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LES ANNONCES DE LA SEINE RENTRÉE SOLENNELLE Ordre des Avocats au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation De quelques principes essentiels à l’exercice de la profession d’avocat aux Conseils par Gilles Thouvenin .............2 Eloge d’Adolphe Crémieux : un révolutionnaire conservateur par Michaël Bendavid......................6 Barreau de Metz Transmission des valeurs par Viviane Schmitzberger-Hoffer ..........11 La performance par Maxence Lévy ..................................................13 La compétitivité par Laura Cassaro .................................................14 Se battre pour l’autre par Mehdi Adjemi .........................................16 Le dépassement de soi par Marine Klein-Desserre .........................17 AGENDA......................................................................................5 SOCIÉTÉ Club du Châtelet.........................................................................19 Académie catholique de France............................................20 VIE DU DROIT Assemblée Générale «Droit et Procédure» Rapport Moral par Stéphane Lataste...............................................21 ANNONCES LEGALES ...................................................24 AVIS D'ENQUETE ..............................................................34 ADJUDICATIONS................................................................39 PALMARÈS Le Nouvel Economiste Prix 2012 du « Manager de l’Année » ..............................................40 J OURNAL OFFICIEL D’ANNONCES LÉGALES - I NFORMATIONS GÉNÉRALES, J UDICIAIRES ET TECHNIQUES bi-hebdomadaire habilité pour les départements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne 12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Téléphone : 01 42 60 36 35 - Télécopie : 01 47 03 92 15 Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected] FONDATEUR EN 1919 : RENÉ TANCRÈDE - DIRECTEUR : JEAN-RENÉ TANCRÈDE Lundi 24 décembre 2012 - Numéro 78 - 1,15 Euro - 93 e année C ’est dans le prestigieux cadre de la salle de l’Assemblée du Conseil d’Etat que s’est déroulée la Séance Solennelle de Rentrée de la Conférence du Stage des Avocats aux Conseils ce mardi 11 décembre ; le Président Gilles Thouvenin, qui a succédé à Didier Le Prado en janvier dernier, a consacré son discours aux « Principes essentiels à l’exercice de la profession d’avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation » devant une prestigieuse assemblée composée notamment des Chefs des Juridictions Suprêmes Vincent Lamanda, Jean-Claude Marin, Jean-Marc Sauvé et Jean- Louis Debré. S’adressant à ses jeunes confrères, c’est « de la qualité d’âme de l’avocat aux Conseils » dont il s’est entretenu. Particulièrement attaché aux principes déontologiques essentiels en vigueur au sein de l’Ordre des Avocats au Conseil d’Etat et à la Cour de Cassation, il a conclu ses propos par « si l’avocat comprend, explique et démontre, j’ai tenté cette après-midi, sinon de vous convaincre, du moins de vous suggérer, l’importance de quelques-uns de ces principes essentiels à l’exercice de la profession vers laquelle vous vous dirigez ». Ensuite Michaël Bendavid, Premier Secrétaire 2011/2012 de la Conférence du Stage a fait l’éloge d’Adolphe Crémieux : « Un révolutionnaire conservateur » qui, en sa qualité de bourgeois libéral et modéré, s’illustra au 19 ème siècle comme un révolté et un réformiste plutôt que comme un révolutionnaire dans ses fonctions politiques. Au soir de sa vie, cet illustre avocat, patriote et Ministre de la Justice confiait à son ami Arago : « je partirais heureux si notre République était bien, cette fois, définitivement installée ». Jean-René Tancrède Photo © Jean-René Tancrède - Téléphone : 01.42.60.36.35 Christian Vigouroux, Carole Brès, Gilles Thouvenin, Daoud Salmouni, Ronald Maman, Michaël Bendavid et Jean-Marc Sauvé Ordre des Avocats au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation Conférence du Stage - Paris, 11 décembre 2012

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Page 1: Edition du lundi 24 decembre 2012

LES ANNONCES DE LA SEINE

RENTRÉE SOLENNELLEOrdre des Avocats au Conseil d’Etatet à la Cour de cassationDe quelques principes essentiels à l’exercicede la profession d’avocat aux Conseils par Gilles Thouvenin .............2Eloge d’Adolphe Crémieux :un révolutionnaire conservateur par Michaël Bendavid......................6Barreau de MetzTransmission des valeurs par Viviane Schmitzberger-Hoffer ..........11La performance par Maxence Lévy..................................................13La compétitivité par Laura Cassaro .................................................14Se battre pour l’autre par Mehdi Adjemi.........................................16Le dépassement de soi par Marine Klein-Desserre .........................17AGENDA......................................................................................5SOCIÉTÉClub du Châtelet.........................................................................19Académie catholique de France............................................20VIE DU DROITAssemblée Générale «Droit et Procédure»Rapport Moral par Stéphane Lataste...............................................21ANNONCES LEGALES ...................................................24AVIS D'ENQUETE ..............................................................34ADJUDICATIONS................................................................39PALMARÈSLe Nouvel EconomistePrix 2012 du « Manager de l’Année » ..............................................40

JOURNAL OFFICIEL D’ANNONCES LÉGALES - INFORMATIONS GÉNÉRALES, JUDICIAIRES ET TECHNIQUESbi-hebdomadaire habilité pour les départements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne

12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Téléphone : 01 42 60 36 35 - Télécopie : 01 47 03 92 15Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected]

FONDATEUR EN 1919 : RENÉ TANCRÈDE - DIRECTEUR : JEAN-RENÉ TANCRÈDE

Lundi 24 décembre 2012 - Numéro 78 - 1,15 Euro - 93e année

C’est dans le prestigieux cadre de la salle del’Assemblée du Conseil d’Etat que s’est dérouléela Séance Solennelle de Rentrée de laConférence du Stage des Avocats aux Conseils

ce mardi 11 décembre ; le Président Gilles Thouvenin,qui a succédé à Didier Le Prado en janvier dernier, aconsacré son discours aux « Principes essentiels à l’exercicede la profession d’avocat au Conseil d’Etat et à la Cour decassation » devant une prestigieuse assemblée composéenotamment des Chefs des Juridictions Suprêmes VincentLamanda, Jean-Claude Marin, Jean-Marc Sauvé et Jean-Louis Debré. S’adressant à ses jeunes confrères, c’est « dela qualité d’âme de l’avocat aux Conseils » dont il s’estentretenu. Particulièrement attaché aux principesdéontologiques essentiels en vigueur au sein de l’Ordredes Avocats au Conseil d’Etat et à la Cour de Cassation,

il a conclu ses propos par « si l’avocat comprend, expliqueet démontre, j’ai tenté cette après-midi, sinon de vousconvaincre, du moins de vous suggérer, l’importance dequelques-uns de ces principes essentiels à l’exercice de laprofession vers laquelle vous vous dirigez ».Ensuite Michaël Bendavid, Premier Secrétaire 2011/2012de la Conférence du Stage a fait l’éloge d’AdolpheCrémieux : « Un révolutionnaire conservateur » qui, en saqualité de bourgeois libéral et modéré, s’illustra au19ème siècle comme un révolté et un réformiste plutôt quecomme un révolutionnaire dans ses fonctions politiques.Au soir de sa vie, cet illustre avocat, patriote et Ministrede la Justice confiait à son ami Arago : « je partiraisheureux si notre République était bien, cette fois,définitivement installée ».

Jean-René Tancrède

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Christian Vigouroux, Carole Brès, Gilles Thouvenin, Daoud Salmouni, Ronald Maman, Michaël Bendavid et Jean-Marc Sauvé

Ordre des Avocatsau Conseil d’Etatet à la Cour de cassationConférence du Stage - Paris, 11 décembre 2012

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De quelques principesessentiels à l’exercicede la professiond’avocat aux Conseilspar Gilles Thouvenin

Dans notre société, « la conviction estaujourd’hui largement répandue quechacun ne suit que son propreintérêt  »(1). Seul l’intérêt

commanderait nos actions  ; toute formed’humanité en serait bannie, donnant ainsiraison à Adam Smith  : «  Ce n’est pas de labienveillance du boucher, du marchand de bièreet du boulanger, que nous attendons notre dîner,mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts.Nous ne nous adressons pas à leur humanitémais à leur égoïsme ; et ce n’est jamais de nosbesoins que nous leur parlons, c’est toujours deleur avantage » (2)

Le constat ne s’applique pas aux Avocats auxConseils. Pour être Avocat, la compétence estindispensable, le travail nécessaire ; le talent peutêtre le bienvenu. Tout cela n’est pas suffisant :encore faut-il une certaine qualité d’âme. Il y ace mot, essentiel, de notre serment : l’humanité.Cette humanité est indissociable de l’altruismeexigé de l’Avocat. L’Avocat n’agit pas dans sonintérêt propre. Seul le guide l’intérêt de son clientdans le respect de l’intérêt supérieur de la Justice.C’est précisément de la qualité d’âme de l’Avocataux Conseils dont je veux vous entretenir. Car embrasser la profession d’Avocat auxConseils :

- c’est aller au-delà de l’adhésion à un exerciceprofessionnel, pour entrer dans un ordre unipar ses valeurs et ses traditions,-  c’est respecter les principes essentiels envigueur au sein de cet ordre.Les qualités requises d’un Avocat aux Conseilssont intimement liées à l’essence même de samission devant les Hautes Juridictions, missionqui l’honore et honore l’Ordre en son entier.N’existant que pour les Hautes juridictions dontil est au service, le Barreau spécialisé a fait lapreuve de sa nécessité et de son utilité pour lejusticiable et le bon fonctionnement de la Justice.La singularité de l’avocat aux Conseils tient àson statut bivalent : - auxiliaire privilégié du fonctionnement duservice public de la justice,- et médiateur-intercesseur des justiciables(3).Son éthique, mise au service de ces intérêtssupérieurs, justifie la confiance que luitémoignent le corps social - en général - et lesHautes Juridictions - en particulier. L’Avocat auxConseils doit  -  en toutes circonstances  -  semontrer digne de cette confiance. Sadéontologie en est la garante.Si la profession  -  comme tout corpssocial - connaît son cortège de satisfactions, elleimpose corollairement des devoirs et obligationstoujours plus pressants. Devoirs et obligationsque la morale commande, que l’éthiqueprofessionnelle recommande(4) et que ladéontologie concrétise.Il ne suffit pas en effet à l’Avocat aux Conseilsd’adhérer à la déontologie de son Ordre, il doitla vivre et la faire vivre au quotidien. Il s’agit,dans le sillage de Max Weber, d’une éthique deresponsabilité et non d’une éthique de simpleconviction.

2 Les Annonces de la Seine - lundi 24 décembre 2012 - numéro 78

LES ANNONCES DE LA SEINESiège social :

12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARISR.C.S. PARIS B 339 349 888

Téléphone : 01 42 60 36 35 - Télécopie : 01 47 03 92 15Internet : www.annoncesdelaseine.fr

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Etablissements secondaires :l 4, rue de la Masse, 78910 BEHOUST

Téléphone : 01 34 87 33 15l 1, place Paul-Verlaine, 92100 BOULOGNE

Téléphone : 01 42 60 84 40l 7, place du 11 Novembre 1918, 93000 BOBIGNY

Téléphone : 01 42 60 84 41l 1, place Charlemagne, 94290 VILLENEUVE-LE-ROI

Téléphone : 01 45 97 42 05

Directeur de la publication et de la rédaction :Jean-René Tancrède

Comité de rédaction :

Thierry Bernard, Avocat à la Cour, Cabinet BernardsFrançois-Henri Briard, Avocat au Conseil d’EtatAntoine Bullier, Professeur à l’Université Paris I Panthéon SorbonneMarie-Jeanne Campana, Professeur agrégé des Universités de droitAndré Damien, Membre de l’InstitutPhilippe Delebecque, Professeur de droit à l’Université Paris I Panthéon SorbonneBertrand Favreau, Président de l’Institut des Droits de l’Homme des Avocats Européens,ancien Bâtonnier de BordeauxDominique de La Garanderie, Avocate à la Cour, ancien Bâtonnier de ParisBrigitte Gizardin, Substitut général à la Cour d’appelRégis de Gouttes, Premier avocat général honoraire à la Cour de cassationSerge Guinchard, Professeur de Droit à l’Université Paris II Panthéon-AssasFrançoise Kamara, Conseiller à la première chambre de la Cour de cassationMaurice-Antoine Lafortune, Avocat général honoraire à la Cour de cassation Bernard Lagarde, Avocat à la Cour, Maître de conférence à H.E.C. - EntrepreneursJean Lamarque, Professeur de droit à l’Université Paris II Panthéon-AssasChristian Lefebvre, Président Honoraire de la Chambre des Notaires de ParisDominique Lencou, Président du Conseil National des Compagnies d’Experts de JusticeNoëlle Lenoir, Avocate à la Cour, ancienne MinistrePhilippe Malaurie, Professeur émérite à l’Université Paris II Panthéon-AssasJean-François Pestureau, Expert-Comptable, Commissaire aux comptesGérard Pluyette, Conseiller doyen à la première chambre civile de la Cour de cassationJacqueline Socquet-Clerc Lafont, Avocate à la Cour, Présidente d’honneur de l’UNAPLYves Repiquet, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier de ParisRené Ricol, Ancien Président de l’IFACFrancis Teitgen, Avocat à la Cour, ancien Bâtonnier de ParisCarol Xueref, Directrice des affaires juridiques, Groupe Essilor International

Publicité :Légale et judiciaire : Didier ChotardCommerciale : Frédéric Bonaventura

Commission paritaire : n° 0713 I 83461I.S.S.N. : 0994-3587Tirage : 12 852 exemplairesPériodicité : bi-hebdomadaireImpression : M.I.P.3, rue de l’Atlas - 75019 PARIS

Copyright 2012Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. Sauf dans les cas où elle est autoriséeexpressément par la loi et les conventions internationales, toute reproduction, totale oupartielle du présent numéro est interdite et constituerait une contrefaçon sanctionnéepar les articles 425 et suivants du Code Pénal.

Le journal “Les Annonces de la Seine” a été désigné comme publicateur officiel pourla période du 1er janvier au 31 décembre 2012, par arrêtés de Messieurs les Préfets :de Paris, du 27 décembre 2011 ; des Yvelines, du 20 décembre 2011 ; des Hauts-de-Seine, du 28 décembre 2011 ; de la Seine-Saint-Denis, du 26 décembre 2011 ; duVal-de-Marne, du 20 décembre 2011 ; de toutes annonces judiciaires et légales prescritespar le Code Civil, les Codes de Procédure Civile et de Procédure Pénale et de Commerceet les Lois spéciales pour la publicité et la validité des actes de procédure ou des contratset des décisions de justice pour les départements de Paris, des Yvelines, de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne ; et des Hauts-de-Seine.N.B. : L’administration décline toute responsabilité quant à la teneur des annonces légales.

- Tarifs hors taxes des publicités à la ligneA) Légales :Paris : 5,48 € Seine-Saint-Denis : 5,43 €Yvelines : 5,22 € Hauts-de-Seine : 5,48 €Val-de-Marne : 5,41 €B) Avis divers : 9,75 €C) Avis financiers : 10,85 €D) Avis relatifs aux personnes : Paris : 3,82 € Hauts-de-Seine : 3,82 €Seine-Saint Denis : 3,80 € Yvelines : 5,22 €Val-de-Marne : 3,83 €- Vente au numéro : 1,15 €- Abonnement annuel : 15 € simple

35 € avec suppléments culturels95 € avec suppléments judiciaires et culturels

COMPOSITION DES ANNONCES LÉGALESNORMES TYPOGRAPHIQUES

Surfaces consacrées aux titres, sous-titres, filets, paragraphes, alinéasTitres : chacune des lignes constituant le titre principal de l’annonce sera composée en capitales (oumajuscules grasses) ; elle sera l’équivalent de deux lignes de corps 6 points Didot, soit arrondi à 4,5 mm.Les blancs d’interlignes séparant les lignes de titres n’excéderont pas l’équivalent d’une ligne de corps6 points Didot, soit 2,256 mm.Sous-titres : chacune des lignes constituant le sous-titre de l’annonce sera composée en bas-de-casse(minuscules grasses) ; elle sera l’équivalent d’une ligne de corps 9 points Didot soit arrondi à 3,40 mm. Lesblancs d’interlignes séparant les différentes lignes du sous-titre seront équivalents à 4 points soit 1,50 mm.Filets : chaque annonce est séparée de la précédente et de la suivante par un filet 1/4 gras. L’espace blanccompris entre le filet et le début de l’annonce sera l’équivalent d’une ligne de corps 6 points Didot soit2,256 mm. Le même principe régira le blanc situé entre la dernière ligne de l’annonce et le filet séparatif.L’ensemble du sous-titre est séparé du titre et du corps de l’annonce par des filets maigres centrés. Leblanc placé avant et après le filet sera égal à une ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm.Paragraphes et Alinéas : le blanc séparatif nécessaire afin de marquer le début d’un paragraphe où d’unalinéa sera l’équivalent d’une ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm. Ces définitions typographiquesont été calculées pour une composition effectuée en corps 6 points Didot. Dans l’éventualité où l’éditeurretiendrait un corps supérieur, il conviendrait de respecter le rapport entre les blancs et le corps choisi.

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Rentrée solennelle

Sans badiner avec ses principes essentiels, ni lesréinventer, l’Ordre a récemment adopté sonrèglement général de déontologie, codifiantainsi les usages et traditions de la profession,déjà exprimés dans différents écrits aussinombreux qu’épars.Rassurez-vous, je ne prétendrai pas, cette après-midi, à l’exhaustivité. Je vous proposesimplement une sélection de quelques-uns deces principes. Comme tout autre choix, celui-ci est arbitraire  mais ne croyez pas que lesprincipes volontairement omis seraient sansimportance.Les voyages formant la jeunesse(5), je vous invitedonc à une promenade qui évoquera lacourtoisie, la délicatesse, la modération, laprudence et la loyauté dont doit faire preuvetout Avocat aux Conseils.Une simple ballade qui nous mènera auxPalais  -  au Palais royal comme au Palais dejustice - et peut être même en d’autres lieux endehors des Palais.Ce parcours, que je vous propose d’emprunteravec moi, ne sera pavé  -  je vous le disd’emblée - que des meilleures intentions.

I. A l’égarddes justiciables d’abord

Il est naturel de commencer par eux ; la justiceest un bien commun qui existe dans l’intérêt dujusticiable : c’est lui qui doit être au centre denos préoccupations.Pour la plupart peu coutumiers de la Justice, lesjusticiables éprouvent pour elle « une fascinationirrésistible »(6), mêlée de crainte et d’impatience.N’oubliez pas que, pour eux, le procès estsouvent perçu comme «  une extrémitédouloureuse  », pour reprendre le mot deMirabeau(7).

A leur égard, l’Avocat aux Conseils manifesteune forme de courtoisie, de délicatesse et demodération en s’astreignant…à la plus grandepatience. C’est, en effet, aussi son métier de parler depatience à des clients qui peuvent se tordre sousle poids de la souffrance(8). L’attente, chacun icile sait, est lente et l’espérance violente.L’Avocat lui-même doit s’exhorter à la patienceen expliquant aux plaideurs inlassablement, etavec la plus grande clarté, les singularités desrecours devant les Juridictions Suprêmes. Lerisque de malentendu ou de méprise est ainsiévité. Il faut penser à la souffrance du justiciableet conserver à l’esprit que traiter courtoisementun client difficile est toujours source de progrès(9). Toujours accessible et disponible au quotidienpour son client, l’Avocat aux Conseils ne sauraits’enfermer dans une tour d’ivoire. Mais l’Avocat aux Conseils est aussi un êtrehumain, avec ses faiblesses. Et lorsqu’il sent sapatience s’épuiser, la rage et la colère pointer, ila évidemment le droit, voire le devoir, de refuserune affaire - sans se départir de la délicatesse etde la courtoisie inhérentes à son état. La prudence lui commande d’ailleurs de larefuser (cette affaire) avant le début de laprocédure, afin d’éviter tout désagrément inutilepour le client. Ne vous méprenez pas sur l’objet de monpropos : il ne s’agit pas ici de refuser de soutenirun recours voué à l’échec, ou de fuir l’obligationde conseil et, notamment, de consultation. Ils’agit de s’apercevoir à temps que, dans certainscas, la relation avec le client ne pourra jamaisse nouer de manière convenable. S’il accepte le dossier, l’Avocat aux Conseils doithonorer la confiance placée en lui en semontrant, en toutes circonstances, d’une loyautéirréprochable, loyauté mais pas seulement carLoyauté rime d’abord avec fidélité. Fidélité qui commande de s’abstenir de seconstituer contre les intérêts de son client. Si

cela arrivait  -  par une inadvertancemalheureuse -, il conviendrait alors de remédierpromptement à cette constitutionmalencontreuse. C’est une évidence.Le respect dû à la fidélité du client envers unautre doit aussi être scrupuleusement observé.Il n’est pas besoin de rappeler qu’aucun Avocataux Conseils ne saurait se livrer à une opérationde démarchage, à plus forte raison lorsque leclient a déjà manifesté son attachement à unautre. Loyauté rime ensuite avec objectivité. Lors de la consultation, qui est une obligationdéontologique, l’Avocat aux Conseils ne doitpas craindre de décevoir les espoirs de son clienten le dissuadant par un avis motivé depoursuivre la procédure. Faisant œuvre depédagogie, il saura adapter ses explications audegré de connaissance du justiciable.Loyauté rime enfin avec célérité. Ne perdez jamais de vue que l’Avocat auxConseils représente un mandant, que la décisionappartient toujours au client qui doit disposerdu temps nécessaire à la réflexion après avoirété utilement conseillé. La consultation, surtoutsi elle se révèle négative, doit être adressée entemps utile au client pour lui permettre un choixéclairé  -  sans précipitation  -  et pour vouspermettre, s’il se montre rétif à un abandon dela procédure, de tenter de le raisonner, de leconvaincre de l’absence de tout intérêt d’unrecours manifestement voué à l’échec. Et, pourvous permettre, le cas échéant, mais en dernièreextrémité seulement, d’établir un mémoire s’ille faut.S’il est libre du choix des moyens qu’il présente,l’Avocat aux Conseils doit néanmoins s’attacherà informer son client ; et rien ne s’oppose, aucontraire, à ce qu’il le fasse préalablement audépôt de son mémoire. Exercer cette liberté nedispense pas de rechercher, en temps utile, leconsentement du client.Loyauté et prudence se confondent alors.

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Bénédicte Moulinier, Anne-Laure Valluis, Nicolas Kilgus et Armand Kacenelenbogen

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II. Les mêmes principesgouvernent les relationsdes Avocats aux Conseils

avec leurs confrères des courset tribunaux

Signalons que cette coopération étroite etindispensable a donné lieu à l’adoption d’unecharte organique de collaboration, véritableguide des bonnes pratiques entre ces deuxcatégories d’auxiliaires de justice. Elle peututilement être consultée.Quelques ombres au tableau ne peuventmasquer l’harmonie d’ensemble de ces relations.Le désintérêt de certains correspondants - raresil est vrai - pour l’instance portée devant lesCours Suprêmes, et les difficultés de mise enétat qui en découlent, s’ils existent, ne doiventpas être exagérées.La volonté persistante - des mêmes - de gagnerle procès les amène parfois à reprocher auxavocats aux Conseils la frilosité supposée de leursavis et leur choix restreint des critiques proposées.Courtoisement et délicatement, l’avocat auxConseils doit alors leur rappeler :- que le débat devant les juridictions suprêmesest limité dans son objet et souffre mal lanouveauté, - et que le moyen de pur droit - ce pur-sang dela cassation - ne se trouve malheureusementpas sous le sabot d’un cheval.Fort heureusement, la grande majorité desconfrères des barreaux comprennent aisémentcette réserve, réserve guidée par l’œil neuf etobjectif que porte l’Avocat aux Conseils sur uneaffaire pour laquelle ses correspondants n’ontpeut- être plus toujours le recul nécessaire.

Quittons alors le tumulte des passions humainesqu’abritent parfois les Cabinets d’Avocats pourentrer dans les Palais, là où trône la Justice(10)

III. Les relations avec lesMagistrats sont inspirées

par la grandeur, le prestigeet l’efficacité de la missionassumée par les juridictions

Suprêmes

L’Avocat aux Conseils partage avec lesMagistrats un idéal de Justice auquel il concourten sa qualité d’auxiliaire agréé du service publicde la Justice.Cette qualité l’oblige à une certaine élégance : jeveux parler ici de courtoisie. Je ne vous apprendsrien, la courtoisie dans la vie professionnelle estplus exigeante que la politesse de la vie civile. Cen’est pas un simple savoir vivre.L’Ordre est présent, quoi de plus naturel, lorsdes premières conclusions des rapporteurspublics ou aux audiences solennellesd’installation des nouveaux Magistrats. Cetteprésence est significative des liens - empreintsde courtoisie  -  qui unissent Avocats auxConseils et juridictions Suprêmes.Mais cette courtoisie ne s’exprime pasuniquement sous une forme symbolique.Il faut ainsi permettre au juge d’instruire l’affairedans les conditions les plus sereines possibles :l’intérêt du justiciable passe nécessairement parl’intérêt supérieur de la Justice.L’instruction ne saurait :- être entravée par des moyens excessivementlongs ou compliqués, pour ne pas direcomplexes puisque ceux-ci sont prohibés,

-  être trahie par des productions ou desmémoires dont le contenu ne présenterait pasla moindre certitude,- ni être inutilement perturbée par une défenseagressive, dite de rupture, qui n’aurait aucuneplace devant les Hautes Juridictions.Ce sont ici la réputation, la respectabilité etl’image de l’avocat - de l’Ordre tout entier - quis’en trouveraient ternies. Ces valeurscommandent, au contraire, de faciliter - autantque faire se peut - la tâche, déjà lourde, de nosjuridictions. La représentation obligatoire, vouluepar la loi, leur confère toute leur légitimité.Les exigences de courtoisie et d’élégancemènent spontanément à la délicatesse.Il est non seulement délicat mais aussiimpérieux pour l’Avocat aux Conseils d’avertirun Magistrat de toute procédure personnellediligentée par lui à son encontre, telle unedemande de récusation.De la même manière, la délicatesse élémentaireexige l’indication au Magistrat de toute requêtetendant à la rétractation ou à l’amendement desa décision.L’implication de l’Avocat aux Conseils dans leservice public de la Justice l’invite également àla plus grande modération dans ses relationsavec les Magistrats.Modération ou retenue lorsqu’il s’abstient decommenter publiquement les décisions renduesdans les affaires où il a occupé.Retenue encore dans son information au clientde l’issue de la procédure. Mieux vautreconnaître un échec que s’en prendre demauvaise foi à la décision du Juge.Retenue enfin qui lui interdit d’importuner lesMagistrats pour critiquer le point de vueexprimé par eux dans tel ou tel acte de laprocédure.Que seraient cependant ces valeurs decourtoisie, de délicatesse et de modération si la

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loyauté était absente des principes essentiels dela profession ?La loyauté réside dans le respect dû à la vérité,le respect dû aux Magistrats qui la recherchent.Etre Loyal c’est honorer la confiance que lesjuridictions Suprêmes placent en leur Barreauspécialisé.Confiance dont témoigne, notamment, leConseil d’Etat qui prolonge son secrétariatjusqu’à nos cabinets en nous permettant d’ydéplacer le dossier officiel. La loyauté interdit l’injure du mensonge, lamalhonnêteté de l’argumentaire. Elle bannit lesbassesses et inélégances procédurales.Aucune faiblesse ne peut ici être tolérée,notamment la tentation d’utiliser lesinformations confidentielles destinées auxmagistrats dont pourrait, par erreur, avoirconnaissance l’Avocat aux Conseils. La loyautéimpose ici cécité et mutisme.En quelques mots le Procureur Général Matter atout dit de l’exigence de loyauté. « Jamais, par unargument déplacé, par une citation tronquée, parun biais juridique, (les avocats aux Conseils) neperdent l’estime de la Cour, car tout dans leurs écritscomme dans leur parole est franc et de bon aloi »(11). Je n’ai rien à ajouter.Notre parcours n’est pas pour autant encoreachevé.

IV. Le visage de la confraternité

Dans les relations de l’Avocat aux Conseils avecses pairs, ses frères et sœurs en profession, lesprincipes essentiels de courtoisie, de délicatesse,de modération et de loyauté prennent le visagede la confraternité.L’unité et la solidarité de l’Ordre, ses biens lesplus précieux, en dépendent.« Après tout, pour être heureux, on n’a rien demieux à faire dans ce monde que d’êtrevertueux ». Diderot avait raison  ! Pour êtreheureux dans l’Ordre  -  pour conserver unOrdre uni et solidaire - l’Avocat aux Conseilsn’a rien de mieux à faire que d’être, au jour lejour, le plus confraternel des confrères.C’est l’intérêt de l’Ordre tout entier et, parconséquent, de la Justice dont il est l’auxiliaire.S’il est un domaine où le mieux n’est pas l’ennemidu bien, c’est celui de la confraternité.Je n’entends pas vous infliger un catalogue dessituations dans lesquelles la confraternité seraitsusceptible d’être mise à mal.

Deux illustrations seulement. L’une, d’ordreprocédural, prend l’habit de la contradiction.L’autre, plus diffuse, celui de la courtoisie.Prévenir tardivement un confrère de sonintention de plaider une affaire relève d’unedéloyauté mesquine et puérile. Certes, cetavertissement tardif ne viole pas, au sens strict,le principe de la contradiction car le confrères’attachera néanmoins à préparer sa plaidoirieen temps et en heure. La manœuvre n’endemeure pas moins coupable par sonindélicatesse et par l’embarras causé au confrèrequi voit son travail désorganisé et qui doitpréparer dans la hâte la défense de son client.Une maxime à retenir  : un confrère ne doitjamais en mettre un autre en difficulté.La confraternité c’est aussi une courtoisieprofessionnelle.

Je n’évoquerai pas les fins de non-recevoirsoulevées sans avertissement préalableou – pire - habilement dissimulées dans lesdéveloppements consacrés à la défense au fond,les formules malheureuses et déplaisantes jetantl’opprobre sur la qualité du mémoire adverse,et donc sur son auteur. Ces pratiquesappartiennent au passé, à n’en pas douter.En revanche, exemple plus actuel, un mémoirepeut pécher par un excès d’agressivité, non àl’endroit du contradicteur - notre déontologieprohibe depuis toujours de jeter le discrédit surle travail des confrères, comme sur celui descorrespondants et, a fortiori, celui desMagistrats - mais au détriment du plaideur lui-même, le client du confrère adverse. Pratiqued’autant plus condamnable que le plaideurmoqué, à juste titre blessé, exigera de son Avocatle dépôt d’une réplique de même nature. Arguties sans fin, enfantines et inutiles, qui nepeuvent servir l’intérêt du justiciable et ne fontque ternir l’image de leur auteur et, par voie deconséquence, de l’Ordre auquel il appartient.La contradiction n’est ici en rien menacée. Nosprincipes essentiels de délicatesse, de courtoisieet de modération sont pourtant malmenés parun étonnant manque de tact de la part desmembres d’un barreau qui a su gagner laconfiance des Juges et des justiciables.

La confiance du corps social… Chers amis, voilà que nous revenons sur nospas et que notre périple touche à sa fin.Si l’Avocat comprend, explique et démontre, j’aitenté cette après-midi, sinon de vousconvaincre, du moins de vous suggérer,l’importance de quelques-uns de ces principesessentiels à l’exercice de la profession verslaquelle vous vous dirigez.Cette profession requiert des qualités que vouspossédez déjà, j’en suis certain, même si vousn’avez peut-être pas encore eu le temps ou leloisir de les exprimer. Je suis confiant, vous aurez à cœur de les mettreen œuvre. J’espère simplement que vousconserverez intacte, durant toute votre carrière,la mémoire des paroles ici prononcées, non queleur valeur serait inestimable, mais parce quej’aimerai qu’elles soient entendues comme unappel, un rappel, à la nécessité, dans l’exercicequotidien de votre métier, d’une vigilanceaccrue, d’une vigilance de tous les instants.

Notes : 1 - A. Badiou, Eloge de l’amour, Flammarion, 2009.2 - Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richessedes nations. 1776, livre 1, chapitre 2, Economica, Paris 2000, traductioncoordonnée par Philippe Jaudel.3 - J. Barthélemy, La déontologie des avocats aux Conseils in Mélangesen l’honneur de Jacques Boré, Dalloz 2007, p. 8.4 - A. Comte-Sponville, Morale ou éthique, Lettre internationale n° 13,1991 : « La morale commande, l’éthique recommande »5 - Montaigne, Essais.6 - A. Gide, Souvenirs de la Cour d’assise.7 - Mirabeau : plaidoyer contre la Dame de Marignane, son épouse inGrandes plaidoiries et grands procès du XVème au XXème siècle, sous ladirection de N. Corato, Editions Prat, 2004. 8 - W. Shakespeare, « C’est le métier de tous que de parler de patienceà ceux qui se tordent sous le poids de la souffrance », Beaucoup debruit pour rien, 1600.9 - A. Deboeuf, « Ne vous plaignez jamais d’un client difficile car il estla cause de vos progrès ».10 - D’Aguesseau : « Vous qui avez l’avantage d’exercer une professionsi glorieuse, d’être placé entre le tumulte des passions humaines et letrône de la Justice ».11 - Matter, Lettre au Président Marcilhacy, 1930 cité par J. Barthélémy,La déontologie des Avocats aux Conseils, Mélanges Jacques Boré.

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Chambre de Commerce et d’Industrie27, avenue de Friedland75008 PARIS

Renseignements : 01 55 65 80 33www.ccip.fr - [email protected] 2012-895

3ÈME RENCONTRE CPCA/FRANCE ACTIVE

Les Associations : Prix «Jeunes Talents Radio 2012» 22 janvier 2013

Centre de Conférences Pierre Mendès-France139, rue de Bercy - 75012 PARIS

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CONFÉRENCE CONSEIL D’ÉTAT

«Environnement et Polices»22 janvier 2013

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De l’union monétaire,à l’union bancaire, quelavenir pour la zone euro ?29 janvier 2013

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UNIVERSITÉ DE NANTES

Evaluationde l’administrationde la justice pénale :les nouveaux traitementsdes délits7 février 2013

Chemin de la Censive du Tertre - Amphi G

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Eloge d’AdolpheCrémieux :un révolutionnaireconservateurpar Michaël Bendavid

Seul, au milieu des stigmates de ses échecset des vestiges de sa gloire abolie, prisdans le tourment du temps qui s’arrête…Il attend.

La solitude  : de tous les paysages de l’âmehumaine, c’est parfois le plus funeste. Sans doutele misanthrope y cultive-t-il l’apaisement deglace auquel son cœur aspire. Mais pasl’humaniste incarcéré, qui a consacré sa vie àceux qu’il appelle ses frères.Ce matin du 2 décembre 1851, captif à la prisonMazas en isolement complet, AdolpheCrémieux ne fait pas exception.La veille encore, comme à l’habitude, VictorHugo et lui devisaient sur le chemin qui mènedu palais Bourbon à leurs appartements voisins,rue des Petits-Augustins… Qu’un décretrebaptise bientôt rue « Bonaparte ».Louis-Napoléon devait sortir du présent pourentrer dans l’Histoire ; en place de quoi il a faitl’Histoire, l’histoire d’un coup d’Etat, et ce matinle Garde des Sceaux Adolphe Crémieux couchesur le hamac défraîchi, percé de trous inégauxqu’ont creusés le temps et le froid, qui sert deliterie aux détenus de Mazas.Par-delà les barreaux et la cour de la prisondisposée en triangle, il contemple impuissantla France s’affaisser sans bruit dans la dictaturepour vingt ans.On pourrait le croire en colère. Contre lePrésident Bonaparte, parjure, qui outrage sonserment à la France ; et contre l’homme, Louis-Napoléon, dont Crémieux fut l’intime conseil(1),et qui le prive de son épouse Amélie, en ce

2 décembre anniversaire de leurs noces.D’autres imagineront Crémieux qui médite sesfautes et son aveuglement. Son propre soutienapporté « au candidat à la triste figure », deuxans plus tôt(2), méconnaissant l’exaltation quesuscite le seul nom de Bonaparte auprès d’uneopinion qu’en bon bourgeois il juge pourtant« souvent naïve, oublieuse, ignorante même, maisfervente »(3).Pour ma part, j’aime à penser qu’il fut fier. Fierque le Prince-Président lui ait prêté tantd’influence qu’il jugeât bon de le faire enfermer.Crémieux libre, le coup d’Etat pourrait échouer !Crémieux libre, qui sait les foules qu’il sauraentraîner ?Alors après les noms de Hugo, de Thiers, deBroglie, de Barrot, de Berryer et d’Arago, aprèsles noms des généraux de la République,l’Empereur aurait inscrit sur la liste celuid’Adolphe Crémieux.Du moins le croit-il.Et sans doute est-ce pour le mieux queCrémieux ne sût jamais la véritable cause deson arrestation. Car son Juda n’est pas un espiondu despote. Ni un confrère jaloux. Ni même unamoureux qui convoiterait sa femme… Nonc’est elle, sa femme, qui l’a fait enfermer pourconjurer les desseins des « sinistres figures etnuées de bandits » qui veulent « mettre son marià la tête de la résistance »(4).Les barricades ne lui prendront pas son époux. (…)Comme le poète, « je sais très mal comme l’oncherche les morts. Tant de gestes nous séparent »(5).Comment se faire l’écho d’une voix enseveliesous un manteau de siècles, même « penché surla source où son silence se forme » ?Où trouver ce qu’il fut, au-delà de ce qu’AdolpheCrémieux donnait à paraître ? Ses contemporains le décrivent d’un « caractèrepresque insaisissable, d’une nature fantasque etmobile »(6), et pour son engagement politique, ilsemble que Crémieux ait choisi d’adopter laposture de l’incohérence.

Par une curieuse alchimie, sa foi sincère dans lesidéaux de l’éthique libérale s’amalgame, dans sonesprit, « avec le message des prophètes de la Bible »(7).On a dit d’eux qu’ils étaient des « révolutionnairesconservateurs »(8) : l’oxymore se prête bien à Isaac-Adolphe Crémieux, de son nom complet.On croit voir en lui l’allégorie de lacontradiction  : ardemment patriote, maisuniversaliste ; royaliste qui en 30 ans proclamedeux Républiques  ; Dom Juan, modèle defidélité  ; dédaignant les Eglises et lesprescriptions religieuses, mais qui, croyant,« reconnaît une source à cette intelligence quidirige le monde »(9).Vaniteux sans doute, mais de cette fierté joyeusepresque naïve qu’on pardonne aux enfants(10).On disait de Crémieux qu’il avait « hérité duprivilège de Montaigne, qui savait parler de luisans offusquer personne »(11).Homme d’action enfin, d’oralité et d’éphémère,mais toujours, radicalement, modéré. Si ce siècle« donnait à l’avocat, selon nos historiens, uneallure de martyr », le présentait comme « unenragé frondeur, un faiseur de barricades, undémolisseur de Bastille »(12), Crémieux… n’étaitrien de tout cela.Pourtant c’est dans de périlleux tumultes qu’ilconduisit nos Républiques naissantes. Dans destemps qui n’étaient pas à l’excès de modération ;qui appelaient de la fermeté, de la résolution.Alors faut-il regretter que Crémieux acceptât,et même sollicitât, plus de devoirs qu’il n’enpouvait remplir ?Un premier regard, et l’on croit démasquer dansces contradictions et revirements incessants lamarque de l’opportunisme. Mais il faut douter,c’est le sacerdoce de quiconque veut juger, fût-ce des fantômes et la mémoire des morts.Alors, portant le doute en scrupule, ne peut-onrestituer une cohérence à Crémieux, etréconcilier les valeurs apparemment contrairesqu’il a incarnées ?Comme avant tout verdict, il s’agit decomprendre.

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Et pour commencer, comment un homme quiportait si bien la robe eut-il l’idée d’endosser lecostume de ministre ? C’est dans les rues deDamas qu’on retrouve les prémices de sacarrière politique.Damas. Les drames d’aujourd’hui rendentl’exercice pénible - mais il faut imaginer cetteDamas peinte par Huysmans, où les dervichesexpatriés côtoient les colons arrogants.Damas en février 1840. Un prêtre est portémanquant au séminaire de la ville. On le chercheencore aujourd’hui  ; déjà à l’époque, onsoupçonne le pire.Et voici que le supplice infligé à un triste barbierlui fait confesser une calomnie avant que Dieune l’accueille. Le bourreau rend bavard, maissurtout menteur. Sept familles sont diffamées.Les sept sont juives. C’est donc naturellementtoute la communauté du pays que leGouverneur Shérif Pacha accuse de crimesrituels sanglants. La France le soutient. S’ouvrel’Affaire de Damas.Mais c’était compter sans Crémieux, qui avecMontefiore rejoint Le Caire où le Vice-Roid’Egypte tient audience. Leurs plaidoiries lepersuadent. Sans doute aussi, fins Avocats, ont-ils habilement choisi leur Juge, qui voulaitprécisément assoir son influence en Syrie, quela Sublime Porte turque conteste.Mais on juge un Avocat à ses résultats. Lesinnocents sont libres. Alors l’Orient et l’Occidentacclament Crémieux, qui triomphe de Damasà Trieste. Metternich le reçoit à Vienne. Il étaitun Avocat réputé au Palais. Pour toute l’Europe,il est désormais l’adversaire de l’injustice.

A compter de ce succès Crémieux est élu, réélu,chaque fois qu’il propose ses suffrages.Mais sur quels bancs pensez-vous qu’il siègera ?Le sait-il lui-même en vérité ? Ses opinions politiques ont dérouté plus d’unbiographe. Jugez plutôt  : panégyriste duBonapartisme, élu grâce aux voix deslégitimistes, il est profondément attaché à Louis-Philippe l’orléaniste, mais déteste chaque annéedavantage son Gouvernement, qui « n’excitequ’un seul appétit : l’appétit de l’argent » (13).Alors s’il garde son affection(14) pour Louis-Philippe le « roi des barricades »(15), Crémieuxn’en est pas moins sévère  à son égard  : sonpouvoir politique repose en principe sur « uncontrat, librement consenti » (16) à l’issue des troisglorieuses.Les violations quotidiennes de la Charte de 1830conduisent Crémieux droit dans l’opposition àla Chambre des Députés. L’opposition  ! Mais c’est là que Crémieuxsiègera  ! Jusqu’à sa dernière heure. Pour unopportuniste, voilà qui laisse perplexe.Il prend d’abord, sans succès, la cause desMaronites opprimés au Liban ; puis demande,en vain, l’abolition immédiate de l’esclavage ;veut condamner enfin le travail des enfants,mais là encore, Crémieux s’interroge : combiende frêles cadavres faudra-t-il entasser dans lesmines avant que leurs poids ne fassent céderGuizot ?Devant l’échec, Crémieux poursuit sa croisadepour la réforme dans la société civile. Il fondeun hebdomadaire avec Alexandre Dumas, LaNouvelle Minerve. Mais les « Lois de Septembre »

enterrent bientôt ce qu’il restait des libertés dela presse. Le salut n’est pas dans l’écrit, mais dans la parole.Alors Crémieux devient l’orateur le plus assidu,le plus acclamé de la campagne des Banquets,ces sortes d’agapes blanches que l’oppositionorganise dans toute la métropole, où sontconviés tous les scandalisés de France.Comme eux Crémieux est révolté  !Réformiste !... Mais pas révolutionnaire. C’estdans le « sanctuaire des lois »(17) qu’il veut menerson combat. Une révolution « ne serait qu’unmalheur public »(18) pour Adolphe Crémieux lebourgeois, libéral, modéré.Les doctrines «  socialistes  », dites-vous  ?« J’avoue que je ne les ai pas profondémentétudiées. (…) : La propriété, la famille, la loi descontrats,(…) voilà mes principes »(19). « Il n’y a pasde classe parmi nous. Proscrivons ce mot qui n’aplus de sens (…). En France, il n’y a que lepeuple »(20).Mais voici que le peuple a devancé sa classepolitique.Et comme le roi lui-même, persuadé que lesparisiens ne font pas la révolution en hiver,Crémieux n’a pas vu le Printemps républicainderrière l’enthousiasme que son éloquencesoulève ! « Jugez de sa surprise, se rappelle uncontemporain, aux premiers coups de fusil quiretentirent à ses oreilles »(21).Alors ce 24 février 1848, qui figure dans lesannales de nos révolutions, ne cherchez pasAdolphe Crémieux baïonnette au fusil.Voyez-le plutôt, entre deux barricades,s’exténuer pour la conciliation, «  harassé,débraillé, dégouttant de sueur et souillé depoussière, entortillé d’une longue écharpe (…)mais trouvant sans cesse des idées nouvelles etdes mots nouveaux, mettant en mouvement cequ’il venait de mettre en récit, toujours éloquent,toujours chaleureux (…) Je ne crois pas,témoigne Tocqueville, qu’on ait jamais imaginéun homme qui ne fût plus laid ni plus disert »(22).Oui car Adolphe Crémieux est fortlaid  –  davantage encore, parait-il, que sesphotographies le laissent imaginer. Mais chacuns’accorde à dire que lorsqu’il parle « on oubliecette laideur, et qu’on le trouve presque beau, tantsa parole est sympathique »(23).Toutefois la sympathie apaise rarement lescortèges révolutionnaires.Alors Crémieux se rend auprès du roi, qui veutle consulter. Mais il est trop tard. Il claque,désabusé, la porte de la calèche royale derrièreLouis-Philippe. La monarchie française avécu(24).De retour à la Chambre, Crémieux mesurecombien la foule est républicaine. Il délibère uninstant ses options…Allons ! Comme dit Ledru-Rollin : il faut bienque je les suive, puisque je suis leur chef !Aussitôt dit, Crémieux surgit à la tribune,demande l’institution d’un gouvernementprovisoire « qui éclairera le peuple ! »(25) ; et voicijustement cette foule qu’on appelle le peuple,qui pénètre en personne dans le palais Bourbon.La confusion est à son comble. Dans ce tumulte,il faut choisir les ministres de la République.Un député sorti de l’ombre tend une liste denoms à Lamartine, pour qu’il les proclame :« Mais vous plaisantez, je ne peux. Mon nom yfigure. » L’humilité du poète, sans doute. Alorsla liste passe à son voisin Crémieux, qui ladévisage à son tour  : « Cher ami, vous vous

moquez ? Mon nom n’y est pas ! »(26). La modestiede l’avocat, peut-être.Alors la liste est remaniée avant même que legouvernement ne fût constitué. Crémieuxdevient Monsieur le Garde des Sceaux,proclame lui-même la République à l’Hôtel deVille, et inscrit à jamais dans son patrimoine ladevise que chacun connaît, « évangile de laraison humaine »(27) : Liberté Egalité Fraternité.Il n’est donc pas déçu de ce régime, qu’il n’auraitcertes pas choisi. Liberté, égalité, fraternité : cestrois mots lui suffisent. Quant aureste…République, royaume, empire, tout celaest secondaire. Seuls comptent les valeurs etleur respect dans le droit.C’est aussi l’avis de son épouse, qui écrit dansune lettre : « Mes amies, le rêve continue : votrecousin est nommé ministre de la justice  ! Apropos, j’oubliais de vous dire  : c’est sous laRépublique qu’il jouit de ces honneurs »(28).Pour Crémieux, son portefeuille est certes unhonneur, qu’à l’avenir il prendra soin derégulièrement rappeler à la mémoire de ceuxqui l’auraient oublié. Mais – chacun sera jugede la contradiction – il n’est pas de ceux quisavourent le pouvoir quand ils l’ont. Il en préfèrel’arrière-goût, une fois qu’il est passé.Pour l’heure, Crémieux se figure son Ministèrecomme une dette envers son pays. Il y consacrebientôt son immense puissance de travail, toutentier à la tâche qui lui est confiée(29).En quelques mois, les progrès sont certains. D’accord avec le Gouvernement provisoire, ilabolit la peine de mort en matière politique(30),rétablit la liberté d’expression, de la presse, descultes, abolit le délit de grève, et consacre mêmeaux ouvriers un droit d’association. Il offre denaturaliser les étrangers domiciliés en France(31),et surtout, par-dessus tout, cosigne avec VictorSchœlcher l’abolition de l’esclavage.Seul le mariage sera épargné par la réforme.Mme Crémieux, passionnément amoureuse etéperdument catholique depuis sa conversion àl’insu de son époux, ne voit pas le divorce d’unbon œil… et le Garde des Sceaux ne refuse rienà sa femme.Tous les efforts de Crémieux ne changent passa nature. Il n’est pas homme d’Etat. Et si dix ansplus tard, tout le Ministère, du « chef de divisionjusqu’au garçon de bureau, regrettera encorel’administration  honnête et paternelle de M.Crémieux »(32), on conçoit que ces élogesn’immortalisent pas un grand Ministre.Très vite il est dépassé par les intriguespoliticiennes et rattrapé par son conservatisme.Son souci de concilier chacun l’amène tantôt àrester solidaire de la répression sanglante dessoulèvements populaires de juin ; et tantôt àprotéger le socialiste Louis Blanc accusé d’enêtre l’instigateur.Il quitte bientôt, amer, le gouvernement. « Il étaittemps qu’il sortît de là, écrit sa femme : il n’y auraitpas résisté »(33).Précisément, y a-t-il résisté ? Trop inquiet desflambées anarchistes dont il s’exagèrel’importance, voici qu’il consent son soutien àLouis-Napoléon Bonaparte…ce qui le conduit,une trahison plus tard, à la prison Mazas oùnous l’avons trouvé. C’est dans cette cellule qu’iljure « de ne jamais remettre les pieds à l’Elysée »(34)

ou au Palais-Bourbon. Se porter candidatsupposerait de jurer fidélité au Prince renégat.Pourtant son rôle n’est pas encore fini, Crémieuxle pressent.

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Mais le temps est venu de se consacrer à savéritable vocation, celle qui sied à son talent.Comme toutes les consciences politiques deson temps, c’est au Barreau qu’il trouvera refuge.L’avocature est davantage qu’un métier pourCrémieux, elle est son point fixe, une vocation,dans toute la plénitude de sens que ce motrenferme : le désir de devenir et le talent d’yréussir.Ses confrères disaient volontiers qu’ils n’enavaient pas vu parmi eux de plus complet, quimaitrisât mieux que lui toute la diversité dudroit(35). C’est en pénaliste d’abord qu’il prêteserment, à vingt ans révolus, devant la Cour deNîmes.Dès le lendemain, on l’y voit aux assises, et dece jour il prêtera sa voix à tous les réprouvés quila lui demanderont. Crémieux leur offre sa plusgrande qualité : une indignation sans réserve,inépuisable. Jamais on ne l’a vu indifférent,« jamais aucun de ceux qui venaient solliciter unsecours, n’a été repoussé »(36).Non pas d’ailleurs qu’il eût la vocation sectaire.C’est aux côtés des victimes de la TerreurBlanche qu’il acquiert une réputation dans saProvence natale(37).Mais Crémieux est avocat de la défense dansl’âme.Il est aussi de tous les procès politiques, ou plutôtcontre les procès politiques, ceux dont lesverdicts sont écrits avant le premier jour desdébats(38).Chaque affaire, chaque plaidoirie le consume.C’est qu’il a entrevu trop jeune ce qui attend sesclients condamnés. Les Thermidoriens lui ontarraché son père jugé trop Jacobin, l’ontincarcéré et l’ont ruiné pour toujours.On murmure même dans certains ateliersqu’Adolphe fut conçu dans une cellule. C’est dires’il est sincère lorsqu’il voit dans la perte de laliberté « une peine atroce qui vaut bien la mort »(39).Quant à la guillotine elle-même, Crémieux luiréserve ses réquisitoires. Il est patriote, soit, maispas de ceux qui « confondent la Marseillaise etl’échafaud »(40). Aux côtés de Hugo, il plaidecontre la peine de mort « qui fait douter del’humanité quand elle frappe le coupable, et quifait douter de Dieu quand elle frappel’innocent ! »(41).C’est beau… Mais convenons-en : on a vu plussobre ! Comme celle du poète, l’éloquence deCrémieux est celle de son temps, emphatique,théâtrale, mais vive et énergique, toujoursimprovisée, toujours convaincante, toujourschaleureuse et sincère, elle est ciselée pourl’auditoire, et notamment le jury, auquelCrémieux voue un « véritable culte »(42).

Ces combats d’avocat pénaliste, AdolpheCrémieux les perpétue ardemment tout letemps qu’il fut, Mesdames et Messieurs lesmembres de l’Ordre, votre confrère.Acquérir la charge d’Odilon Barrot, celasupposait d’abord quitter sa province pour Paris.En cela sans doute son épouse Amélie,originaire d’Alsace, ne fut pas étrangère : peut-être le ciel nîmois toujours bleu lui pesait-il.Toujours est-il qu’à 34 ans, Crémieux délaisseles passions anxieuses qui règnent aux assisespour la rigueur sereine des débats devant lesHautes juridictions.A la Cour de cassation et au Conseil d’Etat,

Crémieux veut explorer la science juridique,apprendre à convaincre plutôt que persuader ;mais toujours au service des mêmes idéaux deliberté et d’égalité, qui guident le choix despourvois qu’il soutient. L’égalité d’abord, « le premier, le plus juste, le plusincontestable des droits naturels  »(43) pourCrémieux, qui a entendu l’Echo des carrièresdu comtat Venaissin, berceau de ses aïeux, luichanter l’injustice dont ils ont fait les frais.Crémieux s’insurge contre un arrêt-blasphème,qui juge que les « hommes de couleur ne doiventpas oublier la distance qui les sépare des blancs »(44) : «  Est-ce bien nous, ( français), peupleéminemment hospitalier, qui pouvons reprocherà des étrangers les lieux qui les ont vu naître ? »(45). Il exige la nationalité sans détour pour lesindigènes des colonies  ; conduit la Cour decassation à abolir le serment d’avocat dit morejudaico, dont la formule rituelle archaïquedemeurait obligatoire pour les juifs rejoignantle Barreau. Puis il se pourvoit, aux côtés deGatine, pour les dizaines de martiniquaisinnocents condamnés à mort, lors du tristeprocès de la Grand ’Anse.L’actualité du style d’Adolphe Crémieux, Avocataux Conseils, est admirable. Il ne se satisfait pasdes garanties de la loi et rappelle sans cesse auxMagistrats les principes supérieurs quil’encadrent nécessairement.Il défend ainsi les libertés, et celle de la presseavant tout. Inlassablement, il occupe, dans lenombre infini des procès faits auxjournaux – une centaine en quatre ans, pourun seul de ses clients.« Une lutte à mort avec la presse est une penséede délire », tonne infatigable Crémieux, dont lespourvois sont cependant, pour la plupart,rejetés.Mais l’importance de ce combat est son seulsalaire.Lui qui n’a « jamais accepté d’honoraires pour ladéfense des journaux de l’opposition, (enaccepterait) moins encore pour celle d’un journalqui ne partage pas (ses) opinions »(46). En cecompris tel quotidien antisémite, amené à« remercier Me Crémieux pour sa conduite sidésintéressée... qui honore (sa profession) »(47).A vrai dire, s’il l’on en croit ses contemporains,Crémieux oublie si souvent d’être payé qu’on enreste perplexe : comment sa charge lui aura-t-elle permis d’enfin franchir le seuil du cens ?C’est qu’il ne cantonne pas sa clientèle auxprévenus non solvables. Très vite, venu departout en France, le succès afflue à soncabinet(48) : Mirès, Rothschild, toutes les banquesse disputent l’Avocat, résolument moderne, despremiers grands procès de la finance.Crémieux se plonge dans ce « capharnaümqu’on appelle la Bourse »(49) et le débrouille avecune lucidité que ses adversaires – les seuls vraistémoins de nos qualités – lui reconnaissent(50).Ses plaidoiries, souvent publiées – à la mode del’époque – font plusieurs centaines de pages – àla mode de l’époque. Crémieux les prononcesans la moindre note(51) : il est béni d’unemémoire qui tient du prodige et que luijalousaient, à l’école déjà, ses professeurs ; et queplus tard lui envieront ceux de ses confrèresdont le dur labeur suppléait au talent.Depuis le collège, Crémieux est porté sur leslettres plutôt que sur les chiffres. Il est ledéfenseur en titre des artistes(52) : éditeurs,

écrivains, poètes, peintres et sculpteurs sebousculent à son cabinet.Pour eux, il plaide pro bono et même prodomo  puisque la plupart de cette clientèleprestigieuse compte parmi les amis des Crémieux.Dans leur grand appartement du XVIème

arrondissement, meublé à la mode troubadourla plus obstinément affreuse(53), AmélieCrémieux reçoit Rossini, Chopin, Dumas,Georges Sand, ou Musset, des cantatrices, et latragédienne Rachel, reine de son temps, pourqui Adolphe joue les Cyrano, dictant ses lettresà cette Roxane qui… récite, mieux qu’ellen’écrit(54).Lors de ces soirées, chacun s’émerveille del’érudition de Crémieux qui « trouve le moyende dire, de mémoire et sans broncher », des scènesentières de tous les classiques grecs(55).Ce goût de l’art, les Crémieux le transmettrontà leurs proches, et notamment leur nièce,Jeanne, lorsqu’elle n’était qu’une jeune fille enfleurs et pas encore la grand-mère, au « grandvisage découpé comme un beau nuage ardent etcalme »(56), qui reconnaitra, entre mille, les coupsque son petit-fils Marcel portera aux cloisonsdu Grand Hôtel de Balbec(57).L’avènement de l’Empire a rempli Crémieuxd’amertume. Alors pour « oublier les tristessesdu dehors » (58), il s’est retiré auprès des siens ets’est réfugié dans les arts qu’il aime avec passion.

Mais de toute sa vie Crémieux ne fut jamaisoisif. Son salon est un « cénacle consacré à lapolitique »(59) également, où l’élite libérale se mêleà celle du romantisme. Et à l’issue de ces quinzeannées consacrées entièrement au Barreau, authéâtre, à sa forêt et à sa femme, il n’était pasquestion qu’à 65 ans, Adolphe Crémieux seretirât du monde.Bien au contraire. Le moment est venu pour lui« de travailler à la plus urgente, la première desémancipations : celle de l’esprit. Des écoles d’unbout du monde à l’autre ! C’est le cri de notreépoque. (…) L’enfant sera le salut de ces peuplesdéshérités. »(60)

Car si Crémieux fixe au gouvernement le« devoir d’anéantir les préjugés »(61), il n’entretientaucune illusion sur la capacité des dirigeants - desdirigeants de l’époque - d’accomplir cet objectif.C’est donc par l’éducation qu’il diffusera sesvaleurs humanistes. Car à supposer que leshommes naissent libres et égaux, force est deconstater que bien souvent la nature oublie deles en informer.Président de l’Alliance israélite universelle,institution plus universelle qu’israélite(62), laïqueet internationaliste, Crémieux est à la tête d’unvéritable « gouvernement virtuel »(63) et voudraitfonder en Méditerranée les prémices d’unecommunauté intellectuelle et morale. Alors, demande-t-il, «  qui pourra encoredéterminer les peuples à s’armer les uns contreles autres ? Pourquoi songer à s’agrandir, quandil n’est plus de barrières entre les nations ? Et nedites pas : ce n’est là qu’un rêve, une utopie »(64).Laissons-lui les illusions de sa jeunesse – aprèstout, il n’a que 70 ans maintenant.70 ans, et le voilà qui court de Turquie enRoumanie, de Serbie en Iran, intervient pourles persécutés, presque chaque fois couronnéde succès, ouvre des écoles à Tanger, Tunis,Tripoli, au Caire, Jérusalem et Damas, puis enPerse et même à Bagdad !

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Toujours on y enseigne le français et les idéauxdont il veut faire de cette langue le porte-parole.Qu’elle soit « un encouragement pour ceux quiveulent la liberté et peuvent la conquérir ; (et)qu’elle soit une consolation pour ceux quil’espèrent mais qui frémissent sous le joug qu’ilsne peuvent briser. La liberté viendra pour eux,promet notre avocat : la France est là ! »(65)

Mais la France n’y est pas. Et à l’époque, on peutl’en excuser : elle-même est l’otage d’un Prince. Toutefois la revanche de Crémieux approche.

Nous sommes à l’hiver 1868, au cimetière deMontmartre. Il neige. On distingue quelquesmurmures républicains malgré le vent contraire.Ils parlent de figer dans la pierre le souvenird’Alphonse Baudin, «  martyr de la loi »(66),opposant de l’Empire assassiné sur lesbarricades.Cependant le monument n’est pas du goût duparquet impérial, dont la censure n’épargne nil’histoire, ni les arts. Déjà Madame Bovary a dûquitter sa province pour le Palais de justice.Mais cette fois-ci c’en est trop ! Les statues « nerelèvent pas de la loi pénale ! S’insurge Crémieux :(elles) appartiennent à l’histoire, qui après quele calme s’est fait, décide ce que valent lessépultures et les ensevelis »(67).Le débat est porté devant les tribunaux. Surprisegénérale : Crémieux confie une part essentiellede la défense à son jeune collaborateur, un

inconnu qui n’a pas trente ans. Mais qui s’enétonne : depuis qu’il l’a découvert, salle des pasperdus, il le traite « en véritable fils adoptif », ceLéon Gambetta(68).Et aujourd’hui quand Gambetta plaide,l’auditoire comprend pourquoi. Il fallaitl’entendre fustiger en péroraison, comme« Cicéron le faisait de la tourbe qui entouraitCatilina, (le ramassis) d’hommes perdus de detteset de crimes »(69) qui ont permis le coup d’Etatdu Prince !A l’issue de ce médiatique procès de l’Etat,Gambetta a « fait irruption dans l’histoire »(70),son maître a retrouvé par lui le souffle de sesjeunes années, et les deux, ensemble, obtiennentdu Tribunal : une défaite bien sentie.Leur client, Charles Delescluze, est condamné.Pourtant c’est l’Empire qui se condamnait,Crémieux le devine. Son crépuscule approche,mais les heures qui le séparent de l’Orientéternel ne seront pas vaines. Pressé par unvénérable qui le présente contre son gré, il estélu député de Paris.A 73 ans, il reprend le chemin qu’il a tracé lui-même en 1848, celui qui va du palais Bourbonà l’Hôtel de ville où selon une traditiondésormais séculaire on proclame en France lesrévolutions.Ainsi se fonde la République des Avocats, àl’heure même où l’Allemagne en franchit lesfrontières. Le Gouvernement de la Défensenationale s’exile à Tours : Adolphe Crémieux en

est, il en prend même un instant la direction.Il y épuise, courageusement, les derniers soufflesde ses poumons(71). Mais qui, qui a jugé pertinentde confier à un grand-père pacifiste le soin deconduire la guerre dans le pays envahi ?Ce n’est bien sûr pas qu’il faille lui imputer ladéroute française, dont les causes sontnombreuses, mais enfin que diable voulait-onqu’il f ît avec une armée...sinon la haranguer ?Après une paix coûteuse, Crémieux revient àl’Assemblée, où il est plus à l’aise. Les Algérienslui ont confié l’honneur de les représenter.Depuis longtemps Adolphe, qu’on surnomme«  Crémieux l’Africain »(72), est cher à cedépartement.Puis il va au Sénat, et pour la première fois desa vie, ô bonheur vespéral, Adolphe Crémieuxne siège pas dans l’opposition. Il retrouve dansl’Hémicycle son ami Victor Hugo et ensemble,doyens de leur siècle, le poète et l’Avocatcontemplent leurs cadets agités, en bas à latribune.« Si seulement vous saviez, chuchotait Crémieuxd’un sourire tranquille, comme on voit les chosesavec sérénité, lorsqu’on a des yeux de quatre-vingtans »(73).Pourtant il n’a rien perdu de la bonhommiechaleureuse de ses trente ans. On le croisetoujours, entouré de jeunes confrères avides deses récits enjoués. Il avait tant de plaisir àconverser avec eux. Clemenceau le décrit, « cepetit vieillard (…) aux boucles de cheveux

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Michaël Bendavid, Ronald Maman, Carole Brès et Doud Salmouni

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blancs » qui a gardé « tant de souplesse, tant devivacité, tant d’habileté et de finesse enveloppéesdans une parole émue et cordiale, qu’il s’emparait(encore), de son auditoire »(74).J’imagine son sourire ravi, sa fierté enfantinelorsque ses pairs l’élisent sénateur inamovible,en reconnaissance du dévouement de toute unevie.Mais cette joie ne vient hélas pas seule. Gustave,son fils unique, précède son père dans la tombe.Puis c’est sa petite-fille Valentine, qu’une fièvreemporte à 21 ans, deux mois après ses noces.La défaite de son pays avait commencé deconsumer le patriote. Ces défaites de la vieachèvent de dévorer l’homme et le père.« Aucune des tristesses de ce monde ne m’a étéépargnée ces deux dernières années »(75).Des chagrins si cruels forment souvent leterreau prospère de la maladie. Avec elle, lavieillesse rejoint bientôt celui qu’elle semblaitépargner(76).Au milieu du désespoir qui l’accable, Crémieuxtrouve encore la force de soutenir son pays,auquel il fait don d’une moitié de sa fortune encontribution aux indemnités exigées parl’Allemagne. Puis il se rend au Palais deVersailles, protester de son vote contre le putschque Mac Mahon prépare.C’est sa dernière tribune :« J’ai tout donné à cette chère France (…) Messentiments, mon cœur, mon âme luiappartenaient. Il me semble que j’ai pris unebonne part dans ce beau drame et que je puisquitter la scène »(77).Il quitte la Chambre, appuyé au bras d’Amélie.A vrai dire elle soutient son âme plus encoreque son bras. Elle, son éternel réconfort(78),compagne de toutes les joies et de toutes lesépreuves, objet de son amour intact pendant56 ans.Puis elle s’en va aussi. Son départ fut « le seulchagrin qu’elle causa à son mari, mais ce chagrinétait mortel »(79).Amélie le précède d’un adieu.Dans cette chambre devenue mortuaire dontles murs suintent de souvenirs, Adolphe prostréhurle son nom pour conjurer son fantôme,s’empare des objets qu’elle avait effleurés, lespresse sur ses lèvres, y plonge ses prières et sonâme, croit entendre une réponse dans un frissond’extravagance, puis « retombe farouche dansson désespoir, invoquant la mort »(80) face à l’échoqui reste silencieux.Et la mort vint bientôt. Elle fut fidèle à Crémieuxla mort, sans apothéose, sans feu d’artifice, à sonimage, seulement une mort de tendresse et dechaleur humaine, celle d’un « juste plus que d’unhéros »(81). « Ce n’est pas souvent qu’un hommed’Etat meurt d’amour »(82).Voici 140 ans que sont ensevelies sous le marbreles inflexions méridionales de sa voix,opprimées par la pierre et le temps.Aujourd’hui l’Histoire a réduit Crémieux à undécret qui semble lui faire perdre jusqu’à sonnom. Pourtant sa vie est plus riched’enseignements que ce viatique de huit lignes.Riche des combats qu’il a portés ; riche decontradictions, sans doute aussi.Mais comme les Prophètes ont retrouvé au-delàdes prescriptions bibliques le seul précepte quifût absolu – l’exigence de fraternité – de mêmela constance de Crémieux fut sa foi dans l’édificehumaniste de liberté, d’égalité et de dignité,« source de la fraternité universelle »(83).

Cet édifice, il l’identifia finalement avec laRépublique, qui l’en remercia par des funéraillesnationales(84). Ami, confiait-il à Arago au soir desa vie, « je partirais heureux si notre Républiqueétait bien, cette fois, définitivement installée » (85).Elle l’était, et ce n’était pas rien de survivre auxtristes sursauts de l’Histoire, car après le siècledes barricades est venu le siècle des excès.Quant au nôtre, qui sait le nom que lui donneral’Histoire  ? Espérons seulement que noussaurons concilier l’inconciliable, discernerl’essence des artifices, hisser nos espérances etnos résolutions au-delà des routines pour éleverplus haut l’édifice de nos traditions de droit etde justice.Alors, fort de nos contradictions, peut-êtreserons-nous, semblables aux prophètes et àIsaac-Adolphe Crémieux, des « révolutionnairesconservateurs ».

Notes : 1. E. de Mirecourt, Crémieux, Paris, éd. G. Havard, 1857, p. 64.2. D. Amson, Adolphe Crémieux, l’oublié de la gloire, Paris, éd. du Seuil,1988, p. 270.3. M. Winock, « Un Bonaparte à l’Elysée », L’histoire, numéro spécial258.4. C. de Maupas, Mémoires sur le second empire, Dentu, 5e édition,1884, p. 351-352. Maupas était préfet de Paris lors du coup d’Etat deLouis-Napoléon : il raconte comment et pourquoi Mme Crémieux luirendit visite.5. J. Supervielle, « Le Portrait », Gravitations.6. E. de Mirecourt, préc. p. 59.7. D. Amson, préc. p. 281.8. Selon l’expression d’Ariane Bendavid.9. Discours d’Adolphe Crémieux prononcé lors de la manifestation duR.E.A.A. du 24 octobre 1878.10. C. Limet, Un vétéran du barreau parisien, Lemerre, 1908, p. 228.11. Frédéric Thomas, cité in E. de Mirecourt, préc. p. 50.12. A. Damien, Les Avocats du temps passé, Henri Lefèbvre, 1973, p.646.13. S. Posener, Adolphe Crémieux, Alcan, 1934, t. II, p. 16.14. A. Crémieux, Procès-verbal de la séance du Consistoire en date du25 décembre 1836.15. A. Crémieux, cité in G. Sarut et B. Saint-Edme, Biographie deshommes du jour, Pilout, t. IV, p. 333.16. A. Dupin, Révolution de juillet 1830, éd. Joubert 1835, p. 22.17. A. Crémieux, En 1848. Discours et lettres de M. Adolphe Crémieux,Calmann-Lévy, 1883, p. 30-33 et p. 113-117 (lettre aux étudiants duCollège de France suite à la suppression du cours de Michelet). 18. A. Crémieux, En 1848…, préc. p. 46-47.19. A. Crémieux, cité in S. Posener, préc. p. 99.20. A. Crémieux, En 1848…, préc. p. 34.21. E. de Mirecourt, préc., p. 69.22. A. de Tocqueville, Souvenirs, Calmann-Lévy, 1893, p. 233 (à proposde la journée du 24 juin 1848).23. E. de Mirecourt, préc. p. 79.24. V. E. de Mirecourt, préc. p. 73-78 ou encore G. Renauld, AdolpheCrémieux, Homme d’État français, Detrad aVs, 2002, p. 100-102.25. A. Crémieux, cité in D. Amson, préc. p. 231.26. L’anecdote est relaté par Tocqueville in A. de Tocqueville, préc.,p. 79.27. Discours de Lamartine prononcé le 10 mars 1948, in A. Lamartine,Alphonse Lamartine, trois mois au pouvoir : 1848. 28. Lettre d’Amélie Crémieux datée du 25 février 1848.29. G. Renauld, préc. p. 114. 30. Encyclopedia Universalis, « Crémieux Isaac Moïse » (article dont letitre prête au demeurant à Crémieux un prénom inexact).31. G. Renauld, préc. p. 115.32. E. de Mirecourt, préc. p. 85-86.33. Lettre d’Amélie Crémieux datée du 9 juin 1848, in A. Crémieux, En1848…, préc. p. 266.34. G. Renauld, préc. p. 143.35. H. Barboux, Discours prononcé par le bâtonnier de l’ordre des avocatsà l’ouverture de la conférence le 20 novembre 1880, Arnous de Rivière,1880, p. 36.36. S. Posener, préc., t. II, p. 261.37. Crémieux tient notamment tête au tristement célèbre Trestaillon.Cf. à ce sujet, par ex. : P.-J. de Béranger, Œuvres complètes, H. Fournier,1839, p. 101-103.38. Crémieux se fait connaître lors du procès des ministres de CharlesX. Il y défend Guernon-Ranville. Il prendra aussi la défense de LouisBlanc, de l’italien Orsini avec Jules Favre, ou encore des condamnés de« l’affaire des Treize » en 1864, etc.

39. A. Crémieux, cité in S. Posener, préc. t. I, p. 148.40. A. Crémieux, cité in E. Bionne, Adolphe Crémieux. Liberté ! Plaidoyerset discours politiques, Pichon-Lamy et Dewez, 1869, « Cour d’assisesdu Gard : La Marseillaise ».41. A. Crémieux et V. Hugo, La peine de mort. Procès de « L’Evénement »,La Librairie Nouvelle, 1851, « Plaidoirie de Victor Hugo ». 42. G. Sarut et B. Saint-Edme, préc. p. 332.43. A. Crémieux, Colonies. Des articles 1er et 64 de la Charte, AugusteMié, 1831, p. 9.44. Ibid., p. 11-12.45. A. Crémieux, « Plaidoirie pour les frères Bethmann », in G. Sarut etB. Saint-Edme, préc., p. 351.46. A. Crémieux, cité in S. Posener, préc., t. I, p. 141.47. Archives israélites, 1844, p. 224.48. G. Sarut et B. Saint-Edme, préc. p. 342.49. A. Crémieux, Défense de Jules Mirès, Michel Lévy, 1861.50. E. de Mirecourt, préc. p. 66. Mirecourt, antisémite convaincu, necomptait pas parmi les amis de Crémieux.51. A. Crémieux, Défense de Jules Mirès, Michel Lévy, 1861. Plaidoiriepour Mirès. V. S. Posener, préc. t. II, p. 130.52. S. Posener, préc. t. II p. 133.53. E. Bloch-Dano, Madame Proust, Grasset, 2004, chap. 3.54. Ibid. ; cf. aussi : B. Dussane, « Rachel la tragédienne », Historia n°134, janvier 1958.55. C. Limet, préc. p. 328.56. M. Proust, A l’ombre des jeunes filles en fleurs.57. E. Bloch-Dano, préc. Chap. 3 ; cf. également J.-F. Viaud, MarcelProust : une douleur si intense, p. 93. Crémieux fut le témoin de mariagede la mère de Marcel Proust.58. A. Crémieux, Lettre du 11 juin 1848, in En 1848…, préc. p. 273-275.59. A. Dansette, Du 2 décembre au 4 septembre, Hachette, 1972, p.211.60. A. Crémieux, N. Leven et alii, Appel de l’Alliance israélite universelledu 1er mars 1865.61. A. Crémieux, Colonies…, préc. p. 14.62. G. Renauld, préc. p. 151.63. Ibid., p. 152.64. A. Crémieux, En 1848…, préc., p. 111.65. Ibid., p. 112.66. P. Larousse, Grand dictionnaire universel, « Alphonse Baudin ».67. A. Crémieux et F. Arago, Le Réveil, 12 novembre 1868, disponiblesur www.gallica.bnf.fr. Cf. sur ce sujet : A. Le Normand-Romain, Enhommage aux opposants politiques : monuments funéraires ou public ?,Revue de l’art, 1991, n° 94, p. 74-80.68. Lettre de Léon Gambetta à P. Deschanel en date du 14 février 1862.Gambetta se dit « ivre de joie, les larmes aux yeux » lorsqu’AdolpheCrémieux vint le féliciter.69 Gambetta se trompe cependant de référence, puisqu’il cite iciCorneille dans Cinna (V, 1) : « Un tas d’hommes perdus de dettes et decrimes / Que pressent de mes lois les ordres légitimes / Et qui,désespérant de les plus éviter / Si tout n’est renversé, ne sauraientsubsister ».70. P. Deschanel, Gambetta, Hachette, 1929, p. 28.71. R. Cartier, Léon Gambetta, Gutenberg, 1944, p. 266.72. G. Renauld, préc. p. 148. Chacune des excursions de Crémieux enAlgérie est annoncée dans la presse locale. Le Démocrate de Blidahsignale par exemple son arrivée en juin 1857 pour défendre Renaud-Lebon.73. S. Posener, préc., t. II.74. G. Clémenceau, La justice, n° 28, jeudi 12 février 1880, disponiblesur www.gallica.bnf.fr.75. Ecrit Crémieux le 12 mai 1872, Bulletin de l’Alliance israéliteuniverselle, premier semestre 1875, p. 36.76. S. Posener, préc. t. II, p. 116.77. Lettre d’Adolphe Crémieux en date du 11 juin 1848, in En 1848,préc. p. 274.78. E. Bloch-Dano, préc. Chap. 3.79. Archives nationales, cote 369 A P 1, Dr. III, Carrière : discours funèbrede Crémieux prononcé par un avocat.80. Ainsi qu’un quotidien le rapporte, cité in S. Posener, préc., t. II, p.263.81. Selon l’expression de son biographe Daniel Amson, in D. Amson,préc. p. 380.82. E. Bloch-Dano, préc. Chap. 12.83. A. Crémieux, Projet de révision des statuts du Suprême ConseilR.E.A.A.84. E. Bloch-Dano, préc. chap. 12 et D. Amson, préc., p. 280. Cf. sur cesujet : P. Birnbaum, Les Fous de la République: Histoire politique desJuifs d’État, Fayard, 1992.85. F. Arago, éloge funèbre d’Adolphe Crémieux, prononcé à la GrandeLoge Centrale.

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Rentrée solennelle

Transmission des valeurspar Viviane Schmitzberger-Hoffer

La commémoration du 620èmeanniversaire de la création du Barreaude Metz présente de multiples facettes :

Réflexion, bilan, projections, et pour moi ce soir,l’avantage non négligeable de me sentir face àce pan d’Histoire, et devant vous, une fillette.(…)S’il y avait des Avocats à Metz dès le XIIIème

siècle, c’est le 1er juin 1392, après que les Avocatseurent déposé leur tableau devant le Tribunaldes Treize, qu’est né notre Ordre. Il devenaitainsi une institution de la florissante Républiquemessine.Dès lors, les Avocats ne pouvaient plus exercerleur profession s’ils n’étaient pas inscrits à l’Ordreet ils étaient soumis à des règles déontologiques.L’atour du 1er juin 1392 donnait ainsi naissanceà l’un des plus anciens Barreaux d’Europe.

Le Barreau de Metz sera conforté par lacréation, le 15 janvier 1633, du Parlement deMetz sur décision de Louis XIII. Notre Courd’appel en est l’héritière.Dès le XVIIIème siècle, le Barreau de Metzcompte dans ses rangs des confrères qui vontacquérir une notoriété nationale, tels Roedereret Emmery, tous deux parlementaires,conseillers d’État et Pairs de France.Merlin de Thionville et Pierre-Louis deLacretelle.Au XIXème siècle, le rayonnement du Barreaude Metz était tel, que la veuve et les fils duMaréchal Ney s’adressaient à lui pour leconsulter sur les perspectives d’un procès enrévision.Dès le début du XXème siècle, Robert Schumans’inscrit à notre Barreau, qu’il ne quittera qu’en1945, aux fins de poursuivre la carrière politiqueque l’on sait.Le Barreau de Metz a connu les mêmesvicissitudes que la Cour d’Appel lors du désastrede 1870.Le Barreau renaîtra en 1922 et il faudra attendrele 15 janvier 1973 pour que la Cour d’Appel soitrétablie en présence de Pierre Messmer, PremierMinistre.Pour commémorer son 620ème anniversaire,le Barreau de Metz a organisé, sous le péristylede l’Hôtel de ville de Metz, une exposition quej’ai eu l’honneur d’inaugurer hier soir, avecMonsieur Dominique Gros, Maire de Metz.Vous pourrez la visiter jusqu’au 13 octobre.Elle fait revivre, non seulement l’histoire denotre Barreau, mais aussi celle du Parlement etde la Cour d’Appel, puisque leurs destins sontliés.

Monsieur le Bâtonnier Cossalter, merci d’avoirconçu cette exposition et pardonnez la libertéque je prends d’informer nos invités de lapublication, ce jour-même, du livre dont vousêtes l’auteur :« La Justice en Moselle du Moyen-Âge à nosjours »À tous, j’en recommande chaleureusement lalecture.Vous allez entendre, dans quelques instants, lessecrétaires de la Conférence du Jeune Barreau,continuation de la Conférence du Stage.

Celle-ci avait été créée par le Barreau de Metzdès le 6 février 1762 et a disparu avec l’annexionde 1870.Il s’agissait alors de contrôler les connaissancesjuridiques des Avocats stagiaires et elle nes’adressait qu’aux membres du Conseil del’Ordre.Rétablie en 1982, il y a 30 ans, elle est devenueune tribune d’éloquence.1392 – 2012, vous l’aurez compris, ce n’est pasqu’une date dans une chronologie, mais lesymbole de notre active pérennité.Songeons que Christophe Colomb découvrirales Amériques seulement 100 ans après l’actefondateur de notre Barreau !Dans son essai sur « l’Identité, la Culture et leDevenir des Avocats », Louis Assier Andrieu,souligne que « c’est à la lumière du passé quel’on peut comprendre les inquiétudes, les douteset les aspirations de notre communautéprofessionnelle, placée par l’Histoire, en face deson destin, affrontant, comme l’État de droit lui-même, la corrosion de ses valeurs, par les forcesdes marchés économiques et financiers. »Si notre profession souffre d’une criseidentitaire, on n’a cependant guère trouvé desubstitut numérique à la confiance dont le clientcrédite son Avocat, car, figurez-vous que laconfiance n’est pas numérisable.On n’a pas non plus trouvé de substitutnumérique à l’esprit public et à la consciencecommune.

Avec d’autres Bâtonniers, nous prévenons :« Attention au chant des sirènes du modernismequi, du rapport Darrois au rapport PRADA, duvote du CNB au document de travail de laChancellerie, remettent encore et toujours aucœur du débat même des impératifs supposésde modernité et de compétitivité, le modèleanglo-saxon comme supérieur à notre modèleromano-germanique. »Le Barreau de Metz, comme beaucoup d’autresBarreaux de France a expressément manifestéson hostilité à l’unification des professions dudroit, et son opposition massive à la créationdu statut de l’Avocat en entreprise.Ces projets, qu’on se le dise, ne sont plusaujourd’hui d’actualité pour la majorité duBarreau Français.

Barreau de Metz5 octobre 2012

D.R

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Viviane Schmitzberger-Hoffer

Le Barreau de Metz a fêté ses 620 ans ce vendredi 5 octobre 2012, pour cette occasion historique, Madame le BâtonnierViviane Schmitzberger-Hoffer et son Vice-Bâtonnier Antoine Fittante accueillaient leurs invités dans l’ancienne basiliqueromaine de Saint Pierre aux Nonnains (4ème siècle) pour la séance solennelle de Rentrée de la Conférence du Jeune Barreauautour du thème de la « Performance ». Elle a placé au cœur de son propos l’histoire de son Barreau mais a également dresséun constat alarmant de perte de confiance en la loi : « il est inacceptable d’imposer à l’avocat de violer les engagements deson serment et d’ébranler le socle de sa déontologie qu’est le secret professionnel, l’obligeant à procéder à une déclaration desoupçon dans le cadre de la lutte, certes légitime, contre le blanchiment ». Pour conclure elle a tenu à évoquer les espoirs quivont éclairer d’un jour nouveau la justice de demain, celle qui garantira la présence des avocats aux côtés des plus démunis.Elle a ensuite cédé la parole aux quatre Secrétaires de la Conférence 2012 Maxence Lévy, Laura Cassaro, Mehdi Adjemi etMarine Klein-Desserre que nous félicitons pour leurs talents oratoires, tous sur fond de performance.

Jean- René Tancrède

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Rentrée solennelle

Quelques fluctuations que connaisse notreidentité à travers les nombreuses activitésnouvelles investies par la profession (avocatsmandataires en transactions immobilières,mandataires sportifs, fiduciaires), elle ne sedépartira pas du principe fondamentald’Indépendance.L’indépendance a souvent pour corolaire lasolitude, l’incompréhension et parfois l’ingratitude.

Mais l’honneur de l’Avocat, comme celui duMagistrat, a pour prix la solitude.Il leur arrive même d’être, dans la société, unsigne rigoureux de contradictions et leurhonneur est de l’assumer.Dans la prolongation de nos échanges,Monsieur le Procureur me comprendra etm’autorisera, je l’espère, à penser que nosprofessions enferment tout à la fois une science,une esthétique, une morale.Étrange destin commun qui suppose un telraffinement de l’honneur appelé à défendre lavie et à l’accuser, à dénoncer l’injustice et àsouhaiter l’ordre, à dominer et à se dominer, àrefuser partout, toujours la violence et àdémontrer l’exemplarité du droit.

C’est au nom de cette indépendance qu’à l’heuredu Totalitarisme Numérique nous veillerons àce que les justiciables que nous assistons dansnos missions d’Avocats soient entendus,conformément aux principes de l’article 10 dela Déclaration Universelle des Droits del’Homme et de l’article  6 de la ConventionEuropéenne de Sauvegarde des Droits del’Homme et des Libertés Fondamentales, quitoutes deux garantissent à « toutes personnesle droit à ce que sa cause soit entenduepubliquement ».Qu’il n’y ait pas de malentendu  : partotalitarisme, nous entendons bien, strictosensu, tout système qui cherche à englober tousles éléments d’un ensemble.Si le XXIème siècle est celui des ruptures, nousdevons veiller à ce que la fracture numériquene devienne pas une fracture d’égalitérestreignant le champ des libertés.

Défendre en toute indépendance, les libertésindividuelles avec la force historique de notreconviction n’exclut pas nos capacités d’adaptation.Bien au contraire.Nous en avons fait, cette année, à Metz commedans tous les autres Barreaux, la démonstration.Permettez-moi d’en rappeler quelquesexemples :

- Face à la réforme de la Garde à Vue et au«  télescopage  »  -  dirons-nous – de deuxnormes (judiciaire et législative), l’arrêt de laCour de Cassation du 15 avril 2011 entraînaitla mise en œuvre instantanée de la présence del’Avocat aux côtés du gardé à vue, durant toutela durée de la Garde à Vue. Nous nous sommesorganisés et le 15 avril 2012 à 14 heures, nousétions prêts !

- Face à la réforme de l’hospitalisation souscontrainte promulguée le 6 juillet 2011 pourêtre appliquée au 1er Août, nous étions prêts.

- Face à la contribution de 35 euros - « Dématérialisée »Puis rematérialisée

Puis à moitiéPuis tout à faitSauf pour certaines juridictionsDue par tout demandeurSauf bénéficiaire de l’Aide JuridictionnelleSauf si l’Aide Juridictionnelle n’est pas encoreaccordéeSauf si le Bureau d’Aide Juridictionnelle va trèstrès viteBref! Une mesure si simple et si juste !!!Que la Chancellerie vient de déclarer il y aquelques jours que « la taxe Justice n’est passatisfaisante et qu’un autre mode definancement de l’Aide Juridictionnelle est àl’étude »Le Ministère de la Justice ne précise pas encorequel autre mode de financement pourrait êtreenvisagé.Mais la Chancellerie y travaille !Et nous sommes toujours prêts !

- Face à la vague déferlante et déstabilisante dela nouvelle procédure devant la Cour d’Appel,face à la dématérialisation de l’acte d’Appel.Là encore nous étions prêts !Et Pourtant, vous reconnaîtrez avec moi qu’ilest intolérable que les restrictions budgétairestendent à nous museler.Il est intolérable que l’impératif économiques’impose comme langue univoque du crétincontemporain.Qu’on se le dise dans les chaumières (Tiens !Cela rime avec ministères) : plus on menace lavocation première de notre profession, le droitet le devoir de la libre parole, plus nousresserrons farouchement nos rangs.Il est tout aussi inacceptable d’imposer à l’Avocatde violer les engagements de son serment etd’ébranler le socle de sa déontologie qu’est lesecret professionnel, l’obligeant à procéder àune déclaration de soupçon dans le cadre de lalutte, certes légitime, contre le blanchiment.D’ailleurs la profession toute entière résistepuisqu’en deux ans, sur un total de22 856 déclarations, seules deux déclarationsont été faites par un Avocat.

Comment, en effet, peut-on presser les Avocatsde commettre le délit de violation du secretprofessionnel ?

- Le secret professionnel- L’indépendance- Les règles sur le conflit d’intérêts- Le libre choix du conseilSont quatre piliers qui fondent notredéontologie et que la Cour de JusticeEuropéenne vient de réaffirmer et de conforterpar plusieurs arrêts récents.

Et c’est dans le strict respect de notredéontologie que nous sommes en permanencedébiteurs de l’adaptation à ce qui nous entoureet devons être « Des Ingénieurs De L’occasion ».Vous savez, l’Année 2013, sera l’année de laMédiation.Cette avancée, nous l’avions anticipée à Metzpuisqu’en 2011, des Avocats et des Magistratsont travaillé ensemble durant huit mois dans lecadre d’échanges et de réflexion qui ont permis,le 6 septembre 2011, la signature du protocolerelatif à la Médiation Civile et la création d’uneunité de médiation chargée du suivi de ceprotocole.

Nous avons ensemble également organisé uncolloque sur la «  Médiation  : Justice à partentière »Je tiens à souligner ce travail car il témoigne dela qualité exceptionnelle des relationsconstructives que le Barreau entretient ici avecles Magistrats grâce notamment à lapersonnalité des chefs de juridictions.Rappelons que ces bonnes relations dynamisenten fait l’échange dialectique entre le Magistratet l’Avocat pour mieux garantir le service de laJustice.Là où le débat contradictoire est aboli, la Justicecède le pas au lynchage, au massacre et sabalance se réduit alors à un fléau.La liberté de la défense est l’âme de la Justice ;sans elle, le verdict est dépourvu de toute forceédifiante.Nous œuvrons à résoudre des conflits, n’yajoutons point d’oppositions myopes et stériles,entre Magistrats et Avocats.Je sais bien que Cicéron considère que « pourune femme, subir les baisers d’un homme qu’ellen’aime pas, et que pour un Magistrat, essuyerles discours d’un Avocat qui l’excède, constituentdeux des plus terribles supplices moraux ; quele second apparaît comme le plus douloureux,car la victime n’a point la ressource de fuir. »Que gagne la Justice à semblable commerce ?Non seulement elle n’y gagne rien, mais elle yperd et se perd. Raison promouvoir et raisongarder avec un zeste d’imagination pour yparvenir, c’est encore mieux :«  La raison, c’est l’intelligence en exercice,l’imagination c’est l’intelligence en érection. » etVictor Hugo sait de quoi il parle.Précisément, parlons de performance.En quoi l’Avocat doit-il être performant ?La performance pour lui consiste à ne pasrenoncer à résoudre la quadrature d’un cerclesouvent vicieux : de fait, l’honneur de l’Avocatconsiste dans une volonté ferme : lui qui estconfident de tant d’êtres heureux oumalheureux, s’interdit pourtant de s’identifieravec aucun d’eux et s’en tient à une règleexigeante qu’il s’impose :

Ne Trahir Ni Le Client, Ni La Justice.Le discours de la Rentrée Solennelle de laConférence du Jeune Barreau est un momentprivilégié de notre Confraternité.Symbole de la transmission des valeurs que leBarreau de Metz a, à travers les siècles, portéeset portera encore, tant il est vrai que la pérennitéde notre institution a résisté à toutes lesévolutions qu’elle a eu à connaître.Je salue l’Entrée en Scène du Jeune Barreau.Ce jeune barreau à qui, à cet instant, je tiens àm’adresser tout particulièrement et vousvoudrez bien me pardonner cet aparté.Mes jeunes confrères, je veux vous rendrehommage car,Sans vous, le défi de la Garde à Vue n’aurait paspu être relevé.Sans vous, notre participation au serviceprofessionnel à travers les permanences,Instruction, JLD, Tribunal Correctionnel,Application des peines, Étrangers, Mineurs,Maison d’Arrêt, CRPC, Hospitalisation d’office…Ne pourrait pas être assuré.Sans votre présence aux côtés des plus démunis,dans des conditions parfois très difficiles,Sans votre parole, Qui Ne Mérite Jamais LeMépris, la liberté de chacun serait menacée.

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Rentrée solennelle

La performancepar Maxence Lévy

1. Rien de mieux qu'un bon rail decoke pour se plonger corps et âmedans l’exercice

Ce soir plus que jamais je dois être le plusconvaincant. Je dois être au firmament ! Il me faut par tous moyens possibles etaccessibles être énergique, percutant, réactif, enrestant un minimum sensé. Après tout il va bien falloir me démarquer dulot puisque nous sommes quatre ce soir !

2. Cette entrée en matière, à peineexagérée pourrait à elle seuleillustrer de la meilleure façon lesméandres de notre sujet

Nous sommes réunis pour vous faire la critiqueou l'apologie, selon la sensibilité propre à chacunqu’il n’appartient à personne de juger, d'unenotion, d'un concept, d'un art, d'un outil ou d'unetechnique. La performance. Tout un culte, tout un mythe !Mais avant d'entamer l'exercice, encore faut-ilêtre en mesure d'en cerner précisément lescontours. Une bonne donc brève définition n'est jamaisinutile et a cet avantage de poser les jalons duraisonnement proposé.

3. Qu'est donc la performance ?

Dérivé du verbe anglais «  to perform  » quisignifie accomplir, la performance est unaccomplissement ou pourrait-on dire unaboutissement de la personne dans un domainebien déterminé.Mais la performance est une notion bien plusvaste, qui ne se rattache pas qu’à la simpledimension individualiste que l’on connaît tous.

C’est en effet, un concept transversal qui touchedes domaines très variés allant de la recherchescientifique, en passant par l’art contemporainet la macroéconomie, jusqu’à la gestion desressources humaines, le fameux « managementdans l’entreprise ».C’est surtout un outil au service d’un objectif.

4. Ce cadre ainsi posé nous amèneau cœur du problème

La véritable question n’étant pas de savoircomment être performant mais pourquoi l’être. Il est facile de comprendre comment devenirperformant.On peut aisément identifier les nombreusestechniques permettant d'acquérir ce précieuxdiadème. L’entrainement acharné pour les sportifs parfoisô rarement, aidés par quelques substancesillicites.L’amélioration des taux de marges par laréduction des coûts de production pour uneentreprise digne de ce nom.Ou encore pour l'Avocat, l’achat d’une robeéblouissante cumulé d'un passage éclair à laconférence du jeune barreau permettant d'avoirles juges, bien naturellement subjugués par laqualité de la prestation, définitivement acquisà sa cause.

5. La question certes plus épineusemais ô combien plus intéressantedu pourquoi requiert beaucoup plusd'attention

Pourquoi doit-on être performant ?Sans doute anodine, mais loin d'être innocente,cette question s'adresse à chacun d'entre nous.Ce soir, c’est à moi que je la pose.Sans me prétendre fin psychologue ou sociologueque je ne suis d’ailleurs pas, je me contenterai dedeux observations pour tenter de comprendreun phénomène pas si contemporain.

6. Enfonçons d'abord une porteouverte

On doit être performant d'abord et avant toutparce qu'on veut l'être. Oui, j'ai envie d'être performant !Vous me direz que c'est un comportement desplus naturels qu'on ne saurait me reprocher. Plaisir enivrant de la reconnaissance de magrande valeur par les autres, volonté d’exprimerpleinement mon potentiel, sensationd'accomplissement et de perfectionnementdans un domaine, qu'il soit professionnel, sportifvoire même social. Je suis socialement performant car j'ai plus de1 000 contacts sur Facebook !Mais c’est bien normal.Dans un monde où la publicisation de la sphèreprivée devient la règle je n’ai certainement plusenvie d’être l’anonyme de service.Toutefois, s'arrêter à ce stade dans la réflexionest insuffisant voire frustrant car très superficiel. C'est vrai  ! Mon délire mégalomaniaquen’explique pas tout.Alors, pourquoi diable ai-je fondamentalementenvie de devenir le plus performant !Lorsque je tente de répondre à cette question àtravers le prisme très mince de ma vie passée,une raison, parmi tant d’autre semble émerger.

Même assoiffé par ma propre sécheresse, acculédans mes derniers retranchements, etfinalement au bout de l’impasse, j'ai, vous, nous,bref, l'homme n'a jamais pu oublier l'essentiel.Il est né pour mourir. Partant d'un tel postulat, il ne lui reste plus quela manière de vivre, seule chose qui n'échappepas, ou du moins pas toujours à son contrôle. Vivre mieux, plus longtemps, et dans demeilleures conditions est devenu l'objectifprimordial. Outil à l'origine, la performance est devenue lacause, l’objectif au service d'une illusion, unechimère destinée à se rassurer sur son propresort.Avoir ainsi la sensation d’être touché par lagrâce ! Réussir sur terre semble être mon passeportpour la suite de mon parcours. Et pour ceux qui n’y croient pas, c’estfondamentalement la même chose.Après tout, puisqu’il n’y a rien après, autant enprofiter tant que ça dure !A chaque époque de l'humanité, cet objectifs'est traduit de milles manières. Chasser mieux, cultiver plus vite, conquérir plusfacilement, synthétiser les connaissances,produire plus, produire mieux pour gagner plus,puis, récemment, découvrir que l'on peut gagnerbeaucoup plus sans rien produire et cela grâceà de simples formules mathématiques et autresjeux spéculatifs, s'enrichir au détriment desautres, consommer à outrance pour s’épanouir,et quitte à s'épanouir mieux, prolonger dequelques minutes l'acte charnel grâce à desimples pilules bleues.Vous l’aurez compris, la performance atteint lessphères les plus intimes de l’individu…L’homme devient enfin son propre patron.C’est un rêve américain à lui seul.Suis-je heureux pour autant ? Peut être pas. Mais qu’importe puisque je m’améliore sanscesse, au risque de faner trop vite.Pas le temps de s’attarder sur mon bonheur, quede multiples comprimés savamment dosés et àavaler quotidiennement se chargeront dem’apporter.La dépression ? Phénomène très bien connuchez le performant qui a tout pour être heureuxmais rien pour le devenir.

7. Cette conception individualisteet endogène suffit elle à expliquerle phénomène ?

À nouveau, je ne le crois pas. On doit être performant parce que c'estégalement ce que l'on exige de vous. We Need You.C'est le système de la méritocratie dans unelogique jusqu'au boutiste !Aujourd'hui tout se mesure à la performance !Nous avons même été capables non pas dedonner mais de créer le bâton pour nous fairebattre avec nos très vénérées agences denotations, qui s’attèlent à cette noble tâchechaque jour.Productivité, compétitivité et rentabilité sontdevenues les maîtres du jeu.Notre époque la plus contemporaine en est ladémonstration implacable.Gilbert, Parson, Lynn et bien d’autres ontproposé des modèles de mesure de laperformance.

D.R

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Maxence Levy

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Rentrée solennelle

Taylor l’a transposée à l’entreprise et le constatfut sans appel : croissance et profit coulaient àflot !Dans cette optique, il était inenvisageable deprétendre pouvoir s'en passer !!! Affirmer le contraire aurait été d’une hypocrisiemonstrueuse.Et de toute évidence, personne, je dis bienpersonne, n'a les moyens de s’y soustrairepuisqu’il en va de la survie même de nossystèmes modernes de production etfinalement de notre mode de vie actuel.La performance est devenue la seule valeurmorale et marchande à laquelle tout le mondeadhère.Aucune profession, pas même celles censéesêtre les plus désintéressées, n'échappe à la règle :même le médecin se doit d’être performant, cequi tend d’ailleurs à conditionner l’ampleur desa rétribution !Cela frise l'absurde. C'est de manière générale la politique du citron :Tant qu'il y a du jus, on presse !Mais est-ce notre faute lorsqu’on risque d’êtrejeté aux oubliettes et perçu comme un pestiférési les objectifs ne sont pas atteints ?Aucun club n’a envie de passer en Ligue 2 etencore moins en national…

8. Et surtout que faire ?

Comment dénoncer la performance, dans unesociété qui l'a érigée en véritable graal. L'idée même de vouloir avertir ses compagnonsd'aventure des dangers du concept est prise dansun piège mortel.

Car il faut être redoutablement efficace, efficientet compétent pour parvenir à convaincre lesplus grands adeptes des travers du phénomène. Chaque mot doit être employé judicieusement.Chaque phrase doit être percutante.On se rend compte alors que le mal ne peut êtrecombattu que par le mal. Je dois devenir plus performant que les performantspour leur démontrer les failles du système. Mais alors, je deviens comme eux !Pire, je suis la preuve parfaite que ladémonstration est impossible puisqu'en voulantdénoncer l'idée, j'en deviens le complice. Comment sortir la main de l'engrenage alorsque j'y ai déjà laissé le bras. Quelle attitude adopter ? Comment agir ?Prôner l'oisiveté, la paresse et la lenteur ? La solution semble alléchante…Être l'adepte du célèbre mais souvent naïf Wait& See ? Trop facile…Prévenir des dangers de la performance sur lasanté à la manière des messages très efficacesapposés en grandes majuscules et en caractèregras sur les paquets de cigarettes ?Performer tue !Performer peut conduire à l’apparition de gravestroubles psychotiques !Dans « Les temps modernes », Charlie Chaplinavait déjà appréhendé les données du problèmeen critiquant les effets psychologiquesdévastateurs d’une course effrénée à laperformance. Dans un autre domaine, certains préfèrent finirpremier sur le podium quitte à mourir l’annéesuivante d'un cancer.

Dans un registre moins grave, DominiqueStrauss Kane lui-même est la preuve que l'onpeut être victime de sa performance ou enl'espèce de sa contre performance.

9. Pardonnez mon jeune âge,je n’ai pas encore eu le tempsd’explorer toutes les pistes

Mais je pense que se contenter d'observer et deprendre du recul sur le jeu dont on est souventle pion consentant ou non, est un bon début. Dans ma mise en abîme introductive, certescaricaturée, je devais prendre de la cocaïne pourêtre le meilleur afin d’écraser les autres. C'était là ma première erreur. Car, c'est bien notre complémentarité qui faitnotre force.À nous quatre, nous tâcherons de prendre àrebours concurrence et individualité si chère ànotre profession, pour parvenir à dépasser cetteidéologie déshumanisante et vous faireredécouvrir le véritable sens de la performance.Celui d’une utopie nous faisant croire que seulsnous ne sommes rien, mais qu’ensemble noussommes plus puissants que le conceptéconomique de la main invisible développé parAdam Smith.N’ayons pas peur de redevenir un peu rouges.Mais au-delà et en y réfléchissant bien, unsimple changement de perspective pourraitbouleverser l’ordre établi.Je ne suis pas né pour mourir, je suis né pourvivre.

La compétitivitépar Laura Cassaro

Enfant des quartiers populaires du bassinhouiller, petite fille d’immigrés siciliensje n’ai eu d’autre choix, que d’aller aucharbon dès mon plus jeune âge. Soif

de revanche sociale, la performance aura euraison de moi.L’ascenseur social des immeubles HLM étantbien trop souvent en panne, j’ai dû emprunterl’escalier.Au-delà de l’instruction, au-delà du théâtre,nourrie à l’école de la vie, j’ai dû partir du plusloin pour viser l’élite, je suis sortie du crassier etj’ai endossé bien des rôles avant de vous donnerma plus belle réplique.La performance est devenue la force de l’enfantdu charbon. Il apparaît bien que ce soir elle aitrattrapé nos egos.La lanterne étant mon seul guide, j’ai abîmé mesélytres sur les bancs de la faculté de droit,déterminée à endosser le costume noir.Faire le bien, aider les autres, combattrel'injustice, être le Monsieur Pro Bono desromans de Johan Grisham : tels étaient mesidéaux. Mais chemin faisant, confronté au réel,poussé par la peur de faillir, j’en suis presquevenue à renier ses principes. J’ai parfoisl’impression de me farder en putains du mondede l’entreprise.

Pas d’alternative. Il faut se positionner dans uncontexte concurrentiel. Mais le trop concurrent tue la performance.2  300  heures facturées par an. L’Avocatcollaborateur joue la course contre la montre.Ordinateur portable, BlackBerry, téléphonemobile et pourquoi pas sac de couchage. Nuln’échappe au sort du débutant. L'Avocat sacrifieson identité sur l’autel de la performance ets’éloigne de son éthique: il devient son nombre

d'heures facturées. Stress, fatigue, manque desommeil. Quel est l'imbécile qui a conçu unemanière pareille d'exercer le métier juridique ?Des compteurs en marche : vous prenez undossier, vous vérifiez la montre – vous passezun coup de fil, vous notez la durée  –  vousassistez à une réunion, vous décomptez lesminutes.

Faut-il être, ou pire, paraître performant pourexister aux yeux de son client et de sa familleprofessionnelle ?Entre la performance et l’apparence de laperformance, le mensonge tisse sa toile.Il faut s’y résigner, la déshumanisation de laprofession est sur les rails…Le management parles résultats est à la mode, la culture du résultatdoit être diffusée. 2 050 : les Avocats sont sur le point de perdretotalement la maîtrise de leurs actions etmissions au profit des machines qui pensent etrédigent à leur place. Il faut tenter de reprendrele contrôle ou bien la robotisation de laprofession sèmera le chaos et aboutira à sasuppression, et partant à celle des libertésindividuelles.

Eh non, il ne suffit pas d’être un génie juridiqueet d’avoir un talent oratoire pour être un bonprofessionnel. Quelle technique organiser pourcontribuer au développement de la structuremais surtout répondre le plus rapidementpossible aux besoins du client ?Efficace et pas chère, c’est la justice à distanceque l’on préfère.

D.R

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Laura Cassaro

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Les Annonces de la Seine - lundi 24 décembre 2012 - numéro 78 15

Rentrée solennelle

Le Réseau Privé Virtuel des Avocats, magiqueRPVA, intègre une solution de télétravail et demobilité permettant de gérer les dossiers àdistance où et quand on le souhaite, le tout dansle plus strict respect de sécurité et confidentialité.C’est oublier un peu vite que le boîtierNAVISTA imposé aux Avocats ne garantit pasla confidentialité des échanges, viole la librecirculation des services et le droit de laconcurrence. Cette connexion à la galaxieAvocat procurera toutefois à ses futursactionnaires une manne financière comparableà celle des actionnaires de Google, si un dépôtde bilan ne vient pas faire exploser la navette enplein vol.

Compétitif, toujours plus compétitifs. Une seulesolution : la dématérialisation.Adapté au rythme des technologies, l’obligationde disposer d’un domicile professionnel estgraduellement remplacée par l’obligation defournir une adresse électronique. L’Avocatfuturiste dans son cabinet virtuel.C’est fort accommodant, il n’y a pas à se soucierdu ménage ni de la maintenance du bureau.Pratique indigne  ? Une concurrenceéconomique assurément inéquitable. 50 % à60  % de gain par rapport à une structuretraditionnelle. Optimiser son mode d’exercice pour unemeilleure qualité de service. 75 % du développement de clientèle se fait surles réseaux sociaux. L’Avocat web 2.0 alimenteson fonds de commerce via Twitter, s’adressedirectement à ceux qui ont de l’influence  :journalistes, blogueurs, association et peutespérer dépasser à l’instar de lady gaga, les25 millions d’abonnés ou le buzz en seulement140  caractères du vaudeville TWITTERWEILER…Des contacts par vidéoconférencepour encore plus de performance. Une pincéede légèreté au bout du clavier et les sentimentssont dématérialisés en naviguant sur attractiveworld  : site de rencontre pour célibatairesexigeants.

STOP à la tournée des bars en quête de rencardsringards.Le bonheur est décidemment dans l’octet !

Le tout électronique ne pas connaître la crise.Affranchissons-nous des monopoles ! Levonsles barrières tarifaires : Postuler c’est tabou, onen viendra tous à bout. Abolition des frontières !Place au marché mondial du droit !Le résultat est devenu notre éthique. Faîtes bref Maître. Dupont Moretti n’est plus leseul à s’offusquer… Les Magistrats ne nousentendent plus…après tout ne sont-ils pas lesseuls dont le serment est dépourvu d’humanité ?Terminées les demandes de renvois, finies lesplaidoiries, faire appel est devenu le parcoursdu combattant  : l’Avocat et le justiciabledésertent les prétoires. La justice stakhanovistevoit le jour et la présomption de culpabilitétriomphe. A coup d’enquêtes bâclées,l’engrenage du chiffre condamne à des peines àla chaîne  ! 7h30  d’audience, 23  prévenus,19 minutes par personnes, 50 mois de prisonferme, 49  de sursis avec mise à l’épreuve,1 Travail Intérêt Général, 6 ans d’interdictiondu territoire, 100 jours amendes à 15 €. Il fautrapidement un résultat sous peine dedélocalisation en Chine ! Même si le trop depromptitude mène à l’erreur ou au déni dejustice. Patrick Dils 1 million d’euro, Outreauou le Tchernobyl judiciaire 7 millions d’euros,un mort.Contaminé par le chiffre, l’Avocat change d’étatd’esprit. Devenu l’intermittent du procès, il seveut présent sur tous les fronts. Plaider moinspour gagner plus. Du conflit au compromis, ilporte un regard nouveau sur sa relation au clientpar le droit participatif et collaboratif et usurpele rôle du juge. Il intervient dans les transactionsimmobilières, endosse le rôle d’agent sportif,d’agent artistique, d’Avocat fiduciaire, d’Avocatcommissaire au droit et même d’Avocat enentreprise  : le diable s’habille désormais enMichel Prada.Il perd son identité et devient, à l’image duplombier polonais, un simple prestataire deservice participant à la paupérisation de saprofession.La relation au profit est devenue la pomme dediscorde. La conception du sacerdoce estaujourd'hui en passe d'être remplacée par lanotion de service et de résultat.Eris a frappé.

De l’éclat de la robe noire, il ne reste que le deuildes vertus et des illusions humaines…Un êtrehumain est un être vivant, sociable avant d’êtreun sportif ou un être efficace. L’oublier c’estdevenir barbare et il y a fort à parier que ce quel’on comprend le moins dans une idéologie durésultat, c’est l’humain.Il est hélas devenu évident aujourd’hui que nosperformances ont dépassé notre humanité.L’Humain fait de nous des êtres sensibles, laPerformance nous réduit au statut d’automatesans âmes en lutte constante pour la survie duplus fort.

L’Homme crée la machine mais la machinefinit par contrôler l’homme. Tombé dans laspirale infernale, il en est réduit à fonctionnerau lieu de vivre et faire vivre ses causes et sesrêves !Inventée par l’Homme, pour sublimer sa mort,La Performance n’est qu’un mythe qui leconditionne à son insu.Il n’y a rien au fond de réel que l’humanité etpour paraphraser Proust sans humanité niperformance durable ni performancehonorable.La véritable performance ne consiste-t-elle pasà s’oublier soi-même pour s’ouvrir à l’autre ?L’Avocat refait le serment tous les jours d’exercerses fonctions avec dignité, conscience,indépendance, probité et humanité.C’est à coups de grisou qu’ il devra combattresa déshumanisation par le chiffre et conserverl’image vertueuse de l'auxiliaire indépendantqui, au gré de ses luttes glorieuses contrel'ignominie et l'arbitraire, dans sa défense deslibertés et des causes perdues, a inspiréconfiance et sincérité. La sincérité qui est lefonds de commerce de l’Avocat.Plus l'Avocat sera amarré à la vie du droit dansson ensemble, respectueux de l'intégrité de safonction et de son éthique : plus il restera unauxiliaire de justice et non un auxiliaire dumarché, plus il redeviendra lui-même : la bêtenoire condamnée à plaider au nom del’Humanité.

Car en définitive, l’Humanité seule estcondamnée au progrès à perpétuité.

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Mehdi Adjemi, Laura Cassaro, Viviane Schmitzberger-Hoffer, Marine Klein-Desserre et Maxence Levy

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Rentrée solennelle

Se battre pour l’autrepar Mehdi Adjemi

Pour un concours d’éloquence, en voilàune première !La Performance ! Je m’en nourris ! Jem’en abreuve  ! Je l’injecte dans mes

veines…Elle m’envahit. Elle m’excite !

Je vis continuellement dans un monde decompétition où je cherche à atteindre lemaximum de mes capacités, à obtenir lemeilleur de moi-même.Me surpasser, telle est ma devise.Crainte d’inappétence mentale pour monintellect et peur de l’anorexie physique pourmes petits muscles.Vivre dans le rouge, faire monter l’aiguille dansles tours de mon compteur psychologique,j’aime, j’adore !Performance, soif de puissance, enivre-moi !Devient passion, exalte-moi surtout lorsque jegagne de façon inespérée un procès deroumains voleurs de cuivre. Addictive dites-vous ? Peu importe, c’est madrogue dure.J’admire, je vénère les performeurs surtout ceuxqui dansent sur l’écran noir de mes nuitsblanches.

Je suis le produit de la pensée unique de l’écranplat.Star Academy, The Voice, Eurovision,performeurs de la voix !Master Chef, Top Chef, Un diner presqueparfait, performeurs de la cuisine !Des chiffres et des lettres, Qui veut gagner desmillions, Loft Story, performeurs de la culture !Mes vainqueurs préférés, ceux de Questionpour un champion, mes idoles !Mon livre de chevet, Télé Z, le référentiel desperformeurs.Télé Z n’est cependant rien face à la plusaudacieuse, la plus lourde aussi des bibles des

performeurs : l’indétrônable Guiness des recordsoù les critères de performance sontexcessivement variés et multiples, mais surtoutoù l’on pourrait y lire que Chuck Norris acompté…jusqu’à l’infini…deux fois ! Mes ennemis, les commentateurs lors desévènements sportifs qui me donnentl’impression que nos athlètes français ne sontque des freluquets aux bras moins long aujavelot, aux cuisses fluettes au 100 mètres, auxpieds foulés au football, aux fessiers peu galbéau saut en hauteur.Laissez mes petits génies du sport s’exprimer,laissez la performance s’exprimer sur ma télé.Certes, l’anglais nous surpasse parfois, sa réussitene tenant peut-être qu’à la délectation de pâtesà la confiture plutôt que de cuisse de grenouillesavec une pointe de moutarde.D’accord, le chinois nous humilie tous par unsubtil mélange de menace à la colombienne,d’absence de sentiments à la russe et d’uncommunisme exacerbé en menant desécrasantes victoires lors des Jeux Olympiques.Je modifie mon postulat : la performance estrelative et procède d’une équation dont les termesont été préalablement posés, par moi-même.Ma démarche ? Une stratégie, des objectifs etdes indicateurs.«  Rendement intellectuel d’une personne,rentabilité intellectuelle ou résultats musculairesd’un individu. »Telle pourrait être la définition que l’on pourraity lire dans The Adjemi’s InternationalDictionary, édition DELUXE.N’en déplaise à certains, ma capacité à atteindreun but désiré est exponentielle.

Je ne supporte pas l’échec, le succès rien que lesuccès, je t’aime…moi non plus. Performance  ! Performance  ! Performance  !Performance !Ha ! Performance de la stupidité, Obsession destemps modernes !

Il y a de ces performances qui nous rassemblent :

- la performance sportive d’une victoire de laFrance en 1998 qui nous fait oublier, un temps,nos différences physiques, religieuses, sociales,ethniques.- la performance picturale d’un Picasso, dansGuernica, dont les pleins et déliés parviennentà faire ressurgir l’humain au-delà de la douleuret de la violence.

- la performance technologique d’internet quinous rapproche, croit-on, de nos êtres chersexilés dans des contrées lointaines.Il y a celles qui nous stressent quotidiennement :

- la performance économique mesurée par desagences de notation dont les critères sont aussiabscons que la théorie de la relativité et soncorollaire la récession.

-  la performance professionnelle qui nousrenvoie à la peur de perdre ou pis de gagner.

- la performance sexuelle qui se mesure à l’auned’une raideur inversement proportionnelle à laprofondeur des sentiments.

- la performance énergétique qui cache mall’angoisse du désastre écologique qui s’annonce.

- la performance de production par crainte dumanque, de la famine et de la pauvreté.

Il y a celles qui sont purement inhumaines parcequ’elles nous renvoient l’image honteuse etdéfigurée de l’Humanité : - la performance de destruction qui flatte lapulsion de l’homme et guérit de la peur del’autre : déplacement ethnique, exterminationméthodique de celui qui est différent.- la performance absolue de l’arme nucléaire quipréfigure la fin de toute forme de vie sur laplanète.

STOP ! La performance, nous l’avons trompée !Elle n’a plus de sens ! Elle n’existe même plus !Nous l’avons assassinée ! L’usage immodéré du mot « performance » abrouillé nos repères et agit comme unanesthésiant sur nos consciences. On croit posséder le trousseau de clés quipermet d’accéder à cette notion essentielle. Maisles apparences sont trompeuses !La clef est bénarde, elle ne tourne que sur elle-même et n’ouvre aucune porte.La performance ne s’impose pas d’embléecomme une vérité imparable. La complexité qui façonne notre sociétés’accorde mal aux réponses simplistes. Voyager aux confins du territoire de laperformance et tenter de le quantifier, c’estouvrir la boîte de Pandore. Nous l’avons tousouverte et la performance s’est volatilisée,évaporée !Nous l’avons réduite à l’état d’illusion, de miragede la civilisation ! Je ne la connais que trop bien cetteperformance, moi à qui on a cessé de rebattreles oreilles avec des « tu peux mieux faire »,« dépasse-toi », « surpasse-toi », « sois le meilleursi tu veux réussir un jour ».Ma performance individuelle est devenue aufils du temps une inhibition à la solidarité réduiteà sa plus simple expression  : un résultatéphémère dont j’ai oublié très rapidement laportée et la teneur.Cette idée compulsive de me surpasser m’apoussé parfois, trop souvent même, à écrasermes semblables pour les dominer, les dépasser. Elle m’a catapulté dans un monde purementégocentrique. Elle m’a rendu ingrat.Elle m’a fait faire de mauvais choix, oublier desamis, et a fini par me perdre !Pourquoi en suis-je arrivé là ? Alain Ehrenberga posé le diagnostic de ma pathologie  : lesmœurs d'une société se modifient quand sesmodèles politiques institués ne fournissent plusde solutions crédibles aux problèmes majeursauxquels elle est confrontée et quand les utopiesde la société idéale disparaissent.La question de la performance n’est plus qu’unequestion de jugement de valeur individualiste.Moi le métisse, l’étranger, je ne le sais que tropbien mais refuse trop souvent de le voir.Nombrilisme à petite dose dans la performancecollective, telle est la recette que le plus granddes cuisiniers français, Bernard Loiseau, nousenvoie de son paradis. La performance collective, association deperformances individuelles solidemententrelacées, est salutaire, elle est le seul et uniquecatalyseur de réussite. Un de nos plus grands penseur sportif, ZinedineZidane, nous disait que « Les performances

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Mehdi Adjemi

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Rentrée solennelle

individuelles, ce n’est pas le plus important. Ongagne et on perd en équipe. » Ce constat empli de bon sens marseillais estsans doute le remède à l’utopisme !Ma conviction est désormais faite : on ne peutse juger ou être jugé que sur sa performancesociétale, sa capacité à jouer son rôle d’acteurau sein de la société. La performance doit donc avant tout êtreinscrite dans la durée et pour le bien de tous.Une société performante se juge d’abord à sacapacité à traverser ses crises morales,économiques, financières, à faire face aux

changements de situation tout en sachant fairela part des choses, à trouver le tempo pourévoluer et temporiser toutes les pressionsprovenant de l’extérieur.

Vous l’aurez compris, la performance n’est riensi elle ne sert que soi. La performance individuelle c’est souvent cellequi nous fait croire plus grand, plus fort, plusbeau, plus respectable que nous ne le sommesréellement.Mais c’est aussi celle qui nous rend parfois plushautain, plus méprisant, plus jalousé.

Se battre uniquement pour soi-même ne vautrien. Se battre pour l’Autre et par là-même poursoi, là est la réponse aux maux de notre Humanité.

Ce que notre Humanité recherchedésespérément, c’est le bonheur. Alors vivons la performance collectivement,avançons ensemble, combattons ensemble etle désir de se surpasser retrouvera tout son sens. Nous découvrirons sur la ligne d’arrivée qu’iln’y aura pas qu’un vainqueur mais que desvainqueurs, pas un homme... mais l’Humanitétoute entière…

Le dépassement de soipar Marine Klein-Desserre

« Je sais pourquoi tant de gens aiment couper dubois. C’est une activité où l’on voit tout de suite lerésultat. » Albert Einstein

En sortant sa règle, son chrono, sesstatistiques, ses taux de rentabilité,l’homme moderne a inventé des outilslui permettant de célébrer sa nouvelle

religion : la Performance. Diagnostic de performance énergétique, indicede performance environnementale, même lebudget de l’Etat a son site baptisé « Forum de laperformance », et nos Ministres ont reçu unegrille d’évaluation de leur travail.Rationalisation légitime ou culte du résultat ?La pensée antique, portait l’idée de finalité, d’unenature pourvoyeuse d’ordres et de normes,interdisant à l’homme l’idée de progrès infini.L’homme moderne se pense désormais selonun progrès constant, son ambition réside dansla perfectibilité.

L’idéologie de la performance personnelletraverse désormais notre société toute entière.Sommes-nous tous pour autant condamnés àdevenir des fidèles de cette nouvelle mythologiedu dépassement de soi ?

Lorsque l’obsession de la performance conduitau surmenage de l’athlète au travers du dopage,lorsqu’elle stigmatise un problème général dessociétés occidentales, la consommationadditive, lorsque par des techniques médicales,elle interroge sur l’évolution humaine …. Nedevrait-on pas s’en détacher ?Pour être performants, Abandonnons toutd’abord l’idée folle d’être nous-même. Tests de personnalité, questions d’unmanichéisme frustrant et rituel de la lettre demotivation manuscrite  : Je suis passée sousscanner en vue d’établir mon «  profilpsychologique ».Personnalité et performance entretiendraientparait-il une relation étroite.Si je veux être Magistrat, je dois me montrerimpassible.Fonctionnaire de police, ferme et respectueux.Avocat collaborateur, dévoué, rentable et docile. L’adaptabilité semble le nouveau signe del’intelligence, ce qui revient au final à prétendreque plus j’ai de personnalité, moins je suiscompétent…En réalité, nos recruteurs se rassurent endéfinissant un profil idéal de candidat.Quelle erreur  ! Ils évitent ainsi de s’engagerpersonnellement.Car choisir ne veut plus dire prendre des risques. Prendre un risque est inacceptable, puisque c’estaccepter de peut-être se tromper, c’est accepterde ne pas être en permanence à l’apogée.

Sous prétexte de performance, on abandonnele courage de croire en ses intuitions en secachant derrière un paravent pseudo-scientifique.La science, au service de la performance,partout, tout le temps.

Même l’administration est contaminée par laculture des résultats.L’instrument crée pour la toiser ? La LOLF.« Loi organique sur les lois de finances » quiinstitue un pilotage par objectifs des services,fondés sur des résultats chiffrés.En d’autres termes moins technocratiques, Rienne se crée, rien ne se perd, tout se mesure. La LOLF, ou l’éléphantiasis de la performance.Taux de dépistage positif d’alcoolémie, nombrede reconduites à la frontière d’étrangers ensituation irrégulière, taux global d’élucidationdes crimes et délits…Mais aussi taux de troupeaux de poulespondeuses pour lesquels un germe desalmonella a été identifié, nombre de retombéesde presse pour la maison de France à l’étranger.

A Chaque mission, sa médaille. Notre Justice doit elle aussi être performante.Dans une main un glaive, dans l'autre unebalance, un bandeau lui couvrant les yeux ?Ce temps-là est mort :Dans une main un ordinateur, dans l’autre unecalculatrice, une loupe devant les yeux.La Justice est lente, débordée…qu’à cela netienne, la Lolf ne crée pas moins de60 indicateurs, mis en place théoriquementpour sonder son fonctionnement, en répondantaux attentes des citoyens. En réalité, les indicateurs sont flous, voireabsconds. Le culte de l’indicateur moyen sur la Franceentière par exemple que l’on retrouve de façonabsolument générale…L’enfer est pavé de bonnes intentions.Faute d’analyser les détails, les indicateursmasquent les scandales.

En quoi l’indice moyen des affaires traitées parmagistrat permet-il d’améliorer à la fois la qualitéde la Justice et les couts afférents ?Puisqu’il ne révèle pas, par construction, quecertains Magistrats terminent leurs audiencesen veilleurs de nuit alors que dans la juridictionvoisine les dossiers sont expédiés… en quelquesdizaines de minutes…Si vous cherchez bien, Vous trouverez encore lecurieux indicateur du taux d’évasion horsétablissement pénitentiaire imperturbablementfixe, qui côtoie le taux de mise à exécution despeines, quasiment aussi invariant…Que mesure-t’on ici, si ce n’est l’autosatisfaction administrative ?Et que dire des mesures de maitrise des coûts ?Là encore, la performance ne peut s’apprécierqu’à prestations égales.L’affaire AZF aura coûté la bagatelle de1,5  millions d’euros, 3  millions auront étédépensés pour l’incendie du Tunnel du MontBlanc et encore 5 millions pour le rapatriementdu Bugaled-Breizh…Aux antipodes de ces montants astronomiques,l’Avocat intervenant en aide juridictionnelle, severra généreusement octroyé 8 unités de valeur,soit 193,60 euros, pour défendre un hommedevant le Tribunal correctionnel, ces unitésincluant bien évidemment :-  La consultation du dossier si celui-ci estaccessible, - Le recopiage des pièces essentielles lorsque lademande de copie n’a pas été faite au moins3 mois à l’avance, -  Les rendez-vous avec le client, sa famille,l’assistance sociale, le psychologue voirel’interprète,

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MarineKlein-Desserre

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Rentrée solennelle

- La construction de l’argumentaire, - La plaidoirie, - Et très accessoirement les interminables heuresd’attente dans la salle d’audience…

Ce ne sont ni dans les frais de justice ni dans lesindemnités versées aux Avocats qu’il fautrechercher des économies.L’efficacité de la Justice ne peut se juger que pardes critères complexes pas toujoursquantifiables et non comme une entreprise dontun indicateur unique, le profit, permet de diresi elle est performante ou non.Saint-Louis rendant la Justice sous un chêne,prototype lointain de la puissance régalienne etde la justice de proximité, se rattachait-il à unquelconque « programme » ?La culture du résultat dans l’administration estnécessairement réductrice.Et, Elle s’accompagne de son corolaire  : ledéveloppement des primes de résultat et derendement.L’adage « Travailler plus pour gagner plus »n’épargne désormais plus le monde judiciaire.Prime dite modulable et désormais primed’intéressement à la performance collective, lerendement des Magistrats, autrefoisindépendants et désintéressés, est à présentrécompensé.En gratifiant les uns, la prime stigmatise lesautres.Pis, elle le fait à partir de critères faussés car lemontant ne tient bien évident compte ni de ladifficulté technique des dossiers ni de leurépaisseur…

Le culte de la performance franchit égalementles portes des salles d’audience.A coût de barèmes indicatifs, de peinesminimales obligatoires, la personnalisationdécline au profit de l’homogénéisation.Le Magistrat du futur distribuera une peinequ’un tableau a plusieurs entrées lui dicteraautomatiquement.

Plus de surprise, plus d’aléa, à chaque coup,BINGO, on perd.L’idéal cède sa place à l’objectivité scientifique.La vérité parfaite devient le Saint Graal. Ledoute ne profite plus depuis longtemps àl’accusé…Capable de résoudre des enquêtes à partir d’unminuscule fragment d’ADN, la justice ad’admettre que, parfois, elle ne sait pas. Le principe de précaution, développé àl’extrême, permet alors de justifier desplacements et des délais de maintien endétention provisoire toujours plus longs….La détention provisoire est l’exception : la bellemaxime apprise sur les bancs de la faculté n’estplus qu’une légende…Mes idéaux de jeune avocat se sont viteévaporés : combien sommes-nous à encore oserplaider la relaxe, au bénéfice du doute ? Car une justice performante se doit de trouvercoûte que coûte un responsable.Trop souvent, on détourne en effet le regard etfeint de se sentir responsable des victimes.En réalité, tout au plus, se place-t’on le tempsd’une mascarade, devant elles.Des sorcières de Salem à l’affaire d’Outreau, larumeur monte et la haine vis-à-vis de l’agresseurs’installe.L’agresseur ment et la victime dit toujours vrai.L’attention se déplace du traumatisme à la victime.Version laïcisée des martyrs et des saints, lavictime nous permet en réalité de contenir notrepeur obsessionnelle du crime.Une justice performante est celle qui livre à lacurée un coupable aux victimes.

Mais le culte de la performance ne s’arrête paslà, et il s’engouffre également dans notre vieprivée.La santé a remplacé le salut.3  produits laitiers par jour  –  30  minutesd’activité physique quotidienne– 8 heures desommeil par nuit – 1 verre d’alcool tout au plus :notre existence toute entière est médicalisée.Pour quel résultat ? La Longévité ?

C'est un fabuleux cadeau que nous venons derecevoir : une vie en plus !La bombe longévité risque néanmoins deprovoquer une crise sociale et économique sansprécédent.Peut-on vraiment retarder l’inéluctable ? Quelsens donner à ce nouvel âge ? Jusqu’où résisterà son destin ? Dans ce monde qui n’aspire qu’à la performance,est-il légitime que des légions de séniors gorgésde vitalité aient acquis le droit à l’oisiveté ? Que dire des autres…de ceux qui ne s’exprimentplus, de ceux qu’on ne voit plus.Les progrès scientifiques se mesurent-ils au tauxde remplissage des maisons de retraite ? Cesmouroirs où on laisse dépérir sans conscienceceux que l’on prétend encore traiter comme deshumains ?La longévité n’est qu’une prolongationinconfortable de la peur de la mort.Rien ne ressemble plus à la mort que la peurqu’on en a.

Injonction culpabilisante, la performance mecondamne à n’être définie que par elle.Les ressorts contraignants de cette idéologieont déjà forgé ma courte vie.Je ressens ses effets pervers : addiction au travail,esprit de compétition, frustration, honte del’échec…Je suis tombée dans le chaudron de laperformance, j’ai appris à y nager mais suiscondamnée à rester dans l’eau.Née prématurément de parents pas tout jeunes,c’est la fée-performance qui s’est penchée surmon berceau.Travaille bien à l’école, sinon tu finiras gardienned’oie…Voilà comment mes parents illustraientpour moi la pression sociale qui pesait sur leursépaules.L’épanouissement personnel ne pouvait passerque par le dépassement de soi.Que dire de mon maître de ballet russe quimaintenait une cigarette incandescente sousma jambe pour m’obliger à la lever toujours plushaut ?Que dire aujourd’hui de cette vision de la femmedu 21ème siècle qui s’impose à moi ? Carrière,famille, amis, passion : je ne conçois plus desacrifier la moindre partie de ma vie.Suis-je pour autant une victime de ce culte ?Non, j’ai fait le choix d’y adhérer.Je suis le dépassement, je ne vis que pour ça.Pourquoi, pourquoi toujours aller jusqu’aubout ?J’sais pas. C’est comme ça. Aller plus loin ! Touteune vie pour gravir des échelons, tenter desprouesses, frôler des records.Tous les jours.

L’effort, la fatigue, la pression, c’est ma grandeur. Me dépasser, c’est grandir.Je n’aime pas les limites, je n’aime pas lesfrontières, je n’aime pas le temps quiemprisonne, je n’aime pas l’espace qui nous noie,je veux repousser le temps, maîtriser l'espace,échapper à la gravité, je veux aller au sommetde moi-même, je veux aller voir plus loin, plusvite, je veux voler.

Mes ridicules victoires me donnent des ailes.Qu’importe le reste, je m'envole pendantquelques secondes, je vole.

2012-900

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Mehdi Adjemi, Laura Cassaro, Marine Klein-Desserre et Maxence Levy

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Les Annonces de la Seine - lundi 24 décembre 2012 - numéro 78 19

Société

Club du ChâteletProjet de loi sur le mariage des personnes de même sexe - Paris, 18 décembre 2012

Une nouvelleconception de la famillepar Christian Bénasse

C'est une habitude pour le Club duChâtelet de porter un regard sur lesquestions d'actualité. Il y a dans cettesalle beaucoup de Juristes, les Notaires

et la plupart de leurs invités. Pour cette nouvelleédition du Club, nous ne pouvions faireautrement que de traiter la question de la loi surle mariage concernant les personnes de mêmesexe et ses différentes implications.D'abord parce qu'il a été indiqué que la loi allaitréformer une grande partie du Code civil et destextes sur lesquels nous Notaires travaillons.C'est vrai, mais nous sommes un peu habituésau changement dans ce domaine; et il n'est pas

illogique que le droit évolue, il faut néanmoinsen apprécier toutes ses conséquences.En second lieu, cette réforme porte sur laconception fondamentale de la famille telle quenous la connaissons et telle que nousl'accompagnons depuis plusieurs siècles. Si, ennotre qualité d'Officier Public, nous appliquonsloyalement la loi, en notre qualité de conseil desfamilies dans tout ce que ce conseil a de plussensible, nous ne pouvons que prendre part auxdébats d'idées et nous enrichir des réflexionsqui sont développées depuis maintenantplusieurs semaines et qui le seront encore, jen'en doute pas, pendant encore de nombreusessemaines. C'est ainsi aussi que nous pourronsapporter notre modeste pierre à l'édifice,comme nous avons commence à le faire.Pour nous éclairer, nous avons retenu deuxpersonnalités d'horizon different. Ce n'est pasune habitude du Club, mais il nous est apparu

indispensable de ne pas nous cantonner auxquestions d'ordre juridique pour évoquer lesquestions d'ordre anthropologique, qui sontessentielles dans le débat actuel.Frangoise Heritier a bien voulu accepter departiciper à notre Club dans cette perspective.ll s'agit, Madame, d'un grand honneur que vousnous faites. Vous êtes en effet considéréecomme une des principales disciples de ClaudeLevyStrauss auquel vous avez succédé auCollege de France , et dont vous avez été l'élève.Vous avez, dans le cadre de vos multiplestravaux, beaucoup étudié la question desfamilies, de la parenté et du role des femmes.Vous avez pris parti a ce titre dans le débatactuel, et vous y avez apporté le fruit de votreexperience, cornme de votre regard particuliersur ces différentes questions.Jean Hauser, vous êtes un habitué du Club duChafelet puisque vous êtes une des très rarespersonnalités a intervenir pour la deuxième foisdans cette enceinte. Vous êtes professeurémérite de droit privé specialise en droit de lafamille et des personnes. Vos travaux ontlargement inspire la réforme de la legislation dudivorce notamment et la loi du 26 mai 2004.Vous vous êtes également exprimé sur le projetde loi gouvernemental et ses consequences.Vous allez selon l'habitude du Club effectuertous les deux un exposé liminaire, mais je vaislaisser maintenant la parole a Catherine Carely,Premiere VicePrésidente de la Chambre, qui vamener avec vous deux les débats, et qui vadonner ensuite la parole a la salle. Nous sommesdésireux d'avoir un débat bien évidemment àla fois franc et apaisé, sans concession a lapolémique, mais non plus sans tabous.

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Catherine Carély, Jean Hauser, Françoise Héritier et Christian Bénasse

Mardi dernier, Françoise Héritier, anthropologue et Professeure au Collège de France ainsi que Jean Hauser, Professeur émériteà l’Université Montesquieu-Bordeaux IV, étaient les invités du « Club du Châtelet », ils furent accueillis par son PrésidentAlain Lambert, ancien Ministre et Conseiller Maître à la Cour des Comptes, et par Christian Bénasse, Président de laChambre des Notaires de Paris ; les débats furent animés par Catherine Carély, Première Vice-Présidente de la Chambredes Notaires de Paris, le thème retenu pour cette conférence fut l’ouverture du mariage aux couples de personnes de mêmesexe. Cette notion de « mariage pour tous » a pour conséquence directe « un toilettage » important du droit de la filiation etune redéfinition du « mariage.Nous publions ci-après le discours du Président Bénasse. Jean-René Tancrède

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Société

La situation tragique continûmentimposée depuis plusieurs décennies auxchrétiens qui sont nés et vivent auMoyen Orient a désormais atteint un

degré d’inhumanité intolérable. Elle exige, avantle point de non-retour, un réveil immédiat desconsciences et une mise en mouvementaccélérée des corps de décision politiques etassociatifs.La douleur quotidienne des déplacementsimposés aux familles, les menaces aggravées quipèsent sur la vie des personnes, les angoissespermanentes des lendemains incertains quantau logement, à l’emploi et à l’éducation, ont faitde communautés entières, pour l’unique raisonde leur appartenance religieuse, des groupesrelégués dans la marginalisation civique etinternationale*.Il faut y insister  : dans la plupart des paysmusulmans où la laïcité est comprise commeun concept étranger, les chrétiens relèvent defacto d’un statut à part, en certains lieuxofficiellement abrogé mais officieusementobservé : la dhimmitude (c’est-à-dire l’ensembledes relations entre la communauté islamique etles indigènes juifs et chrétiens). Ce statut faitd’eux des citoyens de seconde zone (àl’exception du Liban), alors qu’ils onthistoriquement joué et jouent encore un rôleimportant en faveur de la culture et de ladémocratie.A travers eux et les discriminations dont ils sontl’objet, c’est aussi bien la présence duchristianisme sur les terres de sa naissance, voicideux millénaires, qui est en jeu. La mortphysique ou l’émigration y constituent pourl’heure les deux réponses fréquemmentsollicitées au mot d’ordre tenace, expressémentrevendiqué ou soigneusement dissimulé  :« Disparaissez ! ».Cette situation, entend-on depuis longtemps,ne saurait durer. Mais, prisonniers de stratégiesgéopolitiques qui les dépassent, les Orientauxchrétiens éprouvent le cynisme des discoursédulcorés et des rhétoriques de circonstance,produits par des puissances étatiques et nombrede leur relais diplomatiques, accentuant leursentiment d’impuissance.Pourtant, certains musulmans résidant dans cesmêmes pays n’hésitent pas à affirmer, telMohamed Kabbani, mufti (sunnite) de laRépublique libanaise lors de la visite récente dupape Benoît XVI au Liban : « Nous appuyons

votre appel à préserver leur présence dans lemonde arabe lancé aux chrétiens du Proche-Orient (…) et pour l’égalité de tous les citoyens,en droits et en devoirs, sans discriminationaucune, religieuse, confessionnelle ou raciale,que ce soit ». Il se trouve qu’en outre, dans cettemême région, certains musulmans, qu’onappelle modérés en raison de la priorité qu’ilsaccordent à la vie spirituelle sur la conquêtesociopolitique, sont eux-mêmes menacés, voireassassinés.

Les chrétiens doivent pouvoir affirmer leur foi,invoquer leur identité religieuse, exercer leurculte sans que leurs communautés soientassimilées aux communautarismes. La viecommune suppose un traitement identique detous les citoyens et le respect d’un pacte socialdéfini selon les principes de liberté et d’égalité.Tout particulièrement, la liberté religieuseimplique la liberté de culte, mais aussi la libertéde conversion religieuse.En ne se limitant pas au seul fait de leur identitéculturelle et sociologique, les chrétiensapprofondissent le sens de leur propre vocationet vivent dans les dimensions d’universalité, dejustice et de paix qu’elle comporte. Ils peuventd’autant mieux contribuer à la promotion dubien commun et de la dignité humaine. Ils nousoffrent ainsi, à nous Occidentaux, un modèlede proximité et de fraternité entre les différentesfamilles religieuses. En surmontant leurs propresdivisions et en engageant un processusrenouvelé de dialogue interreligieux sincère, ils

mettent en relief ce qui les unit entre eux et avectous les hommes.Dans de telles conditions, dont la complexitéparalyse trop souvent l’action, l’Académiecatholique de France en appelle auGouvernement français pour qu'il entreprennesans tarder, si possible en coopération avec lesEtats membres et les institutions de l'UnionEuropéenne, sinon de sa pleine autorité, lesdémarches qui s’imposent pour que soientrespectés les droits des Orientaux chrétiens àvivre en citoyens de plein exercice etnotamment à pratiquer leur religion librement,sans contrainte ni limitation, conformément àla Déclaration Universelle des Droits del'Homme,. Nous considérons qu'il y va del'honneur de notre pays, la France, et de toutesles familles d’esprit qu’il réunit.

*  En Irak, on comptait avant 2003 1  200  000  chrétiens  ; ils sontaujourd’hui à peine 400 000, les plus pauvres d’entre les pauvres.En Egypte, les chrétiens représentent officiellement environ 10 % dela population du pays, soit 8 à 10 millions de coptes, mais sans doutemoins ; ils sont désormais très inquiets de leur sort.La République islamique d’Iran enregistre 135 000 chrétiens dont 20 000catholiques, soit moins de 0,3 % de la population. Ils tentent de sefaire accepter.Près de 150 000 chrétiens, soit 2 % de la population totale, vivent enIsraël. Ces citoyens, des arabes, reçoivent la nationalité israélienne ; ilssont à Jérusalem incités à quitter la ville.En Jordanie, les chrétiens représentent moins de 6 % de la population,soit 350 000 dont 120 000 catholiques. Depuis 2003, ce pays a accueilliun nombre important de réfugiés irakiens dont beaucoup de chrétiens.Au Liban, les chrétiens constituent 38  % de la population, soit1,5 million, très majoritairement maronites. Même si leur rôle estimportant, la crise économique, les tensions politiques et les attentatspoussent chaque année plusieurs milliers d’entre eux à quitter le pays.Dans les territoires palestiniens, le discours islamiste majoritaire associeles 60 000 chrétiens, soit 2 % de la population, à l’ « Occident », aux« croisés » et désormais aux « envahisseurs américains ». Victimes d’unharcèlement économique, ils rejoignent la diaspora palestiniennenotamment aux États-Unis.En Syrie, les chrétiens constituent 4,5 % de la population, soit moinsd’un million. Si leur liberté de culte est garantie par la nature laïque durégime syrien, elle est encadrée par des limites quant à leur accès àdes postes de responsabilités administratives et politiques. Lesévénements actuels de guerre civile nourrissent une très forte inquiétudesur leur avenir proche.** Cette déclaration a été rédigée avec le concours de l’AgenceInternationale Diplomatie et Opinion Publique, et l’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

2012-902

Académie catholique de France**

Déclaration solennelle sur la situation actuelle des Orientaux chrétiens

Paris - 13 décembre 2012

Jean-Luc A. Chartier, Avocat au Barreau de Paris, nous a communiqué la déclaration du 13 décembre 2012 de l’Académiecatholique de France, dont il est le Secrétaire Général, qui exhorte le Gouvernement français et les Etats membres del’Union Européenne à intervenir afin que les droits des Orientaux chrétiens soient respectés conformément à la DéclarationUniverselle des Droits de l’Homme. Nous la publions ci-après. Jean-René Tancrède

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Vie du droit

Droit et ProcédureAssemblée Générale - Paris, 19 décembre 2012

Rapport MoralPar Stéphane Lataste

(…)

Réunions

Nous avons participé ou organisé, l’annéedernière, plusieurs réunions :

L’évolution du procès à l’heure de la communicationélectronique En qualité de contributeur, es-qualité dePrésident de Droit et Procédure, je suisintervenu, avec un de nos administrateurs, àune réunion publique, au mois de mars, sur«  l’évolution du procès à l’heure de lacommunication électronique », qui consistait,sous l’égide de l’ENM et de l’EFB, à présenter àun public de Magistrats et d’Avocats la teneurdu protocole d’accord conclu entre le Barreauet la Cour.Le Bâtonnier Jean Castelain et Monsieur lePremier Président Degrandi nous ont honorésde leur présence et ont tenu des propos pleind’allant, ce qui était assez normal venant desdeux principaux artisans de ce protocole.J’y ai pris une part pédagogique pour expliquerles tenants et aboutissants de cet accord, tandisque notre confrère Grandjean, membre duconseil d’administration de notre Association,est venu parler au public de l’évolution desplaidoiries devant la Cour : je tiens à soulignerle grand succès de ce « service après-vente » du

protocole conclu l’an dernier avec laparticipation active des membres de notreAssociation, en particulier auprès desMagistrats qui sont venus nombreux dansl’amphithéâtre de la Maison du Barreau.

L’appel sans avoué, vos questions, nos réponses Le 4 avril suivant, a été organisée une réunionintitulée « l’appel sans avoué, vos questions, nosréponses », 3ème volet d’un cycle de 3 conférencessur l’appel, commencé le 8 juin 2011.Nous avons inauguré, à l’occasion de cetteréunion d’information, une nouvelle formuleconsistant non pas à délivrer une informationex cathedra, mais à tenter de répondre auxpréoccupations très concrètes de nos confrères.Pour ce faire, nous avons mis en place un groupede travail réunissant l’ensemble des participantsà la réunion à venir, et avons lancé une invitationaux membres de l’Association (et au public, viades affiches) à poser leurs questions pour quenous préparions les réponses à y apporter aucours de la réunion.Cette formule a eu un grand succès et, grâce àVéronique Jeandé, nous avons réussi à mettreau jour toute une série de questions qui nousont paru devoir recevoir une réponse.La réunion s’est donc tenue autour d’EmmanuelJullien, ancien avoué, qui a bien voulucoordonner les travaux préparatoires et menerles débats de la réunion qui, vous l’avez compris(comme les plaidoiries) se voulait très« interactive ».A la tribune, pour répondre à nospréoccupations, Madame Nathalie Métier,greffière en chef à la Cour d’Appel de Paris, etqui est depuis, malheureusement, partiepoursuivre sa carrière à la Chancellerie.Celle-ci a bien voulu, sous un angle très pratique,nous faire part de son expérience quotidienneà l’heure de la mise en œuvre des réformes dela procédure et plus particulièrement, de lacommunication électronique.Monsieur le Président Pascal Chauvin,Président de Chambre à la Cour, qui alongtemps été Conseiller à la mise en état, nousa apporté son éclairage scientifique, technique,et … plein d’humour, ce qui ne gâche rien.Enfin, désormais incontournable, MauriceBencimon que beaucoup d’entre vous iciconnaissent puisqu’il anime le B.A.P.A. (Bureaud’Aide à la Procédure d’Appel) mis en place parle Barreau de Paris au moment de la réforme, etqui à l’époque n’était pas encore membre denotre association (ce qu’il est devenu depuis) abien voulu nous faire part, lui aussi, de sonexpérience quotidienne, tout cela avec lafermeté, la bonhomie et la redoutable efficacitéque tous ceux qui l’ont approché lui connaissent.Cette réunion a attiré énormément de monde

avec 325  inscrits, et nous avons travaillé àl’édition d’un cahier reprenant les travaux des3 réunions sur l’appel des 8 juin et 6 octobre 2011et, donc du 4 avril 2012 qui a été, pour des raisonsque vous comprenez, assez compliqué à établirpuisque cela nécessitait une forme de synthèsemal aisée pour éviter les redites et que pour ladernière des 3 séances, l’interactivité des débatsqui avaient été enregistrés, obligeait à reprendrelourdement ce qui en ressort pour en faire uncompte-rendu écrit  : notre ami EmmanuelJullien s’est, une fois n’est pas coutume, surpassé,qu’il en soit remercié.

Titrer et recouvrer les créances en EuropeDeux mois plus tard, le 1er juin 2012, nous avonsorganisé avec l’AAPPE, un colloque d’unematinée entière intitulée « titrer et recouvrerles créances en Europe ».Je dois m’attarder sur cette réunion qui marquele rapprochement concret de Droit etProcédure avec l’AAPPE, dont beaucoup saventla proximité, pour ne pas dire le cousinage :l’AAPPE est la « cousine de province » de Droitet Procédure, à moins que Droit et Procéduresoit la « cousine de Paris » de l’AAPPE.Plusieurs membres du conseil d’administrationde l’AAPPE sont issus de Droit et Procédure, etnon des moindres puisqu’Alain Provansal, sonPrésident de l’époque, et Jean-Michel Hocquard,ancien Président de Droit et Procédure, en fontpartie.Tous ici connaissent la bonne humeur, l’allantet l’humour d’Alain Provansal, et c’est en sacompagnie que j’ai coprésidé cette réunionpassionnante au cours de laquelle JulieCouturier et Cécile Ranjard-Normand, nosdeux administrateurs, ont pris la parole auxcôtés de Jean-Michel Hocquard, ancienPrésident de Droit et Procédure etAdministrateur de l’AAPPE, Emmanuel Joly,désormais président de l’AAPPE, et AlainProvansal, ci-devant Président de la mêmeassociation.Les travaux de cette réunion ont tellement plu ànotre confrère, le Bâtonnier Jean-Jacques Forrerqui préside à la délégation des Barreaux de Franceà Bruxelles, que les actes du colloque ont étéintégralement publiés dans « l’Observateur deBruxelles », son organe d’information.C’est vous dire la qualité des travaux qui ont étéprésentés, leur haute technicité et leur côtépratique.117 personnes s’étaient inscrites à ce colloque,une centaine y ont participé, ce qui est peu, maissans doute ceux qui ont renoncé à nousrejoindre savaient-ils que nous publierions danscette très belle revue qu’est l’Observateur deBruxelles les travaux de grande qualité qui sesont tenus ce jour-là.

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Stéphane Lataste

L’Assemblée Générale Annuelle de l’association « Droit et Procédure » s’est tenue ce mercredi 19 décembre 2012 dans la Bibliothèque Haute de l’Ordre des Avocats deParis, ce fut l’occasion pour le Président Stéphane Lataste de dresser un bilan des actions menées depuis trois ans, son mandat s’achèvera à la fin de l’année, il a su, avectalent, détermination et clairvoyance, défendre les intérêts de sa profession et étendre le rayonnement de l’association « Droit et Procédure », nous lui adressons nosamicales félicitations et souhaitons pleine réussite à sa consoeur Julie Couturier qui lui succèdera le 1er janvier 2013 . Ancienne Vice-Présidente de l’Union des Jeunes Avocatsde Paris et Membre d’Honneur de la Fédération Nationale des Unions de Jeunes Avocats, cette brillante avocate a prêté serment le 1er mars 1995 et fut Membre du Conseilde l’Ordre de Paris en 2009/2011, pour la dernière année de son mandat elle fut nommée, par le Bâtonnier Jean Castelain, Secrétaire du Conseil de l’Ordre. C’est unespécialiste du contentieux civil, des procédures civiles d’exécution, des saisies immobilières et du droit des successions. C’est la deuxième femme Présidente de l’association« Droit et Procédure » après Jacqueline Beaux-Lamotte en 1996, nul doute qu’elle poursuivra le travail de modernisation entrepris par ses prédécesseurs notammentl’ouverture aux jeunes, à l’international et aux cabinets d’affaires. Jean-René Tancrède

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Que chacun des participants en soientremerciés.Et surtout, que l’AAPPE soit remerciée d’avoirbien voulu lancer, avec Droit & Procédure, cecycle de conférences qui aura lieu chaque année,alternativement à Paris et en Province, àl’initiative de l’une puis l’autre des Associations,sur des thèmes choisis conjointement, car c’estdans la complémentarité, et non dans la rivalité,que nous pourrons poursuivre le but quechacune de nos Associations se sont fixé devenir en aide à nos confrères.Nous avons profité de l’été et d’une réunion duconseil d’administration délocalisé à Aix enProvence pour recevoir Monsieur AlainProvansal au cours de nos travaux, et lui redirenotre amitié et la détermination de Droit etProcédure de continuer d’œuvrer en ce sens.Je voulais publiquement à nouveau lui rendrehommage à ce sujet.

Actualité de la procédure civile et des voiesd’exécutionEnfin, à l’automne dernier, Denis Talon etAntoine Genty, tous deux anciens Présidentsde Droit et Procédure, et Julie Couturier, sontvenus aux côtés de Sonia Cohen-Lang et YvesLorrain, ancien membre du Conseil de l’Ordre,présenter à nos confrères, en hommage à Jean-Claude Woog, un colloque d’une matinéeintitulé « actualité de la procédure civile et desvoies d’exécution », co-organisé par Droit etProcédure et l’EFB.Cette formation très pratique a attiréénormément de confrères qui se sont tousmanifestés après la formation, pour faireconnaitre leur satisfaction de l’enseignementdispensé, tant par sa qualité que par sonhumour, légendaire pour ce qui concerne JulieCouturier, Denis Talon et Antoine Genty.Il y a peu de temps encore, le 8 novembre, unpeu comme la réunion que j’évoquais tout àl’heure sur la présentation du protocole d’accordavec la Cour, nous avons réuni nos confrèresautour de la présentation du vademecum 2012,c’est-à-dire, pour parler un français moderne,le «  le guide des bonnes pratiques entre leTribunal et le Barreau ».Vous vous souvenez que depuis le Bâtonnat deFrancis Teitgen, le Barreau a pris l’initiative deconclure avec le Tribunal (rappelons que le TGIde Paris est la première juridiction européenneen volume d’affaires traitées), une sorte de guidedes bonnes pratiques tendant à améliorer, par-delà les règles strictes du Code de procédurecivile, les relations Avocats/Magistrats dans lamise en état et le jugement des affaires.Rappelons aussi qu’à l’origine, le protocoled’accord a été conclu « à l’essai », pour trois mois,et qu’avant même l’expiration de ce premier délai,Monsieur Magendie, alors Président du TGI, etle Bâtonnier Francis Teitgen, ont décidé deconclure un accord définitif pérennisant lapratique de la remise préalable à l’audience dudossier de plaidoiries, moyennant la convocationdes Avocats à heure fixe et l’échange interactifdes plaidoiries au cours de l’audience …

Protocole de mise à jour du vademecumLe 8 novembre, c’est donc autour de Monsieurle Président Savinien Grignon-Dumoulin,premier Vice-Président adjoint au TGI de Pariset Président d’une des sections de la premièreChambre, que Jean-Louis Bigot et Antoine

Genty sont venus échanger devant uneassemblée de 227 confrères inscrits, les tenantset aboutissants de la pratique désormais envigueur puisque le Bâtonnier de Paris etMadame Arens ont conclu, en juillet dernier, leprotocole de mise à jour du vademecum concluquelques années auparavant, pour tenir compte,en grande partie, de l’évolution de nos pratiques,compte tenu de la mise en état électronique.Au total, 180 personnes se sont déplacées, etnotre succès a dû être grand car nous avonsrecueilli, à l’issue de cette réunion, plusieursdemandes d’adhésion.Nous avons aussi profité de cette réunion pourmettre en œuvre une nouvelle pratique, à savoirla diffusion d’un questionnaire de satisfaction,ce que nous avait inspiré la pratique de l’AAPPEtelle qu’elle l’avait mise en œuvre au mois de juinprécédent : dorénavant, nous remettrons à tousnos participants un questionnaire permettantde juger de la qualité ressentie, bien sûr (c’estcomme le froid : il y a le nombre de degrés authermomètre et le froid ressenti en fonction dela vitesse du vent) car vous savez que lesprestations de Droit et Procédure sont toujoursde très grande qualité, et c’est justement parceque nous le savons que nous tenons à le vérifierde source sure auprès des intéressés, c’est-à-diredes participants et d’améliorer (si tant est qu’ily ait quelque chose à améliorer) ce qui pêcheraitéventuellement.La participation à notre dernière réunion duPrésident Savinien Grignon-Dumoulin est lesigne de la grande confiance qu’ont les Magistratsà l’égard de notre Association : nous travaillonsrégulièrement avec eux à l’élaboration de toutesces chartes et autres guides pratiques et ils saventnotre détermination à défendre les intérêts denos confrères, mais aussi notre volonté d’avoirun débat constructif et utile pour tous.Comme avec Monsieur Pascal Chauvin, de laCour d’Appel, les juridictions nous délèguenttoujours des Magistrats de haute qualité aveclesquels nous entretenons un dialogue trèsfructueux.C’est dans le même esprit que nous travaillonsavec Madame Magali Bouvier, MadameLacquemant et Madame Bénédicte Farthouat,de la première Chambre, toutes trois trèsproches de Madame le Président Arens, et jepense que vous pouvez tous être fiers de cetteproximité, sans compromission, du conseild’administration de votre Association, grâce àlaquelle nous travaillons avec efficacité.Ces réunions sont évidemment facilitées parl’Ordre qui met à notre disposition l’auditoriumet qui veut bien en assurer la publicité au traversdu Bulletin (même dématérialisé) et c’esttoujours sous l’égide de l’Ordre, avec le concoursde l’EFB au titre de la formation continue, quenous gardons notre rang de premiercontributeur à la formation professionnelleinitiale et continue des confrères : que l’Ordreet Madame Emmanuelle Schirrer-Cuisance etMonsieur Xavier Delcros, de l’EFB, en soientvivement remerciés.

Les publications

Nos publications se sont limitées (pour l’instantpuisque le cahier sur l’appel est en coursd’impression) à celles de l’Observateur de

Bruxelles auquel, je dois le dire, je vois un grandintérêt : sa gratuité !En effet, par l’hommage que l’Observateur deBruxelles a voulu rendre à nos travaux, ladélégation des Barreaux de France à Bruxellesnous a offert une tribune à titre gracieux et nousavons pu ainsi diffuser à nos congressistes (etacheter à un prix fort intéressant) desexemplaires de la revue retranscrivant lestravaux de la réunion commune avec l’AAPPEet c’est, pour notre Association, une excellenteéconomie ainsi réalisée par-delà le fait que c’estune belle ouverture vers l’extérieur.

La formation

Comme chaque année, inlassablement, je vousredis l’honneur que j’ai d’avoir présidé uneassociation au sein de laquelle tant de gens sedévouent au service des autres, et en particulierdes plus jeunes.En effet, Hervé Regnault, les anciens PrésidentsAntoine Genty, Bruno Chain, Daniel Paquet,Michel Bertin, Gustave Johanet participentinlassablement, depuis des années, aux modulesde procédure civile et aux ateliers mis en placepour les élèves de l’EFB.Des entretiens que nous avons poursuivis avecles Magistrats de la présidence du Tribunal, ilest apparu nécessaire d’associer plus étroitementles Juges à notre formation.C’est en particulier à l’occasion des travaux surla refonte du si mal nommé « Livre noir » duregretté Jean-Claude Woog, qu’a été touchéedu doigt la nécessité pour les Juges de venir dansles écoles de formation, donner aux élèvesAvocats leur sentiment sur ce qu’ils attendentd’eux dans la rédaction de leurs conclusions,mais aussi dans la préparation des audiences,en particulier des plaidoiries.C’est déjà ce qui se fait : plusieurs Magistrats àParis consacrent du temps, en particulier à lapréparation et à la notation des épreuves deplaidoiries.Mais si nous voulons aller plus loin, et enparticulier rendre plus vivants et concrets lesprotocoles d’accord que nous avons conclus, ilfaut que les Magistrats viennent les enseigner,à proprement parler, dans les écoles.En particulier pour la structuration desécritures : il est indispensable que des conseillersà la Cour viennent expliquer aux jeunes Avocatsce qu’est le but de la structuration des écritures,le but de l’harmonisation des conclusions.Ça doit même rentrer dans le module deformation et dans l’appréciation des notesdonnées aux élèves dans ces ateliers.Nous avons manifesté notre détermination àintervenir dans ce sens et je crois que ce discoursa été entendu par la Présidente. Nous attendons maintenant concrètement quele Tribunal nous désigne des Magistrats de laqualité de ceux que nous connaissons dans nosréunions par leur esprit d’ouverture et leurcaractère progressiste, à venir nous aider danscet enseignement.Nous savons bénéficier, au sein de l’école, qu’ils’agisse de sa Directrice des études, MadameMartine Kloepfer-Pélèse ou de Monsieur XavierDelcros, en charge de la formation continue, derelais précieux et fidèles  ; je voudraispubliquement les remercier pour toute leur aide

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à ce sujet et leur dire ma certitude que cettecollaboration se poursuivra à l’avenir, tant ellefait partie du « cœur de métier » et de notreAssociation.

Oserais-je vous dire que, comme chaque année,notre Association a été représentée à Campus,à l’Unesco, où nos inoxydables intervenants,Julie Couturier et Denis Talon sont intervenuspour porter la bonne parole sur les procéduresciviles d’exécution.Qu’ils en soient à nouveau chaleureusement etpubliquement remerciés car ce typed’enseignement est un travail délicat à l’égardduquel nos confrères sont à la fois très attentifset toujours prompts à la critique.Or, que je sache, jamais le moindre écho négatifne m’est revenu des interventions de tous ceuxque je viens de citer.

Je voudrais enfin publiquement remercier notreconfrère Véronique Marre qui a bien voulu,quasiment au pied levé, partir porter la bonneparole à Nancy pour exposer auprès de nosconfrères du « grand-Est », l’esprit et les ressortsde la nouvelle procédure d’appel.Qu’elle en soit remerciée car ce n’est pas siévident d’aller ainsi porter la bonne paroleauprès d’un public, certes de confrères, mais quin’est pas ceux que nous fréquentons de près oude loin à Paris, ce qui peut être parfois un peuintimidant.La remise des prix de l’EFB a été l’occasion pournotre Association de faire sa promotion enremettant aux deux lauréates de cette année,Mesdemoiselles Céline Etre et Marie-Amandine Stevenin, qui ont toutes les deuxobtenu la même note, à savoir 18/20, le prixDroit et Procédure dont je vous ai dit tout à

l’heure qu’il portait le nom du regretté BâtonnierMario Stasi.Ces prix, annoncés pour la 3ème fois à l’occasionde la remise des prix, seront formellement remisaux récipiendaires lors de notre prochain dînerannuel, puisque cette formule inaugurée il y adeux ans, a eu, je crois, vos faveurs et en tousles cas, celle de la presse judiciaire puisque Jean-René Tancrède, à la tête des Annonces de laSeine, a bien voulu à nouveau en faire le compte-rendu dans les colonnes de son journal, toujoursfidèle envers notre Association dont il faitrégulièrement la promotion, et je tienspubliquement à l’en remercier chaleureusement.Les prix consistaient jusqu’à présent en unchèque et en un « beau livre », celui des carnetsde voyages de l’amiral Bigot sur le Belem lors dela sortie en mer de Droit et Procédure en 2011.Cette année, le prix se double d’une bellepromotion de la Maison Bosc qui offre une robed’avocat à chaque lauréate …J’ai pris sur moi, par un premier et dernieroukaze présidentiel d’accepter ce cadeau de lanoble maison avec comme contrepartie de luilaisser mettre son nom sur les «  marques-places » du dîner, d’installer une gravure enbonne place et d’accompagner le Président lorsde la remise  –  symbolique puisque lesintéressées auront déjà eu leur robe – de ce beaucadeau.La remise du prix participe du mouvementengagé il y a maintenant trois ans, de favoriserle recrutement de jeunes et je crois que, grâceà Antoine Kirry en son temps, et maintenant àJean-Pierre Grandjean, ce mouvement est bienamorcé, de nombreux jeunes collaborateurs decabinets d’affaires nous ayant rejoints, ce quitémoigne de l’attractivité de notre Associationenvers les plus jeunes, et je m’en félicitevraiment.

Je ne reviendrai pas sur nos relations avecl’Ordre  : elles sont excellentes au fil desBâtonniers, et il est certain que le fait que nouscomptions, au sein du conseil, plusieurs de nosmembres (je pense à Michèle Brault, auxBâtonniers Jean-Yves Le Borgne, Yves Repiquet,Christian Charrière-Bournazel, Paul-AlbertIweins, Jean-Marie Burguburu, au futur Vice-Bâtonnier Laurent Martinet, à AnabelleBoccara, à Louis-Bernard Bucheman, mais aussià Thomas Baudesson et Dominique Piau) quisont des relais sûrs de notre Association dansl’institution ordinale, et réciproquement.

En cette troisième année, je ne m’étendrai passur l’arrivée des anciens avoués à la Cour au seinde notre conseil d’administration ; c’est un faitmaintenant acquis et ça a été un très grandapport.Mais je voudrais toutefois remercier à nouveauEmmanuel Jullien qui s’implique toujoursbeaucoup dans nos travaux, avec humour etsurtout avec beaucoup de gentillesse etd’humilité car il témoigne de ce que la fusion-absorption des avoués par la profession d’Avocat(à la seule initiative du législateur, je m’empressede le rappeler) s’est faite harmonieusement eta été un apport d’une grande richesse.Je n’en dirai pas plus, de peur de faire de la peineà nos amis anciens avoués sur la manière dontils ont été traités par un appareil d’Etat, commeà l’accoutumé, peu regardant sur les méthodesdès lors que le but qu’il s’est fixé est atteint.

Derniers points de ce dernier rapport, le dîner,la journée des Associations et nos voyages etcongrès lointains.- Le dîner au Polo de Paris l’été dernier a été ungrand moment de convivialité, comme àl’accoutumée, même si, exceptionnellement,Madame Chantal Arens n’a pas pu se déplacer,se faisant fort agréablement remplacer parMadame Bénédicte Farthouat dont j’ai parlétout à l’heure, qui n’est autre que la fille duBâtonnier Farthouat.Monsieur Degrandi, qui était personnellementprésent, en revanche, a beaucoup milité enfaveur de l’approfondissement des travaux quenous avions entamés avec la Cour d’appel surla structuration des écritures, pour que nousnous y intéressions aussi au niveau du Tribunal,ce qui, comme je vous l’ai dit à plusieurs repriseset même écrit dans la Gazette du Palais, meparait difficile du fait des obstacles importantsqui se dressent.Comme à l’accoutumée, ça a été un grandmoment de convivialité et le Bâtonnier de Parisa pu redire tout le bonheur qu’il avait de partagerces instants avec nous.C’est aussi l’occasion de se revoir et comme jel’ai dit tout à l’heure, de découvrir de nouvellestêtes, parmi lesquelles les lauréats du prix denotre association. (…)

Conclusion

Voilà, j’ai formellement terminé mon rapport.Je voudrais vous redire tout le bonheur que j’aieu à présider cette Association pendant troisans.J’ai déjà, au cours des deux années précédentes,dit tout le plaisir que j’ai eu à travailler avecchacun des membres de mon conseild’administration, et j’ai déjà eu l’occasion de vousdire, en aparté l’an dernier, que de toutes lesfonctions ordinales ou para-ordinales, en tousles cas, professionnelles que j’ai eu à exercer, laprésidence de cette Association aura été cellequi m’aura le plus apporté en termes desatisfactions, de convivialité, d’amitié et, pourtout dire, de confraternité.Vous pouvez être fiers d’appartenir à Droit &Procédure et Droit & Procédure peut être fièred’avoir des adhérents comme vous : efficaces,dévoués, attentifs aux autres, vous êtes unmodèle pour beaucoup de nos confrères et jevoulais vous en féliciter.Je quitte cette présidence avec le regret de nepas avoir réussi à faire tout ce que j’aurais voulufaire :-  Je voulais plus de jeunes, je voulais plusd’ouverture vers l’extérieur et surtout,l’université.- Je pense que nous avons fait des progrès et jevous en remercie car c’est à vous que je le dois.Pour autant, tout n’est pas terminé, loin s’en faut,beaucoup de choses restent à faire et je ne doutepas que mon successeur, que le conseild’administration élira après cette assemblée,aura à cœur de s’y atteler.Je crois que je lui laisse, grâce à vous, une foisde plus, une Association en ordre de marche.Encore merci.A très bientôt.

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Julie Couturier et Stéphane Lataste

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Adjudications

HAUTS-DE-SEINE

Vente aux enchères publiquesau Palais de Justice de NANTERRE6, rue Pablo Neruda, rez-de-chaussée, salle B

Le jeudi 7 février 2013 à 14 heures 30

UN APPARTEMENT EN TRES BON ETATà 92370 CHAVILLE (Hauts-de-Seine)38, rue Roger Salengro

dans un immeuble ancien au 3ème et 4ème étage

Dans un ensemble immobilier cadastré section AD n° 28 pour une contenancede 5 a 30 ca. Les lots numéros : 35 - 20 et 31 :

- UN APPARTEMENT au 3ème et 4ème étage de 37,40 m².Lʼappartement est en très bon état, dans un immeuble ancien.

- UNE CAVE n° 20- UNE AIRE à usage de JARDIN ou ACTIVITES DIVERSES MEMES

COMMERCIALES sur laquelle est édifié un petit local.

Mise à Prix : 75 000 €

Pour tous renseignements, sʼadresser au :- Cabinet de Maître Sophie JEAN, Avocat inscrite au Barreaude Nanterre, domiciliée 42, rue Horace Vernet92130 ISSY LES MOULINEAUX - Téléphone : 01 53 63 14 65- Cabinet de Maître Marc de CHANAUD, Avocat plaidant,inscrit au Barreau de Versailles, domicilié 56, rue Nationale78200 MANTES LA JOLIE - Téléphone : 01 30 33 06 07- Greffe du Juge de lʼexécution du Tribunal de Grande Instancede Nanterre, où le cahier des conditions de vente est déposé.

Visites sur place le 29 janvier 2013 de 9 heures 30 à 10 heures 30.

Nota : On ne peut enchérir que par le ministère d'un avocat inscrit au Barreau deNanterre.

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Palmarès

Pacte nationalpour la compétitivitépar Pierre Moscovici

e me réjouis de me joindre à vous pour cettenouvelle édition du prix du manager del’année du Nouvel Economiste,opportunément placée cette année sous lesigne de la compétitivité.

Nous partageons tous un défi d’intérêtcommun : rendre les entreprises françaises pluscompétitives, pour leur permettre de sedévelopper, d’innover, d’exporter etd’embaucher. Ce défi, c’est d’abord et avant toutaux entreprises de le relever, avec leur savoir-faire, leurs atouts, leur talent. Mais il revient auGouvernement d’être à leurs côtés, de les mettreen position de réussir, et de leur dire sa confiance.

Il y a parfois de ces moments cruciaux enpolitique, où un cap est franchi parce qu’unecause nationale fait soudain l’objet d’unemobilisation unanime. Je crois que c’est ce quis’est passé avec le rapport Gallois, dont l’ondede choc s’est propagée en profondeur auprèsdes décideurs du public comme du privé. Cerapport a comme cristallisé une prise deconscience, un sursaut, autour de la nécessairereconquête de la compétitivité française.

Le diagnostic était posé, il fallait s’en saisir. Nousdevions convaincre. Le temps du bilan viendra.Mais nous avons surpris. En bien, je l’espère, je lecrois, pour notre pays, ses entreprises, ses salariés.(…)Avant de conclure, je voudrais dire que chacunà leur manière, les lauréats distingués ce soirincarnent cette recherche de la compétitivitéqui nous mobilisent tous, entreprises etpouvoirs publics confondus.Alexandre de Juniac, qui peut s’appuyer sur lesatouts fondamentaux de l’un des premiersgroupes mondiaux de transport aérien dans uncontexte concurrentiel fort ; Je note d’ailleursconcernant ce premier lauréat, qui a longtempsoccupé le bureau qui jouxte le mien qu’on voitque de hautes fonctions à Bercy mènent à tout,y compris à l’excellence managériale...Olivier Schrameck que je connais depuislongtemps, qui a été mon patron, commeDirecteur de cabinet de Lionel Jospin, Ministrede l’Education Nationale, entre 1988 et 1990,qui a beaucoup appris au jeune conseiller quej’étais alors, et avec qui j’ai beaucoup travaillélorsqu’il animait l’équipe du Premier Ministreentre  1997  et  2002. Nous sommes amis, jeconnais sa rigueur, qu’il a démontré avec laCommission chargée de la rénovation et de ladéontologie de la vie publique, qui a œuvré enfaveur d’une plus grande transparence dontbénéficieront les milieux économiques  ; etJacques-Antoine Granjon, pour le

développement à l’international réussi de sonsite de ventes évènementielles.

Les prix remis ce soir m’invitent à m’interrogersur ce que sera le manager de demain. Plusprofondément, ils m’amènent en fait à me poserla question : quels chefs d’entreprise voulons-nous pour notre économie, également pournotre société ?

La tentation facile de se couler dans une visioncaricaturale dans laquelle le chef d’entrepriseserait l’ennemi n’est pas écartée. Cela seraitcommode : ce n’est pas ma vision. Plus difficilede s’interroger sur ce que nous voulons vraimentcomme dirigeants pour nos entreprises. Laréponse est pour moi claire  : un chefd’entreprise doit être un créateur. Nous devonstourner la page en papier glacé du golden boyqui fabrique de l’argent avec de l’argent : ce n’estpas ce modèle d’entrepreneur là que je souhaitepour les jeunes qui entrent dans la vie active.La réforme bancaire que j’ai présentéeaujourd’hui doit également aider à tourner cettepage, celle d’un certain capitalisme prédateurqui s’est érigé en modèle ces trente dernièresannées. Nous voulons des chefs d’entreprise quiconstruisent plutôt qu’ils ne réussissent debrillants coups de bourse. Des industriels avantd’être des financiers. Nous souhaitons descréateurs de valeur, une valeur qui n’est qu’uneunité monétaire : un chef d’entreprise doit êtreun créateur de valeur sociale avec ses salariés,pour la société toute entière. Cela ne se décrètepas, cela se construit et la puissance publiquedoit y jouer un rôle.

2013 sera une année difficile. Je l’ai dit, par lucidité,par souci de la vérité. Mais mon diagnostic n’apas été qu’à moitié entendu et je voudraisterminer en vous disant ceci : nous allons réussir.Pas à pas, pierre après pierre. Pas en deux jours,bien sûr. Sortir de la crise, réorienter notreéconomie, moderniser ses structures, demandede la détermination et de l’énergie, et surtout dutemps. Mais nous allons y arriver. J’ai confiance.Confiance dans nos entreprises, qui sont notrepremier atout. Confiance dans notre stratégieéconomique, parce nous faisons les bons choix.Confiance dans l’avenir, parce que le travail et lecourage paient. Je souhaite que cette confiancesoit partagée.Merci. 2012-904

Le Nouvel EconomistePrix 2012 du « Manager de l’Année : pour une économie française compétitive »

Paris, 19 Décembre 2012

Pour suivre une tradition maintenant bien établie, le Président du Nouvel Economiste Henri Nijdam a organisé la cérémonie de remise des prix de sarevue au Palais d’Iéna où Jean-Paul Delevoye accueillait les prestigieux invités de l’Officiant au premier rang desquels Pierre Moscovici, Ministre del’Economie et des Finances. Cette 37ème édition, placée ce 19 décembre sous le signe de la compétitivité, a désigné des chefs d’entreprise qui ont été reconnuspour leurs réflexions, engagements et actions.Le prix du « Capitaliste de l’année » a été décerné à Jacques-Antoine Granjon pour avoir inventé le modèle des ventes privées sur internet (vente-privee.com). Le prix du « Régulateur de l’année » a été remis à Olivier Schrameck pour ses actions à la tête de la Commission de Rénovation et deDéontologie de la Vie Publique : l’amélioration du bon fonctionnement des institutions politiques est l’élément essentiel qui structurera et rénovera lagouvernance publique pour le Président de la section du rapport et des études du Conseil d’Etat. Enfin, Alexandre de Juniac, Président d’Air France, areçu le prix du « Manager de l’année » pour ses ambitions en termes de qualité de service et de nombre de passagers transportés par la prestigieusecompagnie aérienne qui espère redevenir leader mondial dès 2016.Nous publions ci-après des extraits du discours du Ministre de l’Economie qui a notamment évoqué les grandes lignes du pacte national pour lacompétitivité et nous adressons nos chaleureuses félicitations aux lauréats. Jean-René Tancrède

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