Download - Scudéry, Georges - La comédie des comédiens
Scudéry, Georges de (1601-1667). La Comédie des comédiens, poème de nouvelle invention, par M. de Scudéry. - L'Amour caché par l'amour, tragi-comédie pastorale. 1635.
1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sansl'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateurde vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].
LA
COMEDIE
D, E S
COMEDIENS
POEME DE NOVVEIXE
INVENTI O N.
Aíonslenrde SCVDERT.
À PARIS/
Chez AVGVSTIN COVRBE' au Palais, dans
la petite Salle, à la Palme.
M. D C, XXXV.
[AVEC PRIV1ZEGB DV ROY.
xA MONSIEVR
MONSIEVR
XE MÂRQVISDE
CO ALI N, COL O N EL
GENERAL D ES S v is s ES.
ONSIEVR,
St ìe nefçauois
bien
que farmy lespersonnes Illustres,
mrkhejse des dons rien
fait pasla
valeur i ie riauroisgarde
de voiti
offrircette
Comédie:elle
est trop peu
considérable pvurvn homme
qui
l*èst tant'.U ie deurois amir honte
Aifj
. EPISTKE:
de má hardiesse.Mais
âpreslé
courtoisiesdont ie vous
fuis défia
tedeuable, ïefj/ere quevous ne te-
garderez*mon
dessein plustoft que
monprésent-, que
vous ouurirez,
mon coeurauecques
mon liure, &
quevoíts lirez, dans svn çtf dans
l'autreque
ie fuis,
MONSIEVR,
Voctrc trcs-humble & "tre$r
fidelle seruheur,y
DE SCVDERY.
AV LECTEVR.
'EST vne maxime re-
ceuë entre lesperson-
nesqui
se connoiísent
aux bonnes choíês,que
ieípric
de celuy quifait des vers,
ÔC qui les fàit bien,doit estre com-
me le Prothee des Poètes, ou co-
rne la matièrepremière , capable
de toutes formes : il fautqu'il sça-
che faireparler
des Rois & des
Bergers,&c les vns odes autres en
des termes , qui conuiennent à
leurs conditions. Ainsi, le Dieu de
h Pocfíe Latine, quetoute la ter-
AV LÈCTEVR.
ït adore encorso us le noní dp
Virgile,n'a
pas manque de fui-
ure vnérègle
si nécessaire aux
bonsouurages.
Etqui prendra le
ioíh% decomparer
le stilepom-
peux ÔCmagnifiquede ÍEneide,
auec la douceurnaïfue des Buco-
liques j iugerafans dòubte
que
rnonopinion
est bien fondée. te
ne tafche(Lecteur)
de ramener
dans mon sens, parce raisonne-
ment, qu'àfîn quesi la fuite des
tempste met en mairì aprés
ma
COMEDIE, LIGDAMON,
LE TROMPEVR PVNY,
LE VASSAL GENERE VX,
CRANTE, LE FILS SVPPO
SE', LÉ PRINCE DESGVISE*
LA MORT DE CMSAR, o
celle de DIDON queie traitté
ta n
AV LECTEVR.
tu ne t'estonnes point d'y voir vne
diuersité sigrande,
soit auxpesées,
soit en la façonde les
exprimer,
quelquesvns de ces Poèmes, m'ont
obligéde toucher en
passant,la
morale ôc ,ta politique y d'autres
m'ont faitparler
de Fart militaire
Ô£parterre &par mer; Les voya-
gesde mes Héros m'ont fait mar-
querla Carte de leur
nauigation;
les àduentures despersonnes
illu->
fixes m'ont donné les grandes ô£- t>
les fortespáíìions, que
demande
vne douleuréloquente; &í de cette
forte, i'ay tafche de n'estrepoint
ignorant, dans les seicn.çes,5c dans
les Arts, quise sont trouuez com-
me .enchaînez auec les íiibiectsque
i'ay vouluprendre, que
si tu ne réT
contrepas
vn de ces ornemensen
e
AV LECTEVR.
cette Piecé, tu te souuiendras s'il te
plants qu'aux autres, ce font des
Princes 6>Cdes Roys qui parlent, 6c
qu'en celle-cy^cé font des Comé-
diens & desBergers,mais
Comé-
diens &Bergers, qui
ne fontpas
pourtantdu commun, Ô£ qui
t'en-
cretiendront assezagréablement,
des chosesqui regardent
leurpro-
fession & leurs amours. En vn mot
i'ofe croireque
cette Peinture a ses
grâces,auíïl bien
quela
plusache-
úee des miennes,l'inuention en est
liouuelle, ôisiiene me trompedi-
uértissante, elle tietquelque
chose
de cegenre
de Poème, queles Itâ-*
liensappellent capricfiofi
si Tirn-
pressionla fait aussi bien réussir que
.te Théâtre , ic neplaindray pas
Quinze iours, quema coustéfa
AV LECTEUR.
production.C'est ce
queie doibs
aprëdrede la voix publique, dont
la tienne faitvnepartieî
mais de
grâcefois iuste òc clément
pourcet
Ouurage;cestà dire, estime ce
qu'il a de bon, ÔCpardonne moy
des fautesque
tu nc verras, que
parce queie ne ies
ay point veuës»
ExtraitdfíPriuHege
auRoy.
PARgrâce &Priuílege du Roy, donné à
Paris, cn datte du zo. Auril 11535. II eA
permis à Augustin Courbé Marchant Librai-
reà Paris, d'imprimer vendre & distribuer
LA Comédie des Çemedìens pcëme de notwelle
imemio», parMr. Defcudcry, Sc defîences
font faites à tous autreslrnprimeurs 8c autres
persones de quelque qualité & condition qu'il
soient,dmiprimer vendre ny distribuer'dudit'
Liure d autre Impression que celle qu'il aura
fait ou fait faire ledit Courbé ou autre ayantdroit de luy, &: ce pendant letéps de sept ans
à peine aux contreuenans de mille liures da-
jnande & de confiscation de tous les exem-
plaire imprimez, ainsi qu'il est porté plus am-
plement par lefdites Lettres de PriuilcgePar le Roy & son Conseil.
Signe CONRART.
*
PROLOGVE
ONjien'éfemyrienjteneZjI
reprenez vos habits: ienc
veuxpoint
estre folpat
compagnie: èc nesçaurois
me reíoudrc àtromper
tant d'hohne-
stesgens,
comme ievoy qu'il y
en aicy.
Icnesçay ( Messieurs ) quelleextraua^-
ganceest
auiourd'huycelle de mes
Compagnons,maiselle est bien si
gran-
de, queíc fuis force'de croire, que quel-
quecharme leur dérobe la raison, & le
pire quci'y voy, c'est, qu'ilstaschenc
demila faireperdre, èc à vous autres
auííì. Ils veulent mepersuader que
ie ne
suispoint
fur vn Théâtre; ils disentque
Cesticy
la ville de Lion, quevoila vne
A .
V PROLOGVÊ.
Hostellerie; &:que voicy vn jeu de
pau-
me, où da Comédiesqui ne
sontpoint
nous,& lesquelsnous sommes
pourtát,
représententvne Pastorallejccs insensez
onttouspns
des noms deguerre, &
pè-sent vous estre inconnus, en
s'appel-
îant, Belle Ombre, Beau Soleil, Beau
Seiour, & d'autres encor tous sembla-
bles; ils veulentque
vouscroyez estre
aubordduRhome, &11011pas
à c'cluy
dek Seine; &: saaspartir
de Paris, ils
prétendentvous faire
passer pourdes
nabitansjde Lion: àmoy meíme ces
Meflìeursdespetites Maisons,me veu-
létpersuader que
laMetempsychose
est
vraye,&;que par conséquent Pithagore
estoit vnEuangeliste.
car ils diíentque
ieíuis vn certain monsieur de Blandi-
marc, bieûque
iem'apellc
véritable-
ment Mondory,& voyez
s'ils|>nt
U
sens bienesgarc,
ils doiaent fairepasser
icy vn Tambour & vn Harlequin,
comme lepratiquent
lespetites
Tr©u-
PROLO OVE.|
pesdedans, les
petites villes-, n'est-ce
passefâire tort,& vous ofFencer auíìl?
mais ce n'estpoint
encore tout, leur fo-
lie va bien plusauant -, car la
piçce qu'ils
représentent,ne sçauroit durerqu'vne
heure & demie, mais ces insensez asseu-
rent, qu'elleen dure
vingt&
quatre&
cesesprits déréglez , appellent
cela
fuiure les relies, mais s'ils estoient VC-
ritàbles, vous d curiezenuoyer quérir à
disner, àsouper,
& deslicts ; iugez si
vous ne seriezpas
couchez bien chau-
dement, de dormir dans vn ieude Pau-
me: en fin leur manie m'óblige à faire
vnvoyage
a Saint Mathurinpour eux,
où ie m'envay:& cepédant ( Messieurs)
ne les, croyez pas, quo-y qu'ils puissent
dire; carie meure s'ily
aura rien de ve-
rkablc.-maisil est bien tardpour partis
& le Soleil s'abaisse fort, deforte-que
puis queie fuis contraint dç. remettre
monvoyage
à demain, il faut nécessai-
rementqueie m'accommode
pourau-
A ij
% VROtOOVE.
iourd'huy,àl'humeur de ces Passerellis;
car elle sepeut
vaincrepar
la douceur,
& s'irritepar
la résistance: & depeur de
les mettre en mauuaise, ncdites mot ig
vous suplie: parce qu'estans melancho-
liques,ils font amateurs du silence.
ACTE. PREMIER.
BELLE OMBRE, H ARLEQUIN , LI
TAMBOVR, BELLE-JLEVR, BELLE
ESPINE,SA FEMME, BEÀVSEIOVR,
BEAV SOLEIL, SA FEMME, M*, DE
BLANDIMARE, SON HOSTE.
SCENEPREMIERE.
BELLE OMBRE-
Emeure, s'il n'est vray que
tout cequi
reluit n'estpas
or: ê< queles belles
aparen-
ces font le plus souuent
trompeuses, auantqu'auoir gouste'
la
forme de vieque
ie meine, ie me l'ima-
ginoisla plus agreaBl® de toutes: &
- - A iij
% LA COMEDIE
croyois indubitablement la Comédie
aussiplaisante
à faire, qu'àvoir : mais
rexperiencem'acontraint de
changer
d'opinion:&icertes ilfaudroit
quei'eus-
se le ^oùstbien malade, pour
ne sça-
uoirpas
faire la disserence de ces deux
choses, puis quel'vne commence, con-
tinue, & finit auecplaisir,
&que l'autre
aucohtraire, est íuiuiede mille incom-
moditez:Ce n'estpas que
laqualité que
nous auons de Bourgeois de. l'vni-
vers,bu deCitoyensdu M'ondc, nçsoit
capablede contenter l'esprit
d'vn ieune
homme, parles diueríitez
qu'elle pré-
sente à ia curiosité, comme à sa veuë,
mais cepeu
de .douceur est mcílé de
tant d'amertume, &ces rosesaccompa-
gnéesde tant
d'espines, qu'ilest
impos-
sible deprendre
l'vne sansdeígoust, ny
de toucher aux autres fanspicqueure.
quoy quele
personnage queie iouëà
cetteporte,
ne soitpas
lcplus
hono-
rable, il estpourtant
leplus vtile, &
DÉS COMEDIENS.'%.
comme il fais iapart
à mesCompa-j
gnons,ie
n'ay pasla mémoire íl maii-
uaiíe, quei'oublie à faire la mienne bo-
ne; mais le malheur est, quemon indu-
strie ne trouuepoint
òùagir pleinemét,
à cause de l'humeur de ceshabitans,plus
froideque
la saison où noussómcs, de
forte quesi ce desordre continue, B1 L-
L E O M B R E, iepense que le meilleur
sera de nousy teair, c'est à dire, dallée
reuoir les clochers de nostre ville, &c
demeurer à la maison clos & couucrt de
peur du hafle. Mais Yoicy nostre Tam-
bour Sc nostreHarlequ'ïn reuenus &c
iepense puis queic
nevoy venir
person-
ne, quelé bruit
qu'ilsont faict par les (
rues, n'aurapas
este7
plus persuasif, qusles menteries delafEchc.
i LA COMEDIE
SCENE SECONDE.
HARLECLVIN, LE TAMBQVR,
HARLE Q^V I N.
'O v spouuons bien bandée
nostre quaisse, & nostre Tam-
bourdesbandcr la fienne:car déformais
iene voy point d'apparence quenous
faífionsrien icy,iln'est
grande ny peti-
te rue, quenous n'ayons visitée
quatre
fois,auccplusdc foin, queíi nous eus-
fions eu ordre duMagistrat
de faire la
patrouille:mais le tout inutilement, èc
puissay-iene
souper; d'auiourd'huy, à
voir lepeu
d'esmodonque
mapreíeiv-
ce leurapporte,
si l'on ne diroitque
ie
suisBourgeois
comme eux, ouqu'ils
font tousHarlcquins
comme moy.il
n'estpas iusqu aux
petits enfans, quine
soient fols à force d'estresages?&
iepuis" " ---—-- --dire
DES COMEDIENS. 9
dire sans vanité, queiamais homme de
ma condition ne íevid si mal accom-
pagné, iray mesmeplusfait
quene
por-
te ma commiíïìon,car ceque
les affiches
leur monstrentpar
les yeux, i'aytafche
de le leuraprendre par
les oreilles, Se
cette ville n apoint
de carrefour, où ie
n'aye faict le crieur
public;mais ie
pense
qu'ilsont tous
voyagé cnEgypte,& que
le bruict des Cataractes du Nil, leur a
desrobél'ouye.
SCENE TROISIESME,
. T o v s LES COMÉDIENS;
BELLE FLEVR.
*A ha, te voila fur î'histoire, à
eeque i'entends.
HARLE C^VIN.
Ouy i & plusvéritable à mou
grand regret ,. quecelle de Pline,
B
'"."
iò LA COMEDIE
qui raportece
queie viens de dire: car
il est indubitable, quenousne gagne-
ronsxien icy.-
B ELLE-ESPIN E.:j
Voila lesplus
mauuaifesnouuelles/que
tu nouspouuois ap rendre: il
est.vray
qu'ellesne me
surprennent point^carie
les auois bienpreueué's„
BEÀV-ÌEIOVR.'
Voicyvndcces Prophètes, qui predi-
senc les choses arriueesr òc Tiercelet de
Nostradamus,si vous preuoyezle mal-
heur de laTroupe quene l'en aduertif-
fiez vous?'
BELLE-ESPIN E.
Ce quim'en çmpcscha,
futque
ie eó'n-
noiíîois que i'ay parmyvous autres le
malheur ck Cassandrc , qui bienque
tousiours véritable, ne rutpourtant
Jamais crue: mais vouspourriez
bien
auoir lapunition
desTroyens,
il est
vray que i'y aurayma
partcomme
die.
DES COMEDIENS- n
BE AV-SOLEIL.
Voila à mon aduis, leplus grand
aiombre de tes humanisez , & de tes
fleurs deRethorique estalé, &
pour peu
qu'on tepressast encore, tu serois con^
traint de recourir, àl'cloquence
de toà
pays,c'est à dire aux
phrases Perigour-
dincs.
LA BELLE ESPIN E.
Monsieur de Beau-Soleil, si mon
Mary n'apas
lalágue
si bien péduë que
voUs, il ad'autresípartics
en luy, quile
rendent recommandablc.
LA BE A V SOLEIL.
Nous le debuons croirepuis que
vous le dites, Mademoiselle de Belle
Espine, car il n en apoint de si cachées,
dont vous nepuissiez parler
comme
sçauante;
BELLE-O MB RE.
Larepartie
n'estpas mauuaifc, mais
elle mëiíembie vnpeu bien libre pour
vne femme.
B ij
í* LA COMEDIE
LA BEAV-SOLE IL.
Les eaux dormantes ne fontpas
les
plussaines,&lavertusetrouue
pourle
moins auffi íouuent dans vnesprit libre,
que parmyces âmes retenues, qu'on
a
droictdeíoupçóner d'hypocri{ic,mais
c'est vne erreur où tombepresque
tout
le monde,pourcequiregar.se
les fem-
mes de nostreprofession,car
ilspensent
quela farce est l'ímage de nostre vie, &
Î^...,r nous ne faisons
que repreíentercc
quenous
pratiquonsen effect,ils croiét
quela femme d'vn de vous autres, lest
indubitablement de toute laTroupe;
&s'imaginant que
nous sommes vn
bien commun, comme le Soleil ou les
ElemeiiSjil ne s'en treuue pas vn,quine
croye auoir droict de nous faire souffrir
l'importunité de ses demandes,& certes
c'est bien de làque procède
laplus
fa-
cheuíe chose, qui s'eíprouuea nostre
conditiorì: car comme nos chambres
tiennétdesTemples,ence quellesson,t.
DDES COMEDIENS. >}
©uuertesà chacun, pourvn honnestc
Kommcqui
nous y visite,il nous faut
endurer les impertinences,de mille
qui
nelesontpas,l'vnviendra braníler les
iambes toute vne apres-dineefur vu
coffre fans dire mot, seulement pour
nous monstrerqu'il
a des mouítaches,
&qu'il
les sçaitreleuer,l'autre vn
peu
moins réueurque celuy-cy, mais non.
pas plushabile homme, fera toute fa
conueríation debagatelles , auíîì
peu
considérablesque
sonesprit:
& tran-
chant de l'oíîicieux, ilvoudrajplacer
vne mouche sur lagorge,
mais c'est à
êxíCcm d'ytoucherai voudra tenir le
miroir, attacher vn noeud, mettre dela
poudreaux cheueux, &
prenant suiet
déparierde toutes ces choses, il le faict
auec.despointes
auíìi nouuclles3 & aus-
sipeu
communesquéla Guimbarde,ou
Lanturlu. L e troisiesmeprenant
vn ton
plushau t,& trop fort
pourson haleine,
s'engage inconsidérément, à la censure1
B iij
x4 LA COMEDIE
desPoëmcs,qúe
nous auro B sreprésen-
tez: l'vn feratrop ennuyeux pour
sa ló-
gueur,l'autre
manquede
iugemcnten
faconduitte, cettuy-eyest plat òctrop
stérile enpensées, cetuy-là au can traire
à force d'en auoir s'embarasse, &c parle
Galimatias; vn est dessectueux en ce
qu'ilne s'attache
pasaux
règlesdes an-
ciens, cequi tefmoigne
ionignorance?
l'autrepour
les auoirtrop religieuse-
ment obseruees, est froid, &presque
du tout íans action; eeluy-cy ne liepas
son discours, &c fait des fautes aulanga-
ge^, cetuy-làna
pasla
politessede la
Cour; l'vn manquedes ornemens de
'iapoésie;
l'autre esttrop
abondant en
fables; cequi
sentplus
le Pédantque
ì'honnestc homme, &plus
Thuileque
l'Ambrcgris;en fin, il n'en
eschape pas
vnàlalangue
de ceCritique, qùi
fai-
sant ainsi leprocès
à tat de bonsesprits,
fans les ouir en leurs.dcffenses, monstre
qu'Uest austimauuai'S
iugeen matière
DES COMEDIENS. 15
devers,-que
le font en la connoiíïànce
de l'honnestetc des femmes, ceuxqui
noussoupçonnent
d'enmanquer.
BELLE-FLEVR.
íe meure si elle n'habille ses raisofis
de bonne grâce;&c bien
que cinqheu-
resayent sonné, depuis qu'elle parle,,
1
ie m'estois résolu de nei'interrompre
point;mais
puis qu'vncfemme
a'péii
s'imposersilence elle mesme, faisons en
autant, &; rentrons ; òc bienque
nous
ayos accoustumé ailleurs d'auoir achcué
à cettehcure,iïelaiíïèpas
Belle Ombre,
de te tenir encorequelque temps
à la
porte;car
peut estre, cequenous
iugeós
stupidité,né se trouuera
que paresse-.&•
le bien ae vient iarnais tard, quand il
arriuc.
BELLE-OMBRE.
Si nousrepaissons
de cetteeíperance
íèule, nous auons la mine deaesouper
que de vent.
-ï« LA COMEDIE
SCENE QVATRIESM.E.
Mr. DE BLANDIMA.RE, 'L!HOSTE,
- -Mr. DE BLANDIMARE.
ÏL
faut aduoucr, quela ieunesse &
laprudence,
ne íe trouuentque
bien: rarement ensemble, comme'en
cet âge bouillant, lecorps
estremply
de
force, l'espriti'est d'inconsidération.
On n'a-pourbut
queles délices, fans
songeràl'vtile nyà. rhonneste: & flat-
tant la foliede ses pensées,on
croitque
tout cequi plaist
estpermis. I'ay
tiré la
creuuedecequeiedis,dans nostre faf
millcmcsme, car feu mon frère d'Ol-
linuille quevous connoiíìiez, mon
Hofte, n'a laisséqu'vnfilsasa mort,he-
ritier de tous ses biens, & des miens en-
core, puis queie ne maneray
iamais
DES COMEDIENS: Yf
qussuiuaritles caprices qui l'ernpor-
tent loingde la raison,a desiafaict mil-
le saillies, les Lettres ou nous Ie desti-
noins,luyont semblé vne
occupation
trop basse, &trop endormie, pour
sa
viuaci.té, il a vouluporter
les armes, ôc
le faisant, a couru touteTEurope
: &
certes comme ce mestier n'estoitpas
in^
diguede fa naissance, nous
íuportions
ion erreur,mais lorsque
nouspensions
qu'ildeust.faire fa retraicte, il est
reparti
denouueau, fans que nous ayons peu
descouurir sa route,dc-xrion frère m'ayát
supliécu mourant, d'auoir foin d'en
? faire la recherche, il n'est forme de vie
% où la desbauchepuisse
réduire vn ieunc
) homme, danslaquelle
ien'aye
taíché de
V le rencontrer: mais tout inuiilement,de
\ forte, qu'ennuyé d'vn si Ion ? voyage,
j enfin mevoicy dans Lyon, mais si las,
\ qu'il ne m'estpas possible
d'enpartir
de
;. deux ou trois iours, pourreuoir
âpres
; nostrcvillc,laplusbeliedumóde,Píiris.'
it LA COMEDIE
L'HOSTE.
Monsieur, iesuis marry quevol
peinesn'ont esté
plus fructueuses; mais
il faut s'armer depatience,&
vous diuer*
tir. les affichesque
vous voyez à ce coin,
vousmonstrentqu'il y
a des Comédies
en cette ville, & le ieu de Paume où ils
représentent,n'est
qu'àtrois
pas^d'icy,
Vous ferez biend'y aller prendre vostre
partdu
passe temps.
ML DE BLANDIMARE.
Quoy queie naye pas "grandeenuíe
derire}isíùiuray pourtantvostre con-
seil, 5c iem'y
envay.
L'HOSTE
Et moy vous faire àsouper pour
1®
retour.
DES'COMEDIENS. rp
SCENE CINQJslSEME.
B ELLE O M B. R E,
MR. DE BLANDIMAREJ
BELLE OMBRE.
IE
croy quetoute la ville est en deuo
tio auiourd'huy,ôt qu'òleur a ordon-
népour
se mortifier, de ne venirpoint
à la Comédie: en fin lu patiencem'es-
chape; mais silence, voicy vn Oiseau
quiala mine de se venir setter dans, nos
filets,peut estre comme les Canards., les
autres feront lcmesme à sonexemple,
Mr. DE BLANDIMARE.
LES COMEDIENS DV ROY.
ho cela s'entend sans le dire, cettequa-
lité, & ccllç de Gentilhomme ordinaire
de la Chambre , font à bon marché
maintenant ; mais aussi lesgages
n'en
fontpas grands i que prend
on >
C ij
l'affiíh
%û LA CO MEDÎE
B E L L E O M B R E.
Huict sols:"'
M1'. D E B L AN DIM ARE,
Commencera-ton bien tostî
BELLE OMBRE.
Ouy Monsieur, ons'y
en ya; toute la
Compagnieest dans vn ieu de ;Paumc
voisin, & comme elle viendra tout à
coup entrez , & retenezplace
de bon-
ite heure.'
M,;. DE BLANDIMARE.
O D ieu, qu'est-ce que ievoy?fuis- ie.
tndormy,ousi c'est vne illusion?es tu
mon Neueu, ouquelque
Démon fous
fa forme?,
r- BFLLE OMBRE.
Mon Oncle ie vous demandepat-
don, encoreque i'aye peine
à croire,
quece
queie fais ioit vne faute.
M'. DE BLANDIMARE. ,
Et c'est là ce.que ievoy
depire;
d'au-
tant, quetu tombes en sens reprouué:
tu ne crois point auoir failli, en te fai*
D ES COMEDIENS. 11
fant portierde Comédie, ha certes voí*
la vne belle métamorphose,bien
quel-
le ne soitpas
dans Ou'ide, quid'vfî
Gentilhomme de bòne Maison, a faiefc
en toyvnvoleur.
BELLE OMBRE.
Ha mon Oncle, Dieu me damne si
ie le suis.
M1'.- DE BLANDIMARE.
O monAmynciure
pointvne chose
qu'onne
peut croire; lesportiersne sòt
pasreceus à se
purger parserment íur
çesubjêct l'oecasion esttrop belle, la
tentation del'argenttrop puissante,
Sc
ie larcin de cette nature, tropdiíficileà
prouiier;envnmot,le titre de voleur
est vnequalité
annexée à celle de Por-
tier de Comédie: & vn homme fidelle
de cetteprofession,
est comme lapierre
Philoíophale,le rnouuemét
perpétuel,
ou la quadrature du Cercle ; c'est a
dire, vne chosepossible
& non trou-
vée.
O
t* LA COMEDIE
BELLE OMBRE.
Mais mon Oncle, est on blâmable
pourestre Comédien?
M", DE BLANDÏMARF.
Laquestion que
tu me fais, n'est pas
fi aisée àrésoudre,'qu'on
lepuisse
faire
dans la rue, ily
abeaucoup
de raison s?
pouf& contre, & de
plus,tel íè noto-
mc Comédien, qui n'est rien moinsque
cela,& ievoy bien mcímc, queicn'a-
prendray d'auiourd'huy íúr vostre
Théâtre si tesCompagnons
ontdroità
cettequalité,
ou s'ilsi'vsurpent:
car ie
n'aperçoyvenir
personne, èc i'aybien
remarqué, quele ieu de
paume voisin,
estoit vn tour de ton mestier. mais ce
queie veux
quetu fasses, estj que
tu te
íouuiennes, queie
logeà la Pomme de
pin, &.qu'àce soir tu
m'yconduise tou-
te laTroupe, pour venir
souperauec-
ques moy.vpeutestre ma conucrsatipe
ne leur serapas
inutile: Adieu.
DES COMEDIENS. '»j
BELLE OMBRE.
Trcshumble seruiteur mon Oncle.
iamais iene metrouùay fi
empeschcde
ma contenance ; maispuis que
ie ne
faisplus
rienicy,
allons reioindre nos
Messieurs, &z leur rendrecompte
de
mon auanture.
i'4
ACTE SECOND.
SCENE PREMIERE.,
M£. DE BLANDIMARE.
Tovs LES COMÉDIENS.1
M1', DE BLANDIMARE.
V o Naporte
à làuer s
nous ne saisonsplus
rien a
table: ça, donnezmoyla,
maia. Mademoiselle de
M'e. DE-BIAV SOLEIL"
DeBeauíoleiljà vostre íeruice Mon-
teur. .'
" ~ ". Mons
DES COMEDIENS, ij.
, Mr. DE BLANDIMARE.
La faute de ma mémoire est fort ex-
cúsablej ear toutes lesTerres des Comé-
diens , ont tantderaport
aux iíoms *
qu'ilest bien difficile qu'on
nelesprerH
në l'vn pourl'autre. ML'. de Bellerose,
de âelleuille, Beauchateâu, Bélier oche*
Beauìieu, Beaupré, Belkfleur, Belle E&-
pine,Beau seiour > Beau Soleil, Belltì
Ombre, en fin, eux íeulspóssedeí%
toúteslésbeautezdek Nature*
BEAV SQÎLEI^ ;:
Pòur hóus puniren
quelque façërij
de la fauteque
nous auons commisea
en receuant Monsieur vostre\Néueu j
vostre belesprit
a semblé auditj?ris
a
tafche, pendanttout le
souper,le mes-
prisde la Comédie: maisnous nous ea
consolons j par,la
cogrioissancé quehous auons de la bonté de vostre iu-
gement, quifans doute,vous faict auok
dans l'ame, des fentimëhs de nostre
Prossession, tous contraires, à cequela"" " '
D .
z6 LA COMEDIE
raillerie,.yous'met à la bouche fur cç
^fubiect. .
Mr. DE BLANDIMARE,^ :
. Tant s'en fautque
ie lamesprise, que
ie tiensqu'à
moinsque
d'auoir renonce
.au sens commun 7 if n'estpas possible
qu'onne l'estime
quandelle est bien
•Táíte- mais ievousdiray librement, que
i'ayje mesme: goust peurles Comédies,
?que.pourles Vers, pour les Melons, &
pour les. Amis; c'est à dire,, ques'ils ne
font excellents, ils ne valent rien du
tout*, ily
a des choses d'vne nature si
rèleuee, quela médiocrité les destruk:
& à„n'en point mentir, il faut tant .de
qUíilitezà vn Comédien,epour
mériter
celle de bon y qu'onnedés rencontre,
que.fort rarement ensemble, il faut
piremierementvquelànature y contri-
bue, enluy
donnant la bonne minasM
c'est cequi
faida première, impression
dans.ii'ame desspectateurs: qu'il
ait le
port d u co
rps auantageux,i'actionlibf ey.
DÉS COMEDIENS.if
;& sans còtrainre; la voix claire,nette,&
forte; queson
langagesoit
exemptdes
jniauuaises prononciations,& des accès
corrompus, qu'on aquiertdans les Pròr
uinces, &qu'il
se conserue tousiours
lapureté
du François, qu'ilait
l'esprit
&leiugement bon, pourl'intelligence
àes vers,& la force de la mémoire, pour
lesapprendre próptement,
&lesreté*~
nirâpres
tousiou rs.qu'il
ne soit ignorât
ny del'Histoire,ny
de la fable,car autre-
ment,ilferadu Galimatiasmalgré qu'il
enaye:& recitera âcs choses bien sou-
uent à contre sens: & aussi hors de ton,
qu'vnMusicien
quin a
point-d'oreille:
ses a osions mesmcs íerpnt comme les
pasd'vn mauuais
Balladin,quisautevneheure
âpresla cad,cnce;& de là vienr tát
depostures extrauagantes,&
tant dele-
uerdechap'peauhorsde saison, comme
on en voir sur lcsTheatres.enfin, il faut
que toutes cesparties soient encor ac-
compagnéesd'vne hardiesse modeste
D ij
tl LA CO MEDIE
qui'netenant rien de
l'essronté,nydu tí~
íhide,se maintienne dans vn iuste tern~>
pcrament,& pouf conclusion, il faut,
queles
pieurs,le rire, ì'amqur,lahaync,
lìncìisterence,le mcípris , lá ialousie,lá
çolere,l'arnbition', & bref'
quetoutes
les passions spient peintes
furíònvisàge,
chaquefois
qu'ille voudra. Or
iugeg
maintenantjsivnhpfnmede céttc íor-
te,est beaucoupmoins rare
quelePhoe-
nixì' •
"i"•' "-''" <
'" " ; : '*""
BEAV-^EIO VR.
Cequevousnous
venez de dire, est
ndeedelaperfectio^quine së trouue
pointaux hómmes.-ifiais i'oíc bien assu-
rer quenostre
tròuppën en est
pastant
eíloic-nee;& comme vous fçauez parfai-
ctement faire lë discernement des bon-
nes & des mauuaises choses, fi vous nous
auiez vcUreprésenter, péut-estre
seriez-
vpus de mon aduis. ^
Mr. DE BLANDIMARE.
A dire vray l'onconnoistle Lion;par
DES COMÉDIENS: zj
ìongle:maisles nuictsfont
longues §ç
çnnuyeuses,qúdn4vousm'aurez/ fait la
faueur d'en employervne'demie |ieure
à reciter des vers deuant mpy,ilnl^sqrf
"estera encore assezpour dormir.
BELLE-ESPINE.
Vous pouúeztout fur nostre
obeyf-
fance.;
,..,..,
MR. 15 EBLANDIMARE^
Quelles piècesauez vous?
* BELLE^-FLEVR,
Toutes celles de feuHardy:
'Mf. DE BLANDIMARE^
Il fàut donner cet adueu à la mémoi-
re de cet Aùtheiir, qu'ilauoit vn
puissant
génie,& vne veine
prodigieusement
abdndarite(commehuictcents Poèmes
de fa façon en fontfoy) & certes
àluyseul
appartientla
gIoire,d'auoirle
pre-mier releué lë Théâtre François,tombé
depuistant d'annees. il estoit
pleinde
facilité, & de doctrine, ôcquoy qu'en
vueillent dire íes enuieux , il est certain., ,_.. _...._ -_ ... ... .
p
_^
JB ::tA- COMEDIE
quee'estoit vn grand
homme. & s'il eust
auííi bié trauaillépar diuertissemét, que
par nécessiteuses ouufagcsauroientfans
dojuc|,ëstéinimitabl.es:maisilauoit trop
depart
à lapautureté
de ceux de fapro-
festion,& c'est cequeproduit l'ignorà-
ce de nostre siécle, & lemépris
de la ver-
tu.
BEAV-SOLEfL.v
Nous auons encor toutceieuimprimé,
îaPiramede.Theophile,Poëme,quin'est
mauuaisqu'en
cequ'il
a estétropbó:
cair
excepté ceuxquin
ótpointde mémoire,
i.lhesc trpuue personne quine le ssçache
par cceur, de.sorte queses
raretez,empes-
clientqu'ilnesoit
rare.Nous auons aus-
si la SiIuie,laChriseide, &laSyluaníre,
les follies de Cardenio, i'infideilç Con-
fidente, & laP'hilisde Scire , lesBerge-
ries de Monsieur deRacan,icLigdamó,
leTrompeur Puny,Melite, Clitandre,
la Vesue,la Baguede l'oubly,&
tout ce
quïontmis en lumière les
plusbeaux e£>
DES COMEDIENS. íji
pritsdu tempSjinais pour maintenant, ii
îufrlraqûënous vous fassions
oùyr vtìe
Éelogue Pastoral âf l'Autheúr du Trò~£> fc> • - - - - .
peur Puny, nous i'auonsaprile par
ce
qu'elle estbbnne,& fans dessëirtde nous
en feruir au Theatre,pour lequelelle n a
pas estécompofèe:Prenez la"
peine de
í'entendre.
M>. D Es B L A t D IM ARE."
VOUS n'auezpas
malchoisi?pour ren-
contrer monapprohatiomcarceGenÊil
homme dont vousparlez,
est à n^on grévn de ceux
qui p&ttentvn-e
cípee^qúís'aide lc mieux d'vne
plume: mais com-
pencez quandil
vousplaira.
3£ LA COMEDÍÉ
EGL O GV.E.
j AN C RÉ D E/Iá I S^
'AjCIDO N, C L0RICF*
ÍANÇREDE;
V'efdiëleí'tiQiis jru dans cetteforcft
sombre,
PttnulSoleil
que Vous ffa iamais%ene«
I R I S,
Ty ckerchoiï cequi fuit, ce'ft
k dire de
lomhrej
Htfuyois feulement
ceque i'ay rencontré.
CLORICE,
plusparfaiéi que Parisscher miracle des hem-
mèSy
Vmrquoy héjfe^-yousmon Visage & mon
nom}
TANCREDE
ÚÈi CáMEDlËNSt jj
T.AtrCREDEi
Siìestaisce Troyen, & que i'eujfe pni
pommes,•'-'./ .
Vms en aurie% ámmt,quePallas 9 que Iu^
non. '•
ÁLCIDON)
Reynede mesdefîrsju tevo'urejfufcel
Ëï moy quite cherisyie me voymeíjrifen
GLORlCEí
Siguarir
dvn reffus, estçhofe tant aifeel
Que neteguaris tu#e Voyantreffuferì
°'I RI.-SJ-"'
Quitte cherAlcidon}qttitte cettefarouches
Qui rie méritepas
decaptïuer
tafoy:
ALCIDON,
Veux-wque
laraifonse
trouue das ta bouches
Ne meparle point d'Elies dis cela de toy*
T A N G RD E*
Ha Glaço animéjtu veux meurtrir Tacrede]
Ton abordmejfrijànt,
enporte
lafaçon.
I R i s.
Berger, ne>têplainspas der^enmontreffreds11
faut queie le
foh} fie fuisVn Glaçon.
E
24<ï A COMEDIE
CLORICE.
%as, rejpodsa ma voix, alors
quellety
dpsèche
ynRocherendurcy,ne doitpas craindre l'aer*
TAN CRI DE.
Discours doquesfort peu.car efìatvne Roches
Apresdeux ou trois mots, ie ne
puis pins par*
ler.
ALCIDON,
Puisque
tout messouhaits,
ont laraison pour
Permets moy de te voir,bel Astre fanspareih
CLORICE.
Jïetmeplustostlesycuxfar n'estant point vne
Aigle,
lepourrois tdueugler,fiiefuis
vn Soleih
í R I S.
Ingrat,stM me
fuis,letorrent de mes larmes]
Tesutura pas
àpas, afin de
tabifmcn
ALCIDON.
Cherche ailleursque
dans Veau, dusecours
& des armes,
Car lese» queie sens pourrott
tarir la Mera
3ES COMÉDIENS: 3J
TANCREDÏ.
Enfinie nepuis plussouffrir
tonarrogance',
Adieu mejchante Iris}qui niaraifon furprist:IRIS.
Va,nemebíajme pointde cette
répugnance]
Qui vientdemonimerite,^çlejope<u2'est>rit,
..CLORICE?-,' ;/.. - .
Mnfíaméd'vndefsit3quetupprtes dastame,
.Souffre moydetesttpure, 0* de teconsoler i.. ;
.-;; .::-; .- ^A^ÇXEBEf....,, ,. -. km?»
O n nemaprqçkefoint,pmsquè
iefuis desta*
O u bien ne ??plains-plus, Jim tejènsbmsterj
•-'[y/: ALCIDQN.
fëlle c^urt en pleurant, âpresVn insensible-,
Arreste ceruisseau, qui te-.fera} mourir;.
~\\ vi-vCLaRi'ÇE.','•
.Tu demandesBerger^ne; çhofè impossible,
;Q-ìïVoiSrtuquVnRuisseau, gujjfe estre fa^
.\CQurir> _i.-':i ^?' -;(- ,'-.
-- ." IRIS.
JbïacmçlAlcidon, mv asfuyant infamei
jMéism vain, iet^ray d'vn cours
précipite
|és t^ COMEDIE
Axe ID o N.
Facïïeufetu dkvnay,earestantVne
femmes
:$e$tte_peMt/^4lìcrj4-fd:p:Kreté.
u M'.brBLANDIMARE. /
JHfa> certes ilfautaduouer;que voilarew
citer de bohïíe grâce: éc qu-en vous au-
tres, iâytr
ornièreque
le cherenoas ;de-
•pùl'ssi
long-tèmps. nonj npn, se leue le
itçasque;ôt íè
vousfaisrëpafatio d'hoh-
íieufjpour teque fay diten
spuppànà
encoreque
maSatyre nç s'adressast
pointa laprofest]on,mais feulement à
ceuxqui
s'enaçquitent
mal. car il( fâu-
droirestrepriuedíe raison, pqur meípri-
íêrviie çhofè tant estimable: lâ COMÉ-
3D"íÈ ,. quià esté en vénération dans
tous les Siécles, ou les sciences fleurie-
íòient!ÎâGoM£DlE, :vi;> le diuertiííe-
inehtièsEmpìereaïí^
êï- f^ntretien-de^
"bonseípritérîe;TaMçlH 4^^àssìpmV
Jimagede la vie hurriainçj, ITíistoireh
®Es COMÉDIENS: ??
parlante, laPhilosophie visible, k ?a«
du vice, & leThròspe de la vertu. rroTi,'
non tant s*en fautqu'este
me soit eu
íiorreut» que voyant comme elle est cri
son lustreparmy vous, ielouë le
iiige-
mentde mpnNeueu, de s'estre mis en
¥ostreTroupe:
&pour
vouS monstrer
quei^ay ce queiédis,aussi bieíi dans 1c
coeur, quedans la bouche, &
quebien,
ìoingde soubconne'r vostrc Profeíïìoa
d'ignominie,ie la tiens fort
glorieuse;ie ïa ^eùx embrasser moy-rheíme, fl,
ypusmeyoulez receuoir.
,. f";^,;7.pEAV-$pLEirJ'
'
M Onïiëur, nous;acceptonscc't honneur
auécqufes ioye,'& nous en rcçpnnpií-
sonsindignes,
'^ ".
MV pE BLANDIMARE?
Mais niauez vouspoint de Jtoqme3 qui
fj-ayedesiaestévçu? y ,
p LA COMEDIE
BEAV S.EIOVR. ;'"
Ouy,Mónsieur,ii
nous reste vne TR A5
GITCOMEDIE PASTORALE , intitulée,
Î-'AMÔVR CACHE' PAR LAMOVR.,
Mr. D E B L A N D IM À R É.
Elle est de ma Gonnoissance,5c de ía coí
position deceluy dont nous aUons par-
lé, il m'a fait la faueur de me la donner
escritc deissa main. C'est vn Poème à
l'Efpágnoìe,detrois Actes; mis
par luy
dans larègle
desvingt
&quatre
heures.
<k comme ie vousay dit, que
ie csicris
toutjcç qUÌVient de cet
AutheU^pcu
s'en fautèque
ie nele sçache entier, de
sorte, que siypusietrouuez.hon, i'cri
iouëray demain y n Roílc,pourf aire
m|
cpup4ess^y?
13 ELLE ESPIN EJ :,:'
C'est à vous d'ordonner tout cequi
vousplaira dans la
Troupe: mais crai-
gnantde vous aporter
de l'importUí;
DES COMEDIENS. '39
îiité, nous allons vous donner le bon-
soir.
Mr. DE BLANDIMARE.'
Ié ne vousprie point de coucher iey^
, parce que vous ferezplus
commodé-
ment chez vous: maispour
ces Demoi-
selles, àqui
le sereinpourroitjfairemal
en s?en allant, ie leur ossre, & ma cham-
bres mon lictjsllleUr agrée.
Mle. DE BEAV SOLEIL."
Sansaccepter
cette courtoisie, nous
vous en restosobligées,
nous doubtans
bicn,quenos Maris
s'y opposeroient,
Mr. DE BLANDIMARE.
Adieu Mesdames,bonsoir Messieurs;
BEAV SOLEIL.
Monsieur nous sommes vos trcs-hura-
blcs seruiteiux"
L'AMOVR
CACHE' :PAR
L'A M Q V R.
TRAGI-COMEDIE
PASTORALE.
LES ACTEVRS,
•î,E PRO L OGVE
L'ARGVMÈNT,
ifLdRINTORBcrger.
Pï R ANDRE Berges.
ISO MENEBergère.
MELISEE Bergère.
pTARAMlNTE PèredcFlormtor'
rA L P H A N G E Père de Pirandre.:
X V SIM A N T O ncle deMelisce,
'ALLIANTE. Mère d'isomene.
!•* SCÈNE EST EN FORESTS*
M
LE PROLOGE, L'ARGVMENt;
LE-: P R O..LO':G v tï
Effieurs,- '
L'ARGVMENTJ
Mes Dames,
LE P R OLOG VE.'
"Cet anciéPhiiosopheGrec
auoit raisons
L'ARGVMENT.
Taraminte Beréer de Forets,O. .... -f ^ . .
LE PROLOGVE,Ji ::'":
Qui difoítcpie
les hommes,
V L'ARGVMENT.
N'ayant quvn fils nomme FlorintpíJ
LET PROL'OGVE.'
J^ujlest
cctespouuentaii de ehencuiere
qui vientiej ìtiinterrompre?
"'"""''~~" '
F ij
^|-LA COMEDIE
L'ARGVMENT.
f£t quiest ce reUestu de
larriperie, qui1©
jjiemandede si^uuàisè
grâce?..'
'.v! ; :î
',..':'/ : VXE..' PRpLQ G.V.E.: .., ., I
Ne me conn ois-titpas g, i'habjt íans
que
fc me nommes""' " ; "
:-'":'\"^" '!''
t'-AR-Gy MENT; ,
Non, mon Amy,ietelëiure: %;ily
a
plesia long-temps qu'onne
peut plus
eoiinoistre en Fránceles conditions pat
l'habit. ;:.; ;• ''••'^.-.-.' -:\ ;f:
•','';;.s : ?'"'
''"'• î-E PE.OLOÇ:,V£ .-.y-'
Poursupleér charitablement
à ton
jgnóranëe, ie^ t'apireHds,queie fuis 1©
Prologue.''- .if' î: ?;L',.;
;-'. y;;." -
Et moyie íujs, f Arguments
-
<'"
LE ^|:RO;.L;0:.G,y'Ev ; ;; ;;;;
ïe neíçay qustameìneicy, toy qui
çs
la plus inutile piece d'vn Poëme. i - '::v
i'-'-''''''•'X'ÀR-GVMENTv"^
'
*Jpfî&ne íçay qiiit
y peut- cojiduireá, jtegf
quiës l^rnpinsj rreceíï&re^ <\ "-.7-. fr/p<*'
DES ÇQMEDIENS: 45
LE PROLOGVE.
Jìt va te cacher dans la Presse, va te bar-
bouiller d'encredlmprimerie, 6c te ve-
stir depapier
où deparchemin,
si tu
veux estre reconnu': il estvrây'què
bienque
tu fois fur vn Théâtre, on te
peutcrpiredans yn Hure, parce que tu
escouuertde veau. ; .:
';•;•
V ; L'ARGVMENT..;7 .::'
Qupy que i'aye; les iniurës en main
aussi .bien que toy,site veux-ie
payer
èn meilleure monnpye: .& te dire, que
bienquenous soyons en vn
tempsou là
çoustumeest aussi forteque laloy,
si né
sçauro^-ie me résoudre à estimer cette
vieilleespèce de
Prologue, quel'vsage
sans, doute faisoit attendre d:etoy
à ces
Meffieurs.Ces sellés à tous cheuauxme
despláisenE, & ie, trouue qirtivaut
mieux- ireussir !aueemoins degloire,
qu'eri matière de Proseparler
comme
yn perroquet.Se
pique quivoudra d'vri
éssojrt. de mémoire en cette occasion»
fy-
'
-%A COMEDIE
.c'est aux versque
iereserue la mienne*
&quelques grands que soient les es-
pritsde nos auditeurs, il faut
quetu te
cròyesbíen priuédeíéns commun, en"
iugeant qu'iltest absolument nécessai-
re, de dire vne chose estudiee, quandtu
les veux entretenir. La naïfuetéabieri*.
aussi bonnegrâce qu-eTamfiec,"&
les"
beautez nues ne se font pas des moins
excellents rraictsde lapeinture.
Et con-
fessezla vérité Messieurs, ne le trouue-*
riez vouspoint ridicule,'si se mettant
fur le hautstile, comme il auoit desia^
commence' quandie suis
venu,pour pa-
roistre ceqU'il
n'estpas ( ie veux dire do-;
cte) il vous alìpit citer deux cens Au-,
th'eurs/leíquclsil ira leus de fa vicj- ni
peut-estrevous aussi. Ne feroit-ce
pas
vous assassiner parToreiile, quede vous
faire déscompliments
auvieuiloup,
&:
qui commençoientà estre desia hors
de mode, soubs lerègne
de Châties' se-
pticsrnc,ôc ne le tiçndriés yous pas cou-
/ b ÊS e O MED IÉJSF-S.
'
'4f
pàbled'vneruse. charlatane, si comme
on ditpour
attirer seau au moulin, jil
salloitembarasser danslesloúangesds
personnes, qu'il n'a pasrhonneur de
eonnoistre assezparticulièrement, pour
fçauoirl'histoirede leur ville, ni cellede
leurs maisons. Vois-tu mon Amy, il
faut estre vn peu plusdu dernier siécle
<juecela : mais si
parla caiollerietune
mets pointla modestie de nos
specta-teurs en estât de
rougir, sçaches qu'ilne
faut nonplus que
tu laperdes
en leur
parlantde nostre
Troupe.Puis
qu'ils
doiuent estre nosiuges,
il ne fautpoint
lesp'reocuper,
& te doit suffire de les
aduertír, quenous espérons
fairepour
leur contentement, tout ceque
les au^
prés promettent.
LE PROLOGVE.
Quoy quetout ce
quivient d'vn en-
íí.cmy doiue estresuspect, si ne
laissay-ie
pas de receuoir tes aduertissements de
; boncoeur, par
ceque i'y voy quelque
%tLA <?ëMEblB
ombre de raison 6c de vérité : Scpour
ìì'en demeurerpas ingrat,
iê téprie
de
considérer vh peu combien' estpeu
im-
portantle
personnage quetú íóiiçs fous
le nom dé 1argumét.
Tu sçais qu'iln'est
rienqui plaise
tarit en toute, la Nature
quela nouueauté, et toy
séulempes-
che_s qu'onn'en
puisse trouuer aux Poë-
meSjâyátdésia aduertile Spectateur,
de
tout cequ'il y
doit voir. Leprincipal
fe-•
crét depatéils oUurages,consiste
à in tri-
qUcr les accídens de forte, que1°
esprit
áuspectateUfdemeurant
suípèridùen-
tre laioye
& la douleur, entrel'esperan-
ce ôç la crainte , né'puissedeúiilet ou
doit aboutir I histoire , & se trouUè
agréablement surpris, patcet Muisiblè
«ceud,qUídesbroùille toute vnë
piëce:
quesi tu me dis*
quetiï íers à faciliter
l'mtelligencedu Poëme, i'ay
à te refpó-
drc, queles
premiers broyeurs d'0'crè
quifurent au mondé, imitòy
eht si niai
toutes chôfés, qu'ils ëtoiënt forcez d'cf
'":""
crirc fou
V DES COMEDIENS. 4^
çrire sous leurs Tableaux,, cecy estyi\
homme,& cela est vn cheual: mais com-
me les Arts se perfectionnerit
parla fui-
te dés siècles, lespeintres
fe font, tirez
bien lóinle cetteignorance grossières
1& maintenantleur trauail ne donne
pas
íì tost dan^la veuëj que rimáginatiori,
conçoit ceque
la leur a voulu repïe-
ienter, ieveúidire.par là5que
tout Poë^
irnequi
ne se rçítd intelligible de.íoy.
mesme, &qui
a. besoin xle toivîeeours,
pourl'esttèy manquefans doute, de iùW
gcmenten fa conduite. & comme tous l
çeux que nostreTroupe représente,vié~r
nent deplûmes qui
voilent haut fans
prendre1 essor,* ie concliis
quele babil
inutile dei'augumentj
doit estre con-
damneausilence. .,.,,-
VARGVNÌEN.T. K ,_ .
Puisquetu
semblesáuoiraquiescé àma
sentéce,ie n'appejieray pointde la.tien-
ne: &puis que
tu te confesses inutile, rc
me reconnoissuperflu,
& si û m'erT"
t
joLA COMEDIE
crois, nous ne ferons niArgument,
JE»
Prologue.
LE PROLOGVE.
Ta propositionest
trop iuste,pourneIa
ïeceuoir pas.retironsnous puis qu'ilt V
gree:aussi bien i'entends
l'impatience
de nosCompagnons, qui
demandent
quela Prose cède la
placeà la rime.
L'ARGVMRNT.
Bon soir Monsieur lePrologue,-
LE PROLOGVE.
'Adieu Monsieur l'Argument*
s*
ACTE PREMIER
& Tròisiçíme,
p I R A N b R E, ME L'Ï SÈ E?
FLORINTOR, ISOMENE.
SCENE PREMÏER^E.
PIRANDRE, Lcjh;atrienr
loist Bocager.
E nepuis endurer,ingrate Mehjeâ,
Que ma fidélité soit (ànstmtffrxfee^
lenepua[plus souffrir que
l'vn de
mes Riuaux,
Recueille sas trauail lefruit
de mes irauaux)
OuÇtdemesfóuffirstune dais tenir compte,
gênant estreyaiwHj ieleferdyfanfihonte:
U
'LA COMEDIE
saignâtd^ahné'r ailleurs, aulxeu de ie moquer,
L'Amourparle deffitte
pourra hien'picqùen
Ifomehe abusée, acceptemon ferùice ;
•
P*n- Die Uqui f
dit moncrime'^nexcuje
le vicey,
Te disque son
bel $i:l s'est rendutno-Vainqueur^
Mais U bouchereçoityV®dcfmëntirdi4Ctzurif
Et lotsque
mondiscours trope son innocence,,
îe-crains que ceBrocher
riaidt•Xfaconnoif-
'• \ .fance i\. :y
*'v. -:;;•? \ <y
•.'
Cas il fçait mon dessein, & cruel comme toy?
Son Echo l'autre iourainstparloit amòy? -y-,.
::":''$' liNÇ'E^S.'"
N/ff^tf
( //^ ífo-ji? ) foUtaine,
Qui fçàis quelobietma charmé»
De mefprisle Voyant drmè,:: ,;•'•• '-.,'Dis moy ce
quetu ne
peuxtaire ;
$i ièiie l'auray. point, fousles'loixde Iunonh
;-'!_Austi tostéïïe pií>rNQN. . h' ' .'":;-)
,•
0 rude^'.çrmlle sentence,
'
/'Aquóy ,m<nk fMÌS,consentir?'-•/'
'Êíírmw. ftifàtéfátònfàtncey-\
•&ES COMÉDIENS:g
Lapeut
toucher derepeniirí
fêt lorsque fer
ai elle, au tourmêtque ifdmeh
V:letentenâtí'tef^ôêdr^
;D;VRE, •''•'""
Si ievay prés
de lafarouche}
Armufiry&'fechenVir fleurs,
De. t-eau.qui"coulede^mspleurs,
DessonpìtsqmiaydAnsIahomhei
Son ml, de madouleiir, feraiiltefoú'jì-^
Elle'inerep^rik^:<SYT." -'x['- •?' ;
$cho, ie te crois véritable; : .„.'. ;.
Mon maï, fe 'vèutperpetUgH ...
Mtié;ne Vêis deprofitable.
;;. • :"\
Quelêdèfjeinidtr me'tuer; ; { v
Veu. que montfyexanceen$ne%ayawet' f
P A lïnstanièlk crÌ4,rvÉ.:;' ' "ì
JMais ilnestrien enta Nature,'
Qui nesoit fubiet à
changer f
Telfe trouue hors de
danger,
Qui fecroit dans la
sépulture',
&*! ^JÌdois4e mourir,m fléchir ses humeurs}
ilLA COMEDIE
Èlkeuthafiede dite, MEVRS.
Fuisquemaperte est ordonnée -,
Etque
tu melésais fçauoir.
Lutter contre laDestinee,
Nestpasvna$eenmonpouuoir:
Cajonnqs d'vncousteau,st tout nous abad'éneï
Cette inhumaine adiouta, D Q N N E.
Ainfitout m'cfìlcot)taire',&'pourme
ficomir^
11semble que
le Ciel m ordonne de mourir,
JMais essayons premier ctaquerirparla
ruse,
Vn bienque
la Fortune au mériterefuse^
Etpuis qu'en laferuant nous'souffrons h
treÇftas, .'- " '
^afchónsdefobtenhr en ne
If feruantpaí.
DBS' CO ME D IE N S.%
ç. t ...•** •*-,*' ., y \ . .. '". \,? '„,,r'i- - ' i " '
SCENE SÈCOND&
ME LI SE E,
OPirandre,
Pirandréj obiei de m A
pensée-,-
SittifçauoU cobienmapauureameestblestee'y
Au lieu de m accuser demanquer d'amitié,
'ï'uioindrois à!amourpeut estre la
pitié.
Maisievoy bien ta rufe> Çr
nonpas toy m*
feinte;
Ettkien
que noseffritssoient
enmefme
con-
trainte,
Etqu'vn mefme Démo
s'emparede nos
sens-,le cache mieux
que toy lefeu que
ieressens.-
Tufeins grossièrement
d'aimervneBcrgere;
Tu feins d'estre infidelle,enmecroydtlegere;Mais
auecfpeud'art, qu'àtoute heure, en
tous lieux,
, le te meinc enefclauej attaché
parles yeuse.
Couragemon
BergesU Fortune
fapellt i
|S L^X&MEDIËv
Et] puis queton amour a
souffertla
couppelle;
Que tu ies, /veu quiterfjànsme
pouuoir hair,
Etque tafoy subsiste, eynieyoyanttrahir;
le me Veux ìaijfervaincre a tant de bons
os-.
ficesy ,.<',,.-", »".'.-•..:
Déformaisie renonce, à totk mes artifice si
Et'quelque jugement que
tufasses
demoy, .„
Tuconnoistras bien tost queie n aimé
que
JCEÙE fROÍÈÍESME.
FíORINTo R, I S O M E N E2:
FLORIN T OR.
QVknd
Vouslasser eX^
Vous de me faire
vneiniure'í
Ouadvous loejfere%vous de me
reàrepariureì
Engefnantmon
effrit, rìdue% vompointde
peur,.
Qjià forcede le
feindreil ne vienne tropeur
?
Vous mehasardes trop,
ilfaut que
ie le die:
Qarvouè
DES CQMÈDÏËNS; $f
CdrVous m accoustu^ne^dedans laperfidie.
T ab useVne innocente, & Voyant son erreur 1
Auprèsde ma
fìnejfe,elle
mefaithorreufi.
Voulamvom obéir,l'ay peineà
myrefoudrc;
Etpour Vous, & pQurmòy j ï
appréhende lé
foudre;
Etienepuis souffrit qtt'VnRiual prés déVouì^
Bienque
cesoit par feinte,en
ait Vn oeûfidouxì
En Vn mot, cette vie est pour moy tropamer et,
ISOMENE.
Ie v.ou<s I'aycent
fois dit, ilfaut tromper
md
Mère;
Etnécessairement; ferejoudre acepoinSf;'
Elle estime Vitandre, & neVoUsaimepointì
Toy veu( pourla
chager ) le bout demafçiece
Noflrevnique remède, est en la
patience;
Apres vn rnauuai!temps,
il en Vient Vnplue
beau ;
Elle touche défia le bord defin ^Tombeau!
Nospeines >&ses iours^ont me fmes destinées;
iVcpouuànt augmenter, que
defort peu
d années ;"
Et lorsfoy
et ccruûn,aueVo* niaUre%VnïoufiJ "
H
5SLA COMEDIE
"~
.FLORENT
OR.
Ainsidonc
parla mort,Vous paye^mo amour.
Htconfidere^bìen, quelle est mon aduantUre;
Que ceMostre hideux}quidefiruitla N ature,
Cet hostedes Tombeaux,ce ffeéîre d'ojfemes,
La mort,donne lavie, à mes contentemens,
Me doit- onenuier, ouft
l'on medoitpleindreì
Me Voyant defirer3vn obiet tant a craindre?
I s O MENE.
Garde%que Vosdefirs,nefoiet trop
criminels:
FLORINTO R.
P enfuis defiapuni, par
desfeux éternels.
ISOMENE.
Ie m en vay vousquiter, pour
Vous tiret de
peine:
FLORINTOR.
Ha demeure^ mocqueufe,&cruellc Ifomene;
Que Vousconnoiffe% mal, l'effet
de Vosappas;
le meurs en lesy oyant, & ne lesVoyantpaL
IsOMENE.
C'est àmongrad regret,queieVousfuis fatale:
FLORINTOR. (phale,
Vostre oeilpour Florintor, est le dard de Ce*
DÉS COMEDIENS. 59
Qui nemanque
iamais "sdeluy toucher le
sein.
Mais ilfait plus
encore ,il frappe fans desseins
Vouscroyez qu'à
me Vaincre, on a fi peude
gloire,
Qui}'faut-quele
hasard,Vous donne ma
victoire,-
Mais comme lafroideur approche
dumeffris,
lefçay bienque par
là ì ie nefus
iamaispris
:
Et lorsque
de mon coeur, vousfufles adorée9
Confessez que Vostre oeilfut
àlapicorèe,
le levy ce bel ffH»fe
cacher ddemy, ^
Poursurprendre ce coeur
qu'il iugeoit ennemy;
fjMen qu'à force ouuerte ilpeut dompter la
terre ,
IIfut commf Vn Soldat, à lapetite guerre;
Et \ors fumant le cours de mo heureux destin],
Çétoeilìugea mon coeur, digne defonhutin.'ISOMENE.
II est vtay,ïews dessein dessus Vostre constance»
Mais bons Dieux, quece coeur, fit peu
de re-A
pstanceì
le lepris fans trauail; luy mefme lenchaifnk
''"'-'
'-H ì)
.."
j>@ LA COMEDIE
Mais pensantï emmener, le rusé m" emmena;
Je le fis monCaptif, & ie
fus fa Cdptitïg:'
Silence,Fl6rint,or,Vostre Riualarriue;
IeVotis quite pour luy, nenfoyezypas ialouìs;
Çe queie
luy diray,ne
s*adressé qu'à Votts.>
FLO RINTO R.
D^ux! quecet artifice, estfafcheux
à mon
amè;^
ìfomene, Trompeuse,alle^ieVous en blafmeo
DES COMEDIENS, tz
SCENE QVATRÌESME.
ISOMENE, PlRANDRE, FlORLNTOR,'
ISOMENE.
Ostfe abord,. ne mefut
iamais
moinsdeíblaifant;'
Car Vous'msdefchargez, d'y n
farde au bien
pesant:
'^^^'SOMENE.
Yious ditesfranchement)
mut cequi
vous en
semble; .;,-
Mais ie nelaisse pasje
Vous trôuuer ensëbk;
Si VOUS ne mequiteT^ Ifomene^trger,
liray Vc/>
Melifee, afin de meVenger.
p Z. O R I N T O R.'
AprockeXi aproché^fèpïenez V0fir^púcc;
Nous fçmmes l'vn & Vautre,^^fl^e]
& de'gkscr;^ '
fí..M
6i LA COMEDIE
Elleglacepourmoy, feupourVoftrefubieç
Moy glace pour fies y eux, feu pourVn aut*
cbiet.
I S O M E N E.
Sans estre pour aucun, défi facile prise,
L'vn des 'deux me menace, & l'autre me
méprise;
Soyezflame,ou glaçon, partez,ou demeure^,
lememocquedevouSj&Vousen assure^.
PlRANDRE.
'..- Voila souurirl'esprit, & le monstres fans
Voiler
FLORINTOR.
Quilleen
prenneVn
par mon confia
Cache^vous Estoile,
Voicy le Soleil.
:DES COMEDIENS.€5
SCENE CINQVIESME.
IS O M E N E. M E L I S E E,
FLORINTOR, PIRANDRE*
í S O M E N È.
DËux
contre Vne, c'est trofa
ME LISEE.
Vous estes garantie:
Amoy Berger,
àmoy,ieJnìs
delapartiet
FLORINTOR.
Ie mets les armes bas, Amour est mon vain-
queur, /'
Quoy? Voule^vous combats'C,vn quinapoint
de coeur ì
ME L i s E F.
Vous rìauez pointde coeur ! ha ce
discours
moffence: .
Que direz Vo9
quiferue, &pajfepourdeffence
64 LA COMEDIE
Vous rfauezpointde coeun helas
depuis cobieí
RefpondeT^ moy Berger i qu'auezVous fait
du.mien ì
FLORINTOR*
ApresVamir
acquis,auecquetant de
peine
Ie ne le mostre point,de
peur qu'onne
leprene:
PIRANDRE.
Vous lepouuez monstrer, librement en ces
lieux,
Vnplusrare
tht'tfor,m'occupe affezlesyeuxi
MELISEE.
De Vostre iugement,nevient pas mon estime:
ISQMENE.
Mille deson aduis, le croiront
légitime:
Iointque plus
rare ou no, il n estpas importas
L'homme contentes riche , & Pirandre est
content.
FLORINTOR*
Sonamepar orgueil, n'est point trop ausuglée?
Etson ambition, me
semble affeT^ réglée:
PIRANDRE.'
O n blafme biefouuet,ce qu'enne connoit
pas}
Mais ie Vo9 aime
aueugle^upresde ces
appas
MELIÌEE.
h%^Ç.OMEDÎÌN$ï: v$i
,Mm&nstreparJ^ (fouet qu'il 4:firìj$w?é
. y "V'eWïr ;-i ; ,_,:; ,.-/. ',.;•. ,£,,c ..
r .' % TsQ&ÎÈNE/.-'
., , V,V
DéméritepoùrluyiVqus estes trop pourueuh
.Vojfoaute^fwse&e^
FLÛRIN ÏOR; ... .ss\'.
aM&nwurejtaJfeT^ fìri,pçur kef}fistèíh;
. charmesji j ; -rr.. ... 0 ,: ^-
\ ;
<-.í!wi^-iiì ,ì--,ls0^í,EN.^r.. ... .ÏÌr,vr,,:.>
X*if/? £Ì«Î^/w úáblementféui 'iç'óçupç
tMej
\Lêtttà$'àt ée-j&§±regap-àss fìmt\bi0,fî^
r:..-haukm^/X^..,J-. s,--.\-.: Áà&VÇtïí.--~
Vostre coeurferoït honte, ^éu^ípiet^f
," .Mft-'JfeííPje.' :
*Ofr^tì&^îaÉfrdevoMi'éeìMmarqMcì êph
$/ìais Monarques pàèrtarii,à ce
qu'on péi-í
•gefi
"-
•';.' .' •
;&LA CO M EÛ.IE
ISOMEIÍE.
iêrgéridontU vertu^'oils fait bierecb'nefffol
Que s'il n est pas nay Prince, il est dignede
lestre.
LeurséistoHrsimportiïï,medonentdefo
Soyé^moins fértìmequ'elle, & plêshomme
que luy i {meure.
LdVÏSióifë est dnoíù,fans que perfomieen
F L O RI NT O Ri- -
Ouy, noussommes vaincus^mais le
Champ
ítsus demeure. '! "',-'-^?
I S O MENE.'
t->v.^
Goûtsë- lafoîle Mnur, quivoàfVa
possédant,
M fautcombatre en Parthe, gr vous Vaincre
"gntedant. -; '\:.^ -viy%
M ELI'SE^.
Stratagème fubtilïexeétìênte conduise,
Vous lanomme%mraitei& nouslapellehs
y PíRÂKD&E; '
Vous VëUstrompe^ Bergère , & Vouì la
pomme z^ten;
ÙES $OM£BIENS. 6%
Qn doit fuirle mat, comme fu'mre
h bien ;
Etfuguant fan estrtt, pour m'esloignerd^VQ^
te ctois assurément,queie
faitl'vn
gsïautre:
Etqui
de Vos beautés, fera comparai'&n,
S'il ri'enmaq^e beaucoup,dira
que iayfaist»
Mais parfaite Ifomene,allons
fous quelque
ombaage;
Le Solejl ( ainsi queux ) tafche à Vous faipç
outrage;..
Cosmos,ce beau taintirnals elle
^peutrester9
Car nayamjicn deheau,qHe luy peut
il ojierì
, FLORIN T o R.
T estime ceconfeilycherchez Vn lieu
fort s^rei.
Decouurir cesdeffauzs, ilp'apartiem qu'à
sombre ;
C'est là, quon ne Voit
point, quelle manque'
d'appas;
SiMen que pour l'aymerflfaut neUvavtpm*
PIRANDRE.
Btpourne F aimer
pas,il faut voirMelrfeel
FLORINTOR,
Vuider nostre dispute^ eflchofe fort aìfefy"' '"' '
" "
'?'«"
$$::LA' cèMEBlÊ'^
pJous ioberons d'accord,nostre p-oust est par ei^
Pòurhaif ìfomene;iífàutvoirmónSoleiL
PIRANDRE.
Voù'sprenë-z
mal te s o ,de ceque
ie Veux diréi •;.1
M f LISEF.
En ine croyant fâcher, il me. forced f rire ;
)ïconfesse son crime,&fon aueuglement,
Etpuis
il esì honteux,d'auoir duiugement\
M4d&persistez Berger,encette repentance:
''Î^IR-ANDRE.''
-$Aa fuie fin ^feracelle de ma confiance.
''"'''•.•' "ME LISEE.
""'"
La mienne doit durer, plus long temps que
mesiows.' :_
I-SOMENE,
le n'aimeejiiyn
*~PaÊeur , quet aimer 4y
loufioitrs.
FLORINTOR,
fia que vousferfZ^bien,ne soyez f** tyefB
le^HiteroukÇiei, pluftost quema Bergère. \
P IRA ND Rí.''-'"" (>«$'
Qmàfon esprit pour moy,namo\t que cruau^
fe'fátí vmfokmmì,i adorer
fes'heamf^
p.ES> $ÒMËQ!ENS. 1%'
M S L I SE fi. ''"
fînater dejfus moncíetir^nestpas estrìreâ®
fable;
Mon amouKQM diuin,n ariendeperijptítë
s.piÍÈ NE.
A titreque monBerger,ne peut qu'en s'abusifs
Çroire'quefondeffein,neme fiitdefflaijànt»;'
'
FLORINTOR»
Le Soleil esleuê,donne aplomb fur là rpche'9*
Tefmoignage çértaiu}quele midi
s'aprochei
IIJefautrettrer,!heure nòusyfopond;
kdetl SE'E. .
Allons voir mónTroupeau, qui
broute 4$
pied du Mont % r
PERIAÎÏDRE,
$oyezaufii contens,que iijùisà
monaifè;'>'IsOMENE.
Auprès'de ct.ffonqmttil n'est rien
qttitie
"plaise.
!: ";
''" '
ACTE SEC O N El
'*'".'.' &
quatriesme.
LVSIMANT, TÀRÀMÍNTÉ, ALLÍANTF,
ALFHANGE, PIRANDRE, FLORINTOR,
ÌSO'MENE, M ELISEE,
ySÇENE PREMIERE', .,
TARAMIN.TE,, LvsïMAkT.» .
JA RA MI N TE.
O v sconnoiffez W^n fils, Vpuix
fçauezquelilesti
S'il touche vostre esprit, yofirê
Niècemeplaift.
Et comme Florintor adore Melifee,
Qnvoitque fon.ampurn'en estpasMeffrife\
DES &<ïïM§DÏENS.^
:"^ì"njoés k-dtjire^aìnfiquéìe-le veux,
Ví-*Z-.
NosvoUnsë\irómít)às^drest'et kúrs'fáfcx;
£cpu% q^vnmefue Dfeu'dhr-scóHrâgestaf-
semble,î - • ->*..- '- V-I
Nousles iàisterQíVÌHréi&derïìé^rtf èmêkfk
''$mr'duyftulWhQ%#fiScè-níb^
Doni^dnvôí^çhaqùe îour-'^ bíà'mfiirMus -<£èf
iCoupèaiïXjr y\: -•V.^.^ :..,^.^'
'.'
len'enfuis que Pasteur,. N^i^e- leslu^^dMèi
Vûùffçà0%^he$Féstiffi
t^fbnnel1''-'.*'- ~,\y-:í. :;\ ï; nv-..i
Aucundevnm'Bergersrteiëipèut èetiahcet^ i^j
Af^uter^umtydcourir^à'dançer;-• •?•-*
^tlors que JoiitàireàTefckftils'Âmustç
J^dnna,taces^ochers)Iaird'VheC^rn;èm^pí
'0 n VétqiïâWàintAigneaiï^ deffm. tMrV^
paiffénty-S. T >: l .:/ A.X >. ;.
Lafoulle fans manger, &£enva'bàndrffiâ%%
Jií charmépaHes
tonsqmfaldext:refr;êáMe\
L'Animalfamrdifòn}aynieceìqui résonne.
Mnfinferepuaiitez, dt•lefprit'&'duçorpsfi
Semblent Vous ob i<rer d'accoplir leurs accords:
'Wò:ífs estesfeul tarent de cette beUc fiiié'ï-
'
fiLa GO MED fE
Et Vo^nignQnZpotntqueyleeflnosthfajm1ì$
Aíçceptez fe Neueu,ne le, refis Zpasf
Çrfr certes cerefus, cauferoit son irefpas*
l/V S 1 M A N t.
te sertis énnemy,&ema
propre parentes
Si l'offre quòh luy fait, ttìe&oitindiffèrent
tel'acceptepour elle,& tiens àgrand hckettr^
Cequi
la va combler deplaifir^ d'honneurs
&iies à Vostre fils ,qu dourdJ&MaistreJfe:
Xç des fqui
lepoint,est ctUfyqUïme presse-* ^
DdmfescontentemcntsjeérQUueraylesmiêsi
Etmouixaysas regret,en luyléipat mes bi$s£
Etquand vostre maison,me ferQ&imonwtï.,,
TadcrerokeníuyilaVeriutoUtènuë:
AMeH,çhir Tar4minte,alh%pen afsturé^
Car il n!arií àMmndre,^pmtMMtfi^^'
TARÀMINTI. cv..
$DìeuxîcbenLyfimdnt,apre^ X
J)jQntie leVayrauirie. n'y courspas i:y Vm%
;L-VSIM A NT..";,. . ..',;
Et môy, ie m enVay dirë9 a- m^Niete a lïtáv
-fiants
-
Que Florintot.qùeìlemmest wBtrge tbfiû:'
La muft'
DÉS COMEDIENS.7|
Ldmufique d'amour,en douceur infime,
Lorsqu'on est bien d'accord,estplemed'har-ì
monieí '-,-.
SCENE SECONDE, -
ALLIANTE ^.
ALTHANMEI
ALLIANTE.
'
^y,Pirandre l'dura; de bancceút^
t'y consents,
Et nepuis exprimetJe plaiss'que
. te sents:
Enmoffrat Vostrefils,VoUSmetirezdepein.e^
le ne ïkimepas moins,que peut fdrelfomenet^
Et fi la bienfiance eustpeú
me lesouffrir y
Tauroïsestémoy-mefme,enparler & l
offrir^'Ie voudrais
qu'elle fust, & plm riche, &plûs
rare,'Mais Pyrandre amoureux, nefçauroit èstré
auare, : '":
Etpuisque far antoUrsonéffmefi dimptê^
74 LA COMEDIE
U prendra pour tejfecl:,mabonne Volonté.
A L P H AN G E.
Quandvous luy donerieT^çes
pierres adorées.
Qui filles duSoleil,n'enfontpas ejclairees,
Etquand
cette eauqui failles perles efiimër,
Aimeraitmieuxfinfein,queceluy
de la Mer,
Quand toute la Namre,auroit choifidans elle
Tant dediuerfitez,qui
lafont estre beîle,
Et quand les elemens, ne Voudraient auiour-.
d'huy,
Trauaillèr aux metaux,que pourl'am'ourde
luy,
IIfouleroit auxpkds,
ceque
le monde hon-
noré,
Et lapossédant• feule,il gagnerait
encore* ,
A L L I A N TE.
Veufuecomme te fuis ji ay besoin
desupport,
ALPHANG E.
Vous enaureT^
de nousJusques
a mftre mort.
ALLIANTE.
Ie ïattendsde Pirandre, & l'efpered'Aï-
phanpe:
DES COMEDIENS- 75
ALP HAN GE.
Ne craignez pas qu'vniour nostre Volonté
change,
Aliante, & fa fille, auront toufiours de nous,
Vnferuiteurfidelle, &le traitement doux:
Moisiaperçoy
mon fils, glabelle ïfomene;
le m'en Vay satisfaire,au
deffain quiìesmei-
ne:
La victoire esta toy, Pirandre bien heureuxy
Aliante reçoit, tonferuice amoureux,
Etconfient que fa fille, en
soitla
récompense!
ALIANTE.
Vous n'enpleurerez pas~,
ou du moins ie 1$
pense;
C ontentantceBerger,
en tonaffeBioyi^
le croisauoirfuiui, vostre inclination..
&í.
f$ XA COMEDIE
SCENE TRQIÇIESME,
PIRANDRE, ISOMENE,
i 4L P H AN G E, A L'I ANTE,
PIRANDRE.
W E viens de la trouuer, au bout de laprai-
I S 0 M E N E.
Etie m enretomnois,à nostre Bergerie:
ALPH AN GE.
Dieuxlque pQurVn Amant, tuparois peu
hardy:- ' '
P I R ANDRE.
leconnokauSolei^qu'ilefíplus
de midi; [née:
Etn'ayveu monTroupeau,de toute la iour-
A LIAN TE.
Isomene, qu\ds tu, pour faire l'estonneeì
OrBerger
a'tongré, manquerait U
d'apas;
DES COMEDIENS*?f
I s o M E N E.
Quel,ma jfyfere, Çlinderì ie ne le connob
b'pM,
'
.''_.
A LPHANGE.
Suiurez'wus monconfeilì latjfons les
^liante t
Amour estvn Enfant, capable defpouuentei
Nostre âge luy faitpeur, laissons ksfeulement
ALIANTE.
Allons rire chez moy,de leur
estonnement."PIRANDRE.
Q'Dieuxl que dois-ieclíre, Isomene, vne, af-
faire.
Me reuiet en ïesprit,
ie ne m'enpuis distraire-,
Vom mepermettrez hien, que íj'passe
le
-:. iour.' ': "": '"
I S O M E N I.
Que^puiffetutrouuer la mort, k tpn retour,
Ne tas dequel malheur,me Voy-ie pourfuiuiel
. La ruse donti'vfois',
me va coustêría vie;
Monesprit
encreusant,
Vnpiège fions
met
Pour tropfairele
fìn,-trouue qu'ilne
ïestps^
.$n tajchant de tenir, mapafiioncouuerte,
7S.:, , LA COMEDIE
Ie recueille mon bien, gp ïaduance maperte,
IepriueFlorintor
dufruiBdefestrauaux ; .
Etluy f ais'.plus
de mal, quen'ont
fait ses
P^iuaux.
Que de mon feint amour,ie mevoy bien punie!
Etquoy,céderons
nous a cernetyrannie}
.
A. tentendre.parler,
d'vnp
ouuoìrabsolu,
Usemblelafcheesprit, qu'on t'y Voidrefioluï
Peux tubien endurer, cette douleur amereì
Etquoy,
tufais
vn Dieu, plus'faible queta
\ f. Mère}.
Et quoy,tant de
ferments, parle Ciel enten-
. du.sì
Etquoy ylefoquenir des
fieruices rendus ?
'
Ecquoy,
tantdepaifirs,
tant de douleurspas-
sées. ,
Nestant déformais, qu images effacées,,
Etquoy,
tu t'y rcfoûds &, tupeux consentir,
D'achetter chèrement, Vn triste repentir,
Do$c âpres l'auojr feint, m veux eílre infi-
delleì
Et courir à clos y eux s ou le malheur t appelle)
Crois tuque Florintor,puiffevoiffans
meurit
DE S COMEDIENS., f9
-Que Ufoibk amitié-irìapeúlesecourir,
"Et d'i'confiante alors, tuferas
homicide:
Non,non,monpaúurè esprit ,ne fois'pas fi
timide; -
Si kfort
nousdeffend;
dé fiurèuuècbonheiir,
11 nouspermet
au moinsjde mUurifen honeur:
Ie puis malgré l'effort,de
far âge ennemie,
Luy remettre moname,exempte d'itìfamìe,
Dansquelque extrémité,quyil mepuisse rager,
11changeraplustosty que
mefaire changer,
Que fansauoir
pitié,de ma triste aduanture,
-Que leCielennemy,feioignea
la Nature,
Que trois des Elemens, conspirecontre moy,
U rieflpoint
de Rocher, fi ferme quema
foy;
Que les hommes, les Dieux, lOnde, ï Air,
& la "Verre,
Au feude mon amour, dénoncent touts U-
guerre,
Ce dernier Elément, enaffirantaux Cieux,
Esleuera mon coeur, comme vn victorieux.
C'estlà,que lesDeflins,auront laconnoifiace,
Desmasques
de maforce, & de leur
impuis-
sance,
f o LA COMEDIE
C'est Idqu'en confessant, qu'ils
n'ont rien Veu.
detel
í'Ofiray (comme l*Amour) Vn renom immor-
tel,
P^ne feule Couronne, est le bien ouïaflnre,
Destins, donnes laénoyj degloire^ou
de mar-
Nimporte
l'Vnou Vautré; aussi bienmalgré
Vous,
Taimeplus Florintor, que
ie ne crainds vos
coups:
Ha bons Dieux! le Voicy, quel transportií
me donne!
DES.COMËDIENS: f*
SCENE Q^ATRIESME.
FLORINTOR, ISOMENE.
FLORINTOR/
D/E
v x, Destins, & parents,'èn fin
tout mMbandonne;
L Amours Idpitié, les
pleurs ^le discours
S ont inutilement venus d mon secours;
*Touttede à larigueur
d'Vnpereinexerable,
Quime croît rendre heur eux,& me
faumi-
sérable:
Jvíais ile^ innocent,Vofire crime efi le mie% .
Sont lesseuls ennemis, de nostre commun bien\
Ifostre rufenoufpert;car fin ame
abusée,
Mecommandeauiourd'huy, d'estoufir Me-
lifiee;
Et commeassurément
ie 'ri obéir ay pas,
IIfaut quei'en
efihappe,encourant au
tressas.
ISOMENE.(fendre,
Nelas cefi par luy seul, que
ie mepeux des
ft LA- COMEDIE
De larrefi quime donne
FLORINTOR,
Acheuez,
I s O M E N E.
a Virandre*
FLORINTOR.
O Destins ennemis, quime
persécutez,
Voicy le derniercoup,
de tant de crùautéZi
Déformaisie
deJJ>ite,eylesDÌeux,eyles homes
Hiennepeut augmenter,le
désastreoù nous
sommes ;
Et dans l'excez des maux,où l'on ma condané
Sans descendre auxenfers, iefuis défia damné.
Masubtile
à Vo 9perdre ,oT r
opeufelfomene,
Vous aue%ffaitla faute,^1ïe
porte lapáne;
I'ay tropbien obéi, voííre commandement
Me priuepour iamais,de tout contentement.
IsOMENE.
La fin de Vosplaisir s,e fi celle de ma
ioye;
Mais mon cher Florintor, i'ay peur qu'onné
nous voye,
U nous faut séparer,
DES COMEDIENS. tj
FLORINTOR.
Origoureux destin.
ISÓMJBNE.
2'espèrevous reuoir, demain des le matin;
J^endezvousou Ligno'n. arroufela prairie,
C eflateurde Vos maux,O' de ma reuerie;
C'est làque
nous verros, s'il nousfiera permis',
JD'efuiterles
effortsde tous nos ennemù\
Adieu, n'y manquez pas,
Fi o RI NT OR.'
Douxobiet demaflame,
le n'y fçaurois manquer,Vous
y portezmQn
Ame.
L t\
H LA COMEDIE
SCENE CINQVIESME.
M E L I S E E. BUe.parle aprcsauou eseoute.
V me punis Amouf, parce
que i'ay
péché, ..-..
Tonfeu paroist trop beau, pour
le
tenir cache y>
' ' '
Mapafiionvoyant
U fienne mutuelle,
Sansraison en i'aimantje me
feignaiscruellei
Mon Onclesestdéceu,parce mestris m.êteur;
Maisri'impartes'espritn''a
iamais deTuteuri
Son crédit contre vnDieu,manquera
depuis-
sance;
Vn Dieuqui
m absoudrade
désobéissance £
Etpour ueu
que Pirandre, aimeaufiibien
que.
rnoy,
IBjenque.ce mefme Dieu, ne nom
ferala
loy.
Arriére, lafroideur, loin bien loin l'artifice j
M faut me la raison, j'affeen. fin son office»
DES COMEDIENS. g5
\Pirandre wìaferuie,\l est tempsde
penser
A l'vniquemoyen,de le
récompenser:
Confessons librement, nosstames insensées;
Faisonslire mon Oncle,au fonds
de nospestes;
Monjlronsluy clairement, quilneVoit qu'à
demy;
Et chassons lerespect, qui
nousestennemy.
lamaiïa Florintor ie ne veux estre vnie ;
Amour efl Vn Tyran,qui fuitla tyrannie',
Etquoy qu'opofè icy, mon Oncle
Lufimant,
Ce riest pas
defa
mainqueie
veux vnAmat:
Quand le choixque i'ay fait, me doneroit
fkf
haine,
Mon inclination, régnera fouueraine.
Mais d'oùpeut
bien venirque
Florintoricy
Entretient Ifomene, &paroisttout transi
Nulleque may ria
mis,finame
prisonnière;
Ih entpris rendez vous, au bord de la ri-
uiere ;
Ce procédém estonne; &• cette nouueauté,
Mechatouille!esprit
de curiosité;
Demain dés le matin,ie my veux aller rendre,,
W.eùtestre leur
discours, feruirapour Piradre;
L iij
U LA COMÉDIE
Amour, Roydes Amants,par tonpouuoir du
uin,
Rends ceprésage heuteux, & mon coeur b-m
Deuin.
SCENE SI XI ES ME,
PIRANDRE.
S T A N C E S,
N fin cetteruse inutile^
P7«j'dommageable quefuhtile%
Dont ie couuro'u mespostions;
Nefirtqua me
trdperyaufiibienque; moperei
Et le malqui
medefeffere;
Ne vient que de mes fictions,
lepenfo'ufléchirma Maistreffe,
E» cachant l'ennuy qui m'opreffe,
Mais Dieux! auei'euspeude raison:.
Is moblige
à meperdre,au
lieu de ïe distraire^
JD£S COMEDIENS. îj
Et parvn
effeBtout contraire,
Cz remède mest
Vnp oison.
i
Mais ri adorantque Melifee,
DésabusonsVne
abusée,
'
Dontl'espoir riefi qu
vnevapeur:
Pourgrand que fiait
le malque fin
ame m
ressente,
Disons luy quelle estinnocente3
Aujïibien
queie
fuis trompeur.
Demain austitofi quel'Aurore,
Enquitant
les riues du Mores
O uuriralesportes duiour;
firay présde
Lignonretrouuer
Ifiomeneì
Et tafcher d'auoirparfa haine,
Vn bienque monstre son amour.
Tous les obiets deuiennentsombres;
Eti'aperçoy parmi
les Ombres,
La fin d'vn tourqui mest fatal:
Mais la Lunesuccède
àfa
clartédcffunté;
*« LA COMEDIE
Suiuons cèt Jfire libéral,
Qui nom donne cequ'il emprunte]
ACTE
8 9
ACTE TROI.SIES.M'Ë
&cinquieíme.
TÀRAMINTEJ ALPHANGE, ALIANTE,"
LV S I H A N T, MELISEE, PIRANDRE^
FLORINTOR, ISOMENE.
SCENE PREMIER.
TARAMINTEJ ALPHANGE,
ALIANTE, 'LVSIMANT.
TA RA MIN TE.
K.s s ìtofl que
le iour a Veunofìre
horifin,
' ' ' "
Florintor s esueillát, aqmtéía mai-
fin
M
io LA COMEDIE
Ie ne le celépoint,
cela me met enpeine:
ALPHANGE.
Lemefme
afait Pirandre,
ALIANTE.
Et lemefme Ifomene:
LVSIMANT.
Et ma Nièceprenant
vn chemineficarté,
Sembloit auoirdeffein,d'efuiter
la clarté:
ALPH AN GE,
le nepuis
conceuoir pareille procédure:
LVSIMANT.
Nimoy
Vousexprimer
ceque
mon coeur en-
dure.
TARAMINTE.
Eri ohligeant
mon fils, on í'adésoblige,
le mestonnede voir comme il est affligé.
ALIANTE.
Ma fille enaprenantfin prochain himenee,
A T instant fi fit Voir, triste, morne, efionnee;
So oeilparut humide; (y
1chageantde couleur,
O n ne vid en soteint,que marquesde douleur:
Son ame enfe faisant beaucoupde violence,
Condamne toutlefoirfaparok
au silence;,
DES COMEDIENS. 5*
Mau parde
hngs fouspir's,Fvn
furl'autre
lafiheT^,
'(
Elle medefcouuroit ses desflaifirs cachez.
Et malgréle
xespeEì quila tenoit contrainte,
lé leus.dans son espritvne
excefiuecrainte:
Asakquelefile fubiet quila luy peut donner,
C'efl là ceque
le mien nefcauroit
deuiner.
En Vainpour
cetejfèfí,
ie merompois lateste,,
: >Quandie Vous ay trouue7^,tou44ro'tí enmef
mequeste ; ;
Etiefiens
maintenant redoubler monfiucy,
Pìuisque
nousdefcouuros qu'ils
ne font pas icy,
Car cepré que Lignon arroufe
deson onde,
Cepré
leplus aimable, & le
flus beau du
\ monde,
Efi leseul rendez Vous,ou ces
captifsd'Amour
Auoient accauflumé de venirchaque iour.
, ...' '
A,LPHAN;G:E. .- . .,'
lispours
ont arriuer; cetteplace efìfecrette;
Voyez quece Rocher nous
offre faretraite,
Lieuplus propre
a cacher, nous nepourrions
J^boisìr;•
D:oW§ons nousfieulimtm
vne heure deloisir;
M í
pï LA ÇQMEDIE
E Ombrepour
cedessein,
nous rendvn'boìjL
office, _•
, .-
Et nousfera Voir clair, dedans leur artifice.
'LysiMAN T . .
Laprouuece
conseil,car
par luy nous fçaurons-
Vn secret biencaché,puis que
nousîignoros.
Orfans plus
dediscours, metons nous dans.
sla Roche,
De peur d'ejìreaperceus,fi quelqu'vnd'eux
aproche..-,
DES COMEDIENS. 9l
SCENE SECONDE.
MELISEE, LVSIMANT, ALPHANGE,
. TA RAM IN TE, ALLIANTE.
M E L I S E Eç
! E chemin ordinaire, eut trahi ma
langueur;
Et l'autrem'affafiine,
enson trop
deLongueur.
Florintor, Isomene, & Cupidon encore,
Me verront arriuer, austibien queï Aurore:
Et lefort ennemy, qui
ne veutpas
mon bien,
Me cachant leurdessein, defcouurira
le mien.
Mais ieVoyfans
les Voir, queie me
fuisde-
ceuë;
Etie me Veuxcacher,craignat d'estre aperceuë
Oiseaux, allez ailleurs, reciter Voschansons,
Amourpour
me couHrir>me monfireces
buis.
sons,
M iij
M LA COMEDIE
LVSIMANT.
te vay luy tefmoigner, que sonhumeur me
fafche:
ALPHANGE.
L edessein quelle
àpris,
auec ellef
e cache ;
Donnesvous
patience, attendez s'il Vous
flaisi;
Indubitablementnous sauronsce
quece
fi.
DES COMEDIENS. $$
SCENE TROISIESME.
PIRÀNDRE,\ ALPHANGE , LVSIMANT,•MELISEE, TARAMINTE, ALIANTE.
PIRANDRE.
L le ri est point icy ; malgré ma
refuerie,
V arriue deuant elle, au bout de
laprairie;
1 ay loisir desonger
auecquelles raisons
ì'adouciray l'aigreurde tant de
trahisons:
Maisplus t'y pense, Amour, moins
ïytrouue
d'excuse;'
Pour cefafcheux discours,malague
merefuse
Maisdeuffay
ie mourir àfesy
eux esbáhis^
Ils Verrontauiourd'huy^queie
lesay trahis.
Et depeur que quelqu'\w
nem'vfè
desurprise
*-£ que fin emycúen,rien rampeï
entreprise,
$6 LA COMEDIE
Le tronc de ce vieuxchesne, & fis grands
rameaux verds,
Offrentà mes desseins, de les tenircouuersi
( ALPHANGE.
leveuxluy reprocher,l'excesde fa follie*
LVSIMANT."
LaiffeXjvnchemin libre, afamelancholíe;
Son coeur audéfilaifir s'est trop abandonné;
Etfiuìuez Vn
confisqueVous rriauez donne i
MELISEE.
Elle riestpoint icy ? Pirandre
qui madore^
En cetteextrémité,feindre
h il bien enc-oje}
Elle'riefi point icy, non, fans doubtefa foy
Nadresse
cespropos ^a nulle autre
qu'à moy.
Amour,Roydemoncoeur, endureqùenmoû
ame
Lacuriosité,l'emporte fur'taflame;
>
le veuxque
mon ardeur, fecache
pourencor:
:j.'-'TÀ R A MIN TE.
Nous allons tout fçauoir, ïapercoiFlorìnton
ALIANTE.
11 ri arriue pas seul,ie
defiouure Ifimenê;
PIRAN-
DES COMEDIENS. 91\
PIRANDRE.
Ha Ciel!qu'en
ce moment, monesprit est en
peine ;
CeBerger importun,augmente monfiucy,
Maispourtant aprenons,
cequiles
meine icy.
LVSIMANT
Silence, '','
TARAMINTE
Pas vn mot,
ALIANTE.'
. Ie Veux efire Vne souche',
ALPHANGE bouche.
Et malangue (y mes y eux, s attachent kleur
PIRANDRE.
Que mon efionnemet eft extrême auiourduy;
M ELISEE. dautruy.
Que iemeplais d'entrer dans les
secrets.
N
>.í LA ^COMEDIE
SCENE QFATRIESME,
FLORINTOR,' ÏSOMENE,
PIRANDRE, MELISEE,'
TARAMINTI, ALPHANGE.
IL v SI MAN T, ALIANTE.
FLORINTOR.
Arigueur
de mon Père, & de
ma destinée,
M'ordonne définir, auecqnes la
tournée;
La mortdeliureracepauureprisonnier
Ct iour,detomlesmiens,doitejtre le dernier;
Etpuis quemonbon-heur, estfans
nulleapa^-
rence,
Tauray mefmeSepulchre,auecmon
esterace.
Les hommesgenereux,qu
on nepeut secourir,
Ont toufioursvn remède, en cherchant â
mourir;
LaParquem
mifirahle,efi touftours oportune
Monstratsoncoeur.
DES COMÉDIENS: ?j
La douleur laplus courte,-est
lamoinsimpor-
tune;
Etquel que soit l'effroy,que donne le
tressas^>
Lorsqu'on riefipoint content, il vaut mieux
riejìrepas.
Helas chereIsomene,
en vain lasolitude,
Le silence,la nuisis amour, l'inquiétude,
FideUes Confcillers;
ont tafchede trouuer,
Vn remèdeaffez fort,pour
mepouuoirfkuuer
Toutest faible, a
l'efgaictvnmalheur inuin-
cible;
Et chercher mon salut, cefi chercher îimpos-
sible: ;'
Mais endestit duCiel,quisemble èfireialoux,
lemourray satisfait,
en mourant deuatVom.
ISOMENE.
Vous mourrez satisfait, 0*nonpasmoycok~
tente; ,
Carpuis que
lé Desiins'oppose
k ml* attente,
Que fis ininstes L oix me forcent d'obéir,
Etquefiie
veux viure,il faudra- Vous trahir:
Pourpres que soitï
infiant,ou la mott
rigoti^
reiife ,
Ni)
io© 'LA COMEDIE
Merauirale iour,ie mourraymalheureufe :
Etsongeant que moy- mefme ay perdu mon
Amant,
le fer ay fans repos,dedans le mpn'umemt.
Ve>us exemptde
péché,foyezledeïenuie,
Quiyouspouffe à chercher la finde
vostrevie;
Viuezcher Florintor, & gardes Voflrefoy,
Pourvneplus heureuse, & plus belle que moy:
Si comme Vostre Estrit, son corps est adorable,
La fortune k tous deux vomfirafauorable;
C'est-leseul reconfortJquema douleur attend;
Etiefiray
moins triste 3&Vous bienplus
con-
tent.'
>
FLORINTOR.
O Conseil homicide, ty- qu'on ne saurait
fuiuréì
Qui medone la mort, en meparlant
de viure:
Cmfeil,austi perfide,
à moy,corneà l'Amour;
Etquoy!
ie Vous p er dr ay, fans perdre austile
iour ?
Comment ì: vouscroyeT^ doncqu
au milieu de.
l'orage,
.Ainsi quede bonheur; ie
manquede cóUragel
.
DG& COMEDIENS. iov
T apprendsàvojlre esprit,dececrime
fouillé,
Que ie me doib s coucher, puis qu'onm'a
des- .)
pouille:
MonVnique repos est en lasépulture ;
Nal que n'est en mafin,celle de la Nature.
En vainpour
me flatter, Vousfaites desdefirs;
C'efiadiouster encorda tant dedestUifirs;
,
Cdrpuis quele Destin,
mereffe Isomene,'
L'vniuers riapour moy que
desobiets de haine.
Hapauure Melïfee,oPirandre banny,
Vous efiesbien Vangez,&ie
fuisbien
puny\
Le Ciel;le iuste Ciel,quihait la
perfidie,> Me condamne
dufup lice,-& veutqUe
iele die:
I'ay mérité mon mal, parcette
trahison;
Et.fi iem'enplaignois,
ceferait fins raison.
Enfin doncIsomene, espoufera
Pirandre}
La contraintel'emporte ,& ï Amour fie y* ^
rendre ì!
II met les armes has, Çy comme on toitparler,
U nerésiste plus;quepour capituler.
La Volonté mafflige, &* la voix me
console,
JMiferable eneffeíibienheureux en
parole,
L'amedas ledejòrdrè&vous
das lesaccords%
, . N i'i
ioz\ ,Z'J COMEDIE'
Vembrafferay vostre.embre, 0* Pirandre k
corps.
Nel'imdginezpas;la
fortune ennemie
Peut mecharger àepeine,&nopas d'infamie
Puisquevous tefm.oignez
meVouloirsecourir;
Faitesque vostre bras,m aide au moins à mou-
rir.
lepercerou mon coeur^ il rì'auoitvostre image:
jVous quiri adorez pas Vostre propre visage,
Serúez Vous decefer^aidez
a mon dessein;
(2arl' Amour medeffcnàde
me lofler dufém.
LereífeÛ^nonia crainte, occupema
pensée:
\Maïsfour blesser mon coeur, i'ay lame
trop
blessée:J\
Et bienque
letressas déformais
mesoit cher,
Vous feule auez le droiêíde leponuoir
tou-
cher.
Accordes moy lamort, ou mon defir aspire;
Faites Vncorps d'Estât\car cefi
la vofire Em-
pire;.
EmpefchezquvnRiual,riendeuknneVain^
queur;
Etpour
doner levostre, arrachez moy
le cceun
y 3ES COMÉDIENS. . í©|
IsOMINE. , ;-
%Pa cruel Florintor, que Vostre meffiance'
Irrite mon ammr,& monimpatience;
QueVousauezdetort,deVous imaginer,s
Quece
que i'ay donné, fe puisse redonnes,
Non, non, malgréles Loix, du Cieîï&ds
Nature,'
'r
le vous cenferueray maflame toutepure;
Et bienque
Vossoupçons,me deuffentarriuef>
lequiteray
le iourauantquevous,quiter.
GuerijfeZVostre estritde ï erreur
quiï affliges
En m'ouurant leslomac, Vostre déìkltre m'o-
blige; '•.-'-.;
AuxMmhesamoureux,enlacezduÇipreZt
Et fivous maymez bien, Vous me
fuiure^
; âpres.-I \ >
PIRANDRE.
Quelle merueille o Dieux \ s'emparede mm
ameì
MELISEE,
Quel miracle d'Amour, de cacher de la flame*
TA R AMI N TE.
^dmìrez-dliante,vnteldefguìfiment;
io4 LA COMEDIE
ALIANTE. ,
Ie nepuis me rauoir de moneslonnement.
ALPHANGE.
Quel'Amour estsubtil, (y qu'il a de malìcesìJ
LVSI M AN T.
Etqu'il méfie de maux
auecquesfis délices.
I S Ç ME N E.
Vous refuet^mon
Berger, quoy,ne Voúle^
Vouspas
.
Confieruer Ifimene, ^fuiurefon trejpasì
Cefier fera plus doux,quvne
Mèreinfienfied.
FLORINTOR.
Vn moy enplus
aisé me vient en lapensée;
Et sas vousamuser parvn plus longdifcaurs,
Voyezcomme Pignonnous
offre son secours,
Là,malgré leDeftinsus qui l'vniucrs treble,
N ayant peu viure"mis, nous mourronsioints
ensemble.
ISOMENE..
ïapprouuece
conseil, embrasse ieleveux;
Carilfaloitde l'eau
pour efieindre nosfeuXi
P IRANDRE.
Arrefiez ï>ousBerger,reteneX^cetté[enuie;
le né
'DÉS' COMEDIENS. Ï05
lé ne metspoint d'obstacle a theur de vostre vie
On me donne Isomene, & ie vous enfais
don ;
le confessemon crime en demandant
pardon
L edessein que
i'auoiid'obliger Melifiee
Aquitter fin mespris, fi voyant mesfrifee
Me fit feindre'Vne amour malheureux en ce
points
Qu il Vous apensé perdre
en ne me saunant
-point.
MELISEÈ. >
Va fidelle Virandre^auièurd'huyta confiance
Me donne de laioye & deia
repentance,
TropamourèuxBergerfçachesquema rigueur
Nefut iamais d'accordausentiment du coeur
Pour eíprouuerletien^
ie mefeignais cruelle,
-
Et ie brujlou pourtant, d'Vne ardeur mutuelle,
Mauvomque
ï ay trahiVom medeuezpuhht
Silapidé
nepasse
en<vofirë fbumnir:
Cardepuis Céladon & la
Btrgeïe Astrit,O n ri d
point Vmd'amants en tome la contrée,
Siprés du
désespoir, fi rempliede
fureur,Et tout
par mûeffein qui canfit Vostre erreur.
O
'W LA.COMEDJE '.'•Ó.
-:•;.."'Í FLORINTOR. -..*-.-*A\
Eonuné .Florintor^ ,. ,. -,..'" '. ,w.\\-. •v.'
ISOMENE. •• A
Í •-''.•, ,v<*.í.-''-
.Trop heureufe::Ifomene9
:'- Pi RAN.DRf. Ì , ;-.'.'•
•/
leyencontre l'amour,où ie croyois la haine.
.,;! '.-.•;. 1 À' ,.M E.LJ S E E. '. ;. v :. /-U.
Oublions leposté pour
contenter nosVoeux,
". -^.-Á -v.' T A.RÌ!4'lkTE., u '<" \ -ry
Montrons nous Lufimant .•.-:\.;, .
'•',
~' '" "L.VS;tM.A:NÏ.
,,. . *^ -. r:.{Montrêns-notí$.". ':'.
"~A
,- .-.:• ^ . A.LI.AN'TE. A '..-:;-. •,
-. >. . ,->,>.•/ •<-.---i.'
•-.le le yeux, ;
JrÍ4 .Cif/.<p<f
/<Í douleur adepuijjkniesr.drmés^
Laplainte
a des attraits e^-.les pleursont des.:
charmes. .>. .-', r -T -.;.'••
'--A; .' •''•'.'.
, ., ;,!.. ALPHANGE. . ^ ;v
..
Q rpour viure contente rendons les
satisfaits
Et neséparons point'des
A mans fi parfaits..
T - FLORI N TO R. •.
Arbitres de nos iours àquiparla naissance
.
iSA»^ sommes obligezde rendre obéissance,
.
DES COMEDIENS. *Qf?
Agréeznos defir-s, ayez f'Uie
^e rious, .
Pour obtenir ce bien, noussommes
dgênons.
TARAMINTE.
Eestrauaux endurez riaccusez queVo
9mefme
On ne doit, plaint 'celer quel est l'objet qu'on
aime. ,'
/ • •.
Vostre erreurfutia nostre &•!amour outragé
Vous apunie luy seul & sestaffe%jyange:
Allez viuez heureux & faites quela ioye
Trouuepóur vpstfe coeurvnefecrette Voye,
Qu elleparoisse
aufront & dessus vn autel, ,""
Ou ces motsdompteront
Vnvageur immortel.
C'efiicylelicudesmerueilles- r. Mille aduantures
nompareilles.
Sur les bordsdeLigno fefont paroifire
au iour
Icy l'amour rendses oracles
Mais leplus grand
defis miracles,
Fut l'Amour cachépar l'amour.
O ij
LA COM. DES COU.
MK DE BLANDIMARE,
IL
ne vo u s estpas difficile de remar-»
querpar ía satisfactionque tesraoi-
gaentnos
Spectateurs, que ie ne vous
ay pas-este'dutout inutile, & f
espère
quevous vous en
apperçeuerez mieux
encor àraueiìir,pourueu que
le succes-
seur de Belle-Ombre, c'est à direceluy-
.quireceural'argent,se résolue de fairê
vn miracle en faisant homme de bien
vnportier de Comédie : &
pour vous^
Messieurs; si vous rendez maprophétie
véritable, en continuant de noushon-
norer de vosprésences,
nousvous pro-
mettòs absolûmes den'employer
toutes
les forces de nostre esprit qu'àtascher de
fairequelque
chosedigne
de l'excelléce
du vostre.
V l N.