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- 1 - Théâtre des Marionnettes de Genève Dossier pédagogique – saison 2013 - 2014 PETITE SOEUR Création du Théâtre des Marionnettes de Genève en coproduction avec la Compagnie Pasquier-Rossier (Lausanne) et le Petit Théâtre de Lausanne DU 8 AU 29 JANVIER 2014 D’après le texte de : Pierre Gripari Texte issu des "Contes d'ailleurs et d'autre part" Editions Grasset & Fasquelle Adaptation et mise en scène : Geneviève Pasquier Collaboration artistique : Nicolas Rossier Interprétation : Pascale Güdel, Céline Nidegger, Pierre Spuhler, Diego Todeschini Musique et son : Mathias Demoulin Scénographie et marionnettes : Christophe Kiss Costumes et masques : Marie-Ange Soresina Maquillage : Katrin Zingg Accessoires : Janice Siegrist Lumière : Christophe Pitoiset Théâtre des Marionnettes de Genève 3 Rue Rodo | 1205 Genève Réservations : 022 807 31 07 ou www.marionnettes.ch ~ 60 minutes Dès 6 ans

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Théâtre des Marionnettes de Genève Dossier pédagogique – saison 2013 - 2014

PETITE SOEUR

Création du Théâtre des Marionnettes de Genève en coproduction avec la Compagnie Pasquier-Rossier (Lausanne) et le Petit Théâtre de Lausanne

DU 8 AU 29 JANVIER 2014

D’après le texte de : Pierre Gripari Texte issu des "Contes d'ailleurs et d'autre part" Editions Grasset & Fasquelle Adaptation et mise en scène : Geneviève Pasquier Collaboration artistique : Nicolas Rossier Interprétation : Pascale Güdel, Céline Nidegger, Pierre Spuhler, Diego Todeschini Musique et son : Mathias Demoulin Scénographie et marionnettes : Christophe Kiss Costumes et masques : Marie-Ange Soresina Maquillage : Katrin Zingg Accessoires : Janice Siegrist Lumière : Christophe Pitoiset Théâtre des Marionnettes de Genève 3 Rue Rodo | 1205 Genève Réservations : 022 807 31 07 ou www.marionnettes.ch

~ 60 minutes Dès 6 ans

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L e s p e c t a c l e 1 . L ’ h i s t o i r e Dans le Royaume de France, les souverains ont trois jeunes fils - Désiré, Fortuné et Constant. Leur principal défaut ? Ils n’aiment guère les filles. Quand leur mère, la reine, leur annonce être enceinte, ils déclarent d’une seule voix : « C’est un frère que nous voulons ! De petite sœur pas question ! Nous resterons entre garçons ou nous partirons ». Le bébé nait… et c’est une fille. Pour éviter la catastrophe, les parents prénomment le nouveau-né Claude et le font passer pour un garçon. Tout va bien jusqu’au jour où, deux ans plus tard, le prince Constant fait irruption dans la salle de bain et constate amèrement que Claude n’est pas un garçon… On leur a menti ! Alors, les malheurs s’enchaînent : les trois princes s’enfuient, leur mère tombe malade et disparaît. Désespéré et solitaire, le Roi accable sa fille de son malheur. La fillette découvre ensuite qu’elle est une « petite sœur ». Risquant sa vie chez une redoutable sorcière et son fils, qui est un Vent ogre et singulièrement vorace, Petite Sœur parcourt ensuite maints pays. Elle est à la recherche de ses frères avec les précieux alliés que sont des objets magiques. Ainsi un livre se met à parler pour lui indiquer le chemin. De son côté, le roi, son père, se marie à nouveau, après plusieurs années de solitude et de chagrin. Au terme d’un extraordinaire périple par terres et mers, la jeune héroïne parvient à retrouver ses frères. Le prince Désiré était envoûté par la musique du Bal des morts, le prince Fortuné prisonnier d’un château en or et le prince Constant transformé en statue, sous le charme d’une femme-serpent. Ce n’est finalement qu’avec Constant qu’elle rentrera au pays, les deux autres ayant succombé une seconde fois à leur tentation. A leur retour, la Sorcière rencontrée chemin faisant n’est pas aussi redoutable que sa légende noire le prétend. Elle se révélera être la reine disparue et reprendra son allure de belle et jeune femme. Son « gâteau de mémoire » rétablira la vérité : en y goûtant, le roi la reconnaîtra, ainsi que son fils disparu. La famille se réjouit pendant que la reine Simone et la princesse Cochonne sont transformées en petits aspics. Claude a réussi à recomposer sa famille et à regagner la considération de ses parents et de son frère. On ne saura rien des deux aînés, ce qui ajoutera un bémol à ce happy end et

Petite Soeur. Photo de répétition

La Sorcière va aider Petite Sœur en lui

donnant des objets magiques nécessaires à

sa quête.

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pourra servir de morale. Malgré toute sa bonne volonté, Petite Sœur ne peut pas empêcher deux de ses frères de faire leur choix et de décider de leur vie. Mais l’essentiel a été accompli : elle leur a montré son amour et a été reconnue.

Bienvenue dans les aventures fabuleuses et palpitantes, façon conte initiatique de fée ou de sorcière signé Pierre Gripari, déjà auteur de "La Sorcière du placard aux balais" adaptée avec succès par le passé au TMG. Du gâteau de mémoire aux lunettes qui déjouent tous les mensonges, le récit fait preuve d’une inventivité sans limite, tout en soulevant des thèmes éternels : l’identité, la quête de la vérité, les liens familiaux ou encore le besoin d’émancipation. Les marionnettes arborent les habits traditionnels des contes rehaussés par des touches contemporaines, comme des baskets. L’ensemble évolue dans un étonnant décor mobile rappelant les jeux pour enfants au cœur des parcs et cours d’écoles.

Petite Sœur est un conte initiatique et féérique, issu des « Contes d’ailleurs et d’autre part », écrit par Pierre Gripari en 1990.

2 . M o i P e t i t e S o e u r

Dialogue avec Geneviève Pasquier, metteure en scène qui signe l’adaptation du conte. Quels sont les éléments qui vous ont attirée dans Petite sœur? G. P. : En premier lieu, la thématique de « l’enfant atypique » rejeté par sa famille, qui réussit, malgré tout, à se forger une identité et rassembler autour d’elle la constellation familiale divisée et dispersée. A sa naissance, elle n’est pas reconnue comme individu, identité féminine, tant ses frères ne souhaitent pas avoir de petite sœur. Sous le nom de Claude, la Reine Mère l’a fait ainsi passée pour un garçon pendant deux ans. Une fois son sexe révélé, ses frères la fuient. D’où un sentiment de « culpabilité » qu’elle porte en elle. Le conte dévoile comment, à force de courage et de détermination, la jeune enfant arrive à aller au-delà de cette culpabilité, prouvant à ses frères son affection et son attachement. A mes yeux, le mélange des marionnettes et des comédiens est absolument nécessaire pour accentuer le contraste des tailles. Je voulais rendre palpable l’impression de toute puissance des adultes aux yeux des enfants. Ici, un souvenir d’enfance : l’impression de voir mes parents comme des géants, capables de me faire décoller du sol et de m’y reposer.

Petite Soeur. Photo de répétition

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Comment avez-vous perçu ce personnage d’héroïne représenté par la marionnette ? C’est un être empli de candeur, opiniâtreté et rigueur morale, comme l’atteste un chapitre de la fable intitulé « Mais elle a du caractère ! ». C’est par son tempérament que la fillette surmonte cette fatalité pesant sur elle. Par sa ténacité même, la fillette réussit ainsi à prouver qu’elle existe. Être « fille » n’enlève naturellement rien à son courage, son intelligence et sa détermination. Petite Sœur comprend quelque chose de l’adulte : elle devine que c’est un être ambivalent. L’ensemble du casting des enfants est constitué de marionnettes. Dans le cas de la petite princesse, on peut imaginer que Claude est en âge scolaire. Pierre Gripari l’a décrite, un temps, telle une toute petite fille. D’où l’intérêt de développer ce rapport d’échelles entre la marionnette mesurant une soixantaine de centimètres et, notamment, la Sorcière interprétée par un comédien culminant à un mètre quatre-vingt. Visuellement, on suggère qu’une taille menue n’est pas un obstacle à la force nécessaire pour surmonter les épreuves énormes se dressant sur le chemin. C’est aussi symboliquement, métaphoriquement très intéressant. Aux yeux de l’écrivain français Pierre Gripari, toute création est jeu, dans le double sens du mot : amusement et risque. Il y a déjà un jeu sur la langue et les mots, les comptines et les sonorités ainsi que les anachronismes. L’amusement est constant. Sur le fond, il s’agit d’une fable, qui est dramatique si on la prend au pied de la lettre. Mais elle est constamment agrémentée de ritournelles et d’une forme de burlesque dans le fait de convoquer les pompiers, alors que l’action du conte se déroule à l’époque médiévale.

Propos recueillis par Bertrand Tappolet 3 . I l é t a i t u n e f o i s …

LE ROI - LA REINE- DESIRE - FORTUNE – CONSTANT Tambour et trompette. La famille royale apparaît au balcon du château et salue. NARRATEUR (N1) Il était une fois un roi de France qui s’appelait… NARRATRICE (N2) Comme c’est le seul roi dans cette histoire, ça ne sert à rien de lui donner un nom.

Il y a un jeu sur la langue, les mots, les

comptines et les sonorités.

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N1 Et puis zut ! Nous dirons donc : « le roi » tout simplement. N2 Ce roi était l’époux d’une reine qui s’appelait… N1 Mais comme elle va disparaître très vite, disons « la reine », et c’est tout ! N2 D’accord. Mais… ce roi et cette reine avaient trois jeunes fils que nous reverrons souvent, nous avons donc intérêt à les baptiser tout de suite ! N1 Bon. L’aîné, le Prince « Désiré », n’avait que dix ans et demi N2 Le Prince « Fortuné », qui était le deuxième, avait juste neuf ans accomplis N1 Et le Prince « Constant » qui était le dernier, n’en avait que sept. N2 Ils étaient braves, têtus, courageux, batailleurs N1 Gentils au demeurant, affectueux et serviables N2 Avec un seul défaut cependant, ils n’aimaient pas les filles.

Extrait de : Petite Sœur.

Adaptation théâtrale de Geneviève Pasquier

4 . Un Conte au théâtre. Mots d’emploi La Compagnie Pasquier-Rossier, dirigée par Nicolas Rossier et Geneviève Pasquier, est coutumière du spectacle jeune public ainsi que du travail de montage et d’adaptation d’après des textes non-théâtraux (Le Voyage Inouï de Monsieur Rikiki d’après le roman humoristique de Pierre Cami, Le Corbeau à quatre pattes d’après les Ecrits de Daniil Harms, ou encore une adaptation du roman de Kafka Le Château). Ces adaptations pour le théâtre ont toujours été menées dans le souci du respect de l’auteur et de l’œuvre. Petite Sœur est un conte pour la jeunesse de Pierre Gripari qui nous a particulièrement séduit par son inventivité et les thèmes fondamentaux qu’il soulève : l’identité, la quête de la vérité, les liens familiaux ou encore l’émancipation.

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Petite Sœur, malgré une écriture très contemporaine, se présente sous la forme traditionnelle d’un conte et laisse une grande part à la narration. D’où l’envie de rendre le langage le plus direct possible en convertissant la narration en dialogues. Ceci confère une immédiateté au récit et permet au jeune spectateur de vivre les événements en temps réel. Nous avons conservé tous les personnages et leur avons donné un langage propre. Nous nous sommes inspirés bien entendu des dialogues existants. La trame de l’histoire est respectée, ainsi que ses principaux événements. Nous préservons l’état d’esprit du texte, en particulier le suspense et l’humour qui s’en dégagent, ainsi l’aspect féérique des situations. Le spectacle est joué par quatre comédiens professionnels (Pascale Güdel, Céline Nidegger, Pierre Spuhler et Diego Todeschini) qui interprètent les rôles des adultes et manipulent une dizaine de marionnettes. Celles-ci représentent les enfants, principalement la princesse Claude et ses trois frères ainsi que les créatures magiques.

Geneviève Pasquier 5 . S c é n o g r a p h i e e t m a r i o n n e tte s Le dispositif scénique et les marionnettes ont été imaginées et réalisées par Christophe Kiss, scénographe et marionnettiste, qui garantit à l’ensemble une cohérence technique et esthétique. Notre collaboration, à l’occasion de la création du spectacle Les Sœurs Bonbon, nous a révélé la richesse de son imaginaire et de son savoir-faire. Le dispositif scénique s’articule autour de la manipulation des marionnettes « de table », à savoir tenue par le dos à l’aide d’une poignée, et sans fils. Les comédiens manipulent les marionnettes à hauteur de taille, tantôt cachés derrière des éléments de décor, tantôt à vue, d’autant qu’ils doivent également jouer des personnages. Afin de respecter le côté contemporain du conte de Gripari, la scénographie prend comme point de départ une structure de jeux pour les enfants, telle qu’on peut en voir dans les parcs. Ce dispositif est en forme de château, avec des donjons et des passerelles, autant d’éléments mobiles pour signifier les différents lieux : le château du roi de France, la maison de la sorcière dans le bois de pin, la maison du bal des morts près de l’océan, le château d’or sur la montagne dans la neige, le Palais mauresque en Afrique. Un des escaliers, muni d’une voile, représente le bateau sur la mer. Nous désirons recréer la féérie propre au conte en travaillant également sur des jeux de lumière et des effets spéciaux de théâtre (vent, chute de neige, scintillements). Et pour la langue, même si elle est contemporaine, elle traite d’un temps immémorial.

Geneviève Pasquier

Petite Soeur. Photo de répétition

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6 . L e te m p s a c tu e l d e s a n a c h r o n i s m e s Entretien avec Christophe Kiss qui signe la scénographie et les marionnettes. Quelles sont les dimensions importantes de votre travail dans un univers qui croise les places de jeux d’enfants d’aujourd’hui contemporain et l’époque médiévale ? Christophe Kiss : Pour le décor, le choix a été de réaliser un château stylise de parc d’enfants tel qu’on peut le trouver dans les parcs d’ici et d’ailleurs. Dans le récit de Pierre Gripari adapté pour le théâtre, on compte quatre châteaux et l’on se déplace au fil de la fable de l’un à l’autre, du bord de mer au désert. Le castel reste ainsi le thème principal au plan des lieux du conte, Petite Soeur. S’il est décliné sous une forme contemporaine et ludique destinée aux loisirs des enfants, c’est pour faire écho au souhait de Pierre Gripari de mélanger les temporalités et, partant, de réaliser des anachronismes. Ainsi dans son texte, l’auteur passe régulièrement allégrement du Moyen-Age à l’époque contemporaine en évoquant le château-fort puis l’ambulance et la Police. Ce va-et-vient insuffle distance et humour. Le décor contemporain proposé permet ainsi de ne pas figer dans le temps le propos. Pour les costumes réalisés par Marie-Ange Sorésina, il y a aussi un feuilleté temporel : le prince Désiré porte un habit aux reflets argentés d’un rocker glam ou rockabilly avec sa coiffure en banane décolorée. Constant est, lui, l’archétype du Prince militaire et moderne, que l’on songe notamment à la famille royale anglaise. Le prince Fortuné s’inscrit dans une époque clairement médiévale, car il porte un pourpoint caractéristique notamment des pièces de Shakespeare. L’anachronisme est ainsi au centre du travail sur le décor et les costumes. Les ponts et éléments mobiles du décor permettent différents niveaux de jeu. Il s’agit d’allier le jeu des comédiens à celui des marionnettes de table. Ainsi, existent les niveaux supérieurs de la Tour carrée ou de la Tour ronde qui serait réservée notamment au palais du Roi de France et des plans inférieurs, par exemple pour la Maison de la Sorcière. Mais l’ensemble se déploie et se manipule dans une atmosphère de jeux enfantins. C’est ce qui avait déjà été expérimenté pour les Sœurs Bonbon d’Emmanuelle delle Piane mis en scène par Geneviève Pasquier en 2008 au cœur d’une étonnante confiserie. Soit une scénographie permettant à la fois d’être à l’intérieur et à l’extérieur d’un édifice, pour éviter les temps morts. La flexibilité du décor et le côté ajouré de l’aspect fil de fer offrent la possibilité d’être, pour le comédien, présent tour à tour à vue et caché. L’idée initiale est de ne pas sanctuariser le décor dans un lieu particulier. D’où l’idée d’un ensemble de cinq praticables mobiles qui se reconfigurent pour susciter de espaces distincts et passer d’un pays et d’une région à l’autre. Le bateau est ainsi suggéré par un praticable à roulettes fiché d’une voile. La maison de la Sorcière est imaginée, elle, comme un antre.

Petite Soeur. Photo de répétition

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La marionnette de Petite Sœur a une forme d’émerveillement face à la vie dans son sourire. Sculpté dans un bois de tilleul, le personnage titre a été voulu mutin. Loin de l’image archétypale d’un délicats minois d’une héroïne classique toute joliette. Elle ace côté frondeur et cette duplicité fille-garçon, puisqu’elle se prénomme Claude. D’où une fille-garçon dans les traits expressifs du visage de sa marionnette. Ses grands yeux ouverts sur le monde participent à la rendre attachante. Elle peut aussi affirmer son caractère rebelle et opiniâtre en luttant contre sa condition et retrouver ses frères. Sur la fin, elle s’étonne ainsi, selon l’adaptation signée Geneviève Pasquier, de l’automatisme du renouvellement de la Couronne passant de père en fils, pour s’interroger en substance : Pourquoi le pouvoir royal ne pourrait-il pas être transmis de père en fille ? Ce personnage comprend de nombreuses choses intuitivement et se révèle d’une grande finesse et empathie envers son entourage. Signé Marie-Ange Sorésina, le costume de Petite Sœur est de type « uniforme scolaire » et de couleur bleue, toujours pour l’ambiguïté fille-garçon qui lui colle à la peau. Elle est en revanche chaussée de baskets pour atténuer le côté pensionnat-internat de l’uniforme du personnage. Les cheveux se retrouvent à l’identique sur les demi-masques que portent les comédiens et les marionnettes. La marionnette de Petite Sœur porte un serre-tête rouge qui lui donne une touche de fantaisie et de coquetterie discrète, attendrissante. Dues aussi à Marie-Ange Sorésina, les perruques sont réalisées en tissu et jouent non sur le naturel, mais une stylisation qui se traduit dans un mouvement très expressif de la chevelure. Il y a aussi des familles de couleurs dans les teintes capillaires. Son père, le Roi, a les cheveux de la même couler que sa fille, Claude et son frère, le prince Constant, le seul qui revient finalement avec Petite Sœur. 7 . L e l i v r e a u d i o e t m a g i q u e

Claude ouvre le livre qui parle. LE LIVRE QUI PARLE Toi qui me tiens dans ta main, Où va ton chemin ? Toi qui pars d’un si bon pied, Où veux-tu aller ? CLAUDE Je vais dans le Nord, là où se trouve mon frère Fortuné, prisonnier du Château d’or. LE LIVRE QUI PARLE Alors, regarde devant toi. Tu vois le sentier qui passe par là-bas ? Prends-le à gauche et continue tout droit. Au prochain croisement, rouvre-moi, je te dirai la direction à prendre. Claude s’envole sur le dos du livre.

Petite sœur a un côté fille-garçon dans les

traits du visage de sa marionnette.

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CLAUDE Oh ! On est au-dessus des montagnes ! Tout est blanc ! Elle ouvre le livre LE LIVRE QUI PARLE A présent, tournons à droite. Voici le château d’or qui tient ton frère prisonnier. Mais, avant d’y entrer, je te conseille de mettre tes lunettes ! CLAUDE Pourquoi ? LE LIVRE QUI PARLE Tu verras !

Extrait de : Petite Sœur. Adaptation théâtrale de Geneviève Pasquier

8 . I n te n ti o n s d e m i s e e n s c è n e , c o s tu m e s e t m a s q u e s Le travail de mise en scène mené par Geneviève Pasquier, a comme objectif de rendre fluides et vivants les rapports entre les personnages-marionnettes et les personnages « en chair et en os ». Le comédien doit passer avec souplesse de son rôle d’adulte à sa voix d’enfant tout en manipulant sa marionnette, et ceci parfois dans une même scène. La mise en scène met un accent particulier sur la gestique et la précision des mouvements, tout en gardant à l’esprit la finesse des personnages de Pierre Gripari. Les costumes des acteurs et les habits des marionnettes sont de la même facture, mêlant des éléments contemporains et des panoplies royales issues de l’imaginaire des contes (tout comme le texte de Gripari). Ses trois frères, eux, sont vêtus de panoplies de princes mais avec quelques éléments contemporains, comme des chaussures de ville ou un pantalon brillant de rocker. Les jeunes spectateurs peuvent se reconnaître aisément dans ce mélange vestimentaire. Afin d’établir une esthétique commune entre les marionnettes et les comédiens, les têtes des acteurs sont couvertes d’un demi masque et d’une perruque, reprenant la physionomie des marionnettes. Ces attributs permettent aussi des changements rapides pour les comédiens qui jouent plusieurs personnages.

Petite Soeur. Photo de répétition

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9 . Mu s i q u e e t s o n s L’univers sonore est créé par le musicien Mathias Demoulin avec qui la Cie Pasquier-Rossier a déjà collaboré à de nombreuses reprises. Le travail s’est développé à partir des thèmes propres à chaque personnage ou situations : la marche de Petite Sœur dans le bois de pins, le bruit du vent, la basse-cour de la Sorcière. En marge de cet univers sonore, une musique originale a été composée pour différents moments clés et constitue une composante importante dans la narration. Le thème de Claude est ainsi annoncé dès sa première apparition et se déclinera tout au long de sa quête. La musique du « Bal des morts » est également développée et propose un enchevêtrement de plusieurs genres musicaux, à la fois très rythmés et inquiétants. Les petites comptines rimées, écrites par Pierre Gripari, ont également été composées par Mathias Demoulin sur le modèle de chansonnettes d’enfants. Elles sont chantées par les comédiens. 1 0 . L a F o r c e d u c o n te Entretien avec Geneviève Pasquier, metteure en scène Il y a une sorte de détournement de contes avec un roi et une reine que l’on ne veut nommer. Dans tous les contes de Gripari, il existe un narrateur, un Monsieur Pierre, comme notamment dans La Sorcière du Placard aux balais. Il se met lui-même en scène comme conteur. Pour cette version de la fable signée Gripari, on part donc dans une féerie immédiate, mais qui est mise en recul, à distance. Ainsi l’adaptation préserve dans les dialogues cette atmosphère ironique qui peut ramener certaines situations dramatiques à une forme de jeu. Ce qui m’intéresse le plus le plus dans un conte, c’est cette façon transposée, mais non édulcorée, de parler aux enfants de la réalité. La réalité n’est pas toujours rose, les enfants le savent, et les histoires sont là pour reconnaître leurs difficultés, leurs peurs et les dépasser. Et pour les chansons… Ces ritournelles sont à l’image de leitmotive très concis. Elles disent beaucoup en peu de mots. L’auteur a l’art de dire, suggérer en étant économe sur les mots. Elles sont ici mises en musique dans le sens de la comptine brève. D’une grande richesse, elles constituent des ponts ou passerelles entre les scènes et font avancer subitement le récit à grande vitesse, comme par surprise. Les petites comptines sont un fil conducteur, elles se transmettent d’un personnage à l’autre, elles se déclinent. De plus, dans le conte original, les différents sons sont décrits avec soin (le vent, le tonnerre, la mer, les crépitements de branches dans la forêt…). Leur fonction est de faire vivre le récit, de lui donner du relief. Pour le spectacle, une véritable création sonore et musicale est menée par Mathias Demoulin.

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Princesse Cochonne et sa mère, la Reine Simone, sont expertes en méchanceté. Ce duo est le pendant dans l’univers du Mal de la Reine sans nom et de sa fille Claude. Manipulatrice, tentatrice, Simone possède une forme déguisée de méchanceté, tant elle sait rester avenante et affable. Cochonne, elle est franche avouant d’entrée sa détestation pour Petite Sœur et ses frères. Il y a ces deux formes de méchanceté, l’une dissimulée à l’âge adulte, l’autre présente en l’être et exprimée sans détours comme parfois chez l’enfant. Elle fonctionne en duo en ce sens où l’une se sert de l’autre sans qu’aucune ne soit meilleure ou ne rachète l’autre. Au cœur de ce récit, son moteur est un quatuor féminin qui domine l’intrigue avec notamment une démission par gâtisme de la figure du Roi. C’est une des forces du conte : l’homme de pouvoir y perd son empire. Et comment les femmes qui ne sont pas adoubées par le pouvoir officiel ou monarchique le prennent. Le gâtisme du personnage royal, c’est la tristesse, la démission. Mais aussi l’abandon. A mes yeux, il y a un renversement du fait que l’autorité qu’il devait léguer à l’un de ses trois fils ne peut se transmettre, suite à la disparition de Fortuné, Constant et Désiré. Cela anéantit le Roi. Il ne voit même plus sa fille, la regardant avec amertume. Cette situation de vacance de l’autorité paternelle contribue à donner une place aux femmes. Ainsi la Reine Simone peut-elle donner libre cours à sa méchanceté. Claude ou Petite Sœur, peut, elle, partir libre dans sa quête qui la fera progresser, s’accomplir et s’émanciper. Dans une structure traditionnelle, la fille n’aurait sans doute pu partir. Ce qui est possible dans ce dérèglement du schéma propre à une société d’Ancien Régime accueillant l’action des contes.

Propos recueillis par Bertrand Tappolet 1 1 . L ’ H o m m e q u i d o n n e e t s e d o n n e Quatre questions à Pierre Gripari, auteur Toi, ce n’est pas seulement ton essai L’Évangile du rien qui te permet de chercher la sagesse, c’est ton oeuvre tout entière. Pierre Gripari : Absolument. D’ailleurs, la conclusion de L’Évangile du rien, c’est que la sagesse antique, dans le sens du non-désir et de l’adaptabilité parfaite, eh bien, ça ne suffit pas. Si cela suffisait, le drogué et le schizophrène seraient des sages. Or il ne suffit pas à l’homme de ne pas souffrir, il a besoin de donner, de se donner…

Ce qui m’intéresse le plus dans un conte, c’est

cette façon transposée mais non édulcorée de

parler aux enfants de la réalité.

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Les écrivains que tu aimes : Hugo, Rabelais, Gogol, Dickens, ce ne sont pas des fantômes, ce sont tes compagnons de route, tes amis. Ce sont des gens avec lesquels je me sens vraiment « en famille », dans le bon sens du mot. Nous respirons le même air, nous sommes du même sang, spirituellement parlant. Le conte pour enfants ? La Sorcière du placard aux balais. C’est le favori, celui-là, et c’est aussi l’un des meilleurs, ce qui ne vas pas toujours ensemble. Ce qui est profond, là-dedans, c’est la chanson interdite. Dans les rêves qu’on fait, quand on est gosse, il y a comme ça des choses qu’il ne faut pas dire, ou qu’il ne faut pas faire, sous peine de voir surgir un monstre, un monstre abominable… Il y a un merveilleux petit poème anglais, je ne sais plus de qui, sur ce thème : il ne faut pas marcher sur les séparations entre les pavés de la rue, parce que dans les rainures, il y a des bêtes noires qui vont vous sauter dessus… C’est tellement vrai, tout ça ! Les Anglais ont le sens de l’enfance… Et l’écriture ? Tu mets beaucoup de temps pour écrire ? Non, la rédaction se fait assez vite. Bien sûr, pas au début, ça demande une certaine habitude, mais maintenant, cette habitude, je l'ai. Le complexe de la page blanche, pour moi c'est terminé, ou plutôt, si je le ressens, ça veut dire que le projet n'est pas mûr, et que j'ai intérêt à le remettre, que je n'ai pas trouvé le ton... Un sujet, ça grandit d'une façon organique, forme et fond tout ensemble, exactement comme un enfant dans le ventre d'une femme. Celle-ci ne commence pas par le squelette, pour mettre ensuite la chair autour, n'est-ce pas ? Un livre, c'est pareil, il se fait globalement, avec l'intrigue, la composition, les procédés narratifs, les voix des personnages, la tonalité de l'ensemble...

Propos recueillis par Alain Paucard

1 2 . C o n t e o r a l e t l i t t é r a t u r e é c r i t e

Pour l'écrivain de vocation, authentique, véritable, voici comment les choses se passent : existe-t-il des contes modernes ? C'est le genre de question qui intéresse les philosophes de l'art, les historiens de la littérature, mais à laquelle l'écrivain créateur est le dernier qui puisse répondre. Toutes les fois qu'il part avec l'idée d'inventer un nouveau genre littéraire ou un nouveau procédé d'écriture, ou bien il fait autre chose que ce qu'il avait l'intention de faire, ou bien il se plante, quand il ne sombre pas, purement et simplement, dans le truc, dans le procédé, dans l'imposture.

Il y a d'abord des histoires qui veulent être racontées, avec lesquelles on vit, pendant un temps plus ou

Petite Soeur. Photo de répétition

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moins long, dans un état d'obsession douce, jusqu'au jour où elles prennent forme : le plan se durcit, se précise, les personnages se mettent à bouger, à parler, gagnent enfin leur autonomie ; leur vouloir, leur destin. Cela peut se faire brusquement, comme par hasard, sur une suggestion venue de l'extérieur. Cela peut se faire aussi très lentement, comme si le scénario lui-même sécrétait son style ; le ton sur lequel il veut être traité, les procédés qu'il faut y employer, comme l'escargot sécrète sa coquille. Ainsi, quand j'ai improvisé les Contes de la rue Broca, j'ai utilisé de vieux thèmes, folkloriques ou non, que je portais en moi depuis fort longtemps, mais qui n'avaient pas encore trouvé leur emploi. Or il se trouva que le conte oral leur convenait à merveille. Mais c'est après la rédaction définitive, non avant, que je me suis avisé qu'ils pouvaient définir « une sorte de folklore urbain du 20e siècle » … Conte - adaptation Inversement, lorsque les grands conteurs romantiques allemands ont découvert le conte populaire, ils ont eu envie de l'imiter... Ils ont eu parfaitement raison, à ceci près que le résultat final n'a pas été du conte, mais un genre nouveau, qu'on appelle la nouvelle fantastique romantique, qu'ils ont ainsi créée sans le faire exprès... Bref, quand un écrivain conçoit une nouvelle œuvre littéraire, il n'a pas intérêt à savoir d'une façon trop précise à quel genre elle appartiendra. Il la laisse mûrir, et se trouver elle-même. Tout cela pourrait servir à justifier une première réponse à la question posée : si l'on prend le mot conte dans le sens de « marchen » en allemand ou de « skazka » en russe, aucun conte n'est moderne. Tout conte moderne, écrit, est une adaptation littéraire. Ainsi La Belle au bois dormant de Perrault n'est pas le conte, mais une nouvelle écrite, bien localisée, bien datée, propre à la France de la fin du 17e siècle, utilisant un sujet folklorique. Cette distinction, cependant, ne me satisfait pas. Car ce que fait Perrault, c'est également ce que font, ce qu'ont toujours fait tous les conteurs, toutes les conteuses depuis toujours. Chacun d'eux, chacune d'elles, même ignorant, même illettré, s'est livré pour soi-même à un travail d'élaboration, à un travail d'écrivain, rajeunissant certains détails, les adaptant à son milieu, conservant pieusement, par ailleurs, certaines formules archaïques, pour leur valeur poétique ou incantatoire. C'est ainsi et non autrement que, siècle après siècle, d'adaptation involontaire en adaptation involontaire, de vieux mythes religieux ou initiatiques sont devenus les contes « oraux » que nous connaissons. Autrement dit, et contrairement à ce que nous avancions tout à l'heure, tous les contes sont modernes, y compris ceux de la tradition orale. Le conte pur, non adapté, non littéraire, n'existe pas, il n'a jamais existé, c'est une abstraction, c'est un mythe, c'est une chimère... Décloisonner les genres Il est donc parfaitement vain, sur ce sujet comme sur bien d'autres, de tracer des limites, de cloisonner les genres et de jeter des interdits. L'histoire de la littérature n'est d'ailleurs faite que d'exceptions, de

L’histoire de la littérature n’est faite que

d’exceptions, de transgressions,

de barrières renversées.

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transgressions, de barrières renversées, d'interdictions bravées, d'entreprises réputées impossibles et néanmoins menées à bien. Hoffmann invente, non seulement la nouvelle fantastique, mais la nouvelle - parabole genre Gogol ou Kafka (Le Petit Zachée), voire le conte policier (Mlle de Scudéry) et la série noire (Ignaz Denner). Kipling invente de merveilleuses fausses légendes (Le Chat qui s'en va tout seul, Le Papillon qui tapait du pied). Lewis Carroll invente un fantastique de l'absurde logique ou du calembour. Marcel Aymé dévaste sournoisement l'univers de la fable (Le Loup, Les Bœufs, La Boîte de peinture)... Ecrivains, créateurs, prenez de l'esthétique ce qui vous arrange et laissez tomber le reste! Vous serez jugés au résultat final. En un mot comme en cent : ayez du génie et faites tout ce qui vous passera par la tête.

Pierre Gripari

1 3 . L ’ E n f a n t l e c o n t e

C’est à partir du 17e siècle en France que le répertoire de la littérature orale et celui de la littérature de jeunesse ont été confondus.

Le goût du conte L'amalgame a sans doute été favorisé par le fait que les enfants, admis aux veillées paysannes qui rassemblaient la communauté tout entière, y ont pris du plaisir et se sont appropriés peu à peu ces histoires pour grandes personnes. Ce goût de l'enfant pour le conte ─ et particulièrement pour le conte merveilleux ─ a été diversement expliqué. La première hypothèse avancée par les psychologues, c'est que les contes fournissent à l'enfant un univers aisément déchiffrable parce que fondé sur des oppositions très marquées entre petits et grands, riches et pauvres, bons et méchants. Ce dernier clivage ne correspond pas toujours à une antithèse d'ordre éthique, puisque les valeurs positives se trouvent par définition du côté du héros. Or les recherches de Piaget et de Wallon ont montré que l'enfant est incapable de concevoir des séries graduées d'objets : le monde s'ordonne pour lui autour de couples contrastés qui ne comportent pas d'intermédiaire. Les contes merveilleux ne fonctionnent pas autrement. L’épreuve Par ailleurs, le schéma narratif de ces contes fournit à l'enfant appelle un « scénario de gagneur ». Au début du récit, le héros est défavorisé par sa taille (le Petit Poucet, la Moitié-de-Coq), son apparence physique (Riquet à la houppe), son intelligence (c'est un « songe-creux », un idiot de village), sa condition sociale (il n'a pas un sou vaillant) et surtout par son âge (il est presque toujours le cadet de la famille). Il va cependant affronter toutes les épreuves, et il viendra à bout de plus puissant que lui. Message optimiste

Le conte est un abécédaire

où l’enfant apprend

à lire dans le langage des images.

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pour l'enfant, qui retrouve dans les handicaps du héros une image de sa situation dans l'univers des adultes. La moralité du Petit Poucet de Perrault n'exalte-t-elle pas la victoire du « petit marmot », d'abord méprisé, méconnu, et qui pourtant triomphe de l'Ogre ? Pour Bruno Bettelheim, le conte a surtout le mérite d'exprimer des réalités que l'enfant pressent mais dont il ne veut pas ─ ou ne peut pas ─ parler. Dans sa célèbre psychanalyse de l'Homme aux loups, Freud a dénoncé les dangers de ces contes d'avertissement qui peuvent frapper durablement des êtres sensibles, puisqu'ils participent d'une « pédagogie de la peur ». Faut-il vraiment, comme le veut une tradition auvergnate, dire à un enfant qui ne se mouche pas que son nez va pourrir, à une petite coquette qui se regarde trop souvent dans la glace qu'un jour elle y verra le diable, à un enfant qui refuse de se laver les cheveux que les poux feront une corde de cette chevelure et le traîneront à la rivière ? Ces divers monstres risquent fort de resurgir dans ses cauchemars. Vers l’autre Reste que, sous ses autres formes, le conte représente un matériau psycho-pédagogique irremplaçable. C'est un « abécédaire, où l'enfant apprend à lire dans le langage des images », souligne Bruno Bettelheim. C'est aussi un réservoir fantasmatique qui lui permet, par les scénarios réconfortants qu'il offre, de se libérer de ses craintes. Il donne de plus à la mère (à l'adulte) la possibilité d'établir une relation chaleureuse et un dialogue véritable avec l'enfant. Le conte est fait plutôt pour être dit que pour être lu. C'est à cette condition seulement qu'il remplira pleinement sa fonction, qu'il favorisera l'adaptation de l'enfant au monde qui l'entoure et sa découverte des autres.

Bernadette Bricout

1 4 . L e t r a g i q u e d e s t i n d e s s o r c i è r e s d a n s l ’ H i s t o i r e La sorcellerie et les origines des sorcières

La notion même de sorcellerie est, selon les cultures, très diversement reçue. Elle peut aussi bien être bénéfique que maléfique, même si une certaine méfiance est toujours ressentie à l’égard de celui qui pratique des actes de sorcellerie. En fait, on distingue assez rapidement le terme de magie pour ce qui amène le bien, de celui de sorcellerie, plus obscur. Notre société judéo-chrétienne a mis les sorcières et sorciers au pilori dès le Moyen Âge, stigmatisant certaines formes de savoirs comme autant de manifestations hérétiques. Il est par ailleurs singulier de voir évoquer tant d’apparitions merveilleuses dans les récits moyenâgeux tout en y associant la grande piété ─ religieuse ─ des héros. L’Occident n’est pas le seul dépositaire de perceptions incongrues. En Afrique, on cultive ses propres singularismes : les

Petite Soeur. Photo de répétition

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sorciers sont craints et respectés pour leurs grands pouvoirs, tandis que les sorcières sont pourchassées… pour les mêmes raisons. Guérisseurs, savants, conteurs, tous sont dépositaires de talents « surnaturels », et donc inquiétants.

Les femmes maléfiques sont plus nombreuses que les hommes dépositaires des mêmes maux. La faute peut-être à un mécanisme récurrent chez l’homme : la tendance à condamner toute religion qui n’est pas la sienne. Or, dans certaines sociétés anciennes, le matriarcat n’était pas chose rare. Les femmes de pouvoir constituaient la règle, tandis qu’un ordre nouveau – basé sur le patriarcat – prônait le contraire. Afin de faire table rase avec la passé, il a suffi de désigner toute femme capable d’exercer un pouvoir sur l’homme comme quelque chose d’anormal, voire de surnaturel, et donc de l’ordre du condamnable. Cette hypothèse suffirait à expliquer partiellement que le nombre de sorcières l’emporte sur celui des sorciers, du moins dans les contes occidentaux. Quant aux attributs qui leur sont associés, il est facile – même si cela reste hasardeux – de remonter jusqu’à l’origine qui peut les motiver : le balai est le dernier ustensile accordé à la femme déchue… ustensile qu’elle aura su détourner de son usage.

Toutefois, ce mécanisme ne suffit pas à lui seul pour tout expliquer. La chrétienté a certainement été en concurrence avec les croyances païennes, et le peuple attendait de la nouvelle religion des formes de magie supérieures aux anciennes. C’est ainsi qu’a été institué le culte des reliques, reprenant le culte des talismans. La sorcellerie – ou l’image que l’on s’en fait – se nourrit cependant à plusieurs sources qui ont convergée vers une même représentation, il reste une forme de la femme inquiétante, laide, comique, méchante, mystérieuse, envoûtante ou… séduisante, les pistes s’en trouvent pour le moins brouillées.

La femme possédée On l'a souvent répété depuis l’historien français de la seconde moitié du 19e siècle, Jules Michelet, qui, symboliquement, a compté pour un sorcier dix mille sorcières : la sorcellerie est une contre - Église féminine. On a brûlé trois ou quatre femmes pour un homme, estiment aujourd'hui les historiens. Crime de l'Église, selon Michelet, la sorcière est née d'un désespoir. Dans le monde vassalisé du Moyen Âge, monde contrôlé par l'Église, qui n'a que des fils, l'individu n'a pu construire son moi par identification au père. L'absence de tiers séparateur a fait de l'Église - figure de la loi, surmoi, interdit - une mauvaise mère, celle qui dit : « Renonce, diffère ton désir, ne jouis pas. » L'inquisiteur du Marteau des sorcières, évoquant Marie, la « femme immense », le mal de la mère, a justement traité l'espace de l'Église comme espace maternel. La hantise du feu se soutient, chez lui, d'une phobie de la femme, porteuse du feu de la passion charnelle, foyer d'incendie pour le monde, signe de convoitise. Car la femme est possédée, elle est du côté de la vie, du corps, de la nature – de Satan donc. Guérisseuse La sorcière guérit, en effet ; elle peut tuer aussi. Les pouvoirs dont elle use pour signifier sa protestation contre une situation par trop injuste, les guerres, les pestes, les famines, ne tiennent cependant leur valeur que de l'efficacité qu'on leur reconnaît. La nature est présentée avec des caractères extérieurs, mais qu'accompagnent des qualités occultes. Elle est constellée de signes qu'il faut décrypter. Leur interprétation oriente une action sur tout ce qui concerne la vie des hommes et celle des bêtes, la santé, l'amour, la sexualité, et surtout, ces deux monstruosités que sont la maladie et la mort. L'action peut être bénéfique ou maléfique. Un sort jeté aura ainsi pour effets de tarir le lait des vaches, de gâter les moissons, de faire dépérir les maîtres. Haines et jalousies, le mal court dans les campagnes où la guérison magique est toujours espérée.

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Force vitale Sorts jetés, sorts levés, le même système fonctionne, entre le bonheur et le malheur, dans les campagnes du 15e siècle comme dans celles du 20e siècle, dans le Berry et le Bocage, étudiés respectivement par Marcelle Bouteiller et par Jeanne Favret-Saada. Devins, guérisseurs, magiciens populaires, régulateurs de forces magiques, interviennent dans un processus complexe où se trouvent impliqués les rapports de parenté et les successions, les parcelles et les troupeaux, la vie et la mort. Les notions d'espace et de périmètre, d'intérieur et d'extérieur, de proche et de lointain, d'ici et d'ailleurs jouent dans ce système un rôle aussi considérable que celles d'agresseur et d'agressé…. Les Mots, la mort, les sorts montre bien comment la crise de sorcellerie doit être rapportée à une circulation de la force vitale, excédentaire chez le sorcier, qui l'investit dans les possessions d'un autrui, par là même atteint dans son « potentiel bio-économique » (survie, reproduction, production), excédentaire aussi chez le désorceleur, qui s'en sert pour s'interposer dans un circuit mortifère. Cette force ne peut être contenue dans le système des noms ; elle déborde, et c'est ce fondamental débordement qui est « magique » chez le sorcier. Ainsi, l'invisible, l'espace vital, la force agissante, d'une part, le visible, l'espace cadastré, le champ d'investissement, d'autre part, constituent deux registres entre lesquels les sorts sont jetés et levés.

Bernard Valade

1 5 . P i e r r e G r i p a r i : u n c o n t e u r n é .

é à Paris en 1925 d'un père grec et d'une mère normande, coiffeuse et medium, Pierre Gripari est orphelin à l'âge de dix-

neuf ans. Il exerce alors différents métiers : commis agricole, dactylo, surveillant d'étude, pianiste dans un bal de campagne, et se retrouve engagé volontaire dans les troupes aéroportées de 1946 à 1949. Sa pièce Le Lieutenant Tenant, créée en 1962 à la Gaîté-Montparnasse, et Pierrot-la-Lune (1963), une autobiographie de ses dix-huit premières années, inaugurent sa carrière d'écrivain.

« Les seules histoires qui m'intéressent sont celles dont je suis sûr, dès le début, qu'elles ne sont jamais arrivées, qu'elles n'arriveront jamais, qu'elles ne peuvent arriver. J'estime une histoire impossible, du seul fait qu'elle n'a, pour se justifier d'être, une quelconque prétention documentaire ou idéologique ; elle a toutes les chances de contenir beaucoup plus de vérité profonde qu'une histoire simplement plausible » (L'Arrière-Monde et autres diableries).

Par leur élaboration, par leur contenu ─ et par leur succès ─, Les Contes de la rue Broca sont symboliques de ce talent de conteur. Racontés, puis écrits, pour les enfants de Saïd, qui tenait l'épicerie-buvette du 69, rue Broca, ces contes, publiés en 1967, n'ont véritablement séduit le jeune public qu'en 1973.

N

Petite Soeur. Photo de répétition

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Nadia, Bachir, Scoubidou, Lustucru, la sorcière de la rue Mouffetard, le marchand de fessées ou la fée du robinet deviennent alors les héros favoris des enfants. D'autres recueils de contes pour les enfants suivent : Histoire du prince Pipo (1976), Les Contes de la Folie -Méricourt (1983), Jean-Yves à qui rien n'arrive... Pierre Gripari s'amuse à bouleverser l'ordre du merveilleux et fait surgir de ses contes fantastiques sorcières, sirènes et géants. Son écriture est franche, directe, truculente et en même temps poétique. Ce conteur de génie s’adresse à nous, ses lecteurs, d’une façon si familière, qu’on pourrait croire qu’il est assis tout près de nous. Ces ouvrages sont faciles à lire pour les enfants et très souvent conseillés par les enseignants. Gripari a également été critique théâtral pour le journal Ecrits de Paris. Il a reçu en 1976 le Prix Voltaire pour l’ensemble de son œuvre. En 1988, il obtient le Prix de l’Académie française pour Contes cuistres. Cet iconoclaste, qui détestait les fanatiques et les gens sérieux, se définissait lui-même comme « un Martien observant le monde des hommes avec une curiosité amusée, étranger au monde terrestre ». Outre son imagination pétulante, il est doté d’une grande liberté de pensée. Indifférent à toute ambition matérielle, il a mené une vie quasi monacale « pour ne jamais tomber dans la compromission ». Il décède à Paris le 23 décembre 1990. Pierre Gripari est aussi l'auteur d'une quarantaine de romans (La Vie, la mort et la résurrection de Socrate-Marie Gripotard, 1968), pièces de théâtre, recueils de nouvelles (Diable, Dieu et autres contes de menterie, 1965) et de poésie (Le Solilesse, 1975 ; Pièces poétiques, 1982). Disparu en 1990, cet écrivain haut en couleurs aimait à se définir comme « un Martien observant le monde des hommes avec une curiosité amusée, étranger au monde terrestre ». A contre-courant des modes, des messages et des théories, Gripari est un « singulier » de la littérature, qui explore avec gourmandise les chemins de l’imaginaire et du fantastique. Il est d’abord un conteur : les situations bousculent les dates et les lieux, mêlent l’étrange et le cocasse. Son point de vue de « martien » est celui d’un passionné des univers parallèles. 1 6 . P i s t e s p é d a g o g i q u e s

► VEUX-TU CONTER AVEC MOI ? LE RÉCIT DONT TU ES LA NARRATRICE OU LE NARRATEUR

T r a v a i l s u r l e t e x t e a v e c l e s é l è v e s

Réalité – imaginaire

Compare les personnages entre eux et énumérer leurs qualités et défauts ; comment se mêlent les éléments du merveilleux et les éléments réels ?

Qui l’emporte au final ? Le merveilleux, ou le réel ?

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Décrire les personnages

Personnages maléfiques, bénéfiques, le physique, les intentions des personnages, le comportement, les pouvoirs magiques, objets magiques, vêtements…

Reconnaître un lexique spécifique

● Recherche des mots souvent liés aux sorcières et sorciers (grimoire, potion, formule magique...) But : mise en place d’un univers merveilleux, susciter la curiosité, la fascination devant l’inconnu.

● Recherche des adjectifs souvent liés à la description des sorcières : vieille, hideuse, laide, terrifiante, méchante, dangereuse, puissante… But : placer la sorcière dans un univers éloigné de la réalité de son (jeune) lectorat / public pour accentuer le trait et créer la différence.

● Rechercher les effets utilisés pour provoquer le rire ou la peur : caricatures, monstruosités, yeux peints sur les paupières, fils sous forme d’un vent ogre et affamé...

► UN CONTE PAS COMME LES AUTRES

« Il était un roi de France qui s’appelait… Et puis zut ! Comme il est le seul roi dans cette histoire, ça ne sert à rien de lui donner un nom. Nous dirons donc : "le roi" tout simplement. Ce roi était l’époux d’une reine qui s’appelait… Mais comme elle va disparaître très vite, disons "la reine", et c’est tout ! »

Pierre Gripari, Petite Sœur

En lisant le début conte, on se rend compte qu’il n’est pas traditionnel et interrompt son récit.

► Pourquoi ce changement dans les habitudes du conte ? ► Croit-on plus facilement un conte lorsqu’il pose certains événements qui vont se dérouler comme dans la bande-annonce ou teaser d’un film ?

Reprends le conte et fais-le commencer par « Il était une fois... ». Réécris au moins la première page. Est-ce que tu y crois alors bien davantage ?

► PETITE SOUER ET LES OBJETS MAGIQUES

Petite Sœur a décidément bien des qualités... Elle est courageuse et part à la recherche de ses frères qu’elle va délivrer l’un après l’autre d’un mauvais sort. En fine stratège, elle affronte la redoutable sorcière, accomplit les épreuves sans fléchir. Et rien de ce qui est magique ou mystérieux ne lui est étranger. Mais sais-tu qu’elle a aussi un livre (un ami de ton livre audio CD ou sur internet), des lunettes (genre rayon X qui dévoile tout), une liqueur (énergisante à vertu vitale), un gâteau (qui stimule la mémoire) ?

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Quels pourraient bien être leurs pouvoirs mystérieux ? Imagine une histoire dans laquelle chacun de ces éléments joue un rôle surnaturel. Les choses impossibles 1. Nous connaissons le secret des créations magiques. Ils forment des couples qui réunissent deux choses sans rapport direct : ► femme-serpent ► château d’argent ► gâteau de mémoire 2. En utilisant cette méthode, tu peux, toi aussi, trouver un très grand nombre de choses étranges ou improbables. A toi de jouer ! livre verre chat beurre parapluie bois pingouin sable stylo fer balai poils crocodile pierre château or gâteau clé lunettes chaudron

3. Maintenant, imagine une histoire à partir de ces choses impossibles, par exemple : le balai de sable, le parapluie en or…

► LA FIN DE L’HISTOIRE DONT TU ES L’HÉROÏNE OU LE HÉROS « Petite Sœur ne comprend pas. Elle regarde la sorcière. Mais voici que la sorcière est devenue belle, si belle ! Exactement comme elle l’a vue le jour où, pour la première fois, elle a mis sur son nez les lunettes de vérité » », nous dit le narrateur. Mais, quelques années plus tard, c’est toi qui met les lunettes de vérité qui fait voir la vie et les gens tels qu’ils sont vraiment... Décris en une dizaine de lignes ce qui t’arrive. Cette fois-ci, c’est toi la conteuse ou le conteur.

► DES QUESTIONS POUR FÊTER TON ENTRÉE EN ECRITURE Ton initiation à l’art du conteur a-t-il porté ses fruits, ma jeune amie ou mon jeune ami ? Pour le

savoir, réponds aux questions suivantes sans consulter l’histoire de Petite Soeur, bien entendu...

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1. Claude est :

A. Une écolière B. Une fille de princesse C. Une étudiante D. Une fille de reine

6. Simone est : A. La soeur de Constant B. La sorcière C. Une gentille reine D. La reine qui est changée en petit serpent

2. Le fils de la Sorcière est :

A. Un chevalier B. Un paysan C. Le vent de l’Est D. Le directeur du Théâtre E. Le vent du Sud

7. Diriez-vous de Petite Soeur qu’elle est : A. Musclée B. Maligne C. Timide E. Sans complexe

3. Quel est le frère de Petite Sœur qui revient à la maison ?

A. Désiré B. Fortuné C. Clément D. le chapelain de la cour

8. Fortuné est prisonnier du : A. Pouvoir de la Sorcière B. Charme d’une femme-serpent C. Sommeil éternel D. Château sur la colline E. Château d’or

4. Pourquoi le roi est-il ennuyé ?

A. Il a perdu sa couronne B. Sa fille est partie C. Il n’a plus de mémoire D. Il doit épouser une autre femme que sa

première épouse pour avoir un héritier E. Son château est hanté par des fantômes

9. Où habite la sorcière ? A. Dans une cabane à la montagne B. Dans le bois de boulots C. Dans la forêt de pins D. Au bord d’un lac

5. Princesse Cochonne trouve que c’est « pô juste » que :

A. Petite Sœur soit la plus belle B. Claude soit toujours première à l’école C. La Sorcière soit la plus méchante créature du Royaume de France

1 7 . B i b l i o g r a p h i e R é c i t s d e P i e r r e G r i p a r i

• Pierre Gripari, Petite Soeur, Paris, Grasset Jeunesse, 1997

• Pierre Gripari, Les Contes de la Folie Méricourt, Paris, Grasset Jeunesse, 2003

- 22 -

• Pierre Gripari, La Sorcière de la Rue Mouffetard et autres contes de la rue Broca, Paris, Gallimard, Folio Junior, 2005

• Pierre Gripari, La Sorcière et le commissaire, Paris, Gallimard, 2004

• Pierre Gripari, Le Gentil petit diable et autres contes de la rue Broca, Paris, Gallimard, Folio Junior, 2001

• Pierre Gripari, Contes de la Rue Broca, Paris, La Table ronde, 2000

• Pierre Gripari, Contes D’ailleurs et d’autre part, Paris, Grasset-Jeunesse, 1990

S u r P i e r r e G r i p a r i

• Alain Paucard, Gripari mode d’emploi, Lausanne, L’Âge d’homme, 1985

• Jean-Charles Angrand (dir.), Le Tombeau de Pierre, Lausanne, L’Âge d’homme, 2005

L e s S o r c i è r e s

• Marcelle Bouteiller, Sorciers et jeteurs de sort, Paris, Plon, 1958

• Roald Dahl, Sacrées Sorcières, Paris, Gallimard Folio Jeunesse, 2007

• Jeanne Favret-Saada, Les Mots, la mort, les sorts, Paris, Gallimard, 1977

• Jules Michelet, La Sorcière, Paris, Julliard, 1964

L ’ U n i v e r s d u c o n t e

• Bruno Bettelheim, Psychanalyse des Contes de fées Paris, Pocket, 2001

• Lily Boulay, Magie du conte, Paris, A. Colin, 1996

• Joseph Courtès, Le Conte populaire, Paris, 1986

• Joseph Courtès, D'un Conte à l'autre (ou la variabilité dans la littérature orale), Paris, Éditions du CNRS, 1990

• Vladimir Propp, Morphologie du conte, Paris, Seuil, 1970

• Michèle Simonsen, Le Conte populaire, Paris, PUF, 1984

• Michèle Simonsen, Le Conte populaire français, Paris, PUF, 1981

• Catherine Velay-Vallantin, L'Histoire des contes, Paris, Fayard, 1992

• Marie Louise Von Franz, La Femme dans les contes de fées, 2003

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• Marie Louise Von Franz, L'Interprétation des contes de fées, 1979

► Les ouvrages cités dans cette sélection bibliographique ont été choisis pour vous. Ils sont disponibles dans le cadre des Bibliothèques Municipales et de la Bibliothèque de Genève.

Petite Soeur. Photos de répétition : Cédric Vincensini.

Pour des informations complémentaires : Bertrand Tappolet Théâtre des Marionnettes de Genève 3, rue Rodo - cp 217 - 1205 genève 4 tél. +41 22 807 31 04 mobile +41 79 79 517 09 47 e-mail [email protected]

Pour les Réservations Ecoles : Joëlle Fretz Théâtre des Marionnettes de Genève 3, rue Rodo - cp 217 - 1205 genève 4 tél. +41 22 807 31 06 e-mail [email protected]

Davantage d’informations sur : www.marionnettes.chTT Théâtre des Marionnettes de Genève - Rue Rodo 3, 1205 Genève / Tél. 022/807.31.00 - fax 022/807 31 01