Éditions lignes - nouveautés rentrée 2014

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14 OCTOBRE 21 AOÛT 22 SEPTEMBRE 15 SEPTEMBRE 14 OCTOBRE 14 OCTOBRE À PARAÎTRE ÉDITIONS LIGNES

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A paraître Geneviève Fraisse, "Les excès du genre" ; "Le symptôma Grec" ; Louis Sala-Molins, "Esclavage-Réparation" ; Jacob Rogozinski, "Cryptes de Derrida" ; Georges Bataille-Éric Weil, "À en-tête de Critique" ; Vertigo n°47

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Page 1: Éditions Lignes - Nouveautés rentrée 2014

14 OCTOBRE

21 AOÛT 22 SEPTEMBRE15 SEPTEMBRE

14 OCTOBRE 14 OCTOBRE

À PARAÎTREédiTions lignes

Page 2: Éditions Lignes - Nouveautés rentrée 2014

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LES EXCÈS DU GENREHonni par une droite réactionnaire, célébré par une gauche intellectuelle qui a pourtant tardé à en entreprendre l’étude, le « genre » se retrouve au cœur de violentes polémiques. En désaccord avec les uns aussi bien qu’avec les autres, Geneviève Fraisse s’emploie à constituer avec ce mot un nouvel objet de pensée philosophique, en élaborant une perspective originale sur la critique des stéréotypes et sur la « nudité » en politique.

La polémique sur le « genre » débute en 2011, lorsque des manuels scolaires de première sont accusés d’influencer l’orientation sexuelle des élèves. Elle se poursuit avec l’affrontement social et moral autour du « mariage pour tous ». Désormais, elle se concentre sur les « études de genre ». Tout cela aboutit à donner au mot « genre » une ampleur médiatique considérable. En retour, une nouvelle génération d’universitaires, qui installe ce nouvel objet de recherche dans le champ académique, produit nombre d’arguments en faveur du « genre ».

Appartenant à la génération des pionnières du féminisme, Geneviève Fraisse observe ces affrontements et se trouve en désaccord avec les opposants du « genre » aussi bien qu’avec avec ses défenseurs.

Après quatre décennies de recherches sur la pensée de l’émancipation des femmes, de l’égalité des sexes, Les Excès du genre témoigne de l’urgence d’intervenir dans le débat. Le texte fait le point en repartant de l’exigence première du parcours philosophique de l’auteur, celle de constituer et de valider le genre comme un nouvel objet de pensée philosophique. Comment fonctionne-t-il ? Comme

un neutre – le genre – ou comme un pluriel – les genres ; et, avec, ou sans, le mot « sexe » ? Que dévoile-t-il de l’impensé dans la tradition occidentale ? En quoi est-il subversif ?

D’où la deuxième discussion, celle qui porte sur les « stéréotypes de genre ». On dit avec raison qu’il faut lutter contre eux et les déconstruire, changer les images des femmes et des hommes, du féminin et du masculin pour transformer la réalité… Or il faut questionner cette idée : les images édictent-elles des comportements ? Sont-elles des normes d’identification automatique ? La lutte contre les stéréotypes n’est-elle pas une manière de les renforcer, d’en reconduire la puissance ? Lutter contre les préjugés, est-ce vraiment une stratégie efficace ?

Excès du genre, stéréotypes exagérés, et aussi nudité politique. Voilà le troisième temps de ce texte : l’usage du nu, du corps porteur de slogans (les Femen) renvoie à l’histoire lointaine (occidentale) de la nudité comme vérité et de la femme nue comme image de la vérité. Cela implique aussi de se souvenir que l’artiste femme du xixe siècle doit être tenue loin de la représentation du nu. Plus largement, dans la perspective de l’égalité des sexes, l’auteur s’attardera sur l’idée politique de l’association femme/nudité dans le discours contemporain.

Env. 96 pages ; env. 14 euros978-2-35526-133-6

éPREUVEs sUR dEMAndE [email protected]

9 782355 261336 >

Geneviève Fraisse est directrice de recherches au CnRs. Elle a

publié, depuis les années 1970, de nombreux ouvrages sur la pensée

féministe. Elle a co-fondé, en 1975, la revue Les Révoltes logiques avec

Jacques Rancière. En1984, elle a participé à la création du Collège

international de philosophie (CiPH). députée européenne de 1999

à 2004, elle a récemment publié À côté du genre, sexe et philosophie

de l’égalité (Le Bord de l’eau, 2010).

[AUTEURE]

CONCEPT, IMAGE, NUDITÉ

GENEVIÈVE FRAISSEEn librairie le 21 août 2014

Page 3: Éditions Lignes - Nouveautés rentrée 2014

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CRyptES DE DERRIDANi réfutation polémique, ni commentaire mimétique, le présent essai de Jacob Rogozinski se propose de tracer dans l’œuvre du philosophe Jacques Derrida une ligne de partage entre ce qui se laisse déconstruire et ce qui reste. De découvrir la part indéconstructible de la déconstruction, les « cryptes » de Derrida : ses points de résistance, les impensés de sa pensée.

Il y a dix ans mourait Jacques Derrida, reconnu dans le monde entier comme l’un des philosophes les plus importants du xxe siècle et dont l’œuvre suscite toujours de nombreux commentaires en France et à l’étranger.

L’essai de Jacob Rogozinski se confronte à sa pensée dans un exercice d’« infidèle fidélité » : il s’efforce de rester fidèle à la « déconstruction » derridienne en essayant de la déconstruire à son tour.

Dans le labyrinthe de la déconstruction, Jacob Rogozinski parcourt plusieurs chemins : la question du deuil, celle du moi et celle de la vérité.

Ce que Derrida nous enseigne sur le « travail du deuil » nous éclaire-t-il sur la mélancolie de la déconstruction, la hantise d’un penseur qui avait pris pour secrète devise l’impossible énoncé : je suis mort ? Mais si je suis mort depuis toujours, ma vie ne se distingue plus de ma mort, et le mot « je » ne signifie plus rien. Cette destitution de l’ego - cet égicide - n’est-elle pas une illusion majeure de la déconstruction ? Comment s’accorde-t-elle avec la passion

de Derrida pour la signature et l’autobiographie ? Et comment entendre alors son appel final à « préférer toujours la vie » ?

L’une des difficultés à laquelle cette relecture de Derrida nous confronte concerne le statut de la déconstruction dans sa relation paradoxale à la vérité. Certes, Derrida récusait tout recours à la vérité, dénoncée comme un maître-mot de la métaphysique. Il faut cependant se demander si la déconstruction de la vérité n’en appelle pas à cette vérité qu’elle déconstruit. Se serait-il mépris sur le sens ultime de sa pensée ? Est-il resté jusqu’au bout fidèle à la radicalité de la déconstruction ?

Autant de questions que nous invite à se poser cet essai sur Derrida, qui constitue également une introduction éclairante à la lecture de son œuvre.

Env. 160 pages ; env. 16 euros978-2-35526-135-0

éPREUVEs sUR dEMAndE [email protected]

9 782355 261350 >

Professeur de philosophie à l’université de strasbourg, Jacob Rogozinski est notamment l’auteur de Le moi et la chair - introduction

à l’ego-analyse (Ed. du Cerf, 2006) et de Guérir la vie - la passion

d’Antonin Artaud (Ed. du Cerf, 2011). il travaille actuellement à une

généalogie des dispositifs d’exclusion et de persécution à partir d’une

analyse de la chasse aux sorcières. Ce livre est une nouvelle édition

de Faire part. Cryptes de Derrida, paru chez Lignes en 2005.

[AUTEUR]

FAIRE PART

JACOB ROGOZINSKI[AUTEUR] [TiTRE]

[soUs-TiTRE]

En librairie le 15 septembre 2014

Page 4: Éditions Lignes - Nouveautés rentrée 2014

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LOUIS SALA-MOLINS

La question politique des réparations dues au crime de la traite négrière va se poser début 2015. Louis Sala-Molins, éditeur du Code noir (12 éditions), l’anticipe et prend parti avec ce livre où il exhume et commente les livres de colère de deux capucins de la fin du xviie siècle, qui, non seulement exigeaient la cessation immédiate de cette infamie, mais appelaient déjà à des réparations sans condition.

Alors que des actions judiciaires sont actuellement en cours pour les réparations du crime de traite négrière, le CSIC, équivalent espagnol du CNRS a proposé récemment l’édition critique de deux textes datant de 1681 et 1682, peu connus jusqu’alors. L’un et l’autre écrits par deux capucins, l’Aragonais Francisco José de Jaca : Conclusions sur la liberté des nègres et de leurs aïeux, autrefois païens et désormais chrétiens, rédigé en espagnol, mâtiné d’innombrables citations latines ; et le Jurassien Epiphane de Moirans : Esclaves libres ou défense juridique de la liberté naturelle des esclaves, en latin. Tous deux se révèlent d’une vigueur conceptuelle massacrante.

L’un comme l’autre missionnaires en des régions diverses des « Indes occidentales », ils sont témoins de la vie des esclaves noirs et des pratiques des esclavagistes européens (espagnols mais aussi français, portugais, anglais et hollandais). Du calvaire des uns et de la férocité des autres. Ils s’insurgent, prêchent pour le châtiment des maîtres et l’abolition immédiate de l’esclavage. Ils dénoncent par ailleurs les pouvoirs civils et ecclésiastiques qui le pratiquent.

Le capucin jurassien démontre que la traite et l’esclavage des Noirs sont contraires au droit divin et à la loi naturelle, au droit divin positif (les « Écritures »), au droit civil, au droit canon, au droit de guerre, au droit pénal, au droit des gens. Bref, à tous les droits. La clarté et la force admirables de ses argumentaires le conduisent à des « conclusions » sans appel qui, aux yeux de l’auteur, suffisent amplement à légitimer la publication d’un tel livre : arrêt immédiat de la traite, paiement immédiat et intégral du travail dû à chaque esclave, l’octroi aux Noirs des terres labourées et un dédommagement pour les mauvais traitements subis… Nous sommes en 1682. Soit trois ans avant la promulgation du très funeste édit du « Code Noir ».

Avec Montesquieu, l’orée des Lumières s’annoncera bientôt. Un siècle après naîtront les « amis des Noirs ». D’autres voix se feront entendre, non pour que l’esclavage cesse immédiatement, mais pour limiter les « excès inutiles » dans le comportement des maîtres, et planifier l’abolition (après d’interminables moratoires). Mais personne n’approchera, pas même de loin, la rigueur conceptuelle des capucins du xviie siècle dont Louis Sala-Molins décrit et commente ici les travaux.

Env. 156 pages ; env. 14 euros978-2-35526-132-9

éPREUVEs sUR dEMAndE [email protected]

9 782355 261329 >

Louis Sala-Molins a été professeur de philosophie politique à

l’université de Paris 1 Panthéon-sorbonne (où il a succédé à Vladimir

Jankélévitch, dont il avait été l’« assistant ») et à l’université Toulouse 2

le Mirail. Auteur du Code Noir ou le calvaire du Canaan (PUF, 1987).

il est spécialiste de la philosophie du droit en général et de deux

désastres « juridiques » en particulier : le droit inquisitorial, et les

légitimations juridiques de l’esclavage.

[AUTEUR]

LA LANTERNE DES CAPUCINS ET LES LOUPIOTTES DES PHARISIENSESCLAVAGE-RÉpARAtION

En librairie le 22 septembre 2014

Page 5: Éditions Lignes - Nouveautés rentrée 2014

Du 18 au 20 janvier 2013 s’est tenu à l’université de Paris 8 Saint-Denis le colloque intitulé « Le Symptôma grec », en présence de plusieurs penseurs éminents et d’activistes de plusieurs pays. Cette rencontre publique plaçait les intervenants dans la délicate situation de devoir penser notre temps de crises, aux conditions de la philosophie ou de leurs disciplines universitaires respectives.

La première motivation du colloque organisé à l’université de Paris-8 en janvier 2013 était d’appeler des philosophes français et européens à témoigner de leur solidarité vis-à-vis du peuple grec, alors soumis aux effets désastreux de la crise financière. Ces effets n’ont fait que s’amplifier depuis, et si l’on prétend que la Grèce a retrouvé « la confiance des marchés financiers », c’est au prix de la destruction méthodique de toute forme d’État social, destruction conditionnée par une « troïka » (FMI, BCE, UE) dont l’opacité du fonctionnement a récemment été dénoncée par les députés européens eux-mêmes.

LE SyMptÔMA GREC

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BADIOU, BALIBAR, CUILLERAI,

Env. 192 pages ; env. 19 euros978-2-35526-134-3

éPREUVEs sUR dEMAndE [email protected]

9 782355 261343 >

Sommaire

Alain BADIOU, L’impuissance contemporaineÉtienne BALIBAR, Comment résoudre l’aporie

du « peuple européen » ?Costas DOUZINAS, Résistance, philosophie

et la gaucheAmador FERNANDEZ-SAVATER, Politique littérale

et politique littéraire : à propos des fictions politiques et du mouvement 15-M

Maria KAKOGIANNI, Essayer encore. Rater encore. Rater mieux.

Antonio NEGRI, De la fin des gauches nationales aux mouvements subversifs pour l’Europe

Elsa PAPAGEORGIOU, La crise sociale totale et le retour du fascisme

Yannis STAVRAKAKIS, La société du crédit : la Grèce et l’avenir de la post-démocratie

Bruno THERET, Pour un fédéralisme monétaire européen

AnnexesMaria KAKOGIANNI,

Jacques RANCIÈRE, Dialogue précaireMaria KAKOGIANNI, Marie CUILLERAI, Bancocratie

Alain BAdioU, étienne BALiBAR, Marie CUiLLERAi, Costas doUZinAs, Maria KAKoGiAnni, Amador FERnAndEZ-sAVATER, Antonio nEGRi, Elsa PAPAGEoRGioU, Jacques RAnCiÈRE, Yannis sTAVRAKAKis, Bruno THERET

[ConTRiBUTEURs]

DOUZINAS, FERNANDEZ-SAVAtER KAKOGIANNI, NEGRI, pApAGEORGIOU,

StAVRAKAKIS, RANCIÈRE, tHEREt

En librairie le 14 octobre 2014

Page 6: Éditions Lignes - Nouveautés rentrée 2014

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À EN-tÊtE DE « CRItIQUE »C’est de la naissance de la grande revue Critique, vue de l’intérieur qu’il s’agit dans cette correspondance échangée par son fondateur Georges Bataille et celui qu’il associa à sa direction les cinq premières années, l’important philosophe allemand Eric Weil. Correspondance dans laquelle se lisent les lignes de force de l’après-guerre intellectuel et politique.

Les revues sont nombreuses à naître à la Libération. Toutes n’eurent pas la même importance que Critique et rares sont celles à lui avoir survécu longtemps. C’est l’une des raisons pour lesquelles la correspondance échangée par Georges Bataille, son fondateur et directeur, et Éric Weil est si intéressante. On y lira certes les considérables difficultés éditoriales qu’elle a rencontrées d’abord : deux éditeurs en quatre années avant de trouver avec les Éditions de Minuit, en 1950 celui qui lui sera dorénavant fidèle. Mais l’essentiel tient dans leur échange profond, souvent tendu. Deux intellectuels que presque tout oppose excepté leur commune volonté d’œuvrer à la réussite d’une revue « savante ».

Ce qui suffit à la distinguer d’entrée de jeu des revues d’opinion qui connurent de fait le succès immédiat que l’époque était prête à leur faire (Les Temps modernes de laquelle Critique cherchait le plus à se différencier). Cette volonté délibérément bibliographique (c’est d’une revue de recension qu’il s’agit) n’en devra pas moins compter avec les passions politiques : délicat, sinon impossible équilibre à trouver entre les marxistes et les non-marxistes, les communistes

et les gaullistes, l’existentialisme et le surréalisme, les grandes œuvres canoniques et les petites œuvres hérétiques.

Qu’on le mesure : signèrent aux premiers numéros Bataille et Weil eux-mêmes bien sûr, mais aussi, Georges Ambrosino, Georges Balandier, Maurice Blanchot, Théodore Fraenkel, Alexandre Kojève, Alexandre Koyré, Aimé Patri, etc. Les livres recensés couvrent un champ étonnamment étendu qu’on ne voit pas d’autres revues réunir. De tout cela, la correspondance échangée par Bataille et Weil se ressent profondément. Il s’y joue quelque chose de l’époque entière réduite pour l’occasion à deux seuls hommes.

À en-tête de Critique, reproduit l’intégralité de l’échange des lettres écrites par les deux hommes tout le temps que ceux-ci ont collaboré à l’animation de la revue Critique. Soit 32 lettres de Weil à Bataille et 31 lettres de Bataille à Weil. À quoi l’éditrice à ajouté 23 lettres de Bataille à différents destinataires concernés par le projet (Maurice Nadeau, Pierre Prévost, Jean Piel, Charles Meyer, etc.) ; et 20 autres lettres « croisant » les précédentes. 27 planches sont données hors texte.

Env. 544 pages ; env. 28 euros978-2-35526-120-6

éPREUVEs sUR dEMAndE [email protected]

9 782355 261206 >

Sylvie Patron qui a établi cette édition est maître de conférences

habilitée à diriger des recherches à l’université diderot-Paris 7. ses

recherches portent sur l’histoire et l’épistémologie de la théorie

littéraire dans le domaine de la théorie du récit. Elle a publié Critique

(1946-1996). Une encyclopédie de l’esprit moderne (iMEC éditions,

1999) et le Narrateur. Introduction à la théorie relative (Armand

Collin, 2009).

[édiTion éTABLiE PAR]

CORRESPONDANCE 1946-1951

GEORGES BAtAILLE &ERIC WEIL [AUTEURs]

[TiTRE]

[soUs-TiTRE]

En librairie le 14 octobre 2014

Page 7: Éditions Lignes - Nouveautés rentrée 2014

pOStpOLItIQUE / CONtREFEUX

En librairie le 14 octobre 2014

Qu’en est-il, dans le cinéma contemporain, de la prétendue eclipse de la politique, dont témoigneraient la disparition du clivage idéologique entre droite et gauche, l’extinction des grandes formes de la tradition contestataire, la dévaluation des termes mêmes qui en soutenaient à la fois la pratique et l’imaginaire (« révolution », « lutte des classes », « exploitation »…), la fragilité et extrême atomisation des mouvements tenant lieu aujourd’hui de contre-pouvoirs ?

« On me demande souvent : où en est le monde arabe et ses révolutions ? Je retourne alors la question : et, vous, en Europe, où en êtes-vous avec la révolution ? » La question de Teguia Tariq, tout comme son dernier film Revolution Zendj, nous renvoient à cette dimension incontournable : l’éclipse du politique.

La scène socio-historique sur laquelle nous agissons, pensons, allons et venons est ainsi reconfigurée. Le présent est ce lieu déserté par l’évidence du lien entre analyses critiques du monde et formes efficientes de mobilisation politique ; où la pensée, l’agir et l’imaginaire politiques, tels qu’ils se sont constitués et ont pesé historiquement, se trouvent désactivés. Nouvelle physionomie du présent qui, aussi forts que soient nos raisons et désirs de contestation, nous laisse désarmé.

Comment contrevenir à cette fiction du « postpolitique » qui voudrait que la chose politique soit désormais devenue sans raison d’être, soucieuse d’identifier les lois de l’ultralibéralisme à celles d’un absolu pour mieux en périmer a priori toute remise en cause.

Ces questions sont précisément celles qu’ont fait surgir un certain nombre de films d’auteur français récents. Tout en appréhendant l’une ou l’autre des réalités sociales de la France des années 2010 – élection présidentielle de 2012 (La Bataille de Solférino), état de délitement général par temps de crise (La Fille du 14 juillet), condition des ouvriers non-qualifiés d’une centrale nucléaire (Grand Central), usagers de la gare du Nord exposant les disparités extrêmes de la population (Gare du Nord), jeune fille subissant le poids des déterminismes de classe (La Vie d’Adèle), etc. – l’espace social est conçu comme un état donné des choses qu’il n’y aurait plus lieu de questionner. Chacun serait occupé à ses affaires personnelles n’imaginant pas d’alternative à la réalité dans laquelle il se meut sinon le refuge dans le confort de l’entre-soi ou l’évasion dans un espace-temps réenchanté.

Dans ce numéro, il s’agira de cerner de près les mécanismes divers – perceptifs, narratifs et esthétiques – à travers lesquels prend corps la « fiction postpolitique ».

Tenter la critique de cette fiction n’ira donc pas sans une approche des films qui travaillent à la démonter – et libèrent dès lors d’autres puissances de voir, d’entendre, de penser et d’imaginer. Ni sans se demander quels modes singuliers de figuration, formes de récits et mises en scène ils mettent en jeu pour y parvenir.

Env. 128 pages ; 21 euros

éPREUVEs sUR dEMAndE [email protected]

9 782355 261367 >

Luc Chessel, Catherine Ermakoff, Jennifer Verraes, Mathilde Girard,

Fabienne duszynski, Anthony Brinig, Marina déak, Jacques Rancière,

Jean-Pierre Rehm, Miguel Armas, Rabi Mroué, Quentin Le Goff,

Cyril Béghin, Roy Genty, Louis Blanchot, Teguia Tariq, Romain André,

Anna saint-Araille, Alain Guiraudie, Laurent Lunetta, Mati diop, Virgil

Vernier, Elena Klotz

[ConTRiBUTEURs]

VERtIGO n°47

vertigo

[REVUE]