10 GOUVERNANCE TERRIRORIALE NOVEMBRE 2015
ENTRETIEN�
Monsieur le Ministre, quels sontvos principaux objectifs pour ce Dé-partement ?
Mon objectif principal est lié à la mis-
sion que le Président de la République
et le Premier Ministre m’ont confiée.
C’est donner corps à la vision du Chef
de l’Etat pour le secteur de la Gouver-
nance locale, du Développement et de
l’Aménagement du Territoire. Il s’agit
donc de traduire la vision que le Prési-
dent Macky SALL a déclinée en lançant
l’Acte 3 de la décentralisation : organiser
le Sénégal en territoires viables, compé-
titifs et porteurs de développement du-
rable. Dans ce cadre, je dois poursuivre
un travail entamé en 2013, en veillant
notamment à consolider le processus
en cours et en accélérant le rythme pour
aller vers la seconde phase de de cette
réforme majeure. Elle est majeure. Notre
objectif est de transformer positivement
le champ de la décentralisation, en ins-
taurant le nouveau paradigme du déve-
loppement économique local. En effet,
au plan juridico-institutionnel, les acquis
seront consolidés, mais, avec l’Acte 3 de
la décentralisation, notre système va
s’orienter davantage vers le développe-
ment économique de nos territoires.
Mon département travaillera avec l’en-
semble des acteurs pour mettre en
œuvre cette nouvelle orientation.
Un autre objectif que nous poursui-
vons, c’est justement l’instauration d’un
dialogue et d’une concertation perma-
nents avec toutes les familles d’acteurs
au niveaux central et décentralisé.
En outre, mon département
renforcera l’appui qu’il apporte
aux collectivités locales pour
la réalisation d’infrastruc-
tures de base, la planifi-
cation de leur dévelop-
pement et le
renforcement de
leurs capacités.
Un accent particulier sera mis sur la for-
mation des élus et des autres acteurs lo-
caux. Tout cela se fera suivant une dé-
marche d’écoute, d’échange, de dialogue
avec les acteurs. Je compte sur la contri-
bution de tous pour atteindre ces
objectifs.
Vous êtes le quatrième Mi-nistre en l’espace de deuxannées. Est-ce à dire que ceDépartement est difficile àgérer ?
A priori, aucun secteur n’est
facile. Le Président de la Répu-
blique m’a confié un départe-
ment qui a en charge plusieurs
domaines comme en atteste l’in-
titulé du ministère : la Gouver-
nance locale, le Développement
et l’Aménagement du territoire.
Il nous revient de développer chacun
de ces domaines et de trouver la bonne
articulation entre eux. C’est une tâche
immense, mais nous de-
vons trouver les
moyens et
les ressources nécessaires pour relever
les défis.
AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
�15GOUVERNANCE TERRIRORIALENOVEMBRE 2015
loppement territorial va bien au-delà du
modèle de développement localisé. Elle
s’appréhende ainsi de manière globalisante.
C’est certainement là le sens de l’approche
novatrice consistant à « réfléchir globalement
et agir localement tout en intégrant les spé-
cificités de chaque territoire». D’où l’impor-
tance du lien entre la gouvernance locale,
le développement local, l’aménagement du
territoire et le développement durable.
L’option de territorialisation des politiques
publiques ouvre un champ de réflexion et
d’action sur l’application du principe de la
subsidiarité, les modalités et moyens d’action
collectifs ou d’ordre public, la mobilisation
et l’allocation des ressources ainsi que la ré-
gulation et la péréquation intra et interter-
ritoriales. Le Pôle – territoire serait alors le
relais entre l’Etat central et les Territoires.
L’application des principes de contrac-
tualisation entre l’Etat et les collectivités lo-
cales et la coopération entre acteurs du dé-
veloppement territorial constitue le
prolongement et le complément d’une ter-
ritorialisation des politiques publiques.
La coexistence des projets de l’Etat sur
les territoires et des projets de territoire sup-
pose la mise en cohérence des cadres d’ac-
tion des administrations publiques à travers
une meilleure articulation entre décentrali-
sation et déconcentration et un emboitement
pertinent entre la planification nationale
(macro et sectorielle) et la planification ter-
ritoriale.
Le Pôle – Territoire, cadre de coopération des acteurs territoriaux.
Le développement territorial exige une
démarche multi-acteurs. Le Pôle – Territoire
peut constituer ainsi un cadre de concerta-
tion pour élargir les bases de la coproduc-
tion.
La promotion d’une approche de déve-
loppement économique local (DEL) repose
sur une connaissance des dynamiques éco-
nomiques locales, un dialogue inclusif sur
les territoires, la création de richesses ainsi
que la valorisation des ressources et poten-
tialités locales.
Au demeurant, l’entreprise doit être re-
positionnée comme un acteur central du
développement économique des territoires.
Les collectivités locales ont la vocation d’in-
venter les conditions d’un « doing business
local » afin de favoriser un environnement
propice à la création et au développement
d’entreprises.
Pour ce faire, il est nécessaire de promou-
voir le marketing territorial dans une pers-
pective de renforcement de l’attractivité des
territoires dans un environnement interna-
tional de compétition et de complémentarité
au-delà des facteurs initiaux de dotation
factorielle.
C’est dire que le Pôle – territoire constitue
un cadre pertinent de définition d’une vision
partagée du développement, de construction
et de mise en œuvre d’un projet de territoire
et de coproduction des familles d’acteurs
territoriaux (collectivités locales, secteur
privé, société civile, administration territoriale
déconcentrées).
Cette démarche requiert une interven-
tion ardue à la fois aux plans national et
international.
Au plan national, la mise en œuvre des
pôles – territoire requiert une approche
concertée basée sur la maîtrise de l’infor-
mation territoriale et des dynamiques locales.
L’institution des Agences de développement
territoriales (ADT) pourrait servir de tremplin
pour i) la systématisation des dynamiques
et informations territoriales au niveau des
pôles territoires identifiés, ii) l’animation des
cadres de concertation et de coproduction
d’une vision partagée sur la base d’un projet
de territoire défini d'un commun accord,
iii) la conception et l’expérimentation des
instruments et référentiels de mise en ap-
plication des principes et critères établis
pour la création des pôles territoires et enfin,
iv) la coordination de la réflexion et des
échanges entre acteurs territoriaux sur les
modalités et formes de gouvernance des
pôles territoires.
Au préalable, une communication accrue
devrait être mise en œuvre au niveau na-
tional sur la vision, les enjeux, les orientations
et options politiques ainsi que sur les prin-
cipes, modalités et critères de mise en œuvre
des pôles territoires. L’expérience capitalisée
des Agences régionales de développement
(ARD) serait mise à profit pour mutualiser
l’expertise, les outils, les bases de données
territoriales et les approches innovantes gé-
nérées par les territoires. Les processus en
cours, d’une part, de révision du Plan na-
tional d’aménagement et de développement
des territoires engagé par l’Agence nationale
de l’Aménagement du Territoire et de ses
instruments de mise en œuvre, et d’autre
part, de formulation des quatre (04) pro-
grammes contenus dans le Document plu-
riannuel de programmation des dépenses
du Ministère de la Gouvernance locale, du
Développement et de l’Aménagement du
Territoire (MGLDAT) offrent le cadre de pi-
lotage, de coordination technique et de mise
sur orbite de cet important chantier qui de-
vrait s’inscrire dans la durée.
Sous ce rapport, la question sur les mo-
dalités de gouvernance des pôles territoires
ne devrait point précéder les phases d’in-
formation, de communication et de mise
en place des dispositifs de pilotage, de coor-
dination technique et d’animation du pro-
cessus. Les implications évidentes de l’ob-
jectif de territorialisation des politiques
publiques et son corollaire en matière de
redéfinition des échelles de compétences
et des responsabilités des acteurs territoriaux
invitent à adopter une démarche prudente,
itérative et participative mobilisatrice de
toutes les énergies au-delà des querelles po-
liticiennes et de la prise en compte des replis
identitaires et spécificités de chaque territoire.
Au plan international, la trame de fond
sur laquelle devrait s’appuyer le processus
d’inclusion des territoires dans la coopé-
ration institutionnelle serait alors l’accom-
pagnement des Etats à organiser le partage
du pouvoir et la promotion de la démo-
cratie et de la transparence. A cet effet, l’in-
clusion de l’approche territoriale dans les
politiques publiques et dans la coopération
internationale offre l’opportunité de pro-
mouvoir la solidarité régionale ainsi que
le dialogue des territoires, notamment la
coopération sud-sud et triangulaire. Elle
renforce également la prévention des
conflits et la valorisation des dynamiques
et initiatives locales dans l’Agenda du chan-
gement. D’où la nécessité de construire
des plateformes nationale et régionale de
gestion et de partage des connaissances.
De plus, l’articulation entre les politiques
publiques et la gouvernance locale ouvre
une nouvelle perspective dans l’Agenda de
l’intégration nationale, régionale et africaine
pour un développement durable. Encore
faudrait-il considérer que chaque territoire
est spécifique car ayant son propre par-
cours. Ainsi, malgré la pertinence de la
coopération décentralisée, il semble né-
cessaire de dépasser son champ actuel
d’intervention pour ouvrir de nouvelles
perspectives de financement solidaire, de
transfert d’expériences et de prise en
charge des défis mondiaux tels que le
changement climatique, l’économie verte
et la définition d’un nouvel ordre mondial.
Au total, l’on peut affirmer que l’inclusion
du territoire devient une condition de l’in-
tégration nationale. L’approche territoriale
fait appel à l’analyse systémique dans la-
quelle le territoire, le système productif
ainsi que les dynamiques locales ne peu-
vent plus être traités séparément. Elle per-
met d’approcher autrement le rôle et la
place du secteur informel dans les éco-
nomies locales, de développer des parte-
nariats innovants et de replacer les asso-
ciations faitières des collectivités locales
au cœur du dialogue institutionnel.
GRAND ANGLE : LA GESTION DES DÉCHETS SOLIDES
�17GOUVERNANCE TERRIRORIALENOVEMBRE 2015
de Dakar et des communes de Tivaouane,
Touba et Kaolack. Il est principalement at-
tendu la réalisation d’infrastructures aux
normes et l’acquisition d’équipements.
La phase opérationnelle du PGDSU
sera accompagnée par l’acquisition d’équi-
pements de pré-collecte et de collecte, de
la réalisation d’infrastructures d’élimination
des déchets solides, conformément aux
bonnes pratiques environnementales, dans
les localités ciblées et du renforcement
durable des capacités des acteurs pour
une prise en charge efficace du système
de gestion retenu.
Il est prévu dans ce programme, la créa-
tion de trois(03) Centres intégrés de Valo-
risation des Déchets (CIVD) au niveau de
Touba, Tivaouane et Kaolack, trois (03)
Centres de Regroupement et de Commer-
cialisation des déchets (CRC) dans les
mêmes localités et de 35 Points de regrou-
pement normalisé (PRN).
Seulement l’image que les populations
se font de la décharge des déchets et de ce
que serait un CIVD ou les futurs PRN dans
les quartiers était encore très floue.
Ainsi du 18 Août au 02 Sept 2015, une di-
zaine de rencontres ont été organisé dans
chacune des communes avec l’appui des
Comités technique locaux de gestion des
déchets (CTL) des communes concernées
pour échanger avec les populations.
Auparavant, il s’est tenu, du 04 au 07
Août 2015, une visite d’imprégnation au
Maroc sous la conduite de Monsieur Ab-
doulaye DIOUF SARR, Ministre de la Gou-
vernance, du Développement et de l’Amé-
nagement du Territoire avec la participation
des techniciens de l’UCG.
Cette visite a enregistré la participation
des élus, des acteurs communautaires et des
chefs de service régional de l’environnement
des villes bénéficiaires du Projet de gestion
durable des déchets solides urbains (PGDSU)
et des Représentants des Khalifes généraux
de Touba, Tivaouane et Médina Baye Niass
afin de s’inspirer de l’expérience réussie au
Maroc, dans la gestion des déchets solides.
Vous conviendrez avec moi que la gestion
des déchets ne saurait être l’affaire des seules
collectivités locales mais de toute la société
et particulièrement des populations bénéfi-
ciaires et productrices de déchets.
Partant de ce constat, nous avons mis en
place le projet de développement commu-
nautaire. Ce projet a pour objectif de créer
les conditions nécessaires favorisant la contri-
bution de la population au travers de leur
implication de façon crédible et efficace dans
la gestion des déchets solides.
Elle envisage également de contribuer
activement à la création d’emplois décents
et à la génération de richesses, assortie
d’une formation de capital favorisant l’in-
vestissement.
Des ateliers ont été organisés dans les
communes bénéficiaires du Projet de Gestion
durable des Déchets Solides Urbains
(PGDSU) et ont permis d’élaborer les docu-
ments de projet.
Ces ateliers ont vu la participation des ser-
vices déconcentrés de l’Etat, du mouvement
associatif, de même que des organisations
non-gouvernementales. Des travaux de qua-
lité ont été effectués avec des propositions
très pertinentes sur le cadre institutionnel,
organisationnel, technique et financier de la
gestion des déchets solides dans les com-
munes concernées.
Face aux besoins d’informations et aux
comportements inciviques par rapport à la
gestion des déchets solides, nous avons lancé,
avec l’appui de tous les acteurs, une cam-
pagne de communication et de marketing
social à l’effet de promouvoir des compor-
tements éco responsables.
Pour exemple, il à été organisé du 17 au
20 septembre 2015 à Dakar la première édi-
tion du concours de création d’applications
numériques au service de l’environnement
appelé « 55h : l’Innovathon de la Franco-
phonie ». Cette édition placée sous le thème
: « Cites francophones durable : l’innovation
numérique au service des politiques envi-
ronnementales, urbaines des pays en déve-
loppement » a connu un grand succès. Les
55h de l’Innovathon ont démontré que le
Sénégal se porte bien en matière de déve-
loppement d’applications. Aussi les projets
primés prouvent que la politique en matière
de gestion des déchets solides est bien com-
prise par la cible jeune.
L’école n’est pas laissée en rade car nous
avons lancé, en rapport avec le Ministère
de l’Education nationale, un projet d’édu-
cation et de promotion des pratiques éco-
responsables dans la gestion des déchets
solides qui vise à promouvoir, dans le milieu
scolaire, les bonnes pratiques de gestion
du cadre de vie.
Avec les nouveaux enjeux liés à la stra-
tégie et pour disposer de profils adéquats
et des compétences appropriées, nous
avons engagé le processus de formulation
d’un plan de formation sur les métiers de
la gestion des déchets.
Le programme 3P a été lancé depuisplus d’un an, quel est le bilan d’étape àdresser ?
Le Programme prioritaire de Propreté (3P)
a été initiée, comme mesures d’urgence et
curative, pour faire face à l’insalubrité gé-
néralisée. Lancé le 23 avril 2014, le 3P a déjà
touché plus de soixante (70) collectivités lo-
cales, principalement l’ensemble des capi-
tales régionales et départementales, où nous
avons éradiqué l’essentiel des dépôts sau-
vages qui y étaient constitués depuis plus
de 30 ans. Ces opérations ont permis de
mettre en décharge entre avril 2014 et Août
2015 plus de cinq cent vingt neuf mille (529
432) tonnes de déchets. Aussi, plus de 14.488
personnes été mobilisées dans cette même
période pour désensabler les principales
artères, éradiquer les dépôts sauvage dans
les gares routières, marchés etc.
Actuellement, nous sommes la deuxième
phase qui vise à pérenniser les acquis par
la mise en place de dispositif allégé de pro-
preté dans dix sept (17) collectivités locales
Quelles ont été vos réalisationsconcernant le projet de développementdes filières de valorisation ?
L’action préalable au développement de
filières de valorisation des déchets solides
est la connaissance des déchets en termes
de flux et de caractéristiques physico chi-
miques.
Ainsi, avons-nous fini une campagne na-
tionale de caractérisation des déchets solides.
Elle a débuté en Août 2014 et a permis de
collecter des données sur la qualité et la
quantité de nos déchets solides.
Dans le même sillage, une étude de faisa-
bilité est en cours pour la mise en place de
filières de valorisation des déchets solides.
Cette étude permet de déterminer les filières
prioritaires et le modèle économique consé-
quente.
Quelles sont vos projections ?Notre objectif majeur est d’achever les
réformes afin de disposer d’un bon cadre
juridique. A cet effet, nous nous redoublons
d’effort pour faire adopter la loi d’orien-
tation pour la promotion d’une gestion
durable et intégrée des déchets et la mise
à jour des décrets et arrêtés qui réglemen-
tent le secteur.
Pour conforter la stratégie nationale,
nous rendrons disponible les résultats de
la campagne nationale de caractérisation
des déchets qui vise à déterminer les flux,
les typologies et les caractéristiques phy-
sico-chimiques de nos déchets. Aussi, le
Projet de Gestion durable des Déchets
solides urbains (PGDSU), financé par la
BID et l’Etat du Sénégal, sera-t-il opéra-
tionnel avec le démarrage imminent des
travaux de construction des infrastructures.
Nous tâcherons encore de capitaliser
les expériences et de créer des savoirs pour
les besoins de renforcement de capacités
des parties prenantes.
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS ET DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL
�25GOUVERNANCE TERRIRORIALENOVEMBRE 2015
Les deux principaux cycles pourla mise en place d’un budgetparticipatif :
En lien avec la mise en œuvre du processus du budget participatif,le respect scrupuleux des deux cycles de mise en œuvre s’impose.
• Cycle 1 de la participation citoyenne Ce premier cycle vise, entre autres objectifs, à porter la voix des
citoyens des quartiers et zones au sein des institutions pu-bliques locales notamment lors de l’identification des besoinsprioritaires, à travers :
- Les forade quartiers / Forum zonal : cette étape consiste à faireun diagnostic par zones regroupées selon les spécificités ;
- Le forum des délégués : Cette phase concerne les études tech-niques et financières ainsi que le choix des projets prioritaires.Il s’agit de procéder à l’évaluation financière afin de voir lesprojets réalisables. Sur le forum des délégués, on peut noterdifférentes modalités de définition consensuelle des actionsprioritaires à retenir par vote des priorités ou par consensus ;
- Le forum communal : Cette étape ne remet pas en cause ledébat d’orientation budgétaire mais permet de préparer lecontenu de ces discussions. C’est la rencontre élus - déléguésdu BP pour le choix des projets. L’enjeu de la nouvelle phasesera donc de faire comprendre aux autorités administrativesl’importance du forum communal pour le débat d’orientationbudgétaire. La communication sur le budget voté peut prendreplusieurs formes (soit par radio, soit en présence- par télé-phone) ;
- Le vote et l’approbation par les élus.
• Cycle 2 de la redevabilité et de l’obligation de rendrecompte des élus locaux
Ce cycle capital au processus donne l’opportunité de crédibiliser leprocessus et d’assurer une fluide communication entre les institutionslocales avec leur environnement socio politique. Ce cycle est essen-tiellement axé sur la communication et porte notamment sur :
- l’exécution: il s’agit de respecter les principes de passation demarchés et d’exécution de projets (accessibilité de l’informationau service public local au delà de l’affichage - conception par-ticipative de projets communautaires – suivi communautairedes réalisations ;
- la redevabilité : c’est le devoir des élus de rendre compte auxpopulations. Cela consiste à renforcer la communication endonnant la bonne information car permettant de rendre ef-fectif le processus ;
- le suivi et le bilan : c’est l’étape d’information du conseil localsur l’approche du budget participatif. Il s’agit de séances d’in-formations, de présentation du budget et des comptes ad-ministratifs de la collectivité locale aux populations.
- Cette phase prendra également en compte le renforcementdes capacités des acteurs locaux (maîtrise d’ouvrage commu-nale, passation de marchés, textes de loi sur la décentralisa-tion, analyse financière, etc.)
dans la déclinaison de l’Acte 3 de la décentralisation.
En effet, dans le nouveau Code général des col-
lectivités locales, il est noté une promotion soutenue
de la participation des citoyens dans la gestion des
affaires de la cité. Afin de donner plus d’ampleur
à l’implication directe des populations dans la mise
en œuvre des politiques locales, la participation
citoyenne a été élevée au rang de principe aux
côtés de celui de la libre administration. A cet effet,
il est proposé, comme mécanisme opérationnel,
la création dans chaque collectivité locale, d’un
cadre de concertation. Ce cadre dont les modalités
d’organisation et de fonctionnement seront fixées
par décret, est consulté sur les plans et projets de
développement locaux. En outre, il peut être
consulté sur toute autre matière d’intérêt local.
Dans cette même optique, il est suggéré la for-
malisation des initiatives constatées à l’échelle com-
munale, à travers les conseils consultatifs de quartier
ou de village. La composition, l’organisation et le
fonctionnement des conseils consultatifs seront
fixés par arrêté du ministre chargé des collectivités
locales. Ces innovations introduites dans l’Acte 3
de la décentralisation placent le citoyen au cœur
de la démarche de l’Action publique. C’est dire
que Monsieur le Président de la République a saisi
toute la portée et la signification profonde issues
des mutations impulsées par les acteurs des terri-
toires.
Aujourd’hui, il est constaté un regain d’intérêt
auprès des collectivités locales qui sollicitent la
mise en place d’un budget participatif. Dès lors, il
est important de s’entourer de précautions métho-
dologiques pour sa parfaite mise en œuvre. Mais,
dans le même temps, il convient de signaler que
le budget participatif, étant par essence flexible,
ne saurait se résumer en un modèle figé. Il est pos-
sible à partir de ses propres réalités, de concevoir
un budget participatif qui nous est propre et qui
peut être une première étape. Et, éventuellement
l’intensifier en fonction de l’expérience.
Pour une bonne mise en place du budget par-
ticipatif, il est conseillé aux collectivités locales, le
respect des deux phases ci-dessous.
Il convient de signaler que le bud-get participatif, étant par essenceflexible, ne saurait se résumer en
un seul modèle figé. Il est possibleà partir de ses propres réalités, deconcevoir un Budget participatifqui nous est propre et qui peut
être une première étape.
26 GOUVERNANCE TERRIRORIALE NOVEMBRE 2015
Focus sur l’état de la mise en œuvre de la fonction publique locale
L’effectivité de la fonction publiquelocale en jeuLes décrets pris en application de la loi n�
2011-08 du 30 mars 2011 portant statut général
des fonctionnaires des collectivités locales et
relatifs aux statuts particuliers des cadres de
fonctionnaires de l’administration générale, des
travaux publics et des transports mais également
des cadres de la santé et de l’action sociale des
collectivités locales, prévoient, dans leurs dis-
positions transitoires, la création de commis-
sions ad hoc d’intégration, présidées par le Di-
recteur des Collectivités locales. Ces
commissions sont chargées d’examiner les de-
mandes d’intégration des agents des collectivités
locales et de soumettre à l’autorité ayant pouvoir
de nomination les mesures d’intégration, de
reclassement ou d’avancement requises. Ainsi,
suite à l’audit du personnel des collectivités lo-
cales qui a permis au Ministère de la Gouver-
nance locale, du Développement et de l’Amé-
nagement du Territoire de disposer d’un fichier
exhaustif du personnel des collectivités locales,
la commission ad hoc d’intégration au cadre
des fonctionnaires de l’Administration générale
a démarré ses travaux le 28 avril 2014. A ce
jour, elle a examiné les demandes d’intégration
des agents de la quasi-totalité des agents des
collectivités locales. Les résultats desdits travaux
ont été publiés récemment sur l’ensemble du
territoire national. Les arrêtés de nomination
des agents aux différents corps proposés sont
en cours d’élaboration et de signature par les
autorités locales investies du pouvoir de no-
mination. Il est important de souligner que la
loi précitée répond à la préoccupation de ren-
forcer le principe de la libre administration des
collectivités locales en confiant l’administration
et la gestion du personnel à l’organe exécutif
local tout en mettant en place un cadre qui
fixe les droits et obligations des personnels des
collectivités locales et de leurs employeurs. Les
travaux de la commission « Administration
générale » étant achevés, ont démarré ceux de
la commission « Santé et action sociale ». Sui-
vront les travaux de la commission « Travaux
publics et transports».
Un rapport portant répertoire des emplois types et des compétences des collectivités locales en vue
La réforme institutionnelle de 1996 qui
constitue un tournant décisif dans le processus
de décentralisation au Sénégal avait prévu la
mise en place par décret, d’organigrammes
types par ordre de collectivités locales. Toutefois,
ledit texte n’a jamais été élaboré et pris, en-
gendrant ainsi une diversité d’organigrammes
constatée d’une collectivité locale à une autre.
Pour mettre fin à cette situation, le Ministère
de la Gouvernance locale, du Développement
et de l’Aménagement du Territoire avait recruté
un Cabinet chargé de mener l’étude sur les
organigrammes-types des collectivités locales.
Le Cabinet commis a récemment produit un
répertoire des emplois et des compétences
consignant l’inventaire des emplois des col-
lectivités locales et définissant la structure hu-
maine adéquate en mesure de réaliser l’activité
des collectivités locales, en respectant les im-
pératifs de qualité. Ce répertoire permet éga-
lement de mieux connaître le portefeuille des
emplois exercés au niveau des collectivités lo-
cales, d’offrir une meilleure lisibilité de ces em-
plois et de leur évolution et d’élaborer les or-
ganigrammes-types adaptés aux différents
ordres de collectivités locales.
Signature du protocole Etat-Intersyndicale des travailleursdes collectivités localesLe Gouvernement du Sénégal a signé un
protocole d’accord avec l’Intersyndicale des
Travailleurs des collectivités locales depuis le
30 avril 2015. En effet, suite au mémorandum
déposé par l’Intersyndicale des Travailleurs des
Collectivités locales axé principalement sur le
redéploiement du personnel des collectivités
locales, la fonction publique locale et la situation
des anciens secrétaires communautaires, des
négociations ont été ouvertes entre les deux
parties. Sur instruction du Ministre de la Gou-
vernance locale, du Développement et de
l’Aménagement du Territoire, un comité de
suivi de la mise en œuvre du protocole est
mis en place. Ledit comité se réunit chaque
semaine.
Des perspectives heureuses pour Travailleurs des Collectivités localeD’abord, l’organisation de la dernière session
de l’audit est prévue. Toutefois, une importante
campagne d’information doit être mise en
œuvre pour permettre aux agents des collec-
tivités locales concernés d’être enrôlés et ainsi,
d’être proposés à l’intégration dans un corps.
Ensuite, des ateliers zonaux de partage seront
organisés sur la fonction publique pour mieux
vulgariser cette réforme. De ce fait, les dispo-
sitions méconnues par beaucoup d’acteurs,
notamment les agents des collectivités locales,
feront l’objet d’une meilleure appropriation
par les principaux bénéficiaires.
Enfin, la mise en place d’un centre de for-
mation des administrations locales va para-
chever la volonté de l’Etat de doter les collec-
tivités locales de ressources humaines
performantes et adaptées aux nouveaux be-
soins et aux multiples défis du développement.
La mise en place du centre de formation des
administrations locales dont la durée de la for-
mation, les programmes et modalités seront
fixés par arrêté conjoint des ministères chargés
des collectivités locales et de la fonction pu-
blique, a été confortée par l’analyse faite sur le
profil des agents des collectivités locales lors
des travaux des commissions d’intégration. Il
en est de même de la mise en place de tous
les cadres prévus et appropriés et qui fixent
les droits et obligations des personnels des
collectivités locales et de leurs employeurs.
Aussi, la mise en place de la structure de
gestion de la fonction publique locale sera
dans le prolongement de la mise en place du
centre de formation. La gestion des carrières
et de la mobilité des agents des collectivités
locales est un élément déterminant dans la
mise en œuvre effective de la fonction publique
locale. Tant attendue par le personnel des col-
lectivités locales, elle requiert des ressources
humaine, financière et matérielle assez consé-
quentes. En outre, toute réforme nécessite un
accompagnement relatif à trilogie précitée.
D’où la nécessité de lui accorder toute l’im-
portance qui sied. A ce titre, le Gouvernement
du Sénégal a marqué son accord pour assigner
à une structure la mission de suivi de la gestion
des agents des collectivités locales : gestion
des effectifs, des carrières, de la mobilité, de la
masse salariale, organisation des concours, for-
mation. Concernant le versement des retenues
pour pension de l’IPRES au FNR, elle est au
La question de l’opérationnalisation de la fonction publique locale est posée par beaucoup d’agentsdes collectivités locales. Toutefois, il important de préciser que l’effectivité est subordonnée à laréalisation de plusieurs étapes.En dépit de toutes les inquiétudes, l’état de mise en œuvre de la fonctionpublique locale est assez satisfaisant.
� PAR YACINE BIAYE, DIRECTION DES COLLECTIVITÉS LOCALES
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS ET DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL�
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