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Les coopératives d’habitants, des outils pour l’abondance Repenser le logement abordable dans la cité du XXI e  siècle CHAIRECOOP

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Les coopératives de logement en Uruguay sont une référence internationalecomme modèle de production et de gestion sociale de l’habitat depuis lesannées 70. La Fédération uruguayenne de coopératives de logement parentraide mutuelle (FUCVAM pour son sigle en espagnol), a commencé en 2000un programme de coopération Sud-Sud avec d’autres organisations latino-américaines, financé par le Centre coopératif suédois. Ainsi, des coopératives ontpu se constituer au Paraguay, en Bolivie, au Guatemala, Salvador, Honduras etNicaragua.L’expérience engagée depuis dix ans, montre les difficultés pour changer lescadres légaux, obtenir des financements et créer des politiques d’habitat quipromeuvent l’autogestion et une véritable production sociale de l’habitat. Grâceà l’échange, la formation et le conseil des équipes techniques interdisciplinaires,des ensembles coopératifs ont été construits et des mouvements sociaux etdes fédérations se sont créés dans les pays membres. En 2012, la FUCVAM estlégitimée, pour cette pratique de transfert de connaissances ; elle reçoit le Prixmondial de l’habitat ce qui marque un précédent dans l’activité internationale de laFédération.

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Les coopérativesd’habitants,

des outilspour l’abondance

Repenser le logement abordable

dans la cité du XXIe siècle

CHAIRECOOP

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D’un Sud unique à des Sud divers :le logement coopératif uruguayen

est en marche, il est reconnu, ilcontinue sa progression…

Marta Solanas Architecte, Master en Gestion sociale de l’habitat et en Coopération in-ternationale et Politiques de développement. Doctorante en Études en-vironnementales. Chercheuse à l’Université Pablo de Olavide (Séville),membre du collectif Habitares  et  Arquitectura y Compromiso Social 

(ACS).Marta participe aux mouvements pour le droit au logement depuis

 2005. Sa thèse de doctorat a pour sujet l’analyse du système uruguayende coopératives de logement, ce qui lui permet un contact régulier avecl’Uruguay et l’organisation FUCVAM, et en retour, d’expérimenter des

 processus coopératif d’habitat dans le contexte andalou. Articles publiés, en espagnol, dans la revue  Vivienda Popular, Uru-guay : Numéro 22, Débat à Séville, « Les coopératives en cession dedroits d’usage sont-elles possible en Andalousie ? »http://issuu.com/viviendapopular/docs/vp22

RésuméLes coopératives de logement en Uruguay sont une référence internationalecomme modèle de production et de gestion sociale de l’habitat depuis lesannées 70. La Fédération uruguayenne de coopératives de logement parentraide mutuelle (FUCVAM pour son sigle en espagnol), a commencé en 2000un programme de coopération Sud-Sud avec d’autres organisations latino-américaines, nancé par le Centre coopératif suédois. Ainsi, des coopératives ontpu se constituer au Paraguay, en Bolivie, au Guatemala, Salvador, Honduras etNicaragua. 

L’expérience engagée depuis dix ans, montre les dicultés pour changer lescadres légaux, obtenir des nancements et créer des politiques d’habitat quipromeuvent l’autogestion et une véritable production sociale de l’habitat. Grâceà l’échange, la formation et le conseil des équipes techniques interdisciplinaires,des ensembles coopératifs ont été construits et des mouvements sociaux et

des fédérations se sont créés dans les pays membres. En 2012, la FUCVAM estlégitimée, pour cette pratique de transfert de connaissances ; elle reçoit le Prixmondial de l’habitat ce qui marque un précédent dans l’activité internationale de la

Fédération1.

1. Les coopératives de logement uruguayennes naissent de trois projets pilotes dans le pays dès 1966, avec le

conseil du CCU (Centre coopératif uruguayen). Elles se renforcent en 1968 avec la Loi sur le logement N o 13.728 quiapporte au mouvement coopératif un cadre et un nancement légal. Cette loi rend possible la propriété collec-

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I. Coopératives et coopération (internationale)…

Il est indispensable de dénir les mots « coopérative », « coopération »et « coopérer » an d’engager l’analyse qui va suivre. Ces mots donnent du

sens à la notion même de coopération sociale, en Uruguay et ailleurs. L’ac-tion collective, la présence d’intérêts communs entre différentes personnesqui travaillent ensemble, l’échange, le partage équitable des bénéces, desconditions plus avantageuses pour chacun, s’obtiennent en s’associant.L’ensemble de ces caractéristiques inhérentes à la coopération sociale, sontrepérables au sein de l’expérience uruguayenne de ces quarante-cinq der-nières années

La démarche de coopération sociale engagée réunit « les efforts del’État, qui apporte les nancements pour la construction des logements,

qui supervise et contrôle le processus engagé, avec le concours actif deshabitants impliqués, qui apportent pour leur part, la main d’œuvre et lesavoir gestionnaire nécessaires ». (Nahoum, 2010).

 Ensembles de coopératives « Mesa 1 ». De gauche à droite : Logements ; aires de jeux,tableau du Club de retraités ; Polyclinique (2011, archives personnelles).

Coopératives de logement COVICIVI 1 et 2, dans la Vieille ville. De gauche à droite :Slogan sur un T-Shirt (archive de Hacer-Desur) ; tableau pendant le chantier ; photos duchantier ; cours décorées pour la célébration de la Journée du patrimoine (2010, archives

 personnelles).

tive des ensembles de logements – chaque habitant ou famille dispose d’un « contrat d’usage et de jouissance »du logement. La loi détermine aussi les caractéristiques de « l’entraide mutuelle » et de l’auto-construction deslogements, réalisée par le groupe.

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 Au-delà d’une trajectoire locale, les coopératives uruguayennes fran-chissent les frontières, dans un processus qui semble presque naturel, -dèles aux valeurs et aux principes de la coopération sociale2. Observons quenous y retrouvons les principes d’éducation, de formation en matière decoopération, de culture pour les membres coopérateurs et pour le reste de la

société . Le chemin va maintenant être décrit répond à la question de la coo-pération entre les coopératives elles-mêmes, avec la spécicité que pour cefaire, nous traverserons les frontières et les océans.

Commençons par les dénitions académiques3 :

Coopérer v. intr. XV e siècle. Emprunté du latin chrétien cooperari, « fairequelque chose conjointement avec quelqu’un ». Opérer conjointement avecquelqu’un ; concourir à une œuvre ou à une action commune.

Coopération n. f. XV e siècle. Emprunté du latin chrétien cooperatio, « part

 prise à une œuvre commune », de cooperari 1. Action de coopérer.  2. ÉCON. Œuvre collective fondée sur l’association dans le travail et larépartition des bénéces entre les producteurs. 3. POLIT. INTERNATIONALE. Échange et mise en commun des activitéséconomiques, scientiques et culturelles entre deux pays. Spécialt. Aide technique, scientique, économique et culturelle.

Coopérative n. f. XX e siècle. Issu, par ellipse, de société coopérative. ÉCON. Société industrielle ou commerciale fondée sur le principe de lamise en commun de biens ou de capitaux de plusieurs participants quise répartissent le bénéce de leurs efforts. Coopérative de consommation,coopérative d’achat, groupement unissant des acheteurs et leur permettantde faire des achats à moindre prix.

1 | Tissons des réseaux…

«Je suis semblable à celui qui portait sa brique pourmontrer au monde comment était sa maison.»Bertold Brecht

 2. Les valeurs sont : entraide, responsabilité, auto-responsabilité, démocratie, égalité, équité, solidarité. Lesmembres coopérateurs revendiquent les valeurs éthiques de l’honnêteté, la transparence, la responsabilité etla vocation sociale. Principes : adhésion libre et ouverte, gestion démocratique des membres, participation éco-

nomique des membres, autonomie et indépendance, éducation, formation et information, coopération entreles coopératives, intérêt pour la communauté (plus d’information sur le site internet de ACI-Américas, http:// www.aciamericas.coop/Principios-y-Valores-Cooperativos-4456 ).

3. Académie Française, 1992.

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La maison et la brique4 

« Quand la parole m’était consquée 

et quand on m’a même ôté l’horizon 

quand je suis sorti en siant tout doucement

et quand je plaisantais avec le fonctionnairede l’émigration ou de la désintégrationet faisais un au revoir de la main,à la famille restée fermement debout derrière lesclôtures

 

aux amis qui survivaient et le moteur droit toussait fort et l’hôtesse de l’air battait des cils

 

comme si elle me disait, je te connais 

moi j’avais étudié une théorie 

de l’exil, mes puits d’exil  mais ce cursus ne m’a servi à rien[…]C’est pour cela que quand je retourne

 

et un jour je serai sur ma terre avec mes gens et sous mon ciel, espéronsque la brique qu’en me risquant je portais

 

pour montrer au monde comment était ma maisonqu’elle dure comme mes solides dévotionsà mes patries suppléantes compagnes,qu’elle vive comme un morceau de ma vie,

 

qu’elle demeure comme une brique dans une autremaison. »

Mario Benedetti

La vocation internationale de la FUCVAM, la Fédération qui regroupedepuis 1970 toutes les coopératives de logements par entraide mutuelle –trouve ses racines dans l’origine du syndicalisme et différentes organisa-tions associatives du pays, qui sont apparues à la n du XIXe siècle. Ainsi,la Fédération a rapidement eut des contacts, au-delà du strict contexte na-tional, en obtenant des nancements, qui lui ont permis de se renforcer ;notamment pendant la dictature, où elle était « harcelée en tant qu’institu-

4. Juin 1976 – Traduction en français de Wilma Jung / mai 2011

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tion contestataire et en tant que référence pour les travailleurs organisés »(Dambrauskas et González, 2008, p. 166). Nous étaierons cette thèse plusloin.

Il faut signaler que les apprentissages des premières coopératives onttrès vite voyagé vers d’autres cieux. Peu après la création de la FUCVAM,l’architecte Enrique Ortiz (membre à l’époque de l’ONG mexicaine COPEVI)

 voyage en Uruguay. Protant de son séjour, il visite la première des coopé-ratives : la coopérative de logements « 25 de mayo » à « Isla Mala » (unelocalité de l’intérieur du pays). À son retour à Mexico, grâce à cette visite etaux échanges qu’il a eus avec les habitants de la coopérative, ainsi qu’avecles conseillers techniques du Centre de conseil CCU, il formule des proposi-tions fondées sur les principes de l’autogestion, l’entraide mutuelle, la pro-priété collective et la gestion coopérative. Selon les dires mêmes de l’archi-tecte, lors d’un entretien récent, ceci a donné lieu à la réalisation de lacoopérative de logements « Union Palo Alto5 » , à Mexico.

Coopératives de logement « 25 de mayo ». De gauche à droite : Jour de l’inauguration.

Source CCU (1976, p.8) ; images récentes. Source : Roxanna Marroco6

.

Coopératives de logement « Union de Palo Alto » De gauche à droite : Plan ; images de latroisième étape. Source : Hérnandez y Martínez, 2010.

5. La coopérative de logement Union Palo Alto a été construite en résultat de la lutte de 273 familles menacéesd’expulsion en raison de la hausse des prix de l’immobilier dans le quartier, en 1969. En 1971, elles se constituenten coopérative et considèrent que l’occupation collective de la terre est fondamentale, pour résister aux menaces

externes dues à la hausse progressive des prix (ce qui est toujours une menace aujourd’hui). Dans les années1980, tous les logements ont été achevés, consécutivement à une construction en deux phases. (HIC-AL, 1993;RODRÍGUEZ D, 2006)

6. Voir http://www.panoramio.com/photo/58084263 et http://www.panoramio.com/photo/58084367 

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La création de SELVIP7  

En 1990, un groupe d’organisations se réunit en Uruguay, à l’occasiondu vingtième anniversaire de la FUCVAM. Face à la diffusion d’une cultureprofondément individualiste, passive, fondée sur l’assistanat et discrimi-natoire, ainsi qu’au néolibéralisme ambiant, régnant sur les politiques la-tino-américaines, « (…) une autre mondialisation, différente de l’écono-mie néolibérale, se met en marche » (ob. cit, p. 168). Une « articulation,un réseau latino-américain » propose « l’incorporation des organisationsqui ont une expérience concrète dans la production sociale et matériellede logements et d’équipements pour la communauté » (SELVIP, 2006). Lesorganisations présentes sont : la FUCVAM en tant qu’organisatrice, la UMMde São Paulo, la FRACAB de Porto Alegre, CEGLATINO d’Assomption, le MOI,l’ONG SeDECA et des représentants de CIDA de Buenos Aires.

Des échanges interviennent. La FUCVAM présente ses pratiques ti-

rées de vingt années de développement du modèle de coopératives de lo-gements, par entraide mutuelle. UMM fait état de son histoire en tant quemouvement social, soutenu par les communautés chrétiennes de base, ausein même du Parti des travailleurs (PT) ; soutien auquel s’ajoute la déci-sion de la « Prefeitura » (préfecture) de São Paulo, de lancer un programmed’autogestion de 10.000 logements « mutiroes8 » , qui doit répondre aux be-soins et aux revendications de logements. Pour leur part, les associationsparaguayennes en sont encore à leurs débuts. Elles sont très fortementattachées au phénomène d’occupation des terres et aux premières tenta-tives de création de coopératives de logements. En Argentine, le MOI débute

également : les occupations dans les secteurs centraux de la ville sont or-ganisées selon les principes de la gestion collective et coopérative.

Le Secrétariat latino-américain de logement populaire (SELVIP) estcréé l’année suivante, en 1991, à São Paulo9.

Une fois le réseau créé, des rencontres ont lieu chaque année, dans cesdifférents pays, et accueillent de nouvelles organisations de « pobladores »(littéralement, gens du peuple).

D’autre part, le réseau démontre son utilité en tant qu’« outil de tra- vail qui permet de construire de nouveaux cadres normatifs, qui poussentà la création de politiques d’autogestion de l’habitat » (SELVIP, 2006). Ainsi,la SELVIP accompagne la loi sur le logement populaire au Brésil et participeà la « table de travail » de l’assemblée législative de Buenos Aires, qui setient tout au long de l’année 1999 ; démarche qui aboutit à la rédaction etl’approbation de la Loi No 341 sur l’Autogestion et l’urgence en matière d’ha-bitat (promulguée en avril 2000).

7. Secrétariat latino-américain de logement populaire.

8. « Mutiroes » en portugais, est l’équivalent de l’entraide mutuelle.

9. Ce réseau sera par la suite membre de HIC-AL (Coalition internationale de l’habitat-Amérique latine), laFUCVAM, un peu plus tard, deviendra également membre de HIC.

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Les premiers pas avec le Centre coopératif suédois (CCS)

C’est dans ce contexte que s’engagent les premiers contacts avec leCentre coopératif suédois10. La rencontre entre ces différentes organisa-tions engage une alliance qui rendra possible la diffusion des pratiques ex-périmentales uruguayennes, vers d’autres pays du continent. La premièreconvention a lieu en 1998. Au vu de ces résultats, elle s’étend alors à sixnouveaux pays : Bolivie, Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua et Pa-raguay.

2 | En se renforçant, on avance pas à pas

« La structure de la société n’est pas faite pour que nous existionsdans la facilité et accéder ainsi à un logement digne, selon les piliers denotre modèle coopératif : propriété collective, entraide mutuelle, autoges-

tion et assistance technique. » FESCOVAM, 2010. À travers cette analyse, les coopérateurs salvadoriens nous montrent

les limites de la coopération sociale, dans d’autres pays que l’Uruguay, lemodèle coopératif est difcile à insérer au sein du système néolibéral do-minant.

Les bases du programme

Les premiers échanges et transferts de connaissances, entre laFUCVAM et le SCC ont lieu au Paraguay. Comme pour le cas uruguayen, les

coopératives bénécient du soutien technique d’une équipe multidiscipli-naire, avec qui la FUCVAM et le SCC travaillent depuis des années. Dans cecas précis il s’agit de la CIPAE (Comité des églises pour l’aide d’urgence), quidispose d’une longue expérience dans les programmes de soutien aux sec-teurs populaires et de logements.

 Début du chantier dans la coopérative Bañado Poty, Paraguay, mars 2013. Source : http://www.weeffect.org 

Le transfert de connaissance engagé répondà un important concept : celui de la constructionsociale du savoir. C’est pour cette raison que lescoopérateurs de la FUCVAM mettent en place dessessions de formation. La première phase corres-pond à une formation initiale qui se tient au Pa-raguay. Dans une seconde phase, des équipestechniques et des habitants visitent l’Uruguay,

en particulier, des coopératives habitées et en cours de construction. Il

10. Le Centre coopératif suédois est une organisation sans but lucratif et sans afliation politique ni religieuse.Elle est composée d’une soixantaine d’entreprises et d’organisations qui sont à l’origine du mouvement coopé -ratif suédois. En mai 2013 le SCC a changé son nom pour devenir We Effect. Cependant, nous garderons le sigleSCC car les actions se réalisent avec ce nom. Le nouveau site internet est : http://www.weeffect.org.

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existe parmi tous les acteurs en présence, la conviction que le vécu du lieu–les logements, le vivre-ensemble, l’environnement – et le dialogue directavec ceux qui le construisent, est une base fondamentale, une manièrecomme aucune autre, d’expliciter en quoi consiste la vie coopérative, com-ment réussir l’objectif et quel résultat on peut atteindre.

 Inauguration de logements à Bañado Tacumbú, Assomption, Paraguay, septembre 2012. Source :http://www.weeffect.org 

La stratégie générale vise à donner vie à des projets pilotes. Ceux-ci dé-montrent – comme pour les trois coopéra-tives pionnières en Uruguay – que le dis-positif coopératif fonctionne, qu’il est

adéquat et que d’autres peuvent se l’appro-prier. Dans le même temps, les acteurs présents empruntent le chemin de« l’incidence politique » : des actions pour la création d’espaces sont ou-

 verts aux revendications des citoyens, qui expriment le besoin d’un habitatadéquat ; en d’autres termes, il s’agit de créer des espaces qui donnent dela visibilité à ces problèmes.

 De gauche à droite : FESCOVAM (El Salvador) se mobilise devant le vice Ministère dulogement. Juillet 2012. Source http://www.weeffect.org  ; COHVISOL (Honduras) occupel’autoroute Panaméricaine pour défendre le logement digne. Septembre 2012. Source :http://www.weeffect.org 

C’est au Paraguay que la FUCVAM et SCC mettent en place les bases deleur méthode de travail. Sur ce chemin latino-américain, émergent bonnombre d’embûches, que nous expliquerons plus bas :

En Bolivie, la culture des peuples indigènes imprègne tous les projetsde vie. Le concept de « propriété collective » n’est pas une innovation ensoi, mais une idée traditionnelle qui est propre à ces peuples. La réalitééconomique et de l’emploi – bien souvent informel pour la plupart des fa-milles – provoque une grande imprévisibilité et le processus engagé peutrapidement devenir instable. Les femmes sont les principales actrices des

groupes coopératifs ; ce qui est d’ailleurs le cas dans tous les autres payssud américains évoqués.

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Les premiers pas entrepris en direction de l’Amérique centralemontrent que cette région – perçue depuis les pays du sud du continentcomme étant assez homogène – renvoie en réalité à des particularités spé-ciques à chaque pays ; ce qui du coup, fait sens pour la proposition quenous faisons.

 Au Guatemala, il faut souligner les grandes différences entre lesclasses sociales les plus riches et les secteurs pauvres. Par dénition, leprojet coopératif dépend du dialogue qui doit s’engager entre les différentsacteurs. L’échange d’opinions, de revendications et les prises de décisionscollectives sont ici rendues plus difciles.

 Au Salvador, le modèle coopératif, initialement né en milieu urbain,se déploie en milieu rural. Le système est donc exible et s’adapte à laforme d’une coopérative multiple dans son ancrage territorial.

 Au Honduras, l’expérience coopérative est marquée par deux problé-matiques propres au pays : la cooptation des dirigeants et la corruption.Cela n’empêche pas la création d’espaces permettant d’agir conformémentaux objectifs initiaux ; pour certains programmes, le gouvernement local amême apporté son soutien matériel et politique.

 Au Nicaragua, pays marqué par des relations sociales particulièresdans la mesure où les liens de solidarité sont forts, l’afnité avec le mo-dèle coopératif autogéré se met rapidement mis en œuvre. Les groupesmontrent une forte capacité à diriger et à s’organiser ; ce qui permet de

réduire les délais. Des accords et une coopération solides avec les munici-palités qui ont cédé des terrains, ont donc pu intervenir.

 Avec cette présentation synthétique du parcours réalisé depuis leParaguay jusqu’au Nicaragua, les premiers pas de la pratique coopérativequi a opéré dans chacun des pays, permettent de révéler des spécicitéspropres à chacun d’entre eux. Les découvertes se sont faites au fur et àmesure que les nouvelles réalités sont apparues, sur le chemin empruntépar les coopérateurs. Nous faisons à nouveau référence ici aux paroles deDambrauskas y González (op. cit, p. 179) pour tenter de comprendre le sensde ces découvertes, depuis le point de vue uruguayen : « Le mouvement à

ses débuts était totalement urbain, défendant des luttes sectorielles, avecdes dirigeants masculins. Il a étendu (…) son action en incorporant les ex-périences rurales, en recherchant des solutions complètes et en intégrantdes femmes comme dirigeantes, tenant ainsi compte des transformationséconomiques, sociales et familiales de ses composantes.

Le modèle coopératif uruguayen est d’origine occidentale. Il a par-couru le continent pour s’imprégner de la culture latino-américaine. C’estdans cette symbiose avec les cultures ancestrales de notre Amérique, qu’ils’est recréé et qu’il s’est enrichi, en ouvrant l’éventail des possibilités et

d’adaptabilité, sans perdre l’essence de ses principes fondamentaux.»

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II. Fermer pour réouvrir : certaines intuitions,conclusions intermédiaires et un Prix mondial.

La meilleure motivation dans notre parcours recherche a été son ca-ractère lié au transfert de connaissances « Sud-Sud ».

Nous avons l’habitude de considérer la coopération internationalecomme un ux d’éléments (matériels, économiques etc…) du « nord » versles « suds » – de fait, nous sommes habitués à parler d’un « nord » et deplusieurs « suds »-. Cette expérience montre des relations plus complexeset ce, dans diverses directions : d’un « sud » vers d’autres « suds », tous dif-férents, avec des caractéristiques et des contextes différenciés. Au début denotre parcours de recherche, nous nous sommes demandés :

• Quelle est la coopération internationale dans le cas évoqué ?

• Qui coopère ?

• Qui échange ?

• Qui apporte quoi ?

• Qui obtient quoi ?

Les coopératives et la coopération sociale partagent une même ra-

cine, un même sens. Nous parlons ici d’échanges, d’action collective, debuts communs. Dans ce sens, il nous semble que l’activité de la FUCVAMdéployée en dehors de l’Uruguay, an de développer la coopération sociale,se situe dans la continuité naturelle de ses activités. La stratégie mise enœuvre tente de responsabiliser les groupes dans l’accomplissement de leurstâches ; démarche qui se fonde sur un transfert de connaissances de gensdu peuple vers d’autres gens du peuple, de « coopérateurs » en direction decoopérateurs en puissance. Il s’agit également d’agréger différentes pra-tiques coopératives autour d’une organisation unique (fédération, centraleou similaire). Depuis ces « lieux collectifs » s’engage alors une démarche

active visant à la création de cadres juridiques, de politiques publiques dulogement et d’habitat, de recherche de nancements publics (via l’Etat).L’objectif recherché est un changement global non seulement en faveurde l’habitat, mais également, en vue d’un changement sociétal dans sonensemble.

C’est précisément pour cette démarche globale de coopération « sud-sud », que le modèle FUCVAM a été récompensé en 2012, par le prix mondialde l’habitat11.

11. Ce prix est une initiative de la Building and Housing Social Foundation, qui sélectionne « les projets d’éta-blissements humains, qui apportent des solutions pratiques et innovantes aux problèmes actuels de logementdans le monde entier ». Plus d’informations sur les prix : http://www.worldhabitatawards.org/about/?lang=01,http://www.bshf.org

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1 | Comment recevoir les visiteurs (ou commenttomber amoureux)…

Ce prix mondial a permis à la FUCVAM d’organiser deux sessionsd’échanges et d’explication de son modèle d’action. Dans le courant du

mois de septembre 2013, deux groupes de visiteurs un peu particuliers, sesont succédés au sein des locaux de la FUCVAM : des représentants de dif-férents pays d’Afrique subsaharienne, des visiteurs de pays d’Amérique la-tine, mais aussi, d’Espagne.

La Fédération est habituée à recevoir des personnes venant d’autrespays. Elle ouvre ses portes très simplement, ses locaux et elle donne à voirses pratiques, notamment à l’occasion de discussions collectives. Tout aulong de la journée, se succèdent une assemblée, une réunion, la consulta-tion d’un tableau, d’un schéma… Quelqu’un se lève et raconte son histoire

(un conit résolu ou à résoudre, une explication sur une solution trouvéepour des démarches administratives ou techniques, telle que l’imperméa-bilisation d’une toiture).

 À travers ces différentes pistes et apprentissages, opère la construc-tion d’un savoir collectif.

Pendant la semaine, les coopérateurs ouvrent aussi leurs maisons.Ils nous accompagnent pour visiter un espace à partager, une aire de jeuxpour enfants, une polyclinique et bien sûr, la salle communautaire. C’est icique nous nous réunissons et où nous attend un « quatre-heures » ou bien

un barbecue… Ces divers petits gestes hospitaliers visent à nous mettre enconance. C’est aussi une façon de révéler le quotidien de ces lieux com-munautaires : il s’agit d’espaces festifs, tournés vers l’échange, les ren-contres, où se construisent les liens de voisinage.

Les coopérateurs nous montrent ainsi que le modèle fonctionne, qu’ilpermet de réaliser non seulement des logements dignes à un coût abor-dable pour les gens du peuple, mais aussi des espaces de vie collective.

2 | … Ou la méthode de construction collective

(pour [nous] séduire)

La méthode utilisée est fondée sur une série de principes : ce sont lescoopérateurs eux-mêmes qui expliquent le fonctionnement du « modèle ».Cette explication intervient lors de conversations et à l’occasion de visitesfaites aux coopératives. Le groupe de « visiteurs » est invité à toutes lesactivités que réalise la Fédération pendant le stage. Enn, il est donné une

 visibilité institutionnelle et publique aux activités coopératives.

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Conversations et apprentissages au siège de la fédération

Lors d’une série de discussions au siège de la Fédération, on expliqueau groupe de visiteurs les fondements et caractéristiques du système coo-pératif : les logements sont réalisés sur la base de l’entraide mutuelle etpar les coopérateurs eux-mêmes.

Pendant cinq jours, nous nous réunissons tous les matins et nousprenons connaissance, peu à peu, des thèmes suivants : « contexte dans le-quel apparaît la Loi sur le logement » ; réalité socio-politique uruguayennedes années 60-70 ; modèle créé dans le cadre de la loi ; explication des ca-ractéristiques de base du système et approfondissement des principes clefsà son fondement ; cadre normatif et nancements ; évolutions du cadrelégal lié à la volonté politique et aux modes de nancements, pendant dif-férentes périodes ; création d’un « institut d’assistance technique », desti-né à approfondir les tâches qui incombent aux conseillers professionnels ;

relations entre coopératives et l’institut ; rayonnement de l’expérience la-tino-américaine à travers le transfert du modèle uruguayen en directiond’autres pays latino-américains ; histoire de la « FUCVAM » ; caractérisationdes différentes étapes de la Fédération depuis les débuts du mouvement…

 À l’occasion de ces présentations, chaque participant (militant, cher-cheur..) peut expliquer le travail qu’il réalise. Le but est de partager lesdiagnostics et d’afner la nature du processus permettant d’avancer versl’habitat coopératif, en prenant en considération les connections possibles,ainsi que les difcultés et les dés. À chaque fois sont rappelés les aspects

fondamentaux, ceux sans qui on ne peut fonctionner : l’autogestion, l’en-traide mutuelle, la propriété collective et les nancements publics appor-tés par l’État.

La FUCVAM afche également son indépendance politique, notam-ment en direction des partis, institutions ou des différents gouvernements.Dans le même temps, la FUCVAM est elle-même une organisation politique,dans la mesure où son but est d’agir en faveur du développement social descoopératives d’habitants et du pays dans son ensemble.

Il nous faut également souligner l’importance du conseil techniqueinterdisciplinaire, qui est composé de professionnels engagés et formés autravail collectif.

Lors des discussions collectives qui interviennent sur ce modèle d’ha-bitat coopératif (et son succès), les réactions souvent entendues sont : « Cen’est pas possible, dans mon pays cela ne peut pas marcher, c’est différentde l’Uruguay ». Il leur est alors simplement rappelé qu’en Uruguay à la ndes années soixante, les conditions n’étaient pas non plus réunies et que la

population non plus, ne pensait pas que « c’était possible », dans le contextenational difcile de l’époque.

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Lors des débats apparaissent également les différences entre les paysprésents : Argentine, Chili, Colombie, Équateur, Espagne, Mexique, Pérou.La qualité des logements visités, mais aussi leur coût total et les salaires destravailleurs Uruguayens, font partie des questions abordées. Il existe desdifférences pour l’accès au foncier, selon l’existence ou non d’infrastruc-

tures, selon qui assume les investissements et leur coût. Visites des coopératives

Parallèlement aux discussions, le groupe visite les coopératives et estreçu par leurs habitants, sur un temps sufsant pour engager la discussionsur des cas concrets. La conversation s’engage sur l’histoire de la coopéra-tive, ce qui permet au visiteur de visualiser les composantes de chaque ini-tiative, selon l’époque de construction, le format, le nombre de membres,les ressources nancières mises à disposition, la demande de prêt, les ca-ractéristiques du lieu où est située la coopérative, etc.

Nous avons visité COVIGU, COVIHON 2 et le quartier 26 de Octubre, Covi4 de enero, et d’autres coopératives du quartier Benedetti, le quartier inter-coopératif Zona 3 et la coopérative Curticuer.

Coopératives de logement que nous avons visité pendant les Journées d’échanges.Coopératives de logement à Montevideo (propriété collective/aide mutuelle et épargne

 préalable). Source : élaboration de l’auteure

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 De gauche à droite : Documentation reçue et première notes au siège de la FUCVAM ; participants attentifs pendant l’interview de F. Zerboni aux médias (secrétaire général dela FUCVAM) ; préparation de la manifestation du 11 septembre 2013. Source : archives

 personnelles

 De gauche à droite : Plénière des coopératives en construction ; la salle de l’Assemblée plénière ; décoration (avec des paroles du chanteur-compositeur Daniel Viglietti) dans lasalle commune de COVIGU. Source : archives personnelles

 Discussion à COVIGU et visite à COVIHON 2. Crédit Mariangela Veronesi, BHSF

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 Message interne sur le tableau du chantier de COVI 4 en janvier et vue extérieure de lacoopérative en construction. Source : archives personnelles

 De haut en bas : Quartier Benedetti en construction ; Participation des visiteursapportant de « l’aide mutuelle » ; échange d’impressions avec les coopérateurs sur lechantier. Source : archives personnelles

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 Fresque dans la maison communale de la Zone 3 et début de la manifestation, 11septembre. Source : archives personnelles

 Activités quotidiennes de la fédération

Évidemment, durant toute la semaine, l’activité quotidienne de laFUCVAM se poursuit. Le lundi, nous avons ainsi pu assister à une « Assem-blée plénière » de différentes coopératives ; des coopératives sur le pointde commencer à construire, celles dont les travaux de construction sontengagés. À cette occasion, les coopérateurs échangent leurs connaissanceset impressions. Le collectif –une cinquantaine de personnes de différentescoopératives – exprime ses doutes, ses inquiétudes et informe les autrescoopérateurs de ses avancées. Les coopérateurs qui intègrent le DAT (Dé-partement de conseil technique) coordonnent l’assemblée plénière et orga-nisent chaque semaine l’agenda.

 Visibilité institutionnelle et publique

Cette formation par apprentissage se poursuit par des réunions avecles institutions publiques, qui exercent une responsabilité dans le nance-ment et l’allocation de fonciers au bénéce des coopératives ; il s’agit prin-cipalement de « l’Intendance » de Montevideo et du Ministère uruguayendu logement.

Dans les deux cas, les responsables de ces organismes nous expliquentle contexte et les caractéristiques des programmes coopératifs menés à

leur terme, durant leur mandat. Il faut souligner la conance de ces insti-tutions envers les collectifs organisés en coopératives afliées à la FUCVAMou à d’autres fédérations. La directrice générale du logement afrme ainsiqu’il est « judicieux que les nancements publics soient gérés directementpar les usagers organisés, car il a été prouvé que c’est plus efcace ainsi »…

3 | De nouveaux dés pour poursuivre la route

Le Prix mondial de l’habitat obtenu en 2012 par la fédération a enrichi,mais aussi alourdi son agenda, alors même que tous les postes de coor-

dination et de direction de la FUCVAM sont tenus par des bénévoles. Cecisignie d’avantage de demandes d’échanges, de conseils en provenance

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d’autres pays latino-américains, des visites et des conférences faites enretour par les porte-paroles de la FUCVAM dans ces pays, participation à des

 journées d’échanges…

 Autant de nouveaux dés auxquels les coopérateurs répondent surleur temps libre, alors même que le nombre de coopératives en construc-tion ou en voie de démarrage, s’élève.

Épilogue, novembre 2013 : d’autres questionsdepuis un « autre » Sud, notre Sud. Et des fenêtresQUI S’OUVRENT sur un océan de DÉFIS

Nous avons connu les pratiques d’habitats coopératifs uruguayensau cours de l’année 2010. Mais les problèmes étaient alors différents. Lacrise nancière – dans notre Sud – commençait seulement à se diffuser,

mais n’en était pas arrivé à son stade actuel (nous avons du reste encoreaujourd’hui, du mal à discerner certains contrastes, certaines misères quiarrivent peut-être…).

En Andalousie, depuis le séminaire sur les coopératives de logementsen concession d’usage12, le collectif « Habitares » poursuit son travail surla voie de l’habitat coopératif. L’objectif poursuivi est de produire des coo-pératives qui élargissent l’éventail des politiques publiques ou privées delogements, rendent possible l’accès au logement abordable en la ville, touten considérant le collectif humain comme partie intégrante du processus

et du fait même d’habiter.

En même temps, les réponses apportées par différents collectifs ci-toyens informels dénommés « Corralas », comme d’autres initiatives simi-laires, commencent à faire émerger des possibilités innovantes.

On peut en effet imaginer que certaines solutions temporaires –comme par exemple l’occupation collective d’immeubles vides – puissents’adosser à ce modèle coopératif, an de gagner en légitimité et parviennentà leur tour, à une légalisation durable.

Dans ce contexte, il semble opportun d’aller plus loin que les appren-tissages décrits plus haut. Rappelons à nouveau les bases du « modus ope-randi » (mode de faire): il s’agit d’insister sur l’autogestion des processus,de les unir à une stratégie forte de « plaidoyer politique », à un conseil tech-nique multidisciplinaire. Mais il s’agit également de trouver des solutionsalternatives an de trouver un substitut aux nancements publics que l’onnous dit épuisés.

12. Pour plus d’informations : http://coopdeusosevilla.masqueunacasa.org/blog/index-seminario

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Pourquoi ne pas transformer l’usage initial de bâtiments désormais vides d‘occupants13  ? S’appuyer sur les collectifs organisés là où ils in-terviennent, engager la formation à la coopération sociale et à d’autrespratiques d’autogestion, an de parvenir à une création collective de laconnaissance ? Et enn, ou plutôt pour commencer : mettre en marche des

projets, des processus et des expériences pilotes.Pour notre part, nous continuerons d’observer attentivement les

avancées de la FUCVAM et des coopératives de logements (non seulementen Uruguay, mais dans toute l’Amérique), dans la voie qu’elles ouvrent versd’autres latitudes. Nous reconnaissons le potentiel de leurs apports et nouscontinuerons de travailler sur leurs traces.

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13. Le débat reste ouvert dans l’opinion publique, avec l’approbation du décret de mesures pour assurer la

 fonction sociale du logement, en avril 2013, qui s’est transformé en loi en octobre 2013. Cependant, ce cadre légal prend en compte l’expropriation temporaire de l’usage de certains logements, encore habités, ceux qui sontdevenus propriétés des banques, alors que leurs habitants n’ont pas encore été expulsés. Cette formalité se faitde manière individuelle et n’est pas prévue en cas d’occupation collective des bâtiments vides.

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