duval, littérature syriaque, 1907

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    Bibliothque de /'enseignement de l'histoire ecclsiastiques^

    ANCIENNES

    LITTRATURES CHRTIENNES

    II

    LA LITTRATURE SYRIAQUE

    Rubens DUVAL | Q Q c- c- rs

    16- ?. a 3TROISIME EDITION

    PARISLIBRAIRIE VICTOR LECOFFRE

    J. GABALDA & GieRUE BONAPARTE, 90

    1907

  • 4y

    3r\7

  • 4Bibliothque

    de l'enseignement de l'histoire ecclsiastique

    ANCIENNES LITTRATURES CHRTIENNES

    il

    LA LITTRATURE SYRIAQUE

  • yBibliothque

    de l'enseignement de l'histoire ecclsiastique

    Notre " Bibliothque de l'enseignement de l'histoire

    ecclsiastique ", inaugure en 1897, ralise lentement,mais persvramment, son programme qui tait de re-prendre, avec les seules ressources de l'initiative pri-

    ve, le projet confi jadis par Lon XIII aux cardinauxde Luca, Pitra et Hergenrther, la suite de la lettrepontificale sur les tudes historiques, savoir la com-position d'une Histoire ecclsiastique universelle, miseau point des progrs de la critique de notre temps .Nous avons distribu la matire en une srie de su-

    jets capitaux, chacun devant constituer un volume in-dpendant, chaque volume confi un savant sous sapropre responsabilit. Nous n'avons pas eu l'intention

    de faire uvre pdagogique et de publier des manuelsanalogues ceux de l'enseignement secondaire, ni da-vantage uvre de vulgarisation au service de ce quel'on est convenu d'appeler le grand public : il y avaitune uvre plus urgente faire en matire d'histoireecclsiastique, une uvre de haut enseignement.

  • Le succs incontest des volum-es publis jusqu'icinous a prouv que notre programme rpondait au dsirde bien des matres et de bien des tudiants de l'en-

    seignement suprieur franais, autant que de bien desmembres du clerg et de l'lite des catholiques.Nous continuerons l'uvre sans nous lasser des len-

    teurs insparables d'une excution aussi difficile. La

    direction gnrale de la publication est confie uncomit sous la prsidence de M^,r Pierre Batiffol, rec-teur de l'Institut catholique de Toulouse.

    V. Lecoffre.

  • Bibliothque de l'enseignement de l'histoire ecclsiastique

    Les origines du catholicisme.

    Le christianisme et Vempire romain.

    Les glises du monde romain.

    Les anciennes littratures chrtiennes.

    La thologie ancienne.

    Les institutions anciennes de Vglise.

    Les glises du monde barbare.Les glises du monde syrien.

    L'glise byzantine. L'tat pontifical.

    La rforme du XIe sicle. Le sacerdoce et l'Empire.

    Histoire de la formation du droit canonique.

    La littrature ecclsiastique du moyen ge.

    La thologie dumoyen ge.Les institutions del chrtient.

    L'Eglise et l'Orient au moyen ge.

    L'glise et le Saint-Sige de Boniface VIII Martin V.

    L'glise la fin du moyen ge.

    La rforme protestante. Le concile de Trente.

    L'glise et l'Orient depuis le XVe sicle.La thologie catholique depuis le XVIe sicle.

    Le protestantisme depuis la Rforme.

    L'expansion de l'glise depuis le XVIe sicle.

    L'glise et les gouvernements d'ancien rgime.

    L'glise et les rvolutions politiques (1789- 1870)

    L'Eglise contemporaine.

  • /-y Bibliothque de l'enseignement de l'histoire ecclsiastique

    VOLUMES PARUS :Le Christianisme et l'Empire romain, de Nron Thodose, par M. Paul Allard. Sixime dition.

    Histoire des Dogmes: I. La thologie antnicenne, parM. J. Tixeront, doyen de la Facult catholique dethologie de Lyon. Troisime dition.

    Anciennes littratures chrtiennes : L La littra-ture grecque, par M* Pierre Batiffol, recteur del'Institut catholique de Toulouse. Quatrime dition.

    Anciennes littratures chrtiennes : IL La littra-ture syriaque, par M. R. Du val, professeur au Collgede France. Troisime dition.

    / L'Afrique chrtienne, par Dom H. Leclercq, bn-dictin de Farnborough. Deux volumes. Deuximedition.

    y L'Espagne chrtienne, par Dom H. Leclercq.Le Christianisme dans l'Empire perse, par M. J.

    y Labourt, docteur en thologie et docteur es lettres.Ouvrage couronn par V Acadmie des Inscriptionset Belles-Lettres.

    L'glise byzantine de 527 847, par le R. P. J. Par-goire, des Augustins de l'Assomption. Deuxime di-tion.

    L'glise et l'Orient au Moyen Age : Les Croisa-des, par M. Louis Brhier, professeur d'histoire l'Universit de Clermont-Ferrand.

    Le grand schisme d'Occident, par M. Salembier,professeur la Facult de thologie de Lille. Troi-sime dition.

    L'glise romaine et les Origines de la Renais-sance, par M. Jean Guiraud, professeur la Facultdes lettres de l'Universit de Besanon. Ouvrage cou-ronn par VAcadmie franaise. Troisime dition.

    Chaque volume in-12. Prix : 3 fr. 50.

    Tl'OGRAPIIlE FIRMIN-DIDOT ET Cie . MESNIL (EURE)

  • AVANT-PROPOSDE LA PREMIRE DITION

    La littrature syriaque avait sa place marquedans la Bibliothque de renseignement de l'His-toire ecclsiastique y car elle constitue une des

    principales sources de l'histoire de l'Eglise orien-

    tale. Le livre qui lui est consacr, a t divis en

    deux parties : dans la premire, on s'est propos dedonner une vue d'ensemble des uvres littraires

    qui nous sont parvenues des Syriens; la seconde

    renferme de brves notices sur les auteurs syria-ques, classes suivant l'ordre chronologique, d'a-

    prs le modle de l'article de W. Wright sur lalittrature syriaque dans le XXII e volume de YEn-cyclopedia britannica 1 . Les textes dits jusqu'ce jour forment une bibliothque de plus de deuxcents volumes, dont la majeure partie a paru pen-dant ce sicle. Nous croyons avoir mentionn tous

    1. Une dition part de cet article a t faite aprs la mortde l'auteur : A short History of syriac Literature by the laieWilliam Wright, Londres, 1894. C'est cette dition que nousavons cite dans les notes de ce livre sous le titre de Wright,Syr. lit., 2e d.

  • x AVANT-PROPOS.

    ceux qui prsentent quelque intrt littraire, maisnous avons laiss de ct les publications faites

    dans un but pratique, telles que liturgies, rituels etbrviaires.

    La littrature syriaque n'est rellement entredans le domaine des tudes orientales que depuis leXIX sicle, quoique, ds le commencement duXVIIIe

    ,Joseph Simon Assmani en ait rvl l'im-

    portance en crivant sa clbre Bibliotheca orien-

    talis. Cette uvre capitale demeura sans rivale;elle suffisait aux besoins du temps. Autrefois l'-tude du syriaque

    ,

    qui avait principalement en vue

    l'exgse biblique, n'tait pas pousse trs loin.La version syriaque de l'Ancien et du NouveauTestament, dite La Peschitto

    ,avait t dite

    dans les Polyglottes; en 1669, Edmond Castellavait rdig son Lexicon heptaglotton pour la Po-lyglotte de Londres. C'est sur ce fonds, grossi de

    quelques autres publications analogues,

    que l'on

    vivait; il fournissait la matire des livres d'ensei-gnement : grammaires, chrestomathies et lexiques.Quand la Bibliotheca orientalis d'Assmani eutparu, on lui emprunta quelques textes, mis laporte des lves; le Chronicoii syriacum deBarhebraeus, dit par BruBS et Kirsch, Leipzig

    en 1789, procura ensuite quelques nouvelles contri-

    butions aux chrestomathies.

    Si l'on excepte Renaudot qui , dans sa collection

    des liturgies orientales, traduisit les liturgies

  • AVANT-PROPOS. xi

    syriaques, il faut reconnatre que c'est aux Maro-

    nites et notamment la famille des Assmani querevient l'honneur d'avoir initi les savants de l'Eu-

    rope aux richesses littraires renfermes dans lesmanuscrits syriaques. Ces manuscrits n'taient pas

    encore trs nombreux dans nos bibliothques.J.-S. Assmani avait dot la Bibliothque du Vati-can d'une belle collection, qu'il tira en partie ducouvent de Notre-Dame des Syriens, situ dans ledsert de Nitrie (ou Sct) en Egypte ; c'est dans

    cette collection qu'il prit les matriaux de sa Biblio-theca orientalis. Le catalogue des ms. orientaux

    du Vatican, qu'il rdigea avec l'aide d'EtienneEvode Assmani, permettait d'autres Orientalistesde continuer et d'amliorer son uvre , mais la Bi-bliothque Vaticane tait alors peu accessible auxtrangers. Les autres bibliothques de l'Europe,moins riches , n'avaient pas encore publi leurscatalogues, l'exception de la Laurentienne deFlorence, dont Evode Assmani avait dcrit lesms. orientaux, parmi lesquels figurent quelquesms. syriaques.

    De nos jours, les Syrologue^ sont mieux parta-gs; le fonds syriaque des principales bibliothquess'est largement accru , surtout celui du Muse bri-tannique qui a acquis l'importante collection ducouvent de Notre-Dame des Syriens, que J. Ass-mani avait seulement entame. Des cataloguesdescriptifs et analytiques , rdigs par des biblio-

  • xn AVANT-PROPOS.

    thcaires comptents, sont maintenant la disposi-tion de tous les travailleurs. D'un autre ct, les

    relations que les savants de l'Europe ont nouesavec le monde oriental, permettent d'utiliser lestrsors littraires qui sont rests en Orient.

    Grce ces heureuses circonstances, il s'est pro-duit pendant notre sicle une renaissance des tu-

    des syriaques qui ont, dans une grande mesure,particip au nouvel essor imprim l'orientalismeet l'histoire ecclsiastique. De rcents travauxont mis nu les lacunes et les imperfections dugrand travail de J. Assmani; nanmoins la Biblio-theca orientalis demeure toujours une source abon-dante d'informations. La fivre de l'indit qui s'estempare de la jeune gnration des Orientalistesne parat pas, heureusement, prs de se calmer.

    Ce livre a t crit pour le public savant autantque pour les Orientalistes ; nous avons donc jug propos d'adopter, pour la transcription des noms

    propres syriaques, la forme la plus simple et la plus

    rpandue , alors mme qu'elle ne rendrait pas exac-tement la prononciation orientale. Dans ce dessein,

    nous avons nglig les signes conventionnels

    dont on marque les lettres syriaques qui n'ont pasleur quivalent dans notre alphabet, et nous avonssupprim toute distinction entre la prononciationdes Syriens occidentaux et celle des Syriens orien-

    taux, nous en tenant la premire que les Maronites

    ont popularise chez nous. Nous crivons Barde-

  • AVANT-PROPOS. xm

    %ane> phrem, Narss, selon l'orthographe vul-gaire; Barhebrseus avec la forme latinise de cenom ; bedjsu selon la prononciation des Maro-nites (et non Abdischo ou Audischo, qui reprodui-rait mieux la prononciation nestorienne), etc.Une carte gographique, jointe au volume, donne

    un aperu du domaine littraire des Syriens et ai-dera le lecteur s'orienter dans les diverses con-tres qui sont mentionnes dans l'ouvrage.

    Paris, janvier 1899.

  • AVANT-PROPOSDE LA SECONDE DITION

    La seconde dition de La littrature syriaquediffre peu de la premire dition qu'elle suit de si

    prs. Cependant les publications parues en 1898 et1899 et que nous n'avions pu encore utiliser, ont

    fourni une contribution importante. D'un autre

    ct, on a fait les corrections ncessaires et rpar

    les omissions grce aux bienveillantes communica-tions de MM. Nestl, Lamy, Franz Gumont, Bed-jan, Guidi et Chabot, auxquels nous adressons nosvifs remerciements.

    Afin que les acqureurs de la premire ditionpuissent profiter de ces amliorations, nous avons

    runi les nouvelles additions dans un appendice,dont un tirage part est mis la disposition despremiers lecteurs de La littrature syriaque. Cetappendice est suivi de la liste des corrections faites

    dans le corps du livre.Quelques critiques ont exprim le regret qu'un

    livre crit en vue de l'enseignement ecclsiastique

  • xvi AVANT-PKOPOS.

    ne comprt pas un chapitre sur la liturgie si bien

    reprsente chez les Syriens 1 . Nous avouons notreincomptence pour crire ce chapitre. De plus, lesujet est, semble-t-il, trop vaste pour tre ren-ferm dans quelques pages, il devrait tre traitdans un volume spcial de la Bibliothque de ren-seignement de l'Histoire ecclsiastique 2 .

    Paris, novembre 1899.

    1. M. Tixeront, L'Universit catholique de Lyon, aot 1899,p. 633; M. Chabot, Revue critique, 16 octobre 1899, p. 298.

    2. Les personnes que le sujet intresse pourront consulter :Bickell, Conspectus rei Syrorum litterariae, Munster, 1871, Vil,De liturgiis Syrorum, p. 59 et suiv., et les ouvrages cits dansce livre. Eberhard Nestl, Syrische Grammatik mit Litteratur,Chrestomathie und Glossar, Berlin, 1888, Litteratura, III, Libriecclesiastici (liturgici, Rituales), 31-34. P. Bedjn

    ,Breviarium

    chaldaicum (en syriaque), I-III, Paris, 1886-1887. LiturgiaS. Apostolorum Addaei et Maris, cui accedunt duae aliae inquibusdam festis et feriis dicendae, necnon Ordo baptismi (en sy-riaque), Ourmia, Mission de l'Archevque de Canterbury, 1890. Brviaire Vusage du clerg maronite, 2e d., Beirouth, 1893(en syriaque) Arthur John Maclean, East Syrian Daily Officestranslated from the syriac with introduction , notes and indices...Londres, 1894. F. E.Brightmann, Eastern and western liturgies,Oxford, 1896, t. \,Easiern liturgies Ephraem n Rahmani, Testa-mentum Domini Nostri Jesu Christi, Mayence, 1899, Disserta-tio III, De liturgia Missae, p. 169.

  • AVANT-PROPOS

    DE LA TROISIME DITION

    Pendant les quelques annes qui se sont coulesdepuis la seconde dition de ce livre, il a paru de

    nombreuses publications concernant la littraturesyriaque et l'histoire de l'Eglise orientale, nous

    nous flicitons que le rapide puisement de laseconde dition ait rendu ncessaire une troisimedition pour laquelle nous avons tenu compte de

    ces publications : des chapitres ont t refaits en

    totalit ou en partie; tous ont subi de notables mo-

    difications. Nous avons dvelopp YIndex alpha-btique qui ne comprenait que le nom des auteurssyriaques, en y ajoutant les noms des auteurs tran-gers cits ou traduits en syriaque.

    Nous remercions les savants qui nous ont aid parles renseignements qu'ils nous ont fournis, et enparticulier M. l'abb Chabot qui a relu et annot lespreuves.

    Paris, mai 1906.

  • PREMIRE PARTIELA LITTRATURE SYRIAQUE ET SES DIFFRENTS

    GENRES

    LITTliliATURE SYWAQCE.

  • LES ORIGINES DE LA LITTERATURE SYRIAQUE.

    La littrature syriaque s'est forme et dveloppedans la Msopotamie sous l'influence du christia-nisme auquel elle doit le caractre religieux qui ladistingue. Elle est avant tout une littrature ec-

    clsiastique, les uvres qu'elle nous a laisses ayant

    pour auteurs, presque sans exception, des membres duclerg ou des thologiens. Les docteurs mmes qui seconsacrrent l'tude de la philosophie grecque,comme les matres de l'cole d'desse, auV e sicle, ouaux sciences naturelles et mdicales, comme Sergius deReschaina, au sicle suivant, et les clbres mdecinssyriens de Bagdad, au temps des califes Abbasides,tous taient verss dans la thologie. Les sciences, en *effet, taient rsumes en Orient dans le mot philoso- ]phie, et la premire et la plus importante des branchesde la philosophie, c'tait la connaissance de Dieu et^des dogmes de la religion. Cette direction des tudestenait l'esprit religieux des Smites, aussi profon-dment enracin chez les Syriens que chez les Isra-lites et les Arabes. L'activit intellectuelle des Juifstait surtout concentre dans l'tude de la Thora,c'est--dire de la loi religieuse, et l'enseignement sedonnait chez les Musulmans dans les madrass d-

  • l LES ORIGINES

    pendant des mosques et diriges par des oulma(docteurs de la loi) : de mme les chrtiens syriensallaient tudier dans les coles rattaches aux cou-vents.

    La Msopotamie paenne ne compte pas parmi lesnations doues d'un gnie littraire. On comprend queles uvres qu'elle aurait produites aient sombr avecle paganisme, l'exception de quelques inscriptionsconserves par la pierre. Mais, s'il y avait eu une vraieculture nationale, la tradition s'en serait conserve ouelle aurait laiss son empreinte sur l'poque chrtienne.11 n'en est rien : la littrature syriaque est sortie toutentire du grand mouvement religieux qui se produisiten Orient vers notre re et qui entrana la Msopotamieavec une rapidit surprenante. Cette contre ne tardapas devenir un des principaux centres des luttes re.rligieuses et prendre une place importante dans l'his-toire de l'glise. Elle sera avec Bardesane le dernierrempart du gnosticisme, puis les Syriens de l'empireperse accueilleront le nestorianisme vaincu en Occident,pendant que les Syriens de l'empire romain se dcla-reront partisans de l'hrsie monophysite et formerontla secte jacobite.Nous avons dit que la Msopotamie avait t le ber-

    ceau de la littrature syriaque. Les Syriens taient, ilest vrai, rpandus sur une vaste tendue de territoire.La Syrie proprement dite, ou Syrie cis-euphratique, laMsopotamie, la Babylonie, les provinces orientales,telles que l'Adiabne, la Garame, la Susiane, taienten grande partie habites par des Aramensqui, aprsl'vanglisation de ces contres, prirent le titre de Sy-riens 1 . Mais la Syrie, aprs l'occupation des Sleuci-

    i. Le mot aramen devint dans la littrature juive le synonyme depaen quand les Juifs, transports en Babylonie, se trouvrent entours

  • DE LA LITTRATURE SYRIAQUE. 5

    des, s'tait promptement hellnise. L'idiome vulgairetait le syriaque, mais on crivait en grec. L'usage dugrec tait gnral et se maintint longtemps aprs laconqute romaine *. Le syriaque msopotamien ne de-vint la langue littraire et ecclsiastique de la Syriequ'aprs l'tablissement dfinitif du schisme monophy-site dans cette contre. Auparavant, les offices taientclbrs en grec et les saintes Ecritures taient vrai-semblablement expliques oralement dans le dialectepopulaire, qui se distinguait sensiblement del'aramenparl dans la Msopotamie et la Babylonie 2 .

    Les origines de la littrature, syriaque sont troite-ment lies l'vanglisation de la Msopotamie qui,suivant une tradition constante, dbuta Edesse.

    L'heureuse influence du christianisme ne tarda pas se faire sentir en Msopotamie. Des relations suiviess'tablirent entre Edesse et l'glise de Jrusalem d'a-bord, et l'glise d'ntioche ensuite ; elles crrent unmouvement intellectuel qui ft d'desse un grandcentre des tudes religieuses et scientifiques, et de l'a-ramen msopotamien la langue littraire, qu'adop-teront un jour tous les Syriens, depuis les bords de laMditerrane jusqu' l'Adiabne, et depuis le Taurusjusqu'au golfe Persique.

    Cette langue littraire apparat dfinitivement cons-

    ole populations aramennes adonnes au culte des astres. Les Aramenschrtiens acceptrent le mot grec vqol pour se distinguer des Ara- imens demeurs paens.

    \. Barhed.eus, Chron. syr., d. Bruns, Leipzig, 1780, p. 120, d.BEDJAN,Paris, 180, p. H5, nous apprend que le grec resta la langue littrairejusqu'au VIII e sicle de notrere, notamment Damas o le calife Wa-lid l'interdit pour la rdaction des actes officiels et y substitua l'arabe.

    2. Sur ces diffrents dialectes voir Bariiebr^eus, uv. gravant., d.Martin, II, p. 5, et Histoire des dynasties, d. Pocock, Oxford, 1G63, p. dG;d. Salhani, Beyrouth, 4890, p. 18. Le syriaque occidental, trs corrompu,est encore parl aujourd'hui dans deux villages des environs deDamas.

    sf

  • 6 LES ORIGINES DE LA LITTERATURE SYRIAQUE.

    titue dans les anciennes versions syriaques de FAn-rcien et du Nouveau Testament; elle se maintint intactependant le cours des sicles et elle demeura la langue!,savante lorsque, aprs la conqute musulmane, l'arabe

    f

    fut devenu la langue vulgaire des Syriens.On a cru pouvoir remonter plus haut : on a rattach

    j

    les origines de la littrature syriaque la civilisationj

    chaldenne, mais sur cette question on n'a formul que jde vagues hypothses.

  • II

    CARACTERES GENERAUX DE LA LITTERATURE SYRIAQUE.LA POSIE.

    1. Caractres de la littrature syriaque.

    La littrature syriaque n'est pas la cration gnialed'une nation qui se dveloppe progressivement et pos-sde une tradition suivie. Nous l'avons dit, rien ne re-lie cette littrature un pass indigne. Elle germa

    .

    comme un rejeton de la littrature sacre de la Pales-tine sur lequel se greffrent les rameaux de la culturegrecque. Aussi bien, les monuments qu'elle nous a lais-ss n'ont pas le caractre original des uvres desgrands crivains qui refltent le gnie propre de leurpeuple.

    L'intrt de cette littrature est surtout historique.)Les chroniques renferment des documents de premier'ordre pour l'histoire de l'Asie antrieure sous les Ro-

    j

    mains, les Perses, les Arabes, les Mongols et lesTurcs. Mais ce sont les historiens ecclsiastiques quirevendiqueront la plus grande part de cette littrature.La Syrie ne resta indiffrente aucune des luttes quitroublrent le monde chrtien : les hrsies et les'schismes y trouvrent un terrain fertile, facile ex-

    '

    ploiter, et jusqu'au VIP sicle, les dissensions, les po-

  • s CARACTRES

    lmiques et les controverses religieuses agitrent les

    esprits des Syriens dans l'empire romain et dans l'em-

    pire perse.

    Par leur anciennet, les versions bibliques se recom-

    mandent l'exgte, La Peschitto apporte un contrle/

    utile la critique du texte hbreu, comme l'Hexaplaire'

    syriaque celle des Septante. Les versions du Nou-

    veau Testament, y compris l'Hraclenne, sont con-

    sultes avec fruit, ainsi que les commentaires que les

    Pres de l'glise syrienne ont faits des saintes Ecri-

    tures.

    La littrature apocryphe de la Jude eut son cho en

    Syrie, o l'imagination s'exera sur les Patriarches

    bibliques, sur la vie de Notre-Seigneur, sur la Vierge

    et les Aptres. Il s'y forma des lgendes qui furent ac-

    ceptes en Occident mme.L'hagiographie occupe dans la littrature syriaque

    une place aussi grande que dans les autres littratures

    chrtiennes. Les Actes des martyrs rdigs par les

    Syriens occidentaux diffrent, par leur caractre, de

    ceux qui ont t crits par les Syriens orientaux. Ces

    derniers renferment des donnes historiques et go-

    I graphiques qui servent clairer des points obscurs

    de l'histoire des temps anciens.

    Nous ne nous appesantirons pas sur ces sujets qui

    trouveront leurs dveloppements dans le cours de ce

    livre, mais nous ferons ressortir ici la valeur des tra-

    ductions des livres grecs, qui forment une des bran-

    ches importantes de la littrature syriaque.

    La Msopotamie paenne tait reste ferme aux let-^

    trs grecques. La ncessit de connatre les uvres

    des Pres de l'glise grecque et de l'glise hellni-

    sante d'Antioche se fit sentir dans la Msopotamie

    chrtienne ds le commencement du V e sicle. A cette

  • DE LA LITTERATURE SYRIAQUE. 9

    poque, l'enseignement du grec faisait partie du pro-gramme de la clbre cole d'Edesse, qui publie suc-cessivement des traductions des commentaires deThodore de Mopsueste, des traits de saint Cyrilled'Alexandrie, de la logique d'Aristote et d'autres livresde YOrganon. De l, l'tude du grec se rpand danstoute la Msopotamie et se continue pendant les siclessuivants. Sous les Abbasides, apparat Bagdad unerenaissance scientifique cre parles illustres mdecinsque les califes entretiennent leur cour. Des coles

    diriges par des matres en renom revisent et rditentles anciennes traductions d'Aristote et de Galien, etpublient en syriaque les uvres de Dioscoride et de Pauld'gine. Ce sont encore les Grecs qui initient les Sy-riens la connaissance de la grammaire et de la lexico-graphie. La langue syriaque porte la marque visible decette culture. Aprs avoir t les disciples des Grecs,les Syriens deviendront les matres des Arabes et leurtransmettront les livres grecs. Il n'est gure de version iarabe d'une uvre grecque qui ne suppose un interm- \diaire syriaque. Par un curieux retour des choses, la |philosophie grecque reviendra d'Orient en Europe parles livres arabes qui firent autorit chez nous au moyenge.Nous devons encore aux Syriens orientaux des ver-

    sions syriaques de livres pehlwis : le livre de Kalilaet Dimna, le Roman d'Alexandre le Grand, et pro-bablement le livre de Sindbn ou des Sept sages.Ces traductions nous ont conserv un certain nom-

    bre d'uvres dont les originaux sont perdus, soit entotalit, soit en partie. Certaines versions d'critsgrecs valent par leur ge un bon manuscrit et mritent'd'tre consultes pour une dition critique.

  • lo LA POSIE SYRIAQUE.

    2. La posie.

    Si Ton veut toucher du doigt la note personnelle de

    l'esprit littraire des Syriens, c'est dans leur posie

    qu'il faut la chercher. On ne s'attendra pas trouver

    dans leurs productions potiques les hautes envoles

    du lyrisme, ni le charme naf et captivant de l'pope

    hroque, mais le caractre particulier de cette posie

    en fait un vnement littraire qui vaut la peine qu'on

    s'y arrte et qu'on suive son histoire dans le cours des

    sicles 4 .

    La posie syriaque, purement ecclsiastique, est ne

    et s'est dveloppe dans le clerg pour lequel elle fut

    l'instrument le plus apte rpandre dans le peuple

    l'instruction religieuse et donner aux offices du culte

    I toute la solennit qu'ils comportent. Ici encore nulle

    trace d'une tradition qui relie la posie chrtienne aux

    chants populaires des temps paens. C'est du ct de1

    l'ancienne posie hbraque qu'on pourrait chercher

    quelques analogies : les vers syriaques groups deux

    par deux forment une phrase mtrique, un difice

    (jL^), comme disent les Syriens, rpondant assez bien

    au paralllisme des versets hbreux. Il ne fait pas de

    doute, d'autre part, que l'usage des strophes acrosti-

    ches, qui suivent l'ordre alphabtique, se soit introduit

    dans la posie syriaque par imitation de certains

    Psaumes et des Lamentations de Jrmie qui prsen-

    tent cet arrangement strophique2

    .

    1. Ce que nous disons plus loin de la posie syriaque a fait l'objet

    d'une lecture l'Assemble de la Socit asiatique du mois de juin 1897,

    et a t imprim dans le Journal asiatique, n de juillet-aot 1897.o Les homlies mtriques de Narss (V e s.) prsentent de nombreux

    exemples de rponse, c'est--dire de la reprise, au commencement

    d'une strophe, d'un mot ou d'une pense de la strophe prcdente. Ce

  • LA POESIE SYRIAQUE. 11

    Cependant le principe fondamental de la mtriquesyriaque, le nombre dtermin des syllabes du vers,n'existe pas en hbreu. Ce serait faire fausse route qued'en chercher l'origine dans l'ancienne posie grecqueet latine. Les Syriens ne distinguaient pas dans lesvers les voyelles longues des brves, et rien ne trahitchez eux la connaissance de la posie occidentale l'aurore de leur poque littraire. La langue syriaque,mousse par l'usure, ne maintient que trs rarementla voyelle brve dans une syllabe ouverte

    ;par suite,

    les mots se dcomposent en syllabes bien tranches quiont la mme valeur prosodique. 11 tait donc naturelqu'une phrase rythme comprt un nombre dterminde syllabes. C'est le phnomne qui s'est produit ga-lement pour le vers franais, dans lequel il n'est pastenu compte de la dure d'mission des voyelles.On serait plutt tent d'admettre une certaine pa- v

    rente entre l'hymnologie syriaque et l'hymnologiebyzantine, mais les nombreuses controverses que cettequestion a suscites n'ont pas abouti une solution d-finitive et nous croyons devoir les passer sous silence. '

    C'est au clbre Bardesane d'Edesse, qui vivait lafin du II sicle de notre re, que revient, dit-on, l'hon-neur de la cration de la posie syriaque. Dans une deses hymnes contre les hrtiques \ saint phrem ditde Bardesane :

    Il cra les hymnes et y associa des airs musicaux.Il composa des cantiques et y introduisit les mtres.En mesures et en poids, il divisa les mots 2 .

    phnomne potique a t signal pour l'hbreu par M. D. H. Millierdans les livres des Prophtes, les Psaumes et diverses posies bibli-ques. Il y a encore l une analogie frappante entre la posie hbraqueet la posie syriaque.

    1. S. Ephrmi syri opra syriace et latine, d. Stepii. vod. Ass-MANI, Rome, 1737-1743, II, p. 554.2. C'est--dire il divisa les vers en mesures rvthmes et accentues.

  • 12 LA POSIE SYRIAQUE.

    Il offrit aux gens sains le poison amer dissimule par la douceur.malades n'eurent point Le choix d'un remde salutaire.

    Il voulut imiter David et se parer de sa beaut.Ambitionnant les mmes loges, il composa comme luiCent cinquante cantiques.

    Selon saint Ephrem, Bardesane avait crit ces hyih-lns pour graver dans l'esprit du peuple ses enseigne-'ments religieux. Son invention eut, parat-il, un grandsuccs, et son fils Harmonius, rapportent les crivainsecclsiastiques, excella tellement dans cet art qu'il sur-passa mme son pre. Malheureusement, il ne nous estrien rest de ces posies, si Ton excepte quelques vers

    j de Bardesane cits par saint Ephrem. Les crits desjgnostiques ont dfinitivement pri avec les thories

    I qu'ils exposaient.Mais, si l'uvre disparut, le moule qui l'avait faon-

    . ne subsista. Un sicle et demi plus tard, saint Ephremf empruntait Bardesane son armure potique pourcombattre les doctrines errones, et c'est sous la formed'hymnes et d'homlies mtriques que l'illustre Prede l'glise syrienne rfuta les hrtiques et popularisa

    1 les doctrines orthodoxes.La fcondit littraire de saint Ephrem tient du pro-

    dige. Ses nombreuses uvres potiques ont t reli-gieusement conserves et sont aujourd'hui publies. Ilest vrai que l'auteur, si l'on pouvait voquer son t-moignage, en renierait un certain nombre. On a missous l'autorit de son nom des compositions de soncole, notamment d'isaac le Docteur, et mme de nes-toriens, tels que Narss.Ephrem fut dans cet art le grand matre que les

    crivains de l'poque classique imitrent et rarementdpassrent. On lui a reproch son manque de chaleuret sa prolixit. Le genre didactique et parntique se

  • LA POSIE SYRIAQUE. 13

    prle peu au lyrisme. Il ne faut pas non plus perdre devue le caractre spcial de l'hymne sacre, qui taitchante par deux churs pendant les offices ; or, dansce genre de posies, la phrase est subordonne auchant qui lui donne son relief.Quant la prolixit de saint phrem, que nous trou-

    vons parfois fastidieuse, on ne peut la condamner sanstenir compte du got des Syriens qui aimaient les r-ptitions et les dveloppements de la mme pense, etvoyaient des qualits l o nous trouvons des dfauts.Ces dfauts, nous les rencontrons les mmes non seu-lement chez les potes les plus estims, Isaac d'An-tioche, Narss, Jacques de Saroug, mais aussi chez lesprosateurs de la meilleure poque, Aphraate et Phi-loxne de Mabboug.La posie syriaque se divise en deux groupes princi-

    j

    paux : les homlies mtriques et les hymnes.Les homlies ou discours potiques (iL^o* Ip4&) ap-

    partiennent au genre narratif et pique ; elles suiventune marche rgulire et se composent de vers du mmemtre. Saint Ephrem fit usage, dans ses homlies, duvers de sept syllabes qui, le plus souvent, se divise endeux mesures rythmiques de trois et quatre syllabes.Aprs lui, d'autres mtres furent aussi employs pource genre potique. Mar Balai composa des homlies envers de cinq syllabes, comprenant deux mesures dedeux et trois syllabes. Narss, dit-on, prfrait le m-tre de six syllabes ; mais cette assertion ne s'est pasvrifie jusqu' ce jour; on ne connat de cet auteur quedes posies en vers de sept syllabes et en vers de douzesyllabes. C'est galement le vers de douze syllabes,divis en trois mesures de quatre syllabes chacune >qu'employa Jacques de Saroug dans ses nombreuseshomlies.

  • 1 I LA POSIE SYRIAQUE.

    Les homlies taient le plus souvent crites en vuedes ftes de l'Eglise et des commmoraisons des sainlset des martyrs, pendant les offices desquels ellestaient rcites. Parfois aussi elles taient destines l'dification des iidles et servaient de lectures pieuses.Dans ce cas elles pouvaient avoir l'tendue d'un longpome. Nous possdons d'Isaac d'Antioche une hom-lie sur la pnitence de 1928 vers et une autre de 2136vers sur un perroquet qui chantait Antioche l'hymnedu Trisagion. Jacques de Saroug est l'auteur d'une ho-mlie de 1400 vers sur le char qui apparut Ezchiel,d'une autre de 730 vers sur les lgendes d'Alexandre leGrand. Si le pome tait trop long pour tre lu d'uneseule haleine, on le divisait en plusieurs homlies.Ainsi le pome sur Joseph fils de Jacob, attribu saint phrem, comprend douze homlies ou chants.Les hymnes forment le second groupe de la posie

    syriaque. Je retiens le mot hymne qui est consacr parl'usage. Mais les Syriens ne connaissaient pas ceterme ; ils appelaient ces posies des instructions (Uv**)).C'tait, en effet, nous l'avons rappel, par des hymnesque Bardesane rpandait dans le peuple ses doctrines,et saint phrem suivit son exemple consacr par lesuccs. Si Bardesane composa cent cinquante hymnes,les uvres de saint Ephrem comprennent plus dudouble de ces posies. Les unes sont diriges contreles hrtiques et les sceptiques ; d'autres sont par-ntiques; d'autres encore taient destines aux ftesde l'glise et des saints et taient chantes la suitedes homlies.

    Lorsque saint phrem, rapporte son biographe,vit le got des habitants d'desse pour les chants, ilinstituala contre-partie desjeux et des danses des jeunesgens. 11 tablit des churs de religieuses auxquelles il^

  • sLA POESIE SYRIAQUE. 15

    fit apprendre des hymnes divises en strophes avec desrefrains. Il mit dans ces hymnes des penses dlicateset des instructions spirituelles sur la Nativit, sur lebaptme, le jene et les actes du Christ, sur la Passion,la Rsurrection et l'Ascension, ainsi que sur les con-fesseurs, la pnitence et les dfunts. Les vierges serunissaient le dimanche, aux grandes ftes et auxcommmoraisons des martyrs : et lui, comme un pre,se tenait au milieu d'elles, les accompagnant de laharpe. Il les divisa en churs pour les chants alter-nants et leur enseigna les diffrents airs musicaux ; desorte que toute la ville se runit autour de lui et que lesadversaires furent couverts de honte et disparurent.

    Une lgende, recueillie par l'historien Socrate (VI, 8)et suivie par Salomon de Bassora {Le livre de l'abeille,130, trad. 115) et par Barhebrus [Chron. eccl., I, 41),attribue l'institution de l'antiphone, en Syrie, saintIgnace d'Antioche, qui en aurait reu l'inspirationdans une vision. Les anges lui taient apparus cl-brant les louanges de la Trinit dans des hymnesqu'ils chantaient alternativement 1 .A la diffrence des homlies, les hymnes repr

    sentent le genre lyrique ; elles renfermaient toutes lesvarits dont ce genre est susceptible, depuis le versde quatre syllabes jusqu' celui de dix syllabes, etcomprenaient un nombre variable de strophes de diff-rente longueur. Les strophes les plus longues taientchantes par le premier chur; les strophes les pluscourtes formaient le refrain et la partie du second chur.Le refrain se composait d'une doxologie ou d'une

    prire ; il revenait sans changement aprs chaque stro-

    4. L'institution des churs en Babylonie et dans la Msopotamie orien-tale est due Simon bar Sabb, mort en 341, suivant Baiuiebr&us,Chron. eccl., II, 33.

  • h; LA POSIE SYRIAQUE.

    phe principale, ou il variait dans ses expressions. Jl

    tait chant sur le mme air que les autres strophes deriivmne.

    - Les airs musicaux taient indiqus par des rubriques.

    i Ces rubriques donnaient les premiers motsde l'hymne

    dont le chant connu servait de modle; par exemple,

    la rubrique Sur l'air de Ce jour indiquait le chant

    de l'hymne sur la Nativit de Notre-Seigneur, qui com-

    menait par Ce jour. C'est d'une manire analogue

    que les airs sont nots dans nos recueils de cantiques

    ou de chansons populaires.

    Les airs variaient suivant les diverses espces d'hym-

    nes, dont les strophes taient formes de mtres pa-

    reils, ou de mtres dvingale longueur. M. Lamy, qui a

    consacr une tude aux posies de saint Ephrem, a re-

    connu soixante-quinze varits d'hymnes chez cet au-

    teur 1 .

    Saint phrem nous a laiss un certainnombre d hym-nes acrostiches dans lesquelles les strophes sont dispo-

    Ses suivant Tordre alphabtique, l'instar deplusieurs

    posies hbraques de la Bible. Avant lui, Aphraate

    avait dj fait usage de ce procd de numrotage;

    chacune de ses homlies en prose commence par une

    lettre de l'alphabet, qui en dtermine la place. Des

    acrostiches de mots sont plus rares. Saint Ephrem a

    sign quelques-unes de ses compositions au moyen

    de l'acrostiche form des lettres de son nom.

    # * Une varit de l'hymne tait le cantique, sougth

    (j&j^u*), qui contient une prire ou les louanges de la

    Divinit ou d'un saint. On possde des cantiques de

    Narss crits en strophes acrostiches et rattachs

    des homlies, la suite desquelles ils taient chants

    1. S. Ephraem syri Hymni et Sermones, t. IV, p. 486-494, Malines,

    1902.

  • LA POSIE SYRIAQUE. 17

    parles churs pendant les ftes religieuses 1 . Le ca-ractre distinctif de ces cantiques est la forme dialo-gue. Aprs une courte introduction dont l'tenduevarie de cinq dix strophes de quatre vers de septsyllabes, commence un dialogue entre deux person-nages ou groupes de personnes; ainsi, dans le cantiquede la Nativit, le dialogue a lieu entre la sainte Viergeet les rois Mages ; dans le cantique de l'Annonciation,entre l'archange Gabriel et la Vierge Marie. A chaquepersonnage est attribue, tour de rle, une strophe;les strophes sont ranges par ordre alphabtique

    ,

    chaque lettre de l'alphabet a deux strophes, ce quidonne pour la partie dialogue quarante-quatre stro-phes, les lettres de l'alphabet syriaque tant au nom-bre de vingt-deux.Ces cantiques sont des petits drames d'une vive

    allure et empreints d'une certaine grce; ils rappel-lent les drames religieux du moyen ge dans lesquelsles principaux actes de Notre-Seigneur et de la Viergetaient mis en scne. Les Syriens semblent avoir fortgot ce genre. Les cantiques sur la Nativit, surl'Annonciation et sur l'Epiphanie, bien qu'crits parun nestorien, ont t admis dans le brviaire maronitepour l'office de ces ftes, mais dbaptiss et placssous l'autorit de saint phrem 2 .

    Telle est, esquisse grands traits, la posie syria-que de l'poque o florissait la littrature, du IVe auVIII e sicle de notre re.

    i. Sciiau, Ueber die Posie in der Volksprache der Nestorianer, dansles Rapports de l'Acadmie de Berlin, 1896, p. 195-208; Feldmann, Sy-rische Wechsellieder von Na?*ses, Leipzig, 1896; Mingana, Narsai Ho-miliae et carmina, Mossoul, 1905.

    2. M. Mingana, l. c, t. I, p. 21, croit que ces cantiques ne sont pasde Narss quoiqu'ils se trouvent dans le brviaire nestorien la suite*des homlies de Narss.

  • 18 LA POSIE SYRIAQUE.

    La dcadence commence un sicle aprs la conqutearabe, lorsque le syriaque, cessant d'tre parl, n'estplus que la langue littraire. 11 ne semble pas, autantque nous pouvons en juger dans l'tat actuel de nosconnaissances, que la posie arabe ait exerc de l'in-fluence sur la posie syriaque avant le IX sicle '.

    C'est vers cette poque que nous constatons l'usagede la rime introduite dans la posie syriaque par imi-tation de la posie arabe 2

    ,et cet usage ne tarda pas

    se gnraliser 3 . Les anciens Syriens ne connaissaientpas l'art de sparer les vers par la rime. On a relev,il est vrai, quelques traces de rimes dans les posies desaint phrem et d'autres potes de la bonne poque,mais ce sont simplement des assonances qui plaisentaux Orientaux ; ces assonances n'ont pas le caractre dela rime qui marque par une cadence la coupe des vers ''.

    Comme dansla kasida arabe, la rime est quelquefoisla mme pour tous les vers d'une posie 5 . Mais, dans

    1. Le Liber thesauri de arte poetica du P. Cardaiii, Rome, 1875,renferme des posies rimes attribues des auteurs antrieurs cette poque, mais ces attributions sont errones. La posie de la page124, dont l'acrostiche est form par la rime, commune tous les versde la strophe, n'est certainement pas de Jsuyab d'Adiabne. Les datesindiques dans ce recueil, la fin de chaque morceau, pour la mort desauteurs, sont fausses en grande partie. Il n'est pas possible d'accepterla date de 500 pour Jean bar Khaldoun, p. 78; de G0O pour Bouth,p. 76; de 793 pour Isral d'Alkosch, p. )6; de 790 pour Adam d'Akra.p. 102. Bar Khaldoun vivait au X e sicle, cf. Vie du moine Rabban YoussefBousnaya dans la Revue de l'Orient chrtien, 1897 et 1898.

    2. Antoine le Rhteur composa, vers 820, des posies rimes, voir unspcimen dans la Chrestom. syr. de Roediger, 2 e d., Halle, 1868, p. 110,111; voir aussi dais le Liber thesauri les posies : de Saliba al-Man-souri, dont le P. Cardahi place tort la mort en 900, p. 57; d'Elias d'An-bar, vers 922, p. 72; d'bedjsu bar Schahhar, vers 963, p. 136.

    3. Les posies non rimes sont rares partir de cette poque; on entrouve une de Timothe de Karkar (f 1169), qui ne diffre pas des an-ciennes homlies, Liber Thesauri, p. 145.

    4.. Les objections de M. H. Grimme, Zeit. f. Assyrioloyie, XVI, p. 276,ne nous paraissent pas probantes.

    5. Dj au dixime sicle, chez Elias d'Anbar, Liber thesauri, p. 72,et au sicle suivant, chez Elias bar Schinaya, ibid., p. 83; comp. encoredans ce livre pour les sicles postrieurs : Al-Madjidi, p. 160; Ibrahim

  • LA POSIE SYRIAQUE. 19

    la majorit des cas, les vers de la strophe seulementriment entre eux. Les Syriens, d'ailleurs, ne se sontpas astreints aux rgles troites de la prosodie arabe ;ils ont cr un nouvel art qui comporte plusieurs va-rits. Le mtre de douze syllabes, par exemple, qui,comme nous l'avons dit, se divise en trois mesures dequatre syllabes, peut recevoir la rime la fin de cha-que mesure

    ;parfois les deux premires mesures auront

    une rime propre ou rimeront chacune avec la mesurecorrespondante dans les autres vers de la strophe. Ontrouve une varit dans laquelle chaque strophe a sarime propre, except le dernier vers qui reprend,comme un refrain, la rime de la premire strophe ^.Quand les strophes sont acrostiches, et le cas est fr-quent, il arrive que la rime de la strophe est formepar la lettre correspondante de l'alphabet 2 . L'art su-prme consiste dans un double acrostiche, la lettre al-phabtique commenant et terminant le vers 3 .On voit que les Syriens de la dcadence accumul-

    rent les difficults de versification et firent de la posieun jeu de l'esprit o le talent eut une part bien mi-nime. C'est des Syriens de cette priode qu'on peutsurtout dire qu'ils furent des versificateurs et non despotes.Les mtres ordinaires des anciennes homlies, le

    mtre de sept syllabes et celui de douze syllabes de-meurrent en faveur, et peu de nouvelles lignes mtri-

    de Sleucie de Syrie, p. 104; bedjsu, le patriarche chalden, p. 80;Gabriel le Chalden, p. 120; Asko al-Schabdani, p. 168. Voir aussi leParadis de Vden d'bedjsu, publi par le P. Cardahi, Beyrouth, 1889,et Thelife of Rabban Hormizd, par Wallis Budge, Berlin, 1894.

    1. Voir la XIII e homlie du Paradis de Vden d'bedjsu._

    2. Voir dans le Liber thesauri les posies imprimes, p. 124, p. 130,etc.

    3. Voir, outre le Paradis de l'den, la posie d'Isral d'Alkosch dansle Liber thesauri, p. 96, et celle d'ibn Al-Masihi, ibid., p. 105.

  • LA TOKSIK SYRIAQUE.

    ques furent introduites. L'homlie et l'hymne furentconfondues. On transporta aux homlies les propritsdes hymnes, savoir, la coupe rgulire des stropheset l'acrostiche. Rarement cependant on fit usage dansles strophes de mtres diffrents ; on rencontre desstrophes de vers de sept et huit syllabes et des stro-:phes d'un vers de quatre syllabes et de trois vers desept syllabes *.

    Frapps de la richesse de la langue arabe, les Syriensde la basse poque voulurent prouver que le syriaquene le cdait en rien l'idiome de leurs rivaux. Ils re-cherchrent les expressions rares ou artificielles qu'ilsaffectaient de considrer comme des archasmes pro-pres donner du relief aux images potiques. Le lexi-que dans lequel Bar Bahloul avait runi et commentles mots de cette nature, fut une mine prcieuse pourles compositions mtriques des derniers sicles.Le modle du genre est le Paradis de VEden qu'E-

    bedjsu, mtropolitain de Nisibe, composa en 1290.bedjsu prit comme modle le clbre auteur arabeHariri qui, dans cinquante Makmt ou Sances , selivra aux exercices des jeux de l'esprit les plus surpre-nants . Agrmente du sel de l'ironie orientale, reprodui-sant avec un art rare les finesses de la langue vulgaire,l'uvre de Hariri fut fort apprcie non seulement parles Arabes, mais aussi par les Juifs et les Syriens.Un pote juif de la fin du XII e sicle, Juda Harizi, deTolde, fut si charm par la lecture des Makmt,qu'il les traduisit en hbreu et crivit, pour les imiter,le Spher tahkemoni, ouvrage qui, s'il reste bien au-dessous de l'original, ne manque pas d'une certainesaveur littraire.

    i. Voir Liber thesauri, p. 76, 126 et 128. Le Paradis de Vden ren-ferme d'autres varits.

  • LA POSIE SYRIAQUE. 21

    Le Paradis de Vden ne se recommande que par l'ha-bilet de Fauteur dans les tours de force de l'esprit.bedjsu travaillait avec une langue morte et, en pa-reil cas, le talent n'est plus que de l'artifice. En outre,les cinquante homlies mtriques, qu'il crivit l'ins-tar des cinquante Makdmdt, traitent de sujets religieuxqui se prtent peu aux fantaisies de l'imagination. Leplaisir de la difficult vaincue peut rmunrer l'auteurde ses peines, il ne rachte pas la fatigue qu'prouvele lecteur suivre le rcit. Quelques exemples don-neront une ide de ce pastiche. La troisime homlie secompose de lignes mtriques de seize syllabes se lisant volont de droite gauche ou de gauche droite, etformant un double acrostiche. Dans la quatrime ho-mlie tous les mots se terminent par la lettre olaf; lesstrophes doublement acrostiches ont quatre vers desept syllabes. En sens inverse, il n'y a pas un seul olafdans la quinzime homlie, compose galement destrophes doublement acrostiches de quatre vers de septsyllabes ; de plus il y a une rime unique en an 4 . Lasixime homlie est crite en vers de sept syllabes quideviennent des vers de six syllabes si l'on retranchedans chacun d'eux un mot crit en rouge (une cheville,autrement dit), qu'on peut supprimer sans que le senssoit modifi ; c'est une posie acrostiche avec la mmerime pour tous les vers. Dans la vingt-unime homlie,chaque vers contient les vingt-deux lettres de l'al-phabet, ni plus ni moins; ce sont des vers acrostichesde douze syllabes. Aux nombreuses varits prosodi-ques que ses devanciers lui avaient lgues, bedjsuajouta de nouvelles subtilits, imites de Hariri 2 . L'au-

    1. Comp. une posie d'Elias bar Schinaya, galement sans olaf etavec la rime unique an, dans le Liber thesauri, p. 83.

    2. Nous parlons du Paradis de Vden d'aprs l'dition du P. Cardaiii,

  • LA POSIE SYRIAQUE.

    teur, pour faciliter la lecture de ce Paradis, jugea op-portun d'y ajouter un commentaire qu'il crivit en 1316.Nous terminons cette revue de la posie dcadente

    parla mention d'une autre uvre aussi bizarre, mais un titre diffrent. C'est un pome sur Rabban Ilormizd,le fondateur du couvent nestorien d'Alkosch; l'auteur,un moine de ce couvent, du nom de Sergis, ne peut guretre antrieur au XVII e sicle 1 . Ce pome, en versde douze syllabes, est un long acrostiche divis envingt-deux chants suivant les vingt-deux lettres del'alphabet syriaque, non compris le prologue et l'pi-logue. La rime, qui est la mme pour tous les vers d'unchant, est fournie par la lettre alphabtique laquellele chant correspond. Mais c'est moins la forme potiquedu livre que la langue dans laquelle il est crit qui luidonne sa physionomie trange. L'auteur recherched'une faon inoue les mots rares ou inusits, cre desnologismes d'une singulire audace, dtourne les locu-tions de leur sens naturel, et il en arrive composerde vritables rbus dont on n'aurait la clef qu'en feuil-letant les lexiques de Bar Ali et de Bar Bahloul, si uncommentaire marginal n'pargnait ce travail au lecteuren reproduisant les gloses explicatives de ces lexi-ques.

    Beyrouth, 1889, qui ne renferme que les vingt-cinq premires homlies.Assmani a donn une analyse de cet ouvrage, D. 0., III, part. T, 325-332. Le P. Crdahi a imprim dans son Liber thesauri, p. 54, unepartie de la treizime homlie rpondant la onzime Makma deHariri; on y trouve, p. 36, l. 13-18, six vers qui ont t sauts dansl'dition du Paradis de Vden. Le P. Gismondi a publi dix homliesavec une traduction latine, Ebd-Jesu Sobensis carmina selecta, Bey-routh, 1888; dans sa Linguae syriacae grammatica, 2 e d., Beyrouth,1900, p. 159 de la Chrestomathie, il a reproduit la trente-septimehomlie sur la dissolution de l'univers .

    1. Georges d'Alkosch qui, selon le P. Cardahi, mourut en 1700, est l'au-teur d'un pome publi dans le Liber thesauri, p. 131, et dont la fac-ture rappelle beaucoup le genre de Sergis d'Alkosch. Le pome deSergis a t publi par M. Budge, The life of Rabban Ilormizd, Berlin,1894.

  • LA POSIE SYRIAQUE. 23

    Rappelons aussi le petit pome sur la scienceet 1 avertu, publi par M. Salomon Samuel 1

    ,

    que l'auteur asurcharg de mots grecs et d'expressions syriaquesrares ou artificielles. Cet crit, accompagn d'un com-mentaire, appartient aussi la dernire poque de lalittrature. Il est peu probable qu'il soit sorti de laplume de Barhebrseus, auquel l'diteur est port l'attribuer.

    Le ple clat que les lettres syriaques jetrent pen-dant leur dcadence, brilla surtout dans la Msopotamieorientale o les Syriens les moins loigns du sige duGouvernement menaient une existence supportable.C'est aux Nestoriens que nous devons la plupart descompositions qui nous ont permis de jeter un coupd'il sur la posie syriaque de basse poque.

    l. Das Gedicht wxc^l^o^oijJ ^lo/i, Halle, 1893.

  • III

    LES ANCIENNES VERSIONS DE L'ANCIEN

    ET DU NOUVEAU TESTAMENT.

    1. La version de l'Ancien Testamentdite la Peschitto.

    Il ne rentre pas dans notre cadre de parler de l'cri-ture syriaque, et nous laisserons de ct les anciennesmonnaies et les inscriptions lapidaires d'desse, qui foffrent un intrt historique et palographique, mais*n'ont qu'un rapport trs loign avec la littraturechrtienne.Le plus ancien monument de cette littrature est

    sans conteste la version de l'Ancien Testament dsi-gne sous le nom de Peschitto (jL^jlxs), que la traditionfait remonter l'poque de l'tablissement du christia-nisme dans la Msopotamie. L'abb Martin a reproduitdans son Introduction la critique textuelle du N. T.(I, p. 101) un passage de VHexamron de Mose barKpha (-{-913), qui est ainsi conu : Il faut savoir qu'ilexiste dans notre langue syrienne deux versions del'Ancien Testament : l'une, appele la Peschitto, etqui est celle que nous lisons, a t traduite de l'h-breu en syriaque; l'autre, celle des Septante (c'est--dire l'Hexaplaire syriaque), a t traduite sur le grec.

    2

  • 26 LES ANCIENNES VERSIONS

    La Peschitto, qui a t traduite de l'hbreu, a t

    faite au temps d'Abgar, selon ce que dit Mar Jacques

    d'desse. Mar Jacques dit : en effet, que l'aptre Addai

    et le fidle Abgar envoyrent Jrusalem et en Pales-

    tine des hommes qui traduisirent l'Ancien Testamentde l'hbreu en syriaque. La version syriaque des Sep-

    tante a t faite du grec par Paul, vque de Telia de

    Mauzalat. Quoique cette tradition drive directementde la lgende d'Abgar, pour ce qui concerne l'origine

    de la Peschitto, elle ne semble pas cependant dnue

    de tout sens historique. Il est vident que cette ver-

    sion, crite dans la langue msopotamienne , a t

    faite pour les chrtiens de la Msopotamie, les chr-

    J tiens hellnisants de la Syrie proprement dite faisant

    usage des Septante.

    On peut affirmer qu'il existait une communautchrtienne desse vers Tan 150 de notre re. Lapremire mention des communauts chrtiennes del'Osrhone [naoidai) se trouve dans EusbeJ/Z&f.eccl., V, 23), propos des discussions qui surgirent

    la fin du second sicle sur la question pascale.

    Un tmoignage de l'anciennet de la Peschitto sem-

    ble fourni par Mliton, vque de Sardes vers 170.

    qui, dans une scolie sur la Gense, xxn, 13, aurait

    dit au sujet du chevreau substitu Isaac pour le

    sacrifice : xareyo^evoq tcov veQurcov, o 2vqo xal o *E-

    Sao xQudf.ivo yaov. Dans nos textes actuels, le

    syriaque et l'hbreu ne prsentent pas de variante et

    ont, comme les Septante, la leon tenu par les

    cornes, et non pas suspendu par les cornes, KQspd-

    f.isvo, comme l'aurait not Mliton. On en a conclu

    que, par les mots oc

    E8qoIo et o Zvqo, Mliton n'au-

    rait pas dsign le texte hbreu reu et la Peschitto,

    mais quelque version grecque faite, d'une part, par

  • DE L'ANCIEN TESTAMENT. 27

    un juif hellnisant et, d'autre part, par un Syrien 1 .Mais la question se complique d'un autre problme.Les Hexaples d'Origne et les anciennes uvrespatristiques donnent, sous les rubriques o cE6Qaioq yo 2vqo*to 2a{iiaQeLXMdv, des variantes grecques, quitantt concordent soit avec le texte hbreu, soit avecla Peschitto, soit avec le samaritain (texte hbreusamaritain, ou version samaritaine), et tantt s'encartent. On a mis ce sujet beaucoup d'hypothsesinvraisemblables.

    Field, dans l'introduction de son dition des Hexa-ples d'Origne, supposait que d cE6Qcio indiquait uneversion grecque de certains livres bibliques faite par unjuif; o 2voo, une autre version grecque faite en Syrie;enfin to Za

    iuaQLTixdv i une version grecque du Penta-

    teuque hbreu samaritain ou de la version samari-taine. Mais, observe M. l'abb Loisy 2

    ,il est bien

    douteux que toutes ces versions aient exist. Pourquoidonner le nom d'hbreu ou de syriaque des versionsqui se seraient trouves absolument dans les mmesconditions que les autres versions grecques ? Les va-riantes de YHbreu n'auraient-elles pas t emprun-tes quelque targoum, celles du Syriaque la Pe-schitto, celles du Samaritain aux livres samaritains?Ces variantes ne pouvaient tre donnes qu'en grec,mais Origne a pu se les procurer sans avoir la traduc-tion complte des documents o il les a puiss. Certai-nes citations du Syriaque ne s'accordent pas avec letexte traditionnel de la Peschitto ; seulement, comme il

    y en a d'autres qui sont conformes ce texte, pour

    1. Eichhorn, de Wette, Field, et d'autres. Renan, dans son Histoire deslangues smitiques (4e d., Paris, 1853, p. 2G3, note 4), accepte cette thse.

    2, Histoire critique du texte et des versions de la Bible dans la revueVenseignement biblique, janvier-fvrier 1893, p. 3:>.

  • LES ANCIENNES VERSIONS

    carter ride d'un emprunt fait la version syriaque,il faudrait aussi pouvoir dire que la Peschitto n'a past revise aprs le temps d'Origne. Elle Ta t enralit, nous le verrons plus loin, au commencementdu IVe sicle, et la nouvelle recension s'est faite enconformit avec les Septante. Ce fait suffit expliquercomment la glose cite par Mliton sous le titre o 2v-qo peut ne pas se trouver dans le texte syriaque ac-tuel, bien que Mliton ait entendu parler de la Pe-schitto*.

    Un autre argument en faveur de l'anciennet de laPeschitto de l'Ancien Testament se tire des citationsbibliques de la Peschitto du Nouveau Testament. Unnombre important de ces citations, comme il rsulte dutravail de M. Frdric Berg 2

    ,concorde avec le texte de

    la Peschitto de FA. T., et s'carte la fois de l'hbreuet du grec. En raison du grand nombre de ces cas, il estdifficile d'expliquer cette concordance par une revisioniarmonistique postrieure ; il est plus admissible que

    Jla Peschitto de l'A. T. a prcd la Peschitto du N. T.M. Merx 3 a remarqu, et sa remarque semble fonde,que Bardesane, auteur de la fin du II e sicle, connais-sait dj la Peschitto de l'A. T.Nous rappelons ici, titre de curiosit, quelques

    lgendes qui avaient cours chez les auteurs syriaquesrelativement aux origines de la Peschitto. Jsudad,vque de Haditha, rapporte 4 que l'Ancien Testament

    1

    .

    M. Perles, dans ses Meletemata Peschittoniana, Breslau, 1859, p. 49.a, de son ct, tabli que o ^vqo dsigne dans les Hexaples la ver-sion Peschitto. C'est galement l'opinion de Welluausen, Einleitung indas alte Testament de Bleek, 4 e d., Berlin, 1878, p. 604.

    2. The influence of the Septuagint npon the Peschitta Psalter, New-York, 1895, p. 137-150.

    3. Bardesanes von Edessa, Halle, 4863, p. 19.4. Voir Assmam, Bibliotheca orientalis, Rome, 1719-1728, III, part. I,

    42 et suiv.

  • DE L'ANCIEN TESTAMENT. 20

    avait t traduit en syriaque du temps de Salomon, !la demande du roi de Tyr, Hiram, l'exception desChroniques et des Prophtes dont la version fut faiteseulement sous le roi d'desse, Abgar. Selon d'autres {

    ,

    Fauteur de la Peschitto tait le prtre Asa, qui avait t

    envoy pour cet objet Samarie par le roi d'Assyrie.Thodore de Mopsueste 2

    ,au commencement du Ve si-

    cle, ignorait quel tait l'auteur de cette version.Le nom de Peschitto, (c^xs, litt. la (version)

    simple , n'est pas trs ancien; il se lit dans des ms.du IXe et du Xe sicle, mais pas avant. On a donn dece nom plusieurs explications dont nous ne voulons re-tenir qu'une seule, comme tant la plus vraisemblable.Le mot Peschitto a t form par imitation du grec rddnXoi dsignant les ms. qui renferment le texte seul desSeptante, par opposition r a'^anld, titre de la grandedition critique d'Origne qui donnait, ct de latranscription de l'hbreu, les diffrentes versions grec-ques. Par analogie, on aurait nomm l'ancienne ver-sion syriaque la simple pour la distinguer de YHexa-plaire faite sur le texte des Septante dans les Hexaples.Ces deux versions sont, en effet, opposes l'une l'au-tre chez les auteurs syriaques, notamment dans lepassage de Mose bar Kpha que nous avons cit ci-dessus.

    Les critiques reconnaissent tous, et c'est peut-tre leseul point dans ces questions dlicates sur lequel l'ac-cord soit unanime, les critiques reconnaissent que plu-,'sieurs auteurs ont collabor la rdaction de la Pe-schitto de l'A. T. Les exgtes syriaques semblent

    i. Voir Baiierr^us dans la prface de son commentaire intitul Lemagasin des mystres et dans son Histoire des dynasties, d. Pocock,Oxiord, 1G63, p. 400; d. Sauiani, Beyrouth, 4890, p. 100.

    2. Dans son commentaire sur Sophonias, i, 6.2.

  • 30 LES ANCIENNES VERSIONS

    avoir eu aussi ce sentiment; saint phrem et Jacquesd'Edesse, dans leurs commentaires de la Peschitto,disent les interprtes, au pluriel, en parlant des auteursde cette version.

    | Mais, sur la nationalit et la religion de ces traduc-teurs, on cesse de s'entendre. Ilirzel, Kirsch, Gesenius

    Iles tenaient pour des Chrtiens grecs; d'autres, commePerles et Prager, pour des Juifs; Dathe, Nldeke etRenan, pour des Judo-chrtiens. Cette dernire opi-nion est la plus vraisemblable, si l'on prend dans sonbon sens le mot de Judo-chrtiens, c'est--dire dans

    | le sens de Juifs convertis et non dans celui d'Ebionites.I Dans la Msopotamie, en effet, o la Peschitto a tcompose, c'est au milieu 'des communauts juives quele christianisme, semble-t-il, commena se propager.

    jSuivant la Lgende d'Abgar, Addai, l'aptre de l'Os-rhone, est originaire de Panas de Palestine ; il des-cend desse chez le juif Tobie. A sa parole, les Juifsd'Edesse se convertissent avec le mme empressementque les paens. Il est certain, d'un autre ct, que

    la Peschitto procde de l'hbreu et non des Septante.Comme le canon hbreu, la Peschitto primitiven'avait pas les livres deutrocanoniques que renfer-ment les Septante. L'influence des targoums sur laversion syriaque a t constate, d'une manire in-dniable, par M. Perles *, en particulier pour le Penta-

    rteuque, par M. Cornill 2 pour zchiel, et par M. Sieg-mund Frnkel pour les Chroniques 3 .

    Si l'hypothse de traducteurs grecs chrtiens doittre carte, diffrents passages qui ont un caractre

    4. Meletemata Peschittoniana, Breslau, 1859.2. Das Buch des Propheten Ezchiel, Leipzig, 1886, p. 154-155.3. Die syrische Uebersetzung zu den Bchern der Chronik, dans

    Jahrb. fur protest. Thologie, 1879. Cf. Baunes, Apparatus criticus to-Chronicles in the Peschitto, Cambridge, 1897.

  • DE L'ANCIEN TESTAMENT. 31

    chrtien incontestable semblent bien prouver que lesauteurs de la Peschitto taient des Juifs convertis. DansIsae, vu, 14, la version syriaque porte : Voici quela Vierge concevra , et rend par vierge le mot hbreuque la tradition juive entend d'une jeune femme. Cechangement est d'autant plus frappant que dans d'autresendroits, le syriaque conserve le mme mot que l'hbreu.On cite encore, l'appui de cette opinion, d'autresversets des Prophtes et des Psaumes.Comme les Septante, la Peschitto n'est pas une u-

    vre faite d'un seul jet. Les livres qui la composent ontt traduits diffrentes poques ; on commena parceux dont le besoin se fit sentir plus tt, tels que lePentateuque, les Prophtes et le Psautier. Les Chroni-ques, Esdras avec Nhmie et Esther ne faisaient pasprimitivement partie du canon de l'glise syriaque.Dans les anciens ms., ces livres sont distincts des li-vres protocanoniques \ Au IVe sicle, la srie des tra-ductions des livres bibliques tait complte ; elle com-prenait mme des livres apocryphes, comme l'indi-quent les citations d'Aphraate et de saint Ephrem. IQuoique la Peschitto procde de l'hbreu et reflte la

    tradition targoujnique, l'influence des Septante s'y faitsentir plus ou moins grande suivant les livres bibli-ques. Cette influence est sensible dans le Pentateuqueet dans Josu 2

    ,

    plus sensible encore dans le Psautier z

    et les Prophtes*. Pour le Psautier, on ne saurait,

    1. Wright, Syriac literature, 2e d., Londres, 1894, p. 4-5.2. Perles, Meletemata Peschittoniana, Breslau, 1859; Holzinger,

    Das Buch Josue, Leipzig, 1901, p. xiv.3. Frdric Berg, The influence of the Septuagint upon the Peschitta

    Psalter, New-York, 1895; comparer Oppenheim, Die syr. Uebersetzung desfuenften Bches derPsalmen, Leipzig, 1891; Baetiigen, Untersuchungenber die Psalmen, Kiel, 1878, et Jahrbcher fur protest. Thologie, VIII,405 et suiv., 593 et suiv.

    4. Nestl pour Isae et les douze petits prophtes; Cornill pour

  • 83 LES ANCIENNES VERSIONS

    comme l'ont dmontr MM. Nestl et Bsethgen \invoquer dans ce sens les titres des Psaumes. Cestitres n'taient dj plus compris avant notre re, ence qui concerne les notes musicales qu'ils renferment,et les auteurs de la Peschitto les avaient laisss de ct.C'est Thodore de Mopsueste qu'on doit les nou-veaux titres du Psautier que l'on trouve dans les ms.et les ditions syriaques ; du reste, ces titres varient sui-vant les ms.

    | Les livres qui ont subi le moins cette influence sont :Job, qui suit de prs le targoum 2

    ,les Chroniques, Es-

    dras, Nhmie et Esther, qui furent traduits plus tard.On avait aussi compris dans cette catgorie les Pro-verbes, dont le texte, dans la Peschitto, prsente une

    ,ressemblance frappante avec celui du targoum ; maisM. Pinkuss 3 a tabli, en rapprochant un certain nombrede passages, les rapports qui existent, galement pource livre, entre la Peschitto et les Septante. D'un autrect, il ne fait plus de doute aujourd'hui que le targoumdes Proverbes dpend de la Peschitto ; l'opinion quifaisait driver la Peschitto du targoum est complte-ment abandonne.Comment expliquer l'influence des Septante sur la

    Peschitto? Certains critiques ont fait une double con-jecture sans se prononcer dans un sens plutt que dansun autre : ou les auteurs de la Peschitto taient verss la fois dans la connaissance de l'hbreu, de Tara-men et du grec, et se servaient pour leur traduction des

    zclriel ; Ryssel pour Miche; Sedoek, Die syrische Uebersetzung derzwlf kleinen Propheten, Brcslau, 1887.

    1. Nestl, Theol. Literaturzeit., 1876, col. 283; Ba.ethgen, Zeitschr.f. die alttestamentliche Wissenschaft, 1885, p. 06 et suiv.

    2. Corn p. Stenij, De syriaca libri Iobi interpretatione, Helsingfors,1887; Mandl, Die Peschittho zuHiob, Leipzig, 1892.

    3. Die syrische Uebersetzung der Proverbien, dans la Zeitschr. filrdie alttest. IVissenschaft, t. XIV, 1894, p. 65-141 et 161-222.

  • DE L'ANCIEN TESTAMENT. 33

    targoums et des Septante; ou une revision de la Pe- 1schitto, base sur les Septante, a eu lieu postrieure-ment. Cette dernire hypothse est seule possible. Les-Juifs aramens de la Msopotamie rappelons que lesauteurs de la Pe schitto taient des Juifs convertis decette contre ces judo-chrtiens ignoraient le grec,mais eussent-ils t capables de lire les Septante, ilsne se seraient pas servis de cette version, que les co-les juives de la Palestine et de la Babylonie consid-raient comme une uvre mauvaise, portant atteinte aucaractre sacr du texte hbreu. En fait, les Septanten'eurent de crdit en Palestine et en Syrie que chezles chrtiens. Or, l'glise de l'Osrhone est, dans sespremiers temps, judasante. Au IIIe sicle se produitun revirement : Palout, vque d'desse, reoit l'im-position des mains de Srapion, vque d'Antiochevers l'an 200 ; ds lors c'est Antioche, la mtropoledes chrtiens hellnisants de la Syrie, que se rattachel'Eglise d'desse. Il est trs admissible qu'aprs cettepoque l'ancienne version syriaque ait t soumise une revision pour la mettre en harmonie avecles Septante dont les Syriens hellnisants faisaientusage.

    ,Cette revision doit tre postrieure Origne et aux

    premiers Pres de l'glise qui citent des leons dela version syriaque que l'on ne trouve plus dans notretexte actuel. Elle devait tre acheve au commencementdu IV e sicle, car Aphraate (vers 340) et saint phrem{f 373) avaient sous les yeux une version syriaque trsproche de celle que les ms. reproduisent. A. cettepoque la recension de Lucien d'Antioche 1 tait r-pandue en Syrie, et il y aurait intrt rechercher si

    l. Sur celte recension, voir Paul de Lagarde, Librorum Vcteris Te-stamenti canonicorum pars prior grce, Gttingue, 1883.

    v

  • 34 LES ANCIENNES VERSIONS

    la revision de la Peschitto est demeure trangre cette recension 1 .

    Vers la mme poque remonte la version syriaquedes livres deutrocanoniques, dont les citations d'A-phraate et de saint Ephrem tablissent F existence auIV e sicle. Ces livres ont t traduits du grec, l'ex-ception de l'Ecclsiastique qui procde directement de

    ,

    l'hbreu 2 .L'Ecclsiastique syriaque renferme de nombreuses

    et importantes lacunes, qui sont soit intentionnelles,soit occasionnes par le mauvais tat du manuscritdont le traducteur se servait. De fausses lectures ontengendr des erreurs de traduction ; la version n'est pastoujours littrale, parfois elle abrge ou elle dveloppeet paraphrase. Ces dfauts ont t mis en vidence parla publication de fragments de l'original hbreu rcem-ment dcouverts 3 . Dans la partie syriaque correspon-dant ces fragments, on croit reconnatre plusieursmains. Jusqu'au chapitre xliti, observe M. IsralLvi'*, le traducteur suit avec une certaine attentionl'original hbreu. Tout d'un coup il s'arrte, puis vientun fragment du chapitre xliii, 1-10, qui est une tra-duction faite sur le grec. Au chapitre xliv, commence

    1. M. Driver a remarqu, dans Notes onthe Hebrew Text of the Booksof Samuel, Oxford, 1890, p. lxxii, qu'un certain nombre de passagesdes livres de Samuel concordent dans Lucien et dans la Peschitto ets'loignent galement des Septante et du texte hbreu. Cf. Stockmayer,Zeitschr. fur die alttestam. Wissenschaft, 1892, t. XII, p. 218; Mritan,La version grecque des livres de Samuel, Paris, 1898, p. 96-113.

    2. Distinct de l'Ecclsiastique de l'Hexaplaire, qui a t traduit dugrec, voir ci-aprs, p. 50.

    3. Les fragments ont t retrouvs en diffrentes fois et ont fait l'ob-jet de plusieurs publications et de nombreux travaux de critique. Nousrenvoyons pour les dtails au livre de M. Norbert Peters, Der jngstiviederaufgefundene hebrasche Text des Bches Ecclesiasticus, Fri-bourg en Brisgau, 1902.

    4. L*Ecclsiastique ou la Sagesse de Jsus, fils de Sira, Paris, 1898,p. lu, X e vol., fasc. I de la Bibliothque des Hautes tudes, sectiondes Sciences religieuses.

  • DE L'ANCIEN TESTAMENT. 8

    une version qui n'a plus ce caractre, mais qui se dis-tingue par son infidlit Une autre main sembleavoir revis le tout en mettant d'accord le syriaqueavec le grec : nombreuses sont les traductions qui s'-cartent de l'hbreu pour se concilier avec le grec...Malgr ces dfauts de toute nature, le syriaque l'em-porte gnralement sur le grec, lorsqu'il serre deprs le texte et ne se livre aucune fantaisie 1 . Au sujet du livre de Tobie, il y a lieu de rappeler

    que la version syriaque que nous possdons est com-pose de deux morceaux diffrents : l'un, i-vn, 11, esttir de l'Hexaplaire ; l'autre, vu, 12-xiv, 15, provientd'une source que les ms. ne dsignent pas 2 .A la fin du V e sicle, lorsque les Syriens orientaux

    devenus nestoriens se sparrent des Syriens occi-dentaux, le texte de la Peschitto tait dfinitivementconstitu, car on ne constate pas de variantes notablesdans les versions qui avaient cours chez les uns et lesautres.

    Les travaux critiques sur la Peschitto 3 sont bass

    1. M. Norbert Peters, op. cit., p. 61, 9, ne considre pas comme dmon-tre la thse de M. Isral Lvi admettant plusieurs traducteurs.

    2. Cekiani, Le cdizioni... del Vecchio Test., dans les Mmoires duR. Istiluto Lombardo, XXI, 2, p. 22; Field, Origenis Hex. fragmenta,Oxford, 1875, I, p. Lxvur, note 3; Noeldeke, Monatsberichte der BerlinerAkademie der Wissenschaften,\S19, p. 46.

    3. Nous ne pouvons donner ici la longue liste de ces travaux;nous avons cit plus haut quel(jues-uns des plus rcents, et lesplus anciens n'offrent qu'un intrt rtrospectif. On trouvera cette listedans l'article de M. Nestl, Syrische Uebersetzungen dans la Real-En-cyklopedie fur protest. Thologie und Krche, 3 e d. ; ajouter encore :Schmidt, Die beiden syrischen Uebersetzungen des I Maccabaeerbchesdans la Zeitschr.fr die alttestam. Wissenschaft, 1897 ;Techen, Syrisch-Hebr. Glossar zu den Psalmen nach der Peschita, ibid., 1897; Schwartz,Die syr. Uebersetzung des ersten B. Samuelis, Berlin, 1897 ; Baoi.vnn,Die Verivendbarkeit der Peschita zum Buch Ijob, dans la Zeitschr. f.alttest. Wissensch., XVIII, 305 ; XIX, 288; Chajes, Etwas ber die Peschitazu den Proverbien, dans Jewish Quart. Review, XIII, 8G; Euringek, DieBedeutung der Peshitto f. die Textkritik des Hohenliedes dans BiblischeStudien,\l, 117; Lazarus, zur syr. Uebersetzung des Bches der Richter,

  • 36 LES ANCIENNES VERSIONS

    sur l'dition do Samuel Lee ou sur l'dition d'Ourmiaet sur quelques ms. particuliers.

    L'dition Lee, faite en 1823 pour la Socit bibliqueanglaise, en vue des chrtiens du Malabar, est la repro-duction du texte imprim dans la Polyglotte de Walton,quoique Samuel Lee ait consult quelques manuscrits.Walton, de son ct, n'avait fait que rimprimer letexte publi par Gabriel Sionita dans la Polyglotte deParis ; il y ajouta les livres deutrocanoniques.Le texte dont se servent les Syriens orientaux a t

    imprim Ourmia en 1852 par la Mission amricaine.La Mission catholique en a donn galement une di-tion Mossoul en 1887.

    Les ditions concordent entre elles, quoique l'ordredans lequel sont classs les livres bibliques soit dif-frent dans les deux recensions, l'orientale et l'occi-dentale. L'dition d'Ourmia a l'avantage de donnerun texte entirement vocalis qui reproduit la pronon-ciation orientale.

    Les livres deutrocanoniques ont t publis spa-rment par Paul de Lagarde 1 , d'aprs la Polyglottede Londres et des ms. du Muse britannique 2 .Le manque d'une dition critique de la Peschitto se

    fait vivement sentir, et il est souhaiter qu'une uvreaussi utile pour l'exgse biblique soit bientt entre-

    Kirchliain, 1901 ; Holtzman^, Die Peschitta zu der fVeisheit, Fribourgen Brisgau,1903 ; Kamenetzky, Die Peschitta zu Koheleth, dans la Zeitschr.

    2 f.alttcst. Wissensch., XXIV, 181.

    J*1

    f1. Libri Vet. Test, apocryphi syriace, Leipzig, 1861.

    s ' 2. M. Ceriani, qui a tant fait pour la critique des versions svriaques dela Bible, a publi une reproduction photolithograpliique du cod.Ambrosianus (un ms. jacobite du -VI e sicle) qui contient non seule-ment les livres protocanoniques, mais aussi les livres deutrocanoni-ques: Translatio syra-pescitto vet. Testamenti , vol. I, 4e part., Milan,1877-1887.Le Muse britannique possde un ms. crit Amid en 464, qui ren-

    ferme le Peutateuque, l'exception du Lvitique; et un autre ms., datde 53-2, contenant le Livre de Daniel.

  • DU NOUVEAU TESTAMENT.

    prise 1 . M. Barnes a publi rcemment une dition dece genre pour le Psautier 2 .

    $ 2. Les anciennes versionsdu Nouveau Testament.

    Les vangiles taient reprsents en syriaque partrois anciennes versions : 1 VHarmonie composepar Tatien sous le titre de Diatessaron et dsigneparfois par le nom &Evangile des [textes) mls)^\ ,'*>> vo^ssof ; 2 L'Evangile des (textes) spars vo^Nsjo/l_*va*> ; 3 et la Peschitto du Nouveau Testament. Ona beaucoup discut sur la date respective de ces troisdocuments et les rapports qu'ils ont entre eux; onn'est pas encore arriv une conclusion dfinitive.Nous rsumons ici les hypothses proposes rcem-ment par M. Burkitt dans son livre intitul : Evange-lion da-Mepharresh 3

    ,Evangile des (textes) spars.

    L'Evangile des (textes) spares est conserv dansdeux ras., C et S, qu'on croyait autrefois renfermerchacun une version diffrente : C tait la version di-te par Gureton 4

    ,et S, la version retrouve par Mrs.

    Lewis, en 1892, dans un palimpseste du couvent de:

    Sainte-Catherine au mont Sina. M. Burkitt, qui fut

    t. Une liste des ditions de livres particuliers del Peschitto a tdonne par M. Nestl, Syrische Uebersetzungen, dans la Real-Encyklo-pedie fur protestant ische Thologie und Kirche, 3e d.; voir aussi saSyrische Grammatik, 2 d., Berlin, 1888, Litteralura, p. 17 et suiv.

    2. W. E. Barnes, The Peshitta Psalter according to the West syrian \ ATextwith an Apparitus criticus, Cambridge, 1904.

    - 3. F. Crawford Burkitt, Evangelion da-Mepharresh. The CurelonianVersion of the four Gospels with the readings ofthe Sinai palimpsest Vand early syriac patristic vidence, edited, collected and arrangea,2 vol., Cambridge, 1904.

    4. Clreton, Remains of a very ancient recension of the four Gos-pels in syriac, Londres, 1858 ; Wright, Fragments of the CuretonianGospels (for private circulation), Londres, 1872.

    LITTRATURE SYRIAQUE. 3

  • LES ANCIENNES VERSIONS

    l'un des diteurs de cette dernire version \ a reconnu

    depuis que ces deux textes n'taient quedes recen-

    sions d'une mme version. Il a rdit cette version

    avec une traduction anglaise dans lepremier volume

    dr son Evanelion da-Mepharresh en prenantpour

    base le texte de Cureton (C) et en rejetant ennotes les

    variantes de la Sinatique (S) avec lespassages du

    Diatessaron pris de ct et d'autre. Le secondvolume

    de YEvangelion expose les recherches deM. Burkitt

    sur les anciennes versions du NouveauTestament et

    les rsultats auxquels il est arriv etqu'il formule ainsi :

    (1) La Peschitto est une revisionde VEvangelion

    da-Mepharresh, ayant surtout pour but de confor-

    mer davantage la traduction au texte greclu, a Antio-

    che- au commencement du Ve sicle. Elle a t prpare

    par Rabboula, vque d'desse (411-435), et elle a t

    publie par son autoritcomme sub stitut duDiatessaron

    .

    (2) Le Diatessaron est la formela plus ancienne

    de l'vangile syriaque. Il a t fait primitivementen

    grec, probablement Rome, par Tatien, ledisciple de

    Justin le Martyr, et traduit en syriaquependant la vie

    de Tatien, vers 170 de notre re. Comme on peutl'at-

    tendre d'un document qui est gographiquementd'o-

    jrio-ine occidentale, le texte vangliaire

    du Diatessa-T

    ronest trs proche parent du codex Bezae(D) et'

    1 The Four Gospels in Syriac transcribed fromthe sinaitic Palim-

    tZ /p toteROBFRT L. BENSLY, RENDEL HARRIS and CRAWORD BURKITTP$e,l l Zlodletonby Agnes S ..tu Lexy.s, Cambridge, 1894;

    Agneswtth a

    lfC

    iZesof the four Gospels retmnseribed from theS" ITV P taf^ontos, 1896. M. Merx a traduit en allemand lesmaihc Pai"n^;;

    L

    f

    aU suivre sa traduction d'un commentaire criti-textesyn^';aVeucore aciev^ : Adalbwt Merx, Die vier Kanoni-

    ^ZnFvlTeU^naZlZx ciltesten bekannten Texte, UebersetzungIS der syrisehen im Sinaikloster gefundenen Pahm-nd Ejlaf t^ a;:steyr Teii . Uebebersetzung, Berlin, 1897; zivei ter^^^M-eZle Hlfte, Das Evangelium Matthaeus, Berlin,

    ' fm^^um^D^vangeiium Markus und Lukas, Berlin, 1905.

  • DU NOUVEAU TESTAMENT. 39

    des diffrentes formes de l'ancienne version latine. \

    (3) UEvangelion da-Mepharresh date environde Tan 200 de notre re. C'tait la premire ver-sion syriaque des quatre vangiles spars.. Le tra-ducteur tait familiaris avec le Diatessaron dont iladopta souvent la phrasologie, Il est trs probableque YEvangelion da-Mepharresh'fut prpar sous lesauspices de Srapion, l'vque d'Antioche qui estmentionn, dans l'Histoire ecclsiastique d'Eusbe,comme ayant supprim l'vangile apocryphe de Pierre,et il y a quelque raison d'identifier le traducteur avecPalout, le troisime vque (connu) d'desse.

    (4) Le texte de YEvangelion da-Mepharresh, entant que traduction directe du grec, reproduit pournous le texte qui tait en usage Antioche, la fin dusecond sicle, un texte d'une grande valeur critique,trs mdiocrement reprsent dans les manuscritsgrecs existants. L'emploi du Diatessaron par le tra-ducteur a introduit des leons qui, en ralit, appar-tiennent aux textes ayant cours dans les pays occi-dentaux. S et C, les deux ms. de YEvangelion da-Mepharresh, contiennent tous deux des leons quiont t conformes au Diatessaron par les copistes

    ;

    C reprsente, en outre, un texte qui a t en partierevis sur des ms. grecs postrieurs.

    Il est difficile d'admettre sans rserve que Palout futl'auteur de YEvangelion da-Mepharresh qu'il auraittraduit l'instigation de Srapion sur le texte grecen usage Antioche la fin du second sicle. Plusvraisemblable est l'hypothse que la version du Nou-veau Testament attribue Rabboula par le biographede cet vque d'desse K est la Peschitto du Nouveau

    1. Overbeck, Ephraemi syri opra selecta, Oxford, 18G5, p. 220.

  • 10 LES ANCIENNES VERSIONS

    Testament, devenue la Vulgate des Syriens. Cette thseavait dj t expose prcdemment par M. Burkitt *.C et S diffrent entre eux par de notables variantes.

    Tous deux, remarque M. Burkitt, ont subi une re-vision d'aprs le Diatessaron, mais on ne doit pas con-clure que, l o ils s'cartent du Diatessaron, ils ontconserv le texte primitif. La divergence peut prove-vir d'une revision postrieure faite sur les ms.

    1 grecs. C'est le cas pour C qui renferme des leons ouinterpolations occidentales. Le texte de S est, au con-traire, presque toujours le texte de XEvangelion da-Mepharresh ou celui du Diatessaron 2 .

    L'original du Diatessaron est aujourd'hui perdu. Lecommentaire que saint phrem en fit s'est conserv dansune traduction armnienne que Moesinger reproduisiten latin en 1876. A l'aide du travail de Msinger etdes citations d'Aphraate et d'phrem, M. Zahn tentaen 1881 de reconstituer le Diatessaron 3 . La traduction

    1. S. Ephraim's Quotations from the Gospel collected and arrangeaby F. Crawford Burkitt, Texts and Studies,'Yll, n 2, Cambridge, 1901.

    2. Nous donnons ici une brve liste des publications relatives auxanciennes versions du N. T., parues antrieurement au livre deM. Burkitt : Bickell, Conspectus rei Syrorum litterariae, Munster, 1871,p. 8; Wildeboer, De Waarde desyr. Evangelien door Cureton ontdekten uitgegeven, Leide, 4880 ; Harnack, Die Ueberlieferung der griechi-schen Apologetcn, Leipzig, 1882; Zahn, Forschungen zur Geschichte desneutest. Kanons, I Teil, Leipzig, 1881 ; Geschichte des neuf. Kanons,I Teil, 1, Leipzig, 1888, p. 405; Evangelien Harmonie dans la Real-Encykl., 3 e d., V, p. 657 ; Baethgen, Evangelien Fragmente. Der griech.Text des Cureton, Introd., Leipzig, 1885 ; Hilgenfeld, Zeitschr. f. wis-senschaft. Thologie, 1889, p. 119; Woods, Studia biblica, lit, p. 105, Ox-ford, 1891 ; Parisot, Patrologia syriaca (Graffin), t. I, p. xlvi, Paris,1894: Harris, dans la Contemporary Review, novembre 1894; Cvrl Holz-iiey, Der neuentdeckte Codex Syrus sinaiticus, Munich, 189G; AlbertBonus, Collatio codicis Lewisiani rescripti, Oxford, 1896 ; Bewer, Thehistory of the New Testament canon in the syrian Church, Chicago,1900; Hjelt, Die altsyrische Evangelienbersetzung und Tatians Dia-tessaron, Leipzig, 1901 ; Adalrert Merx, Die vier Kanonischen Evan-gelien; II Teil, Das Evangelium Matthaeus, p. xvi, Berlin, 1902; W.Bauer, Der Apostolos der Syrer...... Giessen, 1903.

    I 3. Zahn, Forschungen zur Geschichte des neutest. Kanons, I Teil, Ta-I tians Diatessaron, Leipzig, 1881.

  • DU NOUVEAU TESTAMENT. 41

    arabe du Diatessaron attribue boul-Faradj ibn at-Tayib, a t publie et traduite en latin par A. Ciasca * .Les passages du Diatessaron cits dans les com-mentaires de saint phrem ont t runis et traduitsen anglais par Hill et Robinson 2 . Harris et Goussenont publi des extraits qu'ils ont tirs des commen-taires de Jsudad et d'autres auteurs 3 .Le Diatessaron demeura en vigueur chez les Syriens

    jusqu' Rabboula, vque d'Edesse (-j- 435), qui en in-terdit l'usage dans les glises et les couvents de sondiocse. Le biographe de cet vque nous informe queRabboula ordonna aux prtres et aux diacres de veil-ler ce qu'il y et dans chaque glise un exemplairedes vangiles spars 4 . A la mme poque, Thodo-ret, vque de Cyr, ft dtruire plus de deux centsexemplaires du Diatessaron.Le texte de la Peschitto du Nouveau Testament

    tait, comme celui de la Peschitto de l'Ancien Testa-ment, dfinitivement constitu la fin du V e sicle,au moment de la scission qui se produisit entre lesSyriens occidentaux et les Syriens orientaux. On netrouve pas de diffrence entre les textes reus dansles deux communauts 5 .

    1. Augdstinus Ciasca, Talian Evangeliorum Rarmoniae arabice,Rome, 1888. La traduction arabe ne reproduit pas le texte original, cf.E. Sellin, Der Text des von Ciasca herausg. arab. Diatessaron unter-sucht dans Forschungen zur Geschichte des neutest. Kanons, IV,p. 825; Zaiin, Geschichte des neutest. Kanons, H, 2, p. 530. SuivaDtle P. Ciieikiio {Journ. asiat., sept.-oct., 1897, p. 301), la traductionarabe est antrieure au XI e sicle et par consquent lbnat-ayib, enjuger par des fragments trouvs en Orient.

    2. Hmly Hill et rmitage Robinson, A dissertation on the Gospel, !commentaries of S. Ephrem the Syrian, Edimbourg, 1895.

    3. Harris, Fragments of the commentary of S. Ephrem Syrus uponthe Diatessaron, Londres, 1895; Goussen, Apocalypsis S. Joh. versio Sa-hidica, Leipzig, 1895. Cf. G. Diettricii, Ischodad's Stellung in der Aus-legungsgeschichte des A. T..., Giessen, 1902, p. 24.

    4. Overreck, Ephraemi syri...., opra selecta, Oxford, 1865, p. 220.5. Cf. Gwilliam, Studio, biblica, III, Oxford, 1891.

  • a LES ANCIENNES VERSIONS DU NOUVEAUTESTAMENT.

    La Peschitto primitive renfermait,outre les quatre

    vangiles, les Actes, des Aptres auxquelstaient

    jointes trois des ptres catholiques : la1'" de saint

    Pierre la 1" de saint Jean, et celle desaint Jacques;

    et, en dernier lieu, les ptres de saint PaulElle ne

    comprenait pas la 2 ptre de saint Pierre, les 2 et

    3 de saint Jean, l'ptre de saint Jude, nil'Apocalypse.

    11 manquait encore les versets 17 et 18 du ch. sude

    l'vangile de saint Luc, les versets 1-11 du ch.vin

    de l'vangile de saint Jean1

    ,et le verset 7 du ch. v

    de la lre ptre de saint Jean.La Peschitto du Nouveau Testament fut

    imprime

    Vienne par YVdmanstadt, en 1555, d'aprs unms.

    analogue au Tetraevangelium du Vatican,date de

    548 2 puis rimprime plusieurs fois de 1569a 1621,

    notamment dans la Polyglotte d'Anvers. En 1627,

    Louis de Dieu dita Leide un texte de l'Apocalypse

    qui semble reproduire l'Hraclenne. En 1630,Po-

    cock publia Leide les quatre Eptrescatholiques

    manquant dans l'ancien canon, d'aprs un ms.qui

    reprsente peut-tre la Philoxnienne. LaPeschitto

    ainsi complte fut imprime dans les Polyglottesde

    Londres et de Paris, puis par Gutbir, Schaaf,Lee,

    et dans les Bibles d'Ourmia et de Mossoul.

    Il est inutile d'numrer ici les anciens ms. dela

    Peschitto, et de rappeler les travaux deWickelhaus,

    Adler, Jones, Cureton, Gwilliam, etc., basssur ces

    manuscrits. MM. Pusey et Gwilliam ont donne une

    dition critique des vangiles 3 .

    1. versets sur la femme adultre ; cf. zacharie dans Laxd,Anecdota sy-

    r

    tcVmB0,us, Ccllatio cociicis Leuiisiani, Oxford .

    3 Tetraeuanqelium sanctum, simplexSyrorumversio,P. E. Flsei

    etG-B cSL, Oxford, 19

  • IV

    LA VERSION SYROPALESTINIENNE DE L ANCIEN

    ET DU NOUVEAU TESTAMENT.

    Une communaut chrtienne de la Palestine poss- }dait une littrature ecclsiastique conforme au rite rmelkite et crite dans un dialecte trs voisin du judo-aramen qui nous est connu par les Targoums pales-tiniens et le Talmud de Jrusalem. Les documents qui *nous en sont parvenus proviennent d'une version et delectionnaires de l'Ancien et du Nouveau Testament,

    j

    d'homlies, d'hymnes et de vies de saints. Les lection- inaires et quelques fragments de l'Ancien Testamentsont assez bien conservs, mais le reste est malheu-reusement trs mutil.On ne connat ni l'origine de cette communaut, ni

    l'tendue du territoire qu'elle occupait. Les textes quenous possdons ne remontent pas trs haut : les plusanciens peuvent tre du VIe ou du VII e sicle ; les plusmodernes sont du XI e ou descendent encore plus bas.Le lectionnaire des quatre vangiles, dat de 1030, at crit par le prtre Elias d'Aboud dans le monastrede Mose, Antioche des Arabes. Les autres ms. oufragments se trouvent dans le couvent de Sainte-Ca-therine au mont Sina ou ont t apports d'Egypte oude Damas.

  • il LA VERSION SYROPALESTINIENNE

    M. Burkitt* a tabli qu'Antioche des Arabes doit

    s'entendre d'Antioche de Syrie, et qu'Aboud tait un

    gros village moiti chemin entre Jaia et Csare. 11

    en conclut qu'une partie de cette communaut chr-tienne tait fixe, au XI sicle, Antioche et sur les

    confins de la Jude et de la Samarie. Des moines ortho-

    doxes, originaires de la Palestine, ont habit le cou-

    vent de Sainte-Catherine au Sina, en juger par lenombre des ms. et fragments syropalestiniens que ce

    couvent renferme. En outre, il y a eu des chrtiens

    de la mme nationalit en Egypte puisqu'un ms. pro-venant d'Egypte contient le rite de la bndiction an-

    nuelle du Nil. L se bornent nos connaissances ac-

    tuelles sur les dates et les lieux d'habitation de cette

    communaut.Voici la liste des ms. et fragments syropalestiniens

    connus jusqu' ce jour :1 Un lectionnaire des quatre vangiles dans le ms.

    du Vatican, syr. n 19, dat d'aot 1341 des Sleucides

    (1030 aprs J.-C.) 2 .2 Des fragments acquis par Tischendorff et conser-

    vs Saint-Ptersbourg, et des fragments provenant

    du dsert de Nitrie et dposs au Muse britannique3

    ;

    ils contiennent des portions du Deutronome, d'Isae,

    des Psaumes, des Proverbes, de Job, des quatre Evan-

    I A Dans Christian Palestinien! Literature, Journalof theological

    Stuclies, II, p. 474-183; cf. Actes du XII e Congrs des Orientalistes, Rome,

    l 1899 t. III, l re partie, p. 119-126. Le travail de M. Burkitt nous aservi

    1de "iiide pour la rdaction de ce numro. Nous n'avons pas mentionnlesanciennes hypothses qui, aprs l'tude de M. Burkitt, se trouvent

    2. Son existence fut rvle par le catalogue d'AssMANi ; Adler l'ana-

    lvsa dans ses Novi Testamenti versiones syriacae, Copenhague,4789.

    dit d'abord par le comte Mimscalchi Eiuzzo, Evangeliarium Hieroso-

    Ivmilanum..., 2 vol., Vrone, 1861-1864, il lut rdit d'une manire plus

    critique par P. de Lagarde dans Bibliothccae a Paulo de hagarde eol-

    lectae, Gttingue, 4892, p. 257-40'i,

    [ 3. Publis par Lasd, Anccdota syriaca, IV, p.403-224, Leide, 18m.

  • DE L'ANCIEN ET DU NOUVEAU TESTAMENT. 45

    giles, des Actes des Aptres, d'homlies, des Actes de \saint Philmon et, probablement, des Actes de saint I hSaba.

    3 Deux feuillets d'un ms. du couvent de Sainte-Ca-therine; ils contiennent des fragments de l'ptre auxGalates*. Mmc Lewis a ajout le contenu des deuxfeuillets suivants avec des fragments de saint Matthie