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Ce que les enfants belges (et les autres) devraient connaître de l’État Indépendant du Congo. A.-B. ERGO Dans un de ses derniers écrits, Guy De Boeck s’excite sur des paroles prononcées paraît-il par certains agronomes, à savoir que la République démocratique du Congo pouvait produire de la nourriture pour deux milliards d’êtres humains. Il existe des experts farfelus dans toutes les professions et l’agronomie n’y échappe pas, ce sont généralement des personnes n’ayant jamais confronté leurs connaissances académiques aux réalités du terrain. Mais De Boeck qui est prudent et a la sagesse et la certitude des diplômés de mai 1968, préfère réduire la prédiction et affirmer qu’un milliard d’êtres humains pourrait être nourris par une agriculture intensive au Congo. Et de conclure : le potentiel agricole du Congo constitue donc un atout naturel pour son économie, autant, sinon plus, que le fameux «scandale géologique» de ses mines. Puis il embraie en affirmant que si le potentiel agricole n’est pas plus exploité, c’est un héritage dû au passé colonial de ce pays. Une hypothèse, puis une affirmation qu’il ne démontre pas. Pour certains esprits, les carences du présent sont les résultantes des déficiences coupables du passé. C’est évidemment commode comme justification, c’est fallacieux comme raisonnement ; en réalité il faut faire, pour chaque période, le rapport entre les moyens matériels, humains et financiers mis en œuvre et les résultats obtenus dans le contexte des difficultés de situations bien souvent imprévisibles ou aléatoires. En mettant en cause les périodes précédentes, on arrive inévitablement, à attribuer à l'État Indépendant du Congo, la totalité des problèmes de la période coloniale et de celles qui suivent. Et pourtant ! Il faudrait d’abord simplement connaître la véritable histoire de cet état, créé au centre de l’Afrique. En 1876, on ne connaît rien du Haut Congo ni des peuples qui y vivent. Jusqu'en 1900 et la fin des grandes explorations, les pionniers «Hommes d’audace lente et d’ardeur volontaire» (explorateurs ou chefs de poste) observent et notent les différentes structures sociales (tribus, clans, chefferies, villages), les différentes règles coutumières (le droit coutumier) et celles qui s’opposent au droit naturel, les différents systèmes de cultures itinérantes (la propriété foncière, celle du champ cultivé, les brûlis sur forêts ou savanes, les différentes plantes alimentaires, les bases de l'alimentation -racines ou graminées-, les compléments alimentaires -chasse et/ou pêche-, les systèmes de conservation des aliments - greniers, boucanage, fumigation, etc.) Tout cela sur un territoire à l'échelle de l'Europe avec une partie des 220 pionniers de 1885 au début et une petite partie des 2943 pionniers de 1908 pour finir. D'autres expatriés, plus sédentaires, compilent toutes ces informations et les transcrivent sur les cartes créées par de jeunes officiers ayant fait un stage au service cartographique de l'armée. 1 Travail de fourmis qui a continué d’ailleurs tout au long de la présence d’agronomes belges en Afrique Centrale durant la colonie, par la publication de nombreuses monographies agricoles sur des terroirs particuliers. Au terme de l'État Indépendant du Congo on peut consulter des cartes physiques, politiques, économiques ou des itinéraires fondamentaux et des grandes expéditions, à une échelle de 1/4000000. Pour apprécier le travail, il faut savoir, qu’à l’époque, de telles cartes n’existent pas encore pour la totalité des Etats-Unis. 2 Le régime instauré par l’EIC s’il était excellent dans son principe était cependant, par la force des choses, insuffisant dans ses applications et l’état eut recours à l’assistance de chefs indigènes rétribués pour administrer certains groupements disséminés sur le territoire. En 1908, 1530 chefferies indigènes avaient été instituées à côté des 15 districts et des 310 postes de l’état dont un

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Ce que les enfants belges (et les autres) devraient connaître de l’État Indépendant du Congo.

A.-B. ERGO

Dans un de ses derniers écrits, Guy De Boeck s’excite sur des paroles prononcées paraît-il par certains agronomes, à savoir que la République démocratique du Congo pouvait produire de la nourriture pour deux milliards d’êtres humains. Il existe des experts farfelus dans toutes les professions et l’agronomie n’y échappe pas, ce sont généralement des personnes n’ayant jamais confronté leurs connaissances académiques aux réalités du terrain. Mais De Boeck qui est prudent et a la sagesse et la certitude des diplômés de mai 1968, préfère réduire la prédiction et affirmer qu’un milliard d’êtres humains pourrait être nourris par une agriculture intensive au Congo. Et de conclure : le potentiel agricole du Congo constitue donc un atout naturel pour son économie, autant, sinon plus, que le fameux «scandale géologique» de ses mines. Puis il embraie en affirmant que si le potentiel agricole n’est pas plus exploité, c’est un héritage dû au passé colonial de ce pays. Une hypothèse, puis une affirmation qu’il ne démontre pas. Pour certains esprits, les carences du présent sont les résultantes des déficiences coupables du passé. C’est évidemment commode comme justification, c’est fallacieux comme raisonnement ; en réalité il faut faire, pour chaque période, le rapport entre les moyens matériels, humains et financiers mis en œuvre et les résultats obtenus dans le contexte des difficultés de situations bien souvent imprévisibles ou aléatoires. En mettant en cause les périodes précédentes, on arrive inévitablement, à attribuer à l'État Indépendant du Congo, la totalité des problèmes de la période coloniale et de celles qui suivent. Et pourtant ! Il faudrait d’abord simplement connaître la véritable histoire de cet état, créé au centre de l’Afrique. En 1876, on ne connaît rien du Haut Congo ni des peuples qui y vivent. Jusqu'en 1900 et la fin des grandes explorations, les pionniers «Hommes d’audace lente et d’ardeur volontaire» (explorateurs ou chefs de poste) observent et notent les différentes structures sociales (tribus, clans, chefferies, villages), les différentes règles coutumières (le droit coutumier) et celles qui s’opposent au droit naturel, les différents systèmes de cultures itinérantes (la propriété foncière, celle du champ cultivé, les brûlis sur forêts ou savanes, les différentes plantes alimentaires, les bases de l'alimentation -racines ou graminées-, les compléments alimentaires -chasse et/ou pêche-, les systèmes de conservation des aliments - greniers, boucanage, fumigation, etc.) Tout cela sur un territoire à l'échelle de l'Europe avec une partie des 220 pionniers de 1885 au début et une petite partie des 2943 pionniers de 1908 pour finir. D'autres expatriés, plus sédentaires, compilent toutes ces informations et les transcrivent sur les cartes créées par de jeunes officiers ayant fait un stage

au service cartographique de l'armée.1 Travail de fourmis qui a continué d’ailleurs tout au long de la présence d’agronomes belges en Afrique Centrale durant la colonie, par la publication de nombreuses monographies agricoles sur des terroirs particuliers. Au terme de l'État Indépendant du Congo on peut consulter des cartes physiques, politiques, économiques ou des itinéraires fondamentaux et des grandes expéditions, à une échelle de 1/4000000. Pour apprécier le travail, il faut savoir, qu’à l’époque, de telles cartes n’existent pas

encore pour la totalité des Etats-Unis.2 Le régime instauré par l’EIC s’il était excellent dans son principe était cependant, par la force des choses, insuffisant dans ses applications et l’état eut recours à l’assistance de chefs indigènes rétribués pour administrer certains groupements disséminés sur le territoire. En 1908, 1530 chefferies indigènes avaient été instituées à côté des 15 districts et des 310 postes de l’état dont un

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était géré (comme un message pour l’avenir) par un chef de poste congolais.

Extrait de la carte des itinéraires fondamentaux et des grandes expéditions.

Extrait de la carte politique

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Extrait de la carte économique

Extrait de la carte physique

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Travail gigantesque et précis dont les contempteurs de l’EIC ne soufflent mot par ignorance ou à dessein. Comme l'EIC n'est pas une colonie, qu'il n'a pas d'état tuteur pour l'aider, il doit vivre et se développer sur ses propres ressources exportables dont il faut faire l'inventaire au préalable. On a repéré du caféier indigène à Banzyville, Yanongwe, Bili, Uere, Lisala, Moenge, Yalulu, Yakasanga, Ponthierville, Lusuna, Kasongo, Nyangwe, Kabambare, Lusambo et Kabonga. Du coton indigène peut être trouvé à Bondo, Amadis, Lie, Nouvelle Anvers, Kondololo, Kashabala et Matadi. Du colatier indigène peut être récolté à Poko, Eala, Yanga, Madibi et Matadi. Le raphia se rencontre à Basankusu sur la Lopori, sur les rives de la Mongala, à Pusu, Mondjuku, Itoko, Mondombe, Bianga, Besow, Nioki, Lokolama, Dima, Dekebe, Sipa, Kanda kanda, Kikwit et Luebo. On trouve également du faux cotonnier sur la rive gauche de l'Ubangi, à Ibembo, Lingomo, Lowa, Ponthierville et Kitobola et du vanillier à Nouvelle Anvers, Gwania, Bena Kamba, et Bombai. Mais tout cela, qui fait souvent l’objet de troc local, est très dispersé et insuffisant pour être récolté et vendu, sur les marchés internationaux de l'époque afin d’obtenir les devises nécessaires au développement. C'est pourquoi, par la force des choses, le commerce extérieur se développera au départ de quatre

produits abondants : l'ivoire fossile3 et le copal du Haut Congo produits non altérables par des

transports longs et lents ; l'huile de palme et les palmistes du Bas Congo exigeant, pour l’usage qu’on compte en faire, des transports plus rapides et plus courts. Lors de la demande croissante de caoutchouc sur les marchés mondiaux, on a estimé que l’EIC, qui possède la très grande majorité des forêts guinéennes, a un rôle à jouer dans le commerce de ce produit. On fera l'inventaire des plantes à latex sur tout le territoire du Congo, on dressera des cartes, on créera des lieux de formation à la saignée, à la coagulation et au séchage et on organisera la récolte et le transport sur l'entièreté du territoire. Très rapidement, cette production non altérable, prendra une importance prépondérante dans les exportations (jusqu’à une valeur de 80 %) et, en réalité, elle sauvera l’existence de l’état qui vivait jusqu’alors essentiellement d’emprunts.

Limites observées de la présence de l’Elaeis.

Limites des plantes à caoutchouc.

1. Caoutchouc des lianes (rouge) 2. Le Funtumia elastica (bleu) 3. Caoutchouc des herbes (vert)

Dans les régions où le caoutchouc existe, il sera la base d’un impôt annuel individuel (2 Kg), dans les autres régions, l’impôt consistera à fournir des vivres frais puisque l’argent n’existe pas ou du temps de travail. Les récolteurs de caoutchouc n’excéderont jamais plus de 3% de la population mâle active. Néanmoins, l’organisation de la récolte, l’instauration de primes à la production causes d’abus et l’apparition entre 1896 et 1906 de deux endémies mortifères (maladie du sommeil et variole), rendront cette pratique impopulaire.

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En ce qui concerne l’alimentation régulière des autochtones, en général, les plantes produisant des fruits féculents, des tubercules, des rhizomes, des racines ou des feuilles comestibles, constituent presque exclusivement le complexe alimentaire du type forestier équatorial, tandis que les sorghos, les mils, les millets, l’éleusine, le maïs et les légumineuses à graines constituaient la base du régime alimentaire dans les savanes tropicales. Généralement, les populations locales ne connaîssent ni l’assolement, ni la rotation et elles pratiquent sur la même sole la répétition de cultures associées ou alternées jusqu’à l’abandon du champ épuisé, laissé à une longue jachère et recommencé à un autre endroit. Le suivi des cultures est le travail des femmes, le sol appartient au clan, mais le champ cultivé est considéré comme une propriété familiale. Des cartes ont également été dessinées en précisant les différentes zones.

Région de l’arbre à beurre (Gutta percha) [1] Zone de production maxima du bananier [2] Zone des céréales [3] Zone de prédominance du manioc [4]

La nourriture est généralement abondante et les expatriés ont introduit d‘autres types de légumes mais également des plantes arbustives fruitières ou alimentaires comme l’arbre à pain (Artocarpus

altilis non seminifera), dans les postes récemment créés.4

Même si, dès 1892, l’importance des réserves minières de l’état a été mise en évidence, l’exploitation de celles-ci sera symbolique pendant la durée de l’État Indépendant du Congo et ne concernera que l’or et l’étain les dernières années, lorsque le prix du caoutchouc chutera drastiquement. Le problème primordial de l’état est celui du transport dans le pays généralement réalisé par porteurs, celui de l’évacuation vers l’étranger des productions exportables et, par corollaire, celui du transport à travers le pays des produits manufacturés venant de l’étranger. (Grosso modo 50% de ces produits proviennent de Belgique et 50% de Grande Bretagne). Le pays à l’avantage de posséder un réseau très important de cours d’eau et le transport par bateau sera le choix obligatoire, mais il faut, pour cela, construire une flotte, remonter chaque rivière en observant l’étiage en saison des pluies et en saison sèche, établir sur chaque rivière navigable un poste et un débarcadère à la limite de navigation, créer sur tous les cours d’eau, avec l’appui des populations locales, des postes à bois pour alimenter les steamers. Malgré tous ces développements, il reste trois problèmes importants à résoudre : la liaison Bas et Haut Congo à travers les Monts de Cristal, où le fleuve n’est pas navigable ; le désenclavement des régions du Nord et celui des régions du Sud -Est où se trouve l’essentiel des richesses minières. Pour la liaison entre le Bas et le Haut Congo, on envisage et réalise la construction d’un chemin de fer de 350 Km entre Matadi (port de mer) et Kinshasa où un important port de rivière est créé de même que des ateliers de construction de bateaux. Pour faciliter les contacts, de Boma à Coquilhatville on construira une ligne télégraphique de plus de 1000 km, reliant les postes situés le long du fleuve. Pour désenclaver les régions du Nord, on envisagea d’abord de relier celles-ci au Nil mais cela

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s’avéra impossible pour des raisons politiques et on construisit une route Est-Ouest carrossable de près de 1000 Km qui rejoindra le bassin du Congo via l’Itimbiri, route sur laquelle seront organisés

des convois.5

Le désenclavement des régions du Sud-Est est envisagé de différentes manières : par voies d’eau et chemin de fer vers le lac Tanganyika et l’Océan Indien ; par l’Afrique du Sud en rejoignant le chemin de fer du Cap ; par chemin de fer via l’Angola ou via le bassin navigable du Kasai. En réalité, toutes ces solutions seront réalisées, mais après la période de l’État Indépendant du Congo. Durant cette période, seuls les biefs non navigables du Lualaba seront doublés par une ligne de chemin de fer. En offrant la gestion des territoires du Congo à l’Association Internationale Africaine (AIC) les 14 pays signataires de l’acte de la Conférence de Berlin avaient exigés 3 conditions importantes : la liberté du commerce dans le bassin du Congo, la liberté des cultes et la fin de la traite des Noirs vers l’Océan Indien. En ce qui regarde le commerce, une quarantaine de compagnies seulement se sont installées dans le pays, pour la plupart après la construction du chemin de fer en 1898 et un tiers environ de celles-ci, mal financées au départ, ont fait faillite. Environ 60 millions de franc-or ont été investis par ces compagnies, pour la majeure partie de ces sommes, en provenance de

Belgique.6

Au moment de leur installation, les missions protestantes et catholiques ont reçu, de l’état, des territoires pour s’y établir, y organiser des écoles ou des colonies et y faire des cultures pour nourrir tout ce monde. En ce qui concerne la fin de la traite des Noirs vers l’Océan Indien, du fait de marchands d’ivoire arabo-swahilis, le problème fut résolu, entre 1892 et 1895, par une confrontation armée victorieuse entre l’état (la Force publique) et les trafiquants. Il convient de souligner, au passage, que les paisibles colons Swahilis établis n’ont pas été inquiétés et qu’ils ont participé au développement agricole de l’état. L’invasion des Mahdistes aux frontières Nord a été stoppée militairement comme furent réprimées des révoltes de garnisons. Qu’il y ait eu, parfois, des exactions, était inévitable ; le pouvoir et les responsabilités sont des états qu’il faut savoir assumer ; on connaît les principes de Peter et les expatriés n’étaient pas un ensemble homogène. L’isolement des postes, la rareté des tribunaux, l’appât du gain facile, les dépressions dues aux maladies ou à la crainte de celles-ci et la rareté des médecins, ont été autant de causes des quelques débordements. Dans cette région où l’autorité locale avait été établie pendant des siècles par la force, c’est par la rigueur que le nouvel état s’est également établi. Les missions et l’état ont très vite compris qu’on ne changerait pas l’attitude de la population adulte et que c’était à travers la formation des enfants qu’il fallait créer un nouveau peuple, une nouvelle nation. De 1887 à 1908, l’EIC a exporté 4.275 tonnes d’ivoire, 58.915 tonnes de caoutchouc, 39.956 tonnes d’huile de palme, 102.998 tonnes de noix palmistes, 6.527 tonnes de copal, 1,2 tonnes d’or et 2,4 tonnes d’étain ; soit pour 609 millions de francs (valeur Prix de vente à Anvers). Pour la même période, les importations ont atteint une valeur de 322 millions de francs. L’année 1908, les ports de mer congolais ont reçu 224 navires au long cours (70 venant de Belgique, 60 d’Angleterre, 45 de France et 49 d’Allemagne). La même année, le port de Léopoldville a vu 700 passagers Blancs à la montée et 641 à la descente et 2350 passagers Noirs à la montée pour 3333 passagers Noirs à la descente. Il y avait au total 80 steamers sur les rivières et le fleuve.

Les étapes de la cession de l’État Indépendant du Congo à l’état belge. En août 1889, dans un testament, Léopold II prit l’engagement de léguer et de transmettre après sa mort à la Belgique tous ses droits souverains sur l’État Indépendant du Congo. En juillet 1890, quand le gouvernement belge ratifia la loi dans laquelle il accordait une somme de 25 millions de francs à l’État Indépendant du Congo, les deux pays signèrent une convention dans laquelle ils assuraient à la Belgique le droit d’annexer le Congo après une période de 10 années.

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Le rapport de la Commission d’enquête, envoyée par le roi en 1904, ayant suggéré des améliorations à apporter à l’administration de l’EIC, celles-ci furent réalisées par les décrets de juin 1906. En décembre 1906, la Chambre adopte par 128 voix contre 2 et 29 abstentions un ordre du jour exprimant le désir de la Chambre d’être saisie, dans le plus bref délai, de la question de la reprise du Congo. Dans la foulée, la Chambre transforma en une Commission des XVII, la section spéciale chargée d’examiner un projet de loi datant du mois d’août 1901. Cette commission se réunira pour la première fois en janvier 1907 et la dernière fois en avril 1908. Entretemps, des négociations eurent lieu entre les mandataires de l’EIC et ceux de l’état belge et en décembre 1907, la Chambre fut saisie du rapport des mandataires belges ainsi que du projet de loi approuvant le traité de cession. La Commission des XVII s’étant prononcée contre la Fondation de la couronne, de nouvelles négociations furent entamées et en mars 1908, un acte additionnel au traité de cession fut déposé sur le bureau de la Chambre et les travaux de la Commission des XVII aboutirent à l’adoption de l’acte additionnel de cession et en outre au projet de loi coloniale présenté par elle. En avril 1908, la Chambre aborda la discussion relative à l’annexion durant 45 séances et celle-ci fut votée en août 1908 par 63 voix contre 54 et 9 abstentions. Au sénat, le débat prit 13 séances et l’annexion fut votée en septembre 1908 à une forte majorité.

Il est clair que sans l’acceptation préalable de l’acte de cession qui concerne aussi bien l’EIC que la Belgique (deux états indépendants), l’état belge n’aurait jamais eu la légitimité d’annexer le Congo. Pendant 52 ans, le Congo restera lié à la Belgique comme colonie, mais curieusement gardera pendant toute cette période, inchangé, le drapeau de l’État Indépendant du Congo, sans référence à l’état tuteur comme c’était le cas dans les colonies anglaises et françaises.

*°*°*°*°*°

1.Les expatriés sont de 19 nationalités différentes et sont, en réalité, très peu nombreux mais en nombre

croissant tous les ans suivant la formule suivante : nombre d’expatriés = 220 + 118n avec n égal au nombre d’années d’existence de l’État Indépendant du Congo. Ainsi, en 1900, (n = 15), il y a environ 1990 expatriés blancs dans l’EIC. Il y a aussi des expatriés africains (Sénégalais, Nigérians, Libériens, Ghanéens, Angolais) et des expatriés Chinois engagés par contrat pour des travaux précis (chemin de fer, armée, etc.). Leur nombre varie suivant les travaux et ils viennent au Congo avec leurs propres responsables. Sur les 23 années d’existence de l’EIC on compte environ 12.000 expatriés blancs dont 1.500 décéderont sur place et 25.000 expatriés africains/chinois. Nationalité des expatriés blancs : Belges, Anglais, Suédois, Français, Danois, Italiens, Allemands, Luxembourgeois, Norvégiens, Hollandais, Américains, Suisses, Autrichiens, Australiens, Finlandais, Portugais, Russes, Islandais, Canadiens . L’âge minimum est de 19 ans. 2.

La carte administrative comporte les limites du pays et des différents districts ; les 503 postes créés par

l’état, les compagnies et les missions protestantes et catholiques, les chemins de fer réalisés et projetés, les lignes de télégraphes ; les territoires couverts par les grandes ethnies et les différents cours d’eau. La carte physique montre les régions boisées ; les régions marécageuses ou inondables ; tout le réseau hydrique avec les noms des cours d’eau, les courbes de niveaux (500 et 1000 mètres) ; les chutes d’eau et les rapides ; les volcans et des cotes altitudinales dominantes. La carte économique souligne les aires de distribution des types de caoutchouc et celles des principales cultures (racines et graines) ; les plantations (caféiers, cacaoyers) ; les endroits des différents élevages (bétail, ânes, mulets, chevaux), les principaux gisements miniers ; les chemins de fer (construits et projetés ; les points terminus de navigation, les rivières et les lacs ; les postes caoutchoutifères et les routes carrossables. La carte des explorations et des grands itinéraires indique les noms des explorateurs, les dates d’exploration et les itinéraires suivis. 3.

L’ivoire fossile provient des défenses d’éléphants morts qui se sont accumulées durant des siècles. C’est un

des rares produits d’Afrique Centrale qui n’est pas putrescible et détruit dans le temps.

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4.Les plantes alimentaires et fruitières de l’Afrique Centrale proviennent, en grande majorité, d’autres

continents. L’arbre à pain introduit dans les postes, est originaire des îles du Pacifique. 5.

Les convois sont tractés par des bœufs, des ânes ou des mulets. À la fin de l’État Indépendant du Congo on

verra des convois de camions à vapeur sur la route Congo-Nil. 6.

Les investissements des autres pays (Angleterre, États-Unis, France, Hollande) furent d’autant plus

symboliques que ceux-ci avaient leurs propres colonies