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PROGRAMME DE MICROFINANCEMENT DU FONDS
POUR L’ENVIRONNEMENT MONDIAL
PMF FEM/PNUD
STRATEGIE DU PROGRAMME DE PAYS POUR L’OP6
Evaluation de la situation de référence
au niveau du Paysage « Haut Atlas marocain »
& Documentation du processus de concertation
Mars 2016
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TABLE DES MATIERES
I.INTRODUCTION .............................................................................................................................. 4
I.1 Rappel du cadre général ............................................................................................................ 5
I.2. Présentation des résultats du processus de cadrage national .............................................. 7
I.2.1 Présentation des étapes clé du processus de cadrage national ...................................... 8
I.2.2 Principaux résultats du processus de cadrage national ................................................ 11
I.3 Objectifs de l’évaluation de la situation de référence .......................................................... 12
II. METHODOLOGIE D’EVALUATION DE LA SITUATION DE REFERENCE ..................... 12
III. RESULTATS DU PROCESSUS D’EVALUATION DE LA SITUATION DE REFERENCE 14
III.1 Présentation du Paysage élargi « Haut Atlas » .................................................................. 14
III.2 Résultats de l’évaluation de la situation de référence au niveau des paysages
spécifiques .............................................................................................................................. 16
III.2.1 Réserve de Biosphère Arganeraie ................................................................................. 16
a) Processus de consultation .............................................................................................. 16
b- Etat actuel à l’échelle du paysage .................................................................................... 20
c- Dynamique associative dans la région Souss Massa ..................................................... 21
a- Parties prenantes et opportunités de partenariat et de synergie ............................ 22
III.2.2 Parc National du Toubkal et zones limitrophes .......................................................... 26
a) Processus de consultation .............................................................................................. 26
b- Etat actuel à l’échelle du paysage .................................................................................... 30
c- Dynamique associative dans la région du Parc National du Toubkal ........................ 33
d-Parties prenantes et opportunités de partenariat et de synergie ................................ 34
III.2.3 Réserve de Biosphère Oasis « RBO » ........................................................................... 35
a) Processus de consultation .............................................................................................. 35
b- Etat actuel à l’échelle du paysage .................................................................................... 37
c- Dynamique associative dans l’Oasis d’El Khorbat ........................................................ 42
d-Parties prenantes et opportunités de partenariat et de synergie ................................. 43
III.3 Mise en Œuvre de l’Initiative « APAC » ............................................................................. 44
IV. CADRE DE RESULTATS ET MODALITES DE MISE EN ŒUVRE ...................................... 46
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Liste des acronymes
AGIRE Appui à la Gestion Intégrée des Ressources en Eau
ANDZOA Agence nationale de développement des zones oasiennes et de l’arganier
AMR Rapport de suivi annuel
APACs (ICCAs) Aires de Patrimoine Autochtone et Communautaire
APA Accès aux ressources génétiques et partage des avantages
CBD Convention sur la Diversité Biologique
CC Changement Climatique
CooNP Coordonateur/trice National(e)
CND Comité National de Pilotage
CNEDD Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable
CPDN (INDCs) contribution prévue déterminée au niveau national
CEPF Critical Ecosystem Partnership Fund
GDF Global Diverstity Foundation
GEF/FEM Fonds pour l’Environnement Mondial
GES Gaz à Effet de Serre
GIZ Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit
HCEFLCD Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la
Désertification
INDH Initiative Nationale de Développement Humain
MDCE Ministère Délégué Chargé de l’Environnement
NBSAP Stratégie et Plan d’Action Nationaux pour l’utilisation durable de la
Biodiversité
OCB Organisation Communautaire de Base
OP5 5ème Phase Opérationnelle
OP6 6ème Phase Opérationnelle
ONG Organisation Non Gouvernementale
OSC Organisation de la société civile
ODD Objectifs de développement durable
PAM Plantes Aromatiques et médicinales
PCD Plan Communal de Développement
POT Programme de Développement Territorial Durable des Oasis du Tafilalet
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement.
PMF FEM Programme de Micro Financements du Fonds pour l’Environnement
Mondial
PMV Plan Maroc Vert
RBA Réserve de Biosphère de l’Arganeraie
RBO Réserve de Biosphère des Oasis du Sud
SIBE Site d’Intérêt Biologique et Ecologique
SNDD Stratégie Nationale de Développement Durable
UNFCCC Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
UNCCD Convention des Nations Unies contre la Désertification
UICN Union International de la Conservation de la Nature
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Selon le rapport d’Eurostat, « Les
perturbations de l’homme sont à l’origine
d’une détérioration des divers écosystèmes et
exercent une pression insoutenable sur la
biodiversité en « Méditerranée », « l’impact
énorme du tourisme sur les écosystèmes serait
l’une des causes les plus importantes de la
dégradation de la biodiversité dans les pays
méditerranéens ».
I.INTRODUCTION
Avec plus de 2.000 espèces animales et végétales menacées d’extinction, le Maroc est le pays
du bassin méditerranéen où l’érosion de la biodiversité est -d’après les données d’un rapport
d’Eurostat/Office européen des statistiques sur la biodiversité en Méditerranée - la plus
alarmante, et ce cri d’alarme lancé par les experts d’Eurostat n’est pas sans inquiéter les
autorités compétentes marocaines.
La liste rouge de l’UICN (Union Internationale de
la Conservation de la Nature) dénombre
aujourd’hui quelque 16.120 espèces menacées
dans le monde dont 12% des espèces d’oiseaux
connues, 23% des mammifères et 32% des
amphibiens.
Dans les neuf pays méditerranéens étudiés dans le
rapport d’Eurostat (1), les pourcentages sont
encore plus élevés avec des moyennes de 14% pour les oiseaux (31% pour le Maroc), 39%
pour les mammifères (31% pour le Maroc) et 49% pour les amphibiens (27% pour le Maroc).
En chiffres absolus, c’est le Maroc qui -avec 2.183 espèces animales et végétales menacées
d’extinction- détient le triste record, suivi de l’Egypte (1.011), de l’Algérie (490), et de la
Tunisie (476). Le cas particulier de la flore nationale est le plus frappant : sur les 7.000
espèces identifiées au Maroc, quelque 1.650 espèces seraient menacées, c’est-à-dire une
espèce sur quatre.
Devant l’ampleur du phénomène, les autorités compétentes au Maroc ont dû réagir, d’autant
plus que la conservation de la biodiversité est devenue une priorité d’ordre mondial. Un
certain nombre de zones protégées ont ainsi été instaurées. Néanmoins, avec une quinzaine
de zones protégées (parcs, nationaux, réserves naturelles et réserves de biosphère) d’une
superficie de quelque 673.000 ha, soit à peine 0,95% de la superficie totale du pays, le Maroc
se situe encore très loin derrière des pays comme l’Egypte (9,83%) et fait à peine mieux que la
Palestine (0,92%). Cette situation justifie amplement l’action du PMF FEM, visant l’appui au
développement des aires protégées communautaires.
Outre les perturbations causées par l’activité humaine, l’érosion de la biodiversité se trouve
exacerbée par les effets du changement climatique. Bien que faible émetteur de gaz à effet de
serre (3,10 tonnes Eq-CO2/habitant1), le Maroc en tant que pays aride et semi-aride est en
effet fortement impacté par les effets du Changement Climatique. Selon les tendances
climatiques observées entre 1960 et 2005, le changement climatique est déjà bien entamé au
Maroc. Les températures moyennes annuelles ont augmenté de 1,0 à plus de 1,8°C et les
précipitations ont subi une diminution entre 3 et 30% avec une baisse de 26% dans la région
Nord-Ouest du pays, considérée comme la zone la plus humide du Maroc2. Conscient de
l’ampleur du phénomène et de ces impacts sur le développement futur du pays, le
1 Source : rapport de la troisième communication nationale du Maroc – janvier 2016 2 Source : Centre de compétence changement climatique du Maroc, 4 C Maroc / http://www.4c.ma/
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gouvernement Marocain s’est très vite engagé dans une démarche volontaire et réfléchie de
lutte contre les effets du changement climatique.
L’élaboration de la 3ème communication nationale et du premier Rapport Biennal Actualisé
(BUR) en 2016, de la Contribution Prévue Déterminée au niveau National (CPDN) en 2015 et
du Plan National de lutte contre le Réchauffement Climatique (PNRC) en 2009, constituent
des actes décisifs dans l’engagement du pays à lutter contre le Changements Climatique et
dans la réforme en profondeur de sa politique de développement.
Le processus engagé pour l’élaboration de la CPDN lui a permis tout en se conformant aux
engagements pris au niveau international, de tracer progressivement les contours de sa
propre vision et d’avoir l’adhésion de toutes les parties prenantes nationales au projet de
lutte contre les changements climatiques, à travers l’objectif inconditionnel de réduire ses
émissions de 14% d’ici l’horizon 20303, alors que le PNRC a été conçu pour rassembler et
converger les différentes initiatives et politiques sectorielles, et répondre ainsi aux besoins
d’une approche intégrée et d’une bonne gouvernance en matière de lutte contre les effets du
changement climatique.
Au regard de ce qui précède, il parait clairement que malgré les efforts considérables
déployés, le Maroc à l’instar d’autres pays au Sud de la méditerranée, doit doubler d’efforts
pour préserver son capital naturel. La plupart des stratégies mises en place pour freiner la
pression humaine sur les ressources naturelles se sont malheureusement avérées inefficaces ;
elles sont souvent confrontées à la réticence des populations locales disposant généralement
de très peu d’alternatives économiques pour survivre. Pour protéger la diversité biologique,
il était donc urgent d’adopter des mesures de contournement qui responsabilisent les
populations locales et les sensibilisent à l’intérêt de protéger leur environnement et leurs
ressources.
A cet effet, le PMF FEM, de par son action au profit des Organisations Communautaires de
Base (OCB) et des Organisations Non Gouvernementales (ONG), a joué depuis son
lancement un rôle déterminant dans la mise en œuvre de politiques nationales sur
l’environnement, particulièrement en matière de développement de modèles
communautaires de préservation des ressources naturelles, et offre encore aujourd’hui un
cadre idéal pour cela. Le programme reconnait en effet la nécessité d’une approche
multisectorielle pour garantir la conservation et l’utilisation durable de la diversité
biologique, comme en témoignent les orientations stratégiques et les objectifs fixés au titre de
la sixième phase opérationnelle du programme (OP6).
I.1 Rappel du cadre général
Depuis son lancement à l’échelle mondiale, le PMF/FEM a conduit -à la suite d’une première
phase dite pilote (1991-1994) à ce jour- cinq phases opérationnelles, chacune correspondant à
un cycle de quatre (4) ans. Le démarrage de la mise œuvre de chaque phase opérationnelle
est conditionné par, l’élaboration -selon une approche participative et concertée- au niveau
de chaque pays, avec le concours du Comité National de Pilotage (CNP) et du PNUD, d’un
3 Source : document de la Contribution Prévue Déterminée au niveau National (CPDN)
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document de stratégie nationale du programme. Ce document, fournit les grandes
orientations stratégiques, ainsi que les modalités d’exécution et d’octroi des subventions
locales dans le pays concerné, au cours des quatre années du cycle.
Le Programme entame actuellement sa 6ème phase opérationnelle (2015-2018)/OP6 dans
l’ensemble des pays où il est mis en œuvre, avec comme pour les exercices précédents,
l’obligation de révision de la stratégie nationale pour prendre en compte les nouvelles
priorités du FEM 6 et les orientations stratégiques de l’OP6. Un certain nombre
d’orientations et de « principes d’action » clés caractérisent en effet la mise en œuvre du
programme PMF/FEM dans le cadre de l’OP6, et doivent être prise en compte dans le cadre
du processus d’élaboration des Stratégies Pays du Programme (SPP), à savoir :
a. L’adoption et le développement de l’approche « paysages terrestres et marins » ;
b. La concentration de l’octroi des subventions locales par le programme aux paysages
terrestres et marins sélectionnés avec le comité de pilotage, le PNUD et les parties
prenantes au niveau nationale ;
c. La contribution à la mise en œuvre de l’initiative globale de supports aux « Aires et
territoires du Patrimoine Autochtones et communautaires » APACS4 ;
d. Et le renforcement du rôle de « Grantmaker + » du PMF/FEM à travers le
développement d’autres services de soutien, de réseaux et de partenariats (hors
paysages terrestres ou marins).
En lien avec ces « principes d’action », sept (7) initiatives stratégiques à caractère multifocal
sont proposées par le programme pour guider l’octroi des subventions dans le cadre de
l’OP6, à savoir : la conservation communautaire des paysages terrestres et marins ; l’agro-
écologie innovante et climato intelligente ; l’accès à l’énergie co-avantages faible carbon ; des
coalitions locales ou coalitions mondiales de gestion des produits chimiques ; la création de
plateformes de dialogues et de planifications de politiques entre le gouvernement et les
organismes de la Société Civile ; la promotion de l’inclusion sociale (implication du genre,
des jeunes, facilitation de l’accès pour les peuples autochtones) ; la diffusion à l’échelle
mondiale de pratiques citoyennes basées sur les connaissances générées par le programme
(bibliothèque numérique des innovations communautaires, échange sud-sud).
Enfin, pour établir les priorités et sélectionner parmi les sept initiatives retenues pour la
phase 6, celles qui répondent le mieux aux priorités nationales et locales, le PMF FEM global
préconise une démarche en trois étapes:
Etape 1 : Initiation de la réflexion sur la Stratégie du Programme Pays, SPP-OP6 avec les
acteurs au niveau central et cadrage du processus ;
Etape 2 : Evaluation de la situation de référence du/des paysage (s) et marin (s) ;
Etape 3 : Finalisation de la SPP-OP6 sur la base des résultats des deux premières étapes.
4 Les APACS sont des biens communs terres, eau, et ressources naturelles, gouvernés et gérés collectivement par une communauté sur la base de
décisions prises de façon collégiale et étroitement liées aux traditions et coutumes locales. Le but de l’initiative APACS est d’améliorer la
reconnaissance, le soutien et l’efficacité globale de la conservation de la biodiversité, des moyens de subsistance durables et la résilience au
changement climatique, de territoire conservés par les peuples et les communautés locales.
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L’élaboration de la SPP-OP6 a démarré au Maroc en Octobre 2015, par la réalisation du
processus de cadrage national, lui-même basé sur une large revue bibliographique, en
particulier de l’ensemble des rapports, stratégies et plans d’action relatifs à la gestion de
l’environnement global tel que la SNDD, la stratégie nationale sur la biodiversité, le plan
national sur le réchauffement climatique, la troisième communication sur le CC,
Contribution Nationale Prévue Déterminée (CNPD), et des rapports et stratégies sectorielles
telles que le Plan Maroc Vert, la stratégie 2020 du Tourisme, etc.
Ce processus de cadrage national a débouché sur l’identification des niches thématiques au
regard des priorités nationales et sur la sélection des massifs montagneux du Haut Atlas
Marocain comme zone d’intervention du programme dans le cadre de l’OP6. Avant d’aller
plus loin, la section qui suit présente une description détaillée de ce processus et des logiques
qui sous-tendent le choix du paysage élargi « Haut Atlas Marocain », et au sein de ce
paysage de trois paysages spécifiques « Réserve de Biosphère Arganeraie », « Parc National
du Toubkal et zones limitrophes », et « Réserve de Biosphère Oasis ».
I.2. Présentation des résultats du processus de cadrage national
Au rang des multiples approches et outils méthodologiques retenus par le PMF/FEM pour
parvenir à la conservation et à la gestion durable de la biodiversité, figure « l’approche
paysage terrestres et marins ». Cette approche, qui constitue un principe clé de la stratégie
OP6, est basée sur le postulat que « la conservation de la biodiversité, la gestion responsable
des ressources, et la restauration des habitats dégradés sont mieux accomplis en adoptant
une approche fondée sur les écosystèmes et les paysages ». S’agissant d’une nouvelle
approche, son adoption par les principaux partenaires et acteurs au niveau national et
territorial est donc primordiale. C’est dans cette optique, qu’un large processus de
consultation et de sensibilisation a été mis en place, impliquant les principales parties
prenantes et partenaires du programme au niveau national.
Plusieurs réunions et ateliers de concertation (plus d’une dizaine) ont été organisés avec les
acteurs clé au niveau central, notamment le Ministère Délégué Chargé de l’Environnement
(MDCE) qui est le point focal pour plusieurs conventions internationales sur
l’environnement et qui a la responsabilité de la coordination des actions en faveur de la
préservation de l’environnement global et local, et le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts
et à la Lutte contre la Désertification, qui a la charge de l’exécution sur le terrain des
programmes en faveur de la gestion durable des ressources naturelles et de la préservation
de la Biodiversité. Outre les ateliers de concertation, des entretiens individuels ont été
organisés avec entre autres, l’équipe des points focaux des conventions de RIO (CBD, LCD et
CCNUCC) et du point focal GEF, le Comité National de Pilotage (CNP), le PNUD, le WWF,
le BIT.
Dans le prolongement de ce processus, et partant du principe que l’atteinte des objectifs fixés
pour l’OP6, ne peut se faire qu’au prix d’une réelle appropriation de l’approche par les
parties prenantes nationales, un groupe de travail (Groupe National d’Appui à la
formulation de la SPP/OP6) constitué de membres du CNP et de personnes ressources clés,
s’est mis progressivement en place et a accompagné l’ensemble des étapes d’élaboration de
la stratégie.
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I.2.1 Présentation des étapes clé du processus de cadrage national
Réunion du 8 décembre 2015, locaux du PNUD Maroc
Objectif de la réunion : Présentation de l’ébauche de la SPP/OP6 aux parties prenantes au niveau national
Participants Déroulement
Mme Seloua Amaziane (MDCE/DPCC/Division du
Partenariat) ; Mme Nassira Rheyati (MDCE/DPCC/Division
de la Coopération) M. Mostafa Madbouhi (MDCE/Service
Biodiversité)
Mme Afa Dalal (membre du comité national de pilotage)
Mme Tahari Sabah (HCEFLCD/DLCDPN)
Mme Badia SAHMY, CN, PMF FEM
Mme Najwa Essiari, consultante
Mme Souhaila Mourid (Association Tanmia.ma)
Présentation par la consultante de
l’ébauche de la stratégie: approche
méthodologique, niches thématiques,
critères utilisés et paysages à fort
potentiel pour l’intervention du PMF
FEM, possibilités de partenariats et de
synergies ;
Présentation de la stratégie hors
paysages pour l’utilisation des 30% de
l’allocation du PMF FEM ;
Discussion et recommandations.
Sur la base des différents entretiens et réunions avec les parties prenantes individuellement, ou
en comités restreints, 2 paysages ont été retenus dans une première phase pour supporter
jusqu’à 70% des subventions du PMF FEM. Il s’agit de la Réserve de Biosphère Arganeraie
(RBA) et dans la continuité le Haut Atlas Occidental (Parc National du Toubkal) en tant que
landscape principal (concentration des activités du PMF FEM/OP6), et de la Réserve de
Biosphère du Sud (RBO) en tant que landscape secondaire. Ce choix a été approuvé à
l’unanimité. Néanmoins un certain nombre de recommandations a été émis pour compléter et
parfaire l’argumentation, à savoir :
1. Développer plus de critères pour justifier le choix de la RBA et du Haut Atlas Occidental en
tant que landscape principal, particulièrement en mettant l’accent sur l’analyse de la
vulnérabilité environnementale et sociale de ces sites;
2. Prospecter et prendre en considération d’autres régions/acteurs pour la transposition des
bonnes pratiques et des approches réussies (comme les forêts modèles développées avec
l’appui des Eaux et Forêts) au niveau des paysages retenus ;
3. Mettre l’accent et bien souligner « la plus-value » du PMF FEM au niveau des paysages
retenus étant donné la multitude des interventions au niveau de ces zones ;
4. Le Haut Atlas Occidental représente un landscape important (pauvreté, richesse en
biodiversité, Agdals, savoir traditionnel…). Développer à cet effet des synergies avec le
programme de petites subventions de l’IUCN qui cible cette zone avec l’appui des E&F.
Pour ce qui concerne la stratégie hors landscape (devant supporter Jusqu’à 30% des
subventions), les réunions et entretiens avec les acteurs individuellement ont permis d’arriver à
la conclusion suivante: la stratégie hors landscape devrait permettre, (i) d’appuyer et de
renforcer le dialogue OSC-Gouvernement (en particulier à travers la plateforme Alliance climat
et DD), et (ii) de soutenir des projets d’APACs (aire du patrimoine autochtone et
communautaire) situés en dehors des 2 principaux paysages retenus.
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Recommandations (stratégie hors paysages) :
1. Pour les plateformes de dialogues SC -Gouvernement et les actions de renforcement de
capacités de la SC, en plus de l’Alliance Climat et DD, s’ouvrir sur les autres réseaux
existants, comme la plateforme de Tanger qui fédère des ONGs dynamiques en matière
d’environnement, le réseau ROPDAL, RARBA…Une liste des réseaux existants est
disponible auprès des E&F ;
2. Se compléter avec le programme de renforcement des capacités du département de
l’environnement qui porte sur les 7 objectifs de la SNDD ;
3. Renforcer la représentation et l’organisation de la SC régionale dans les plateformes
nationales ;
4. La perspective de renforcer les ONGs en matière de Gestion Déléguée des aires
protégées pourra préparer la SC pour une meilleure contribution à la gestion durable des
aires protégées.
Réunion du 11 décembre 2015, dans les locaux du PNUD
Objectif de la réunion : Présentation de l’ébauche de la stratégie pour validation par le CNP et le PNUD
M. Mohammed Fouad Bergigui (membre du comité national
du Pilotage et Programme Analyst PNUD) ;
Mme Oumnia Himmi, Présidente du comité national de
pilotage ;
Mme Badia SAHMY, CN, PMF FEM ;
Mme Najwa Essiari, consultante ;
Mme Souhaila Mourid (Association Tanmia.ma)
• Présentation par la consultante de l’ébauche
de la stratégie et des paysages retenus;
• Présentation de la stratégie hors paysages
pour l’utilisation des 30% de l’allocation du
PMF FEM
• Discussion et recommandations
Principales recommandations de cette réunion :
1. Le PMF FEM doit inscrire son action dans la mise en œuvre de la SNDD et se positionner
pour contribuer au processus de régionalisation avancée ;
2. La Réserve de Biosphère Arganeraie présente des possibilités de synergie avec le PNUD,
particulièrement dans le cadre du projet « Economie Circulaire » dont la composante
communautaire concerne les provinces de Taroudant, Massa, Chtouka Ait Baha, et
Imouzar Ida Outanan, identifiées sur la base d’études de reconnaissance qui pourraient
informer le processus de développement de projets communautaires par le PMF FEM dans
ces localités.
3. Le site de Ouarzazate constitue un site potentiel pour le développement de projets
« APACs ». Il a déjà bénéficié d’un grand projet GEF d’appui à la transhumance (Agdals) et
un projet transrégional d’appui aux transhumants est actuellement en cours dans cette zone
(opportunité de synergie). Le PMF FEM a également soutenu durant les phases antérieures
des projets d’Agdals dans cette zone.
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Réunion du Vendredi 4 mars 2016, Locaux du département de l’environnement
Objectif de la réunion : Présentation des grandes lignes de la SPP/OP6
Trois membres du CNP
Des représentants du MDCE (OFP, PF
Biodiversité)
Association Tanmia
CooN/PMF FEM
Consultantes
• Restitution des résultats du processus de
concertation au niveau des paysages
spécifiques ;
• Discussion et recommandations
Principales recommandations :
1. Prévoir des cartes de localisation des différents paysages ;
2. Finaliser et partager avec les partenaires un livrable provisoire de la stratégie
documentant le processus poursuivi pour la préparation de la stratégie ;
3. S’ouvrir sur le maximum d’acteurs à l’échelle du paysage en vue de favoriser la
mise à l’échelle et l’élargissement de l’approche paysage ;
4. Mettre en place des comités techniques à l’échelle de chaque paysage pour le
conseil technique au moment de la sélection des projets et pour le suivi ;
5. Prévoir des projets locaux de renforcement des capacités, d’animation de la
dynamique à l’échelle du paysage, de mobilisation des acteurs locaux et des
comités techniques autour du suivi et de la documentation de l’approche
paysage (y compris l’animation de plateformes de dialogue régionales) ;
6. Prévoir de travailler avec les communes et de promouvoir l’échange Sud-Sud.
7. Diffuser le document provisoire de la stratégie: vendredi 11 mars 2016 ;
8. Recueillir les commentaires de la part des partenaires et du CNP et du siège :
vendredi 18 mars 2016 ;
9. Finaliser le document selon les commentaires : 25 mars 2016 ;
10. Diffuser la stratégie finale.
Réunion du jeudi 31 mars, Locaux du PNUD Maroc
Objectif de la réunion : Validation finale de la SPP/OP6 Mme Fatine Najia, membre du comité national de pilotage
Mme Badia SAHMY, CN, PMF FEM
M. Mohammed Fouad Bergigui (membre du comité national
du Pilotage et programme Analyst PNUD)
Mme Oumnia Himmi, Présidente du comité national de
pilotage)
Mme Afa Dalal (membre du comité national de pilotage)
Mme Khadija Bellamkadem (membre du comité national de
pilotage)
• Présentation du document de la stratégie
• Evaluation de la stratégie sur la base de la
grille proposée par le siège
• Validation et signature de la stratégie
Résultats
Les paysages retenus et les sites
d’intervention ont été validés ;
La grille d’évaluation a été
complétée ;
Le document a été signé.
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I.2.2 Principaux résultats du processus de cadrage national
Ce processus de consultation multi-acteurs, à fort caractère de concertation et
d’apprentissage, a permis de :
Parvenir à un large consensus sur l'approche du programme de pays durant l’OP6 :
l’approche landscape/seascape a été adoptée à l’unanimité, et certains partenaires
institutionnels, en particulier le Ministère Délégué Chargé de l’Environnement, souhaitent
tester cette approche à travers leurs programmes classiques de soutien à la société civile. De
ce fait, il est prévu que le PMF établisse des complémentarités avec le MDCE, pour atteindre
le plus grand nombre d’OCB et d’ONG, et contribuer par ce biais à la généralisation de cette
approche.
Dresser et prioriser les critères de sélection des sites « paysages terrestres/marins » : suite à
différentes tentatives, l’entrée par « écosystèmes », au lieu de celle par « régions
administratives » a été retenue pour appréhender la sélection des paysages terrestres et
marins au Maroc. Quatre critères ont alors été arrêtés à cet effet :
Critère 1 : La reconnaissance mondiale de l’importance vitale des écosystèmes retenus ;
Critère 2 : L’existence au niveau de ces sites d’une bonne dynamique de OSC et des OCB ;
sont privilégiés dans ce cadre particulièrement les zones où le programme a déjà intervenu et
où il a la possibilité de consolider et de capitaliser sur les acquis en terme de « capacités » des
OSC et des OCB pour un changement d’échelle ;
Critère 3 : la possibilité de synergie avec d’autres programmes nationaux, et internationaux
en particulier du PNUD, les projets financés par le FEM dans le pays, et par d’autres agences
des Nations Unies et organismes régionaux et internationaux de développement;
Critère 4 : l’existence au niveau du site d’un écosystème naturel, porteur de valeur
significative, de biodiversité, de bénéfices écologiques et de valeurs culturelles
volontairement conservées par les populations locales et qui peut faire l’objet d’une
intervention dans le cadre de l’initiative APAC.
Identifier les possibilités de synergie : la liste des projets financés par le FEM au Maroc et
portés par les différentes agences des Nations-Unies (PNUD, FIDA, PNUE, FAO) ainsi que
ceux portés par les organisations internationales telles que la Banque Mondiale, la BAD
BIRD, ont été passés en revue. Il en est ressorti que la majorité des projets qui représente une
possibilité de synergie sont soit en clôture, soit en phase d’instruction par le FEM. Ainsi, les
projets avec lesquels le PMF FEM pourra effectivement collaborer durant la phase 6 -
particulièrement au début de l’exercice puisque d’autres pourront s’ajouter en cours de
route- sont ; a) le projet « Economie Circulaire » dans la région de Souss Massa, b) le
Programme Oasis du Tafilalet POT, c) et le projet Ksours et Kasbahs.
Et enfin sélectionner de façon concertée le(s) la zone (s) paysage (s) terrestre(s) / marin (s)
pour le focus, en tenant compte tel que mentionné dans les termes de référence, de la niche
du PMF, des opportunités, des défis et du potentiel de synergies.
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L’application des quatre critères cités ci-dessus a conduit à la sélection d’un paysage élargi
« le Haut Atlas Marocain», et de trois paysages spécifiques au sein de ce paysage, la Réserve
de Biosphère Arganeraie, le Parc National du Toubkal et zones limitrophes, et la Réserve
de Biosphère Oasis.5
Suite à ce processus de cadrage national, le PMF FEM Maroc, a entamé, tel que stipulé dans
les termes de référence, la deuxième étape de l’élaboration de la SPP-OP6, en l’occurrence
l’évaluation de la situation de référence dans les paysages spécifiques retenus. Le processus
de cadrage national aura duré trois mois ; les premières visites de terrain ont débuté en
décembre 2015.
I.3 Objectifs de l’évaluation de la situation de référence
1) Assister et orienter le choix des Coordinateurs Nationaux des Programmes Pays, et des
CNP en matière d’octroi des subventions locales aux ONG et aux OCB ; Cet appui
consiste notamment à leur fournir l’information sur l'état actuel des paysages retenus (y
compris en termes d’APACs) ; les principaux défis et problèmes environnementaux
mondiaux, ainsi que les opportunités d'actions par les communautés en lien avec les
initiatives stratégiques et les APACs ;
2) Mobiliser et assurer la participation d’un large éventail de parties prenantes au niveau du
paysage, y compris les autorités locales, la société civile, les organisations
communautaires et les autres partenaires pertinents. L’information recueillie auprès des
différents acteurs communautaires, institutionnels, et autres, constituera l’élément de
base pour fixer des objectifs et les résultats souhaités dans le cadre de l’OP6;
3) Développer sur la base des informations recueillies, le cadre de résultats qui guidera
l’octroi de subventions avec une proposition de typologie des projets (Y compris pour les
projets APACs) et l’identification d’un ensemble d'indicateurs pour les initiatives
stratégiques du PMF sélectionnées.
II. METHODOLOGIE D’EVALUATION DE LA SITUATION DE REFERENCE
Dans le but d’apprécier les changements apportés ou susceptibles d’être générés par le
programme suite à l’exécution de la SPP/OP6, il s’avère nécessaire de procéder dans la
mesure du possible à un établissement rapide de la situation initiale de référence (Baseline),
environnementale et socio-économique dans les trois paysages retenus à l’issue du processus
de cadrage national.
Outre l’établissement du cadre des résultats, cette ligne de référence permettra de mettre en
exergue les défis du programme en matière de mise en place et de dissémination de
l’approche « Paysages terrestres et marins», et d’offrir un référentiel d’évaluation des écarts
entre la situation « avant-SPP/OP6 » et la situation « après-SPP/OP6 ».
5 Dans chacun des paysages spécifiques les zones prioritaires pour la concentration des actions du programme sont définies de façon
précise (§ cartes et situations de référence). Néanmoins, d’autres zones prioritaires pourraient être retenues dans le cadre de l’Initiatives APACs (identifiés éventuellement dans le cadre de l’initiative stratégique globale d’appui aux APACs)
13
Le processus d’évaluation de la situation de référence est guidé tel que mentionné dans les
termes de référence, par les orientations de l’exercice de cadrage national, et les priorités et
niches identifiées pour le PMF/FEM, et consiste en :
(i) une analyse du contexte du paysage, des principales menaces et enjeux
environnementaux globaux et locaux,
(ii) la cartographie des acteurs concernés (internes et externes au paysage),
(iii) l’identification des opportunités sur lesquelles le programme peut se greffer,
(iv) les lacunes auxquelles il faut pallier pour compléter les efforts de gestion durable de
l’environnement entrepris par les acteurs locaux au niveau du paysage.
Pour établir cette situation de base, des valeurs (qualitatives et quantitatives) des indicateurs
et cibles correspondants aux initiatives stratégiques prioritaires retenues globales sont
proposées. La comparaison de la situation avant et après permettra d’apprécier
qualitativement la contribution du programme à l’atteinte des objectifs de développement
durable, son impact et la pertinence de l’approche paysage.
Le processus d’évaluation de la situation de référence s’est déroulé dans chacun des
paysages spécifiques en trois phases :
a) La collecte de l’information auprès des départements techniques, et la
consultation individuellement de certains acteurs clés en fonction du besoin
(communautaires, institutionnels, autorités locales, société civile, ..), complétée
par une revue documentaire et bibliographique approfondie;
b) La réalisation de visites de terrains, en particulier à des expériences réussies, ou à
des initiatives communautaires innovantes en lien avec les orientations de la
SPP/OP6 ;
c) L’animation d’ateliers régionaux avec le triple objectif de l’information des
acteurs sur les orientations de la programmation OP6, et sur le bien fondé de
l’approche « paysage terrestre et marin », l’évaluation participative de la situation
de référence et l’ébauche du cadre des résultats (avec situation de base,
indicateurs et cibles), et enfin l’identification des types de projets à développer
dans le cadre du paysage et des possibilités de synergie et de partenariat. Pour la conduite des ateliers, deux techniques d’animation ont été adoptées : le
« brain-storming », et l’analyse « SWOT ».
Tel que stipulé dans les termes de références, le présent rapport est produit pour présenter
l'analyse de la situation de référence, la cadre des résultats de la stratégie du PMF au niveau
du paysage et les modalités de mise en œuvre (incluant l’intervention au niveau des
APACs).
Le rapport présente également les résultats des consultations avec les communautés locales
et les organismes de la société civile.
14
III. RESULTATS DU PROCESSUS D’EVALUATION DE LA SITUATION DE
REFERENCE
III.1 Présentation du Paysage élargi « Haut Atlas »
Le Haut Atlas, pièce maitresse des étendues de haute montagne marocaine. Le Haut Atlas est
une chaîne montagneuse marocaine orientée sud-ouest/nord-est. Cette chaîne appartient au
massif de l’Atlas et constitue plus précisément, l'un des trois éléments de l'Atlas marocain,
les deux autres étant le Moyen Atlas et l’Anti-Atlas. Le Haut Atlas est le massif le plus élevé
d'Afrique du Nord, parfois surnommé le « toit du Maroc » ou encore, le « toit de l'Afrique du
Nord ». Il s’étend jusqu’en Algérie et en Tunisie, et offre de ce fait pour PMF FEM la
possibilité d’une intervention régionale.
Au Maroc, le Haut Atlas forme une immense barrière d'environ 750 kilomètres de longueur
qui délimite le Maroc Saharien, du Maroc atlantique et méditerranéen. En termes de
superficie, il constitue la pièce maîtresse des étendues de haute montagne marocaine — dont
l'ensemble couvre 100 200 km2 ; La population, principalement berbère « amazigh », vit du
pastoralisme et de l'agriculture.
Le Haut Atlas, Hot Spot Biodiversité du Bassin Méditerranéen6 avec un taux d’endémisme
des plus élevés. La répartition géographique7 de la flore endémique au Maroc met en effet en
relief l’originalité du Haut Atlas marocain comme principal foyer d’endémisme, avec un
nombre d’endémiques de 423, pour 300 dans le Moyen Atlas et 215 au niveau de l’Anti-
Atlas). M. Fennan en 2004 répertoriait 15 Zones d’Importances Prioritaires (ZIP) pour le
Maroc, dont sept (7) se situent au niveau du Haut Atlas. Enfin, selon l’Etude Nationale sur la
Biodiversité réalisé en 1995 par le HCEFLCD, le Haut Atlas abriterait un grand nombre de
SIBEs, dont les SIBE Aghbar, Jbel Krouz, Tamga, les Hauts sommets du M’Goun, deux
SIBES majeurs le Parc National du Toubkal et le Parc National du Haut Atlas Oriental, et
deux réserves de Biosphère, à l’Ouest une partie de la Réserve de Biosphère Arganeraie et
vers l’Est la Réserve de Biosphère Oasis ; ce qui atteste que plus des trois tiers de la superficie
du Haut Atlas pourraient être érigés en aires protégées si on ajoute les Agdals, aux aires
protégées officielles.
Les Agdals, autre argument fort en faveur du choix du Haut Atlas marocain pour un focus
géographique du PMF FEM durant l’OP6. L’Atlas regorge en effet d’Agdals, territoires dont
l’usage et l’accès aux ressources renouvelables sont réglementés par les communautés
locales, lesquelles déploient une grande ingéniosité pour préserver des ressources rares,
menacées et/ou indispensables dans l’économie montagnarde. Les Agdals répondent
parfaitement à la définition données aux APACs, dans le sens où il s’agit d’un mode
d’appropriation de la terre, de gestion de biens communs, d’une institution réglementant
l’accès au territoire et aux ressources, et d’un concept très lié à la culture et à l’identité des
populations montagnardes du Haut Atlas Marocain.
6 CEPF « Critical Ecosystem Partnership Fund »/UICN. 7 Mohammed Fennan, 2004, Propositions de Zones Importantes pour les Plantes au Maroc.
15
Des écosystèmes uniques en dégradation continue. Malheureusement, cette chaine
montagneuse qui témoigne d’une grande richesse faunistique et floristique, est en réalité très
fragile et présente les signes majeurs d’une dégradation continue sous l’effet de la croissante
démographique, d’une forte pression anthropique (économie fortement basée sur
l’exploitation de la biodiversité locale, la dépendance de la biomasse comme source d’énergie
pour les besoins domestiques quotidiens,…), zoologique (surpâturage), d’une croissance
anarchique des activités touristiques, et du changement climatique. D’un autre côté, malgré
les efforts déployés par l’état, en l’absence d’un cadre législatif adéquat (la loi de la
montagne tarde à voire le jour), les efforts d’aménagement et de développement ne prennent
toujours pas systématiquement en compte la préservation de la biodiversité, et contribue
fortement à la dégradation du milieu.
L’agdal, une pratique ancestrale en déperdition. La pratique de l’Agdal qui a pendant
longtemps contribué à la préservation de l’espace et des ressources tend également,
malheureusement à disparaitre, faisant place à des concepts exogènes et des institutions
modernes tels que les coopératives, les associations de développement local, les collectivités
territoriales, les services déconcentrés de l’état, avec d’importantes conséquences sur l’état de
l’espace et des ressources. A travers l’appui à la réhabilitation et au maintien de cette
pratique, le programme apportera une contribution substantielle à la préservation de la
biodiversité nationale.
De la nécessité d’une intervention urgente pour inverser la tendance, et évoluer dans le sens
de la durabilité. Conscient de la nécessité et de l’urgence de préserver ces écosystèmes de
montagne, le gouvernement marocain mène un certain nombre de programmes dans
l’objectif d’améliorer la qualité de l’environnement et de renforcer la résilience et la capacité
de ces écosystèmes à fournir leurs services écosystémiques, dont le programme de
développement territorial durable du Haut Atlas.
Ce programme a pour objectif la gestion rigoureuse du patrimoine naturel du massif, à
travers la rationalisation de l’utilisation des ressources naturelles et la valorisation du
potentiel existant (eau, forêt, activité sylvo-pastorale, etc.), la création d’un dynamisme
territorial, par le ciblage des aiguillons de développement, permettant de favoriser une
compétitivité intra et intercommunale efficace, l’amélioration des conditions de vie de la
population locale et la qualification du capital humain, à travers la génération de l’emploi et
la création des opportunités de formation / éducation, la sauvegarde de l’image identitaire
du Haut Atlas, tenant compte de ses valeurs culturelles, écologique, environnementales et
paysagère, la mise en place d’un dispositif institutionnel adapté à la configuration spatiale
du Massif, permettant la mobilisation des acteurs, autour des projets partagés, pour assurer
une gouvernance territoriale homogène. Un tel programme constitue une réelle opportunité
pour l’ancrage et la mise à l’échelle des actions du PMF FEM.
L’ensemble des éléments décrits plus haut justifie de la nécessité d’une intervention urgente,
essentiellement basée sur une dynamique communautaire endogène, sur la réhabilitation des
pratiques ancestrales de gestion des ressources naturelles et sur l’intégration de l’ensemble
des dimensions du développement durable.
16
Dans ce cadre, et afin d’optimiser l’impact et l’usage des ressources dont dispose le
programme pays pour la phase 6, le focus sera fait au niveau du paysage élargi du Haut
Atlas -d’Ouest en Est- sur trois paysages spécifiques (ou sous paysages), chacun présentant
des spécificités en termes de ressources de biodiversité, mais aussi des caractéristiques
communes en termes de pratiques locales de gestion de l’espace, à savoir : la Réserve de
Biosphère Arganeraie, le Parc National du Toubkal et zones limitrophes, et la Réserve de
Biosphère Oasis.
III.2 Résultats de l’évaluation de la situation de référence au niveau des paysages
spécifiques
III.2.1 Réserve de Biosphère Arganeraie
a) Processus de consultation
Pour l’évaluation participative de la situation de référence au niveau de la réserve de
Biosphère Arganeraie, une équipe mixte constituée d’un membre représentant le CNP, la
coordinatrice du programme, l’équipe des consultants et l’association porteuse du projet, a
effectué une mission à Agadir, chef lieu de la région Souss Massa. Des entretiens, ateliers et
réunions de travail ont été organisées avec l’appui de partenaires locaux, en particulier le
Service Régional de l’Environnement, le Réseau des Associations de la Réserve de Biosphère
Arganeraie/RARBA, le projet Economie Circulaire-Souss Massa/EC-SM (projet GEF PNUD)
et le projet « mise à jour de la stratégie et du plan d’action national de la biodiversité, projet
NBSAP /PNUD GEF) ». Le tableau ci-dessous décrit le processus poursuivi pour l’évaluation
de la situation du paysage « RBA ».
Tableau1 : Processus poursuivi pour l’évaluation de la situation du paysage « RBA »
Présentation des orientations stratégiques pour l’élaboration de la SPP/OP6 aux acteurs de
la région et réflexion autour de sa déclinaison dans la région Souss Massa (atelier organisé
par le projet NBSAP /PNUD)
Vendredi 22 janvier 2016, Agadir, Hôtel Odyssée
Réalisée dans le cadre de l’atelier organisé par le
projet « mise à jour de la stratégie et du plan
d’action national de la biodiversité »
(MDCE/PNUD/FEM), pour la présentation de la
stratégie nationale sur biodiversité réactualisée.
Profil des participants : acteurs institutionnels
(HCEFLCD, OREDD, ADA/EC-SM, Conseil de la Région,
…) et quelques acteurs de la société civile (AESVT,
AGROTECH).
Déroulé
Présentation de la nouvelle stratégie
nationale de la biodiversité
Présentation du projet « économie
circulaire »
Présentation du PMF FEM /Présentation
des objectifs et du cadre général de la
réunion de concertation autour de la
stratégie du PMF FEM durant la phase 6
Présentation du processus de
préparation de la stratégie et du choix
du landscape ;
Présentation des nouveaux axes
stratégiques
Discussion
17
Principales recommandations de la séance de travail autour de la SPP/OP6
Cette rencontre a permis de faire le lien entre les orientations stratégiques nationales en
matière de préservation de la biodiversité et celles du PMF FEM au titre de l’OP6 ;
L’intervention du PMF FEM s’inscrit pleinement dans le cadre de la nouvelle stratégie
nationale de la Biodiversité. Mais il y a besoin d’examiner la nouvelle stratégie et
d’identifier les objectifs précis que le PMF FEM pourra soutenir au niveau du landscape
RBA ;
Les synergies sont importantes pour plus d’efficacité et pour l’optimisation des ressources
dont dispose le PMF FEM. Des possibilités importantes de synergie sont possibles avec : le
projet EC-SM le projet intervient au niveau de 4 zones pilotes, 2 au niveau de l’Anti-Atlas
et 2 au niveau du haut Atlas. Il a développé 4 modèles de PSE : PAMs, écotourisme,
Terrasses et ressources naturelles et a identifié 12 projets start-up, et avec l’AGROTECH
qui met en œuvre 7 projets avec des producteurs agricoles locaux incluant la certification
bio. Ces possibilités seront explorées en profondeur avec l’appui des consultants ;
L’Anti-Atlas constitue également un landscape important pour l’intervention du PMF FEM
durant l’OP6 (frontière avec le désert)
L’implication du secteur privé dans la conservation des ressources au niveau des
landscapes doit-être recherchée.
La régionalisation avancée constitue un processus important dans le cadre duquel le PMF
FEM pourra inscrire son intervention à l’échelle du paysage.
Réunion de réflexion autour des possibilités de synergie au niveau de la région
Vendredi 22 janvier 2016, Agadir, locaux de l’OREDD
Présents : L’équipe du PMF/FEM, le Directeur de
l’AGROTECH, et la Directrice de l’OREDD
Déroulé
Présentation des objectifs et du cadre
général de la réunion ;
Présentation du PMF FEM ; Présentation
du processus de préparation de la
stratégie et du choix du landscape ;
Présentation des nouveaux axes
stratégiques ;
Discussion autour des possibilités de
synergie dans la région.
Principales recommandations de la séance de travail autour des possibilités de synergies
Plusieurs partenaires interviennent à l’échelle de cette région : JICA, CTB, GIZ …mais la
coordination entre ces acteurs est très faible ;
L’ANDZOA constitue un intervenant principal que le PMF FEM doit approcher ;
L’AGROTECH est une association d’appui aux producteurs qui bénéficie d’un important
support de la Région SM, et de bailleurs de fonds internationaux dont la coopération suisse
qui apporte un appui pour compenser l’empreinte de l’eau (région de Taroudant / 36
producteurs) ; l’association appuie également l’écotourisme dans la région à travers le
renforcement de 55 gîtes ; En matière d’agro écologie climato intelligente, l’AGROTECH a
soutenu des stations météo avec un système de veille climatique et d’alerte des agriculteurs
par SMS (appuyé par le conseil de la région) ;
Possibilité d’intervenir dans la région de Souss Massa autour de 3 axes : biodiversité, eau et
énergie.
Des possibilités de synergie existent en appui au travail de l’AGROTECH et le conseil de la
région autour de l’approche paysage, l’agro-écologie et le soutien aux petits producteurs
pour la certification BIO.
18
Visite terrain Projets de l’Association Anwar Tousiko pour le développement et la
coopération.
Samedi 23 janvier 2016, Matinée
Commune de Ait Amira (Chtouka Ait Baha)
Présents : RARBA et membres de l’association
Déroulé
Présentation du projet par le RARBA
Visite du réservoir d’eau et de la
fromagerie
Visite de quelques exploitations
agricoles de la zone
La zone est caractérisée par l’agriculture moderne intensive avec une forte utilisation de
pesticides et par l’urbanisation qui s’étend au profit de l’agriculture ;
Elle est également caractérisée par la dominance des pratiques de solidarité villageoise
(apport des émigrés) ;
L’association a été créée dans l’objectif de stopper l’exode, de lutter contre l’habitat
insalubre et préserver les parcelles agricoles. Dans ce cadre, elle a soutenu des projets de
mobilisation des ressources en eau pour l’irrigation, la mise en place d’une coopérative
laitière et la promotion de l’agriculture bio.
L’agriculture Bio développée consiste en des parcelles sous serre avec l’utilisation de
pesticides labélisés. La vente sera effectuée via un réseau whatsapp sous forme de panier
bio et sain : le panier issu des parcelles sous serre sera complété par des légumes issus
d’autres parcelles locales.
Recommandations :
La culture sous serre et l’usage de pesticides même certifiés ne sont pas en ligne avec les
principes de l’agriculture Bio ou de l’agroécologie ;
Afin d’évoluer vers des pratiques d’agroécologie, visiter des projets d’agroécologie à Dar
Bouazza (terre et humanisme) ou dans la région de Shoul (contacter l’association swani
tiqa). Coordination des Swani Tiqa ;
[email protected] ( [email protected]) / GSM +212 663054749 /
http://www.swanitiqa.com
Prendre connaissance également de la stratégie de vente des paniers pour s’inspirer de ces
expériences
Atelier de consultation des ONG et des organisations communautaires de base (OCBs)
Samedi 23 janvier 2016, Après-midi
Locaux du RARBA (Agadir)
Participants : membres d’ONGs et d’OCB ; Réseau
RARBA, Migrations et développement, association
résilience, Illigh, consortium APAC, Association
TIFAOUINE, Association Alouss et autres ONGs
24 Associations ont pris part à cette réunion
30 participants
Déroulé Présentation des objectifs et du cadre
général de la réunion
Présentation du PMF FEM
Présentation du processus de préparation de
la stratégie et du choix du landscape ;
Présentation des nouveaux axes stratégiques
y compris les APACs,
Travaux de groupe autour des
problématiques majeurs, freins et
opportunités du paysage (3 groupes)
Conclusion et étape à venir
19
3 groupes ont été constitués pour établir la situation du paysage (problématiques majeures,
freins et opportunités). Les 3 groupes représentaient les 3 régions suivantes : Région de
Taghazout & Mesguina, Chtouka Ait Baha et Tiznit-Taroudant-Sidi Ifni et Tata.
Principaux problèmes soulevés dans le cadre du processus de consultation
Région de Taghazout & Mesguina :
Cette région est caractérisée par la dégradation de la forêt d’Arganier, le surpâturage, la
surexploitation du bois et la désertification et la sécheresse.
Les montagnes de cette région se caractérisent par la rareté des ressources naturelles, la
surexploitation des ressources en eau et l’exode rurale.
Les transformations sociales sont importantes menant à une déperdition des pratiques de
solidarité locale.
Au niveau de la mer de Taghazout, le rejet d’eaux usées non traitées est à l’origine de la
dégradation des algues et d’autres ressources marines.
Afin d’inverser cette situation, les ONGs proposent : de relancer l’agroécologie,
réhabiliter les anciennes sources d’eau en y introduisant des énergies propres (solaire
notamment) et de l’irrigation goutte à goutte, collecter les eaux pluviales (Khettaras),
relancer les Agdals selon les lois coutumières et organiser la transhumance (clôture).
Les ONGs de ce groupe ont également insisté sur le transfert des connaissances
traditionnelles, la mise à niveau des capacités et l’échange d’expériences.
Chtouka Ait Baha
Cette région contient des côtes, des plaines et des forêts.
La zone agricole se caractérise par une agriculture moderne forte utilisatrice de pesticides,
responsables de la pollution des eaux et de l’environnement et avec un impact négatif sur
la santé de la population.
Le tissu associatif peut-être le point de départ pour des expériences en matière d’irrigation
collective et d’agriculture Bio.
Les principaux freins au niveau de cette localité sont : l’abandon de la relation homme-
terre, faiblesses des moyens pour une exploitation durable des terres par les petits
agriculteurs qui se voient dans l’obligation de louer leurs parcelles à des gros investisseurs.
Au niveau des montagnes, les problèmes environnementaux dominants sont surtout liés à
la dégradation de l’arganier et à l’abandon des pratiques traditionnelles comme l’Agdal et
le Tiwizi. On note également l’existence de plusieurs coopératives d’exploitation de
l’arganier.
Tiznit-Taroudant-Sidi Ifni et Tata
Problématiques environnementales majeures : surpâturage, déperdition des
connaissances traditionnelles de gestion des forêts, transhumance non régulée qui
contribue à la dégradation de la RBA, besoin de restituer les règles de gestion traditionnelle
et de travailler sur le transfert du savoir entre les générations.
Freins : besoin d’une concertation élargie entre les acteurs de la RBA
Opportunités : (1) existence d’un savoir faire local et de connaissances traditionnelles à
capitaliser (surtout en termes de savoir féminin) / (2) existence d’un projet d’appui à la
transhumance (financement Qatari) / (3) projet « Takatouna, notre énergie » mené par le
conseil régional
Type de projets : efficacité énergétique dans les constructions, pesticides bio, sélection de
plantes résilientes.
20
Conclusion et suite à donner :
Le statut « RBA » sera évalué en 2018. Les participants ont soulevé l’importance d’unifier
leurs efforts en tant que société civile et de travailler avec les acteurs institutionnels pour
maintenir ce statut après l’échéance de 2018 ;
Les associations ont exprimé le besoin en renforcement de capacités, techniques et
managériales ;
La coordination du PMF FEM partagera avec les ONGs, les présentations power point sur
les objectifs du programme durant la phase 6 ainsi que le dépliant sur les objectifs
d’AICHI.
b- Etat actuel à l’échelle du paysage
Les arganeraies, forêts uniques et importantes à l'échelle mondiale, situées à proximité du
Sahara, fonctionnent comme rempart contre l’avancée de la désertification. Elles sont
également d'une grande valeur pour les moyens de subsistance des communautés locales ; le
bois, dur et résistant, sert dans la construction et la fabrication d’outils, alimente le chauffage
et est transformé en charbon utilisé pour la cuisson, les feuilles nourrissent de grands
troupeaux essentiellement caprins, l’huile tirée des amandes est une denrée alimentaire de
base, sans compter son exploitation dans les produits cosmétiques et médicaux (l’huile
d’argan est utilisée pour produire des cosmétiques de haute qualité qui, au cours de la
dernière décennie, ont fait l'objet d’une demande croissante sur les marchés internationaux).
Mais aujourd’hui, les arganeraies sont en constante régression. La croissance rapide de la
population de la région Souss Massa et l'évolution des aspirations de cette dernière
(intensification de l’agriculture, projets structurants du tourisme, grands et nombreux
chantiers d’urbanisation, etc.) ont conduit au cours des dernières décennies à une pression
croissante sur l'intégrité des écosystèmes et de leurs services dans la région. Plusieurs
facteurs interdépendants concourent à la dégradation continue des arganeraies, à savoir (i)
l'intensification du surpâturage et de la transhumance, (ii) l'expansion et la modernisation de
l'agriculture (en plaine), (iii) la surexploitation des ressources pour le bois de chauffe, (iv)
l'exploitation non durable des plantes médicinales et aromatiques, (v) l'érosion et la perte des
sols ; (vi) et les effets du changement climatique et de la désertification.
Afin de freiner la perte et la dégradation de l'écosystème de l’Arganeraie, le gouvernement
du Maroc a mis en place en 1998, dans le cadre du programme Man and Biosphère Reserve
(MAB) de l'UNESCO, la Réserve de biosphère de l’Arganeraie (RBA). Mais le statut de
réserve de biosphère n’a pas pour autant régler le problème des arganeraies. D’où la
naissance de l’Agence de Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganeraie.
Aujourd’hui se pose donc pour la région Souss Massa, le défi énorme de (i) réhabilitation de
l’arganeraie, de (ii) réhabilitation des pratiques ancestrales de gestion des ressources
naturelles, qui ont pendant longtemps contribué à la préservation de l’écosystème arganier et
qui ont permis aux polutions de s’adapter à des
conditions climatiques extrêmes, ainsi que (iii) la L’arganeraie ne doit pas uniquement
sa réputation à l’arganier, mais aussi à la ″civilisation agraire″ qu’elle a suscitée, résultat d’un long processus d’adaptation1, aujourd’hui en déperdition.
21
réhabilitation des pratiques de solidarité tel que l’Agdal et Tiwizi, qui ont de tout temps
soutenu le maintien d’une véritable cohésion sociale dans l’arganeraie.
c- Dynamique associative dans la région Souss Massa
Dès le début des années 90, une nouvelle approche de développement rural a été adoptée au
Maroc énonçant la nécessité de renforcer les organisations de base des populations rurales et
de promouvoir de nouvelles règles de fonctionnement dans le cadre de la décentralisation,
de la régionalisation et de la promotion de rapports de contractualisation et de partenariats.
De nombreuses organisations de développement ont ainsi vu le jour ; leur principal souci
étant de désenclaver les zones rurales, tout en développant le travail associatif déjà existant
(on souligne ici le travail communautaire caractérisé essentiellement par le collectif (jemâa)).
De ce fait, l’action collective de ces associations rurales s’inspire de deux registres, tradition
et modernité, qui semblent en apparence contradictoires, mais qui répondent socialement à
des aspirations complémentaires, combinant ainsi des missions du service public (école,
mosquée, eau potable, électricité, pistes, etc.) et des missions de type caritatif (distribution de
paniers de nourriture, Zakat, fournitures scolaires, soins élémentaires, etc.).
Ces associations sont appelées communément Associations de Développement local (ADL).
Devenues un interlocuteur obligé pour et par les pouvoirs publics, aujourd’hui tous les
douars et villages ruraux disposent d’une association de développement local. Dans la
grande majorité des cas, les membres de ces associations sont les mêmes membres des
Jemâas (anciens du village, généralement analphabètes ou très peu lettrés), mais sont parfois
gérés par des jeunes (qui ont pu suivre des études), pour la facilitation de la communication
avec les autorités locales et les services de l’état. Dans le cadre du programme, elles sont
dénommées « OCB ».
Au niveau de la région Souss Massa Drâa, la naissance du mouvement associatif rural vers la
fin des années 90, a coïncidé avec la succession des années de sécheresse, ce qui a poussé les
habitants à trouver des solutions par leurs propres moyens et initiatives. Région connue
historiquement par sa culture de solidarité sociale, la région de Souss Massa a vu sa
dynamique sociale traditionnelle renforcée grâce à l’apport du mouvement associatif.
Aujourd’hui, le tissu associatif est très développé dans la région, et est incontournable et très
concerté dans le processus de développement régional. A côté des ADL, sont nées les ONG,
associations intermédiaires intervenants comme relai entre les services de l’Etat et les ADL
avec un rayonnement plus large (province, région, national), ainsi que des réseaux
associatifs fédérant des ONG et des ADL. Le cas le plus illustratif pour le Souss Massa est
celui du RARBA, qui présente aujourd’hui de nombreuses antennes dans l’ensemble des
provinces de la région Souss Massa et au-delà.
La plupart des ONG et réseaux de la région sont nés de la nécessité d’accompagner un
programme d’envergure de la région comme c’est le cas du RARBA (programme de
développement de la RBA) ; AGROTECH (contrat de nappes), Réseau de Développement du
Tourisme Rural (Stratégie 2010 du Tourisme) etc. témoignant de l’importance du rôle joué
par la société civile dans la région en accompagnement des efforts de l’Etat et des
22
collectivités territoriales (institutions nées d’un besoin et non en réponse à des exigences
externes, ce qui est rarement le cas dans d’autres régions du Maroc).
a- Parties prenantes et opportunités de partenariat et de synergie
Au niveau de la région Souss Massa, s’offrent pour le programme une multitude
d’opportunités et de possibilités de synergie et de partenariats. Concernant les programmes
de l’Etat, il convient de citer le PMV (pilier II), la stratégie 2020 du tourisme qui se veut au
niveau de la région, développer à côté du balnéaire, le tourisme dans l’arrière Pays, en
particulier l’écotourisme, l’INDH, le Plan de Développement de la Région, etc. Concernant
les acteurs étatiques, nous nous arrêterons sur les possibilités de partenariat avec
l’ANDZOA.
L’Agence Nationale de Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganeraie
(ANDZOA), a été créée en février 2010, sous tutelle du Ministère de l’Agriculture et des
Pêches Maritimes. Elle a pour mission d’élaborer dans le cadre d’un processus intégré
impliquant l’ensemble des acteurs concernés (acteurs institutionnels, élus,…), un programme
global de développement de ces zones d’intervention (Oasis et arganeraies), qui prendrait en
compte les dimensions sociale, économique, environnementale et culturelle, et d’en assurer
l’exécution, le suivi et l’évaluation.
Concernant l’Arganeraie, l’agence veille principalement à la protection, à la préservation et
au développement des zones de l’arganier à travers notamment la mise en œuvre de projets
de développement socio-économiques, réalise des opérations d’extension des peuplements
de l’arganier conformément aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur,
supervise des projets sur la valorisation, la commercialisation, et la labellisation des produits
de l’arganier, structure les filières de production et de commercialisation des produits de
l’arganier, et enfin encourage la recherche scientifique relative la préservation et au
développement de l’arganier, et à la valorisation de ses produits. Ses missions, ses
programmes, et les moyens financiers et humains dont cette agence dispose en font un
partenaire privilégié du programme au niveau de la région.
Plusieurs Organisations Internationales interviennent dans la région, dont la coopération
Suisse, la GIZ et le PNUD. La GIZ intervient dans la région dans le cadre de deux
programmes, Projet Gouvernance Environnement et Climat, et le projet Tourisme Durable,
avec des possibilités de synergies avec le PMF FEM dans les deux cas. Le projet EC-SMD,
avec le PNUD et l’Agence de Développement Agricole de Souss Massa, sur lequel nous nous
arrêterons plus longuement.
Le projet EC-SMD vise la conservation de l’agro-biodiversité dans le Souss Massa Draa
(SMD). L’objectif à long terme proposé par ce projet est d’introduire le Payement pour les
Services Ecosystémiques (PSE) en tant que mécanisme innovant pour inverser la perte et la
dégradation de l’écosystème Arganier. Ceci, en association avec la valorisation (labellisation
et commercialisation) de 2 produits de terroir issus de cet écosystème, à savoir l’huile
d’Argan et le miel.
23
Le projet agit aux travers de 4 composantes interconnectées. La composante 1, concernera la
création d’un environnement habilitant pour l’introduction des PSE au Maroc en adressant
les changements institutionnels, politiques et légaux nécessaires à la mise en place et le
pilotage d’un tel mécanisme dans le SMD. A travers la composante 2, le projet renforcera les
capacités techniques pour la mise en œuvre de modèles PSE dans le SMD et préparera ainsi
le terrain pour une réplication nationale des concepts et des outils PSE via la dissémination
des leçons apprises et l’échange d’expériences avec d’autres projets et programmes. Les
activités de la composante 3 permettront de promouvoir une production organique, durable
et respectueuse de la biodiversité via un schéma de labellisation et de commercialisation
adaptées aux produits de l’écosystème Arganier. En capitalisant sur les 3 premières
composantes, le projet entamera un investissement pilote de type PSE à travers la
Composante 4 en tant que moyen de promotion, de conservation et d’exploitation durable de
la biodiversité et les services ecosystémiques qui y sont associés dans l’écosystème Arganier.
Comme mentionné plus haut, le projet projette de développer 4 modèles de PSE : PAMs,
écotourisme, Terrasses et ressources naturelles et a identifié 12 projets start-up. Dans ce
cadre, une collaboration est nécessaire entre ce projet et le PMF FEM. Pour favoriser cette
synergie, qui offre au PMF FEM, l’opportunité de contribuer à la promotion et au
développement de modèles PSE (une première pour le Maroc), les zones d’intervention du
PMF FEM/OP6 seront celles retenues par ce projet, en particulier dans la zone Haut Atlas.
Autres éléments à préciser pour ce projet, ce sont les critères retenus pour la sélection des
sites d’intervention, et qui comportent : (i) la large distribution d’importantes étendues
d’arganeraies sur une grande partie du site, (ii) les menaces sévères pesant sur les ressources
de l’agro-biodiversité, en particulier sur le thym et d’autres PAM, aujourd’hui soumises à un
taux alarmant d’exploitation incontrôlée, (iii) la présence de sites potentiels pour la
réhabilitation des terrasses et la promotion de l’agro-biodiversité locale, (iv) des opportunités
réelles de réhabiliter la pratique traditionnelle du système traditionnel “Agdal” de pâturage
en rotation associé parfois à la conservation des PAM, (iv) la présence de caractéristiques qui
peuvent constituer une base pour la future vente groupée des SE, comme les circuits
touristiques de valeur potentiellement élevée ou les barrages fournissant l’eau pour l’
irrigation.
Zone du Haut-Atlas
(1) Bassin d’Oued Tamaraght - Imouzzer Ida Outanane (route du miel).
Le site couvre les communes rurales d’Idmim, de Bigoudim, d’Aquesri, d’Immousser,
de Tiqqui et d’Argana. La zone abrite un circuit touristique, de valeur potentielle
élevée, lié au miel et à l’apiculture traditionnelle et comprenant l’un des plus grands
ruchers traditionnels du monde (vallée du paradis).
(2) Bassin versant de Chakoukane (sous-bassin d’Aouziwa).
Le site couvre les communes rurales d’Ounaen, Tizrasse, Ouzioua et Assaki. Deux
barrages importants contribuent à l’approvisionnement en eau de boisson et
d’irrigation pour la région SMD. Le lac Ifni présent aussi dans la zone constitue un
circuit touristique de valeur potentielle élevée.
24
Figure 2. Sites prioritaires de la zone d’intervention du projet (source : étude PPG).
Autre possibilité de partenariat qui a influencé le choix des sites d’interventions du
programme au niveau de la région, c’est celle avec l’AGROTECH. L’agriculture moderne au
niveau de la partie plaine pose des problèmes environnementaux et sociaux très importants,
nécessitant la conjugaison de plusieurs interventions. C’est pourquoi, le programme se
propose de répondre à la demande pressante des associations locales en intervenant
également dans la partie plaine du Souss, dans le cadre d’un partenariat avec l’AGROTECH,
en particulier pour la promotion de l’agro-écologie
D’autres possibilités de partenariats s’offrent bien sûr au programme au niveau de la
région, outre celles développées plus haut ; l’ensemble est résumé dans le tableau qui suit.
Tableau 2 : présentation des parties prenantes et des possibilités de partenariat et de
synergie au niveau du paysage spécifique « RBA »
.
Parties prenantes Fonctions et responsabilités Agence pour le
développement agricole
(ADA) du Ministère de
l'Agriculture et de la Pêche
maritime (MAPM)
L'agence est chargée de participer à la mise en œuvre du Plan Maroc
Vert (PMV) à travers l'élaboration et la mise en œuvre de plans
d'action pour soutenir le développement d’entreprises agricoles à
haute valeur (Pilier I) et des projets de soutien des petits agriculteurs
(premier Pilier II).
Haut-Commissariat aux Eaux
et Forêts et à la Lutte contre la
Désertification (HCEFLCD)
Le Haut-Commissariat est responsable de l'élaboration et de la mise
en œuvre des politiques du gouvernement relatives à la
conservation et à l'utilisation durable des ressources forestières, la
chasse, la pêche intérieure, parcs et réserves naturels et la lutte
contre la désertification.
Ministère Délégué Chargé de
l'Environnement
Les principales fonctions du ministère sont de faciliter, promouvoir
et coordonner avec d'autres ministères toute action
gouvernementale pour protéger l'environnement et suivre sa mise
en œuvre.
25
Parties prenantes Fonctions et responsabilités
Agence nationale pour le
développement des zones
oasiennes et d’Arganiers
(ANDZOA)
Dans les écosystèmes oasiens et d'Arganiers, l'agence est chargée, en
coordination avec d'autres autorités gouvernementales, d’élaborer
un programme de développement global et d'assurer son suivi et
l'évaluation de sa mise en œuvre.
Conseil régional du SMD
Les fonctions principales comprennent : (i) l'élaboration d'un plan
de développement économique et social pour la région, (ii) la
collecte de taxes, redevances et autres impôts perçus pour le compte
de la région, (iii) la promotion de l'investissement privé, (iv) la prise
de toutes les mesures pour protéger l'environnement, (v) l'adoption
de mesures visant à rationaliser la gestion des ressources en eau.
Agence du bassin
hydraulique du SMD
Les fonctions principales comprennent : (i) l'élaboration d'un plan
intégré des ressources en eau et assurer sa mise en œuvre, (ii) la
délivrance de permis et de licences pour l'utilisation des ressources
publiques en eau, (iii) l'établissement d'infrastructures de
prévention des inondations et de lutte contre les inondations.
Observatoire régional de
l'environnement et du
développement durable
(OREDD)
L’Observatoire régional fournit l'évaluation et la surveillance des
données environnementales nécessaires à la prise de décision et
l'amélioration continue des politiques.
Direction régionale de
l'agriculture pour le SMD
La DRA est chargée du développement et de l'adoption de plans
régionaux de développement agricole basés sur les politiques
sectorielles nationales.
Agence de développement
social (ADS)
L’action de l’ADS est dédiée à la réduction de la pauvreté et la
promotion du développement social, en collaboration avec d'autres
entités gouvernementales opérant dans le même domaine.
Division des affaires rurales
(DAR) de la wilaya
Responsable des affaires rurales et des projets connexes au niveau
régional.
Réseau des associations de la
réserve de biosphère de
l'Arganier (RARBA)
Les fonctions principales du RARBA comprennent : (i) le soutien à
l'action communautaire pour la conservation et la bonne gestion des
ressources naturelles, (ii) le maintien et la valorisation du
patrimoine culturel, (iii) la facilitation et l’opérationnalisation de la
Réserve de biosphère de l'Arganier (RBA), (iv) l’appui technique et
institutionnel aux associations membres.
Association AgroTech Association d’institutions dont le but est de soutenir des solutions
agro- technologiques de pointe dans la région SMD et d’aider les
entreprises dans le domaine de la recherche et/ou le développement
de la biotechnologie alimentaire et l'agro-industrie.
Associations de
développement local (ADL)
Associations locales (municipalités ou douars) œuvrant pour
soutenir le développement local.
Programme des Nations
Unies pour le développement
(PNUD)
Projet Economie Circulaire Souss Massa
GIZ Projet Gouvernance Environnement et Climat, et le projet
Tourisme Durable
26
III.2.1 Parc National du Toubkal et zones limitrophes
a) Processus de consultation
Le Parc National du Toubkal n’a pas été dès le départ retenu comme site prioritaire
d’intervention du PMF FEM, dans la mesure où il ne présente pas de possibilité de synergie
avec le PNUD. Néanmoins, suite au processus de cadrage national et aux réunions de
concertation avec le CNP et la coordination du projet, ce paysage s’est révélé intéressant,
compte tenu des acquis en termes de renforcement des capacités, de projets innovants et
porteurs, de la dynamique créée autour des réalisations du PMF FEM durant les phases
antérieurs, et des bonnes pratiques qu’il est judicieux de capitaliser dans le cadre d’une mise
à l’échelle. Par ailleurs, le parc se prête parfaitement à la mise en application de l’approche
Landscape.
Des contacts ont donc été pris avec un certain nombre de partenaires et parties prenantes, et
deux ateliers, le premier essentiellement d’information sur le programme et ses nouvelles
orientations stratégiques, et le second de réflexion plus approfondie sur une éventuelle
contribution du programme dans la région du parc, ont été tenus. Suite à ces ateliers, et après
restitution au comité de suivi national, le Parc a été retenu comme zone prioritaire
d’intervention du programme au même titre que les deux autres paysages spécifiques « RBA
et RBO ».
Résultats du processus de concertation
Atelier d’information des partenaires au niveau du Haut Atlas Occidental (Parc National
du Toubkal sur les nouvelles orientations du PMF FEM
Jeudi 21 janvier 2016 à 10H00
Marrakech, locaux de la Fondation du Haut
Atlas
Direction du Parc, Fondation du Haut Atlas,
consortium APAC, CDRT, OCBs.
Déroulé
Présentation des objectifs et du cadre
général de la réunion
Présentation du PMF FEM
Présentation du processus de
préparation de la stratégie et du choix du
landscape
Présentation des nouveaux axes
stratégiques y compris les APACs
Discussion autour des zones prioritaires,
du type des projets, et des possibilités de
synergies et de partenariat
Conclusion et étape à venir
Principaux points discutés
Les priorités d’intervention suivantes ont été soulevées par les participants :
Le Haut Atlas occidental est caractérisé par une diversité des paysages à conserver.
Diversité menacée par le pâturage, la surexploitation et l’usage des pesticides
Ce paysage est également caractérisé par sa diversité culturelle et traditionnelle
notamment en ce qui concerne l’irrigation ancestrale, la pratique des terrasses et de
l’Agdal qui est malheureusement en déperdition
27
L’agro-biodiversité, l’agro-écologie, la valorisation des produits locaux, La
réhabilitation des ourtens (jardins maraichers), la réduction des pesticides constituent
des axes d’intervention à l’échelle de ce paysage
L’éducation des jeunes et le transfert des connaissances et du savoir traditionnel
constituent une alternative pour lutter contre la déperdition des pratiques
traditionnelles
La filière de valorisation de la pomme (production du vinaigre) est un exemple de
filière à développer dans la zone tout en éliminant l’usage des intrants chimiques
fortement utilisés pour la culture des pommes
Conclusion et étapes à venir :
Afin de développer une vision commune et de définir les axes d’intervention prioritaires
au niveau du paysage, les participants ont décidé d’organiser une 2ème réunion le 12
février 2016 qui sera élargie aux autres acteurs de la zone (DREF, DPA, autres ONGs et
OCBs…) pour :
Définir les zones d’intervention prioritaires au niveau du paysage du Haut Atlas
(prendre en considération la zone d’intervention du projet GDF ) ;
Définir les problématiques environnementales et socio-économiques dominantes au
niveau de es zones (les grandes problématiques) ;
Définir les potentialités et les opportunités au niveau de ces zones du paysage ;
Lister les projets / acteurs existants dans es zones et les possibilités de
complémentarités (prendre en considération le projet GDF) ;
Définir les types de projets à développer en lien ave les initiatives stratégiques du
PMF FEM/ PNUD.
Atelier de réflexion sur la contribution du PMF FEM au titre de l’OP6 au niveau du Parc
National du Toubkal et zones limitrophes
29 février 2016
Jenane Tamesna/Marrakech, Locaux du
GDF
Participants (15 personnes) : Principaux acteurs
associatifs et institutionnels intervenants à
l’échelle du Parc national de Toubkal : Direction
du Parc, Fondation du Haut Atlas, consortium
APAC, CDRT, GDF, RESING.
Déroulé :
Bref Rappel des orientations et initiatives
stratégiques du PMF FEM durant l’OP6;
Brève présentation du processus de
consultation des acteurs au niveau du Haut
Atlas et des résultats des 2 premières réunions
Présentation de l’objectif de conservation au
niveau du paysage et des zones qui se prêtent à
l’intervention du PMF FEM durant la phase 6
Présentation de la GDF et de ses interventions
(actuelles et futures) au niveau du haut Atlas
Présentation de l’intervention actuelle et
future des principaux acteurs (Resing, HAF,
Parc…) au niveau du Haut Atlas
Définition des possibilités de convergence et
de synergies
Conclusion : présentation de l’étape à venir
28
Résultats de l’atelier :
L’atelier a démarré par un rappel par la consultante N.Essiari, des objectifs et des initiatives
stratégiques de la phase6, la présentation des 3 paysages spécifiques retenus, ainsi que les
critères qui ont guidé ce choix, et enfin la présentation pour validation avec les partenaires
du PNTB de l’objectif proposé pour le paysage du parc national de Toubkal et zone
limitrophe, et qui est formulé comme suit :
Promouvoir la mise en œuvre d’approches communautaires de gestion de la biodiversité à
l’échelle du paysage : Parc National du Toubkal, à travers notamment :
• Le développement de chaines de valeur inclusives durables en tant qu’outil de
conservation de la biodiversité;
• La valorisation et réhabilitation du savoir-faire traditionnel et des modes de
gouvernance ancestraux dans la gestion des espaces naturels.
Ensuite les participants représentant les différentes parties prenantes au niveau du paysage
ont pris la parole pour faire part des résultats de leur concertation avec les OCB et de leurs
activités respectives à l’échelle du paysage.
• Mr Al Ifriqui, membre du consortium APACS, et personne ressource locale, a présenté les résultats de l’atelier
organisé avec les COBs en vue d’identifier les types de projets à retenir dans le cadre de la stratégie OP6 du
PMF Maroc. Cet atelier a permis de sensibiliser/informer les OCBs sur les nouvelles approches d’intervention
du PMF FEM durant l’OP6. Les besoins s’orientent plus vers la mise en place d’aménagement pour l’irrigation
des différentes cultures (puits, canalisations…).
• M. Ben-Meir de la HAF, a présenté les résultats de la réunion participative organisée par la fondation du haut
atlas en faveur des communautés locales et des OCBs autour de la planification des priorités du territoire. Les
résultats de cette réunion ont mis en avant des besoins en lien avec le développement de l’infrastructure
agricole et autres (comme l’irrigation, la plantation d’arbres, la création d’entreprises sociales…).
• Mr Messouli, représentant du CDRT a évoqué l’importance de s’appuyer sur des logiciels comme Cristal pour
la planification des priorités. Il a également informé les participants sur le projet mené par le CDRT dans la
région dans le domaine des changements climatiques (accompagnement massif des communautés sensibles au
changement climatique).
• Mme Mokhtari, directrice du Parc national de Toubkal a présenté les projets du Parc en soulignant les 2
objectifs poursuivis à l’échelle de ce paysage à savoir la conservation de la biodiversité et l’atténuation des
risques d’érosion. Elle a également évoqué le cas réussi de la coopérative CADEFA (qui regroupe 9 villages) et
avec laquelle le parc a signé un contrat de gestion d’un massif de PAMs. La coopérative a obtenu la
labellisation « Ecocert » et commercialise ses produits à l’étranger. Le parc entreprendra très prochainement
une évaluation pour savoir si cette gestion contribue à la régénération des massifs de PAMs.
Les membres de la coopérative assurent un gardiennage communautaire de ce massif. Le Parc a également
abordé une nouvelle approche qui s’appuie sur plus de concertation avec la population. Le Parc va lancer le
processus d’élaboration de son plan d’aménagement et veillera à impliquer les communautés et les ONGs dans
ce processus. Une étude sur les parcours sera également lancée cette année y compris les cartes des parcours,
des ayants droits, le calendrier…
Mme Mokhtari a informé l’assistance sur un programme de formation avec l’appui du RADD, réseau africain
du développement durable sera lancé (formation sur le tourisme durable, l’agriculture durable,
l’environnement….). Il serait bien de développer des synergies avec les projets du PMF FEM dans la zone. • Les représentants de Global Diversity foundation « GDF » ont présenté les projets qu’ils développent dans la zone avec
l’appui de l’initiative Darwin et la fondation MAVA. Ils travaillent en partenariat avec l’association « moroccan biodiversity
& livelihoods association » et Resing (bureau d’études spécialisé en hydrologie). GDF et ses partenaires s’attachent à
promouvoir la triple approche : agro écologie, hydrologie et conservation de la biodiversité à l’échelle du paysage du haut
atlas qui est un hot spot en biodiversité méditerranéenne. 2 actions majeures guident leur intervention : la réalisation d’un
livre rouge pour le haut atlas et l’évaluation de l’effet des Agdals en termes de conservation de la biodiversité.
29
En partenariat avec la MAVA, GDF vient de lancer en janvier 2016 un nouveau projet intitulé « approche intégrée pour la
conservation des PAMs dans le Haut Atlas ». Parmi les activités de ce projet : la création d’une carte « SIG » de la distribution
et de conservation du paysage du haut atlas, la formation des jeunes diplômés sur le monitoring écologique, la documentation
des pratiques communautaires pour la conservation de la biodiversité incluant celle en déperdition en ce qui concerne la
gestion durable des PAMs, l’élaboration de plans participatifs pour les espèces menacées (ex. pyrèthre, lavandula…)et les
écosystèmes, l’identification du potentiel pour le renforcement des Agdals, l’adoption d’une approche intégrée de
dissémination (brochures, vidéos…).
Une académie régionale (10 jours) sera organisée en 2017 au Maroc pour les représentants méditerranéens autour de la gestion
des paysages et un réseau d’acteurs sera mis en place en vue de favoriser la mise à l’échelle de l’expérience des Agdals. GDF
souhaite transposer l’expérience de gestion communautaire des paysages à l’échelle de la vallée du ZAT (Larba Tighdouine).
GDG a également présenté son expérience au niveau de la vallée de l’Ourika en permaculture introduite dans « dar Taliba »
avec la formation d’un réseau de jeunes filles qui servent d’agents multiplicateurs de l’approche dans leurs villages d’origine.
• Le représentant de Resing a présenté leur expérience en matière de « contrats de nappe » et de gestion intégrée
des ressources en eau au niveau des bassins et des sous bassins (Haouz-Mejjate), ainsi que la possibilité de
tester cette approche à l’échelle de micro-bassins.
Tous les acteurs présents ont apprécié l’initiative de cette réunion et ont exprimé le souhait
de développer des synergies et de convergence.
Conclusion et recommandations :
Veiller à intégrer les OCBs/ ONGs partenaires du PMF FEM dans les dialogues
relatifs à la réactualisation du plan d’aménagement et de gestion du Parc et dans les
formations prévues par celui-ci ;
Travailler avec le parc pour la coordination des projets à l’échelle du paysage ; le
parc doit-être partenaire de tous les projets à l’échelle du paysage ;
Le cas de la CADEFA pourra être renforcé par le PMF durant l’OP6 : consolidation,
capitalisation et diffusion de ce cas de bonnes pratiques incluant la possibilité de
réplication :
Des synergies importantes se présentent avec GDF, le parc et la FHA. Le PMF FEM
pourra soutenir des projets communautaires qui complètent les études et les
différentes actions menées par GDF (renforcement des Agdals, valorisation
communautaires de PAMs, plan de gestion participatifs des PAMs), du parc :
conservation participative de la biodiversité, lutte contre l’érosion) et HAF
(valorisation des espèces locales à travers la promotion de chaines de valeurs
inclusives, et des pratiques communautaires comme les cultures en terrasses) ;
Prendre en considération l’aspect culturel, social, politique, religieux dans le travail
sur les Agdals pour l’appui aux APACs.
Etapes à venir :
La stratégie du PMF sera validée en mars 2016. Un appel à propositions sera diffusé. Un
délai de 2 mois sera prévu pour permettre la préparation des projets. Pour veiller à la
complémentarité entre les projets à soutenir à l’échelle de ce paysage, une réunion
d’information des parties prenantes sera organisée un mois après le lancement de l’appel à
projets pour mieux orienter le processus.
30
b- Etat actuel à l’échelle du paysage
Le Parc National de Toubkal (PNTb) s’étend sur la partie centrale du Haut Atlas, entre la
vallée du N’Fis à l’Ouest et celle de l’Ourika à l’Est. Il s’agit du premier parc national au
Maroc, créé en 1942, pour protéger la biodiversité et les paysages pittoresques offerts par les
plus hauts massifs montagneux de toute l’Afrique du Nord, au milieu desquels jbel Toubkal
ou Adrar N’Dern (la montagne des montagnes) culmine à 4.167 m.
Ce parc de montagne se démarque par un relief puissant, des paysages d’une beauté
exceptionnelle et par une diversité biologique remarquable. Le Parc est en effet très riche en
endémiques marocaines (58 espèces et sous espèces) dont 16 spécifiques au site. Il se
caractérise également par une multitude d’habitats spéciaux : pozzines, prairies d’altitude,
steppes ligneuses à xérophypes épineux, gorges et falaises. Enfin, de nombreuses rivières
prennent naissance dans la zone du parc et vont assurer l’irrigation dans les vallées et les
plaines du piémont : le Nfiss, le Rherhaya, l’Ourika et le Souss.
Sur le plan culturel, le site du parc se caractérise par ses populations humaines aux traditions
ancestrales des hautes vallées et son patrimoine architectural et culturel marqué par la
présence de nombreux sites de gravures rupestres datant de plus de 5.000 ans. Le patrimoine
culturel, les paysages naturels pittoresques et la richesse de la faune et la flore, ainsi que la
présence du lac d'lfni à une altitude de 2.600 m, confèrent au parc national de Toubkal un
grand potentiel écotouristique.
Les principaux points ou activités recherchés par les visiteurs du parc sont : le sommet de
Toubkal, la découverte des paysages de haute montagne, la culture berbère de haute
montagne et les activités sportives (randonnées et escalade). Le site connaît actuellement une
grande fréquentation touristique. Avec environ 40.000 visiteurs par an, le parc national de
Toubkal reste le site privilégié pour le tourisme de montagne au Maroc. La présence d’un
réseau de chemins de mule et de réseaux organisés d’accompagnateurs touristiques (guides,
muletiers et porteurs) facilite l’accès des visiteurs aux différents points d’intérêts au niveau
du Parc.
La zone périphérique du Parc, ou zone tampon, où des actions de développement local
respectueuses de l’environnement sont tolérées comptabilise plus de 130 douars. Cette
population, en grande majorité pauvre et vivant en situation de précarité, puise l'essentiel de
ses besoins en énergie et en unité fourragère de la forêt, engendrant malheureusement un
amenuisement de la biodiversité.
Les ressources naturelles étant au cœur de l’économie locale et constituant la base de survie
des populations riveraines, le développement de ce parc était donc inconcevable sans une
prise en compte de toutes les interactions fonctionnelles avec le développement social. C’est
ainsi que dans l'objectif de concilier les exigences de conservation aux impératifs du
développement socioéconomique local, la direction du Parc déploie depuis 1995 des efforts
considérables dans le développement et la mise en œuvre d’une approche participative et
partenariale pour la gestion de son espace.
31
Compte tenu que durant plus d’une décennie, différentes approches de gestion participative
et intégrée des ressources naturelles ont été testées, attestant de différentes phases de
développement de la coopération avec les populations riveraines, nous avons jugé utile de
revenir dans le cadre de ce rapport sur l’historique de la GPRN dans ce parc.
La première phase a consisté en l’intégration de l’approche participative, à travers
notamment la réalisation selon la MARP, de diagnostics participatifs à l’échelle « douar » et
l’élaboration des Plans de Développement de douar. Après avoir élaboré un certain nombre
de Plans de Développement de Douar (diagnostics à l’échelle du village), la DPNT a pu
amorcer la mise en œuvre de plusieurs activités issues de ces plans visant essentiellement
l’appui à l’organisation de la population locale en ADL, le développement d’activités
génératrices de revenus (AGR), la recherche de solutions alternatives pour la diminution de
la pression sur la ressource bois, la conservation des sols (lutte contre l’érosion et protection
des agglomérations), la préservation des eaux et l’amélioration de leur gestion et de leur
qualité.
Cependant, malgré les moyens et les efforts déployés durant environ cinq années, et compte
tenu des difficultés à atteindre les objectifs fixés en terme de préservation des ressources
naturelles et de développement local (activités ponctuelles sans véritable impact socio-
économique et de conservation ; programme trop ambitieux vu le nombre de douars que
compte la zone périphérique du PNTb), la Direction du Parc National de Toubkal s’est vue
dans l’obligation d’engager une réflexion stratégique, qui devrait lui permettre de recadrer
son action, et de l’articuler plus autour de la gestion des ressources naturelles.
Avec l’appui de nombreux partenaires institutionnels et associatifs, l’équipe du parc a donc
entrepris des actions de terrain, en vue de dégager progressivement les éléments d'un
modèle à suivre en matière de Gestion Participative des Ressources Naturelles (GPRN). La
DPNT a donc procédé selon une approche progressive et une logique de projets intégrés par
vallée (ou « approche vallée »).
Ces projets intégrés s’articulent notamment autour des trois axes stratégiques suivants :
(i) l’engagement du processus de gestion durable des ressources naturelles à travers
des actions pilotes et la recherche de solutions alternatives,
(ii) le renforcement des capacités d’intervention des acteurs locaux en particulier
communautaires et les amener à se prononcer sur des questions qui les
concernent,
(iii) et enfin, l’élaboration de plan d’aménagement et de gestion de ressources
naturelles au niveau de la vallée qui reflète les résultats d’un diagnostic et d’une
planification concertée.
Considérant la vallée comme unité d’intervention, l’approche vallée vise surtout la mise en
synergie des douars et la préparation du réseau des associations villageoises à prendre les
rênes dans la gestion du processus de GPRN. Ceci étant, l’échelle « douar » n’est pas
occultée pour autant : le travail de proximité, de diagnostic et de négociation, étant un
contournable dans le processus de développement territorial durable.
32
Par ailleurs, pour concilier gestion durable des ressources naturelles et amélioration des
conditions de vie des communautés locales, l’approche qui s’est révélée la plus appropriée
est l’approche chaine de valeur autour de la valorisation de la biodiversité locale. Une des
filières retenue est celle des plantes aromatiques et médicinales (dont la majorité des vallées
du parc sont riches, mais qui connaissent une exploitation anarchique).
Ainsi, dans le cadre du projet « Appui à la mise en place d’une stratégie participative de
gestion des ressources naturelles dans la région d’Al Haouz et le PNTb », développé à
partir de 2003 dans la vallée de l’Agoundis, selon ces deux approches (vallée et filière), la
population locale, limitrophe au Parc National de Toubkal, a pu commencer à s’organiser
autour du secteur porteur de valorisation des plantes aromatiques et médicinales et à en tirer
profit, notamment à travers la création de la Coopérative de l’Agoundis pour le
Développement de l’Environnement Forestier et Agricole ou CADEFA (qui regroupe 70
adhérents dont 15 femmes, et vend une partie de sa production au niveau de l’écomusée du
Parc National de Toubkal) et la signature d’une convention de partenariat entre cette
dernière et la Direction Provinciale des Eaux et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification
du Haut Atlas, pour une exploitation durable et participative des massifs à Thym.
Forte de cette expérience, la direction du parc a contribué à une expérience intéressante
initiée par la Fondation Haut Atlas, autour de la valorisation de la filière de production de
l’huile de noix, avec comme pour les PAM, l’appui à la régénération de la ressource en
amont (plantation du noyer) et l’appui à la commercialisation et à la labellisation des
produits à l’aval de la chaine de valeurs. Ce projet a été en partie cofinancé par le PMF FEM
durant l’OP5. L’idée serait donc dans le cadre de l’OP6 de poursuivre cette collaboration
pour développer d’autres projets pour promouvoir les « chaines de valeur de valorisation de
l’agrobiodiversité » inclusives, sensibles au Genre et durables en tant qu’outil de
conservation de la biodiversité; (au moins 3 espèces à l’échelle du paysage).
Autres expériences sur lesquelles il ya lieu de capitaliser et qui justifient également le choix
du Parc National comme paysage spécifique 2, sont celles de la GDF, qui consiste à
développer des approches intégrées et novatrices de gestion des ressources naturelles. Il
s’agit en l’occurrence de la triple approche de conservation Biodiversité - gestion intégrée des
ressources hydriques - agroécologie, et de l’application du principe de contrat de nappe à
l’échelle de micro bassins dans le cadre de la gestion durable des sols et de la biodiversité
locale.
Enfin comme autres types de projets à développer dans le PNTB, ce sont les projets de
valorisation et de réhabilitation du savoir-faire traditionnel et des modes de gouvernance
ancestraux dans la gestion des espaces naturels (agdals pastoraux, agdals forestiers, gestion
de l’eau, bois de feu).
L’ensemble des approches de cogestion des ressources naturelles citées plus haut sont à
combiner dans le cadre de l’approche Landscape, pour en développer une version adaptée
au contexte rural de la haute montagne marocaine, à généraliser sur l’ensemble du paysage
et dans d’autres régions du pays.
33
c- Dynamique associative dans la région du Parc National du Toubkal
Composé en grande partie de petites associations de proximité à rayonnement local, le tissu
associatif local de la province d’Al Haouz constitue aujourd’hui un levier incontournable du
développement territorial de par, notamment, son dynamisme et sa richesse ; l’expérience
associative à Al-Haouz peut servir de modèle et de source d’inspiration indéniable pour
d'autres régions du Royaume.
Selon la répartition géographique des associations dans le Royaume, la région de Marrakech-
Tensift-Al Haouz arrive en deuxième position après celle de Souss-Massa et devant le Grand
Casablanca. L’Espace provincial d'Al-Haouz compte aujourd'hui quelque 2.300 associations.
Cet espace a consenti des efforts important depuis sa création, notamment en ce qui concerne
le renforcement des capacités des ADL et la consécration de l’approche participative.
Comme partout dans le monde rural marocain, les premières associations de développement
local du Parc National du Toubkal (province d’Al Haouz), ont vu le jour dans les années 90.
Depuis lors, le tissu associatif a littéralement explosé à la faveur d’un certain nombre de
programmes de l’Etat (UNICEF/CRS/projet d’alimentation en eau potable
FIDA/développement des zones de montagnes, le projet de Gestion des aires protégées,
l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), etc.
Grâce à ces programmes de développement local qui se sont succédés dans la région,
aujourd’hui pratiquement l’ensemble des douars disposent d’une association de
développement local (soit 130 ADL dans la région du PNTb), servant de relai entre les
communautés locales et les acteurs institutionnels porteurs de ces programmes (agricultures,
Eaux et Forêts, etc).
Contrairement à ce qu’on peut penser, les associations « modernes » ne concurrencent pas les
jemâa (institutions traditionnelles villageoises) qui restent encore opérationnelles au niveau
de la zone du parc. Ces deux institutions agissent plutôt dans la grande majorité des cas en
complémentarité, et très naturellement, une répartition des responsabilités s’est faite ; la
jemâa continue de statuer dans les affaires concernant la communauté (répartition et gestion
des ressources, mosquée, école, eau potable, …,), l’association est l’outil reconnu
officiellement pour concrétiser et pour servir de relai avec les services de l’Etat.
Une particularité de la province d’Al Haouz : les autorités locales ont pendant longtemps
assuré l’encadrement et l’appui à l’organisation des ADL ; la province d’Al Haouz a été la
première province au Maroc à disposer d’une division en charge de l’action associative, avec
pour principales missions le renforcement des capacités des ADL, et la levée de fonds.
Enfin, il convient de noter que dans la région du PNTb, un certain nombre d’ADL a pu
profiter d’un accompagnement et d’un appui financier du parc pour des projets conciliant
développement local et gestion des ressources naturelles. Ces appui ont été possible grâce
aux projets de la GIZ (AGRN et PRONALCD) et au projet Gestion des Aires Protégées du
FEM/BM. Parmi les vallées les plus touchées par ces projets, la Vallée de l’Agoundis, la
Vallée de Reghaya/Ait Mizane, et la Vallée de Tifnout.
34
Comme pour la région de SM, les capacités des ADL comportant une majorité de membres
analphabètes ou de niveau d’éducation très bas, restent insuffisantes pour assurer la
formulation, la gestion des projets et la levée de fonds, et pour constituer un interlocuteur de
poids des pouvoirs publics. Elles restent dépendantes d’appuis extérieurs, assurés dans la
plupart des cas par la Province et par des ONG (associations à rayonnement plus large).
d-Parties prenantes et opportunités de partenariat et de synergie
Outre les acteurs institutionnels cités dans le tableau qui suit, le programme pourrait
développer des partenariats, avec possibilité de cofinancements, avec des ONG
internationales telles que l’IUCN particulièrement dans le cadre du CEPF « Critical
Ecosystem Partnership Fund », la Fondation pour la Diversité Mondiale (Global Diversity
Foundation/GDF), la Fondation Haut Atlas, le consortium APACs sur les aspects de
préservation de la biodiversité et APACS, IDE-E sur les questions Energie-Climat, et le
RIAM et Terre et Humaniste en ce qui concerne la promotion et de développement de
l’agroécologie à l’échelle du paysage.
Tableau 3 : présentation des parties prenantes et des possibilités de partenariat et de
synergie au niveau du paysage spécifique « Parc National de Toubkal et zones
limitrophes »
Parties prenantes Fonctions et responsabilités Agence pour le développement
agricole (ADA) du Ministère de
l'Agriculture et de la Pêche maritime
(MAPM)
L'agence est chargée de participer à la mise en œuvre du
Plan Maroc Vert (PMV) à travers l'élaboration et la mise en
œuvre de plans d'action pour soutenir le développement
d’entreprises agricoles à haute valeur (Pilier I) et des projets
de soutien des petits agriculteurs (premier Pilier II).
Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts
et à la Lutte contre la Désertification
(HCEFLCD)/Parc National du
Toubkal
Le Haut-Commissariat est responsable de l'élaboration et
de la mise en œuvre des politiques du gouvernement
relatives à la conservation et à l'utilisation durable des
ressources forestières, la chasse, la pêche intérieure, parcs et
réserves naturels et la lutte contre la désertification.
Agence du bassin hydraulique
Les fonctions principales comprennent : (i) l'élaboration
d'un plan intégré des ressources en eau et assurer sa mise
en œuvre, (ii) la délivrance de permis et de licences pour
l'utilisation des ressources publiques en eau, (iii)
l'établissement d'infrastructures de prévention des
inondations et de lutte contre les inondations.
Observatoire régional de
l'environnement et du développement
durable (OREDD)
L’Observatoire régional fournit l'évaluation et la
surveillance des données environnementales nécessaires à
la prise de décision et l'amélioration continue des
politiques.
Direction régionale de l'agriculture La DRA est chargée du développement et de l'adoption de
plans régionaux de développement agricole basés sur les
politiques sectorielles nationales.
Associations de développement local
(ADL)
Associations locales (municipalités ou douars) œuvrant
pour soutenir le développement local.
La province d’Al Haouz et les
collectivités territoriales
Les CT ont la responsabilité du développement territorial
durable.
35
III.2.3 Réserve de Biosphère Oasis « RBO »
a) Processus de consultation
L’évaluation de la situation de référence du paysage RBO a été réalisée au niveau de l’Oasis
de Ferkla. A cet effet, un atelier participatif et une visite de projets sur le terrain ont été
organisés avec l’appui du Programme Oasis Tafilalet (projet PNUD) et de l’Association de
développement El Khorbat.
L’atelier qui a eu lieu au niveau du Ksour El Khorbat, a regroupé une soixantaine d’acteurs
locaux de l’oasis, à savoir : des représentants des institutions publiques (ANDZOA,
Agriculture), des associations et OCB locales dont l’Association des Usagers de l’Eau, les
représentants des différentes lignées (institutions traditionnelles), des associations et
coopératives féminines. Les femmes étaient très bien représentées lors de cet atelier, plus
d’une vingtaine de femmes de différents âges. Compte tenu du nombre important et de
l’hétérogénéité des participants, dès le démarrage, des groupes de travail ont été constitués.
Il s’agit des 4 groupes suivants :
Groupe 1 : les représentants des institutions traditionnelles,
Groupe 2 : les membres de l’association des Usagers de l’Eau (AUEA),
Groupe 3 : les acteurs institutionnels,
Groupe 4 : les associations et coopératives féminines.
Des questions d’orientation ont été proposées à chaque groupe, et un animateur ou
animatrice a été désigné pour chacun des groupes. Cette façon de faire a permis de mieux
gérer les participants et de donner l’opportunité de s’exprimer à l’ensemble des acteurs.
Ensuite, dans le cadre de la séance plénière, les rapporteurs des différents groupes ont
restitués les résultats de leurs travaux qui portaient essentiellement sur des informations sur
la situation dans l’Oasis, les principales problématiques et défis de développement durable,
et les solutions à promouvoir pour parer à la situation. Ces résultats sont présentés dans le
tableau ci-dessous.
Tableau 4: Résultat du processus poursuivi pour l’évaluation de la situation du paysage
« RBO – Oasis de Ferkla »
De l’avis de l’ensemble des acteurs, l’Oasis est très fragilisée sous l’influence de divers
facteurs anthropiques et climatiques, et elle se prête parfaitement, pour sa sauvegarde à la
mise en pratique de l’approche Landscape. Les faiblesses sont constatées sur les plans socio-
économique et physique.
Sur le plan socio-économique, les faiblesses évoquées par les acteurs locaux concernent les
aspects liés au niveau de vie de la population (pauvreté et précarité, chômage, exode,
manque d’infrastructures et de services de base) et la faible dynamique de l’économie locale
dont la cause essentielle, selon les acteurs, reste la non valorisation des potentialités de la
région, notamment sur le plan touristique. Sur le plan physique, l’Oasis de Ferkla est
fragilisée et fortement impactée par les effets du changement climatique qui ne font
qu’accentuer sa vulnérabilité.
36
En termes d’opportunités, les acteurs locaux ont évoqué trois points essentiels, à savoir : (i)
la présence de terres agricoles fertiles, (ii) l’existence de potentialités touristiques, (iii) et la
présence d’une cohésion communautaire. Ces trois potentialités ne sont néanmoins pas
valorisées pour donner un élan qualitatif à la dynamique de développement local.
En termes de solution à mettre en place, selon les acteurs consultés, la préservation de cet
écosystème oasien passera par une meilleure utilisation des ressources en eau ; les faibles
disponibilités de la ressource eau sont d’autant plus ressenties lors des années sèches ou
suite à la succession d’années de sécheresse, comme c’est souvent le cas ces dernières
années. A ce titre, la rationalisation de l’utilisation des ressources en eau est possible à
travers la restauration de la gestion communautaire, et l’utilisation de techniques modernes
économes en eau, telles que le goutte-à-goutte.
Le secteur agricole, pilier de l’économie oasienne, est également à redynamiser. Cet aspect
est largement en lien avec la gestion durable des ressources naturelles dans l’Oasis. Ce
secteur peut être redynamisé à travers une meilleure valorisation des produits locaux, ce
qui peut se faire par la création de coopératives spécialisées et leur orientation vers des
productions du type « produits de terroir ». Cette composante est à lier avec le secteur
touristique et permettra, en plus de la création d’une plus value pour les produits, de
renforcer l’identité et de créer une image du territoire, valorisable sur le plan touristique. La
promotion des potentialités touristiques de la région pour en faire le deuxième pilier de
l’économie locale, peut se faire également à travers la réhabilitation des connaissances et du
savoir faire traditionnel en déperdition, et à travers la réhabilitation appropriée des ksours et
des kasbah..
Pour le cas spécifique de Ferkla, il est important dans un premier temps de réhabiliter le rôle
« des habitants de l’Oasis » dans le processus de gestion durable des ressources naturelles et
de développement local. Cette réhabilitation passera d’abord par le renforcement des
capacités des acteurs locaux, la redynamisation des pratiques et institutions traditionnelles
de gestion des ressources de l’Oasis, le renforcement de l’implication de la société civile et
l’intégration des populations vulnérables. Le renforcement des capacités des acteurs locaux,
se fera dans la perspective de réconcilier l’Homme et son écosystème, et de
renforcer/réhabiliter les modes de gestion communautaire de l’Oasis.
Parmi les solutions proposées dans ce cadre, les acteurs locaux ont également soulevé
l’importance de doter les oasis de structures socio-éducatives et culturelles suffisantes pour
permettre aux jeunes, aux femmes et aux hommes, de participer activement à la
réhabilitation des savoirs faire et des connaissances traditionnelles relatives à la gestion de
l’Oasis.
Enfin, l’intégration des populations vulnérables dans une optique de développement
humain favorisera un meilleur épanouissement de cette frange de la population et lui
donnera les moyens pour jouer pleinement son rôle dans la dynamique locale dans le cadre
d’une démarche « gagnant – gagnant ».
37
b- Etat actuel à l’échelle du paysage
L’Oasis du Grand Ferkla est situé au sud de la province d’Errachidia. Sa population
représente environ 22 722 personnes, et se caractérise par une faiblesse de l’activité
rémunératrice chez les femmes, qui ne représentent que 14,1% de la population active de
l’Oasis.
L’Oasis d’Al khorbat (une des oasis importantes dans la grande oasis de Ferkla) représente un
modèle pour l’ensemble des oasis de Ferkla, en ce sens qu’elle abrite une population
dynamique ayant su préserver une culture ancestrale de solidarité et de gestion
communautaires des terres et des eaux. Elle compte une population de 2889 habitants. Les
villages sont répartis en cercle autour de l’oasis, chacun ayant accès à une partie de la
palmeraie.
L’oasis de Ferkla se caractérise par la richesse de sa biodiversité et de ses ressources
naturelles. La diversité paysagère de l’oasis comprend des agrosystèmes oasiens de Feija
(steppe à acacia Raddiana), de regs, de dunes, de zones d’épandage, de montagnes de l’ère
primaire. La biodiversité terrestre steppique compte plus de 159 espèces végétales
caractérisant la steppe à Acacia Raddiana (espèce emblématique des oasis), 114 espèces
animales au niveau de la steppe dont 74 espèces d’Oiseaux, 22 espèces de Mammifères, 16
espèces de Reptiles et 2 espèces d’Amphibiens.
Par ailleurs, l’agrobiodiversité de l’oasis se caractérise principalement par l’abondance du
palmier dattier, espèce clé structurante avec environ 10 variétés autochtones, et 2 500 pieds,
de l’arboriculture fruitière (essentiellement 7 espèces) , des cultures sous- jacentes (céréales
avec une dizaine de variétés, des légumineuses, des fourrages avec 13 variétés de luzerne, du
maraîchage avec 5 variétés beldi et le henné), de la race locale d’élevage (Dman, poulet beldi,
race caprine Dra, Race ovine locale, camelin, équidés).
Concernant les activités économiques, la nature oasienne de l’espace lui confère une vocation
principalement agricole. Mais, l’existence de potentialités paysagères ainsi que des richesses
historiques et un patrimoine bâti conséquents sont autant d’atouts pour la dynamisation de
l’économie de l’oasis à travers le développement d’activités écotouristiques.
L’Agriculture dans l’Oasis de Ferkla. L’agriculture dans l’Oasis de Ferkla constitue une
activité traditionnelle à fort potentiel. Elle est la principale activité économique de l’Oasis,
mais ne peut à elle seule subvenir aux besoins des populations locales de plus en plus
exigeante d’un mode de vie meilleur. Elle s’appuie sur des cultures vivrières à rendements
limités en raison des techniques de production restées traditionnelles et de la faible
disponibilité en eau. La superficie agricole utile de la commune s’élève à 3 377 ha, dont 1 337
ha irrigués. Seuls les produits de l’arboriculture (dattes, olivier, etc.) sont en partie
commercialisés. Les autres cultures, notamment les produits maraîchers, sont destinés en
majorité à l’autoconsommation. L’élevage constitue également une activité importante dans
la région.
Pour parer à la pénurie d’eau, les agriculteurs de l’Oasis ont pu mettre au point des
techniques de mobilisation, d’utilisation et de gestion communautaires de l’eau et ont
38
cumulé un savoir-faire indéniable dans ce domaine. De ce savoir faire, on peut citer, la
réalisation d’ouvrages de mobilisation des eaux (digues de dérivation, seguia, Khettaras,...), et
l’organisation et la distribution des eaux selon les règlements communautaires.
La gestion des ouvrages hydro-agricoles selon les saisons, et la mobilisation des eaux
d’irrigation au niveau de l’oasis mérite une attention très particulière et bien justifiée vu son
rôle vital dans la sauvegarde de l’oasis et de la population. Le système des Khettaras, les
digues fusibles pour capter l’eau de résurgence et des crues le long des oueds, l’utilisation
des eaux de sources témoignent d’un savoir faire confirmé et d’une ardeur au travail
exceptionnel. La mobilisation se fait selon des règles instaurées par la communauté (Jmeaa
de la palmeraie) en utilisant le principe des ayant droits. Un cheikh (ou Amghar) est à la tête
de la Jmaa pour régler et installer l’ordre et programmer des séances de curage et d’entretien
des seguias et des ouvrages hydro- agricoles.
En 2000, à l’initiative de l’association des usagers des eaux agricole (qui regroupe 70
agriculteurs possédant des parcelles à l’oasis Alkhorbat), un puits collectif a été créé pour
assurer un complément d’irrigation aux khettaras en déclin et aux eaux pluviales de plus en
plus rares. Actuellement, l’extension de ce réseau collectif (associatif) d’irrigation est
envisagée pour permettre à d’autres agriculteurs de remettre en culture la partie sèche de la
palmeraie.
En terme de production agricole, la région est connue principalement par le palmier dattier
et la céréaliculture. Le palmier est en voie de dégradation face aux ravages causés par le
bayoud qui affecte les meilleures variétés de la région, à savoir El Majhoul et Boufegouss.
La majorité des agriculteurs exploite le palmier-dattier et leur production est vendue sur les
marchés locaux ou sur le marché national (grands souks des villes). La datte constitue une
source de revenu monétaire non-négligeable pour les ménages et une source de trésorerie
sûre.
En ce qui concerne la production animale, les conditions naturelles de la zone n’ont pas
empêché le développement d’un élevage assez important au regard de l’effectif du cheptel
existant dans l’oasis. Cette importance est également due à la disponibilité des aliments de
bétails.
La gestion du palmier : clé de voûte pour l’économie locale.
La gestion des rejets est un paramètre essentiel de la production des palmiers
dans l’oasis d’Al khorbat. Elle influe directement sur la vigueur des pieds-mères
et leur production de dattes, par un phénomène de compétition. On peut
mentionner aussi que ces rejets peuvent gêner les opérations de pollinisation,
élagage (enlever les palmes sèches) ou récolte. C’est également le cas lors des
opérations de labour des parcelles.
Les agriculteurs sont intimement liés à leurs arbres et ont du mal à déraciner un
jeune rejet, même s’il est néfaste à la production.
39
Selon des agriculteurs de Kasbat, « les ancêtres mettaient deux palmes bout à bout pour estimer la
distance entre deux rejets à replanter ». Le savoir ancestral prenait déjà en compte ces
phénomènes de compétition entre palmiers. Cependant, suite à une réorganisation
communautaire les agriculteurs semblent avoir pris conscience de la nécessité d’installer de
manière ordonnée leurs plantations de palmiers.
La pollinisation se fait d’une manière collective et par des agriculteurs spécialisés qui
effectuent l’opération lorsque les inflorescences femelles sont mûres afin d’y coincer une tige
d’inflorescence mâle.
Cette opération nécessite un savoir–faire
important et une bonne technicité. La maîtrise
de la production passe également par le
nombre de régimes que l’on pollinise.
A El khorbat, une quinzaine de spécialistes
réalisent cette opération dont des femmes. C’est
pourtant un travail pénible et dangereux, car la
chute de l’arbre peut être fatale. Actuellement,
les récoltes sont réalisées manuellement, de
manière traditionnelle.
Pollinisation manuelle Tige d'inflorescence mâle
La palmeraie irriguée présente différentes zones.
Photo 1: Palmeraie à deux strates
A l’Ouest, on rencontre deux strates, palmiers et céréales
(orge, blé dur). La densité de palmier est relativement faible
par rapport au reste de la palmeraie.
Photo 2 : Palmeraie à trois strates
Plus à l’ouest, la densité de palmiers augmente. De plus, on
rencontre trois strates : palmiers, fruitiers, céréales. On peut
émettre une hypothèse quant à la différence de densité de
palmiers entre les deux zones. Des fruitiers étaient
probablement présents dans la partie Est (2 strates
actuelles).
40
Photo 3 : En périphérie de la palmeraie, des cultures
maraîchères et fourragères.
L’effet de la sécheresse (avec l’assèchement des
khettara et la baisse du niveau de la nappe sous cette
partie de la palmeraie) a pu être plus marqué qu’à
l’Est et entraîner la mort des fruitiers (enracinement
moins profond que les palmiers) et de certains
palmiers. La disparition de certains arbres pourrait
donc expliquer cette variation de densité.
Sur la bordure Nord de la palmeraie, les densités de
palmiers sont beaucoup plus faibles et les cultures
basses sont la luzerne et le maraîchage (carottes,
fèves, choux…). Ces dernières cultures nécessitent de
plus d’ensoleillement que les céréales, ce qui explique
leur positionnement périphérique.
L’écotourisme, autre pilier de développement dans l’Oasis de Ferkla. L’oasis de Ferkla
comprend un patrimoine naturel et culturel à valoriser dans le cadre de l’écotourisme. Les
ksours de d’Al khorbat, comme la majorité des ksours oasiens, sont entourés par des murs de
protection avec quelques tours de guet et une ou plusieurs grandes portes d’entrées. Ils sont
conçus en hauteur de manière à répondre à trois objectifs qui sont la sécurité, l’économie de
l’espace constructible et l’adaptation aux conditions climatiques. A l’origine, les habitations
s’élèvent à la hauteur des murs de protection du ksar afin de mieux surveiller les alentours.
L’utilisation verticale de l’espace obéit également aux activités économiques des oasis. A titre
d’exemple, la pratique de l’élevage à l’étable favorise une meilleure ventilation des maisons.
Cet héritage culturel et humain nous rappelle que l’homme oasien a pu par exemple meubler
sa maison selon des critères précis adaptés à son environnement.
L’abandon progressif de la vie à l’intérieur du ksar et le recours à des constructions à
l’extérieur des ksours, utilisant des matériaux modernes, sont interprétés par certains comme
étant les causes de la crise environnementale et sociale que vivent les oasis aujourd’hui. Il
faut aujourd’hui, plus que jamais, préserver cet héritage et le restaurer afin de maintenir la
vie à l’intérieur. Cependant, malgré l’abandon progressif de la vie à l’intérieur des ksours,
l’urbanisme de la commune n’enregistre pas de réelle amélioration qualitative. En effet, la
répartition des habitations par type fait ressortir, comme dans le reste des zones rurales du
Maroc, l’importance des habitations individuelles.
L’oasis de Ferkla doit relever d’importants défis environnementaux et de développement
durable. Les oasis du Sud du Maroc sont des agroécosystèmes originaux et un élément
important du patrimoine agronomique, écologique et culturel du monde rural
méditerranéen. Mais de nombreuses menaces pèsent sur ces oasis qui mettent en péril leur
durabilité. En effet, malgré son potentiel de terres agricoles, l’oasis de Frekla est en déclin.
Plus d’un tiers de la palmeraie traditionnelle est abandonné, le reste subissant une
dégradation préoccupante. La question majeure de l’oasis est l’amoindrissement de la
ressource en eau avec la baisse inquiétante des nappes phréatiques notamment due au sur-
pompage.
41
Les échanges avec la population ayant pris part à l’atelier de concertation a permis de classer
les contraintes au développement du territoire de la palmeraie en trois catégories : des
contraintes liées au milieu physique, d’autres à l’environnement socio-économique et des
contraintes de natures diverses, classées dans la catégorie « autres ».
D’une manière générale, ce sont les contraintes liées à l’environnement socio-économique qui
représentent la préoccupation majeure de la population. Ces dernières occupent 79% des
réponses données par les habitants du Ksar Al khorbat. Les contraintes de natures diverses
ont été évoquées en deuxième position, mais avec une moindre importance que les
premières. Quand aux contraintes liées au milieu physique, elles constituent des
préoccupations moindres pour la population.
La faiblesse de la dynamique économique est la contrainte la plus importante à ce niveau.
Elle concerne les problèmes du chômage, l’absence d’opportunités d’emploi et exode, le
manque de projets générateurs de revenus et la pauvreté des ménages d’une manière
générale. La marginalisation de la femme de la dynamique économique locale a également
été soulevée. La faible dynamique économique a été constatée au niveau de tous les ksours.
En suite la faible valorisation des produits et des potentialités locales sont aussi des
éléments qui peuvent jouer un rôle primordial dans la dynamisation de l’économie de
l’oasis. Il s’agit notamment de la faible valorisation des dattes par manque de coopératives
de traitement et d’emballage, la faible dynamique du souk local, malgré son importance,
l’abandon de certains métiers traditionnels et surtout la faible valorisation des potentialités
touristiques de la palmeraie.
La dégradation de la palmeraie est le problème le plus important à ce niveau. Il concerne
notamment la destruction des palmeraies suite à la prolifération du bayoud et le non
renouvellement des palmeraies. La population du Ksar Al khorbat à également évoqué, avec
une moindre importance, sa crainte à propos du phénomène d’ensablement.
La sécheresse et la mauvaise gestion des ressources en eau est le constat établi par la
population, suite à la succession des années de sécheresse, dû au changement climatique, fait
ressortir un déficit important en ressources en eau pour l’irrigation des cultures ainsi que la
mauvaise gestion de ces ressources. Ce problème se pose avec plus d’acuité lors des années
sèches. Il est d’autant plus sensible quand ont sait que les besoins en termes d’irrigation
agricole (soulevés au niveau de l’analyse de l’environnement socio- économique) sont très
importants.
Palmeraie sèche Encroûtement salin dans la palmeraie
42
La vulnérabilité et les risques climatiques. Aujourd’hui les oasis font face au défi additionnel
du changement climatique, avec des risques plus importantes et des conséquences
dramatiques. Cette situation engendre l’abandon d’oasis entières, aggrave les phénomènes
de paupérisation et de migration et risque d’engendrer des crises et des conflits autour de
l’eau, du sol et de la sécurité alimentaire.
En effet, une dizaine d’oasis du sud marocain ont déjà perdu plus de 40% de leur surface
végétale : 208 ha de terrains agricoles ont été ensablés dans la zone d’Errachidia. Les
sécheresses récurrentes exacerbent le problème : les nappes d’eau ont connu une chute d’une
moyenne de 20m. Le tiers des sources d’eau par oasis est totalement tari ou a un débit
insignifiant. En outre, ces dix dernières années l’espace oasien marocain a connu une baisse
de 34% de sa production de dattes, due notamment à la propagation de maladies telle que la
fusariose et une réduction de 20% de la superficie céréalière.
Si l’on ajoute les problèmes de salinité des sols, de l’érosion hydrique et de l’ensablement de
plus en plus grave des terrains agricoles, on se rend mieux compte des problématiques
relatives à la paupérisation des populations oasiennes.
c- Dynamique associative dans l’Oasis d’El Khorbat
Les populations locales disposent de savoirs et savoir-faire ancestraux concernant la gestion
de l’écosystème oasien, que l’on peut considérer comme un patrimoine précieux. La
palmeraie en elle-même représente un pivot de l’organisation sociale des communautés
oasiennes. La gestion complexe des facteurs de production agricole (travail, eau, terre)
implique de nombreux réseaux sociaux d’entraide, d’association, mais aussi d’échanges
monétaires (location d’eau, achat de tour d’eau, emploi d’ouvriers spécialisés, location ou
achat de terres…).
L’oasis de Ferkla se caractérise par l’existence d’un important tissu associatif actif dans divers
domaines, notamment le développement local et l’environnement. Presque tous les ksours
ont leurs associations. Exemple de l’association des Usagers des Eau Agricole qui comprend
aujourd’hui 70 adhérents. L’adhésion est ouverte uniquement aux propriétaires de parcelle
et qui entretiennent leur terre et le plamier. Les initiatives privées (creusement de puits et
créations de jardins) ont donc été relayées par des dynamiques collectives. Cependant, cette
action est limitée à un groupe restreint.
Cette dynamique associative reste cependant confrontée à des activités cloisonnées du fait
des faibles capacités des cadres associatifs mais également du manque de moyens humains et
financiers.
Plusieurs coopératives agricoles existent également sur le territoire de Ferkla. Ces dernières
sont essentiellement agricoles et concerne la gestion de l’eau ou encore l’élevage ovin.
Pour les priorités de ce tissu associatif, elles portent sur la création d’opportunités d’emploi
et des activités génératrices de revenus ainsi que la valorisation des potentialités et produits
locaux. D’autres priorités ont été évoquées par les populations ayant pris part à l’atelier. Ces
dernières concernent par ordre d’importance l’augmentation de l’aide de l’Etat, la
43
réhabilitation des ksours et l’amélioration de l’efficacité des affaires communautaire et le
renforcement des capacités.
d-Parties prenantes et opportunités de partenariat et de synergie
Les principaux acteurs avec lesquelles des possibilités de partenariat peuvent-être
développés son t présentés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 5 : présentation des parties prenantes et des possibilités de partenariat et de
synergie au niveau du paysage spécifique « RBO-Oasis de Ferkla »
Parties prenantes Fonctions et responsabilités
Programme Oasis Tafilalet Ce programme s’inscrit dans le cadre d’un partenariat multilatéral qui
lie, d’une part, des acteurs du gouvernement marocain : Ministère de
l'Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire (MUAT), Direction
Générale des Collectivités locales (DGCL) ainsi que l'Agence du
Développement Social (ADS) et, d’autre part, des bailleurs de fonds
internationaux : PNUD, principauté de Monaco, Fonds Français pour
l'Environnement Mondial (FFEM). Il est mis en œuvre par la Direction
de l'Aménagement du Territoire (DAT).
Agence nationale pour le
développement des zones
oasiennes et d’Arganiers
(ANDZOA)
Dans les écosystèmes oasiens et d'Arganiers, l'agence est chargée, en
coordination avec d'autres autorités gouvernementales, d’élaborer un
programme de développement global et d'assurer son suivi et
l'évaluation de sa mise en œuvre.
Agence pour le
développement agricole
(ADA) du Ministère de
l'Agriculture et de la Pêche
maritime (MAPM)
L'agence est chargée de participer à la mise en œuvre du Plan Maroc
Vert (PMV) à travers l'élaboration et la mise en œuvre de plans d'action
pour soutenir des projets de soutien des petits agriculteurs (premier
Pilier II).
L’Office Régional de Mise
en Valeur Agricole de
Tafilalet (ORMVAT )
L’ORMVAT est un établissement public, crée par Décret n° 828-66 du 7
Rajeb 1386 (22 Octobre 1966), et placé sous la tutelle du Ministère de
l’Agriculture et de la Pêche Maritime.
Il encadre le secteur agricole des Oasis est totalement favorable pour un
renforcement des capacités des filières agricoles traditionnelles dans le
cadre de son programme Maroc Vert Pilier II, destiné à l’agriculture
paysanne.
Direction régionale de
l'agriculture
La DRA est chargée du développement et de l'adoption de plans
régionaux de développement agricole basés sur les politiques
sectorielles nationales.
Agence du bassin
hydraulique
Les fonctions principales comprennent : (i) l'élaboration d'un plan
intégré des ressources en eau et assurer sa mise en œuvre, (ii) la
délivrance de permis et de licences pour l'utilisation des ressources
publiques en eau, (iii) l'établissement d'infrastructures de prévention
des inondations et de lutte contre les inondations.
Faculté des Sciences et
Techniques d’Errachidia
(FST)
Le FST a ouvert ses portes aux bacheliers scientifiques et techniques en
septembre 1994. Elle offre plusieurs licences, masters et doctorat
notamment un doctorat en Ressources phytogénétiques des oasis du
Maroc et un doctorat en Valorisation des Plantes médicales et
aromatiques de la région de Meknès-Tafilalt.
44
Présentation du Programme Oasis Tafilalet
Initié en 2006, le Programme de développement territorial des Oasis de Tafilalet (POT) a été
développé sur la base des résultats de la Stratégie Nationale d’Aménagement et de
Développement des Oasis du Maroc. Il constitue une tentative de créer les conditions locales
d’une dynamique provinciale qui puisse aboutir à la constitution d’une plate-forme
territoriale de développement durable sur la base d’actions concrètes de proximité.
L’objectif global du Programme a été de lutter contre la désertification et contre la pauvreté
en sauvegardant et en valorisant les territoires oasiens du sud marocain. Le Programme
intervient au niveau de 29 communes des oasis du Tafilalet.
Le POT est un partenaire incontournable à l’échelle de ce paysage. Il assurera la mobilisation
des OCBs et des acteurs institutionnels autour du développement de projets
communautaires. Il assurera également la coordination des projets et la facilitation des
processus d’appui à l’ancrage des nouvelles approches pour le renforcement de la gestion
communautaire et la revitalisation des pratiques traditionnelles de développement humain
durable des oasis.
III.3 Mise en Œuvre de l’Initiative « APAC »
Parmi les principales orientations stratégiques PMF FEM pour la phase 6 figure sa
contribution à la mise en œuvre de l'initiative de soutien mondial aux Aires et Territoires du
Patrimoine Autochtones et Communautaires (APAC). Cette initiative, portée par le
Programme de Micro-Financement du FEM-PNUD, concerne plusieurs régions du monde
avec une concentration particulière au niveau de 26 pays, dont le Maroc. Elle poursuit
l’objectif d’appuyer des initiatives communautaires de gestion durable et de conservation de
territoires, en vue de leur maintien, contribuant ainsi à la réalisation des objectifs d’Aichi.
Les « Objectifs d'Aichi » (au nombre de vingt), constituent le nouveau "Plan stratégique pour
la conservation de la diversité biologique à l’échelle de la planète", 2011-2020, adopté par les
Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB) en octobre 2010. L’Initiative APAC,
contribue en particulier à la réalisation des Objectifs A.11, A.14, et A.18, relatifs
respectivement à la conservation des paysages terrestres et marins, à la participation
communautaire (avec un accent particulier sur le Genre), et à la valorisation du savoir faire,
des connaissances et des pratiques locales en matière de préservation de la biodiversité et de
gestion durable des écosystèmes naturels.
Dans ce contexte, le Maroc a signé le protocole de Nagoya en décembre 2012 qu’il a
promulgué en 2013. Il a également procédé à la mise à jour de sa stratégie et son plan
d’action sur la préservation de la biodiversité (NBSAP) pour l’aligner sur le plan stratégique
de la biodiversité 2011-2020 et sur les objectifs d’Aichi. La nouvelle stratégie biodiversité
accorde une considération importante à l’impact des changements climatiques, aux services
éco-systémiques, et au savoir traditionnel dans la conservation de la biodiversité. Le
nouveau « NBSAP” inclut en effet des objectifs spécifiques en lien avec la préservation du
45
savoir faire traditionnel et des pratiques communautaires locales, et avec l’accélération de
l’expansion des aires protégées (officielles et communautaires/APAC), pour couvrir 17% des
zones terrestres et 10% des zones marines et côtières.
Les APAC sont définies comme des “biens communs”, - terre, eau et ressources naturelles-
gouvernés et gérés collectivement par une communauté de personnes. Ce sont des
écosystèmes naturels ou modifiés, porteurs de valeurs significatives, de biodiversité, de
bénéfices écologiques et de valeurs culturelles, historiques, volontairement conservées par
les communautés locales par l’intermédiaire du droit coutumier et art ou autre moyen
efficace. Les APAC possèdent généralement un dispositif institutionnel efficace : des
structures pour prendre des décisions et les faire respecter, des relations internes, des règles,
une “culture locale”…..
Pour le cas du Maroc, cette définition renvoie inéluctablement à la gouvernance de la gestion
des espaces sylvo-pastoraux/ Agdals8, dont les plus paradigmatiques sont ceux du Haut
Atlas (Auclair et al, 2007), et à la gestion des ressources hydriques dans les Oasis. Mais, il en
existe peut-être d’autres que l’intervention à l’échelle des paysages spécifiques du Haut Atlas
pourrait contribuer à identifier, car comme développé plus haut, les communautés rurales
que ce soient dans les arganeraies, les oasis, ou la haute montagne, continuent de mettre en
œuvre et de maintenir des formes variées de gestion collective d'un certain nombre de
territoires et de ressources naturelles.
Cependant, ces modes d'organisation coutumiers sont aujourd’hui de plus en plus
confrontés à d’importants défis.
→ La perte de plus en plus importante du savoir faire traditionnel en matière de
conservation des ressources naturelles (le transfert des pratiques entre générations
est en déperdition) ;
→ La pauvreté et la dégradation des moyens de vie sont les principaux facteurs derrière
cette déperdition ;
→ Un important besoin de renforcer les moyens locaux de subsistance pour assurer la
continuité de ces pratiques ;
→ Une faible valorisation et reconnaissance de ces pratiques de la part des institutions
publiques ;
→ L’absence d’une législation nationale spécifique pour la reconnaissance des pratiques
traditionnelles de conservation de la biodiversité.
Dans un contexte de fortes mutations, face aux institutions modernes ainsi qu'aux nouvelles
stratégies publiques de gestion des ressources naturelles et de développement rural, l'un des
principaux défis à relever pour ces zones est de réussir à conserver « l'efficacité » des modes
de gestion traditionnels des ressources naturelles, tout en assurant un certain « équilibre »
8 Le terme Agdal “provient d’une racine berbère vivante au Maroc et chez les Touaregs de l’Aïr (Lefébure, 1979), désigne dans la montagne
marocaine un espace sylvopastoral dont l’accès et (ou) les usages sont soumis à la loi du groupe. Il s’agit le plus souvent des mises en défens temporaires avec des dates d’ouverture et de fermeture bien précises (fixes ou annuellement négociées). Mais dans la réalité, la pratique dépasse largement le registre pastoral (Auclair, Al Ifriqui, 2012). C’est dans le Sud Ouest du Maroc que l'Agdal atteint le plus haut degré de diversification et de raffinement. L'Agdal concerne dans ce cas, une gamme diversifiée de ressources et de milieux écologiques.
46
entre les intérêts de développement économique qui animent les différents acteurs en jeu sur
ces territoires.
De ce fait, l’appui à l'initiative de soutien mondial aux Aires et Territoires du Patrimoine
Autochtones et Communautaires (APAC), est à envisager dans le cadre des trois sous-
paysages décrits plus haut. Par ailleurs, cette initiative pourra couvrir en plus des trois
paysages spécifiques retenus pour l’OP6, d’autres APACs emblématiques au niveau du Haut
Atlas oriental (zone d’Imilchil / Parc National du Haut Atlas Oriental à fort potentiel de mise
en place d’APACs), cad la partie du Haut Atlas non couverte par les paysages spécifiques, et
ainsi permettre au PMF FEM de couvrir l’ensemble du paysage élargi du Haut Atlas.
Le lien pour la question des APAC à l’échelle des paysages spécifiques, sera donc à faire
avec le projet de « Soutien stratégique aux aires et territoires du patrimoine autochtone et
communautaire»/PSS_APAC, dont l’objectif est de contribuer à la création d’un cadre
national favorable à la reconnaissance et à la protection appropriée des APAC. Les projets
sur les APACs seront bien sûr mis en œuvre en collaboration avec les personnes ressources
et institutions membres du Consortium APAC œuvrant au Maroc.
(www.iccaconsortium.org).
IV. CADRE DE RESULTATS ET MODALITES DE MISE EN ŒUVRE
Ce cadre de résultats a été élaboré sur la base des ateliers de concertation et d’évaluation des
situations de référence à l’échelle des paysages spécifiques. Il a été élaboré en étroite
collaboration avec la CooNP et présenté pour validation au comité de suivi national.
Objectifs du programme par paysage spécifique
Haut Atlas Promouvoir des approches intégrées (biodiversité, changement climatique
et gestion des terres) inclusives et novatrices de conservation du
patrimoine naturel, incluant la valorisation des connaissances
traditionnelles liées à la biodiversité, et le soutien aux initiatives APACs à
l’échelle du paysage élargi.
Réserve de
Biosphère
Arganeraie
Contribuer au maintien des bienfaits découlant des services
écosystémiques (soutien à l’émergence de Payement pour les services
écosystémiques), à travers l’adoption de pratiques communautaires qui
intègrent conservation de la biodiversité et développement économique et
social. (Montagne)
Promouvoir une agro-écologie innovante et résiliente au climat à l’échelle
du paysage (plaine côtière).
Parc national Mettre en œuvre –dans le cadre d’un processus de recherche-action- des
approches communautaires de gestion de la biodiversité à travers
47
du Toubkal
et zones
limitrophes
notamment :
1) L’adoption de la triple approche de conservation9: Biodiversité_gestion
intégrée des ressources hydriques_ agroécologie; (application du
principe de contrat de nappe à l’échelle de microbassins);
2) Développement de « chaines de valeur » inclusives durables en tant
qu’outil de conservation de la biodiversité; (au moins 3 espèces à
l’échelle du paysage);
3) Valorisation et réhabilitation du savoir-faire traditionnel et des modes
de gouvernance ancestraux dans la gestion des espaces naturels,
incluant le soutien aux APACs.
Réserve de
Biosphère
Oasis
Développer un modèle de gestion durable du patrimoine naturel oasien,
basé sur les connaissances et les pratiques de gouvernance traditionnelle
de l’espace (évolution vers une APAC).
9 Cette approche a été développée par GDF (Global Diversity foundation) au niveau du Haut Atlas avec des résultats très
concluants qu’il serait intéressant de consolider à travers la phase 6.
48
Tableau 6 : Présentation du cadre de résultats de la SPP/OP6
10 Le nombre estimé de projets OP6 doit faire la distinction entre l'utilisation des subventions CORE de l’OP6 (qui peuvent s’appliquer dans tous les domaines focaux du FEM) et les ressources STAR du FEM (qui doivent-être directement liés aux
domaines d'intervention pertinents du FEM). Conformément à la décision du Comité directeur du FEM (Mars 2010), jusqu'à 20% des ressources du FEM non essentiels mobilisés peuvent être utilisés pour les domaines d'intervention secondaires.
CIBLES DU CPS ACTIVITÉS INDICATEURS SOURCES DE
VÉRIFICATION
1. Approche Landscape
* Un paysage élargi faisant
partie du Hot spot
méditerranée « Haut Atlas »
comportant
* 3 paysages terrestres :
• la Réserve de biosphère de
l’Arganeraie, • le Parc national
du Toubkal et les zones
limitrophes, •la Réserve de
biosphère Oasis.
NB : Pour la concentration de
presque la totalité de
l’allocation pays ;
Seuls deux projets hors
Nombre approximatif de projets : 20 projets dont un projet
national de renforcement des capacités et un projet sur les
APACS (hors landscape)
Typologie des projets10
i/ Paysage spécifique n°1 : Réserve de biosphère Arganeraie :
Montagne
Projets de contribution au maintien des bienfaits
découlant des services écosystémiques à travers
l’adoption de pratiques communautaires (soutien à
l’émergence de Payement pour les services
écosystémiques : PSE écotourisme, PSE terrasses, PSE
Gestion intégrée des ressources en eau, PSE
biodiversité….) ;
b) Plaine côtière :
Projets de promotion de l’agro-écologie innovante et
résiliente au climat à l’échelle du paysage ; réduction de
Nombre d'hectares
cibles : au moins 1000
hectares par paysage.
Nb d’espèces conservées
(au moins une dizaine
par paysage)
Types d’écosystèmes
ciblés (au moins 7
écosystèmes)
Nombre de PSE
développés (au moins 2
PSE)
Nb d’agriculteurs
(au moins 20 par
Rapportage de
projet individuel
par les équipes
pays du PMF
Comparaison
des écarts entre
les données de la
situation de
référence et les
cibles atteintes
Rapport de suivi
annuel (AMR)
49
landscapes (le premier pour le
développement des capacités et
le second sur les APCS) seront
soutenus par le programme
dans le cadre de l’OP6 à
l’échelle nationale.
Typologie des paysages :
Haute montagne :
Pelouses humides, Pozzines et
hauts plateaux, forêts, zones
humides.
Oasis.
l’utilisation des pesticides, organisations des
agriculteurs, certification des produits, facilitation de
l’accès au marché et aux consommateurs bio, gestion
efficiente de l’eau dans l’irrigation combiné à la
promotion du pompage solaire ; promotion de chaines
de valeur.
ii/ Paysage spécifique n°2 : Parc National du Toubkal et
zones limitrophes
Projets de mise en œuvre de processus de recherche-
action autour des approches communautaires de gestion
de la biodiversité : adoption de la triple approche de
conservation Biodiversité_gestion intégrée des
ressources hydriques_ agroécologie; application du
principe de contrat de nappe à l’échelle de micro bassins
dans le cadre de la gestion durable des sols et de la
biodiversité locale ; Projets de développement de
« chaines de valeur » inclusives durables en tant qu’outil
de conservation de la biodiversité; (au moins 3 espèces à
l’échelle du paysage); Projets de valorisation et de
réhabilitation du savoir-faire traditionnel et des modes
de gouvernance ancestraux dans la gestion des espaces
naturels (agdals pastoraux, agdals forestiers, gestion de
paysage)
et Superficie des
parcelles appliquant
l’agro-écologie (au moins
20 hectares par paysage)
Nb et types d’APACS
soutenus (au moins
quatre APACS)
Nb de chaines de valeur
agrobiodiversité
Développées (au moins 3
chaines)
Nb de produits certifiés
(au moins 3 produits)
Modèle de gestion
durable du patrimoine
oasien développé
Nb de modèle : 1
Revues
régulières
d’examen de la
stratégie de
Programme
pays (apport du
CNP)
Rapports
d’évaluation des
projets (projet
global paysage
élargi et projets
50
l’eau, bois de feu).
iii/ Paysage spécifique n°3 : Réserve de biosphère Oasis
Projets de recensement et de réhabilitation des pratiques
traditionnelles de gestion de l’eau (Khettaras), de la terre
et de l’agrobiodiversité oasienne, Projets en faveur des
jeunes et visant le transfert du savoir faire traditionnel
en matière de gestion des oasis, projets d’empowerment
et d’autonomisation des femmes oasiennes autour de la
gestion des ressources naturelles ; Projet transversal
pour le développement d’un modèle de gestion durable
du patrimoine naturel oasien, basé sur les connaissances
et les pratiques de gouvernance traditionnelle de
l’espace (évolution vers une APAC).
ONG APEX)
2. Agro-écologie climato-
intelligente
Au moins 10 pratiques testées
Banque de semences locales ;
mix de cultures,
compostage/fumiers
organiques, lutte naturelle
contre les maladies, audit agro-
Nombre approximatif de projets : 6 projets /Au moins deux
projets par paysage
Formation : Appui à la création de lieux pédagogiques et
de formation (Création de jardins dans les écoles ou
autres lieux publics), Formation d’animateurs et
d’agriculteurs sur les techniques d’agro-écologie et sur
les mesures d’adaptation au CC; Amélioration des
connaissances des communautés locales sur l’agro-
biodiversité locale ; Evaluation de l’application des
principes de l’agro-écologie à l’échelle des paysages
Rapportage de
projet individuel
par les équipes
pays du PMF
Indicateurs de
résilience socio-
écologiques pour
les paysages de
production
51
écologiques des parcelles,
introduction des énergies
propres, pratique des
impluviums, cultures
résilientes, maintien des
corridors forestiers ; paillage
pour réduire
l’évapotranspiration.
Soutien au actions innovantes en matière d’agroécologie
climato-intelligente :Promotion au niveau des paysages,
des pratiques d’agro-écologie et appui et
accompagnement d’agriculteurs qui souhaitent
s’engager dans l’agro-écologie ; Mise en place de
pépinières pour la production de semences et de plants
autochtones et résilients et appui à la promotion des
pratiques d’agro-écologie; Recherche et test de
techniques innovantes d’agro-écologie dans un contexte
de CC; Appui à la création de fermes modèles agro-
écologiques résilientes au climat ; Accompagnement des
agropasteurs en matière de pâturage résilient/alternatif
Valorisation : Appui à la mise en place de réseaux de
partenariat entre producteurs et consommateurs de
produits issus de l’agro-écologie; Appui à des chaines de
valeur agro-écologique sensible au genre (Analyse de
genre, appui à l’autonomisation des femmes, appui à
l’amélioration de leur rang dans ces chaines de valeur,
autonomisation des femmes).
Nombre d'hectares
cibles
20 hectares par paysage
Nombre d’agriculteurs
pratiquant l’agro-
écologie: au moins une
vingtaine par paysage.
Nombre de pratiques
testées.
Au moins trois pratiques
par agriculteur
(SEPLs)
Rapport annuel
de suivi (AMR)
Examen de la
stratégie du
programme Pays
(apport du
CNP)
3. L’accès à l’énergie co-
avantages faible carbone
Au moins une typologie
innovante de solutions adaptées
aux conditions locales
Nombre approx. de projets : Des solutions d’accès à
l’énergie communautaire faible carbone sont intégrées
dans au moins 2 projets par paysage
Mise en œuvre de solutions d’accès à l’énergie
communautaire faible carbone : secteurs productifs au
Nombre et typologies de
solutions
communautaires,
d’accès à l’énergie
localement adapté avec
des démonstrations
AMR, Rapports
de pays
AMR, base de
données globale,
rapports de
52
démontrée et documentée
niveau des paysages, agro-écologie, valorisation et
transformation de produits locaux, infrastructure
écotouristique, efficacité énergétique dans les
constructions, promotion des fours améliorés auprès des
bergers, test de l’outil novateur Gestion Energie Climat
Communal (catalogue de mesures appliqué à la
planification et à la mise en œuvre ) développé par IDE-e
au niveau d’un paysage pilote
réussies pour la mise à
l’échelle et la réplication.
pays,
Examen de la
stratégie du
programme pays
(apport du CNP)
4. La gestion des produits
chimiques
Au moins 2 actions de
sensibilisation pour la réduction
de l’utilisation des pesticides
par paysage
Nombre approximatif. de projets Un projet intégrant cette
initiative par paysage spécifique
Le programme interviendra surtout en appui à la
promotion de l’agro-écologie et de l’agriculture
biologique. Il interviendra également à travers des
actions de plaidoyer en vue de :
• La réduction de l’utilisation des produits chimiques
et de la pollution liées à ceux-ci, en particulier dans
l’agriculture ;
• La réduction de l’usage inapproprié des pesticides;
• Promotion de l’agriculture biologique et de
l’agroécologie à titre alternatif ;
• Renforcement des capacités, la sensibilisation et le
partage des connaissances
Nombre d’agriculteurs
(hommes, femmes,
jeunes) sensibilisés
Rapport de
projet individuel
par les équipes
pays du PMF
Partenariat
stratégique avec
les pays
partenaires de
l'IPEN
Rapport de suivi
annuel (AMR)
Examen de la
stratégie du
programme pays
53
Modalités de mise en œuvre. Pour veiller à l’atteinte des objectifs fixés à l’échelle des
paysages spécifiques et à la mise en place de synergies entre l’ensemble des projets qui
seront subventionnés par le programme à l’échelle de chacun des paysages spécifiques
retenus, le programme procédera à l’identification d’une ONG Apex, selon des modalités à
définir ultérieurement avec le CNP.
Cette ONG devrait mettre en œuvre un projet transversal à l’échelle du paysage qui
s’articulera principalement autour du:
(i) renforcement de capacités des organisations communautaires bénéficiant de l’appui
du programme au sein du paysage,
(ii) la promotion de l’approche paysage terrestres et marins, y compris auprès des acteurs
institutionnels, des collectivités territoriales et autres acteurs qui viennent en
appui aux OCB,
(iii) la coordination des actions et la mobilisation des acteurs pertinents autour de
l’objectif fixé pour le paysage (incluant la mise en place d’une plateforme
régionale et l’organisation de deux ateliers de cette plateforme, de revue
stratégique à mi-parcours et à la fin du programme),
(iv) l’apport du conseil technique et la réalisation du suivi-évaluation des projets
communautaires,
(v) et enfin la documentation du processus et des bonnes pratiques.
Outre les projets/ONG Apex au niveau des paysages, le programme identifiera également
une ONG nationale pour porter un projet global à l’échelle du paysage élargi. Cette initiative
sera conçue pour accompagner et servir d’épine dorsale au travail stratégique à l’échelle du
paysage élargi et s’articulera autour de :
a) la documentation du processus et des résultats à l’échelle du paysage élargi (pour avoir
une idée globale sur l’intervention et les résultats du programme durant l’OP6),
b) l’élaboration d’un guide méthodologique sur l’approche paysage à l’usage des acteurs
locaux OSC et des collectivités territoriales (communes rurales),
c) l’organisation d’une foire des connaissances pour communiquer largement sur les
produits du programme (exposition des produits de terroirs, présentation des
technologies et approches testées, échanges, ..),
d) l’identification des thèmes pertinents en rapport avec les priorités nationales et
l’organisation de plateformes de dialogue à l’échelle nationale Gouvernement-Société
Civile (influence des politiques, mise à l’échelle, changement de marché,…),
e) l’organisation d’au moins un événement qui regroupera les ONG/Apex et OCB
intervenants dans les trois paysages pour faciliter l’échange, la mise en réseau
(communautés de pratiques), et pour l’évaluation participative des activités du
programme à l’échelle du paysage élargi (cet évènement sera organisé de préférence à mi-
parcours du programme pour favoriser d’éventuels recadrages).
f) La mise en place de projets de coopération Sud-Sud
Dans ce cadre, les organisations compétentes (ONG ou réseau d’associations) seront
encouragées à soumettre leurs candidatures sur la base d’un appel à projet développé de
façon concertée avec les partenaires clé du programme et le CNP.
54
Enfin, grâce aux deux projets transversaux (hors Landscapes) décrit dans la section 3.1, les
OSC et OCBs soutenus au niveau des trois paysages spécifiques retenus par le programme,
pourront profiter de programmes de formation, de visites d’échanges, intégrer des réseaux
nationaux et internationaux, et faire partie de communautés de pratiques.
Ces projets leur permettront également d’avoir l’information et les capacités nécessaires pour
accéder à d’autres sources de financement et consolider leurs actions à l’échelle de leurs
paysages respectifs. Elles pourront également dans le cadre du projet national « APACs »
contribuer, grâce à leurs expériences sur le terrain, à influencer les politiques nationales en
faveur de la mise en place d’un cadre favorable pour le maintien et la reconnaissance des
pratiques et droits coutumiers de gestion des ressources naturelles.