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TROIS ESSAIS SUR LA SURLIQUITE BANCAIRE
DANS LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET
MONETAIRE DAFRIQUE CENTRALE (CEMAC)
Olivier Beguy
To cite this version:
Olivier Beguy. TROIS ESSAIS SUR LA SURLIQUITE BANCAIRE DANS LA COMMU-NAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE DAFRIQUE CENTRALE (CEMAC). Economieset finances. Universite dAuvergne - Clermont-Ferrand I, 2012. Francais.
HAL Id: tel-00679471
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00679471
Submitted on 15 Mar 2012
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Universit dAuvergne Clermont-Ferrand I
Facult des Sciences Economiques et de Gestion
Centre dEtudes et de Recherches sur le Dveloppement International (CERDI)
TROIS ESSAIS SUR LA SURLIQUIT BANCAIRE DANS LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE DAFRIQUE CENTRALE (CEMAC)
Thse Nouveau Rgime
Prsente et soutenue publiquement le 16 fvrier 2012
Pour lobtention du titre de Docteur s Sciences Economiques
Par
BEGUY Olivier
Sous la direction de
M. Jean-Louis Combes, Professeur, Universit dAuvergne
M. Samuel Guerineau, Maitre de confrences HDR, Universit dAuvergne
Membres du jury:
M. Gilles Dufrnot, Professeur, Universit Aix-Marseille 2
M. Christian Aubin, Professeur, Universit de Poitiers
M. Gervasio Semedo, Maitre de confrences HDR, Universit de Tours
M. Jean-Louis Combes, Professeur, Universit dAuvergne (CERDI)
M. Samuel Guerineau, Maitre de confrences HDR, Universit dAuvergne (CERDI)
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LUniversit dAuvergne Clermont 1 nentend donner aucune approbation ni
improbation aux opinions mises dans la thse. Ces opinions doivent tre
considres comme propres lauteur.
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Remerciements
Pour achever cette thse, dimportantes contributions ont t mises ma disponibilit. Pour
preuve de reconnaissance, cest le lieu ici de remercier tous ceux qui mont aid de prs ou de
loin laccomplissement de cette tache.
Avant tout, je tiens exprimer ma profonde gratitude Jean-Louis Combes et Samuel
Guerineau pour lencadrement de cette thse. Ils nont mnag aucun effort pour me soutenir,
morienter, me conseiller et mencourager pendant toutes ces annes. Leur implication active
et constante ont t dterminants pour laccomplissement de cette thse.
Merci tous les membres du jury davoir accept den faire partie et pour leurs apprciations.
Je remercie sincrement Inessa Love qui ma fourni son programme destimation des modles
VAR en panel utiliss dans le Chapitre III. Je remercie galement Rotoudjimbaye Thophile
qui ma initi au logiciel R. Son apport ma permis dlaborer les prvisions baysiennes.
Je tiens remercier vivement toute lquipe denseignants chercheurs du CERDI. Je remercie
galement lensemble du personnel administratif du CERDI pour leurs appuis logistiques
durant ces annes de thse. Je pense notamment Annie Cuer, Solange Debas et Lina
Lacroix.
Je remercie galement les Doyens de lUniversit de Ndjamena qui se sont succd pendant
le droulement de la thse savoir Djikoloum Benjamin et Abba Danna pour mavoir donn
lautorisation de me rendre plusieurs fois Clermont Ferrand poursuivre mes travaux. Il en est
de mme pour Jean-Claude Brou, Jan Walliser et Raju Singh, mes chefs hirarchiques la
Banque Mondiale qui mont autoris venir soutenir cette thse.
Je tiens remercier aussi tous les collgues et amis de Clermont Ferrand qui mont aid
passer un sjour agrable en Auvergne. Je pense notamment Romuald Kinda, Bokilo
Christian Fred, Ousmane Aboubakar, Ndjilkodje Patrice, Hissein Djaldi, Boel Taro, Aristide
Mabali, Christian Guerd, Eric Djimeu, Tamib Pofinet, Outhman Hamdan, Salomon
Allaramadji. Je noublie non plus mes parents de Lyon, particulirement la famille dEvariste
Djimasd ainsi que Desir Neld, Honor Nodjibeye et Madjirangue Djimremadji. Tous mes
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remerciements vont aussi spcialement la famille de Mbaissin Moita Yabao qui ma
toujours accueilli chaleureusement pendant mes sjours Paris.
Je noublie non plus mes parents, proches et amis du Tchad qui nont cess de mencourager
fortement pour lachvement de cette thse pendant les moments de doute. Je tiens exprimer
toute ma reconnaissance et mes remerciements mes frres et surs Angle, Dotom,
Djimounoum, Rodrigue et Arnaud, pour leur amour, leur patience, leur soutien indfectible
durant toutes ces longues annes dtudes. Jai naturellement une pense profonde pour mon
pre partie trop tt, mais qui ma tant difi et ma mre dont la dtermination pour la russite
de ses enfants demeure un modle prenniser. Je leur ddie cette thse.
Je voudrai autant remercier tous mes collgues enseignants chercheurs de la Facult de Droit
et des Sciences Economiques de lUniversit de Ndjamena, particulirement Reounodji
Madji Cyrille, Ousmane Ada, Younous Abdoulaye, Mouta Djirabi, Mogod Nadine, Thierry
Mamadou Asngar, Rimabaye Gabriel, Tawfick Djarma, Awat Hissein, Alfarouk, Kosseimi
Issa Djibrine.
Enfin, je tiens exprimer ma gratitude envers tous mes amis de longue date qui ont eu
partager avec moi mes moments de tristesse et de bonheur depuis mon enfance. Je pense
singulirement feu Vidal dont la mort prmature nous a normment affects. Tous mes
remerciements Chris_Kedy, Christian, Lipelba, Guilou III, Carlos, Beosso, Alexis, Alain,
Eric, Fata, Vridao, Herv, Sylvain, Gordon, Djinodji, Mbaitetroh, Beassoum, Sarah, Erudyce.
Jen oublie sans doute.
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A mes parents
BEGUY MBAIOLO et KOUTOU NDIGRADE
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Rsum Cette thse sarticule autour de trois essais consacrs lanalyse de la surliquidit bancaire
dans les pays de la CEMAC. Le premier essai a cherch identifier les dterminants de la
surliquidit des pays membres de la CEMAC sur la priode de 1985 2002. Lestimation
GMM utilis a permis de montrer que la surliquidit en Afrique Centrale drive la fois du
comportement de prcaution des banques commerciales et des facteurs exognes. La grande
prudence des banques peut sexpliquer par lexprience de la crise financire des annes
1980, la restructuration du systme bancaire, linstabilit des dpts et un contexte
conomique trs risqu. Lembellie du cours du ptrole alimente les rserves excdentaires
due la faible capacit dabsorption des pays de la zone. Dans le deuxime essai, il a t
question didentifier les canaux de transmission les plus oprationnels en Afrique Centrale. La
modlisation VAR a permis de montrer que le taux dintrt est le canal le plus faible. Cest
prcisment la carence dun march financier qui ne permet pas dassurer le rle de recyclage
de la liquidit bancaire et de la transmission de la politique montaire. Dans le troisime essai,
a t labor un modle de prvision dinflation dans un des pays membres de la CEMAC
savoir le Tchad.Les modles BVAR se sont rvls en Afrique Centrale tre plus efficaces que les outils traditionnels (AR, ARIMA, VAR). Lanalyse de sensibilit entreprise par
lapproche bayesienne indique que la surliquidit exercerait des tensions inflationnistes dans
la zone.
Mots-clefs : Surliquidit, GMM, canaux de transmission, VAR, prvision, inflation, politique
montaire, BVAR, BEAC, CEMAC.
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Abstract
This thesis is based on three essays focused on analysis of the excess liquidity in the CEMAC
countries. The first one identifies the determinants of excess liquidity in developing countries
by studying the case of CEMAC member countries from 1985 to 2002. The GMM estimator
used has shown that the excess liquidity in Central Africa derived from both the prudence of
commercial banks and exogenous factors. The precaution of Commercial Banks can be
explained by the financial crisis in 1980s, the restructuring of the banking system, the
instability of deposits and a very risky economic environment. The increasing in oil prices
fueling excess reserves due to the low absorption capacity of countries in the region. In the
second essay, it was discussed the transmission channels in Central Africa. The VAR model
used has shown that the interest rate channel is the lowest. This is exactly the lack of a
financial market that does not allow ensuring the function of the recycling of liquidity and the
transmission of monetary policy. At the last essay, it was developed a forecasting model of
inflation in Chad which is member of CEMAC countries. BVAR models have been shown in
Chad to be more effective than traditional tools (AR, ARIMA and VAR). A sensitivity
analysis undertaken by the Bayesian approach indicates that the excess liquidity would exert
inflationary pressures.
Keywords: Excess liquidity, GMM, transmission channels, VAR, forecasting, inflation,
monetary policy, BVAR, BEAC, CEMAC.
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Sommaire
CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE ................................................ 1
CHAPITRE II : LES DETERMINANTS DE LA SURLIQUIDITE DANS LES
PAYS EN DEVELOPPEMENT : CAS DE LA CEMAC .................................. 31
CHAPITRE III : IDENTIFICATION DES CANAUX DE TRANSMISSION DE
LA POLITIQUE MONETAIRE DE LA BEAC : UNE APPROCHE PAR LA
MODELISATION VAR ..................................................................................... 62
CHAPITRE IV : PREVISION DE LINFLATION AU TCHAD : UNE
APPROCHE BAYESIENNE ............................................................................ 104
CONCLUSION GENERALE ........................................................................... 137
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xiii
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CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE
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La Communaut Economique et montaire dAfrique Centrale (CEMAC) a pour vocation de
complter la coopration montaire existante par la constitution dun espace conomique
unifi, fond sur lharmonisation graduelle des politiques conomiques et de lenvironnement
juridique (Banque de France, 2009). Elle se prsente comme une zone montaire dans laquelle
lunicit de la monnaie a devanc toutes les autres tapes de la mise en place dun march
commun. L'intgration montaire n'a pas t suffisante pour compenser des handicaps
structurels majeurs : une structure d'exportation centre sur des produits peu transforms, des
infrastructures insuffisamment dveloppes, des marchs troits et de nombreux obstacles aux
changes. Cette Union Montaire appartient la zone franc qui est caractrise par un modle
de coopration montaire assez singulier1. La zone franc a t formellement cre en 1939 dans le cadre des mesures lies la dclaration de guerre par un dcret instituant une
lgislation des changes pour tous les territoires de lempire colonial franais (Guillaumont et
Guillaumont, 2002). Le contour gographique de cette zone sest modifi au fil du temps, car
on a assist des sorties et des entres de certains pays. La zone franc comprenait ses
dbuts, la France et la plupart de ses colonies. De nos jours, la zone franc comprend en plus
de la CEMAC en Afrique Centrale, les pays membres de lUEMOA en Afrique de lOuest et
les Comores (Cf. Annexe Figure 1.1).La CEMAC, objet de notre tude, sest substitue ainsi lUnion Douanire des Etats de lAfrique Centrale (UDEAC). Les Etats membres entendent
ainsi passer dune situation de coopration qui existe dj entre eux une situation dunion
susceptible de parachever le processus dintgration conomique et montaire2.Dans la zone,la surveillance multilatrale a t mise en place 1994. Elle consiste, selon les textes
fondateurs, pour les Etats de la CEMAC, tablir les procdures permettant de respecter les
rgles communes de coordination des politiques conomiques nationales, notamment en
matire budgtaire. La surveillance multilatrale vise, travers la dfinition des critres de
convergence, renforcer la cohrence entre les variables de la politique montaire et celles de
la politique budgtaire (Policy mix). Cependant selon Dufrenot (2009), la policy mix est
difficile mettre en uvre dans une union montaire quand chaque pays membre poursuit ses
propres objectifs. Cest ainsi que les pays appartenant cette union montaire, narrivent
pas toujours respecter les critres de convergence3 et les rsultats macroconomiques
diffrent relativement dun pays un autre. Lexamen de la situation de la convergence, au 31
1RelationdeCooprationmontaireNordSuduniqueaumonde.2Article1dutraitinstituantlaCEMAC3Lesquatre(4)critressont: SoldebudgtairedebaserapportauPIBnominal>=0%; Tauxdinflationannuelmoyen
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dcembre 2009, montre que seul le Gabon a respect les quatre critres de convergence, les
autres pays de la zone en respectant deux, lexception du Tchad (un seul critre)4. Les
conomies de la sous rgion se distinguent aussi relativement dun pays un autre mais ont
peu dchanges commerciaux entre elles. Cette situation sexplique par le fait quils sont tous
sans exception spcialiss dans les produits primaires.
Cet espace conomique pesait en 2008 en termes de PIB, 34069 milliards de franc CFA et
contenait 39,4 millions de population. Quand on observe les indicateurs macroconomiques
depuis lan 2000, le taux de croissance conomique demeure toujours au dessus de 3% avec
un pic en 2004 (6,6%) prcisment d au secteur ptrolier qui a connu pendant cette anne
une croissance de 20,1%. Bien que le relvement du rgime dinflation depuis dix ans soit
utilis comme argument de lintrt de la question de lefficacit de la politique montaire on
constate nanmoins que le taux dinflation a dpass le seuil de 3% en 2001(4,4%), 2006
(5,4%) et continue daller au-del depuis 2008 (5,9%)5 (Cf. Annexe Figure 1.3). Cette
situation illustre ainsi que le problme principal concernant la stabilit montaire demeure
entier dans la zone et pose ainsi la question de lefficacit de linstitut dmission. Pourquoi la
politique montaire semble inoprante dans la zone et comment y remdier ? Notre travail de
thse cherche apporter des lments de rponse ces questions.
Nous proposons plus exactement des analyses conomtriques pour lefficacit de la politique
montaire en nous focalisant sur les origines de la surliquidit, les canaux de transmission et
la prvision de linflation qui demeure la cible des autorits montaires. Dans ce qui suit nous
essayons dabord didentifier les difficults qui entravent lefficacit de la politique montaire
en Afrique Centrale. Ensuite, nous avons cherch dterminer les dfis relever par les
autorits montaires pour rendre la politique de la BEAC plus efficace. Nous terminons ce
chapitre introductif par un rsum des principales contributions de ce travail de thse.
1.1 Les difficults de la politique montaire en Afrique Centrale
La politique montaire dans cette zone, qui a vraiment pris son envol partir de 1972
(Godeau, 1996) est rgie par la Banque des Etats de lAfrique Centrale (BEAC). Cette
dernire avait dabord pratiqu une politique axe sur le dveloppement pour soutenir le
4BanquedeFrance(2009)5Sources:AdministrationsNationales,FMIetBEAC
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contexte macroconomique des pays membres (Banque de France, 2002). La BEAC parvenait
entre temps maitriser efficacement les tensions inflationnistes dans la zone. Cependant cela
lui a valu nanmoins quelques critiques de la part de certains auteurs qui considrent que le
niveau dinflation entretenue par la zone tait trop bas pour stimuler la croissance. la zone
franc suscitait un biais anti-inflationniste excessif, car selon Devarajan et Rodrik (1991, pp
23), les rsultats de croissance court terme auraient pu tre amliors si les autorits
montaires staient autorises 1,5% dinflation annuelle supplmentaire pour rapprocher le
PIB de son niveau potentiel .
Il est intressant de rappeler que la politique montaire de la BEAC est pratique dans le
cadre de la zone franc. La zone franc a t formellement cre en 1939 dans le cadre des
mesures lies la dclaration de guerre par un dcret instituant une lgislation des changes
pour tous les territoires de lempire colonial franais (Guillaumont et Guillaumont, 1984).
Cest une union montaire regroupant tous les pays qui utilisent le franc6 comme monnaie ou
qui en ont arrim leur monnaie et y gardent lessentiel de leurs avoirs extrieurs. Cependant
en 1972 et 1973, en prlude la crise du systme montaire international et la volont des
Banques Centrales des pays africains de la zone franc de renforcer leur pouvoir et leur
domaine dintervention, ont t sign de nouveaux accords de coopration montaire. Ce sont
des rgles, dfinies par ces accords, qui rgissent mme actuellement le fonctionnement de la
zone franc, malgr lavnement de lEuro. Les principes manant de ces accords sont les
suivants :
La parit fixe du franc CFA : elle fixe les modalits respecter pour prserver la valeur externe de la monnaie. A dfaut de lliminer compltement, la parit fixe permet de
rduire un risque ventuel concernant les oprations de change. De ce fait la France scurise
les sources dapprovisionnement en les soustrayant des alas de la spculation et des
fluctuations des prix. Le taux de change fixe garantit galement aux africains des gains stables
dans leurs oprations dexportation, surtout que la France est lun des principaux partenaires ;
La garantie de convertibilit illimite du franc CFA en franc franais et aujourdhui en euro : la France sous certaines conditions, pourra avancer des fonds pour viter aux pays
africains de la zone franc une crise de liquidit lorsque leurs comptes doprations sont
6Lapicedorfranaisedunfrancauraittcrele5dcembre1360,aupoidsde3,877gdorfin(dAlmeida,1999).
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dficitaires, pour assurer le maintien de leurs activits extrieures. En cas de dficit du compte
d'opration, des mesures de politique montaire restrictives, portant sur les taux d'escompte et
les plafonds de rescompte notamment, doivent tre prises.
La libre transfrabilit : lapplication de ce principe donne la possibilit aux expatris de rapatrier de manire scurise leurs bnfices commerciaux, et facilite pour les locaux, les
changes montaires et financiers entre la France et les pays africains de la zone franc,
notamment dans le cadre de partenariats commerciaux ou mme de transfert de technologie ;
La centralisation des rserves de change : ce principe sopre dans un compte vue dit compte dopration ouvert auprs du Trsor franais. Ces avoirs extrieurs domicilis dans le
compte dopration reprsentaient au dbut 65% des devises captes par les exportations des
pays africains membres de la zone franc. Ce taux a t rduit provisoirement 55% en juillet
2008 pour stablir dornavant 50% partir de juillet 2009.
Ces principes sappliquent dans la zone grce une organisation sappuyant sur les lments
suivants :
Le compte dopration cit ci-dessus ; Le compte de correspondant log la Banque de France. Compte tenu du fait
que le Trsor franais ne peut crer de la monnaie, il assure la convertibilit du
franc CFA grce ce compte ;
Les Banques Centrales ont pour rle de mettre en uvre, de superviser et de coordonner les actions de cette politique.
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6Encadr 1. 1 : Schma simplifi du circuit montaire franc CFA dAfrique Centrale
Source : OMGBA, ENJEUX, N19, Avril-Juin 2000
Dans tout le systme, cest le principe du compte dopration, contrepartie de la garantie de la
convertibilit illimite, qui retient plus lattention de la plupart des auteurs. Pour Pouemi
(1980), le compte dopration nest rien dautre quune expression curieuse, mystrieuse,
inconnue du monde des conomistes, mais brviaire de tous les financiers des Etats membres.
A partir de 1990, conscutivement la crise conomique suivie de la crise financire la fin
des annes 1980 et surtout face lintransigeance des institutions financires internationales,
les autorits montaires taient obliges de reformer le secteur en passant ainsi de la
rpression la libralisation financire pour ne retenir la fin quun seul objectif savoir la
stabilit montaire. La libralisation financire sinscrivait ainsi dans la logique dune large
gamme de reformes impulse par les institutions de Bretton Woods. Ces reformes taient
constitues entre autres, dune nouvelle srie de taux dintrt, de lintroduction du march
montaire, de la cration de la Commission Bancaire dAfrique Centrale (COBAC)7, de la
mise en place de la programmation montaire (Cf. Annexe) sans oublier la dvaluation du
franc CFA de 1994.
7Cf.Encadr1.2
BEAC
Comitnationalmontaireetfinancier
BailleursdeFonds
PAYSdelaCEMAC MinistredesFinances
BANQUEDEFRANCE Comptedecorrespondant
Misedispositiondesfonds
Transfertdefondsdemands
Misedispositiondesfonds
TRESORFRANAIS Comptedopration
BEAC
Comitnationalmontaireetfinancier
Demandedefinancement
Demandedemisedispositiondesfonds
Opration de conversion si besoin
TRESORFRANAIS Comptedopration
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Conformment aux nouveaux statuts de la BEAC, lobjectif dornavant poursuivi est la
stabilit montaire dfinie par une faible inflation et une couverture extrieure de la monnaie
dau moins 20% (Cf. Annexe). Plus question pour les autorits montaires de sencombrer
dobjectif de croissance qui demeure nanmoins, incontestablement, un facteur crucial de
dveloppement de tout pays pauvre. Pour atteindre lobjectif final de stabilit montaire, deux
objectifs intermdiaires ont t retenus. Il sagit des crdits lconomie et de lagrgat
montaire M2. Labsence de marchs financiers trs dvelopps, peut encourager les banques
centrales utiliser les agrgats montaires, les crdits ou les autres composantes de son bilan
comme indicateurs ou objectifs intermdiaires de la politique montaire (Schaechter, 2001).
En ayant lil ces grandeurs montaires, la BEAC utilise grce aux reformes successives
des instruments indirects en intervenant travers la politique de refinancement sur loffre de
monnaie centrale et travers les rserves obligatoires sur la demande de monnaie centrale. La
BEAC arrte ainsi, un objectif de refinancement reprsentant la limite maximale des avances
quelle est dispose accorder au march montaire. Suivant les objectifs de la politique
montaire, la BEAC accorde des avances un taux dintrt fixe (taux dintrt des appels
doffres ou TIAO) (Cf. Annexe Figure 1.2). Par contre, la liquidit est ponctionne, par le
biais des appels doffres ngatifs, un taux dintrt appel le Taux dintrt sur les
placements ou TISP.
Ces reformes ont contribu largement assainir le systme financier8 de la zone (Cf. Annexe
Tableau 1.2) et stabiliser efficacement le niveau dinflation (Elbadawi et Nadj, 1996) en
Afrique Centrale pendant quelques annes. Le secteur bancaire est devenu globalement
rentable aussi (Hugon, 2006), mais il existe des disparits en fonction des pays membres
(FMI, 2005). Cependant il faut noter quelles ont engendr aussi des effets inattendus tels que
lmergence de la microfinance et la forte augmentation de la liquidit. Cest cette dernire,
particulirement qui retient notre attention.
Do viendrait cette surliquidit qui tend devenir quasi structurelle ? En plus de la
prcaution du systme bancaire, dautres facteurs tels que les opportunits limites et des
chocs exognes sont mis en exergue. La prcaution du systme bancaire a engendr une forte
prudence des Banques Commerciales qui prennent dornavant assez de prcautions pour se
conformer aux ratios prudentiels engendrs par la rforme et entretiennent un certain effet
de mmoire dans leurs comportements suite la crise financire vcue dans les annes 1980. 8PlusfaibleauniveaudelaCEMACquedanslesautrespaysafricains(FMI,2005)
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Encadr 1. 2: Les diffrents pouvoirs de la COBAC
La COBAC dispose de comptences et de pouvoirs divers en matire de rglementation et dorganisation de lactivit bancaire, dont les plus importants sont :
- le pouvoir administratif : la COBAC est charge de dlivrer des avis conformes dans les procdures dagrment et dautorisation individuelles qui restent la prrogative des autorits montaires nationales. La COBAC peut prendre des mesures conservatoires en mettant un tablissement de crdit sous le rgime dadministration provisoire et est habilite nommer un liquidateur dans les tablissements qui cessent dtre agrs.
- le pouvoir rglementaire : La COBAC dispose de toutes les comptences pour dfinir le plan et les procdures comptables applicables aux tablissements de crdit, et les normes prudentielles de gestion (ratios de solvabilit, de liquidit, de division des risques, de transformation, de couverture des immobilisations par les ressources permanentes, etc.). Le dispositif prudentiel de la COBAC a t largement inspir des principes dicts par le Comit de Ble sur le contrle bancaire en sappuyant sur les spcificits des conomies des pays membres.
- le pouvoir de contrle : la COBAC veille ce que la rglementation bancaire soit respecte par les tablissements de crdit. Pour ce faire, elle organise et exerce, par l'intermdiaire de son Secrtariat Gnral, des contrles sur place et sur pices de ces tablissements. Elle est habilite diligenter toutes les vrifications commandes par lurgence et elle rend simplement compte aux Autorits montaires nationales des rsultats des enqutes. Les membres de la COBAC et les personnes habilites agir en son nom son tenus au secret professionnel.
- Le pouvoir de sanction : la COBAC est galement un organe juridictionnel et peut intervenir titre disciplinaire, sans prjudice des sanctions que pourront prendre les Autorits judiciaires nationales. Les sanctions prvues sont : lavertissement, le blme, linterdiction deffectuer certaines oprations ou toute autre limitation dans lexercice de lactivit bancaire, la suspension ou la rvocation des commissaires aux comptes, la suspension ou la dmission doffice des dirigeants responsables et enfin, le retrait dagrment de ltablissement.
Source : BEAC
Ensuite, labsence dun march de titres et lexistence des avances aux trsors nationaux,
noffrent pas beaucoup de possibilits aux Banques Commerciales de dtenir des actifs
rmunrateurs, et ainsi elles se contentent daccumuler plutt des liquidits excdentaires.
Enfin, la dvaluation du franc CFA de 1994, en entrainant lamlioration des recettes
dexportations (ce qui induit lentre des devises) et le rapatriement des capitaux, a contribu,
elle aussi, la surliquidit structurelle du systme bancaire de la zone (FMI, 2006). En Outre
le renchrissement du cours du brut a entrain un afflux important de la liquidit dans les pays
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membres de la CEMAC exportateurs du ptrole9. Cette surliquidit a affaiblit davantage la
situation de la BEAC qui fait malheureusement face une tension inflationniste ces dernires
annes. Saxegaard (2006) a indiqu que la surliquidit affaiblit les canaux de transmission
dune Banque Centrale. Pour ponger cette surliquidit, la BEAC a mis en place un
mcanisme des rserves obligatoires qui prouve nanmoins des difficults tre efficace.
Dailleurs Nissanke et Aryeetey (1998) ont prcis quen situation de surliquidit le
mcanisme des rserves obligatoires demeure compltement inefficace. Il faut reconnaitre
quen passant dun contrle direct un contrle indirect de la liquidit bancaire, avec la
cration dun march montaire, les effets de la politique montaire peuvent se rvler moins
prcis en Afrique Centrale.
La BEAC se retrouve ainsi face un dfi majeur quelle doit relever afin de permettre aux
Etats membres de respecter le seuil de 3% dinflation inscrit dans les critres de convergence.
1.2 Les dfis relever par les autorits montaires
Les diffrents enjeux pralablement exposs et les constats tablis soulvent de nombreuses
questions qui constituent les principales problmatiques de la thse. En premier lieu, il
convient de savoir quelles sont les origines du phnomne de la surliquidit qui a survenu
depuis quelques annes en Afrique Centrale et tend devenir totalement structurel. Il sagit en
fait didentifier ses dterminants principaux afin de pouvoir lendiguer car elle est souvent
considre comme un facteur daffaiblissement des canaux de transmission pouvant rendre
impuissante la Banque Centrale. Dans la littrature conomique, des controverses subsistent
sur le caractre involontaire ou non de laccumulation de la surliquidit par les Banques
Commerciales. Les modles de la gestion des risques de liquidit, en rapport avec les
rserves, ont t largement exposs dans la littrature par Baltensperger (1974), Santomero
(1984) et Swank (1996). Agnor, Aizenman, et Hoffmaister (2004) en sinspirant du modle
de Baltensperger (1974) postulent thoriquement quun accroissement du taux de pnalit, ou
de la volatilit de la production, augmente le niveau de rserves dtenus par les Banques
Commerciales.
9ApartlaCentrafrique,touslesautrespaysmembressontexportateursdeptrole.
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En Afrique Centrale, laccumulation des recettes ptrolires, ltroitesse du march
interbancaire, les faibles niveaux de bancarisation et des marchs financiers peuvent
permettre de postuler que la surliquidit est totalement indpendante de la volont des
Banques Commerciales. Cependant, ces dernires, comme voqu ci-dessus, ont aussi en
mmoire la grave crise des annes 1980, et en outre face lincertitude et aux risques
encourus, elles peuvent dtenir des actifs liquides volontairement pour des motifs de
prcaution.
La seconde question centrale concerne les mcanismes de transmission de la politique
montaire qui poursuit pour but ultime la stabilit montaire malgr les dfis importants
auxquels elle fait face. Les canaux de transmission de la politique montaire, qui se trouvent
tre des mcanismes par lesquels une dcision de politique montaire, en affectant le
comportement des agents conomiques, agit sur la croissance et les prix, constituent des
processus trs complexes. On distingue le canal du taux dintrt, le canal des prix dautres
actifs et le canal du crdit. Les canaux du taux dintrt constituent le principal mcanisme
keynsien de transmission de la politique montaire. Selon Taylor (1995) lexprience a
montr que les taux dintrt ont une influence considrable sur les dpenses de
consommation et dinvestissement, ce qui en fait un parfait mcanisme de transmission de la
politique montaire. Cependant Bernanke et Gertler (1995) affirment quil nest pas du tout
facile de montrer empiriquement que le taux dintrt a une influence considrable. En outre,
la principale critique labore, lencontre de lanalyse keynsienne, repose sur le fait,
quelle ne retient pas le prix des autres actifs financiers (taux de change, cours des actions)
part le taux dintrt. Ito et Sato (2006) montrent quen Indonsie, la rponse des variables
de la politique montaire en prsence des chocs de taux de change, tait statistiquement
significative. Cependant, selon Caballero et Krishnamurthy (2004), en priode de crise
externe dans les pays en transition, la politique montaire expansionniste exacerbe la
dprciation du taux de change et a ainsi peu deffet sur lactivit relle. Le dernier canal qui
concerne celui du crdit bancaire est fond sur lide que les banques jouent un rle
spcifique au sein du systme financier, car elles sont particulirement bien places pour
rsoudre les problmes dasymtrie dinformation sur les marchs de crdit (Mishkin, 1996).
Dans le contexte des pays en dveloppement, les canaux que lon pourrait prendre compte
concerneraient prcisment le canal du taux dintrt et celui du crdit, car la zone entretient
un taux de change fixe avec lEuro et son march financier est quasi inexistant. Cependant, en
-
11
ce qui concerne le canal du taux dintrt, il existe presquun consensus quil est difficilement
oprationnel dans un tel contexte. Dabord, la prsence des banques filiales de multinationales
qui entretiennent des relations verticales avec leur maison mre fausse le jeu de la Banque
Centrale (Hugon, 2006). En plus, dans le secteur rel, leffet de la politique montaire est
difficilement apprhendable du fait que la majeure partie de la population se trouve dans le
secteur agricole et naccde pas ainsi au systme financier traditionnel. Par consquent
lautoconsommation ainsi que lauto investissement demeurent encore prpondrants dans ces
conomies.
Dans le contexte de la BEAC, en intgrant le problme dasymtrie dinformation, qui gnre
lala moral et la slection adverse, les canaux du crdit ou de la masse montaire10 ne
peuvent-ils pas sembler les mieux adapts pour rendre efficace la politique montaire ? Etant
donn que le franc CFA est arrim leuro, le canal du taux de change ne relve pas de la
politique montaire de la BEAC.
Enfin, la dernire question et non la moindre concerne la prvision du niveau des prix qui doit
samliorer afin de rendre les autorits montaires plus proactives, car la pression
inflationniste constate ces dernires annes loigne de plus en plus la BEAC de son objectif
principal. Il sagit ici de ne pas seulement sarrter sur loprationnalit des canaux existants,
mais didentifier dans quelle mesure, dvelopper une certaine capacit rendre plus proactive
les autorits montaires. La gestion de la politique montaire requiert une trs bonne
anticipation afin de permettre aux dcideurs de prvoir et de mettre sur pied des mcanismes
permettant datteindre les objectifs fixs. Cependant, en plus du trs faible niveau financier de
la zone, la surliquidit en affaiblissant les canaux de transmission de la politique montaire
vient rduire davantage les marges de manuvre de la BEAC, face un ventuel choc
inattendu sur le niveau dinflation. Cet vnement, comme dcrit prcdemment, a
occasionn plusieurs ractions de la BEAC, qui narrivent pas contenir le phnomne. On
peut citer entre autres, les variations des coefficients de rserves obligatoires dans le temps et
entre les pays, ainsi que la diminution de leur taux de rmunration. Malgr ces interventions,
la surliquidit prend toujours de lampleur au fil du temps et ainsi laisse craindre le pire pour
lavenir de la stabilit montaire dans la zone. En outre, les rcentes crises alimentaire et
nergtique sont susceptibles de crer des tensions inflationnistes que les autorits montaires
10M2illustreleschocsdoffreetdedemandedemonnaie,tandisquelecrditintrieurpermetdvaluerlimportanceducanalducrdit.
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12
sont supposes tre capables de maitriser. Comment laborer alors dans ce contexte, des
modles performants qui permettraient aux autorits de la BEAC de faire preuve dune
certaine proactivit afin dassurer la stabilit montaire de la zone ?
1.3 Les Principaux rsultats
Lobjectif de cette thse est dapporter des lments de rponse aux questions exposes ci-
dessus et de proposer des solutions envisageables pour lAfrique Centrale. Elle est pour cela
organise en trois chapitres.
Le premier chapitre, a pour objet danalyser le phnomne de la surliquidit et didentifier
surtout ses principaux dterminants dans le contexte de la CEMAC. En affaiblissant les
canaux de transmission, la surliquidit que connaissent les pays membres de la CEMAC, peut
contribuer mettre en mal la politique montaire de la BEAC. Cest eu gard ce constat
quil a t jug important danalyser le phnomne en identifiant surtout ses principaux
dterminants. Notre modle qui sinspire des travaux raliss par Agnor, Aizenmann et
Hoffmaister (2004) et Saxegaard (2006) prend en compte deux groupes de variables
reprsentant les origines volontaires et les causes involontaires de dtention de rserves en
excs par les banques commerciales. Cependant, la diffrence de Saxegaard, nous
utiliserons un modle en panel dynamique afin de prendre en compte lhtrognit de
certains phnomnes dans les diffrents pays membres de la CEMAC. Lutilisation des
mthodes GMM nous a permis de dceler que la surliquidit dans la CEMAC proviendrait
la fois de la forte prudence des banques commerciales et des facteurs exognes,
principalement le cours du ptrole. La grande prudence des banques peut sexpliquer par
lexprience de la crise financire des annes 1980, la restructuration du systme bancaire,
linstabilit des dpts et un contexte conomique trs risqu. Lembellie du cours du ptrole
alimente les rserves excdentaires cause de la faible capacit dabsorption des pays de la
zone. Les autorits montaires, pour enrayer le problme peuvent acclrer le dveloppement
des oprations dopen-market par lmission des titres publics, la diminution puis la
suppression des avances aux trsors nationaux, qui peuvent tre remplaces par lmission des
bons et des obligations du trsor. Les diffrents Gouvernements peuvent encourager les
banques octroyer plus de crdits en accordant un bonus fiscal, en crant un fonds de garantie
ou en procdant une recapitalisation. Il faut aussi remarquer que le dveloppement des
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13
marchs financiers est fondamental pour le financement de la dette publique, et surtout pour
lefficacit de la politique montaire.
Dans le deuxime chapitre, il a t question de chercher revisiter les canaux de transmission
proposs par la BEAC. Etant de plus en plus confronte au problme de la surliquidit, la
BEAC voit ainsi son pouvoir diminu, travers la baisse du niveau de refinancement. Dans
ces conditions, il est judicieux de dterminer les canaux de transmission qui marchent le
mieux, afin doptimiser profondment la politique montaire pour lensemble des pays de la
zone CEMAC. La modlisation VAR utilise a permis de montrer que le taux dintrt est le
canal le plus faible. La masse montaire entretient une forte relation avec le niveau de la
production. Le canal du crdit nest oprationnel quau Cameroun. En plus de la modlisation
VAR simple, nous avons cherch renforcer nos rsultats en utilisant le modle VAR en
Panel. Lunicit des objectifs et des critres de convergence peut imposer de prendre en
compte dans une tude de la zone, les diffrentes caractristiques des pays dans leur ensemble
car la CEMAC est dirige malgr tout, par une Banque Centrale commune. En outre
techniquement, lajout de la dimension pays permet daccroitre le nombre de donnes (donc le
degr de libert), (Hurlin et Mignon, 2007). Ensuite, cela permet de contrler lhtrognit
individuelle des pays membres de la CEMAC, et didentifier des effets qui ne peuvent pas
tre dtects par une simple srie de donnes temporelles ou en coupe transversale. Le
modle VAR en panel utilis vient confirmer les rsultats des estimations antrieures qui
montrent que le taux dintrt est le canal le moins oprant.
Au troisime chapitre, un modle de prvision de linflation tenant compte de ces difficults
est construit. Cest pour cela que notre choix sest port sur le Tchad qui sattendait recevoir
dnormes entres de devises partir de 2003 suite au dmarrage de la production du ptrole.
Pour atteindre notre objectif, nous avons utilis plusieurs modles de prvision en allant de
simples modles autorgressifs (AR, ARIMA, SARIMA) aux modles de prvision
bayesienne (BVAR) en passant par les diffrents VAR (vecteurs autorgressifs). Lapproche
bayesienne est gnralement considre comme un outil permettant damliorer sensiblement
la prcision dans le domaine de la prvision. Elle consiste en une mthode statistique
combinant les priori du modlisateur, provenant de la thorie conomique, et linformation
contenue dans les donnes (Lardic et Priso, 1996).
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14
Cet outil, a permis dexplorer un nouveau champ de prvision pour les conomies des pays en
dveloppement, malgr la problmatique de la qualit et de la fiabilit de leurs donnes
macroconomiques. Les modles BVAR se sont rvls dans le cas du Tchad tre plus
efficaces que les outils traditionnels (AR, ARIMA, VAR) dans les prvisions de court terme.
Lanalyse de sensibilit entreprise par lapproche bayesienne indique que la surliquidit
exercerait des tensions inflationnistes dans la zone.
Lapport de la prsente thse se situe plusieurs niveaux. Cette thse a permis pour la
premire fois didentifier les dterminants de la surliquidit en Afrique Centrale grce des
donnes de panel, et lestimateur de la Mthode des Moments Gnraliss en panel
dynamique qui permet de contrler pour les effets spcifiques pays et temporels et de pallier
aux biais dendognet des variables explicatives (Bond, 2002). Une des innovations dans ce
chapitre a consist dmontrer empiriquement que les variables reprsentants les motifs
involontaires de la dtention des rserves agissent sur la surliquidit travers les motifs de
prcaution Au chapitre II, nous avons innov en utilisant pour la premire fois pour
lidentification des canaux de transmission un modle combinant la fois les approches VAR
et panel qui permettent de contrler lhtrognit individuelle des pays membres de la
CEMAC, et didentifier des effets qui ne peuvent pas tre dtects par une simple srie de
donnes temporelles ou en coupe transversale. Enfin au dernier chapitre nous sommes passs
des outils traditionnels de prvision (AR, ARIMA, SARIMA, VAR) vers une approche
bayesienne. Cette dernire permet aussi dvaluer limpact dune intervention des dcideurs
ou dun choc affectant lconomie dun pays ou dune zone montaire (Leeper et Zha, 1996 ;
Sims et Zha, 1998 ; Brandt et Freeman, 2005). Cette approche sest rvle dans le contexte
de notre tude tre plus efficace que les outils traditionnels.
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15
ANNEXES CHAPITRE I
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Figure 1 1: Cartographie des pays de la Zone Franc
Source : Banque de France
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17
Figure 1. 2: Activit du march interbancaire
TIMP: Taux Interbancaire Moyen Pondr
TIAO : Taux dintrt sur les appels doffres positifs
Source : COBAC
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18
Tableau1. 1 : Rpartition des Banques Commerciales par pays en 2007
Source : COBAC
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Tableau1. 2 : Rsultats des Banques de la CEMAC (en millions de FCFA)
Source : COBAC
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20
Tableau1. 3: Rpartition des Etablissements Financiers par pays en 2007
Source: COBAC
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21
Figure 1. 3: Taux dinflation annuelle de la zone CEMAC de 2000 2009
Source : BEAC
0.0
1.0
2.0
3.0
4.0
5.0
6.0
7.0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
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22
La structure organique de linstitut dmission
Compte tenu du fait que notre tude est circonscrite lAfrique Centrale, nous essayerons de
ne dcrire que la structure organique de la BEAC, sans oublier de prendre en compte ses
organes suprieurs qui sont la CEMAC et lUnion Montaire dAfrique Centrale (UMAC).
La CEMAC
Cre lors de la Confrence des Chefs dEtat au Tchad en 1999, la CEMAC sest substitue
ainsi lUnion Douanire des Etats de lAfrique Centrale (UDEAC). Les Etats membres
entendent ainsi passer dune situation de coopration qui existe dj entre eux une situation
dunion susceptible de parachever le processus dintgration conomique et montaire11. Elle
est constitue de quatre institutions savoir:
LUnion Economique de lAfrique Centrale (UEAC) ; LUnion Montaire dAfrique Centrale (UMAC); Le Parlement Communautaire ; La Cour de Justice Communautaire.
Chacune de ces institutions fait lobjet dune convention. Il est noter que la BEAC et la
Commission Bancaire de lAfrique Centrale (COBAC) font partie des principaux organes de
la Communaut.
LUMAC
LUMAC se caractrise par ladoption dune mme unit montaire dont lmission est
confie un institut dmission commun, la BEAC12. Outre la BEAC, les autres organes de
lUMAC sont : la Confrence des Chefs dEtat, le Comit Interministriel et la COBAC.
Cette dernire cre en janvier 1993, en rponse la crise financire des annes 1980, a pour
rle principal, llaboration de la rglementation prudentielle des banques et les contrles sur 11Article1dutraitinstituantlaCEMAC12Article3duChapitreIdelaconventionrgissantlUMAC.
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23
pices et sur place des tablissements de crdit accompagns des sanctions en cas de
manquements constats. La Confrence des Chefs dEtat, lautorit suprme au niveau de la
CEMAC, assure lorientation de laction du Comit Interministriel de lUMAC.
La BEAC13
Rgie par la convention de lUMAC et la convention de coopration montaire entre la
France et les Etats membres, la BEAC a le privilge exclusif dmission de la monnaie dans
toute la zone CEMAC. En plus de lmission montaire, les autres missions assignes la
BEAC sont les suivantes :
Dfinir et conduire la politique montaire de lUMAC ; Conduire la politique de change de lUMAC ; Dtenir et grer les rserves de change des Etats membres ; Promouvoir le bon fonctionnement des systmes de paiements et des rglements.
Les organes de dcision au niveau de la BEAC sont les suivantes : le Conseil
dAdministration, le Comit de Politique Montaire, le Gouvernement de la BEAC et dans
chaque Etat membre, le Comit Montaire et Financier National.
a) Le Conseil dAdministration
Constitu de 14 membres raison de 2 administrateurs par Etat membre et 2 administrateurs
pour la France, le Conseil dAdministration est lorgane suprme de la BEAC. Il administre et
veille au bon fonctionnement de linstitution.
13StatutdelaBEACdisponiblesurwww.beac.int
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24
b) Le Comit de Politique Montaire
Le Comit de Politique Montaire a en charge toutes les dcisions qui concernent les
politiques montaires et de gestion des rserves de change de la BEAC. Il est constitu de 15
membres raison de 2 par Etat membre, 2 pour la France et un Prsident qui nest rien dautre
que le Gouverneur. Le Comit de Politique Montaire se runit au moins 4 fois par an.
c) le Gouvernement de la BEAC
Compos de 6 membres savoir le Gouverneur, le Vice-gouverneur, le Secrtaire Gnral et
3 Directeurs Gnraux, le Gouvernement de la BEAC soccupe de la direction et de la gestion
courante de linstitut dmission en fonction des diffrents textes le rgissant qui sont en
vigueur. Chaque Etat membre dispose dans son pays dun Directeur National qui reprsente le
Gouvernement de la BEAC.
d) le Comit Montaire et Financier National
Le Comit Montaire et Financier National tablit un examen des besoins gnraux de
financement de lconomie de lEtat membre tout en dterminant les moyens propres les
satisfaire. Il lui est aussi assign de proposer des pistes quant la coordination de la politique
conomique nationale avec la politique montaire commune. Il est compos des membres du
comit interministriel, des membres du Conseil dAdministration, dune personnalit
nomme par le Gouvernement de lEtat membre et du Gouverneur.
-
25
Figure 1. 4: Organigramme du cadre institutionnel de la politique montaire dans la CEMAC
ConfrencedesChefsdEtat(CEMAC)
ComitInterministriel(UMAC)
BEAC
ComitdePolitiqueMontaire
ConseildAdministration(CEMAC)
ComitMontaireetFinancierNational
GouvernementdelaBEAC
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26
La Politique Montaire de la BEAC14
L'objectif final de la politique montaire est dfini par l'article 21 de la convention rgissant
l'UMAC : L'objectif de la BEAC est de garantir la stabilit de la monnaie. Sans prjudice de
cet objectif, la BEAC apporte son soutien aux politiques conomiques gnrales labores
dans les tats membres de l'Union montaire .
Les statuts de la BEAC prcisent, par ailleurs, un objectif intermdiaire de la politique
montaire : l'article 11 indique que le taux de couverture extrieure de la monnaie, dfini par
le rapport entre lencours moyen des avoirs extrieurs de la BEAC et lencours moyen de ses
engagements vue, ne peut tre infrieur ou gal 20 % au cours de trois mois conscutifs.
Dans le cas contraire, ou si le compte doprations est dbiteur pendant plus de trois mois
conscutifs, les plafonds de refinancement des banques sont rduits :
de 20 % dans les pays dont la situation fait apparatre une position dbitrice en compte doprations ;
de 10 % dans les pays dont la situation fait apparatre une position crditrice en compte doprations mais dun montant infrieur 15 % de la circulation fiduciaire rapporte cette
mme situation.
La BEAC dispose de trois types d'instruments : le refinancement des banques, les taux
d'intrt et les rserves obligatoires.
Le refinancement des banques
Sappuyant sur un objectif de refinancement fix chaque anne par le CPM pour chaque pays
membre, le refinancement des banques s'effectue travers deux guichets :
le guichet A, par appel d'offres l'initiative de la BEAC pour une dure de 7 jours (ce
mcanisme peut tre utilis pour les retraits de liquidit), et par prises en pension l'initiative
des banques pour une dure de 2 7 jours ;
le guichet B, auprs duquel sont refinancs les anciens crdits moyen terme irrvocables et
les nouveaux crdits d'investissement productifs ayant bnfici d'un accord de classement de
la BEAC.
14Source:BanquedeFrance,2007,RapportannueldelaZoneFranc.
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27
Lorsque le taux de couverture extrieure de la monnaie pour l'ensemble de la zone d'mission
est suprieur au plancher statutaire de 20 %, les objectifs de refinancement peuvent tre
dpasss, en particulier dans le cadre des interventions ponctuelles directes de la BEAC. En
revanche, lorsque le taux de couverture extrieure est infrieur 20 % ou si le pays est sous
programme avec le FMI, les objectifs de refinancement deviennent des plafonds impratifs.
Les taux d'intrt
La BEAC utilise quatre taux directeurs, fixs par le CPM, en vertu des nouveaux statuts de la
Banque centrale :
le taux d'intrt sur les appels d'offres (TIAO), taux de refinancement des banques qui y soumissionnent ;
le taux d'intrt sur les placements (TISP) des banques effectus dans le cadre des appels d'offres ngatifs , procdure instaure en janvier 1996 ; ce taux varie selon les chances (
7, 28 et 84 jours) ;
le taux d'intrt des prises en pension (TIPP), gal au TIAO major de 150 200 points de base ;
le taux de pnalit des banques (TPB), taux appliqu au dcouvert des tablissements de crdit sur leur compte auprs de la BEAC.
La politique et les agrgats montaires dans la CEMAC
Le CPM fixe aussi, en vertu de l'article 17 des statuts, le taux des avances statutaires aux
Trsors nationaux, lequel correspond au principal taux de refinancement des tablissements
de crdit (TIAO).
Par ailleurs, le taux crditeur minimum (TCM), qui s'applique aux dpts d'pargne ou sur
livret infrieurs FCFA 5 millions, reste un taux rglement par la BEAC. Le CPM, lors de
sa runion du 2 juillet 2008, la ramen de 4,25 % 3,25 % et a dcid la suppression du taux
dbiteur maximum (TDM).
Enfin, une nouvelle politique de rmunration des dpts publics par la BEAC a t adopte
en mars 2006 et rvise en juillet 2008 ; elle sest traduite par linstauration de 3 taux
diffrents pour les placements publics :
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28
le taux dintrt sur placement public au titre des fonds de rserve pour les gnrations futures (TISPP0), fix 3,65 % compter du 10 juillet 2008,
le taux dintrt sur placement public au titre du mcanisme de stabilisation des recettes budgtaires (TISPP1), fix 3,45 % compter du 10 juillet 2008,
le taux dintrt sur placement public au titre des dpts spciaux classiques (TISPP2), fix 3,15 % compter du 10 juillet 2008.
Les rserves obligatoires
Depuis 2001, sur dcision du Gouverneur de la BEAC agissant par dlgation du Conseil
dadministration, les banques de la zone dmission sont soumises la constitution de
rserves obligatoires. Cette dcision a t motive par la ncessit de contribuer rsorber la
forte liquidit bancaire et renforcer lefficacit de la politique des taux dintrt. Dans le
cadre de cette mesure, les banques sont contraintes de conserver une partie des dpts
collects auprs de leur clientle sur des comptes rmunrs tenus par la BEAC. Seules sont
concernes les banques qui collectent des dpts et disposent dun compte courant auprs de
la BEAC, les tablissements financiers et les institutions financires publiques en tant
dispenss.
Conformment aux nouveaux statuts de la BEAC, les coefficients de rserves obligatoires
sont fixs et modifis par le CPM, dans les mmes conditions que les taux dintervention de la
Banque centrale, en fonction de lvolution de la conjoncture conomique interne et externe.
Depuis 2002, les coefficients de rserves obligatoires sont appliqus de faon diffrencie
selon les pays, du fait des disparits constates en matire de liquidit bancaire entre les tats
de la CEMAC.
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Encadr 1. 3 : La Programmation montaire de la BEAC
La Banque Centrale a engag, au cours de la dcennie qui vient de scouler, une srie de rformes en profondeur au nombre desquelles figurent la politique rnove des taux dintrt, la mise en place de la programmation montaire et le lancement du march montaire. Ces rformes importantes ont confr la politique montaire commune davantage de flexibilit et defficacit dans la poursuite de lobjectif primordial de sauvegarde de la stabilit interne et externe de la monnaie. Depuis sa mise en place en septembre 1991 au Cameroun et en janvier 1992 dans les autres pays de la CEMAC, la programmation montaire sest trouve au centre du nouveau dispositif dintervention de la Banque Centrale. Cet exercice a en effet permis lInstitut dEmission de renforcer la cohrence entre la politique montaire et le cadre macroconomique des pays membres et dinstaurer un dialogue permanent entre la Banque Centrale, les administrations publiques et les tablissements de crdit sur la dtermination des objectifs montaires et de crdit.
1. But de la programmation montaire
La mise en place de la programmation montaire dans la Zone dEmission constitue la rponse de la BEAC aux critiques formules lencontre de lancien systme, en vigueur jusquau dbut des annes 90, des plafonds globaux de refinancement des banques commerciales. Cette mthode, qui permettait de dterminer le montant maximum dintervention de la Banque Centrale partir des prvisions de dficits des banques aprs confrontation de leurs emplois et ressources sest en effet avre limite et inoprante, particulirement dans le contexte de crise de la fin des annes 80.
2. Dmarche de la programmation montaire
La programmation montaire repose sur la mthode dite de projection directe. Celle-ci consiste dterminer par tapes successives les diffrents agrgats des secteurs macroconomiques (secteur rel, finances publiques, secteur extrieur, secteur montaire) avant dassurer la cohrence densemble du cadre macroconomique. Lavantage de cette mthode, par ailleurs utilise dans llaboration et le suivi des programmes dajustement soutenus par le FMI, est de laisser une bonne place au jugement. Elle soppose ainsi la mthode conomtrique qui suppose lutilisation dun modle conomtrique complexe comportant plusieurs quations et ncessitant des donnes trs fiables. Dans les deux cas, le recours linformatique ainsi quaux tests de cohrence et de pertinence des donnes est incontournable. La dmarche de la programmation montaire tant essentiellement macroconomique, lexercice sarticule gnralement en deux temps, savoir tout dabord ltablissement des prvisions des agrgats conomiques et financiers et ensuite la dtermination des objectifs montaires et de crdit. Cependant, il importe de prciser que cette dcomposition apparat purement analytique et didactique car les diffrentes tapes de la programmation se confondent en pratique travers les multiples itrations et tests de cohrence devant conduire ltablissement du cadrage macroconomique dfinitif.
Source : www.beac.int
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CHAPITRE II : LES DETERMINANTS DE LA SURLIQUIDITE DANS LES PAYS
EN DEVELOPPEMENT : CAS DE LA CEMAC
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INTRODUCTION
Apres avoir subi une crise sans prcdent dans les annes 1980, le systme bancaire de la
zone CEMAC a connu des restructurations occasionnes par la Banque des Etats de lAfrique
Centrale (BEAC) au dbut de la dcennie 1990. Ces rformes qui ont conduit la
libralisation du secteur, avaient pour but dune part de remdier aux principaux maux qui ont
min les banques commerciales savoir linsolvabilit et le manque de liquidit et dautre
part de passer dun contrle direct un contrle indirect de la situation montaire. Le premier
objectif est atteint, mais le passage au contrle indirect de la situation montaire rend la
politique montaire moins efficace.
Depuis la dvaluation du franc CFA, qui a contribu aux rapatriements des capitaux et
laugmentation des recettes dexportations, le systme bancaire est pass au fil du temps
dune situation de tensions une situation daisance de trsorerie. Cependant, cet tat de fait
met mal la politique montaire conduite par la BEAC dans cette zone. Car la surliquidit
affaiblit les canaux de transmission de la politique montaire (Saxegaard, 2006). Or, la BEAC
face aux tensions inflationnistes observes ces dernires annes, ne devrait pas demeurer
impuissante et utiliser ses instruments les plus efficaces afin de freiner la hausse des prix.
Pour grer ce problme, une des solutions a consist en lintroduction depuis 2001 des
rserves obligatoires. Cependant Nissanke et Aryeetey (1998) montrent quen situation de
surliquidit, il devient d'ailleurs difficile de rguler loffre de monnaie par les rserves
obligatoires. Le cas de la CEMAC corrobore cette thse, car la surliquidit na pas t
rsorbe par les rserves obligatoires et ne cesse de poser des difficults la BEAC. En dpit
de cela, lenvole du cours du ptrole risque daggraver la fois cette crise de surliquidit et
les tensions inflationnistes.
Compte tenu de tout ce qui prcde, il est particulirement important danalyser le phnomne
de la surliquidit et didentifier surtout ses principaux dterminants. Ce phnomne
proviendrait-il de la forte prudence des banques commerciales due un effet de mmoire par
rapport la crise prcdente o de la faible demande de crdit ?
En plus des proccupations de la BEAC, cette situation interpelle tout observateur
conomique de cette sous-rgion, soucieux de faire sortir ces pays de la spirale de la pauvret.
Car au moment, o les experts jugent que laccs des pauvres au crdit peut contribuer
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34
rduire la pauvret, de manire tout fait paradoxale, les banques commerciales des pays en
dveloppement sont caractrises par une certaine "thsaurisation". Cest ainsi quune
meilleure lisibilit des causes de ce phnomne permettrait non seulement de contribuer
rsoudre le problme de la stabilisation des prix, mais aussi de rendre moins surliquide les
banques commerciales afin de faciliter laccs au systme financier, dune plus grande partie
de la population.
Plusieurs auteurs se sont penchs sur le phnomne de la surliquidit en cherchant
dterminer les principaux facteurs qui lengendrent. Dollar et Hallward-Driemeier (2000)
affirment que la surliquidit, en Asie de lEst, rsulte de la baisse de la demande de crdit qui
est due la contraction de la demande agrge engendre par la crise. Par contre, pour
Agnor, Aizenman, et Hoffmaister (2004), le phnomne drive plutt de la contraction de
loffre de crdit par les banques commerciales. Le dbat se situe finalement sur la volont des
banques commerciales accorder du crdit ou dtenir des rserves peu ou pas rmunrs15.
En Afrique Centrale, ltroitesse du march interbancaire, les faibles niveaux de bancarisation
et des marchs financiers peuvent permettre de comprendre que la surliquidit serait
indpendante de la volont des Banques Commerciales. Cependant, ces dernires ont en
mmoire la grave crise des annes 1980, et en outre face lincertitude et aux risques
encourus, elles peuvent dtenir des actifs liquides volontairement pour des motifs de
prcaution.
Lapproche mthodologique de notre travail sappuiera sur le modle conomtrique
dAgnor, modifi par Saxegaard (2006)16, qui a servi dterminer les facteurs engendrant la
surliquidit dans le systme bancaire. Ce modle prend en compte les variables expliquant la
surliquidit pour des motifs de prcaution et des variables montrant quelle peut tre
influence par des facteurs involontaires. A la diffrence de Saxegaard, nous utiliserons un
modle en panel dynamique afin de prendre en compte lhtrognit de certains
phnomnes dans les diffrents pays membres de la CEMAC.
Apres avoir soulign les origines de la surliquidit dcrites dans la littrature (I), nous
identifierons quelques faits styliss relatifs au phnomne (II), avant de passer lapproche
15LaBEACnermunrequelesrservesobligatoiresavecuntauxde0,55%.16PendantqueAgnorcaptelasurliquiditinvolontairedanslersidudesonquation,SaxegaardlidentifiepartirdesvariablesintroduitesdanslquationenplusdecellesutilisesparAgnor.
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35
empirique(III) et de proposer finalement quelques recommandations pour la politique
montaire (IV)
2.1 La surliquidit dans la zone CEMAC
2.1.1 Dfinition
La surliquidit peut tre dfinie comme tant la quantit de rserves dtenues par les Banques
Commerciales la Banque Centrale en plus du niveau statutaire ou requis de rserves (
Saxegaard, 2006). Khemraj (2008) aborde le sujet dans le mme sens en dfinissant la
surliquidit comme tant lensemble des actifs liquides des banques auquel on soustrait les
rserves obligatoires. Certains auteurs apportent des dfinitions prenant plutt en compte les
agrgats macroconomiques tels que le ratio de crdit ou de masse montaire sur le PIB. Pour
Gouteron et Szpiro (2006) lexcs de liquidit est gnralement entendu comme le surplus de
monnaie - ou de crdit incompatible avec la stabilit des prix long terme et que cette
dfinition prend gnralement appui sur la thorie quantitative de la monnaie17. Cest aussi la
dfinition retenue par Wyplosz (2005) qui indique que labondance de liquidit nest pas un
phnomne propre la zone Euro, mais quil concerne le monde entier. Dans le mme sens
Bruggeman (2007) identifie la surliquidit soutenue comme tant une dviation vers le haut
du ratio masse montaire sur PIB, par rapport son niveau cible pendant trois trimestres
conscutifs.
Ces dfinitions qui prennent en compte le ratio masse montaire ou crdit sur PIB, identifient
ainsi les actifs dtenus par les agents conomiques non financiers. Mais tant donn que notre
souci majeur est de savoir pourquoi les banques dtiennent des rserves en excs non
rmunres auprs de la Banque Centrale dans des pays pauvres, nous nutiliserons par la
suite que la dfinition considrant la surliquidit comme le surplus de rserves par rapport au
niveau statutaire. Le problme est de savoir comment rendre moins surliquide les banques
commerciales afin quelles puissent financer des investissements productifs pour la zone.
Fondamentalement, une banque commerciale a pour rle lintermdiation financire qui
consiste collecter lpargne des agents capacit de financement, pour loctroyer en crdit
aux agents besoin de financement. Sa rentabilit provient mme de ce mcanisme de
gestion. Cependant elles sont aussi confrontes au phnomne du risque encouru lors
17Pourplusdedtail,voirGouteronetSzpiro(2006)
-
36
dattribution du crdit aux agents conomiques, ou certains chocs exognes susceptibles de
fragiliser leur niveau de liquidit.
2.1.2 Les manifestations de la surliquidit dans la CEMAC 2.1.2.1 Le niveau des rserves libres
Figure 2. 1: Evolution trimestrielle des ratios rserves obligatoires/dpts et rserves libres/dpts de la zone CEMAC de 1990 2006.
Source : FMI et estimations de lauteur
On observe daprs la figure 2.1, que lvolution du niveau du ratio rserves libres/dpts a
chang de rgime avec lavnement de la dvaluation de 1994 pour se situer dans une
fourchette de 10 20%, alors quelle oscillait autour de 5% auparavant. Juste aprs la
rcession de 1999 quont connue les conomies de la zone, le niveau du ratio a pris un autre
envol, mais a connu toutefois des perturbations importantes avec lintroduction des rserves
obligatoires ds 2001.Cependant depuis 2005, la tendance est une hausse assez vertigineuse,
imputable lembellie du cours du ptrole. La figure 2.1 montre ainsi que la mise en place des
rserves obligatoires reste un mcanisme jusque l inappropri pour la baisse de la surliquidit
dans la zone. Depuis sa cration, la BEAC a diffrenci (par pays), et augment les
coefficients des rserves obligatoires mais la surliquidit persiste et prend des proportions
beaucoup plus inquitantes.
0
0.05
0.1
0.15
0.2
0.25
0.3
0.35
0.4
Reserveslibres/depots Reservesobligatoires/depots
-
37
2.12.2 Le refinancement de la BEAC
Lvolution du montant de rfinancement des Banques Commerciales par la Banque Centrale
reflete le niveau de liquidit sur le march interbancaire. En effet, lorsque le sytme bancaire
est "en banque ", il ny a pas de raison de solliciter le concours de la Banque Centrale.
Figure 2. 2: Evolution annuelle du montant du rfinancement de la BEAC (en pourcentage du PIB)
Source : FMI
Figure 2. 3: Evolution du montant des avances de la BEAC aux Trsors Nationaux (en pourcentage du PIB)
Source : FMI
0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
14%
Cameroon CentralAfricanRep. Chad Congo,Republicof EquatorialGuinea Gabon
0
0.05
0.1
0.15
0.2
0.25
0.3
Cameroun RCA Tchad RepubliqueduCongo GuineEquatoriale Gabon
-
38
La Figure 2.2, montre en effet que la tendance de lvolution du refinancement, est
lannulation complte dans toute la zone dmission de la BEAC. Cependant, on observe
toutefois, deux phases. Dans la premire phase qui stale de 1985 1993, le refinancement
existait encore dans la zone. Ces diffrents pays venaient de sortir de la crise du systme
bancaire des annes 1980, donc les banques commerciales avaient fortement besoin du
concours de la Banque Centrale en termes de liquidit. Dans la seconde phase, le montant du
refinancement est presque nul dans la plupart des pays et dans toute la zone sauf en 1998-
199918. On peut interprter ce fait comme tant un impact de la dvaluation ou de
lintroduction du march montaire la mme anne en 1994. Soit la dvaluation a acclr le
rapatriement des capitaux, soit les banques commerciales se procurent en liquidit
exclusivement sur le march interbancaire. Cette dernire hypothse doit tre carte du fait
que le march interbancaire a du mal fonctionner. Notons aussi que le systme financier de
la zone CEMAC est domin par les banques dont les capitaux sont pour la plupart trangers
(Y. Saab et J. Vacher, 2007), et qui bnficient de nombreux " circuits de financements clos"
depuis le financement des filiales par leur maison mre jusquaux rseaux chinois dont les
activits croissantes sont finances hors du systme bancaire (Hugon, 2006). Ces nombreux
"circuits de financements clos" viennent affaiblir davantage les effets de la politique
montaire de la BEAC, et rendent cette dernire surtout impuissante face un risque de
surchauffe de lconomie.
Contrainte par les banques commerciales qui nont plus besoin de son concours de
refinancement, la Banque Centrale arrive quand mme injecter de la liquidit par le biais des
avances aux trsors nationaux, comme latteste la figure 2.3. Cette dernire montre une
certaine stabilit dans le recours aux avances statutaires pour la plupart des pays sauf la
Guine Equatoriale sur toute la priode. La Guine Equatoriale faisait fortement recours ces
avances jusquen 1996, avant de dcliner loffre suite son entre dans le groupe des pays
exportateurs du ptrole.
Cette situation est trs favorable linflation, car dune part, la BEAC pratiquerait du
seigneuriage par le canal des avances aux trsors nationaux, et dautre part elle narriverait
plus exercer un pouvoir sur le secteur rel, car le refinancement aux banques commerciales
qui demeure le seul moyen permettant dassurer la stabilit montaire de la zone tend tre
18Priodequiconcideaveclarcessionquecertainspaysdelazoneontconnu.
-
39
non oprationnel. Ainsi, si la surliquidit nest pas fonction de la volont des banques
commerciales et que ces dernires se trouvent dans des conditions leur permettant doctroyer
davantage des crdits, le risque inflationniste peut saggraver dans la zone, et la Banque
Centrale ne pourra quobserver les faits sans pouvoir se mettre dans une position lui
permettant dagir efficacement. Quen est-il des taux dintrt?
Les taux d'intrt dbiteurs et crditeurs sont fixs librement par ngociation entre les
tablissements de crdit et les agents conomiques, mais tout en respectant les bornes
engendres par le taux crditeur minimum (TCM) et le taux dbiteur maximum (TDM) qui
relvent de la comptence des autorits montaires. La figure 3 reprsente lvolution
trimestrielle du taux directeur fix par la BEAC de 1990 2005. Le taux directeur de la
BEAC, appel Taux d'Intrt des Appels d'Offres (TIAO) est fix par le Gouverneur dans le
cadre des oprations sur appels d'offres en tenant compte des conjonctures conomiques
intrieure et internationale. On constate que la BEAC, depuis la libralisation financire,
pratique une politique montaire qui nest pas trs favorable loctroi des crdits. Alors que
la libralisation financire se justifie thoriquement par largument de Mac Kinnon (1973) et
Shaw (1973) selon lequel, la hausse des taux dintrt crditeurs permettra un accroissement
des fonds disponibles pour linvestissement, le taux dintrt dbiteur plafond pratiqu
pendant un moment dans la zone tait suffisamment lev pour pouvoir favoriser
efficacement les investissements. En effet, les agents conomiques pour sassurer de
bnficier dun financement dune banque commerciale, doivent prsenter un projet ayant une
rentabilit prvisionnelle dau moins 25%. Cette exigence nest pas aise satisfaire compte
tenu de lenvironnement difficile des affaires dans la zone (Mougani, 2006). Il serait judicieux
de baisser davantage le taux dbiteur, car la libralisation financire, sans cela, peut entrainer
un cout prohibitif du crdit tel que dnoncs par Taylor (1995) et Aryeetey et al. (1997).
Bien que la BEAC se donne pour objectif principal, la stabilit montaire et ainsi demeure
trs rigide quant lajustement des taux dintrt, elle se retrouve limite dans son action par
les "rseaux de financement clos" et la forte liquidit des banques commerciales qui peuvent
constituer des menaces importantes envers linflation dans les pays membres de la CEMAC.
Une des rponses a consist en lintroduction des rserves obligatoires19 en 2001. Ces
dernires, qui ont pour but dexercer une pression sur la liquidit bancaire, sont censes
19CesrservesobligatoiressontsingulirementrmunresdanslaCemac
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40
augmenter la sensibilit des banques lvolution des taux directeurs. Malheureusement le
niveau du refinancement, comme tabli ci-dessus, tend au fil du temps vers zro, dmontrant
ainsi linefficacit du procd dans la zone.
2.2 Les origines de la surliquidit
2.2.1 Le comportement de prcaution du systme bancaire
On voque le caractre volontaire de la surliquidit des banques, le plus souvent, pour
expliquer un mcanisme de protection contre le risque de liquidit. Il sagit donc dune
rponse planifie des Banques Commerciales pour faire face un risque potentiel. Pour grer
ce type de risque, et prendre une dcision concernant la quantit dactifs liquides quelles
doivent dtenir, les Banques Commerciales internalisent le fait quelles peuvent emprunter
des fonds sur le march interbancaire ou la Banque Centrale en cas dventualits non
anticipes (Agnor, Aizenman, et Hoffmaister, 2004). Les modles de la gestion des risques
de liquidit, en rapport avec les rserves, ont t largement exposs dans la littrature par
Baltensperger (1974), Santomero (1984) et Swank (1996).
Agnor, Aizenman, et Hoffmaister (2004) en sinspirant du modle de Baltensperger (1974)
postulent thoriquement quun accroissement du taux de pnalit, ou de la volatilit de la
production (si le niveau initial du taux de pnalit est suffisamment lev), augmente le
niveau de rserves dtenus par les Banques Commerciales ; tandis quun accroissement des
rserves obligatoires produit un effet inverse. Les facteurs institutionnels peuvent aussi tre
lorigine de la dtention volontaire des rserves en excs. Ltroitesse du march
interbancaire, ainsi que le contrle des Banques Commerciales par la Banque Centrale, pour
le respect des normes prudentielles, encourageraient les banques dtenir des rserves afin de
pallier dventuels chocs.
Les rsultats des tests empiriques, cependant, nattestent pas tous que cest le motif de
prcaution qui explique le niveau de la surliquidit. Pendant que Agnor, Aizenman, et
Hoffmaister (2004) attestent que le phnomne de la surliquidit est fonction de la volont des
banques en Thalande, Saxegaard, (2006) reste un peu sceptique dans le cas des pays de la
CEMAC. Pour Khemraj (2008), dans les pays en dveloppement et en situation doligopole,
les banques dtiennent volontairement de la liquidit et ont besoin dun taux dintrt
-
41
minimum avant daccorder un crdit un emprunteur marginal. Lauteur dfinit ce taux
minimum, comme tant une majoration sur le taux dintrt extrieur, le cot marginal de
transaction et la prime de risque. Certains auteurs pensent que la surliquidit ne proviendrait
pas seulement de la volont des banques, donc il va falloir chercher encore dautres facteurs
exognes pour mieux cerner le phnomne.
2.2.2 Des opportunits dexploitation limites
Les pays en dveloppement sont caractriss par un faible niveau dinfrastructure financire
(Hugon, 2006) pouvant occasionner des goulots dtranglement rendant impossible le
dsengorgement des Banques, ayant accumul une forte liquidit. Labsence dun march de
titres et lexistence des avances20 aux trsors nationaux, noffrent pas beaucoup de possibilits
aux Banques Commerciales de dtenir des actifs rmunrateurs, et ainsi elles se contentent
daccumuler plutt des liquidits excdentaires.
En plus, du faible niveau dinfrastructure financire, il faut noter aussi lenvironnement
difficile des affaires (Mougani, 2006), un risque de dfaillance lev et le faible niveau
dducation de la population.
2.2.3 Les facteurs exognes
La dvaluation du franc CFA de 1994, en entrainant un accroissement des recettes
dexportations (ce qui induit lentre des devises) et le rapatriement des capitaux, a contribu,
la surliquidit structurelle du systme bancaire de la zone (FMI, 2006). La dvaluation mne
ainsi directement sur la piste du systme de change pratiqu dans la zone. En effet lancrage et
la convertibilit illimite avec lEuro, sont de nature favoriser une dtention de la liquidit
en franc CFA par les agents au dtriment de linvestissement.
Lenvole du cours du ptrole est aussi retenue par la BEAC, comme facteur prpondrant
dans lexplication de la surliquidit de la zone. Autant leffondrement du cours des matires
premires a engendr une crise dans le systme bancaire dans les annes 1980, autant son
envole serait lorigine de cette aisance de trsorerie qui inquite toujours les autorits
montaires. Dollar et Hallward-Driemeir (2000) montrent que la surliquidit dans les pays de
20Lesavancesauxtrsorspeuventtreremplacesparunemissiondesbonsetdesobligationsdutrsorpublic
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42
lAsie de lEst pendant la crise rsulte dune baisse de la demande de crdit, engendre par la
contraction de la demande agrge qui a accompagne la crise. En dfinitive, on peut affirmer
que les banques dans leur mcanisme de gestion des risques, doivent dtenir de la liquidit,
mais quau-del de cette contrainte dautres facteurs contribuent la surliquidit structurelle.
En Afrique Centrale, en plus des facteurs prcits, nous mettons lhypothse dun
phnomne inverse au phnomne de la "panique bancaire". Les mesures de protection contre
le risque de liquidit, pour viter la crise prcdente, a entrain une aisance de trsorerie qui a
redonn confiance aux dposants. A la place dune rue pour le retrait de la liquidit en cas de
panique bancaire, on assisterait plutt une affluence pour le dpt de la liquidit. Et tant
donn le caractre volatil de ces dpts, les Banques prennent leur prcaution en les
conservant sous forme de rserves libres.
2.3 Identification du modle, rsultats et estimations
Notre travail consiste saisir prcisment les dterminants de la surliquidit dans les pays
membres de la CEMAC. Notre modle va sappuyer sur celui de Saxegaard (2006) qui, lui-
mme sest inspir de la mthodologie propose par Agnor, Aizenmann et Hoffmaister
(2004). Notre approche se distingue par le fait que nous utilisons les donnes en panel. Notre
choix se justifie dabord par le fait que la politique montaire dans la zone nest conduite que
par une seule Banque Centrale dans plusieurs pays ayant des caractristiques
macroconomiques non homognes21. Etant donn que lobjectif de stabilit montaire est le
mme et que les critres de convergence sont aussi les mmes, il serait judicieux de permettre
la BEAC davoir une meilleure lisibilit de sa politique en fonction des caractristiques
idiosyncratiques, de diffrentes conomies des pays membres de la zone qui forment, malgr
tout un march montaire commun.
21MmelaBEACfractionnelespaysmembresenfonctiondelaliquidit
-
43
2.3.1 Le modle Notre modle scrit sous la forme suivante :
1(L)ELit = 2(L)X1it + 3(L)X2 it + i + t +it (2.1)
o i reprsente la dimension individuelle et t la dimension temporelle, ELit est le ratio dexcs
de rserves sur le total des dpts, X1it et X2 it sont les vecteurs de variables qui expliquent
respectivement, les causes volontaires et involontaires de dtention de rserves en excs par
les banques commerciales, i reprsente leffet individuel pays, it est le terme derreur et les coefficients j(L) sont dfinis de la manire suivante :
1(L) = 1- 11L, j(L) = j0 + j1L, j2 (2.2)
O (L)22 est loprateur retard, par consquent le modle scrit finalement sous la forme :
ELit = 11(L)ELit + 20X1it + 21(L)X1it + 30X2 it + 31(L)X2 it + i + t +it (2.3)
o X1 et X2 se dcomposent comme suit:
X1 = {RR VOLY VOLPS VOLGOV VOLCD Y rD}
X2 = {DEPPS DEPG CREDPS CREDG OIL rL}
RR reprsente les rserves obligatoires, VOLY, VOLPS, VOLGOV et VOLCD correspondent
respectivement la volatilit de lcart tendanciel de la production, des dpts du secteur
priv, des dpts du gouvernement, et du ratio de lensemble des actifs liquides sur
lensemble des dpts. Y23 est lcart tendanciel de la production rD reprsente le taux
directeur appliqu dans la zone. La volatilit des diffrentes variables est saisie par le
coefficient de variation qui est gal lcart-type de la variable spcifie divise par sa
moyenne pour deux priodes retardes et deux priodes avances, centres sur la priode
22Seulelavariableretardedunepriodeserautilisecomptetenudelafaibletailledelchantillon23Yestcalculcommeladiffrenceenpourcentageentrelaproductionobserveetlaproductiontendancielle.
-
44
contemporaine. Deux techniques ont t utilises pour calculer la production tendancielle : les
valeurs prdites de la rgression de Y sur le temps, et le filtre de Hodrick-Prescott.
DEPPS et DEPG sont respectivement les dpts du secteur priv et les dpts du
gouvernement. CREDPS et CREDG indiquent respectivement les crances accordes par les
Banques Commerciales au secteur priv et au Gouvernement, OIL est le cours du ptrole et
rL le taux dbiteur.
La liste des variables du vecteur X1 est construite grce au modle thorique dvelopp par
Agnor, Aizenmann et Hoffmaister (2004). Ainsi, un accroissement des rserves obligatoires
saccompagnerait dune diminution du niveau de surliquidit. VOLY et VOLCD identifies
comme tant des variables lies directement au motif de prcaution volueraient, de ce fait,
dans le mme sens que la surliquidit. Il en va de mme pour la volatilit des dpts du
secteur priv et du gouvernement (VOLPS et VOLGOV). Car les banques auront tendance
dtenir plus de liquidit, si la base des dpts demeure trs volatile. Lcart tendanciel de la
production Y est introduit pour saisir la demande de la liquidit. En cas de rcession par
exemple, la baisse de la production va entrainer une chute dans la demande de liquidit, par
consquent, les banques nauront pas intrt constituer beaucoup de rserves. rD tant le taux
directeur, donc le cot du refinancement, son augmentation va conduire les banques prfrer
dtenir des rserves excdentaires non rmunres.
Pour le vecteur X2 des variables, Saxegaard (2006) reconnat dans ses travaux quil nexiste
pas vraiment un corpus thorique permettant de les justifier. Par consquent nous nous
appuierons sur les travaux empiriques prcdents. Gilmour (2005)24 trouve quen Ethiopie, la
constitution de la surliquidit est associe avec un accroissement des dpts (DEPPS et DEPG)
du secteur priv et du gouvernement. Toute chose tant gale par ailleurs, laugmentation des
crdits du gouvernement et des entreprises publiques (CREDG), et des crdits du secteur
priv (CREDPS) contribueraient diminuer le niveau de liquidit. Par contre on sattendra
avoir une augmentation de la surliquidit, suite une hausse du taux dintrt dbiteur rL. Les
pays de notre chantillon sont exportateurs du ptrole brut, cest ainsi que nous jugeons utile
dintgrer son cours (Oil), qui pourrait alimenter la surliquidit du fait de la faible capacit
dabsorption de ces conomies.
24InSaxegaard,2006.
-
45
2.3.2 Source des donnes
Les donnes proviennent pour la plupart du FMI travers sa base de donnes IFS
(International Financial Statistics).
La priode dtude retenue pour notre chantillon va de 1985 2002. Plusieurs raisons
militent pour ce choix. Dabord la disponibilit des donnes ne nous permet pas de faire
davantage surtout que nous avons besoin de cylindrer notre panel25. Ensuite cette priode
permet denglober lavnement de la crise du systme bancaire, la dvaluation du franc CFA
et la libralisation financire qui la suivie, et qui a occasionn certains faits (introduction du
march montaire, libralisation des taux dintrt, etc.) susceptibles de marquer la liquidit
bancaire de la zone.
2.3.3 Estimations et interprtation des rsultats
Nous nous retrouvons donc ainsi, daprs la forme de lquation (2.3), en prsence dun panel
dynamique, avec la variable dpendante retarde comme variable explicative. Mme si les
coefficients de la variable dpendante retarde nont pas un effet direct, la forme dynamique
de lquation peut tre cruciale pour lobtention des estimateurs efficaces des autres
paramtres (Bond, 2002). Ce qui suppose lutilisation de la Mthode des Moments
Gnraliss en panel dynamique26 qui permettra de contrler pour les effets spcifiques pays
et temporels et de rduire le biais dendognet des variables explicatives (Bond, 2002).
Cette mthode permet aussi dapporter des solutions aux problmes de biais de simultanit,
de causalit inverse et de variables omises (Araujo, Brun et Combes, 2008). Les deux
variantes de lestimateur GMM en panel dynamique seront utilises savoir lestimateur
GMM en premire diffrence (Arellano et Bond, 1991) et lestimateur GMM en systme
(Blundell et Bond, 1998). Cela nous permettra de tester aussi la robustesse de nos rsultats
empiriques.
Etant donn que notre quation est en panel, contrairement aux travaux prcdents, nous
estimerons dabord le modle initial, avec les variables dAgnor, Aizenmann et Hoffmaister
(2004) c'est--dire X1, avant dintgrer les variables du vecteur X2 . Compte tenu du fait que, 25LaGuineEquatorialeestentredanslazonepartirde1985.26Plusieursauteursontmontrquelestechniquesconomtriquesstandardsengendrerontdesrsultatsnonefficientspouruntelmodle
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nous formulons aussi lhypothse dun phnomne inverse la "panique bancaire", nous
testerons si certaines variables de X2 , surtout les dpts (DEPPS et DEPG) peuvent expliquer
la surliquidit, mais ne seraient pas significatives en prsence des variables qui reprsentent
essentiellement les motifs de prcaution. Par la suite, nous considrons les variables suivantes
comme tant endognes : rD, CREDPS, et CREDG. Leurs valeurs