SSA - 2012- 1
MASTER RECHERCHE
Stéphane Saussier
« Théories Economiques de L’Entreprise »
Les bases de l’analyse
néo-institutionnelle
Slides disponibles : http://www.webssa.net
SSA – 2013- 2
Objectifs du cours
• Présentation des principales théories de l’entreprise ou de la firme qui coexistent en insistant sur :
• Leurs hypothèses • Leurs propositions théoriques • Leur pertinence empirique • Leurs limites • La définition de l’entreprise qui est donnée. Choix des théories
SSA – 2013- 3
Méthodologie de l’Economie
• L’Economie est-elle une science ?
• Méthodologie hypothético-déductive
• La confrontation aux faits • Une simplification du monde
réel • Une science particulière
• Les comportements humains sont moins prédictibles que d’autres phénomènes
Hypothèses Définitions
Raisonnement Propositions réfutables
Tests Corroboration
Réfutation
⇒ Quelles hypothèses ?
SSA – 2013- 4
Méthodologie de l’Economie
• Le problème du choix des hypothèses
• Milton Friedman vs. Ronald Coase and David Hendry
• "..., the only relevant test of the validity of a hypothesis is comparison of its predictions with experience. The hypothesis is rejected if its predictions are contradicted ... » Milton Friedman (1953, DD. 8~9)
• Les hypothèses doivent être « raisonnables »
Hypothèses Définitions
Raisonnement Propositions réfutables
Tests Corroboration
Réfutation
SSA – 2013- 5
Des cadres théoriques différents
• Selon les hypothèses retenues • On étudiera une entreprise ou bien
une entreprise ! • On analysera les questions qui entrent
dans la sphère de compétence de la théorie
• On donnera une définition précise de l’entreprise et de ses limites
• Pourquoi est-ce une question importante ?
SSA - 2013- 15
Une époque exceptionnelle
• En résumé: depuis le 19ème siècle, et surtout le milieu du 20ème siècle, le PIBh et la population de l’économie mondiale croissent à un taux exceptionnellement élevé au regard des 20 derniers siècles
• Cette croissance s’accompagne de changements structurels importants
• Espérance de vie • Santé • Type de biens produits et consommés • L’amélioration du niveau de vie est inégalement
répartie
SSA – 2013- 16
L’entreprise au centre de la création de richesse : des questions préliminaires
• Qu’est-ce qu’une entreprise ? • Une entité qui produit au moyen de facteurs de production • Un ensemble d’individus unis pour un même objectif • Un ensemble d’individus avec des motivations différentes • Un système de collecte de l’information • Un ensemble d’actifs • Un ensemble créant de la valeur au travers de l’innovation • ….
• Quel objectif avec quel moyen ? • Rationalité ? • Rationalité limitée ? • Max profit ? • Max chiffres d’affaires ? • Max sa réputation ?...
• Implications pour le management et l’efficacité des entreprises
SSA – 2013- 17
Une remarque : de quelles entreprises parlerons-nous ?
• Le tissu des entreprises en France (Source Insee 2010)
• La France compte 3 millions d’entreprises • 1,9 M sont des entreprises individuelles • 1 M emploient de 1 à 9 salariés • Seulement 2 000 entreprises de 500-2000 salariés • 500 entreprises de plus de 2 000 salariés
• Une spécificité française : le nombre insuffisant d’entreprises de taille moyenne
Taille en nombre de salariés Total dont PME (1)
0 1 à 9 10 à 49 50 à 199 200 à 499 500 à 1999 2 000 ou plus
Au 1er janvier 2007 Industries agricoles et alimentaires
20 178 36 533 6 160 1 068 265 117 15 64 336 7 306
Industries hors IAA 83 660 64 176 26 846 6 145 1 413 625 119 182 984 33 470
Construction 182 367 169 032 26 711 2 065 260 120 14 380 569 28 872 Commerce 362 040 251 926 37 882 5 279 848 291 80 658 346 43 472 Transports 50 112 26 193 9 520 1 924 384 117 30 88 280 11 583 Activités financières 33 132 17 164 1 978 579 167 202 58 53 280 2 620
Activités immobilières 156 817 38 070 3 324 468 107 34 3 198 823 3 833
Services aux entreprises 337 473 147 225 26 653 3 972 867 396 101 516 687 30 912
Autres services 519 975 233 675 24 379 3 263 389 105 33 781 819 27 782
Total (2007) 1 745 754 983 994 163 453 24 763 4 700 2 007 453 2 925 124 189 850 Total (2009) 1 911 485 995 199 167 455 26 084 4 798 2 051 506 3 107 578 195 122
SSA - 2013- 18
Plan de la présentation
1. L’entreprise fonction de production 2. Où est l’entreprise? L’approche
coasienne 3. La théorie des coûts de transaction 4. Coûts de transaction et régulation 5. Le rôle des institutions
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1. La vision la plus fruste : l’entreprise est une fonction de production
• Hypothèses • Des agents économiques rationnels
• Définition
• Un objectif unique • La maximisation du profit
• Des marchés concurrentiels • Conditions de concurrence
– Information parfaite et gratuite (transparence) ↔ système complet de marchés ↔ pas d’incertitude – Agents « price-takers » – Biens homogènes – Circulation sans entrave des facteurs de production
SSA - 2013- 20
Une entreprise représentée au travers d’une fonction de production
La firme « boîte noire »
Marchés des inputs
Marchés des outputs
Inputs: l’ensemble des facteurs de production utilisés dans le processus de production (main d’œuvre; matière première, capital financier et physique…), prix des inputs (p1, p2) Outputs: les produits du processus de production (produits vendus par l’entreprise, pollution…), prix du produit p
2 questions : Comment et combien produire avec des ressources limitées ?
SSA - 2013- 21
Une entreprise face à des contraintes techniques
• Problème d’allocation des ressources rares • On appelle isoquante, l’ensemble des combinaisons
de facteurs de production efficaces (sur la fonction de production) permettant d’obtenir un niveau donné d’output.
Exemple avec deux inputs et un output
produiteoutputd'quantitéutilisée2inputd'quantitéutilisée1inputd'quantité
2
1
yxx
1x
2x
( ) 021, yxxf =
( ) 0121, yyxxf >=
SSA - 2013- 22
Le taux marginal de substitution technique : un taux d’échange subjectif
1x
2x
1xΔ−
2xΔ+
( ) iyxxf =21,
SSA - 2013- 23
La minimisation des coûts de production
( ) yxxf =21,
Combinaison de production optimale
Isoquante
Droite d’isocoût de pente –p1/p2 : un taux d’échange objectif
1 0
p C
2 0
p C
2x
1x
SSA - 2013- 24
L’impact de l’évolution du prix des facteurs
( ) yxxf =21,
Combinaison de production optimale
Isoquante
Droite d’isocoût de pente –p1/p2
1 0
p C
2 0
p C
2x
1x
Imaginons que le prix de marché du facteur 1 diminue
1’ 0
p C
Nouvelle combinaison de production optimale
SSA - 2013- 25
La minimisation des coûts ou comment produire
• A l’optimum, on a : TMST = rapport des prix des facteurs
• Proposition : dans un environnement concurrentiel, une évolution des prix relatifs des facteurs de production entraine une évolution des choix technologiques de l’entreprise dès lors que les facteurs sont substituables
• Mini Cas : « les pionniers de la relocalisation » - web • Quelles sont les raisons qui poussent certaines entreprises à
délocaliser leur production ? • Quels facteurs sont substitués aux autres ? • La technologie de production est-elle changée ? • Quels sont les problèmes que peuvent rencontrer ses firmes ? • Quels sont les éléments entrant dans le choix de relocalisation de
cette entreprise que vous ne pouvez pas expliquer à l’aide de l’approche néo-classique ?
SSA - 2013- 26
Combien produire en situation de concurrence ?
• La concurrence oblige l’entreprise à la recherche de minimisation des coûts
• La maximisation des profits entraîne une règle de
comportement simple de l’entreprise : produire jusqu’à ce que la dernière unité produite coûte aussi chère que ce que l’on peut espérer la vendre sur le marché
• Cette recherche d’efficacité est optimale pour la société : cette situation génère un surplus économique optimal
La maximisation du profit
P
Cm CM
Seuil de rentabilité
Seuil de fermeture
Q* Quantités produites
Prix et coûts
Qr
Pf
Objectif de la firme:
Max Π=RT-CT
Q*/Rm=Cm=P
2 notions classiques en gestion d’entreprise:
seuil de rentabilité (Qr): quantité à partir de laquelle l’entreprise commence à faire du profit
seuil de fermeture (Pf) : prix minimal en dessous duquel les recettes ne couvrent pas les coûts
SSA - 2013- 28
L'équilibre sur un marché concurrentiel et le surplus généré à CT
( ) ( )** pDpS =
p
q
*p
*q
( )pS
( )pD
La somme des offres individuelles
La somme des demandes individuelles
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L’équilibre général
• Il existe un vecteur prix d’équilibre qui assure l’équilibre entre l’offre et la demande sur l’ensemble des marchés
• Quelles implications ? • Sur un marché de concurrence pure et parfaite, à
l’équilibre les entreprises font un profit économique nul
• Toute autre situation de marché est caractérisée par la création d’un surplus plus faible
• Dans certaines configuration de marché, les entreprises peuvent envisager de mettre en place des stratégies réduisant la concurrence (i.e. augmentant leur profit)
• Cartels, … (théorie des jeux)
• Qu’en déduire quant à la conception de la firme dans l’approche néo-classique?
• L’entreprise est assimilée à un individu unique : l’entrepreneur ⇒ pas de prise en compte des autres membres de la firme, des différentes fonctions, conflits internes…
• L’entrepreneur est un « automate maximisateur » (parfaitement rationnel) qui n’a qu’un objectif, la maximisation du profit ⇒ la firme est une boîte noire (rien sur la manière dont s’opère la transformation d’inputs en outputs).
• Tous les facteurs de production sont traités de manière analogue ⇒ les formes sociales de l’entreprise n’ont aucune incidence sur ses performances.
• Un entrepreneur coordinateur // équilibre général et commissaire priseur bénévole
L’entreprise fonction de production
SSA - 2013- 31
La vision de l’entreprise
• Qu’est-ce qu’une entreprise ? • Un entrepreneur individuel coordinateur !
• Comment produit-il ? • Il passe par le marché !
• Quels-sont ses problèmes ?
• « C’est un paradoxe fascinant que la théorie de la firme généralement acceptée suppose, dans l’ensemble, que la firme n’existe pas. » (Thorelli 1965).
SSA - 2013- 32
2. Où est l’entreprise ? Un texte fondateur
R. H. Coase (1910 - 2013) Nobel Prize 91
« The main reason why it is profitable to establish a firm would seem to be that there is a cost of using the price mechanism » (Coase 1937)
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Côuts de transaction et la nouvelle économie institutionnelle
2009: Oliver E. Williamson "for his analysis of economic governance, especially the boundaries of the firm".
1993: Douglass C. North "for having renewed research in economic history by applying economic theory and quantitative methods in order to explain economic and institutional change"
1991: Ronald H. Coase "for his discovery and clarification of the significance of transaction costs and property rights for the institutional structure and functioning of the economy".
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« The Nature of the Firm » 1937 - Web
• Contexte: • Ecrit en 1935. Débuté en 1932. Coase a alors 21
ans. • 3 objectifs annoncés
• Pourquoi les firmes existent elles ? • Quelle définition donner à l’entreprise ? • Quel est l’arbitrage à l’œuvre entre faire ou faire
faire. • Seul le premier objectif sera atteint.
Ronald Coase : pourquoi existe-il des entreprises ?
Coase 1937 « The Nature of the Firm » • Coordination décentralisée du marché /
Coordination centralisée de la firme : 2 arrangements institutionnels alternatifs • « A l’extérieur de l’entreprise, les prix dirigent la production
par le jeu des transactions du marché. A l’intérieur, c’est l’entrepreneur qui dirige la production. Il remplace le mécanisme complexe des transactions de marché. Ce sont deux méthodes alternatives de coordination de la production. »
• «If a workman moves from department Y to department X, he does not go because of a change in relative prices, but because he is ordered to do so_» (Coase 37)
(1910-2013)���Nobel 1991
Ronald Coase : pourquoi existe-il des firmes?
Coase 1937 « The Nature of the Firm » • Si les marchés sont des modes de coordination aussi
efficaces que le prétend la théorie standard, alors pourquoi existe-t-il d’autres modes de coordination comme la firme?
Parce qu’il existe des coûts à recourir au marché :
les COUTS DE TRANSACTION
Coûts de recherche d’information Coûts de négociation, de rédaction des contrats (« ink costs ») Coût d’exécution et de contrôle Coûts d’adaptation
(1910-)���Nobel 1991
Ronald Coase : pourquoi existe-il des firmes?
Coase 1937 « The Nature of the Firm » Nature et frontières de la firme coasienne
Mode de coordination distinctif de la firme: l’AUTORITE Avantage de la firme en présence d’incertitude (Knight 1921) Rationalité limitée et frontières de la firme Limites cognitives et calculatoires du manager, taille de la
firme et variété des transactions Rôle de l’environnement institutionnel
(1910-)���Nobel 1991
Ronald Coase : pourquoi existe-il des firmes?
Coase 1937 « The Nature of the Firm »
• Symétriquement, si la firme présente des avantages par rapport au marché, pourquoi n’y a-t-il pas que des firmes? Pourquoi les firmes sont-elles limitées en taille?
Parce qu’il existe des COUTS BUREAUCRATIQUES qui sont
une fonction croissante de la taille de la firme (rendements décroissants de la coordination en interne)
(1910-)���Nobel 1991
SSA - 2013- 39
Les limites de la firme
• « Firm will tend to expand until the costs of organising an extra transaction within the firm become equal to the costs of carrying out the same transaction by means of an exchange on the open market or the costs of organising in another firm. » (Coase 1937, p. 395)
• « it may be that as the transactions which are organized increase, the entrepreneur fails to place the factors of production in the uses where their value is greatest, that is, fails to make the best use of the factors of production». (395-396)
• «A firm will tend to be larger the less likely the entrepreneur is to make mistake» (395-396)
SSA - 2013- 40
La taille ou les frontières de la firme
• La taille de la firme ne concerne pas les quantités produites mais le nombre de transactions ou d’activités qui restent dans ses frontières
Ronald H. Coase (1910-)
A1 C3 D4 E5 B2
SSA - 2013- 41
La taille optimale de la firme.
$
T* Nombre de transaction (ordonnées de la plus coûteuse à la moins coûteuse à organiser sur le marché).
Coûts du marché CM
Coûts administratifs CA
CA + CM
Taille de la firme.
Externalisation Totale
Internalisation Totale
SSA - 2013- 42
Le rôle des institutions dans la taille de la firme
“It should be noted that most inventions will change both the costs of organising and the costs of using the price mechanism. In such cases, whether the invention tends to make firms larger or smaller will depend on the relative effect on these two sets of costs. For instance, if the telephone reduces the costs of using the price mechanism more than it reduces the costs of organising, then it will have the effect of reducing the size of the firm.” (Coase 1937, p. 397n.)
Ronald H. Coase (1910-)
SSA - 2013- 43
Un exemple T
ous d
roits r
éserv
és !
Les E
chos !
2008
19/12/08
P. 19
Industrie
ENVIRONNEMENT Unarrêtde laCourdecassationconfirmeque leprincipepollueur-payeurpeut s’appliquerauxboulettesdefioul échouées sur lesplagesà lasuitedunaufragede l’« Erika». Si la part de responsabilitéde Total étaitconfirmée, legroupedoncdevrait assumer le coûtdunettoyagedesplagesnon supportépar leFipol.
« Erika » :nouveau revers juridiquepourTotalUn arrêt rendu le 17 décembrepar la Cour de cassation signe unnouveau rebondissement dansl’interminable querelle juridiquesur la responsabilité ou non del’affréteurTotaldans le naufragedupétrolier «Erika » survenu en1999. Corinne Lepage, avocatede 14 communes plaignantesdans le procès de l’« Erika »,parle d’une « victoire historiquedudroitde l’environnement sur ledroitmaritime ».Depuis huit ans,son cabinet, au nom de la com-mune de Mesquer, se bat pour
que les boulettes de fiouléchouées sur le littoral soientreconnues commedesdéchets,etqu’à ce titre le principe pollueur-payeur inscrit dans le droit euro-péen s’applique. Ce qui oblige-rait Total à prendre en charge lenettoyage et l’élimination de cesdéchets.
La commune avait été débou-tée de sa requête au tribunal deSaint-Nazaire puis en appel àRennes. Mais la Cour de cassa-tiona considéré que la courd’ap-pel « ne pouvait, sans violer le
droit de l’environnement, retenirque les sociétés du groupe Totaln’étaient ni productrices ni déten-trices des déchets retrouvés sur lesplages ». Elle suit ainsi l’arrêt du24 juin dernier rendu par laCourde justice des Communautés eu-ropéennes, selon laquelle nonseulement les boulettes de fioulpeuvent être considérées commeun déchet, mais aussi que le ven-deur et l’affréteur du navire peu-vent être considérés comme lespollueurs, si l’on peut prouverqu’ils ont contribué au risque de
survenance de la pollution. A cetitre, la justice européenneconfirmaitqu’onpouvait leurde-mander de prendre en charge lecoût de leur élimination, pourpeuqu’il soit supérieur auxmon-tants prévus par le fonds d’in-demnisation des pollutions parles hydrocarbures (Fipol).
Or Total, à l’issue d’un procèsfleuve au tribunal correctionnelde Paris, a bien été condamnésolidairement avec l’armateur,son gestionnaire et la société declassification pour délit de pollu-
tion. Le groupe pétrolier ainsiqu’une soixantaine de parties ci-vilesont fait appel,et le jugementen appel est attendu au premiersemestre 2009. Un porte-paroledeTotaldissocie cependant cetteprocédure pénale de celle, civile,intentéepar lacommunedeMes-quer. Dans ce dernier cas, laCour de cassation a renvoyé à lacour d’appel deBordeaux le soinde déterminer si Total avait ounon contribuéau risquedesurve-nance de la pollution.
A. B.
SSA - 2013- 44
Comment utiliser l’approche coasienne ?
• L’autorité existe dans les relations commerciales
• Des propositions tautologiques : “organizational forms that exist minimize transaction costs”
• Des limites de la firme peu convaincantes • Mais le rôle central des coûts de transaction est avancé
• Quelles-sont les sources des coûts de transaction???
SSA - 2013- 45
Extension à la question des entreprises publiques : Le “théorème” de Coase et la place de
l’intervention publique
« La manière dont les droits de propriété sont distribués dans une économie n’influe pas sur la façon dont les ressources rares sont utilisées dans cette économie, …, si les coûts de transaction sont nuls » (Coase 1960 – The problem of social cost )
R.H. Coase 60 – la centralité des coûts de transaction
Sans coûts de transaction, le marché débouche sur un équilibre pareto-optimal. De ce fait,
l'intervention de l'État en matière économique et juridique ne se justifie pas !
COASE R.H. [1960] "The Problem of Social Cost", Journal of Law and Economics, Vol. 3, pp. 1-44.
45
SSA - 2013- 46
Les raisons généralement invoquées pour l’intervention publique ?
• Les « défaillances de marché » • Biens publics • Externalités • Monopoles naturels
SSA - 2013- 47
Illustration du théorème • Considérons un fermier et un éleveur localisés l’un à
côté de l’autre. • L’éleveur envisage d’ajouter une tête de bétail
supplémentaire sur son terrain • Cette tête supplémentaire génèrera une externalité
négative pour le fermier (les propriétés ne sont pas closes) de 200 € par an (externalité négative).
• Dans le même temps, elle générera un profit de 150 € par an pour l’éleveur.
• Le théorème de Coase nous indique que, quelque soit la répartition initiale des droits de propriété, la décision finale sera identique !
• “I have spent all my professional life in the company of first-class scholars but only once have I encountered something like the sudden Archimedean revelation - as an observer” (Eureka!, Ch. 5, Stigler, 1988)
R.H. Coase 60 – la centralité des coûts de transaction
47
SSA - 2013- 48
Défaillances de marché et théorème de Coase
• Sans coût de transaction, les défaillances de marché n’en sont pas !
• Externalités • Biens publics • Monopole Naturel
• Une vision libérale ! • Un théorème incompris ! • Une mise en avant, une nouvelle fois des coûts de transaction
R.H. Coase 60 – la centralité des coûts de transaction
48
SSA - 2013- 49
R. H. Coase
• «I think the success of the Coase Theorem—because it’s discussed all over the place—is an interesting illustration of what’s wrong with economics; because, if you read "The Problem of Social Cost," it occupies perhaps four pages. It’s useful. I think it’s useful because you can show, using it, the type of contracts that would have to be made in order to have an efficient economic system. But then you have to introduce, having done that, the obstacles to doing it. Then you see how the system actually works. But many people have only read the four pages or only thought about the four pages—one of the reasons they’ve done that, of course, is it’s the most abstract part of the article. » R.H. Coase 2001
R.H. Coase 60 – la centralité des coûts de transaction
49
SSA - 2013- 50
R. H. Coase
• http://hbr.org/2012/12/saving-economics-from-the-economists/ar/1
R.H. Coase 60 – la centralité des coûts de transaction
« Economics as currently presented in textbooks and taught in the classroom does not have much to do with business management, and still less with entrepreneurship. The degree to which economics is isolated from the ordinary business of life is extraordinary and unfortunate ». R.H. Coase, Harvard Business Review, Décembre 2012
SSA - 2013- 51
Les apports de Coase 37 et 60
• Besoin d’incorporer dans l’analyse économique des coûts de transaction (i.e. des coûts de fonctionnement des marchés) afin de pouvoir proposer une analyse
• De l’existence des firmes • Des choix organisationnels des firmes • Du rôle de l’Etat dans l’économie
• Mais pas d’opérationalisation du concept de coûts de transaction jusque …
✔Toutes les approches théoriques que nous allons étudier incorporent, d’une manière ou d’une autre, des coûts de transaction
51
SSA - 2013- 52
Oliver E. Williamson et la théorie des coûts de transaction
Nobel 2009: Oliver E. Williamson "for his analysis of economic governance, especially the boundaries of the firm".
Oliver Williamson propose une opérationalisation de la notion de coûts de transaction de Ronald Coase
SSA – 2013- 53
3. La théorie des coûts de transaction (O.E. Williamson)
Hypothèses (réalistes!)
• Contexte : TCT et anti-trust
Hypothèses comportementales
Caractéristiques de l’environnement
Rationalité Limitée
Incertitude et/ou
complexité
Contractualisation incomplète sur les
marchés
Opportunisme Petit nombre de partenaires
Besoin d’engagements
crédibles
Clairvoyance Recherche
de minimisation
des coûts
SSA - 2012- 54
Que sont les coûts de transaction ?
Ink costs
Negociation costs
Ex ante Costs
Search costs
Contract
costs
Maladaptation costs
Renegociation costs
Ex post Costs
Monitoring costs
Breach costs
Source : Adapté de Williamson 1985
SSA – 2013- 55
Quelles-sont les sources des coûts de transaction ?
• Actifs spécifiques • Spécificité de site • Spécificité physique • Spécificité dédiée • Spécificité humaine • Spécificité de marque • Spécificité temporelle
La condition de « petit nombre » provient des actifs spécifiques
Quasi-rente appropriable
Dépendance entre les partenaires contractuels
Ouvre la voie à l’opportunisme – Hold-up
SSA - 2012- 56
Le problème du Hold-Up
Lando: « But, this was not our initial agreement!»
Darth Vader: « I change the terms of the agreement. Consider yourselves happy that I do not change them more.»
"It's always been a danger, but it looms like a shadow over every- thing we've built here. But things have developed that will ensure security. I've just made a deal
that will keep the Empire out of here forever."
Intégration ou externalisation: Quelles propositions ?
Characteristics of investments
Non Moderately Highly
Specific Specific Specific
Uncertainty level low
around transactions Market
High Firm
With high frequency Source : adapté de Williamson 1985
Le problème de l’intervention sélective
SSA - 2013- 58
Avantages et inconvénients des contrats commerciaux
• Avantages comparatifs • Contrats incitatifs
• “Market does not forgive” • “Market does not share benefits”
• Désavantages comparatifs • Contrats rigides / incertitude • Risques d’opportunisme
SSA - 2013- 59
Quelles sont les limites de l’internalisation ? Avantages et désavantages des contrats de subordination
• Avantages comparatifs • Contrats flexibles • Opportunisme limité
• Désavantage comparatif
• Incitations faibles
Illustration: Le cas Fisher Body-General Motors
Et les coûts de production ?
Costs
k
CΔGΔ
€
ΔC + ΔG
k : actifs spécifiques ; ΔG : coûts de transaction dans la firme – coûts de transaction sur le marché ; ΔC : coûts de production dans la firme – coûts de production sur le marché
SSA - 2013- 61
Quelles implications ?
• On n’intègre jamais pour des raisons de coûts de production
• Seuls les coûts de transaction peuvent expliquer les décisions d’intégration verticale (pour des raisons d’efficacité) • Retour sur le cas des délocalisations
SSA - 2013- 62
Les propositions
Entreprise si CTF<CTM Avec CTF = f(SPE,INC)
Choix du mode d’organisation Marché si CTM<CTF
Avec CTM = f(SPE,INC)
« Empirical Success Story » Williamson 1991. Plus de 1 600 tests empiriques concluants
Une analyse positive ? Normative ?
Scott E. Masten Univ. Michigan Business School
SSA - 2012- 64
Pour résumer Alignement Structures de Gouvernance & transactions
Coûts de Transaction
Intensité des risques contractuels / actifs spécifiques
marché
Firme
M>H>IV IV>H>M
SSA - 2013- 65
Comment l’entreprise gère t’elle l’externalisation ? L’introduction des formes hybrides d’organisation
• Le marché • L’entreprise • Les formes hybrides
• Il existe différent niveau d’externalisation • Contrats de long terme • Sous-traitance • Franchise • Alliances • Joint Venture • …
SSA – 2013- 66
Différents types de contrats
Les contrats classiques • L’identité des parties importe
peu • Pas de relation de
dépendance • Contrats formels / court terme
Les contrats néo-classiques • L’identité des parties
importe • Autonomie maintenue, mais
relation de dépendance • Mécanismes contractuels
élastiques / Long terme • Mise en place de clauses
de sauvegarde
SSA - 2013- 67
Clauses de sauvegarde
• Pas de promesse mais : • Clauses incitatives: take or pay… • Clauses pour rendre le contrat
adaptable: price index • Otages pour générer confiance et
adaptation • « Ugly Princess »
• Transfert du pouvoir de décision • Prix, quantités décidées de manière
unilatérale • “Contractual provisions that do not look
like what they are” • Ex: IBM et ses revendeurs
Intégration ou externalisation: Propositions
Characteristics of investments Non Moderately Highly
Specific Specific Specific Uncertainty level low
around transactions Market (Classical contracts)
High Firm (Forbearance
contracts)
Hybrids (Neoclassical Contracts)
Source : Adapté de Williamson 1991
SSA - 2012- 69
Pour résumer (bis) Alignement Structures de Gouvernance & transactions
marché hybride
Firme
M>H>IV H>IV>M IV>H>M
Intensité des risques contractuels / actifs spécifiques
Coûts de Transaction
SSA - 2013- 70
Un exemple : Paul Joskow AER - 1987
• Présentation de l’auteur • La question de recherche
• Les actifs spécifiques sont-ils à la source de la durée des relations contractuelles comme le prédit la TCT ?
• Rq : D’autres explications de la durée des contrats existent – ntt l’aversion au risque
• Application : les relations contractuelles entre mines – producteurs de charbon et centrales électriques
Paul Joskow - MIT
SSA - 2013- 71
Un exemple : Paul Joskow AER - 1987
• trois types de spécificité des actifs en cause :
• Actifs physiques • Actifs dédiés • Actifs de site
• Comment les mesurer ?
Paul Joskow - MIT
SSA - 2013- 72
Un exemple : Paul Joskow AER - 1987
Les actifs physiques • Est
• Qualité du charbon homogène • Beaucoup de petites mines disséminées sur le
territoire • Distances de transport faibles
• Ouest
• Qualité du charbon hétérogène • Mines de grandes tailles • Distances de transport élevées
• Mid-Ouest = situation intermédiaire
Paul Joskow - MIT
SSA - 2013- 73
Un exemple : Paul Joskow AER - 1987
Les actifs dédiés • Dépendent des quantités contractualisées • Possible relation non linéaire
Les actifs de site • Paul Joskow cré une variable
dichotomique qui prend la valeur 1 lorsque mine et centrale sont côte à côte
Paul Joskow - MIT
SSA - 2013- 74
Un exemple : Paul Joskow AER - 1987
Les données • Données provenant de l’instance de régulation
de ces contrats • L’auteur n’a pas les contrats en mains
• Cross-section - année 1979 • N = 277 • La durée des contrats observée :
• Contrats avec des durées comprises entre 1 et 50 ans
Paul Joskow - MIT
SSA - 2013- 75
Un exemple : Paul Joskow AER - 1987
Le test • La principale équation testée
• Propositions concernant les b ?
Paul Joskow - MIT
SSA - 2013- 76
Un exemple : Paul Joskow AER - 1987
Résultats
Paul Joskow - MIT
Focus sur les contrats qui ne concernent qu’une unique centrale
SSA - 2013- 77
Un exemple : Paul Joskow AER - 1987
Limites • Les quantités peuvent être endogènes
• 2SLS tentés par l’auteur • Mesures (proxies) très approximatives des actifs spécifiques
• Ntt des actifs de site • Variables omises
• Le rôle de l’incertitude dans la TCT
Paul Joskow - MIT
SSA - 2013- 78
4. « Franchise Bidding versus Regulation » : le débat sur l’externalisation des services publics
• Demsetz (1968) : “Why Regulate Utilities?” « Public utility services can be efficiently procured
simply by awarding a franchise to the firm that offers to serve the market at the lowest price ».
• Goldberg (1976), Williamson (1976) : • “Many of the problems associated with regulation lie
in what is being regulated, not in the act of regulation itself.”
Les mêmes éléments à la base de l’arbitrage faire ou faire faire pour les entreprises privées se retrouvent pour l’Etat
SSA - 2013- 79
• Deux variables clefs: • Actifs spécifiques :
• Plus que leur degré de spécificité, c’est leur montant qu’il sera intéressant de mesurer.
• Incertitude : l’incertitude peut avoir plusieurs sources.
• Le cadre réglementaire • La technologie • Les variations de population • …
Les bases de l’analyse transactionnelle
SSA - 2013- 80
• Principal message : L’externalisation des services
publics permet probablement d’économiser sur les coûts de production mais il faut aussi tenir compte des coûts de contractualisation ex ante et ex post.
• Le choix optimal du contrat de concession dépend des coûts de transaction.
Les bases de l’analyse transactionnelle
SSA - 2013- 81
Les inconvénients de l’externalisation
(Williamson 1976)
Choix du concessionnaire
(1ière étape)
Concurrence
Renouvellement de la
concession (2ième étape)
Avantage du « first mover »
Spécification du service Exécution des termes contractuels
Problèmes ex ante Problèmes ex post
t
SSA - 2013- 82
Les inconvénients de l’externalisation
1/ La difficulté à mettre en concurrence les opérateurs ex ante
• Le critère de mise en concurrence ex ante n’est pas forcément que le prix (qualité, …)
• Le prix n’est pas forcément un vecteur unidimensionnel (plusieurs types de services - gros consommateurs - clients individuels …)
• Problèmes de spécification du service à fournir • Malédiction du vainqueur • Offre aggressive
SSA - 2013- 83
Les problèmes d’exécution du contrat ex post
Incomplétude marge de manœuvre du concessionnaire (anticipée ou non)
Impact sur la qualité possible
Actifs spécifiques
Continuité du service Probité
Risques de renégociation
Contrats de long terme
Risque d’opportunisme
!
Risques de maladaptation
!
Faible crédibilité des sanctions (Williamson 76)
SSA - 2013- 84
Les inconvénients de l’externalisation
3/ Les problèmes de réattribution Avantage à l’opérateur en place -
développement d’actifs humains
SSA - 2013- 86
Les questions ouvertes et les limites de l’approche en termes de coûts de transaction
• Contrats formels vs. contrats informels
• Complémentarités / substituabilités
• Les réseaux de transaction
• Le rôle de la réputation • Le rôle de la confiance • Le rôle de l’opportunisme • Make and buy
• …
Source: Lafontaine & Shaw, Rand Journal of Economics, 2005
SSA - 2013- 87
Une nouvelle définition de la firme
• Coase 1937: “authority is what distinguishes firms from market”
• O.E. Williamson: • Firmes • Marchés • Hybrides
• Chaque type d’organisation a son propre mode de coordination: contrats autorité et subordination
• Contrats de subordination vs. contrats de travail
SSA - 2013- 88
Coming Back to Coase!
• La TCT est–elle le prolongement naturel de la vision initiale de Coase ?
• The central role of asset’s specificity and opportunistic behavior (Klein-Crawford Alchian 1988)
• « Having developed the argument that asset specificity would expose a firm to the risk of opportunistic behavior and therefore lead to vertical integration to avoid it, I finally concluded that it was not an important factor influencing the structure of industry » Coase 2006, p. 259
SSA - 2013- 89
5. Le rôle des institutions
• La disparité dans les performances des économies, et la persistance de ces disparité n’a pas été expliqué de manière convaincante par les théories classique
• L’analyse économique se doit d’intégrer les institutions. Douglass North
1920 - U. of St Louis Prix Nobel 93
D. North – Les institutions
SSA - 2013- 90
Les institutions
• Définition : The institutional environment is the set of fundamental political, sociological and legal ground rules that establishes the basis for production, exchange and distribution. Rules governing elections, property rights and the right of contracts are examples...
• Bien distinguer les stratégies des acteurs (le choix des structures de gouvernance) et les contraintes qui s’imposent aux acteurs
• ‘Les institutions sont les règles du jeu, les organisations et leurs entrepreneurs en sont les joueurs’ (North, 1994 :361).
• Analogie avec l’équipe de Football
D. North – Les institutions
SSA - 2013- 92
La mesure des institutions
Les institutions impactent sur les coûts de transaction • Indicateurs
• Indicateurs ICRG • Doing Business …
• Mesures • Droit des contrats • Efficacité de la bureaucratie • Risque de répudiation des contrats • Risque d’expropriation • Système juridique (Common Law vs. Civil Law) • …
D. North – Les institutions
SSA - 2013- 93
Les institutions influent sur les choix des entreprises
D. North – Les institutions
Actifs spécifiques
M(k) H(k) F(k)
SSA - 2012- 94
Les institutions influent sur les choix des entreprises : l’effet d’une réglementation réduisant les coûts de transaction sur le marché
marché hybride
Firme
M>H>IV H>IV>M IV>H>M
Intensité des risques contractuels / actifs spécifiques
Coûts de Transaction
M>H>IV H>IV>M
SSA - 2013- 95
Pour en savoir plus…
• European School for New Institutional Economics • http://www.esnie.org
• International Society for New Institutional Economics • http://www.isnie.org
SSA - 2013- 96
Pour en savoir plus
• Retrouver le cours et plus sur : http://www.webssa.net
Meeting on Concession Contracts at IAE de Paris with Oliver Williamson on Thursday October 18th (TBC) Conference in honor of Oliver Williamson ���at the University Paris-Dauphine on Friday October 19th, 9h30-18h30.
2012 !
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