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    1/70

    ORGANISATION

    DE

    L'UNITE.AFRICAINE

    .

    CENTRE D'ETUDES

    LINGUISTIQUES ET

    HISTORIQUES

    P R

    TRADITION

    OR LE

    ECRITS SU LE

    S O U D A ~

    Septembre 1978 )

    Boubou H M

    COL.

    B H A ~ 1 A O l

    Janvier

    1983

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    2/70

    I

    L VIE INTELLECTUELLE D NS LES GR NDES VILLES

    MEDIEV LES

    DE

    L A ~ R I Q U E

    SOUD N ISE

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    3/70

    R

    A

    c

    I

    N

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    ..

    es

    qU on parle de l 'or igine de

    l'homme,

    le regard

    du

    savant se'tourne

    tout de sui te , vers

    l 'Afrique

    oD se trouvent

    ses

    vestiges

    les

    plus

    ,'anciens.

    De

    la

    region

    des

    Grands Lacs aux

    terra ins

    guat-eFnaires du Tchad, de

    l 'Ethiopie ~ la Vallee du

    Nil,

    ses l ~ i t t e s et

    ses

    efforts sur lui-mAmel'

    ont

    sor t i

    de 1

    t

    animali

    te,

    l ' on t o n d u ~ t

    de

    l ' inculture ~ la u l t u r ~ ~ ~ la

    'pratique de

    1 ar t et d e l aTe c

    tln

    i"que, a 1 a c i viI is a t i,o n don

    t e

    m nu e nt s de

    l 'Egypte antique

    f ~ g u r e n t

    une

    phase grandiose qui surgi t ,

    lIon

    dira t , de l ' in f in i du temps arr@te au passage

    dans

    un de ses

    vols puissants.

    Du gibbon

    primit if aces

    oeuvres exceptionnellea,

    l homme a eu

    un

    commerce

    suivi avec la n a t ~ r e la m a t i ~ r e variee

    de

    cel1e-ci, son air

    subt i l et

    son cie1

    profond,

    a v ~ c l 'univers

    qu' i l

    apprehenda de

    l 'energie

    de ses

    yeux,

    de

    son cerveau,

    de ses

    nerfs et de ses muscles - de

    la sensibi1ite

    de tout son Atre

    mobilise

    ~ la rencontre

    des

    forces du cosmos et de celles te l lu -

    rigues

    de la

    terre .

    Ainsi 1ui

    apparurent

    1es

    forces

    du

    ttbien ,

    le

    sens

    qui

    caracterise

    ce dernier, les

    forces du mal ,

    le

    pOle

    dans 1 e q ~ e 1 el les se groupent ou

    se

    cumulent. Pour

    lu i ,

    sur

    ces

    deux

    pOles

    se

    fixerent

    lea Esprits de ~ et ceux du " :1 . .".

    Sur la

    route de

    sen evolution i l crea la Croyance

    au Bien

    et

    aux

    Esprits qui

    favorisent

    ce bien,

    au

    M et

    aux forces

    qui le sou

    tiennent

    dans

    la nature.

    La p r e h i s t ~ i r e

    de notre Continent nous

    di t , par

    ses peintures

    et ses gravures r u p e ~ t r e s quels hommes

    ont vecu le

    Sahara,

    comment i1s y ant vecu de

    la cUeil le t te ,

    de

    la

    chasse, de l 'elevage

    et

    d'une

    agriculture archaique

    voisine

    de

    celle

    qui se

    prat iquait dans ceitaines

    regions de notre globe

    au debut de netre siecle .

    Dans

    ces

    peintures qui

    mentraient

    quels animaux

    (ele

    phants,

    girafes, antilopes) ces hommes

    chassaient

    et avec

    quelles

    armes

    i l s

    Ies chassaient,

    se:g l issai t

    deja l 'ombre

    de

    la

    Croyance

    en un

    dieu solaire

    dont le disque, dans

    l ~

    Sahara,

    etai t p o s ~

    entre

    les cornes d'un bel ier .

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    i

    -

    4

    _.

    Les

    m@mes images, plus elaborees, se retrouvent dans

    la

    v a l l ~ e

    du

    Nil,

    sur

    le pourtour m e d i t e r r a n ~ e n o ~ Pheniciens, Cartha

    ginois,

    Grecs,

    Romains

    et

    Berberes

    ont

    m ~ l e

    intimement,

    leurs

    dieux a ceux de

    l 'Egypte antique.

    Au

    confluent

    de

    I 'ancien monde avec l 'Afrique,

    de

    la ren

    contre des

    hommes e t de leurs idees, l 'Egypte a

    su

    t i re r une syn

    t h ~ s e harmonique _ l 'origine de la Civil isation de la Grace ant i

    que, in i t ia t r ice

    de

    l 'Europe Occidentale pour

    laquelle

    la

    lumiere

    est

    venue

    aussi

    de

    l 'Afrique.

    C'est

    sur

    lea

    bards

    du

    Nil

    que

    Platon,

    Pythagore, A r c h i m ~ d e Solon, etc vinrent

    chercher la

    science.

    L'Egypte, dans l 'image

    d'un

    solei

    1

    s p i ~ i t u e l

    avec le

    pharaon Akenaton,

    a cru a

    Oleu ,

    Unique, ayant

    engendre le

    monde.

    Cette voie,

    bien

    vite , spres la

    mort de

    son promoteur, fut

    abandonnee et l 'Egypte en revint

    sux vieux

    usages des dieux

    qu'el1e

    avait h ~ r i t e s

    e l 'ancienne Nubie, ia Patrie oubliee

    de

    ceux-ci.

    El1e

    renis

    cette premiere

    verite

    enoncee

    par le

    Pharaon

    ivre

    de Oieu' at i'enoUa

    avec la tradition, avec son successeur

    Tout-Ankh-Amon

    qui

    retabl i t le culte d'Amon a Thebes.

    La

    route perdue fut retrouvee par

    Molse qui sor t i t de

    l 'ancienne Egypte, Convaineu de l 'existence dlun Oieu unique ,

    ".y.. .. .",

    le

    Oieu

    Jaloux

    d Israel ,

    dans

    le desert ,

    pour

    nourrir

    son

    peuple , qui f i t tomber du cial la manne miraculeuse .

    Molee, en dehors de la

    science

    Hebraique, fut in i t ie

    a

    celle

    des Rouges

    dans le temple

    d'Osiris et a celle des Noirs par

    son

    beau pere

    Gethro

    dana le

    temple du

    desert .

    La, l h is to i re

    n a t tes te- t -e l le

    pas que la science des

    Hebreux s e ta i t intimement mAlee, des le

    depart,

    a

    la science des

    fiouges

    et ~

    celle

    des Noire? De

    Moise

    ~ Jesus e t

    d'Abraham

    a

    Mohammed, Oiau est d ~ f i n i .

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    - 5 -

    Apres Abraham,

    les

    Arabes, ayant perdu ses t races,

    retournerent a leur polytheisme ancien qui ne

    sera

    aneanti que par

    l t ls lam

    triomphant.

    l tAfrique

    Noire

    qui n' ighorai t

    pas

    l 'Existence de Oieu,

    comme le Judalsme,

    le

    Christianisme e t

    l 'Islamisme,

    ne

    voulut

    pas

    s'embarrasser du

    poids

    ecrasant de

    ce

    D ~ e u C a t ~ g o r i q u e .

    Les

    croyances des

    a n c i e n ~

    Berberes

    etaient

    voisines, sinon

    identiques

    a

    cel les

    des

    Noirs d A f ~ i q u e . Ce qui

    preoccupait

    ces

    Berberes c e t a i t i'imminence

    du

    mal

    qu i l

    f a l l a l t

    eloigner

    de

    soi

    e t des siens.

    Sur

    le sujet dans son

    l ivre

    : uLa Religion Musulmane

    en Berberie

    t

    Alfred

    EL

    (1) ecr i t : Eloigner de soi , de sa demeure

    de ses champs, de

    ses

    troupeaux, les

    Espr

    i ts mechants, les apaiser ,

    les cohtraindte a ne pas nuire, ou meme a seconder I e f fo r t de

    I homme e t des desirs ,

    tout

    cela s tobtient par

    des

    r i tes appropries

    de meme que par d'autres moyens, par

    un

    culie adequat, ou se conci-

    l i ent

    les

    faveurs des Esprits bienfaisants o

    La croyance

    des Berberes aux

    Esprits de

    mal,

    hotes

    des

    demeures

    sombres,

    des grottes

    e t

    des

    caverres,

    des eaux e t des vents,

    etc 51 l on en

    juge

    par le present, a dQ et re generale dans le

    passe, el le

    l 'emporte

    de beaucoup sur la croyance aux Esprits de

    bien, ceux qui peuvent dis tr ibuer de leur gre

    un

    fluide

    capable

    de

    faire

    reussir leur bon servi teur , f luide q u ~ le musulman

    nomme

    la

    Baraka

    e t

    qu'au

    sud

    du

    Sahara,

    Ies

    Songhay,

    les

    Bambaras

    e t

    m

    me

    les

    Peuls

    designent sous

    le

    nom courant de ftKorte , l 'energie

    qui

    anime

    l ob je t consacre e t qui

    ser t de vehlcuie

    aux

    espr i t s ou aux

    dleux. Le Korte

    peut

    penetrer

    les

    choses e t

    sly

    accumuler

    dans

    le

    but

    de

    dispenser sa

    force

    bienfaisante

    ou dans celui condamnable

    de

    repandre

    le mal

    contre l 'ennemi qU'on veut

    nuire ou detruire .

    1.

    Les

    rel igions

    musulmanes en

    Berberie.

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    - -

    Sous

    l ac t ion

    du

    verbe

    createur ou de la formule magique

    l ' energie

    du Korte est

    u vehicule par

    lequel

    se deplacent

    ins

    t n t n e m e ~ t

    les

    Esprits

    ou

    les

    Dieux

    de

    l'Olympe

    Songhay.L'Afri

    que Noire es t animiste, el le nlest pas fe t ichis te . A notre temps

    encore, dans le Continent, i l y a des

    pretres qui

    off ic ient unique

    ment qU'avec l a lde de

    ce fluide

    vivant e t intel l igent dont les

    Zarmas

    e t

    les Songhays

    Aisent

    qu l l

    i m p r ~ g n e

    le corps du Korte

    koIni ,

    le

    mattre du Korte .

    D'autres

    pretres

    invoquant

    les

    dieux

    ou

    Holey pour

    I.

    guerir leurs malades e t

    chasser

    de

    leur

    etre inter ieur l 'angoisse

    qu'y

    causent

    les mauvais genies ou

    le

    sor t qu'y j e t tent les maltres

    du Korte .

    Cette Afrique des maitres de la parole (Kor.te-kolni) e t des

    mattres des genies e t

    des

    dieux ,

    loin

    de l a , peu s 'en faut, n es t

    pas morte, du fa i t de l ' introductlon de

    l ' I s lam

    ou du Christianisme

    dans

    notre

    continent . Elle

    demeure

    e t

    el le

    est

    une

    source vive

    de

    notre

    Patr imoine

    CuI ture l

    m a i n t e s ~ t ' f 1 s C d e r n o . e :aans oson

    1 : j 6 ~ c a

    .

    geographique e t

    dans son

    deroulement

    historlque.

    Entre Berberes e t

    Noirs d'Afrique,

    11 n'y a

    pas

    que

    la

    simil i tude

    des croyances, mais, a l 'examen du passe, des rencontres

    de peuples differents dont les t ra i t s ont ete communs a tous

    ceux

    de

    l 'Afrique Saharienne e t

    Soudanaise

    qui

    ont voisine ou

    qui se

    sont

    meles aux

    populations du Soudan

    medieval qui nous

    occupe i c l .

    le

    Soudan

    medieval

    eta i t plus intimement

    l i e

    au

    Sahara,

    a

    son

    ar t ,

    a

    ses

    religions

    e t

    a

    ses

    cultures.

    Dans

    ce grand

    desert les conditions

    climatiques

    qui

    ont

    permis

    l ' exis tence de l homme

    dans cet te par t ie

    de notre

    continent

    jadls

    en relat ions suivies avec la

    savane

    soudanaise.

    Etudiant la

    faune

    de

    l 'Afrique Saharienne Soudanaise,

    Andre

    Berthelot

    e c r i t : Les

    grands

    mammiferes sauvages, l ions ,

    elephants, ne viventOplus au nord du Sahara, mais

    leur

    disparitlon

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    - 7 -

    est

    recente

    car i l s y

    pillu1aient

    encore i1 y a 2 000

    ans.

    L homme 1es a detrui ts pour

    le

    p1aisir de

    tuer

    ou de voir tuer .

    L'auteur ajoute

    :

    L'examen

    de

    l 'Afrique

    saharienne

    et

    soudanaise, au

    f i1 des siecles

    passes, nous

    montre,

    dans le

    sahara, des conditions d'existence ideales pour l homme :

    l 'eau

    abondante, des r ivieres , de longs fleuves, de grands 1acs, de la

    faune aquatique e t de

    la

    savane

    tl

    , ce qui supposait la possibi l i te

    de la

    euei11ette,

    de la chasse d'ou l 'enorme

    quanti te

    de fleches

    1ithiques

    trouves

    a profusion dans cet te par t ie de notre conti

    nent.

    Un

    autre a t out pour l'homme, a

    cet te

    epoque,

    fut

    la presence

    de gramlnees variees

    propres

    a

    l 'Afrique, particulierement dans la

    zone qui fa i t l ob je t de notre investigation.

    Ainsi, l 'on

    peut

    admettre, t res to t , la pratique de l agr icu l ture e t de l 'e levage

    dans

    cet te

    region donnant

    ainsi l 'occasion

    a l homme de sly

    sedentariser , de

    sly

    f ixer dans la prosperite assu.ree.

    a dispari t ion du cheval dans

    le

    Sahara

    fut le

    fa i t e

    la

    chasset

    de

    sa

    destruction

    par

    les

    hommes;

    cet

    animal ayant

    eu

    une

    grande importance dans

    leur

    alimentation.

    Clest , sans

    doute, par

    If

    meme

    procede

    que furent extermines, dans ie

    desert ,

    le charneau,

    l ' e lephant , le

    zebre

    e t

    le

    rhinoceros dont

    les

    zarmas

    n'ont pas

    oublie

    le

    nom: Hllli-fo (qui a une corne).

    a

    devastation

    systematique des

    forets

    par les nomades

    avait

    detrul t l a rbre , le vegetal, e t

    provoque l 'exode

    des

    ele

    phants,

    des

    l ions ,

    des

    anti

    lopes qui

    vivaient

    dans

    la

    savane.

    Cette transformation entratna egalement l 'exode

    des

    chasseurs, l 'avance du

    desert ,

    le reflux des pasteurs

    sur

    les

    zones les plus humides des confins medlterraneens e t de la

    savane

    soudanaise .

    Tirant

    les

    consequences de l 'assechement du Sahara

    Berthelot dlt

    Ainsi

    fut l h ls to i re de l homme dans le sahara:

    processus

    de la f ixation des hommes au sol ou

    les

    conditions de

    leur

    malntien

    sur

    place

    dependent du t e m p e r a m e t ~ du conquerant.

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    - 8 -

    C'eta i t souvent

    le

    c iv i l i se qui

    envahissai t

    le

    sedentaire

    en

    l 'encadrant

    ou la bande pil larde qui le

    t e r ror i sa i t e t

    le fa i sa l t

    se

    repl ier

    plus

    loin dans

    une

    contree

    plus clemente.

    C'eta i t

    l 'antagonisme

    du

    pasteur

    e t du

    sedentalre, le

    pauvre qui

    tr iom

    phait

    du

    r iche.

    C'eta i t

    avec l 'assechement

    du

    Sahara, l ' a f f lux

    des hommes

    vers la mediterranee, la

    vallee du Nil,

    le

    bassin du

    Tchad, les rives

    du

    Niger, leur

    accumulation

    dans ces habi ta ts

    favorises, leur fusion

    en un

    peuple

    conscient producteur

    d'abon

    dance e t de civi l i sa t ion. C'eta i t encore

    les apaches

    que

    ce t te

    r ichesse a t t i r a i t . C'est aujourd'hui

    l 'antagonisme

    des

    classes ,

    celui

    des

    ideologies

    e t

    des

    systemes,

    le

    conf l i t

    entre

    le

    colonise

    e t le

    colonisateur,

    la lu t te toujours

    triomphante

    de la pauvrete

    ~ n t r e

    l 'abondance,

    l ' inegal l te , aujourd'hui , entre

    les

    pays sous

    developpes e t les nations hautement industr ia l isees - toujours

    l ' inegal l te

    du

    developpement

    qui

    entralne cel le

    de

    la cul ture, a

    la base de toutes

    les

    incomprehensions ~ t d e O t I t e s ~ l e s horrEturs

    du racisme dans

    le

    monde. Crest

    l ' inquietante

    condition humalne

    reservee aux pauvres sur

    notre

    planete .

    e suje t qui

    nous

    occupe

    est aussi profond que Qa. 11

    plonge

    ses

    racines

    dans le passe lointain

    de

    l ' ancien

    monde,

    autour

    du lac

    mediterraneen, qui e ta i t d'un seul

    tenant

    jusqu'a l ' a sse

    chement

    du Sahara

    qui

    a rompu

    l 'uniformite

    de

    l 'Afrique Saharienne

    e t Soudanaise, qui a

    creee

    la barriere de ce grand

    desert

    dont

    le vide, en ce moment,

    semble

    diviser notre

    Continent

    en deux

    zones

    dis t inctes

    :

    le

    Maghreb

    et le

    Soudan

    qui

    ne

    fut

    jamais

    separe

    du septentrion de notre

    Continent,

    au seln de l 'Afrique

    Saharienne

    e t Soudanaise,

    au

    Moyen-age, avec lequel i l

    ne

    formait qu'un seul

    marche commun.

    Dans

    cet ensemble,

    11 n'y

    avalt

    pas

    duali te entre

    l 'animisme

    e t

    les

    dieux mediterraneens,

    les

    spir i tua l i tes du

    Soudan

    e t

    le

    Christianisme, entre

    cel les -c i

    e t l 'Islamisme, mais

    voisinage

    parfois

    intime

    qui

    changea

    le

    t issu

    social

    e t

    les

    rap

    ports humains sur lesquels reposait la societe animiste.

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    - 1 -

    - L E N CAD

    REM

    ENT

    A N I M

    ST

    E -

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    11/70

    -

    11

    -

    L'animisme

    base

    la

    direction de

    la societe

    sur sa concep

    t ion de

    la vie e t

    du monde,

    sur

    l un i t e de

    l ' individu imbrique

    dans

    cel le

    de l 'ensemble,

    sur le "part ie l" qui

    prend

    corps

    avec

    le

    tout

    qui I a fourn e t dont 11 ne se

    separe

    pas. Si ~ ' a l

    ton

    cheveu ou

    le

    vetement

    qui

    a touche ton corps, j a i ce dernier dans

    son

    ent ier" . C'est cet te

    croyance qui

    fa i t

    que

    le soudanais coiffe

    ne

    je t te

    pas ses cheveux mais les enterre , de meme,

    pour

    la meme

    raison, i l ne donne pas son vieux vetement a un

    homme

    douteux qui

    pourrait

    le

    passer a son ennemi.

    Cette conception de l homme e t du monde existe encore

    chez

    les animistes

    zarmas

    e t songhays. Elle

    est

    contenue

    dans la

    formule

    introductive suivante :

    Bissimilahi

    Bissimilahi

    Bissimilahi

    "le

    m'adresse a N'debl ;

    "N'debl s 'adresse

    son Maltre ;

    "le

    m'adresse aux sept cie ls ;

    ffJe m'adresse aux

    sept

    bas ;

    "Je m'adresse A

    I 'horizon

    de l 'Ouest ,

    "Je

    m'adresse

    a l 'horizon

    du Sud".

    Par

    cet te formule, avant toute autre chose,

    le

    mage

    s insc r i t

    dans

    l 'univers

    physique

    e t

    sp i r i tue l ,

    dans l e to f fe

    de

    celui-ci

    appropriee

    par

    ses quatre

    points

    cardinaux,

    par

    l 'espace

    des sept

    cie ls

    d'en haut et

    des

    sept cie ls d'en bas

    (2).

    e "Demiurge

    t

    N'Debl

    et son

    "Mattre"

    (Oieu), se si tuent

    hors de

    l 'univers

    physique

    et

    spir i tuel .

    e

    mage

    Songhay,

    sauf

    dans

    des

    rares cas,

    ne

    s 'adresse

    pas Oieu,

    mais

    N'Debi,

    en

    son

    nom,

    qui

    gouverne

    cet

    univers

    dont l equi l lbre assure

    la

    santa du monde.

    Sas se COMprend

    dans le

    sens de l 'espace du cie l

    si tue

    de l au-

    t re cote

    de

    la terre .

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

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    -

    12

    -

    Toute

    faute

    qui porte a t te in te a cet equil ibre doi t e tr

    immediatement reparee ou punie.

    Pour

    l 'animisme, i l

    n'y

    a

    pas de

    remission des peches,

    car

    chaque

    faute

    affecte

    l 'ensemble

    de

    la

    creat ion

    d ~ n t a

    la

    fois ,

    est

    responsable

    l individu

    e t

    la societe

    qui l a s s i s t e .

    Chaque unite se

    refere ,

    d'abord

    a l 'ensemble qui

    lu i

    f ixe

    le cadre

    permis

    de sa creat ion humaine,s ' lnscri t dans l un ivers

    physique e t sp i r i tue l qui lui assigne

    sa

    place. la case, la con-

    cession,

    le

    vi l lage ,

    la

    region,

    le

    pays,

    l a t e l i e r

    du

    forgeron,

    celui du t i sserand ne

    sont pas seulement mater iels ,

    i l s

    reposent

    aussi un pouvoir

    materiel

    figure par des

    objets concrets.

    Chaque

    Unite

    es t

    spir i tuel lement

    appropriee par

    cinq

    scories

    de fer

    repar t ies de la faQon

    suivante

    :

    1 .

    2.

    3 .

    4.

    5.

    une

    pour

    une

    une

    une

    une

    scorie

    au

    centre

    pour

    les se

    pt

    d'en

    bas

    scoric pour

    I 'horizon

    scor ie pour

    I 'horizon

    scorie pour

    l 'horizon

    scorie

    pour

    l 'horizon

    les

    scpt

    cie ls

    d'en haut

    e t

    e l Es t

    e

    l 'Ouest

    du

    Nord

    du Sud.

    La scor ie ,

    a defaut ,

    le tesson

    de canari pris dans

    un

    ancien

    vil lage

    abandonne

    suggere

    la

    duree

    de l Ent repr i se

    appropriee

    dans

    sa

    double

    nature

    physique

    e t

    spir i tue l le .

    le point d intersect ion

    de

    deux routes

    qui

    se

    coupent,

    d'apres cet te conception de la vie

    e t

    du monde

    represente

    le cen-

    t re de

    l 'Univers

    ou les animistes deposent leurs offrandes a l i n

    tention

    des

    Espri ts

    du

    cie l

    e t de

    la

    t e r re .

    Crest dans ce cadre que l , individu,

    dans

    l 'ensemble, est

    s1gnif1e, que le Roi represente cet ensemble qu i l est , qu i l

    incarne

    e t dont par das r i t es rigoureux, par son geste conforme

    a

    l e t ique t te ,

    i1

    doi t assurer

    la

    s tab i l i t e , c es t -a -d i re ,

    la

    Sante

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

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    13

    basee

    sur cet

    ordre divin que ne

    doivent

    transgresser

    ni

    ce Roi,

    ni les princes, que dolveht respecter ,

    s tr ictement,

    taus ceux

    qui,

    a

    quelque niveau

    que soi t ,

    exercent

    une

    Responsabilite.

    Dans la s o c i e t ~

    animiste

    cel le-c i

    incombe d'abord au chef

    ou

    culmine la R e s p o n s a b i l i t ~

    sa to ta l l t e

    vers

    laquelle

    converge

    la

    r e s p o n s a b i l i t ~

    de

    l ' individu, du

    pere

    dp familIe, des chefs

    de

    groupement,

    de vil lage, de

    la

    communaute

    humaihe qui

    agi t .

    Dans

    l ' ancien

    Ghana

    les fetiches

    royaux

    sont

    deposes dans

    une

    foret

    sacree.

    Mais

    c ~ a q u e region, chaque vil lage avaient leur

    genie

    tu t i l a i re . Chaque

    famil le, chaque caste avaient sa science

    ou

    son culte

    part icul iers .

    Dans

    l 'Empire

    Mossi, c 'es t

    le

    Moro Naba

    qui es t le chef

    supreme du cul te , c 'es t lu i qui detient les fet iches principaux

    de

    l 'Empire et avec eux, la supreme connaissance qui guide les pretres

    et

    les

    responsables

    de

    la

    vie

    poli t ique.

    La societe

    animiste, emanation de

    sa

    "super-s tructure,

    dans

    la

    meme

    conception

    de la

    vie

    e t de

    l'homme,

    est

    fortement integree

    dans

    les cul tes par t icul iers

    ou

    s 'execute l ' ac t ion

    au nlveau

    de

    l ' lndivldu,

    de

    la familIe et des castesD

    C'est

    dans

    ces

    cellules

    de

    base

    qu'on s ' i n i t i e

    l ' a r t ,

    la

    science,

    a la pratique

    d'un

    metier. L' in i t ia t ion en

    direction

    du

    peuple,

    des enfants

    du

    peuple

    se

    fa i t dans

    des

    associations ou,

    sans

    dist inct ion de rang social ,

    ces enfants

    se

    l ivrent a

    la

    pra

    t ique d'une certaine philosophie

    de la

    vie, a cel le

    du

    "savoir

    dire"

    e t

    "savoir

    fai re .

    Le

    Dogon

    (Bandiagara,

    Mali)

    dl t "que

    le

    mil

    de

    l ' an dernier

    qui l l

    bat

    est le

    mll

    de

    cette

    annee",

    du

    mil

    toujours

    pare l

    lul-meme.

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    -

    14

    -

    La Societe

    animiste est caracter isee par sa grande

    Tolerance.

    Le

    culte du

    vainqueur n'opprime

    pas celui du

    vaincu,

    sous sa dependance, i1

    lui assigne

    une place conforme

    a

    sa specia

    l i t e par t icul ie re . u Niger,

    dans la

    province

    de

    Dogon-Doutchi, se

    superposent quatre

    cultes qui

    ne se

    genent pas

    du tout

    1. le cu1te de la Saraounia (matri l inaire)

    2.

    celui

    du Baoura (pat r i l inai re)

    3.

    le Toungouma

    originaire

    du Bornou

    4.

    le

    Dogoua

    qui

    appartient

    aux

    princes

    actuels

    de

    Doutchi,

    de Bornou, apres

    un re la

    au Daoura,

    qui

    vinrent

    enca

    drer l 'arewa.

    Les fetiches royaux e t principaux

    au Soudan

    medieval se

    t rouvaient

    dans

    les vi l les

    ou

    les grands centres

    u se

    dl t

    l ' h i s -

    totre (Kangaba, Republique du

    Mali)

    ou se

    l i t

    dans les signes de

    la terre l 'horoscope de

    l 'annee

    (Massalata, Republique du

    Niger).

    C'est

    dans un te l contexte apaise,

    que

    les

    Tounkas

    du Ghana,

    n'ont pas

    agresse l ' l s lam

    auquel i l s ont me me

    demande des

    secretai res pour les

    seconder dans

    leur

    tache.

    l I s ont considere

    cet te rel igion comme

    une

    sp l r i tua l i t e

    nouvelle apportee

    au Soudan

    par

    l 'Etranger.

    L'Empire

    Mossi

    lu i

    aussi

    n'opprima pas

    les

    musulmans.

    Les

    Nabas de Ouagadougou, en dehors de leurs p l e n s ~ se donnaient des

    noms musulmans. L'Islam e ta i t represente dans leur cours.

    Sonni

    All

    Ber eta i t ,

    en 1464, le bri l lant

    Roi de cet te

    Afrique

    animiste confrontee avec

    l ' l s lam.

    Sonni Ali respectai t

    cet te

    rel igion

    e t

    fa isa i t

    des cadeaux somptueux

    des

    Oulemas.

    11 disai t

    meme

    : La

    vie sans

    le savant

    sera i t invivable . Ce qu ' l l

    n'admettai t pas c 'e ta i t

    l ' indiscip1ine,

    l ' in t rus ion de ces

    savants

    dans les affa i res de l 'Etat . 11 dut, pour sauvegarder l ' un i te de ce

    dernier sevir contre

    les Peuls, les Touaregs

    e t les

    Arabes

    dont les

    agissements

    entravaient cct te

    unite

    t l rai11ee

    entre

    l ,ordre

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    - 15 -

    existant e t

    l l s lam

    s table, a n i m ~

    par

    des princes e t

    une bour

    geoisie

    in te l lec tuel le ,

    dans les vi l les , qui

    renonQa

    d ~ f i n i t i -

    vement

    ~

    l animisme,

    ~

    son

    mode

    d acquision

    de la

    connaissance

    et sa philosophie

    de

    la vie. La

    tradit ion

    a

    s u r v ~ c u

    dans

    maints centres

    animistes

    qui

    n ont

    pas o u b l i ~ leur p a s s ~

    glorieux

    :

    - Gambaga Ghana

    actuel) pour

    les

    Rois du

    Mossi

    -

    bomey B ~ n i n ) pour ceux

    du

    pays

    Fong

    - Kangaba

    (Mali),

    -

    Aribinda(Haute-Vo1ta)

    pour

    les

    D o f ~ r o s

    ou

    Kouroumba,

    les

    hommes

    du

    mil qui ant, ~

    notre ~ p o q u e ,

    un

    centre

    r ~ g i o n a l

    important a Massalata

    (Kbnni, Niger), des pr@tresses

    de

    la terre a

    Lougou (Doutchi,

    Niger), a Boisi sur lea o r ~ s

    de

    la

    Sirba (Niger), a

    Hombori

    (Mali).

    De

    te ls centres animistes sont encore

    vivants dans les

    falaises

    du

    Bandiagara,

    a

    Bankasai,

    a

    Sanga oD le professeur

    Griaule fut

    i n i t i ~

    au

    s y s t ~ m e

    du monde

    des

    Dogon,

    ~ la

    philoso

    phie de la vie de ce peuple e x p r i m ~ e dans ses

    masques,

    dans

    le

    symboliame

    profond

    de

    ceux-ci.

    11 y a

    2.500 ans p r o s p ~ r a i t la

    Civil isat ion

    de

    Nok dont

    lea

    terres uites etaient

    d une per

    fection a

    toutes

    epreuves, ce qui

    nous

    conduit a l a r t d I f ~

    dans lequel

    Leo

    F r o b ~ n i n s trouve

    una

    influence

    de la

    civi l i sa t ion

    de

    l Atlantide.

    Ces centres abri taient le commerce

    internat ional

    au

    cours

    duquel, dans

    les

    vi l les du

    Soudan

    m ~ d i e v a l ,

    se rencon

    t raient

    etrangers et a b o r i g ~ n e s ,

    t ra i tants

    musulmans et nego

    ciants

    autochtones,

    avec

    eux lea idees et les hommes,

    l ancien

    ordre etabli e t

    l l s lam

    mili tant

    qui

    vint changer

    au

    Soudsn.

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    6

    LE

    SOUD N

    MEDIEV L ET

    Lt

    ISL M

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    - 17 -

    Dans 80n

    l ivre ,

    Lee musulmans de

    l 'Afrique Noire",

    Froelich(

    ;

    ~ c r i t

    : D ~ s l an 640, l ' l s lam tenta de

    progresser

    par la

    v a l l ~ e du

    Nil,

    mais

    se heurta, tout

    de

    suite

    aux Etats

    C h r ~ t i e n s

    devant

    lesquels i l

    pietina

    pendant

    p r ~ s

    de

    neuf

    cents

    ans. A

    l oues t , la p r ~ d i c a t i o n

    des nomades sahariens

    fut

    r e 1 8 y ~ e

    par les'Noire

    e u x - m ~ m e s qui se

    p a s s ~ r e n t

    le

    flambeau en

    progres-

    sant ~ e t s l Es t . u centre, l ' Islam Arabe r ~ u s s i t , d ~ s le

    10e

    s i ~ c l e ,

    une p e r c ~ e en direction du

    Tehad,

    "du Bornou

    dont

    lea princes a d h ~ r ~ r e n t cette

    religion

    en 1085.

    D'un

    c O t ~

    l ' Is lam

    Arabe,

    conquerant

    e t

    guerrier

    au

    Soudsn Oriental, mar n et e o m m e r ~ a n t

    dans l 'Afrique

    de l Es t ,

    de

    I 'autre l ' Is lam B e r b ~ r e ,

    i m p t ~ g n ~ de

    Soufisme.

    Ses deux courants extr@mes, t r ~ s

    differents

    d' inspira-

    t icn,

    part is des

    deux

    bards

    du

    c o n t i ~ e n t , '

    ne

    se joignirent sur

    les rives

    du Tchad qu'au 20e

    s i ~ e l e .

    u

    10e

    s i ~ c l e ,

    alors

    que

    I'hegemonie

    de

    l ' Is lam

    s ~ t e n -

    dait de l ' lnde ~

    l 'Espagne,

    le monde musulman connut une periode

    extr@mement bri l lante qui ~ c l i p s a i t les royaumes

    d'Occident,

    ~ m e r g e a n t ~ peine de la

    barbarie,

    dans laquelle les

    avaient

    e n t r a l n ~ s

    les invasions g e ~ m a n i q u e s .

    Alars

    que Charles le Simple r ~ g n a i t chez nous e t

    devait

    c ~ d e r

    la

    Normandie aux

    pil lards

    Normands,

    lea

    savants

    Arabes

    et

    M a g h r ~ b i n s , r e n 8 e i g n ~ s par les

    voyageurs

    et

    les

    c o m m e r ~ a n t s ,

    deerivaient le

    pays de

    l o r et

    des

    Noirs avec exactitude.

    L'Afrique fut parcourue, ~ cet te epoque, par

    d in fa t i -

    gables marchands Arabes

    et

    B e r b ~ r e s , traversant

    lea

    d ~ s e r t a au

    pas lent

    de

    leura

    chameaux ou

    affrontant lea

    rivages

    inconnus

    ou peri l leux de l O c ~ a n Indien.

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

    18/70

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  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

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    - 19 -

    l lactuel le Mauritanie. Apres

    une

    r ~ s i s t a n c e acharnee

    el les

    se

    convertirent ~ l ' islamisme. Le

    premier

    prince qui p r o n o n ~ a la

    chahada fut tlTarsina

    qui

    pri t le nom d '

    Abdallah Alou Mohammed

    11 regna de 1020

    1023.

    Vers 1035,

    Yahia

    Ben Brahim

    gendre

    et SUCC6aseur de Tatsina, eu

    retour

    de

    son

    p ~ l e r i n a g e 8 l ~

    Mecque ramena

    avec ui

    un predicateur,

    ItAbdallah Ben Yacine dont

    l 'ardeur l ava i t f r a p p ~ Apres de,grands revers, Ben Yacine, se

    re t i re

    dans

    une l Ie ~ u bas-senegal,

    dans

    un'monastere ou Ribat ou

    i l forma la fameuse ~ e t e

    des A l ~ o r a v i d e s .

    En 1054, 11 s'empara dw

    la

    v i l ~ e

    berbere

    d'Aoudsghqst.

    11

    mourut

    en

    1059

    spree avoir

    soumis

    Sidjilmassa ,

    Sous-Aghmat , uNou1 et

    lea

    t r ibus du d ~ s e r t

    quli l

    parvint

    ~ arracher

    ~ l ' e m p ~ r e ~ r u

    Ghaha.

    Sa p r ~ d i e t i o n

    touche le Fouta Toro, le Tekrour, le

    Galam

    le

    Sossb

    et le Dieta, les peuples

    Noirs

    ~ t a b l i s le long

    du

    f l u v ~

    et contacts f r ~ q u e n t s

    avec les

    nomades blancs. Le Roi

    du T ~ k r o u r ,

    0

    uar

    -Ndiaye U

    AbQu-DardaI ,

    avec sa

    famille

    e t son peuple,

    se convert i t

    a

    l ' Is lam. Apres

    sa mort

    survenue en

    1040, son f i l s

    l ~ b b i commanda le

    contingent du Tekrour

    qui se

    porta,

    en l 0 5 6 ~

    au secours des Lemtounas fideles

    ~

    Ben Yacine

    e t

    qui avaient

    e t ~

    attaques par

    les GDddalas .

    Apres la m o ~ t de

    Ben

    Yacine, Abou Bekr Ben Omar,

    chef des

    Lemtouna,

    s'empara

    du Maroc. 11 chargea

    son

    cousin,

    Ben

    Tachfine,

    de

    continuer

    la

    goerl'e

    BuMa.roe,

    tandis

    que lui-mAme

    prenait

    hAte

    le

    c h e m ~ n du Soudar.

    A p r ~ s avoir ~ t a b l i

    l 'ordre

    dans le

    sud

    de son eta t , i1

    fut

    tente par l Ia r du Ghana. 11 dressa contre

    l ' E m p ~ r e u r de cette vil le ses V8ssaux

    Noirs

    dont l a r i s tocra t ie

    avait ete i s l a m i s ~ e . Aid, par

    le

    successeur

    d'Abou

    DardaI, i l par

    vint ~ les entra1ner

    dans

    une

    vaste r ~ u o 1 t e

    concertee.

    Pendant ce

    temps, lui-mAme d ~ c l e n c h a 1 t des raIds

    dans

    le

    sud

    pour

    se

    procurer

    des

    esclaves et de

    l o r

    et

    sussi pour tenir

    lee marches

    o ~

    la

    poudre

    d'or

    pouvait

    ~ t r e ~ c h s n g ~ e

    contre

    le

    sel

    des

    salines

    saha

    riennes .

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

    20/70

    20

    A p r ~ s

    quatorze

    ans de guerre et de troubles,

    l E m p ~ r e u r

    fut

    a b a n d o n n ~

    par ses a l l i ~ s . Le pays,

    r u i n ~

    se vida de beaucoup

    de ses

    habitants.

    La

    capitale

    fut

    prise et p i l l ~ e

    de fond en

    comble par les

    B e r b ~ r e s

    en

    1076. A p r ~ s

    la

    mort d'Abou-Behr

    en

    Omar

    intervenue

    en 1087, le Roi

    du

    Ghana

    p r i ~

    son

    i n d ~ p e n d a n c e .

    11 r ~ o c c u p a sa capi tale, i l en chasss les Blancs et i l in terdi t

    la

    pratique de l ' Is lam. Mais l 'empire ne retrouva pas

    son

    ancienne

    splendeur. Le Tekrour, le Galam, le 50sso et le Diara surent con

    server leur i n d ~ p e n d a n c e .

    l 'animisme

    y

    perdit

    sa

    p r ~ p o n d ~ r a f t . e

    au prof i t de

    l ' Is lam,

    des

    princes musulmans.Le Ghana fut

    annexe

    par le Roi du Sosso

    qui

    sera battu

    par "50undiata

    KeIta" en 1235 dans la plaine de

    Kirina

    p r ~ s

    de Koulikoro

    (Mali).

    Lea

    M a n d ~ s p r i ~ e n t la releve des Tounkas,

    celle

    des s o n i n k ~ s . L'Islarn pr i t ft

    essor

    p ~ i s s a n t avec les e m p ~ -

    reurs

    du

    Mali

    : Kankan Moussa dont

    in conna t le fastueux peler i

    nage 8 la Mecque au XIVe

    siecle et la magnificence

    de la cour de

    Mansa Souleymane

    qui

    ~ t a i t le

    souverain

    du

    Mali

    lors

    du

    passage

    du

    voyageur

    Arabe

    lbh Batoutha

    au COUlS du

    mame s i ~ c l e .

    Sous

    l a c -

    t ion de l ' Is lam, la super-structure de

    l 'animisme

    dahs les vi l les

    et

    les grands centres c ~ d a

    la

    place

    8 une

    ar is tocrat ie

    musulmane

    plus dynamique.

    L E c r i t u ~ e

    et

    le

    Caran

    parurent et la V ~ r i t ~

    cessa

    d'@tre uniquement la par . le , jadis s a c r ~ e de la

    t radi t ion

    qui ne

    continua pas moins de

    r ~ g l e r dans

    les campagnes et au sein des

    castes, la vie

    du

    peuple,

    de conserver et

    d'animer l h i s to i re et

    la

    culture. le

    marabout

    pr i t

    une

    importance

    primordiale

    et

    les

    O u l ~ m a s devinrent preponderants dans

    la

    cour des empereurs o ~ leurs

    avis

    ~ c l a i r e s d ~ c i d a i e n t de

    la

    guerre

    e t de la paix. Ces Oulemas

    definissaient pour

    les

    sultans, les principes que devaient

    observer

    l e t a t

    musulman,

    disaient

    le droit

    qui

    n in teressa i t que

    la super

    structure dont l act ion, souvent, la issai t lea

    masses, non

    c o n c e r n ~ s

    i n d i f f ~ r e n t e s cependant

    gue

    la vraie

    foi

    s incrus ta i t dans

    l Ame

    profonde des

    savants

    dans

    lea

    vil les de

    Biro,

    (Oualsts),

    Tombouctou,

    D j e n n ~ t A g a d ~ s

    e t Kano au Soudan Central converti 8 l ' islamisme

    par

    les

    Princes Mandingues.

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    21/70

    21

    u moment de l 'ecrasement ntervenu en 1464 qui vit

    la

    destruction

    du Mali par Sonn Ali

    Ber,

    ce

    furent

    ces

    vi l les

    qui

    empecherent l 'ecroulement

    to ta l

    de

    1'1slam

    domine

    par

    les Songhays

    qui etaient

    a

    cette epoque,

    dans le Dandi surtout

    - des paiens,

    s1non, des

    musulmans

    t res

    t iedes.

    Sonni AI Ber

    e ta i t

    conscient

    de

    la rea l i te

    a un

    niveau -

    de

    I ' Islam

    dans son Etat. 11

    I ta meme

    accepte

    comme

    une importante spir i tuaI i te de ce dernier . 11 combat-

    t i t moins

    cette rel igion

    que les

    O u l ~ s qui s ' ingeraient

    dans les

    affaires de

    I 'Administration dont

    l 'Empereur entendait

    etre

    le

    seul

    maltre

    dans

    le

    respect

    des

    dlfferentes

    sp i r i tua l i tes

    de

    son

    Etat ,

    y

    compris la sienne, l 'an mlsme des Songhays du sud

    qui l l

    n'imposa pas

    aux peuples de

    son empire.

    Sonni Ali Ber

    devint

    un

    cas

    au Soudan. 11 nladhera

    pas

    au

    r i te

    malekite. Nous aIlons etudier la

    nouvelle

    si tuation

    dans

    le

    chapitre qui va suivre.

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    SON

    N I A L I

    B E R

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    -

    3

    -

    11 est di f f i c i l e de dire que Sonni AI Ber ne fut pas

    musuIman. Son

    nom

    I e s t . sacr i f ia i t a toutes les mosquees et

    nil

    a t tes ta i t

    qu l l

    n'y

    a

    de

    Oieu

    que

    Oieu

    e t

    que

    Mohammed

    est

    son

    Prophete. 11 appartenait

    a la

    secte des Kharadjites qui avait des

    adeptes jusque sur les bords Niger. Cette secte "ne

    croyait pas a la

    necessite d'avoir un chef

    supreme

    de

    l ' islamisme. Elle

    est imait , en

    outre, que

    tout f i d ~ l e

    s t r i c t

    observateur

    de la

    10i,

    d'or igine 9 u e l : ~

    conque, pouvait

    et re eleve au pouvoir souverain (4) .

    Dans un t e l courant religieux, Sonni Ali ne voulut pas

    se

    pIler aux exigences des Oulemas ma1ekites.

    se

    dressa

    vigoureuse

    ment contre leurs pretent10ns poli t iques dissolvantes , destructr ices

    de l un i t e de l 'Empire qu i l

    eta i t

    en t rain de bat i r .

    dut

    sevir

    contre l l n t e l l igen t s i a musulmane des

    vi l les ,

    des Peuls,

    des

    Touaregs

    e t des Arabeso refoula

    les

    o u a r e g ~ e t

    les Arabes

    dans

    le Sahara et 11 extermina la t r lbu

    peuple

    des Sangare. I l devint

    la

    cible des

    in te l lec tuels

    e t des savants

    d ~ n t pourtant, i l appre

    cia i t

    le

    role

    important

    dans

    la

    marche

    en

    avant

    de

    la

    societe .

    disai t m me concern ant

    ces

    dernlers : La

    vie

    sans les savants

    sera i t invivable". Au dire

    d'un de

    ces

    detracteurs, Es-Sa'di,

    l au -

    teur du Tarikh Es-Soudan,

    i l fa isa i t des cadeaux somptueux

    aux

    Oulemas quand 11 revenait de ses

    expeditions

    victor ieuses.

    La

    haute

    personnalite

    d'Ali

    Ber contint l in te l l igen ts ia des

    vi l les .

    l 'obl igea a

    cohabiter

    avec les

    autres sp i r i tua l i tes de

    l 'Empire

    dans

    une

    synthese

    harmonique

    qui

    n'etouffa

    pas

    l Is lam ,

    pratiquement,

    celui-c i s e t a i t affranchi de

    la

    tu tel le de l 'animisme.

    A l 'epoque de cet

    empereur, 11

    exls ta i t , deja, du moins chez

    les

    Songhays, un

    Islam t radi t ionnel qui composait

    avec

    le pouvoir

    etabli e t , dans les

    vl1les, un Islam plus

    radical ,

    qui eta i t en

    efferveseence,sinon sur

    le

    bord

    de

    la

    revol te .

    Ce dernier

    avait un

    chef

    occulte

    : Mohammed Aboubakar, alors general en

    chef

    de l 'armee

    de

    Sonn

    All

    Ber.

    4. El-Sadi, Tarikh Es

    Soudan.

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    -

    24

    -

    Les in te l lec tue ls musulmans

    n'

    epargnarent guare Sonn Al i . Br:, .

    l I s r e l e v ~ ~ c n t

    ses

    moindres

    fautes,

    ses

    exactions

    m ~ m e

    banales.

    Pour

    eux,

    l e m p ~ r e u r

    e ta i t

    "le tyran ~ ~ ~ r e ~ j i t e ,

    l ~

    debauche,

    le maudit, le sanguinaire ,

    l 'oppresaeur".

    Kati,

    dans

    le

    Fettach, d e n o n ~ a n t ses cruautes , ecr i t

    :

    11' f i t mettre ~ mort des jur isconsultes I Et que des vi l lages

    i l

    det ru is i t , faisant per i r

    leurs

    habi tants dans

    les

    flammes

    11

    inf l igea i t

    toutes sor tes

    de

    tor tures

    aux

    gens

    :

    tantOt

    l

    se

    servai t du feu pour les

    faire

    perir 11 fa i sa i t emmurer un ~ t r e

    vivant pour le l a i sser mourir ainsi , tant6t

    enfin

    11 fa i sa i t

    ouvrir le

    ventre d'une

    femme vivante pour en

    re t i r e r le

    foetus"

    Le Tarikh

    Ea

    Soudan n es t

    pas, non plus

    tendre ~

    l egard

    de

    ce

    souverain.

    A son

    sujet ,

    i l ecr i t "Jusqu'en

    l 'annee

    875

    (1470-1471) Sonni

    Ali

    Ber

    continua

    a

    faire

    mettre

    a

    mort

    des

    sa

    vants ou les

    humilier".

    11

    s v i t ~

    ains i , contre

    les

    gens

    de

    Sankore qui s enfuirent a

    Biro, contre

    les enfants

    du Cadi EJ. t:

    Dans

    les

    vi l l es , l i n t e l l igen t s i a

    musulmane,

    m ~ m e

    sous le

    ragne

    de Sonni Ali

    Ber,

    continua de

    mOrir

    sa revo1te contre

    regime en

    place,

    de preparer une revolution contre le camp d0s

    Songhays

    t rad i t ionnels .

    Celle ci

    jclAta a la mort du souverai1

    intervenue en

    1492.

    Comme dans

    l 'ancien Ghana,

    la super-st ructure

    musulmane accede a

    la

    direct ion des effa i res avec un Prince

    devoue

    a sa

    cause

    e t a cel le de

    l ' is lamisme,

    desormais, qui

    VB

    inspirer 1es nouveaux souverains du Songhay.

    \

    I

    '-.

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    25

    L REVOLUTION

    D ASKIA

    MOH MMED BEN

    BOUB K R

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    26/70

    26

    A la destruction de l 'Empire du Mali, i l exis ta i t , d e j ~ ,

    au Soudan un fort

    courant

    islamique

    eclaire

    par

    les Universites

    de Tombouctou, de

    Ojenne,

    par

    une

    jeunesse

    ins t ru i te

    d'origine

    surtout e t r a n g ~ r e ,

    qui

    en approfondirent l e tude, la vie sociale

    et

    polit ique.

    A l 'examen des Tarikhs, sous le r ~ g n e de Sonn Ali Ber,

    on s a p e r ~ o i t que lee savants, les

    Oulemas,

    eteient

    rarement

    des

    Songhays.

    C'est dans

    ce contexte

    de l 'Empire que mourut Sonni

    AI

    Ber en 1492

    et

    que

    son f i l s Sonni

    Bakery

    le

    remplaga

    sur

    le

    tr6ne

    du Songhoi. La haute personnalite du fondateur disparue, son gene-

    ral ,

    Chef du par t i musulman, exigea de Sonni Bakary qu i l abjurat

    l 'animisme pour embrasser la

    vraie foi ,

    l ' islamisme, s i l veut

    garder le trOne de son p ~ r e . Dans

    la ~ e v o l u t i o n

    qui a

    oppose

    Sonni

    Bakary et Mohammed Aboubakar,

    l 'on

    peut

    remarquer que "Taus les

    emissaires que ce dernier dep@cha aupres du Souveraih investi du

    Songhay etaient des "non Songhays"t des Oulemas n a p p ~ r t e n a n t pas

    ~ ce

    peuple, mais

    ~ une

    souche berbere

    ou Wakoree (nom d'un clan

    soudanais

    duquel

    Askia Mohammed t i r e ra i t

    l or igine

    de

    son

    pare).

    Ces

    emissaires

    qui t e n t ~ r e n t de

    convertir

    le nouveau Roi

    etaient

    1. Mohammed Toule, d'origine Berbere,

    2.

    SAlih

    Oiawara ,

    d'origine Soninkee

    3. e t

    AIfa

    Kati , d o r ig ine Soninkee.

    Quand la guerre eclata

    entre

    Sonni Bakary et le

    general

    de son pare,

    tous

    les Songhays t radi t ional is tes

    se

    rangerent du

    s q ~ \ l e r a i n '

    it'lvestj.',

    a

    d

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

    27/70

    - 27 -

    croyants qu'au

    roi

    designe

    par

    les t radi t ional i s tes

    La

    Revolution,

    rapidement

    triompha

    de

    sa

    Resistance

    et

    la

    dynastie

    des

    Sonni

    fut

    renversee. Mohammed Ben

    Aboubakar,

    a sa place,

    crea la

    sienne qu i l

    savait

    contra Ire la

    t radi t ion

    - donc - i l legi t ime

    aux

    yeux. des

    Songhays pour lesquels le

    nouvel

    elu

    e ta i t

    un usurpateur.

    Apres

    avoir mis

    de

    l 'ordre

    dans

    l E ta t qu i l venait

    d her i -

    ter de Sonni Bakary, Mohammed en

    Aboubakar,

    aureole, deja, du

    t i t r e

    des

    "Princes des croyants",

    se

    donna celui

    d'Askia

    sous lequel

    les Princes de

    sa

    dynastie seront, desormais,

    appe1es.

    11

    entrepr i t

    son

    pelerinage remarque

    a la Mecque. 11 en

    revint avec

    le t i t r e

    prest igieux de Khalife pour le Soudan.

    I l

    s affranchi t

    de la t radi t ion

    et

    de la coutume. L e ta t

    n e ta i t

    plus

    domine par 1'animisme des Sonni

    vaincus.

    11 devint

    musulman sous une dynastie nouvelle, cel le

    des

    Askias presida au

    destin

    de l 'Empire Songhay de 1493

    a

    1591.

    EI-Hadj,

    Khalife

    repre

    sentant le prophete au Soudan, Mohammed EI-Hadj Askia aboli t l an -

    cien

    ordre

    des choses e t

    le

    droi t

    devint

    celui du Coran. Apres

    avoir

    consulte

    les Oulemas de son

    pays,

    au retour de son

    pelerinage,

    i1

    consulta, en

    Egypte Abderrahman Es-Soyouti pour savoir quels

    etaient son droit

    e t

    son devoir de prince musulman vis

    a

    vis de

    l 'her i tage

    qu i l

    avait

    regu du

    f i l s

    de

    Sonni

    Ali Ber. EI-Meghili

    qui

    f i t

    meme

    un

    voyage

    a

    Gao

    confirma

    la

    le90n

    que

    l 'Empereur

    $on

    ghay avai t re9u de

    son

    hote Egyptien.

    L'Encadrement

    de

    l 'Empire tourna le dos

    a

    l 'animisme qui

    ne

    survecut

    que dans le Dandi, que

    dans son

    berceau du sud. Quand

    on examine

    la

    l i s t e des

    grands

    Oulemas qui

    accompagnerent Mohammed

    Askia

    a

    la

    Mecque on s 'apergoit que presque

    taus

    eta ient des

    etrangers.

    Voic

    cet te

    l i s t e

    :

    1. Le

    Cheikh

    Mohammed Toule,

    2. Alfa Salik Diawara,

    3.

    Le

    Gao-Zakaria,

    4. Mohammed-Tenekou

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    - 28 -

    5.

    Le

    Cadi Mahmoud Niedebogo

    6.

    Le

    Cheikh

    Mori

    Mohammed

    Haougara,

    7.

    Le

    Cad

    Mohamoud Kati

    (Fettach pages 25 e t

    26).

    Apres son pelerinage, au

    fl1

    de ses

    expeditions

    victo

    r ieuses, El-Hadj Askia Mohammed partout,

    insta l la ou renfor9a

    l ' Islam

    sur une

    base

    plus

    radicale.

    11

    crea

    des Mosquees

    et

    des

    Ecoles

    sur

    tout dans

    le

    Gobir

    et

    dans

    l 'Alr

    par

    lequel

    i1 penetra

    dans

    le

    Sahara ou i l ranima l ' Islam

    t iede

    des Berberes.

    Dans son

    propre pays,

    i1

    s ' inquieta

    de

    l ' importance

    de

    l'animisme dans

    le Dandi.

    Dans

    un

    but

    manifestemment

    polit lque,

    11 resolut de porter la guerre dans le Bargou (Haut-Benin) ou fu

    rent decimes

    les nZabir-Banda ,

    les cadres animistes e t guerrlers

    du Dandi. Cette

    province ~ e s s d'e tre

    un danger

    pour l 'Empire,

    pour le

    nouvel eta t musulman.

    Mais, ce dernler,

    apres

    E1-Hadj Askia Mohammed e t son fl1s

    Askia

    Oaoud,

    s 'ecarta

    des princlpes du

    torant

    de sa morale

    et

    de

    sa

    just ice.

    L'Empire bougea

    sur ses gonds.

    11 s 'ecroula sous les

    coups

    des

    Marocains en 1591 qui ne vinrent

    pour y

    repandre l '1s1am,

    mals pour y chercher de l o r que le Soudan

    n'avai t

    plus.

    L'1slam,

    de nouveau

    se

    refugla

    dans

    les

    vil les .

    11

    cessa

    de

    dispenser

    l lnst ruct ion dans les campagnes qui retournerent a

    la

    tradit ion. Les differents peuples rassembles se separerent en

    creant une

    multitude

    de

    pet i ts

    royaumes Independants les-uns

    des

    autres.

    Sous la direction des Peuls, l '1slam ranimera, au debut

    du

    XIXe

    siecle le

    Soudan

    Central

    (Sokoto

    1804)

    et le

    Macina

    qui

    e ta i t un

    empire

    en

    1810.

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    29

    ON C L U 5

    ON

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    - 30 -

    Quand on examine

    l h i s to i re

    du

    Soudan,

    on s aper90 i t que

    la

    Revolution

    musulmane de

    EI-Hadj

    Mohammed

    Askia

    de 1493 a

    des

    simili tudes troublantes

    avec celle d Ousman

    Dan

    Fodio qui reussi t

    la

    sienne

    en 1817. Dans les deux

    cas, i l

    ne

    s agissa i t

    pas d in -

    t roduire l Is1am, mais de le

    radicaliser

    dans

    l Empire

    de

    Gao e t

    dans celui

    du

    Gobir

    tombe sous le joug des Peuls.

    A Gao, la Haute

    personnalite

    avait

    contenu

    l I s lam

    Mallkite

    e t cel le

    de

    awa

    Jan

    Gorzo I ta empeche de s emparer du pouvolr

    legal. Dans les deux

    cas

    ce fut une minorite d etrangers qui pro

    f i ta

    de

    la

    faiblesse des

    princes

    regnants pour renverser

    les

    dynasties

    etabl ies .

    Dans les deux cas la Revolution s appuya

    sur

    l in te l l igen ts ia , sur la jeuhesse des Universi tes, sur

    les

    vi l les

    de Tombbuctou, de

    Ojenne

    ou de Gao (Empire Songhay), sur les Talibes

    des Ecoles Coraniques (Sokoto).

    La

    posit ion

    de

    Dan

    Fodio

    est

    identique

    cel le de

    l Empire

    du Macina

    qui

    succomba sous

    les

    coups

    des

    Toucouleurs

    d El-hadj

    Omar, de

    son

    oote

    qui e ta i t talonne par

    les fran9ais qui ne

    donne

    rent

    pas le

    temps

    aux Peuls de

    se

    concerter pour reussir

    leurs

    effor ts

    dans

    un seul

    front

    commun.

    C est sur la meme base que Samory e t Mahammadou eurent

    a

    lut ter

    a

    la fois

    contre

    les

    troupes

    coloniales

    e t

    pour

    se

    mainte

    nlr au Soudan

    dans

    les

    frontieres heurtees qui les mirent aux

    prises

    avec d autres

    Etats

    Africains.

    Nous retrouverons les cadres

    1.

    animistes

    2. musulmans

    3.

    Occidentalises,

    tous reunis dans

    le mame

    front

    de lu t te ant icolonial is te a

    par t i r

    de 1936 (avenement du

    front

    populaire),

    surtout ,

    de 1944-45-46 (mise

    en place

    des ins t i tu-

    t ions

    de

    l Union

    Fran9aise).

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    31

    Si

    je rappelle ces epoques recentes,

    c e s t

    parce qu e l les

    si tuent

    mleux

    le

    rOle

    des

    cadres

    e t

    des

    vi l les

    dans

    la

    vie

    intel lectuel le

    de

    notre continent.

    11

    y

    a des moments ou les

    l ~ o n s

    du present

    (un aboutissement)

    eclairent d une

    l u m i ~ r

    s i n g u l i ~ r e l h i s to i re du passe, toujours une

    his toi re

    eclose

    dans

    u

    contexte

    qui

    lui donne

    u

    visage

    caracter is t ique, u

    contenu

    qui m a r q ~ e qui

    en a

    fa i t l h i s to i re

    d une epoque.

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

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    3

    11

    LE

    PATRIMOINE

    CULTUREL

    D NS L ZONE

    SOUDANO-SAHELIENNE

    CARACTERISTIQUES

    EVOLUTION

    ET

    INFLUENCES

    SUR

    LES

    AUTRES

    AIRES DE CIVILISATION

    AFRICAINE.

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    -

    l

    C R CT

    E R

    1 ST

    I

    QUE

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    34/70

    o

    - 34 -

    1.1. FUSION VOISINAGE

    1.

    L'Afrique,

    massive,

    est

    d'un

    seul

    tenant.

    A

    l in ter ieur

    des ter res

    une seule

    plate-forme,

    sans

    dlscontlnulte ,

    dessert tout

    le Continent par

    son pourtour defendu

    seulement par la

    barre de

    ses cotes e t quelques hauteurs insuffisantes pour en empecher

    l 'uniformite. Son espace geographique est aujourd'hul

    entrecoupe

    de

    deserts

    : ceux-ci ne furent

    pas

    des barrieres etanches en ce qui

    concerne

    la zone soudano-sahelienne. Dans

    cet te partie

    de notre

    Continent, l un i te

    geographique

    avait entratne cel le de la faune

    et des hommes, des voisinages et des fusions

    qui s 'opererent

    dans

    la savane que formait, alors, le Sahara dont

    l'examen

    de la pre

    histoire

    montre que les hommes qui vecurent

    dahs le

    Grand

    Oesertll

    etaient IIpetitsll (le ancetres, peut-etre , de nos negri l les

    actuels) , de t a i l l e moyenne, de

    grande

    t a i l l e ,

    des

    femmes qui

    por

    ta ient des cimiers semblables a ceux des femmes P.eules du

    Fouta

    Djallon, des

    hommes

    qui avaient des cheveux

    longs

    (ce qui fa i t

    penser a la

    presence

    du

    Berbere dont

    i1 n es t pas prouve qu i l

    n es t pas originalre de l 'Afrique), des chasseurs dont l ou t i ll age

    l i thique

    abonde

    dans le Tenere

    nigerien,

    des pasteurs qui pous

    saient devant

    eux

    des boeufs sans bosse dans une region t res humide,

    des agricul teurs dont les meu1es dormantes se ramassent,

    partout,

    dans le Sahara.

    Au sud de ce desert les

    meules,

    dans les pays gourmantches

    et mossis, continuent de

    servir

    a ecraser le mile Dans la savane

    soudanaise, les

    fleches

    en fer sont une evolution directe des f le

    ches

    l i thiques

    dont

    se servaient nos

    devanciers

    des

    ages

    prehisto

    riques.

    l 'animlste

    Songhay

    qui

    fabrique une pate magique n'emploie

    pas de la

    farine

    sort ie

    d'un mortier mais du mil

    ecrase

    entre

    deux

    meules.

    Les haches l i thiques

    (armes

    redoutables

    de Dongo, le genie

    du tonnerre) sont sacrees

    dans

    la savane

    soudanaise e t

    elles figu

    rent parmt

    les objets du eulte quand celui-c i concerne le genie de

    l 'orage.

    le

    Sahara ne fut done

    pas

    suff isant pour detruire l un i te

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

    35/70

    - 35 -

    de

    la culture

    qui

    exis ta i t

    dans la zone soudano-sahelienne, ou,

    au

    se in des castes , les croyances

    de

    l 'Afrique saharienne eveil lent

    des larges echos

    material ises

    par le

    sacr if ice du

    bel ier ,

    du tau

    reau, l 'offrande d 'objets

    de

    couleurs (blanche, noire, rouge,

    rousse,

    etc

    ) ,

    par le

    sacrif ice d'animaux portant

    ces

    couleurs

    (poulet,

    chevre,

    chat domes,tique, chien, etc) .

    L'uni te du

    cul te animiste

    dans

    la

    zone soudano-sahelienne

    t i re son

    origine

    d'un te l passe vivant dans son

    ar t

    que pratiquent

    de

    nos

    jours des hommes qui en maintiennent

    le

    style au

    sein

    des

    castes.

    L'unite

    des

    cultes, cel le

    de

    l a r t ,

    suppose

    l un i te

    des

    races sahariennes,

    leurs

    fusions

    ou leurs

    voisinages prolonges,

    intimes.

    2. Les

    Noirs sont

    de

    l 'Afrique. 115 sont nes sous ses t ro

    piques. 115

    ont

    habite,

    assez

    to t , les plaines du

    Sahara

    tandis

    que

    dans le

    meme

    temps d'autres

    hommes

    venus des

    bords de la Medi

    terranee abordaient

    la

    Vallee

    du

    Nil

    ou i l s formerent, probablement,

    avec

    les

    Noirs, des metis

    a

    l o r ig ine

    de

    la race

    rouge de l 'ancienne

    Egypte. Celle-ci cohabitera

    plus

    tard

    avec

    les Hebreux

    qui vien

    dront se refugier dans la

    vallee

    egyptienne qui

    sera enrichle de la

    science

    hebralque.

    u

    temps

    de Moise vivaient ensemble ou voisi

    naient

    les

    Rouges ,

    les

    Hebreux

    e t les Noirs .

    MoIse

    apprit la

    science

    des

    Rouges dans le Temple

    d'Osir is

    e t cel le

    des

    Noirs

    aupres

    de

    son

    beau-pere Gethro

    dans

    le Temple du desert .

    Apres

    l 'assechement de ce dernier, les Noirs

    conduisirent

    leurs

    migrations

    vers

    le sud

    ou

    les

    rejoignirent

    les Berberes

    qui

    durent qui t ter

    leur Maghreb

    natal a

    la

    sui te des changements historiques intervenus

    avec l a r r ivee des Pheniciens,

    des

    Carthaginois, des

    Grecs, des

    Romains et des

    Arabes musulmans.

    Pour

    l essen t ie l , la encore,

    Rouges e t

    Noirs

    melerent

    leurs ethnies

    soeurs

    et

    voisines. Ce

    metissage se retrouve

    dans

    les

    races

    soudanaises parmi

    lesquelles on distingue

    encore

    les Blancs

    ou Kore (Songhay) representes

    par

    les Maures, les Berberes, les

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

    36/70

    -

    36

    -

    "Rouges" que

    sont

    les Touaregs,

    les Peuls, les

    Noirs ou

    "Bi"

    que

    sont les

    Bobo-Fing

    ( les Bobo

    Hoirs

    en Mande)

    les

    "Gabibi"

    (les

    Hoirs

    en Songhay de

    Tombouctou). la

    zone soudano-sahelienne

    malgr.e

    la barriere

    du

    Sahara

    ne

    perdit

    jamais

    le

    contact

    avec

    le

    Maghreb

    et

    la

    vallee du

    Nil avec lesquels,

    jadis , el le ne

    formait,

    au Moyen

    Age,

    qu'un

    seul

    marche

    commun, t res act i f a

    l echel le

    de l'ensembl

    de

    l 'Afrlque

    Saharienne et Soudanaise.

    C'est

    du

    contexte

    humain de

    cette

    derniere

    que

    le

    Sahel

    et le

    Soudan

    reQurent

    nombre de leurs

    cadres dynastiques

    qui

    seraient par t is

    - du

    Yemen

    (les

    "Oias"

    ou "ZasH de

    "Gounguia",

    Empirl

    de Gao) ;

    - de Medine

    (une legende du Fettach qui indique l o r i -

    gine du

    prince

    Song hay qui

    tua

    a Gao ou

    a "Gounguia"

    le poisson

    mythique des

    Sorko)

    ;

    de la Vallee

    du

    Nil

    d' Oll seraient

    venus

    les

    F e ~ l l s

    - du Nord d'ou continuent de ven r les

    TOUar9J3 .

    L'encadrement Saharien, souvent, se reclame d'une origine

    .unique.

    Des

    legendes existent 'qui etablissent des parentes entre

    les

    differentes races

    de la zone

    soudano-sahelienne. Ainsi, les

    Ouakores (Soninkes ou

    Sarakolles)

    les

    Songhays

    et les

    Ouangaras

    (des Mandes)

    se revendiquent

    la

    meme origine.

    Des

    legendes Peule3

    disent que les Songhays descendent de "Dedjita" une Peule,

    f i l l e

    d'Ocba

    en

    Yassir

    et de Badjo Maga,

    f i l l e

    du Ro du

    Toro. L'encadre

    ment

    des royaumes Mossis,

    sous

    le ~ o

    de Al-Vaman"

    se

    donne une

    origine Vemenite qui le rapproche

    des

    Songhays qui ont

    pris le

    pou

    voir sur

    les Sorkos.

    3.

    Le croisernent des races entralna des rencontres

    qui

    influerent sur l a r t ,

    les religions et les

    cultures, sur

    les langues

    qui dans cette

    region

    et d'apres beaucoup de

    l inguistes,

    se rame

    nent toutes

    a

    l 'ancienne

    Egypte. I l

    s ag i t ,

    maintenant

    de

    verifier

    s i

    ce

    croisement se retrouve dans nos

    differentes

    cultures te l les

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

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    37

    qu'elIes

    existent en Afrique et dans la zone

    soudano-sahelienne

    sur le

    plan de I a r t non

    materiel

    qui se degage :

    de

    la poesie des Selenko (des p o ~ t e s

    ;

    des

    devinettes (qui

    exercent l e spr i t

    de

    I 'enfant a

    la vivacite,

    a

    la

    repartie rapide et juste)

    ;

    des

    fables qui commentent

    les

    themes moraux de la

    vie

    courante

    ;

    des

    contes qui

    sontdes-archetypes

    vivants de

    la

    vie

    et de la societe ;

    des

    legendes qui

    resument

    l h is toi re

    de

    nos

    person

    nages hlstoriques ou celle de nos

    systemes

    u mon e ;

    - ~ d e s ecr i ts

    des

    historiens de l 'Afrique medievale qui

    ont

    su

    t i re r de

    la

    t radit ion orale

    des

    complements

    indispensables a

    la

    comprehension

    de

    notre

    histoire.

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

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    -

    38

    -

    1.2. UNITE

    11 y a une unite fondamentale des cul tures et de l ense i -

    gnement

    moral

    :

    4.

    La fable

    -

    Elle developpe un theme moral. Elle defend

    ou

    autorise

    : Ne fais pas

    cela, fais

    ceci ;

    e l le

    recommande

    la

    patience , la

    constance

    qui

    permet

    d'aboutir , de

    triompher

    des

    obstacles,

    des epreuves

    apres lesquelles

    l enfant

    poli

    trouve

    le

    bonheur et l ' impoli ,

    l ' impert inent , le

    malheur

    qui

    l 'emporte.

    La

    fable punit

    ou

    recompense.

    Elle

    punit

    le

    for t

    qui

    mal-

    .

    t r a i t e le

    faible, l 'orphel in , le perclus, le pauvre,

    qui

    ne

    peuvent

    pas se defendre.

    Elle

    recompense

    I ac te jus te , Ithomme g e . ~ r e u x

    l am i t ie

    ou

    l 'amour sincere.

    La

    fable f l e t r i t la gourmandise, la gloutonnerie,

    la

    betise et l ' imprudence

    de a hyene.

    Elle exalte

    l in te l l igence

    du

    l ievre ,

    ses ruses

    qui

    sont

    des l ~ o n s qui s 'adressent aux hommes.

    Elle st igmatise la suffisance de l 'e lephant dont

    triomphe

    le

    coq

    dans

    une

    guerre qui appose

    la

    gent ai lee aux animaux

    a

    quatre

    pattes ,

    l 'ephemere,

    la gu@pe,

    l abe i l le ,

    le grand

    v8utour,

    l a ig le a pat tes rouges,

    au

    crapaud, a

    l 'hyene

    puante, au l ion

    courageux, a la

    girafe,

    au buffle e t a

    l 'e lephant enorme.

    Dans les fables, on

    semble

    percevoir des hommes qui sont

    des l ievres ,

    des

    hyenes,

    des

    l ions, des elephants. Clest en eela

    que

    les fables se servent

    des animaux

    pour ins t ru i re ceshommes

    qui se reconnaissent dans les ruses du l ievre ,

    dans

    les b@tises

    de la hyene ou dans la force

    aveugle

    de

    l ' e lephant .

    La fable est ,

    comedie,

    drame ou,

    tragique,

    le coeur humain

    eat

    oblige

    de

    se determiner

    dans

    une

    complainte

    ou

    par

    une

    emotion

    violente

    qui

    l 'accule

    choisir entre son devoir

    e t

    son amour.

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

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    - 39 -

    La

    fable es t , surtout, le fabulis te lui-meme, l ' incarnat ion

    de

    ses personnages, la

    comedie,

    le

    drame

    qu ' l joue adapte

    aux

    rea l i tes

    d'une epoque.

    La fable, c 'es t la vie

    mlmee,

    chantee

    ; la fable

    donne

    a

    cel le-c i une

    plate-torme

    ou

    se

    ref le te

    pour se

    produire la vie

    intime du

    corps social , cel le

    de

    ses

    dlfferentes castes sais les e t

    fixees

    dans des archetypes eternels .

    5. Les contes - Le

    conte

    peut etre une simple devinette :

    "3 'a i un

    cheval. D'ou

    que vous

    venez

    ou que

    vous vous trouvez,

    vous en

    voyez la queue" : C'est la fumeeo 11 est

    un arbre tordu.

    On y monte,

    mais,

    on

    n'en redescend

    j amais :

    C'est l ' au t re

    monde.

    "La

    bande

    de

    la

    brousse":

    C'est la piste

    Qui

    t raverse

    la

    brousse.

    IIJ'entends

    cr ier :

    ourourou

    et bambam"

    C'est la pet i te four.n

    rouge qui rase

    ia barbe de

    l 'elephant"

    :

    C'est

    hache et l ' a rbre

    gue cel le-ci a b ~ t

    Sous

    cet te forme, le o n t ~ excite I ' espr i t de

    l ' enfant a reponore juste et rapidcment aux questions du conteur.

    Le conte peut obliger I ' enfant

    a

    falre at tent ion e t amelio

    rer ,

    ains1, sa memoire.

    On

    di t , par

    exemple : Mon

    pere bute contre

    la buche, la buche fa i t

    pout

    La buche bute

    contre

    mon pere,

    la

    buche

    fa i t pout I .

    11

    s 'ag i t

    de repeter

    t res vi te

    ces

    phrases

    en

    evitant

    de

    d i r e :

    Mon

    pere fa i t pout it ce

    qui

    sera i t

    une

    injure

    grossiere adressee a son propre pere,

    par sol-meme.

    Le conte, parfois

    est

    un theme

    qui

    vient animer une

    conver

    sat ion. En

    volci

    un

    :

    Un

    voyageur

    est

    seul sur

    la

    route. 11 est

    sulvl de son ane apres lequel

    vient

    son mouton pourvu

    d'une

    0 1 0 -

    chette au

    eou. Le son

    de

    la

    clochette 1u1

    indique

    que

    ses

    deux

    ani

    maux le suivent.

    Le voyageur

    est

    rejoint par

    t rois

    voleurs qui se croient

    tous

    t res

    for ts ,

    t res

    experts dans

    leur metier.

    Le premier

    voleur

    dit : "Par les seules ressources de

    mon in te l l igence ,

    je peux

    voler

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

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    40

    le mouton du voyageur sans le vlolenter e t sans qu l l

    le sache".

    Le second voleur

    dl t

    : "51

    tu fals

    ce que

    tu viens

    de

    dire,

    moi,

    je

    pourral

    lui voler son ane

    sans qu i l le sache

    e t sans

    le violenter".

    Le

    t r o i s i ~ m e voleur r ~ p l i q u e

    : "Si vous fa i tes ce que vous venez

    de dire , moi, je

    me

    fais

    for t

    de 1ui voler

    les

    vetements qu l l

    porte sur

    son corps sans le violenter".

    Le premier voleur marcha

    doucement. 11 d ~ t a c h a d ~ l i c a t e

    ment la clochette du

    cou

    du mouton et l a t tache a la queue de l ' ane.

    Par

    les

    seules

    ressources de son

    intel l igence,

    i l vola

    le

    mouton du

    voyageur

    qui continua

    de marcher au son de la clochette , maintenant

    suspendue a la queue de l ane .

    Le second voleur s'approcha du voyageur e t 1ul di t :

    "He

    voyageur, c es t maintenant

    la

    mode

    d'at tacher

    des c10chettes

    a la queue

    des

    anes". Le voyageur se

    retourna

    e t

    vi t

    que

    son

    mouton

    n e ta i t plus lao

    11 dit au

    second vo1eur

    : Bon compagnon de

    route,

    t iens moi mon ane

    pendant

    que je

    vals chercher

    mon mouton dans

    les

    environs". Le

    voleur

    ne se f i t

    pas

    prier . 11 pr i t

    l 'ane e t

    s 'en

    alIa . Par

    1es

    seules ressources

    de son

    intel l igence, i1 vola l 'ane

    du voyageur

    sans aucune

    v i o 1 e ~ c e

    Le troisieme voleur devan9a

    le

    voyageur. 11

    se

    mit

    dans

    un

    pults . A l 'approche du voyageur, 11

    so r t l t sa te te

    du

    pu1ts

    et le

    voyageur l ' aper9ut . 11

    1ui

    di t :

    Homme

    du pul ts , n'as tu pas vu

    passer

    mon

    mouton 1". "Si I 1ui repondit

    le

    voleur. Ton mouton est

    mame

    dans

    ce

    pults .

    5eulement

    je

    ne peux

    pas

    l en so r t i r

    sans

    con

    cours. Ne peux-tu pas te deshabl1ler et

    descendre

    dans le

    pu1ts

    p o u ~

    m'alder a

    sor t i r ton

    mouton 1 0 51 I 51 I repondlt avec vigueur

    le voyageur. 11 se m1t a l 'oeuvre. 11

    ota

    ses vetements e t les

    posa

    sur

    le

    bord du pui ts . Tout nu,

    i l descendit

    dans le

    pults

    pour

    aider l'homme a

    en

    degager le

    mouton.

    Le voleur

    pr i t

    appui sur le

    dos du voyageur e t sauta dehors. 11

    lui

    vola, sans le violenter ,

    les

    vetements

    qu i l

    portai t sur

    son corps par

    les seules

    ressources

    de

    son

    intel l igence.

    Le

    conte

    vous

    pose

    la

    question

    sui

    va.rlt.e : Parm.

    c es t r o i ~ - V o J . . ~ - . . J . . e q u e l ..e.srle- plus fo.rt, le p us expert 1".

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

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    - 41 -

    l e i , le eonte

    est

    appel '

    faakarey qui vient du Songhay :

    faaj i

    solitude e t

    kaa

    oter, chasser . Faakaarey

    signifie

    done

    ehasser la sol i tude, egayer,

    recreer .

    e

    conte

    pe ut

    indiquer

    une

    voie

    ini t ia t lque

    dont l l n i t i e

    dolt

    apprendre

    A ~ h i f f r e r les symboles. Oans un

    conte

    Songhay,

    l 'e leve sur

    sa route rencontre

    :

    1)

    Un troupeau de brebis. Oans ce

    troupeau

    un b l i e r ,

    sans

    d i s c o n t i n u i t ~

    assal l le

    toutes les

    brebis.

    A sa

    suite

    un

    agneau

    tete

    A toutes ces

    dernieres

    sans

    jamais

    s a r re t e r un instant .

    2) Un

    pui ts

    aux abords

    verdoyants

    e t humides. A cote du

    puits ,

    une

    puisette ~ t a i t posee.

    L'e1eve

    mit la pui

    se t te dans

    le

    puits

    et

    11 n'en re t i ra que du

    sable.

    3)

    Un

    puits creuse dans

    le

    roe

    aux

    abords

    austeres e t

    secs.

    A cote du puits , i l trouva la

    meme

    puisette.

    L'el eve la pri t et la mit dans le puits . 11 puisa une

    eau

    fralche,

    clai re et l impide. 11 en

    but

    e t f i t ses

    ablutions.

    11

    f i t sa priere e t continua

    sa

    route.

    4)

    A

    la meridlenne,

    11

    apor9ut

    un arbre dans

    la plaine.

    Epuise,

    11

    voulut se

    reposer a son ombre. Celle-cl

    se

    mit

    A

    le bruler

    comme

    des

    langues

    de

    feu.

    11

    dut,

    mal

    gre la fat igue, continuer son chemin.

    5)

    Sur

    le

    bord de

    ce dernier, i l

    trouva des

    vautours qui

    mangeaient

    la

    viande

    d'un

    animal

    mort sans

    avoir

    ete

    saigne. Les

    vautours voyant

    venlr l 'e1eve, s ecarte-

    rent

    de

    1eur charogne.

    115

    se

    rangerent sur chaque

    co t

    de la route. l Is essuyerent leurs bees e t leurs

    pattes.

    Quand

    l ' e leve

    parvint

    a

    leur

    niveau,

    i l s

    lul

    barrerent le

    chemin

    e t

    lui

    dirent

    :

    Qu'est-ce-que

    tu

    nousas trouves

    en t rain de

    fa ire

    1 . L e

    1eve, honnete,

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

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    - 42 --

    di t ,

    sans

    d ~ t o u r

    : Je vous ai trouves en t ra in de

    manger de l charogne, de

    la

    viande

    d'un

    animal

    mort

    sans

    avoir

    ete egorge .

    La reponse juste de l 'e leve re ten t i t comme un

    scandale.

    Les

    vautours la

    considererent

    comme u ~

    monstrueuse

    calomnie.

    l I s

    dirent a

    l 'e1eve

    : Jeune h'lmme,

    nOU

    sommes tous

    i c i

    de

    grands savants musulmans. Comme sans preuve ni temoin, tu nous

    accuses de manger de la charogne, de la viande d'un

    animal

    non

    egorge, nous allons te ci ter devant le

    t r ibunal

    du roi de

    notre

    pays . Comme l e leve eta i t seul, sans temoin, i l eta i t

    sOr

    d'@tre condamne par

    le

    tribunal du roi . I l abjura ce qu i l avait

    di t .

    I l demanda pardon aux

    vautours.

    Absous par eux, i l obtint

    l au tor isa t ion

    de

    continuer sa route.

    6)

    A l entree du

    village U

    res idai t son

    ma1tre,

    l 'eleve.

    trouva

    une

    chienne pleine couchee

    dans un

    creux

    de

    la

    r o u ~ e Du ventre de leur mere, les chiots se

    mirent

    a

    aboyer

    contre

    l 'e tranger

    surprise

    La

    chienne

    remarquant

    son desarroi ,

    lu i di t :

    Etranger continue ton chemin,

    n'ecoute pas

    les

    enfants

    du

    s iec le . L'eleve ne s a t ta rda

    plus

    en

    cet

    endroit .

    I l

    entra dans le

    village.

    Plein

    d'emotions,

    i l vint

    trouver

    son ma1tre.

    Celui-ci

    lui

    di t : Qu'as-tu vu sur ton chemin, sur

    la route avant

    de

    parvenir jusqu'a mo ? .

    L'eleve lui

    raconta

    son

    aventure.

    Le

    mattre

    lui di t

    :

    1) Dans le

    troupeau, les

    brebis

    representent

    le peuple

    e t

    le

    bel ier e t l 'agneau ses dirigeants , insat iab1es,

    qui

    l exploi tent , qui le

    grugent

    continuel1ement.

    2) Le premier puits est un homme , un type d'homme . 11

    paral t

    bon

    alors qu i l

    a

    du f ie l

    dans le coeur.

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    - 43 -

    3)

    Le deuxieme pui

    ts

    est

    aussi

    UJ\ g nr ol homme

    ..

    Il_-repousse

    11

    nlest

    pas

    accueil lant

    de prime abord

    alors

    qul l

    es t

    plein

    de bonte,

    de

    mansuetude.

    4)

    Llarbre dont llombre brule

    comme

    le

    feu

    est une

    epoque.

    Quand ce l l e -c i a r r ive personne ne se sent bien chez

    lu l .

    Tout

    le monde

    cherche a l le r a i l l eurs , s 'evader .

    5) Les

    vautours e t

    leur charogne

    figurent

    aussi une

    epoque.

    Quand cel le-c l arrivera, ce sera le savant qui violera

    le plus la 101.

    6) La chienne et ses

    chiots

    representent, eux, aussi,

    une

    epoque. Quand cel le-c i arrivera,

    les

    enfants deferont

    la nuit tout ce que les grandes

    personnes auront

    fa i t

    pendant le jour.

    Le

    conteur peut etre un

    poete

    qui reci te des poemes

    circons

    tanciels

    pour

    expl ici ter une

    question determinee.

    Sans

    arret ,

    le

    conteur improvise ces poemes qui distr ibuent maximes, proverbes,

    adaptes a un auditoire , a une si tuat ion eclairee

    seulement

    par ces

    allusions dont

    souvent

    use

    le griot

    pour

    rappeler

    les grands a

    l 'ordre de la bonne morale t radit ionnelle.

    Le conteur

    est parfois

    un

    Selenko,

    un maltre

    de

    la

    parole,

    un poete ambulant qui

    amuse

    la

    cour des chefs,

    mais,

    aussi

    les

    masses

    rurales

    qui

    l insp i ren t ,

    dont

    i l

    v t

    de

    la

    generosite.

    Le

    conteur par son

    art de

    "savoir

    dire" ou "de savoir

    faire

    l

    est un

    cri t ique de

    la societe qui sa i t en denoncer les

    t ravers sans

    blesser

    personne.

    11

    exis ta i t a

    Tera

    (Niger) vers la fin

    du

    X Xe

    s iec le ,

    un

    Selenko

    du

    nom

    de flKoulli Bagouma .

    Le

    premier FranQais qui

    arr iva

    a

    Tera

    demanda

    aux

    notables

    des

    oeufs de

    poule.

    Les notables,

    genereux,

    d rent : "Apportez

    vite

    des oeufs

    a l e t ranger . 11 ne vient

    pas

    demeurer i c i . 11

    est

    de

  • 8/11/2019 ecrit sur le Soudan.pdf

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    a

    - 44 -

    passage". Koulli , pendant ce

    temps la , baissa

    obstinement

    la

    t@te,

    ne dl t p a ~ un mote Les notables voyant son at t i tude r ' se rv ' e ,

    l ' apostropherent : ilKoulli f Que dis- tu

    de

    notre

    d'c is ion

    1".

    Koulli, repondit

    : . I I V r a i m e n ~

    vous

    etes

    betes

    I

    Un

    etranger

    qui de

    mande dans un vil lage

    i ~

    chose la plus cachee n'es t pas de passage,

    car l 'oeuf se t t o u v e ~ o s l ~

    l i t ,

    d e r ~ i e r e la jar re a mil, sous les

    greniers.

    Si l ' e t ranger e ta i t seulement de passage, 11 aurai t

    demande

    le boeuf,

    le cheval,

    le

    mouton

    qu ' i l voit

    passer

    e t

    non

    1

    oeuf qu)'

    se

    trouve dahs

    1

    I

    alcove ~ o u s le

    11

    t"

    Voici encore

    sur

    le meme

    sujet ,

    un t r a i t

    de

    l ' e sp r i t

    de

    ~ a n t o r e y - I z e

    B ~ ,

    un

    5elenko

    du Soboye

    (Birni ,

    Dosso -

    Niger).

    Chasse par la f a m i n e ~ le poete vint se refugier a N'dounga chez le

    chef

    de

    province.

    Aupres du

    monarque, Faritorey-Ize

    B're,

    trouva

    le gi te e t

    le

    repas.

    Hais, pour rehdre

    service

    i l dut

    piler le mil,

    le r iz

    e t ,

    surtoUt

    le

    ma1s ; avec une t e l le besogne, le poete

    e ta i t constammerit dans ia

    compagnie

    des femmes. Dans

    ce

    milieux

    rtJa11cieux, i1 n 'e ta i t

    habi l l '

    que

    d'Une

    blouse,

    "dansigi algar ' "

    qui

    lul cachait mal

    les

    fesses. n jour qu ' l

    ah malt la cour

    de

    Ouabaneyze, le chef

    de

    Ntdounga,

    11 di t d rectement

    a

    ce dern er :

    Tu m'as rassasie,

    mais

    tu ne m'as pas

    donne,

    car une blouse

    algare

    tu

    m'as donnee.

    Tu

    sais que le

    pi l lage

    du

    maIs

    est di f f lc i le .

    Aussl,

    quand je me

    baisse,

    je montre mes par