du cÔtÉ de la gare - ahqg.free.frahqg.free.fr/ahqgv2/html/dcdg/cotegare15.pdf · les hirondelles...

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Publié par l’Association des Habitants du Quartier Gare - N° 15 - Eté 2012 « Il n'est pire amour que le regard que l'on échange dans une gare lorsque les deux trains vont chacun de son côté. » Les hirondelles de Kaboul, Yasmina Khadra DU CÔTÉ DE LA GARE Journal de quartier - N° 15 - Gratuit - Eté 2012 SYLVIE RIVIERE C'est l'été… c'est l'été… et ce numéro sort dans l'effervescence des manifestations qui jalonnent toujours le début des beaux jours : fêtes de quartier, vide-greniers, concerts en plein air et autres pique-niques entre voisins… Cette édition de votre magazine de quartier permet, comme d'habitude, de faire connaissance avec des personnages, des lieux et des initiatives de proximité. Le dossier, centré sur les jeunes qui habitent et fréquentent le quartier, met le doigt sur des réalités à facettes multiples : vie au pied des immeubles, lieux de rencontre, colocations… Et comme à chaque numéro, nous avons voulu essayer autant que possible de l'élargir à de nouveaux contributeurs : n'hésitez pas à y mettre votre grain de sel, à nous faire part de vos commentaires, à proposer votre participation à la rédaction, au dessin, à la photo ou encore à la prospection d'espaces publicitaires. La rédaction Du Côté de la Gare 10 rue Déserte 67000 STRASBOURG E-mail : [email protected] Directrice de publication et coordination Myriam NISS Mise en page Pierre REIBEL Ont participé à ce numéro : L. BREUNING, C. CHARRIER, T. FOEHRENBACHER, L. FORT, F. HECKMANN, J. IVANENKO, E. LEGRAND, S. LE MENER, O. MITSCHI, T. MITSCHI, M. NISS, F. POLLARD, Z. POLLARD, P. REIBEL, J-P. RIEB, L. ROCHER Pique-nique entre voisins Jeudi 5 JUILLET, à partir de 19h sur la plateforme du Faubourg National. Apportez votre panier garni, vos amis, vos couverts et votre bonne humeur ! Notre dossier, pages 3 à 5 Etre jeune dans le quartier Gare M. Kartiégar vire écolo, page 8 La campagne, c’est maintenant... Portrait du petit matin, page 6 17 rues sont à lui, de 5h à midi Poussez la porte pour voir..., pages 6 & 7 Egalité culturelle, crédit solidaire... Un bunker peut en cacher un autre !, page 2 Les mystères de l’hôpital enfoui Au sommaire :

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P u b l i é p a r l ’ A s s o c i a t i o n d e s H a b i t a n t s d u Q u a r t i e r G a r e - N ° 1 5 - E t é 2 0 1 2

« Il n'est pire amour que le regard que l'on échange dans une garelorsque les deux trains vont chacun de son côté. »

Les hirondelles de Kaboul, Yasmina Khadra

DU CÔTÉ DE LA GAREJournal de quartier - N° 15 - Gratuit - Eté 2012

SYLV

IE R

IVIE

RE

C'est l'été… c'est l'été… et ce numéro sort dans l'effervescence desmanifestations qui jalonnent toujours le début des beaux jours : fêtesde quartier, vide-greniers, concerts en plein air et autres pique-niquesentre voisins… Cette édition de votre magazine de quartier permet,comme d'habitude, de faire connaissance avec des personnages, deslieux et des initiatives de proximité. Le dossier, centré sur les jeunes quihabitent et fréquentent le quartier, met le doigt sur des réalités à facettesmultiples : vie au pied des immeubles, lieux de rencontre, colocations… Et comme à chaque numéro, nous avons voulu essayer autant quepossible de l'élargir à de nouveaux contributeurs : n'hésitez pas à ymettre votre grain de sel, à nous faire part de vos commentaires, àproposer votre participation à la rédaction, au dessin, à la photo ouencore à la prospection d'espaces publicitaires. La rédaction

Du Côté de la Gare 10 rue Déserte 67000 STRASBOURG E-mail : [email protected]

Directrice de publication et coordinationMyriam NISS

Mise en pagePierre REIBEL

Ont participé à ce numéro :L. BREUNING, C. CHARRIER, T. FOEHRENBACHER, L. FORT, F. HECKMANN, J. IVANENKO, E. LEGRAND, S. LE MENER, O. MITSCHI, T. MITSCHI, M. NISS, F. POLLARD, Z. POLLARD, P. REIBEL, J-P. RIEB, L. ROCHER

Pique-nique entre voisinsJeudi 5 JUILLET, à partir de 19hsur la plateforme du FaubourgNational. Apportez votre paniergarni, vos amis, vos couvertset votre bonne humeur !

Notre dossier, pages 3 à 5Etre jeune dans le quartier Gare

M. Kartiégar vire écolo, page 8La campagne, c’est maintenant...

Portrait du petit matin, page 617 rues sont à lui, de 5h à midi

Poussez la porte pour voir..., pages 6 & 7Egalité culturelle, crédit solidaire...

Un bunker peut en cacher un autre !, page 2Les mystères de l’hôpital enfoui

Au sommaire :

2 P u b l i é p a r l ’ A s s o c i a t i o n d e s H a b i t a n t s d u Q u a r t i e r G a r e - N ° 1 5 - E t é 2 0 1 2

de l’hôpital enfoui

Un bunker peut en cacher un autre !

Boulevards : ça va bouger !

Le quartier-gare pourrait être dans lesannées à venir le théâtre d'opérationsurbanistiques d'envergure : en plus de larénovation du Centre-halles, une nouvelleligne de tram entre Wolfisheim et Ven-denheim, via la gare, devrait voir le jour.

Allons-nous enfin connaître nos boule-vards sous un jour apaisé dans des tempspas trop lointains ? Le tronçon de ligne réa-lisé sur le boulevard Wilson devrait connaî-tre une suite vers ceux de Metz et Nancy,pour se diriger ensuite vers Koenigshof-fen, où le débat fait rage en ce moment ausein du Conseil de quartier. L'objet de ladiscorde : le choix du type de mode detransport pour cette nouvelle ligne, entreceux qui souhaiteraient un tram sur ferclassique et l'alternative « sur pneu », quiapparaît à certains comme une version aurabais, ce qui est justement l'argumentprincipal de nos élus. Fer ou pneu, loin denous l'idée d'un quelconque dogme en lamatière ; retenons en premier lieu la pers-pective d'une requalification des boule-vards, depuis longtemps réclamée, ainsique l'amélioration de l'offre de transportdans notre quartier (qui n'en est pasdépourvu !). Le cas échéant, il faudraitcependant éviter une rupture de chargeavec le tronçon existant bld Wilson, avantque le tram ne file vers la place de Hague-nau, direction Schiltigheim. Faisons doncconfiance aux spécialistes… tout en suivantattentivement l'évolution du projet ! Et exi-geons que soit traité également le bld deLyon, pour que nos boulevards ne soientplus synonymes de nuisances...

Pierre Reibel

La place des Halles est un lieu central, très connu et finalementbanal ! On y passe forcément pour faire ses emplettes, du lèche-vitrines, renouveler sa garde-robe... Pourtant, elle cache encore dessurprises sous sa peau macadamée. Une trappe bien dissimuléesur le parking de la gare routière peut vous permettre d'entrer dansun autre espace-temps.

Par une belle après-midi de mars, unepoignée de femmes et d'hommes, tousrevêtus d'une combinaison blanche, d'uncasque et de grandes bottes en caout-chouc, décident de percer le mystère. Latrappe ouverte, ils descendent les barreauxd'une échelle et se retrouvent plongéssous terre, 75 ans en arrière !

On est en 1937, la 2ème guerre mondialese profile inévitablement et l'armée fran-çaise construit ça et là des abris pour ren-forcer la défense passive. C'est donc surun bunker que repose le complexe desHalles construit en 1974 ? Quand la guerreest déclarée, l'armée allemande remplacela française et transforme cet abri en unhôpital militaire. A-t-il servi ? Personne nesemble le savoir avec certitude…

On avance à la lueur des torches dans cetunivers de béton. On passe un premier sasprévu pour échapper aux gaz asphyxiants :deux séries de salles concentriques sontorganisées autour d'une salle d'opérationcirculaire. Ce bunker constitue un cerclede 25 mètres de diamètre ; pas facile de

s'y repérer ! C'est un vrai dédale ! Il y a biendes inscriptions peintes sur les murs,comme « Ruhe », ou « Rasch auskleiden »,qui se répètent… Des traces de vie ? Aucune,mis à part l'espace qui devait servir auxdouches, que l'on reconnaît au carrelageblanc sur les murs et au protocole sanitairepeint en noir : « 15 Sekunden duschen », etc.On quitte ce cercle souterrain par la mêmeentrée. Étrange impression !

Retour à la lumière du jour, retour de laparole à l'air libre et place aux questions.Pourquoi ce bunker a-t-il été si longtempsdissimulé aux Strasbourgeois ? Qui pourraitnous en dire davantage ? Nous apprenons que la Ville fait effectuerchaque année une visite de contrôle pours'assurer de la salubrité du lieu et de sonimperméabilité. Elle a aussi le dessein depréserver ce patrimoine historique pour letransmettre aux générations futures. Nousattendons vos propositions…

Frédéric Heckmann

Cette excursion souterraine a été organisée le 20 mars par la DUAH-Service des projets urbains de la Ville de Strasbourg. L'intervention d'une société de sécurisation a été sollicitée pour accompagner les participants.

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A gauche : une tenue adaptée pour affronter

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Les mystères Et si on partageait ?Tu m'apprends à utiliser une perceuse,elle te montre comment on confectionneles sushis, j'initie un voisin à la répara-tion de vélo… Cela s'appelle « échangerdes savoir-faire ». Et on aimerait bientester la formule sur le quartier-gare.

Une première offre, pour démarrer :apprendre à (bien) coudre un bouton,savoir faire un ourlet, repriser unechaussette… bref, être à l'aise dans lesmenus travaux de couture. Catherinefournira fils et aiguilles, le 22 juin de18h à 20h. Pour réserver, il suffit d'appe-ler au 06 47 36 08 35 (groupe limité àcinq personnes). Si vous avez des idéesde ce que vous pouvez échanger enretour, ce sera l'occasion d'en discuterensemble. A bientôt !

les entrailles de la terre.A droite : consignes sur le mur d’une salle de soin (Rester calme - Défense de fumer -Suivre les consignes du personnel).

3P u b l i é p a r l ’ A s s o c i a t i o n d e s H a b i t a n t s d u Q u a r t i e r G a r e - N ° 1 5 - E t é 2 0 1 2

Etre jeune dans le quartier Gare

Le quartier-gare est jeune : il n'y a qu'à s'y promener pour constater que les moins de 30 ans y sontnombreux et bien visibles. Grandes familles, appartements propices aux colocations, loyers(relativement) raisonnables, commerces populaires, ateliers d'artistes, cafés et lieux culturelsdiversifiés : tous ces ingrédients font la « jeunesse » du quartier. Allons y voir de plus près : que fait-on,comment vit-on, de quoi rêve-t-on quand on est jeune dans le quartier-gare ?

Qui c'est, les jeunes ?

Quelles sont leurs réalités et leurs atten-tes ? Tentative de définition avec AntonyArmant, animateur-coordinateur pédago-gique de Porte Ouverte.

Tout d'abord, quand on parle d'un jeune,on fait référence à son âge. Mais à partirde quand et jusqu'à quand une personneest-elle définie comme jeune ? Une partiede notre action à l'association est dédiéeaux « jeunes » et englobe les 12-25 ans.On ne peut pas définir l'ensemble des jeu-nes par quelques caractéristiques… Ilsappartiennent à de multiples CSP, lescadres de vie sont divers… Le sud du quar-tier-gare renferme un des quartiers lesplus « paupérisés » de la ville, c'est cettepartie que je connais du fait de l'implanta-tion des locaux de Porte Ouverte… Ce sontles jeunes qui vivent là que je vois le plus…

Est-ce qu'ils sont demandeurs d'activités ?Tous les aspects de la vie du jeune sont enprincipe concernés par les dispositifs des-tinés à la jeunesse : scolarité, éducation,liens avec les parents, sphère familiale, loi-sirs, sport, culture, amis… Les familles neviennent pas solliciter l'information quantà l'offre, il faut aller vers elles… Au-delà de18 ans, nous maintenons le lien avec lesjeunes au travers du créneau futsal (foot-ball en salle), avec l'association VilAJe. Celien nous permet de les inciter à participeréventuellement à des activités suite àleurs demandes… Il y a peu de structuressportives, on est obligé de sortir du quar-tier pour en trouver, aller à l'Elsau, à Koe-nigshoffen…

Comment se regroupent-ils ?Les jeunes ne semblent pas s'investir spé-cialement dans leur lieu de vie, ils ne sontpas non plus, sans sollicitation, force deproposition en matière de projet. Cepen-dant, ce manque d'investissement n'estpas spécifique aux jeunes.Il n'y a guère de centralité, dans le quartier,sauf par les établissements scolaires quipermettent de fédérer les groupes. Ils ontenvie de se retrouver entre eux, mais pasforcément sous la houlette d'un adulte. Leprincipal besoin exprimé est de pouvoir

Des loisirs gratuits

Bonjour, je m'appelle Salomée et je suishabitante du quartier-gare. Je souhaiteraisvous parler des activités pour les jeunesdans ce quartier. Pour les jeunes (10-15ans), il n'y pas grand-chose à faire dans lequartier, malheureusement ! Il y a peut-êtrele terrain de skate-board-vélo derrière lemusée d'art moderne, mais il y a souventbeaucoup de jeunes qui prennent toutela place et qui, sans faire exprès, peuventpousser et faire tomber les gens, ce quin'est pas très amusant !

Ce serait peut-être biend'installer plus d'activi-tés pour les jeunes dansle quartier, non ? Et siles loisirs que l'on ins-tallait étaient gratuitspour les 10-15 ans ? Moipersonnellement j'aime-rais bien une salle oùseulement les 10-15 ans

pourraient venir (les jeunes du quartier-gare seulement aussi). Là-bas, il y auraitplein d'activités sportives et gratuitesorganisées par des bénévoles du quartier.Après, il faudrait organiser une sorte demini-conseil des jeunes dans le quartier,là on pourrait décider des choses à instal-ler ou bien des choses à retirer (les chosesinutiles) !

Salomée, 11 ans ½

être ensemble. Nous accueillons tous lespublics et tentons de favoriser la mixité(culturelle, CSP, lieu de résidence), mais lamixité des genres existant à l'adolescencetend à diminuer par la suite…

Les lieux culturels du quartier sont-ils fréquentés par les jeunes du quartier ?Peu de leur propre initiative, en ce qui con-cerne les jeunes fréquentant l'association,soit pour des raisons financières mais sur-tout à cause de la méconnaissance et desa priori par rapport à certains lieux dédiésà la culture.Notre public ne trouve pas de lien d'identi-fication, par exemple, avec le Molodoï oula Friche Laiterie, qui sont pourtant desstructures attenantes à la nôtre. La seuleconnaissance qu'ils ont de ces structuresrepose sur ce que les jeunes en voientdepuis la rue. Si l'on parle du Molodoï, ilsne retiennent que le public attendant depouvoir accéder à la salle de concert dansdes tenues différentes de celles de notrepublic. Et cette différence ne les incite pas ày entrer. En tant qu'acteur du territoire, nousavons un rôle à jouer, car dans ces lieux,que les jeunes estiment ne pas leur êtreadressés, se déroulent des événements quileur sont dédiés. C'est dans ce cadre quenous essayons de développer un projet co-porté avec le Molodoï autour de la musiqueassistée par ordinateur. Nous avons unrôle de sensibilisation à la richesse et àla diversité culturelle du quartier-gare ;cependant, il s'agit d'une démarche quis'inscrit dans le temps et qui peut ne pastrouver écho auprès de tous les jeunes.

Propos recueillis par Myriam Niss

SouhaitsVaste sujet

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Gare à la paresse !

Le quartier-gare à première vue regorgede PMU, mais il suffit de s'y aventurer unpeu plus profondément pour trouver despetites perles de la vie étudiante stras-bourgeoise. L'étudiant lambda, égaréloin de son campus, pourra alors pros-pecter dans les rues du quartier-gare.

Pour l'apéro, il aura un panel de choix,entre le Troc'Café, où l'ambiance cosy et ladéco farfelue pourra en ravir plus d'un, oule Kitsch'n Bar, qui a récemment fêté sestrois ans. La fête y est toujours au rendez-vous, du moins dès lors qu'on arrive asseztôt pour réussir à se procurer une table ouquelques chaises. Effectivement, grâce àses concerts en pagaille et ses éthylo-quizz, le Kitsch'n ne connaît pas la crise, etfait toujours salle comble. Entre le look« comme à la maison », les séances dedanse endiablées, les serveurs sympas, labière pas chère, le baby-foot qui trône àl'entrée des toilettes, ce bar revitalise leFaubourg National et par la même occa-sion le quartier-gare. Cet inventaire n'est pourtant pas exhaustif.D'autres bistrots méritent d'être découverts.Pour grignoter pas cher, rendez-vous ruedu Maire Kuss : salade, tomate, oignonsà foison, döner à toute heure (environ

jusqu'à 3h du matin). La panse remplie,il est temps de continuer cette soirée !Direction les salles de concerts. En fonc-tion des goûts, le Molodoï ou la Laiterie.

Le Molodoï (« jeunesse » en russe), lieualternatif unique en France, qui fonctionnesur le principe de l'autogestion, proposede ce fait des soirées éclectiques : rap,hip-hop, rock, metal, electro, dub-step, reg-gae, fanfare, chanson française, et ovnismusicaux. Mais le Molodoï n'est pasqu'une salle de concert, c'est égalementun espace d'expressions artistiques diver-ses (expos, après-midis jeux, discussions,projections, etc.) Le prix des soirées estvariable, il n'excède jamais huit euros et labière n'y est pas chère ! Pour voir des con-certs plus « traditionnels », tournez à droiteaprès le Molodoi, vous tomberez nez à nezavec la Laiterie.

De l'autre côté du quartier sont organiséesponctuellement des soirées dans l'écoled'architecture. Pantouflards s'abstenir ! Lesmonuments que sont ces événements sonttoujours très appréciés, avec leurs thèmesdélirants : « Poil et plume », « URSSex »...Finalement il se fait tard, ou tôt selon lepoint de vue. Quoi qu'il en soit, tôt ou tard,le soleil se lève sur le « tiégar » : les pre-miers trains vont arriver, les fûts de bièressont asséchés, il est cinq heures, la gares'éveille ! Il est cinq heures, on n'a pas som-meil.

Zelda Pollard & Tom Mitschi

Quand sport rime avec rue

L'arrivée des beaux jours fait sortir dechez eux les jeunes sportifs. Force est deconstater que le quartier-gare n'est pasle mieux équipé de ce point de vue, maisles espaces existants, qu'ils soient homo-logués ou non, semblent au moins con-tenter leurs utilisateurs. Des sportsde glisse au Musée d'Art Moderne etContemporain aux sports plus classi-ques derrière la Semencerie, petit tourde piste de ces lieux aux publics trèsdifférents.

Rue de Rothau, derrière la Semencerie, secache un petit terrain multisports, lieu derencontre incontournable des footballeurset basketteurs du quartier. Construit surun terrain vague et sans voisins proches,l'endroit est rarement inoccupé. Tous lesdimanches matins, des mini-tournois defoot sont improvisés. Pas très grande, la

structure permet au mieux des 4 contre 4.Du coup, c'est chacun son tour. Lesjoueurs, de 8 à 18 ans, sont tous du quar-tier. En fin d'après-midi, ce sont les plusjeunes qui monopolisent le terrain et, unpeu plus tard dans la soirée, c'est au tourdes plus vieux d'investir les lieux. Mais lapartie est parfois écourtée : « Le terrainn'est pas éclairé, même en hiver », regret-tent Salah et Mysa. Réhabilitée en 2004, lastructure n'a pas été entretenue. Elle a déjàbien vieilli et son revêtement se détachemême par endroits.

Mais où sont les filles ?Plus loin, au pied du MAMCS, moins dejeunes du quartier. On vient parfois de loinpour profiter de ce « paradis » de la glisse.Skates et rollers se croisent place JeanArp, sur le petit bout de macadam qui reliel'ENA au musée, un « spot » connu bien au-delà des frontières alsaciennes. Sur place,jeunes ados et trentenaires se mélan-gent. Arnaud, 24 ans, vient ici depuis unedizaine d'années. Josselin et Pierre fré-quentent, eux, le lieu depuis deux ans. Ceuxqui ont la chance d'habiter le quartier vien-nent presque tous les jours. Pour lesautres, l'accès est facilité par la proximitéde la gare et des arrêts de tram. « Quandj'habitais à Nancy, on organisait une sortietous les mois pour venir skater ici », précisePierre. Un véritable skatepark a pourtantété inauguré en 2006 à Cronenbourg, maisles riders lui préfèrent le spot du muséedont le cadre est plus sympa et qui serait

moins dangereux… Les deux lieux ont beaudrainer des jeunes de milieux très diffé-rents, que ce soit sur le terrain de la rue deRothau ou le parvis du MAMCS, un mêmeconstat : la gent féminine est aux abonnésabsents. « Elles ont peur de nous », préciseMysa. Place Jean Arp, « elles sont égale-ment très rares, même si certaines dai-gnent parfois faire leur apparition ». Maisalors, où vont se défouler les filles duquartier quand viennent les beaux jours ?Le mystère demeure entier.

Elodie Legrand

Foot and skate

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FRANÇOIS POLLARD

Folles soirées

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Des colocs, en veux-tu, en voilà...

Le quartier gare abrite un grand nombrede colocations d'étudiants et de jeunestravailleurs. Témoignages de jeunes ensituations très différentes, qui ont appré-cié le quartier pour des raisons diverses.

Matthieu, 24 ans, chômeur, a vécu en colo-cation pendant 4 ans rue de la Broque,avec 3 étudiants et jeunes travailleurs. Leprix modique du loyer et la proximité ducentre ville avaient motivé son choix duquartier. Pour lui, les bons points résidentdans la proximité des espaces culturels(Laiterie, Molodoï, MAMCS, TAPS), « c'est unplus pour les jeunes qui en ont les moyens ».Mais lui-même est peu sorti pendant cesquatre ans. Il a apprécié aussi les commer-ces de proximité (l'épicerie à l'angle du bldde Nancy, l'as du doner kebab), les com-merçants vraiment sympas, cordiaux, trèsouverts... dans les deux sens du terme. Il a

un souvenir ému d'un riz au safran pascher du tout de l'épicerie du coin. Les petitsrestaurants coûtaient largement moins cherque dans son quartier actuel (Neudorf). Lescolocataires s'invitent aussi souvent d'unappartement à l'autre et c'est sympa car« ça peut suppléer au manque de moyensfinanciers ».

Lucie, 24 ans, étudiante ingénieure enapprentissage, est en colocation depuisdeux ans sur le Faubourg National. C'estune petite colocation à deux avec uneadulte propriétaire. Elle se définit comme

une colocataire de passage. Motivation duchoix du quartier-gare : le hasard de larecherche d'appartement, car elle cherchaitun quartier pas excentré. Mais, dit-elle, « onpeut se sentir bien n'importe où ». Les bonscôtés du quartier pour elle sont liés au côtépratique de la vie à côté de la gare. « Je suistoujours en mouvement, j'ai toujours unevalise dans ma chambre ». Elle se déplaceà vélo et peut se rendre très facilement aucentre-ville ou à son école, en dix minutes.« C'est parfait pour les déplacements ». Lucie veut continuer à habiter en colocation,« ça m'a permis de rencontrer des gens ».Dans la ville où elle est en apprentissage,elle vit seule et si c'était à refaire elle pren-drait une colocation. Si elle devait choisirun autre quartier à Strasbourg, elle habite-rait près de la place Saint-Etienne ou à laKrutenau pour la vie étudiante. Elle n'a paseu beaucoup l'occasion de sortir dans lequartier gare, mais a pu profiter quelquefoisdes TAPS et d'un bistrot sympa (le Kitsch'n).Elle perçoit le quartier-gare plus comme unlieu de résidence que comme un endroitoù vivent vraiment les jeunes.

Souvenirs de Caroline,étudiante en médecine. « Il y a beaucoup de colocsdans le quartier-gare, sûre-ment parce que les loyersne sont pas trop cherset que les espaces sontgrands... C'est ce qui m'adécidée à venir vivre là...On se retrouve souvent faceà des proprios peu scrupu-leux (j'ai pu, par exemple,expérimenter une vie sans

électricité pendant quelques semaines etbien d'autres aventures palpitantes).La colocation, en général, est pleine debonnes et moins bonnes choses... C'est unapprentissage de nos limites et de cellesdes autres... cuisiner, faire le ménage, seraconter nos vies, regarder un film, repein-dre le salon, faire pousser des fraises surle balcon... Cela peut être super… maisaussi une vraie plaie ! Au départ, j'ai vécudans un immeuble où la moyenne d'âgedevait être de 20 ans et des poussières...On pouvait aller boire des verres chez lesvoisins, ramasser des poubelles éventréessous les boîtes aux lettres... Ce qui est vraiment intéressant dans cequartier, selon moi, c'est son côté vivant(épiceries, bars, salles de concerts, lieuxd'expositions...) et la diversité des habitants.Quand on sort de chez soi, on croise toujoursquelqu'un, quelque chose à voir et puis onest près de tout... à pied, à vélo, en tram etpourquoi pas en train... Après, quand on se retrouve sur les bou-levards, on se met à espérer une haussecritique du prix du baril de pétrole, histoired'avoir les oreilles et les poumons un peuplus libres ! Peut-être aussi ferait-il bon vivresans caméras de vidéosurveillance... maisc'est un problème à l'échelle de la ville ».

Propos recueillis parCatherine Charrier

Pas facile d'être jeune !En passant ses journées de travaildans les rues du quartier-gare,Mathieu Blaes, éducateur de l'asso-ciation VilAJe, rencontre prioritaire-ment des jeunes. Observateur auquotidien, il est amené à tenter derésoudre des problèmes d'orientation,d'insertion, parfois de justice…

Si la surveillance accrue empêchedésormais les jeunes de passer la nuitdans des wagons parqués sur lesvoies, le hall de gare et le parvis restentdes lieux de rencontre pour les jeunes.Le quartier-gare est un carrefour oùpassent des jeunes venus de tous lesquartiers pour des raisons diverses, quise mêlent à ceux qui l'habitent. Cettemobilité fait qu'il n'est pas évidentd'établir à première vue une distinctionprécise. Les jeunes du quartier habi-tent le plus souvent chez leurs parents,mais certains doivent avoir recours àdes dispositifs sociaux. Mathieu Blaes,pour qui ceux du quartier-gare sont des« jeunes comme les autres », constateaussi « qu'il n'est pas facile d'êtrejeune » ! Il cite d'ailleurs avec humourla parole de l'un d'eux : « Un jeune sansproblème, on se fait du souci pour lui… ».Dans certains ensembles, notammentdans le sud du quartier, aux logementssouvent dégradés, on ressent assez fortune identité commune, liée à l'appar-tenance de classe, aux problèmesmatériels.

Un endroit pour se retrouver« Les jeunes ne sont pas demandeurs,mais plutôt résignés », note M. B. Il y aceux que l'on appelle les « muristes »,qui se tiennent toute la journée deboutcontre un mur, certains se lançantdans l'économie parallèle… Mais il y aquand même des initiatives volontaris-tes : « un box de parking a été investi enautogestion, ils y ont aménagé une sallede sport ». Les filles sont moins visiblesdans la rue que les garçons : Il n'y aplus guère de mixité à partir de 16 ans,les filles allant « en ville » pour faire dulèche-vitrines entre copines… Les plus âgés se rendent à certainessoirées du Molodoï. Il arrive aussi qu'ilsfréquentent la Laiterie en fonction destolérances du lieu, par exemple s'ilsont la possibilité d'entrer librement enfin de concert… Une boîte de sécuritéde proximité fait parfois appel à desjeunes du quartier pour compléter leurseffectifs lors de certains événements.Alors, qu'est-ce qui leur manque ? PourMathieu, il serait important pour cesjeunes de disposer d'un « endroitd'accueil, sans activité obligatoire, avecjuste la présence d'un adulte pourréguler… ».

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Témoignages

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Portrait du petit matin

17 rues sont à lui,

Cela fait des années que Pascal Schmitt promène un balai impi-toyable dans les rues du quartier, pour traquer les saletés jusquedans les moindres recoins. Il raconte son métier, ses expériences,ses rencontres…

Pascal Schmitt aurait aimé être chauffeur-routier, comme son grand-père et sonpère. « J'accompagnais mon père sur lesroutes, cela m'a fait voir du pays… », sesouvient-il. Ou bien pourquoi pas forgeron,en allemand der Schmiede. Il a vérifié, c'estbien de là que vient son nom, Schmitt (ilprécise toujours les deux t à la fin) : sonarrière-arrière-grand-père a forgé des fersà cheval du temps de Napoléon III. Mais aufinal, pas de regrets. Après avoir tâté del'usine (chez Strafor), Pascal s'est retrouvéau chômage et a eu alors l'occasion d'ef-fectuer un CDD d'un an au service propretéde la CUS. Il a ensuite été employé par desrégies de quartier, jusqu'à ce qu'on lui pro-pose d'entrer à la CUS en tant qu'agentd'entretien « assimilé fonctionnaire ». C'étaitil y a 11 ans. Depuis, toujours en tandemavec un chauffeur qui conduit la camion-nette où sont entassés les déchets et quile suit dans toutes ses pérégrinations, ileffectue son "H3" : un code mystérieux quidésigne son poste de travail. Etre H3, celaveut dire qu'il travaille du mardi au samedide 5h00 du matin à midi. Ce sont, à sonavis, « les meilleurs horaires parmi tousceux en cours dans le service », car ilspermettent, après une petite sieste, deprofiter de l'après-midi. Habitant à Koe-nigshoffen, il se lève à 3h par habitude,mais il ne lui faut que cinq minutes pour serendre au petit matin au local de regrou-pement des agents d'entretien des districtsCentre et Ouest.

Mieux connaitre les gens et leurs comportementsSon champ d'action à lui, un gros morceaudu quartier-gare, ne contient pas moins de17 rues. Dans ce secteur, question entre-tien, on ne s'ennuie pas ! Rigoles, trottoirs,herbes folles entre les pavés… Equipé d'unsimple balai et d'une pelle, parfois aussid'un « balai de sorcière » bleu, voire d'uncrochet pour récurer les plaques d'égout,Pascal affronte des déchets nombreux etvariés : vestiges de soirées alcoolisées,papiers gras, restes de fast-food… Des car-tons sont abandonnés devant les portesde certains commerces, ce qui rend lenettoyage malaisé, mais « ce n'est pas aux

agents d'entretien de les enlever ». Et lestraces de déjections canines ne sont mal-heureusement pas rares non plus : Pascalestime que « certains maîtres devraientêtre plus verbalisés » et se demande aussipourquoi l'utilisation des motocrottes aété abandonnée. « Mais lorsque la laveuseintervient en même temps, le mercredi etparfois le vendredi, cela fait du bien ».

Son travail dans la rue lui a beaucoupappris sur les gens et sur leurs comporte-ments. Il taille volontiers une bavette avecles commerçants, dont il balaie l'avant desboutiques tous les jours… Il aime bienrenseigner les touristes et les passantsà la recherche d'une adresse : une mis-sion qui fait aussi partie de son service etpour laquelle il est d'ailleurs récompenséchaque mois par une prime de quelqueseuros ! Attaché à ses habitudes des environs de lagare, Pascal apprécie malgré tout de pren-dre le large le samedi matin pour allereffectuer son service au centre-ville. Cequ'il préfère, ce sont les alentours de lacathédrale, « où le travail est plus motorisé,moins fatigant et moins dangereux que surles boulevards ». M. N.

Pour l'égalité culturelle

Créée en 1998, l'association Arachnimaest depuis mars 2011 installée quartier-gare, au 33 rue de la course.

Le projet associatif s'est nourri de rencon-tres d'artistes professionnels animés dedésir de nouveauté à coté de leurs prati-ques habituelles. Construire de nouveauxrapports au public, aller sur de nouveauxterritoires, croiser différentes formesd'expression artistique : le projet s'estaffiné, les désirs ont dessiné des actionsqui conjuguent pratiques artistiques et cul-turelles, échanges et lien social sur le terri-toire de l'agglomération strasbourgeoise.Aujourd'hui, l'association rassemble majo-ritairement des artistes plasticiens, égale-ment des musiciens, vidéastes et danseurset développe régulièrement des actionsautour des enjeux de l'équité culturelle eten direction des quartiers fragilisés. L'opé-ration estivale « Arachnima en tournée » estla plus conséquente, elle propose tout l'étéde rassembler un fort potentiel d'activitéset d'ateliers de qualité et d'aller à la ren-contre des habitants petits et grands dansdifférents quartiers.

Une grande diversitéElle s'appuie sur des actions de décou-verte, de pratiques contemporaines, ludi-ques, éducatives et citoyennes, elle offreune large place à l'expérimentation ; elles'adresse aux familles et à la jeunesse duquartier ou de passage comme une invita-tion au partage des expressions artisti-ques d'aujourd'hui dans leur plus grandediversité.La tournée 2012 est en phase de prépara-tion, vous retrouverez prochainement toutle programme sur notre site internet. Pournous rencontrer, « poussez la porte »,comme le propose cette rubrique, maisvoici également deux propositions : vousêtes bienvenus à notre Assemblée Généralequi se tiendra le 6 juin dans notre local.Autre occasion, nous accueillons prochaine-ment un spectacle en appartement de CircoAereo, « Une séance peu ordinaire » dansle cadre du festival de cirque contempo-rain « Melting pot, rencontres agitées » desMigrateurs du 13 au 16 juin 2012. Si celavous tente, les réservations se font par lebiais des Migrateurs au 09 50 88 09 50.

Laurence Fort, coordinatrice

Arachnima, 13 rue de la Course www.arachnima.org

Pour vous tenir informé-e de ce qui se passe près de chez vous, pensez à consulter régulièrement le site ahqg.free.fr et/ou à vous abonner à sa lettre d’information.

Poussez...

JAN

IVAN

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de 5h à midi

7P u b l i é p a r l ’ A s s o c i a t i o n d e s H a b i t a n t s d u Q u a r t i e r G a r e - N ° 1 5 - E t é 2 0 1 2

Un Conseil de quartier qui veut bouger

Depuis 2009, à Strasbourg, 10 conseilsse réunissent mensuellement et discu-tent des projets de la Ville, du devenir deleurs territoires, des améliorations etdes évolutions qui se dessinent au fur età mesure des mois et des années. Maisau fait, c'est quoi un conseil de quartier ?

Les conseils de quartier ont été créés parla délibération du conseil municipal du22 septembre 2008. Ces instances dedémocratie locale sont composées d'acteurssocioprofessionnels, de représentantsd'associations et d'habitants. Elles comp-tent un représentant du corps socioprofes-sionnel et un représentant du secteurassociatif pour 4 000 habitants, le « collègehabitants » représentant deux tiers desmembres du conseil, avec un conseillerpour 1 000 habitants. Les membres sontbénévoles et résident (ou travaillent, pourles socioprofessionnels) dans le périmètredu quartier. Les acteurs socio-profession-nels et associatifs sont tirés au sort parmiune liste de volontaires. 50 % des habi-tants sont tirés au sort à partir du fichierde la liste électorale, l'autre moitié résul-tant d'un tirage au sort parmi une liste devolontaires.

L'expertise d'usageLa vie des conseils de quartier est rythméepar celle de la municipalité. On discute, ondébat et on confronte des idées. Finale-

ment, qui mieux qu'un habitant peut savoircomment l'on vit dans un quartier ? Lesmodalités d'action d'un conseil sont fixéesdans la « charte des conseils de quartier ».De la simple information à la consultation,les conseillers peuvent également être sai-sis pour « avis consultatif ». La règle estsimple : la Ville vient présenter un projet etle conseil doit rendre un avis et formulerdes observations. Si l'avis est négatif, laVille doit prendre en compte les observa-tions faites par le conseil de quartier et jus-tifier sa décision finale. Ce n'est pas tout. Les conseils ont égale-ment la possibilité d'actionner les leviersd'une démocratie locale « par le bas ».L'auto-saisine permet de faire des proposi-tions à la Ville, basées sur l'expérience dela vie quotidienne, ou « expertise d'usage ».Petit bémol, ces auto-saisines ne donnentpas obligation à délibération, mais la Villede Strasbourg reste vigilante. Ainsi, grâceà une auto-saisine, le quartier Gare-Kléberest devenu en 2010 un quartier pilote enmatière de développement durable.

Des commissions ouvertes à tousPar ailleurs, les conseillers de quartierspeuvent décider de créer des groupes detravail, appelés « commissions », sur dessujets particuliers. Cette année, le conseilde quartier Gare-Kléber a décidé d'encréer deux, l'une traitant de la question dulien social, l'autre de l'aménagement. Elles

fonctionnent de manière autonome. Ainsi,si le conseil de quartier est une instanceclose une fois sa composition finalisée, lescommissions sont ouvertes : toute per-sonne souhaitant s'associer aux travauxd'une commission peut s'y joindre mêmesans faire partie du conseil de quartier.Enfin, le conseil de quartier peut égale-ment organiser, avec la direction de proxi-mité, une « audition » s'il s'interroge surune action ou un projet. Les auditions ontpour but de faire intervenir un expert pourbénéficier d'un éclairage supplémentaire. Finalement, voilà maintenant près de troisans que la ville et les conseils de quartierapprennent ensemble les contours d'uneaction publique locale, qui se façonne augré des initiatives et des évolutions terri-toriales. Le conseil de quartier Gare-Klébera été renouvelé à la rentrée 2011 et adécidé de se prêter avec conviction au jeude la vie publique locale. Chaque année,les conseils de quartier doivent organiserune réunion publique : afin de réaliser sesobjectifs, le conseil de quartier à réussi àdépasser cette année la réunion publiquetraditionnelle pour en faire une après-midiparticipative le samedi 2 juin, à laquellechaque habitant est bien évidemmentattendu !

Laetitia Rocher,coordonatrice du Conseil de quartier

Gare-KléberContact : http://monquartier.vousaussi.org

Poussez la porte pour voir...

Du crédit solidaire

Pour l'achat d'un véhicule, la constitutiond'un petit stock ou encore une cautionpour un local, les créateurs de petitesentreprises n'ont pas tous accès auxprêts des banques. C'est alors que l'ADIE(Association pour le Droit à l'InitiativeEconomique) entre en scène…

Pour obtenir son diplôme d'auxiliaire de vieen VAE (valorisation des acquis par l'expé-rience), Edith a pu emprunter à l'ADIE l'ar-gent nécessaire à l'achat d'un ordinateur.Ne trouvant pas de travail dans ce domaine,elle s'est tournée à nouveau vers l'associa-tion pour s'installer en auto-entreprise :aujourd'hui, elle loue des robes de mariée,vend en ligne (http://www.shalomcosmeti-ques.com) et sur les marchés (notammentcelui du Faubourg National) des cosméti-ques, des sacs, des vêtements… L'ADIE luia donné « les moyens d'entreprendre ». Nibanque ni organisme social, l'ADIE tientpourtant un peu des deux : « Nous prêtonsà ceux qui ne parviennent pas à décrocher,pour de multiples raisons, des prêts en

banque », explique Lucie Louvet, conseillèreen microcrédit professionnel. Les prêtss'échelonnent de 500 à 10 000 euros,3 500 euros en moyenne, les taux de rem-boursement étant un peu plus élevésqu'en banque. Des primes de la Régionpeuvent venir compléter cet apport.

Accompagner les premiers pasLes conseillers de l'ADIE travaillent en col-laboration avec des assistantes sociales,avec le réseau OCRE (Opérateurs de lacréation-reprise d'entreprises d'Alsace) etavec l'OGACA pour les projets à connota-tion culturelle. « Mais sur deux contacts

reçus pour une demande de financement,un seul projet aboutira », précise RomainPerry, également conseiller professionnel.La toute première étape consiste en effetà analyser les risques, la capacité derebond, les soutiens de la part des pro-ches du porteur… Lorsque le prêt estaccordé, le projet bénéficie d'un accompa-gnement pendant deux ans (durée de rem-boursement du prêt), dans le domainejuridique, commercial et de gestion. « Onaide la personne à faire ses papiers pours'immatriculer, à réfléchir aux prix, à lireson bail, à faire sa déclaration de revenus ».Des permanences juridiques et adminis-tratives ont lieu régulièrement et on peutjoindre tous les jours l'association par télé-phone. L'ADIE emploie 450 salariés surtoute la France, mais ne pourrait fonction-ner sans son réseau de 1 200 bénévoles.C'est Martine, retraitée du service comptabled'une grande entreprise, qui a assuré avecenthousiasme le suivi du dossier d'Edith…

M. N.ADIE, 8 boulevard de Nancy Numéro à tarif spécial : 0 800 800 566

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Edith, au marché du Faubourg National

8 P u b l i é p a r l ’ A s s o c i a t i o n d e s H a b i t a n t s d u Q u a r t i e r G a r e - N ° 1 5 - E t é 2 0 1 2

La campagne, c'est maintenant…

… et ici. Quel ChangementTM, non ? Oui, lacampagne est en ville, ce qui ferait plaisirà Alphonse Allais, lui qui voulait construireles villes à la campagne. Et une campagnechassant l'autre, avez-vous noté commel'air est soudainement redevenu respira-ble ? On sent à des riens que la vie revient :la plupart des miasmes quinquennaux nousont laissés en plan, et des charmes bucoli-ques président maintenant à la vie de notrequartier. Prenez notre bon vieux compostdes familles, par exemple : les bacs idoinesdu parc Saint-Jean sont pleins ! Certainslombrics parlent même de bourrage d'urnesavec le reliquat des bulletins non usagésdu second tour, provenant du bureau devote voisin. Gageons qu'au vu des résultatsquasi-vénézuéliens du candidat du Chan-gementTM dans ce dernier, le terreau qui ensera produit nous offrira une FragranceForte et sera malheureusement le lit dequelques mauvaises herbes idéologiques.

Mais aujourd'hui, alors que l'aube renais-sante a effacé le bleu de la nuit et dardeses rayons roses, M. Kartiégar, qui n'est pasné de la dernière pluie et sait que l'eau, çamouille, n'ignore pas que l'avenir lui offriraplus certainement un panier de saladesqu'un bouquet de roses bien rouges. Mais,en ce temps suspendu, cet état de grâceaussi court soit-il, il se dit aussi que mêmesi la rose a ses épines, la batavia porte toutde même la couleur de l'espérance.

Allons, chers amis, prenez le temps de vousreposer sur les fameux bancs LevillainQG

du square Saint-Jean, regardez ce compostplein de vie dans le fond des yeux, entrez enrésonance avec l'âme du lombric et prenezconscience de la vacuité et de l'arrogancehumaine. Puis mettez-vous en campagnepour le vrai changement, grand ou petitsoir, à vous de voir !

M. Kartiégar

Un peu de tout...

Un livre… un train

« Let the Midnight SpecialShine her light on meLet the Midnight SpecialShine her everlovin' light on me… »(blues traditionnel chanté par les prisonniers)

« J'ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus,Se traînant à l'aube dans les rues nègres… »

C'est ce long cri - HOWL - poussé par AllenGinsberg à San Francisco en 1955 qui apoussé des millions de jeunes gens SURLA ROUTE.A pied, en train, en bus, en 2 CV, en carrioletirée par des bœufs, en bateau, avec uneinvisible étoile dans la tête, nous avons fran-chi des montagnes, des déserts et des mers.

Oh ! cela n'a pas été facile, quitter Papa-Maman, le train-train, le lycée, les copains,mais le soleil nous attendait au bout de laroute : Ibiza, Istamboul, Téhéran, Kaboul,Bénarès, Bangkok, Bali, enfin Darwin enAustralie. Autant de villes mythiques sur cecaravansérail de l'imaginaire qui devenaitréel.On ne s'en est jamais remis. Cela nous achangé la vie. CHANGER LA VIE. VOUS.TOUS. MOI.

Pour trouver Ginsberg et les auteurs de ceque l'on appelle la Beat Generation, allez àla librairie anglaise de Strasbourg, à côtédes Halles, Le Book-worm, 3 rue de Pâques.

Un p'tit dernier pour la route : le film deWalter Salles « Sur la route », tiré du romanéponyme de Jack Kerouac, a été présentéen sélection officielle au Festival de Cannes2012. Liliane Breuning

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Cinoche entre voisinsPour fêter encore un peu l'été, l’AHQGvous donne rendez-vous le Samedi 1erseptembre pour un grand moment decomplicité et de convivialité, avec unpique-nique suivi d'une soirée sous lesétoiles, un cinoche entre voisins. On vouspromet de belles découvertes à traversune série de courts-métrages. Il y enaura pour tous les âges, pour tous lesgoûts, avec des réflexions sur la vie, laville, le conflit des générations, la mixitéculturelle... toujours avec humour etdérision. Venez nombreux, apportez voschaises longues, vos spécialités culinai-res à partager et votre bonne humeur.

Square Saint-Jean, à partir de 19h00Pique-nique, puis projection à 21h00