LES 11 QUARTIERS NANTAIS
Quinze pages d’actualitésur votre lieu de vieQuinze pages d’actualitésur votre lieu de vie
HISTOIRES DE QUARTIERS
Du Marchix au Pin-Secet le Bas-ChantenayDu Marchix au Pin-Secet le Bas-Chantenay
SUPPLÉMENT À NANTES PASSION, MAGAZINE DE L’INFORMATION MUNICIPALE N°145 -MAI 2004
CE MOIS-CI
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Avec le retour des beaux jours, revient le temps des fêtes dans les quartiers nantais. Voici les prochainsrendez-vous festifs, quartier par quartier :
➜ En centre-ville, La fête du Lait de Mai, le samedi 15 mai (voir p. 12).
➜ La fête du quartier Saint-Félix, le samedi 15 mai(voir p. 22/23).
➜ Autour de la place de la Manu, le centresocioculturel convie les habitants du quartier à faire la fête autour de deux temps forts : le samedi 5 juin,soirée conviviale avec repas et bal, de 19 h à minuit, et le dimanche 6 juin, vide-grenier et animations, de 9 h 30 à 16 h. Contact : 02 40 37 07 87.
➜ Les Buttineries de la butte Sainte-Anne, samedi 5et dimanche 6 juin prochains (voir p. 14/15).
➜ “Quartier en fête au fil de l’Erdre”, grand rendez-vousfestif de Nantes Erdre, le 5 juin (voir p. 13).
➜ À Nantes Nord, c’est autour du thème de la forêt et des lutins que se déclinera la fête du centresocioculturel de la Boissière qui aura lieu le 12 juin à partir de 14 h. Au programme : spectacle, jeux...Renseignements : CSC Boissière, 9 bis, rue Jean-de-la-Bruyère . Tél. 02 40 76 96 85.
➜ Sur l’Île de Nantes, Quartier en scène, du 7 au 12 juin (voir p. 16).
➜ À Nantes Sud, la fête du Clos-Toreau aura lieuautour de l’espace pataugeoire, le samedi 12 juin. Au programme : repas de quartier autour d’une paellaanimé par un groupe flamenco, scène ouverte l’aprés-midi aux jeunes et enfants du quartier, jeux de kermesse, poneys, manège... À partir de 19 h,percussions africaines, puis soirée dansante et grillades. Renseignements : tél. 02 40 34 19 27.
➜ Fête aux Dervallières, le samedi 19 juin (voir p. 10/11).
NANTES AU QUOTIDIEN
L’ENQUÊTE
LES 11 QUARTIERS
Ils vivent seuls ou en famille, en maison, en appartement ouen foyer pour personnes âgées. Par amour des animaux, parbesoin de compagnie ou pour garder leur logement, septNantais racontent leur quotidien à la maison comme dans laville avec leur animal de compagnie. Enquête.
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SOMMAIRE
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HISTOIRESDE QUARTIERSDu Marchix au Pin-Sec,histoire d’un relogementPatrimoine industriel du Bas-Chantenay
Dervallières / Zola Témoignages d’intégration
Centre-Ville À l’école Molière, on apprend en se promenant
Nantes Erdre Un plan de circulation “grandes manifestations”
Bellevue / Chantenay Le Carrefour des Citoyens s’installe place Jacksonville
Île de Nantes Le quartier sur le web
Breil / Barberie Une yourte pour le jeune public
Malakoff / Saint-DonatienCultiver son jardin en fauteuil
Doulon / BottièreDeux fois par mois, les petits-déjeuners de quartier
Nantes Sud Des platanes si majestueux
Hauts-Pavés / Saint-FélixUn projet d’envergure au Martray
Nantes NordArbres, une passerelle pour l’emploi
Nantes au quotidien, supplément à Nantes Passion
Directeur de la publication : Jean-Marc AyraultCo-directeur de la publication : Mathieu BaradeauRédacteur en chef : Philippe BougléResponsable Nantes au Quotidien : Isabelle RobinPhotos : Stéphan Ménoret, Régis Routier, Phil JournéOnt collaboré à ce numéro : Laurent Billaud, Jacques Chanéac, Armelle de Valon,Michaël Gheerbrant, Emmanuelle Morin, Laure Naimski, Pascale Wester.
En ville avec son anangnie aimante et rassurante d’un animalfamilier. Toute petite, Huguette Chaize serappelle avoir élevé oiseaux, grenouillesou tritons et vivre avec un chien est pourelle une évidence. Huguette habite seuledans une grande maison près du parc deProcé. “Un chien, c’est tellement de joie !C’est une présence vivante dans la maisonet après la mort de mon grand bouviersuisse, je me suis tout de suite mise enquête d’un autre chien... Chouky est unberger norvégien de cinq mois et demi.” Dans son appartement des bords del’Erdre, Marie-Antoinette Thépaut ne ditpas autre chose : “Mon mari travaille et jesuis seule une bonne partie de la journée.Pumba, mon yorkshire de quatre ans etdemi, m’apporte beaucoup : je lui parle, il
Une famille nantaise sur quatrevit avec un animal de compa-gnie, chiens et chats bien sûr,arrivant en tête au palmarèsdes choix. Un chiffre qui
confirme largement la tendance nationa-le (voir encadré). Domestiqués depuis lanuit des temps, ces compagnons à quatrepattes sont moins considérés aujourd’huien fonction de leur utilité que comme devrais partenaires du quotidien. Prochesde l’homme, ils ont dû s’adapter à sesconditions de vie et, on ne peut l’ignorer,prennent désormais toute leur place dansla vie de la cité.Les personnes qui ont toujours connu uneprésence animale dans leur foyer ont sou-vent du mal à s’imaginer sans la compa-
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L’ENQUÊTE
Ils vivent seuls ou en famille, en
maison, en appartement. Ils ont
en commun de vivre avec un chien
ou un chat. Par amour des
animaux, par besoin de
compagnie ou pour garder leur
logement, sept Nantais racontent
leur quotidien à la maison comme
en ville, avec Uguette, Gringo,
Kaiser, Caramel, Chouky, Pumba,
Samy et Newton. Enquête.
“Quand nous sommesarrivés à Nantes, Pumba
tirait sur sa laisse, aboyait,avait peur des voitures, du
tram ou des motos etgrognait sur les autres
chiens. La promenade, cen’était plus un plaisir, ni
pour lui, ni pour moi”se souvient Marie-Antoinette
Thépaut, qui a fait appel à une
vétérinaire spécialisée pour
être conseillée sur l’éducation
de son chien.
imal de compagnieimal de compagnie
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comprend et vous savez, on s’y attachetrès fort...”Pour la famille Salaün, vivant en apparte-ment sur l’île Beaulieu, un chien participeaussi de l’apprentissage de la vie : “Pournous, avoir un animal, c’est naturel et nousvoulions offrir cela à nos deux enfants, Vic-tor et Nathan. La présence d’Uguette, notrejeune chienne shar peï, permet de dévelop-per leur sens des responsabilités et offreune présence amicale. Aujourd’hui, on veuttout aseptiser, mais ce n’est pas ça la vie !” L’une des premières fonctions du chiendepuis sa domestication par l’homme il ya 14 000 ans, est celle de la garde, de lamaison, de la famille ou des troupeaux.Pour Ludovic B., son chien Kaiser remplittrès exactement cette fonction : “À l’époque
où Kaiser est arrivé, je vivais à la campagneavec ma famille, entouré de poules, dechèvres et d’oiseaux. On m’a offert ce jeuneRottweiler pour garder la maison et joueravec les enfants. Un cadeau un peu empoi-sonné, car aujourd’hui, je vis à Nantes, prèsdu Petit-Port, dans un studio de 40 m2.Mon chien pèse 54 kg, c’est un vrai molosse.Il fait partie des chiens de catégorie 2, estdéclaré en mairie, tatoué, vacciné, assuréet nous avons l’obligation de lui faire por-ter une muselière... C’est une contrainte,mais il est bien éduqué et remplit parfai-tement sa mission : il garde la maison, pro-tège sa famille, et il le fait bien.” Au foyer-logement de la butte Sainte-Anne, le chat Caramel a pris ses quartiers.Une histoire d’amitié, un solide remède
également contre la solitude liée auvieillissement : “Caramel appartenait auvoisinage” raconte Michèle Arzo, respon-sable de la structure. “Elle a commencé àvenir, s’est incrustée et a fini par faire laconquête des quinze résidents du foyer-logement. Elle a élu domicile dans deuxchambres du foyer, utilisant l’une la nuit,l’autre le jour. Caramel apporte une com-pagnie aux personnes âgées, de la dou-ceur, elle nous fait rire et nous fait parler.Tout le monde s’inquiète du chat ! C’est unvrai lien d’amitié entre tous, elle fait vrai-ment partie de la maison.” Huguette Chaize parle des maisons de retraite quin’acceptent pas les animaux : “C’est par-fois dramatique. La séparation avec un ami,un confident peut être traumatisante pour
“Le chat Caramel apporte une compagnie aux personnes âgées dufoyer-logement et de ladouceur. Elle nous fait rireet nous fait parler.C’est un vrai lien d’amitiéentre tous, elle fait vraimentpartie de la maison”explique Michèle Arzo,
responsable de la structure.
obéir... D’où son choix d’un berger norvé-gien, plus petit, plus rustique. “Je me suisinformée un peu partout, j’ai un peu voya-gé et beaucoup lu pour trouver un chienqui me convienne parfaitement.”Armelle Leblais s’est appuyée sur des cri-tères très précis pour choisir son animal :“J’avais envie d’un chien déjà un peu grandsans être trop vieux. Je ne voulais pas d’unchiot qui fasse des bêtises dans l’appar-tement, et je ne voulais pas d’épagneul.J’ai pourtant craqué pour Gringo... un épa-gneul de trois ans. Il a su tout de suite sefaire aimer.”
Connaître les origines du chien éviteles mauvaises surprises. Mais com-ment s’y prendre pour trouver l’animal de sesrêves ? Plusieurs solutions sont possibles.Armelle, malgré quelques réticences, a choi-si la SPA : “Je ne savais pas trop commentça se passait, je me méfiais un peu” avoue-t-elle. “Mais il y a trop de chiens sans maître,abandonnés, et j’ai été bien conseillée.” Bruno Boutet habite Bellevue. Il a achetéson chien, Samy, dans une animalerie.“Samy est un boxer, un chien puissant, vif.
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} une personne âgée et il n’est pas rare de voirles gens vieillir ensuite d’un seul coup !”
Vivre avec un animal, c’est un choix.Vivre avec un animal, un chien notamment,est une décision importante qui engage lepropriétaire sur la durée, sur plusieursannées. Un mauvais choix, mal assumé,conduit trop souvent à l’abandon, voire àl’euthanasie.La présence ou non d’enfants, le type delogement individuel ou collectif, l’âge et lepotentiel physique du propriétaire, lesatouts physiques de l’animal, la disponi-bilité, le budget, sont autant de d’élé-ments à prendre en compte pour choisirson animal. “Nous avions déjà flashé surles shar peï, mais c’était un peu cher pournous... Quand plus tard, nous avons perdunotre Westie, nous avons décidé de fairece choix. Nous nous sommes renseignéssur la race, sa compatibilité avec lesenfants, son mode de vie...” explique lafamille Salaün.Huguette Chaize a toujours préféré lesgrands chiens mais, à 70 ans passés, elleestimait n’avoir plus la force de s’en faire
Je n’ai pas eu de souci avec lui, mis à partle fait qu’il tirait sur sa laisse en prome-nade.” Il a ensuite recueilli Newton, unbébé berger allemand qu’il a élevé lui-même. Pour Bruno, avoir un chien c’est dutravail, du temps et de la présence : “Nousavons pris nos deux chiens en connais-sance de cause : ce sont les pipi-caca dansla maison quand ils sont petits, des poilssur la moquette, il faut le savoir... Quantaux vacances ou aux week-ends, on partavec eux ou on ne part pas. Ce sont desmembres de la famille.”Pour sa part, la famille Salaün s’est adres-sée à un éleveur : “Nous en avons choisiun qui n’élevait que des shar peï et quiassurait un vrai suivi du chien. Nous vou-lions vraiment savoir d’où elle venait... Ily a trop de problèmes quand on ne connaîtpas les origines de l’animal. Et je dois direque tout s’est passé pour le mieux, notam-ment avec nos enfants... La chienne estarrivée en plein déménagement et s’estremarquablement adaptée.”Connaître les origines d’un animal, sesconditions d’élevage, son état de santé estun droit pour tout acquéreur. Un droit qui
“Si mon chien fait sesbesoins sur un chemin, untrottoir, je ramasse ! Quant
au caniveau, ce n’est pasévident en ville : lesvoitures vous frôlentrapidement.... Il faut
encourager les attitudesciviques” estime
Huguette Chaize.
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aide à lutter contre le trafic d’animauxfamiliers et limite les mauvaises surprisesà l’arrivée, un animal malade ou perturbépar exemple.
Savoir fixer des limites claires. Trèsvite, le chien prend sa place dans la famil-le et tous s’accordent à dire qu’il faut semontrer ferme : “Dès le début, il fautapprendre à ne pas tout mélanger. Leshommes à leur place, le chien à la sienne.Il faut être clair, cohérent et rigoureux etimposer les règles de vie de la maison”expliquent ensemble la famille Salaün etHuguette Chaize. Armelle Leblais donneun exemple : “Dès le départ, Gringo a dûapprendre quelles étaient les pièces del’appartement autorisées et celles quiétaient interdites.” Au foyer-logement de la butte Sainte-Anneaussi, il y a des règles de vie : “Outre lebilan vétérinaire obligatoire dans unestructure comme la nôtre, la règle princi-pale est d’éloigner les animaux au momentdes repas. D’une part à cause du risquede chute pour les résidents, d’autre partpour éviter de donner trop à manger au
chat ! C’est très mauvais pour la santé deCaramel” sourit Michèle Arzo.Kaiser, le chien de Ludovic, n’entre pasdans la maison. “Un molosse de 54 kgdans 40 m2, ce n’est pas possible. Kaiservit dans le garage et assure très bien sonrôle de chien de garde. Il est très intelli-gent et très obéissant. Mais j’ai mis beau-coup de temps à l’éduquer, avec desconseils et des livres spécialisés sur cetype de chien. Aujourd’hui il n’y a aucuneambiguïté, c’est moi le maître.”Fixer des limites claires et des règles devie n’est pas toujours chose facile etMarie-Antoinette en sait quelque chose :trop tôt séparé de sa mère, son yorkshirePumba a rapidement montré quelquestroubles du comportement : “Au départ, iln’aimait pas les petits enfants, ni lesautres chiens : il grognait, aboyait et mon-trait les crocs. Quand nous sommes arri-vés à Nantes, le problème s’est accentuéet Pumba a commencé à stresser pendantles balades. Quand il est devenu jaloux demon mari, je me suis décidée à réagir etsuis allée voir une vétérinaire spécialisée.Mais aujourd’hui, ma principale angoisse,
c’est la réaction de Pumba quand nousaurons des petits-enfants !”
L’éducation, un passage nécessaire.Tous les témoignages concordent : unchien s’éduque sous peine de vivre unenfer. Les aboiements par exemple, peu-vent rapidement devenir insupportablespour les voisins : mode de communication,signal de détresse ou solitude, l’aboie-ment signifie toujours quelque chose. Undésagrément que l’on peut anticiper grâceà une éducation adaptée, avec ou sans lefameux “collier anti-aboiement.”Pour leur part, la famille Salaün et HuguetteChaize ont fait éduquer leur chien dès leplus jeune âge : “Nous voulions éviter denous faire déborder. Un chien bien éduqués’intègre mieux dans la famille, est mieuxaccepté par l’environnement. On peut plusfacilement l’emmener partout...” Samy, le jeune Boxer de Bruno, avait unefâcheuse tendance à tirer sur sa laisse etGringo, l’épagneul d’Armelle, celled’agresser ses congénères : tous deux ontprofité des conseils d’un éducateur canindu quartier. “On a eu du mal car l’épagneul
Pour Bruno Boutet, “Avoir unchien c’est du travail, dutemps et de la présence :Nous avons pris nos deuxchiens en connaissance decause : ce sont les pipi-cacadans la maison quand ilssont petits, des poils sur lamoquette, il faut le savoir...Quant aux vacances ou auxweek-ends, on part aveceux ou on ne part pas. Cesont des membres de lafamille.”
est un chien têtu, mais on a fini par obte-nir de bons résultats” souligne Armelle.
Sortir le chien : des précautions àprendre. Un chien bien éduqué, c’est plusde confort à la maison, mais aussi à l’ex-térieur. Car le chien vit aussi sur l’espacepublic, principalement lors des baladesquotidiennes. Une contrainte pour lesmaîtres ? “Sortir Samy et Newton cinq foispar jour fait partie de mon rythme de vie”,raconte Bruno. Arnaud Salaün reprend : “Çapermet de s’oxygéner et nous oblige à sor-tir. Nous avons des circuits de balade et àBeaulieu, nous sommes plutôt bien lotis enmatière d’espaces verts... Il faut compter 1 h 15 à 1 h 30 par jour, mais c’est plutôtsympa, on rencontre les gens, on reste à dis-cuter. Ça rend le cadre de vie plus agréable.”Huguette Chaize et Armelle Leblais insistentsur la rencontre : “Non seulement la marcheest une excellente activité pour se mainte-nir en bonne santé, mais le chien aide aussià entrer en contact avec les autres. Qu’est-ce que c’est comme race ? Où l’avez-voustrouvé ? etc. C’est un bon vecteur de com-munication !”Mais la balade n’est pas toujours une par-tie de plaisir. L’agressivité, de la part de sonchien ou de celui des autres, est en effetun problème partagé par de nombreux pro-priétaires : “Le problème avec Gringo, c’est
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qu’il était agressif avec les autres chiens.Je ne pouvais pas le lâcher, j’avais trop peurde ne pas le voir revenir !” souligne Armel-le. Marie-Antoinette reprend : “Quand noussommes arrivés à Nantes, Pumba tirait sur
sa laisse, aboyait, avait peur des voitures,du tram ou des motos et grognait sur lesautres chiens. Ce n’était plus un plaisir, nipour lui, ni pour moi.” Autre souci : les chiens non tenus en laissesur l’espace public. “C’est extrêmement dan-gereux, surtout lorsque les chiens ne répon-dent pas au rappel. Il y a de gros risquesd’accidents” note Huguette Chaize. “Pour lespromenades dans la ville, les chiens doiventêtre obligatoirement tenus en laisse. J’ai déjàeu des problèmes, alors maintenant, que cesoit dans la rue, au val de Chézine ou au parcde Procé, je ne sors jamais sans ma bombeà poivre pour séparer des chiens qui se bat-tent et ma boîte à ultrasons pour les éloigner !Vous savez, il existe des chiens sans contrô-le qui peuvent tuer !” À dix ans, le fils de Bruno n’a pas le droitde sortir les chiens tout seul dans les ruesde Bellevue : “C’est beaucoup trop dan-gereux. Il n’aurait ni l’autorité, ni la forcepour retenir deux animaux de cette taille,même tenus en laisse ! Il faut être res-ponsable.” La loi de 1999 sur les chiens de catégorieoblige Ludovic à promener son chien enlaisse et muselé. Une contrainte certes,mais le Rottweiler au départ est un chiende combat doté d’une force physique horsdu commun et donc potentiellement dan-gereux. Faute d’éducation, il peut provo-
Faute d’étude précise sur la
question, il est difficile de savoir le
nombre de chiens et de chats
présents sur le territoire nantais. En
revanche, une étude menée en
2000 par la SOFRES à la demande
d’un fabricant de nourriture animale
apporte un éclairage significatif au
niveau national :
On compte 8,1 millions de chiens en
France, dont 21 % vivent dans les
agglomérations de plus de 100 000
habitants. 28,4 % des ménages
interrogés veillent sur au moins un
chien. Pourquoi ce choix ? L’amour
des animaux vient en tête des
motivations avancées (67 %), suivi
du besoin de compagnie (59 %),
de l’effet bénéfique sur les enfants
(29 %) et de la garde de la maison
(22 %).
Quant aux chats, ils sont 9 millions
dans l’hexagone, et 24 % d’entre
eux vivent dans des villes de plus
de 100 000 habitants. 25,9 % des
familles possèdent au moins un
chat. Pourquoi accueillir un chat ?
71 % des personnes interrogées
parlent d’amour des animaux, 50 %
de besoin de compagnie, 33 % de
l’effet bénéfique sur les enfants et...
21 % de la chasse aux souris !
➜ Quelques chiffres
Pour Armelle Leblais, “lors
des balades, le chien aide
à entrer en contact avec les
autres. C’est un bon
vecteur de communication !”
chien fait ses besoins sur un chemin, untrottoir, je ramasse ! Quant au caniveau, cen’est pas évident en ville : les voitures vousfrôlent rapidement...” Bruno et Armelle s’in-terrogent sur l’opportunité de distributeurs
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quer des accidents graves : “Beaucoup degens craignent les chiens et quand je mebalade au Petit-Port, ils me demandent debien tenir Kaiser quand nous les croisons!” confirme Ludovic.Huguette Chaize ajoute : “C’est vrai, beau-coup de chiens ont besoin de courir, dejouer ensemble : c’est un facteur impor-tant de socialisation. Mais à Nantes, nousmanquons d’espaces adaptés.”
Propreté : davantage de canisites etde corbeilles sur l’espace public. Lesdéjections canines dans les rues, les trot-toirs, les chemins et les parcs sont deve-nues un véritable fléau. “Je comprends lesréactions violentes de certaines personnesface aux crottes de chiens qui jonchent lestrottoirs” reconnaît Marie-Antoinette. Brunoreprend : “Le chemin à proximité de l’écolede mon fils est devenu quasiment imprati-cable !” Tous pensent qu’il faudrait engagerune véritable réflexion sur la propreté dansla ville et mettre des moyens en consé-quence. Huguette souligne : “ll faudraitdavantage de canisites dans les quartiers etinciter les propriétaires de chiens à les uti-liser. Il faudrait aussi davantage de cor-beilles : si une personne prend soin deramasser les déjections de son chien, il fautaussi qu’elle puisse les jeter ! Il faut encou-rager les attitudes civiques : moi, si mon
de sacs plastique à proximité de poubelles :“Malheureusement, ce n’est pas encoreentré dans les mœurs... Peut-être, commedans d’autres pays, en arriverons-nous àadopter une conduite plus répressive, avecdes agents spécialisés habilités à dresserdes PV ?”
Vivre avec un animal de compagnie est unengagement qui demande de l’amour et dudoigté, une organisation de son mode devie en fonction de l’animal. “Les gensaujourd’hui sont de moins en moins enclinsà donner de l’amour gratuit. Ils ne voientplus que les contraintes et n’envisagent pasle côté gratifiant de la présence d’un ani-mal” note la famille Salaün. Mais vivre avecun animal, un chien notamment, nécessiteégalement une prise de conscience de saplace sur l’espace public. Il existe desmanques, certes. Mais ramasser de façonplus systématique, utiliser plus largementles équipements sanitaires existants, sansoublier de bien tenir son chien en laissepourraient, c’est certain, améliorer de façonsensible la place du chien dans la cité.
EMMANUELLE MORIN
Remerciements au docteur Nathalie Simon, vice-présidente d’Écopole, Maison de l’environnement àNantes et à Christine Dacosta, éducateur canin.
“Les gens me demandentde bien tenir Kaiser enlaisse.” Ludovic B.
La famille Salaün a choisi de
faire éduquer son chien dès
son plus jeune âge : “Nous
voulions éviter de nous
faire déborder. Un chien
bien éduqué s’intègre
mieux dans la famille, est
mieux accepté par
l’environnement.
On peut plus facilement
l’emmener partout...”
➜ D E R V A L L I È R E S
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U n par un, les enfants de laclasse de CM1-CM2 de VivianeHéreau racontent leur histoirefamiliale au micro de Pascal
Massiot, journaliste de Jet FM. À travers lesparoles recueillies auprès de leurs parents.“Connaître ses origines pour mieux vivresa double culture”, c’est le projet mené àl’école Dervallières-Chézine 1, depuis octobre dernier. “La plupart des enfantsd’origine étrangère sont nés ici. Certainsne connaissent pas leur pays.” Savoir com-ment on vivait là-bas, décrire les premièresimpressions en arrivant en France, àNantes, dans le quartier, raconter com-ment on y vit au présent, “on a privilégié laparole des enfants, à travers le prisme desparents. Certains n’ont pas voulu se lancer.
D’autres ont demandé à lire les textes.”Car, après avoir questionné leurs proches,les enfants ont rédigé les témoignages.“Au départ, ça restait très descriptif. Il afallu retravailler les questions pour obtenirplus de ressenti. La difficulté, note VivianeHéreau, c’était de ne pas aller trop loin, parrapport à des parcours parfois doulou-reux.” Le résultat, ce sont des morceaux devie, des impressions. “Ici, on dit bonjour labouche fermée. On s’est sentis moinsseuls dans ce quartier parce qu’il y ad’autres familles africaines.” Ou la recetted’un plat traditionnel. Agrémentés de pas-sages musicaux construits par les enfantsavec une prof de musique du collège duBreil, ces “parcours d’intégration” serontréunis sur un Cdrom.
Pour la deuxième annéeconsécutive, les habitants des
Dervallières sont invités à faire la
fête, le samedi 19 juin, en
contrebas de la maison de quartier.
Le programme, encore provisoire, a
été concocté par un collectif
d’associations et d’habitants, en
partenariat avec la maison de
quartier. Il prévoit notamment un
défilé costumé d’enfants avec
l’association France-Brésil, un
atelier scientifique proposé par les
Petits Débrouillards, des lectures
d’histoires pour tous les âges avec
l’association Lire et un atelier
calligraphie. À noter également, la
présence du bus à impériale de
l’association Créagir, le Créabus,
espace de rencontre et
d’exposition. La journée s’achèvera
par un grand repas en plein air
avec grillades et barbecue.
Quartier en fête
Le marché Zola réaménagéTroisième par ordre d’importance, le marché de la place Zola, qui fonctionne tous les jeudis,
va connaître à partir de ce mois de mai un important réaménagement. Il va d’abord être
rapproché du boulevard de l’Égalité et du carrefour, devenant ainsi plus visible. Il sera ensuite
réorganisé en regroupant les différentes catégories professionnelles afin d’acquérir une
meilleure lisibilité. Descendre le marché permettra d’augmenter la surface disponible pour le
stationnement des clients et des commerçants dans le haut de la place, côté rue Danton. Et
ce gain de place permettra également de borner le trottoir de la rue des Renardières qui longe
le marché et ainsi empêcher le stationnement sauvage trop souvent constaté. Ses horaires de
fonctionnement seront prolongés : il fermera désormais à 13 h au lieu de 12 h 30.
Témoignages d’intégrationTémoignages d’intégration
/ Z O L A
Dans les locaux associatifs de la rue de Prinquiau, ils sont régulièrement
plus d’une vingtaine à dresser leur chevalet et à jouer du pinceau, sans
contrainte ni consigne. “Chacun fait ce qu’il veut, il n’y a pas de thème
imposé” insiste Gilbert Salort, président du Ganfa (Groupement artistique
Nantes façade atlantique) et animateur des séances. Créée il y a quatre
ans, l’association entend également donner à ses cent-quarante adhérents
la possibilité d’exposer le plus régulièrement possible. “Chaque année au
printemps nous organisons une exposition de travaux d’ateliers, présentée
cette année jusqu’au 12 mai à la mairie de
Chantenay”. Mais la fierté de Gilbert
Salort, c’est le salon international de
peinture et de sculpture organisé chaque
année par l’association et dont la
quatrième édition se tiendra à l’automne.
Ganfa, maison des associations, 11, rue de Prinquiau.Tél. 02 40 76 76 32 (Gilbert Salort).
Les ateliers du Ganfa
C ’est un temps que les moins devingt ans ne peuvent pasconnaître. Années 80, quartierdes Dervallières. David Leyondre,
alias “Dr Mab.”, tombe sur le hip-hopcomme dans une marmite. Aujourd’hui, àtrente ans, il est auteur, compositeur,interprète et pilier de l’association Rap àcité productions (émanation d’UltimePower) créée en 1997. Elle compte cinqfidèles et emploie régulièrement une dizai-ne d’artistes. Partout en France ils formentprès de six cents jeunes par an. “Je suis dela vieille école. J’ai eu le temps d’analyser,de voir comment le mouvement évolue.C’était aussi important de se structurer.On essaye de mettre les jeunes face à laréalité, de leur transmettre les valeurs duhip-hop et de transformer la violence cor-porelle en violence verbale. Nous aussi, çanous permet de vivre une réalité de ter-rain, loin des paillettes du show biz.” Auprogramme, ateliers multidisplinaires deMAO (musique assistée par ordinateur),écriture de texte et de musique, danse,graph, DJ, chant... D’abord démarrées demanière informelle à la maison de quartierdes Dervallières dans les années 90, les
actions de formation ont pris une ampleurnationale dans différents lieux : conserva-toire, prisons, lycées, collèges... Avec Lyri-cal Bunker, David développe le versantartistique de l’association en compagniede Jérôme Chevrier alias “Djay”.
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“Rap à cité” passeur de hip-hop“Rap à cité” passeur de hip-hop
Ensemble, ils viennent de sortir un CDautoproduit baptisé Trois minutes.
Contact : Tél. 06 83 88 71 [email protected]
Gigi BigotCoutumière des Contes de laChézine, Gigi Bigot, accompagnée
de l’accordéoniste Ronan Robert,
retrouvera les Dervallières pour
conter l’histoire de Lulla, cette
petite fille qui rêve tout le temps,
le jour, la nuit... Elle rêve parce
que le jour de sa naissance la
lune brillait tellement qu’elle a
cru qu’elle dormait dedans.
Depuis Lulla est dans la lune !
Spectacle à partir de 7 ans.
“Lulla dans la lune”, un conte de et parGigi Bigot, le vendredi 4 juin à 19 h à lamaison de quartier des Dervallières, rueRenoir. Réservation : associationLangages. Tél. 02 40 36 95 99.
individuels : les trajets en ville seront com-plétés par une initiation au code de la routesur un parcours dans la cour de l’école, surdes bolides tels que vélos ou trottinettes...
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LES 11 QUARTIERS ➜ C E N T R E - V I L L E
[Mai 2004]
Q uand on a cinq-six ans, com-ment faire en même temps desmaths, de la géographie, dufrançais, de l’histoire, de l’ins-
truction civique et des arts plastiques, touten apprenant à se repérer dans l’espace età connaître sa ville ? C’est simple : il suffitde se promener. C’est ainsi que les“grands” de l’école Molière ont entrepris,avec leur institutrice Isabelle Faure, d’ex-plorer leur quartier. Ils apprennent, parpetits groupes, au fil de balades soigneuse-ment organisées, à identifier le nom desrues, à observer les panneaux et connaîtreleur signification, à traverser où il faut etquand il faut, à lire un plan, à dessiner leuritinéraire... Et aussi à se rendre à l’écoleLéon-Blum qu’ils fréquenteront l’année pro-chaine, toute proche mais sur un cheminplein de péripéties... “C’est très motivantpour eux. Après les sorties, on travaille enclasse à partir des photos qu’on a prises. Onaborde toutes les matières à travers un pro-jet qui permet aussi de revaloriser lesenfants en difficulté. À la fin de ce travail,nous fabriquerons un livret sur le code de laroute dont chaque enfant recevra un exem-plaire”, explique l’institutrice. Inscrite dansle cadre du projet “Ville à lire, ville à vivre”,l’entreprise menée à l’école Molière initieaussi les enfants à la connaissance des dif-férents moyens de transport, collectifs et
À l’école Molière, on apprend en se promenantÀ l’école Molière, on apprend en se promenant
Orchestrée cette année par le tout jeune Collectif 36, rue des Olivettes, la
fête du Lait de Mai, qui aura lieu le 15 mai, ne dérogera pas à sa tradition
déambulatoire : associations, collectif et habitants paraderont donc dans
les rues de 15 h à 16 h. Pendant toute la journée, la fête s’invitera aux quatre
coins du quartier : le square du Lait de Mai, sera investi par le marché bio de
10 h à 18 h. Dans le square, un repas sera également servi le midi. La place
des Olivettes, le 36 de cette même rue ainsi que le terrain de Crucy accueilleront spectacles, concerts et
animations de 16 h à 22 h. Rendez-vous également rue Pélisson, au théâtre Absys avec l’académie rimologique,
les Asphalt’arts, la compagnie du Chat noir... Rue des Olivettes, le collectif d’artistes Pol’n ouvrira ses portes ainsi
que l’école de steel drum installée dans les anciens locaux des Beaux-Arts. À l’affiche également, du cinéma, rue
Baron, au café du même nom, pour des séances “court métrage” proposées par l’association 1 + 1. Les plasticiens
se donneront rendez-vous au Lieu Dit pour présenter une exposition pendant une quinzaine de jours...
La Parade du Lait de Mai
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À l’issue de cette découverte des rues
du quartier, les enfants réaliseront un livret
sur le code de la route.
➜ NANTES ERDRE
Un grand rendez-vous festifplutôt que des petites fêtes de
quartier dispersées dans le
calendrier... C’est le choix qu’ont
fait les associations de Nantes
Erdre qui vous donnent rendez-
vous le 5 juin pour une grande
fête aux quatre coins du grand
quartier, baptisée “Quartier enfête au fil de l’Erdre”. Au
programme : portes ouvertes le
matin à la maison des
associations à Saint-Joseph-de-
Porterie... Au Port des Charrettes,
exposition et sensibilisation à
l’environnement à partir de 15 h.
Aux Marsauderies, l’amicale
proposera démonstrations,
tournois, jeux... à partir de 15 h 30,
à la salle Bonnaire et au
gymnase. À Port-Boyer
“Associations et Habitants en
Fête” vous convient à partir de 15 h,
près de l’embarcadère de la
navette fluviale pour des
animations, démonstrations,
concerts... La Halvêque sera
aussi de la fête avec jeux,
balades à dos d’âne, spectacle...
et repas champêtre en soirée
(sur inscription). C’est aussi à la
Halvêque que sera lancé le
Trophée Fair Play auquel les
clubs du grand quartier sont
invités à participer tout au long
de la prochaine saison sportive.
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Un plan de circulation“grandesmanifestations”
Un plande circulation“grandesmanifestations”
P our limiter les nuisances occa-sionnées par l’affluence lorsdes grands rendez-vous duParc des expositions ou du
stade la Beaujoire, la Ville a mis en placeun dispositif spécifique “grandes mani-festations”. Son objectif : fluidifier etfaciliter les déplacements sur le secteur,notamment pour les riverains. Tout d’abord, pour chacune des quatreplus grosses manifestations (Floralies,Foire internationale, Artibat, matchs defoot...), un plan de circulation élargi etspécifique à chacune d’elles sera, à
chaque édition, activé. Il concerne main-tenant une cinquantaine de rues et millequatre cents logements sur le secteur. Lagestion des laissez-passer accordés auxriverains a été remise à plat et standardi-sée. Le nombre est plafonné à quatrelaissez-passer par logement. Pour remé-dier aux stationnements sauvages lelong de la rue des Pays-de-la-Loire (danssa partie haute), la rue sera fermée parune barrière équipée de digicode. Sur lapartie basse de cette même rue, les che-minements piétons ont été protégés pardes potelets.
Quartier en fête Une partie de la rue
des Pays-de-la-Loire fermée
maintenant par une barrière.
LES 11 QUARTIERS ➜ B E L L E V U E / C H A
Au lycée Bougainville de Chantenay, les élèves en bac pro Vente et
Commerce s’intéressent au développement durable et au commerce
équitable. Avec cinq autres établissements scolaires français, finlandais et
roumain*, le LP Bougainville participe pour trois ans à un projet européen
Coménius sur le thème du respect. “Une notion générique qui nous
permet d’aborder la tolérance, les différences culturelles, la citoyenneté,
le respect dans le commerce mondial, le respect de l’environnement, le
respect de l’individu au travail” explique Jocelyne Barraud, enseignante.
Les lycéens nantais, qui ont reçu récemment leurs homologues européens,
ont travaillé toute l’année sur de multiples projets : création d’une pièce de théâtre, journal, animations-dégustations
de produits équitables dans les grandes surfaces... Un enrichissement personnel, une ouverture aux autres et au
monde. Sans parler des progrès en anglais pour échanger avec leurs amis roumains et finlandais par la web cam
interactive... Delphine, après son bac, aimerait poursuivre l’expérience par un service volontaire européen dans le
domaine humanitaire. Gaële compte ouvrir sa boutique d’ici deux ans. Toutes et tous, dans leur activité professionnelle
future, garderont à l’esprit la petite musique du respect de l’autre et du développement durable.
* Kokkola Business College (Finlande), Colegiul Economic Maria Teiuleanu de Pitesti (Roumanie), ENCIA de Nantes, LP Pablo Neruda
de Bouguenais, LP Cabrini de Noisy-le-Grand.
T ombée en sommeil depuis plu-sieurs années, la célèbre fête dela butte Sainte-Anne effectueson grand retour les samedi 5 et
dimanche 6 juin prochain.C’était en 1993. La première édition desButtineries, pionnière de la formule àsuccès des vide-greniers, sonnait lerenouveau des fêtes de quartier àNantes. “C’était l’expression du renou-veau sociologique de Sainte-Anne etChantenay, la rencontre de parentsd’élèves qui avaient envie de faire bou-ger les choses et des commerçants etartisans de la butte autour de la galerieassociative du Rayon Vert avec son pro-jet d’ouverture de l’art aux habitants duquartier” témoigne Denis Martin, prési-dent de l’ABSA, Association de la butteSainte-Anne. “C’était aussi l’envie d’ani-mer ce village nantais sérieusementassoupi malgré son histoire et son patri-moine.”Les Buttineries vivront sept éditionsavant de jeter l’éponge, victimes de leurtrop grand succès. “C’était un tel tempsfort qu’il mobilisait énormément d’éner-gie. Nous étions confrontés à la lassitu-de, aux défections, à la routine aussi...”Pourtant l’esprit survivait sous des
L’Europe équitable des lycéens de Bougainville
Les Buttineries refleurissentLes Buttineries refleurissent
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formes plus “light” comme ces“Musiques au jardin” dans le squareMaurice-Schwob. Il aura fallu le déclic dela nouvelle dynamique associative crééeautour du projet de réhabilitation del’ancienne école des filles des Garennespour que tous en conviennent : “Il fautremettre ça !”Les Buttineries remettent donc le cou-vert, avec tous ses grands classiques ettout plein de nouveautés, sur le thème“Sainte-Anne, lieu de tous les départs”.On pourra y participer à un atelier d’écri-ture de cartes postales sur les voyagesimaginaires, randonner avec Flâner enrollers, découvrir une expo de peintresnaturalistes en hommage à Audubon,guincher, chiner aux puces de la butte*,applaudir les meilleures chorales ama-teur, se laisser surprendre par desimpromptus musicaux ou théâtraux, desspectacles déambulatoires... Les 5 et 6juin, le bonheur est sur la butte !
Puces réservées aux particuliers proposantdes objets usagés personnels. Gratuit pour les associations caritatives etles stands enfants. Inscription le samedi 15 mai de 9 h à 16 h au local de l’ABSA - 1, rue Sainte-Marthe. Tél. : 02 40 69 83 84.
A N T E N A Y
“Il y a un siècle... Chantenay”
Bellevue/Chantenay/Sainte-Anneaccueille le prochain Carrefourdes citoyens. C’est sur la placeJacksonville, facile d’accès avec
la proximité du tram (arrêt Chantier naval),que le chapiteau du Carrefour sera monté,du 7 au 10 juin, pour quatre jours de ren-contres et de discussions. En ouverture, ledébat du lundi soir (20 h 30) sera consacréà l’avenir du quartier avec Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes, et ClaudeSeyse, élue référente du quartier, qui se-ront allés tout au long de la journée à larencontre des habitants, des associations,des commerçants du quartier. Le mardi, portes ouvertes du comitéconsultatif de quartier de 10 h à 18 h, suivid’un café citoyen sur le thème “La concer-tation à Nantes, comment ça marche ?”, en
présence de Catherine Touchefeu, adjointeà la Démocratie locale, et des élus du quar-tier, suivi d’un débat à 20 h 30 intitulé“Citoyenneté : quand les femmes s’y met-tent”. Il sera étayé par le témoignage defemmes participant activement à la vieassociative du quartier. Le mercredi, place à l’histoire. Celle de Belle-vue et de Chantenay, terres d’accueil des dif-férentes migrations... avec une conférencedébat sur ce thème, le mercredi soir à 20 h 30. Enfin, le travail sur la parentalité, engagéesur le quartier par un groupe d’habitantset d’acteurs, viendra nourrir une réflexionplus large, à l’échelle de la ville et à laquel-le tous les Nantais sont conviés. Premierrendez-vous le jeudi à 16 h 30 avec unthéâtre/forum animé par la compagnieGaïa qui interviendra sur le thème
À l’occasion du centenaire de la mairie de Chantenay, l’association Nantes
Histoire organisera son 16e rallye pédestre sur ce quartier qui fut une commune
indépendante “frondeuse et ouvrière” jusqu’en 1908, quand fut promulgué par
le Conseil d’État, le décret d’annexion de Chantenay par Nantes. Nantes
Histoire invite à découvrir ou redécouvrir l’histoire et le patrimoine de ce
quartier à travers ce rallye pédestre qui aura lieu le dimanche 6 juin. Départ
échelonné place de la Liberté, de 9 h à 9 h 30. Les participants doivent apporter
leur pique-nique. Tarifs adultes, 7,5 € ; enfants et étudiants, 1,5 €. Pour des questions d’organisation, il est
préférable de s’inscrire avant le 30 mai. Les bulletins d’inscription sont à retirer à la mairie de Chantenay et autres
lieux publics. Renseignements : Jean-Yves Bellayer, 27, rue de la Concorde - 44800 Saint-Herblain. Tél. 02 40 43 93 12.
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“apprendre à être parent”. Place ensuiteau débat du jeudi soir (20 h 30) qui porte-ra sur l’autorité parentale. Débat auquelparticiperont Jean-Marc Ayrault, députémaire de Nantes, Alain Robert, adjoint àl’Éducation, Fabienne Padovani, adjointe àla Petite enfance, Marie-Françoise Clergeau, adjointe à la Jeunesse, auxSports et à la Vie associative. Pendant les quatre jours, les habitantspourront comme lors des précédentes édi-tions, découvrir les projets du quartier àtravers une exposition ouverte tous lesjours à partir de 10 h.
Contact : équipe de quartierBellevue/Chantenay/Sainte-Anne. Tél : 02 40 95 28 77. À noter que leprogramme présenté ici peut être modifié.
Le Carrefour des Citoyenss’installe place JacksonvilleLe Carrefour des Citoyenss’installe place Jacksonville
LES 11 QUARTIERS
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➜ ÎLE DE NANTES
Située au 1, rue Julien-Grolleau, à proximité
immédiate de la la place de la République, la
Maison des Énergies qui abrite l’association
Alisée (sensibilisation à la maîtrise de l’énergie
et aux énergies renouvelables en Pays de la
Loire), l’Espace Info Énergie 44 et l’association
Sud Soleil - Bolivia Inti (plate-forme nationale
de ressources et d’échanges sur l’utilisation de
l’énergie solaire dans les pays du Sud), s’est dotée début mars de
panneaux solaires photovoltaïques en toiture. Elle devrait produire
1 000 kWh par an grâce à 7,5 m2 de panneaux qui transforment la
lumière du soleil (photons) en électricité (électrons). Laquelle est
ensuite revendue à EDF. Lors des journées ensoleillées ou très
lumineuses, les visiteurs peuvent donc avoir le rare plaisir de voir un
compteur électrique tourner... à l’envers !
* Maison des Énergies 1, rue Julien-Grolleau 44200 Nantes. Tél. : 02 40 89 23 22.
Le quartier sur le webLe quartier sur le weblançant un journal baptisé Le P’tit plus duquartier, se souvient le président, Didier deRoland. Une décennie s’est écoulée qui avu la petite bande se disperser sans seperdre de vue : “Nous avons participé àquelque animations, mais pour entretenirle contact entre nous et avec le quartier,l’idée a mûri de lui dédier un site Internet.”Grâce à la complicité d’un webmaster rési-dant sur place, le projet deviendra réalitédans la première quinzaine de mai sous lenom de www.ile-de-nantes.com. “Noussouhaitons proposer ce qu’on trouvait déjàdans le journal mais en en plus développé,avec au delà des infos spécifiques au quar-tier, des liens avec l’extérieur.” Septgrandes rubriques seront mises en ligne :la présentation de l’association, l’Île et sonhistoire, la vie sur l’Île (adresses des éta-blissements publics, culturels, sportifs...),la vie pratique (les formalités, les trans-ports, les services...), sortir sur l’Île (cir-cuits découverte, les évènements, les res-taurants...), les associations (avec un grosplan sur l’une d’entre elles), enfin un forumouvert à tous. “Notre but, conclut Didier deRoland, est de répondre aux questions desrésidants et des gens de passage tout enfavorisant les échanges.”Contact : Alain de Roland. Tél. 06 61 47 27 04.
Quartier en scène Orchestrée par le centre
socioculturel Les Ponts-Beaulieu,
la compagnie théâtrale Paq’ la
Lune et le Foyer des jeunes
travailleurs (FJT), la quatrième
édition de Quartiers en scène se
déroulera sur toute la semaine du
7 au 12 juin. Au programme :
spectacles et expositions au FJT
Beaulieu, du lundi 7 au vendredi 11
juin. Puis, clôture de l’événement
avec la fête du quartier, le samedi
12 juin, square Vertais (vide-
grenier, kermesse, spectacles...)Renseignements : CSC Les Ponts-Beaulieu. Tél. 02 40 48 61 01.
Didier de Roland aux commande
du site web dédié à l’Île de Nantes. E n 1993, un groupe de copains,élèves du lycée professionnelSainte-Madeleine, créait l’associa-tion Volonté d’Entreprendre :
“Nous souhaitions contribuer à l’anima-tion de l’Île de Nantes où nous vivions en
La maison de l’énergie
Une yourte pour le jeune publicUne yourte pour le jeune public
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U ne yourte de neuf mètres de dia-mètre. À l’intérieur, des gradinsde quatre-vingts places d’uncôté et une scène de l’autre...
Cette tente mongole est la dernière trou-vaille scénique du très itinérant Théâtredes Sept Lieues pour la diffusion de spec-tacles de petite jauge.. “Nous souhaitionsdisposer d’une structure nomade plussouple qu’un chapiteau, qui puisse êtremontée partout et facilement transpor-table”, explique Samuel Danilo, de la com-pagnie nantaise. D’où le choix d’uneyourte dans laquelle la Ville de Nantes
➜ BREIL / BARBERIE
s’est aussi investie. Son but : diffuser sur lascène de ce “théâtre de poche” des spec-tacles jeune public dans les quartiers nan-tais sans pénaliser ceux qui n’ont pas desalle. À travers cet outil, la Ville entendégalement soutenir les compagnieslocales en mettant à leur disposition unnouveau lieu de diffusion. L’objectif serade proposer une programmation sur unesemaine chaque trimestre. Semaine du-rant laquelle la yourte posera ses valisesdans un quartier de la ville. Pour sa pre-mière, elle sera au parc de la Gaudinièredu 17 au 19 juin avec à l’affiche le Théâtredes Sept Lieues. Au programme : répétitions publiques gra-tuites de L’Odyssée du garage Pégase, lacréation jeune public de la compagnie, pro-posées à l’ensemble des maternelles etécoles élémentaires de Breil - Barberie etde Nantes Nord, les 17 et 18 juin, suivi duGrand palc d’attractions de la familleSepti, le samedi 19 juin à 20 h 30 (entréegratuite). À l’automne prochain, la yourtefera escale à Saint-Joseph-de-Porterie avecune nouvelle programmation.
La rénovationde LaGaudinière est achevéeAprès un an de travaux, les
échafaudages qui drapaient les
façades du château de la
Gaudinière ont été démontés,
permettant à cette folie du XIXe
de retrouver tout son éclat
d’antan. L’entrée, rue Diane, a
également été retraitée avec la
réalisation d’un mur en brique
et d’une grille en ferronnerie,
reprenant ainsi des éléments de
matériaux utilisés pour le
château et les anciennes
écuries, qui accueillent des
bureaux du SEVE de la Ville de
Nantes. “Nous avons restitué à
ce bâtiment prestigieux tout son
charme, effacé les outrages du
temps”, souligne Sylvie Jullien,
architecte de la Ville de Nantes.
Photo sur l’eauL’eau sous toutes ses formes : pluie, mer, torrents..., c’est l’objet d’une
exposition de photos noir et blanc proposée par l’association “Les yeux du
Breil”, qui espère ainsi faire de nouveaux émules dans le quartier.
Ça se passe au centre socioculturel du Breil, du 24 au 28 mai. Entrée libre, de 9 h à 17 h.
LES 11 QUARTIERS ➜ MALAKOFF / SAIN
C es deux derniers mois, la réhabili-tation de la caserne des sapeurs-pompiers de Saint-Clément aconnu deux phases spectacu-
laires de démolition. Dans la cour inté-rieure, l’ancienne tour carrée, de plus devingt mètres de haut, a été la première àdisparaître dans les mâchoires des enginsdémolisseurs, début mars. Elle servait ja-dis à sécher les tuyaux après intervention.Il y a peu, les sapeurs-pompiers grim-paient les escaliers de la tour quatre àquatre pour s’entraîner. Certains, la des-cendaient en rappel de corde depuis la cor-niche supérieure où la sirène de rassem-blement ne sonnait plus depuis 1972. Sadisparition va permettre de décaisser lacour centrale sur un niveau entre la rueGaston-Turpin et le bâtiment d’état-major
de la rue du Maréchal-Joffre, permettant lestationnement couvert, sous alcôves, desvéhicules d’interventions. Seconde opération de démolition : la barrede casernement de quatre étages de la rueGuibourd-de-Luzinais qui accueillaient jus-qu’en 1999 les pompiers et leurs familles.Elle a été détruite et va être reconstruite àneuf pour usages administratifs. En remon-tant dans la rue, l’ancienne cantine a laisséplace à un nouvel accès au centre desecours. Financée par le service départemental d’in-cendie et de secours, la modernisation de ladernière caserne nantaise (lancée par le Dis-trict et poursuivie depuis janvier 2001 dansle cadre de la départementalisation des ser-vices de secours), coûte onze millions d’eu-ros. Les travaux seront achevés en 2006.
“La santé, c’est d’abord prendre
soin de soi pour ne pas tomber
malade,”explique Muriel Bellot
de l’équipe de quartier Malakoff,
qui co-anime un groupe “santé”.
Ce groupe, qui réunit habitants,
associations et représentants
institutionnels, est à l’initiative
du premier forum Santé sur le
thème du bien-être, qui aura lieu
du 24 au 28 mai. “Notre action
se situe en amont pour
sensibiliser et non pas pour
soigner.” Le Forum sera aussi
l’occasion de découvrir les
équipements sportifs et
culturels du quartier.
Au programme : détente (sortie
au hammam, gymnastique
douce, séances de relaxation,
atelier look), parcours santé
(randonnée pédestre et à vélo,
pétanque, parcours motricité au
pôle petite enfance pour les 2-5
ans, sortie à la piscine, au skate-
park, initiation hockey), loisirs
(visites culturelles au muséum
d’histoire naturelle, au cinéma,
au théâtre Graslin), prévention
sur l’alimentation (organisation
d’un marché des saveurs, pique-
niques dans le cadre du
printemps des voisins) et
exposition des associations de
santé, au centre commercial.Forum Santé Malakoff, du 24 au 28 mai.Informations et programme au 02 40 35 03 80.
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Mieux vautprévenirque guérir
La caserne Gouzé fait peau neuveLa caserne Gouzé fait peau neuve
Préparation de la parcelle “témoin” rue de l’Indre.
T-DONATIEN
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quel participe activement le service des es-paces verts de la Ville) est accessible aupublic, mais l’aménagement reste éphé-mère, le temps de montrer et de donner en-vie. En juillet, tout sera démonté. Après
D e leur intervention en 2002 dansles jardins familiaux de la Prairiede Mauves, les plasticiens et ar-chitectes du collectif La Valise
ont fait germer une belle idée : permettre àdes personnes en fauteuil de jardinercomme les autres. “Le projet est né dansl’un de ces jardins, à la rencontre des jardi-niers, dont une personne à mobilité ré-duite. Les parcelles surélevées, ça existedéjà mais, en général, les personnes doi-vent travailler avec les jambes de biais.” Fi-dèles au principe de l’interdisciplinarité,les artistes du collectif ont constitué ungroupe de travail spécifique au projet. Avecun ergothérapeute, des jardiniers, des per-sonnes en fauteuil, ils ont conçu un proto-type. Une coque en résine, creusée pourlaisser entrer les jambes, des bacs que l’onpeut combiner, “pour laisser une certaineliberté”, mais aussi une cabane pouvantaccueillir un fauteuil roulant et des outilsaccessibles. En surface, “une dalle quilaisse pousser le gazon, pour que le tout sefonde dans la masse. L’idée est aussi quedes personnes isolées par leur handicappuissent côtoyer des jardiniers valides.”Une parcelle “témoin” de 200 m2 est encours d’aménagement, du côté de la rue del’Indre, au Pré-Gauchet. Le chantier (au-
“La classe lecture-écriture restera un souvenir sans égal,
j’ai vu des gamins plutôt timides prendre la parole et
s’affirmer, d’autres progresser de façon spectaculaire en
expression écrite ou en lecture”. Pendant quinze jours,
Yvon Rousseau instituteur à l’école primaire du Coudray
a mené cette classe-lecture avec ses vingt-cinq élèves de
CM1. Chaque journée s’organisait autour d’un programme copieux : forum, présentation de livres, travail sur
ordinateur à l’entraînement à la lecture savante, sorties découverte du quartier durant lesquelles les enfants
notaient remarques et impressions... pour les consigner ensuite dans Coudray Info, le “quatre pages” réalisé
tous les deux jours par les enfants, avec l’aide de spécialistes pour l’apprentissage de la maquette. Dans la
dernière mouture, les élèves font part de leur souhait de prolonger cette belle aventure commune : “Elle a
soudé la classe et nous a tous appris des choses sur les autres et sur nous-mêmes. On se sent plus proches”,
conclut Yvon Rousseau.
Classe lecture-écritureau Coudray
l’inauguration (courant juin), le collectifs’attellera à la commercialisation de sonprototype.Contact : 02 40 08 92 29 ou 06 12 34 55 23 [email protected]
Cultiver son jardin en fauteuilCultiver son jardin en fauteuil
“Maintenant, quand
on se croise dans la
rue, on se parle.
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LES 11 QUARTIERS ➜ DOULONBOTTIÈRE
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C haque premier et troisième jeudidu mois, même pendant lesvacances scolaires, il y a pause caféà l’espace Radar Pin-Sec. Malgré la
rénovation toute récente du centre socio-culturel de la Pilotière, qui organise cetteanimation, les petits-déjeuners du jeudi ont
gardé leur lieu de rendez-vous rituel, quisera lui aussi réhabilité à l’automne pro-chain. Organisé par le centre socioculturelde la Pilotière, ce rendez-vous est déjà,pour quelques-uns, incontournable. Jo, parexemple, est l’un des piliers des petits-déjeuners : “On se retrouve, on amène des
Deux fois par mois, les petits-déjeuners de quartierDeux fois par mois, les petits-déjeuners de quartier
Travaux d’extension au terrain de foot du Pin-Sec Vestiaires pour les joueurs et pour les arbitres,
salle de réunion, bloc sanitaire, local technique,
c’est une extension de 115 m2 qui vient compléter le
terrain de foot du Pin-Sec. Situé en plein cœur de la
cité du même nom, il est fréquenté essentiellement
par l’association sportive du quartier, l’E.S. Pin-Sec
qui réunit quatre-vingt dix licenciés, dont un tiers
de féminines. Le coût de l’opération (hors salle de
réunion) est estimé à 158 000 € TTC et la livraison
est prévue en octobre 2004.
copains”. Éliane, fraîchement retraitée,apprécie elle aussi ce moment : “Quand oncesse son activité professionnelle, il y a unrisque d’isolement, de repli sur soi. J’inciteles gens que je connais à venir ici pour sor-tir, se faire des amis.” Sa voisine renchérit :“On fait la connaissance des gens du quar-tier. Maintenant, quand on se croise dans larue, on se parle. Et puis Anne-Claude, l’ani-matrice, sait se mettre à la portée des gens,des personnes âgées. On vient aussi pourelle.” Du bambin à la mamie, les généra-tions se mêlent ici, de même que les natio-nalités. On cause de tout et de rien autourd’un café-tartines, à volonté moyennantune participation modique de 0,60 € pourles adultes, 0,40 € pour les enfants. Après,tout le monde participe à la vaisselle. Pasbesoin de s’inscrire, il suffit d’entrer.Chaque petit-déjeuner réunit une vingtainede personnes, les habitués et aussi, àchaque fois, des nouveaux.Les 1er et 3e jeudis du mois, de 9 h à 10 h 30,espace Radar Pin-Sec, à l’angle de la rueGuiotton et du boulevard Henri-Dunant.
➜ NANTES SUD
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E n empruntant la promenade deSèvre, à partir de Pont-Rousseau,le chemin vous conduira à la plai-ne de jeux et au pont de la
Morinière. Au cours de cette balade d’environ 3,5 km, vous ne tarderez pas àapercevoir, le long de l’institut de la Per-sagotière, un alignement tout à faitremarquable de platanes. Une escaleincontournable pour les amateurs, “consi-dérée comme l’un des plus beaux sites del’ouest de la France”, explique JacquesSoignon, directeur du service espacesverts et environnement de la Ville (Seve).“Ici, ce n’est pas l’essence en elle-même,relativement commune, mais cet aligne-ment de quatorze sujets qui en fait un siteremarquable, bien sûr inscrit zone boiséeclassée.” Comptés parmi les plus beaux
sujets de toute la ville, les plus imposantsd’entre eux arborent un tronc majestueuxd’une circonférence d’environ sept mètres !et d’une hauteur d’environ 35 mètres. Ces“grands seigneurs” ont vraisemblable-ment été plantés autour de 1850... “Datequi coïnciderait avec l’arrivée, à l’institutdes sourds et muets de la Persagotière, deFrère Louis”, de son nom de civil, Louis-Augustin Caillaud, amateur éclairé d’arbo-riculture et membre de la Société nantaised’horticulture. Aucune preuve à l’appuimais la coïncidence est si troublante qu’onimagine sans peine qu’il put être à l’origi-ne de cet alignement de platanes. Sur lesbords de la Sèvre, ces centenaires onttrouvé des conditions idéales de dévelop-pement avec la rivière toute proche danslaquelle ils plongent leurs racines.
Des platanes si majestueuxDes platanes si majestueux
Fête musicale Les jardins de la Crapaudineorganise les samedi 5 et
dimanche 6 juin la deuxième
édition d’une fête destinée à
mieux faire connaître son activité
aux habitants du sud-Loire.
Cette année, la programmation
se veut résolument conviviale et
diversifiée. Le coup d’envoi de la
fête sera donné le samedi après-
midi avec des animations de rue
(troupe de théâtre, fanfare) avec,
en point d’orgue, à partir de 18 h,
un festival de jazz qui réunira
dans les jardins, plusieurs
formations dont le Gotham
Quintet et le Trio Givone. Tout au
long des deux journées, des
stands permettront au public de
se restaurer tout en devisant. Les
visiteurs pourront aussi découvrir
les girouettes confectionnées par
les membres de l’association et
les dessins réalisés par les
enfants des écoles maternelles
et primaires du quartier sur le
thème des jardins. Le dimanche,
l’association se tiendra à la
disposition des promeneurs pour
une visite découverte des jardins
de la Crapaudine : “Nous
souhaitons, à travers ces
rencontres, montrer la variété de
nos activités et, pourquoi pas,
susciter des vocations”, explique
le président, Robert Laly.
En rez-de-chaussée du
programme immobilier,
une crèche de soixante
places.
LES 11 QUARTIERS ➜ HAUT-PAVÉS / SA
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Un projet d’envergure au MartrayUn projet d’envergure au Martray
C ’est un projet d’envergure qui s’estmis en œuvre fin février dans lequartier du Martray. Sur une vasteparcelle appartenant naguère au
diocèse de Nantes, l’intervention de la Ville,en partenariat avec le promoteur Bouyguesimmobilier, va permettre la réalisation de lo-gements, locaux professionnels, équipe-ment publics, locaux associatifs qui serontlivrés en septembre 2006.
S’agissant de l’habitat, soixante-deux loge-ments, dont cinquante en copropriété etdouze en location sociale, seront construitsainsi que des bureaux, des parkings et deslogements administratifs. S’agissant des équipements collectifs, lacrèche municipale actuelle (trente places),va céder la place à un nouvel équipementtrès attendu dans un quartier où la deman-de est forte. La capacité d’accueil passera
La place Saint-Félix au XXe siècleAprés l’histoire de l’île Versailles et du quartier de la Morrhonnière,
l’association Saint-Félix, mémoire d’un quartier s’attèle une nouvelle
recherche historique : celle de la place Saint-Félix au XXe siècle, l’histoire de
ses commerces, de ses habitants, de sa vie religieuse... Déjà, quelques
documents ont été recueillis mais c’est encore trop peu. C’est pourquoi
l’association lance un appel à ceux qui auraient des archives
photographiques ou des souvenirs à lui confier. Ce travail sur la mémoire du
quartier pourrait donner lieu à l’édition d’un nouvel ouvrage qui viendrait
compléter ceux déjà réalisés par l’association. Contact : Saint-Félix, Mémoire de quartier, Cécile Bouvelle. Tél. 02 40 74 23 93. Permanences :39, rue Félix-Thomas, du lundi au mercredi, de 15 h à 18 h.
à soixante enfants sur une surface de 711 m2
en rez-de-chaussée, avec un jardin de 200 m2.Confiés au secteur associatif, l’aménage-ment de cet équipement ainsi que sa ges-tion seront assurés par la Croix-Rouge. Lestarifs seront les mêmes qu’auparavant et,naturellement, la capacité professionnelledu personnel sera identique. Le personnelmunicipal de la crèche actuelle sera redé-ployé sur les quartiers de Chantenay, Bel-levue, et Dervallières. Un centre de loisirs sera créé permettantd’accueillir cent enfants de trois à onzeans. Il comprendra des locaux ouverts auxécoles du quartier pour des activités édu-catives.Dans l’ancienne chapelle du Martray, unedeuxième tranche de travaux permettral’aménagement d’une salle polyvalentepouvant accueillir une centaine de per-sonnes. Livraison prévue en 2007.
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INT FÉLIX
A ssocier à une manifestation bu-colique telle que les Floraliescette expression artistique es-sentiellement urbaine qu’est le
graf... Pourquoi pas ? Les organisateursde la manifestation ont donc lancé unconcours à l’intention des jeunes de laville. Objectif : réaliser une fresque de 6 m sur 1,80 m sur le thème “Fleursd’aventure” qui est aussi celui des Flora-lies cette année. Au centre Félix-Thomas, JC, Jolan, Antho-
ny, Claire, Guillaume et Florian ont relevéle défi. Deux d’entre eux étaient déjàd’habiles manipulateurs de bombes depeinture. Sous leur égide, les néophytes sesont initiés à l’art de la peinture murale.Même Jean-Michel, l’animateur, s’y estmis, et n’est pas peu fier d’être parvenu àremplir l’intérieur d’une feuille, “sansdéborder ! Ça n’a rien d’évident, avoue-t-il. Il faut éviter les surcharges qui génè-rent des coulures, utiliser la bonne cap-sule... On a appris plein de choses.” Le
matériel était fourni par les organisa-teurs du concours, le même pour tousles participants : trois panneaux de toilede 2 m x 1,80 m tendus sur des cadres etreposant sur des supports pour formerun triptyque, et bien sûr quelquesbombes de peintures. En deux après-midis, les jeunes du centre Félix-Thomasont conçu et mené à bien leur projet.S’ils sont vainqueurs, ils pourront repro-duire leur œuvre sur un mur de l’un desparcs de la ville.
Les Floralies font pousser... des grafs !Les Floraliesfont pousser... des grafs !
Autour de son traditionnel vide-grenier, la fête du quartier Saint-
Félix aura lieu le samedi 15 mai, dans la cour du pôle associatif
Félix-Thomas (39, rue Félix-Thomas). Comme chaque année, les
jeunes enfants accompagnés d’une fanfare défileront en fin de
matinée. Cette année, les associations hébergées au pôle
associatif se sont jointes à l’association Saint-Félix pour animer
la fête du quartier. L’école de cuivre interviendra, la classe relais
ouvrira ses portes au public ainsi que le centre culturel
européen. Les jeunes de l’Accoord monteront sur les planches pour un spectacle de hip-hop... Deux clowns les
Piétonautes, interviendront tout au long de la journée. Inscription au vide-grenier, dès 8 h. Tarif : 7 € le mètre.
Contact : 02 51 81 95 94.
Quartier en fête
Arbres, une passerelle pour l’emploi
LES 11 QUARTIERS ➜ NANTES NORD
Arbres, une passerelle pour l’emploi
L La devise de l’association “Arbres”tient en trois mots : “réinsertion,solidarité et environnement”.“Notre mission essentielle est l’in-
sertion professionnelle de personnes ex-clues de l’emploi, RMistes et chômeurslongue durée,” explique Michel Doinel.Pari tenu puisque, depuis 1991, date de lacréation d’Arbres par un collectif d’habi-tants des quartiers Nord, quarante-cinqemplois-solidarité et neuf emplois perma-nents ont été créés. Soutenue par la Com-munauté urbaine, le Département et l’État,l’association collecte carton et papier -trois mille tonnes par an - auprès d’admi-nistrations, de collectivités, de commer-çants et de particuliers et procède au triavant de laisser à d’autres le soin du recy-clage. “Nous n’avons pas de critères de sé-lection. L’idée est de construire un par-cours individuel d’insertion. La premièretâche consiste souvent à trouver un loge-ment, à régler des problèmes familiaux oubien des soucis de santé. Chacun reste iciun an et travaille à mi-temps. Certains pas-sent la licence de cariste, le permis poidslourd ou étudient la gestion des stocks.Certains sont devenus plombiers et cer-taines coiffeuses. Car, même si nos em-ployés sont essentiellement des hommes,
nous avons aussi une dizaine de femmes àdes postes de secrétariat.” À la sortie, letaux de recrutement immédiat est de 30 %tous secteurs d’activités confondus.
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Atelier Nord et siège social, 105, rue desRenards, Tél. 02 40 40 35 55.www.arbres.fr.st. Courriel :[email protected].
Rénovation et extension du gymnase du BautUn vaste chantier de rénovation et d’extension va être engagé sur le gymnase du Baut. Une extension de 120 m2
environ sera construite sur le pignon est du bâtiment. Celle-ci abritera une salle de convivialité d’environ 60 m2,
offrant une vue directe sur la salle de sport. Dans cette partie seront également implantés des
locaux administratifs et de stockage, un accueil et des sanitaires. Côté rénovation, le projet
prévoit la réfection du sol sportif, du chauffage, l’amélioration du
traitement acoustique et le ravalement des façades. En outre, les deux
grands vestiaires aujourd’hui vétustes et peu fonctionnels, seront
entièrement restructurés et redistribués en quatre vestiaires-douches.
À l’ouest du bâtiment, une petite extension sera également construite
avec un accueil et des locaux techniques… Enfin, l’équipement sera mis
aux normes pour garantir un accès aux personnes à mobilité réduite.
Les travaux dont le montant s’élève à 850 000 €, devraient démarrer
dans le courant de l’été pour une durée de onze mois. L’objectif étant
de livrer l’équipement pour le début de saison 2005/2006.
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HISTOIRES DE QUARTIERS
errière les façades alignées desmaisons donnant sur la rue, unemultitude de passages étroits etsombres débouchant sur des
courettes insalubres, “haut-lieu un peufabuleux de la criminalité nantaise” selonJulien Gracq, c’est à peu près la physiono-mie du Marchix des années trente, quiabrite aujourd’hui un quartier d’im-meubles administratifs et de rues com-merçantes. Née en 1925 au 12 bis de laPlace Bretagne, Yvette a vécu là pendantvingt-quatre ans. “Le quartier avait trèsmauvaise réputation. Il est certainqu’entre la rue Jean-Jaurès et la rue de l’Industrie, on trouvait des taudis habités
par de pauvres gens, beaucoup d’alcoo-liques, j’ai vu de ces scènes…”
Le Marchix, pittoresque et malfamé. Mais Yvette retient surtout le pitto-resque : “Aristide Briand est né au 12 de larue du Marchix, son père tenait un bar. Jepassais très souvent par là pour aller àl’école. Je revois le marché aux puces dusamedi, sur la place. La marchande degalettes et son seau de pâte posé à mêmele sol. Un jour, un chien a levé la patte dansle seau, la crêpière s’en est-elle aperçue ?Les prostituées du café/hôtel de l’Imprévu,rue du Pont de l’Arche-Sèche, le brocan-teur qu’on appelait La Bouillotte, avec sa
Alors que le Marchix, quartier
populaire pointé comme insalubre
est entièrement réhabilité après
1945, il faut reloger des centaines de
familles pour cause d’arasement
d’immeubles et de bombardements.
Elles le seront pour la plupart dans
la cité du Pin-Sec, construite au
milieu des champs dans les années
cinquante. Témoignages.
D
centre-ville/bottière
Du Marchix au Pin-Sec, histoire d’un relogement
La rue du Marchix,
animée et populeuse, vers 1905.
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D.R
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table à roues et son odeur épouvantablede saleté… ” Fille d’artisan, Yvette habiteune maison avec l’eau courante et des toi-lettes dans le logement. Un confort peupartagé dans le secteur, à cette époque.Jeannie a habité rue Léon-Jamin. Ses sou-venirs sont différents : “On avait unepièce pour trois qui servait de chambre àcoucher, de cuisine, de salle d’eau. Les toi-lettes sur le palier et l’eau dehors. La ruedu Marchix, un vrai coupe-gorge, les mai-sons étaient toutes délabrées. Mais, côtécommerces, on trouvait de tout dans lequartier !” Un extrait du conseil municipal du 21 juin1932, mentionne “50% de foyers d’insalu-
de manière à dégager un espace plusvaste. Après les travaux de voirie et d’as-sainissement, les bâtiments administratifs(Hôtel des postes, CRAM et, plus tard, laTour Bretagne) commencent à s’ériger,bouleversant la physionomie du quartier.
Le Pin-Sec, une cité au milieu deschamps. Le 31 mai 1951, Le conseil d’ad-ministration de l’office public d’HLM déci-de l’acquisition d’un terrain de deux hec-tares, chemin du Pin-Sec, en vue durelogement. Le chantier démarre autour de1954. L’accueil des premiers locataires estplutôt hostile. “Arrivant du Marchix, onnous regardait de travers. Forcément, ilsont relogé tout le monde ensemble,cloches ou pas cloches ! L’épicière a ditqu’elle n’avait jamais vendu autant de vinqu’à ce moment-là !” lance Jeannie, dansun rire un peu amer. Une pétition des habi-tants de la Pilotière, pour la plupart pro-priétaires de logements individuels, circu-lera même pour contester l’arrivée de cesfamilles jugées indésirables. “On est arri-vées avec ma mère en mars 57. On payaitvingt-neuf francs de loyer et des pous-sières. Avec l’eau courante, les toilettes àl’intérieur, l’électricité, un moderne totalpar rapport à notre logement précédent !”Georgette et Éliette se sont rencontréesdans le quartier du Marchix. Après avoirconnu baraquements de l’aviation à Bou-guenais et toiles de tente de l’abbé Pierre,puis un relogement provisoire rue Léon-Jamin, “ni eau, ni gaz, ni WC ”, Georgettearrive le 16 septembre 1958, avec son mariet ses quatre enfants dans un pavillon fraî-chement construit, cité du Pin-Sec. “C’étaitmerveilleux. Mes enfants appuyaient surles boutons électriques, pour eux c’était }
Le Marchix : place Viarme,
rue Joseph-Caillé .
Yvette a vécu vingt-
quatre ans, place
Bretagne, à deux pas
de la rue du Marchix.
La construction de la Poste, rue Cassegrain, sur l’ancien site du Marchix.
brité irréductible qui ont pour conséquen-ce un nombre important de décès parmaladies transmissibles, en particulier latuberculose.” Le projet de rénovationurbaine lancé en 1935 prévoit l’expropria-tion de 189 propriétés, soit une surface de60 000 m2, dont plus de 75 % sont partiel-lement ou totalement insalubres. Puis arri-ve la guerre, qui n’épargne guère le quar-tier. Vétusté ou bombardements, les deuxcent soixante familles habitant le futurpérimètre de l’Hôtel des Postes doiventêtre relogées. La plupart le seront dans lescités des Landes (Chantenay) et du Pin-Sec. Les immeubles endommagés de laplace Bretagne ne sont pas reconstruits,
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HISTOIRES DE QUARTIERS
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magique.” Trois chambres pour huit (Geor-gette aura deux autres enfants), une salled’eau réduite à un bac en ciment sans eauchaude, pas de chauffage, le confort estsuccinct. Mais, pour elle aussi, c’est beau-coup mieux qu’avant. Éliette s’installe le 8mai 1957, au n° 8, cité du Pin-Sec. “Là, onavait une cuisine, une salle de séjour, unechambre et une salle d’eau. Même au troi-sième étage avec des petits, j’ai trouvé çasuper !” Un F2 avec trois enfants mais il ya l’eau courante et les toilettes dans l’ap-partement… “Quand le monsieur des HLMest venu encaisser le loyer, j’avais alorscinq enfants. Il m’a demandé si je n’avaispas pris ceux des voisins !” Une chancepour Éliette et sa famille. Le monsieur desHLM, ému de la situation, leur propose unpavillon, rue de Valenciennes, à côté duterrain de sports, déjà construit. Éliette etGeorgette seront à nouveaux voisines.Impressions contrastées : “On est entréslà-dedans en 61, mais les locatairesd’avant avaient tout esquinté. L’évier tenaitpar deux bouts de métal. Les placards,c’étaient des trous…” raconte Éliette. Etautour, terrains vagues et tenues maraî-chères. “Oui, mais on était dans la nature,enchaîne Georgette. Un vrai paradis ! pourfixer les limites du terrain, nos maris sontallés chercher des genêts qu’on a plantés.On aurait dû prendre plus grand !” Un para-
Georgette, militantes de l’Associationpopulaire des familles, se démènent. “Onse faisait livrer des carottes, du poulet, desyaourts, ils dépotaient ça dans mon petitbout de jardin. On faisait circuler unemachine à laver d’un logement à l’autre,avec un carnet et une boîte pour les sous.Et puis une machine à tricoter. Les genss’imaginaient qu’on faisait fortune avecça, si vous saviez le nombre de fois où on aété de notre poche !” raconte Georgette.Qui ne ménage pas ses efforts. Cours decuisine pour les enfants le mercredi,défense des locataires, bénévolat aucentre social, sans compter les accompa-gnements : “J’en mettais six ou sept dansmon Ariane, je les emmenais à leursmatchs de foot. L’abbé Grelier me disaitque j’avais fait ma messe !” Il n’y avait pasencore d’éducateur de rue, mais personnene l’a oublié, l’abbé Grelier, prêtre ouvrierinstallé dans la cité. “Le jour, la nuit, lesgens passaient téléphoner chez lui. Il orga-nisait les fêtes de la Saint-Jean, les ker-messes, il s’occupait du foot, des jeunes,de la vie du quartier. C’est lui qui a fait lelien entre les gens du Pin-Sec et ceux de laPilotière. Quand la pétition a circulé, il leura dit que c’était plus la peine d’aller àl’église, que c’était honteux !”
Une épicière rue de Valenciennes, puis uneboucherie, une poissonnerie et enfin, unesupérette, le Radar. Les commerces fleuris-sent, l’APF fait des pétitions pour obtenirune pharmacie, un centre social. Dans lequartier, une infirmière dévouée fait despermanences dans un petit local. Yvette sesouvient : “elle assurait les soins desgens qui avaient des feuilles roses, c’est àdire pas de sécurité sociale et qui étaientsoignés gratuitement. Ça faisait aussi dis-pensaire.”
En 1959, le groupe scolaire du Pin-Sec(aujourd’hui école Urbain-Leverrier) sortde terre. Puis le centre socioculturel de laPilotière en 1965, dont l’emplacement cris-tallise encore aujourd’hui les difficultés decohabitation de populations voisines maisd’origine sociale différente. Ce qui n’en-tache pas l’enthousiasme des anciennesde la cité évoquant leur souvenirs : “C’esttoute une histoire et on finira par vousdire, étant donné notre âge, que c’étaitdrôlement chouette. On était aux portesde la ville, la ville nous a rejoints !”
ARMELLE DE VALON
Crédit photo : Archives municipales
} dis aux allures de cité ouvrière reconstituéeaux portes de la ville, en l’espace d’environdeux ans, par tranches successives. Lors-qu’un immeuble s’achevait au Pin-Sec, ondémolissait dans le Marchix. Les 191 loge-ments, immeubles ou pavillons, serontbâtis sous l’appellation “logement de typeE, comme économique.” Peu à peu, lesconditions s’améliorent, au fil des réhabili-tations successives : “On a eu le chauffa-ge central, les baignoires-sabot, les chauf-fe-eau, du lino au sol…”
Machine à laver collective etachats groupés. À mesure que le quar-tier sort de terre, la solidarité s’organise.Marthe, Jeannie, Anne-Marie, Yvette et
La cité du Pin-Sec
sort de terre en 1957.
Derrière la façade
des rues du Marchix,
des cours insalubres.
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Chantenay
Bas-Chantenay, la plus ancienne zoneindustrielle de Nantes
Bas-Chantenay,
Le Bas-Chantenay constitue la première zone
industrielle et commerciale de Nantes. Dès 1780,
l’architecte Mathurin Crucy en dessine le plan
d’occupation. Visite guidée avec Arnaud Biette, de
l’association Entreprises et Patrimoine industriel.
partir de 1797, le Roquio yembarquait les Nantais à desti-nation de Trentemoult. Aujour-d’hui, le promeneur y reste àquai. Mais, c’est toujours de la
cale Crucy que la vue sur l’ancien villagede pêcheurs est la plus belle. La cale et lesanciens quais sont aussi la porte d’entrée dela plus ancienne zone industrielle de Nantes,dont Mathurin Crucy (architecte-voyer de laville de Nantes) conçut le plan en 1780. Dèslors, une longue série d’implantations indus-trielles et commerciales, d’est en ouest, ontémaillé les deux siècles suivants. À commen-cer par les frères Crucy (en lien de parenté
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HISTOIRES DE QUARTIER
avec Mathurin) qui établirent là leurs chan-tiers navals à partir de 1793. Ils se rendirentcélèbres notamment grâce à la constructionde nombreux vaisseaux de guerre pour l’Em-pereur. On accède à l’ancienne zone indus-trielle par l’actuel boulevard de Cardiff quilonge cette longue plaine alluviale, bordéeau nord par les coteaux du sillon de Bretagnedominé par la butte Sainte-Anne et au sudpar quatre kilomètres de rives de Loire. Àl’origine, le site était une vaste zone inon-dable. Ce qui explique son isolement pen-dant de longues décennies. S’y promeneraujourd’hui nécessite de bonnes chaussureset la compagnie d’Arnaud Biette et HélèneGarnier (urbaniste), membres de l’associa-tion Entreprises et Patrimoine industriel quis’intéresse à l’étude et à la valorisation dupatrimoine industriel de la région nantaise etorganise des visites lors des journées dupatrimoine. Une valorisation qui n’a pas tou-jours été à l’ordre du jour. “En 1987, rappelleHélène Garnier, la fermeture des chantiersnavals Dubigeon (transférés du Bas-Chante-nay à la prairie aux Ducs en 1969) a été asseztraumatisante. Le passé industriel de la villea alors été associé à une image de souffran-ce et tout le monde a préféré l’occulter.”Résultat, de nombreux bâtiments industrielsont été rasés, comme les brasseries de laMeuse (anciennement brasserie Burgelindepuis 1900) qui s’étaient installées à l’em-placement des anciennes carrières Miseryd’où, au XVe siècle, on extrayait les pierres degranit qui servaient au pavage des rues, àl’édification des ponts et des maisons. “Lesentiment des habitants du quartier quenous avons interrogés est qu’il aurait mieux
valu conserver les anciennes brasseries plu-tôt que de les raser pour en faire une fricheindustrielle,” explique Arnaud Biette. Aujour-d’hui, seuls subsistent un morceau de grilleet un bout du mur d’enceinte, décoré depuisd’une fresque peinte par des graffeurs hip-hop. Elle voisine en bons termes avec lafameuse inscription qui paraît soudain biendésuète : “Défense d’afficher loi 1881” !
Industrie diversifiée. Succédant auxbrasseries Burgelin installées sur la zonedepuis 1900, les brasseries de la Meuseétaient l’une des nombreuses activités de
la zone industrielle. Son essor avait étéfacilité par le creusement d’un canal(aujourd’hui disparu sous le boulevard deChantenay) pour augmenter l’accès à laLoire et renforcer la vocation industrialo-portuaire du site. “C’est la raison pourlaquelle on retrouve une typologie caracté-ristique d’entreprises favorisées par la pré-sence de grandes parcelles disponibles :chantiers navals dont l’emblématique Dubi-geon (installé sur les bords de la Loiredepuis 1846) avec plusieurs sous-traitants,des matières premières (charbon, bois,phosphate, pierres, électricité), des den-rées coloniales (riz de Cochinchine, ara-chides, mélasse de sucre) et toute l’indus-trie chimique (engrais, noir animal, acides,savonneries) gênante en centre-ville, sansoublier l’agro-alimentaire avec les conser-veries Amieux, la raffinerie de sucre et lesvinaigreries… L’intensification de la pro-duction et la multiplication des échangespoussent également à la création de la garede Chantenay et de la ligne de chemin defer Nantes-Saint-Nazaire en 1857,” peut-onlire dans Le Bas-Chantenay industriel, hieret aujourd’hui édité par l’association pourservir de fil rouge au visiteur en quête de cepaysage devenu, au fil des fermeturesd’usines, une vaste étendue âpre et rugueu-se balayée par les vents de la Loire.
Âme des lieux. Partout, où que l’œil sepose, ce ne sont qu’entrepôts, hangarsaux verrières pour la plupart brisées, toitsde tôle rouillés et percés, cheminées de
Principales entreprises sur la zone industrielle en 1895
Gouraud fils et compagnie, fabrique de pâtes à papiers / Compagnie de Charbons et briquettes
de Blanzy et de l’Ouest / Talvande frères et Douault, huilerie et savonnerie / Pilon frères et
J.Buffet, engrais et produits chimiques / Louis Levesque et Compagnie, usine à riz, fabrique de
conserves et produits alimentaires / Raffinerie de Chantenay / Sevestre Propser, chantiers de
construction de bateaux / Bonet, Huteau et Housset fils, huiles comestibles, savon de
Marseille et autres / Amieux frères, conserves alimentaires / L.Vaissier, fabrique et épuration
d’huiles / J.Murié, manufacture de feutres / A. Dubigeon, chantiers de constructions de
bateaux / R.Delafoy et Compagnie, engrais chimiques.
Contact : Association Entreprises et Patrimoine industriel, tél. 02 40 16 10 60. Email :[email protected]. Disponible auprès d’elle : Vincent Brisou, Nolwenn Dulieu,Emily Pichat, Guillaume Rachez et Caroline Vigneron : “Chantenay sur Loire, réflexionspour un projet”, DESS “Villes et territoires”, faculté de droit de Nantes, faculté degéographie de Nantes et École d’architecture de Nantes, Janvier 2003.
}
Hélène Garnier et Arnaud Biette, de l’association Entreprises
et patrimoine industriel, sur le site industriel du Bas-Chantenay.
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briques, grues dont la plus ancienne deNantes qui date de 1914 est située à l’em-placement des anciens chantiers Dubi-geon, murs en béton armé décrépi et pou-trelles métalliques qui laissent aupromeneur une impression quasi fantoma-tique. Heureusement, Arnaud Biette est làpour rappeler l’âme des lieux qui adoucitles silhouettes de ces énormes squelettesindustriels pour la plupart abandonnés. Ilfaut se les imaginer avec leurs directeurset contremaîtres en habit trois pièces etcanotier à large ruban, plissant entre lepouce et l’index leur moustache en guidonde vélo, gardant un œil vigilant sur les cen-taines d’ouvriers et d’ouvrières qui assu-raient la production de milliers de tonnespar an. “Ce qui me touche le plus, c’estl’identité d’un territoire. Ici, les gens ontvécu des choses dures. Qu’est-ce qu’il enreste en termes de travail, d’activités, desavoir-faire ? La notion de continuité estimportante,” explique Arnaud dont le nomest associé aux savonneries Biette implan-tées sur Nantes. Il évoque également l’in-térêt architectural de certains bâtiments.C’est le cas de l’ancienne centrale élec-trique de Chantenay où les FonderiesAtlantique, qui sont les dernières fonde-ries navales de Nantes (anciennement ins-tallées sur l’Île de Nantes), ont élu domici-le en 2002. Le bâtiment a conservé unsomptueux parement en briques. Maisl’entreprise dont la qualité architecturaleest la plus intéressante est sans aucundoute la rizerie Levesque (Quai du Cordon-
Bleu 1866-1945) avec ses assemblages demoellons et de pierre de taille, ses tuiles etses charpentes de bois. Achetée par laVille en 1982, elle est actuellement occu-pée par la troupe Royal de Luxe et fait l’ob-jet d’une réhabilitation.
Ouvrier enseveli. Aujourd’hui, l’activi-té industrielle reste importante avec desusines performantes qui prolongent la tra-dition, notamment dans la ferblanterieavec le complexe industriel CMB Valspar(anciennement Établissements Philippe etCanaud), devenu le leader européen.D’autres ont définitivement fermé leursportes, comme l’huilerie et savonnerieMagra installée là depuis 1875 (à l’origine,le site accueille l’huilerie Le Blanc, crééeen 1856) à proximité des anciens chantiersDubigeon. En 1920, la production est desix mille tonnes de savon par an, soit 25 %de la production nantaise, avec cent àcent-dix ouvriers qui y travaillent. Certainsy laissent même la vie. Une zone engazon-née leur rend aujourd’hui un discret hom-
mage qu’il faut savoir décrypter : “À droitede l’entrée, on a enterré une cuve (àl’époque on disait une cuite) dans laquelleun ouvrier était tombé. Lorsque le savonentrait en fusion, c’était très acide et l’onne pouvait pas récupérer le corps qui sedissolvait. ” Décision est donc prise d’en-sevelir la cuve et l’ouvrier. Ainsi, la zoneindustrielle du Bas-Chantenay a aussi soncimetière à défaut de mémorial.
La visite s’achève par là où elle a commen-cé, aux chantiers de l’Esclain, installésdepuis 1996 à l’emplacement des ancienschantiers Dubigeon. On y restaure un desderniers exemplaires du Roquio. Le projetde rouvrir la liaison fluviale Chantenay-Trentemoult devrait dans un proche avenirredonner un coup de jeune à l’âme deslieux, en attendant une réhabilitation dusite actuellement à l’étude.
LAURE NAIMSKI
Crédit photo : IGN et l’associationEntreprises et patrimoine industriel
La savonnerie Magra,
installée dans le Bas-Chantenay.
La rue des Usines.
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