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Marie Grosholtz-Tussaud (1761-1850),fondatrice du plus célèbre musée de ciredu monde

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C’est un demi-siècle avant le muséeGrévin de Paris qu’une Alsacienne créaà Londres ce qui deviendra le musée decire le plus célèbre du monde sous sonnom marital : Madame Tussaud. Née àStrasbourg en 1761, Marie Grosholtz estla fille posthume d’un soldat de métier,Joseph Grosholtz, tué à la guerre deSept Ans, et d’Anne-Marie Walder. Alorsqu’elle a six ans, elle suit sa mère quis’installe à Berne comme gouvernantedu chirurgien-barbier Philippe Curtius.

Celui-ci s’intéresse à la céroplastie, cet art demodeler la cire afin de mieux illustrer l'anato-mie. Il s’enthousiasme peu à peu pour le mo-delage artistique de figures de cire, passionqu’il transmet à la jeune Marie qu’il traite ennièce. Sur les conseils du prince de Conti, Cur-tius s’établit à Paris, où il ouvre un « cabinetde cire » dans le nouveau quartier Saint-Ho-noré, puis au Palais-Royal. Marie et sa mère lerejoignent à Paris où Marie perfectionne sonart, apprend à modeler les cheveux, confec-tionner les vêtements, monter les yeux deverre, implanter les cils et surtout travailler lacire. Le travail de l’oncle et de la nièce plaît à denombreuses personnalités qui veulent leursportraits en cire. Marie collabore ainsi à l’éla-boration des figures de la famille royale etdevient le « professeur d’art » de MadameElisabeth, sœur du roi Louis XVI. Elle réalise denombreux portraits, dont ceux de Voltaire, deJean-Jacques Rousseau, de Benjamin Franklin,et, durant la Révolution, de Robespierre et deBonaparte. Elle modèlera aussi les masquesmortuaires de nombreuses victimes de la Ter-reur. Au décès de Curtius en 1794, elle héritede l’intégralité de sa collection d'œuvres encire. Elle se marie l'année suivante avec Fran-çois Tussaud, originaire de Mâcon. En 1802,elle quitte son mari et, profitant de la paixd’Amiens avec l’Angleterre et de l’invitation dumagicien Paul Philidor, elle se rend avec sonfils aîné Joseph à Londres pour présenter sacollection de figurines dans le cadre de sonspectacle itinérant à travers la Grande-Bre-tagne et l'Irlande. Ne pouvant pas quitter leRoyaume-Uni à cause des guerres napoléo-niennes, elle s’y installe définitivement, de-venant une véritable femme d’affaires.

En 1822, son second fils, Francis, la rejoint àLondres. En 1835, elle implante sa premièreexposition permanente dans un immeuble de

Baker Street, qui devient le musée MadameTussaud’s. L'une de ses principales attractionsest alors une Chambre des horreurs, qui pré-sente les victimes de la Révolution française etleurs meurtriers. Pour ses figures, elle puiseaussi dans l’histoire de l’Angleterre. À Londres,elle fréquente la veuve de Kléber. Elle y décèdeen 1850 à l'âge de 88 ans et est inhumée àChelsea, auprès des émigrés français. En 1883,ses petits-enfants déménagent le musée pourl’actuel Marylebone Road. Devenu rapide-ment un lieu touristique incontournable deLondres, le musée de cire s’est depuis démul-tiplié en plus d’une vingtaine de Madame Tus-sauds répartis aux quatre coins du globe : enEurope (Amsterdam, Berlin, Blackpool, Istan-bul, Prague, Vienne), Amérique (Hollywood,Las Vegas, New York, Orlando, San Francisco,Washington), Asie (Bangkok, Chongqing,

Dehli, Hong Kong, Péking, Singapore, Tokyo,Wuhan) et Océanie (Sydney). Depuis 2007, legroupe Madame Tussauds est la propriété deMerlin Entertainments, qui, grâce à cette ac-quisition, s’est hissé au second rang desgroupes de loisirs dans le monde, derrière WaltDisney Parks. Marie restera aussi dans la pos-

térité littéraire, ayant été immortalisée parCharles Dickens en la personne de Mrs Jarleydans son roman The Old Curiosity Shop. Par ail-leurs, Edgar Poe fit un compte-rendu flatteurde ses Mémoires parus en 1838, où elle ex-prime l’horreur que lui inspirait la Révolutionfrançaise. Enfin, avec Sabina von Steinbach,elle est l’une des deux Alsaciennes dont lenom figure – avec le cratère Tussaud – dans latoponymie de la planète Vénus.

Philippe Edel(Sources : NDBA, Bargaud, Mémoires, al.)

N°56 Printemps 2018

Madame Tussauds à Berlin

Madame Tussauds à New York

Madame Tussauds à Hong Kong

Marie Grosholtz, épouse Tussaud

Madame Tussauds à Shanghai

Affiche de l'exposition itinérante (1835)

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