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Jacqueline Pieters Fabrication du document imprimé chiffrer commander acheter contrôler Avec la contribution de Marguerite Cardoso © Groupe Eyrolles, 2006, ISBN : 2-212-11509-1

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Jacqueline Pieters

Fabricationdu documentimpriméchiffrer • commander • acheter • contrôler

Avec la contribution de Marguerite Cardoso

© Groupe Eyrolles, 2006,

ISBN : 2-212-11509-1

5L’impressionoffset

Nous abordons maintenant la phase cruciale du travail, l’impression. Ce chapitretraite spécifiquement du procédé offset qui s’est développé en France à partir desannées 1950, remplaçant progressivement la typogravure. De tous les procédés d’im-pression proposés (les autres seront traités au chapitre 6), ce n’est pas le plusimportant en termes de nombre de pages imprimées, mais celui qui concerne le pluslarge éventail de produits. En deçà d’un certain chiffre de tirage, presque tous lessupports de communication sont en effet imprimés en offset : livres, imprimés publi-citaires ou d’entreprises, journaux, magazines, catalogues de toutes sortes, plaquettespublicitaires ou de bilan, agendas, étiquettes, jaquettes de CD ou de DVD, embal-lages, etc.

Pour bâtir le prix de revient d’un document imprimé, le calcul des coûts de l’im-pression, du papier et du façonnage nécessite, bien plus encore qu’au cours des phasesprécédentes, que le donneur d’ordres ait fait siennes certaines connaissances tech-niques. Celles-ci concernent aussi bien la formulation précise de ses besoins que lesoffres du marché (prestataires, machines). Nous traiterons donc successivement dansce chapitre :• l’achat d’impression offset ;• le processus d’impression offset : origine, spécificité, préparation de la forme

imprimante, calage, mise en route des presses et roulage ;• les presses offset feuilles ;• les presses rotatives offset ;• les qualités de l’impression offset et les contraintes qu’elle impose ;• les avancées technologiques prévisibles dans ce secteur ;• le principe de l’imposition ou aménagement des pages d’un document dans une

feuille d’impression ainsi que les impositions particulières ;• la sélection des machines en fonction du type, du nombre de groupes imprimants,

du format ;• les consommables : solution de mouillage, encres.

Le chapitre se termine par la description de méthodes qui pourront être appliquéesà tous les autres procédés d’impression, développées à partir de deux cas pratiques :celui que nous suivons depuis le premier chapitre, et un second cas, introduit ici,pour les calculs de coûts d’impression.

Fabrication du document imprimé 9 5

Fabrication du document imprimé9 6

L’achat d’impression offsetUn bon acheteur, s’il veut optimiser ses choix, doit savoir identifier le procédé d’im-pression convenable – offset feuilles, rotative offset, rotative hélio, numérique… –et le type de machines – formats, nombre de groupes imprimants, donc de couleurs.Autrement dit, il doit connaître les machines présentes sur le marché et savoir « lire »les parcs machines des prestataires. Il lui faut également posséder les notions d’im-position proposées dans ce chapitre et dans le suivant ; en permettant de calculer lenombre de pages imprimables en une seule fois sur une machine, elles orientent sonchoix vers la machine au format adéquat.

Le bouche à oreille tout comme la consultation des plaquettes publicitaires, desannuaires professionnels, des sites Internet et la fréquentation des salons spécialisésdans les arts graphiques (voir page 253) constituent des occasions de trouver desprestataires ainsi que les renseignements concernant leur parc (nombre et type demachines, formats d’impression, nombre de groupes imprimants et de groupes spé-cialisés pour le vernis ou le façonnage par exemple) et leur clientèle.

En préambule, il est bon de retenir que le choix du procédé est lié au rendu dequalité attendu pour le document, à son format, à son support d’impression et à sonchiffre de tirage. De plus, la sélection du format de la machine est, pour l’essentiel,fonction du format et du nombre de pages de la publication, mais parfois aussi duchiffre de tirage. Enfin, le nombre de groupes imprimants de la presse choisie va depair avec le nombre de couleurs, primaires et tons directs, à reproduire ainsi qu’avecla présence de vernis offset, à dispersion, acrylique ou UV.

Le processus d’impressionLe procédé offset permet généralement d’imprimer avec un bon, voire un très bonrendu des documents en une à six couleurs. Le nombre de couleurs peut aller jusqu’àdix sur des machines convertibles utilisées en ligne. Un grand nombre de pressestraitent aussi les vernis.

Les presses offset impriment des feuilles ou des bobines de papier pour la réalisationde documents dont le chiffre de tirage varie en général de 400 à 350 000 exem-plaires. Il peut aussi, dans certains cas, atteindre plusieurs millions, par exemple sile format et le nombre de pages du document empêchent son impression en rota-tive.

De nombreux supports papiers conviennent à l’impression offset : bouffant, papierjournal, papier journal amélioré, magazine, offset, couché, dans une fourchette degrammages de 22 à 450 g environ, selon le type de machine, ainsi que le carton et,plus rarement, le plastique ou le métal.

Qui commande ?Le service de fabrication, achat oucommunication des éditeurs, desgroupes de presse ou des agences.

Remarque

Les constructeurs de machines ne sont pas trèsnombreux et les mêmes presses exploitant

des technologies plus ou moins avancées sontutilisées dans le monde entier par de nombreux

imprimeurs. L’acheteur doit trouver celui qui,après une mise en concurrence et une sélection

rigoureuse, répond le mieux à ses besoins.En fonction des critères retenus, le donneurd’ordres lance la recherche des fournisseurs.Selon les produits, celle-ci peut s’étendre à

l’Europe et à d’autres continents :Asie et Amérique du Sud. En dehors du prix

et du niveau de qualité, le service etl’éloignement géographique entrent en effet en

ligne de compte dans la prise de décision.

ChapitreL’impression offset

Fabrication du document imprimé 9 7

Petite histoire de l’offsetL’ancêtre de l’impression offset est la lithographie (du grec lithos : pierre). Au débutdu XIXe siècle, Senefelder, à la recherche dit-on d’un moyen de reproduire des par-titions, découvre cette technique aujourd’hui considérée comme artistique etartisanale.

Le procédé consiste à dessiner un motif à l’envers, sur une pierre plane, calcaire,grainée, avec une encre ou un crayon très gras. Le dessin est ensuite effacé, la pierremouillée à l’eau et encrée. L’encre rentre dans les pores de la pierre où le gras del’encre ou du crayon utilisé pour le dessin a pénétré, tandis qu’elle est repousséepartout ailleurs par l’eau. Le phénomène physico-chimique selon lequel l’eau et legras se repoussent mutuellement est ici exploité. Le motif encré est ensuite repro-duit sur le papier fortement pressé contre la pierre.

Plus tard, dans certains ateliers, des plaques de zinc recouvertes d’une couche pho-tosensible remplacent progressivement la pierre dont le coût est élevé. Au début duXXe siècle, aux États-Unis, un chef d’atelier, Ira Ruben, découvre par hasard quel’impression sur le papier est bien meilleure si la plaque de zinc reporte d’abord lemotif sur un support intermédiaire qui prend le nom de blanchet. Peu à peu, lesplaques de zinc sont remplacées par des plaques bimétalliques.

Spécificité de l’impression offsetL’impression offset exploite donc ces deux « découvertes » : l’eau et le gras se repous-sent mutuellement ; la qualité d’impression est meilleure si un support intermédiairetransfère le sujet de la plaque sur le papier.

La plaque de métal ou de polyester, entièrement recouverte d’une couche photosen-sible, subit un traitement préalable, par exposition à la lumière ou la chaleur, afinque cette couche ne demeure que sur les zones imprimantes. Puis elle est accrochéesur le cylindre porte-plaque de la machine. Lors de l’impression, encre grasse et eausont déposées successivement sur la forme imprimante. L’encre grasse est attirée parles parties de la plaque où se trouve la couche sensible et l’eau se dépose partoutailleurs, empêchant l’encre d’envahir les zones non imprimantes.

Le report, offset, qui donne son nom au procédé, est réalisé grâce à un blanchet,cylindre revêtu de caoutchouc et de toile sur lequel l’encre de la plaque se transfèreet qui la reporte ensuite sur le papier. Le blanchet est d’ailleurs indispensable car laprésence de l’eau interdit le contact direct avec le papier. De plus, l’effet d’abrasionde ce dernier détruirait rapidement le revêtement sensibilisé de la plaque.

Offset De l’anglais off-set, signifie« décalque », « report ». Le nom désigne à lafois un procédé d’impression et une famille pa-petière qui a vu le jour lorsque le procédé d’im-pression s’est développé.

Principe du procédé offset.

Principe du procédé offsetblanchet contre blanchet.

Fabrication du document imprimé9 8

La couche d’encre déposée a toujours la même épaisseur et tous les niveaux de tonsprésents dans un document sont reproduits dans une trame à l’aide de points de dif-férentes grosseurs (voir chapitre 3).

Les zones imprimantes et non imprimantes étant sur le même plan, il s’agit d’unprocédé d’impression à plat, particularité qui permet d’imprimer, soit un seul côté,soit le recto et le verso du papier simultanément.

Un groupe classique, imprimant des feuilles d’un seul côté, est composé des élé-ments suivants :• un cylindre porte-plaque supportant la plaque imprimante sur laquelle se trou-

vent les sujets à reproduire ;• des rouleaux encreurs et des rouleaux mouilleurs qui déposent l’encre et l’eau de

mouillage simultanément sur la plaque ;• un cylindre supportant le blanchet ;• un cylindre de contre-pression pour guider le papier et le plaquer contre le blan-

chet.

Une manière classique d’imprimer le papier recto verso, très employée en rotativeou sur des machines feuilles à retiration, consiste à le faire passer entre deux blan-chets. Cette configuration s’appelle « blanchet contre blanchet » (voir page 97).

La présence d’eau de mouillage dans le processus de reproduction est encore large-ment répandue. Cependant, certaines presses Waterless fonctionnent déjà depuisquelques années. L’absence d’eau de mouillage est rendue possible par les propriétésencrophiles et encrophobes de la plaque et par l’aménagement sur la presse de sys-tèmes de refroidissement de l’encre (voir plus bas les différents types de machines).

Avant de passer aux différentes phases de l’impression, un rappel rapide de quelquespoints clés abordés pour la photogravure (voir chapitre 3) s’avère nécessaire.

Dans la plupart des cas, le donneur d’ordres remet à l’imprimeur un fichier numé-rique dont il a préparé les données en tenant compte de la linéature de la trameutilisée pour l’impression.

En général, des trames de 120 à 133 lpi sont utilisées pour la reproduction des publi-cations en noir et en bichromie avec ou sans similis ou pour de l’impression enrotative. Les trames de 150, la plus utilisée, 170 ou 200 lpi servent pour la quadri-chromie, les deux dernières étant réservées aux documents de très bonne qualité. Ils’agit là de trames classiques. Les autres principaux types de trames sont énumérésdans le chapitre traitant de la photogravure.

Avant la réalisation matérielle des plaques, l’imprimeur doit prévoir l’aménagementdes pages sur les feuilles d’impression. Cette opération, effectuée numériquement,ou manuellement dans le cas de l’offset traditionnel, se nomme l’imposition. Elleest détaillée plus loin.

Remarque

La rubrique traitant de la présentation desmachines propose des configurations parretournement du papier ou satellitaires.

Rappel

En impression, la trame est une grille virtuellecomposée de lignes, appelée « linéature de

la trame », qui se définit en lpi (line per inch),ou ligne par pouce linéaire. Le document

à imprimer est transformé en une successionde points reproductibles de différentes grosseurs,dont le nombre varie en fonction de la linéatureet de la résolution, qui se déposent à l’intérieur

des lignes (voir chapitre 3).

Reconstitution d’un point de trame en150 lpi. Le point de trame est constitué

de points plus petits, plus ou moinsnombreux (ici en haute résolution pour

l’impression, voir photogravure). Il estaménagé dans la linéature de la trame.

ChapitreL’impression offset

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La préparation de la forme imprimanteLa préparation de la plaque, ou matrice, permet de délimiter les zones imprimantesqui reçoivent l’encre et les zones non imprimantes qui accueillent l’eau. Sous lacouche destinée à retenir l’encre, la plaque est constituée de micros-alvéoles ou d’unecouche qui retient l’eau.

La technique du CTP (computer to plate), ou plaque directe, est la plus répandue poureffectuer cette opération. Une rubrique est consacrée à la préparation de la formeimprimante en offset traditionnel et en CTF (computer to film), bien que ces tech-niques soient en voie de disparition. En effet, il est ensuite plus facile de comprendrel’adaptation numérique des opérations appliquées à la fabrication des plaques.

En offset traditionnelLe donneur d’ordres fournit au prestataire des films tramés, un par page et parcouleur. Ainsi, dans le cas d’un catalogue de 64 pages, imprimé en quadrichromie,le donneur d’ordres remet au prestataire 256 films pour reconstituer l’intégralité dudocument (64 pages x les quatre couleurs de la quadrichromie).

L’imprimeur trie ces films puis les classe par côté de feuille d’impression et parcouleur. Ensuite, le film de chaque page est collé sur un support transparent selonl’ordre d’imposition (voir plus loin). C’est l’étape du montage, ou assemblage despages d’un côté de feuille à imprimer en une couleur.

Dans l’exemple cité, si le catalogue de 64 pages est constitué de deux feuilles d’im-pression de 32 pages, l’imprimeur fabrique 16 montages :4 montages par côté de feuille (1 par couleur) x 2 pour les deux côtés de la feuillex 2 pour les deux feuilles d’impression.

Lorsque le montage des films de la totalité d’un document est terminé, l’imprimeurreprend les montages, en général de deux couleurs par côté de feuille, et les copiepar l’action des rayons ultraviolets – UV – sur du papier photosensible qu’il déve-loppe ensuite. Il plie cette copie sur papier en cahiers qu’il assemble pourconfectionner l’Ozalid, document de contrôle envoyé au donneur d’ordres.

Le support sur lequel sont fixés les films est ensuite copié de manière analogique,couche des films contre couche de la plaque, par insolation. Les UV « grillent » leszones qui ne sont pas protégées par le film. Puis la plaque est développée, rincée etcorrigée si besoin pour éliminer certains éléments indésirables, comme des salissuressur le châssis d’insolation qui se seraient reportées sur la plaque.

Les zones non imprimantes, non protégées par le film, sont éliminées. Il y a autantde plaques que de montages. Cette technique est quasiment obsolète, sauf en cas deréimpressions pour lesquelles l’imprimeur a gardé les montages.

Rappel

L’écriture des points de trame est réalisée par le matériel de sortie : la flasheuse pour les films, l’imageuse pour les plaques, selon les instructions du RIP.

Montage du noir d’un côté de feuille.On aperçoit les traces du scotch qui fixe les films des pages.

L’OzalidReprésentation monochrome de la totalitédu document qui doit être validée par ledonneur d’ordres avant la préparation desplaques. Le mot « Ozalid », encore déposé,vient du procédé diazoïque (vapeurs d’am-moniaque) qui sert à le produire. Il estdonc impropre d’appeler ainsi un documentde contrôle généré numériquement (voirplus bas).Le contrôle par le donneur d’ordresconsiste à vérif ier si le format estconforme, ainsi que la présence de tous leséléments et la chronologie des pages.