e blet o émoig bourdeaux dieulefit la valdaineerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/n_30.pdf ·...

16
Ensemble Témoignons N° 30 page 1 Ens e m b l e t é m o i g n o n s LA VALDAINE BOURDEAUX DIEULEFIT N° 30 Hiver 2016 Sommaire Editorial 2 Mot de pasteur 3 Dossier : S’ouvrir aux autres ou... s’enfermer ? 4-7 Portrait 8-9 On en parle 10-11 Page jeunes 12 Dans nos familles 13 Vie de notre communauté 14-15 Nos activités 16 S o u v r i r a u x o u s e n f e r m e r ?

Upload: others

Post on 27-Feb-2021

4 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 1

Ensemble témoignons

LA VALDAINEBOURDEAUX DIEULEFIT

N° 30 Hiver 2016

SommaireEditorial 2Mot de pasteur 3Dossier : S’ouvrir aux autres ou...s’enfermer ? 4-7Portrait 8-9On en parle 10-11Page jeunes 12Dans nos familles 13Vie de notre communauté 14-15

Nos activités 16

S’ou

vrir auxou s’enferm

er?

Page 2: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 2

ÉditoIl n'y a rien de nouveau sous lesoleil« Ensemble témoignons » paraîtune fois par trimestre. Il ne peutpas suivre l'actualité de près, etil est condamné à parler de cho-ses qui ont une certaine durée,voire de choses générales et in-temporelles. Et après tout, de-puis qu'on écrit l'histoire et sansdoute bien avant, on constateque ce qui fait notre actualité atoujours existé. Ce qui laissepenser que cela existera tantqu'il y aura des hommes.Il y a toujours eu la tension entrecommunautarisme et universa-lisme. De tous temps, des peu-ples, des minorités, descommunautés ont lutté pour con-server leur identité (Juifs, Armé-niens, Amérindiens...Huguenots), au risque d'un replisectaire ou raciste. Nous trou-vons déjà cela dans la Bible. Detous temps il a fallu chercher àfaire vivre ensemble des gensd'origines, de convictions et declasses différentes, et il est arri-vé souvent que le rêve d'univer-salisme se traduise par lanégation et l'écrasement desidentités, voire par des épura-tions. Nous trouvons aussi celadans la Bible, avec Babylone oul'Empire romain. L'homme nechange pas. Il est toujours mûpar les mêmes besoins, les mê-mes passions, et confronté auxmême défis. Seuls changent lesmoyens techniques et l'ampleurde ce qu'ils permettent, pour lemeilleur et pour le pire.La Bible nous parle de chosestrès actuelles, puisqu'elles sontde toujours. Avec un appel à nepas nous y résigner, mais àchanger ce que nous devons etpouvons changer, et d'abord ennous-mêmes. Avec les armes del'Esprit.

ET

Ils ont dit

« Certaines personnes aiment vivre dans des mondes en noir etblanc. Qu’ils restent là. Appréciez pour votre part toutes les cou-leurs que vous voyez dans votre monde ».

Albert Einstein (1879-1955, physicien)

« Nos préjugés sont vos fenêtres sur le monde. Nettoyez-les detemps en temps, ou la lumière n’entrera pas. »

Isaac Asimov (1920-1992, écrivain)

« Il est tellement agréable de rencontrer des personnes ouvertesd’esprit, et prêtes à revoir leur point de vue lorsque la situationl’exige. Pourtant c’est régulièrement le contraire que nous rencon-trons, voire que nous sommes nous-mêmes. »

Martin Gysler (consultant en développement personnel)

« Un esprit est comme un parachute. Il ne fonctionne pas s’il n’estpas ouvert. »

Frank Zappa (1940-1993 musicien américain)

« Etre libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaî-nes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la libertédes autres. »

Nelson Mandela (1918-2013)

« Un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnierde la haine, des préjugés et de l'étroitesse d'esprit. »

Nelson Mandela

« La sincérité est une ouverture de coeur. On la trouve en fortpeu de gens, et celle que l’on voit d’ordinaire n’est qu’une fine dis-simulation pour attirer la confiance des autres. »

François de La Rochefoucauld (1613-1680, écrivain et moraliste)

« On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur dunoir. Chacun a besoin de l’autre pour se révéler. »

Proverbe africain

Page 3: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 3

Mots de pasteur

Nous avons tous un dieu, oudes dieux, si j'en crois leRéformateur Martin

Luther. Ce n'est pas forcémentcelui que nous appelons "Dieu",que nous croyions enlui ou non. Même sinous ne croyons pasen "Dieu", nousavons forcément undieu ou des dieux. Etsi nous croyons en"Dieu", nous pou-vons avoir un dieuou des dieux qui sontpour nous plus im-portants que"Dieu". Du moins siMartin Luther a rai-son.Ton dieu, dit Luther,c'est ce qui est le plusimportant dans ta vie,ce qui passe avanttout le reste. C'est cequi occupe tes pen-sées du matin au soiret pendant tes insomnies. C'est cepour quoi tu es prêt à dépenser beau-coup d'énergie et beaucoup d'argent,et à donner beaucoup de temps.C'est ce qui oriente ta vie et parfoist'inspire tes combats. C'est ce pourquoi tu ne plains pas ta fatigue. C'estce qui te fait t'associer avec ceux quiont le même dieu que toi, et parfoiste séparer des autres. C'est ce pourquoi tu donnerais ta vie, s'il le fallait,ou même, ce pour quoi tu pourraishélas tuer. C'est ce que tu aimes leplus au monde.Ton dieu, c'est peut-être l'argent. Oule pouvoir. Ou le sexe et le plaisir.Ou ton apparence et ta beauté. Ou unsport. Ou encore ta nation, ton partiou ta religion. Ou encore l'alcool ouune drogue. Tout ce qui domine tavie, ta pensée, ton action. À toi dedire. Tu ne l'appelles peut-être paston dieu, mais cela en tient lieu. Si tu

n'imagines même pas pouvoir tepasser de lui, vivre sans lui, tu escomme le plus fervent de ceux quicroient en "Dieu". Tu es même plusfervent qu'eux.

Ces dieux sont aussi vieux que l'hu-manité. Les Grecs et les Romains,mais pas seulement eux, leur avaientdonné des noms : Zeus ou Jupiter ouBaal pour le dieu Pouvoir, Hermèsou Mercure ou Mammon pour ledieu Argent, Aphrodite ou Vénus ouAstarté ou encore Éros pour le dieuPlaisir...Le peuple hébreu était censé n'avoirqu'un seul dieu, celui que nous appe-lons "Dieu". En réalité, les livres desprophètes dans la Bible nous mon-trent qu'ils ne se sont jamais conten-tés de lui. Ils avaient d'autres centresd'intérêt, d'autres passions, d'autresbuts, pour lesquels ils l'écartaientvolontiers, tout en lui rendant unculte. D'autres dieux, en somme, quiétaient plus réellement leurs maîtresque celui qu'ils appelaient "Dieu". Ilpassait après eux.

Écoutez-moi...J'ai pris soin de vous

depuis votre naissance.Je vous ai portés

depuis que vous êtes venus au monde.Je resterai le même

jusqu'à votre vieillesse.Je vous porterai

jusqu'à ce que vous ayez des cheveux blancs.C'est moi qui vous ai faits,c'est moi qui vous porterai.

Oui, je prendrai soin de vouset je vous sauverai.

À qui pouvez-vous me comparer ?Qui peut être égal à moi ?

À qui est-ce que je ressemble ?(Esaïe 46.3-5)

Le prophète Esaïe (chapitre 46) faitune différence entre les dieux qu'onporte et Celui qui nous porte. Lesdieux que l'on se donne, que l'on sefabrique, dont on devient spirituelle-

ment prisonnier, lesdieux qui sont unelourde charge  ; et le"Dieu" qui soulage dece qui pèse, qui libèreet qui soutient. Lesdieux qui exigent tou-jours plus et qui nesont d'aucune aidedans l'épreuve, quiparfois vous détrui-sent, qui vous quittentavant que vous lesquittiez, et qui sou-vent vous laissent ungoût amer dans labouche  ; et le "Dieu"qui ne s'impose pas,mais ne vous aban-donne pas, et vous ac-compagne là oùpersonne ne peut vous

accompagner. Seulement, ce n'estvrai pour nous que si nous lui per-mettons de tenir ses promesses, quesi nous lui donnons sa place. Pournous, ce "Dieu" a un visage  : celuide Jésus-Christ. Où est ton dieu ?

Alain ARNOUX

Où est ton dieu ?

Page 4: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 4

Dossier : S’ouvrir aux autres ou s’enfermer ?

La peur des autres

Tout ce que nous entendonsdans les médias, mais aussiautour de nous, manifeste un

sérieux malaise. Même si l'on ne sesent pas menacé directement, le senti-ment d'être de plus en plus étrangerdans notre propre pays peut nousdéstabiliser. Que faire  ? Commentréagir ? D'abord, se demander ce quecette situation nous apprend surnous-mêmes. Faute d'avoir procédé àcet examen, on risque de se laisserentraîner par des mouvements collec-tifs qui rassurent, mais au prix denotre liberté de penser et d'agir.Que tirer des travaux des psycholo-gues, sociologues, historiens  ? Lesphilosophes qui tentent des synthèsesmontrent que le malaise doit êtrecherché du côté de notre identité.Avant même de se sentir menacéséconomiquement voire physique-ment, nous prenons douloureusementconscience que le monde a changé,que l'Europe a changé, que la Francea changé, et alors comme les passa-gers d'un navire qui essuie une tem-pête, on attrape le mal de mer et ons'accroche au bastingage !Le repli identitaireC'est ainsi que l'on s'accroche à toutce qui rappelle la France des «  trentesglorieuses », le franc se dévaluait plusvite que l'Euro, mais on pouvait encorejouer aux millionnaires en parlant enanciens francs ! On oublie le manque deconfort, la guerre d'Algérie et, à moinsd'avoir fait partie des rapatriés, on sesurprend à regretter «  ce bon vieuxtemps ». Cette nostalgie manifeste unpremier symptôme. Il s'agit d'un réflexeque nous partageons avec les souris, lesrats et autres animaux : pour être nous-mêmes, nous avons besoin d'un envi-ronnement stable. Mêmes les odeurs etles bruits sont importants. S'il sont fa-miliers, ils rassurent  ; s'ils sont nou-veaux, ils inquiètent. Or lamondialisation déjà, puis les change-ments culturels et l'afflux de migrantsconstituent des menaces. Nous crai-gnons pour ce que les éthologues, spé-cialistes du comportement, appellentnos « niches identitaires ». Habitat, ha-bitude, tout ce qui constitue notre envi-ronnement habituel sont autant de

repères et si nous venons à les perdre,nous pourrions nous écrier commel'avare de Molière qui découvre qu'onlui a volé sa chère cassette  : «  Monesprit est troublé, et j'ignore qui je suiset ce que je fais. » Ce désarroi provoquedes tentatives de repli dont il nous fautprendre conscience. On s'aperçoit alorsque pour défendre notre identité, nousla réduisons à quelques éléments quiont compté dans notre enfance et notrepassé. Or pour défendre son identité, ily a mieux à faire, car on peut l'enrichir !Les identités tronquéesLe deuxième symptôme qu'il me faut

signaler est sans doute le plus dange-reux de tous. Il consiste à définir sonidentité et celle des autres à partir d'unseul critère comme s'il expliquait tout !Si c'est la religion, c'est particulière-ment réducteur car, dans n'importequelle religion, il y a mille façons de secomporter, car même pieux, l'être hu-main est inspiré par de nombreux autresmotifs, pour le meilleur et... pour lepire ! De nos jours en France, l'islam estcaricaturé et ce n'est pas difficile puis-qu'il n'y aurait qu'à se limiter aux hom-mes barbus et aux femmes voilées ! Lesmusulmans peuvent avoir de nous uneimage qui ne vaut guère mieux. Lecommunautarisme qui élève des barriè-res entre les cultures renforce ce phéno-mène d'identification simpliste. Parcequ'un voisin d'origine africaine lui avaitvolé son chat pour le manger, X en aconclu que tous les Africains étaient desvoleurs. À partir d'un seul critère et engénéralisant un comportement, on dres-se des barrières qui peuvent devenir

difficiles à franchir. C'est pourquoi, ladécouverte des autres, du sens de leurscoutumes, du jugement qu'ils portenteux-mêmes sur leurs comportementsest le seul point de départ qui puisseéclairer leurs identités.La suffisance culturelleLe troisième penchant, fréquent en Oc-cident, consiste à se montrer généreuxmais d'une générosité qui cache uneréelle difficulté à entrer en relation avecles «  autres  ». Au fond, on veut bienfaire un effort pour les accueillir, maison n'est pas prêt à recevoir quelquechose de leur part. Un exemple biblique

illustre à merveille la disposition quipermet d'établir une vraie relation  :c'est la rencontre de Jésus avec lafemme samaritaine (Jean 4). Ce récitest d'autant plus intéressant qu'unterrible racisme sévissait entre Juifset Samaritains. Jésus qui cherche àentrer en relation avec elle commen-ce par avoir besoin d'elle et lui de-mande à boire. En tantqu'Occidentaux, nous avons tendan-ce à penser que nous avons tout et s'ilarrive que nous soyons prêts à faireun effort pour partager ce que nousavons avec des gens moins favorisés,cela ne suffit pas car nous avonsbesoin de recevoir quelque chose deleur part pour pouvoir établir une

véritable relation, d'où le respect, voireune admiration mutuelle, pourront sur-gir.Il y a d’autresécueils, mais cestrois sont probable-ment les plus im-portants.

Charles-DanielMaire

Pour approfondir la réflexion, voici quel-ques livres qui ont inspiré cet article,parus après la rédaction de :Ch.-D. Maire, Identité subie ou identitéchoisie, Olivétan. 2009Amartya Sen, Identité et violence, OdileJacob. 2007René Mislin, Le comportement identitai-re, Publibook. 2008.Tzvétan Todorov, La Peur des barbares,Robert Laffont. 2008.Jean-Claude-Kaufmann, Identités, labombe à retardement, Textuel. 2014

Page 5: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 5

S'ouvrir aux autresou s'enfermer...

avec la Bible

Le peuple juif d'aujourd'hui(pas seulement l’État d'Is-raël) a une conscience très

forte de son identité. Son histoiretragique, les rejets et les violencesqu'il a subis en particulier dans lemonde chrétien, l'expliquent.D'un autre côté, son particularis-me très fort, la conscience de sonidentité, expliquent sans les justi-fier ni les excuser ces rejets et cesviolences. Cette identité, ce parti-cularisme, qui se traduisent trèssouvent par une certaine fermetu-re spirituelle, par le refus des ma-riages mixtes par exemple pourque la communauté ne se dilue pasdans la société (comme la protes-tante), ont leur origine dans la Bi-ble.

L'Ancien Testament est rempli desdébats entre les partisans de l'ouver-ture et ceux de la fermeture. Le peu-ple hébreu, un tout petit peuple, afailli disparaître plusieurs fois,broyé entre les grands "blocs" del'Est et de l'Ouest de l'époque  :l’Égypte et l'Assyrie, puis Babylone,puis l'empire perse. Il lui a falluaussi se positionner face à la culturegréco-romaine dominante. Les pro-phètes de la Bible ont attribué lesdéfaites et les catastrophes nationa-les à tout ce qui pouvait faire perdreson identité au peuple hébreu : à lacohabitation avec d'autres peuples,aux mariages mixtes, à l'influencedes autres religions. Au Dieu uniqueet saint devait correspondre un peu-

ple saint, qui ne res-semble à aucun autre,qui se distingue parles mœurs, la nourri-ture, tous les détailsde la vie. Saint, celaveut dire  : à part. Ilfallait reconquérir etpréserver cette sainte-té, ce particularisme,surtout quand on était condamné àvivre en minorité ailleurs que sur laterre d'Israël, comme pendant la dé-portation à Babylone. Le messagedes prophètes peut se résumer ainsi :"Soyez à part, comme je suis à part,dit Dieu" (Lévitique 11.44). Dèslors, l'étranger, le "païen" est undanger pour la pureté, mais le Juif"infidèle" aussi. Mais nous trouvonsaussi dans l'Ancien Testament unmessage d'ouverture. Aux livres deNéhémie et d'Esdras, qui prônent lerenvoi des femmes non juives et desenfants que l'on a eu d'elles, répondle livre de Ruth qui rappelle com-ment une Arabe est devenue lagrand-mère du roi David  ; en plu-sieurs endroits des livres des pro-phètes il est dit qu'on peut fairepartie du peuple de Dieu sans être néhébreu ; dans les livres qu'on appellelivres de sagesse, les richesses intel-lectuelles, morales et spirituellesd'autres peuples sont reconnues. Il yavait un vaste débat, qui n'est pasfini  : comment rester fidèle à cequ'on a reçu, en vivant avec lesautres ?Ce débat se trouve aussi dans leNouveau Testament. Les évangilesnous montrent que Jésus a brisé lestabous, par sa manière de rencontrerles "Juifs infidèles", les païens, lesfemmes... et de contester les règlesde pureté. Cela a contribué à samort. Mais il y a eu aussi des ten-dances à la fermeture dans l’Églisenaissante. C'est apparu dès que desnon Juifs se sont mis à croire enJésus  : pouvait-on les baptiser sansleur imposer de devenir juifsd'abord, de renoncer à leur culture etd'adopter toute la loi qui fait du peu-

ple juif un peuple à part  ? C'estl'apôtre Paul qui a sans doute le pluscontribué à l'ouverture. Lui-même,contrairement aux disciples directsde Jésus, avait une double culturejuive et grecque, ce qui ne l'avait pasempêché d'être un Juif intégriste.Mais il a compris que le Christ étaitvenu pour tous les humains.Aujourd'hui encore, les Égliseschrétiennes n'ont pas forcémentcompris toute la portée d'une parolecomme celle-ci  : "Vous tous, quiavez reçu le baptême du Christ, vousavez revêtu le Christ. Il n'y a plus niJuif ni Grec, il n'y a plus ni esclaveni homme libre, il n'y a plus ni hom-me ni femme, car vous tous, vousêtes un en Jésus-Christ" (Galates3.27-28). Dès les débuts de l’Église,on a distingué entre ceux du dedans(les chrétiens) et ceux du dehors.Ces mots se trouvent dans le Nou-veau Testament. Et l'on a mis enplace des procédures de tri sévère àl'entrée, et d'exclusion, qui ont prisparfois des tournures violentes aucours de l'histoire.Jusqu'à aujourd'hui. Le débat n'estpas fini entre les Églises, ni au seinde chacune d'elles : Église sans fron-tière ou Église de militants ? Égliseouverte à la culture ambiante ouÉglise forteresse de la Vérité ? Forceest de constater que les Églises quiprogressent aujourd'hui sont cellesqui ont une identité doctrinale, unediscipline communautaire et desexigences morales fortes. Alors lesmêmes questions se posent  : com-ment vivre une identité offerte àtous, et lui rester fidèle ?

Alain ARNOUX

Dossier : S’ouvrir aux autres ou s’enfermer ?Dossier : S’ouvrir aux autres ou s’enfermer ?

Mosaïque antiquereprésentant Paul

Page 6: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 6

Ghaleb BencheikhExtraits

Notre nation a connu une terri-ble épreuve…..Ne nous con-tentons pas de dénoncer ces

actes, de condamner leurs auteurs, denous résoudre à subir la prochaineattaque…Dénoncer entraîne qu’ilfaut annoncer : clamer qu’aucuneraison ne saurait justifier le massacredes innocents …On ne peut pas seprévaloir d’un idéal religieux poursemer la haine.Des individus fanatisés affiliés à desgroupes djihadistes ont décidé de dé-clencher une conflagration générali-sée… L’élément islamique y estfranchement impliqué… Des dizainesde vies sont fauchées par une guerremenée au nom d’une certaine idée del’Islam... Les exactions offensent nosconsciences. ..Cette guerre réclame de nous tous, quique nous soyons, mais surtout de nousautres musulmans, de l’éteindre. Il estde notre responsabilité d’agir et de nousopposer à tout ce qui l’entretient. .Nousagissons avec dignité, mus par une trèshaute idée de la fraternité.. C’est unedéclaration de résistance face à la bar-barie. notre attachement à la vie, à lapaix et à la liberté… Il est temps dereconnaître, dans la lucidité, les fêluresgraves d’un discours religieux intolé-rant qui perdure dans des communautésmusulmanes ignares, repliées sur elles-mêmes. Le drame réside dans le dis-cours puisé dans le patrimoine reli-gieux islamique – conforme à unevision du monde dépassée. Des sermon-naires doctrinaires le profèrent pour« défendre » une religion qu’ils avilis-sent….En appeler à une refondation de la pen-sée théologique islamique… relèved’un besoin vital. L’on n’aura plus àinfantiliser des esprits ni à culpabiliserdes consciences. Ces chantiers titanes-ques, il faut les entreprendred’urgence  : le pluralisme, la laïcité, ladésintrication de la politique d’avec la

religion, l’égalité foncière entre lesêtres, la liberté d’expression et decroyance, la garantie de pouvoir chan-ger de croyance, la désacralisation de laviolence, l’État de droit, sont des répon-ses essentielles. Ce n’est plus suffisantde clamer que ces crimes n’ont rien àvoir avec l’islam... Ce n’est plus possi-ble de pérorer que l’islam, c’est la paix,c’est l’hospitalité, c’est la générosité…Bien que nous le croyions fondamenta-lement et que nous connaissions la ma-gnanimité et la miséricorde enseignéespar sa version standard, c’est bien aussiune compréhension obscurantiste quiest la cause de tous nos maux… Il esttemps de sortir des enfermements doc-trinaux et de s’affranchir des clôturesdogmatiques. L’historicité et l’inappli-cabilité d’un certain nombre de textesreligieux islamiques sont une réalitéobjective…. Je regrette que nous nel’ayons pas fait dans notre pays, enFrance. Aucun colloque de grande en-vergure n’a pu se tenir…, pas la moin-dre conférence sérieuse n’a été animéepour pourfendre les thèses islamistesradicales. Il est vrai que la frilosité denos hiérarques nous a causé beaucoupde torts. Leur incurie nous laisse atten-dre, tétanisés, la tragédie d’après. Faceà la barbarie, il vaut mieux vivre de-bout, en phase avec ses convictionshumanistes que de vivre longtemps, enétant complice, par l’inaction, de cequ’on réprouve.Dans de nombreux pays, à populationsmusulmanes, des régimes politiques sé-vissent sans légitimité démocratique. ilsgouvernent en domestiquant la religion eten idéologisant la tradition. Ils manipu-lent la révélation pour des fins autres quespirituelles… Nous sommes encore sous« climat » islamique, à l’ère de la crimina-lisation de l’apostasie, des châtimentscorporels, de la minoration de la femme,de la captation des consciences et de ladiscrimination fondée sur la base religieu-se. Et cela au vingt-et-unième siècle… Onne jauge le degré d’avancement éthiqued’une société qu’à l’aune du sort desminorités en leur sein. Même si dans unesociété libre, laïque et démocratique, iln’y a de majorité et de « minorité » qu’auParlement, le citoyen y est appréhendésans tenir compte de l’appartenance con-fessionnelle… à quand la citoyennetépour tous, chrétiens, yézidis, bahaïs, juifs,athées ?

.. Il incombe aux dignitaires religieux etaux théologiens de le reconnaître com-me attentatoire à la dignité humaine etcontraire à l’enseignement d’amour, demiséricorde que recèle grandement laTradition. Renouer surtout avecl’humanisme d’expression arabe qui aprévalu en contextes islamiques à tra-vers l’histoire et le conjuguer avec tou-tes les spiritualités et les conceptionsphilosophiques éclairées du progrès etde la civilisation. Il est consternant quecet humanisme soit effacé des mémoi-res, totalement occulté…Savoir endiguer la déferlante extrémis-te, ravaler le délabrement moral, guérirdu malaise existentiel, en finir avecl’indigence intellectuelle et la déshéren-ce culturelle. Aller vers l’universel...Telle est la vision programmatiquepour sortir de l’ornière dans laquellenous nous débattons. L’extrémisme estle culte sans la culture ; le fondamenta-lisme est la croyance sans la connais-sance ; l’intégrisme est la religiositésans la spiritualité...Gageons qu’après cette tragédie,existera un véritable éveil des cons-ciences pour conjurer les ombresmaléfiques de l’intolérance, pourconstruire ensemble, chez nous, enFrance, une nation solidaire et fra-ternelle avec un engagement com-mun au service de la justice et de lapaix. Cette nation reconnaîtra tousses enfants sans exclusive…. Notremodèle de vie dans une société libreet démocratique…, garante desorientations spirituelles de ses mem-bres, pourra être transmis ailleurs etinspirer davantage les sociétés ma-joritairement musulmanes. Faisonsde cet événement tragique un avène-ment spécifique : un moment inau-gural d’une ère de paix entre lespeuples et les nations.

GhalebBencheikh,né en 1960à Djeddahen Arabiesaoudite,est docteurès scienceset physicienfrançaisd'originealgérienne

Dossier : S’ouvrir aux autres ou s’enfermer ?

Page 7: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 7

PMH a organi-sé à Dieulefitun Festival dufilm historiquefin novembre2015. L’année1945 est cellede la libérationdes camps, duretour des pri-sonniers deguerre, de ladécouverte des camps de la mort. Lefilm «  Les survivants  » de PatrickRotman est consacré aux rescapés descamps de déportation. On entend lesrécits des rescapés, on voit des docu-ments d’archives parfois insoutena-bles, tout cela contribuant à laconstruction de la mémoire collective.Or, Je venais de lire le livre de JorgeSemprun , récit autobiographique d’undimanche ordinaire d'hiver au camp deBuchenwald, où l’auteur a été prison-nier de septembre 1943 à avril 1945.C’est bien sûr une évocation des condi-tions de vie dans ce camp, avec l’imagesinistre récurrente de la fumée du cré-matoire ; c’est, pour moi, la découverteque, à l’intérieur de ce camp, existaitune organisation clandestine interna-tionale qui essayait de protéger desjuifs, mais je découvre surtout, aveccompassion pour l’auteur, son ques-tionnement sur son identité. Lui, hautresponsable communiste, réalise qu’ilétait aspiré par les doctrines du parti. «Toutes les valeurs, je les mesurais àl’aune de l’esprit du parti. ». Il perdtoutes ses illusions  et devient un dou-ble rescapé du nazisme et du stalinis-me. A la lecture d'Une journée d'IvanDenissovitch de Soljenitsyne, il décou-vre toute l’horreur d’un goulag, Il cher-che à comprendre quelle fut sonhistoire dans l’Histoire du XXesiècle et porte sur ses engagements unjugement sans complaisance. Il a com-pris que ce qu’il croyait être une doctri-ne universelle n’était qu’un espritsectaire, générateur de violence.J’admire sa lucidité et le courage aveclequel il entreprend cette quête de lui-même.

Marguerite Carbonare

Georges SemprumQuel beau dimanche,

édition Grasset

Dossier : S’ouvrir aux autres ou s’enfermer ?

Fermeture ou ouverture ?

L'exemple amish

Tout le monde connaît lesAmish, ou plutôt le Vieil Or-dre Amish, cette Église ana-

baptiste établie en Amérique duNord. Tout le monde sait qu’ils sontessentiellement paysans, qu’ilss’habillent comme au XVIIIe siècle,qu’ils refusent l’électricité (et toutce qui marche avec), l’automobile,le téléphone, les assurances. Ce n’estpas par conservatisme  : c’est pourempêcher la vie personnelle des’éparpiller et la vie de la communautéde se diluer, pour favoriser l’entraidecommunautaire et pour ne dépendrede personne (les persécutions qu’ilsont subies en Europe leur ont appris àse méfier de l’extérieur). Tout le mon-de sait qu’ils ont une vie communau-taire forte, mais sans lieu de culte : ilsse réunissent chez les uns et chez lesautres à tour de rôle. Leur disciplineest exigeante pour les baptisés (onbaptise généralement au début del’âge adulte)  : prière et travail, non-violence et retenue, modestie et sou-mission mutuelle. On imagine qu’iln’est pas facile d’être paresseux chezeux. La sobriété heureuse ?Ils utilisent l’anglais le moins possi-ble  : entre eux ils parlent un vieuxdialecte allemand, et ils célèbrentleurs cultes dans l’allemand de Luther,sans instrument de musique. Cela aus-si contribue à la cohésion de la com-

munauté. Ils ne font pas deprosélytisme, pas la moindre petiteaction d’évangélisation (ils détestentcela, ayant été eux-mêmes beaucoup"évangélisés"). Et pourtant, ils sontpassés de 5000 en 1900 à 227000aujourd’hui, soit une croissance de4440 % (et ils ont doublé leurs effec-tifs depuis 1992). Cette croissance estcertes due à une forte natalité (8 en-fants en moyenne par couple), et à unetrès faible déperdition des jeunes mal-gré une vie austère (même si certainescommunautés envoient leurs jeunesfaire un "stage" de deux ans "dans lemonde" pour leur donner les élémentsdu choix). Mais cet accroissement estdû aussi à l’arrivée de nombreux néo-phytes depuis quelques années, attiréspar leur style de vie simple, sobre,écologique et solidaire. Mais lesAmish ne sont pas du genre à faciliterles choses  : si l’on veut entrer chezeux, il faut accepter non seulement lestyle de vie écolo, mais la foi, la piété,la langue et la Règle de la communau-té.Ils ont des relations amicales avecleurs voisins non Amish, même si par-fois ils sont victimes de quelques tra-casseries. Ils participent à la vie civile(comme pompiers, par exemple), et ilsont un rôle économique certain  : ilssont un atout pour le tourisme, entreautres. Par certains côtés, leurs com-munautés ressemblent aux monastèrescatholiques. Fermeture ou ouverture ?

A.A.

Page 8: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 8

Portrait

Stéphane Robin

Ensemble.Témoignons. : D’oùes-tu originaire ?

Stéphane Robin : Du Diois.E. T. : Où as-tu fait tes études ?S.R. :Au collège à Die, puis au lycéeagricole «  le Valentin  » à Bourg-lès-Valence, et enfin à Roanne où j’ai pré-paré un BTS en production animale.E. T. : Muni de tes diplômes, qu’as-tufait ?S.R. :Dans un premier temps, j'ai tra-vaillé avec mon frère à la ferme familia-le (élevage de chèvres, chambresd’hôtes), mais ça n'a pas duré.E. T. : Parle-nous de ton itinéraire spi-rituelS.R. :Ma famille n’avait pas de pratiquereligieuse, sauf à Noël, nous avionstoujours une crèche !E. T. : Alors que s’est-il passé dans tavie ?S.R. : Une fois, pour aller au Valentin,j’ai fait du stop et l’automobiliste m’adonné un Nouveau Testament. Je l’ai luavec intérêt, mais ma croyance restaitconfuse.E. T. : Quel a été le déclic ?S.R. :Bizarrement, du dentifrice… Unjour, je m’arrête devant le temple deBourg les Valence Je vois à travers laporte vitrée des tubes de dentifrice àvendre avec le panneau  :  «  Un bonchrétien se lave les dents avec ce denti-frice». Cela m’a agacé, et j'ai décidéd'en parler au pasteur de ce temple, quianimait un groupe biblique au lycée. Enfait, il m'expliqua que les dentifrices enquestion avaient été offerts et se trou-vaient en vente dans le cadre paroissialpour financer l'envoi d'un conteneur (enparticulier des médicaments) en Afri-que. Quant au panonceau, c'était unemanière humoristique de rappeler celaaux paroissiens. Aussi, les fois suivan-tes, je suis revenu discuter, écouter,échanger sur les évangiles... une étapesur un chemin avec le Christ ; d'autant

que (je l'ai appris par la suite) trois desjeunes de ce groupe ont prié pour moipendant quelques mois, avant de m'in-viter à une rencontre de Viviers-Jeu-nes... où je me suis converti, en 1984.Quand je suis parti pour poursuivre mesétudes à Roanne, le pasteur, pourtantRéformé, m’a encouragé à fréquenterune église... pentecôtiste : pour un jeuneconverti, il fallait de l'enthousiasme. Acette époque, j'ai lu la bible intégrale-ment... C'est dans cette église pentecô-tiste que j'ai reçu le baptême.Par la suite, revenu dans le Diois, je suisallé à l’Eglise réformée qui était la plusproche.

E. T. : Tu lisais la Bible à l’aide d’uncommentaire ?S.R. :Au tout début, un peu, ceux de laLigue pour la Lecture de la Bible. Si-non, je me plongeais simplement dansle texte.E. T. : Tout cela ne m’explique pasencore comment tu deviens orthodoxe !S.R. :En 1987, je pars pour faire monservice d’objecteur de conscience, pen-dant 2 ans dans une communauté àChelles, dans la banlieue parisienne : jene me voyais pas, en tant que chrétien,passer des mois à apprendre le manie-ment des armes...Cette communauté, «  La maison dupain », accueillait des personnes en dif-ficulté. Mais lorsque j'y suis arrivé, iln’y avait pas de place pour me loger,aussi j'ai habité dans le presbytère d’uneparoisse orthodoxe russe, juste à côté.J’y ai découvert «  L’entretien de SaintSéraphim de Sarov avec Motovilov »,un dialogue entre un moine et un laïc.

Cette lecture a été un vrai déclic  :l’affirmation du moine que le but de lavie chrétienne, c’est de vivre dans leSaint-Esprit, correspondait exactementà ce que je pensais. J'ai aussi participé àla Liturgie de Pâques dans cette petiteparoisse orthodoxe : la force, l'assuran-ce et la joie dans la proclamation de larésurrection m'a vraiment marqué. Maisce n'est pas encore là que je suis devenuorthodoxe.C'est aussi à cette époque que je suisentré en relation avec un prêtre catholi-que, jésuite, spécialiste du grec bibliqueet byzantin... Une amitié qui a duré plusde vingt ans, jusqu'à son décès en 2011,et de laquelle j'ai énormément reçu, ap-pris...E. T. : Et ta femme Véronique a-t-ellesuivi ce cheminement ?S.R. : Véronique est issue d’une familleméthodiste. A 23 ans, elle désire faireune année diaconale qu'elle accomplit à  «  La maison du pain  ». Après cetteannée de service, elle est repartie enAlsace, puis est revenue à la commu-nauté pour y travailler auprès de fem-mes victimes de violences conjugales.Elle y est restée neuf ans.Comme je suis moi-même revenu servirdans cette communauté après mon ser-vice civil... c'est là que nous nous som-mes rencontrés, et nous nous sommesmariés en février 1995 dans une Egliseréformée. Un mariage marqué parl’œcuménisme, puisque la bénédictiona été donnée par un pasteur, mon amiprêtre jésuite et le prêtre de la paroisseorthodoxe...E. T. : De quand date votre engage-ment dans l’Eglise orthodoxe ?S.R. : A l’époque, nous alternons entreune paroisse luthérienne et la paroisseorthodoxe de Chelles. Mais là, nous nepouvons pas communier puisque nousne sommes pas orthodoxes. Avec lanaissance, en 1997, de notre premièrefille, Anastasia (ce qui signifie« Résurrection »), il nous faut faire unchoix. Finalement, nous demandons àentrer dans l’Eglise orthodoxe : Anas-tasia par le baptême, et nous par lachrismation (un rituel d'onction de di-verses parties du corps [mains, pieds,yeux, front...] avec une huile spéciale-ment consacrée appelée saint Chrême,(rituel qui normalement suit immédiate-ment le baptême, puisque notre baptê-me est reconnu comme valide).

Page 9: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 9

A partir de là, nous ne sommes plusprotestants, mais ce n’est pourtant pasune rupture, plutôt une continuité : l'af-firmation fondamentale de la Trinité, dela Résurrection du Christ, une certitudetrès porteuse, vivifiante.

E. T. : A la veille de l’ouverture de laConférence sur le Climat à Paris, peux-tu nous dire la position de l’Eglise or-thodoxe sur la protection de la Créa-tion ?S.R. : La question écologique est, d'unecertaine manière, centrale dans notreEglise. Le congrès orthodoxe qui s'esttenu à Amiens en 2009 avait pour thè-me "La création remise entre nosmains". De même, le premier jour del'année liturgique, début septembre,nous célébrons un office "pour la sau-vegarde de la création". Sur un planplus pratique, par exemple, au monastè-re orthodoxe de Solan, près d’Uzès, lesmoniales, conseillées par Pierre Rabhientretiennent un vaste domaine qui per-met une polyculture biologique : le dé-sir des  sœurs est de vivre en synergieavec la terre, lui prodiguant leurs soinset en tirant leur subsistance, dans uneharmonie respectueuse de la nature.E. T. : Après la région parisienne, oùvous installez vous ?S.R. : A Dieulefit. Je travaille d'abordau Gué, puis dans divers autres emplois(boulanger pendant 4 ans, mais aussides emplois dans le bâtiment...) et enfinSuper U où je travaille actuellement.Véronique pour sa part a travaillé àBeauvallon comme éducatrice spéciali-

sée pendant 10 ans, puis à la Poste, puisde nouveau dans le social.C'est ici que notre seconde fille, Agapia(un mot grec qui désigne l'amour par-fait), est née.

Notre paroisse est à St Jean en Royans,mais il n'y a pas de liturgie tous lesdimanches...E. T. : A côté de ce travail profession-nel, parle-nous de tout ce travail derecherche qui te passionne. Commentt’est venue cette passion ?S.R. : Je dois beaucoup au père Para-melle, ce jésuite qui disait "en tant queprêtre j'ai un privilège... que je partageavec un enfant de cinq ans : celui depouvoir appeler Dieu "Père". Auprès delui, j'ai acquis une certaine méthode detravail. Ce qui m’a permis d'oser melancer dans tout un travail de vulgarisa-tion de textes.Je travaille surtout sur internet, à partirde mon blog* où j'ai pu rendre accessi-ble une traduction française des Septan-te, cette version grecque de l'AncienTestament qu'employaient les Apôtreset qui est le texte de référence des Egli-ses orthodoxes. J'ai aussi beaucoup tra-vaillé sur les Pères grecs, ces chrétiensdes premiers siècles dont les écrits sontbien souvent éclairants pouraujourd'hui.Enfin, depuis un peu plus de six ans, jetravaille à faire connaître un certainnombre de textes du christianisme delangue arabe : comment vivaient et quedisaient ces chrétiens confrontés à unislam dominant ?

Gâteaux au chocolat età la crème de marrons

sans glutenPour environ 10 gâteaux indivi-duels ou un gâteau500 g de crème de marrons100 g de chocolat noir fondu3 œufsOn peut rajouter une cuillère defarine de riz1 Préchauffez le four th.7 (200°C).2 Mélangez la crème de marronset le chocolat fondu.3 Puis ajoutez les 3 œufs battus.4 Mettez dans des moules indivi-duels beurrés ou dans un moule àgâteau5 Enfournez 10 à 20 min. ‘(à sur-veiller)6 Démoulez et dégustez une foisrefroidi.Ajoutez une note personnelle :incorporez une cuillère de rhumou bien quelques gouttes d’extraitd’orange ou bien des amandesmoulues à mettre soit à l’intérieurde la pâte, soit sur le dessus.On peut ajouter une pincée de le-vure pour faire mieux lever la pâ-te. Chacun créera sa proprepâtisserie !

Je prépare aussi quelques documentsun peu plus exigeants**, avec l'aidebienveillante d'universitaires dumonde entier... un des "miracles d'in-ternet".Depuis 10 ans, j’écris aussi pour laLigue pour la Lecture de la Bible descommentaires bibliques... ces com-mentaires que j'avais commencé parlire, juste après ma conversion !E. T. : Tu dois consacrer tout tontemps de libre à ces travaux, et doncil ne doit pas t’en rester beaucouppour d’autres activités. Et toi, Véro-nique ?V.R. : Quand je reviens à Dieulefit,après mon travail comme éducatricespécialisée dans un centred’hébergement à Privas, j’aime meretrouver dans la nature, (gratouillerla terre à l'occasion...) la lecture, .....

Propos recueillis parMarguerite Carbonare

* http://cigales-eloquentes.over-blog.com/** https://independent.academia.edu/AlboCicade

Page 10: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 10

Parole d'homme,parole d'artiste,

parole de chrétienLe témoignage de Michel Delpech. Un cadeau !

J’ai cru guérir de ce cancer de la langue quim’a touché en février 2013. Je me suistrompé. Il est revenu. Il y a une guerre au

fond de ma gorge. Je me bats, je travaille àguérir. Pour un chanteur, perdre sa voix, c’est lapire épreuve. Depuis l’âge de 18 ans, la chansonest toute ma vie. Deux cents chansons en cin-quante ans de carrière, dont trente “tubes”.Curieusement, alors que je vis pour ma voix etpar ma voix, je n’ai pas interpellé Dieu, je ne mesuis jamais dit que ce qui m’arrivait était injuste.Peut-être parce que je commence à vivre nonplus par ma voix, mais par la foi ? Pour parodierle titre d’une mes chansons – “Le Loir et Cher” –,je dis aujourd’hui : “La foi m’est chère”.Dans l’épreuve, quelles sont mes consolations ?D’une part, l’amitié. Je n’avais pas réalisé quej’avais autant d’amis. Dans le tourbillon de la vie“du dehors”, la vie quotidienne, nous ne trouvonsjamais le temps de nous arrêter pour voir ceuxqui nous sont chers, et les années passent, lesliens se distendent… Trop bête ! C’est quand çane va pas que l’essentiel ressurgit. Et l’amitié faitpartie de l’essentiel.Autre consolation que permet le repos qu’imposela maladie, c’est une relecture apaisée del’existence, même si je n’aime pas trop regarderen arrière. J’en ai fait des bêtises ! La fiesta, lesfilles, quelques drogues, étaient intimement liéesà l’univers de la chanson, surtout dans les an-

nées 1960 et 1970. J’ai été un oiseau de nuit. Maisje crois en la miséricorde et au pardon – qui sont lesplus grandes consolations qui soient. J’étais jeune,j’avais du succès, la vie me souriait, lorsqu’uneprofonde dépression m’a mis à terre. J’ai plongétrès bas.Durant cette plongée dans les ténèbres de la dé-pression, j’ai connu le chaos. J’ai cherché à ensortir par le “haut”, en tâtant du bouddhisme, del’hindouisme, en essayant la méditation transcen-dantale… Mais je me suis rendu compte, progres-sivement, que tout cela n’était pas un cheminfécond pour moi. J’étais en train de me perdre. J’aicommencé simultanément à m’intéresser à cettepart de mon identité que je refusais jusqu’alors deregarder : la religion chrétienne. Et j’ai osé… lechristianisme ! Je ne sais si j’aurais eu cette har-diesse sans la dépression, je ne sais pas si je se-rais allé aussi loin dans cette voie. Une chose estsûre : depuis, Dieu reste l’objet incessant de maquête.Je suis un homme de peu de foi. Telle est matragédie. Ma foi n’est pas un long fleuve tranquille :elle est dans la torture, dans la complexité. J’ensuis parfois épuisé. Pourtant, je plains ceux quin’ont pas la chance de connaître ce tumulte-là. Ilfait vivre jusque dans l’Au-delà ! Je ne pense pasque le Ciel se soit mêlé de mon cancer, mais je luidemande de m’aider à avoir la force de le surmon-ter, de me plier à la discipline indispensable, defaire ce qu’il m’est exigé de faire. Je n’ai jamais priépour guérir, j’ai plus souvent pensé : “Que ta volon-té soit faite”.La maladie vous dépossède. Elle vous dénude. Ellevous contraint à vous interroger sur les vraies va-leurs. Nous voulons une plus grande maison, uneplus puissante voiture, plus d’argent, mais en se-rons-nous plus heureux ? Je constate souvent chezceux qui possèdent moins, un sourire plus radieuxque chez ceux qui ont tout."Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu‘il se renielui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il mesuive”, dit Jésus (Mt 16, 24). Alors je porte ma croixet je découvre que c’est le secret de la joie. Jeréalise aussi que Dieu est là afin de m’aider à laporter. Pour la première fois de ma vie, jen’envisage pas une solution à une épreuve quej’affronte. Je sais aujourd’hui que je risque fort dene plus pouvoir chanter. Ma confiance la plus tota-le, c’est en Dieu que je la place : “Que ta volontésoit faite Seigneur ! Sans Toi, je suis perdu”.

>>> On en parle...

Page 11: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 11

Église Protestante Unie de Francecommunion luthérienne et réformée

Églises de Bourdeaux – de Dieulefit – de Puy-Saint-Martin, La ValdainePasteurs Sonia et Alain Arnoux, Presbytère, 14 Montée des HLM, 26220 Dieulefit

Sonia Arnoux, tel 04 75 90 88 34, courriel : [email protected] Alain Arnoux : tel 09 75 28 35 71 et 06 77 43 14 53, courriel : [email protected]

Pays de BourdeauxPrésident du Conseil Presbytéral : Jean-Pierre Tressère, Qua Christol, Bourdeaux. Tel : 04 75 53 31 27Trésorière : Françoise Peneveyre, Célas, 26400, Saou. Courriel : [email protected] Tel : 04 75 76 04 58Secrétaire :Correspondante Réveil : Françoise PeneveyrePour vos dons et offrandes, libellez vos chèques à l'ordre de ÉPU du pays de Crédit Agricole Bourdeaux N° 03605086000

Pays de DieulefitPrésidente du conseil presbytéral : Mireille Soubeyran, 87, Rue des Reymond, La Sablière, 26220 Dieulefit,Courriel  : [email protected] Tel : 04 75 00 13 03Trésorière : Catherine Cadier, 6 bis, chemin du Lavoir, 26220 Dieulefit,Courriel : [email protected] Tel : 04 75 46 40.44Secrétaire : Jean Rabaud, les Hauts Hubacs, 26220 Dieulefit. Courriel : [email protected] Tél : 04 75 46 42 45Correspondante Réveil : Cathy Croissant, qua de la Piscine, 26220 Dieulefit. Tél : 04.75.46.80.78Courriel : [email protected] Tel : 04 75 46 80 78Secrétariat : 10, rue du Bourg, 26220, Dieulefit. Courriel : [email protected] Tel : 04 75 46 42 54Pour vos dons et offrandes libellez vos chèques à l'ordre de ERF Pays de Dieulefit CCP 2168 46 A - Lyon

Puy-Saint-Martin – La ValdainePrésidente du Conseil Presbytéral : Christine Estrangin, 215 imp. Fayn, 26160, Saint Gervais, Tel : 04.75.53.81.24Courriel : [email protected]ésorière : Charlette Lamande, 115 ch. de la Garenne, 26450, Puy-Saint-Martin. Tel : 04.75.90.42.10Courriel : [email protected]étaire : Françoise Jolivet, 26160, Salettes. Courriel : [email protected] Tel : 04 75 90 48 05Pour vos dons et offrandes : libellez vos chèques à l’ordre de l’EPU Puy St Martin-La Valdaine. CCP 2867 36 T Lyon

Il y a Vaudois et Vaudois !

Quand on prononce le mot "vaudois", surtout enmilieu protestant, il faut souvent préciser de quion parle. Il y a Vaudois et Vaudois. Des Vaudois

suisses et des Vaudois pas suisses. Les Vaudois du cantonde Vaud, et les Vaudois du Piémont, en Italie, mais aussidu Lubéron, du Queyras, d'Amérique latine... Ces derniersfont partie de l’Église vaudoise, dont l'origine remonte à laprédication d'un lyonnais, Valdès (d'où vient le nom de Vau-dois), dans les années 1170. Ce mouvement de laïcs pour laprédication de l’Évangile etpour la pauvreté de l’Église,répandu dans toute l'Europeet durement persécuté, s'estrattaché à la Réforme pro-testante en 1532. Les Vau-dois du Piémont parlentencore souvent le français.En octobre, nous avons eula visite de la paroisse de LaSallaz – Vennes – Epalin-ges, dans le canton de Vaud.Tous les ans, cette paroisseorganise un voyage pour dé-

>>> On en parle...couvrir un pays huguenot français, et offre un solide apéri-tif avec vins et autres produits savoureux du pays vaudois,après le culte, à la paroisse qui les reçoit. Ce fut un heureuxmoment.En octobre aussi, le festival "Voix d'Exils" était consacréaux Vaudois (les autres), dont l'histoire et la vie furentévoqués au cours de conférences, expositions, randonnées,soirées... La chorale des paroisses vaudoises du Val d'An-grogne a participé au culte à Dieulefit.

Nous avons des liens spirituels, historiques, culturels, etmême familiaux, avecles Vaudois de Vaud etavec les Vaudois du Pié-mont. D'ailleurs, dansnos paroisses il y a desVaudois des deux sortes.Ces rencontres ont ravi-vé ces liens. Ces visitespar-dessus les frontièressont importantes, ce sontdes respirations pour lesuns et les autres. Etpourquoi ne rendrions-nous pas ces visites ?

Page 12: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 12

Page Jeunesse

C ela peut étonner les anciens, qui ont connu les Unions chrétien-nes de Jeunes, le scoutisme et des groupes nombreux de jeunessedans les paroisses : aujourd’hui, les jeunes sont trop peu nom-

breux dans nos paroisses rurales pour qu’on puisse leur offrir des ren-contres attirantes. C’est pourquoi ils se rassemblent dans des rencontresconsistoriales, régionales et même nationales, lors de soirées, de week-ends ou de camps. Fany nous dit ce qu’elle y vit.

Déclic

Pour moi le déclic a eu lieu lors de mes premiers camps  :Chamaloc et la Grèce. Je n’avais jamais réellement vu Dieusous un autre angle, avec d’autres jeunes qui partagent les

mêmes convictions que moi et qui restent différents les uns desautres. On s’entend tous très bien, on organise même des rencontreshors groupes de jeunes tellement que l’on s’adore. Et ce que j’aivraiment adoré et qui me donne envie d’y retourner, c’est l’ambiancequi règne lors de nos rencontres, qu’elles soient groupes de jeunes ouweek-ends ou des événements organisés par l’Équipe Jeunesse Régio-nale (comme le "CAR Aimant kiff "*). C’est une ambiance détendue parmoments de jeux et sérieuse lors des temps bibliques. Ça fait vraimentdu bien de pouvoir se relâcher comme ça même s’il y a des limites ; ilne faut pas abuser non plus. Les animateurs sont vraiment cool, ils sontà notre écoute et organisent de très bons jeux, il faut l’avouer ! Enfins’il faut que je termine c’est en parlant d’une personne qui a marqué etqui marquera à jamais ma vie et ma foi  : Jean-Luc Cremer. C’est unpasteur au cœur tellement gros qu’il ne peut tenir sur la planète, il esttoujours à l’écoute de ses jeunes, il veut leur parler à tous, les aider,les guider. Il nous aime tellement qu’il veut être partout pour être avecnous tous, quelquefois il s’emmêle les pinceaux, c’est normal. C’estgrâce à lui que j’ai pu avancer dans ma foi et que j’ai pris confiance enDieu et en moi. Je ne le remerciais jamais assez pour tout ce qu’il a faitpour moi. Son départ m’attriste énormément, mais au fond de moi, jesais qu’on se retrouvera car, même si chacun doit avancer dans sapropre vie par des chemins différents les uns des autres, il y atoujours un croisement, un point de rencontre.

Fany et Céline lors du culte du 29 novembre 2015

Anecdote

Le pasteur Henri Eberhard araconté que, lorsqu'il était pas-teur à Dieulefit, un de ses pa-

roissiens lui a dit : "Mon dieu, c'est levin !" Il lui aurait répondu : "Eh bien,vous ne lui ressemblez pas ! Lui, envieillissant, il devient meilleur."Aujourd'hui, on n'oserait plus. L'en-vie n'en manque pas.Un revolver évangélique

Le pasteur Alphonse Maillot ra-conte dans un de ses livres,une histoire au sujet du pasteur

Henri Nick, très célèbre dans le Nordau début du XXe siècle. C'était l'épo-que où la Libre Pensée était très acti-ve. Un de ses conférenciers,Sébastien Faure, attirait des foulespour leur prouver la non existence deDieu. Un de ses grands succès, trèsattendu, consistait à se planter surl'estrade, à tourner le visage vers leciel et à insulter longuement (et plutôtbassement) Dieu. Ensuite il sortaitune montre de son gousset, se tournaitvers le public et disait : "Après tout ceque je lui ai dit, si Dieu ne me fou-droie pas, c'est qu'il n'existe pas. Je luidonne trois minutes." Et il commen-çait le compte à rebours. Après quoiil s'écriait : "La preuve est faite : Dieun'existe pas !", sous les applaudisse-ments du public. Un soir, après qu'ileut fini sa démonstration, une voix sefit entendre  : "Stop  !" Et l'on vit lepasteur Nick traverser la foule sousles moqueries. Il monta sur l'estrade,salua courtoisement le conférencierqui lui répondit tout aussi courtoise-ment (ils se connaissaient bien), puisil fouilla dans ses poches et en sortitun gros revolver de cavalerie, le mitdans les mains du conférencier en luidisant "Attention, il est chargé". Puis,posément, il déclara  : "Cher Mon-sieur, permettez-moi de vous dire quevous êtes un..., et un...", et il continuaposément et assez longuement de l'in-sulter. Quand il eut fini, il se tournavers la foule et dit : "Après tout ce queje lui ai dit, si Monsieur Faure ne mefoudroie pas, c'est qu'il n'existe pas.Je lui donne trois minutes." Et sortantune montre de son gousset, il com-mença le compte à rebours. Au boutde trois minutes, il s'écria : "La preu-ve est faite : Monsieur Sébastien Fau-re n'existe pas  !" Et reprenant sonrevolver, il regagna sa place, sous lesapplaudissements de la foule.

Page 13: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 13

Dans nos familles

L’Évangile a été annoncé aux obsèques de

Gabriele MAMET née UZIELLI, 94 ans, le 30 octobre (Dieulefit),Marine JEHANNE née PIZOT, 95 ans, le 4 novembre (Dieulefit),Jeannine VINCENT née SALLARD, 85 ans, le 16 novembre(Bourdeaux),Pierre TURC, 84 ans, le 12 décembre (Bourdeaux),Marie-Louise DELIERE née PIOLLET, 93 ans le 12 décembre(La Bégude-de-Mazenc)

Gaby Mamet

Son sourire, ses engagements … Ce n’était pas un pilier de notre paroisse, mais elle étaitle levain dans la pâte du monde. Plusieurs en ont témoigné, le 27 octobre  : Elles’engageait à fond, dans ce qu’elle entreprenait, ne supportant pas l’injustice.

Journal des Églises Protestantes Unies deFrance de Bourdeaux, Dieulefit et la Valdaine

Il est mis gratuitement à disposition de tousceux qui en font la demande.

Distribution : Bourdeaux : Renée-FranceLaurie – Dieulefit : Fernand et MariaBernard – La Valdaine : Françoise Jolivet.Comité de rédaction : Alain Arnoux, SoniaArnoux, Marguerite Carbonare, FrançoiseJolivet,, Charles-Daniel Maire,Mise en page : Charles- Daniel Maire.Directrice de la publication : ChristineEstranginImprimé par L’IMEAF, 26160 La Bégude deMazenc

En dehors de sa vie avec les enfants à Vercheny, dont, comme maîtres-se de maison, elle assurait l’accompagnement et partageait la vie dansdes conditions matérielles rudimentaires, toujours à l’écoute desenfants et de leurs parents, elle l’a manifesté à travers tous sesengagements, comme infirmière dans les bidonvilles d’Alger et auBorinage, auprès des militants anti-nucléaires, aux côtés des person-nes en fin de vie avec Clotilde et l’association JALMALV, elle s’esttrouvée là, elle a témoigné, elle a agi. Rappelons sa participation auCercle de Silence de Dieulefit pour le soutien aux sans papiers. Elletenait toujours à témoigner de sa solidarité avec ceux qui souffrent.La Palestine était pour Gaby sa grande préoccupation. Elle étaitlucide : dans les années 50, elle découvrit les kibboutz qui faisaientl’admiration de sa génération, imaginant un monde meilleur et effica-ce : « Israël faisait fleurir le désert ! ». Mais elle comprit, déjà alors,la volonté sioniste d’éradiquer les Palestiniens de cette Terre promise.N’oublions pas la relation de confiance et de franchise qu’elle avaitavec ses 3 filles qui l’ont merveilleusement accompagnée jusque à sondernier souffle, qui fut un message de paix dont a témoigné notrepasteur Sonia Arnoux, s’adressant à ses filles  : «  Il y a eu cetimmense sentiment de paix au moment du dernier souffle de Gabyque vous avez reçu comme un cadeau, quelque chose à transmettre,à partager. N’est-ce pas l’amour qui se dit jusqu’au bout et quicontinue d’être là en vous, entre vous pour toujours ? N’est-ce paslà ce don éternel d’amour, toujours vivant qui se transmet degénérations en générations  ? N’est-ce pas là aussi dire larésurrection ? »

Page 14: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 14

Vie deVie de

CommuRaconter Noël...Pas seulement une fois... mais huit

fois avec cinq conteuses et un con-teur. Une belle expérience pour le

groupe « Raconter la Bible » qui mainte-nant a pris de l'aisance et a raconté le récitde Luc et aussi l'histoire des mages avecbeaucoup de joie.Cinq ou six conteurs pour une ou deuxhistoires, cela fait beaucoup...Alors l'expérience a été aussi, selon lespublics et les occasions, de partager lestableaux et d'offrir tantôt une histoire ra-contée à plusieurs voix pour l'histoire deLuc, chacun, chacune y apportant sa peti-te touche personnelle. Et tantôt de juxta-poser les récits pour une racontée oùchaque conteur raconte son histoire enentier.Huit temps de racontées publiques sanscompter les occasions plus intimes offer-tes à un public plus restreint lors desveillées de l'Avent ou en famille.Quatre fois lors des célébrations œcumé-niques de Noël dans les quatre établisse-ments de santé à Dieulefit, à l'Hôpital, auxEschirou, au Bastidou et à Dieulefit San-té. Raconter au cours d'une célébration,c'est plus que raconter, c'est faire résonnerune histoire en même temps qu'une Paro-le. C'est, avec le concours de la choraleœcuménique et de Gérard au violon, lais-ser une ambiance en même temps qu'unmessage, faire leur chemin dans les cœurs.Nous sommes aussi allés à la Maison deretraite de Marsanne, comme un signeconcret que nos paroisses s'étendent surtout ce territoire, et c'était différent : troisconteuses et conteurs ont chacun raconté«  leur  » histoire. Une belle écoute, despersonnes heureuses d'être ainsi visitéeset de vivre ce temps étonnant dans cettemaison. Un bel accueil.Et puis il y a eu la fête de Noël à LaBégude, un culte conté où les différentstemps du récit de Noël ont été ponctuéspar les temps de la liturgie dominicale. Oùle récit de Noël a pu continuer de vibreren chacun avec les personnages créés parMarie Mercier et posés par les enfants àdifférents endroits. Cette dimension inter-

générationnelle fait elle aussi partie dumessage de Noël, jusqu'à la présence d'unbébé dans l'assemblée.La racontée à l’église St Roch à Dieulefitpour les visiteurs de la crèche était sansdoute la plus difficile et la plus périlleusepour les conteuses et celle qui est passéela plus inaperçue pour les visiteurs, hor-mis un enfant sur les genoux de sa mamanet un Frère, tous trois très attentifs etgrâce à qui nous avons pu raconter. Uneformule à revoir, assurément !Et puis cerise sur le gâteau, le temps à laHalle, dans le cadre de Noël Ensemble,dans une très belle écoute là aussi.Merci aux conteuses : Anne-Marie, Chris-tine, Katy et Mireille, au conteur  : FrèreCharles. Je suis si contente de n'être plusseule  ! Merci aussi aux musiciens  : Gé-rard, Christine, Anne. Et à la chorale œcu-ménique, merci particulièrement auxchanteurs de la chorale dieulefitoise sanslien avec les Églises, venus la renforcer.Dans les retours faits par le groupe quiprépare déjà un nouveau récit, les conteu-ses ont dit combien cette expérience deracontée partagée les a aidés à vivre Noëlautrement, de manière plus intime, plusintériorisée.Bienvenue à ceux et celles qui voudraientnous rejoindre. Contacter Sonia Arnoux :04 75 90 88 34

Nos cultesLe vocabulaire trahit bien des choses.Il n'y a pas si longtemps, pour parler

de nos cultes, on par-lait d'un auditoire etnon d'une assemblée ;on y venait pour écou-ter comme à une con-férence. Tous en rangs

d'oignons, les yeux dans la même di-rection, sans jamais croiser un regard.Cela peut, à la limite, se comprendrequand on célèbre dans de grands édifi-ces où des foules sont rassemblées (etencore ! cela n'empêche pas une parti-cipation : voir les concerts de jazz oude rock, et les matches). Mais nous

avons continué à le faire dans nosassemblées réduites et nos petites sal-les de culte. Culte sérieux et recueilli,certes  ; un peu figé et autoritaire, etendormi aussi. Cultes bien préparés,où tout est prévu (savez-vous que vospasteurs passent environ dix heures, etsouvent plus, à préparer un culte  ?),aussi bien préparés et aussi bien pré-vus pour dix personnes que pour plu-sieurs centaines.  Vos pasteurs en onteu assez. Assez de tellement bien tra-vailler pour se sentir vides et insatis-faits et même seuls en sortant du culte,insatisfaits et seuls parce qu'ils ontl'impression de "passer à côté". Assezd'un déroulement immuable dont lesraisons échappent. Assez du discoursà sens unique. Car ce n'est pas le pas-teur qui "fait son culte" : normalementc'est toute l'assemblée qui célèbre, etqui construit le culte. Il y a deux ans,vos pasteurs ont décidé, partout où leslieux le permettent (donc pas dans lesgrands temples à cause de l'acousti-que), de simplifier le début et la fin duculte, de raccourcir la prédication, dene plus chercher à tout dire, et delaisser la parole à l'assemblée pour untemps de partage où chacun peut allerplus loin sur une des pistes ouvertespar la prédication, en esquisser uneautre, dire une perplexité, poser unequestion. Ce n'est pas un débat, on nediscute pas, on écoute ce que disent lesautres, on dit ce qu'on a à dire, onconstruit ensemble. Et cela marche !Et le plus souvent, c'est riche, profond,enrichissant, autant que paisible etjoyeux. Et parfois, cela pourrait mar-cher même si le prédicateur oubliait devenir... Mais quand on veut "prêchercourt", cela demande encore plus depréparation que quand on "s'étale".L'étape suivante, peut-être, ce seraplus de liberté (et d'audace) pour inter-venir dans les temps de prière, propo-ser un chant...

A.A.

Page 15: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Ensemble Témoignons N° 30 page 15

l’Églisenosnautés

Visites

Les visites pastorales ne sont pasfaites seulement par les pasteurs.Nous avons dans nos paroisses

de personnes qui visitent pastorale-ment, dans les établissements de soinset à domicile. Elles le font au nom del’Église ; elles sont habilitées à le faireet formées pour cela. Elles sont là pourapporter l’Évangile et une présence fra-ternelle. Comme les pasteurs, elles sonttenues à une absolue discrétion sur lesentretiens qu'elles ont. Leur service estinfiniment précieux, et il convient deles accueillir sans regretter que "ce nesoit pas un pasteur". Quant aux pas-teurs, ils visitent aussi à domicile, maissi on le leur demande, c'est à dire si onles appelle ou si on les fait appeler... unpeu comme les médecins. Il faut pren-dre rendez-vous, pour éviter les visitesqui tombent "dans le vide" ou au mau-vais moment, comme cela arrivait sou-vent aux pasteurs d'autrefois, quand ilsfaisaient des visites systématiques. Onprend aussi rendez-vous si on désire unentretien particulier sans être dérangé.Les pasteurs ne veulent ni déranger nis'imposer, et ils ne veulent pas non plusêtre absents là où on a besoin d'eux, ouplutôt : là où on a besoin de l'Evangile.Ils viennent pour faire connaissance,pour écouter, et aussi pour chercheravec vous et pour vous une parole vraie.Si vous avez vraiment besoin de l'Evan-gile, et si vous pouvez vous déplacer,n'attendez pas qu'on vous l'apporte àdomicile  : toutes les semaines nousavons des rencontres autour de l'Evan-gile, à commencer par le culte. Si vousdésirez une visite ou un entretien avecun pasteur, ayez la gentillesse d'appelerpour fixer un rendez-vous : les pasteursne sont pas des extra-lucides, ils nepeuvent pas tout deviner, et même, sou-vent, ils ne sont pas informés de vosmaladies, par exemple.

A.A.

Assembléesgénérales

Comme chaque année, les asso-ciations cultuelles qui représen-tent légalement nos paroisses

auront leurs assemblées générales  : le13 mars à la salle Muston (annexe dutemple) pour Bourdeaux, le 20 mars à lasalle polyvalente du Poët-Laval pourDieulefit et Puy-St-Martin / La Valdai-ne.L'assemblée générale, c'est l'occasionde s'informer, de poser des questions,de faire des propositions, de prendredes décisions. Il y a des rapports sur lavie de l’Église, sur les finances ; on votesur des projets, sur les comptes et lebudget  ; on élit le conseil presbytéral.Dans notre Église, personne ne peutdire qu'on lui cache des choses ou qu'onbâillonne les gens. Tous peuvent venirà l'assemblée générale, tous peuventexprimer leur opinion, mais seuls vo-tent ceux qui sesont fait inscrirecomme membresélecteurs de l'asso-ciation cultuelle.Au cours des as-semblées généralesde cette année,nous aurons desélections presbyté-rales. Il s'agit d'éli-re pour quatre ansles responsables dela vie spirituelle etmatérielle de nos paroisses.Pour les deux assemblées générales  :accueil et émargement à partir de 9 h30 ; culte à 10 h ; ouverture de l'assem-blée à 10 h 30 ; fin à 12 h 30.Après l'assemblée générale de Dieulefitet Puy-St-Martin / La Valdaine : Repaspartagé  ; rencontre en après-midi avecdes jeunes sur l’Église de leurs rêves (etdes nôtres".)

Projet immobilierDieulefit

Nous vous avons parlé duprojet immobilier de la pa-roisse de Dieulefit : vendre

nos locaux de la Maison Fraternel-le, acheter un terrain pour y cons-truire un centre paroissial. Uneéquipe a pris les choses en main etles conduit assidûment, sous la di-rection du conseil presbytéral. Leprojet est en route. Pour le moment,il ne peut pas aller vite. Il y a quel-ques détails administratifs à réglerpour l'achat du terrain. Nous avonsde sérieux espoirs de vendre laMaison Fraternelle. Il faut préciserle projet de vie d'Eglise auquel leprojet de construction sera lié, pouren parler avec les architectes pres-sentis. Et puis, il faudra vider laMaison Fraternelle, et ce sera un

gros chantier. Et inventer des solu-tions pour nos activités, quand nousn'aurons plus la Maison Fraternelleet que nous n'aurons pas encore lenouveau centre paroissial, ce quirisque de durer un temps assezlong. Bien sûr, tous seront constam-ment informés.

Évidemment qu’ils font çapar vengeance ! Faut pasoublier qu’ils vivent en ap-partement toute l’année !

Page 16: E blet o émoig BOURDEAUX DIEULEFIT LA VALDAINEerp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/N_30.pdf · moyens techniques et l'ampleur de ce qu'ils permettent, pour le meilleur et pour le pire

Hiver 2016

DieulefitLes 1er, 2e et 4e

dimanches à 10h30

La Bégudede Mazenc

BourdeauxLes 2e et 4e

dimanches à 10h30

1er dimanche dumois 10h30

Cultes

PuySaint-Martin

Le 3e dimanchedu mois à 10h30

Ce journal est en couleurSur le site internet : http://erp.dieulefit.pagesperso-orange.fr/index.htm

JOURNEECOMMUNE

Dimanche 31 janvierCulte unique à Puy-St-MartinRepas partagéAprès-midi  : "Faisons le point  :Que vivons-nous ensemble  ?Qu'avons-nous envie de vivreensemble  ?"

SEMAINE SAINTE :Jeudi saint 24 mars, 19 h, temple de La PailletteVendredi saint 25 mars, célébrations œcuméniques à l'église deBourdeaux (17 h 30 ) et à l'église St Roch de Dieulefit (19 h)Samedi saint 26 mars, veillée de Pâques au temple de LaBégude-de-Mazenc (19 h).Dimanche de Pâques : à Dieulefit et à Bourdeaux à 10h30Attention, ces horaires peuvent être modifiés.

ASSEMBLEES GENERALES

Dimanche 13 mars à Bourdeaux (salle Muston)Dimanche 20 mars au Poët-Laval (à la Salle desFêtes pour Dieulefit et Puy-St-Martin/LaValdaine)Accueil et émargement à partir de 9 h 30Culte à 10 hOuverture des AG à 10 h 30Pour Dieulefit et Puy-St-Martin / La Valdaine  :Repas partagé à 12 h 30Après-midi, rencontre avec les Jeunes  :"L’Église de leurs rêves... et des nôtres"

SOIREES TROIS EN UNPrière, Repas, Partage de 18 h 30 à 21 h 30

à Dieulefit tous les mardis (sauf vacancesscolaires)  :premier mardi du mois  : partage biblique oulectio divinadeuxième mardi  : partage sur un sujet d’Églisetroisième mardi  : atelier grec ou atelier narrationquatrième mardi  : partage sur un sujet de société

à Bourdeaux les mercredis 10 février, 9 mars

à Puy-St-Martin les mercredis 27 janvier, 30 mars