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Trois exemples historiques
d'eugnisme avant Galton (1883) :
Platon, Soranos & Vandermonde (I re partie) Franois-Xavier Ajavon
Rsum
L'eugnisme a une histoire mais aussi une pr-histo i re. Si le concept a t forg par Gal ton en 1883, il existe de
nombreux textes, dans les corpus phi losophique et mdicaux antrieurs cet te date, qui proposent des thories
visant la normal isat ion ou l 'amliorat ion de l 'homme. Depuis l 'Antiquit grecque, jusqu'au XVII I me sicle des
Lumires franaises, nombreux o n t t les auteurs (philosophes et mdecins) vou lo i r agir sur la reproduct ion
humaine, afin d'en opt imiser les rsultats. Platon Athnes, Soranos d'Ephse Rome et Charles-Augustin
Vandermonde Paris, sont t ro is exemples de cet te pr-histoi re de l'eugnisme, qui sera publie dans deux numros
successifs de la revue.
S u m m a r y
There is a pre-h is tory of Eugenics as wel l as a history. A l though the concept was int roduced by Gal ton in I883, there
were , before this, numerous texts, both philosophical and mdical, which put fo rward thor ies aimed at standardising
or improving man. From Ancient Greek t imes to the Enlightenment of the 18th Century, many authors hve wished
to influence human reproduct ion , to improve results. Plato in Athens, Soranus of Ephesus in Rome and Charles-
Augustin Vandermonde in Paris are th ree examples f r om this pre-history of Eugenics.This art icle is published in t w o
parts, w i th the second in the next di t ion of the journal .
On se rend compte , lorsque l'on fait des recherches sur
l 'histoire de l'eugnisme, que ce concept produ i t deux
types de ractions dans le grand public : la surprise lie
une ignorance presque tota le du sens de ce mot ,
mme parmi un public de mdecins ou d'historiens des
sciences et la frayeur lie un imaginaire morb ide
doublement rattach l'eugnisme nazi et aux dbats
actuels sur la biothique, au cours desquels l'eugnisme
est tou jours une drive1. Inutile de prciser, qu'en
l'espce, la f rayeur s 'a l imente cop ieusement de
l'ignorance - et des spcificits - d'une not ion complexe
qui se t rouve la confluence de plusieurs axes majeurs
de l 'humanit tels que la reproduct ion, la m o r t ou la
s lect ion sociale. L'eugnisme, pou r donne r une
dfini t ion t rs gnrale de ce mot , est une thor ie ou
une pra t ique mdico-sociale-b/o-po//t/que2 visant
aml iorer l 'homme en fonct ion d'une no rme par une
slect ion posi t ive (organisat ion au to r i ta i re de la
reproduct ion , des accouplements, par exemple - comme
dans la Callipolis de Platon ou dans les Lebensborn de
Himmler ) ou ngative (stri l isation des populations
considres comme inaptes la reproduct ion )3.
Si le t e rme d'eugnisme est bien in t rodu i t par Gal ton en
I8834, de multiples discours de nature eugnique -
souvent parfai tement inconciliables entre eux - visant
l 'amliorat ion de l 'homme, son progrs ou sa
normalisat ion - se sont dvelopps avec constance
depuis l 'Ant iqui t jusqu' la fin du X I X me sicle. Nous
nous proposons dans cet art ic le de remonte r aux
origines de cet te no t ion et d 'exp lorer t ro is aspects de
sa gense histor ique et conceptuel le (chez le phi losophe
Platon, au IV me sicle avant JC, chez le mdecin
romain Soranos d'Ephse au 1er sicle aprs JC et enfin,
chez Charles-Augustin Vandermonde, mdecin franais
du XVII I me sicle), afin d'en mieux comprendre le
dploiement et no tamment dans les dbats actuels, mais
avec tou te la prudence qui s' impose.
La connaissance de la prhistoire de cet te not ion (les
textes voquant les thories et pratiques eugniques
antrieures la crat ion formel le du concept par Gal ton
dans un contexte scientifique) permet t ra de mieux
cerner l'imaginaire et la fantasmatique qui l 'entoure.
Nous proposons donc t ro is incursions dans cette
prhistoire, mais aucunement un continuum marqu par
des enchanements logiques entre des auteurs choisis
pour l 'originalit de leur approche ( Platon, Soranos,
Vandermonde ), car la mise en uvre d'un liant
conceptuel ou histor ique consistant entre ces trois
champs serait purement artif icielle. Nous devons plutt
nous demander si une communaut de proccupation ne
se dgage pas de ce corpus ?
I - L'eugnisme de Platon ( IV m e sicle
avant JC ).
Les commentateurs contemporains de Platon sont
mfiants l'gard des thories eugnistes dveloppes
par le phi losophe t o u t au long de son uvre. Julia
Annas, auteur de nombreux ouvrages de rfrence sur
Platon, n'hsite pas car ter v igoureusement le
problme ; commentant les mots du phi losophe pour
parler de la slection dans le troupeau humain : elle
note, avec un dgot humaniste et distingu Le Livre
V contient un programme eugnique terre terre (pour ne
pas dire brutal) ; mais ce programme est trs bizarre. (...)
Ce rpugnant vocabulaire d'leveur est dnu de toute
pertinence en ce qui concerne le fondement du systme des
classes. Le mieux est d'ignorer cet eugnisme confus (...) 5.
Est-on pr t ignorer cet eugnisme confus , c'est--
dire rien moins que se dsintresser de t ou t un aspect
pol i t ique de la pense de Platon ? La question doi t tre
pose car elle renvoie t o u t un dbat complexe autour
de l'aspect po ten t i e l l emen t totalitaire de la
philosophie pol i t ique de Platon6. Nous ne chercherons
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Trois Exemples Historiques d'eugnism avant Galton (1883), Vesalius, X I , 11, 70-75, 2005
pas ici t rancher le dbat car il est, pour le moins, stri le
: le discours eugnique platonic ien ne relve pas
directement du champ pol i t ique, mais plus prcisment
bio-politique, c'est--dire que le but de Platon, lorsqu' i l fait
la p r o m o t i o n de la per fec t ion de l ' homme par
l'eugnisme, n'est pas seulement de pr iver l 'homme de
ses l iberts, de plier la l ibre vo lont reproduct ive des
Athniens sous le joug d'une pense to ta l i ta i re
prsume, mais de btir un homme idal selon un
quilibre proprement phi losophique, correspondant
l 'harmonie pol i t ique de la cit idale. En consquence, la
pense eugnique de Platon va se re t rouver rattache
de trs nombreux niveaux de discours, depuis une
dimension purement pol i t ique et pragmatique, voire
mme lgislative, jusqu' la mtaphore pot ique ou
sotrique la plus obscure7 : l 'eugnisme de Platon est
philosophique avant d 'tre purement pol i t ique. Pour se
convaincre de cet aspect p ro fondment mtaphysique
de l'eugnisme de Platon, qui n'a r ien d'anecdotique dans
le cadre de sa pense8, il suffit de se repor te r au
Thtte, dialogue consacr la question de la science ,
dans lequel Socrate va se prsenter c o m m e un
accoucheur d'me, lui-mme fils d'une accoucheuse
professionnelle.
Dans le Thtte, Platon in t rodu i t cette concept ion, la
fois gniale et inquitante, qu'une ide, sa naissance,
mrite ou la mor t , ou la vie, qu'i l y a comme une
alternative originelle, discriminante, laquelle la pense
discursive ne peut chapper, et qui en fonde la sol idit :
Socrate - Tu as donc eu parfaitement raison de dire que
la science n'est pas autre chose que la sensation (...) Est
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Trois Exemples Historiques d'eugenism avant Galton (1883), Vesalius, X I , 11, 70-75, 2005
puration sociale eugnique est cense tre une fo rme
d'act ion pr imord ia le de l 'activit pol i t ique ; avant
d'administrer le troupeau , il faut const i tuer un
ensemble d'individus aptes tre administrs. La slection
opre dans le corps social rend possible l'activit
pol i t ique : le corps social pur devient faci lement
contr lable et, par consquent, gouvernable par le
polit ique. Ce lien entre gestion polit ique de l'humain et
levage slectif est au cur des propos deThrasymaque,
au dbut de La Rpublique18
. Thrasymaque reproche
Socrate, avec un bon-sens imparable, son idalisme
polit ique : l'image pastorale de l 'homme polit ique, sor te
de berger ayant en charge le t roupeau humain n'est
complte que si l'on considre l ' intrt final du berger :
exploi ter le t roupeau.
Dans La Rpublique, poursuivant une rflexion double :
sur l'quilibre des tendances en l 'homme et des classes
sociales au sein de la Cit, Platon se veut penseur de
l'organisation et de la justice. Dans un article publi en
1975, Mart in et Naomi Golding on t qualifi sa vision de
l 'homme, de human engineering 19
, ce que nous
pouvons rendre par anthropo-technique .
En Rpublique, II, 372 c, nous rencontrons di rectement
l'ide d'un contr le ncessaire des naissances, en vue d'un
quilibre plus juste de la population et, pour fonder un
environnement vivable, sans aucune surpopulation ; ces
condit ions de vie rurales Platon veut les transposer dans
le cadre de la Ci t classique. C'est une gestion de la
natalit rgle sur le ry thme de la nature que le
philosophe propose, et c'est au sein d'un charmant
tableau bucolique que le contr le dmographique20
des
naissances se fait jour dans cette perspective : ...Eux-
mmes s'tendant sur des matelas d'herbe, jonchs de feuilles
de lierre et de myrte, ne feront-ils pas bonne chre en
compagnie de leurs jeunes enfants, buvant par l-dessus du
vin, chantant la gloire de Dieux, ayant du plaisir vivre
ensemble, ne dpassant pas leur revenu dans la procration de
leurs enfants, prenant leurs prcautions contre indigence ou
guerre ? Ainsi, dans ce tex te extra i t de La Rpublique,
Platon nous affirme que c'est un vritable pril pour la vie
de la Ci t que de ne pas cont r ler la natalit (et
l'accroissement de la population en gnral), et que cette
pratique de b io-contr le doi t se situer au premier plan
des proccupations du polit ique, que la cit do i t se
dvelopper dans une sorte d'harmonieux minimalisme.
Platon reprendra cette thmatique dans un tex te plus
tardif, Les Lois,V, 736 d, dans lequel il sera question du
volume idal de la population dans une cit typique.
La proccupat ion eugnique platonicienne dpasse aussi
le cadre du communisme des femmes qui ne
s'adresse qu' l'lite de la communaut2 1
; d'une manire
trs gnrale, le lgislateur est l pour surveil ler (et punir
- dans le cadre d'une lgislation coercit ive) les modalits
des unions entre les individus selon les modles
archtypaux de l 'harmonie et de la ver tu .
L'un des rles du lgislateur de Callipolis est donc de
substituer au hasard (ou aux inclinations amoureuses
inattendues des individus) une rationali t d'Etat pour la
format ion des couples et la procrat ion : ...former
des unions au hasard (...) serait une impit dans une cit
heureuse. (...) Il est donc vident qu'aprs cela, nous ferons
des mariages aussi saints qu'il sera en notre pouvoir ; or, les
plus saints seront aussi les plus avantageux 22
. L'intrt
gnral de la cit prvaut c lairement sur l ' intrt des
individus ; mais cet te prminence du communautaire
sur le part icul ier est dissimule tact iquement par le
lgislateur. Son but est d ' instaurer une rgulat ion
eugnique au sein de la communaut sans que cette
entreprise rencontre d'obstacles : // faut, selon nos
principes, rendre les rapports trs frquents entre les
hommes et les femmes d'lite, et trs rares, au contraire,
entre les sujets infrieurs de l'un et l'autre sexe. (...) Toutes
ces mesures devront rester caches, sauf aux magistrats,
pour que la troupe des gardiens soit, autant que possible,
exempte de discorde 23
. C'est pr io r i ta i rement sur la base
d'un dveloppement favorisant les meil leurs caractres
que l'eugnisme platonicien se const ru i t ; avant de
prner des phases plus rudes - l ' infanticide notamment.
En favorisant la vie sexuelle des sujets d'l i te, Platon
compte aml iorer le peuple de sa communaut. Ceci est
un po int essentiel des mesures eugniques positives
platoniciennes, reposant sur l'ide sous-entendue que
l'excellence et la ve r tu d'un individu peuvent se
t ransmet t re sa progni ture, suivant une logique
hrdi ta i re d i rec te . C'est dans une perspect ive
aristocrat ique que cet te gntique de l'hritage et de la
transmission fonde le systme eugnique platonicien,
dans La Rpublique du moins.
Cet te accentuation stratgique de la sexualit des
individus excel lents condu i t diverses mesures
pratiques, don t la mise en place de ftes pseudo-
religieuses ayant pour finalit d'organiser les unions les
plus prof i tables la c o m m u n a u t : . . .o nous
rassemblerons fiancs et fiances, avec accompagnement de
sacrifices et d'hymnes que nos potes composeront en
l'honneur des mariages clbrs 24
. Une autre mesure de
ce type tend instrumental iser l'acte sexuel, qui devient
une rcompense gracieusement accorde par l'Etat aux
meilleurs : Quant aux jeunes gens qui se seront signals
la guerre ou ailleurs, nous leur accorderons, entre autres
privilges et rcompenses, une plus large libert de s'unir aux
femmes 25
. Ainsi , Platon insti tue, par la lgislation de
pseudo-coutumes, ce qui servira de couver ture parfaite
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Trois Exemples Historiques d'eugnism avant Galton (1883), Vesalius, X I , 11, 70-75, 2005
sa machine eugnique : ...nous organiserons (...)
quelque ingnieux tirage au sort, afin que les sujets
mdiocres qui se trouveront carts accusent, chaque
union, la fortune et non les magistrats 26
.
La lgislation anthropo-technique positive dicte par
Platon dans ses textes de philosophie pol i t ique va
galement concerner certains aspects plus matriels de
l 'oprat ion, que nous pou r r i ons dj qual i f ier de
mdicaux ou de naturalistes , no tammen t l'ge
respectif des individus se mariant. Cet te dimension a-
politique de la lgislation eugnique do i t cer ta inement se
saisir c o m m e le rsul ta t d'une srie stat is t ique
d'observations mdicales, mais aussi, comme le rsultat
d'un certain nombre de croyances sotr iques et
religieuses f ixant la diffrence d'ge idale entre les
conjoints27
. La femme (...) enfantera pour la cit de sa
vingtime sa quarantime anne; l'homme, aprs avoir
franchi la plus vive tape de sa course, engendrera pour la
cit jusqu' cinquante-cinq ans. Pour l'un et pour l'autre, c'est
en effet le temps de la plus grande vigueur de corps et
d'esprit 28
.
Ce qui va faire l'essentiel de la vo lont eugnique de
rgulation des mariages (et des naissances) dans La
Rpublique de Platon t ien t en ce principe anti-romantique
que tou te union amoureuse se do i t d 'tre soumise
l'approbation de l'autorit politique et religieuse faute de
quoi cette union n'aura aucune lgitimit et son fruit
potentiel non plus. La reproduct ion devient avec Platon
un service public, assurant sa prennit l'Etat, par
l'incursion souvent coercit ive de l 'autori t publique dans
le domaine priv des relations inter-humaines.
Au-del, il y a l'infanticide bien-sr, impor t d i rec tement
du fantasme Spartiate29
: ...les enfants des hommes
infrieurs et pour ceux des autres qui seraient venus au
monde avec quelque difformit, ils les cacheront, comme il
convient, dans un endroit secret et drob aux regards .30
Rfrence demi-vo i le une pra t ique grecque
relativement courante, culturalise autant que cultualise,
celle de l'infanticide, la mise m o r t des enfants non-
conformes une double no rme sociale et mdicale.
L'homme poli t ique est, chez Platon, la fois urbaniste et
leveur ; constructeur de cits nouvelles, et garant de la
qualit d'un porc humain (pour reprendre une
expression de Peter Sloterdi jk), d'un t roupeau destin
occuper ces cits et les animer en socits31
.
Dans un prochain art icle, nous cont inuerons d 'explorer
le champ de l 'Antiquit avec Soranos d'Ephse, avant de
nous pencher sur l 'poque moderne afin d'examiner les
spcificits du discours eugnique de cet te pr iode.
Notes et rfrences1 cf. P-A.Taguieff L'eugnisme objet de phobie idologique ,
L'Esprit, n l 5 6 , novembre 1989, et Retour sur
l'eugnisme. Question de dfinition , L'Esprit, nc200, avril
1994.2 Nous nous rattachons ici la df ini t ion de Michel
Foucault : (le bio-pol i t ique a pour but) d'tablir des
mcanismes rgulateurs qui, dans cette population globale
avec son champ alatoire, vont pouvoir fixer un quilibre, (...)
installer des mcanismes de scurit autour de cet alatoire
qui est inhrent une population d'tres vivants,
d'optimaliser, si vous voulez, un tat de vie. .
3 Pour ce dcoupage entre eugnisme posit i f et ngatif
Cf. Caval l i -Sforza, Q u i sommes-nous ?, Champs
Flammarion, 1994 ( p. 352-353 ).4 On t r o u v e r a une abondante documen ta t i on
scientifique sur l 'histoire de l'eugnisme, no tamment :
C. Bachelard-Jobard, L'eugnisme, la science et le dro i t ,
Paris, PUF, 2001 ;A . Drouard , L'eugnisme en quest ion,
l 'exemple de l'eugnisme franais, Paris, Ellipse, 1999 ; D.
Kevles, Au nom de l'eugnisme, Paris, PUF, 1995 ; A.
Pichot, L'eugnisme ou les gnticiens saisis par la
phi lanthropie, Paris, Hatier, Op t ique , 1995 ;A. Pichot, La
socit pure, Paris, Flammarion, 2000.
5 J.Annas, In t roduct ion la Rpublique de Platon, PUF,
Les grands livres de la phi losophie, 1994 pour la
t raduct ion de Batrice Han, pp. 224-225.6 Sur ce dbat cf. no tamment : K. Demet r i ou , A 'legend'
in crisis : The debate over Plato's politics, 1930-1960 ,
Polis : The Journal of the Society fo r Greek Political
Thought , 2002, vol 19, n 1-2, pp. 61-91 ; R. Maurer, De
l'antiplatonisme politico-philosophique moderne , Con t re
Platon, t o m e 2,Vrin-Paris X I I , 1995.
7 Cf. no tamment no t re tude: F-X Ajavon, L'eugnisme de
Platon, L'Harmattan, Ouver tu res Philosophiques, 2002.
Sur la par t de discours eugnique po r t par le mythe
chez Platon, cf. la mtaphore du royal t isserand Polit ique
279 a, puis 305 e ; le mythe des races, Rpublique, 4 1 5 a
; le mythe du nombre nuptial Rpublique, 546 b-d.
8 Con t ra i rement ce que sout ient l 'historien des
sciences A n d r Pichot : Certes il y a eu des
proccupations eugenistes quasiment toutes les poques et
dans toutes les civilisations (et cela ds l'Antiquit, Sparte
ou dans La Rpublique de Platon) ; mais elles sont restes
anecdotiques, de simples lucubrations sans porte , A.
Pichot, L'eugnisme ou les gnticiens saisis par la
phi lanthropie, Hatier, 1995. p.3.
9 Platon, Thtte, 160 e.
10 Ibid., 160 e.
" Au sujet de la crmonie de l 'Amphidromia, nous
renvoyons A. Paradiso L'agrgation du nouveau-n au
foyer familial : les amphidromies , Dialogues d'histoire
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Trois Exemples Historiques d'eugnism avant Galton (1883), Vesalius, X I , 11, 70-75, 2005
ancienne, n l 4 , 1988, p. 203-218 ;V. Dasen, Dwarfs in
ancient Egypt and Greece, O x f o r d , 1993, p. 205.12
Cet te analogie entre levage slectif et eugnisme
humain est un authent ique topos de la quest ion, depuis
Platon (cf. La Rpublique, V, 459 a ou Le politique, 261 d),
jusqu' Gal ton (cf. Heredi tary talent and character,
Macmillan's Magazine, 12, 157-166 & 318-327).13
Platon, La RpubliqueX, 459 a.14
cf. aussi Platon, Le po l i t ique, 261 d. Pour des
rfrences l'levage dans le tex te platonicien : cf.
no tamment Pol. 268 a-b ; R 590 c, 777 b ; Lois 819 d,
953e.15
II faut v idemment comprendre ces analogies entre les
slect ions humaines prnes par les d iscours
eugniques des auteurs de l 'antiquit et les pratiques
slectives de l'levage ancien, dans le contexte d'une
histoire de l'levage Ant ique qui offre plusieurs indices
de ces pratiques : Cf. no tamment C. Darw in , Variations
of animais and plants under domest icat ion, t o m e XX
(The wo rks of C D ) , Londres, Pickering, p. 160 sq. ; C.
Chandezon, L'levage en Grce, Ausonius, Bordeaux,
2003 ; sur l'levage slectif au sein des sources antiques
: Xnophon , Le Commandant de cavalerie, I, 13, 14, 15 ;
Cassiaus Bassus, De l'Agriculture, X V I I , 2 ; Varon,
Economie rurale, 1-18, 2-4, 3-4 ; Columel le , De Rustica,
3, 10, 17 ; 2, 18 ; 8, 3 ;Virgile, Gorgiques, Livre III ; pour
l'aspect mythologique, on se repor te ra aussi Homre ,
IliadeX 258-286.16
Snque, De la colre (De Ira), I, 15-2.17
Platon, LoisX 735 b.18
Platon, La Rpublique, 343 b. Cr i t iquant l'idalisme de
Platon : C'est que tu t'imagines que les bergers et les
bouviers ont en vue le bien de leurs moutons ou de leurs
bufs, et qu'ils les engraissent et les soignent dans une autre
vue que l'intrt de leurs matres et le leur propre. 19
M P. Gold ing et N. H. Golding Population policy in
Plato and Aristotle : some value issues , Arethusa n8
Population policy in Plato & Ar is to t le , pp. 345-358.20
Sur t o u t l'aspect direct i f de la doct r ine dmographique
de Platon: cf. no tamment : M P. Golding, Plato as City
Planner , Are thusa, 8, 1975, pp. 359-371 ;J.J. Mulhern. ,
Population and Plato's Republic , Arethusa, 8, 1975,
pp. 265-281 ; E.Vilquin, La doctrine dmographique de
Platon , European Dmographie Informat ion Bulletin,
Vol. 13, n I, pp. 1-18 ;Y. Charbi t , La cit platonicienne :
histoire et utopie , Population, 57 (2), 2002, pp. 23 I -260;
Yves Charbit, Platon, prcurseur de la dmographie ? ,
Revue europenne de dmographie, vol . 4, n2, pp. 157-
173.21
Platon, Rpublique, V, 457 b : Les femmes de nos
guerriers seront communes toutes tous : aucune d'elles
n'habitera en particulier avec aucun d'eux ; de mme, les
enfants seront communs, et les parents ne connatront pas
leurs enfants ni ceux-ci leurs parents .22
Ibid.X, 459 a.23
Ibid.X 459 c.24
Ibid.X, 460 a.25
Ibid.X, 460 a.26
Ibid.X, 460 a.27
C o n c e r n a n t ce t te t r ad i t i on religieuse et
pythagoricienne, f ixant une diffrence d'ge idale entre
les conjoints cf. le mythe du Nombre Nuptial . G.J.
Kayas, Le nombre gomtrique de Platon. Essai
d'interprtation , in Bulletin de l'association G. Bud,
1972,Tome X X X I , n4, p. 43 I -469.
28 Ibid.X 461 a.
29 cf. no tamment : Plutarque, Vies I, Vie de Lycurgue.
30 Platon, La Rpublique, 460c.
31 II conviendra aussi de se repor te r : Le Politique, 86 b
sq., pour un autre aspect de l'eugnisme platonicien,
s'inscrivant dans la cont inui t du mythe des races.
Biographie
Franois-Xavier Ajavon. Doc to ran t au dpartement de
philosophie de l 'Universit Paris X I I , est l 'auteur de
plusieurs d'art icles sur l 'histoire de la philosophie
ancienne et l 'histoire de l'eugnisme. Il a galement cr i t
une monographie int i tule : L'eugnisme de Platon
(Paris, 2002).
Adresse :
F-X Ajavon.
8, rue Frdric Mistral , Cr te i l . France.
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Fig. I : Photographie d'un parchemin gyptien tardif du "Parmnide" de Platon
(extrait d'une base de donnes de l'universit de Duke aux USA et prsente sur le site suivant )
http://scriptorium.lib.duke.edu/papyrus/records/5a.html
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