement les nombreuses personnes qui, de chaque côté de l’océan, ont contribué à la thèse de Vasco de Basilio ainsi que le CDCH de l’Université centrale du Venezuela. Références bibliographiques Arjona A. et al., 1988. Poult. Sci., 67: 226-231. Bougon M. et al., 1996. Sci. Tech. Avic. : 14, 4-11. De Basilio V., 2002 Thèse ENSAR. De Basilio V. et Picard M., 2001. INRA Prod. Anim. : 15 : 235-245. De Basilio V. et al., 2001a. Rev. Elev. Med. Vet. Pays Trop. 54 : 159-167. De Basilio V. et al., 2001b. Poult. Sci., 80: 29-36. De Basilio V. et al., 2002. Anim. Res. : in press May J. et al. 1987. Poult. Sci., 66 : 378-380. Taouis M. et al., 2002. Poultry Sci. 81 : 1640-1643. Yahav S., 2000. Avian Poult. Biol. Rev., 11 :81-95. Yahav S. et Mc Murtry J., 2001. Poult. Sci., 80 : 1662-1666. Zhou W. et Yamamoto S., 1997. Br. Poult. Sci., 38 : 107-114.

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PROBLEMATIQUE ET PRATIQUES D'ELEVAGE EN POULES PONDEUSES DANS LE SUD EST DE LA FRANCE CONTRE LES NUISIBLES : POUX ROUGES ET MOUCHES

Lubac Sophie1, Dernburg Ann², Bon Guillaume1.2, Chauve Claude², Zenner Lionel²

1ITAVI, 5 rue Hermann Frenkel, 69364 Lyon Cedex 07

2INRA-UMR mixte INRA, DGER 958, ENV de Lyon, 1 avenue Bourgelat, 69280 Marcy l'Etoile Résumé Cette étude devait évaluer l'importance des poux rouges et des mouches en élevage de pondeuses suivant le mode de production et appréhender les facteurs de risques déclenchant les pullulations. Une enquête a été réalisée auprès de 52 éleveurs du Sud-Est de la France. Les poux ont été cités comme le nuisible engendrant le plus de pertes économiques en élevages standards, mais placés après les rapaces, rongeurs et carnivores en système alternatif et biologique. Les taux d'infestation (67 % des cas) sont pourtant comparables quel que soit le mode d'élevage et auraient davantage lieu au cours de l'hiver (60 % des lots). La présence de mouches a été signalée aussi dans 67 % des lots, sans lien avec la présence de poux. Si elles ne sont citées qu'en 3ème position des nuisibles en élevage standard, les mouches engendrent quasi systématiquement un traitement et leurs pullulations provoquent 1 fois sur 2 des nuisances pour le voisinage ; la pression est plus faible en élevage alternatif. Abstract In this study, we evaluated the impacts of poultry mites and flies in egg farms, in relation to the mode of production. We sought to apprehend the risk factors which triggered pest proliferation. A survey was conducted among 52 poultry farmers in South-East France. Mites were cited as the pest which caused the greatest economic damage in standard farms, but they were placed fourth after raptors, rodents and carnivores by alternative and organic farmers. Notwithstanding, infestation levels were similar, regardless of mode of production (67% of farms), and they were more frequent in winter (60% of farms). Fly infestations were recorded in 67% of farms; there was no relationship between fly and mite infestations. Flies were cited as the third most noxious pest in standard farms, yet infestations were invariably treated. Nuisance to the neighbourhood was the second most common cause for treating against flies. Flies were less of a nuisance for alternative farmers. Introduction Les éleveurs de poules pondeuses se trouvent fréquemment confrontés à des pullulations d'ectoparasites (poux rouges et mouches) difficilement maîtrisables. En Amérique du Nord, certaines infestations massives de Ornithonyssus sylviarum (Canestrini et Fanzago, 1877) n'ont pu être endiguées que par la destruction des bâtiments d'élevage affectés, tandis que Dermanyssus gallinae (De Geer, 1778) a été responsable d'importantes pertes de production en Europe (Cosoroaba, 2001 ; Cencek et al., 2002). Les deux espèces sont présentes en France (Chauve, 1998 ; Bruneau et al., 2002) et bien qu'elles aient un mode de vie différent, elles sont confondues sous le terme commun "poux rouge". Pour leur part, les mouches (Musca domestica) et moucherons (type Fannia canicularis ou Drosophila sp.) n'inquiètent pas directement les animaux mais engendrent de lourdes nuisances environnementales (Axtell, 1999). Si elles facilitent la dispersion de

germes pathogènes, elles sont de plus en plus souvent à l'origine de plaintes du voisinage où elles se dispersent. Nous connaissons peu l'impact réel de ces ectoparasites en élevage de pondeuses en France. Cette étude avait donc pour objectif d'évaluer leur importance en fonction du mode de production, dans les élevages du Sud-Est de la France. 1. Matériels et méthodes Une enquête rétrospective a été réalisée auprès des éleveurs de poules pondeuses du Sud-Est à l'aide d'un questionnaire qui ne concernait que la dernière bande finie. Elle a permis d'appréhender le type d'exploitation, les modes de logement des poules, les espèces de nuisibles présentes et leur gravité, ainsi les méthodes de lutte employées et leurs coûts.

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Grâce à l'appui de la filière œuf régionale, les questionnaires ont été distribués par les techniciens de 5 entreprises de Rhône-Alpes aux éleveurs. Les résultats quantitatifs ont été étudiés par le biais du test de Chi-deux. La hiérarchisation des animaux nuisibles à l'élevage a été effectuée à partir de la moyenne des notations. L'estimation des coûts a été réalisée à partir de la moyenne des intervalles de coûts proposés à l'éleveur et les comparaisons ont été faites par test U de Mann Withney. 2. Résultats 2.1. Caractéristiques de l'échantillon 52 questionnaires ont été utilisés, provenant des départements suivants : Alpes de Haute Provence, Ardèche, Drôme, Haute Savoie, Isère et Rhône. L'échantillon est composé pour un tiers d'élevages standards de pondeuses (19 bandes soit 14 % des élevages standards de Rhône-Alpes) et de deux tiers d'élevages dits alternatifs (plein-air avec label, plein-air sans label, au sol en claustration, représentant 18 bandes soit 20 % des élevages alternatifs de la région) et biologiques (15 bandes soit 60 % des élevages de Rhône-Alpes). 2.2. Prévalence de poux et des mouches Dans les élevages enquêtés, les poux ont été jugés comme étant les parasites les plus nuisibles à l'élevage standard, mais ont été classés 4ème nuisible derrière les rapaces, rongeurs et carnivores par les éleveurs en système alternatif. Les mouches occupent respectivement la 3ème et 5ème place (Tableau 1). Les taux d'infestation selon le type de production sont précisés dans le Tableau 2. Les poux ont été signalés dans 67 % des bandes. Aucune différence de niveau d'infestation n'a été révélée en fonction du type (standard, bio, alternatif) et du mode d'élevage (claustration ou parcours). L'infestation est constatée en moyenne vers la 17ème semaine de la bande (variant de la 3ème à la 40ème semaine). 60 % des infestations ont eu lieu entre octobre et mars, pendant les mois "froids". Il n'y a pas de différence significative entre les périodes d'infestation des élevages standards, alternatifs et biologiques concernés (Figure 1a). Des infestations de mouches ont été signalées dans 67 % des lots suivis. Le nombre d'élevages en claustration qui ont été infestés est significativement plus élevé par rapport aux élevages avec parcours (p=0,08). La mouche domestique a été identifiée par 85 % des éleveurs concernés, tandis que les moucherons ont été identifiés dans 32 % des cas, parfois en association avec la mouche domestique. Les mouches apparaissent en moyenne au cours de la 11ème semaine après la mise en place des poules

pondeuses (variant de la 2ème à la 28ème semaine), c'est à dire pendant le premier semestre d'élevage. L'explosion des infestations a eu lieu majoritairement en été, et plus précisément entre les mois de mai et d'août (73 % des réponses) et dans une moindre mesure de janvier à avril (20 % des cas). Les périodes de pullulation des mouches sont assez semblables quel que soit le mode d'élevage (Figure 1b). 2.3. Lutte contre les ectoparasites La mise en évidence de poux dans l'élevage par l'éleveur (32 réponses) a découlée majoritairement de la vue des parasites dans le bâtiment (citée 17 fois en réponse unique et 12 fois en réponse multiple). Elle a aussi résulté de l'agitation des animaux (31 % des réponses), de l'observation d'une chute de ponte (22 %) et de l'augmentation du taux de déclassement (22%). L'irritation cutanée de l'éleveur et le taux de mortalité des animaux ont été rarement cités (Figure 2a). Sur 35 exploitations infestées par des poux, 30 ont été traitées en cours de bande, un seul élevage apparemment non infesté avait mis en place en prévention un fractionnement lumineux. En ce qui concerne les mouches, la grande majorité des exploitations infestées ont été traitées : 94 % des bandes en production standard et 75 % en production alternative et biologique. Nous notons aussi que 3 exploitations non infestées avaient fait l'objet d'un traitement préventif. L'utilisation de traitements contre les mouches a été déclenchée majoritairement par la gêne occasionnée auprès des éleveurs (80 % des réponses), mais aussi vis à vis de la poule (40 %) et du voisinage (37 % des cas). Les mouches sont ainsi perçues comme un problème de voisinage dans 1 cas sur 2 en standard et 1 cas sur 3 en alternatif. La présence de mouches dans l'élevage aurait engendré une baisse des performances technico-économiques de la bande pour 2 éleveurs alternatifs uniquement. Quelle que soit l'espèce de nuisible, les traitements appliqués regroupent l'ensemble des moyens disponibles. Ils sont d'ordre : chimique, de nature synthétique ou naturelle, tels que les organophosphorés, les carbamates, les pyréthrines, les huiles essentielles, les inhibiteurs de synthèse ; physiques (produits à base de silice) ; biologiques, avec utilisation de prédateurs larvicides, et indirects en rendant le biotope du parasite moins accueillant (acidification de l'eau, fractionnement lumineux). 2.4. Estimation des coûts de traitement Pour les poux, 34 réponses mettent en évidence qu'au cours des 12 derniers mois avant l'enquête, le coût moyen de traitement pour un lot de 100 animaux tend à être plus élevé en élevage standard (4,33 €) qu'en alternatif et biologique (3,83 €) (p=0,06). Ramenée à la surface au sol, ces dépenses sont estimées respectivement à 0,85 et 0,36 €/m². Le coût moyen des traitements utilisés contre les mouches représente

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14,93 € pour 100 animaux en élevage alternatif (1,12 €/m²) contre 5,40 € en standard (1,07 €/m²) et sont significativement différents (p<0,0001). 3. Discussion En France, 18 % des poules pondeuses sont élevées en système alternatif (Salliot, 2001). Pourtant, ce type de production représente 64 % de notre échantillon, indiquant le rôle actif des techniciens dans la lutte contre les nuisibles auprès des élevages alternatifs. La hiérarchisation des nuisibles en fonction des pertes économiques engendrées met en évidence les poux en premier plan dans les élevages standards et les mouches en troisième place. Pour comparaison, dans les élevages standards américains, les mouches ont été classées 2ème et Ornithonyssus sylviarum 4ème sur 8 nuisibles communément trouvés (Harrigton et al, 1998). Cette différence (Tableau 1) peut être due à l'importance variable que les services techniques américains et français accordent à ces nuisibles et aux dissemblances des élevages. Pour revenir aux exploitations françaises, comme les animaux élevés en claustration ne sont pas exposés aux prédateurs, il est tout à fait logique que les éleveurs aient classé ces nuisibles en dernière position. Par contre, les éleveurs en production avec parcours ont placé les rapaces et carnivores en tête de liste des nuisibles. Bien que les prédateurs peuvent occasionner des dégâts directs (mortalité) ou indirects (clôtures et matériel dégradés), nous pensons que ce rang est surtout dû aux impacts psychologiques : la vue d'un cadavre ensanglanté reste dans la mémoire de l'éleveur, tandis que des pertes chroniques occasionnées par les poux sont difficilement visibles et quantifiables. En effet, Ornithonyssus sylviarum peut provoquer des chutes de ponte (De Vaney, 1979 ; Mathysse et al., 1974 ; Arends et Al, 1984), tandis que Dermanyssus gallinae a été mis en évidence dans des cas cliniques où les animaux présentaient un ou plusieurs symptômes suivants : anémie, irritabilité, baisse de ponte, augmentation du taux d'œufs déclassés et mortalité (Jungmann et al., 1970 ; Cencek et al. 2000 ; Cosoroaba, 2001). Les poux rouges et les mouches sont donc effectivement présents dans la majorité des exploitations du Sud Est (67 % de l'échantillon pour les 2 parasites) et inquiètent de façon notoire les éleveurs. Il est tout de même nécessaire de rappeler que le jugement de la présence ou non de mouches ou de poux dans l'élevage est subjectif et dépend de la perception et des indicateurs propres à chaque éleveur, ainsi que de l'influence des conseils des services techniques qui l'entourent. Aucun écart n'a été mis en exergue entre le taux de bâtiments en claustration ou avec parcours infestés

par les poux. Toutefois, 80 % des éleveurs bio déclarent la présence de poux contre 56 % en système alternatifs non bio, alors que dans les 2 cas les poules ont accès à un parcours. Peu de méthodes de lutte sont en effet disponibles dans le cadre du cahier des charges Agriculture Biologique. De même, il n'y a pas de liaison statistiquement significative entre saison et mode d'élevage. Pourtant, Dermanyssus gallinae est réputé pour être un "nuisible d'été" difficilement contrôlable dans les élevages avec parcours, tandis que Ornithonyssus sylviarum est essentiellement problématique en hiver, dans les élevages à forte densité animale (Axtell, 1999). La connaissance de ces parasites en France sera certainement enrichie par l'identification microscopique des poux trouvés sur les exploitations. Les mouches, pour leur part, sont un problème conséquent spécifiquement en conditions standards (infestation de 84 % des élevages) et engendrent quasi systématiquement un ou plusieurs traitements. Les 3 élevages non affectés par les mouches sont pourvus de tapis d'évacuation et/ou de séchage des fientes (soit 1/3 des élevages de l’échantillon disposant de ce système d’évacuation des fientes). La pression semble moins élevée en élevages avec parcours, où même en cas de présence de mouches (58 % des cas), l'éleveur n'a pas toujours recours à des méthodes de lutte. Ces différences s'expliquent entre autre par les différences de modes d'élevage (en cage ou au sol), les écarts de densité animale, de nombre d'animaux présents par bâtiment et donc par la quantité et la qualité des fientes accumulées. Néanmoins, nous pouvons aussi nous demander si la faible pression relevée en élevages biologiques ne résulte pas d'un nombre de bandes d'élevage successives assez réduit –70 % des bâtiments âgés de moins de 3 ans. Le facteur saison est de plus impliqué dans le développement des populations de mouches, contrairement aux poux. En effet, l'apparition de mouches peut se réaliser dès la 2ème semaine après la mise en place des poules alors que peu de fientes sont accumulées, et ceci tout particulièrement de mai à août. Il n'existe pas de lien statistique entre la présence des 2 parasites en élevage. 4. Conclusion Cet exposé a mis en exergue la prédominance des poux et des mouches dans la lutte contre les nuisibles en élevage de pondeuses dans le sud est de la France. Les méthodes de traitement ne sont pas présentées ici, nécessitant une étude à part entière, afin de comprendre les modalités d'utilisation des molécules chimiques et les pratiques appliquées. Cette étude nécessiterait de plus d’être réalisée auprès des autres régions productrices où le climat et les systèmes d’élevage diffèrent.

Page 15: Effet d’un changement de programme lumineux sur les

Références bibliographiques Arends J.J., Robertson S.H. and Payne C.S. 1984. Poult. Sci. 63: 1457-1461

Harrington E.P., Kaufman P.E., Weingart D.B., Waldron J.K. and Rutz, D.A. 1998. Pesticide Management Education Program, Cornell University, New York.

Axtell R. C., 1986. Ratech Services. Axtell R.C. 1999. Rev. 4: 53-73. Bruneau A., Dernburg A. Chauve C. and Zenner L. 2002. Vet. Rec. 150:413-414.

Jungmann R., Ribbeck R., Eisenblatter, S. and Schematus, H. 1970. Monatsh Veterinarmed. 25: 28-32. Cencek T., Ziomko I. and Topor W. 2002. Med. Wet.

(In press) Larraillet L., 1995. ENV Toulouse. Chauve C. 1998. Vet. Parasitol. 8: 364-376. Matthysse J.C., Jones C.G. and Purnasiri A. 1974.

Search Ag. 4: 1-39. Cosoroaba I. 2001. Revue Méd. Vet. 152 : 89-96. DeVaney, J.A. 1979. Poult. Sci. 58: 191-194. Salliot C. 2001. Session régionale, ITAVI. Ed. TABLEAU 1 : Importance accordée aux nuisibles par les éleveurs de pondeuses du Sud-Est de la France (2002) et de New York, USA (Harrington et al. 1998)

TABLEAU 2 : Prévalence d’infestation de mouches et poux, en fonction du type d’exploitation

Sud-Est Alternatif Standard

EtatsUnis

Nuisibles

notea rang notea rang rang Poux 3.2 4 4.1 1 4 Mouches 2.2 5 3.4 3 2 Coléoptères 1.0 2 1.5 4 3 Chiens ou renards 4.0 2 0.0 6 6 Mites 0.1 7 0.2 5 5 Rapaces 4.5 1 0.0 6 7 Rongeurs 3.8 3 4.0 2 1

Type densité moyenne

(poules /m2)

nombre exploitations

présence de mouches

présence de poux

Standard 21,6 19 (84 %) (72 %) Alternatif 18 (61 %) (56 %) Avec parcours

9,4 16 (62 %) (56 %)

Sans parcours

10,3 2 (50 %) (50 %)

Biologique 7,8 15 (53 %) 12 (80 %) a moyenne de toutes les notes données par les éleveurs

FIGURE 1b : Pourcentage d’élevages infestés par les mouches par saison, en fonction du mode de production FIGURE 1a : Pourcentage d’élevages infestés par le pou rouge par

saison, en fonction du mode de production

11.1%

38.9%

24.2% 24.2%

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Eté Hiver

% é

leva

ges

standard

alternatif+bio

55,6%

16,7%

45,5%

6,1%

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Eté Hiver

% é

leva

ges

standard

alternatif+bio FIGURE 2a : Causes de mise en évidence des poux FIGURE 2b : Causes de mise en évidence des mouches A: visible dans le bâtiment

D 3 %

B 22 %

F 6 %

C 31 %

E 22 %

A 91 %

A 40 %

B 80%

C 37 %

A : gêne pour les poules

B: augmentation du taux de déclassement B : gêne pour l’éleveur C: animaux agités C : demande du voisinage D: mortalité E: chute de ponte F: irritation cutanée chez les ouvriers/éleveurs

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EFFET DE DIFFERENTS NIVEAUX D'INCORPORATION DE CUIVRE ET DE ZINC SUR LES PERFORMANCES ZOOTECHNIQUES DES POULETS DE CHAIR ET SUR LEURS DEJECTIONS

Garet Jean1, Dumail Laure1, Rocaboy Gaëtan2, Clément Francis2, GIE EURO NUTRITION3

1TECHNA, BP 10, 44220 COUERON

2CCPA, ZA du Bois de Teillay, 35150 JANZE 3EURO NUTRTION, Route de Villeneuve, 95510 VIENNE-EN-ARTHIES

Résumé Cette étude a été conduite afin de déterminer l'effet, d'une part d'une réduction du taux alimentaire total en cuivre et en zinc, d'autre part de l'utilisation de deux formes d'apport de ces oligo-éléments (sulfate et chélate) sur les performances zootechniques de poulets de chair et sur les teneurs en Cu et Zn de leurs déjections. Les niveaux utilisés en Cu (apport prémix de 25 ou 5 mg/kg) et en Zn (apport prémix de 90 ou 45 mg/kg) ainsi que la nature de ces oligo-éléments ne modifient pas les performances de croissance des animaux. La diminution du cuivre alimentaire total (de 51% soit de 39 à 19 mg/kg) permet de réduire le taux de cuivre des déjections de 48% à 17 jours et de 50% à 28 jours. Lorsque la concentration alimentaire totale en Zn décroît de 32% soit de 139 à 94 mg/kg, la teneur des rejets en Zn est abaissée de 39% à 17 jours et de 25% à 28 jours. L'utilisation de Cu-méthionine en remplacement de CuSO4.5H2O n'a pas d'effet sur le taux de Cu des excrétats ; alors que le Zn-méthionine permet de diminuer la teneur en Zn des rejets par rapport à celle obtenue avec ZnSO4.H2O. En conclusion, une réduction des apports alimentaires en Cu et en Zn permet de limiter le risque de phytotoxicité associé à ces deux oligo-éléments sans pénaliser les performances des animaux. Introduction Dans les régions de production animale intensive, un déséquilibre entre déjections produites et surface d'épandage disponible peut être une source de pollution de l'environnement. La gestion des déjections avicoles, contenant des oligo-éléments tels que le cuivre et le zinc, constitue donc une préoccupation de l'aviculture actuelle. Au niveau alimentaire, les teneurs en oligo-éléments sont souvent en excès par rapport aux besoins des poulets pour s'affranchir de la variabilité des apports par les matières premières, de la diversité génétique et des risques de sous-consommation des animaux en élevage. D'autre part, il a été montré que, dans certaines conditions, 94% du cuivre et du zinc ingérés par les poulets de chair pouvaient être rejetés dans les excrétats (Mohanna et Nys, 1998). Cette faible rétention peut être due à un apport alimentaire en excès ou à une faible utilisation de ces oligo-éléments. La directive européenne 91/676/CEE (directive "nitrate") réglementant les épandages ne prend pas en compte les apports en oligo-éléments des déjections ce qui ne permet pas d'assurer la limitation des accumulations de cuivre et de zinc dans les sols (Nys et Mohanna, 1999). Cet excès d'éléments à la surface du sol constitue à terme un risque de pollution des eaux et de phytotoxicité des sols. Face au constat d'une augmentation des teneurs en oligo-éléments des sols européens (hollandais, bretons, danois), la DG SANCO (Direction générale "politique des

consommateurs et protection de leur santé") élabore un projet de modification de la directive "additifs" 70/524/CE. Les teneurs maximales proposées seraient plus proches des objectifs nutritionnels recommandés pour le poulet de chair : 20 mg de Cu/kg d'aliment complet et 120 mg de Zn/kg d'aliment complet. Par ailleurs, la biodisponibilité du Cu et du Zn sous forme de chélate est controversée dans la littérature. La forme compléxée de ces oligo-éléments permettrait une absorption plus efficace au niveau intestinal que celle obtenue avec les sels inorganiques. L'objectif de cette étude était de tester deux pistes alimentaires de réduction des teneurs des rejets en Cu et en Zn. Nous avons évalué l'impact d'une réduction des taux alimentaires de Cu et de Zn d'une part, et l'utilisation de Cu et Zn sous forme de chélate d'autre part, sur les performances des poulets et sur les teneurs des excrétats en Cu et Zn. 1. Matériels et méthodes 168 poussins mâles de souche Vedette ont été répartis en 7 régimes (24 répétitions) à l'âge de 8 jours dans un bâtiment conditionné avec contrôle de la température et de l'éclairement (élevage en poussinière de 300 poussins au sol de 0 à 7 jours). Ils sont pesés et répartis en cage individuelle par régime en fonction de leur poids. Les expériences sont conduites pendant 20 jours (de 8 à 28 jours d’âge). L’aliment et l’eau ont été distribués à volonté.

Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003

Page 17: Effet d’un changement de programme lumineux sur les

L'aliment expérimental est constitué de : blé 38%, tourteau de soja 24.2%, maïs 22.9%, graines de soja 3.7%, pois 3.5%, issues d'amidonnerie de blé 3% et CMV 4.7%. Les traitements expérimentaux :

Cuivre Zinc Régimes

Taux (mg/kg)

Forme d'apport

Taux (mg/kg)

Forme d'apport

1 25 CuSO4 90 ZnSO4 2 5 CuSO4 90 ZnSO4 3 25 CuSO4 45 ZnSO4 4 5 CuSO4 45 ZnSO4 5 5 Chélate de 90 Chélate de 6 25 Cuivre 45 Zinc 7 5 d'acides aminés 45 d'acides aminés

Les traitements expérimentaux sont mis en comparaison sur les performances zootechniques : contrôle du poids des aliments en début et fin de période pour la mesure de la consommation moyenne journalière (CMJ), contrôle du poids des animaux en début et en fin de période (Poids) pour la mesure du Gain Moyen Quotidien (GMQ), calcul de l’Indice de Consommation Technique (ICT). Les fientes ont été collectées sur bâches plastiques pendant 24h. Les teneurs en Cu et Zn des aliments, des fientes et des foies (8 animaux par régime) ont été mesurées par la méthode d'absorption atomique. Les données ont été soumises à un traitement statistique complet : analyse de variance selon un dispositif en blocs complets équilibrés et données traitées par la procédure UNIANOVA de SPSS, comparaisons de moyennes selon la méthode NEWMAN et KEULS. 2. Résultats et discussion 2.1. Performances zootechniques Le Tableau 1 présente les résultats zootechniques des poulets obtenus avec deux niveaux de supplémentation en cuivre (5 et 25 mg/kg), deux niveaux de supplémentation en zinc (45 et 90 mg/kg) et deux formes d'apport des oligo-éléments (sulfate et chélate). Dans cet essai, l'apport en cuivre des matières premières étant de 14 mg/kg en moyenne, les poulets ont reçu un apport total en cuivre soit de 39 mg/kg soit de 19 mg/kg selon les régimes. Le Tableau 1 montre que la diminution de l'apport prémix en cuivre de 25 à 5 mg/kg n'engendre pas de différence significative entre régimes au niveau des différents paramètres mesurés (poids des animaux à 28 jours, GMQ, CMJ et ICT). Ces résultats sont concordants avec ceux obtenus par Aoyagi et Baker (1993b) : un apport croissant de CuSO4 de 1 à 16 mg/kg ne modifie pas le gain de poids ni la consommation alimentaire de poulets de chair de 23 jours recevant un régime semi-purifié.

D'après Miles et al. (1998), le poids et la consommation des poulets de chair n'évolue pas lorsque les régimes à base de maïs et de tourteau de soja ont une concentration en cuivre de 26 mg/kg ou de 175 mg/kg. Ces résultats sont en accord avec les recommandations du National Research Council (NRC) de 5 mg de Cu/kg d'aliment (1994) nécessaires pour satisfaire les besoins pour la croissance du poulet de chair. D'après le Tableau 1, les performances de croissance des animaux ne diffèrent pas significativement lorsque l'apport prémix en Zn passe de 90 à 45 mg/kg, ce qui correspond à 139 mg/kg ou 94 mg/kg si on prend en compte l'apport des matières premières (49 mg/kg). Plusieurs études ont rapporté une réponse dose-dépendante à l'apport en Zn total pour des régimes maïs-soja ayant des teneurs augmentant jusqu'à 28 mg/kg (Pimentel et al., 1991), 30 mg/kg (Wedeking et al., 1992), 40 mg/kg (Yi et al., 1996) ou encore 45 mg/kg (Mohanna et Nys, 1999). Ces résultats sont proches des recommandations du NRC de 40 mg de Zn/ kg d'aliment (1994), pour la croissance des poulets de chair. Selon Wedeking et al. (1992), des concentrations en Zn de 45 à 95 mg/kg d'aliment ne modifient pas la croissance de poulets de chair de 22 jours. Ces observations sont complétées par Mohanna et Nys (1999) qui ne constatent pas d'effet du Zn sur le gain de poids, la consommation ou l'IC de poulets de 21 jours lorsque l'apport total en Zn varie de 105 à 150 mg/kg d'aliment. Le Tableau 1 met également en évidence l'absence d'effet de la forme d'apport du Cu et du Zn (sulfate ou chélate) sur le poids des poulets, leur GMQ, leur CMJ et leur ICT. Aoyagi et Baker. (1993c) ont montré que le Cu-méthionine et le sulfate de cuivre donnent les mêmes performances de gain de poids et de consommation alimentaire aussi bien à des doses faibles qu'à des doses élevées. Concernant le chélate de Zinc d'acides aminés, même si les auteurs divergent quant à la biodisponibilité du Zn chélaté par rapport à celle du Zn minéral, ils s'accordent sur l'absence d'effet de la forme d'apport sur les performances des animaux (Wedeking et al., 1993 ; Mohanna et Nys, 1999). 2.2. Teneur des déjections en Cu et en Zn La majorité du Cu et du Zn ingéré n'est pas absorbée par les animaux et est excrétée. L'objectif majeur de notre étude était d'évaluer les conséquences de la réduction du Cu et du Zn alimentaire sur le rendement d'utilisation et les rejets en Cu et Zn. Les Figures 1 et 2 présentent les teneurs en cuivre et en zinc des déjections des poulets de chair à 17 jours et à 28 jours selon la concentration alimentaire totale. La Figure 2 montre que les teneurs en zinc des déjections ne sont pas significativement différentes

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entre le 17e et le 28e jour, que ce soit pour des teneurs alimentaires fortes ou diminuées.

FIGURE 1 : Teneurs en Cu des déjections

FIGURE 2 : Teneurs en Zn des déjections D'après la Figure 1, on constate que les rejets en cuivre sont significativement plus riches (P < 0.05) à 28 jours qu'à 17 jours lorsque les apports des aliments étaient élevés. A 28 jours, les déjections contenaient 17% de cuivre en plus par rapport à la concentration à 17 jours. Avec des teneurs en cuivre plus faibles, cette tendance se confirme sans toutefois être significative (+ 13%). Mohanna et Nys (1998) ont montré que la concentration corporelle en Cu et en Zn évolue avec l'âge des poulets de chair. Pour ces deux oligo-éléments, les concentrations sont les plus fortes à 4 jours, décroissent à 11 et 21 jours puis se stabilisent. La rétention corporelle suit la même évolution : elle atteint un plateau à 21 jours pour le Cu et le Zn (Mohanna et Nys, 1998). Les rejets en Zn mesurés lors de cette étude (Figure 2) concordent avec ce qui précède, la valeur minimale de rétention corporelle semblant être déjà atteinte à 17 jours. En revanche, d'après la Figure 1, la concentration en Cu dans les déjections augmente de 17 à 28 jours. Ces résultats confirment ceux de Mohanna et Nys (1997) montrant que, dans le cas du cuivre, la rétention corporelle la plus basse est atteinte seulement à partir de 40 jours. Pour le Cu et le Zn, la réduction des apports alimentaires se traduit par une diminution importante de ces oligo-éléments dans les rejets, comme le montre les Figures 1 et 2. En effet, en diminuant de 32% la teneur en zinc de l'aliment (de 139 à 94 mg/kg), la concentration en zinc des déjections est diminuée de 39% à 17 jours et de 25% à 28 jours. De

même, en réduisant de 51% la teneur en cuivre de l'aliment (de 39 à 19 mg/kg), la teneur en cuivre des rejets est abaissée de 48% à 17 jours et de 50% à 28 jours. Ces résultats sont en accord avec ceux de Mohanna et Nys (1999) : alors que la teneur corporelle en Zn double quand la concentration alimentaire totale en Zn augmente de 20 à 60 mg/kg, un apport supplémentaire de zinc induit une faible augmentation de la rétention corporelle (16% quand le Zn alimentaire passe de 60 à 195 mg/kg), un pourcentage de rétention qui diminue et une excrétion de Zn accrue. En conséquence, la réduction du taux de Zn alimentaire peut être un moyen efficace pour augmenter la rétention corporelle et diminuer la concentration en Zn dans les déjections (Mohanna et Nys, 1999). Nys et Mohanna (1999) ont mesuré une diminution de la concentration en Zn des rejets de 75% en réduisant le Zn alimentaire de 190 à 65 mg/kg.

05

101520253035

[Cu] alimentaireforte

[Cu] alimentairefaible

Rejets à 17 jours Rejets à 28 jours

0

40

80

120

160

200

[Zn] alimentaireforte

[Zn] alimentairefaible

Rejets à 17 jours Rejets à 28 jours

FIGURE 3 : Teneurs en Cu des déjections selon la

forme d'apport

05

10152025303540

[Cu] alimentaireforte

[Cu] alimentairefaible

Rejets à 17 jours / Cu minéral

Rejets à 17 jours / Cu chélaté

Rejets à 28 jours / Cu minéral

Rejets à 28 jours / Cu chélaté

FIGURE 4 : Teneurs en Zn des déjections selon la forme d'apport

0

40

80

120

160

200

[Zn] alimentaireforte

[Zn] alimentairefaible

Rejets à 17 jours / Zn minéral

Rejets à 17 jours / Zn chélaté

Rejets à 28 jours / Zn minéral

Rejets à 28 jours / Zn chélaté

Les Figures 3 et 4 comparent les rejets en cuivre et en zinc obtenus avec des apports alimentaires sous forme de sulfate ou de chélate à 17 jours et à 28 jours.

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D'après la Figure 3, l'apport de cuivre sous forme de chélate donne les mêmes résultats au niveau des rejets que l'apport inorganique à 17 jours et à 28 jours, et ceci, que la concentration alimentaire totale soit forte ou diminuée. Cette absence d'effet de la source de cuivre est en accord avec Aoyagi et al. (1993c) qui n'ont pas trouvé de différence de biodisponibilité entre le sulfate de cuivre et le Cu-méthionine. Le Cu-lysine, une autre forme de cuivre chélaté, présente également la même efficacité biologique que le sulfate de cuivre (Aoyagi et Baker, 1993a, Ayoagi et Baker, 1993c, Baker et al., 1991). La Figure 4 montre que les résidus de zinc dans les déjections sont très diminués avec l'apport de zinc sous forme chélatée. Cet effet est significatif pour les mesures à 28 jours. Aux fortes concentrations alimentaires totales, la forme organique permet de réduire la teneur en zinc des rejets de 63% à 17 jours (56 vs 153 mg/kg) et de 55% à 28 jours (66 vs 146 mg/kg). Pour les teneurs alimentaires plus faibles, la réduction obtenue est de 26% à 17 jours (70 vs 94 mg/kg) et de 38% à 28 jours (68 vs 109 mg/kg). L'efficacité du zinc organique obtenue lors cet essai diverge avec certaines études qui n'ont pas mis en évidence une différence de biodisponibilité entre les formes chélaté et inorganique du zinc (Aoyagi et al., 1993a, Pimentel et al., 1991). En revanche, Wedekind et al. (1992) ont montré que la biodisponibilité du zinc issu du Zn-méthionine était de 206% celle du sulfate de zinc. Les arguments en faveur d'une efficacité biologique supérieure pour la forme chélatée du zinc sont encore minces. Conclusion La réduction significative du taux de Zn et de Cu apportés par l'aliment n'a pas affecté les performances zootechniques des animaux. Elle a permis de réduire les teneurs des déjections en Cu et en Zn de 48% et 39% à 17 jours et de 50% et 25% à 28 jours respectivement.

L'utilisation de chélates n'a pas eu d'effet sur les rejets en Cu. Concernant le zinc, la forme organique permet une meilleure rétention de l'élément et une diminution de sa présence dans les déjections des poulets de chair sans effet zootechnique favorable mesurable. Une meilleure adaptation des niveaux alimentaires de cuivre et de zinc se révèle être un moyen efficace pour réduire l'accumulation de ces oligo-éléments dans le sol et contribue à limiter le risque de phytotoxicité dans les régions de production intensive. Un complément utile à cette expérience consisterait à confirmer l'apparente meilleure biodisponibilité de la forme chélatée par une amélioration de la teneur corporelle de l'oiseau. Références bibliographiques Aoyagi S., Baker D.H., 1993a.Poult.Sci. 72., 165-171. Aoyagi S., Baker D.H., 1993b..Poult.Sci. 72., 1075-1083. Aoyagi S., Baker D.H., 1993c..Poult.Sci. 72., 2309-2315. Baker D.H., Odle J., Funk M.A., Wieland T.M., 1991. Poult.Sci. 70., 177-179. Miles R.D., O'Keefe S.F., Henry P.R., Ammerman C.B., Luo X.G., 1998.PoultSci. 77., 416-425. Mohanna C., Nys Y., 1997. In : 2èmes Journées Rech. Avicole, 8-10 Avril 1997, Tours, France. Mohanna C., Nys Y., 1998. Brit.Poult.Sci. 39., 536-543. Mohanna C., Nys Y., 1999. Brit.Poult.Sci. 40., 108-114. National Research Council, 1994. Requirements of Poultry. Nat. Acad. Press., Washington, DC. Nys Y, Mohanna C., 1999. In : 3èmes Journées Rech. Avicole, 23-25 Mars 1999, St Malo, France. Pimentel J.L., Cook M.E., Greger J.L., 1991. Poult.Sci.. 70., 947-954. Wedeking K.J., Hortin A.E., Baker D.H., 1992. J. Anim. Sci. 70., 178-187. Yi Z., Kornegay E.T., Denbow D.M., 1996. Poult. Sci. 75., 540-546.

TABLEAU 1 : Effet d'un apport de Cu et de Zn sur les performances du poulet de chair âgé de 28 jours

Cuivre (mg/kg)

Zinc (mg/kg)

Forme d'apport (Sulfate = S ; Chélate = C) Poids (g) GMQ (g/j) CMJ (g/j) ICT

25 90 S 1463 64.1 104.2 1.626 5 90 S 1437 62.8 101.5 1.617

25 45 S 1472 64.6 105.2 1.632 5 45 S 1425 62.2 101.8 1.639 5 90 C 1464 64.2 103.9 1.619

25 45 C 1411 61.5 101.4 1.650 5 45 C 1435 62.7 102.9 1.642

Effet dose cuivre NS NS NS NS Effet dose zinc NS NS NS NS Effet forme d'apport NS NS NS NS Interactions Cu*Zn NS NS NS NS Interactions Cu*forme d'apport NS NS NS NS Interactions Zn*forme d'apport NS NS NS NS