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1 Union Nationale des Étudiants de France n°288 - Hors-série Mars - Avril 2009 2 euros Le magazine engagé des étudiants Étudiants de France DANS CE NUMÉRO : • le bilan d’activité 2007- 2009 PRÉSENTÉ par la Majorité nationale • les textes des TENDANCES DE l’UneF • les contribUtions des sensibilités e e PARTICIPEZ ET VOTEZ ! EDF textes total.indb 1 11/03/09 13:21:31

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Etudiant de France spécial congrès

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Page 1: EDF Texte congrès

1

Union Nationale des Étudiants de Francen°288 - Hors-série Mars - Avril 20092 euros

Le magazine engagé des étudiants

Étudiants de France

dANs ce NUMÉro :

• le bilan d’activité 2007-2009 prÉseNtÉ par la Majorité nationale

• les textes des teNdANces de l’UneF

• les contribUtions des sensibilités

ee

participez

et votez !

EDF textes total.indb 1 11/03/09 13:21:31

Page 2: EDF Texte congrès

2 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

RappoRt d’activité2 ans avec l’unef

MaRs 2007 - MaRs 2009Le dernier congrès de l’UNEF à Lille, en mars 2007, a été l’occasion de fêter le centenaire de l’organisation mais également pour l’ensemble du syndicat, un mois avant les élections présidentielles, de se rassembler derrière un projet ambitieux et offensif qui avait réuni plus de 80% des votes des adhérents.Forts de ce mandat et des lignes jaunes définies pendant ce congrès, l’ensemble des militants des sections locales de l’UNEF ont mené pendant deux ans une activité déterminée contre les différentes attaques portées contre le service public d’enseignement supérieur et les droits étudiants. Cette période qui s’écoule a en effet été une période marquée par l’élection de Nicolas Sarkozy, et avec elle l’accélération des réformes visant à détruire les systèmes de solidarité collective. Ce sont donc deux années où l’UNEF a dû mettre toutes ses forces dans la bataille pour préserver le service public d’enseignement supérieur, et se battre pour conquérir de nouveaux droits pour les étudiants. L’UNEF a su défendre l’ensemble des étudiants sur les universités mais elle est également intervenue auprès des pouvoirs publics en utilisant tous les leviers pour faire avancer son projet. Pétitions, mobilisations, grève, interpellations, rencontres nationales, travail d’expertise et de propositions…, l’UNEF est intervenue sur toutes les problématiques de l’enseignement supérieur, et , en lien avec les syndicats de salariés, a également inscrit son action dans les les mobilisations contre la remise en cause des services publics et de notre système de protection sociale.

En deux ans, l’UNEF s’est affirmée comme un acteur central de l’enseignement supérieur et du mouvement social. Les étudiants ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : ils sont toujours plus nombreux à adhérer, à militer et à soutenir l’organisation.

Voici donc le bilan présenté par la Majorité Nationale de l’activité menée par l’UNEF ces deux dernières années.

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Page 3: EDF Texte congrès

3Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Mars 2007

80ème congrès de l’UNeF : l’UNEF orga-

nise son congrès et fête ses 100 ans du 22 au

25 mars à Lille. A quelques semaines des élec-

tions présidentielles, l’UNEF assume son rôle

de porte-voix de la jeunesse en interpellant les

différents candidats. Elle fixe les 7 exigences et

lignes jaunes des étudiants et met en garde les

candidats contre toute tentative d’attaque à l’en-

contre des jeunes et du service public d’ensei-

gnement supérieur.

du 26 au 29 mars : comme chaque année,

l’UNEF organise le Festival étudiant contre le

racisme et les discriminations, dans plus de 25

A.G.E.

avril 2007

campagne d’interpellation : après son

congrès l’UNEF lance sur les universités la der-

nière phase de sa campagne d’interpellation

des candidats à l’élection présidentielle sur les

7 exigences des étudiants.

14 avril : l’UNEF participe à la « Marche des

Oubliés » organisée avec l’association AC Le

Feu.

22 avril : Suite aux résultats du premier tour

de l’élection présidentielle et au vu du danger

que représentent les propositions avancées

pendant la campagne par le candidat de l’UMP,

l’UNEF appelle les étudiants à battre la droite au

second tour.

Mai 2007

Manifestation du 1er mai : Entre les deux

tours de l’élection présidentielle, l’UNEF appel-

le les étudiants à descendre dans la rue pour

imposer dans le débat les questions sociales.

le 6 mai, nicolas sarkozy est élu prési-

dent de la république : l’UNEF prend acte du

résultat et rappelle l’urgence

à répondre aux aspirations

des jeunes.

Arrêté sur les études de

droit : l’UNEF lance une

campagne dans les universi-

tés pour dénoncer un arrêté

qui vise à reconnaître pour

deux mentions du diplôme

de l’IEP de Paris le statut de

première année de master de droit.

l’esib, l’organisation étudiante européen-

ne, dont l’UneF a participé à la création,

devient l’esU (European Student’s Union),

marquant ainsi un premier tournant syndical de

l’organisation.

Juin 2007

sos examens : à travers des tracts d’infor-

mation et des permanences syndicales, l’UNEF

permet que les droits étudiants soient respectés

pendant la période des examens.

Mobilisation des iFsi : l’UNEF participe et

organise la mobilisation des étudiants en soins

infirmiers, notamment les journées de manifes-

tation du 24 mai et 14 juin, qui exigent la recon-

naissance de leur formation au niveau licence.

La mobilisation contraint Roselyne Bachelot,

ministre de la santé à l’ouverture de négocia-

tions.

Marche des Fiertés : l’UNEF participe, le 30

juin à la marche des fiertés avec l’intersyndica-

le de l’éducation.

Juillet 2007

1er et 2 juillet : le Collectif National de l’UNEF

rassemble près de 500 militants, deux mois

après l’élection de Nicolas Sarkozy, et pose des

exigences au moment où les discussions sur la

loi sur l’autonomie des universités sont déjà très

avancées.

2 juillet : Avec l’ensemble des organisations

syndicales de l’enseignement supérieur et la

CPU, l’UNEF organise les Assises de l’Ensei-

gnement Supérieur, pour demander une autre

loi et mettre en avant ses priorités pour l’univer-

sité et les étudiants.

chaînes d’inscription : comme tous les ans

au mois de juillet, l’UNEF accueille dans l’en-

semble des univer-

sités les étudiants

lors de leur inscrip-

tion pour les aider à

s’orienter et en leur

proposant d’adhérer.

Le nombre d’adhé-

rents de l’UNEF aug-

mente de 15%.

Frais illégaux : Pour la troisième année

consécutive, l’UNEF publie son palmarès des

universités qui pratiquent des frais d’inscrip-

tion illégaux. Une université sur deux est hors la

loi. L’UNEF informe les étudiants et engage des

recours devant les tribunaux administratifs.

voyage d’étude à rabat et alger : l’UNEF

organise du 21 au 28 juillet 2007 un voyage

d’étude pour étudier les modalités d’accès des

étudiants étrangers à l’espace d’enseigne-

ment supérieur français. Elle y rencontre tous

les acteurs locaux de l’enseignement supérieur

(universités, ambassades, organisations étu-

diantes…).

Depuis plusieurs années, les conditions de vie

et d’études des étudiants étrangers se dégra-

dent de manière dramatique. Ils sont victimes

d’une politique d’immigration qui se durcit et les

place en permanence sous la menace de l’ex-

pulsion. Ces deux dernières années, l’UNEF

a travaillé, aux côtés des associations d’étu-

diants étrangers, à tous les niveaux pour faire

avancer les droits des étudiants étrangers.

- L’UNEF défend des centaines d’étudiants

dans ces permanences « étudiants étrangers

». Elle développe les permanences dans plus

de 10 universités.

- Du 21 au 28 juillet 2007, l’UNEF organise un

voyage d’étude à Rabat et à Alger pour étudier

les modalités d’accès des étudiants étrangers

à l’espace d’enseignement supérieur français.

Elle dénonce la sélection pratiquée par les

CEF.

- En juillet 2008, à Paris 8, l’UNEF obtient la

régularisation de 28 étudiants en situation irré-

gulière.

- L’UNEF obtient l’accès des étudiants étran-

gers au fonds national d’aide d’urgence.

- Chaque année l’UNEF a organisé une ren-

contre nationale des étudiants étrangers.

Zoom sur...

La défense des étudiants étrangers

EDF textes total.indb 3 11/03/09 13:21:44

Page 4: EDF Texte congrès

4 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

août 2007

le 11 août : la loi relative aux responsabilités

et libertés universités est adoptée par le Parle-

ment. L’UNEF dénonce une loi mauvaise et dan-

gereuse pour le service public d’enseignement

supérieur.

septeMbre 2007

Pour la troisième année consécutive, l’UNeF

publie son panier de l’étudiant et dénonce

la baisse continue du pouvoir d’achat étudiant :

en 5 ans, les dépenses ont augmenté de 27,2%

alors que les aides n’ont augmenté que de 10%.

L’UNEF lance une grande campagne de péti-

tions pour exiger des mesures d’urgence.

Fête de l’Humanité : l’UNEF y tient un stand

et y mène sa campagne sur le pouvoir d’achat

des étudiants.

octobre 2007

2 et 3 octobre : le collectif national de l’UNEF

rassemble près de 500 militants. L’UNEF lance

sa campagne « 15 milliards pour les riches et

combien pour les étudiants ? » et appelle les

étudiants à se mobiliser pour obtenir de pro-

fondes modifications de la LRU, un réengage-

ment budgétaire de l’Etat dans l’enseignement

supérieur et des mesures sociales pour les étu-

diants.

L’UNEF accueille ses adhérents et tous les

étudiants en organisant des réunions de rentrée

sur tous les campus.

bourses aux livres : l’UNEF organise la soli-

darité en animant les bourses aux livres dans de

nombreuses universités.

loi sur le regroupement familial : l’UNEF

participe à la journée de mobilisation du 20 octo-

bre contre le projet de loi du ministre de l’immi-

gration et de l’identité nationale qui vise à durcir

les critères de regroupement familial, nouvelle

étape dans le processus de stigmatisation des

immigrés, après les lois CESEDA.

régimes spéciaux de retraite : l’UNEF

appelle les étudiants à se mobiliser aux côtés

des salariés pour la défense des régimes spé-

ciaux, et participe à la journée d’action du 18

octobre. Le pays est perturbé pendant plusieurs

semaines. Le gouvernement est contraint d’ap-

porter des compensations aux salariés.

noveMbre 2007

FerUF : l’UNEF présente des listes aux élec-

tions des conseils de résidence universitaire.

De nombreux candidats de l’UNEF sont élus

et travaillent au quotidien pour améliorer les

conditions de vie des étudiants en résidence

universitaire.

Franchises Médicales : l’UNEF signe un

appel unitaire contre la mise en place de fran-

chises médicales et participe à la journée de

mobilisation du 30 novembre contre ce nouvel

affaiblissement de la protection sociale.

DéceMbre 2007

8 décembre : l’UNEF organise les Etats

Généraux pour la réussite de tous à l’université

et publie une plateforme de 50 revendications.

bruno julliard quitte l’UneF après 2 ans et

demi passés à sa tête. jean-baptiste prévost,

étudiant à l’iep de paris et à l’université de

paris 1, lui succède.

13 décembre : Valérie Pécresse annonce les

orientations du plan réussite en licence. A cette

occasion, 740 millions d’€ sont débloqués pour

favoriser la réussite des étudiants. Ce plan est

une première réponse au chantier imposé par

l’UNEF dès l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pou-

voir. Il permet de reconnaître que la responsabi-

lité de l’échec ne repose pas sur l’étudiant mais

sur le système universitaire. L’UNEF salue une

base de travail intéressante, mais dénonce l’ab-

sence d’augmentation de l’encadrement.

postes aux concours : juste avant les vacan-

ces de Noël, le ministre de l’éducation natio-

nale annonce une baisse de 9,7% des postes

ouverts aux concours de l’enseignement pour

2008. L’UNEF dénonce une nouvelle saignée

et lance une campagne avec les syndicats de

l’éducation.

sos examen : l’UNEF lance sa campagne

sur toutes les universités pour informer les étu-

diants de leur droits. Elle défend plusieurs cen-

taines d’étudiants.

Janvier 2008

immigration : l’UNEF et RESF lancent un

appel et participent à la journée de manifesta-

tion du 19 janvier contre la politique du gouver-

nement en matière d’immigration.

l’UneF dénonce la réforme des bourses

et la suppression des « points de charge »

et lance une campagne de recensement de l’en-

semble des étudiants lésés.

16 janvier : l’UNEF est reçue par Nicolas

Sarkozy. Elle dénonce l’absence de réponse

à la situation sociale des étudiants et annonce

que les étudiants ne seront pas des figurants du

«sarkoshow» dans les mois qui viennent..

journée de mobilisation dans l’éducation :

le 24 janvier, 400 000 personnes manifestent

à l’appel de l’UNEF et de l’ensemble des syndi-

cats de l’éducation pour exiger des créations de

postes dans l’enseignement supérieur et refu-

ser les suppressions dans les collèges et les

lycées.

21 janvier : le député, Jean-Paul Anciaux,

remet à la ministre son rapport sur le logement

étudiant. L’UNEF rend public sa contribution et

les revendications qu’elle porte sur le logement

étudiant, en pointant les retards inacceptables

du plan Anciaux 1.

Février 2008

stages : le décret garantissant une gratifi-

cation des stages à hauteur de 30% du SMIC

EDF textes total.indb 4 11/03/09 13:21:50

Page 5: EDF Texte congrès

5Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Retour sur six mois de bras de fer pour défendre le service public d’enseignement supérieur

l’adoption à marche forcée d’une loi contestée

Dès la campagne présidentielle, le ton était donné : Nicolas Sarkozy alors can-didat souhaitait réformer l’université sur la base du modèle américain, déclarant par exemple que « le problème des droits de scolarité devra franchement être posé », que « l’Etat n’est pas obliger de financer les filières qui conduisent au chômage » comme les lettres classiques… L’UNEF pose alors très clairement des lignes jau-nes lors sa campagne d’interpellation des candidats à la présidentielle. Elle obtient un premier recul : au lendemain des élec-tions législatives, le premier ministre an-nonce que la réforme de l’université ne modifiera ni le libre accès, ni le caractère national des droits d’inscription. Confron-tée à une réforme à marche forcée, l’UNEF demande au gouvernement de revoir son calendrier.

Face au refus du gouvernement de modi-fier son calendrier, dans un contexte où les étudiants ne sont pas présents dans les universités, et consciente du rapport de force, l’UNEF fait le choix de s’investir en juin dans les négociations pour défen-dre les droits des étudiants. L’UNEF dé-nonce le premier projet présenté par le gouvernement, insistant sur 3 points : la démocratie car un CA à 20 membres et 3

élus étudiants n’est pas acceptable, l’ins-tauration de la sélection à l’entrée du mas-ter et le caractère national de l’autonomie qui peut varier selon les établissements qui créerait des statuts d’université à deux vitesses. L’UNEF vote contre le projet de loi présenté en CNESER du 22 juin. Forte du rapport de force suite à ce vote, l’UNEF obtient 2 reculs du gouvernement : pas de sélection à l’entrée du master et de statut d’université à 2 vitesses. Malgré un rejet de la loi par l’ensemble de la communauté universitaire, la discussion se poursuit au Parlement. La loi est définitivement adop-tée par l’Assemblée Nationale le 11 août. L’UNEF dénonce une loi mauvaise et dan-gereuse.

l’UneF appelle les étudiants à se mobiliser

A la rentrée, le gouvernement, non content d’avoir imposé une loi rejetée par la com-munauté universitaire, n’a pas cru bon de respecter les promesses budgétaires des-tinées à accompagner la réforme et à met-tre en place les réformes demandées par les étudiants avec le budget 2008. Pour ces raisons, à la rentrée, l’UNEF appelle les étudiants à se mobiliser pour lutter contre le désengagement politique et financier de l’Etat, introduit par la loi et amplifié par l’absence de moyens. Elle demande aussi des réponses sur l’aides sociales et pour favoriser la réussite des étudiants. A son collectif national d’octobre, l’UNEF lance sa campagne « Sarkozy président, c’est 15 milliards pour les riches, combien pour les étudiants ? » et appelle à des AG.

Le mouvement prend vite de l’ampleur, dans un contexte de la mobilisation des fonctionnaires et contre les régimes spé-ciaux. Le 6 novembre, 6 universités sont bloquées, le 19 novembre, 47. Le 20 no-vembre plus de 50 000 étudiants descen-dent dans la rue aux côtés des fonction-naires. Le 26 novembre, 46 universités sont bloquées. L’UNEF soutient ces blo-cages. Cependant, consciente de l’objectif du gouvernement d’envoyer le mouvement étudiant dans le mur en affichant une fer-meté à toute épreuve, l’UNEF construit le rapport de force le plus important et cherche à obtenir le plus d’avancées pos-sibles à la mobilisation étudiante. L’UNEF

maintient l’unité, malgré des désaccords importants sur certaines revendications ou même sur certaines actions radicales. Face à un gouvernement qui s’attache plus à l’affichage d’une réforme qu’à son contenu véritable, l’UNEF cherche à obte-nir le maximum de garanties et de garde-fous pour répondre aux inquiétudes des étudiants sur le désengagement de l’Etat, les risques de sélection et les inégalités grandissantes entre établissements. C’est pour cette raison qu’elle ne demande pas l’abrogation de la loi mais des modifica-tions sur les points majeurs, à l’image des cheminots qui se battent pour vider sa réforme des régimes spéciaux de son contenu et garantir leurs droits en terme de rémunération, de montant de la retraite et d’âge effectif de départ.

les premières victoires de la mobilisation étudiante

Ainsi, dès qu’elle sent une stagnation du mouvement, l’UNEF,cherche des débou-chés à la mobilisation afin de transformer le rapport de force en avancées, contre les principaux dangers de la loi mais également en réponses aux attentes des étudiants (aides sociales, réussite). Le 27 novembre, la ministre entend enfin la mobilisation étudiante et y apporte de pre-mières réponses en apportant un certain nombre de réponse aux inquiétudes des étudiants : augmentation du budget de l’enseignement supérieur de 50% sur 5 ans, mise en place d’un cadrage national des diplômes, création d’un 6ème échelon de bourses et déblocage de 730 millions d’euros pour la réussite en licence.

Ces premiers éléments constituent des gardes fous importants aux dangers de la LRU. Consciente qu’il ne s’agit que d’un premier pas, mais au vu de la forte baisse de la mobilisation et des tensions gran-dissantes dans les universités, l’UNEF, considérant que la mobilisation ne peut plus s’amplifier, appelle les étudiants à prendre en compte ces avancées, à rester vigilants pour que le gouvernement res-pecte ses engagements. L’UNEF appelle à poursuivre la mobilisation sous d’autres formes pour peser sur la loi quant à la dé-mocratie et aux statuts des personnels.

Mobilisation de l’automne 2007. Fort de sa victoire aux élections présidentielles, et conformément à ses engagements de

campagne, Nicolas Sarkozy annonce dès son arrivée au pouvoir, en mai 2007, d’engager son gouvernement dans une réforme de

l’université. L’UNEF engage un bras de fer pour défendre les droits étudiants et obtenir à la rentrée 2007 les gardes-fous nécessaires

afin de préserver le service public d’enseignement supérieur.

EDF textes total.indb 5 11/03/09 13:21:52

Page 6: EDF Texte congrès

6 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

est publié. Pour l’UNEF, il s’agit d’une première

avancée. L’UNEF publie un projet de réglemen-

tation des stages avec la CGT, FO et Généra-

tion Précaire.

logement : l’UNEF lance une campagne de

pétitions pour exiger 1 milliard d’€ pour construi-

re et réhabiliter les cités universitaires. Elle

obtient 620 millions d’€ et un plan de construc-

tion de 40 000 chambres en cité U.

6 et 7 février : le Collectif National de l’UNEF

rassemble près de 500 militants. Il est l’occasion

de faire le bilan de la mobilisation du premier

semestre et de lancer la campagne de l’UNEF

pour les élections au CROUS.

Mars 2008

1er mars : l’UNEF organise une rencontre

nationale sur la précarité des étudiants, dans

le cadre de sa campagne pour les élections au

CROUS.

l’UneF interpelle les candidats aux élec-

tions municipales autour de 10 priorités.

De nombreux candidats reprennent ses propo-

sitions : à Toulouse, le maire promet la gratui-

té des transports pour les moins de 26 ans ; à

Montpellier, la ville s’engage à construire 3000

logements.

17 au 21 mars : l’UNEF organise le Festival

étudiant contre le racisme et les discriminations,

dans plus de 30 A.G.E.

avril 2008

elections au croUs : du 25 mars au 4 avril,

le projet de l’UNEF, de statut social pour tous

les étudiants, est très largement soutenu par

les étudiants en obtient près de 40% des voix.

L’UNEF confirme sa place de première orga-

nisation étudiante, deux ans après la parodie

d’élections de 2006.

l’UneF soutient le mouvement des

lycéens contre les suppressions de postes

dans les lycées et appelle les étudiants à les

rejoindre. Elle participe à l’ensemble des mani-

festations et se met au service des organisa-

tions lycéennes.

l’UneF dénonce le projet du gouverne-

ment de supprimer les tarifs jeunes à la

sNcF. Face au tollé général, le gouvernement

recule.

l’UneF soutient la mobilisation des tra-

vailleurs sans-papiers.

Mai 2008

1er mai : l’UNEF appelle les étudiants à mani-

fester aux côtés des salariés pour dénoncer les

suppressions de postes dans la fonction publi-

que, la baisse du pouvoir d’achat et la réforme

des retraites.

retraites : l’UNEF manifeste aux côtés des

salariés pour exiger un système de retraite soli-

daire. Elle lance un appel « la retraite une affaire

de jeunes » avec 13 organisations syndciales et

de jeunesse pour protester contre l’allongement

de la durée de cotisation et exiger la prise en

compte des années d’étude dans le calcul des

retraites.

10 et 11 mai : l’UNEF organi-

se à Evry la rencontre nationale des élus étu-

diants, qui rassemble près de 400 élus étudiants

de toute la France. Elle publie son plan d’action

des élus étudiants.

13 mai : pour les 40 ans de mai 68, l’UNEF

organise une conférence avec Jacques Sau-

vageot, vice-président de l’UNEF à l’époque et

l’ensemble des responsables des organisations

syndicales (CGT, UNSA, FO, FSU, CFDT).

Ces deux dernières années, l’UNEF a placé

au cœur de son activité la bataille pour la

réussite de tous les étudiants. Lors des élec-

tions présidentielles de mai 2007, l’UNEF a

interpellé l’ensemble des candidats sur la

situation catastrophique des 1ers cycles en

mettant au cœur du débat la question de

l’échec. Une fois installé, l’UNEF obtient du

nouveau gouvernement l’ouverture du chan-

tier « réussite en licence ». Cependant la mi-

nistre ne semblait pas pressée de faire abou-

tir ce chantier, résolue à ne pas débloquer

de moyens budgétaires. Sous la pression du

premier semestre, la ministre est contrainte

d’annoncer un plan pour la « réussite en li-

cence » financé à hauteur de 730 millions

d’€ sur 5 ans. Ce plan reprend nombre de

propositions de l’UNEF formulées quelques

jours plus tôt à l’occasion d’une rencontre na-

tionale sur la réussite des étudiants.

Pour l’UNEF, le plan licence est une avan-

cée importante car le gouvernement recon-

naît enfin la responsabilité du système dans

l’échec des étudiants, particulièrement en

1er cycle. L’échec ne repose plus sur la res-

ponsabilité individuelle des étudiants mais

sur les insuffisances du système d’ensei-

gnement supérieur. Les orientations du plan

licence (augmentation du volume horaire,

suivi individualisé…) seront autant de points

d’appui pour l’UNEF pour demander la mise

en place de dispositifs de lutte contre l’échec

dans les universités.

Cependant, alors que l’amélioration de l’en-

cadrement des étudiants fait parti des priori-

tés du plan licence la ministre n’accompagne

ses bonnes intentions d’aucune création de

postes d’enseignants et personnels admi-

nistratifs. En novembre 2008, l’UNEF dresse

un premier bilan de son application. Celui-ci

est sans appel loin de la « révolution » pro-

mise, le plan licence a été mis en œuvre «

avec modération » et « à la carte » par les

universités. En l’absence de recrutement, de

cadre règlementaire contraignant, le statu

quo a souvent été la règle et l’ambition une

exception.

Zoom

sur

...

La bataille pour la réussite des étudiants

Zoom

sur

...

EDF textes total.indb 6 11/03/09 13:24:27

Page 7: EDF Texte congrès

7Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Marche des fiertés : l’UNEF participe, à la

marche des fiertés avec l’intersyndicale de l’édu-

cation. Elle adhère au collectif inter-LGBT.

elections de la lMde : l’UNEF poursuit son

investissement dans le mutualisme étudiant et

soutient des listes pour l’élection des délégués

à l’Assemblée Générale de la LMDE. Elle sort

majoritaire de ces élections. Ces délégués, et

de nombreux militants de l’UNEF, participent au

Congrès de la LMDE à Grenoble qui est l’occa-

sion de célébrer les 60 ans du régime de sécuri-

té sociale étudiant.

Juillet 2008

5 et 6 juillet : le Collectif National de l’UNEF

rassemble plus de 500 militants pour faire le

bilan d’un semestre très chargé, et victorieux

sur le plan électoral.

chaînes d’inscription : comme tous les ans

au mois de juillet, l’UNEF accueille dans l’en-

semble des universités les étudiants lors de

leur inscription pour les aider à s’orienter et leur

proposer d’adhérer. Le nombre d’adhérents de

l’UNEF augmente encore.

elections au cNeser : tous les 2 ans l’en-

semble des élus étudiants élisent leurs repré-

sentants au conseil national de l’enseignement

supérieur et de la recherche. L’UNEF rempor-

te 42% des suffrages, soit 5 sièges sur 11. Elle

confirme sa place de première organisation étu-

diante.

début juillet sont annoncés les montants

des droits d’inscription pour l’année. Pour

2008/2009, l’augmentation dépasse les 4%.

L’UNEF dénonce une hausse intolérable au vu

de la dégradation de la situation sociale des étu-

diants.

Frais d’inscription illégaux : l’UNEF rend

public pour la 4ème année consécutive son pal-

marès 2008 des universités hors la loi. 40% des

principes de sa réforme, ainsi que le projet de

« masterisation » programmé pour 2010. Si

l’UNEF est favorable à la reconnaissance diplô-

mante des deux années de formation dispen-

sées à l’IUFM, elle dénonce un projet guidé

avant tout par une logique d’économies budgé-

taires conduisant à la suppression des IUFM et

au désengagement de l’Etat de la formation des

enseignants.

18 juin : l’UNEF organise un rassemblement

devant le ministère contre la réforme des points

de charge et dépose les dossiers de près de 200

étudiants « recalculés ». Le ministère reconnaît

que sa réforme des bourses pose problème et

fait des perdants. Face à la pression des étu-

diants, il est obligé de débloquer 15 millions d’€

pour compenser la baisse des bourses des étu-

diants « recalculés ».

plan campus : l’UNEF publie un tour de

France des universités laissées pour compte

par l’opération campus, et exige que 1,5 milliard

d’€ soient alloués à la rénovation de l’ensemble

des sites universitaires dégradés.

l’UneF réalise 48% des voix aux élections

au cNoUs et retrouve sa première place en

obtenant 4 sièges sur 8.

Juin 2008

sos examens : à travers ses tracts d’infor-

mation et ses permanences syndicales, l’UNEF

permet que les droits étudiants soient respectés

pendant la période d’examens.

baisse des aides au logement : l’UNEF

lance une grande campagne de pétitions contre

la baisse programmée des aides au logement et

obtient plusieurs dizaines de milliers de signatures

en quelques jours. La ministre du logement, Chris-

tine Boutin, ajourne son projet de modification des

critères d’attribution des aides au logement.

réforme de la formation des enseignants :

le 2 juin, Nicolas Sarkozy annonce les grands

Contre la précarité : un statut social

pour tous

Les droits d’inscription nationaux sont fixés

chaque année par arrêté ministériel. Ce-

pendant certaines universités mettent en

place en toute illégalité des frais d’inscription

supplémentaires pouvant s’élever jusqu’à

plusieurs centaines d’euros. Depuis 2005,

l’UNEF se bat pour faire cesser ces pratiques

et faire rentrer les universités dans la légalité.

Chaque été, pendant les inscriptions, l’UNEF

dresse son palmarès des universités hors-

la-loi.

En juillet 2007, son recensement montre, que

malgré les poursuites engagées contre cer-

tains établissements, une université sur deux

a encore recours à ces pratiques. La ministre

de l’enseignement supérieur s’engage alors

à faire supprimer tous les frais d’inscription il-

légaux. En septembre, force est de constater

que de nombreuses universités sont encore

hors-la-loi. L’UNEF demande que la situation

de chaque université soit examinée en CNE-

SER. Sur la base du recensement de l’UNEF,

une réunion est organisée par le ministère.

Sous la pression de l’UNEF et du ministère

toutes les universités suppriment les frais

d’inscription illégaux pour l’année en cours et

s’engagent à rembourser les étudiants.

En juillet 2008, lorsque l’UNEF fait son re-

censement, si les pratiques illégales recu-

lent 35 universités font de la résistance et

demandent des frais d’inscription dépassant

10 000 € pour certains masters (Aix Marseille

3). Face à la pression de l’UNEF, plusieurs

universités suppriment les frais d’inscription

illégaux (Aix Marseille 2, Littoral, Lyon 2…)

Face à l’opiniâtreté de certains présidents

d’université, l’UNEF engage des recours de-

vant les tribunaux administratifs, notamment

contre l’université d’Aix Marseille 3.

Zoom

sur

... La bataille contre les frais d’inscription illégaux

EDF textes total.indb 7 11/03/09 13:24:38

Page 8: EDF Texte congrès

8 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

universités sont encore dans l’illégalité. Elle réa-

lise des recours gracieux auprès de 35 universi-

tés et attaque plusieurs établissements devant

les tribunaux administratifs.

septeMbre 2008

pour la quatrième année consécutive,

l’UNeF sort son enquête sur le pouvoir

d’achat des étudiants à la rentrée. Le constat

est encore une fois sans appel : alors que les

dépenses obligatoires ne cessent d’augmenter

(+5,9%), les aides n’augmentent pas. La situa-

tion de précarité des étudiants s’accroît donc un

peu plus en cette rentrée. Elle lance sa campa-

gne pour exiger un plan d’urgence pour les étu-

diants.

Fête de l’Humanité : l’UNEF tient un stand

et fait signer de nombreuses pétitions pour sa

campagne de rentrée sur le pouvoir d’achat des

étudiants.

18 septembre : l’UNEF participe au rassem-

blement organisé devant le ministère de l’en-

seignement supérieur, pour dénoncer les 900

suppressions de postes dans les universités

programmées dans le budget 2009. Le rassem-

blement réunit plus de 500 personnes.

rentrée universitaire : l’UNEF accueille ses

adhérents et tous les étudiants en organisant

des réunions de rentrée sur tous les campus.

bourses aux livres : l’UNEF organise la soli-

darité en animant les bourses aux livres dans de

nombreuses universités.

octobre 2008

1er octobre : l’UNEF organise une opération

« RU gratuit » pour protester contre la baisse du

pouvoir d’achat et défendre le service public du

CROUS, remis en cause par le rapport Lambert.

Soutenue par les organisations de personnels

du CROUS, l’UNEF met la pression sur le gou-

vernement et fait ainsi entendre les revendica-

tions des étudiants.

réforme de la formation des enseignants :

le 4 octobre, l’UNEF participe aux états géné-

raux sur la formation des enseignants à l’univer-

sité de Paris 12 avec l’ensemble des syndicats

de l’éducation.

4 et 5 octobre : le collectif national de l’UNEF

qui rassemble plus de 550 étudiants. L’UNEF

lance sa campagne « Sarko, coupable d’atteinte

aux droits étudiants ! » et appelle à des assem-

blées générales sur les universités.

7 octobre : l’UNEF participe à une journée

internationale d’action sur le pouvoir d’achat et

à la manifestation appelée par l’ensemble des

confédérations syndicales.

l’UneF participe à la mobilisation contre

le fichier edviGe et notamment au rassemble-

ment du 16 octobre devant l’Assemblée Natio-

nale. L’importante mobilisation fait reculer le

gouvernement qui est contraint de retirer les

points les plus dangereux pour les libertés publi-

ques de son projet initial.

La rentrée universitaire est marquée par de

nombreuses attaques contre la communauté

universitaire. Non contente de dégrader plus

encore les conditions de vie étudiantes par

sa politique (90% des étudiants voient leur

pouvoir d’achat diminuer à la rentrée), Va-

lérie Pécresse annonce la suppression de

900 emplois dans l’enseignement supérieur.

Cette décision résonne comme une véritable

provocation pour les étudiants. Un an après

les garanties obtenues grâce à la mobilisa-

tion, le compte n’y est pas : en trompe l’œil,

le budget de l’enseignement supérieur est

insuffisant et ne répond pas aux priorités des

étudiants. Contrairement aux engagements,

l’enseignement supérieur n’est pas une prio-

rité budgétaire.

Dans ces conditions, l’UNEF décide de ne

pas en rester là et lance une campagne axée

sur trois revendications principales : un plan

d’action sociale pour les étudiants pour ré-

pondre à la précarité, un plan de recrutement

d’enseignants et de personnels, et le refus

de la mise en concurrence entre des uni-

versités. Parce que le gouvernement reste

sourd aux revendications étudiantes, l’UNEF

décide d’organiser des assemblées généra-

les dans toutes les universités, et impulse

une journée nationale de manifestation le 20

novembre pour mettre un frein aux politiques

menées par le gouvernement. Ces assem-

blées générales vont rassembler de nom-

breux étudiants partout en France (ils sont

plus de 500 à Reims, Clermont, Rennes…)

et vont être une des clés de la réussite de la

journée du 20 novembre. 200 000 personnes

dont 20 000 jeunes descendent dans la rue.

Souvent isolée, l’UNEF fait le choix de prépa-

rer l’affrontement en augmentant le rapport

de force dans les universités. C’est ce qui

a permis notamment que la Ministre tienne

ses engagements sur les 50 000 nouveaux

boursiers, ou d’obtenir des avancées pour

les droits des étudiants dans les universités

(à VSQ, à Paris X, à Rouen…). Ces choix ont

surtout permis de structurer les campus en

portant nos revendications et nos analyses

auprès des étudiants et. Sans ce travail, la

mobilisation des étudiants au second semes-

tre n’aurait pas été possible. Zoom

sur

...

L’UNEF à l’offensive pour porter un coup d’arrêt aux politiques du gouvernement

EDF textes total.indb 8 11/03/09 13:24:42

Page 9: EDF Texte congrès

9Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

19 octobre : l’UNEF appelle les étudiants à

manifester de Paris aux côtés des personnels

de l’éducation pour dénoncer la politique du

gouvernement en matière d’éducation. Cette

journée est une réussite, rassemblant près de

80 000 personnes.

présidence Française de l’Union euro-

péenne : l’UNEF, avec l’ESU et l’International

de l’Education, lance une campagne de péti-

tions sur la mobilité étudiante. Lors de la confé-

rence sur la mobilité organisée à Nancy, l’UNEF

interpelle la ministre de l’enseignement supé-

rieur pour exiger les moyens nécessaires pour

favoriser la mobilité des étudiants.

noveMbre 2008

FerUF : l’UNEF présente des listes aux élec-

tions des conseils de résidence universitaire.

De nombreux candidats de l’UNEF sont élus

et travaillent au quotidien pour améliorer les

conditions de vie des étudiants en résidence

universitaire.

20 novembre : à l’appel de tous les syndicats

de l’Education, plus de 200 000 manifestants

défilent dans les rues de nombreuses villes de

France pour dénoncer la politique éducative du

gouvernement (réforme du lycée, suppressions

de postes…). Plus de 20 000 jeunes descendent

dans la rue à l’appel de l’UNEF.

DéceMbre 2008

1er décembre : l’UNEF participe à la journée

mondiale de lutte contre le SIDA.

budget 2009 : l’UNEF dénonce un budget

2009 pour l’enseignement supérieur en trompe

l’œil et qui tourne le dos aux priorités des étu-

diants. Pour la première fois depuis 15 ans,

900 postes sont supprimés dans les universi-

tés. L’UNEF interpelle les parlementaires et fait

voté des motions dans de nombreux conseils

d’administration d’université. De nombreux bud-

gets d’université sont repoussés par les conseils

d’administration (Rouen, le Havre, Montpellier

3…). La mobilisation permet à certaines univer-

sités d’obtenir une rallonge budgétaire et le réta-

blissement de quelques postes (Montpellier 3,

Besançon…).

10 décembre : l’UNEF participe à une jour-

née d’action dans l’éducation aux côtés des syn-

dicats lycéens et de personnels.

Mobilisation lycéenne : l’UNEF appel-

le les étudiants à soutenir la forte mobilisation

lycéenne contre la réforme du lycée et les sup-

pressions de postes et se met au service des

syndicats lycéens. La forte mobilisation impose

à Xavier Darcos, ministre de l’éducation natio-

nale de reculer et reporter d’un an sa réforme.

12 décembre : l’UNEF appelle à la solidari-

té avec la jeunesse de Grèce mobilisée et orga-

nise un rassemblement devant l’ambassade de

Grèce qui réunit plusieurs centaines de person-

nes.

Mouvement des étudiants en iUt : Au mois

de novembre et de décembre dernier, les étu-

diants des IUT se sont fortement mobilisés pour

défendre l’avenir de leur formation à l’appel des

directeurs d’IUT. L’UNEF a pleinement son rôle

de syndicat de tous les étudiants en permet-

tant de rendre leur mouvement autonome et en

le structurant. Au-delà de la défense d’une for-

mation, ce mouvement a permis de mettre en

lumière les problèmes budgétaires des univer-

sités et l’augmentation de la concurrence dans

l’enseignement supérieur.

bourses : l’UNEF obtient une réouverture

exceptionnelle du système de bourse devant

permettre à 25 000 étudiants d’obtenir une

bourse. Cette mesure, réclamée par l’UNEF,

La résidence Jean Zay d’Antony est une des

plus grandes cités universitaires d’Europe.

Construite en 1955, elle n’a jamais connu de

réhabilitation d’ampleur et les 2100 cham-

bres qu’elle compte pourraient devenir inuti-

lisables si elles ne sont pas réhabilitées rapi-

dement. Sans réhabilitation de la résidence,

la perte des chambres de la cité universitaire

d’Antony représenterait une baisse de 16%

des chambres CROUS d’Ile de France. La

communauté d’agglomération des Hauts

de Bièvres, dont fait partie la ville d’Antony,

souhaite se voir transférer la gestion des

bâtiments de la résidence par l’Etat. Le but

affiché est la destruction partielle ou totale de

la résidence, qui ne correspondrait pas à son

environnement urbain. L’UNEF s’oppose for-

tement à un transfert de la résidence de l’Etat

vers la communauté d’agglomération parce

qu’elle est contradictoire sa rénovation et le

maintien du CROUS comme gestionnaire de

la résidence.

L’UNEF est intervenue à tous les niveaux

pour obtenir un plan de rénovation de la cité

U. Elle a lancé une pétition qui a recueilli plu-

sieurs milliers de signatures pour demander

une réhabilitation de la résidence et le refus

de son transfert. Celle-ci a permis de faire

débloquer 2 millions d’€ par le Région Ile-de-

France. Cependant l’Etat refuse d’intervenir.

Grâce à l’action de l’UNEF, le conseil d’ad-

ministration du CROUS de Versailles rejette

la convention de transfert de la cité U de

l’Etat vers la communauté d’agglomération.

Cependant l’Etat passe en force et publie

d’arrêté de transfert malgré le rejet du CA

du CROUS. L’UNEF continue la bataille en

déposant un recours devant le tribunal admi-

nistratif.

Zoom sur...

La bataille de l’UNEF pour défendre la résidence universitaire d’Antony

EDF textes total.indb 9 11/03/09 13:24:48

Page 10: EDF Texte congrès

10 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

dans l’enseignement supérieur en 2010 et 2011

et la réécriture complète du décret modifiant le

statut des enseignants-chercheurs. L’UNEF

prend acte de ces premiers éléments de répon-

se mais en l’absence de réponse sur l’ensem-

ble des revendications des étudiants, appelle

les étudiants à maintenir la pression en partici-

pant à une nouvelle journée de mobilisation le

5 et le 11 mars.

juste et durable entre palestiniens et israéliens

afin de dénoncer les violences exercées contre

les civils, exhorter Israël à mettre fin à son inter-

vention militaire et appeler à l’ouverture de nou-

velles négociations dans la perspective d’un

accord de paix.

29 janvier : une journée de manifestations est

appelée par l’ensemble des organisations syn-

dicales du pays. L’UNEF et les étudiants des-

cendent dans la rue aux côtés des salariés. Plus

de 2,5 millions de personnes dont de nombreux

jeunes, manifestent pour dénoncer les politi-

ques du gouvernement, et notamment l’absence

de réponses face à la crise et ses conséquen-

ces sociales.

Février 2009

Face aux restrictions budgétaires, le mou-

vement français pour le planning familial

est menacé. Le MFPF, l’UNEF et la LMDE lan-

cent une campagne de pétitions qui recueille

plusieurs centaines de milliers de signatures.

6 février : L’UNEF organise une rencontre

nationale des élus étudiants en conseils de rési-

dence. Elle permet de former plus de 50 élus de

toute la France pour mieux défendre les droits

des étudiants et améliorer leur vie quotidienne

en résidence universitaire.

Mobilisation dans l’enseignement supé-

rieur : alors que la grogne monte dans les uni-

versités, les 7 et 8 février, le Collectif national

de l’UNEF réunit plus de 500 étudiants. L’UNEF

appelle les étudiants à se réunir massivement

dans les assemblées générales et à voter la

grève.

A l’appel de l’intersyndicale de l’enseignement

supérieur et de la recherche, le 10 février, plus

de 100 000 personnes dont 70 000 étudiants

descendent dans la rue pour dénoncer les poli-

tiques du gouvernement en matière d’enseigne-

ment supérieur (réforme du décret sur le statut

des enseignants-chercheurs, suppressions de

postes…). Le gouvernement refuse pourtant

d’apporter des réponses à la communauté uni-

versitaire.

De nouvelles journées de mobilisation ont lieu

les jeudi 19 et 26 février, la communauté univer-

sitaire reste fortement mobilisée avec toujours

plusieurs dizaines de milliers de personnes

dans la rue.

Fin février, face à la pression, le gouverne-

ment commence à reculer. Le premier minis-

tre annonce le gel des suppressions de postes

était indispensable pour respecter l’engage-

ment de Valérie Pécresse de 50 000 nouveaux

boursiers échelon 0 (exonération des frais d’ins-

cription) à la rentrée 2008. En effet, plus de 25

000 étudiants ne pouvaient pas bénéficier de

la bourse à laquelle ils avaient droit en cette

rentrée pour cause de critères trop restrictifs

conduisant le gouvernement à économiser plu-

sieurs millions.

Janvier 2009

sos examens : à travers ses tracts d’infor-

mation et ses permanences syndicales, l’UNEF

permet que les droits étudiants soient respectés

pendant la période d’examens.

19 janvier : l’UNEF participe à la journée de

mobilisation dans l’éducation.

réforme de la formation des ensei-

gnants : le ministère de l’éducation nationa-

le annonce la suppression de 3000 postes

ouverts aux concours de l’enseignement pour

2009. L’UNEF dénonce cette nouvelle saignée

et lance une campagne pour informer les étu-

diants et demander un plan pluriannuel de

recrutement dans l’éducation. Elle interpelle

également Xavier Darcos et Valérie Pécresse

pour demander des garanties sur la réforme de

la formation des enseignants. De premiers élé-

ments de réponse sont apportés par les minis-

tres le 15 janvier.

l’UneF condamne l’offensive israélien-

ne dans la bande de Gaza, qui fait plusieurs

centaines de victimes. Elle appelle à participer

aux manifestations du samedi 10 janvier orga-

nisées par le Collectif national pour une paix

Pendant un siècle, l’UNEF a incarné la vo-

lonté d’unité du mouvement étudiant. Parfois

contesté ou fragilisé, le mouvement étudiant

a néanmoins démontré, par son histoire, sa

capacité à s’organiser de manière autonome

avec pour seule boussole les intérêts des

étudiants. La réunification syndicale entre

l’UNEF-ID et l’UNEF-SE en 2001 a permis

de refermer 30 années de division de l’UNEF.

Il est aujourd’hui nécessaire d’aller plus loin,

l’UNEF souhaite donc faire franchir une nou-

velle étape à ce processus, dans le prolon-

gement de la réforme statutaire votée lors du

précédent congrès en 2007.

C’est pour cette raison que l’UNEF, à l’occa-

sion de son collectif national des 4 et 5 oc-

tobre 2008, a voté un appel pour l’unité du

mouvement étudiant, en direction des orga-

nisations étudiantes, des groupes organisés

dans la jeunesse et de tous les étudiants.

L’UNEF prend contact avec les organisations

localement et nationalement.

De premiers pas ont été faits dans ce sens,

les militants de la Confédération étudiante de

Rennes, Bordeaux, etc…ont rejoint les rangs

de l’UNEF au mois de juillet 2008, de même

que la section locale de Sud étudiant de

Marseille au mois d’octobre. Ces premières

avancées en appellent d’autres.

L’UNEF appelle à l’unité du mouvement

étudiant

Zoom sur...

EDF textes total.indb 10 11/03/09 13:24:52

Page 11: EDF Texte congrès

11Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Bilan électoralRésultats du CNESER et du CNOUS 2008

L’UNEF est représentée dans les universités et dans les CROUS au travers de ses élus étudiants. Tous les deux ans, ont lieu les élections des représentants étudiants dans les conseils centraux des universités (conseil d’administration, conseil des études et de la vie universitaire, conseil scientifique) et des conseils d’administration des CROUS. Ces élus votent ensuite pour élire leurs représentants nationaux au CNESER (conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche) et au CNOUS (conseil national des œuvres universitaires et sociales).

Lors de l’ensemble de ces élections, les listes « UNEF et associations étudiantes » sont ressorties très largement victorieuses, confortant ainsi la place de l’UNEF comme première organisation étudiante représentative.

Voici le bilan électoral de deux ans de travail dans les conseils.

2006 (en%)1

2008 (en%) 1

Gains (en

points)

aix-Marseille 1, 2 et 3

33,7% 25% -8

Amiens 29,4% 28% -1,4

Angers 19,3% 36% +16,7

Artois 54,5% 36% -18,5

Avignon 25% 38,1 +13,1

besançon 36,7% 26,1 -10,6

bordeaux 1, 2,3 29,6% 29,9% +0,3

brest 33,3% 24% -9,7

caen 20,6% 40% +19,4

cergy-pontoise 36,7% 44% +7,3

chambéry 28% 25% -3

clermond-Ferrand 1 et 2

30,6% 23,8% -6,8

dijon 22,9% 20% -2,9

evry 46,2% 55% +8,8

Grenoble 1,2 et 3 33,7% 29% -4,7

iep paris 45,4% 36,4% -9

la rochelle 52,4% 36,8% -15,6

le Havre 41,7% 52,4% 10,7

le Mans 17,2% 28% +10,8

lille 1,2 et 3 26,5% 37,5% +11

limoges 27,6% 23,1% -4,5

littoral 32,4% 43,5% +11,1

lorient-vanne 57,7% 35% -22,7

lyon 1,2 et 3 32,6% 32,4% -0,2

Marne la vallée 50% 46,7 -3,3

Metz 43,3% 44% +0,7

Montpellier 1, 2,3 16,7% 22,7% +6

Mulhouse 6,9% 20% +13,1

nancy 1 et 2 33,3% 39,2% +5,9

Nantes 32,4% 32% -0,4

Nice 20,6% 13% -7,6

Nîmes2 33,3%

orléans 44,1% 50% +5,9

paris 1 44,1% 36% -8,1

paris 2 25,8% 14,3% -11,5

paris 3 30% 52% +22

paris 4 0% 26,7% +26,7

paris 5 20% 12% -8

paris 6 15,6% 22,7% +7,1

paris 7 16,1% 40% +23,9

paris 8 41,7% 65,2% +23,5

paris 10 45,4% 32% -13,4

paris 11 30,3% 36% +5,7

paris 12 32,3% 40% +7,7

paris 13 32,3% 32% -0,3

pau 24% 36,8% +12,8

perpgnan 16,7% 19% +2,3

poitiers 15,6% 24% +8,4

reims 30% 26,9% -3,1

rennes 1 et 2 37,9% 41,3% +3,4

rouen 36,4% 28% -8,3

saint-etienne 22,6% 30,4% +7,8

strasbourg1, 30,3% 25,8% -4,5

toulon 7,7% 20,8% +13,1

toulouse 1, 2, 3 40% 31,6% -8,4

tours 14,7% 21,7% +7

valenciennes 27,6% 28% +0,4

versailles 48,4% 34,6% -13,8

total 30,62% 31,65% +1,03

résultats cNeser

liste voix elus

UNeF 774 5

FaGe 394 2

pde 212 1

Fse/sUd 131 0

Uni 265 2

cé 247 1

les élections au cneser

Lors des élections au CNESER, la liste « UNEF et associations étudiantes » a remporte une victoire historique en obtenant 774 voix, soit 41,5% des suffrages et 5 élus sur 11. Ces résultats montrent que les étudiants ont très largement fait le choix de l’UNEF, de sa démarche syndicale et de son efficacité à défendre les droits des étudiants.

bilan Des élections au cneser - progression 2006-2008

1. La LRU a modifié le nombre d’élus étudiants, c’est pourquoi les résultats sont donnés en pourcentage2. L’université de Nîmes a été créée en 2007

résultats cNoUs

liste voix elus

UNeF 82 4

FaGe 38 2

pde 30 1

Uni 22 1

les élections au croUs et au cNoUs

Après la parodie d’élection de 2006, où l’UNEF n’avait pas cédé au chantage du gouvernement en plein mouvement pendant le CPE en boycottant les élections au CROUS, elle retrouve sa place de première organisation étudiante dans les CROUS en remportant très largement les élections. Elle remporte 38% des suffrages et 44% des sièges (soit 81 élus) et redevient majoritaire dans 19 académies. Ces résultats sont confirmés par les élections au CNOUS. En votant massivement pour l’UNEF les étudiants ont exprimé le rejet des politiques du gouvernement et l’absence de réponse apportées à leur situation sociale. Ils ont ainsi largement plébiscité le projet de statut social porté par l’UNEF.

EDF textes total.indb 11 11/03/09 13:24:53

Page 12: EDF Texte congrès

12 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Ce 81ème congrès de l’UNEF s’ouvre dans

un contexte de crise économique sans

précédent depuis les années 30. Cette

crise n’est pas simplement l’énième soubresaut

d’un système financier à la dérive, elle représente

la faillite de la mondialisation libérale et de

ses dogmes. Elle trouve son origine dans une

profonde inégalité de répartition des richesses

et consacre l’échec des politiques libérales

imposant l’affaiblissement de l’action publique

et des protections collectives comme règles de

développement indépassables.

Si la crise ne peut à elle seule expliquer les

difficultés sociales et la régression libérale

dans lesquelles s’est enlisé notre pays, ses

conséquences sociales vont durablement peser

sur le contexte dans lequel nous inscrivons notre

action syndicale. La France s’enfonce dans la

récession et l’explosion du chômage, la précarité

et l’incertitude face à l’avenir assombrissent

l’horizon de milliers de jeunes et de salariés.

En menant une politique de délitement de

l’Etat et des solidarités, le gouvernement

porte la responsabilité principale dans cette

dégradation de la situation. La prétendue «

rupture » sur laquelle Nicolas Sarkozy a été élu en

2007, se résume finalement à un alignement sur

le modèle néolibéral américain au moment précis

où celui-ci échoue. Alors que la France résiste

mieux que ses voisins grâce à ses systèmes de

protections collectives et à l’activité d’un secteur

public puissant, le gouvernement s’obstine à «

maintenir le cap » de réformes dictées par une

logique libérale de remise en cause des services

publics. Cet acharnement témoigne d’une volonté

de profiter de la crise pour faire avancer le modèle

de société où les salariés et l’État sont mis à

contribution tandis que les actionnaires voient

leurs superprofits épargnés et leur égoïsme social

encouragé. Face à la crise, le gouvernement a

donc choisi la politique du pire. Il ne prépare pas

l’avenir, il l’hypothèque.

cette politique libérale injuste avant la

crise est aujourd’hui devenue insupportable.

Le décalage entre la politique d’économies

budgétaires dont les plus faibles doivent payer

TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA MAJORITÉ NATIONALEpRotégeR la jeunesse et déMocRatiseR

l’univeRsité pouR pRépaReR l’aveniRle prix et les milliards offerts aux plus aisés, aux

entreprises ou à un système bancaire en faillite

sans contrôle ni garantie apparaît pour ce qu’il

est : un scandale politique économique et social.

Les règles du jeu prétendument immuables de la

société libérale ont fait la preuve de leur échec

et sont aujourd’hui profondément contestées.

Les jeunes et les salariés refusent de payer pour

une crise dont ils ne sont en rien responsables.

Les mobilisations puissantes aux Antilles, les

récentes mobilisations des lycéens et étudiants,

la réussite des journées interprofessionnelles qui

ont rassemblé plusieurs millions de personnes

constituent un indéniable changement de rapport

de force social.

Frappés de plein fouet par les politiques

libérales, les jeunes se retrouvent aujourd’hui

en première ligne. Fragilisés socialement, sans

revenu stable ni réelle protection, ils subissent

de plein fouet la récession et l’explosion des

inégalités. La pression du chômage de masse,

qui augmente plus fortement chez les 18-25 ans,

entraine une généralisation de la déqualification

et le développement de l’emploi précaire. Si le

diplôme reste une protection contre le chômage,

il n’est plus une perspective d’ascension sociale.

L’attention portée aux aspirations de la jeunesse

dans une société détermine ses valeurs et son

avenir. C’est le signe d’une société qui régresse.

Cette société de l’insécurité sociale, de l’injustice,

de la régression, du bien-être de quelques-uns

au prix du malheur de millions d’autres, cette

société n’est pas la nôtre. Notre projet syndical

s’inscrit résolument dans une volonté de rupture

avec la société telle qu’elle s’impose à nous.

Nous refusons de grandir dans une société qui

se déconstruit. Nous refusons d’être une variable

d’ajustement lors de l’entrée sur le marché du

travail. Nous refusons d’être l’otage de la crise et

du chômage pour construire notre avenir.

Cette situation politique et sociale appelle

une intervention forte de la part de la principale

organisation de jeunesse. Ce 81ème congrès de

l’UNEF est l’occasion de porter des revendications

syndicales offensives et rassembleuses pour

répondre à la crise qui frappe notre pays et aux

aspirations de notre génération.

Malgré la diversité de leurs origines et de leurs

situations, les jeunes partagent un même besoin

de formation et d’insertion, et une aspiration

commune à l’autonomie. Pour ces raisons,

toute politique de division et de stigmatisation

de la jeunesse est vouée à l’échec. pour faire

face à la crise et préparer l’avenir, la société

doit impérativement mettre la jeunesse en

sécurité sociale et donner à l’ensemble de

notre génération les moyens d’accéder à une

formation qualifiante. Il y a urgence : si la société

n’a d’autre perspective à offrir à sa jeunesse que

déqualification, précarité, et chômage, elle pose

les bases d’une explosion sociale sans précédent

et d’une rupture politique durable avec notre

génération.

La période qui s’ouvre est déterminante pour

l’avenir de l’enseignement supérieur. Après une

période de stagnation de la massification et

d’abandon des universités, la perspective d’une

baisse du nombre d’étudiants et d’une régression

de la démocratisation se profile. En renforçant

l’autonomie des universités, sans contrôle et sans

moyens équitablement répartis, la politique du

gouvernement depuis 2007 répond à la logique

simpliste et libérale de démission de l’Etat du

service public d’enseignement supérieur et vise

l’apparition d’une poignée de grandes universités

compétitives sur la scène internationale.

Les premières victimes de cette course à la

concurrence entre établissements sont les

universités de masses, privées des moyens de

faire réussir les étudiants qu’elles accueillent,

notamment ceux issus des milieux modestes.

Une bataille est d’ores et déjà engagée, entre les

partisans de l’affaiblissement du service public

d’enseignement supérieur qui est aujourd’hui à

l’œuvre, et les tenants d’une nouvelle étape de

la démocratisation, dont l’UNEF doit être le fer

de lance. A ceux qui souhaitent poursuivre cette

politique et céder aux tentations de la sélection,

notamment à l’entrée du M1, et de la libéralisation

des frais d’inscription, nous opposerons la plus

grande fermeté. Mais résister ne suffit pas, il nous

faut désormais créer les conditions d’un rebond de

la démocratisation, en portant des revendications

EDF textes total.indb 12 11/03/09 13:24:55

Page 13: EDF Texte congrès

13Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

permettant de remettre l’égalité au cœur du

service public d’enseignement supérieur, et en

ouvrant de nouvelles perspectives de conquêtes

pour les étudiants. sursaut ou déclin : pour la

démocratisation de l’enseignement supérieur,

l’alternative est claire.

A la logique de libéralisation de l’enseignement

supérieur nous opposons une autre perspective

: une université publique capable d’offrir à

l’ensemble d’une génération les moyens de

construire son émancipation et d’acquérir le plus

haut niveau de qualification possible. Il est urgent

d’achever la massification de l’enseignement

supérieur et d’engager une nouvelle étape de la

démocratisation de la réussite. Les universités

ne pourront relever ce défi sans de nouvelles

réformes qui convergent vers l’objectif impératif

de réussite du plus grand nombre. Loin de rendre

cette exigence caduque, la crise témoigne du

besoin de dépenses d’avenir pour faire face à

ses conséquences économiques et sociales. Le

diplôme reste la meilleure arme face au chômage.

Donner aux jeunes les moyens de se former relève

d’une relance par l’investissement dont notre pays

ne peut pas se priver.

Cette orientation syndicale offensive doit

résolument s’ancrer dans l’action. Le milieu

étudiant a fait la preuve ces derniers mois de sa

combativité, de ses ambitions, de son impatience.

La forte mobilisation de la communauté universitaire

témoigne du refus déterminé des étudiants d’une

politique universitaire qui fragilise leur avenir. Dans

la continuité de cette mobilisation, notre congrès

doit être un point d’appui pour la suite : l’UNeF

doit ouvrir un nouveau cycle de contestation

et de conquête dans l’enseignement supérieur.

Face à un gouvernement sourd enfermé dans ses

certitudes, nous devons œuvrer à la construction

d’un rapport de force majoritaire, s’appuyant sur

des mobilisations victorieuses et s’inscrivant dans

la durée. A l’heure où le gouvernement délégitime

ses interlocuteurs, ignore l’action collective et

s’attaque à tous les contre-pouvoirs, les étudiants

ont besoin d’un syndicalisme de transformation

sociale puissant, alliant rapport de force construit

et recherche permanente de débouchés.

Puissante sur le plan électoral, au cœur des

mobilisations de la communauté universitaire et de

la jeunesse, l’UNEF sort renforcée de la période

récente. Nous devons continuer de tracer le sillon

d’un syndicalisme étudiant toujours mieux reconnu

comme acteur à part entière des transformations

sociales, agissant en lien avec le syndicalisme

salarié. Ce congrès doit ouvrir un nouveau cycle

de développement de notre organisation, mais

également une nouvelle dynamique syndicale de

rassemblement. L’UNEF est la maison commune

du mouvement étudiant : la majorité nationale

souhaite proposer à l’ensemble de l’organisation

de poursuivre nos efforts collectifs pour organiser

le plus grand nombre d’étudiants au sein du

syndicat majoritaire.

Ces derniers mois ont montré la force de la

jeunesse organisée pour imposer de premiers

reculs au gouvernement. Il n’y a rien d’automatique

à ce que de cette crise et du nouveau rapport de

force social sorte un progrès. Notre responsabilité

est à la mesure de ce rapport de force, elle est

particulièrement lourde au vu des attentes de

notre génération. C’est l’aptitude de l’UNEF à faire

face à ce contexte inédit qui sera jugée par les

étudiants.

protéger et qualiFier les Jeunes pour Faire Face à la crise

Pour sortir de l’incertitude, notre génération a

exprimé son besoin de protection sociale ainsi que

son aspiration à une insertion professionnelle de

qualité. La société doit y apporter des réponses !

La hausse du chômage, la déqualification, la

précarité et la baisse du pouvoir d’achat ne sont

en rien une fatalité : la crise ne fait que mettre en

lumière et amplifier les conséquences de l’absence

de statut social de la jeunesse. En période de

chômage, le diplôme reste la meilleure arme.

L’accès de tous à une qualification est nécessaire

pour donner aux jeunes les moyens de faire face à

la crise et leur donner une perspective d’insertion

durable. Dans ces conditions, l’émancipation

par le diplôme suppose une mise en sécurité

sociale et doit permettre l’acquisition de

qualifications protectrices sur le marché du

travail.

A – Mettre les jeunes en sécurité sociale

La massification de l’enseignement supérieur,

l’allongement de la durée des études et le recul

de l’âge moyen d’entrée sur le marché de l’emploi

ont conduit à l’émergence d’un nouvel âge de la

vie qui s’étend de la fin des études secondaires à

l’installation dans un emploi stable : la jeunesse.

Cette période, au cours de laquelle chacun à

vocation à construire son projet de formation,

d’insertion, à déterminer ses propres choix de vie,

est aujourd’hui une période d’instabilité. Majeurs

civilement à 18 ans, les jeunes sont considérés

comme mineurs socialement et restent coincés

entre la dépendance familiale et la précarité des

petits boulots.

Face à une mutation sociale de cette ampleur, la

société a su dans le passé s’adapter. Après la 2nde

guerre mondiale, l’apparition d’un temps de la vie

après le travail, s’est accompagnée de la création

du régime solidaire de retraite, afin de sortir les

vieux de la misère et rompre avec les solidarités

privées ou familiales. Pourtant, notre société

considère toujours la jeunesse comme une forme

de purgatoire nécessaire. La jeunesse doit être le

temps de l’émancipation, pas celui des galères qui

conditionnent des choix dont découle toute notre

vie future, personnelle ou professionnelle. En

application de la Charte de Grenoble qui prévoyait

dès 1946 le « droit à une prévoyance sociale

particulière » pour les étudiants, nous exigeons la

création d’un statut social qui garantisse à chacun

les moyens d’accéder à l’autonomie, de mener

à bien un parcours de formation. Ce statut est

universel et doit protéger l’ensemble des jeunes

qui n’accèdent pas aujourd’hui à une formation et

une insertion de qualité. Il se compose d’un volet

financier, l’allocation d’autonomie, d’un véritable

service public de la vie étudiante (logement,

transport, restauration) et d’un droit à une

protection sociale de haut niveau (santé, régime

étudiant de sécurité sociale).

1. L’allocation d’autonomie : pierre angulaire du statut social

100 000 étudiants vivent sous le seuil de

pauvreté, un étudiant sur deux est contraint de se

salarier pour financer ses études. Cette précarité

sociale en constante augmentation depuis 2001

provoque chaque année la sortie sans diplôme

du système éducatif de dizaines de milliers de

jeunes. Pour financer ses études, un étudiant n’a

le choix qu’entre la précarité des petits boulots et

la dépendance familiale. L’absence d’alternative

augmente l’échec et reproduit les inégalités

sociales. Nous refusons que le salariat étudiant

soit une solution pour financer ses études, parce

qu’étudier est un métier à temps plein.

- Un système d’aide sociale à bout de souffle

Le système d’aide sociale actuel, hérité

de l’après guerre, n’a pas su s’adapter à la

massification de l’enseignement supérieur et à

l’accueil de nouveaux publics à l’université. A la

fois insuffisant, illisible et injuste, le système d’aide

sociale est à bout de souffle. Il est insuffisant car

même le montant des aides les plus élevées ne

EDF textes total.indb 13 11/03/09 13:24:56

Page 14: EDF Texte congrès

14 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

couvre que partiellement les besoins des étudiants

: 40% des boursiers sont contraints de travailler,

augmentant ainsi leur risque d’échec. Le système

est illisible : il existe plus de 150 aides recensées

gérées par de multiples opérateurs. Le système

est injuste : chaque année, l’Etat consacre ainsi 1,7

milliard d’€ aux familles les plus riches déclarant

une demi-part fiscale au titre d’un étudiant à

charge et seulement 1,3 milliard d’€ aux étudiants

les plus modestes par le biais des bourses. Ces

exonérations peuvent s’élever à plus de 4300€ par

an pour les familles les plus favorisées alors que

le montant maximum des bourses est de 4000€!

Enfin ce système est structurellement inadapté :

les bourses comme les exonérations fiscales sont

calculées en fonction de la situation des parents,

sans prise en compte de la situation réelle de

l’étudiant. Un tel système enferme le jeune au

sein de la cellule familiale et est un obstacle à la

prise de l’autonomie. Aucun choix de vie ni aucun

projet d’étude n’est possible sans le consentement

au moins implicite des parents. Ce système est

facteur de reproduction sociale : le jeune ne peut

envisager d’autres formations que celles que sa

famille est en mesure de financer. L’instauration

d’un statut doit permettre de remplacer la

solidarité familiale par la solidarité collective.

Nous refusons que le financement des études

repose sur l’attribution d’un capital de départ

destiné à égaliser les « chances » de réussite de

chacun sur la ligne de départ avant de lancer les

jeunes dans une compétition effrénée, ou sur un

investissement individuel (prêts) : l’éducation est

un droit collectif qui relève d’un investissement de

la société pour son avenir.

- Une allocation d’autonomie pour tous les

jeunes en formation et en insertion

Ce statut social passe notamment par la refonte

de l’ensemble des aides existantes et l’instauration

d’une aide unique : l’allocation d’autonomie. Elle

doit être universelle pour garantir le droit de chaque

jeune à l’autonomie et à la formation. Elle doit

également couvrir les jeunes pendant la période

d’insertion professionnelle et de recherche du

premier emploi. L’allocation d’autonomie doit être

en partie individualisée en fonction de la situation

propre de chaque jeune (logement indépendant,

situation géographique) et calculée sur la base

d’une déclaration fiscale indépendante.

Nous ne voulons pas d’un « revenu minimum »

mais d’une allocation dont le montant est suffisant

pour permettre à chaque jeune de couvrir

l’ensemble de ses besoins et pour mener à bien

son projet sans être contraint de se salarier1. En

dehors de toute logique d’assistance, nous voulons

permettre aux jeunes de prendre toute leur place

dans la société, en reconnaissant leurs droits.

Le financement de l’allocation autonomie

implique la refonte des aides existantes : aides

d’Etat (bourses, demi-part fiscale…) et les aides

financées par la part socialisée des salaires (aides

au logement, allocations familiales…). Mais on ne

peut envisager de démocratiser l’enseignement

supérieur à moyens constants : sa mise en

place nécessite le doublement des sommes

actuellement consacrées aux aides directes. Un

investissement public massif et la création d’une

nouvelle cotisation sociale doivent permettre de

débloquer les 7 à 8 milliards d’€ nécessaires.

Enfin parce que les étudiants ont vocation à gérer

leurs propres affaires, l’allocation d’autonomie

doit être gérée par des représentants élus des

bénéficiaires. Pour la société, il ne s’agit pas

d’une dépense supplémentaire, mais le choix d’un

investissement dans l’avenir et la jeunesse. Sa

mise en place en période de chômage intéresse

toute la société et permettrait de libérer des

milliers d’emplois actuellement occupés par les

étudiants salariés.

La conquête du droit à l’autonomie est notre

ambition et toutes les avancées en ce sens sont

des points d’appui pour notre démarche syndicale

(augmentation du nombre et du montant des

bourses, basculement de la 1/2 part fiscale dans

le système d’aides directes…).

2. Ouvrir de nouveaux droits pour la jeunesse

Le statut social ne se limite pas à une dotation

financière. Lorsqu’il s’agit de se loger, se restaurer,

se soigner, d’accéder à la culture, au transport,

nous refusons de nous en remettre uniquement au

marché. La société doit donc donner aux jeunes

tous les outils nécessaires pour les protéger et

être acteur de leur propre vie. Offrir une protection

à l’ensemble de la jeunesse implique l’ouverture

de droits nouveaux: droit à l’accès à un logement

autonome, droit à la santé, droit à la culture et aux

loisirs, droit au transport… Ces droits nouveaux

doivent être garantis par un véritable service public

de la vie étudiante, bénéficiant d’un financement

public et garantissant des tarifs abordables et

l’égalité de traitement sur le territoire. Ces services

ont vocation à être gérés par des représentants

élus des usagers au sein des CROUS d’une part,

via la mutualité étudiante d’autre part. Alors que

depuis plusieurs années, l’Etat se désengage

financièrement des CROUS et que les attaques

contre les systèmes de protection sociale se

multiplient, nous devons nous battre pour inverser

la tendance.

- permettre l’accès de tous les jeunes à un

logement autonome

La crise du logement revêt pour les jeunes

une dimension particulière. L’augmentation des

loyers ces dernières années, l’insuffisance et la

dégradation du parc de logements sociaux géré

par le CROUS contraignent de nombreux jeunes,

à rester habiter chez leurs parents, à travailler

pour payer leur loyer, ou à accepter un logement

insalubre. Pourtant, pour de nombreux étudiants,

l’accès à un logement indépendant détermine

la possibilité même de faire les études de leurs

choix, de les réussir et d’accéder à l’autonomie.

La priorité pour le logement étudiant doit être

la construction et la réhabilitation de logements

sociaux. Nous nous battrons pour le respect

strict des engagements de construction et de

réhabilitation suite à la remise du rapport « Anciaux

2 ». Le CROUS doit être l’opérateur unique du

logement social étudiant. Il offre la garantie d’un

établissement entièrement public qui attribue

les logements sur critères sociaux et associe les

étudiants à sa gestion. Les réhabilitations doivent

s’opérer sans perte de chambres. Des mesures

doivent également être prises pour faciliter l’accès

des étudiants au parc privé : maîtrise des loyers,

réquisition des logements vides, extension du

cautionnement solidaire, revalorisation des aides

au logement, exonération de la taxe d’habitation…

- rendre les étudiants maîtres de leur santé

Les politiques libérales de remise en cause du

système de protection sociale de ces dernières

années transfèrent la solidarité nationale vers la «

responsabilité » individuelle. Alors que la situation

sanitaire et sociale des étudiants se dégrade,

(23% des étudiants renoncent à des soins faute de

moyens financiers, 15% d’entre eux n’ont pas les

moyens de se payer une complémentaire santé)

les étudiants ont besoin d’une protection sociale de

haut niveau. Nous réclamons un régime obligatoire

qui prenne en charge 100% des dépenses de

santé. A court terme, il est indispensable de mettre

en place une aide à la mutualisation permettant à

chaque jeune de prendre en charge ses dépenses

de manière autonome. L’accès aux soins des

jeunes et le développement de politiques de

prévention adaptées sont également déterminants.

Nous devons obtenir la transformation des MPU

en véritables centres de santé.

Enfin nous devons défendre la gestion par les

étudiants du régime étudiant de sécurité sociale

: garantie de la solidarité intergénérationnelle, il

permet la mise en place de politiques de prévention

adaptées aux problématiques étudiantes. 1. Les données de l’OVE actualisées évaluent à plus de 900€ les besoins mensuels d’un étudiant pleine-ment autonome

EDF textes total.indb 14 11/03/09 13:24:57

Page 15: EDF Texte congrès

15Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

3. Conquérir l’égalité des droits entre français et étrangers

Protéger socialement la jeunesse pour garantir

un droit à la réussite doit répondre à un impératif

absolu : l’égalité stricte des droits entre étudiants

français et étudiants étrangers. Depuis l’arrivée

au pouvoir de Nicolas Sarkozy, le gouvernement

mène une offensive en matière de politiques

migratoires qui consacre l’utilitarisme migratoire

et la remise en cause des droits des étrangers

présents sur notre sol. Le ministre de l’identité

nationale et de l’immigration somme les préfets

de faire du chiffre et de remplir des quotas

d’expulsions. Les rafles se multiplient, les

étrangers sans papiers n’osent plus sortir, circuler,

aller travailler et étudier.

Ce durcissement n’est pas sans conséquence

sur l’accueil des étudiants étrangers. Alors que

l’accès au savoir doit être un droit pour chacun,

et que les pouvoirs publics affichent l’ouverture

internationale de l’enseignement supérieur

comme une priorité, les étudiants étrangers

subissent des conditions d’étude indignes et

leurs droits sont systématiquement bafoués.

Notre démarche syndicale vise l’amélioration

concrète des conditions d’accueil, de vie et

d’étude des étudiants étrangers. Nous réaffirmons

notre attachement à la liberté de circulation et à

l’exercice du droit d’asile. Pour permettre l’égalité

entre tous, nous devons lutter contre la sélection

qui s’exerce à l’étranger via les Centre d’Etudes en

France et les consulats. La législation régissant le

séjour des étudiants étrangers est une machine

à « fabriquer » des sans-papiers en raison de

la lourdeur des démarches administratives et

de l’arbitraire des préfectures. Nous réclamons

l’abrogation de la circulaire autorisant le contrôle

du parcours pédagogique des étudiants, du ressort

strict des universités, par les préfectures. L’accès

à l’université doit s’effectuer uniquement sur des

critères pédagogiques. la carte d’étudiant doit

donner automatiquement droit à une carte de

séjour.

b - Garantir l’accès de tous à une qualification

L’accès au diplôme reste la meilleure protection

contre le chômage et est une condition

indispensable de l’émancipation individuelle.

Pourtant, si l’université a honorablement réussi la

massification de l’accès aux études en l’absence

de moyens suffisants pour l’accompagner, sa

démocratisation reste encore un défi pour la

société.

Pour répondre au besoin de qualification de

la jeunesse, la société doit répondre à cette

exigence de démocratisation de l’enseignement

supérieur. Des réformes profondes doivent

s’engager pour donner à l’université les moyens

d’accueillir 3 millions d’étudiants, d’assurer la

réussite de chacun d’entre eux, et de leur donner

les moyens d’une insertion professionnelle durable

et de qualité. Si les jeunes diplômés subissent

la déqualification, les jeunes non-qualifiés se

retrouvent en fin de file d’attente sur le marché

de l‘emploi : l’objectif d’augmentation du nombre

de jeunes qui acquièrent une qualification est

donc inséparable de celui de leur reconnaissance

effective sur le marché du travail.

1. Révolutionner la pédagogie pour permettre la réussite de tous

Un étudiant sur deux échoue en première année

et 150 000 jeunes sortent du système éducatif

sans qualification : la sélection par l’échec joue à

plein en premier cycle, où seuls ceux qui ont un

bagage culturel suffisant réussissent à l’université.

Si la mise en place du plan licence a été un

premier pas pour reconnaître la responsabilité du

système universitaire dans l’échec des étudiants,

l’absence d’amélioration de l’encadrement et de

pilotage par l’Etat ne permettent pas d’en faire

un outil efficace pour lutter durablement contre

l’échec. Pour amener plus de jeunes vers une

qualification, il est indispensable de faire porter les

efforts sur les premiers cycles universitaires afin

de faire de la lutte contre la sélection par l’échec

une priorité.

- priorité aux premiers cycles !

Les premiers cycles universitaires sont une

véritable « boucherie » pédagogique et sociale :

leur organisation doit être totalement repensée.

Non sélective et pluridisciplinaire dans les

premières années, la licence doit permettre à la

fois une sortie qualifiante vers le marché du travail

et garantir la poursuite d’études en master. Pour

atteindre cet objectif, il convient d’agir sur trois

leviers :

Augmenter le taux d’encadrement des

étudiants pour faire passer le volume horaire à

25 heures d’enseignement minimum par semaine

dans toutes les filières. Nous demandons un

plan pluriannuel de recrutement d’enseignants-

chercheurs et de personnels administratifs et

techniques.

construire des cursus pluridisciplinaires

progressifs au niveau des grands domaines

de formations, avec des contenus disciplinaires,

méthodologiques et de préparation à la vie

professionnelle pour mettre fin aux filières

tubulaires et favoriser les réorientations.

individualiser la pédagogie. Alors que

les publics qui accèdent à l’université se sont

diversifiés, les méthodes de transmission des

savoirs n’ont pas évolué : cours en amphi à 600,

absence de lien entre enseignants et étudiants…

L’étudiant doit être replacé au cœur du système

universitaire. L’individualisation de la pédagogie

et le suivi de chaque étudiant doivent devenir la

règle. En première année, les cours en amphi

doivent disparaître au profit des cours en petits

groupes. La formation et l’évaluation des carrières

des universitaires doivent prendre en compte la

question de la pédagogie.

- Améliorer l’orientation

A tous les niveaux d’étude, l’orientation ne doit

pas être contrainte, ni être le privilège des milieux

informés. Il faut permettre à chaque étudiant une

orientation progressive et réversible. Pour cela un

véritable service public d’orientation doit être mis

en place avec des moyens humains (recrutement

de COPSY) et financiers conséquents. Pour

faciliter les réorientations, une carte nationale des

passerelles et des équivalences doit être définie.

- Faire des examens un élément de

progression et non de sélection

Les examens sont trop souvent utilisés comme

un instrument de sélection des étudiants alors

qu’ils devraient être un élément à part entière

de la pédagogie. Les contenus des examens

doivent valoriser la réflexion sur la répétition

et le bachotage. Nous refusons les examens

couperets : l’évaluation doit prendre en compte la

progression des étudiants et non les sanctionner,

le contrôle continu primer sur le contrôle terminal,

le contrôle terminal et les sessions de rattrapages

doivent constituer une véritable 2nde chance. Les

corrigés des examens doivent être systématisés.

2. Protéger les jeunes sur le marché du travail

Alors que jusqu’au début des années 80,

les études débouchaient directement sur une

insertion professionnelle durable, aujourd’hui

l’accès des jeunes diplômés à l’emploi est un

véritable parcours du combattant. A la sortie des

études, ils accumulent souvent les stages, les

périodes de chômage, les emplois précaires avant

d’accéder à un emploi stable (en moyenne à 27

ans). La pression exercée par le chômage accroît

ce processus de déqualification et de concurrence

EDF textes total.indb 15 11/03/09 13:24:58

Page 16: EDF Texte congrès

16 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

sur le marché de l’emploi. Faisant écho au nombre

important d’étudiants-salariés, la présence d’une

telle main d’œuvre malléable et bon marché

déstabilise le marché du travail et nivelle vers le

bas les salaires et les conditions de travail de tous

les salariés.

Face à cette situation, le patronat et ses relais

politiques mettent en accusation l’université,

coupable de délivrer des diplômes inadaptés

et dévalorisés. A l’inverse, le diplôme reste la

meilleure arme contre le chômage et la garantie

d’une meilleure insertion professionnelle.

La vraie dévalorisation des diplômes réside

dans leur absence de reconnaissance par

les entreprises qui profitent du chômage pour

utiliser les qualifications des jeunes diplômés

sans les rémunérer à leur juste valeur. Ce n’est

pas l’université qui est responsable du chômage

mais la situation économique et la dérégulation

du marché du travail. Pour protéger les jeunes

sur le marché du travail, il convient d’améliorer

globalement la situation de l’emploi et de renforcer

la préparation à une insertion professionnelle

durable à l’université.

- Favoriser l’emploi des jeunes

C’est en sécurisant le marché du travail pour

tous les salariés que les jeunes seront mieux

protégés. Pour nous, il n’y a pas un problème

d’emploi des jeunes mais un problème global de

l’emploi qui se répercute particulièrement sur les

jeunes, car ils sont plus fragiles socialement et

font office de première variable d’ajustement.

Parce que les jeunes sont des travailleurs

comme les autres, nous refusons toute réponse

spécifique prétendument destinée à réduire le

chômage des jeunes (du type CPE) et aboutissant

surtout à réduire leurs droits, et à les stigmatiser.

Cette démarche doit être un point d’appui pour

des actions communes avec les syndicats

professionnels pour la défense de l’emploi.

Alors que l’Etat organise le plus grand plan

social en supprimant plus de 30 000 emplois

dans la fonction publique, nous demandons une

programmation de l’emploi public (éducation,

santé..) afin de faire face aux besoins d’un service

public de qualité et sortir les étudiants se destinant

à ces métiers de l’incertitude. En l’absence de

minima sociaux avant 25 ans ou d’indemnisation

chômage, pour ne pas être contraint de prendre le

premier emploi venu pour pouvoir survivre une fois

diplômé, la période de recherche du 1er emploi

doit être protégée par une extension de la

protection sanitaire et sociale et la création d’une

aide à la recherche du 1er emploi. Le recul de l’âge

moyen d’entrée dans un emploi stable conduit les

jeunes à cotiser plus tard que par le passé : il est

indispensable de permettre à chaque étudiant

de valider les années d’études dans le calcul

des annuités ouvrant droit à la retraite pour

garantir son droit à la retraite.

- pour une reconnaissance des

qualifications

En l’absence de cadrage national des diplômes

et d’inscription dans les conventions collectives,

les qualifications délivrées par l’université sont

largement utilisées par les entreprises sans être

reconnues, en termes de statut et de rémunération.

Il est nécessaire de renforcer le diplôme afin d’en

faire un outil de protection collective sur le marché

du travail. Aux côtés des syndicats professionnels,

nous réclamons une reconnaissance des

qualifications dans les conventions collectives et

dans la grille indiciaire de la fonction publique. Des

négociations de branches portant sur les salaires

et la reconnaissance des qualifications doivent

aboutir, au besoin par l’intervention de l’Etat et par

un conditionnement de la fiscalité d’entreprise.

A chaque poste doit être associé un niveau de

qualification et un niveau de rémunération.

- construire l’université de tous les métiers

L’université ne prépare plus aujourd’hui aux seuls

métiers de la recherche, du droit ou de la médecine.

Elle doit préparer à tous les métiers, notamment

à ceux nécessitant un niveau de qualification

élevé. L’université doit progressivement intégrer

toutes les formations supérieures (formations

paramédicales, enseignement agricole, écoles

d’archi…). Des équivalences entre les formations

doivent être multipliées et la pluridisciplinarité

développée pour assurer une orientation

professionnelle progressive et un champ

d’insertion le plus large possible.

L’université doit préparer l’ensemble des

étudiants à la vie professionnelle, faute de quoi

l’insertion professionnelle de qualité restera

réservée à une minorité sociale au sein des

filières sélectives. Nous refusons la logique

adéquationniste et revendiquons une insertion

professionnelle durable : il s’agit de répondre

aux besoins de qualification et de reconversion

future du salarié, pas aux besoins de court terme

des entreprises. L’ensemble des cursus doit être

professionnalisé et chaque niveau de diplôme doit

être qualifiant. Cela passe par l’intégration dans

tous les cursus de modules de construction du

projet professionnel, de préparation à la rédaction

de CV et aux entretiens d’embauche, de cours

de droit du travail, de langues et d’informatique,

de stages règlementés (rémunération à hauteur

de 50% du SMIC dès le 1er mois, encadrement

pédagogique…).

pour une formation professionnelle des

enseignants accessible à tous. Si nous

sommes favorables à une reconnaissance

qualifiante des 2 ans de formation en IUFM, nous

dénonçons la réforme en cours de la formation des

enseignants initiée par le gouvernement. Guidée

par une logique d’économies budgétaires rendues

possibles par la suppression de la rémunération

liée au statut de fonctionnaire stagiaire, cette

réforme liquide la formation professionnelle des

futurs enseignants et remet en cause l’accès de

tous les étudiants à ces métiers. Nous exigeons

la mise en place d’une autre réforme à la rentrée

2011, après une année de débat et de négociation

avec l’ensemble de la communauté éducative, afin

de faire évoluer la place du concours, le contenu

de la formation professionnelle dont les IUFM

doivent être l’opérateur, de permettre un véritable

cadrage des masters préparant aux concours de

l’enseignement, et de renforcer l’accompagnement

social des étudiants se destinant à ces métiers.

reMettre l’égalité au cœur Du service public D’enseigneMent supérieur pour Franchir une nouvelle étape De la DéMocratisation

Le service public d’enseignement supérieur est

un outil puissant : en 30 ans, il a multiplié par dix

ses effectifs permettant une réelle massification de

l’accès aux études. Cette massification a ouvert les

portes de l’enseignement supérieur à une partie

de la jeunesse qui en était jusqu’alors exclue : elle

constitue un indéniable progrès social. Pourtant,

la démocratisation de la réussite reste encore un

défi pour la société. L’université n’est plus celle

de la réussite et de l’ascension sociale : 40% des

inscrits en 1er cycle sont en situation d’échec, les

enfants d’ouvrier sont sous-représentés parmi

les bacheliers et quasiment absents des effectifs

d’étudiants en master. L’université, qui accueillait

moins de 5 % d’une classe d’âge dans les années

1960, accueille aujourd’hui près de la moitié d’une

génération : son organisation n’a pourtant pas

suffisamment suivi l’évolution de son public.

Loin de répondre aux insuffisances du service

public, la loi sur l’autonomie votée en 2007 les a

renforcées. Fragilisé par des années de pénuries

budgétaires, le service public d’enseignement

supérieur est aujourd’hui mis à mal par un

désengagement de l’Etat, qui se défausse de

ses responsabilités politiques sur les universités

autonomes pour se limiter à assurer un service

EDF textes total.indb 16 11/03/09 13:24:59

Page 17: EDF Texte congrès

17Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

minimum. Dans leur course en avant vers la

concurrence, les établissements mènent des

politiques malthusiennes, réservant l’essentiel

de leurs moyens à quelques formations élitistes

et délaissant les formations de 1er cycles, en

particulier dans les secteurs jugés les moins

porteurs (lettres et sciences humaines) où le sous

encadrement est chronique. Cette « nouvelle

donne » universitaire va non seulement aboutir à

un renforcement des inégalités entre universités

d’excellence et universités de proximité, mais

également à l’apparition de véritables déserts

universitaires sur le territoire, encouragée par le

processus actuel de fusions d’universités.

Ces évolutions affaiblissent le service public

d’enseignement supérieur et constituent autant

de frein à la démocratisation. Nous estimons

indispensable d’inverser la tendance et de

mettre en perspective de nouvelles évolutions

de l’enseignement supérieur qui recréent les

conditions de l’égalité au sein du service

public et renforcent le rôle de pilotage et de

régulation de l’etat. Face au risque d’apparition

de déserts universitaires, nous opposons la mise

en place d’un politique nationale d’‘aménagement

du territoire. Face aux divisions entre universités

et filières sélectives, nous opposons l’unification

de l’enseignement supérieur. Face au financement

des universités à la performance, nous nous

battons pour un financement public, égalitaire, et

en fonction des besoins.

Enfin, de nouvelles réformes doivent

voir le jour afin d’achever la massification

et de franchir une nouvelle étape de la

démocratisation. A l’inverse de la loi LRU,

ce combat s’inscrit dans le cadre d’un service

public de l’enseignement supérieur renforcé :

indépendant des intérêts particuliers, le service

public est le seul outil capable de préserver

l’éducation des logiques marchandes et de mener

une politique universitaire au service de l’intérêt

général.

L’allongement de la durée de la vie, le progrès

scientifique et technique, l’évolution des savoirs et

des connaissances pose à la société française un

double défi : organiser la formation supérieure de

toute une génération et faire bénéficier l’ensemble

de la société des savoirs réservés jusqu’ici à

quelques-uns. C’est un choix de société majeur,

pas moins révolutionnaire que la mise en place

de l’instruction primaire obligatoire à la fin du XIXe

siècle. Une politique volontariste d’élévation du

niveau de qualification est aujourd’hui nécessaire,

à l’image des politiques menées pour permettre à

80% d’une classe d’âge d’obtenir le bac. L’objectif

de 50% d’une génération diplômée de licence

doit être une priorité. Nous devons porter dans

le débat universitaire l’exigence d’une nouvelle

loi d’orientation et de programmation pour

l’enseignement supérieur, articulant les

objectifs politiques à une augmentation effective

des moyens, notamment humains, pour les

accompagner.

6 priorités pour renforcer le service public d’enseignement supérieur

1) Pour l’égalité des droits, un cadrage national des diplômes !

Les diplômes différent aujourd’hui d’une

université à l’autre, et participent à la mise en

concurrence des universités. L’éclatement et

l’illisibilité de l’offre de formation suite à la réforme

LMD constituent un frein à la mobilité, instaurent

une sélection insidieuse, empêchent toute réelle

reconnaissance des diplômes et accentuent

les inégalités entre étudiants. Si l’UNEF a fait

avancer ce constat, nous devrons accélérer la

mise en place d’un nouveau cadrage national des

diplômes, garantissant des intitulés communs

et harmonisant par le haut les droits étudiants.

Nous demandons la mise en pace d’un référentiel

pédagogique national encadrant le volume

horaire, le taux d’encadrement et le contenu des

formations.

2) C’est à l’Etat de financer l’enseignement supérieur !

Alors que le gouvernement utilise le financement

de l’enseignement supérieur pour renforcer la

concurrence entre établissements et que le

sous-financement pousse les universités à «

diversifier » leurs ressources en s’engageant

dans une course inégale aux financements privés

ou dans des augmentations illégales des droits

d’inscription, nous affirmons que de nouvelles

modalités de financement sont nécessaires pour

recréer les outils de l’égalité au sein du service

public d’enseignement supérieur.

Le financement de l’enseignement supérieur

doit relever de l’Etat, seul à même de porter une

vision de long terme et de garantir les missions

du service public : péréquation, accueil de tous,

démocratisation, maintien des disciplines jugées «

non-rentables », aménagement du territoire. Malgré

un changement de ton du gouvernement au sujet

du sous-financement de l’enseignement supérieur,

nous dénonçons une stagnation des crédits

budgétaires affectés aux universités qui ne permet

ni de rattraper les retards accumulés, ni d’engager

une politique ambitieuse de démocratisation.

Nous réclamons un réengagement financier de

l’Etat, garanti par une loi de programmation, avec

pour objectif d’augmenter les crédits récurrents de

fonctionnement des établissements et de réduire

les inégalités entre universités et grandes écoles.

L’enseignement supérieur doit être accessible à

tous et tendre vers la gratuité.

Afin de revenir sur l’instauration d’un financement

des universités à la performance entrainant un

durcissement des inégalités, nous revendiquons

une répartition des moyens en fonction des

besoins, sur la base de critères nationaux et

objectifs, qui permettent de mieux prendre en

compte les contraintes de chaque université (taux

de boursiers, d’étudiants salariés, besoins des

sciences humaines). La part des financements

sur contrat doit être strictement minoritaire et

la politique contractuelle faire l’objet d’un débat

national et transparent sur ses objectifs.

Si le secteur privé, qui bénéficie des retombées

des qualifications, doit contribuer au financement

de l’enseignement supérieur, ceux-ci doivent

être strictement minoritaires et l’Etat doit

mutualiser l’ensemble des financements privés, à

commencer par la taxe d’apprentissage, pour les

répartir afin d’éviter tout risque de dépendance

aux besoins à court terme du marché. Nous

dénonçons l’instauration par la LRU de

fondations universitaires destinées à collecter des

financements privés. Nous nous opposons à toute

libéralisation des frais d’inscription, notamment

sous la forme de frais progressifs basés sur le

revenu des parents, tels qu’à Sciences-Po, qui

poussent les établissements à ne recruter que des

étudiants issus de milieux aisés pour assurer leur

financement. La redistribution ne peut s’effectuer

au sein de chaque établissement, mais exige une

fiscalité plus juste.

3) Pour un aménagement du territoire au service de la démocratisation

Le renforcement de l’autonomie des universités,

couplé aux fusions anarchiques d’universités

encouragées par le biais des PRES ou de la

mise en œuvre de l’opération campus, entrainent

de profondes recompositions de la carte

universitaire. La volonté politique de faire émerger

quelques grands pôles compétitifs sur la scène

internationale menace l’avenir des universités de

villes moyennes et de certains centres délocalisés.

Les risques de création de déserts universitaires

ou de découplage entre universités d’excellence

adossées à la recherche et universités de proximité

limitées à la Licence sont réels. Ils auraient pour

conséquence de limiter le choix ou de détourner

des études des milliers de jeunes, et conduiraient

à un recul de la démocratisation.

EDF textes total.indb 17 11/03/09 13:25:00

Page 18: EDF Texte congrès

18 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Aux logiques de concurrence à l’œuvre,

nous opposons la nécessité de construire

des coopérations entre établissements et

des mutualisations facteurs de progrès. Nous

demandons une réglementation de la mise en

place des PRES pour en faire des structures de

coopération portées par tous les établissements

d’une même région, destinée à la mutualisation

de certaines activités (recherche, service

interuniversitaires) et garantissant une gestion

démocratique et une réelle représentation

étudiante. Si nous ne sommes pas défavorables

au principe de regroupement de certaines

universités, notamment dans les grandes villes,

nous demandons l’arrêt des fusions en cours et

l’ouverture d’un débat national sur l’aménagement

du territoire en matière universitaire, afin de garantir

l’égalité d’accès à des formations de qualité. Ce

débat doit s’accompagner de l’élaboration d’une

carte nationale des formations.

4) Unifier l’enseignement supérieur

En maintenant la partition historique entre

grandes écoles et universités, l’Etat organise

une concurrence inégale au sein du service

public, en concentrant les moyens sur les filières

sélectives et en délaissant les universités. Les

filières sélectives, les prépas et les grandes

écoles publiques ou privées, sont des voies de

contournement royales pour les élites richement

dotées – par l’argent ou le capital culturel de

leurs parents – qui souhaitent éviter les amphis

bondés de la fac et se reproduisent au sein de ces

filières à l’écart de l’université et de la recherche.

La sélection à l’entrée des écoles et des classes

prépas entretient la reproduction sociale. Si les

dispositifs de discrimination positive à l’entrée

permettent à certains de se donner bonne

conscience, ils ne règlent pas le problème de

fond.

Il est temps de mettre un terme à cette division en

supprimant les grandes écoles et en avançant vers

l’unification de l’enseignement supérieur autour de

l’université. L’excellence doit revenir à l’université :

les classes préparatoires doivent y être intégrées.

Nous refusons tout financement public et

reconnaissance par l’Etat d’établissements ou de

formations privés, qui encouragent la concurrence

déloyale entre établissements.

5) Construire une Europe de l’éducation facteur de progrès

Pour notre génération, l’Europe est une

évidence. Pourtant, le contenu actuel de la

construction européenne ne correspond pas à

nos aspirations. A l’opposé d’une Europe du tout

marché, de la concurrence et des technocrates,

nous voulons participer à l’émergence d’une

Europe démocratique, facteur de solidarité et de

progrès social.

A quelques semaines d’échéances

électorales européennes, nous souhaitons

porter les aspirations de notre génération en

faveur d’une réorientation de la construction

européenne et d’une europe de l’education

réellement facteur de progrès. Sous couvert

de mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne ou

d’application du processus de Bologne, il existe

incontestablement en Europe une pression à la

libéralisation des systèmes éducatifs. Alors que va

s’ouvrir le débat sur les perspectives européennes

en matière d’enseignement supérieur après 2010,

nous devons peser sur ces discussions et imposer

la construction d’un service public d’enseignement

supérieur à l’opposé des logiques de concurrence.

L’Europe doit se fixer des ambitions politiques

communes élaborées démocratiquement: nous

demandons l’élaboration d’un traité européen sur

l’enseignement supérieur, assorti d’un budget

spécifique, et garantissant une harmonisation

par le haut des droits étudiants (libre accès à

l’université, limitation des droits d’inscription,

définition d’un statut social de l’étudiant au niveau

européen, d’un cadre européen des formations,

permettant une reconnaissance effective des

diplômes et des qualifications en Europe). La

mobilité étudiante, aujourd’hui réservée à une

minorité (seulement 1% des étudiants en France),

doit devenir un droit. L’évolution du contenus des

formations et l’augmentation en nombre et en

montant des aides nationales à la mobilité doivent

rendre effectif le droit à un semestre à l’étranger

dans les cursus. Une augmentation du budget

éducatif de l’UE est nécessaire pour permettre

la mise en place d’un fond européen à la mobilité

destiné à compenser les différences de coût de

la vie pour les étudiants en mobilité), ainsi qu’un

fonds de cohésion universitaire (sur le modèle des

fonds structurels) afin de lutter contre le « dumping

universitaire ». Nous ne pourrons porter seuls ce

projet. Afin que l’ESU devienne le véritable porte

voie syndical des étudiants, nous entendons

y poursuivre notre investissement et travailler

avec les organisations partenaires de l’UNEF au

renforcement du pôle syndical au sein de cette

organisation.

6) Défendre la recherche publique et les jeunes chercheurs

La recherche publique a été modifiée en

profondeur par l’application de la loi recherche

en 2006 qui a entrainée un accroissement de

la concurrence entre les équipes et les labos,

notamment pour la course aux financements,

et la remise en cause de pans entiers de la

recherche jugée « non-rentable ». En concentrant

les moyens sur quelques thèmes « stratégiques »

ou quelques « pôles », le gouvernement remet en

cause l’adossement de l’ensemble des formations

à la recherche qui permet la prise en compte

des savoirs récents dans les enseignements

dispensés et qui détermine la qualité de

l’enseignement. L’Etat doit au contraire garantir

l’équilibre qui est pourtant en train de se rompre

entre recherche fondamentale et recherche

appliquée. Il est indispensable d’accroitre le

financement public de la recherche pour atteindre

3% du PIB et garantir son indépendance et la

mise en place de projets sur le long terme, par

le biais d’une hausse des crédits récurrents des

labos et d’une limitation des financements sur

projets via l’ANR. Les organismes de recherche

doivent être préservés, tout en améliorant les

coopérations avec la recherche universitaire,

et le renforcement de la pluridisciplinarité du

CNRS, à l’opposé de la logique d’instituts

proposée par le gouvernement. Nous réclamons

un véritable statut du doctorant (financement

sur la durée de la thèse, encadrement, moyens

matériels de l’intégration dans les labos, propriété

intellectuelle). L’augmentation quantitative du

nombre de financements est une priorité: 40%

des docteurs abandonnent leur thèse en cours

faute de moyens. Parce que la véritable fuite des

cerveaux est moins celle de docteurs partant

exercer à l’étranger que celle des étudiants qui se

détournent à priori des métiers de la recherche

du fait de carrières peu attractives dans le privé

et d’une politique de sous-recrutement dans la

recherche publique, nous réclamons notamment

un plan pluriannuel de recrutements d’emplois

scientifiques statutaires et la reconnaissance du

doctorats dans les conventions collectives.

l’uneF, synDicat De tous les étuDiants, Moteur Des coMbats De notre génération

Dans la période, alors que le gouvernement

s’attaque à l’ensemble des protections collectives,

le rôle de l’UNEF est fondamental. Il nous

appartient ainsi de le renforcer et de démontrer

l’utilité de l’engagement collectif. Afin d’être

les acteurs centraux de la protection et de la

transformation de l’enseignement supérieur, nous

EDF textes total.indb 18 11/03/09 13:25:02

Page 19: EDF Texte congrès

19Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

devons rassembler autour de notre conception du

syndicalisme de transformation sociale.

a – l’UneF organisation de transformation sociale

L’UNEF s’inscrit dans la tradition du mouvement

ouvrier. Rassemblant les étudiants pour assurer

leur défense matérielle et morale, indépendamment

des opinions philosophiques et religieuses de

chacun : le seul propriétaire de l’UNEF, c’est ses

adhérents. Nous défendons un syndicalisme

revendicatif, qui combine la rue et les urnes. Nous

refusons la fausse division entre syndicalisme de

lutte et syndicalisme d’accompagnement. Dans la

période, seul un syndicalisme de transformation

sociale, alliant rapport de force construit et

recherche permanente de débouchés, évitera

deux déconvenues : celle des luttes qui n’ont

pas su trouver de traduction concrète pour les

étudiants et celle de l’existence d’une bureaucratie

qui se juge à elle seule légitime pour négocier

dans l’intérêt des étudiants en dehors de tout

rassemblement majoritaire. Parce qu’un pas vaut

mieux que milles programmes, aucune victoire

n’est ni partielle, ni totale : elle nous donne un

point d’appui pour aller plus loin, à condition de

construire avec les étudiants un rapport de force

permanent. Dans le contexte, nous devons être en

état de mobilisation permanente (syndicalisation,

pétitions, élections, assemblées générales,

grève…) afin de structurer notre milieu, de

l’organiser et de le préparer à l’affrontement avec

le gouvernement en lui donnant le cas échéant les

moyens de se mobiliser.

b – renforcer l’outil syndical pour résister et conquérir de nouveaux droits

La construction d’un syndicat de masse, outil

au service des étudiants doit nous permettre

de renforcer le rapport de force, d’accroître nos

champs d’intervention et de légitimer notre action.

1. Construire l’unité du mouvement étudiant

Plus que jamais, dans une période de régression

sociale et d’attaques contre le service public

d’enseignement supérieur, l’UNEF a vocation à

s’ouvrir et à organiser en son sein toute la jeunesse

pour porter sa voix et faire avancer ses droits.

Conscients de nos responsabilités pour créer les

conditions du rassemblement, nous souhaitons

faire de ce chantier une priorité. Pour nous, il doit

reposer sur 3 principes : le respect du pluralisme

reposant sur le droit de tendance, la construction

de cette démarche au sein de la « maison

commune » qu’est l’UNEF, et le syndicalisme de

transformation sociale. Les premiers pas franchis

depuis l’appel au rassemblement du mouvement

étudiant doivent nous permettre de passer à

une nouvelle étape dans les mois à venir. Nous

prendrons toutes les initiatives pour faire avancer

ce processus : construction de campagnes locales

communes, élaboration de listes communes lors

des échéances électorales locales…

Au vu du contexte politique et social, chacun

doit prendre ses responsabilités. Le renforcement

du mouvement étudiant est plus que jamais

incompatible avec ses divisions. Ceux qui prônent

la division au nom d’un soi-disant pluralisme font

le jeu des réactionnaires qui savent profiter à la

moindre occasion des divisions du camp adverse.

L’unité du mouvement étudiant est fondamentale

pour construire des mobilisations larges et pour

maintenir un rapport de force durable.

2. Des sections syndicales au service des étudiants

Afin de renforcer le rapport de force à tous les

niveaux, l’UNEF doit ainsi se doter de sections

syndicales fortes, permettant d’assurer, au

quotidien, la défense individuelle et collective de

tous étudiants. Nous devons également formuler,

dans les filières, des revendications pour répondre

aux problématiques de tous les étudiants. Parce

que syndiquer le plus grand nombre d’étudiants

est aussi un élément déterminant pour augmenter

le rapport de force et assurer notre indépendance

financière, la syndicalisation permanente doit être

au cœur de notre activité.

3. Les élections étudiantes au service du rapport de force

Dans un an se dérouleront les élections

universitaires et au CROUS organisées

dorénavant sur une même période. Cette

période électorale doit être un enjeu majeur pour

l’organisation : chaque étudiant convaincu est

un outil supplémentaire au service du rapport de

force. Au service de notre projet syndical, nos

élus participent concrètement à faire avancer

nos propositions. Notre réseau d’élus doit être

structuré pour mutualiser les expériences et les

victoires locales.

c. l’UneF organisation de jeunesse

L’UNEF, en tant qu’organisation de jeunesse,

n’a pas vocation à intervenir seulement sur les

questions universitaires. Elle doit se saisir de tous

les sujets permettant d’aboutir à la transformation

de la société.

1. Face à la crise renforcer et développer les solidarités

Le mouvement ouvrier s’appuie sur trois

piliers : le syndicat pour défendre ses droits, la

mutuelle pour assurer la protection collective et la

coopérative pour organiser la solidarité matérielle

au quotidien. L’UNEF s’est construite sur cet

héritage pour améliorer les conditions matérielles,

sanitaires et morales des étudiants. Face à la crise

et aux politiques libérales qui cassent tous les

systèmes de protection collective, nous devons

renforcer et développer les solidarités en direction

des étudiants et de l’ensemble de la jeunesse.

- renforcer la Mutuelle des etudiants comme

outil de transformation sociale

La gestion du système étudiant de sécurité

sociale doit nous permettre d’agir au quotidien

sur l’accès aux soins, la prévention des risques

spécifiques à la jeunesse pour améliorer les

conditions de vie et d’études des étudiants. Le lien

permanent entre les élus de la LMDE, élus sur

des listes soutenues par l’UNEF, et les militants

du syndicat, doit permettre de conserver une

mutuelle militante, à l’offensive pour défendre le

régime de sécurité sociale étudiant.

- renforcer la solidarité en développant les

services pour les étudiants

Là où le service public est défaillant, l’UNEF

doit permettre à chaque étudiant d’avoir accès

aux services nécessaires au bon déroulement

de ses études. Les coopératives sont un outil

essentiel pour organiser la solidarité. Elles sont

aussi un outil décisif pour structurer davantage

notre milieu et développer notre organisation. Le

développement de partenariats culturels et de

services pédagogiques sont autant de pistes à

explorer pour améliorer le quotidien des étudiants.

Mais au-delà, sur le modèle des caisses de

secours créées par les ouvriers, nous devons

réfléchir au développement de nouveaux outils

pour protéger les étudiants et développer la

solidarité.

2. Engagés contre les discriminations

Ce qui motive notre combat, c’est la bataille

pour l’égalité des droits et contre toutes les

discriminations, qu’elles soient sociales,

culturelles, de genre ou fondées sur l’orientation

sexuelle. L’UNEF doit s’engager et être de toutes

EDF textes total.indb 19 11/03/09 13:25:03

Page 20: EDF Texte congrès

20 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Premiers signatairesPREVOST Jean Baptiste, Paris 1, PrésidentLE CRAS Thierry, Paris 13, Vice-Président, élu au CNESERMELIN Anna, Paris 13, Secrétaire Générale, élue au CNESERMAURICE Sébastien, Paris 10, TrésorierALLEK Sifax, Nancy, Président d’AGEANFOSSI Vincent, Toulon, Président d’AGEAOUDIA Sahra, Nimes, Présidente d’AGEAOUDJEHANE Kamel, Paris 8, Bureau NationalARADJ Serge, Paris 6, Vice président d’AGEAUBRY Manon, IEP, Présidente d’AGEAUMJAUD Gilles, Grenoble, Tresorier d’AGEAUVRAY Emmanuel, Le Mans, Président d’AGEBALLAIRE Laure, IEP, Secrétaire Générale d’AGEBALLON Maeva, Paris 10, Secrétaire Générale d’AGEBEAUJOLIN Lucas, Paris 6, Secrétaire Général d’AGEBECHU, Mathieu, Paris 12, Secrétaire Général d’AGEBEGAT Christophe, Aix- Marseille, Secrétaire Général AdjointBENOIST Tristan, Paris 6 , Bureau National de la LMDEBENOIT Simon, La Rochelle, Secrétaire Général d’AGEBENTAOUNE Anissa, Paris 10, Présidente d’AGEBENY Deborah, Lille, Responsable de CAS de Lille 3BERTEMONT François, Caen, Président d’AGEBIARD Tina, Montpellier, Présidente d’AGEBOIX Romain, Toulouse, Trésorier d’AGEBORDENAVE Vincent, Paris 1, Secrétaire général d’AGE, VPE CEVUBOUDIN Clément, Paris 4, Secrétaire Général de la LMDEBOUDRA Mounir, Avignon, Président d’AGEBOURGUIGNON Thomas, Evry, Sécrétaire Général d’AGEBRETON Thalia, Paris 2, Trésorière adjointe de la LMDEBRYGO Philippine, Paris 4, Présidente d’AGEBURGAT Yannis, Lyon, Secrétaire Général d’AGECALVIGNAC Damien, Nancy, Trésorier d’AGECAN Thomas, Rouen, Secrétaire générale de l’AGE CARDIN Jean-Edouard, Littoral, Président d’AGECARVALHO Sandra, Bordeaux, Trésorière d’AGECHAILLOU, Sébastien, Paris 1, Président d’AGE, VPE CACHAUMETTE Boris, Commission de contrôle, élu au CNESERCHAUVIN Catherine, Artois, Présidente AGECLUZEL Augustin, Paris 2, Président d’AGECORNUET Nicolas, Paris 11, Président d’AGECOTORA Maria, IEP, Bureau NationalCREAC’H Malorie, Brest, Secrétaire Générale d’AGEDE HAAS Magali, Strasbourg, Secrétaire Général d’AGE, VPE CROUS, DELAIR Laure, Paris 12, Présidente d’AGE, VPE CROUS CréteilDENIAUD Justine, NantesDIDISSE Jonasse, Rouen, BN, président d’AGEDJEBARA Azwaw, Paris 1, Bureau National, élu au CNESERDOBBELS David, Paris 1, Bureau National, élu au CNESERDOLIVET Léa, Tours, Secrétaire GénéraleDUBIN Olivier, VSQ, Trésorier d’AGEERICH Amandine, Rennes , Secrétaire Générale d’AGEFAURE Albain, Aix Marseille, Secrétaire Général d’AGEFAVARO Vanessa, Paris 10, Bureau NationalFILOCHE Germain, Paris 1, Commission de ContrôleFLEURET Alexandre, IEP, Vice Président d’AGEFONTENAS Alban, Grenoble, Bureau NationalGARNIER Juliette, Lyon, Présidented’AGEGOBERT Thomas, Valenciennes, Président d’AGEGOUET BREVAULT Mélodie, Rennes , Présidente d’AGEGOUGAIN Nicolas, Rennes 2, Bureau National de la LMDEGRIFFOND Juliette, Paris 12, Bureau NationalLEBOUC VAUTIER Paul, Le Havre, Secrétaire Général d’AGEHALLIER Vivien, Paris 13, Président d’AGEHARO Mathieu, Strasbourg, Trésorier d’AGEHURTADO Line, Lyon, Vice Présidente d’AGEIWASAKI Ken, Paris 4 Secrétaire général d’AGEJANODET Annabelle, Paris 2, Bureau National, élue au CNESERJAOUANNET Maelle, Nice, Présidente d’AGEJEUDY Mila, Paris 1,Commision de contrôleJOHO Julie, Strasbourg, Présidente d’AGEJOUKILI Ayat, Grenoble, Secrétaire Générale d’AGEJOURDAIN Lucas, Paris 1, Président de la

Commission de Contrôle, élu au CNOUSJUMEL Amandine, Le Havre, déléguée au BNKERGUTUIL Gaëlle, Versailles Saint Quentin, BN de la LMDELABBE Ludivine, Toulouse, Présidente d’AGELE DISERT Marine, Paris 2, Secrétaire générale d’AGELE ROY-MIGNOT Thibault, Caen, Secrétaire Général d’AGELEMOIGNE Elodie, Paris 13, Bureau NationalLEPERLIER Gilles, La Réunion, Président d’AGE, élu au CNOUSLESUEUR Mathieu, Antilles-Guyane, Président d’AGELIEWIG Elodie, Toulouse, Secrétaire Générale d’AGE, VPE Toulouse ILOMBARD Sébastien, Cergy, Président d’AGEMAGAGNINI Lucie, Besancon, Présidente d’AGE, VPE CROUSMANDELBAUM Julie, Paris 2, Bureau NationalMARDOC Laure, IEP, Secrétaire générale d’AGEMARGAUD Antoine, Secrétaire Général d’AGEMAROIS Simon, La Rochelle, Président d’AGEMARTINET William, VSQ, Secrétaire Général D’AGEMASEGOSA Jerome, Pau, Président d’AGEMASSIBOT Hadrien, Lyon, Trésorier d’AGEMERIGOT Nicolas, Evry, Président d’AGEMERLO Salomé, Paris 4, Bureau NationalMICELLI Julien, Reims, Président d’AGEMICLOT Camille, Paris 1, Bureau National, élu au CNOUSMOHDEB Said, Paris 8, VPE CEVUMORAND Anthony ,Le Havre président d’AGE MOREAU Léo, Cergy, Secrétaire Général d’AGEMUNCH Jean-Arnaud, Paris 13, Bureau NationalNEUHEUSER Jean-Christophe, Mulhouse, Président d’AGEODERDA Marion, Paris 12, Bureau Naional, élu au CNOUSPAILLER Noémie, Brest, Présidente d’AGEPASQUIER Hélène, Lyon, Bureau NationalPELAY Malvina, Paris 8, Président e d’AGEPERREAU Camille, Bordeaux, Présidente d’AGEPERRIGUEY Ambre, Rennes, Secrétaire Générale d’AGEPESCHANSKI Adrien, Paris 1, Trésorier,PIEDERRIERE Annaïg, Cergy, Bureau National, élue au CNESERPIERRE Marie-Charlotte, Grenoble, Présidente d’AGE, VPE CROUSPOLENNE Cecilia, Montpellier, Secrétaire Général d’AGEPOSSON Johan, Tours, Président d’AGEPROSPER Juan, La Réunion, Secrétaire Général d’AGE, VPE PROTAIN Michael, Nancy, Secrétaire Général d’AGERAHMANI Siham, Perpignan, Présidente d’AGE, RINGOT Victor, Président d’AGE, LilleRODRIGUES Audrey, Paris 13, Secrétaire GénéraleRODRIGUEZ DE ALMEIDA Frédéric, Paris 12, Trésorier d’AGERODRIGUEZ Quentin, Paris 7, Secrétaire général d’AGEROME Sylvestre, Paris 6, Président d’AGERUELLE Yves, Marne la Vallée, Bureau NationalSABAU Yannick, Cergy, Bureau nationalSAILLARD Mélodie , Metz, Président d’AGESARIFI Rabi, Lille, Responsable de CAS de Lille 1SAVINEL Alexia, Secrétaire Générale d’AGE, LilleSENN Lucile, Lorient Vannes, Présidente d’AGESHAHRYARI Sayna, Paris 7, Présidente d’AGESILISTRINI Michael, Nancy, VPE Nancy IISOULIER Benoit, Versailles Saint Quentin, Président d’AGE, VPE CROUS VersaillesSOUVETON Nicolas, Paris 12, BN de la LMDESTOECKEL Karl, Paris 1, Bureau National, élu au CNOUSSZEFTEL Gabriel, Paris 1, Commission de Contrôle, VP de la LMDETORTEL Alexandre, Paris 10, Trésorier de la LMDETOUBIANA Julie, Aix Marseille, Présidente d’AGEVAILLANT Myriam, Bordeaux, Secrétaire Générale d’AGEVALLE Lucienne, Saint Etienne, Présidente d’AGE, VPE de l’université de St EtienneVALLETTE Raphael, Marne La Vallée, Président d’AGEVERAN Lauriane, Paris 2, Bureau NationalVERSOS Catarina, Paris 12, Bureau National de la LMDEVIOLET Guillaume, Paris 13, Bureau NationalVOISIN Florent, Paris 1, Bureau National, élu au CNESERZAROUKIAN Anouch, Orléans, Président d’AGE, VPE de l’université d’ OrléansZEMMOUR Emmanuel, ENS Ulm

les batailles pour défendre l’égalité des droits et

lutter contre toute forme de discrimination.

3. L’UNEF engagée dans le combat féministe

A l’université comme dans l’ensemble de la

société, les inégalités sont criantes. Nous devons

nous battre pour l’égalité hommes / femmes à

tous les niveaux : à l’université, dans le monde

professionnel, ou dans la vie quotidienne… mais

aussi dans notre organisation. Mais au-delà,

c’est l’image du rôle social de chacun que nous

devons nous efforcer de changer. Cette bataille

doit être menée aux côtés des organisations et

associations féministes.

4. Défendre la laïcité

La politique de Nicolas Sarkozy de remise en

cause des protections collectives et de mise

en avant de la régulation de la société par le

religieux représente une remise en cause sans

précédent de la laïcité, et préparent le terrain

au repli sur soi et au communautarisme. Notre

projet syndical s’inscrit dans le combat pour

l’émancipation et défend une République laïque

: la laïcité est le souci de ce qui est commun et

à ce titre un ciment de la société. Nous refusons

notamment le financement et la reconnaissance

des diplômes des établissements privés

confessionnels par l’Etat.

5. L’UNEF internationaliste

Au-delà des frontières géographiques, culturelles

et politiques, tous les peuples aspirent à leur

émancipation, dont l’Education est le premier des

outils. L’UNEF est internationaliste parce que son

combat de transformation sociale par l’Education

est un vecteur universel pour le progrès et la

paix. Parce que notre internationalisme est avant

tout un anti-impérialisme, l’UNEF doit pleinement

assumer son rôle de solidarité internationale.

Au vu des développements sociaux et politiques

récents, nous devons en particulier développer

nos relations avec les étudiants d’Amérique

latine. Il est de notre responsabilité de donner

une grille de lecture à des milliers de jeunes qui

soit s’identifient à certains conflit, soit ou désirent

agir parce qu’ils refusent les injustices : nous

combattons notamment les lectures ethnico-

religieuse de conflits politique internationaux, au

Proche-Orient ou ailleurs.

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Page 21: EDF Texte congrès

21Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Si l’Union Nationale des Etudiants de

France porte un projet fort et cohérent

pour les aides sociales avec l’allocation

autonomie, les orientations sur l’Enseignement

Supérieur ne s’inscrivent pas dans un cadre

revendicatif unique. Pour aboutir à un véritable

projet qui rassemble l’ensemble des étudiants,

nous devons nous fixer des objectifs clairs.

le combat pour la démocratisation de l’enseignement supérieur :

Dans son « Manifeste pour une réforme

démocratique de l’Enseignement Supérieur »

de 1964, l’UNEF défendait déjà la massification

de l’enseignement supérieur qui a abouti à «

l’université des 2 millions d’étudiants ». Notre

projet syndical vise à transformer l’Université

pour transformer la société en permettant à

de nouvelles couches sociales d’accéder à

une éducation de haut niveau. Aujourd’hui, le

gouvernement, s’il ne porte pas dans l’immédiat

de projet destiné à introduire une sélection à

l’entrée de l’Université, utilise d’autres moyens

pour attaquer cet objectif en détruisant le contenu

des enseignements : les filières misant sur

l’acquisition d’un esprit critique sont menacées,

les contenus des diplômes sont modifiés vers

davantage de professionnalisation, les moyens

sont davantage tournés vers des supplétifs au

détriment des enseignements fondamentaux…

le combat pour une autonomie intellectuelle :

L’enjeu pour le gouvernement est d’empêcher

l’acquisition d’une « autonomie intellectuelle

» tout en maintenant un nombre important

d’étudiants car les demandeurs d’emplois avec

un haut niveau de formation sont devenus

nécessaires à l’économie libérale. Ainsi, les

Contribution de la sensibilité DEMOS, membre de la Majorité Nationale

unifions notRe pRojet pouR l’enseigneMent supéRieuR autouR du pRincipe d’autonoMie intellectuelle

Signataires

Thomas Can, secrétaire général de l’AGE de RouenBoris Chaumette, Commission de contrôle, élu au CNESERJonas Didisse, BN, président d’AGE de RouenMichael Fercoq, trésorier de l’AGE du HavreJonathan Halimi, AGE de Paris 3Amandine Jumel, déléguée au BNGhislain Lafleur, VPE du CROUS de Haute NormandiePaul Lebouc Vautier, secrétaire général de l’AGE du HavrePétronille Le Thiec, AGE de CaenLoic Lucas, VPE de l’Université de RouenMarine Malandain, VPE de l’Université du HavrePauline Masson, AGE de RouenAnthony Morand, président d’AGE du HavreFlorent Simon, trésorier de l’AGE de RouenMathilde Thune, commission administrative

réformes visent à empêcher la formation de

citoyens responsables. L’UNEF doit se battre

pour assurer que l’Enseignement Supérieur

permette le développement de l’esprit critique.

Une démocratisation de l’Enseignement

Supérieur qui oublierait de former des citoyens

critiques ne permettrait pas de transformer

la société. Nous devons donc analyser les

réformes gouvernementales et les contenus

des enseignements en prenant en compte

la « valeur émancipatrice » des différentes

formations. Nos réactions et nos revendications

doivent se faire en fonction de ces principes. Le

projet de l’UNEF pour l’Enseignement Supérieur

doit viser cet objectif.

le combat syndical :

Pour les mêmes raisons, le syndicat doit être

un outil d’émancipation sociale par sa structure

et par son fonctionnement. Faire le choix, en

conscience, de se syndiquer à l’UNEF, c’est

déjà faire preuve d’une capacité de résistance

face au gouvernement et d’une certaine

autonomie intellectuelle. Le rôle du syndicat

est de prolonger la formation du militant dans

un espace d’épanouissement et de formation

à l’esprit critique : l’engagement militant n’est

pas une forme d’ « encartement moral » ! Il

est bien entendu pour cela nécessaire qu’un

étudiant qui s’engage puisse prendre part à

toutes les discussions de son syndicat. Les

structures d’un syndicat doivent permettre à

l’individu de proposer, débattre, s’approprier

les revendications et les orientations. Ainsi,

les militants doivent disposer d’une marge de

manœuvre locale suffisante pour prendre des

initiatives, avec l’accord de leur section locale et

dans le respect des orientations de la structure

nationale.

C’est cette effervescence à la base

qui permettra l’apparition de nouvelles

revendications notamment sur les doctorants,

de nouveaux concepts comme l’écologie, et

assurera à l’UNEF de rester le syndicat de tous

les étudiants, en phase avec l’ensemble de son

milieu.

EDF textes total.indb 21 11/03/09 13:25:06

Page 22: EDF Texte congrès

22 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Le 81ème congrès de L’UNEF s’inscrit

dans un contexte social particulièrement

difficile. Les deux premières années du

règne Sarkozy ont été celles de tous les reculs

: de l’offensive contre l’Université publique

à la casse du droit du travail, en passant les

politiques racistes par l’ex-ministère Hortefeux,

rien n’échappe au rouleau compresseur

conservateur. Les politiques libérales menées

depuis des années sont directement à l’origine

de la crise économique que l’on connaît.

Pourtant, ces politiques sont aujourd’hui

accélérées par le gouvernement Fillon.

Sous couvert de « modernisation » du pays,

c’est un nouveau modèle de société que la

classe dirigeante met en place. Un modèle dans

lequel le droit de tous à l’éducation, ou encore

à la santé, sont des reliques du 20° siècle. Le

gouvernement de combat qui se trouve face à

nous a entrepris une destruction systématique

de tous les acquis sociaux : remise en cause du

droit de grève par le biais du « service minimum

», marchandisation des services publics, baisse

des impôts des plus riches, répression syndicale

dans le privé… Les objectifs sont clairs. Il s’agit

de détruire les protections collectives des salariés

pour baisser le « coût » du travail, d’ouvrir de

nouveaux marchés juteux, d’en finir avec toute

forme de redistribution des richesses. Pendant

que les licenciements se multiplient, que le taux

de chômage explose et que les services publics

sont asphyxiés financièrement, des milliards

sont distribués aux banques et les exonérations

de cotisations patronales n’ont jamais été si

nombreuses. A l’échelle mondiale, c’est la guerre

qui s’intensifie entre les pays impérialistes pour

l’accaparement des richesses et des ressources

partout sur la planète : occupation militaire de

l’Irak et de l’Afghanistan, menaces d’intervention

contre l’Iran, soutien sans borne à l’Etat d’Israël

malgré la barbarie dont il a fait preuve lors de

l’agression militaire contre Gaza.

Dans l’enseignement supérieur français, la

mise en place de la LRU et la multiplication

de réformes et décrets la complétant ont

largement redessiné le paysage universitaire.

Dans la France d’après, le « marché du savoir

et de la connaissance » remplace peu à peu le

service public d’enseignement supérieur. La

conséquence : l’éducation à plusieurs vitesses

devient la norme. Pour les élites, des pôles ultra

compétitifs et concurrentiels. Pour les classes

populaires entrées par effraction à l’Université

après 1968, des collèges universitaires n’offrant

que des Licences hyper-professionalisantes

n’ayant aucune valeur à moyen terme sur le

marché du travail. En cassant ainsi les diplômes,

le gouvernement s’attaque à nos protections

collectives. Tout comme le gouvernement

renvoie la question de la hausse des salaires

à la négociation entreprise par entreprise,

il individualise les diplômes pour laisser

chaque futur salarié négocier en tête à tête

avec son patron. La précarité n’est donc plus

simplement le lot quotidien des étudiants, c’est

aussi leur seule perspective d’avenir. Alors

que le pouvoir d’achat des étudiants ne cesse

de baisser, le gouvernement propose des

crédits à la consommation pour financer ses

études ! Toujours plus soumis à la nécessité

de se salarier au détriment de leurs études, les

étudiants sont parmi les premières victimes de la

crise économique.

Pourtant les résistances sont nombreuses face

à cette offensive sans précédent de la classe

dirigeante. Depuis mai 2007 les étudiants se sont

mobilisés avec vigueur contre la LRU, n’ont eu

de cesse de dénoncer les suppressions de poste

dans l’Education Nationale, ont lutté au côté des

lycéens, ont combattu les expulsions d’étudiants

étrangers. Comme l’ensemble du mouvement

social, le milieu étudiant n’a pas baissé les bras

devant l’arrogance et les attaques de Sarkozy

et de son gouvernement. Mais ce dernier a

tout fait pour submerger les résistances : en

TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA TENDANCE POUR UNE UNEF UNITAIRE ET DÉMOCRATIqUE

face à la défeRlante des attaques, faisons le choix de la Résistance !

attaquant sur tous les fronts en même temps, il

a voulu infliger une défaite majeure au salariat

et à la jeunesse. Loin d’y parvenir, Sarkozy

ne fait qu’attiser la colère : la mobilisation

historique du 29 janvier en est un signe. La

résistance des enseignants chercheurs depuis

de nombreuses semaines montre la voie sur les

facs. Les étudiants sont mobilisés et déterminés.

Aujourd’hui le gouvernement tente d’imposer un

projet global et cohérent dans les Universités, et

face à cela nous devons organiser une riposte à

la hauteur des enjeux. Nous devons porter dans

le milieu étudiant un projet alternatif et crédible,

une rupture radicale avec les politiques libérales

à l’œuvre à l’Université Seul un mouvement

d’ensemble, majoritaire, unitaire et démocratique

permettra de l’emporter et de mettre un coup

d’arrêt à l’offensive du gouvernement. A la veille

de son 81ème Congrès, l’UNEF est donc mise

devant ses responsabilités. Le CPE l’a montré

en 2006, la capacité organisationnelle et la

force militante de notre syndicat sont des atouts

majeurs. Il est temps de les mettre au profit d’une

lutte sans concession contre les ravages de la

modernisation universitaire. A l’heure où nos

camarades syndicalistes antillais nous montrent

la voie de la victoire, il est grand temps de suivre

l’exemple et de faire de notre Congrès la rampe

de lancement d’une riposte qui soit enfin à la

hauteur des enjeux et des attaques !

i - la Destruction Du Droit à l’éDucation : une attaque contre la Jeunesse pour Mieux précariser le salariat !

L’objectif du gouvernement de baisser le coût

du travail est cohérent avec les impératifs du

nouveau Monopoly mondial qui sévit depuis vingt

ans : les Etats sont aujourd’hui en compétition

pour attirer les capitaux mondiaux, ce qui

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Page 23: EDF Texte congrès

23Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

implique de taxer moins les entreprises et d’avoir

des salariés bon marché avec des niveaux de

qualification comparables. Le système éducatif

est au cœur de toutes les attaques. Il faut pour

la classe dirigeante réorganiser l’ensemble du

marché de travail, et donc réorganiser l’école

qui forme les salariés de demain. Leur but est

de changer les règles du jeu, et pas seulement

de faire des économies budgétaires. Comme le

rappelait il n’y a pas si longtemps un ponte du

Medef, il est nécessaire de revenir un à un sur

tous les acquis de 1945, et notamment l’accès

de tous à l’éducation et au savoir. Ce n’est pas

un hasard si c’est l’Ecole dans son intégralité

qui se retrouve aujourd’hui dans la ligne de

mire du gouvernement. De la maternelle à

l’Université, c’est la marchandisation à tous les

étages : réforme de la maternelle, du primaire,

du lycée, suppression des RASED, suppression

de postes, LRU…

Dans son offensive généralisée contre

l’école publique, Sarkozy n’a pas caché qu’il

comptait faire de l’Université sa priorité. C’est

l’enseignement supérieur qui forme une bonne

partie des futurs salariés et les enseignants.

Pour changer l’école, son fonctionnement et

son rôle, il faut d’abord changer la formation

de ses enseignants. Ce n’est pas un hasard si

l’Université est un des secteurs les plus touchés

par les réformes qui sont menées tambour

battant depuis mai 2007. A cela s’ajoute la

pression de Bruxelles, les classes dirigeantes

des différents pays d’Europe avançant la

construction d’un système marchand européen

qui puisse concurrencer les systèmes américains

et japonais. L’Europe est à la traîne sur ce

terrain, et la France, où les gouvernements

successifs ont dû affronter un mouvement

étudiant puissant, en est l’un des plus mauvais

élève dans la mise en place du marché du savoir

et de la connaissance.

Les attaques pleuvent depuis dix ans sur

l’Université, et le gouvernement Sarkozy est

dans la droite ligne de ces prédécesseurs : des

décrets aux réformes, tout est bon pour mettre

en œuvre le modèle marchand. L’introduction

de la loi relative aux Libertés et Responsabilités

des Universités, loi cadre qui transforme en

profondeur l’enseignement supérieur, a entamé

un tournant. Face à la multiplicité des attaques,

nous devons aujourd’hui dégager la cohérence

du projet du gouvernement afin de pouvoir établir

la stratégie la meilleure qui soit et imposer notre

propre projet pour l’Université.

1- la réalité du milieu étudiant : précarité et inégalité devant le droit à l’éducation.

La précarité étudiante n’est plus à démontrer.

Depuis de nombreuses années se multiplient

les rapports qui l’attestent. Chaque année ce

sont plus de 800 000 étudiants qui sont obligés

de salarier pour financer leurs études. 20% de

ceux-ci sortent du système universitaire sans

diplômes, faute de pouvoir concilier scolarité

et salariat. Dans le même temps les dépenses

obligatoires augmentent chaque année ; frais

d’inscription, hausse des loyers, augmentation

du coût de la vie... Résultat, ce sont aujourd’hui

100 000 étudiants qui vivent sous le seuil de

pauvreté, pendant que le reste des étudiants

galèrent pour s’en sortir. Dans ce contexte,

non content de laisser la masse des étudiants

dans une situation sociale inacceptable, le

gouvernement en rajoute : suppression des

points de charges, augmentation des frais

d’inscription, proposition de crédits étudiants à

la consommation... Touchés de plein fouet par

la crise économique, les étudiants sont parmi

les premières victimes de la régression sociale

orchestrée par Sarkozy.

Comme si cela ne suffisait pas, les conditions

d’étude se dégradent elles aussi. On ne compte

plus les bâtiments délabrés dans les facs, violant

toutes les normes d’hygiène et de sécurité.

Pendant que 10 pôles d’excellence triés sur le

volet sont refaits à neuf, on confie la gestion de la

misère aux universités elles-mêmes. Sur le plan

social, les CROUS sont asphyxiés et menacés de

disparaître. Si l’on ajoute à cela la précarisation

du service public lui-même, la suppression

de nombreux postes de fonctionnaires dans

l’enseignement supérieur et la précarisation des

personnels, c’est le fait d’étudier dans de bonnes

conditions qui est devenu précaire.

Cernés par la précarité, chez eux comme dans

leur fac, les étudiants sont au cœur d’un système

largement inégalitaire. La précarité des étudiants

est un obstacle au droit à l’éducation pour tous.

2 - professionnalisation et déqualification des diplômes : la précarité comme seul horizon.

La précarité n’est plus simplement le quotidien

des étudiants : si on ne s’oppose pas à

l’entreprise actuelle de casse de nos diplômes,

c’est aussi leur seule perspective d’avenir.

Depuis plusieurs années, les gouvernements

successifs ont mis l’Université au banc des

accusés sur la question du chômage des jeunes,

en opposant aux formations généralistes la

rhétorique de la «professionnalisation». C’est

un des objectifs majeur qui a guidé la mise en

place des réformes depuis une dizaine d’année.

Puisque le problème viendrait des formations,

il suffirait de calquer le contenu des formations

sur les besoins immédiats du patronat régional

en termes d’emploi. La réforme LMD de 2003,

permettant à chaque université de produire sa

propre offre de formation régionale, répondait à

cet objectif. Cette tendance aux diplômes courts

et professionnalisants est accentué par le Plan

Réussite en Licence, qui remplace le contenu

fondamental de la Licence par des compétences

techniques (expression orale, rédaction de

CV, maîtrise des outils informatiques…)

déconnectées de l’enseignement fondamental

du diplôme.

Contre la professionnalisation, défendre l’«insertion professionnelle durable»

Statistiquement, il est incontestable que

les filières professionalisantes sont celles qui

permettent aux jeunes d’accéder plus vite à

l’emploi. Cela tient en partie à la sélection

à l’entrée des diplômes professionnels, qui

recrutent leurs étudiants en fonction d’une

estimation des débouchés sur le marché

du travail. Contrairement aux idées reçues,

professionnalisation et démocratisation des

études font dans la réalité rarement bon ménage.

Statistiquement, le différentiel s’inverse sur une

carrière entière : non seulement en fonction

du niveau de diplôme au départ, mais aussi et

surtout en fonction du degré de culture générale,

de vision transversale des problèmes. Ceux qui,

au long de leur vie professionnelle, seront le

plus à même d’affronter les défis des mobilités

professionnelles, les évolutions des entreprises

comme les évolutions économiques et sociales

diverses et variées, ce sont ceux qui auront au

départ le bagage le plus élevé en termes de

culture générale. Une formation suffisamment

générale, c’est donc la garantie de ne pas être

coincé dans un secteur d’activité particulier, et

donc à la botte d’un employeur. Sur un marché

international toujours en mouvement, des

diplômes directement adaptés au besoin des

entreprises immédiats est une aberration pour

les futurs salariés. Enfin, la professionnalisation

ne peut que renforcer les inégalités sociales.

Quand on est issu d’un milieu populaire, ce n’est

pas notre famille qui nous permet d’accéder

à un certain niveau de culture générale : soit

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24 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

c’est l’école, soit on se retrouve coincé dans

une inégalité de départ qui se cumulera tout au

long de notre vie. La professionnalisation sert

avant tout les employeurs, en leur fournissant

des salariés « prêts-à-l’emploi » adaptés sur

mesure aux besoins du patronat local. A celle-

ci, nous devons opposer une véritable politique

d’insertion professionnelle durable, vectrice

d’émancipation sociale.

Mission : déqualification !

L’objectif de la professionnalisation telle qu’elle

se pratique est de déqualifier nos diplômes, de

soumettre les futurs salariés au patronat. La

casse du cadre national des diplômes impulsée

par la réforme LMD participe de cette entreprise :

sans cadrage national des contenus de diplômes

et sans reconnaissance de ceux-ci dans les

conventions collectives, avec des diplômes à la

carte qui différent d’une fac à l’autre, les salariés

de demain se retrouverons en tête à tête avec

leur patron, sans possibilité de se défendre

collectivement. Si on peut se réjouir à première

vue de la reconnaissance du niveau Bac + 5 de

la formation des enseignants, la Masterisation

que tente d’imposer le gouvernement est être

en réalité une nouvelle attaque contre la valeur

de nos diplômes, qui fera passer à moyen terme

le niveau de qualification standard de Bac + 3 à

Bac + 5. En effet, on imagine mal par exemple

un avocat moins formé qu’un enseignant, et

donc les concours du barreau rester à Bac +

4. Le Bac + 5 va devenir la règle pour accéder

à un emploi de qualité, alors que la sélection

à l’Université s’opère actuellement à l’entrée

du M2. La réforme des IUFM enclenche un

processus qui laissera à terme la masse des

étudiants sur le banc de touche, c’est-à-dire avec

des Licences qui ne vaudront plus grand-chose.

De plus, en supprimant les stages rémunérés, le

gouvernement laisse sur le carreau les étudiants

qui n’auront pas les moyens de financer deux

ans de plus à la fac .

3 - la mise en concurrence des Universités : l’arme de déqualification massive de nos diplômes.

Le débat dans la communauté universitaire,

déclenché par la mobilisation des enseignants-

chercheurs, s’est cristallisé à juste titre autour

de la loi LRU. Si les stratégies internationales

de marchandisation de l’enseignement

supérieur ont toujours eu du mal à s’imposer en

France face à un mouvement étudiant fort, le

gouvernement a inversé le rapport de force en

2007 en introduisant la pierre angulaire de son

dispositif pour l’enseignement supérieur. Celle-

ci, loi cadre de dérégulation, pose les conditions

indispensables à la mise sur pied du marché du

savoir et de la connaissance et représente un

point d’appui pour toutes les réformes qui lui ont

succédé.

La LRU, pierre angulaire du dispositif gouvernemental

La LRU est une loi cadre. Elle pose les deux

composantes nécessaires à l’apparition du

marché dans l’enseignement supérieur :

- L’apparition de plusieurs opérateurs mis en

concurrence : on parle pour la première fois

dans cette loi non plus de l’Université, mais des

universités qui représentent autant d’opérateurs

sur le nouveau marché. Pour ca la loi donne

aux universités la possibilité de se construire un

patrimoine (possibilité de vendre ou louer leurs

bâtiments dans une logique purement financière),

de chercher des financements (crédits d’impôts

pour les financeurs et participation de ceux-ci

dans le dispositif universitaire par le biais des

fondations) et enfin de choisir son personnel.

Le choix des personnels porte un sérieux coup

au statut de la fonction publique, corrolaire de

l’existence du service public : avec le marché de

l’enseignement apparaît un autre marché, celui

des personnels enseignants et non-enseignants.

Le décret sur le statut des universitaires est un

décret d’application de la LRU.

- L’apparition d’un régulateur de marché

indépendant, à savoir l’Etat. Pour les libéraux,

la concurrence ne peut être effective que si

les financements publics sont distribués d’une

manière unique et objective : la réforme de

l’allocation des moyens s’inscrit par exemple

dans cette logique. D’une part on a institué des

critères objectifs de répartition, d’autre part les

budgets sont globalisés avec la fin du fléchage

des crédits. Les règles du jeu sont posées, et les

opérateurs peuvent librement développer des

stratégies sur le marché.

Avec la LRU, «tout devient possible». Le

terrain était préparé à l’avance : l’autonomie

pédagogique des diplômes mise en place par

la réforme LMD était un préalable à l’autonomie

financière. La réforme ECTS de 2001 fourni la

monnaie européenne des futures marchandises

échangeables internationalement. Les réformes

et décrets actuels visent à achever le processus.

Pour un processus non achevé qu’il est temps de stopper !

Comme dans tous les pays «avancés» d’Europe

dans l’application du modèle libéral, nous nous

dirigeons vers un système éducatif à plusieurs

vitesses : d’un côté des «collèges universitaires»

de masse formant jusqu’à la Licence, de l’autre

des «pôles d’excellence» sélectifs adossés à la

recherche. L’Opération Campus, qui concentre

les moyens sur dix campus universitaires, vise

à la création de ces pôles compétitifs à l’échelle

mondiale. Dans la même veine, B. Apparu,

rapporteur UMP pour l’enseignement supérieur,

avouait que la possibilité pour les universités

de sélectionner leurs étudiants était un élément

indispensable du projet gouvernemental et avait

été évacué de la loi LRU pour des raisons de

stratégie politique. La Réforme de l’Allocation

des Moyens aux universités (RAMU), qui pose

entre autres le taux de réussite au diplôme

comme critère pour l’attribution de financements

aux facs, va obliger les universités à sélectionner

leurs étudiants à l’entrée de certains diplômes

pour conserver leurs crédits. Fini le temps où

le gouvernement prenait le risque de formuler

son projet et de permettre à une opposition

politique de voir le jour : dans la France d’après,

il intervient par micro-réformes dont l’aspect

technique rend difficile la compréhension du

processus d’ensemble. Le retrait de la RAMU doit

être obtenue, sans quoi la sélection sera bientôt

une pratique commune. Enfin, la Masterisation

de la formation des enseignants est un préalable

à l’application de ce modèle au primaire et

au secondaire, comme le laisse envisager la

réforme Darcos au lycée. La suppression des

concours nationaux n’est qu’une question de

temps, les Masters enseignement n’ayant aucune

cohérence au niveau national. Le projet de loi

sur les Etablissements Publics d’Enseignement

Primaire est une réforme de gestion du primaire

calquée sur le modèle de la LRU.

La mise en place du marché de l’enseignement

supérieur est la meilleure arme du gouvernement

pour professionnaliser et déqualifier nos

diplômes. L’existence d’un marché, donc

d’une multiplicité d’«offre de formations»,

est contradictoire avec l’idée d’un cadrage

national des contenus de diplômes et de leur

reconnaissance dans les conventions collectives.

Les «universités entrepreneuriales», dans leur

construction d’une stratégie économique et

poussées par les critères d’efficacité mis en

place actuellement, chercheront les meilleurs

débouchés immédiats pour leurs diplômés en

EDF textes total.indb 24 11/03/09 13:25:10

Page 25: EDF Texte congrès

25Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

professionnalisant à outrance. Quand bien

même les universités ne seraient pas contrôlées

majoritairement par des investisseurs privés,

les objectifs d’asservissement de l’Université et

des futurs salariés au marché seront remplis.

Enfin, suivant les conseils avisés du MEDEF,

la substitution du marché au service public

constitue une ultime victoire de la droite contre

le mouvement social : la destruction du droit à

l’éducation et de l’accès au savoir pour tous.

4 - Quand le marché remplace le service public : la fin du droit à l’éducation pour tous

Une offensive idéologique contre l’émancipation de la jeunesse

Ce qui relevait du service public est désormais

considéré comme une manne de profit à

exploiter. En substituant le marché au service

public, le gouvernement change le rôle de

l’Université, comme le rapport des étudiants aux

diplômes. La jeunesse n’est plus formée en tant

que future génération de citoyens, à qui il faudrait

donner des clefs de compréhension du monde

pour faire exister la démocratie. Le rapport au

diplôme est individualisé, les cadres collectifs

sont brisés comme les solidarités qu’ils auraient

pu permettre. Derrière l’étudiant «acteur de sa

formation», c’est l’étudiant-client «investissant

dans sa formation» qui se profile. C’est ainsi qu’il

faut comprendre la volonté gouvernementale

d’introduire un système de prêts à taux zéro pour

supplanter le système de bourses sur critères

sociaux. Les réformes ne visent pas uniquement

à mettre les facs en concurrence, elles mettent

les étudiants eux-mêmes en concurrence. La

marchandisation du système éducatif permet

l’apprentissage dès le plus jeune âge de la

guerre économique. Le projet du gouvernement

représente une offensive idéologique sans

précédent contre la jeunesse.

La mise en place de deux systèmes universitaires, pour deux jeunesses

La mise en place d’une université à deux

vitesses revient à en éjecter aujourd’hui les

fils des classes populaires qui se sont battus

pour y entrer hier. Si la démocratisation de

l’école n’était pas effective, elle sera bientôt

impossible avec ce modèle universitaire. Les

différents types de Bacs ne sont pas composés

du même public social, comme les différents

types de Bacs n’amène pas aux mêmes strates

de l’échelle sociale. Étonnamment, un fils

d’ouvrier à de grandes chances de finir ouvrier.

Les réformes gouvernementales vont avoir

comme conséquence de fermer les portes des

facs d’élites aux étudiants issus des classes

populaires. Le système de l’«orientation active»

est un dispositif qui permet de gérer les flux

d’étudiants, pour éviter par exemple qu’un

bachelier technologique ou professionnel

s’inscrive en Licence générale (partant du

principe qu’il y échouera). Ce principe est injuste

socialement : chacun doit pouvoir s’inscrire

librement dans l’Université de son choix, sans

être jugé sur des pré-requis mais sur ses

résultats. Le système induit par l’orientation

active ne cesse d’être renforcé, par exemple avec

le Plan Réussir en Licence quand il promet une

prime aux IUT attirants plus de bacheliers pro

et techno que la moyenne nationale. S’il existait

plusieurs Bacs pour plusieurs milieux sociaux, il

doit aujourd’hui exister pour le gouvernement de

multiples offres de formations universitaires pour

plusieurs milieux sociaux, et chacun doit être sûr

de rester socialement à sa place.

Le projet du gouvernement de marchandisation

de l’enseignement supérieur n’est pas compatible

avec notre projet syndical. La démocratisation

de l’Université, c’est-à-dire la réussite de

tous sans distinction de classe sociale, est

incompatible avec l’apparition des «universités

entrepreneuriales». Au fil des réformes, notre

syndicat n’a pas su décrypter à temps la

cohérence du projet de la classe dirigeante. Le

terrain était miné depuis plus de dix ans. Des

erreurs stratégiques de taille ont été commises.

Si certains droits étudiants ont pu être conservés,

les réformes structurelles passent. Durant cette

période l’UNEF a su gagner des batailles, mais

il est aujourd’hui grand temps d’affronter la

machine libérale, sans quoi il est bien possible

qu’elle finisse par perdre la guerre !

ii) une stratégie pour construire la contre oFFensive

Nous sommes face à un projet global du

gouvernement qui vise à redéfinir l’enseignement

supérieur. Les nombreuses réformes et les

décrets ne sont que les différents volets d’un

projet dont le but est de remettre en cause

l’accès à une éducation de qualité pour tous et de

soumettre l’université à la loi de la concurrence

internationale. Dans ce contexte l’idée même

de démocratisation de l’enseignement supérieur

est en recul. Sarkozy ne veut pas seulement

casser nos droits, il veut nous infliger une défaite

historique.

Le gouvernement n’a qu’une chose en tête,

briser une à une les résistances pour dérouler

son projet. La mise en place successive de ses

décrets accélère la destruction de nos droits.

Nous devons nous donner les moyens de mettre

un coup d’arrêt à la politique de Sarkozy, et pour

cela de le combattre frontalement. Nous ne

pouvons pas laisser ce gouvernement détruire

nos droits les uns après les autres sans rien

faire. Nous devons chercher par tous les moyens

à riposter pour imposer un projet alternatif.

a) Une stratégie qui réponde aux enjeux de la situation et qui permette de gagner.

1 - Une situation contrastée

des résistances importantes

Depuis l’élection de Sarkozy, les luttes se sont

multipliées dans de nombreux secteurs de la

société. De la mobilisation contre les régimes

spéciaux à la défense des travailleurs sans-

papiers, les solidarités tentent de s’organiser.

Dans ce contexte de résistance sociale, le

milieu universitaire est l’un des plus combatifs.

Les batailles locales sur des revendications

spécifiques ont été très nombreuses. Surtout,

la mobilisation contre la LRU a mis des milliers

d’étudiants dans la rue et en AG, démontrant ainsi

la combativité du milieu étudiant. Aujourd’hui

plus que jamais, la jeunesse est déterminée à en

découdre avec Sarkozy.

Un gouvernement affaibli

Pour la première fois depuis mai 2007, la

confiance est dans notre camp. En chute libre

dans les sondages, le chef de file des libéraux

paye aujourd’hui une politique antisociale qui ne

passe plus. Considéré comme intouchable en

2007, le gouvernement Fillon a subi un premier

revers politique lors des municipales de 2008.

Fragilisé, il a répondu à la crise économique par

un cadeau de 15 milliards aux banquiers. Plus

que jamais sous pression, Sarkozy doit affronter

une exaspération généralisée de la population

contre leurs politiques au service des plus

riches.

Dans ce contexte, la mobilisation des lycéens

cet hiver a donné des sueurs froides aux

dirigeants. Si les lycéens ont réussi à eux seuls

à faire reculer le gouvernement, c’est avant tout

parce qu’il tremble devant l’idée d’un mouvement

de la jeunesse qui pourrait s’étendre aux salariés,

à l’image de la mobilisation anti-CPE. Et surtout

EDF textes total.indb 25 11/03/09 13:25:11

Page 26: EDF Texte congrès

26 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

la révolte de la jeunesse grecque n’était pas

loin de donner des idées en France, scénario à

éviter absolument pour les dirigeants. Face à la

grève exemplaire en Guadeloupe, il a été obligé

d’accorder 200 euros d’augmentation de salaire.

Cette victoire prouve que c’est possible de

remporter des victoires face à ce gouvernement

et ne fait que l’affaiblir d’autant plus.

des difficultés à remporter des batailles

Poutant le bilan des victoires depuis 2007

n’est pas significatif. Malgré les résistances,

l’université à la sauce libérale prend corps. Si les

différentes mobilisations ont pu obtenir quelques

avancées, la politique du gouvernement continue

à s’appliquer. Parce qu’elles sont restées

parcellaires, isolées, ces luttes n’ont pas permis

de gagner dans la durée .

A l’inverse de 2006 lors du CPE, la mobilisation

n’est pas parvenue à recentrer ses revendications

sur des mots d’ordre clairs et permettant de faire

le lien entre le milieu étudiant, les personnels et

les enseignants chercheurs. Pour autant, l’heure

n’est pas au défaitisme. La mobilisation récente

de la communauté universitaire montre que les

enseignants sont prêts à tenir un bras de fer

avec Pécresse. Cette détermination redonne

espoir au milieu étudiant : les jeunes ne sont pas

prêts à abandonner la bataille contre l’autonomie

des universités et voir leur avenir sacrifié par les

politiques libérales.

Malgré l’arrogance du gouvernement et sa

volonté de faire taire les voix discordantes, le

mouvement social relève la tête. Au-delà des

universités, c’est le contexte social qui doit nous

convaincre qu’il y a aujourd’hui toutes les raisons

de se mobiliser. La journée d’action unitaire du 29

janvier a été sur ce point une immense réussite.

Cristallisant le ras le bol de la grande majorité

de la population, cette journée a mis ensemble

dans la rue le privé et le public, les profs et les

cheminots, les hospitaliers et les licenciés de

Renault-Sandouville, les étudiants, les lycéens…

Au-delà de toute attente, ce sont 2,5 millions de

personnes qui, dans la rue, ont redonné espoir

au mouvement social et ont dégagé de nouvelles

perspectives pour l’avenir.

2 -Il est possible de gagner, par la grève générale !

Incontestablement, le rapport de forces n’est

donc plus le même en 2009 qu’en 2007. Dans la

jeunesse comme chez les salariés, l’heure est

à la mobilisation. Pour autant les victoires sont

maigres depuis l’élection de Sarkozy et le bilan

doit en être tiré. Depuis 2003, les mouvements

sociaux ont été nombreux. Mais que ce soit le

mouvement contre la réforme des retraites

ou de la Sécu, que ce soit le mouvement des

intermittents ou bien la grève à la SNCM, il est

clair qu’aujourd’hui aucun secteur n’est assez fort

pour gagner seul. La victoire contre le CPE est à

ce titre une lutte exemplaire : dans l’unité, il est

possible d’infliger une défaite à un gouvernement

et à sa politique.

C’est fort de ce bilan que nous devons

entamer un bras de fer sans concession avec

le gouvernement et Sarkozy. Nous ne pouvons

nous permettre d’attendre sagement 2012,

l’urgence est d’infliger au gouvernement une

défaite sur le terrain social. Lycéens, étudiants,

jeunes travailleurs, salariés du public comme

du privé, nous devons unir nos forces pour

renverser la vapeur. Au-delà de simples

campagnes politiques et de journées d’action

sans lendemain, nous devons construire pas à

pas un rapport de forces suffisant pour obtenir

enfin des victoires significatives.

Loin d’être un vœu pieu, la grève générale est

le seul moyen pour gagner et la seule perspective

que nous offre le contexte social. Face à

l’arrogance de Sarkozy, seul un mouvement

d’ensemble unifiant les luttes sectorielles peut

nous permettre de gagner. La grève générale

aux Antilles nous montre le chemin d’une lutte

exemplaire, unitaire et démocratique. Nos

camarades antillais nous ont montré qu’il était

possible de gagner contre ce gouvernement.

L’unité syndicale qui a permis la réussite de la

journée du 29 janvier doit être un point d’appui

pour construire une résistance collective qui

renverse radicalement le rapport de forces.

sur quels axes mobiliser ?

Pour gagner la bataille, il ne suffira pas

d’expliquer les dernières réformes en date dans

l’enseignement supérieur, surtout dans une

période où chaque année universitaire connaît

son lot de mouvement social. Les différents

décrets du gouvernement sur le financement, les

enseignants chercheurs, les personnels, sont

des conséquences directes de la loi d’autonomie

des universités. L’enjeu est de parvenir à mettre

en lumière, au travers de toutes ces réformes, le

projet global du gouvernement : la mise en place

du marché du savoir et de la connaissance. Il

faut amener la question de la LRU en l’articulant

aux mesures concrètes et immédiates qui en

découlent aujourd’hui et se battre également pour

son retrait. Il faut avancer sur des revendications

qui portent un projet en rupture avec celui du

gouvernement, des revendications aptes à

enrayer la machine libérale : le cadrage national

des intitulés et des contenus des diplômes.

Unifier les revendications…

Il faut, dès que possible, créer des liens entre

les questions concrètes pour montrer la logique

des attaques actuelles et la nécessité d’y

répondre. Lorsque différentes universités sont en

lutte sur la réforme des IUFM, les suppressions

de postes... Nous devons expliquer à tous les

étudiants que ces réformes découlent de la

LRU, nous devons pousser à ce que ces luttes

s’unifient contre la réforme elle-même. Lorsque

plusieurs universités sont en lutte, nous devons

montrer ce qui leur est commun. L’opposition

entre «facs poubelles» et «pôles d’excellence»,

la sélection sociale sont des phénomènes

largement perçus par les étudiants, à nous

de montrer que cela passe par les réformes et

qu’il faut lutter contre pour construire une grève

nationale à même de renverser le rapport de

forces.

défendre une orientation dans les

mobilisations qui permette de gagner

On ne fait pas une grève massive en étant

minoritaire, et notre boussole est donc bien

la construction d’une grève majoritaire. Il est

nécessaire de s’adresser à l’ensemble des

étudiants et pas seulement aux seuls mobilisés,

en massifiant et en conscientisant patiemment.

Mais on ne fait pas non plus une grève majoritaire

sans que la majorité des étudiants soient actifs.

Il faut donc chercher à convaincre qu’il faut

s’impliquer au quotidien dans la construction de

la grève, condition pour pouvoir ensuite dégager

des forces pour se tourner vers l’extérieur. Pour

cela, nous devons pousser au développement

des cadres d’auto-organisation, à commencer

par les AG elles-mêmes ! L’auto-organisation doit

permettre à l’ensemble des étudiants de se saisir

des enjeux de la situation et de la mobilisation

ainsi que de pouvoir décider tous ensemble de la

totalité des questions relatives à la mobilisation.

La massification d’une mobilisation passe par

la prise en charge par la majorité des étudiants

de leurs propres affaires. Pour permettre aux

étudiants d’écrire leur propre tract et de fixer

leur propre rythme, nous devons développer

des comités de mobilisation ouverts à tous

ceux qui veulent mener de l’activité. Construire

l’auto-organisation, cela ne veut pas dire que le

syndicat se dissout devant la mobilisation mais

simplement que celui-ci respecte les formes

d’organisation dont se dotent la mobilisation

(AG…) et les mots d’ordre et rythmes décidés

par les cadres d’auto-organisation.

Pour permettre au mouvement de s’étendre et

EDF textes total.indb 26 11/03/09 13:25:12

Page 27: EDF Texte congrès

27Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

de se renforcer, nous devons chercher à l’unifier

nationalement, tant au niveau des rythmes que

de ses revendications. C’est en centralisant la

grève à un niveau national que nous en ferons

plus qu’une somme d’universités en lutte.

Les étudiants ne gagneront pas seuls, il faut

chercher à entraîner, une fois que les étudiants

sont mobilisés, les salariés dans la bataille. Et

c’est possible parce que l’université n’est pas

un vase clos coupé du reste de la société. Afin

de faire le lien entre les étudiants et les salariés

la question centrale qui doit être au cœur de

notre intervention est celle des diplômes et

des qualifications; si nous nous battons pour

des diplômes de qualité pour tous c’est parce

que cela permettra d’avoir des conditions de

travail décentes (conventions collectives) et

des salaires à la hauteur des qualifications. En

cela nos revendications rejoignent celles des

salariés.

organiser le milieu étudiant

Pour reconstruire largement la conscience

dans le milieu étudiant de la nécessité de

s’organiser collectivement pour agir, il n’y a

pas de raccourci. Il faudra des luttes d’ampleur

mais la première chose à faire, c’est de faire

la démonstration au quotidien de l’utilité de

l’organisation collective et du syndicat. Notre

syndicat doit être en capacité d’agir au quotidien

pour la défense des droits des étudiants et doit

peser sur la réalité en obtenant des victoires sur

les questions les plus concrètes et immédiates

(pouvoir d’achat en baisse, frais d’inscription

qui augmentent, problèmes d’inscription, de

bourse…). Ce n’est que par la résolution la plus

systématique des problèmes que rencontrent

l’ensemble des étudiants tout au long de

l’année que nous ferons la démonstration dans

la pratique que ce n’est que par l’organisation

et la lutte collective que l’on peut défendre nos

droits ou en gagner de nouveaux (campagnes

SOS examens, SOS inscriptions, problèmes de

bourses, de logement...). Lors des campagnes

visant à résoudre les problèmes concrets des

étudiants, nous devons faire le lien avec les

réformes universitaires et la dégradation de

l’enseignement supérieur et expliquer que seule

une opposition sans concession à l’ensemble

des réformes libérales permettra d’enrayer la

dégradation continuelle de nos conditions de vie

et d’études. Nous pouvons donner confiance aux

étudiants pour qu’ils luttent en s’appuyant sur les

difficultés actuelles du gouvernement et sa peur

que les luttes se généralisent. Les étudiants

sont un des secteurs les plus combatif, il faut

organiser la combativité sur la durée pour qu’ils

ne soient plus en ordre dispersé.

Un mouvement d’ensemble ne se décrète pas,

il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour le

déclencher. Il faut comprendre aujourd’hui que

c’est possible et s’appuyer sur ces potentialités,

pour mobiliser les étudiants et les amener vers

la victoire afin d’imposer un projet alternatif

pour l’enseignement supérieur qui permette

réellement de permettre un libre accès de toutes

et tous à un enseignement supérieur et à des

diplômes de qualité.

b) imposer un projet alternatif

Aujourd’hui le syndicat doit se donner les

moyens de construire une mobilisation d’ampleur

car l’enjeu est de taille : imposer face au projet du

gouvernement, une éducation et des diplômes

de qualité pour tous.

Un diplôme de qualité, c’est un diplôme

accessible à tous, qui donne des connaissances

disciplinaires, un esprit critique réel et qui donne

des droits dans le monde du travail.

Accessible à tous

Un diplôme de qualité accessible à tous passe

par un véritable service public d’enseignement

supérieur débarrassé des logiques marchandes

et de rentabilité, avec des financements

100% publics et égalitaires, seule garantie de

l’égalité entre tous. C’est aussi un encadrement

pédagogique de qualité et des conditions

d’études décentes, aux antipodes de ce que veut

faire le gouvernement avec les suppressions

de poste et l’Opération campus. Cela veut dire

aussi absence de sélection, qui prive certains du

droit de progresser, alors que Pécresse évoque

à nouveau une possibilité de sélection entre L et

M.

Un vrai contenu

Un diplôme de qualité, c’est d’abord un fort

contenu général, c’est-à-dire que l’essentiel

du contenu du diplôme est tourné vers la

connaissance de la discipline. Il faut donc

privilégié l’acquisition de connaissances réelles

et non pas de micro compétences adaptées à un

poste de travail spécifique dans une entreprise

spécifique (ex: chef de rayon Carrefour…)

Seule une formation initiale d’un haut niveau de

qualification, tant dans les savoirs fondamentaux

que dans les domaines techniques et

professionnels, peut garantir l’acquisition

des bases nécessaires à la requalification

permanente des salariés.

Pour que nos diplômes aient une valeur

reconnue partout dans la société, il faut aussi

remettre en oeuvre un cadre national des

diplômes. Non seulement la dénomination des

mentions des diplômes doit être la même partout

ainsi que les modalités de validation, mais le

contenu du tronc commun de chaque mention

doit être défini nationalement.

Exemple : un diplôme qui a le même contenu et

le même intitulé partout et reconnu nationalement

une Licence MacDonald’s. Ce diplôme pourrait

même parfaitement être reconnu dans la

Convention collective de MacDonald’s ou de la

restauration rapide, il n’en resterait pas moins

un diplôme bidon. Il est donc impératif de lier un

cadrage national et un contenu tourné vers la

connaissance de la discipline.

Pour une insertion professionnelle de qualité

A l’opposé de la professionnalisation

voulue par le MEDEF, nous proposons une

véritable insertion professionnelle de qualité.

L’ensemble des formations doit comprendre

des enseignements d’insertion professionnelle

avec des cours, par exemple, de droit du travail,

dispensés par des juristes, des syndicalistes,

des salariés...

L’ensemble des diplômes doit donner accès

à des qualifications reconnues dans les

conventions collectives. Ces qualifications

doivent garantir un niveau de rémunération et

des droits précis en termes de conditions de

travail. Sur le marché du travail, il faut également

que l’ensemble des diplômes aboutissent à des

grades reconnus au même niveau dans les

conventions collectives.

Les stages tels qu’ils existent aujourd’hui

n’apportent en terme de formation que très peu.

Dans l’immédiat nous devons nous battre pour

un suivi pédagogique strict des stages, une

rémunération des stagiaires à la hauteur du poste

occupé, et une limitation de la durée des stages

afin d’empêcher les entreprises de fonctionner

avec une majorité de stagiaires (l’équivalent de

200 000 emplois temps plein).

Il est évident que les politiques sociales et

universitaires du gouvernement ne sont que

deux volets d’un projet politique cohérent. Avec

la forte augmentation de la sélection sociale, la

revendication d’un diplôme qualifiant resterait

lettre morte sans un accès égal de toutes et tous

à des conditions de vie et d’étude décente.

EDF textes total.indb 27 11/03/09 13:25:13

Page 28: EDF Texte congrès

28 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Pour un pré-salaire d’autonomie !

Dépourvue de statut social propre, la jeunesse

compte parmi les premières victimes de la

crise et se voit contrainte à une alternative

entre dépendance familiale et salariat. Pour

ses franges les plus en difficulté, un salaire à

mi-temps ne suffit même pas à répondre aux

besoins minimaux alimentaires ou de santé, et

les étudiants boursiers pouvant se passer d’un

complément salarial se font rares.

Les jeunes aujourd’hui sont toujours infantilisés

; majeur civilement à 18 ans, ils sont socialement

dépendants de leurs parents jusqu’à 25 ans

(demi-part fiscale, allocations familiales jusqu’a

21 ans) et ne peuvent de fait s’émanciper et

prétendre à leur autonomie (logement individuel,

choix d’études et de vie…). La famille reste

encore l’horizon indépassable d’un système

d’aide sociale injuste et insuffisant (plus de

500000 bourses définies sur les revenus des

parents). Nous proposons donc une allocation

d’autonomie pour toutes et tous basé sur un

projet pédagogique et professionnel et non

pas une « aumône de l’Etat providence ».

Cette allocation serait financée par deux biais

: en préalable la refonte du système d’aides

sociales actuelle et par la cotisation sociale

(cotisation salariale et cotisation patronale). Le

montant doit être suffisant et évalué de manière

rigoureuse pour permettre aux jeunes de se

consacrer pleinement à leur projet avec un suivi

pédagogique pour une meilleure réussite et une

insertion professionnelle satisfaisante. La forme

de rétribution ne peut être un salaire en tant que

tel puisque ce dernier est indexé sur une grille

de qualification. Le jeune étant en formation et

cherchant à acquérir ces qualifications, doit donc

avoir une rémunération forfaitaire, un présalaire

définit préalablement au même titre que les

retraites par répartition. Ceci supposera une nette

hausse des salaires puisque la cotisation est un

élément de salaire. Cette hausse des salaires

est indispensable, c’est pourquoi il faut relier

nos revendications avec les salariés (hausse

des salaires…) et revenir sur la destruction du

système des retraites par répartitions

iii- un synDicat De tous les coMbats

Plus que jamais les étudiants ont besoin d’un

syndicat utile au quotidien, qui soit à l’offensive,

qui ne lâche rien face aux attaques libérales.

Face à la cohérence du projet gouvernemental

et du rapport de forces existant, la confrontation

apparaît de plus en plus indispensable pour

imposer notre projet, et l’arme dont nous

disposons reste l’action collective. Nous devons

chercher à construire un syndicat de masse,

unifié, démocratique, qui soit dans le camp du

mouvement social et qui se donne pour objectif

de transformer la société.

1-Faire le choix définitif du mouvement social

L’heure est à la résistance et à son

organisation. Le rôle de l’UNEF dans la jeunesse

est aujourd’hui central : pour le service public

d’enseignement supérieur, pour notre avenir

à tous, contre la machine libérale, le syndicat

doit dès aujourd’hui poser les bases de

l’affrontement.

Pour s‘inscrire dans le camp du mouvement

social, le syndicat doit d’abord démontrer son

utilité au quotidien pour pouvoir convaincre

les étudiants de se mobiliser, au moment où

le gouvernement casse le service public de

l’enseignement supérieur et organise la mise en

concurrence entre les universités. Une UNEF

responsable c’est une UNEF qui s’oppose sans

concession aux réformes libérales. En fédérant

sur son projet, elle fait le choix d’être une

boussole pour canaliser la colère qui monte de

plus en plus afin de défendre nos droits et en

gagner de nouveaux.

La faible participation des étudiants aux

élections (moins de 20%) démontre qu’ils ne

jugent pas cela utile et qu’ils ne pensent pas

que le syndicat est utile pour les représenter.

En prouvant au quotidien l’utilité du syndicat,

en prouvant que le projet que nous portons

et que notre stratégie permettent de gagner,

nous pouvons faire du temps des élections un

élément de la construction du rapport de forces

sans concentrer tous nos efforts. Elle ne doit

pas non plus être un obstacle à la mobilisation

des étudiants et l’UNEF doit, si nécessaire,

faire le choix du mouvement et ne pas céder

au chantage électoral comme elle a su le faire

au moment des élections du CROUS de 2006,

pendant le CPE.

Avoir des élus permet d’avoir des informations

sur ce qui se passe et de gagner quelques

avancées mais il est utopique de croire que c’est

dans ces instances que la seule action des élus,

permet de changer l’université (composition

des conseils défavorable aux étudiants…).

Finalement, avoir des élus permet d’informer

l’ensemble des étudiants, de vérifier que les

droits étudiants sont préservés, de relayer

les luttes qu’il peut y avoir sur l’université, de

nouer des contacts avec les enseignants et les

BIATOSS et obliger l’université à se positionner

sur certains sujets. Pour obtenir de réelles

victoires, il faut combiner l’action des élus et la

construction d’un véritable rapport de forces.

Nous devons envisager les élections de l’année

prochaine comme une période test pour un

programme d’urgence pour les étudiants en

rupture radicale avec le gouvernement et son

projet : il faut le battre dans la rue et dans les

urnes !

Ce n’est qu’une fois ce rapport de forces

établit, et pas avant, que des négociations

peuvent être envisagées. La LRU l’a montré,

une négociation à froid ne peut pas être une

négociation victorieuse. Se mettre à la table

des négociations avec un gouvernement quand

on est le syndicat majoritaire n’est pas un

acte répréhensible en soi. Mais cela entraîne

parfois le syndicat dans une position difficile à

tenir : comment refuser une réforme que l’on a

négocié ? Comment négocier ce que l’on refuse

? Finalement cela revient presque à chercher, en

commun avec le gouvernement, à appliquer une

réforme dont nous ne voulons pas. Pour imposer

nos revendications et gagner, le moyen d’action

privilégié doit rester la construction d’une grève

étudiante et à terme la construction de la grève

générale.

Pour être un syndicat responsable, l’UNEF a

besoin d’être un outil efficace, au service des

étudiants.

2 - construire un outil efficace

Construire un syndicalisme unifié

L’UNEF demeure encore aujourd’hui et de

très loin la première organisation étudiante.

La majeure partie des étudiants, lorsqu’ils

rencontrent un problème, se tournent vers

l’UNEF. Néanmoins, il y a toujours moins de 1%

d’étudiants syndiqués et le décalage entre niveau

des luttes et niveau d’organisation des étudiants

reste fort. Nous devons travailler à renforcer

l’organisation des étudiants, l’unification du

milieu étudiant et l’unification syndicale. En

effet, ce n’est que par la construction d’un outil

cherchant consciemment à regrouper en son

sein la majorité des étudiants que nous nous

donnerons les moyens de construire un outil à

même de résister efficacement aux attaques de

la classe dirigeante.

EDF textes total.indb 28 11/03/09 13:25:15

Page 29: EDF Texte congrès

29Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Pour cela, bien sûr nous devons

systématiquement chercher à renforcer l’UNEF

en y faisant adhérer de nouveaux étudiants.

Nous devons également chercher à gagner

les gens sur la durée : trop nombreux sont les

étudiants qui ne restent à l’UNEF qu’un an, au

cours de leur première année, et qui repartent

ensuite faute d’avoir été convaincus de l’utilité

du syndicat. Nous devons chercher à faire de

chaque adhérent de l’UNEF, un militant syndical

régulier. Cela ne veut pas dire faire de l’activité

militante un préalable mais chercher à faire que

l’ensemble des membres du syndicat puisse

mener une activité.

Aujourd’hui c’est un mouvement social en

miettes qui fait face à la déferlante libérale. Le

milieu étudiant est plus que concerné par cette

situation. Des associatifs, des « syndicalistes de

lutte », des « syndicalistes d’accompagnement

», des écologistes ont décidé de faire bande à

part. Cette division affaiblit considérablement

le mouvement étudiant, nous ne gagnons rien à

être divisés.

C’est pour cela que, en tant qu’organisation

majoritaire, la responsabilité de l’UNEF est

encore plus importante que celle des autres

organisations dans la réussite de ce processus.

Elle doit créer au jour le jour les conditions de

l’unification du mouvement étudiant. Elle doit

donc pousser le plus souvent possible aux

rapprochements : campagnes communes

locales et nationales, réunions unitaires, listes

communes... La seule unité d’action bien

qu’indispensable est insuffisante. Tous ces

rapprochements doivent avoir pour but de

montrer que ce qui nous unit est plus fort que ce

qui nous divise. Nous ne devons pas avoir peur

de l’inconnu ni du débat au sein de l’organisation.

Nous n’avons rien à craindre à envisager à terme

le dépassement de l’actuelle UNEF dans un

outil hégémonique rassemblant l’ensemble des

étudiants et resserrant leurs rangs pour affronter

tous ensemble les batailles futures.

Pas d’unité sans démocratieL’unité n’est pas possible sans démocratie. La

question de la démocratie dépasse la simple

position de principe et s’inscrit dans la volonté de

rassembler le plus d’étudiants au sein de l’UNEF

pour en faire le syndicat de tous les étudiants.

Dans le cadre des mobilisations étudiantes,

on constate les aspirations qui existent à

l’apprentissage de la démocratie et à sa mise

en pratique. Ces éléments doivent se retrouver

au quotidien dans le syndicat. Trop souvent

dans les AGE, les camarades des tendances

minoritaires ne sont pas conviés aux réunions

hebdomadaires, les adhérents n’ont pas tout

le temps accès aux locaux du syndicat, encore

moins quand ces camarades sont dans une

tendance minoritaire. Sans parler de l’interdiction

pour les minorités de s’adresser à l’ensemble

des adhérents du syndicat du fait de l’absence

de partage des fichiers d’adhérents.

Le droit de tendance est un fonctionnement

qui permet d’exprimer, de mesurer et de

représenter les différentes orientations. Il faut

donc que l’orientation du syndicat soit sous

contrôle permanent des adhérents. Aujourd’hui

les modalités de vote organisent la concurrence

entre les AGE : les voix des adhérents d’une

petite AGE où il y aurait 100 adhérents et où

90 d’entre eux se déplaceraient pour voter

compteraient bien moins que les 90 votants

d’une grosse AGE qui aurait 500 adhérents.

Nous proposons donc que chaque adhérent qui

se déplace pour voter compte pour un et que sa

voix représente un mandat.

Les nécessités démocratiques dans notre

organisation sont liées à la nécessité de

construire une organisation de masse. En effet,

il est impensable que des dizaines de milliers

de jeunes puissent passer de la démocratie et

de l’autoorganisation des luttes étudiantes de

ces dernières années au régime de caserne du

syndicat. Les AGE ne doivent pas être mises

sous tutelle du Bureau National mais doivent

conserver une certaine autonomie pour faire du

syndicat un outil dans lequel tous les étudiants

puissent trouver leur place.

Pas de démocratie sans indépendanceLes campagnes syndicales et les positions

de l’UNEF ne dépendent pas de l’étiquette du

gouvernement. Elles s’élaborent collectivement

(par les militants et les adhérents) par l’analyse

des préoccupations concrètes des étudiants.

Elles se dotent d’objectifs concrets (repousser

une attaque, obtenir des victoires) et d’une

stratégie syndicale reposant sur la construction

d’un rapport de force. On peut alors tirer de

vrais bilans et dire en quoi l’UNEF a fait (ou pas)

avancer les intérêts des étudiants.

L’indépendance politique n’est pas l’absence

d’appartenance à un parti : être à l’UNEF

n’implique pas de rendre sa carte. Il s’agit de

prendre toutes les décisions dans les cadres du

syndicat, indépendamment des partis politiques

ou des centrales syndicales.

L’indépendance financière vis-a-vis des

gouvernements, des administrations, des partis

politiques ou des organisations syndicales de

salariés doit être recherchée. C’est pour cela

que les adhérents payent une cotisation en

adhérant.

3 - Un syndicat de transformation sociale

Pour un syndicat de transformation sociale

En tant que syndicat étudiant, l’UNEF a vocation

à défendre les intérêts matériels et moraux

des étudiants. Cependant, notre engagement

syndical ne se limite pas à l’université. Les

valeurs que nous portons nous conduisent à

nous battre sur le terrain de la transformation de

la société. Ce qui se passe dans le reste de la

société a des conséquences sur ce qui se passe

à l’université et inversement. Pour construire une

autre université, il nous faudra lutter pour une

société plus juste et plus égalitaire.

Les étudiants ne sont pas que des étudiants,

ce sont des futurs salariés et plus de la moitié

d’entre eux sont déjà salariés pour financer

leurs études. Dans cette lutte pour transformer

la société, les salariés sont la force qui joue un

rôle central. C’est la raison pour laquelle l’UNEF

doit se considérer clairement comme étant du

côté des salariés et de leurs organisations.

L’UNEF doit faire le choix de l’action dans et en

dehors de l’université, avec les organisations qui

luttent et se mobilisent au sein des mouvements

sociaux.

Un syndicat internationaliste

C’est par son combat pour le droit des

Algériens à l’autodétermination que l’UNEF

s’est en grande partie construite telle qu’elle

est aujourd’hui. Cela s’est aussi passé en

soutenant des actes qualifiés de terroristes par

les autorités françaises. Nous ne devons pas

rougir de cet héritage. Aujourd’hui, les guerres

et occupations militaires sont incessantes, avec

leur lot de barbarie et de cruauté. L’agression

israélienne contre la bande de Gaza l’a une

nouvelle fois montré. Il y a encore plus besoin

que l’UNEF se déclare clairement comme étant

du côté de l’ensemble des peuples opprimés.

Cela passe notamment par la lutte contre

toutes les occupations militaires (Palestine,

Irak, Afghanistan, Côte d’Ivoire…) et le combat

pour le droit des peuples à l’autodétermination

; ce qui est d’autant plus nécessaire lorsque

c’est notre propre gouvernement qui est à

l’offensive. Les politiques guerrières ont aussi

des conséquences pour la population de l’Etat

qui les mène. Quand il augmente son budget

EDF textes total.indb 29 11/03/09 13:25:16

Page 30: EDF Texte congrès

30 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Premiers signatairesAllain Damien, StrasbourgBarbier Guillaume, VPE CROUS, AmiensBeaujean Pierre-Antoine, trésorier, Clermont FerrandBergdoll Lucie, Paris 6Berland Marc, CA, AngersBernalicis Ugo, vice président d’AGE, LilleBorensztejn Antoine, Paris 6Bouënel Delphine, CA, BN, CNOUS, Paris 5Brouillard-Dusong Valentin, CA, Délégué au BN, AngersBroustail Batiste, CaenBrusadelli Nicolas, CA, BN, AmiensChapuis Mathieu, ReimsChaudieu Victor, trésorier, ChambéryCiapin Etienne,GrenobleCorcaud Simon, AngersCure Perrine, VPE CROUS, Clermont FerrandDaveine Thibault, secrétaire Général, ChambéryDeias Damien, secrétaire général, DijonDelegue Jean, Paris 3Delrue Benoit, CA, LilleDi Giovanni Anne-Sophie, reponsable de CAS, Grenoble 1Djemaï Hichem, Paris 10Ducatez Simon, LittoralDufour Suzanne, Paris 1Duriez François, VPE, Lille 3Eisenberg Mathilde, Paris 10Gaujard Caroline, Paris 10Giono Jérémie, CA, BN, GrenobleGouardou Mickael, GrenobleHelle Delphine, trésorière, DijonHémon Régis, président d’AGE, NantesHordé Jessica, présidente d’AGE, Paris 5Jacquot Clément, président d’AGE, Clermont FerrandJamet Lucile, CC, AmiensJanodet Charly, président d’AGE, DijonLederer Agathe, Paris 3Lelong Mathieu, LittoralLeroy Olivier, StasbourgLihouc Camille, LilleMarchina Bastien, MontpellierMolis Audrey, présidente d’AGE, AmiensMontforte Dimitri, CA, BN, Paris 10Perrin Morand, CA, CNESER, NancyPierrick Vuitton, Bureau d’AGE, NancyPlanard Elsa, présidente d’AGE, ChambéryRichin Danielle, Paris 13Sainty Benjamin, Le MansScali Damien, LilleSchaal Goulven, Paris 8Schmit Pierre-Antoine, vice président d’AGE, GrenobleSimon Eloi, Paris 10Telliez Germain, VPE, AmiensTessier Matthias, NantesVacher Kevin, Aix-MarseilleViaouet Gildas, NantesViaouet Pierrick, RennesVidal Natacha, AngersZambelli Julien, CA, Paris 7

militaire, il baisse les budgets sociaux, quand il

entre en guerre, il fait passer des lois liberticides

au nom de l’union nationale. Pour qu’elle soit

réelle, les peuples opprimés doivent compter

sur leurs propres forces et sur le soutien des

autres peuples. En aucun cas leur émancipation

ne peut passer par l’appel à d’autres puissances

militaires et économiques ou aux institutions

mises en place par celles-ci (OTAN, ONU, OMC,

FMI…). L’UNEF doit l’affirmer en participant

à la préparation d’échéances de solidarité

internationale telles que les contre-sommets de

l’OTAN, du G8…

Un syndicat qui lutte contre toutes les oppressions

L’UNEF doit faire le lien entre toutes les

luttes d’émancipation qui traversent la société.

Certaines catégories de la population subissent

des discriminations et des oppressions

spécifiques. C’est pourquoi nous devons mener

des campagnes offensives pour gagner l’égalité

des droits entre les hommes et les femmes, nous

devons participer régulièrement aux collectifs

qui luttent pour le droit des femmes, l’avortement

libre et gratuit (CADAC et Planning Familial par

exemple), nous devons nous investir pleinement

dans les journées nationales d’action sur ces

questions.

L’organisation devrait également regarder

ses pratiques de près, notamment en ce qui

concerne la division des tâches militantes :

depuis plusieurs années la présidence de l’UNEF

est confiée à un homme et le secrétariat général

à une femme ! Nous devons être un syndicat

féministe en principe ... et en pratique !

De même, nous devons lutter pour l’égalité

des droits entre hétéros et Lesbiennes, Gays,

Bisexuels, Transsexuels et Intersexes (LGBTI),

dans l’organisation et à l’université. Cette égalité

en pratique passe par une participation active

de l’ensemble des camarades du syndicat aux

diverses échéances qui ont lieu dans l’année :

journée mondiale contre l’homophobie, marches

des fiertés et journée mondiale contre le SIDA.

Là où des associations LGBTI existent, l’UNEF

doit se lier à elles pour préparer ces échéances.

Enfin, il s’agit de lutter concrètement pour

construire un syndicat anti-raciste. Aujourd’hui,

les discours sur l’immigration, les quartiers

populaires, les»racailles» de banlieues et

les politiques gouvernementales en matière

d’immigration renforcent les théories racistes et

leurs colporteurs. Près de 25 % de la population

estime que le FN fait des propositions positives

pour lutter contre l’insécurité et l’immigration.

La relative politisation des étudiants doit nous

permettre d’intervenir de manière forte sur

le terrain des luttes anti-racistes et de battre

en brèche toutes les formes de racisme,

d’antisémitisme, d’islamophobie et les préjugés

xénophobes quels qu’ils soient.

RESF a organisé des mobilisations dans les

écoles, collèges et lycées et a parfois réussi à

empêcher des expulsions par des mouvements

de grève impliquant les élèves et les profs. Mais il

est impossible d’empêcher toutes les expulsions

une à une. C’est pourquoi il faut s’organiser sur le

modèle de RESF en créant des collectifs Réseau

Université Sans Frontières, pour recenser tous

les cas de Sans-papiers, organiser la solidarité

sur un plan local et mener la bataille pour que

Français et Etrangers soient égaux en droits à

l’université, tout en préparant dès maintenant un

grand mouvement pour la régularisation de tous

les sans-papiers et pour l’abrogation de toutes

les lois racistes.

voter pour la tUUd c’est voter pour :

- Une opposition sans concession aux

politiques libérales qui détruisent nos droits et le

service public d’éducation

- Des diplômes nationaux de qualité en lien

avec la recherche et permettant une insertion

professionnelle réussie et durable

- Une tendance qui se prononce clairement

contre la LRU et ses conséquences.

- La construction au quotidien du rapport de

forces, en organisant et mobilisant les étudiants

et qui tend vers l’unification des luttes et la

construction d’un mouvement d’ensemble

- Un syndicat qui fonctionne de manière

démocratique et transparente seule garantie de

l’unité et de l’engagement de tous

- L’unification du mouvement étudiant,

nécessaire parce qu’ensemble nous sommes

plus forts.

- Un statut social pour les jeunes en formation

et en insertion permettant l’accès de tous à

l’éducation et à l’autonomie

- Un syndicat qui fait le choix définitif du

mouvement social et qui se bat pour la

transformation de la société : égalité des droits

homme/femme et étrangers/français, soutien

aux luttes LGBTI et antiracistes, pour la solidarité

internationale.

EDF textes total.indb 30 11/03/09 13:25:17

Page 31: EDF Texte congrès

31Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Nous avons fait le choix de rédiger notre

contribution avec des camarades

d’autres tendances, ou qui ne se

reconnaissent dans aucunes d’entre elles. A

notre avis, le système en Tendances, telle qu’il

est aujourd’hui en place à l’UNEF, cloisonne

le débat et ne permet pas la participation de

l’ensemble des camarades aux prises de

décisions. Pour y remédier, nous appelons

l’ensemble de l’organisation à une réflexion

sur son fonctionnement, afin de se donner les

moyens de devenir un vrai syndicat de masse.

pour un vrai statut social de l’étudiant...

Aujourd’hui, toute l’UNEF partage le constat

de la précarité accrue qui frappe les étudiants.

Tous sont d’accord pour affirmer la nécessité

d’un « statut étudiant ». La question que nous

posons, c’est : qu’entendons-nous par là?

Pour tous les courants de l’UNEF (et même

du milieu étudiant plus largement), il s’agit de

donner à l’étudiant une aide financière afin

qu’il puisse subvenir à ses besoins. Le débat

est ensuite de savoir comment on donne

cet argent, sous quelle forme... Pour nous,

l’enjeu est ailleurs.

...des aides matérielles conçues comme des nouveaux droits !

Le seul moyen d’obtenir des victoires

durables, c’est de sortir du marché privé

l’ensemble des besoins fondamentaux

des étudiants :

− Étudier : il faut revendiquer la gratuité

des études, et permettre à tous d’avoir

accès gratuitement aux polycopiés et à la

documentation nécessaire à la réussite de

ses études;

− se loger : il faut fournir un logement

public à chaque étudiant, en multipliant

les constructions et en nationalisant les

résidences étudiantes privées. Il faut tendre

à la gratuité des loyers, par le plafonnement

tant au niveau du public que du privé. Nous

devons également faire supprimer la taxe

Contributrion de la sensibilité Unité ét Action de la Tendance pour une UNEF unitaire et démocratique

Signataires

Marc Berland, Angers, CAJérémie Giono, Grenoble, BNValentin Brouillard-Dusong, Angers, Délégué au BN et CA

Alalou Sébastien, Lyon 2Allain Damien, StrasbourgBarka Elise, Lille 1Bernalicis Ugo, Lille 3, VP d’AGEBourdon Xavier, NantesBroustail Baptiste, CaenCiapin Etienne, Grenoble 2Collineau Marlène, Nantes, Trésorière de l’UNEF-Nantes et VP-CROUSCorcaud Simon, AngersCossange Nicolas, Montpellier 2 (Béziers)Creton Kevin, Lille 2Delalleau François, Lille 1Delegue Jean, Paris 3Delrue Benoit, Lille 3, CADi-Giovanni Anne-Sophie, Grenoble 1, Res-ponsable de CASDucatez Simon, Littoral (Calais)Duriez François, Lille 3, VPEGirard Eloise, Nantes, SG de l’UNEF-NantesGouardou Michael, Grenoble 1Heiber Simon, Grenoble 2Hemon Régis, Nantes, Pdt de l’UNEF-NantesLelong Mathieu, Littoral (Boulogne sur mer)Leroy Olivier, StrasbourgLihouc Camille, Lille 3Marchina Bastien, Montpellier 2Ribero Nicolas, Nantes, Pdt de la FERUF-NantesSchmit Pierre-Antoine, Grenoble 2, VP d’AGESimon Eloi, Paris 10Tessier Mathias, NantesVidal Natacha, Angers

d’habitation pour les étudiants.

− Manger : il faut remettre à flot la

Restauration Universitaire, en améliorant

qualité et capacités d’accueil, et en baissant

fortement le prix du ticket, ce qui implique

des augmentations massives de subventions

publiques. En parallèle, il faut mettre en

place un réseau d’épiceries sociales gérées

par les CROUS.

− se soigner : il faut défendre la Sécurité

Sociale étudiante, et améliorer le Régime

obligatoire plutôt qu’encourager le recours

aux complémentaires, qui par nature

creusent les inégalités. Nous devons

également nous battre pour le retour à une

caisse unique, la LMDE, et faire supprimer

les SMERs. De plus, il faut généraliser les

Centres de Santé Universitaires : il ne suffit

pas d’être couvert, encore faut il avoir accès

aux soins...

− se déplacer : enfin, nous devons

revendiquer la gratuité des transports pour

les étudiants, à tous les échelons (SNCF,

Régions, Départements, Agglomérations...),

en commençant par l’échelon local.

Pour les autres besoins (loisirs, accès à la

culture...), il faut également rechercher la

baisse des coûts en priorité.

Si l’on satisfait la majorité des besoins des

étudiants par le biais du secteur public, on

sort des logiques de rentabilités qui ont

courts sur le Marché privé (tant en terme

de logement que de restauration, et tout

le reste...). Sortir du marché les besoins

fondamentaux permet de protéger dans

la durée alors qu’un simple augmentation

des aides ne garantie en rien une protection

durable face à une inflation spéculative

mécanique.

Une aide financière devra compléter ces

aides matérielles. Cette conception du Statut

Social s’inscrit dans une réflexion renouvelée

de la mise en Sécurité Sociale des étudiants,

qui doit être le point de départ de débats

dans notre organisation dans le cadre de la

Sécurité Sociale Professionnelle.

EDF textes total.indb 31 11/03/09 13:25:18

Page 32: EDF Texte congrès

32 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Quel rôle pour l’UNEF, à l’heure de notre

81ème congrès ? Nous sommes aujourd’hui

avant tout dans un contexte de crise. Une

crise annoncée comme sans précédent au vue

de l’importance des conséquences sociales

qu’elle engendre. Cette crise, depuis le

tournant spectaculaire qu’elle a pris au mois de

septembre avec un effondrement de l’économie

mondiale, a donné lieu à bon nombre d’analyses

qui convergent toutes vers une dénonciation

de la financiarisation de l’économie et de ses

excès. La spécificité de cette crise demeure

l’incapacité des politiques à en saisir l’ampleur

et les conséquences, conséquences que nous

avons décidé de ne pas sous-estimer au vu de

leurs impacts certains dans les années à venir

sur la population, notamment étudiante.

D’abord qualifiée de financière, abstraite

et sans réels dangers pour la population

française, car limitée à l’étranger, à l’image

du nuage radioactif de 1986 qui ne devait

pas traverser les frontières, la crise ne devait

pas traverser l’Atlantique. Pourtant, force

a été de constater que les jeux financiers

effectués, prônant comme moyen d’accession

à la propriété une spéculation financière

sans limites, ont eu des répercussions

considérables sur notre société. En effet, la

crise des subprimes a dans un premier temps

déstabilisé le système bancaire mondial,

causant nombre de faillites et perturbant ainsi

nos habitudes de consommation intimement

liée aux établissements de crédits.

Seulement, à l’instant où la machine

économique devient folle, c’est l’ensemble

du monde économique qui se retrouve mis

à mal. La conséquence la plus dramatique

ne se faisant pas attendre, c’est bien une

véritable crise sociale qui prend place, gelant

la consommation des plus précaires qui était

conditionnée par les différents prêts d’argent.

Faute d’une hausse convenable des salaires,

la part dans la redistribution des richesses n’a

cesser de baisser face à celle du capital durant

les vingt dernières années.

De fait se met en place un véritable cercle

vicieux, la consommation chutant en entraînant

inexorablement une baisse de la production, qui

entraîne elle même une diminution du nombre

d’emplois, ne permettant plus, de fait, la

consommation nécessaire au fonctionnement

de la machine économique. C’est donc tout

le système économique qui est aujourd’hui

remis en cause, dans ses objectifs, et dans son

fonctionnement.

En parallèle, nous nous trouvons à un moment

de bilan des deux premières années du mandat

de Nicolas Sarkozy, dont l’analyse économique

fut si pertinente qu’il prônait l’importation en

France des recettes américaines qui ont plongé

le monde entier dans cette crise.

Ainsi, l’un des premiers actes du président

Sarkozy fut de faire voter la loi Libertés et

Responsabilités des Universités durant l’été

2007, le tout avec un minimum de concertations,

et à un moment où la communauté universitaire

pouvait bien difficilement réagir. Force est de

constater que cette loi, bien loin de la réforme

universitaire ambitieuse pour permettre un

développement serein des universités que

nous prônions lors du précédent congrès, va

surtout laisser la possibilité à des présidents

d’universités rendus surpuissants de gérer

la pénurie financière et le manque de postes.

Certes, quelques pôles d’excellence arriveront

à se tirer du lot pour obtenir le soutien de

l’Etat, mais on est loin d’avoir ici une politique

volontariste en terme d’éducation et de

recherche.

Pour autant, si ce gouvernement a toujours

été très arrogant envers le mouvement social,

instaurant des lois telles que le fumeux «

service minimum » pour encadrer le droit de

grève, il semblerait que le réveil dû à la crise

soit douloureux, et nous devons en prendre

compte. Le pouvoir d’achat en berne et la

situation actuelle des entreprises ne permettent

pas d’envisager une amélioration à venir sans

intervention étatique et décrédibilisent la

TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA TENDANCE

REFONDATION SyNDICALE

pRotégeR les étudiants face à la cRise politique actuelle du gouvernement. Les prix

des produits de première nécessité n’ont cessé

d’augmenter durant les deux dernières années,

le Secours Populaire ayant calculé que les

familles les plus précaires avaient subi une

hausse de leurs dépenses « incompressibles »

(logement, nourriture) de 30 % !

Grâce à un niveau de dépenses publiques

toujours très élevé (52.4 % du PIB en France

contre 37.4 % aux Etats-Unis en 2007),

d’arriver à ralentir les effets de la crise. Car si

la France subit, aujourd’hui, moins violemment

que les autres pays développés le choc de

la crise, c’est parce que l’héritage de l’Etat

providence, nos dispositifs de solidarité

mutualisés, n’ont pas pu (encore) être détruits

par la droite au gouvernement. Face à la crise,

c’est bien la nécessité de la protection sociale,

des dispositifs de solidarités, que nous devons

mettre en avant. La meilleure protection contre

le chômage, c’est un diplôme. La meilleure

protection contre la précarité chez les étudiants,

c’est un statut social qui incite à la formation.

De telles revendications sont non seulement

justes dans un contexte de crise économique,

mais nous permettent de remettre en avant la

nécessité de la formation comme protection

face au chômage.

Nous, jeunes syndicalistes étudiants,

devons donc prendre part à la construction

d’un nouveau modèle social. Un système

qui réhabilite la formation, l’enseignement

supérieur et la recherche comme nouveaux

vecteurs d’investissements dans une économie

de la connaissance et du savoir. Un système

qui réhabilite la protection sociale universelle,

et qui fasse de la formation un pilier de cette

protection sociale.

cette action, nous l’envisageons

pragmatique dans ses propositions et

radicalement tournée vers un projet social

face à la crise.

EDF textes total.indb 32 11/03/09 13:25:19

Page 33: EDF Texte congrès

33Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

i. l’enseigneMent supérieur coMMe vecteur De protection sociale

La crise économique qui nous touche va

profondément impacter les politiques publiques

en France. Avec un gouvernement qui nie la

réalité de cette crise et fait le choix de tailler

massivement dans le budget des structures

publiques, notamment celui de l’Education

nationale et, dans une moindre mesure, celui de

l’enseignement supérieur et de la recherche.

Pour autant, la France n’a jamais été un bon

élève pour le financement de ses universités.

Loin d’être une priorité, l’enseignement

supérieur en France fait figure de parent pauvre

depuis de nombreuses années comparé aux

autres pays développés. En y investissant que

1.1 % du PIB contre 1.5 % en moyenne dans

les autres pays de l’OCDE, la France n’a pas

fait le choix d’un investissement massif dans

l’université pour développer une société de la

connaissance et du savoir.

Au contraire, la logique qui se met en

place à travers la concentration d’un certain

nombre d’universités en gigantesques

pôles universitaires comprenant plus de 50

000 étudiants, pôles dits « d’excellence »,

décliné par le plan campus va accélérer le

développement le développement d’un système

universitaire à deux vitesses. Dans ce contexte,

trois profils d’université vont se mettre en place

: les pôles d’excellence qui auront vocation à

attirer « l’élite » enseignante et étudiante de

la communauté universitaire, et qui auront les

faveurs du ministère ; les universités de taille

moyenne dont il y a fort à parier que le budget

évoluera peu, et qui se structureront sur des

politiques d’attractivité des étudiants. Et pour

finir, les grands perdants de cette réforme : les

universités dites de proximité, les plus petites

et les plus isolés, souvent pluridisciplinaires et

très professionalisantes (telles que définies par

le ministère de l’enseignement supérieur).

Nous considérons, à la TRS, que c’est sur

ces dernières que nous devrons concentrer

nos efforts pour que les étudiants ne payent

pas les pots cassés de la crise et de la politique

du gouvernement dans les prochaines années.

a) désenclaver et développer les universités de proximité

Par son caractère avant tout financier, la crise

économique que nous vivons actuellement ne

touchera pas tous les territoires de la même

façon. En effet, les territoires dépourvus

de tissus industriels solides, privés d’une

présence de l’Etat via les services publics, ces

territoires isolés donc, avant tout ruraux mais

parfois situés en banlieue, seront touchés de

plein fouet par la crise.

Dès lors, ces étudiants choississent de se

former dans des universités pour des critères

avant tout de proximité, mais également

financiers (Cf. Stephane Beaud). Cherchant à

se professionnaliser pour entrer sur le marché

du travail le plus vite possible, ils verront leurs

perspectives locales se réduire : la hausse

des faillites d’entreprises et la réticence à

investir en période de crise diminueront ces

perspectives professionnelles. Si l’on y ajoute

un désinvestissement de l’Etat dans les

formations les moins professionnalisantes, le

diplôme y sera bien moins protecteur face au

chômage.

Nous devons donc nous concentrer sur ces

universités, qui sont de fait un vrai vecteur

d’ascension sociale pour les étudiants qui s’y

forment. Dans le contexte de crise actuelle, sur

des territoires qui seront de fait plus touchés, la

formation par le biais des universités devrait au

contraire être remis en valeur afin de permettre

à ces étudiants d’être armés efficacement

contre le chômage.

Universités de proximité : retour sur un succès aujourd’hui menacé

Les universités de proximité ont un

rôle spécifique d’attraction de « nouveaux »

étudiants vers l’enseignement supérieur en

offrant des formations proches de leur domicile

à des publics situés dans des zones isolées.

Leur existence même est un facteur d’élévation

de l’ambition sociale des familles présentent sur

ces territoires, souvent peu formées. Ainsi, le

taux de boursiers y est en moyenne supérieur

à 30 %, contre une moyenne nationale de 22

%.

Contribuant de façon positive à l’attraction

de nouveaux publics vers l’enseignement

supérieur, la capacité des universités de

proximité à faire réussir ceux-ci ces dernières

années a été démontrée par leur succès : 20 %

des étudiants y sont inscrits. Dans son rapport

sur l’enseignement supérieur en France,

François Goulard, alors ministre délégué

à l’enseignement supérieur (2007) insistait

sur l’importance de ces universités pour la

démocratisation de l’enseignement supérieur.

Or, la politique actuelle du gouvernement

remet totalement en cause le succès de ces

universités, et surtout leur capacité de permettre

aux étudiants de se former efficacement

dans une période de forte augmentation du

chômage. Quand le gouvernement choisit de

donner l’augmentation la dotation global de

fonctionneme t… la plus faible aux universités

de proximité une réduction de l’augmentation

de dotation globale de fonctionnement la plus

faible aux universités de proximité (+ 3.63

% contre une moyenne de 6.5 %) tout en

impactant fortement les réductions de postes

sur ces universités (- 0.4 % contre – 0.2 %),

il envoie un message clair : les universités de

proximités n’ont pas vocation à donner une

formation de qualité aux étudiants.

Une formation complète pour un diplôme protecteur face au chômage

Faire le choix de se battre pour que les

universités de proximité puissent développer

une offre de formation qui renforce l’accès

des étudiants à l’université, c’est leur donner

un autre avenir que la seule concurrence dont

les étudiants et leurs formations souffriront

forcément. Le gouvernement a choisit de

concentrer la recherche dans certains pôles

universitaires, dans un souci de rentabilité dont

l’efficacité reste à démontrer (6ème dans les

classements internationaux en recherche, la

France est 18ème en terme de financement de

la recherche - OCDE).

On peut alors craindre que les plus petites

universités, notamment les universités

pluridisciplinaires de proximité, voient leurs

postes d’enseignants chercheurs remplacés

par de simples chargés d’enseignement. Nous

considérons, à la TRS, qu’il s’agit clairement

d’une ligne jaune à ne pas franchir.

Car la dualité enseignement/recherche est

au cœur du fonctionnement de l’université,

elle permet aux étudiants de bénéficier de

cours délivrés par des spécialistes dans leurs

domaines, sur des contenus dont l’actualité

scientifique est assurée.

C’est cette spécificité qui permet aux

universités de continuer à démocratiser

l’enseignement supérieur en proposant des

formations de qualité reconnues dans les

EDF textes total.indb 33 11/03/09 13:25:20

Page 34: EDF Texte congrès

34 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

autres pays européens. C’est également à

travers la pluridisciplinarité, souvent propre

aux universités de proximité, permettant à

des enseignants chercheurs de différentes

disciplines de travailler dans une même

formation, que les étudiants peuvent se former

et s’orienter convenablement. C’est enfin

grâce à la qualité des enseignements reçus

en licence et en master que de nouveaux

étudiants emprunteront avec succès la voie de

la formation par la recherche.

Des dispositifs concrets pour améliorer la qualité des universités de proximité

Notre rôle de syndicat étudiant nous met dans

la responsabilité non seulement de contester

cette évolution dangereuse des universités de

proximité, mais également de définir des modes

de fonctionnement. Relayés avec d’autres

partenaires de la communauté universitaire, ils

permettront de mettre un frein à cette logique

de désinvestissement de l’Etat qui abandonne

peu à peu son rôle protecteur.

Le coût du maintien des unités de recherche

dans les universités de proximité est souvent

évoqué pour en justifier le désinvestissement

et le regroupement sur des pôles plus

importants. Pour autant, de nombreuses

unités de recherches situées sur des territoires

isolés ont su mutualiser par elles-mêmes

leurs moyens pour acheter du matériel que

leur tutelle refusait de financer, à l’image des

regroupements de laboratoires universitaires

qui s’allient sur des projets communs et

mutualisent leur matériel. La TRS appelle donc

à la création de Groupements d’Intérêt Public,

et plus généralement la coopération entre les

universités de proximité, qui leur permette de

mutualiser le matériel de recherche et ainsi de

continuer à produire une recherche de qualité,

tout en justifiant le maintien de leurs postes

d’enseignants-chercheurs.

En ce qui concerne l’insertion professionnelle,

souvent mise en exergue dans les universités

de proximité, nous devons prôner une

démarche innovante, surtout dans une période

où le chômage va fortement augmenter,

à fortiori pour les jeunes. Ainsi, tout en

mettant en place via les Bureaux d’Aide à

l’Insertion Professionnelle des conventions

entre entreprises et universités pour garantir

rémunération et suivi pédagogique aux

étudiants stagiaires, nous proposons que

d’autres aspects du monde de l’entreprise,

soient portés sur ces campus : découverte de

l’entreprenariat social et solidaire … Préparer

les étudiants à s’insérer sur le marché du travail

passe également par une approche novatrice

de ces problématiques.

De la même façon, l’incitation à la

formation chez des étudiants intéressés en

premier lieu par des études courtes passe

par un développement de la pluridisciplinarité

et des passerelles à l’université. Pour les

universités de proximité, nous considérons

que c’est via des co-habilitations entre ces

universités que ces passerelles seront le plus

visibles pour les étudiants, et les inciteront au

mieux à poursuivre des études en leur donnant

une vision des autres possibilités qui leurs sont

offertes. La mobilité étudiante doit dès lors être

favorisée pour rendre réelles ces opportunités

de formation.

b) Favoriser une mobilité étudiante choisie et non plus subie

Une crise qui oblige les étudiants à être mobiles

Nous sommes aujourd’hui dans un contexte

de crise sans précédent, caractérisé par un taux

de chômage record qui touche particulièrement

les jeunes1 . Ainsi, l’INSEE prévoit au moins 300

000 chômeurs supplémentaires pour la seule

année 2009. Dans un contexte de chômage de

masse et de croissance économique en berne,

le peu d’efforts consentis par les pouvoirs

publics n’ont pas réussi à enrayer un chômage

qui touche actuellement près d’un jeune actif

sur quatre.

Le chômage des jeunes ne demeure pas

une fatalité. Nous savons qu’aujourd’hui

l’enseignement supérieur et in fine l’obtention

d’un diplôme tend à protéger du chômage. En

effet, le taux de chômage des non diplômés

dépasse 13% alors que les diplômés de

l’enseignement supérieur sont quasiment en

plein emploi avec un taux qui avoisine les 5%2.

Pour autant l’obtention d’un diplôme

ne garantit pas l’obtention d’un emploi

immédiatement à la sortie du cursus

universitaire. Ici réside un problème récurrent

à l’insertion des jeunes diplômés, à savoir le

temps de latence qui s’écoule entre le moment

où l’étudiant obtient son diplôme et le moment

où il trouve un emploi. En effet, selon un avis du

Conseil économique et social les plus diplômés

connaissent toujours, trois ans après la sortie

du système éducatif, un taux de chômage de

9%.

Aussi, ce temps de latence est le point

problématique dans l’insertion professionnelle

des étudiants. Mais il ne faudrait pas penser

que ces derniers demeurent le même pour tous.

En effet, ces jeunes issus de l’enseignement

supérieur sont confrontés à des problèmes

d’insertion professionnelle plus ou moins

conséquents selon leur âge, leur diplôme, leur

cursus ou leur filière de formation, mais aussi

leur environnement, social ou familial.

Trop souvent, ce temps de latence incarne

une période de précarité variable selon

l’environnement social des jeunes concernés,

mais au delà de ce fait un facteur déterminant

reste l’impact du territoire sur lequel évolue

l’étudiant. Parce que les disparités territoriales

en France demeurent un problème majeur

dans l’insertion professionnel, l’UNEF doit agir

en conséquence. En effet, il est extrêmement

difficile, voir impossible de s’insérer

professionnellement dans certaines régions

sinistrées. Prenons comme exemple quelques

données chiffrée du taux de chômage par

département selon les estimations de l’INSEE

au 3ème semestre 2008:

Hérault 11,10%

Gard 10,80%

Ain 4,90%

Cantal 4,80%

Ces statistiques nous démontrent bien que

les possibilités de s’insérer professionnellement

sont variables selon les territoires. Derrière ces

chiffres il faut bien voir des environnements

différents notamment en terme de bassins

d’emploi. Dans ce contexte de crise, nous

devons axer notre réflexion sur des solutions

à apporter à ce problème. La disparité

géographique des bassins d’emplois amène les

étudiants à se déplacer dans le but de s’insérer

ou de bénéficier d’une meilleure formation.

En effet, il serait hypocrite et dangereux de

penser que l’ensemble des étudiants arrivera à

s’insérer à proximité de leur lieu d’étude ou de

vie. Ainsi cela pose la question des possibilités

de mobilité des étudiants afin de ne pas être

pieds et poings liés à un territoire à faible

possibilité professionnelle.

1. Selon Eurostat, en 2006, le chômage des jeunes de moins de 25 ans atteignait en France 21,6% alors que le taux de chômage général était de 9,2%.2. Source INSEE ministère de l’emploi, 2007

EDF textes total.indb 34 11/03/09 13:25:22

Page 35: EDF Texte congrès

35Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

Valoriser la mobilité nationale ET internationale des étudiants

Face à ce constat, la TRS tient à proposer

des solutions globales. Parce qu’à présent

seule la mobilité des jeunes s’avère être un

moyen de limiter le temps de latence. Aussi

cette population exerce déjà cette mobilité par

contrainte. C’est pourquoi nous voulons, offrir

aux jeunes issues de l’enseignement supérieur

un moyen d’orienter leur mobilité plutôt que de

la subir.

Cependant, nous ne pouvons pas attendre

d’un gouvernement réactionnaire, dans ce

contexte de crise, de répondre aux besoins

des étudiants sans nous mettre en dynamique

en lançant nous-même notre projet pour les

étudiants. C’est pourquoi la TRS propose, que

l’UNEF mette en place une agence nationale

de la mobilité.

Cette agence aurait pour rôle de permettre

aux jeunes issus de l’enseignement supérieur

qui veulent effectuer un stage dans un autre

ville, ou se déplacer hors de leur logement

personnel pour un temps court, de trouver

plus facilement où se loger sans payer deux

loyers. En travaillant avec des partenaires

au niveau national, cet organisme, via peut-

être une cotisation modique, deviendrait vite

incontournable pour les étudiants, tout en

répondant à un besoin concret pour ceux-ci.

Nous considérons que la problématique

de l’insertion professionnelle des étudiants

doit également s’appréhender à l’échelon

international. La possibilité de s’adapter

avec ses qualifications et ses compétences

dans un environnement nouveau est une

qualité aujourd’hui indispensable pour un

salarié, est très reconnue par l’environnement

professionnel et encore trop peu mise en

valeur par l’enseignement supérieur. Pourtant

c’est aussi en s’attaquant à ce sujet qu’il nous

est possible de limiter le temps de latence

des jeunes en recherche d’emploi. Il est donc

nécessaire de permettre aux étudiants de

voir leurs compétences reconnues par d’autre

pays, car c’est autant plus de possibilités qui

s’offre en terme de débouchés professionnels.

Le fait que nous soyons tous touchés par

cette crise internationale doit s’accompagner

de perspectives de même envergure pour les

étudiants. Cela nous permettra de remettre

dans le débat européen la problématique de

l’harmonisation européenne des diplômes,

objectif que le processus de Bologne semble

avoir quelque peu oublié …

Or, force est de constater que les possibilités

de formation à l’étranger ne sont que trop

peu exploitées. En 2008 ce sont moins de

1,5% des étudiants qui sont partis à l’étranger

via le programme Erasmus. Ce constat est

inacceptable, tant cet outil pourrait être vecteur

d’intégration. Ce processus doit donc être

développé pour intégrer la quasi-totalité des

cursus universitaire.

Car lorsque nous parlons d’insertion

professionnelle, nous ne pouvons pas faire

l’impasse sur la possibilité qu’il existe de

s’insérer à l’étranger. En effet, à l’heure où

des pays faisant parti de l’union européenne

enregistrent un taux de chômage chez les

jeunes de moins de 25 ans inférieur de moitié

à celui de la France, nous ne pouvons faire

l’impasse sur cette possibilité.

Dans cette optique la TRS tient à porter

une réforme structurelle de l’enseignement

supérieur faisant de la mobilité internationale

des étudiants, une arme face à la crise et au

chômage. Cette réforme doit être ambitieuse

et contrairement à la LRU, elle doit avoir pour

objet de réformer les contenus pédagogiques

plutôt que de se focaliser uniquement sur un

nouveau mode de gouvernance. C’est bien en

réformant l’organisation de nos enseignements

que nous donnerons un nouveau souffle à

l’université. Parce que la délivrance d’un

diplôme n’est pas garante d’un emploi, c’est

bien par une promotion de nos compétences

internationales en plus de nos qualifications

que nous offrirons à chacun la possibilité d’une

mobilité choisie plutôt que subie.

Ainsi nous proposons de décomposer nos

enseignements en deux parties. Une partie dite

« majeure » comprenant les enseignements

spécifiques à chaque filière, et une autre

partie dite « mineure », consacrée à un

enseignement dispensé en langue étrangère.

Ce mode d’enseignement doit permettre à

chaque étudiant de s’intégrer en France ou

à l’étranger tout en étant capable d’agir dans

une perspective d’ensemble. Parce que la

maîtrise d’une langue étrangère garantit dans

de nombreux domaines une compétence

reconnue, qui reste trop peu développée en

France. En facilitant la mobilité des étudiants

nous travaillons à leur adaptabilité, qualité

cruciale en tant de crise.

C’est également dans cette optique qu’il

nous paraît indispensable que l’agence

nationale de la mobilité prenne toute sa place

en ayant la possibilité d’assurer un logement

à ces étudiants ou personnes issues de

l’enseignement supérieur partant à l’étranger

pour écourter leur délai de latence, voire

parfaire leur formation.

C’est aussi par ce genre d’actions que nous

pourrons nous poser légitimement comme le

syndicat qui défend les droits des étudiants

dans cette période de crise, et convaincre

toujours plus d’étudiants de nous rejoindre.

C’est en rénovant nos pratiques que nous

pourrons conserver cette nouvelle génération

en attente d’engagement dans notre syndicat.

Défendre un modèle européen de l’enseignement supérieur

La période actuelle se prête parfaitement à la

promotion d’un tel travail à l’heure où l’Europe

est en pleine construction. Parce qu’il est de

plus en plus difficile de nous limiter au cadre

strictement national dans notre mobilisation,

car nous faisons partie d’une Europe qui

reste à construire dont nous devons être des

acteurs privilégiés. Le tord de la majorité

nationale sur ce sujet a été d’appréhender la

question européenne seulement sous l’angle

des échanges Erasmus. D’autant plus qu’elle

commence à se rendre compte que le cadre

de l’ESU n’est pas adapté à un vrai mouvement

de syndicalisme européen. Dans ce cas, la

question du maintien de notre investissement

dans cette organisation doit être posée.

L’UNEF doit impérativement travailler avec des

partenaires européens sur des sujets de lutte

communes. Si l’ont parle souvent d’augmenter

notre rapport de force, le développer au-delà

de nos frontières est indispensable à l’aube du

bilan du processus de Bologne. Nous devons

appréhender l’Europe comme un véritable

outil politique au service des étudiants. Nous

sommes aujourd’hui à la veille des élections

européennes et l’UNEF doit impérativement

imposer ses problématiques étudiantes dans

ce débat.

La modification de la carte universitaire qui

va se concrétiser dans les années à venir en

France, avec très clairement des universités à

deux vitesses faute de moyens publics suffisant

pour les subventionner, cette évolution ne se

fera pas qu’en France, mais dans bien d’autres

pays européens. Ce modèle anglo saxon et

EDF textes total.indb 35 11/03/09 13:25:23

Page 36: EDF Texte congrès

36 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

libéral de l’évolution des universités, est-il

le seul que les pays de l’union européenne

peuvent définir pour harmoniser leurs diplômes

? Ou les nombreuses mobilisations étudiantes

à l’échelle européenne ne posent-elles pas la

question de la défense d’un autre modèle, plus

basé sur un enseignement supérieur public

accessible à tous et émancipateur ?

ii. créer un systèMe De protection sociale par la ForMation

a) pour la création d’un crédit de formation universel

Dans l’objectif de favoriser la formation

comme principal rempart contre le chômage

résultant de la crise, nous proposons d’instaurer

un crédit de formation universel. Un crédit,

c’est à dire, à partir de 16 ans, la possibilité de

bénéficier de 20 semestres de formation pris

en charge par l’Etat. Universel, car accessible

à la fois aux jeunes en situation de formation

initiale ou de reprise d’étude mais également à

toute personne jusqu’à l’age de la retraite qu’il

soit salarié ou à la recherche d’un emploi.

Protéger les jeunes et les étudiants en formation initiale

Définir un outil qui permet une réelle

accession à l’autonomie et à l’indépendance

des jeunes (vis-à-vis des parents et de l’Etat)

passe nécessairement par une formation

permettant de s’insérer avec succès sur le

marché de l’emploi. C’est un outil de justice

sociale, car il permet d’offrir à chaque jeune

quelque soit son milieu familial la possibilité

d’accéder à un haut niveau de formation. Ce

vecteur d’ascension sociale se concrétise par

une aide individualisée basée sur le foyer fiscal

du jeune en formation. Cette aide nécessite

une prise en compte de la situation individuelle

et de l’environnement dans lequel il a évolué :

son degré d’indépendance par rapport à ses

parents, de salariat, de reprise des études..

L’aide individualisée peut se présenter sous la

forme d’un ensemble comprenant la prise en

charge des frais d’inscriptions, des dépenses

de logement en fonction des besoins de

l’étudiant. En effet les 100 000 étudiants

quittant l’université chaque année démontrent

que le système d’aide sociale n’est pas en

capacité de permettre à tous les étudiants

d’accéder à la formation initiale.

Créer un droit à la formation tout au long de la vie

La formation tout au long de la vie se

concrétise pour les salariés et les personnes

en recherche d’emploi en permettant l’accès

de tous à la formation. Ce retour à la formation

doit être favoriser par des mesures permettant

aux salariés de continuer à percevoir leur

salaire afin de maintenir leur niveau de vie

en leur permettant de se former pour lutter

contre leur précarisation future. Lorsque l’on

constate qu’en moyenne 70% des personnes

formées retrouvent un travail à l’issue de cette

formation, l’incitation à la reprise des études se

pose comme un vecteur réel de lutte contre le

chômage.

Cette démarche doit être incitative lorsque

l’on sait que seulement 0,3% des salariés

retournent sur les bancs de l’université en

France, soit 10 fois moins que dans les pays

nordiques. Ce crédit de formation créera de

fait des passerelles entre un monde du travail

touché de plein fouet par la récession et une

université où la formation peut apporter une

réelle solution au déclassement social et au

chômage.

Ce constat nous a amené à définir un crédit

de formation universel comme protection

contre la précarisation des emplois. En effet

la flexibilité et l’instabilité des emplois doit faire

émerger une université évolutive prévoyant et

anticipant les différents changements de la

société pour lutter plus efficacement contre

le chômage. Les ouvriers peu qualifiés sont

les premières victimes de licenciements et

ne peuvent pas retrouver de travail en raison

de leur qualification trop faible, entraînant un

déclassement social de fait. Ce phénomène

se retrouve dans toute la société, les salaires

à l’embauche des cadres ayant diminué de 15

% en moyenne, et les jeunes diplômés sont de

plus en plus contraints d’accepter des emplois

déqualifiés par rapport à leur formation. Les

diverses observations sociologiques tendent

d’ailleurs à prouver l’instabilité des premières

expériences effectuées par les diplômés et

le fait qu’elles sont le fruit d’opportunités

et non pas liés à la sécurité de l’emploi : les

étudiants cherchent à avoir des expériences

« valorisables » par peur d’être trop vite

déclassés, d’où la prépondérance du choix de

contrats précaires pour s’insérer au plus vite

sur le marché du travail.

Toutes ces mesures contribuent à la

construction d’un véritable hélicoptère social

capable d’évoluer transversalement en

facilitant le passage de salarié à étudiant. Cet

aspect social sera aussi couplé à un aspect

humain en créant une solidarité accrue entre

les générations.

b) lutter contre l’extrême pauvreté des jeunes les plus démunis

Dans un contexte de paupérisation des

différents milieux sociaux, il est primordial de

protéger les jeunes, diplômés ou non, contre la

pauvreté. Lorsque l’on sait que 20% des jeunes

de 15 à 25 ans sont au chômage et qu’un

tiers des chômeurs « officiels » n’ont le droit à

aucun revenu individuel (AC chômage), nous

considérons à la TRS que les minima sociaux

doivent s’étendre à tous les jeunes à partir

de 18 ans afin de permettre un garde fou à la

précarisation. En effet, en raison d’un temps de

latence accru entre l’obtention du diplôme et le

premier emploi stable, le jeune sans emploi doit

trop souvent compter sur la solidarité familiale

pour subsister.

En outre, la crise étant génératrice

d’insécurité sociale et de baisse du pouvoir

d’achat, il n’est pas certain que l’ensemble

des parents salariés puissent assumer leurs

enfants en âge de se prendre en charge. De

fait, cette absence de solidarité familiale doit

être compenser par l’élargissement du RMI

pour permettre aux jeunes de subsister en

attendant de trouver un emploi.

En complément de cette politique de

protection des plus précaires, le crédit de

formation universel sera une mesure incitative

pour la formation en donnant aux étudiants un

pécule suffisant pour assurer matériellement

leurs études, et s’articule naturellement avec

le RMI qui assure uniquement la survie des

personnes. De fait, les jeunes, les salariés et

les personnes en recherche d’emploi peuvent

délibérément faire le choix ou non de débuter

des études supérieures ou de les reprendre

dans le futur. Dans cette situation, nous

considérons, à la TRS, qu’il est nécessaire

de répondre aux différentes situations des

étudiants en instaurant une véritable sécurité

sociale professionnelle permettant à chacun

d’avoir un droit personnel à la formation tout au

long de la vie.

EDF textes total.indb 36 11/03/09 13:25:24

Page 37: EDF Texte congrès

37Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009

La mise en place de cette sécurité sociale

couplée à l’élargissement des minima sociaux

a pour objectif de couvrir l’ensemble des

étudiants en prenant en compte leurs parcours

individuel, tout en laissant bien à chacun le

choix de se former ou non. Nous considérons

que faire des études ne doit pas être un moyen

de repousser l’entrée dans une période de

chômage, mais bien vu uniquement comme

une opportunité de progression personnelle et

sociale.

iii. pour une réForMe statutaire De l’uneF

Le texte que nous avons écrit avec nos

camarades l’an passé, « Pour un syndicalisme

du 21ème siècle », revendique clairement

un renouveau des pratiques militantes. Le

centralisme « démocratique », propre aux

organisations de masse notamment, a fait

long feu. Le syndicat doit être un outil dont

chaque adhérent peut se saisir, sur lequel les

militants, les élus étudiants peuvent se reposer

pour appuyer leurs idées et leurs projets. Le

syndicalisme étudiant stakhanoviste calqué sur

le modèle des centrales syndicales salariés est

mort. Fini le temps de l’OCI …

comprendre l’évolution de l’engagement des étudiants

Le militantisme ne peut plus être seulement

vu sous le prisme d’un engagement total, sous

un mode révolutionnaire et stakhanoviste. Les

parcours militants des jeunes, et notamment

des étudiants qui s’impliquent aujourd’hui

dans le mouvement social sont sporadiques,

fragmentés dans leur durée, finalisés vers des

objectifs limités. Ils sont aussi vécus comme

des choix individuels, plutôt que des luttes

et des combats communs. (Daniel Cefaï, «

Pourquoi se mobilise-t-on ? »). Ce militantisme

irrégulier, fluide et volatile qui caractérise les

derniers mouvements étudiants d’ampleur,

nous pouvons la capter au sein du syndicat,

et c’est ce que nous voulons faire avec la

tendance refondation syndicale. Mais, pour

cela, il nous faut bien renouveler, refonder

notre fonctionnement.

Il existe aujourd’hui un formidable potentiel

d’engagement que nous sommes encore loin

d’avoir su attirer vers nous. Si nous choisissons

de nous doter pour les années à venir d’une

orientation offensive, si nous démontrons aux

étudiants la capacité qu’à l’UNEF de défendre

et de gagner des droits dans un contexte social

de plus en plus difficile, l’attente sera grande

chez les étudiants de débouchés militants.

s’appuyer sur les nouveaux outils du militantisme pour rendre autonomes nos militants

Les étudiants sont dans l’attente de formes

d’engagement ponctuelles, de possibilités

de s’investir tout en étant reconnus. C’est ce

que l’UNEF doit être capable de leur offrir.

Pourquoi par exemple continuer à organiser

des manifestations « traditionnelles » devant le

ministère de l’Enseignement Supérieur, certes

des grandes messes toujours plébiscitées dans

le syndicat, quand des actions plus originales,

plus mobilisatrices sont possibles ?

De la même façon, nous devons quitter notre

vision archaïque des formes de communication

avec les étudiants pour être enfin visibles

sur Internet, principal média d’information

et d’échange des étudiants aujourd’hui. Ce

n’est pas un hasard si nombre d’organisations

étudiantes européennes, syndicales

ou associatives, utilisent les réseaux

communautaires.

Il s’agit en effet du moyen le plus simple de

s’engager sur une cause donnée, et de le faire

connaître autour de soi.

permettre aux adhérents de s’impliquer dans le syndicat : les éléments que nous devons réformer dans les statuts de l’UNeF

Tous ces éléments précités, la TRS les

a développés avec succès dans ses AGE.

La réforme des statuts que nous appelons

de nos vœux doit ainsi avoir deux éléments

structurants : la défense d’un fonctionnement

plus transparent et démocratique de l’UNEF,

ainsi que la possibilité pour les AGE d’avoir un

fonctionnement plus autonome.

Aujourd’hui, il est tout à fait impensable pour

un syndicat de salarié de ne pas être transparent

envers ses adhérents, aussi bien en terme de

fonctionnement interne (vote à bulletins secrets

…) que de gestion financière (quittus financier

détaillé lors des congrès). Dans l’UNEF, il est

ainsi anormal que le vote à bulletin secret soit

une exception, alors même qu’il est la norme

dans toute organisation démocratique. De la

même façon, pourquoi seule les statutaires de

la tendance majorité nationale connaît le détail

des comptes de l’UNEF, quand on demande

une solidarité de l’ensemble des AGE en cas de

difficultés financières ? Ces questions doivent

être résolues au plus vite pour permettre un

fonctionnement plus ouvert de notre syndicat.

Tout aussi important, les liens entre le

bureau national de l’UNEF et nos AGE doivent

être clarifiés. Nous posons la question à nos

camarades de la majorité nationale : malgré

le développement des formations régionales,

ceux-ci considèrent-ils que leurs camarades

en AGE ne sont pas assez « autonomes » pour

choisir par eux-mêmes leur bureau ? Sont-ils si

mal organisés qu’ils ne puissent militer sans un

cadre du bureau national dans certaines AGE

? Et pourquoi ne pourraient-ils pas définir des

campagnes plus adaptées à la situation locale,

sans entrer en opposition avec l’orientation du

syndicat ?

Nous avons décidé, à la TRS, que plutôt que

d’envoyer nos membres du bureau national

structurer le fonctionnement de l’ensemble

de nos AGE, que ce sont au contraire les

présidents d’AGE qui devraient structurer

le débat en participant ponctuellement au

bureau national. De cette façon, ceux-ci sont

non seulement à même de saisir les enjeux

politiques du syndicat, mais de les partager

avec le reste de leur AGE, tout en fonctionnant

de façon beaucoup plus autonome. Une telle

réforme est-elle inconcevable dans l’UNEF ?

A moins de considérer que l’héritage trostkiste

est au cœur du fonctionnement du syndicat,

cette mise sous tutelle des AGE par le bureau

national n’a plus lieu d’être dans un syndicat du

XXIème siècle.

Nous avons sus rallier des étudiants d’autre

forces, syndicales ou associatives, via notre

engagement pour faciliter leur implication dans

le syndicat, pour reconnaître leurs initiatives,

pour faciliter leur volonté de porter l’orientation

de l’UNEF de façon innovante. Ces ralliements

doivent nous poser la question de l’intérêt de la

grande UNEF dans le contexte actuel.

Face à la crise, une politique de grands projets étudiants

Dans la période de crise actuelle, notre

volonté de rassembler le mouvement étudiant

doit aussi avoir pour objectif de porter des

projets d’envergure pour répondre aux besoins

des étudiants, notamment ceux auxquels le

gouvernement ne répondra pas. Nous ne

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Premiers signatairesMaxance Barré (Poitiers),Malik Baikou (Bordeaux), François Benoiton (Pdt Angers), Anne-Charlotte Bourris (Rennes), Julien Bugeau (Trésorier Limoges), Alexandre Campos Oriola (Pdt Limoges), Guillaume Chiche (Bureau National), Simon Clerec (Bureau national), Thibault Delahaye (Paris 5), Ibrahima Dia (Limoges), Alexis Duprez (Angoulème), Julia Duschenes (Rennes), Lamia El Aharaage (Limoges), Violaine Godet (CA, Angers), Hervé Grasser (Strasbourg), Pierre Grasser (Strasbourg), Julie Haouzi (Présidente P3), Floriane Maillet (SG Dauphine),Cécile Marty (Angers), Pauline Mentec (Secrétaire Général Poitiers), Jérémie Michel (SG Angers), Pierre Alexis Moreau (Trésorier Dauphine), Thibaud Neuille (Trésorier Poitiers), Boris Oberthal (SG Limoges), Mohammed Nehal (SG P3), Maxime Taxil (P3), Guillaume Sylvestre (Commission de contrôle), Alain Thébault (Paris 1), Charlie Zerna (Trésorier Angers)

devons pas ressusciter le fantasme de la

mythique « Grande UNEF », mais bien mettre

en dynamique le syndicat pour relancer une

politique de projets innovants propre à cette

période historique du syndicat quand, pour

répondre aux attentes des étudiants après

guerre, l’UNEF avait créé les CROUS, lancé

le principe du mutualisme étudiant …

C’est aussi par ce genre d’actions que

nous pourrons nous poser légitimement

comme le syndicat qui défend les droits des

étudiants dans cette période de crise, et

convaincre toujours plus d’étudiants de nous

rejoindre. C’est en rénovant nos pratiques

que nous pourrons conserver cette nouvelle

génération en attente d’engagement dans

notre syndicat.

Une UNeF moderne doit apporter à ses adhérents

L’attente des étudiants et des adhérents

envers un syndicat étudiant est fortement

axée sur la reconnaissance de leur

engagement personnel, nous l’avons dis

précédemment. Force est aujourd’hui de

constater que les élus étudiants, nos élus

étudiants puisque nous sommes majoritaires

dans les conseils universitaires, sont bien

mal considérés : difficulté à négocier le

rattrapage des cours, pas de statut des

élus dans nombres d’université, aucune

formation au fonctionnement de l’université,

pas de reconnaissance du travail accompli

… les élus étudiants doivent-ils donc être

les serfs des conseils centraux ? C’est à

l’UNEF de défendre la reconnaissance de

l’investissement militant des adhérents dans

les universités, et de porter une réforme du

statut des élus étudiants.

investir d’autres champs de mobilisation et de conscientisation

Autre évolution nécessaire que nous

porterons sur nos AGE : l’intervention sur

les thématiques de société. De nombreuses

associations se structurent aujourd’hui sur

le campus autour de thèmes aussi divers

et variés que le développement durable, la

citoyenneté européenne … C’est à nous de

convaincre ces étudiants que leurs idées

seront mieux défendues au sein du syndicat,

aussi bien au niveau local qu’au niveau

national.

De la même façon, le champ mutualiste,

à travers le travail avec la mutuelle des

étudiants, est un point de développement

au potentiel énorme pour notre syndicat.

Les étudiants des campus santé qui nous

sont aujourd’hui largement fermés par les

corpos commencent à se sentir de plus en

plus concernés par les réformes de casse

du service public de la santé, à commencer

par la réforme Bachelot des hôpitaux passée

en urgence en février 2009. Aujourd’hui,

seule la LMDE se préoccupe de sensibiliser

le milieu étudiant à ces problèmes.

Dans un contexte social tendu, les valeurs

mutualistes portées par la LMDE seront

a fortiori complémentaires du discours

de l’UNEF, notamment via la défense de

l’économie sociale et solidaire, qui est

elle aussi une réponse à la crise de notre

système économique actuelle, via la

promotion de l’entreprenariat sans profits.

Montrer que l’UNEF peut faire sienne des

valeurs devenues phares dans la société

est un gage de notre position centrale dans

le milieu étudiant.

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