RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
J u i l l e t – A o û t 2 0 1 1 | N u m é r o 7 – 8
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Production végétale Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses Page 304
Société Potentiel de développement du Care Farming Page 342
Economie agricole Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique Page 354
Berner FachhochschuleHaute école spécialisée bernoiseSchweizerische Hochschulefür Landwirtschaft SHLHaute école suisse d’agronomie HESA
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil
ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofenb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Department of agricultural and foodscience
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
La plupart des plantes cultivées et sauvages sont associées à un grand nombre de champignons mycorhiziens arbuscu-laires. Ces espèces de champignons réagissent beaucoup à l’intensité, au mode d’exploitation et/ou aux propriétés du sol. Ils conviennent donc bien comme bioindicateurs, comme le montre une étude d‘ART. (Photo: Gabriela Brändle, ART)
SommaireJuillet – Août 2011 | Numéro 7 – 8303 Editorial
Production végétale
304 Champignons mycorhiziens arbusculaires,
bioindicateurs dans les sols agricoles suisses
Fritz Oehl, Jan Jansa, Kurt Ineichen, Paul Mäder et
Marcel van der Heijden
Production végétale
312 La certification des semences en Suisse (2005–2010)
Silvia Zanetti et Thomas Hebeisen
Production végétale
320 Essais variétaux de fétuque rouge et de
crételle des prés
Daniel Suter, Rainer Frick et Hans-Ulrich Hirschi
Production végétale
328 Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche
de solutions
Esther Bravin, Mirjam Blunschi, Markus Leumann,
Ueli Straub, Timo Hirrle, Johannes Hanhart, Richard
Hollenstein et Bea Steinemann
Production végétale
334 Production de pommes: évaluation de la durabilité
de stratégies phytosanitaires
Andreas Naef, Patrik Mouron et Heinrich Höhn
Société
342 Potentiel de développement du Care Farming
Sara Widmer et Hans Wydler
Economie agricole
348 Economie forestière suisse: les facteurs de succès
des coopérations
Barbara Stöckli et Bernhard Pauli
Economie agricole
354 Projet «Quelle vache pour la pâture?»:
Évaluation économique
Christian Gazzarin et Valérie Piccand
Production animale
360 Conservation du foin humide avec des
agents conservateurs
Ueli Wyss
366 Portrait
367 Actualités
371 Manifestations
Listes variétales
Encart Liste recommandée des variétés de céréales
pour la récolte 2012
Lilia Levy Häner, Jean-François Collaud, Ruedi Schwärzel, Mario Bertossa, Jürg Hiltbrunner,
Martin Anders, Peter Stoll, Thomas Weisflog, Pascal Toffel, André Chassot et Jonas Zürcher
Editorial
303Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 303, 2011
Willy Kessler, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Chère lectrice, cher lecteur,
Les acteurs du système scientifique agricole s’engagent, avec leurs connais-
sances actuelles et leurs infrastructures, à fournir un maximum d’éléments
pour favoriser le développement de l’agriculture et de l’espace rural.
Rapport à la pratique, excellence, réseaux internationaux
La recherche agricole s’efforce d’être toujours plus utile à l’agriculture et à
l’industrie agroalimentaire en dépit de la restriction de ses moyens. Pour y
parvenir, il est nécessaire de mettre la recherche en réseau sous forme de
communautés d’intérêts issues de réflexions scientifiques et stratégiques. Les
chercheurs modernes travaillent en équipe et orientent leurs recherches vers
les besoins actuels et futurs. Ils s’efforcent d’obtenir des résultats applicables et
des effets mesurables. La clientèle attend de la recherche à la fois une forte
orientation vers la pratique et une reconnaissance élevée de la communauté
scientifique internationale. La recherche agricole suisse est en train de faire
de cette dualité sa force. Mais aucune chercheuse, aucun chercheur ne peut
y arriver seul. Par conséquent, il est indispensable d’établir des réseaux par-
delà les frontières, de manière ciblée et habile. Les plateformes peuvent y
contribuer.
Mise en réseau de la production fourragère
En Suisse, l’Association pour le développement de la culture fourragère ADCF
existe depuis 1934. Son objectif est de favoriser une collaboration plus étroite
de toutes les associations, les institutions, les chefs d‘exploitation et les cher-
cheurs intéressés par une utilisation durable des herbages. L’ADCF entretient
un rapport permanent avec la pratique grâce à des organes spécialement pré-
vus à cet effet, comme les commissions techniques et les comités spécialisés.
Les résultats scientifiques mis à disposition sur la plateforme ADCF pro-
viennent essentiellement des stations de recherche d‘Agroscope, de l‘EPF
Zurich et de la Haute école suisse d‘agriculture HESA, qui, de son côté, s’en-
gage aussi au niveau international par exemple dans la Fédération euro-
péenne des herbages (European Grassland Federation EGF). Ces efforts
favorisent le développement et la naissance de réseaux de collaboration
internationale au service de la recherche.
Si l’ADCF et l‘EGF n’existaient pas aujourd’hui, il faudrait les inventer!
Plateforme pour les grandes cultures
Depuis 2008, la Suisse dispose de la plateforme «Ackerbau – Grandes cultu-
res» (PAG-CH). Comme l’ADCF, la PAG-CH est une plaque tournante
d’informations moderne et précieuse pour l’échange de connaissances et
de questions dans le domaine des grandes cultures, entre les organismes de
recherche et la pratique. C’est aussi un groupe de spécialistes pour
l’élaboration et l’acquisition de connaissances. Ce numéro de Recherche
Agronomique Suisse propose différents articles qui transmettent des infor-
mations relatives aux grandes cultures. Il est, chère lectrice, cher lecteur, à
votre disposition.
Mettre la recherche en réseau
304 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suissesFritz Oehl1, Jan Jansa2 , Kurt Ineichen3, Paul Mäder4 et Marcel van der Heijden1
1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich2Ecole polytechnique fédérale EPF Zurich, Institut d’agronomie, 8315 Lindau 3Zurich-Bâle Plant Science Center PSC, Institut botanique de l’Université de Bâle, 4056 Bâle4Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, 5070 Frick
Renseignements: Fritz Oehl, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 73 21
meromycota, champignons glomérulaires ou arbuscu-
laires), d’après le nom de genre Glomus, le plus fréquent
dans cette division et le premier découvert. Un autre
groupe connu de champignons mycorhiziens sont les
ectomycorhizes (cèpes, basidiomycètes, etc.), qui vivent
par exemple en symbiose très spécifique avec les arbres
des forêts d’Europe centrale.
Les champignons MA occupent de nombreuses fonc-
tions dans les écosystèmes. D’une part, ils jouent un rôle
central en absorbant les éléments nutritifs et en les
retransmettant ensuite aux plantes, notamment le
phosphore (P); (Jansa et al. 2005; Tchabi et al. 2010), mais
aussi d’autres éléments nutritifs (N, K, Zn, etc.). En cas de
I n t r o d u c t i o n
Les effets positifs des champignons mycorhiziens arbus-
culaires (champignons MA) pour la croissance des végé-
taux ont été découverts dès le XIXe siècle. Aujourd’hui,
on considère qu’ils constituent la symbiose efficace la
plus répandue: plus de 80 % des plantes terrestres peu-
vent vivre en symbiose avec ces champignons. A ce jour,
environ 230 espèces de champignons MA ont été recen-
sées dans le monde.
La plupart des plantes de prairies et de terres culti-
vées sont associées à un grand nombre de champignons
MA. Ces derniers font partie des gloméromycètes (Glo
Figure 1 | La symbiose des mycorhizes arbusculaires entraîne souvent une meilleure absorption des éléments nutritifs, une meilleure croissance et une floraison plus précoce des plantes. A gauche: trèfle violet sans champignons MA dans les racines et leurs environs. A droite: sol inoculé avec des champignons MA en même temps que le semis. (Photo: ART)
Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses | Production végétale
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Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011
La plupart des plantes cultivées et sauvages
vivent en symbiose avec un groupe bien
spécifique de champignons, les champignons
mycorhiziens arbusculaires (champignons
MA). Ces derniers occupent des fonctions
importantes dans tous les écosystèmes
colonisés par les végétaux. Ils forment un
réseau très développé de filaments mycéliens
dans le sol et transmettent aux plantes les
éléments nutritifs essentiels. Ils protègent
ainsi les végétaux du stress et de la séche-
resse et réduisent les pertes d’éléments
nutritifs du sol. Ils peuvent limiter l’érosion
grâce à leur structure vivante et ainsi
augmenter la stabilité des écosystèmes. Les
champignons MA semblent particulièrement
bien convenir comme bioindicateurs, car ce
groupe de champignons, avec 230 espèces
connues, reste relativement petit et com-
prend à la fois des espèces courantes et des
espèces rares. En Suisse, plus de 100 champi-
gnons MA ont été recensés à ce jour, dont
plusieurs espèces particulières qui réagissent
fortement à l’intensité et au mode d’exploi-
tation des terres et/ou aux caractéristiques
du sol (par exemple Glomus sinuosum et
Acaulospora paulinae). Ces espèces convien-
nent dès lors très bien comme bioindicateurs.
D’autres espèces existent dans presque tous
les types de sol et peuvent être qualifiées de
généralistes (par exemple Gl. fasciculatum et
Archaeospora trappei).
carence en azote, Mäder et al. (2000) ont estimé la quan-
tité d’azote absorbée par les hyphes de champignons
MA à près de 40 %. Lors d’une carence en phosphore, les
plantes peuvent absorber près de 90 % du phosphore
dont elles ont besoin grâce aux champignons MA. Les
espèces de trèfles notamment, qui ont des besoins
importants en phosphore, profitent beaucoup des
champignons MA (fig. 1). Par ailleurs, ces champignons
contribuent à réduire l’infestation des plantes par les
agents pathogènes et les ravageurs, surtout au niveau
des racines. Les plantes à mycorhizes sont souvent mieux
approvisionnées en eau (surtout pendant et après les
brèves périodes de sécheresse; Neumann et George
2004). Grâce à un réseau vivant, elles stimulent la struc-
turation du sol, ce qui induit généralement une meilleure
protection contre l’érosion, une infiltration et un stoc-
kage de l’eau meilleurs, et enfin une meilleure levée des
plantes (Rillig et Mummey 2006; Schmid et al. 2008). Le
réseau serré de filaments mycéliens dans le sol permet
également d’empêcher le lessivage des éléments nutri-
tifs (van der Heijden 2010). La diversité de ces champi-
gnons peut apporter une contribution capitale à la bio-
diversité et à la productivité des associations végétales
des prairies (van der Heijden et al. 1998).
Les principales fonctions écologiques et agrono-
miques de nombreux champignons MA dans les sols ont
été peu étudiées jusqu’ici. On suppose que leurs perfor-
mances diffèrent beaucoup en fonction de leur parte-
naire de symbiose, de l’écosystème et du site concernés.
Cet article résume les études effectuées au cours des
douze dernières années sur la biodiversité des champi-
gnons MA et vérifie si ces champignons pourraient éven-
tuellement servir de bioindicateurs dans les écosystèmes
agricoles. Les bioindicateurs, également appelés espèces
indicatrices, sont des organismes vivants qui réagissent
aux influences de l’homme en modifiant leurs fonctions
vitales ou leur présence/absence (p. ex. plantes indica-
trices, ou certaines espèces de lichen, utilisées comme
indicateurs de la contamination de l’air). Les champi-
gnons MA semblent particulièrement bien convenir
comme indicateurs biologiques des sols et de l’exploita-
tion des terres, car ce groupe de champignons, relative-
ment restreint, comprend à la fois des espèces rares et
répandues, et occupe des fonctions essentielles dans
tous les écosystèmes colonisés par les végétaux.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
De 1999 à 2011, une série d’études a été effectuée en
Suisse pour évaluer la biodiversité des champignons MA
dans les sols agricoles des Alpes, du Plateau et du Jura.
La première étude a analysé les répercussions de l’inten-
sité du travail du sol dans les terres assolées sur les com-
munautés de champignons dans un sol parabrun sur
moraine, sur le site de la station de recherche Agroscope
Reckenholz-Tänikon ART en Thurgovie (Jansa et al. 2002,
2003). Une deuxième étude a été consacrée aux réper-
cussions des cultures biologiques et conventionnelles sur
les communautés de champignons MA dans un sol para-
brun sur loess, dans l’essai DOC à Therwil, Bâle-Cam-
pagne (Oehl et al. 2004). Parallèlement, des prairies
extensives et des parcelles de maïs intensives sans assole-
ment situées dans les environs de l’essai DOC ont été
intégrées à l’étude, afin de couvrir l’échelle la plus vaste
possible dans l’intensité d’exploitation d’un même type
de sol (Oehl et al. 2003, 2009). La répartition verticale
des champignons MA dans ce type de terrain (Oehl et al.
2005b) a également fait l’objet d’une étude, qui a été
étendue à plusieurs types de sol et plusieurs niveaux de
Production végétale | Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses
306 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011
profondeur (Oehl et al. 2010a), afin de mieux estimer
l’influence du sol sur les communautés de champignons
MA. Les résultats des différentes études seront présentés
et discutés plus loin.
Les études s’appuient généralement sur les défini-
tions morphologiques des populations de spores (Oehl
et al. 2003 et 2010a), mais aussi sur des analyses de bio-
logie moléculaire pratiquées directement sur l’ADN des
champignons MA extrait des racines de plantes (Jansa et
al. 2003). Des champignons encore inconnus ont été
caractérisés le plus précisément possible à l’aide
d’analyses combinées (Jansa et al. 2002; Oehl et al. 2005a,
2006, 2010 et 2011).
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Diffusion des champignons MA en Suisse
Au total, plus de 100 des quelque 230 champignons MA
répertoriés dans le monde ont été identifiés dans les
sols agricoles suisses. Plusieurs de ces espèces sont
encore considérées comme inconnues, tandis que plus
de dix nouvelles espèces ont été décrites ces dix der-
nières années (Oehl et Sieverding 2004; Gamper et al.
2009; Oehl et al. 2005a, 2006, 2010b et 2011). Les don-
nées relatives à la diffusion géographique de plusieurs
des espèces ont été collectées en Suisse. Les spores de
certaines espèces de champignons MA sélectionnées
sont présentées à la figure 2.
L’exploitation intensive diminue la diversité des CMA
Plusieurs études ont montré que l’intensité d’exploita-
tion et le système cultural influencent beaucoup la
diversité et les communautés des champignons MA
(fig. 3; Oehl et al. 2003). Une grande biodiversité a été
observée dans les prairies et les pâturages, tandis que
les terres assolées intensives contiennent souvent nette-
ment moins d’espèces. Sur le site de Tänikon, les sys-
tèmes avec travail minimal du sol et surtout les systèmes
sans labour présentent une autre population de cham-
pignons MA que les systèmes avec labour annuel (Jansa
et al. 2002 et 2003). Les espèces Gigaspora, Scutello
spora, Racocetra et Cetraspora notamment semblent
souffrir d’un travail du sol fréquent, car elles ne parvien-
nent que difficilement à raccorder les filaments mycé-
liens rompus (de la Providenzia et al. 2005). Sur une ren-
dzine calcaire dans le canton de Bâle-Campagne soumise
à un travail du sol réduit, on a en revanche trouvé un
nombre d’espèces et un potentiel de mycorhization
aussi élevés que dans les prairies à fromental et à brome
voisines (Oehl et al. 2010a).
Figure 2 | Spores de certains champignons MA sélectionnés: Ac. alpina est très répandu dans les prés de l’étage subalpin et alpin avec un pH < 7,0. Pa. robigina est un représentant typique des éboulis calcaires de l’étage nival, tandis que Pa. franciscana avec un pH > 6,5 peut éventuel-lement être trouvé à des altitudes plus basses jusque dans les zones subalpines. Gl. sinuosum se trouve dans les sols avec un pH > 6,5 des zones de plaine jusque dans l’étage montagnard, tandis Gl. rubiforme est présent jusque dans les régions de haute montagne. Ces deux espèces sont également connues dans les climats chauds. En Europe, la diffusion de Gl. badium est simi-laire à celle de Gl. sinuosum. Celui-ci est égale-ment très fréquent dans les champs où le travail du sol est minimal et semble se limiter aux zones climatiques plus fraîches. Gl. aureum est un des champignons les plus répandus dans les prairies permanentes européennes en dessous de la li-mite de la forêt. Ce champignon ne disparaît des parcelles que lorsque le mode d’exploitation est unilatéral et le travail du sol fréquent. Par contre, Gl. mosseae est un représentant typique des terres cultivées avec un pH > 6,0, mais il fait partie des généralistes, puisqu’on le trouve éga-
lement dans les prairies et qu’il est présent dans le monde entier. Toutefois, il semble être totalement absent de la zone alpine. Gi. margari-ta est un représentant des climats chauds. Mais cette espèce existe aussi chez nous, de préférence dans les sols acides, dans les prairies à fromental et systèmes de grandes cultures durables avec couverture presque permanente du sol. Ra. castanea réagit de manière sensible à un travail du sol intensif. (Photos ART)
Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses | Production végétale
307Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011
L’agriculture biologique stimule la diversité des CMA
Avec une rotation de sept ans dans les deux cas, l’essai
DOC de longue durée dans les conditions de l’agriculture
biologique à Therwil a permis de recenser une diversité
d’espèces légèrement plus importante que dans la
culture conventionnelle selon les directives PI (Oehl et al.
2004). Les différences dans les communautés de champi-
gnons MA s’expliquent par la fumure plus réduite avec le
procédé biologique, mais peuvent également être liées à
la proportion et à la diversité plus importantes des ad-
ventices dans les parcelles bio (tabl. 1). A ce niveau, les
espèces non Glomus ont réagi de manière plus sensible
au mode d’exploitation que les espèces Glomus (tabl. 1;
fig. 4). Il est intéressant de constater que le taux de diver-
sité des champignons MA n’était que légèrement infé-
rieur dans tous les procédés biologiques et PI par rapport
à celui des prairies permanentes voisines (Oehl et al. 2003
et 2004). Dans l’étude suisse comme dans une étude hol-
landaise (Verbruggen et al. 2010), les communautés de
champignons MA des prairies et des cultures biologiques
étaient nettement plus semblables que celles des prairies
et des cultures conventionnelles (Oehl et al. 2003, Ver-
bruggen et al. 2010, fig. 5). Nous considérons qu’une
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Prairies permanentes
extensives
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Monocultures de maïs
Figure 3 | Richesse des espèces de champignons MA sur neuf sites de la région de Bâle. Le nombre des espèces de champignons MA décroit dans l’ordre suivant: prairies permanentes extensives (W, V, G), Bio-Suisse (Bioland; procédé organique biologique de l’essai DOC Therwil, BL; rotation sur 7 ans; O), IP-Suisse (rotation sur 7 ans; L) et monocultures de maïs (sites F, S, R; Oehl et al. 2003). Les moyennes et les écarts-types de quatre répétitions par site ainsi que les différences statistiques entre les procédés sont indiqués par différentes lettres au-dessus des colonnes selon l’analyse de variance et le test Fisher’s-LSD (P < 0,05).
Tableau 1 | Régressions linéaires entre des paramètres de sol sélectionnés et les densités de spores des espèces de champignons MA trou-vées dans l’essai DOC (Therwil, BL ; Oehl et al. 2004). *Indique les relations significatives entre un paramètre de sol et la densité de spores de tel champignon; les données sont basées sur les résultats de cinq procédés culturaux, avec quatre répétitions par procédé.
Espèces de champignons MA
pH (H2O) Teneur en humusTeneur en P disponible
Teneur en K disponible
Nombre d'espèces d'adventices
Espèces Glomus
Glomus diaphanum –0,26 –0,48* 0,51* 0,42 0,26
G. caledonium –0,36 –0,21 0,56* 0,63* –0,36
G. etunicatum 0,19 0,09 –0,33 –0,36 0,34
G. fasciculatum 0,06 0,09 –0,16 –0,14 0,19
G. mosseae 0,28 0,08 –0,05 –0,1 0,06
Glomus sp. isolate BR9 0,1 0,26 –0,14 –0,09 0,2
G. geosporum 0 0,08 –0,09 0,16 –0,4
G. albidum & P. occultum 0,29 –0,19 –0,27 0,46 –0,25
G. constrictum 0,37 0,31 0,08 0,03 –0,03
G. invermaium 0,19 –0,03 –0,2 –0,3 –0,37
Espèces non Glomus
Pacispora dominikii 0,62* 0,21 –0,51* –0,2 0,61*
Scutellospora calospora 0,1 0,24 –0,48* –0,55* 0,32
Cetraspora pellucida –0,27 –0,28 –0,48* –0,58* 0,48*
Acaulospora paulinae 0,09 –0,14 –0,62* –0,67* 0,4
A. thomii 0,13 –0,24 –0,49* –0,55* 0,43
A. laevis 0,04 –0,15 –0,53* –0,57* 0,38
A. longula 0,23 0,26 –0,70* –0,58* 0,56*
A. scrobiculata 0,21 –0,42 –0,66* –0,57* 0,39
Production végétale | Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses
308 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011
grande diversité de champignons MA, avec beaucoup de
champignons MA actifs au printemps, à l’automne et
toute l’année (Oehl et al. 2009), accroît la fonction de
tampon biologique et la fertilité biologique des sols de
ces systèmes culturaux. Cela correspond donc tout à fait
aux objectifs premiers de l’agriculture écologique, à sa-
voir améliorer la durabilité en stimulant la structure vi-
vante des sols.
Propriétés du sol et diversité des espèces de CMA
Les études effectuées dans la région de Bâle ont montré
que différents sols d’un même paysage peuvent certes
présenter une diversité élevée de champignons MA, mais
que les communautés de champignons MA des différents
sols se distinguent considérablement les unes des autres
(Oehl et al. 2010a). Les sols sous les prairies affichent gé-
néralement une diversité de genres nettement plus im-
portante que les sols calcaires (Oehl et al. 2003, 2005b et
2010a; Sýkorová et al. 2007a). Il était frappant de consta-
ter l’absence – ou la présence extrêmement limitée – des
espèces Acaulospora, Scutellospora, Gigaspora et Cetra
spora dans les sols calcaires, qui comptaient de nom-
breuses espèces Glomus, ainsi qu’une présence nette-
Figure 4 | Exemples d’espèces de champignons MA (présentées ici avec leurs spores perma-nents), qui ont réagi de manière particulièrement sensibles à des labours fréquents (Scutello-spora calospora, Cetraspora pellucida et Acaulospora paulinae; Jansa et al. 2002) ou à des apports d’engrais élevés par rapport aux procédés organique biologique et biologique dyna-mique de l’essai DOC (toutes les espèces représentées; Oehl et al. 2004). (Photos ART)
W1
W3
W4 0,2Prairies permanentes extensives
G1
G4W pH 8,0G pH
6,9
V 7,7
O2
V3V4V1O3
Bio-ORG
pH
L3 L4O1
O4
IP-SuisseL pH 6,9
O pH 6,4
S4F4
L1
L2
Monocultures de maïs
R3
F pH 5,6S pH 6,8
S2
R2R pH 8,3
V2
F3
S3R1
R4S1F1
G2G3
W2
F2
Figure 5 | L’analyse hiérarchique par partitionnement des données sur les points communs des communautés de champignons MA dans les sols agricoles sur loess dans la région de Bâle montre un net regroupement en fonction de l’intensité d’exploitation. Les neufs sites sont expliqués à la figure 3. Des échantillons ont été prélevés et étu-diés sur quatre parcelles (1−4) de chacun des sites (Oehl et al. 2003).
Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses | Production végétale
309Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011
ment plus élevée de Pacispora dominikii. Sur les 61 cham-
pignons MA trouvés dans la région, seul environ un quart
(14 espèces) ont été classés dans la catégorie «généra-
listes». Ils ont été recensés dans tous les sols avec des den-
sités de spores plus ou moins similaires. La majorité des
espèces (32) était plutôt des «spécialistes», qui peuvent
être qualifiés d’espèces caractéristiques pour certaines
intensités d’exploitation et/ou formes de sol (Oehl et al.
2010a). Neuf espèces ont été déterminées comme spéci-
fiques au sol, et neuf comme spécifiques au mode d’ex-
ploitation. Pour 14 autres espèces une interaction a été
constatée entre le sol et le mode d’exploitation. Des
exemples de «spécialistes» sont présentés dans la figure
6. Tandis que Gl. caledonium se trouve presque exclusive-
ment dans les parcelles acides et semble même réagir de
façon plutôt positive à des apports élevés en phosphore
(tabl. 1), Gl. sinuosum n’a été trouvé que dans des prai-
ries avec des sols à pH élevé (fig. 6). En revanche, Cetras
pora armeniaca est caractéristique des prairies acides.
Enfin, Acaulospora paulinae (fig. 7) n’apparaît lui aussi
que dans les sols acides. Il est partiellement stimulé par
des rotations longues et une fumure réduite, mais est to-
talement absent des sols comparables où sont pratiquées
des monocultures intensives de maïs sans couverture du
sol pendant toute l’année.
Influence de l’altitude sur les communautés de CMAUne étude réalisée dans cinq régions des Alpes suisses a
montré que les communautés de champignons MA va-
rient également avec l’altitude. Tandis que les espèces Pa
cispora se trouvent surtout sur les éboulis calcaires de
l’étage nival et alpin (Oehl et Sieverding 2004), les espèces
Ambispora ont essentiellement été recensées dans les pe-
louses de haute montagne (Spain et al. 2006). La présence
des espèces Acaulospora et Diversispora augmente elle
aussi avec l’altitude (Oehl et al. 2006, Sýkorová et al.
2007b). Au contraire, des espèces de Scutellospora, Cetras
pora, Racocetra et Gigaspora n’ont que rarement, voire
jamais, été recensées au-delà de la limite de la forêt.
Les CMA: de bons indicateurs biologiques et pédolo-
giques
Nos études nous ont permis de conclure que les sols agri-
coles pouvaient être caractérisés par leurs communautés
de champignons MA. La présence ou l’absence d’espèces
caractéristiques de champignons MA peuvent servir d’in-
dicateurs biologiques et pédologiques (Oehl et al. 2010a).
Ceci est valable surtout pour les écosystèmes des zones à
climat modéré et froid (Palenzuela et al. 2010), mais
aussi pour les zones à climat chaud (Tchabi et al. 2008 et
2009; Goto et al. 2011). Les champs à exploitation inten-
sive et unilatérale, et surtout les surfaces de cultures
Figure 6 | Spécialistes: Glomus caledonium, Gl. sinuosum, Cetraspo-ra armeniaca et Acaulospora paulinae peuvent servir d’indicateurs biologiques pour les sols et/ou le mode d’exploitation. Suivant le système d’exploitation (herbage permanent G, parcelles avec rota-tions longues F, et monoculture de maïs M) et le sol, ils ont été re-censés en grand nombre, rarement ou pas du tout (Oehl et al. 2010a). Les densités des spores sont représentées sous forme de moyennes de quatre répétitions par site avec erreur type.
Dens
ité d
es p
ores
(100
g-¹)
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
Dens
ité d
es p
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(100
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0
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100
150
200
250
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Dens
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(100
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100
150
200
250
300
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400
Dens
ité d
es p
ores
(100
g-¹)
0
5
10
15
20
25
30
35
Glomus caledonium
Acaulospora paulinae
Cetraspora armeniaca
Glomus sinuosum
GG G MG F G M FF G F G FGGSols bruns Fluvisol Rendzine
Grès Granit/Gneiss Calcaire
310
Production végétale | Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011
maraîchères avec plusieurs cultures par an s’avèreront
sans doute déficitaires avec le temps en ce qui concerne
la diversité des champignons MA et la formation de
mycorhizes. Sur de tels sites, des groupes écologiques de
champignons MA peuvent disparaître, comme cela a été
observé dans les monocultures de maïs et les pépinières
viticoles (Oehl et al. 2003, 2005b et 2009). Pour réintro-
duire les espèces typiques de ces sites, des mesures doi-
vent être prises, telles que la réduction de l’intensité de
travail du sol ainsi que la conversion à l’agriculture éco-
logique et à des systèmes culturaux avec fertilisation
limitée et rotation diversifiée.
C o n c l u s i o n s
Avec environ 230 espèces recensées dans le monde et plus
de 100 en Suisse, les champignons MA sont un groupe
relativement petit de champignons du sol. Plusieurs de
ces champignons sont répartis partout dans le monde,
d’autres sont spécifiques aux sols et aux écosystèmes ou
réagissent de manière sensible au mode et à l’intensité
d’exploitation. Les champignons spécifiques peuvent
devenir de très bons indicateurs des propriétés du sol ou
de l’intensité d’exploitation. Des mesures ciblées pour-
raient permettre de stimuler les champignons typiques
d’un site ou particulièrement efficaces. Une agriculture
biologique et intégrée avec des rotations longues et un
travail du sol réduit favorise la diversité des champignons
MA. Il manque encore des connaissances détaillées pour
pouvoir mieux exploiter le potentiel écologique de ces
champignons, par exemple pour la nutrition des plantes
et la structuration du sol. n
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311
Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses | Production végétale
Ria
ssu
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Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011
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Funghi micorrizici arbuscolari quali indicatori
biologici nei terreni agricoli svizzeri
La maggior parte delle piante coltivate e
selvatiche cresce in simbiosi con un gruppo
speciale di funghi, i funghi micorrizici
arbuscolari (funghi MA). I funghi MA svol-
gono funzioni importanti in tutti gli ecosi-
stemi popolati da vegetali. Per mezzo delle
ife miceliali si estendono nel terreno e
trasferiscono alle piante i nutrienti vitali ivi
presenti, proteggendole da stress e siccità.
Riducono le perdite di sostanze nutritive dal
terreno e possono limitare l'erosione attra-
verso l'inverdimento, accrescendo la stabilità
degli ecosistemi. I funghi MA sembrano
particolarmente adatti anche come bioindica-
tori dato che questo gruppo di funghi, che
conta attualmente 230 specie, è relativa-
mente piccolo e contiene specie sia comuni
che rare. In Svizzera ne sono state finora
rilevate oltre 100 specie. Molti di questi
funghi reagiscono in maniera considerevole
all'intensità della lavorazione del terreno, alla
forma di coltivazione e/o alle proprietà del
suolo (p.es. Glomus sinuosum e Acaulospora
paulinae). Queste specie di funghi MA
specializzate sono quindi molto adatte per
essere impiegate come indicatori biologici.
Altre specie sono presenti in quasi tutti i
terreni e possono essere indicate come specie
generiche (p.es. Gl. fasciculatum e Archaeo-
spora trappei). Dai nostri studi è emerso che
una moltitudine di funghi MA si addicono a
essere utilizzate quali indicatori biologici nei
terreni usufruiti a scopo agricolo.
Arbuscular mycorrhizal fungi as bio-indicators
in Swiss agricultural soils
The majority of agricultural crops as well as
wild plants form a symbiotic relationship with a
special group of soil fungi, the arbuscular
mycorrhizal fungi (AM fungi). AM fungi
perform important functions in all ecological
systems colonised by plants. They form a dense
network of fungal hyphal mycelia in the soil
and transmit vital nutrients from the soil to the
plants and protect them against stress and
drought. AM fungi have the ability to reduce
nutrient loss from the soil and they can,
through biological stabilisation of the soil
structure, reduce erosion and thus contribute to
ecosystem stability. AM fungi would appear to
be particular suitable as bioindicators because
this group of fungi is small enough to be
manageable and includes both common and
rare species. To date more than 100 AM fungi
have been identified in Switzerland. Many of
these fungi respond specifically to land use
intensity, cultivation practices and/or soil type
(e.g. Glomus sinuosum and Acaulospora
paulinae). These specialised AM fungi are
therefore highly suitable as bioindicators. Other
species occur in almost every kind of soil and
may be described as generalists (e.g. Gl.
fasciculatum and Archaeospora trappei). Our
studies show that a large number of AM fungi
are suitable as bioindicators in agricultural soils.
Key words: arbuscular mycorrhizal fungi,
biodiversity, bioindicators, sustainable agricul-
ture, organic farming, conservation tillage.
312 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011
I n t r o d u c t i o n
Selon les indications de l’Office fédéral de la statistique
OFS, en 2009, les agricultrices et les agriculteurs ont
dépensé 238 millions de francs pour couvrir leurs besoins
en semences. Ces dépenses sont légèrement en dessous
de celles destinées aux engrais, et presque le double de
celles consacrées à la protection des plantes. Grâce à la
production indigène élevée de semences pour céréales et
de plants de pommes de terre, la filière suisse des semences
génère une part essentielle de ce chiffre d’affaires.
L’agriculture suisse doit pouvoir disposer de variétés de
plantes cultivées adaptées aux conditions climatiques et
culturales du pays, ainsi qu’à la transformation ulté-
rieure. Une quantité suffisante de semences de qualité
irréprochable doit être garantie pour les variétés recom-
mandées, sélectionnées par les représentants de la
filière à la suite des résultats obtenus lors des tests. La
Fédération suisse de production de semences et de
plants swisssem se charge, avec onze établissements
multiplicateurs (EM), de planifier et d’organiser la multi-
plication sous contrat avec les producteurs et les produc-
Silvia Zanetti et Thomas Hebeisen, station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich
Renseignements: Thomas Hebeisen, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 71 11
La certification des semences en Suisse (2005–2010)
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Comptage de germes de ray-grass normalement développés. (Photo: ART)
La certification des semences en Suisse (2005–2010) | Production végétale
313
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011
trices. Les conditions cadres de la production de
semences sont définies dans l’Ordonnance sur les
semences et plants (RS 916.151.1) du Département fédé-
ral de l’économie DFE. Pour les plantes cultivées men-
tionnées dans l’ordonnance, seules des semences certi-
fiées des espèces officiellement autorisées peuvent être
commercialisées. Les exigences minimales relatives aux
cultures et à la récolte sont définies dans l’ordonnance
pour chaque espèce. L’Office fédéral de l’agriculture
OFAG a mandaté la station de recherche Agroscope Rec-
kenholz-Tänikon ART pour l’exécution de ces tâches
dans le domaine des semences. ART occupe dès lors une
position centrale dans le contrôle de la production indi-
gène de semences. Les plants sont traités par la station
de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW et
ne sont pas pris en compte dans cet article.
Cet article présente l’évolution et la qualité de la
production de semences indigènes au cours des cinq
dernières campagnes (2005–2010).
M a t é r i e l e t m é t h o d e
Evaluation des cultures destinées à la production de
semences
Conformément à l’Ordonnance sur les semences et
plants, les acteurs impliqués dans la production de
semences (tabl. 1) doivent être agréés et disposer de
connaissances administratives, professionnelles et tech-
niques. C’est pourquoi des cours sont régulièrement
proposés pour former les producteurs, les experts char-
gés des visites de culture et les «préleveurs» d’échan-
tillons.
L’EM conclut un contrat de multiplication avec ses
producteurs. Les multiplications sont saisies dans une
base de données centrale avec les indications exigées
(p. ex. variété, lots-pères, précédents culturaux). Les
cultures destinées à la production de semences sont
évaluées par des experts et doivent remplir les exigences
minimales de l’ordonnance. Les multiplications de
semences de base et de pré-base reçoivent la visite des
collaborateurs des stations de recherche. Par contre, les
cultures destinées à la production de semences certi-
fiées de multiplication (SM) reçoivent la visite d’experts
agréés. On distingue les semences certifiées de 1ère et 2e
génération. Seules les semences de 1ère génération peu-
vent être multipliées une nouvelle fois, tandis que
la semence certifiée de 2e génération est considérée
comme semence commerciale. Lors de la visite des
cultures, l’expert vérifie, sur la base de critères morpho-
logiques propres aux différentes variétés, s’il s’agit de la
variété annoncée. Pour le blé, les critères évalués sont
par exemple.la largeur de la toncature ou la longueur
du bec de la glume. Ces critères ont été décrits lors du
test officiel de la distinction, de l’homogénéité et de la
stabilité, sur la base des directives de l’UPOV (Union
internationale pour la protection des obtentions végé-
tales, propriété intellectuelle). Ce test s’effectue exclusi-
vement à l’étranger. La visite des parcelles est également
l’occasion de contrôler le développement des cultures.
EM SP PS VC PE
Nombre 11 25 1064 91 40
Tableau 1 | Nombre d’établissements de multiplication (EM), de services de purification (SP), de producteurs de semences (PS), de visiteurs de cultures (VC) et de personnes chargées du prélèvement des échantillons (PE) en Suisse (selon CertiPRO, état avril 2011)
Entre 2005 et 2010, la Suisse a produit en
moyenne plus de 50 000 tonnes de semences
et de plants par an. La certification des
semences et le laboratoire d’essais de
semences de la station de recherche Agros-
cope Reckenholz-Tänikon ART contribuent à
garantir la qualité irréprochable des semences
produites en Suisse et à préserver les proprié-
tés spécifiques des variétés tout au long des
phases de multiplication jusqu’à leur utilisa-
tion finale. En moyenne, pour les campagnes
2005 à 2010, 7620 hectares ont été admis
pour la production de semences suite aux
visites de cultures (sans les plants de pommes
de terre). Le professionnalisme et la fiabilité
des producteurs se reflètent dans le taux
élevé d’admission lors des visites de cultures
(95 % pour les céréales). Les analyses du
laboratoire d’essais de semences montrent
que la qualité des récoltes est elle aussi
élevée – notamment pour les céréales – avec
un taux d’admission de 95,6 %. La collabora-
tion de tous les acteurs, basée sur des
compétences techniques et l’auto-responsabi-
lisation, ainsi que sur des processus efficaces
et transparents sont indispensable pour
conserver un taux élevé de renouvellement
des semences. De cette façon, la production
suisse de semences restera de première
qualité à l’avenir également.
Production végétale | La certification des semences en Suisse (2005–2010)
314 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011
Pour obtenir la meilleure note, la culture doit être équi-
librée et exempte d’adventices, elle ne doit pas être
sujette à la verse et l’infestation par les ravageurs et les
maladies doit être limitée. Enfin, l’expert évalue la pré-
sence de plantes ne correspondant pas à la variété et la
présence d’autres espèces végétales et de maladies par
unité de surface. Par ailleurs, la parcelle doit être suffi-
samment isolée pour éviter la fécondation croisée et la
diffusion d’impuretés depuis les parcelles voisines. Ces
paramètres sont consignés dans un rapport de visite et
l’expert décide si la parcelle remplit les exigences mini-
males de l’ordonnance et peut donc être admise pour la
production de semences. L’admission lors des visites de
culture est indispensable pour bénéficier des contribu-
tions à la surface pour la multiplication de plantes four-
ragères et de maïs. Les autres cultures n’ont droit à
aucune contribution fédérale pour la production de
semences.
Evaluation de la qualité des semences
Un échantillon de la récolte est prélevé pour les cultures
admises lors des visites et sa qualité est ensuite testée
par le laboratoire d’essais de semences d’ART. Ces ana-
lyses sont effectuées selon les directives de l’Association
internationale d’essais de semences (ISTA). Des dévia-
tions par rapport à la méthode de contrôle sont autori-
sées pour les céréales, en accord avec l’organe directeur
(OFAG) et les clients, et se limitent aux points répertoriés
dans le tableau 2. Dans le cas des Poaceae (graminées),
l’unité de multiplication est un caryopse nu ou enve-
loppé par la glume. Pour simplifier, le terme de
«semences» sera également utilisé pour désigner les
caryopses dans cet article.
Le poids maximal des lots, le poids minimal des
échantillons soumis et les tests sont définis dans l’ordon-
nance. Après enregistrement de l’échantillon par le ser-
vice de certification d’ART, son contenu est homogé-
néisé dans le laboratoire d’essais de semences à l’aide
d’un diviseur à rifles qui permet de constituer les sous-
échantillons destinés à l’examen. L’évaluation du taux
de semences pures pour déterminer la pureté technique
et le dénombrement des graines d’espèces étrangères
s’effectue selon les critères définis dans les directives de
l’ISTA (ISTA 2011) et dans son manuel «Définition des
semences pures» (ISTA 2010). Pour le blé, le triticale et le
seigle, les semences entières (c’est-à-dire les caryopses)
ainsi que les fragments de semences d’une taille supé-
rieure à la moitié de la taille originale sont considérées
comme des semences pures (ISTA 2011). Lorsqu’une
semence d’une autre espèce végétale est trouvée dans
l’échantillon, cette semence n’est enregistrée dans la
catégorie espèces étrangères que si elle répond à la défi-
nition d’une semence pure de sa catégorie. Si tel n’est
pas le cas, elle sera ajoutée à la fraction de matières
inertes. Le test de faculté germinative consiste à tester
des semences pures dans des conditions (eau, tempéra-
ture, lumière) optimales et contrôlées. Les échantillons
de variétés céréalières sans glumes et de production non
biologique sont soumis à un traitement chimique pour
tester la faculté germinative. Les semences d’origine
biologique sont testées en cas de faculté germinative
insuffisante ou à la demande du client, après un traite-
ment avec Cerall (produit contenant la bactérie Pseudo
monas chlorophoris). Après une réfrigération prélimi-
naire de cinq jours à 10 °C et une période de trois jours à
20 °C, les germes et les semences non germées sont éva-
lués selon les critères des directives de l’ISTA (ISTA 2011)
et de son manuel pour l’évaluation des germes (ISTA
2009). Les germes sont classés en deux catégories: nor-
maux et anormaux, et les semences non germées en
trois catégories: mortes, dures ou fraîches. Contraire-
ment aux germes anormalement développés, les germes
Poids de l’échantillon étudié pour Méthode de faculté germinative
pureté technique teneur en semences
étrangères nombre de semences
testées préréfrigération durée de test (20 °C)
désinfection en laboratoire
ISTA 120 g 1000 g 400 (4*100) recommandée 8d non
CertLes analyses sont effectuées sur un
échantillon de 500 g 200 (2×100) 10 °C, 5d 3d
N: ouiB: non
Tableau 2 | Méthode d‘analyse ISTA comparée à la méthode appliquée dans le cadre de la certification des semences (Cert) pour les varié-tés de céréales nues (N); (blé, seigle, triticale) et à grains vêtus (B); (orge, avoine, épeautre)
La certification des semences en Suisse (2005–2010) | Production végétale
315Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011
besoins du laboratoire d’essais de semences (SPL) et l’a
développé en conséquence. CertiPRO est un module
complémentaire, intégré à LISA et profitant d’une navi-
gation web. Il a été conçu sous l’égide de swisssem, en
collaboration avec Agroscope et T&P. CertiPRO a été mis
en service pour la campagne 2010 et remplace l’ancienne
base de données Info-EM. Depuis 2010, toutes les
espèces certifiables en Suisse sont ainsi représentées
dans le système CertiPro, sauf le maïs. La production est
gérée par CertiPRO de l’inscription jusqu’à l’admission.
Les travaux administratifs se répartissent entre l’EM et le
service de certification d’ART, car les données inhérentes
à la production sont enregistrées par l’EM et mises à dis-
position d’ART.
Cet article repose sur l’analyse des cinq dernières
campagnes de production de semences. Une campagne
de semences débute le 1er juillet et s’achève le 30 juin de
l’année suivante. Les différentes campagnes sont dési-
gnées par 05/06, 06/07, 07/08, 08/09 et 09/10. Le premier
chiffre se réfère à l’année du début de la campagne et le
deuxième à l’année de fin de la campagne. En règle
générale, les lots de semences sont soumis au contrôle
de qualité au cours de leur année de production.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Surfaces de production de semences en Suisse
La surface des parcelles admises par les experts chargés
de la visite des cultures est en moyenne de 7620 ha
(fig. 1); pour les semences de céréales par exemple, cela
représente 95 % de la surface inscrite. Le taux élevé
d’admission lors de la visite des cultures montre que les
producteurs accordent un soin particulier à la prépara-
tion des lits de semences dans ces parcelles et qu’ils
consacrent le temps nécessaire à l’épuration des cultures.
Un taux élevé d’admission à la visite des cultures est
important pour pouvoir planifier la production en fonc-
tion des besoins.
Lors de la campagne 09/10, la surface de production
de semences était en recul de 4,5 % par rapport à 05/06.
Ceci est dû au recul de 6,3 % de la surface de céréales,
qui représente en moyenne la plus grande part de la sur-
face totale de production de semences avec un pourcen-
tage de plus de 92 %. Par rapport à la surface admise en
99/00 (données non publiées), la surface de céréales a
reculé de 19 % en 09/10. L’essentiel des besoins en
semences de céréales a néanmoins pu être couvert par la
production indigène de semences, car les surfaces de
cultures céréalières et en particulier de céréales fourra-
gères étaient également en recul. Au cours des cinq der-
nières années, la surface de cultures céréalières a baissé
de 9,5 % et celle de céréales fourragères de 24,7 %, pour
normalement développés peuvent donner naissance à
une plante de croissance vigoureuse. Sur les germes nor-
maux, les organes sont parfaitement développés et bien
proportionnés les uns par rapport aux autres ou ne pré-
sentent que des défauts minimes. En cas de croissance
ralentie, la durée de l’essai peut se prolonger de la moi-
tié de la durée initialement prévue pour les tests. En
principe, les germes qui sont en retard mais ne présen-
tent aucun défaut sont considérés comme normaux
(ISTA 2011). Les semences fraîches sont des semences qui
ont gonflé mais qui ne présentent aucun signe de crois-
sance germinative. Les semences se situent dans la
période de dormance. Lorsque la part de semences
fraîches est supérieure à 5 %, leur viabilité est contrôlée
à l’aide d’un test au tétrazolium. Si elles sont viables,
elles sont classées comme fraîches. Sinon, elles sont clas-
sées comme mortes. Les semences dures sont celles qui
n’ont pas absorbé d’eau dans les conditions appliquées.
Cette catégorie est observée notamment chez les légu-
mineuses. Un pourcentage maximal de semences dures
est défini dans l’ordonnance et peut être additionné
aux germes normaux (par exemple 20 % pour le trèfle
violet).
Base de données
Les surfaces de production de semences sont réperto-
riées dans la base de données Info-EM et CertiPRO, logi-
ciel de gestion de la certification des semences. Les
résultats de qualité des échantillons proviennent du sys-
tème de gestion de laboratoire (LIMS). LIMS est basé sur
le logiciel standard LISA (Triestram et Partner T&P), qui
est utilisé pour la partie administrative de l’enregistre-
ment des échantillons jusqu’à l’établissement des attes-
tations de certification. ART a adapté le logiciel aux
05/0606/07
07/0808/09
09/10
Surfa
ce a
dmise
(ha)
100
200
300
6500
7000
7500
céréalesmaïstrèfle violetgraminéesplantes protéagineuses
Figure 1 | Surfaces de production de semences reconnues pour la campagne 05/06 à 09/10 de céréales, maïs, trèfle violet, variétés de graminées et plantes protéiques.
Production végétale | La certification des semences en Suisse (2005–2010)
316 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011
atteindre 46 650 ha. Par conséquent, la demande de
semences de céréales a baissé et a entraîné la réduction
de la surface consacrée à la production de semences de
céréales. Le nouveau système de paiements directs de la
Confédération a pour but de contrer cette tendance en
renforçant les grandes cultures de manière ciblée. Dans
les conditions actuelles, cela aurait indirectement des
répercussions positives sur la production de semences.
Heureusement, les surfaces de production de
semences d’espèces de plantes fourragères ont pu être
étendues à 385 ha de 05/06 à 09/10 (+ 29 %). Cette évolu-
tion positive est due notamment au changement des
conditions cadres. Depuis la récolte 2009, la production
de semences de plantes fourragères est soutenue par la
Confédération à raison de mille francs par hectare, ce
qui rend la branche de production plus compétitive. En
dépit d’importantes fluctuations de rendement (notam-
ment pour le trèfle violet), qui demande une prise de
risque plus élevée de la part des producteurs, cette pro-
duction reste une activité de niche intéressante qui
couvre pour l’instant 8 % des besoins nationaux (presque
100 % pour le trèfle violet). De plus, la gamme des
espèces pour lesquelles on produit des semences en
Suisse a pu être étendue à 27 (campagne 09/10). Depuis
peu, des semences de phacélie, de colza bio, de dactyle
aggloméré et de lotier corniculé sont également pro-
duites, en quantités très limitées.
Evolution du nombre d’échantillons certifiés
Le nombre d’échantillons certifiés de lots de semences
triées et non triées sur les cinq dernières campagnes
représentait en moyenne 47 % du total des échantillons
(6250) analysés par le laboratoire d’essais de semences
ART (SPL). En moyenne, près de 2700 lots triés par cam-
pagne ont été soumis à la certification (tabl. 3). Parallè-
lement à l’évolution des surfaces, le nombre d’échan-
Campagne 05/06 06/07 07/08 08/09 09/10 Moyenne Pourcentage
[n] [n] [n] [n] [n] [n] [%]
Espèces de céréales
Nombre d'échantillons triés 2494 2608 2400 2531 2248 2456
Nombre total d'échantillons non admis 99 159 147 91 49 109 4,4
à cause d'une faculté germinative insuffisante 56 103 97 45 23 65 2,6
à cause d'une proportion trop élevée d'autres espèces céréalières 37 53 45 41 23 40 1,6
à cause d'une proportion trop élevée d'espèces autres que des céréales 6 3 5 5 3 4 0,2
Soja & pois protéagineux
Nombre d'échantillons triés 59 47 32 51 42 46
Nombre d'échantillons non admis 5 3 8 3 2 4 9,1
à cause d'une faculté germinative insuffisante 3 3 8 2 2 4 7,8
à cause d'une proportion trop élevée d'autres espèces 2 0 0 1 0 1 1,3
Espèces de graminées
Nombre d'échantillons triés 97 99 107 93 87 97
Nombre d'échantillons non admis 15 20 11 7 3 11 11,6
à cause d'une faculté germinative insuffisante 11 20 8 4 2 9 9,3
à cause d'un pourcentage trop élevé de semences étrangères 4 0 3 2 1 2 2,1
à cause d'une pureté technique trop faible 0 0 0 1 0 0 0,2
Espèces de trèfles
Nombre d'échantillons triés 75 85 94 85 113 90
Nombre d'échantillons non admis 16 18 28 28 19 22 24,1
à cause d'une faculté germinative insuffisante 10 6 12 5 14 9 10,4
à cause d'un pourcentage trop élevé de semences dures 0 6 4 8 2 4 4,4
à cause d'un pourcentage trop élevé de semences étrangères 3 1 5 4 1 3 3,1
à cause d'une pureté technique trop faible 3 5 7 11 2 6 6,2
Autres espèces
Nombre d'échantillons triés 0 0 0 3 5 2
Tableau 3 | Nombre d'échantillons certifiés de lots de semences triées en cinq campagnes
La certification des semences en Suisse (2005–2010) | Production végétale
317Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011
envoyés pour la certification ont satisfait les exigences
de l’ordonnance. Le taux d’admission variait suivant le
groupe d’espèces de 96,6 % pour les céréales à 75,9 %
pour les espèces de trèfles (tabl. 3). Les travaux d’entre-
tien dans les cultures ainsi que les dispositifs et processus
de triage contribuent directement à satisfaire les exi-
gences de «pureté technique» et de «pourcentage d’es-
pèces étrangères». En moyenne, 40 lots de céréales
n’ont pas été admis à cause d’une proportion trop éle-
vée d’autres espèces de céréales. Ce phénomène est sans
doute dû au précédent cultural. Lorsqu’une multiplica-
tion de blé est suivie d’une production d’orge ou de tri-
ticale, on observe souvent des épis de blé dans les
cultures ultérieures, car le déchaumage n’est pas tou-
jours suffisamment efficace. Le potentiel de germina-
tion de ces céréales étrangères est considérable (75 %)
comme l’a montré un essai du laboratoire d’essais de
semences SPL (données non publiées). Durant la der-
nière campagne, les semences de céréales étrangères
(n = 57) trouvées dans les échantillons envoyés a été éga-
lement testée sur sa faculté germinative. Seul un quart
des semences n’a pas germé. Les semences de blé, trou-
vées dans les échantillons d’orge ou de triticale, ger-
maient bien. Comme le nombre de semences testées
(n = 57) était très faible, cette question sera traitée de
manière plus approfondie dans la nouvelle campagne.
Pour la production indigène de semences d’espèces
de trèfles et de graminées, swisssem a convenu avec ART
d’appliquer des exigences de qualité plus strictes que
celles prévues par l’ordonnance en ce qui concerne les
semences de rumex, de cuscute et de folle avoine. Les
normes de Swiss-Seed (normes VESKOF) et les poids
d’analyse prescrits servent de référence. Par conséquent,
le groupe de travail «Semences fourragères» de swiss-
sem a également adapté les normes pour les visites de
tillons des plantes fourragères a augmenté et celui des
espèces céréalières a diminué. Le plus faible nombre
d’échantillons de certification a été enregistré pendant
la campagne 09/10.
La dernière révision de l’ordonnance (juillet 2010) a
abrogé l’obligation de soumettre les semences stockées
à recertification et a étendu le poids des lots de 25 à 30
tonnes pour les céréales, ce qui a entraîné une nouvelle
baisse du nombre d’échantillons. Cela s’est déjà mani-
festé lors de la campagne 10/11. Un quart des échan-
tillons de céréales provenait de lots dont le poids était
supérieur à 25 t. Les EM semblent profiter activement de
cette plus grande marge de manœuvre pour optimiser
leur production. Il n’est pas encore possible d’estimer les
conséquences de la suppression de la recertification, car
la qualité des semences stockées doit continuer à être
contrôlée. Le groupe de coordination de swisssem s’y
engage (communication d’Andreas Rüegger, directeur
de swisssem). Swisssem mettra en place avec ART un sys-
tème d’assurance qualité pour les céréales stockées,
avantageux pour toutes les parties impliquées, et le pro-
posera à sa clientèle. Par rapport à la campagne 05/06,
on a constaté en 09/10 une baisse de 60 % des échan-
tillons en provenance de lots non purifiés (données non
publiées). Les échantillons certifiés non triés permet-
taient aux centrales de triage d’estimer la qualité de
leurs semences avant le conditionnement. Après le
triage, un nouvel échantillon doit être prélevé sur le lot
et envoyé afin d’obtenir l’admission définitive. Pour des
questions économiques, les EM considèrent qu’il est bon
de restreindre ce double échantillonnage uniquement
aux lots à risques.
Dans la période considérée, le nombre d’échantillons
certifiés de trèfles et de graminées a augmenté de 16 %,
atteignant le niveau record de 200 unités pour la cam-
pagne 09/10. Etant donné les petites unités de produc-
tion et les fluctuations de rendement de ces variétés, les
lots d’une espèce sont mélangés pour former des lots
composés et tirer parti des poids maximaux autorisés.
C’est pourquoi le nombre d’échantillons n’a pas aug-
menté dans les mêmes proportions que les surfaces de
production de semences. Le recul des lots de céréales est
loin de pouvoir être compensé. Les contrôles de qualité
des échantillons de semences de trèfle et de graminées
exigent des connaissances spécialisées approfondies et
demandent beaucoup plus de temps pour la prépara-
tion. Un échantillon de trèfle violet demande trois fois
plus de temps qu’un échantillon de céréales.
Qualité des échantillons de certification
La qualité des semences est très élevée. En moyenne des
cinq dernières campagnes, 94,6 % des échantillons
graminées
Nom
bre
d'éc
hant
illon
s
0
50
100
150
200
250
300
sans rumexprésence de rumex en dessous de la norme VESKOF présence de rumex dépassant la norme VESKOF
trèfles
Figure 2 | Présence de semences de variétés de rumex à feuilles larges dans les semences usuelles de variétés de trèfles et de gra-minées produites en Suisse.
318
Production végétale | La certification des semences en Suisse (2005–2010)
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011
culture. Ce renforcement des directives a permis d’éviter
la présence de semence de cuscute et de folle avoine
dans les semences de trèfles et de graminées destinées à
la commercialisation. Grâce aux normes plus strictes
pour les visites de cultures, des semences de rumex n’ont
été observées que dans quelques échantillons. Ainsi,
98,9 % des échantillons de graminées et 83,3 % des
échantillons de trèfles étaient exempts de semences de
rumex (fig. 2). Aucun échantillon certifié de graminées
et seuls 4,4 % d’échantillons de trèfles ont dépassé la
norme VESKOF pour la proportion de rumex. Pour jugu-
ler le développement des rumex, il vaut la peine d’élimi-
ner les inflorescences avant la récolte.
Pour toutes les espèces culturales, le refus des lots a
été motivé principalement par une faculté germinative
insuffisante. Ce paramètre présente des fluctuations
annuelles marquées; en fonction des conditions météo-
rologiques ou de la récolte, la part de germes normale-
ment développés peut chuter à cause d’une infestation
par les champignons, d’une germination sur pied ou
d’une détérioration mécanique des grains. Pour les
céréales, une faculté germinative insuffisante était res-
ponsable du refus des lots dans 59 % des cas en moyenne,
sachant que les fluctuations annuelles étaient marquées,
avec une valeur maximale de 66 % (07/08) et une valeur
minimale de 47 % (09/10). Durant la campagne 09/10, le
trèfle violet avait des problèmes massifs de faculté ger-
minative. Dans les lots de semences affichant une faculté
germinative trop basse, un très fort pourcentage de
germes anormaux a été constaté. L’anomalie portait
essentiellement sur la rupture des hypocotyles et en par-
tie sur l’absence de racines principales. Ces problèmes
pourraient être dûs à des dommages d’origine méca-
nique. De tels dommages ne peuvent que rarement être
identifiés à l’œil nu sur les semences (Hill et al. 1998) et il
est difficile de trouver l’origine du problème. En collabo-
ration avec swisssem et les EM concernés, ART analyse la
qualité des semences à divers stades: prélèvement
manuel au champ, après battage, après triage. Ces
analyses détaillées devraient contribuer à comprendre
quand s’est produit l’impact mécanique.
Semences de céréales de production biologique
En moyenne, la surface de production de semences bio
représente 5 % de la surface totale. Depuis 1995, le labo-
ratoire SPL en collaboration avec le groupe de recherche
ART «Protection écologique des plantes» étudie égale-
ment l’état sanitaire des échantillons bio. Sur la base de
l’infestation par les principales maladies transmises par
les semences, ART indique au client si ses semences sont
admises et si un semis non traité peut être recommandé.
Depuis 2008, ART offre à ses clients la possibilité de faire
tester la faculté germinative des échantillons bio de
semences traitées avec Cerall (matière active: bactérie
Pseudomonas chlororaphis). Ce produit de traitement
des semences, autorisé pour l’agriculture biologique, est
efficace contre la carie ordinaire et partiellement effi-
cace contre la moisissure des neiges.
C o n c l u s i o n s
La certification des semences et le laboratoire d’essais
de semences contribuent à garantir la qualité irrépro-
chable des semences produites en Suisse et à préserver
la plus-value spécifique des variétés tout au long des
phases de multiplication, jusqu’à l’utilisation finale des
semences. Le fait que le service de certification et le
laboratoire d’essais de semences forment une unité
organisationnelle au sein de la station de recherche
Agroscope Reckenholz-Tänikon ART favorise les syner-
gies et apporte des avantages certains pour la clientèle.
Un laboratoire indépendant traitant un gros volume
d’échantillons et une large gamme d’espèces est néces-
saire. C’est la seule façon d’acquérir les connaissances
spécifiques qui sont ensuite mises à disposition de la
production indigène de semences, du commerce des
semences ainsi que des programmes de sélection et du
contrôle des variétés d’Agroscope. Le laboratoire d’essai
des semences peut également contribuer à déterminer
si et dans quelles proportions des plantes indésirables (p.
ex. ambroisie, abutilon d’Avicenne) risquent d’être dis-
sémnées par le biais des semences commercialisées dans
le pays. Les contrôles de qualité montrent que le sys-
tème de certification actuel est efficace et d’une qualité
irréprochable. Ces avantages sont transmis à la base
grâce notamment au marketing attrayant pratiqué par
swisssem (semences Z). Ces aspects et la collaboration
pragmatique de tous les acteurs impliqués font que le
taux de renouvellement des semences en Suisse est très
élevé (plus de 90 %). n
319
La certification des semences en Suisse (2005–2010) | Production végétale
Ria
ssu
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Sum
mar
y
Seed certification in Switzerland
(2005 – 2010)
An annual average of over 50,000 tons of
seed and propagation material was
produced in Switzerland between 2005
and 2010. Seed certification and the seed
testing laboratory at Agroscope Recken-
holz-Tänikon ART Research Station help
ensure that the quality of the seed
produced in Switzerland is flawless and
that variety-specific characteristics are
retained throughout the propagation
stages until seed usage. During the crop
seasons of 2005 to 2010, an average of
7620 hectares were successfully tested for
seed production (excluding seed pota-
toes). The high success rate of 95 % for
cereals reflects the professionalism and
reliability of producers. Seed testing
laboratory analysis shows that crop
quality is also excellent – particularly for
cereals, with an acceptance rate of 95,6 %.
A continuing high seed replacement rate is
contingent upon all players collaborating
on the basis of technical expertise and
individual responsibility, and upon
transparent and efficient processes. Thus
the future domestic seed production will
also remain of high quality.
Key words: seed certification, field
inspection, seed testing, quality insurance.
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011
Bibliographie: b Ordonnance sur les semences et plants (RS 916.151.1) du Département fédéral de l’économie (DFE). Accès: http://www.admin.ch/ch/d/sr/9/916.151.1.de.pdf. [1er juillet 2010].
b ISTA‚ 2011. International Rules for Seed Testing, édition 2011. Publié par The International Seed Testing Association (ISTA), 8303 Bassersdorf
b ISTA‚ 2010. ISTA Handbook on Pure Seed Definitions, 3e édition. Publié par The International Seed Testing Association (ISTA), 8303 Bassersdorf
b ISTA‚ 2009. ISTA Handbook on Seedling Evaluation, 3e édition. Publié par The International Seed Testing Association (ISTA), 8303 Bassersdorf
b Hill M.J., Hampton J. G. & Hill K. A., 1998. Seed Quality of Grasses and Legumes. In: Forage Seed Production (Ed. D.T. Fairey & J. G. Hampton). CAB INTERNATIONAL, Oxon, UK, 219–242.
La certificazione delle sementi in Svizzera
(2005 – 2010)
Dal 2005 al 2010, in Svizzera sono state
prodotte, in media, più di 50 000 tonnel-
late di sementi e tuberi-seme all'anno. La
certificazione delle sementi e il laboratorio
d'analisi per le sementi della Stazione di
ricerca Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
fanno in modo che la produzione indigena
sia di qualità ineccepibile e che le peculia-
rità specifiche delle diverse varietà restino
intatte dalla fase di moltiplicazione fino al
loro impiego. Durante le campagne dal
2005 al 2010 sono stati riconosciuti, in
media, 7620 ettari di terreno per la
produzione di sementi (tuberi-seme
esclusi). Per i cereali, la professionalità e
l'affidabilità dei produttori è dimostrata
dall'elevata quota di riconoscimento dei
terreni campi annunciati, che è del 95 per
cento. Dalle verifiche del laboratorio di
analisi delle sementi emerge che anche la
qualità del raccolto è elevata, in partico-
lare per i cereali, la cui percentuale di
riconoscimento è del 95,6 per cento. Una
collaborazione basata su competenze
specialistiche e senso di responsabilità di
tutti i partecipanti, nonché processi
trasparenti ed efficienti costituiscono un
presupposto per tenere alta la quota
d’aggiornamento delle sementi. In
questo modo la produzione di sementi
indigena manterrà la propria qualità anche
in futuro.
320 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011
I n t r o d u c t i o n
Fétuque rouge
Dans les pâturages et prairies où on ne trouve plus de ray-
grass anglais à cause des conditions environnementales
(régions trop sèches ou climat rude), la fétuque rouge (fig. 1)
est une espèce gazonnante importante. La population de
la fétuque rouge (Festuca rubra aggr.), aux formes variées,
comprend un grand nombre de sous-espèces. Dans la pro-
duction fourragère, deux groupes morphologiques sont
importants:
– la fétuque rouge alpestre ou fétuque rouge gazonnante
(F. nigrescens Lam.), qui forme des touffes épaisses et qui,
comme son nom l’indique, se trouve plutôt en altitude;
Daniel Suter1, Rainer Frick2 et Hans-Ulrich Hirschi1
1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1
Renseignements: Daniel Suter, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 72 79
Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Figure 1 | Fétuque rouge (à gauche) et crételle des prés (à droite). Dessins tirés du manuel «Wiesengräser» de Walter Dietl et al., Landw. Lehrmittelzentrale, Zollikofen, 1998. (Dessins: Manuel Jorquera, Zurich. Tous droits réservés. Copyright: ADCF, Zurich. Avec l’aimable autorisation de l’ADCF.)
Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés | Production végétale
321
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011
Entre 2008 et 2010, les stations de recherche
Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et
Agroscope Changins-Wädenswil ACW ont
examiné des nouvelles obtentions et des
variétés recommandées de fétuque rouge et
de crételle des prés. Les caractéristiques
suivantes ont été évaluées sur la base de
relevés systématiques: rendement, aspect
général, vitesse d’installation, force de
concurrence, persistance, tolérance aux
conditions hivernales, résistance aux maladies
foliaires et adaptation aux altitudes élevées.
Pour la crételle des prés, la matière organique
digestible a aussi été évaluée.
Pour les deux espèces, aucune nouvelle
obtention n’a atteint des résultats suffisants
pour une recommandation. Malgré tout, la
nouvelle obtention de fétuque rouge FR 0315
possède des caractéristiques particulières qui
pourraient être utilisées avantageusement
dans certains cas et ainsi justifier une recom-
mandation. Malheureusement, la FR 0315 ne
remplit pas encore toutes les exigences légales
pour une mise en circulation et ne peut donc
pas être recommandée pour l’instant. Toutes
les variétés déjà recommandées ont été
maintenues dans la Liste des variétés recom-
mandées de plantes fourragères.
– la véritable fétuque rouge (F. rubra L. s.str.), avec ses
rhizomes souvent souterrains, également connue sous
le nom de fétuque rouge traçante.
La fétuque rouge traçante est la plus intéressante
pour la production fourragère, car sa capacité d’enga-
zonnement permet de combler les lacunes du peuple-
ment végétal. Dans les mélanges, elle remplit la fonction
de «garantie»: elle sert à combler le peuplement en cas
de défaillance d’un des partenaires du mélange (fig. 2)
et assure ainsi un rendement minimal (Mosimann et al.
2008). C’est pourquoi il est souhaitable que les variétés
de fétuque sélectionnées aient un bon potentiel d’enga-
zonnement et une force de concurrence élevée.
En général, la fétuque rouge se développe mieux dans
les prairies et pâturages moyennement maigres à
moyennement riches en éléments nutritifs, dans des
conditions d’exploitation peu à mi-intensives. Elle est
favorisée par une hauteur de coupe pas trop basse et
peut également supporter un régime d’exploitation
intensif. La fétuque rouge est peu exigeante en tempé-
rature et en humidité.
Crételle des prés
La crételle des prés (Cynosurus cristatus L.; fig. 1) se
trouve dans les prairies et, surtout, dans les pâturages
humides et frais. Plus l’altitude augmente, plus elle
reprend la fonction qui est celle du ray-grass anglais
Figure 2 | Fétuque rouge dans le cadre d’essais à Oensingen: la fétuque rouge forme des peuplements très denses. A premier plan, les variétés Pran-Solas (à gauche) et Bargaret (à droite). (Photo: ART)
Production végétale | Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés
322 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011
(Lolium perenne L.) sur le Plateau. Toutefois, la crételle
des prés n’atteint pas le rendement du ray-grass anglais.
Comme elle ne pousse pas très haut, son utilisation est
limitée aux pâturages. Elle est par exemple employée
dans les mélanges pour pâture comme espèce complé-
mentaire afin de mieux préserver le peuplement des
influences environnementales (Mosimann et al. 2008).
Cette fonction stabilisante est particulièrement impor-
tante en altitude.
Après le semis, la crételle des prés se développe plus
lentement que le ray-grass anglais. Elle forme de petites
touffes et souvent de courts rhizomes souterrains. Ces
rhizomes ne suffisent généralement pas au maintien de
l’espèce dans la composition botanique. C’est pourquoi il
est important que les plantes puissent produire des graines,
bien que les tiges rugueuses chargées d’épis soient refu-
sées par le bétail. Les feuilles en revanche ont une bonne
valeur fourragère et sont appréciées des animaux. Pour
l’observateur il est souvent difficile de distinguer la cré-
telle des prés du ray-grass anglais, car les feuilles de ces
deux espèces se ressemblent beaucoup au premier abord.
La crételle des prés n’est pas une plante exigeante,
mais elle résiste mal à la sécheresse. Elle supporte bien
les conditions hivernales, à l’exception des périodes de
gel sévère.
M a t é r i e l e t m é t h o d e
Tests sur trois ans
Entre 2008 et 2010, les stations de recherche Agroscope
Reckenholz-Tänikon ART et Changins-Wädenswil ACW
ont testé huit variétés de fétuque et cinq variétés de cré-
telle des prés, dont deux nouvelles sélections pour
chaque espèce. Les sites expérimentaux (sept pour la
fétuque rouge et six pour la crételle des prés) étaient
répartis entre 430 m et 1850 m d’altitude, la majorité sur
le Plateau.
Les variétés ont été semées en cultures pures afin
d’évaluer leurs principales propriétés agronomiques. De
plus, chaque variété a été semée dans des mélanges
contenant du trèfle rouge et du trèfle blanc pour esti-
mer la force de concurrence. La part de rendement de la
variété testée dans ces mélanges permettait en effet de
déduire sa force de concurrence. Les données relatives à
la situation géographique des essais et au semis sont
répertoriées dans le tableau 1.
A chaque pousse, les cultures pures ont reçu un
apport de 40 à 50 kg d’azote par hectare, sous la forme
de nitrate d’ammoniaque. Des quantités réduites (25 à
30 kg d’azote/ha) ont été appliquées sur les mélanges,
car le trèfle fournit déjà une certaine quantité d’azote.
Fétuque rouge Crételle des prés
Nombre de répétitions
Nombre decoupes pesées
Nombre de répétitions
Nombre decoupes pesées
Lieu (canton)Altitude
(m)Date de semis Culture pure1 Mélange2 2009 2010 Culture pure3 Mélange4 2009 2010
Changins, VD 430 07/05/2008 3 – 5 4 3 – 1 3
Reckenholz, ZH 440 08/05/2008 4 3 4 4 – – – –
Reckenholz, ZH 440 15/04/2009 (resemé) – – – – 4 3 – 4
Oensingen, SO 460 09/05/2008 4 3 4 4 4 3 4 3
Ellighausen, TG 520 14/05/2008 4 3 4 4 4 3 4 4
Goumoëns, VD 630 14/05/2008 3 3 5 4 – – – –
La Frêtaz, VD 1200 01/07/2008 4 – – – 4 2 – –
Maran, GR 1850 06/06/2009 2 – – 1 2 – – 1
Tableau 1 | Caractéristiques des essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés 2008 – 2010
1culture pure: 240 g/are fétuque rouge (variété témoin pour la densité de semis: «echo»).
2mélange : 180 g/are fétuque rouge (variété témoin pour la densité de semis: «echo») + 10 g/are trèfle violet «mont calme» + 25 g/are trèfle blanc à grosses feuilles «Seminole» + 15 g/are trèfle blanc à petites feuilles «Sonja»
3culture pure: 200 g/are crételle des prés (variété témoin pour la densité de semis: «cresta»).
4mélange: 150 g/are crételle des prés (variété témoin pour la densité de semis: «cresta»)
+ 10 g/are trèfle violet «mont calme» + 25 g/are trèfle blanc à grosses feuilles «Seminole» + 15 g/are trèfle blanc à petites feuilles «Sonja»
Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés | Production végétale
323Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011
cas de différence positive et de 6 en cas de différence
négative. Si l’écart représente deux tiers de la ppds (5 %),
la note est de 3 en cas de différence positive et de 7 en
cas de différence négative. Pour un écart équivalent à la
totalité de la ppds (5 %), la note est de 2 (différence posi-
tive) et de 8 (négative). Une note de 1, respectivement 9,
est attribuée lorsqu’il y a une différence d’au moins une
ppds entière au niveau de 1 %.
Lors des trois premières coupes de la première année
d’exploitation principale, des échantillons ont été préle-
vés dans les cultures pures de crételle des prés sur le site
d’Oensingen afin de déterminer la teneur en matière
organique digestible (MOD). Les analyses de laboratoire
ont été effectuées par spectrophotométrie à infrarouge
(Norris et al. 1976.). La digestibilité a été exprimée en g
de matière organique digestible par kg de matière
sèche. Les valeurs obtenues ont été calibrées en utilisant
du jus de panse, d’après la méthode de Tilley et Terry
(1963). Les valeurs mesurées ont ensuite été converties
en notes à l’aide de la même méthode qu'avec le rende-
ment.
Pour intégrer plus facilement les caractéristiques exami-
nées dans l’indice global, toutes les observations ont été
notées sur une échelle de 1 à 9, 1 étant la meilleure note
et 9 la plus mauvaise.
Les différents critères (densité et vigueur des plantes –
inclus dans l’aspect général –, vitesse d’installation,
résistance aux maladies foliaires et tolérance aux condi-
tions hivernales) ont été observés à plusieurs reprises et
évalués selon l’échelle ci-dessus. La persistance corres-
pond aux notes d’aspect général de la dernière coupe
durant la deuxième année d’exploitation principale. Les
notes de l’aspect général des variétés testées à plus de
1000 m permettent d’évaluer l’adaptation aux condi-
tions d’altitude (fig. 3).
Les rendements en matière sèche mesurés au champ
ont été convertis en notes à l’aide de méthodes statis-
tiques, pour les intégrer dans le calcul d’un indice global:
le rendement moyen annuel d’une variété est comparé
avec la moyenne de l’essai. S’il s’écarte d’un tiers de la
plus petite différence significative (ppds) à 5 % par rap-
port à la moyenne de l’essai, il obtient une note de 4 en
Figure 3 | Crételle des prés à 1850 m d’altitude en première pousse. Au premier plan, la variété Rožnovská. (Photo: ART)
Production végétale | Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés
324 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011
La note de la force de concurrence se calcule à partir
de la part de la variété à tester dans le rendement total
du mélange, selon la formule:
Note = 9 – 0,08 × pourcentage de rendement
L’évaluation globale d’une variété permet d’obtenir un
indice global pondéré à partir de tous les critères relevés.
Pour la fétuque rouge, le rendement, l’aspect général, la
force de concurrence, la persistance, la digestibilité et
l’adaptation aux conditions d’altitude comptaient
double dans ce calcul. Pour la crételle des prés, la résis-
tance aux conditions hivernales et la digestibilité comp-
taient elles aussi double.
Une variété peut être admise dans la «Liste des variétés
recommandées de plantes fourragères» (Frick et al. 2010)
lorsque son indice se situe au moins 0,20 points en dessous
(valeur inférieure = meilleure) de la moyenne des variétés
recommandées jusqu’ici (variétés témoins). Une variété
peut également être recommandée si elle présente des
propriétés particulièrement précieuses, même si elle n’at-
teint pas tout à fait l’indice nécessaire à la recommandation.
En revanche, une ancienne variété recommandée est
radiée de la liste lorsque son indice dépasse de plus de
N° VariétéRende-ment1*
Aspect général*
Vitessed'intallation
Force de concurrence*
Persistance*
Résistance/tolérance auxAdaptation à
l'altitude* Indiceconditions hivernales
Maladies foliaires
1 Echo 3,8 3,4 3,6 4,3 3,6 4,7 2,4 4,5 3,83
2 Roland 21 5,0 3,5 4,1 3,9 4,2 4,4 2,4 3,5 3,94
3 Reverent 4,6 3,8 4,6 3,5 3,1 5,6 2,4 4,7 4,00
4 Bargaret 4,3 3,9 4,6 4,2 4,1 5,1 2,9 4,5 4,19
5 Tagera 5,4 3,9 4,3 3,5 4,5 5,5 2,2 4,3 4,27
6 Pran-Solas 5,7 4,0 3,6 3,8 4,5 5,4 2,4 4,1 4,28
Moyenne des témoins 4,8 3,8 4,1 3,9 4,0 5,1 2,5 4,2 4,08
7 FR 0315 5,0 3,7 3,2 3,2 4,0 5,3 3,0 4,0 3,94
8 FRR 04206 6,0 3,8 2,9 3,6 4,3 5,4 2,0 3,5 4,05
Tableau 3 | Résultats des essais variétaux de fétuque rouge 2008 – 2010
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées (témoins).notes: 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais.1notes de rendement de 5 lieux avec 4 à 5 coupes pesées en 2009 et de 6 lieux avec 1 à 4 coupes pesées en 2010.*caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice.
N° Variété Requérant, pays Indice de précocité1 Classement2
1 Echo DLF-Trifolium, DK 51b 1
2 Roland 21 SZ Steinach, D 51b 1
3 Reverent SZ Steinach, D 51b 1
4 Bargaret Barenbrug, NL 52a 1
5 Tagera Tagro, CZ 51a 1
6 Pran-Solas Schweizer, CH 52a 1
7 FR 0315 DSP/ART, CH 51b 3
8 FRR 04206 EURO GRASS, D 51b 3
Tableau 2 | Essais variétaux de fétuque rouge: provenance, indice de précocité et classement des variétés testées
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées.
1indice de précocité : période à laquelle débute l'épiaison à changins. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début; b = fin). exemple : 52a = 11 – 15 mai.
2classement (sur la base des résultats des essais): classe 1: variété recommandée en Suisse. classe 3: variété moyenne, sans caractéristiques particulièrement intéressantes.
Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés | Production végétale
325Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011
Dépassant toutes les autres, la variété Echo a une fois
encore obtenu de très bons résultats, notamment grâce
à de bonnes notes pour le rendement, l’aspect général
et la persistance. Tagera et Pran-Solas, qui présentaient
des faiblesses pour ces mêmes propriétés importantes,
ont maintenu de justesse leur inscription sur la liste
recommandée, en dépit de très bons résultats pour la
force de concurrence. Tagera a par exemple obtenu une
note de rendement de seulement 5,4, et Pran-Solas de
5,7 (tabl. 3). La différence est considérable par rapport à
la note de 3,8 obtenue par Echo. Pour l’aspect général et
la persistance, les différences étaient moins marquées.
0,20 point l’indice standard (valeur supérieure = résultat
plus mauvais). En outre, une variété ne peut pas être
recommandée si elle dépasse de 1,50 points ou plus la
moyenne du standard sur un des critères importants.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Fétuque rouge: situation difficile
Toutes les variétés déjà recommandées ont atteint un
indice permettant de maintenir leur recommandation
(tabl. 2), même si le classement a quelque peu varié par
rapport aux derniers tests (Suter et al. 2004).
N0 Variété Requérant, pays Indice de précocité1 Classement2
1 Rožnovská Tagro, CZ 53a 1
2 Lena HBLFA, AT 53b 1
3 Cresta DSP/ART, CH 53a 1
4 CC 0405 DSP/ART, CH 53b 4
5 CC 0105 DSP/ART, CH 53b 4
Tableau 4 | Essais variétaux de crételle des prés: provenance, indice de précocité et classement des variétés testées
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. 1indice de précocité: période à laquelle débute l'épiaison à changins. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début; b = fin). exemple : 53b = 26 – 31 mai.2classement (sur la base des résultats des essais): classe 1: variété recommandée en Suisse. classe 4: variété ne convenant pas à la culture en Suisse.
No VariétéRende-ment1*
Aspect géné-ral*
Vitessed'intallation
Force de concurrence*
Persis-tance*
Résistance/tolérance aux
MOD2* Adaptation àl'altitude*
IndiceConditions hivernales
Maladies foliaires
1 Rožnovská 1,8 3,5 5,4 5,1 4,3 4,5 3,3 5,0 4,0 4,06
2 Lena 4,5 3,6 4,7 5,5 4,1 4,2 3,8 5,7 3,0 4,34
3 Cresta 6,3 4,4 5,4 5,6 5,3 4,9 4,3 4,3 3,7 4,92
Moyenne des témoins 4,2 3,8 5,2 5,4 4,6 4,6 3,8 5,0 3,6 4,44
4 CC 0405 6,8 4,4 4,5 6,2 5,4 4,4 4,3 5,0 3,4 4,97
5 CC 0105 7,3 5,5 6,4 6,5 6,2 5,8 3,9 5,3 4,3 5,73
Tableau 5 | Résultats des essais variétaux de crételle des prés 2008 – 2010
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées (témoins).notes : 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais1notes de rendement de 3 lieux en 2009 et de 5 lieux en 2010 avec 1 à 4 coupes pesées.2moD = matière organique digestible: moyenne de 3 prélèvements en 2009 à oensingen.*caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice.
326
Production végétale | Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011
Echo a obtenu une note de 3,4 pour l’aspect général et
s’est classée à la deuxième place pour la persistance avec
une note de 3,6. Parmi les nouvelles sélections, FR 0315
n’a pas totalement atteint l’indice standard, avec une
note de 5,0 pour le rendement, mais était tout à fait au
niveau de l’indice standard pour l’aspect général et la
persistance. Pour la force de concurrence, la FR 0315 a
obtenu la meilleure note de la série d’essai et est arrivée
en deuxième position pour l’adaptation à la haute alti-
tude. Par conséquent, FR 0315 a obtenu le deuxième
meilleur indice global de la série d’essai, ce qui n’a néan-
moins pas suffi pour obtenir une recommandation. Dans
ce cas précis, il serait bon de se demander si cette variété
ne pourrait pas remplir une fonction importante en
dépit de certaines faiblesses: la FR 0315 est issue de
matériaux réunis en Suisse, ce qui est particulièrement
positif pour la fétuque rouge. Cette variété pourrait être
employée notamment dans les prairies mises en place à
partir de mélanges de graminées et de trèfle blanc lon-
gue durée, afin d’être transférée ultérieurement dans
des peuplements pérennes. Pour une question de pro-
tection des ressources génétiques de la fétuque rouge, il
est préférable d’utiliser du matériel indigène à cette fin
plutôt que des variétés de fétuque rouge d’origine
inconnue. Au moment d'imprimer cet article, les condi-
tions n’étaient pas encore réunies pour inscrire la variété
FR 0315 dans le catalogue officiel des variétés. C’est la
raison pour laquelle cette variété ne peut pas encore
être recommandée en dépit de ses propriétés de grande
valeur.
Crételle des prés: la base reste maigre
Avec seulement trois variétés de crételle des prés recom-
mandées, l’approvisionnement en semences de variétés
sélectionnées est tout juste assuré pour cette espèce
(tabl. 4). Parmi les trois variétés recommandées,
Rožnovská et Lena se démarquent nettement de Cresta.
Pour le rendement, l’aspect général et la persistance,
Rožnovská et Lena occupent les deux premières places
des cinq variétés testées (tabl. 5).
Hélas, les deux nouvelles sélections CC 0105 et
CC 0405 n’ont pas été convaincantes. Elles ont obtenu
des notes moins bonnes que l’indice standard pour
presque tous les paramètres – surtout pour la force de
concurrence et le rendement – et ne seront donc pas
recommandées. Elles ne peuvent donc pas remplacer la
variété Cresta, qui n’a pas atteint l’indice global néces-
saire au maintien de la recommandation et qui, avec une
note de rendement de 6,3 a obtenu un résultat plus
mauvais que l’indice standard (+ 1,5 points). Cette
variété a été initialement admise dans la liste des varié-
tés recommandées pour garantir la disponibilité de
variétés sélectionnées. Pour cette même raison et en
dépit de ses faiblesses, la variété Cresta est maintenue
dans la Liste des variétés recommandées de plantes
fourragères.
C o n c l u s i o n s
Les rares nouvelles sélections inscrites aux tests pour les
deux espèces considérées semblent confirmer la ten-
dance à abandonner, ou tout au moins à restreindre, en
raison de leurs coûts élevés, les programmes de sélec-
tion des «petites espèces», c’est-à-dire des espèces où la
demande internationale de semences est faible.
Sans compter le petit nombre de nouvelles sélections
disponibles, la qualité moyenne des variétés de ces
espèces augmentera sans doute moins rapidement que
celui des espèces plus importantes pour l’agriculture. n
327
Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Risultati dei test varietali su festuca
rossa e coda di cane
Dal 2008 al 2010, le stazioni di ricerca
Agroscope Reckenholz-Tänikon ART e
Agroscope Changins-Wädenswil ACW
hanno esaminato l'idoneità alla coltiva-
zione di novità varietali e varietà racco-
mandate di festuca rossa e coda di
cane. Per valutare le varietà sono state
prese sistematicamente in considera-
zione le seguenti caratteristiche: resa,
aspetto generale, precocità, forza di
concorrenza, persistenza, idoneità allo
svernamento, resistenza a malattie
fogliari e idoneità alla coltivazione ad
alta quota. Nel caso della coda di cane
è stata determinata anche la digeribi-
lità della sostanza organica. In
entrambi i casi nessuna delle novità
varietali ha ottenuto i risultati neces-
sari per una raccomandazione. Ciono-
nostante, la novità varietale di festuca
rossa FR 0315 possiede particolari
proprietà che, in determinati casi,
potrebbero essere utilizzate in modo
più vantaggioso, giustificando così una
raccomandazione. Purtroppo FR 0315
non adempie ancora tutte le condizioni
legali per l'immissione in commercio in
Svizzera. Ciò impedisce una raccoman-
dazione al momento. Le varietà già
raccomandate saranno mantenute
nella Lista delle varietà raccomandate
di piante foraggiere.
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011
Bibliographie b Frick R. , Bertossa M., Suter D. & Hirschi H. U., 2010. Liste 2011– 2012 des variétés recommandées de plantes fourragères. Recherche Agrono-mique Suisse 1 (10), 1–16.
b Mosimann E., Frick R., Suter D. & Rosenberg E., 2008. Mélanges standard pour la production fourragère: Révision 2009–2012. Revue suisse Agric. 40 (5), 1–12.
b Norris K. H., Barnes R. F., Moore J. E. & Shenk J. S., 1976. Predicting fo-rage quality by infrared reflectance spectroscopy. Journal of Animal Sci-ence 43, 889–897.
b Suter D., Briner H. U., Mosimann E. & Stévenin L., 2004. Sortenversuche mit Wiesenschwingel und Rotschwingel. Agrarforschung 11 (7), 274–279.
b Tilley J. & Terry R., 1963. A two stage technique for the in vitro digestion of forage crops. Journal of the British Grassland Society 18, 104–111.
Results of red fescue and crested
dogstail variety trials
From 2008 to 2010, the Agroscope
Reckenholz-Tänikon ART and Agro-
scope Changins-Wädenswil ACW
research stations tested new breeds
and recommended varieties of red
fescue and crested dogstail. The
evaluation of the varieties was based
on systematic observations of yield,
vigour, juvenile development, competi-
tive ability, winter hardiness, resistance
to leaf diseases and the ability for
cultivation at higher altitudes. In
addition, the digestible organic matter
of crested dogstail was evaluated. No
new breed attained results allowing
for recommendation. Nevertheless, the
particular characteristics of the new
breed of red fescue FR 0315 may
provide a benefit in certain cases and
thus justify recommendation. Unfortu-
nately, FR 0315 does not meet all legal
requirements for trade yet and thus
cannot be recommended at this time.
All the varieties recommended so far
are still recommended.
Key words: Festuca rubra, Cynosurus
cristatus, red fescue, crested dogstail,
variety testing, yield, digestibility,
persistence.
328 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011
Visite d’un verger de pommiers, Allemagne du Sud. (Photo: Johannes Hanhart, AGRIDEA)
Esther Bravin1, Mirjam Blunschi1, Markus Leumann2, Ueli Straub3, Timo Hirrle4, Johannes Hanhart3,
Richard Hollenstein5 et Bea Steinemann3
1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil2Service de l’agriculture du canton de Schaffhouse, Charlottenfels, 8212 Neuhausen am Rheinfall3Agridea, Eschikon 28, 8315 Lindau4Centre de compétences d’Obstbau-Bodensee, Schuhmacherhof, D-88213 Ravensburg5Canton de St-Gall, Landwirtschaftliches Zentrum SG, 9230 Flawil
Renseignements: Esther Bravin, e-mail: [email protected], tél. + 41 44 783 62 44
I n t r o d u c t i o n
Le projet «Gestion d’exploitation dans l’arboriculture» a
été lancé en 2009 dans le cadre du programme Interreg
IV. Son but: développer les capacités de gestion d’exploi-
tation dans l’arboriculture fruitière professionnelle dans
la région du Lac de Constance. Il est mené conjointe-
ment par huit partenaires des cantons de Thurgovie, de
St-Gall et de Zurich ainsi que de la région du Bade-Wur-
temberg en Allemagne du Sud. La recherche (Agroscope
Changins Wädenswil ACW et le Centre de compétences
d’Obstbau-Bodensee KOB) y est impliquée au même
titre que la vulgarisation (Centrale de vulgarisation agri-
cole AGRIDEA et les services de vulgarisation des cantons
de Thurgovie et de St-Gall) et des institutions privées de
conseil fiscal (Agrotreuhand Thurgau, Steuerbüro Wag-
gershauser et Steuerberatungsgesellschaft Schneken-
burger). Cette hétérogénéité comporte des avantages.
Les conseillers fiscaux et les conseillers en arboriculture
cantonaux sont en contact direct avec la pratique. Ils
peuvent motiver les arboriculteurs à prendre une part
active au projet. Ils savent où ceux-ci connaissent des dif-
Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions | Production végétale
329
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011
Dans le cadre du programme Interreg
«Gestion d’exploitation dans l’arboriculture»
visant à promouvoir les compétences en la
matière des arboriculteurs fruitiers de la
région du Lac de Constance, 90 arboriculteurs
d’Allemagne et de Suisse ont eu l’occasion
d’identifier les enjeux du futur. Ces enjeux
ont été abordés à l’aide de la méthode
«recherche-action», par la formation de
cercles de travail permettant des échanges
entre les acteurs de part et d’autre de la
frontière. Les informations obtenues permet-
tront d’élaborer un guide pratique à l’usage
des arboriculteurs fruitiers de la région du Lac
de Constance, à des fins de vulgarisation et
de formation.
ficultés et comment un projet dans le domaine de la ges-
tion d’exploitation peut leur apporter un soutien utile.
La vulgarisation peut quant à elle transmettre à la pra-
tique les résultats du projet en vue de leur mise en
œuvre. La recherche assume enfin un rôle important de
mise à disposition des informations, de développement
de sujets et de publication des résultats.
Le projet «Gestion d’exploitation dans l’arboricul-
ture» est né de la collaboration au sein du projet Inter-
reg-III Bogo – Bodensee Gemüse und Obst (projet
concernant les cultures maraîchères et fruitières dans la
région du Lac de Constance) et de la collaboration exis-
tant depuis 2004 entre recherche, vulgarisation et pra-
tique dans le cadre du projet «Support Obst Arbo» (SOA).
Lors d’une première rencontre du projet sur terri-
toire suisse et allemand de part et d’autre du Lac de
Constance, les partenaires ont commencé par formuler
des buts communs pour le projet global «Gestion d’ex-
ploitation dans l’arboriculture». Ces buts devront être
atteints via quatre projets partiels dans lesquels les par-
tenaires s’engagent avec leurs compétences propres,
mais avec un budget temps variable. Étant donné que
près de 50 % des fonds nécessaires sont fournis par les
partenaires et 50 % par Interreg, les buts du projet
devraient coïncider avec les domaines dans lesquels les
partenaires travaillent. Le projet a été formulé autant
que possible dans une perspective à long terme, ce qui
signifie qu’à l’avenir, quelques projets partiels seront
reconduits sans le financement d’Interreg. De plus, dès
la phase de planification, un fort accent a été mis sur le
transfert de connaissances à la pratique.
Figure 1 | Régions concernées par le projet et partenaires du projet.
Les quatre projets partiels ou volets du projet
global figurent ci-après.
•• 1er volet ⇒ Comptabilité & gestion de
parcelles
•• 2e volet ⇒ Outil de controlling
•• 3e volet ⇒ Conseil & instruction
•• 4e volet ⇒ Service de documentation &
organisation administrative
Le présent rapport est consacré au 3e volet
«Conseil et instruction».
Centre professionnelet de formation BBZ
Centre agricole LZSGSt.-Gall
Fiduciaire Sàrl Dr. Schekenburger, Ravensburg
Fiduciaire Waggershauser, Überlingen
ForschungsanstaltAgroscope Changins-Wädenswil ACW
Allemagne
AutricheSuisse
Station de recherche
Production végétale | Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions
330 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011
Compétences des arboriculteurs
Demain comme aujourd’hui, pour réussir en arboricul-
ture fruitière, les producteurs devraient disposer de com-
pétences dans les domaines suivants:
•• Technique de production: la culture de nouvelles
variétés, par exemple, exige de bonnes techniques
culturales; les produits phytosanitaires sont à utiliser
après une évaluation compétente de la situation
climatique, de la pression des maladies et du risque de
développement de résistances; pour la régulation de
la charge, il faut tenir compte de l’influence du climat
et des spécificités de chaque variété.
•• Organisation: 60 % de l’ensemble des travaux à
effectuer dans les vergers fruitiers (Arbokost 2010) se
font entre août et octobre. L’importante charge de
travail est assumée principalement par du personnel
externe, ce qui engendre des frais salariaux. L’organi-
sation est très importante si l’on veut éviter le travail à
vide et les temps morts, réaliser de bonnes récoltes et
atteindre un bon rendement du travail.
•• Stratégie: la production fruitière se planifie sur 15 à
20 ans. Les décisions doivent être prises selon une
vision à long terme, elles doivent être cohérentes et
conserver leur validité dans le futur.
•• Finances/gestion d’exploitation: les investissements
dans l’arboriculture fruitière se situent entre
60 000 CHF/ha (pommes) et 130 000 CHF/ha (cerises)
(total des fonds investis à fin de la 3e année de
plantation, Arbokost 2010). Ces investissements
conséquents supposent donc de bonnes compétences
en matière de finances et de gestion d’entreprise. Les
arboriculteurs sont par ailleurs confrontés à un défi
supplémentaire: ils ne reçoivent l’argent de leur
production que lorsque les fruits sortent de l’entrepôt.
Autrement dit, 10 mois peuvent s’écouler entre la
récolte et le moment où ils seront rétribués. Ils doivent
surmonter cette période et engager leurs fonds de
manière judicieuse pour disposer entre-temps des
liquidités nécessaires à couvrir au moins leurs
dépenses à court terme, mais essentielles (p. ex.
main-d’œuvre).
Les arboriculteurs sont par ailleurs sans cesse confrontés
à de nouveaux défis, par exemple, en Suisse, à l’éventua-
lité d’un libre échange agro-alimentaire avec l’UE, ou à
des maladies encore relativement nouvelles (feu bacté-
rien, sharka, etc.). La libre circulation des travailleurs à
partir du mois de mai 2011 entre 8 pays de l’UE pourrait
causer des problèmes à l’agriculture allemande (Huber
2011). Or, sans l’implication des producteurs, la recherche
et la vulgarisation ne peuvent ni l’une ni l’autre définir
avec précision les besoins les plus urgents des arboricul-
teurs et le soutien dont ils ont besoin pour pouvoir conti-
nuer à produire des fruits de manière rentable. Dans le
but d’identifier les principaux de ces défis et de dévelop-
per des solutions qui soient également applicables par
les producteurs, on a opté dans le projet Interreg-IV
«Gestion d’exploitation dans l’arboriculture» pour l’ap-
proche de la recherche-action, une méthode déjà appli-
quée dans le projet «Lait de montagne» (Durgiai et al.
2008). La «recherche-action» selon Moser (1997) a été
décrite par Stähli et Egli-Schaft (2008) comme étant
basée sur un modèle cyclique qui comporte les quatre
éléments suivants:
•• Collecte d’informations: inventaire des informations
venant du groupe et du savoir théorique portant sur
le sujet considéré.
•• Discussion: le groupe analyse et remet en question les
informations en se référant à ses propres expériences.
Le groupe est accompagné par des chercheurs/experts
qui peuvent fournir des recommandations et proposer
des alternatives quand il s’agit de prendre des
décisions.
•• Orientation de l’action: pour l’action sur le terrain, on
détermine un consensus minimal avec certaines règles.
•• Action: concrétisation des résolutions prises.
•• La concrétisation devrait donner de nouvelles impul-
sions pour les cycles futurs.
Workshop daysPour identifier les principaux défis auxquels l’arboricul-
ture fruitière de la région du Lac de Constance sera
confrontée ces cinq prochaines années, les producteurs
ont été invités dans un premier temps à participer à des
journées de travail (ateliers ou workshop days): celles-ci
se sont déroulées fin 2009 et ont permis de recueillir de
premières informations auprès des producteurs.
90 producteurs de fruits, dont 67 du côté suisse et 23
du côté allemand du lac de Constance, ont participé à
cinq ateliers (voir figure ci-dessous). Les 90 producteurs
en question représentent presque le 20 % de tous les
producteurs de fruits sur le territoire helvétique du pro-
jet (les cantons de Zurich, de Thurgovie et de St-Gall
totalisent 472 exploitations arboricoles de plus de 1 ha
de cultures fruitières; OFAG 2011). Du côté allemand du
Lac de Constance, on compte 1759 producteurs de fruits,
ce qui fait que le taux de représentativité de la région
allemande était d’environ 1 % (MLR 2011).
Au cours des ateliers, les producteurs ont pu répondre
aux questions suivantes:
•• Selon vous, à quels défis serez-vous confronté ces cinq
prochaines années?
Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions | Production végétale
331Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011
Mettre l’accent sur les groupes de travail
Les défis identifiés par les producteurs ont été regroupés
par thèmes, ce qui a permis de définir les domaines de
travail suivants:
•• Planification de l’exploitation, gestion du temps et
collaboration.
•• Rationalisation, mécanisation, efficience dans le
travail.
•• Conduite du personnel, coût de la main d’œuvre,
recrutement du personnel.
•• Choix des variétés et des porte-greffes, systèmes de
culture.
•• Prévisions d’avenir, reprise, qualité de vie.
Au début de l’année 2010, les producteurs de fruits de
Suisse et d’Allemagne ont pu s’inscrire pour participer
aux groupes de travail.
De 2010 à 2011, les cinq groupes ont travaillé en
parallèle, selon des méthodes analogues. Pour chaque
groupe, 4 à 5 rencontres étaient prévues. Lors de la pre-
mière rencontre, les participants ont pu encore une fois
cibler et pondérer certains domaines thématiques. Des
thèmes concrets ont été définis à partir des domaines
thématiques généraux des ateliers. Des règles de colla-
boration ont été fixées dans chaque groupe de travail:
•• Comment entendez-vous y réagir ?
•• De quel type de conseils avez-vous besoin à cet effet ?
Les producteurs pouvaient identifier d’abord en groupe
des défis importants. À la fin de l’atelier, chaque partici-
pant pouvait déclarer deux thèmes prioritaires. Les
thèmes priorisés sont représentés à la figure 2. Les résul-
tats révèlent ici quelques différences entre les exploita-
tions suisses et allemandes:
Les résultats obtenus aux ateliers de St-Gall, de Thur-
govie et de Zurich montrent que les producteurs sondés
considèrent l’aménagement du territoire et la crois-
sance des exploitations ainsi que la gestion du person-
nel et la productivité du travail comme leurs principaux
défis des années à venir.
Les résultats des ateliers allemands montrent que
l’équilibre personnel travail / vie privée ainsi que la pro-
ductivité, la pression sur les prix et la conduite du per-
sonnel sont considérés comme les plus grands défis de
ces prochaines années.
La question variétale semble être particulièrement
importante pour les producteurs de fruits du canton de
Thurgovie et de la région de Bodman (D). La commercia-
lisation et l’écoulement sont des thèmes importants
pour les producteurs du canton de Zurich.
17%
14%
32%
6%
5% 3%
6%
11%
6%
Thurgovie (CH)n = 37
8% 8%
17%
17%
50%
Bade-Wurtemberg - Bodman (D)n = 8
16%
4%
20%
4% 28%
4%
24%
Bade-Wurtemberg - Bavendorf (D)n = 15
Aménagement du territoire et croissance des exploitations Gestion du personnel
Productivité et productivité du travail Organisation et collaboration
Équilibre personnel
Commercialisation et écoulement
Pression / chute des prix
Reprise
Variétés
21%
18%
4% 14%
14%
25%
4%
Zurich (CH)n = 14
30%
37%
15%
6%
12%
St-Gall (CH)n = 16
Autres
Figure 2 | Résultats des ateliers (workshop days).
332
Production végétale | Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011
confidentialité des entretiens, établissement d’un
«pv-photo» et obligation de participer. Jusqu’au prin-
temps 2011, 18 rencontres ont eu lieu dans le cadre des
groupes de travail. Le nombre des participants variait
entre 5 et 15 personnes, selon le cercle et les ateliers.
Déroulement des discussions dans les groupes de travail
Les groupes de travail étaient conduits par des collabo-
rateurs des partenaires du projet. Autrement dit par
AGRIDEA, le KOB, les services de vulgarisation des can-
tons de St-Gall et de Thurgovie, par AT-Thurgau ou par
ACW. Une équipe mixte de deux à trois personnes était
responsable de chaque groupe.
Les groupes de travail ont été conçus de manière à ce
que les arboriculteurs déterminent à chaque rencontre
le thème de la prochaine rencontre. Ils pouvaient en
outre se donner eux-mêmes des «devoirs» concernant
leur propre situation dans le verger sur le thème abordé.
La récolte est un exemple de thème traité dans le groupe
de travail «Rationalisation, mécanisation, efficience
dans le travail». Les producteurs ont fait des photos de
leur propre récolte, et lors de la prochaine rencontre, les
avantages et inconvénients des différentes stratégies de
récolte ont été discutés sur la base des clichés. Les ren-
contres des groupes de travail avaient lieu sur les exploi-
tations des participants, en Allemagne ou en Suisse.
Toutes les rencontres des groupes de travail se dérou-
laient à peu près comme suit:1. Accueil
2. Prise de température (p. ex. «ce qui me préoccupe
actuellement, c’est…»)
3. Partie informative: contributions sous forme d’expo-
sés présentés par des experts et/ou présentation
d’expériences/de connaissances par les arboriculteurs
4. Discussion et échange sur les contenus de la partie
informative
5. Consolidation de l’acquis qui émerge de la discussion
(p. ex. «contributions à retenir»)
6. Tour du verger
7. Réactions destinées à l’hôte (chef de l’exploitation),
avec focalisation sur le thème du jour
8. Discussion finale
9. Choix des thèmes de la prochaine rencontre
10. Tour de table: chaque producteur résume la rencontre
en une phrase (p. ex. les idées à retenir, ce qu’il/elle va
utiliser pour son exploitation…)
Les participants reçoivent le de l’atelier. Celui-ci leur sert
d’aide-mémoire contenant les informations générales
discutées et le savoir consolidé. Les groupes de travail se
sont en outre penchés sur les questions de la mise en
œuvre et des liens avec la pratique. L’arboriculteur
devrait être ainsi en mesure de transposer dans son tra-
vail les expériences et le savoir acquis dans le cadre du
groupe de travail. De plus, les producteurs de fruits se
sont imposé eux-mêmes des «devoirs» collectifs dans le
cadre des groupes de travail, afin de se motiver à agir sur
leur propre exploitation.
Guide pratique
Les informations définies par les arboriculteurs et saisies
dans les procès-verbaux permettront d’élaborer un
guide pratique à l’usage des praticiens en arboriculture
fruitière dans la région du Lac de Constance, en Alle-
magne et en Suisse. Ce guide doit servir d’aperçu des
thèmes d’actualité importants pour la pratique. Comme
il contient des ébauches de solution pour les défis de la
branche fruitière, il devrait accompagner tout arboricul-
teur actif. Celui-ci devrait pouvoir y trouver des informa-
tions importantes sur des thèmes spécifiques comme
l’aménagement du territoire, la récolte, les variétés, la
collaboration, etc.
Le guide structuré par thèmes résumés en quelques mots
selon le plan suivant:
➢ Pourquoi ce thème est-il important?
➢ Défi pour le chef d’exploitation
➢ Situation: Allemagne et Suisse
➢ Quels sont les arguments pour?
➢ Quels sont les arguments contre?
➢ Check-list de décision
➢ Remarques sur les informations disponibles
C o n c l u s i o n s
Les producteurs qui ont participé aux rencontres des
groupes de travail ont fort apprécié l’échange transfron-
talier avec des collègues de la profession. Ils ont pu
constater des similitudes et des différences, et ils en ont
tiré des enseignements. De nombreux arboriculteurs ont
apprécié le fait que les rencontres des groupes de travail
aient lieu sur des exploitations d’autres producteurs. La
présentation et la gestion des vergers et des exploita-
tions de leurs collègues leur ont permis d’élargir leur
savoir de manière appréciable. Une partie des arboricul-
teurs ayant participé aux cercles de travail souhaitent
pouvoir continuer de travailler ensemble sur des thèmes
spécifiques dans le cadre d’ateliers. Les thèmes proposés
par les producteurs étaient souvent très spécifiques. La
mise à disposition des informations probantes et utiles
présentées dans les exposés a été un véritable défi. Vu la
diversité des thèmes, l’élaboration d’un guide pratique
s’avère difficile. On peut dire que dans le projet Inter-
reg-IV «Gestion d’exploitation dans l’arboriculture», la
méthode de la recherche-action a fait ses preuves. n
333
Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Action research: Fruit growers search
for solutions
The objective of the Interreg project
«Fruit management» is to improve the
management competences of fruit
growers in the lake Constance region.
90 Swiss and German fruit growers
identified their future challenges. By
using the action research, fruit growers
identified theses challenges and
searched for solutions in working
groups. These informations will be
collected and published in a handbook
which will be used for extension and
instruction purposes.
Key words: action research, fruit
growers.
Ricerca mirata: frutticoltori alla ricerca
di soluzioni
Nell’ambito del progetto Interreg
«gestione frutticoltura» a sostegno del
miglioramento delle competenze di
gestione nella frutticoltura professio-
nale nella regione del lago di Costanza,
90 frutticoltori tedeschi e svizzeri
hanno potuto focalizzare le loro future
sfide. Con il sostegno di attività legate
ad una ricerca mirata, è stato possibile
elaborare a livello transfrontaliero
queste sfide mediante la formazione di
gruppi di lavoro. Le informazioni
elaborate hanno permesso di definire
delle linee guida per i frutticoltori della
regione del lago di Costanza, linee
guida le quali saranno utili anche per
la consulenza e la formazione.
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011
Bibliographie b Arbokost 2010. Betriebswirtschaftliches Simulationsprogramm, Agroscope Changins Wädenswil. Accès: www.arbokost.info-acw.ch /[14.4.2011]
b Durgiai B., Blätter T., Etter L. & Hug-Sutter M., 2008. Strategie-Instru-mente für Bauern und Käsereibetriebe. Agrarforschung 15 (1), 7–12
b Huber F., 2011. Saisonarbeitskräfte 2011 – nur begrenzte Erleichterung. Das Landwirtschaftliche Wochenblatt (LW) Hessen – Rheinland-Pfalz. Accès: http://www.lw-heute.de/saisonarbeitskraefte-2011-begrenzte- erleichterung? [14.4.2011]
b Ministerium für Ländlichen Raum (MLR), Ernährung und Verbraucher-schutz Baden- Württemberg, 2011. Generelle Statistik Obstbaubetriebe 2011, Stuttgart.
b Moser H., 1997. Praxis der Aktionsforschung. Kösel, München. 119 p. b Office fédéral de l'Agriculture OFAG, 2011. Statistik der Obstkulturen – Betriebsgrössenstruktur global. Accès: www.blw.admin.ch [14.4.2011]
b Stähli R. & Egli-Schaft W., 2008. Aktionsforschung, eine Forschungsme-thode auch für die Landwirtschaft. Agrarforschung 15 (1), 4–6.
334
Le recours à des variétés de pommes résistantes à la tavelure et à une stratégie judicieuse de protection des plantes permet de réduire l’application de produits phytosanitaires et leurs effets sur l’environnement. (Photo: ACW)
I n t r o d u c t i o n
Avec sa nouvelle directive 2009/128/CE, l’UE veut assurer
une utilisation raisonnée des produits phytosanitaires et
diminuer la dépendance de ces produits (CE 2009). Des
programmes nationaux sont censés encourager la pro-
tection phytosanitaire intégrée ainsi que les méthodes et
techniques alternatives. Les stratégies phytosanitaires
devront respecter l’environnement tout en étant effi-
caces et rentables. Il n’existait pas jusqu’à présent de
méthode transparente d’évaluation des aspects écono-
miques et écologiques de la durabilité. Les méthodes
établies ne traitent que d’aspects partiels tels les effets
sur la santé humaine ou sur l’environnement. Dans le
cadre du projet ENDURE de l’Union européenne et en
collaboration avec d’autres instituts européens (Bigler et
al. 2011), les stations de recherche ACW et ART ont mis
au point une méthode permettant de comparer la dura-
bilité de diverses stratégies phytosanitaires. Cette
méthode est appelée «SustainOS» («Sustain» pour dura-
Andreas Naef1, Patrik Mouron2 et Heinrich Höhn1
1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil2Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich
Renseignements: Andreas Naef, e-mail: [email protected], tél. +41 44 783 62 57
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011
Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires | Production végétale
335
Rés
um
é
bilité et «OS» pour Orchard Systems). La méthode
Sustain OS comprend une description du système, une
analyse quantitative des aspects partiels de la durabilité
et une agrégation en vue d’établir la durabilité globale.
Dans le cadre d’une étude de cas, SustainOS a été utilisé
pour comparer quatre stratégies phytosanitaires dans
cinq régions d’Europe productrices de pommes. Le but
principal de cette étude de cas était d’élaborer des stra-
tégies phytosanitaires novatrices à écotoxicité réduite.
L’étude a aussi pris en compte d’autres critères de dura-
bilité et l’application des directives nationales de la pro-
tection phytosanitaire intégrée. Nous présentons ici les
résultats de cette étude pour la production de pommes
en Suisse à l’exemple de la région du lac de Constance.
M é t h o d e S u s t a i n O S
La nouvelle méthode comprend plusieurs étapes et les
travaux correspondants sont effectués par un groupe
d’experts. La fig. 1 présente schématiquement le dérou-
lement des opérations. L’évaluation est basée sur une
description des divers systèmes de production (fig. 1a).
Ces descriptions comprennent les données qui seront uti-
lisées pour le calcul des critères de durabilité à l’aide de
méthodes quantitatives telles qu’écobilan, calcul du
risque environnemental et comptabilité analytique (fig.
1b). Les critères de durabilité sont ensuite évalués selon
un système de référence spécifique à la région considé-
rée (fig. 1c). Pour ce faire, nous avons utilisé une échelle
Les stratégies phytosanitaires du futur
devront être efficaces et économiques tout
en ménageant l’environnement. La méthode
SustainOS permet d’évaluer la durabilité des
stratégies phytosanitaires dans la production
de pommes. Elle comprend une description
du système de culture considéré, le calcul des
critères partiels de durabilité ainsi que leur
agrégation pour obtenir une valeur de la
durabilité globale. Dans une étude de cas,
la méthode a été utilisée pour l’analyse
comparative de quatre stratégies phytosani-
taires dans la région du Lac de Constance.
Ces stratégies allaient d’un système dépen-
dant fortement de l’application de produits
phytosanitaires à un système novateur, dans
lequel les produits phytosanitaires sont en
grande partie remplacés par des mesures
alternatives de protection des plantes. Il
ressort de l’étude que les mesures phytosani-
taires alternatives disponibles permettent de
réduire l’écotoxicité et d’autres effets de la
protection phytosanitaire sur l’environne-
ment. Ce progrès écologique s’accomplit
toutefois au prix de désavantages écono-
miques. Le résultat économique pourrait être
à l’avenir amélioré par des stratégies
phytosanitaires novatrices ainsi qu’avec de
nouvelles variétés résistantes censées assurer
des rendements plus élevés et plus stables.
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011
Description de plusieurs systèmes de culture de pommesDéfinition par des experts des conditions cadres régionales, des objectifs et des mesures phytosanitaires
Méthodes d’analyse quantitatives Écobilan, risques environnementaux des produits phytosanitaires, comptabilité analytique
Durabilité globale
Agrégation des critères de base
Critères de base de la durabilitéRésultats d’analyse évalués selon un système de référence régional
c
a
b
d
Estim
atio
n de
s ex
pert
s po
ur l‘
influ
ence
sur
au
xilia
ires
Dendrogramme hiérarchisé des critères (fig. 2)
Figure 1 | Les étapes de la méthode SustainOS récemment développée pour évaluer et optimiser la durabi-lité de divers systèmes de culture.
Production végétale | Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires
336
d’évaluation allant de 1 (nettement inférieur) à 5 (nette-
ment meilleur). Les critères évalués de la sorte ont
ensuite été reportés à la base d’un dendrogramme hié-
rarchique des critères (fig. 2). À partir des moyennes
pondérées de deux axes, l’un écologique et l’autre éco-
nomique, nous avons obtenu des critères agrégés qui
nous ont permis finalement de calculer une valeur de
durabilité globale (fig. 1d). Une description détaillée de
la méthode de travail est disponible sur Internet; elle
comprend également les données bibliographiques
correspondantes et peut être téléchargée sous:
http://www.agroscope.admin.ch/obstbau/00878/index.
html?lang=fr, rubrique «Infos complémentaires».
R é s u l t a t s d e l ’ é t u d e d e c a s « P r o d u c t i o n d e p o m m e s e n S u i s s e »
Système «Baseline»
Comme il s’agissait de mettre en évidence le potentiel
d’amélioration de chaque région, toutes les évaluations
ont été faites par rapport à un système de référence
pour la région en question. Du fait des importantes dis-
parités entre les diverses exploitations, il s’est révélé dif-
ficile de définir un système de culture représentatif. Par
ailleurs, il n’est pas judicieux de recourir à un système
basé sur les moyennes des applications saisonnières de
produits phytosanitaires, car les risques pour l’homme et
l’environnement ne peuvent être évalués que sur la base
des quantités réelles de substance active. Par conséquent,
pour la partie de la région du Lac de Constance située en
Suisse, des experts en culture fruitière ont défini comme
système de référence une stratégie phytosanitaire
concrète satisfaisant aux prescriptions de la protection
phytosanitaire intégrée (SAIO 2009) et aux recomman-
dations phytosanitaires d’Agroscope ACW (Linder et al.
2009) de 2009 (tabl. 1). Pour une variété commerciale
sensible à la tavelure, on a tablé sur une cible de rende-
ment de 35 t/ha et une part de 75 % de fruits de classe 1,
ce qui correspond aux valeurs généralement observées
en protection phytosanitaire intégrée dans des vergers
conduits dans les conditions d’hygiène usuelles dans la
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011
Tableau 1 | Stratégies phytosanitaires de quatre systèmes de culture de pommes
Système de culture
BaselineGAP 2009«Chimique»
Advanced 1GAP 2009Mesures alternatives
Advanced 2Mesures alternatives & réduction des résidus
Innovative Axes de recherche actuels
Description des mesures phytosa-nitaires
• Variétés sensibles à la tavelure • Mesures phytosanitaires recom-
mandées par ACW en 2009• Gestion des résistances • Sans mesures phytosanitaires
alternatives • Mesures d’hygiène
• Variétés résistantes à la tavelure • Produits phytosanitaires à faible
écotoxicité • Filets anti-grêle • Antagonistes du feu bactérien • Technique de confusion • Favorisation des auxiliaires • Engazonnement des rangées
d’arbres dès l’été • Mesures d’hygiène
• Variétés résistantes à la tavelure • Fongicides biologiques après
floraison • Traitement à l’eau chaude après
la récolte • Isolement total par filets • Antagonistes du feu bactérien • Technique de confusion • Favorisation des auxiliaires • Lutte mécanique contre les
adventices • Mesures d’hygiène
• Variétés à résistances multigéniques
• Isolement total par filets • Protection contre la pluie • Nématodes entomopa-
thogènes • Captures en masses • Push & pull• Attract & kill• Lutte mécanique contre
les adventices • Pesticides sans effets
secondaires• Mesures d’hygiène
Nombre d’applications de substances diverses et nombre de passages (entre parenthèses)
Lutte contre les ravageurs
7 (2) 4 (1) 3 (1) 5 (4)
Lutte contre les maladies
25 (13) 16 (9) 21 (10) 3 (3)
Lutte contre les adventices
7 (3) 4 (2) 0 0
Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires | Production végétale
337
teur de résistances. Les divers insecticides et acaricides
n’ont été utilisés qu’une fois par an et on a changé de
groupe de substances actives d’année en année, avec
une rotation sur quatre ans. Pour l’évaluation de la
dérive, on a tablé sur la présence de filets anti-grêle sur
40 % et de haies sur 10 % des surfaces.
Système «Advanced 1»
Outre le système de référence, les experts en culture
fruitière ont décrit pour la région du lac de Constance un
système de protection phytosanitaire moderne, à éco-
toxicité optimisée. Le système nommé Advanced 1 a uti-
lisé plusieurs mesures phytosanitaires alternatives dispo-
nibles (tabl. 1). L’utilisation de variétés résistantes à la
tavelure a permis de réduire le nombre de traitements
fongicides de 12 à 7. Les traitements restants étaient
indispensables pour maintenir la résistance à la tavelure
et le contrôle sur d’autres pathogènes. Deux traitements
contre le feu bactérien ont été conduits à l’aide de bac-
téries antagonistes, de manière à remplacer la strepto-
mycine du système Baseline. Le recours à la lutte par
pratique. En vue d’une utilisation appropriée des pro-
duits phytosanitaires, il a été recouru aux services
d’alerte et fait usage des seuils de tolérance existants. La
maladie prédominante de la région étant la tavelure, on
a tablé sur 12 traitements fongicides par saison pour
l’éviter. Dans la mesure du possible, ces traitements ont
été combinés avec les traitements fongicides contre
d’autres maladies telles l’oïdium et les maladies d’entre-
posage, ainsi que des traitements insecticides contre le
carpocapse des pommes et les pucerons. On s’est basé en
outre sur six pulvérisations distinctes d’herbicides, d’in-
secticides et de bactéricides (feu bactérien). Dans le
cadre de cette stratégie, il y a donc eu 18 passages par
saison, avec application de 39 substances différentes. Le
choix des substances s’est fait en veillant à assurer une
bonne efficacité, à ménager les auxiliaires et à gérer les
résistances de manière durable. Les groupes de fongi-
cides à haut risque de développement de résistances
(anilinopyrimidines, strobilurines et inhibiteurs de la syn-
thèse des stérols) n’ont été utilisés que deux fois par sai-
son et ont été combinés avec du captane, faible induc-
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011
Durabilité écologique/économique
Durabilité écologique Durabilité économique
Consommationde ressources
Qualité de l’environnement Toxicité humaine
Énergie Terre EauRessource minières
Écoto-xicité
Influencesur
auxi-liaires
Pot.effet
de serre
Potentield’eutro-phisation
Qualité des écosystèmes terrestres
Qualité des écosystèmes aquatiques
Écotoxicité terrestre
Risque terrestre
Risque aquatique
Écotoxitiéaquatique
RisquechroniqueRisque aiguRisque aigu Risque
chronique
Rentabilité Risque à la production
Autonomie
Revenufamilial(par h)
Frais de production
(par kg)
Gain net(par ha)
Fluctua-tions du revenu
Probabilité de gr.
pertes de récoltes
Capitalinvesti
(par ha)
Recettesdu capital(par ha)
Figure 2 | Dendrogramme hiérarchisé des critères: la durabilité globale se compose de plusieurs critères partiels de la durabilité écolo-gique et économique. Comme l’optimisation de l’écotoxicité (jaune) constituait l’objectif primaire de la présente étude, ce critère partiel a été subdivisé en autres sous-critères. Bleu: critères de base reposant sur des méthodes d’analyse quantitatives.
Production végétale | Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires
338 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011
confusion et la favorisation des auxiliaires ont permis
d’éviter des traitements aux insecticides novaluron et
chlorpyrifos-éthyle ainsi qu’à l’acaricide tébufenpyrade,
trois produits à profil écotoxique relativement mauvais.
Par ailleurs, l’engazonnement des rangées d’arbres frui-
tiers dès le mois de juin a permis d'économiser trois
applications d’herbicides (un traitement au glyphosate
au lieu de deux, pas de recours au linuron et au diuron).
Au total, cette stratégie a permis de réduire les applica-
tions de matières actives de 39 (Baseline) à 24. Ces subs-
tances ont été appliquées en 12 passages par saison. La
dérive des produits phyto sanitaires a par ailleurs été
encore réduite par l’installation de filets anti-grêle sur
80 % des surfaces et par l’utilisation sur 50 % des sur-
faces de diffuseurs réduisant la dérive. Pour atteindre les
valeurs de risque de production du système Baseline, les
producteurs doivent investir plus de temps, car ils doi-
vent effectuer des contrôles visuels supplémentaires
dans les vergers et suivre des cours de perfectionnement
dans le domaine de la protection phytosanitaire.
Les calculs se basant sur des écobilans et l’évaluation
des risques environnementaux ont montré que les
mesures phytosanitaires alternatives choisies (tabl. 1)
permettent d’abaisser considérablement l’écotoxicité
ainsi que les risques pour les systèmes aquatiques et ter-
restres (fig. 3a). En outre, par rapport au système usuel
Figure 3 | Comparaison des systèmes de culture des pommes décrits dans le tableau 1 relativement aux critères d’écotoxicité aquatique et de frais de production ; critères agrégés de la durabilité écologique et de la durabilité économique. Sur l’échelle des graphiques (c) et (d), les chiffres 1 à 5 représentent les classes d’évaluation suivantes : 1 = très inférieur à Baseline, 2 = inférieur à Baseline, 3 = semblable à Baseline, 4 = supérieur à Baseline, 5 = nettement supérieur à Baseline.
1
2
3
4
5
Clas
ses
d’év
alua
tion
(c) Durabilité écologique
1
2
3
4
5
Clas
ses
d’év
alua
tion
(d) Durabilité économique
0%
20%
40%
60%
80%
100%
120%
(a) Exemple écotoxicité aquatique
0%
20%
40%
60%
80%
100%
120%
(b) Exemple frais de production par kg
Évaluation écologique Évaluation économique
Critères agrégés
Baseline Advanced 1 Advanced 2 Innovative Baseline Advanced 1 Advanced 2 Innovative
Baseline Advanced 1 Advanced 2 Innovative Baseline Advanced 1 Advanced 2 Innovative
Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires | Production végétale
339Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011
entièrement abandonnés au profit d’un désherbage
mécanique. Les auxiliaires tels que les parasitoïdes et
les acariens prédateurs ont été encore mieux protégés
et favorisés, voire répandus activement, ce qui a permis
de réduire encore davantage le besoin de traitements
insecticides ou acaricides. L’isolement total par des
filets a réduit l’arrivée de ravageurs volants et l’exclu-
sion d’abeilles contaminées a aidé à lutter contre le feu
bactérien. Par rapport au système Advanced 1, il n’a
pas été possible de réduire encore le nombre d’applica-
tions de substances phytosanitaires par saison, la baisse
du nombre de traitements insecticides ayant été com-
pensée par un recours accru aux fongicides. Ceci pour
la simple raison que les fongicides de synthèse n’ont
été utilisés que jusqu’à la fin de la floraison. Pendant le
reste de la saison, la lutte contre l’oïdium, les taches de
pluie et les maladies d’entreposage a été menée à
l’aide de bicarbonates et de soufre. Ces fongicides bio-
logiques ont une durée d’action assez brève et résis-
tent mal à la pluie, si bien qu’il faut raccourcir les inter-
valles entre deux traitements. La maladie de
conservation due à Gloeosporium a été en outre com-
battue par un traitement à l’eau chaude des fruits
récoltés. Cette stratégie devrait permettre de répondre
aux souhaits des consommateurs d’éviter sur les fruits
toute trace de résidus de produits phytosanitaires. La
Baseline, elles ont aussi permis d’abaisser la toxicité pour
l’être humain, en raison de la diminution des traite-
ments fongicides et herbicides ainsi que des mesures de
réduction de la dérive des produits de traitement. L’op-
timisation du système de culture au niveau de l’écotoxi-
cité et de la toxicité pour l’être humain n’a toutefois
entraîné que de légères améliorations de la durabilité
globale (fig. 3c), car les mesures phytosanitaires rete-
nues n’apportent pas d’amélioration au niveau d’autres
critères écologiques tels que consommation d’énergie,
de terres et d’eau ou encore de potentiel d’effet de
serre. Le rendement économique du système Advanced 1
est inférieur à celui du système Baseline et l’autonomie
financière moindre; en effet, pour un volume de pro-
duction égal et une même proportion de fruits de
classe 1, il faut un investissement plus important (davan-
tage de filets anti-grêle) et plus d’heures de travail
(monitoring). Le recours à des mesures phytosanitaires
alternatives péjore par conséquent le résultat au niveau
de la durabilité économique.
Système «Advanced 2»Ce système est également basé sur des variétés résis-
tantes à la tavelure, mais il comprend davantage de
mesures phytosanitaires alternatives qu’Advanced 1
(tabl. 1). Les traitements aux herbicides ont ainsi été
Figure 4 | La lutte par confusion sexuelle contre le carpocapse, au moyen de diffuseurs de phéro-mones, a fait ses preuves dans la pratique et remplace 2 à 3 traitements d’insecticides.
340
Production végétale | Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires
dérive de produits phytosanitaires a été réduite davan-
tage encore par le recours à des buses et à des outils
réduisant la dérive. La renonciation aux fongicides de
synthèse après la floraison a augmenté la probabilité
de maladies secondaires, ce qui a entraîné une variabi-
lité supérieure de la récolte et un plus grand risque de
pertes.
Ce système de culture, qui vise en premier lieu à
réduire la présence de résidus de pesticides, s’il a l’avan-
tage de mieux protéger les auxiliaires que le système
Advanced 1, n’a apporté d’améliorations ni en matière
d’écotoxicité, ni de toxicité humaine, ni au niveau de la
consommation de ressources. Le bon résultat concer-
nant la réduction de la dérive a permis un léger gain au
niveau des risques environnementaux. Mais au total, le
recours à des mesures phytosanitaires alternatives sup-
plémentaires et à des fongicides biologiques une fois la
floraison terminée n’a pas amélioré la durabilité écolo-
gique (fig. 3c). De plus, les investissements plus impor-
tants (isolement total par des filets, infrastructures pour
le traitement des fruits à l’eau chaude, etc.) ainsi qu’une
rentabilité réduite (du fait des heures de travail supplé-
mentaires pour la lutte mécanique contre les adventices,
ainsi que de l’irrégularité accrue des volumes récoltés et
de la qualité) ont péjoré les résultats au niveau de la
durabilité économique (fig. 3d).
Système «Innovative»
Le système Innovative était basé sur l’hypothèse que
dans les dix ans qui viennent, de nouvelles mesures phy-
tosanitaires alternatives seraient disponibles, qui ren-
draient possible des volumes de récolte élevés et stables
en ne nécessitant qu’un minimum de produits phytosa-
nitaires. Les variétés cultivées étaient résistantes ou tolé-
rantes aux pathogènes principaux tavelure, oïdium, feu
bactérien et pucerons. L’hypothèse d’une renonciation à
la protection des résistances génétiques avec pesticides
ne fait sens que si ces résistances reposent sur plusieurs
gènes. Les programmes de sélection actuels ne compren-
nent encore une résistance multigénique que pour la
tavelure. Il s’écoulera probablement plutôt 30 ans que
10 jusqu’à ce que soient commercialisées des variétés à
résistance multigénique contre plusieurs pathogènes. En
complément aux résistances génétiques, nous avons
admis l’application d’autres mesures phytosanitaires
telle que les systèmes «attract and kill» ou des néma-
todes entomopathogènes. Pour les traitements restants,
on a admis l’existence de nouveaux produits phytosani-
taires, sans effets secondaires sur les organismes non
visés. Nous avons par ailleurs utilisé des filets anti-grêle
et des mesures de réduction de la dérive sur toutes les
surfaces étudiées.
Toutes ces hypothèses concernant ce système futuriste
posées, il a été possible d’améliorer la durabilité tant
écologique qu’économique (fig. 3), parce que seul un
petit nombre de mesures phytosanitaires directes sont
nécessaires et que l’on peut en attendre des récoltes plus
abondantes et stables relativement à la quantité et à la
proportion de fruits de classe 1.
D i s c u s s i o n
L’étude de cas en matière de production de pommes a
montré qu’il existe un fort potentiel d’amélioration au
niveau de l’écotoxicité de la protection phytosanitaire.
L’écotoxicité n’est toutefois qu’un des aspects de la dura-
bilité de la production de pommes. Comparativement au
système Baseline, les systèmes Advanced 1 et 2 paient les
progrès sur le plan de l’écotoxicité et de la toxicité
humaine par des désavantages concernant la durabilité
économique. Comme on a tablé sur les mêmes prix pour
tous les fruits, quel que soit le système appliqué, il serait
possible d’améliorer la durabilité globale d’Advanced 1
et 2 si les avantages écologiques pouvaient être mon-
nayés sous forme d’un meilleur prix des fruits. Les résul-
tats montrent aussi que si l’on renonce aux produits phy-
tosanitaires de synthèse, le risque de fluctuation des
revenus tend à augmenter en raison des fluctuations
quantitatives des récoltes. La baisse du risque de fluctua-
tion des récoltes au niveau atteignable avec les produits
phytosanitaires actuels présuppose des mesures alterna-
tives à long terme comme il a été admis en relation avec
le système dit Innovative. Les résultats montrent aussi
l’importance des diverses substances à fort potentiel de
dangerosité pour l’environnement ainsi que l’effet des
mesures réduisant la dérive des produits de traitement
utilisés dans les vergers. Il serait possible de réduire
considérablement l’impact des produits phytosanitaires
sur les écosystèmes par l’utilisation de produits de subs-
titution au lieu de produits dangereux pour l’environne-
ment et par la mise en place de mesures réduisant la
dérive des produits. n
Remerciements
Nous tenons à remercier ici nos collègues de ENDURE Orchard System Casestudy: E. Bravin, A. Patocchi, Jörg Samietz (Agroscope ACW), U. Aubert, F. Bigler, G. Gaillard, F. Hayer, J. Hernandez, G. Mack (Agroscope ART), B. Heijne (Applied Plant Research, Wageningen NL), J. Strassemeyer (Julius Kühn-Institut, Kleinmachnow D), A. Alaphilippe, C. Lavigne, B. Sauphanor (INRA, Saint-Marcel-lès-Valence F), J. Avilla, J. Solé (IRTA, Universidad de Lleida, Lleida ES), M. Bohanec (Jožef Stefan Institute, Ljubljana SL).
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011
341
Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Bibliographie b Bigler F., Aubert U., Dubuis P.-H., Hayer F., Hernandez-Rivera J., Mack G., Meissle M., Mouron P., Naef A. & Strassemeyer J., 2011. ENDURE – un réseau pour la protection durable des cultures en Europe. Recherche A gronomique Suisse 2 (2), 72–79.
b Linder C., Viret O., Kehrli P., Delabays N., Höhn H., Naef A., Holliger E., Widmer A. & Neuweiler R., 2008. Guide phytosanitiare pour l’arboriculture fruitière 2008/2009. Revue suisse de Viticulture Arboricul-ture Horticulture 40 (1), 13–57.
b SAIO, 2009. Richtlinien für den ÖLN und die integrierte Obst-Produktion in der Schweiz. Schweiz. Arbeitsgruppe für Integrierte Obstproduktion, Zug. 18 p.
b UE, 2009. Directive 2009/128/CE du Parlement européen et du Conseil du 21 octobre 2009 instaurant un cadre d’action communautaire pour par-venir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable. Journal officiel de l’Union européenne L309, 71 – 86.
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 334–341, 2011
Sustainability rating of crop protection
strategies in apple production
Future plant protection strategies
should be efficacious, economic and
environmentally acceptable. The
SustainOS methodology has been
developed to assess the sustainability
of crop protection strategies in apple
orchards. The methodology consists of
a system description structure, an
assessment step for subcriteria of
sustainability and an aggregation of
these subcriteria to an overall sustain-
ability. The method has been applied in
a case study on four plant protection
strategies in apple orchard systems in
the Swiss Lake of Constance region.
The strategies reached from a system
strongly depending on pesticides to an
innovative system in which pesticides
were replaced to a large extend by
alternative plant protection measures.
It could be shown that ecotoxicity and
other environmental impacts of plant
protection measures could be
improved by implementation of
alternative plant protection measures
available today. However, economic
disadvantages were the drawback of
the ecological progress. An improved
economic situation could be achieved
with future innovative crop protection
strategies and new resistant varieties
assuming higher and more stable yield.
Key words: sustainable agriculture,
horticulture, integrated pest manage-
ment (IPM), life cycle assessment, apple
orchards.
Valutazione della sostenibilità delle
strategie di protezione fitosanitaria
nella produzione di mele
Le future strategie fitosanitarie devono
essere efficaci, economiche ed ecologi-
che. La metodologia SustainOS
permette di esaminare la sostenibilità
delle strategie fitosanitarie nella
coltivazione di mele. Tale metodologia
comprende una descrizione del sistema
di coltura considerato, il calcolo dei
criteri parziali di sostenibilità come
pure la loro aggregazione per ottenere
un valore di sostenibilità globale.
La sua applicazione è stata eseguita su
quattro diverse strategie fitosanitarie
utilizzate nella regione svizzera del
lago di Costanza. Le strategie spazia-
vano dal sistema fortemente dipen-
dente di prodotti fitosanitari ad uno
innovativo, in cui i pesticidi erano stati,
in gran parte, sostituiti da misure
fitosanitarie alternative. Si è così
potuto constatare come l’ecotossicità
ed altri effetti ambientali causati da
prodotti fitosanitari siano migliorati
attraverso le misure fitosanitarie
alternative disponibili. Questo pro-
gresso ambientale è tuttavia associato
a degli svantaggi economici. In futuro i
risultati economici potrebbero essere
migliorati attraverso strategie fitosani-
tarie innovative e da nuove varietà
resistenti che dovrebbero assicurare
rese più elevate e stabili.
342 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 342–347, 2011
I n t r o d u c t i o n e t o b j e c t i f s
La station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon
ART, en collaboration avec l’Institut pour la gestion de
l’environnement et des ressources naturelles (IUNR) de la
Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW),
a mis en place un projet de recherche pour mieux com-
prendre le système du Care Farming en Suisse et analyser
ses potentiels. Trois workshops, organisés en 2010 avec
des représentants des sphères professionnelles les plus
diverses, ont permis d’analyser la situation actuelle, de
discuter des potentiels d‘amélioration et de développer
des possibilités d‘action.
Le concept de Care Farming désigne la réalisation de
prestations sociales dans l’agriculture. Concrètement,
cela représente les prestations d’encadrement, de prise
en charge, d’éducation et de formation fournies dans les
exploitations familiales agricoles contre paiement
(Wydler et Picard 2009). En offrant la possibilité de colla-
borer au travail de l’exploitation et de s’intégrer dans la
vie familiale, les familles paysannes contribuent à la
santé, au bien-être et à l’intégration des personnes
atteintes de maladies psychiques et physiques, ou issues
de milieux sociaux difficiles.
Peu d’études scientifiques ont été effectuées à ce
jour sur le Care Farming en Suisse, bien que ce type de
prestations existe depuis longtemps et soit ancré dans la
culture rurale de notre pays. Il n’existe par exemple
aucune donnée comptable concrète sur l’importance
économique de ces prestations pour les exploitations
agricoles. Une enquête (Wydler 2009) réalisée par écrit
auprès d’exploitations familiales agricoles qui fournis-
sent des prestations sociales a montré que les offres, les
indemnités financières (pour les familles d’accueil
comme pour les personnes prises en charges), la qualité,
ainsi que les directives étaient très diverses. Cette
enquête a également montré que les personnes char-
gées de l’encadrement étaient modérément satisfaites
de leur travail dans le domaine du Care Farming. En
revanche, la relation avec la personne prise en charge
était la plupart du temps perçue comme positive.
Les workshops ont chacun réuni 15 à 20 personnes, avec
pour but:
•• de faire l’état des lieux des prestations sociales dans
l’agriculture et d’en débattre,
•• d’établir des visions communes de la situation dans 25
ans et d’en débattre,
•• d’esquisser des stratégies d’action à court terme pour
promouvoir et exploiter les potentiels existants,
•• et enfin, de citer des acteurs possibles en vue d’une
mise en pratique concrète.
Les trois workshops ont permis de réunir des informa-
tions dans les différentes perspectives des participants,
de promouvoir la transparence par l’échange et la colla-
boration, ce qui a abouti à une meilleure mise en réseau
de personnes appartenant aux sphères les plus diverses.
Organisation des workshops
Les workshops ont été organisés selon le concept Transi
tion Management (TM) de Loorbach (2007), qui offre un
modèle de cadre théorique de développement durable
et d’innovations dans la société. Différents acteurs issus
Sara Widmer1, Hans Wydler1 et Yvonne Christ 2 1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen2Institut pour la gestion de l’environnement et des ressources naturelles IUNR, Haute école zurichoise des
sciences appliquées ZHAW, 8820 Wädenswil
Renseignements: Hans Wydler, e-mail: [email protected], tél. +41 58 934 55 39
Potentiel de développement du Care Farming
S o c i é t é
Figure 1 | Participants au workshop lors du développement de concepts. (Photo: ART)
Potentiel de développement du Care Farming | Société
343
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 342–347, 2011
de divers milieux (agriculture, social, développement
rural, santé) ont pris part aux ateliers. Selon le TM, le
développement ne peut être durable qu’en se fixant des
objectifs à long terme (au moins au-delà d’une généra-
tion, environ 25 ans) et en intégrant des acteurs divers et
hétérogènes, dans un processus et une vision à long
terme. Cette vision est mise en pratique à travers diffé-
rentes stratégies d’action à court terme, régulièrement
adaptées aux nouvelles conditions; les acteurs partici-
pant peuvent évoluer avec le temps et être remplacés.
La méthode World Café a été choisie pour la discus-
sion de la situation actuelle. Un maximum de cinq per-
sonnes se retrouvent autour d’une table pendant
20 minutes, échangent leurs opinions sur un sujet et écri-
vent leurs idées sur la nappe. Au bout de 20 minutes, le
petit groupe va s’asseoir à une autre table et discute
d’un autre sujet en repartant des notes du groupe pré-
cédent. Ce procédé est répété trois fois. Après trois
cycles de discussions, le débat est repris avec la totalité
du groupe (The World Café Community 2002). Les parti-
cipants apportent des idées clés à de nouvelles tables,
échangent des perspectives et aboutissent à des résul-
tats nouveaux et étonnants. La réaction immédiate des
participants aux idées des autres permet d’approfondir
l’axe prioritaire du sujet traité dans une perspective
interdisciplinaire. Des questions générales ont été
posées aux tables du World Café afin de lancer la discus-
sion. Les résultats consignés sur les nappes ont permis de
développer de nouvelles idées pour des visions à long
terme et ont fourni une base aux stratégies d’action, éla-
borées en groupes ultérieurement.
Les trois workshops ont duré une journée chacun. Au
préalable, les thèmes possibles des workshops ont été
sélectionnés à partir d’analyses contextuelles et de dis-
cussions avec des experts, puis adaptés régulièrement à
l’état actuel du projet. Les participants ont été choisis en
fonction des résultats de précédents workshops, ou à
l’aide d’experts en fonction de leur représentativité par
rapport au thème du workshop: représentants de la
santé, des services sociaux et de l’agriculture – du côté
offre comme du côté demande. Les «profils» de partici-
pants suivants ont assisté au moins à une séance: une
personne anciennement prise en charge, des «Care Far-
mer» qui encadrent différents groupes-cibles, des orga-
nisations en réseaux, des représentants de la formation
professionnelle et continue dans les secteurs agricole et
social, des acteurs du monde médical, des organisations
professionnelles, des représentants des offices fédéraux
et des cantons, d’autres acteurs nationaux et ONG, et les
organisateurs d’Agroscope ART et de la ZHAW.
Toutes les déclarations des participants ont été enregis-
trées à l’aide de photographies, d’esquisses, de schémas,
Pour mieux comprendre le Care Farming
(prestations sociales fournies par les familles
agricoles) et mieux analyser son potentiel de
développement, la station de recherche
Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et la
Haute école zurichoise des sciences appli-
quées (ZHAW) ont organisé en 2010 trois
workshops avec des spécialistes venus des
sphères professionnelles les plus diverses.
Les participants aux workshops estiment à
l’unanimité que le Care Farming recèle un
important potentiel. Les mesures ciblées
suivantes pourraient permettre de mieux
exploiter ce système de prestations sociales:• meilleure transparence entre les participants:
présentation des exigences, des indemnisa-
tions, des règlements et des compétences;
• meilleure communication et mise en réseau
entre les personnes impliquées dans les
prestations sociales;
• mise en place d’un organe de coordination
central pour exploiter les potentiels;
• mise en place d’un système d’assurance
qualité, instrument essentiel;
• nouvelles formes de modèles de finance-
ment, plus simples.
Tous les participants estiment que la qualité
élevée souhaitée pour les prestations a une
importance capitale et qu’il faut donner la
priorité aux besoins des personnes prises en
charge. Le domaine du Care Farming s’avère
très complexe, très diversifié et très peu
homogène dans son extension géographique.
Société | Potentiel de développement du Care Farming
344 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 342–347, 2011
des résultats figurant sur les flipcharts ainsi que des
transcriptions de discussions enregistrées sur bandes
magnétiques. Chaque déclaration a été codée à l’aide du
logiciel Atlas.ti et d’un manuel de codage afin d’en
extraire les principaux thèmes-clés.
R é s u l t a t s
Les résultats comprennent une liste de sujets-clés, un
bref résumé du débat sur la situation actuelle, puis les
principaux points formulés par rapport à l’avenir sou-
haité. Enfin, des champs et des stratégies d’action
concrets ont été établis.
Sujets-clés
Le codage des propos tenus durant les workshops a per-
mis de dégager 19 thèmes-clés importants par rapport
au Care Farming en Suisse:
•• image du Care Farming et évaluation
•• communication entre les participants
•• renforcement des relations publiques
•• concurrence dans le domaine des organisations en
réseaux, ainsi que par rapport aux institutions sociales
générales
•• positionnement du produit sur le marché
•• compétences dans la politique
•• absence de système qualité
•• absence de règlements
•• flux financiers dans le système
•• intégration dans le développement rural
•• autoévaluation et force de l’image du Care Farming
•• manque de transparence des offres, des exigences, de
la demande, etc.
•• diversité des acteurs et de leurs besoins individuels
•• soutien / insatisfaction des participants
•• mise en réseau et coordination des différents partici-
pants
•• formation professionnelle et continue
•• case management / étude de cas
•• Care Farming et encadrement dans un environnement
proche de la nature (Green Care) / encadrement en
général
•• thèmes de recherche souhaités.
Par la suite, certains sujets seront abordés plus en détails.
Il s’agit de déclarations tirées de différents workshops,
présentées sous une forme structurée.
Diversité des acteurs et des groupes-cibles
La question de la définition du Care Farming a été posée
dans chacun des workshops. Il existe encore peu de
concepts utilisés en commun par les différents partici-
pants du secteur social, de la santé et de l’agriculture.
Les différents acteurs ne réalisent pas combien de
groupes-cibles différents sont associés à ce champ thé-
matique, ni combien d’acteurs et d’intérêts sont liés à ce
travail. Suivant la perspective, un thème donné concerne
d’autres acteurs. Le domaine des prestations sociales
dans l’agriculture s’avère très complexe, diversifié et très
peu homogène dans son extension géographique. Il
regroupe des personnes issues de l’agriculture, du sec-
teur social et de la santé, qui ne sont pas organisées ou
qui sont organisées différemment selon les régions. Par
conséquent, le concept de Care Farming est difficile à
saisir, ce qui explique en partie le manque de compé-
tences dans la perspective d’éventuels changements.
Image dans l’opinion publiqueL’opinion publique identifie le Care Farming souvent à
partir d’exemples de cas et les évalue généralement de
manière positive. Toutefois, l’opinion publique ne sait pas
tout ce que recouvre le Care Farming, ni son utilité pour
les personnes impliquées. Il reste beaucoup à faire pour
donner une image positive du Care Farming dans le public,
ce qui est difficile en l’absence de terminologie homogène
et usuelle pour toutes les prestations d’encadrement.
Figure 2 | Symbolique: les personnes les plus diverses participent au Care Farming. Différents besoins sont en jeu et peuvent débou-cher sur une situation chaotique. (Dessin: Katie Rickenbach, Zurich)
Potentiel de développement du Care Farming | Société
345Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 342–347, 2011
correctement. Dans les workshops, il est apparu que les
acteurs de l’agriculture s’identifiaient rarement comme
des prestataires de services et que leurs offres étaient très
éclatées. Pour les participants, au début, «la carte des
prestations sociales en Suisse» était encore peu transpa-
rente et les visions d’avenir claires n’en étaient qu’à leurs
balbutiements. Néanmoins, la majorité des participants
est persuadée qu’il existe des possibilités pour promou-
voir les prestations sociales et qu’il vaut la peine de pour-
suivre la mise en réseau et de faire avancer les visions. Au
fil des workshops, une perception commune s’est pro-
gressivement cristallisée dans de nombreux domaines.
Evolution rurale
Dans les régions de montagne rurales et périphériques,
outre l‘exploitation agricole, l’environnement proche de la
nature peut être attrayant pour les citadins. Dans ces
régions, davantage d’occupations et d’emplois pourraient
être créés et la mise en réseau des activités pourrait être
améliorée (par exemple grâce à une plateforme de contact).
La collaboration avec l’agrotourisme, avec les parcs natu-
rels et le développement d’emplois protégés pourraient
aboutir à une meilleure valorisation et exploitation de l’en-
vironnement. Des plateformes de contact permettraient
aux agriculteurs des régions faiblement structurées de
mieux faire connaître leurs diverses prestations sociales.
Une autre possibilité consiste à offrir des emplois pro-
tégés dans les exploitations agricoles, sans que les per-
sonnes encadrées habitent sur l’exploitation. Elles profi-
teraient cependant de journées structurées et pleines de
sens, du rapport aux animaux et/ou à la nature dans un
cadre protégé. Les possibilités d’occupation pour les per-
sonnes les plus diverses (par exemple souffrant de
troubles psychiatriques, d’épuisement professionnel ou
chômeurs longue durée) sont déjà rares et la demande ne
fera qu’augmenter. L’amélioration des possibilités de
financement déboucherait sur une situation positive pour
tous les acteurs: personnes encadrées, agriculteurs et tra-
vailleurs sociaux.
Formation professionnelle et continue
En général, la formation agricole de base comprend
peu d’informations sur le Care Farming. Dans les autres
formations, ce sujet n’est même pas mentionné. La for-
mation professionnelle de base, les études universi-
taires et les grandes écoles, ainsi que les autres offres
de formation continue sont à peine coordonnées.
Souhaits pour l’avenir
La participation au quotidien, les travaux effectués et le
déroulement des journées revêtent une grande valeur
pour les participants. Ce type de prestations n’est pas
Les aspects positifs cités pour le Care Farming sont:
•• l’offre de journées structurées, variées et porteuses de
sens, le rapport à la nature et aux animaux;
•• la création de ponts entre ville et campagne ou entre
montagne et plaine;
•• la création de valeurs culturelles et sociales – et non
uniquement productives;
•• la transmission de traditions, de rituels, de chaleur
humaine;
•• des prestations sociales pouvant être comprises par
tout le monde, car chacun peut être concerné d’une
manière ou d’une autre par des personnes nécessitant
une prise en charge.
Il n’empêche que les familles paysannes se heurtent à des
enjeux et à des préjugés: elles s’ouvrent à des personnes
qui vivent souvent en marge de la société, ce qui nécessite
aussi une ouverture d’esprit de la part de l’entourage. On
leur reproche souvent d’exploiter cette population (main-
d’œuvre bon marché, histoire des enfants placés). On leur
reproche aussi le dilettantisme du travail fourni. La qualité
des prestations n’atteindrait pas le niveau de celles four-
nies par les institutions. Au lieu de se faire concurrence, il
faudrait élargir l’offre pour les personnes prises en charge.
Relations publiques
La communication externe et publique est jugée insuffi-
sante (absence de prise de conscience et valorisation
insuffisante de Care Farming dans le public). Un message
clair des familles paysannes et des organisations en
réseaux fait défaut, ce qui rend difficile les efforts indivi-
duels pour faire apprécier la valeur du travail accompli. Il
n’est possible d’obtenir une image positive que si tous les
participants s’accordent sur des déclarations de base
essentielles. L’effet positif du contact avec la nature sur la
santé et le bien-être est certes généralement connu, mais
insuffisamment communiqué. A ce jour, il n’existe pas de
stratégie de communication globale pour le Care Farming,
ni d’association, de label commun ou de plateforme insti-
tutionnalisée. De plus, l’agriculture, le système social et le
secteur de la santé agissent de manière largement indé-
pendante les uns des autres. Dans les workshops, les
représentants du secteur agricole ont rappelé la nécessité
de définir concrètement l’image du Care Farming, car le
développement futur de la prestation est menacé par l’ac-
tuelle politique du laisser-faire.
Autoévaluation des participants
L’engagement social des exploitations familiales est
indispensable pour pouvoir offrir des prestations sociales.
De plus, la prestation doit bien entendu être indemnisée
346
Société | Potentiel de développement du Care Farming
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 342–347, 2011
dédommagé de manière appropriée. Les participants
considèrent qu’à long terme, les effets positifs du contact
avec la nature devraient être mieux perçus, et que le
Care Farming ou les autres formes de prise en charge
dans la nature (Green Care) devraient être pris au sérieux
par la collectivité. Des valeurs déjà reconnues dans le
petit cercle des amis de la nature deviendraient alors des
valeurs normales pour tous. L’idéal serait que la commu-
nauté agricole transfère son savoir en ville et inverse-
ment. Pour y parvenir, il faut offrir des prestations de
qualité élevée permettant de construire une image posi-
tive à long terme. Tous les participants doivent pouvoir
profiter au mieux de ces offres (indemnisation juste et
conditions correctes pour les familles paysannes, autodé-
termination maximale pour les personnes prises en
charge, possibilités d’encadrement diversifiées, systèmes
de financement simplifiés, collaboration impliquant tous
les acteurs).
D i s c u s s i o n e t c o n c l u s i o n s
Si l’agriculture saisit l’opportunité de répondre à la
demande de places de prise en charge par une offre de
qualité élevée, elle pourra faire figure d’exemple dans la
société. Pour y parvenir, il faut:
•• plus de transparence à tous les niveaux (indemnisation
du personnel d’encadrement et des «Care Farmers»,
compétences, etc.);
•• davantage de communication et de mise en réseau
entre les acteurs (suivi de la prise en charge, diffé-
rentes organisations en réseaux, etc.);
•• plus de communication vers l’extérieur, basée sur un
message commun des différents acteurs;
•• un organe de coordination central qui rassemble
toutes les requêtes des participants;
•• une meilleure coordination entre les différentes
autorités et une harmonisation des règlements
globaux ou nationaux, la création de standards
définis;
•• un management de la qualité à tous les niveaux, qui
tienne compte des besoins individuels, par exemple
grâce à des indications pertinentes et une gestion de
cas homogène. Une forme d’assurance qualité
adaptée au quotidien permet aux prestataires de se
constituer une identité, de fournir une prestation de
premier choix et d’exiger un prix plus élevé en
conséquence;•• de nouvelles formes et une simplification des modèles
de financement pour le système des prestations
sociales (par exemple en homogénéisant les assurances
sociales, la gestion de cas, la contribution d’assistance,
modèles de financements inter-systèmes, etc.);
•• d’autres améliorations spécifiques pour les groupes-
cibles (coordination des offres de formation continue
ou échange de savoir-faire professionnel, etc.);
•• la mise en réseau locale des régions urbaines et du
Care Farming dans les régions «peu structurées».
Ces workshops ont été une des premières possibilités
offertes aux acteurs de différents secteurs (agriculture/
social/santé/développement régional) de se retrouver à
différents niveaux. Ils ont permis à des acteurs de diffé-
rentes disciplines d’échanger leurs points de vue,
d’étendre leur réseau personnel de connaissances et
d’échanger par-delà les frontières de leurs disciplines
respectives. Tant les participants que l’équipe de cher-
cheurs sont désormais conscients que le Care Farming est
un sujet extrêmement complexe. Tous les participants
souhaitent plus de coordination sur les mesures d’amé-
lioration souhaitées et proposées. Plusieurs personnes
aimeraient que la mise en réseau se poursuive.
Il est clairement apparu qu’il reste beaucoup à faire
pour exploiter les potentiels du Care Farming, si l’on
souhaite professionnaliser l’ensemble de la chaîne de
services, des clients aux prestataires de formation conti-
nue et aux autorités cantonales responsables, en pas-
sant par les familles d’accueil. Trop de temps et de savoir
se perdent encore dans un méli-mélo d’offres de qualité,
mais trop peu connues. Trop peu de paysans mettent à
profit la structure quotidienne et l’environnement rural
qu’ils contribuent à préserver et entretenir, qui est leur
patrimoine culturel et qui devrait être apprécié en tant
que tel. Les prestations sociales dans l’agriculture sont
trop confuses pour les paysans eux-mêmes, pour les ser-
vices de placement et pour le grand public. L’échange
d’informations encourage la transparence: toujours plus
d’acteurs prennent connaissance des besoins d’autres
univers sociaux, ce qui renforce la confiance et la com-
munauté, et donne plus de force à cette dernière pour
se profiler et agir.
D’autres informations sont disponibles sur le nou-
veau site www.greencare.ch. n
347
Potentiel de développement du Care Farming | Société
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 342–347, 2011
Bibliographie b Christ Y., Widmer S., Wydler H., 2010. Workshop Zwischenberichte 1–3. Potenziale Sozialer Dienstleistungen in der Schweizer Landwirtschaft. Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART und Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften ZHAW, IUNR Institut für Umwelt und Natürliche Ressourcen. Ettenhausen und Wädenswil. Accès: http://www.greencare.ch/index.php?option=com_content&view=article&id=248%3Achrist-y-widmer-s-wydler-hans-care-farming-po-tenziale-sozialer-dienstleistungen-in-der-schweizer-landwirtschaft&catid=63%3Apublikationen&Itemid=68&lang=de/[ 24.1.2011].
b Loorbach D., 2007. Transition management. New mode of governance for sustainable development. Utrecht: International Books. 328 p.
b The World Café Community, 2002. Accès: www.theworldcafe.com /[ 24.1.2011].
b Wydler H., 2009. «Soziale Dienstleistungen»: Erste Ergebnisse der schriftlichen Befragung zu Betreuungs- und Pflegeleistungen in landwirt-schaftlichen haushalten und Betrieben. Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen, November 2009. Accès: www.greencare.ch/images/stories/pdf/resultate%20schriftli-che%20befragung.pdf/[ 24.1.2011].
b Wydler H. & Picard R., 2010. Prestations sociales dans l‘agriculture. Recherche Agronomique Suisse 1(1), 4–9.
Development potential in the Care Farming
sector
In order to gain a better understanding of Care
Farming (the provision of social services in
farming) and to make better use of existing
potential, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Research Station and the Zurich University of
Applied Sciences (ZHAW) conducted three
workshops with experts from a wide variety of
professional fields in 2010.
The workshop participants agreed that Care
Farming has great potential (additional sideline,
expansion of the welfare and health system
among other things). Targeted measures,
including the following, could help to utilize it
better:
• more transparency between all participants is
required: disclosure of requirements, remunera-
tion, arrangements and responsibilities;
• better communication and networking is
needed between all those involved in social
services;
• a central coordination office could be a helpful
tool in tapping potential;
• the development of a quality assurance system
is a central tool;
• New forms and simplification of financing
models for the social services system would be
desirable.
The participants agreed on the central impor-
tance of the desired high quality of services and
the requirement to put the care recipient’s needs
first. Organisation of the Care Farming sector is
proving to be extremely complex, multilayered
and geographically very uneven.
Key words: Care Farming, Green Care, farm
diversification, transition management, social
innovation.
Potenziale di sviluppo nel settore del Care
Farming
Allo scopo di meglio comprendere e sfruttare
appieno il potenziale del Care Farming (la
prestazione di servizi sociali nell'agricoltura),
la Stazione di ricerca Agroscope Reckenholz-
Tänikon ART e l'Istituto universitario di scienze
applicate di Zurigo (ZHAW), nel 2010, hanno
tenuto tre workshop con la partecipazione di
esperti di svariati campi professionali.
I partecipanti ai workshop sono stati concordi
sul fatto che il potenziale del care farming è
considerevole (attività accessoria supplemen-
tare, sviluppo del sistema socio-sanitario). Esso
potrebbe essere sfruttato meglio attraverso
misure mirate, quali:
• migliorare la trasparenza tra tutte le parti
coinvolte: esplicitazione di esigenze, inden-
nizzi, regole e competenze;
• potenziare la comunicazione e l’interazione
tra tutte le persone coinvolte nella presta-
zione di servizi sociali;
• la creazione di una centrale di coordinamento
potrebbe rivelarsi uno strumento utile per
sfruttare appieno il potenziale;
• sviluppare un sistema di assicurazione della
qualità che costituisce uno strumento
fondamentale;
• ricercare nuove formule e semplificare i
modelli di finanziamento per il sistema delle
prestazioni sociali.Tutti i partecipanti hanno sottolineato la
grande importanza dell'elevata qualità auspi-
cata per le prestazioni nonché l'esigenza di
dare la priorità alle necessità delle persone cui
viene fornita assistenza. Il Care Farming si
presenta come un settore complesso, con molte
sfaccettature e differenze a livello geografico.
348 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 348–353, 2011
E c o n o m i e a g r i c o l e
L'union fait la force: un nombre croissant d'entreprises forestières communales se réunissent en associations de droit public. (Photo: Zweckverband Falknis)
I n t r o d u c t i o n
Améliorer la rentabilité des entreprises forestières
Depuis des années, la situation économique des entre-
prises forestières publiques est caractérisée par des défi-
cits d’ampleur variable. Cette constatation vaut pour la
production de bois seule ainsi que pour le bilan total des
entreprises (OFEV 2009).
Les déficits s’expliquent généralement par les pro-
blèmes structurels de la branche (Office des forêts du
canton de Berne OFOR 2002). Les petites entreprises ont
des coûts fixes trop élevés et obtiennent des prix de vente
inférieurs aux entreprises étrangères en raison d’une plus
faible production de bois et de structures de vente moins
professionnelles (Sekot 2007; Mai et al. 2007).
Les entreprises déficitaires ont plusieurs possibilités
pour améliorer leur situation. Elles peuvent tenter d’agran-
dir la surface exploitée par l’achat de surfaces forestières,
diversifier les services proposés, ou encore s’engager dans
une coopération avec les entreprises voisines.
Les propriétaires de forêt privée sont peu disposés à
vendre leur bien (Krebs 2002) et la vente de forêt
publique exige généralement une décision populaire, ce
qui la rend difficile à réaliser.
La diversification des services est une stratégie pos-
sible mais elle n’a pas toujours l’effet escompté (Hofer
2007). La coopération paraît donc être une voie promet-
teuse dans l’économie forestière (Office des forêts du
canton de Berne OFOR 2002). Sur le plan international,
les coopérations ne sont pas rares dans l’économie fores-
tière et du bois, mais leur forme varie entre les régions.
En Scandinavie et en Amérique du Nord, la coopération
verticale est répandue, tandis qu’en Europe centrale, les
entreprises coopèrent surtout de manière horizontale.
La mise en place de coopérations forestières est suppor-
tée par l’Office fédéral de l’environnement OFEV et
bénéficie donc également de subventions dans la plu-
part des cantons. La situation économique difficile ainsi
qu’une série d’incidents naturels (tempête Lothar, bost-
ryche, sécheresse estivale etc.) ont favorisé la mise en
place de coopérations au cours des dix dernières années.
Une étude financée par le Programme d’encouragement
«Bois21» et Économie Forestière Suisse a analysé les
formes et degrés de coopération existant dans la forêt
publique, ainsi que les formes juridiques choisies et les
facteurs spécifiques ayant favorisé la coopération dans
les cas particuliers.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Questionnaires, interviews et comptes d’exploitations
L’étude se base d’une part sur des questionnaires adres-
sés aux associations forestières cantonales, à l’associa-
tion Économie Forestière Suisse, aux services forestiers
Barbara Stöckli et Bernhard Pauli, Haute école suisse d'agronomie HESA, 3052 Zollikofen
Renseignements: Barbara Stöckli, e-mail: [email protected], tél. +41 31 910 22 70
Economie forestière suisse: les facteurs de succès des coopérations
Economie forestière suisse: les facteurs de succès des coopérations | Economie agricole
349
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 348–353, 2011
Une étude de la Haute école suisse d'agrono-
mie HESA a examiné les formes de coopéra-
tion existant au sein de l'économie forestière
suisse, et les facteurs qui ont favorisé leur
mise en place. Une grande diversité de
formes de coopération a été constatée
concernant le degré de coopération, la forme
juridique choisie et le nombre de partenaires
impliqués. Il n'a pas été possible d'identifier
un modèle «optimal»; une coopération
réussie dépend plutôt du contexte et des
personnes impliquées. Quelques formes de
coopération ont été présentées dans une
brochure destinée à la pratique.
cantonaux et à une sélection de gestionnaires d’entre-
prise; d’autre part, 20 coopérations existantes on été
sélectionnées pour une analyse approfondie de leur
structure.
Le choix des formes de coopération repose sur les cri-
tères suivants:
•• diversité des approches concernant le degré de
coopération
•• distribution géographique (exemples issus de chaque
région de production principale: Jura, Plateau,
Préalpes , Alpes, sud des Alpes)
•• diversité des fonctions (forêt de protection, de
détente etc.)
Les 20 coopérations analysées comprennent quatre
organisations de commercialisation du bois avec une
coopération peu intense, et 16 coopérations d’exploita-
tion. Deux organisations de commercialisation et trois
coopérations d’exploitation sont localisées dans la
région Préalpes / Alpes / sud des Alpes, six coopérations
d’exploitation se situent dans le Jura, et les coopérations
restantes sur le Plateau.Toutes les coopérations ont été mises en place après la
tempête Lothar, entre 2001 et 2006, et se trouvaient
encore en phase de constitution au moment de l’enquête.
Pour l’analyse des coopérations d’exploitation, les
comptes d’exploitation (11 des 16 coopérations ont
accepté de les mettre à disposition), les contrats de
co opération ou les statuts et règlements ont été consul-
tés. De plus, des interviews structurées ont été conduites
avec les gestionnaires ou chefs des entreprises.
Bases théoriques
La coopération est une collaboration volontaire entre
des partenaires juridiquement indépendants, qui renon-
cent partiellement à leur indépendance économique en
vue d’une action coordonnée leur permettant de mieux
atteindre leurs objectifs économiques que s’ils agissaient
individuellement (Etter 2003).
Cette collaboration peut prendre les formes les plus
diverses. Sydow (2006) note qu’il y existe une infinité de
types de réseaux. Il propose une classification basée sur
le mode de conduite (hiérarchie ou égalité entre parte-
naires) et la stabilité temporelle du réseau (fig. 1). Cette
classification a été suivie dans l’étude de Pauli et al.
(2008). Theling et Loos (2004) mentionnent d’autres cri-
tères de classification, comme le nombre de partenaires
et leur origine géographique et institutionnelle.
Du point de vue théorique, trois approches par
modèle expliquent la formation de coopérations. L’ap-
proche de l’économie industrielle, proposée par les éco-
nomistes Bains (1968) et Porter (1981), part du principe
que des groupes d’entreprises agissant sur un marché
commun et offrant des produits similaires – qui sont
donc en compétition – commencent à collaborer à partir
d’une certaine concentration de prestataires pour amé-
liorer leur position sur le marché. Toutes les entreprises
qui agissent sur un marché commun avec une stratégie
concurrentielle semblable forment un groupe straté-
gique, qui se délimite des autres groupes stratégiques
par des barrières de mobilité ou de marché (Porter 1980).
!!!!
stable dynamique
hiérarchique
hétérarchique
Réseaux stratégiques
EV
EV = Entreprise virtuelle Source: Sydow (2006) Stabilité nécessaire des coopérations
Réseau de projet
Réseau de production
OC
EP
CE
Réseau d‘associations Form
e de
con
duite
Figure 1 | Matrice à quatre quadrants classifiant les coopérations (Sydow 1998) avec la position des formes principales de coopéra-tion analysées par Pauli et al. (2008). CE = communauté d’entre-prises, OC = organisation de commercialisation, EP = entreprise principale.
Economie agricole | Economie forestière suisse: les facteurs de succès des coopérations
350 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 348–353, 2011
La coopération peut permettre à des entreprises de
franchir ces barrières et de pénétrer dans un nouveau
groupe stratégique.
Une deuxième approche pour expliquer les coopéra-
tions est fournie pas la nouvelle économie institution-
nelle avec sa théorie des coûts de transaction. Cette
théorie remonte aux travaux scientifiques de Coase
(1937 à 1960) et a été résumée par Pauli (2002). La nou-
velle économie institutionnelle distingue deux formes
de régulation: d’un côté le marché au sein duquel les
entreprises sont flexibles et agissent de manière oppor-
tuniste, mais doivent fournir un effort de coordination
considérable pour échanger leurs services et produits
par voie de contrats; de l’autre côté, l’entreprise, organi-
sée hiérarchiquement, qui exige une action anti-oppor-
tuniste basée sur la confiance mutuelle des partenaires.
Cette forme requiert moins de coordination mais réduit
la flexibilité.
Selon Sydow (2006), la coopération est une forme
mixte entre le marché et la hiérarchie, où l’on essaye de
combiner les avantages d’une structure de marché
(flexibilité) avec les avantages d’une structure d’entre-
prise hiérarchique (moins de coordination donc moins
coûts de transactions).
La troisième approche, plus récente, issue de la ges-
tion de la chaîne logistique (Supply Chain Management),
postule que des coopérations se forment lorsque les
entreprises veulent rapidement accéder à de nouvelles
compétences ou à de nouveaux marchés (Duschek et
Sydow 2002).
Une autre branche de la recherche sur les coopéra-
tions analyse le comportement des individus qui coopè-
rent et cherche à en déduire les conséquences au niveau
du système entier.
Dans les années 1980, Axelrod (1984) a démontré par des
essais basés sur la théorie des jeux que sous certaines
conditions, la coopération est même profitable à des
partenaires qui agissent en principe de manière égoïste,
car elle leur permet de s’imposer jusqu’à un certain point
dans un groupe.
Des travaux plus récents (Fehr et Fischbacher 2003)
montrent que les coopérations sont plus fréquentes que
les considérations théoriques ne le prédisent, car des
facettes humaines telles que l’altruisme et le sens de la
justice (fairness), négligées jusqu’alors, influencent la
manière d’agir.Les modèles appliqués dans le domaine de la coopé-
ration partent donc du principe que la réussite de la mise
en place d’une coopération dépend non seulement de la
forme d’organisation et de la stratégie de marché suivie,
mais aussi de facteurs humains (Kyburz et Pfister 2005).
R é s u l t a t s
Les coopérations forestières visent la stabilité
Les formes de coopération analysées dans le cadre de
l’étude de la HESA ont été classifiées selon leur durée et
leur forme de régulation d’une part et selon l’intensité
de la coopération d’autre part, ceci en appliquant le sys-
tème de Sydow (1998; fig. 1). Trois grands groupes de
formes de coopération ont été mis en évidence et sont
brièvement décrits ci-après.
Les Communautés d’entreprises forestières (CEF)
sont des formes de coopération où plusieurs proprié-
taires forestiers se regroupent au sein d’une collectivité
de droit public selon la législation cantonale (par
exemple comme syndicat de communes). Les contrats
formant la base de la coopération sont conclus à long
terme, et les entreprises sont des partenaires égaux.
Selon Hess (2000), les communautés d’entreprises fores-
tières correspondent à un réseau commun (fig. 1). Par
contre, les organisations de commercialisation (OC)
sont des regroupements d’un nombre variable de pro-
priétaires de tailles très diverses, dont le but est de com-
mercialiser ensemble du bois. L’étendue de la coopéra-
tion est donc plus modeste qu’avec la coopération
d’exploitations. L’organisation de commercialisation est
prévue pour une longue durée mais les fournisseurs
individuels ne sont pas tenus de commercialiser leur bois
par le biais de l’organisation et ne le font donc que si
cela leur procure un avantage. Ceci introduit une com-
posante très dynamique. L’organisation de commerciali-
sation occupe une position intermédiaire entre le réseau
commun et le réseau de production.Une troisième forme de coopération fréquente dans la
foresterie suisse est celle d’une entreprise principale (EP).
Figure 2 | La commercialisation coopérative du bois facilite l'accès aux marchés internationaux et les transactions avec des clients en gros, qui achètent le bois par charges de wagons de train. (Photo: Michael Meuter, Zurich/LIGNUM)
Economie forestière suisse: les facteurs de succès des coopérations | Economie agricole
351Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 348–353, 2011
dans la facturation, ne sont pas encore mises à profit et
les collaborateurs et parcs de machines ne sont pas
encore adaptés aux nouvelles structures. Un risque parti-
culier menace les formes de coopération qui dépendent
fortement d’une seule personne (chef ou gestionnaire
d’entreprise) sans que son remplacement n’ait été défini.
La démission de cette personne-clé signifierait une perte
d’informations, de contrôle et de connaissances qui
menacerait la survie de l’ensemble de la coopération.
Six exemples du catalogue des formes de coopéra-
tion ont été sélectionnés, analysés et décrits avec leurs
forces et faiblesses dans une brochure destinée à la pra-
tique (HESA, EFS & OFEV 2010).
Importance des leaders d’opinion engagés
L’interview des chefs d’entreprise a permis d’identifier
les points communs des histoires de coopérations. Il
s’avère que dans chaque cas étudié, un incident externe
grave pour l’entreprise a déclenché le changement de la
forme d’organisation. La situation difficile sur le marché
du bois après la tempête Lothar est l’un de ces facteurs.
Plus fréquemment, les changements au niveau du per-
sonnel dans une ou plusieurs entreprises forestières voi-
sines ont été suivis de négociations de coopération.
Dans un premier temps, une ou plusieurs personnali-
tés bien acceptées dans la foresterie ou la politique
locale ont préparé le terrain de la coopération par des
mesures destinées à établir la confiance. La participa-
tion de tous les acteurs concernés et une attitude
ouverte face à leurs craintes sont décisives dans cette
phase de mise en confiance.
Un système de valeurs communes (culture d’entre-
prise semblable) est décisif dans cette phase d’entente
des futurs partenaires de coopération. Ces valeurs s’ex-
Dans ce cas, le propriétaire forestier, qui possède égale-
ment l’entreprise, joue clairement un rôle de directeur
envers les partenaires de coopération. L’entreprise prin-
cipale devient alors l’entreprise focale et la forme de
coopération constitue un réseau stratégique.
Toutes les formes de coopération sont orientées vers
la durabilité et la stabilité. Le degré de coopération est
plus faible dans les entreprises principales avec
décomptes séparés et plus intense dans les communau-
tés d’entreprises avec décompte commun. Tous les
degrés d’intensité sont représentés dans la foresterie
suisse.
Grande diversité de formes juridiques
La formes juridiques sont également très diverses. Les
formes classiques sont le bail à ferme, la coopérative ou
le mandat, mais il existe aussi des sociétés à responsabi-
lité limitée, des sociétés anonymes ou des associations.
Parmi les 20 formes de coopération étudiées, les proprié-
taires de forêts publiques optaient le plus souvent pour
le syndicat de communes selon les législations canto-
nales et communales.
Le forme juridique définit les conditions-cadres
internes et externes auxquelles doit répondre la forme
de coopération. Elle influence les questions de responsa-
bilité et détermine les possibilités et limites de participa-
tion aux décisions des entreprises individuelles.
Les personnes interrogées accordent donc une
grande importance au choix de la forme juridique lors
de la mise en place d’une coopération ou plus générale-
ment lors de la fondation d’une entreprise.
Après analyse des 20 formes de coopération en
Suisse, Pauli et al. (2008) ont cependant conclu que la
forme juridique n’est pas décisive pour la réussite de la
coopération.
Atouts et faiblesses des formes de coopération
L’atout principal des coopérations est la professionnali-
sation des domaines impliqués. Les coopérations se
caractérisent par des structures simples et une exécution
efficace des tâches. Elles peuvent accueillir des nouveaux
partenaires et ainsi améliorer leur position sur le marché.
En revanche, des faiblesses apparaissent dans la formula-
tion des stratégies et objectifs des formes de coopéra-
tion, qui restent souvent très généraux et impliquent
donc le risque de conflits d’intérêt imprévus. De plus, la
mise en place de mécanismes de contrôle efficaces est
impossible sans formulation d’objectifs bien définis. Les
formes de coopération analysées n’exploitent pas encore
l’entier de leur potentiel, ce qui s’explique en partie par
le fait que toutes les coopérations sont encore en phase
de constitution. Les synergies possibles, par exemple
Figure 3 | Une mesure pour établir la confiance au sein de nou-velles coopérations consiste à attribuer de nouvelles tâches aux collaborateurs, qui leur ouvrent de nouvelles perspectives sans les surcharger. (Photo: HESA FWI)
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Economie agricole | Economie forestière suisse: les facteurs de succès des coopérations
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 348–353, 2011
priment non seulement dans de la formulation d’objec-
tifs communs ou d’une stratégie commune, mais égale-
ment dans l’attitude envers les collaborateurs et envers
la base de production naturelle «forêt».
D i s c u s s i o n
L’analyse économique de coopérations et les modèles
explicatifs théoriques associés ont surtout considéré
celles-ci sur le plan technique et de l’organisation (Pauli
2002; Sydow 2006). Pour simplifier les modèles, on a
négligé le fait que les organisations se composent de
personnes, dont les préférences et les valeurs sont déci-
sives pour le succès de l’organisation (Kyburz et Pfister
2005). Cette étude conduite entre 2006 et 2008, qui a
principalement tenu compte des stratégies formulées,
des structures et processus d’organisation ainsi que des
indicateurs financiers, n’a pu expliquer qu’en petite par-
tie la réussite des coopérations individuelles. Des ana-
lyses statistiques ou comparatives sont rendues impos-
sibles par le mode de sélection choisi. La valeur de cette
étude réside dans la mise en évidence de plusieurs voies
alternatives pouvant conduire à une coopération réussie,
qui ont déjà été suivies dans la foresterie suisse. L’étude
documente un stade de développement qui peut servir
de base à une analyse temporelle afin de décrire, analy-
ser et mieux comprendre la transition de la phase de
constitution à l’état à moyen et long terme.
C o n c l u s i o n s
Lors de la mise en place d’une coopération, il est essen-
tiel d’identifier puis d’intégrer toutes les personnes-clé:
leaders d’opinion locaux, responsables politiques, chefs
et gestionnaires d’entreprise actuels, collaborateurs et
services forestiers locaux. En intégrant tous ces acteurs le
plus tôt possible, les chances de réussite du projet de
coopération augmentent.
Dès le départ, il doit y avoir une base de valeurs com-
mune. Des entreprises ayant une conception fondamen-
talement différente des stratégies forestières, qui prati-
quent une culture d’entreprise diamétralement opposée
ou dont les portefeuilles de produits sont totalement
différents auront des difficultés à collaborer avec succès.
La proximité géographique ne suffit pas pour établir
une coopération d’exploitation.
Le choix de la forme juridique n’est pas décisif pour
la réussite d’une coopération, du moins dans la phase
de départ documentée ici. Néanmoins, les auteurs sont
convaincus qu’une forme juridique fixant clairement les
droits et les obligations des partenaires est préférable,
car elle oblige les partenaires à définir précisément
leurs rôles.
Il n’est pas possible, ni nécessaire, d’exploiter pleine-
ment le bénéfice potentiel d’une coopération dès le
départ. Il est préférable de procéder progressivement
avec des mesures servant à établir la confiance, comme
une gestion coopérative par plusieurs des gestionnaires
des entreprises, la préparation de décomptes séparés
pour chaque partenaire ou la prise en charge de tous les
collaborateurs disposés à participer à la nouvelle forme
d’entreprise. La coopération pourra être intensifiée au
fil du temps. Le but est d’améliorer à long terme la pro-
fitabilité et le maintien dans un marché futur qui sera
peut-être encore plus globalisé. Ce but devrait être prio-
ritaire par rapport au rendement à court terme. n
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Economie forestière suisse: les facteurs de succès des coopérations | Economie agricole
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Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 348–353, 2011
Swiss forest economy: how to cooper-
ate successfully
Within the framework of a study
conducted by the Swiss College of
Agriculture, the types of cooperation
currently in existence in the Swiss
forestry industry together with the
factors favorably influencing their
establishment were examined. It was
ascertained that a wide variety of
cooperation types exist in terms of the
depth of cooperation, the choice of
legal structure and the number of
participating partners. No «best» model
could be determined; it was rather
clear that successful cooperation
depends on the existing situation and
its key players. Some cooperation types
have been selected and are presented
in the form of practical advice.
Key words: Swiss forest industries,
cooperation.
Economia forestale svizzera:
Quale forma di collaborazione porta al
successo
Nell’ambito di uno studio della Scuola
superiore di agricoltura svizzera è stato
esaminato quali forme di cooperazione
nel settore dell’economia forestale
svizzera esistono e quali fattori hanno
promosso la loro costituzione. In
generale vi è stata constatata una
grande diversità tra le forme di
collaborazione istaurate. Questa
diversità è dettata dall’intensità di
collaborazione, dalla scelta della forma
giuridica e dal numero di partner
coinvolti. Non è stato, tuttavia,
possibile identificare un unico modello
«ideale». Risulta piuttosto che la
cooperazione di successo dipende
dall’ambiente esistente e dalle attività
svolte da persone chiave coinvolte.
Alcune forme di collaborazione sono
state selezionate e presentate come
aiuto pratico.
Bibliographie b Office des forêts du canton de Berne, 2002. Bericht Galileo – Vision für die Berner Waldwirtschaft.
b Axelrod R., 1984. The evolution of cooperation. New York: Basic Books, Inc. Deutsche Fassung: Oldenbourg Wissenschaftsverlag GmbH, Mün-chen 2000.
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354 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011
Selon le type système de paiement du lait les Holstein néo-zélandaises ou les Holstein suisses ont obtenu le meilleur revenu par ha. (Photo: projet «Quelle vache pour la pature»?)
Christian Gazzarin1 et Valérie Piccand2
1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen2Haute école suisse d’agronomie HESA, 3052 Zollikofen
Renseignements: Christian Gazzarin, e-mail: [email protected], tél. +41 52 368 31 31
I n t r o d u c t i o n e t p r o b l é m a t i q u e
Le coût de l’alimentation des vaches est le poste le plus
important de la production laitière. En Suisse, jusqu’à
30 % des coûts spécifiques sont imputables à la produc-
tion des fourrages et à l’achat d’aliments, en particulier
de concentrés (Gazzarin et al. 2005). L’augmentation de
la part de pâture dans la ration permet non seulement
de réduire les coûts de conservation des fourrages, mais
aussi d’économiser le temps passé à l’alimentation des
animaux, les vaches allant chercher elles-mêmes leur
nourriture au pâturage. Toutefois, un bon regroupe-
ment des parcelles de l’exploitation est souvent une
condition préalable au choix de ce système. Le choix de
vêlages groupés au printemps peut réduire encore
davantage le volume des fourrages conservés, car les
vaches sont taries au moment de la période d’alimenta-
tion hivernale. La diminution des quantités de fourrages
conservés entraîne une réduction des coûts de machines,
de bâtiments (stockage) et de main-d’œuvre. Ces coûts
de structure ont un poids particulièrement important en
Suisse, caractérisée par un environnement de coûts éle-
vés (Gazzarin et Schick 2004; Gazzarin et al. 2005).Les exigences concernant des vaches conduites en
système de pâture intégrale avec vêlages groupés sont
différentes de celles concernant des vaches conduites
avec une alimentation essentiellement en bâtiment avec
des vêlages répartis sur l’année. Ces dernières années,
une part importante de génétique nord-américaine,
issue de vaches sélectionnées dans des conditions d’ali-
mentation en bâtiment, a été introduite dans les races de
vaches suisses. Dans ces conditions, on peut se demander
dans quelle mesure les types de vaches les plus répandus
actuellement sont adaptés au système de pâture inté-
grale avec vêlages groupés. Ainsi, des résultats de
recherche récents démontrent que des vaches, sélection-
nées dans des conditions d’alimentation en bâtiment
avec des rations complètes, ne sont pas adaptées au sys-
tème de pâture intégrale pour les critères de production,
de reproduction (Kolver et al. 2000; Horan et al. 2005;
Fulkerson et al. 2008) et de rentabilité (McCarthy et al.
2007). Dans ces conditions, et en prenant en compte les
surfaces limitées à disposition des producteurs de lait en
Suisse, quel type de vache permet les revenus les plus
élevés en système de pâture intégrale avec vêlages grou-
pés? Comment le travail est-il valorisé (salaire horaire)?
A n i m a u x , m a t é r i e l e t m é t h o d e s
Les données utilisées pour les calculs de rentabilité pro-
viennent d’un essai sur trois ans «Quelle vache pour la
pâture?» réalisé par la Haute école suisse d’agronomie
HESA et d’autres partenaires. Les vaches et exploitations
impliquées, le schéma expérimental, les paramètres
relevés ainsi que les méthodes d’analyse statistique ont
été décrits en détail dans le premier article de la série
(Piccand et al. 2011). En bref, de 2007 à 2009, des vaches
Holstein néo-zélandaises (NZ HF) ont été appariées avec
des vaches suisses sur 15 fermes commerciales, incluant
au final 259 lactations de 134 vaches (NZ HF, n = 131 lac-
tations/58 vaches Holstein Suisse (CH HF) 40/24; Fleck-
vieh (CH FV) 43/27; Brown Swiss suisse (CH BS) 45/25). Les
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique
E c o n o m i e a g r i c o l e
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique | Economie agricole
355
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011
La rentabilité de différents types de vaches,
conduites en système de pâture intégrale avec
vêlages groupés en fin d’hiver, a été étudiée. Pour
cela, un modèle de simulation de troupeau a été
réalisé à partir des données du projet de recherche
«Quelle vache pour la pâture?». Les résultats
indiquent une différence de revenus variant de
zéro à 15 %, soit de zéro à 5 centimes par kg de
lait. Il n’existe pas d’avantage net pour un type de
vache. Toutefois, d’après notre modèle, une haute
productivité laitière à l’hectare ou, dans le cas d’un
paiement du lait en fonction des teneurs, une
production élevée de matières grasse et protéique
à l’hectare, sont des facteurs déterminants de
rentabilité. Une haute productivité à l’hectare peut
être atteinte par des animaux à haut niveau de
production laitière individuel ou par des animaux
plus petits et moins productifs mais en plus grand
nombre. D’autres différences relatives aux diffé-
rents types de vaches ont été mises en évidence,
notamment le produit viande et les performances
de reproduction. Ces dernières sont essentielles
pour un système de pâture intégrale avec vêlages
groupés, mais toutes leurs conséquences, notam-
ment sur le temps de travail, n’ont pu être
étudiées. Pour évaluer l’impact de facteurs
supplémentaires, l’acquisition de références plus
solides sur les différents types de vaches conduites
dans différents systèmes de production doit être
poursuivie. Les impacts de ces facteurs devront
être évalués en termes de rentabilité, mais aussi
d’écologie et de charge de travail, autres compo-
santes de la durabilité.
données principales concernent les niveaux de produc-
tion laitière des trois premières lactations, les teneurs
du lait, les poids moyens annuels des vaches et le
nombre de vaches non gestantes 12 semaines après le
début de la saison de reproduction.
Sur la base des données mentionnées précédemment,
le principe a été de simuler un troupeau complet pour
chaque type de vaches en extrapolant les données pour
avoir des structures de troupeau définies (part de vaches
pour chaque rang de lactation; tabl. 1). La production
laitière en 3e lactation a été prise comme base de calcul
pour les productions des lactations de rangs 4 et plus.
Les calculs ont été effectués avec différents modèles.
Les productions laitières annuelles moyennes et le poids
moyen des vaches ont été calculés dans un modèle de
troupeau sur la base d’une structure de troupeau définie.
La consommation de fourrages grossiers en hiver et en
été a été calculée grâce à un autre modèle se basant sur
la qualité du fourrage de base et qui dépend de la pro-
duction laitière de l’année, du poids de la vache et de la
date de vêlage. La consommation de concentrés a été
fixée à 280 kg par vache et par an, ce qui correspond à la
moyenne des 15 exploitations du projet «Quelle vache
pour la pâture?». D’autres calculs ont été effectués avec
d’autres modèles, comme le temps de traite (en fonction
de la quantité de lait journalière) et les coûts de bâti-
ments. Pour ces derniers, on a pris en compte les coûts de
stockage de la matière sèche des fourrages ingérés. Par
ailleurs, pour les CH HF, avec certaines vaches à plus de
150 cm au garrot, on a augmenté de 5 % les surfaces des
logettes, des allées et des places d’alimentation. Les don-
nées calculées ont été intégrées dans un modèle global
afin d’estimer les divers produits et coûts pour un sys-
tème fermé en production laitière (Gazzarin et Schick
2004). Le tableau 2 présente la mécanisation et le type de
bâtiment choisis dans le modèle; aucune différence n’a
été faite selon les types de vaches.
Pour l’interprétation des résultats, il est nécessaire de
garder à l’esprit qu’il s’agit ici de systèmes optimisés: les
capacités des bâtiments, en particulier le nombre de
places, sont totalement utilisées et il n’y a pas de dettes
préexistantes pour d’anciens bâtiments. De plus, aucun
coût d’agrandissement tels les amortissements ou les
locations de contingent n’a été pris en compte.
R é s u l t a t s
Le tableau 3 présente les résultats d’une exploitation de
15 ha de prairies intensives en plaine affourageant exclu-
sivement du foin, selon un système de paiement du lait
aux volumes livrés (Volume) ou incluant en plus un paie-
ment selon les teneurs (V + Teneurs).
Sur 15 ha, environ 29 à 33 vaches peuvent être nour-
ries selon les groupes. La consommation de fourrages
grossiers par vache est le facteur déterminant du
nombre possible de vaches sur une surface donnée. La
consommation dépend du poids vif des vaches et du
niveau de production laitière (lait corrigé selon l’énergie,
ECM). Les revenus de la production laitière varient, sui-
vant le système de paiement du lait, d’environ 3200
francs (CH FV, paiement au volume) à 3700 francs par
hectare (NZ HF, paiement aux taux).
Parmi les groupes de l’étude, ce sont les CH HF qui
ont produit le plus de lait par hectare. Pourtant, ce para-
mètre n’est corrélé aux revenus que lorsque les teneurs
sont ignorées dans le paiement du lait. Le paiement
selon les teneurs entraîne un meilleur résultat pour les
animaux de type NZ HF notamment, malgré leur pro-
duction laitière plus faible (fig. 1).
Economie agricole | Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique
356 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011
La rémunération du travail (salaire horaire) est un
autre facteur déterminant de la rentabilité. Elle se cal-
cule en soustrayant les coûts totaux (sans le travail) des
produits, puis en divisant ce revenu par le nombre
d’heures effectuées. Les troupeaux de CH HF et de CH FV
nécessitent le moins d’heures de travail (tabl. 3), princi-
palement à cause du nombre réduit de vaches, qui a une
influence durant la période hivernale (temps nécessaire
à l’alimentation du troupeau et à l’évacuation du fumier).
La rémunération du travail varie de 19 à 22 francs par
heure, la valeur la plus haute est atteinte par les CH HF
dans les deux systèmes de paiement du lait. Cela s’ex-
plique aussi par le nombre moins important de vaches,
entraînant un niveau plus faible d’investissement par
hectare pour le bâtiment, malgré l’augmentation de 5 %
des espaces fonctionnels nécessaires aux CH HF.
Si la variation des résultats selon les races est analo-
gue pour une exploitation de 30 ha dont la surface four-
ragère peut nourrir 57 à 65 vaches, ils sont toutefois
supérieurs de 40 à 50 % à ceux des exploitations de 15 ha.
Ces calculs comparatifs ont également été effectués pour
des exploitations utilisant de l’ensilage. Leurs revenus,
avec un prix du lait inférieur de 3 centimes, sont infé-
Unité CH HF CH FV CH BS NZ HF
Production laitière annuelle moyenne par vache kg de lait 6431 5811 5500 5799
Durée de lactation calculée1 jours 274 286 278 276
Taux de matière grasse % 4,0 4,2 3,9 4,2
Taux protéique % 3,2 3,3 3,3 3,5
Production laitière ECM annuelle moyenne par vache kg ECM 6344 5920 5381 6002
Poids de carcasse moyen des vaches kg 586 607 516 509
Poids vif moyen des vaches kg 598 643 537 540
Consommation de fourrages grossiers par an, moyenne (sans ensilage) kg / vache 5719 5654 5002 5331
Consommation de fourrages grossiers par an, moyenne (avec ensilage) kg / vache 5662 5586 4949 5272
Taux de renouvellement2 % 31 24
Durée d’utilisation des vaches années 3,25 4,24
Structure du troupeau (proportion de vaches ≥ 4 lactations) % 37 54
Facteur d’élevage (veaux élevés) facteur 0,95 0,95
Part de veaux croisés % 32 46
Facteur de correction pour la 4e lactation3 facteur 1,053 1,053
Consommation de concentrés par an kg / vache 280 280
Facteur de plus-value pour la viande des vaches et des veaux facteur 1 1,1 1 1
Coûts forfaitaires d’élevage du jeune bétail CHF / mois 90 90 80 80
Tableau 1 | Données des troupeaux issues des résultats du projet «Quelle vache pour la pâture?», 2007–2009
1 Les jours de lactation dépendent des performances de reproduction. Les vaches qui sont gestantes tardivement ont des lactations plus courtes car toutes les vaches sont taries au même moment.
2Taux de renouvellement = part des vaches non portantes après 12 semaines + 10 % (arrondi).3Production laitière lors de la 3e lactation multipliée par le facteur de correction = production laitière lors de la 4e lactation.
18
19
20
21
22
23
3100 3200 3300 3400 3500 3600 3700 3800
CHF
/ h
CHF/ha
Figure 1 | Effet de deux systèmes de paiement du lait (paiement au volume – symbole vide; supplément pour teneurs avec système avec correction additive du prix de base (0,63 CHF/kg lait) de 0,05 CHF x [graisse% + (2 x protéine%) - 10,5] - symbole plein) sur le revenu par ha et par heure de travail pour différents types de vache (CH HF ■; CH FV ■; CH BS ▲; NZ HF ●) sur 15 ha, avec affouragement de foin.
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique | Economie agricole
357Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011
sont pas pris en compte. Or, selon Montgomerie (2002),
la moitié du bénéfice économique de meilleures perfor-
mances de reproduction provient de la capacité à réfor-
mer les plus faibles productrices. La combinaison produit
viande, bonnes performances de reproduction et perfor-
mance laitière moyenne n’a pas permis au type CH FV
d’atteindre les performances économiques des types les
rieurs de 7 à 9 % à ceux des systèmes foin. Les différences
entre les différents troupeaux, un peu plus importantes,
restent globalement semblables à la variante «foin».
D i s c u s s i o n
Performances de reproduction et produit viande: effets
plus faibles?
Dans les systèmes de production laitière en vêlages grou-
pés, les performances de reproduction sont connues
pour influencer les résultats économiques autant que les
performances de lactation (McCarthy et al. 2007). En
Irlande, Evans et al. (2006) estiment que la dégradation
des performances de reproduction a grevé de moitié
l’amélioration attendue du revenu des exploitations de
1990 à 2003. Dans nos simulations, les meilleurs résultats
économiques s’observent pour les deux types Holstein –
incontestablement les types les plus laitiers – malgré des
performances de reproduction inférieures pour les Hols-
tein suisses. Dans une étude irlandaise comparant des
vaches Holstein néo-zélandaises à des vaches Holstein
nord-américaines, avec des résultats de production et de
reproduction comparables à ceux de notre étude (NZ HF
et CH HF), le type néo-zélandais a permis de meilleurs
résultats économiques, quel que soit le scénario étudié
(McCarthy et al. 2007). La production laitière inférieure
est largement compensée par de meilleures perfor-
mances de reproduction. Dans nos modèles, les perfor-
mances de reproduction n’influencent que la durée de
lactation et le taux de remonte. Les effets indirects ne
15 ha SFP1 30 ha SFP
Tracteurs 41 kW, 60 kW (occas.) 41 kW, 60 kW
Récolte des fourrages (fauche / travail)
Mécanisation moyenne Mécanisation importante
Production d’ensilage
Stockage du fourrage Balles rondes / silo tranchée Balles rondes / silo tranchée
Récolte du fourrage autochargeuse autochargeuse
presser/tasser par entrepreneur
presser/tasser par entrepreneur
Reprise du fourrage Chargeur frontal, découpeur de blocs
Chargeur frontal, mélangeuse
Production de fourrage sec
Stockage du fourrage Séchage en grange Séchage en grange
Récolte du fourrage Autochargeuse Autochargeuse
Reprise du fourrage Griffe à foin Griffe à foin
StabulationStabulation libre avec logettes
Stabulation libre avec logettes
Salle de traite Epi 2×3 / 6 postes Epi 2×4 / 8 postes
Tableau 2 | Hypothèses choisises pour la mécanisation et les bâtiments
Type de vache1 Unité CH HF CH FV CH BS NZ HF
Système de paiement du lait Volume V+Teneurs Volume V+Teneurs Volume V+Teneurs Volume V+Teneurs
Nombre de vaches Nb 29 – 29 – 33 – 31 –
Production laitière kg lait 183 927 – 167 357 – 179 300 – 178 029 –
Produit du lait Fr. / 100 kg lait 59,7 59,2 59,3 61,0 59,4 58,9 59,5 62,7
Produit de la viande Fr. / 100 kg lait 13,1 – 14,8 – 13,1 – 12,3 –
Paiments directs Fr. / 100 kg lait 21,2 – 23,3 – 22,3 – 22,2 –
Produits totaux Fr. / 100 kg lait 94,0 93,5 97,5 99,1 94,8 94,3 94,0 97,2
Coûts (sans travail) Fr. / 100 kg lait 72,1 – 77,3 – 74,5 – 74,0 –
Coûts du travail Fr. / 100 kg lait 37,5 – 41,4 – 41,2 – 40,8 –
Coûts totaux Fr. / 100 kg lait 109,5 – 118,7 – 115,7 – 114,8 –
Revenu par ha3 Fr. / ha 3 626 3 568 3 184 3 368 3 364 3 307 3 314 3 696
Rémunération du travail Fr. / h 22 22 19 20 19 19 19 21
Heures de travail MOh / an 2 463 – 2 473 – 2 639 – 2 592 –
Tableau 3 | Influence du type de vache et du système de paiment du lait sur les principaux facteurs de succès d'une exploitation de 15 ha en pâture intégrale, vêlages groupés et alimentation foin (prix de base du lait: 0,63 CHF / kg)
1ch hF=holstein suisse, ch FV= Fleckvieh, ch BS= Brown Swiss, nZ hF= holstein-Friesian néo-zélandaise. 2 Volume = paiement par kg de lait, V+Teneurs = supplément pour teneurs avec système avec correction additive du prix de base (0,63 chF/kg lait) de 0,05 chF × (graisse% + (2 x protéine%) – 10,5).
350 % de capital propre et de terres en propriété.
1 Surface fourragère principale.
358
Economie agricole | Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011
plus laitiers, contrairement aux résultats de Evans et al.
(2004) avec la race Montbéliarde ou de Delaby et al.
(2008) avec la race Normande.
Fort impact du système de paiement du lait
En Nouvelle-Zélande, seules la matière grasse et la
matière protéique sont rémunérées, contrairement au
système nord-américain ou suisse qui rémunère le volume
généralement indépendamment des teneurs. Les vaches
néo-zélandaises ont été sélectionnées sur des teneurs
élevées, expliquant la grande amplitude de revenu pour
le type NZ HF selon le système de paiement du lait consi-
déré, volume ou volume + teneurs (fig. 1). Un paiement
au kilo de matière utile, comme c’est déjà le cas chez cer-
tains acheteurs suisses, accentuerait encore ces écarts. En
Suisse, où la transformation fromagère est plus impor-
tante, il y a fort à parier que ce type de paiement se déve-
loppe dans un contexte d’utilisation efficace des res-
sources.
Pousser la réflexion sur le type de vaches
Du fait du nombre limité de données à disposition, un
modèle de calcul ne permet qu’une approche de la réa-
lité. Divers autres facteurs influant la rentabilité des dif-
férents types de vaches sont encore peu connus ou n’ont
pas pu être analysés pleinement dans notre étude: l’ap-
titude à la traite (coût du travail), la persistance (produit
lait et coût alimentaire), la robustesse des vaches, du
jeune bétail et des veaux (coûts du travail et frais vétéri-
naires), la réaction au changement d’environnement ou
aux variations de qualité de la ration de base (concer-
nant la production laitière), l’état corporel (produit lait,
produit viande, frais vétérinaires), la maniabilité des
vaches (coût du travail), les dégâts causés à l’herbe par le
piétinement (rendement fourrager). L’acquisition de
données plus solides sur les différents types de vaches
conduites dans différents systèmes de production doit
donc être poursuivie afin de pouvoir évaluer d’autres
facteurs. Ces différents facteurs ne doivent pas seule-
ment être évalués en fonction de la rentabilité, mais
aussi en fonction d’autres aspects de la durabilité,
comme l’écologie ou la charge en travail.
C o n c l u s i o n s
Le type de vaches influence significativement le revenu.
Entre types de vaches, les différences de revenu varient
de zéro à 15 %, les différences de coûts de production
varient de zéro à 0,05 CHF par litre de lait. Pour les
exploitations utilisant exclusivement du foin, ces diffé-
rences sont un peu plus faibles.
A même apport de concentrés et même surface de
prairies, la production laitière est à rapporter à l’inges-
tion de fourrages grossiers ou au poids vif des vaches, un
hectare de prairie pouvant supporter plus de vaches si
elles sont plus légères. En combinaison avec une haute
productivité individuelle des vaches, la production lai-
tière à l’hectare, et donc aussi le revenu, augmentent.
Toutefois, le travail nécessaire à l’alimentation hivernale
augmente avec le nombre de vaches, ce qui pénalise la
rémunération du travail.
Le produit viande plus élevé des vaches plus lourdes,
comme les CH FV, a permis de compenser en partie la
plus faible productivité laitière à l’hectare. Les avan-
tages éventuels en conditions d’alpage n’ont pas pu être
étudiés.
Les moins bonnes performances de reproduction des
CH HF, et donc les coûts de renouvellement plus élevés
qui y sont associés, ont également pu être compensés
par les plus hautes performances individuelles et par les
ventes de vaches de réforme. Cependant, en système
avec vêlages groupés, de bonnes performances de
reproduction sont primordiales pour plusieurs raisons.
Elles permettent une production laitière plus élevée sur
la lactation, mais aussi des coûts de renouvellement plus
faibles, a fortiori dans une situation de prix bas pour les
vaches de réforme. Certains aspects liés aux perfor-
mances de reproduction n’ont cependant pas pu être
pris en compte dans le modèle en raison du manque de
données: les performances de reproduction pourraient
influencer plus significativement le résultat en abaissant
les frais vétérinaires, les frais d’insémination, mais aussi
et surtout le temps de travail (inséminations, observa-
tion des vaches, soins aux veaux).
Globalement, les résultats de la comparaison ne sont
pas seulement influencés par le poids des vaches et la
production laitière sur la lactation, mais aussi et forte-
ment par le système de paiement du lait. n
359
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique | Economie agricole
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011
Which cow for pasture-based production systems?:
Economic evaluation
The objective of the study was to compare, within
pasture-based seasonal-calving systems, the economic
performance of different types of cows. A herd simula-
tion based on the results of the project «Which cow
for pasture-based production systems?» was under-
taken. There were no clear advantages of one cow
type over the others. The model calculation could,
however, show that high milk production per hectare
or – with a component-based payment scheme – pro-
duction of fat and protein per hectare represented an
important success factor. High production per hectare
could be achieved with high individual production or
with low bodyweight of the cow and an associated
increase in cow numbers. Other cow-type-related
differences were found in the meat and reproduction
performances. Reproduction is essential for seasonal-
calving pasture-based milk production systems, but its
impact on working hours could not be taken into
account in our results. The acquisition of solid basic
data about different cow types in different produc-
tion systems should therefore be continued in order
to evaluate further influencing factors – not only in
terms of cost-effectiveness, but also regarding further
aspects of sustainability like ecology or workload.
Key words: pasture, seasonal calving, dairy produc-
tion, economic efficiency, breeds
Progetto «La mucca da pascolo e la sua genetica»:
Valutazione economica
E’ stata studiata la redditività di diversi tipi di mucche,
condotte con sistema di pascolo integrale e con parto
a fine inverno. E stato realizzato un modello di
simulazione di mandria, partendo dai dati del
progetto di ricerca «La mucca da pascolo e la sua
genetica». I risultati indicano una differenza di resa
che varia da 0 a 15 %. Non è stata evidenziata nessuna
differenza marcante tra le diverse tipologie di mucca.
Tuttavia, nel nostro modello, un’elevata produttività
lattiera per ettaro – oppure in caso di un pagamento
del latte in funzione dei contenuti in materia grassa e
proteica per ettaro – sono determinanti per la
redditività. Un’elevata produttività per ettaro può
essere ottenuta da animali con un elevato livello di
produzione lattiero individuale o attraverso un
numero maggiore di animali più piccoli e meno
produttivi. Sono state evidenziate altre differenze
relative alle diverse tipologie di mucche, tra cui il
prodotto carne e la capacità riproduttiva – elementi
essenziali per un sistema di pascolo integrale con
parto raggruppato. Ma tutte le loro conseguenze non
hanno potuto essere studiate. Per valutare l’impatto
di fattori supplementari, è necessario acquisire e
perseguire riferimenti più solidi sulle diverse tipologie
di mucche condotte con diversi sistemi di produzione.
L’impatto di questi fattori dovranno essere valutati
anche in termini di ecologia e di carico di lavoro che
sono ulteriori componenti della sostenibilità.
Bibliographie b Burren A., Reist S., Piccand V., Stürm C., Rieder S. & Flury C., 2009. Züch-terische Aspekte der Tiere im Projekt Weidekuh-Genetik. Agrarforschung 16 (8), 302–307.
b Delaby L., Pavie J., 2008. Impacts de la stratégie d’alimentation et du système fourrager sur les performances économiques de l’élevage laitier dans un con-texte de prix instables. Rencontres Recherches Ruminants 15, 135–138.
b Evans R. D., Dillon P., Shalloo L., Wallace M. & Garrick D. J., 2004. An economic comparison of dual-purpose and Holstein-Friesian cow breeds in a seasonal grass-based system under different milk production scena-rios. Irish Journal of Agricultural and Food Research 43, 1–16.
b Evans R. D., Wallace M., Shalloo L., Garrick D. J. & Dillon P., 2006. Finan-cial implications of recent declines in reproduction and survival of Hol-stein-Friesian cows in spring-calving Irish dairy herds. Agricultural Sys-tems 89 (1), 165–183.
b Fulkerson W. J., Davison T. M., Garcia S. C., Hough G., Goddard M. E., Dobos R. & Blockey M., 2008. Holstein-Friesian Dairy Cows under a Pre-dominantly Grazing System: Interaction Between Genotype and Environ-ment. Journal of Dairy Science 91 (2), 826–839.
b Gazzarin Ch. & Schick M., 2004. Milchproduktionssysteme für die Tal-region – Vergleich von Wirtschaftlichkeit und Arbeitsbelastung. FAT- Berichte 608, Ettenhausen.
b Gazzarin Ch., Ammann H., Schick M., Van Caenegem L. & Lips M., 2005. Milchproduktionssysteme in der Tal- und Hügelregion, Was ist optimal für die Zukunft? FAT-Berichte 645, Ettenhausen.
b Gruber L., Susenbeth A., Schwarz F. J., Fischer B., Spiekers H., Steingass H., Meyer U., Chassot A., Jilg T. & Obermaier A., 2008. Untersuchungen zum Energiebedarf und zur Energieverwertung bei Milchkühen in Fütte-rungsversuchen. Institut für Nutztierforschung, LFZ Raumberg-Gumpen-stein, Reichersberg 1.
b Horan B., Dillon P., Faverdin P., Delaby L., Buckley F. & Rath M., 2005. The Interaction of Strain of Holstein-Friesian Cows and Pasture-Based Feed Systems on Milk Yield, Body Weight, and Body Condition Score. Journal of Dairy Science 88 (3),1231–1243.
b Kolver E. S., Napper A. R., Copeman P. J. & Muller L. D., 2000. A compari-son of New Zealand and overseas Holstein Friesian heifers. Proceedings of the New Zealand Society of Animal Production 60, 265–269.
b McCarthy S., Horan B., Dillon P., O'Connor P., Rath M. & Shalloo L., 2007. Economic Comparison of Divergent Strains of Holstein-Friesian Cows in Various Pasture-Based Production Systems. Journal of Dairy Science 90 (3), 1493–1505.
b Montgomerie W. A., 2002. Cow fertility and breeding objectives. Procee-dings of the Society of Dairy Cattle Veterinarians of the NZVA Annual Conference 19, 147–154.
b Piccand V., Schori F., Troxler J., Wanner M. & Thomet P., 2011 Projet «Quelle vache pour la pâture?» Problématique et description de l’essai. Recherche Agronomique Suisse 2 (5), 200–205.
360 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011
duits chimiques à base d’acide propionique, l’un des pro-
duits les plus efficaces pour empêcher le développement
de levures, moisissures et bactéries.
Lors de deux essais en laboratoire, les deux agents
conservateurs Schaumasil supra NK et KRONI 909.01 Sta-
bisil ont été testés dans du foin humide comparative-
ment à un contrôle négatif sans ajout.
I n t r o d u c t i o n
Afin de pouvoir conserver du fourrage sec durablement,
une teneur en matière sèche (MS) d’au moins 85 % est
nécessaire. En Suisse, depuis quelque temps, des agents
conservateurs sont utilisés pour les balles de fourrage sec
qui n’ont pas atteint ces teneurs en MS. Il s’agit de pro-
Afin de pouvoir conserver du fourrage sec sans altération, il faut qu’il soit suffisamment sec. L’utilisation d’agents conservateurs efficaces lors du pressage des balles peut empêcher l’altération. (Photo: ALP)
Ueli Wyss, station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux
Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: [email protected], tél. +41 26 407 72 14
Conservation du foin humide avec des agents conservateurs
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Conservation du foin humide avec des agents conservateurs | Production animale
361
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011
Pour pouvoir conserver du fourrage sec sans
altération, il faut qu’il soit suffisamment sec.
L’utilisation d’agents conservateurs lors du
pressage des balles de foin humide constitue
une alternative. L’efficacité de deux agents
conservateurs (Schaumasil supra NK et KRONI
909.01 Stabisil) a été testée, lors de deux
essais, sur des fourrages à différentes teneurs
en matière sèche. Des variantes non traitées
ont servi de contrôles négatifs. La tempéra-
ture a été relevée pendant la période d’essai
de 30 jours. Les teneurs en matière sèche
ainsi que différents paramètres chimiques ont
été analysés avant et après les 30 jours de
stockage.
Par rapport aux contrôles négatifs, l’ajout du
Schaumasil supra NK et du KRONI 909.01
Stabisil a permis d’empêcher l’échauffement
et l’altération du fourrage pour les teneurs en
MS testées. Sur la base de ces résultats, les
deux produits Schaumasil supra NK et KRONI
909.01 Stabisil pour la stabilisation du foin
humide ont été définitivement autorisés.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Le produit Schaumasil supra NK contient surtout du pro-
pionate d‘ammonium, tandis que le produit KRONI 909.01
Stabisil est composé d’acide propionique et de propionate
d’ammonium. Pour les deux essais, du regain (2e coupe –
herbage riche en graminées, spécialement en ray-grass) a
été humidifié pour obtenir différentes teneurs en MS.
Dans le premier essai, l’agent conservateur Schaumasil
supra NK a été ajouté, et dans le deuxième essai le produit
KRONI 909.01 Stabisil, conformément aux recommanda-
tions des fabricants. Les doses des produits utilisés figurent
dans le tableau 1. Des variantes sans ajout ont servi de
contrôle négatif. Chaque variante a été répétée trois fois.
Les essais ont été réalisés sur l’installation d’essai
développée par Meisser (2001) à l’échelle de laboratoire.
Le fourrage a été introduit dans des cylindres en PVC
(500 g par récipient) et compressé à 200 kg de MS/m3.
Chaque cylindre a été muni d’une sonde de température
et, pendant la durée de stockage de 30 jours, les tempé-
ratures ont été relevées et enregistrées toutes les
30 minutes (fig. 1). Les teneurs en MS ainsi que divers
paramètres chimiques ont été déterminés avant et après
les 30 jours de stockage.
R é s u l t a t s
Températures au cours du stockage
Dans les deux essais, le fourrage sec avec les teneurs en
MS les moins élevées (A + C) des variantes sans ajout
(fig. 2 et 3) s’est échauffé. Aussi bien l’ajout du Schauma-
sil supra NK (fig. 2) que du Kroni 909.01 Stabisil (fig. 3) a
empêché l’échauffement et l’activité des microorga-
nismes indésirables lors des trois répétitions.
Dans le foin humide avec les teneurs en MS les plus
élevées (B et D), un échauffement partiel a été observé
dans les variantes sans ajout (fig. 4 et 5). L’échauffement
a été un peu plus tardif dans la plupart des cas et moins
marqué qu’avec le foin plus humide. Cela coïncide avec
les précédentes analyses de Meisser (2001). A nouveau,
les deux produits Schaumasil supra NK (fig. 4) et Kroni
909.01 Stabisil (fig. 5) ont été efficaces et le fourrage ne
s’est pas échauffé.
Figure 1 | Le foin humide a été compressé dans les cylindres et la température a été relevée en continu à l’aide de sondes. (Photo: ALP)
Essai Fourrage Agent conservateurDosage
par t
1 A Schaumasil supra NK 16,2 kg
1 B Schaumasil supra NK 10,8 kg
2 C KRONI 909.01 Stabisil 9,6 kg
2 D KRONI 909.01 Stabisil 5,3 kg
Tableau 1 | Dosage des agents conservateurs
Production animale | Conservation du foin humide avec des agents conservateurs
362 Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011
Teneurs en MS et en nutriments
Les teneurs en MS et en nutriments du fourrage avant le
stockage des deux essais figurent dans le tableau 2. Lors
du premier essai, des teneurs en MS de 74 % (A) et 78 %
(B) étaient attendues; les teneurs en MS effectives se
sont élevées à 75 et 78 %. Lors du deuxième essai, les
différences attendues entre les teneurs en MS étaient de
71 % (C) et 76 % (D), et les valeurs effectivement atteintes
de 74 et 81 %.
Les teneurs en nutriments de tous les fourrages étaient
plus ou moins identiques (tabl. 2). Tous les fourrages pro-
venaient de la même parcelle, ont été séchés sur l’installa-
tion de séchage du foin et stockés dans un endroit sec
jusqu’à leur utilisation. Seules les teneurs en sucre des
fourrages C et D étaient légèrement inférieures à celles
des fourrages A et B. Cela pourrait être dû à la différente
durée de stockage du fourrage jusqu’à son utilisation.
Au cours du stockage de 30 jours du foin humide, l’al-
tération du foin a entraîné la formation d’eau. Ainsi, les
teneurs en MS de ces variantes étaient moins élevées
après le stockage qu’avant. Pour les autres variantes, les
teneurs en MS étaient légèrement plus élevées que
celles du foin humidifié au départ. Ceci est dû à un
séchage subséquent.
Les deux produits ont montré une bonne efficacité
pour le fourrage plus humide. Dans les variantes non trai-
tées, le sucre a été fortement dégradé en raison de l’alté-
ration du fourrage. L’utilisation du Schaumasil supra NK
(tabl. 3) et du KRONI 909.01 Stabisil (tabl. 4) a permis d’em-
pêcher la dégradation des sucres. En ce qui concerne la
part d’azote insoluble par rapport à l’azote total aussi, des
différences significatives ont aussi été observées entre les
variantes traitées et non traitées. Dans les variantes non
traitées, les valeurs dépassaient 5 %, ce qui signale un pro-
cessus de dénaturation. Selon Weiss et al. (1992), plus la
part d’azote insoluble croît par rapport à l’azote total,
plus la digestibilité de la matière azotée diminue.
Pour le foin plus sec, lors du premier essai, des diffé-
rences significatives ont été enregistrées uniquement
pour la teneur en matière azotée (tabl. 3). Lors du second
essai, aucune différence significative n’a été relevée
entre les variantes non traitées et traitées (tabl. 4).
Cependant, à nouveau, les teneurs en sucres étaient
inférieures dans les variantes non traitées. Dans toutes
les variantes, la part d’azote insoluble par rapport à
l’azote total était nettement au-dessous de 5 %.
Pertes en MS
La teneur en humidité du fourrage et l’ajout des agents
conservateurs a eu un impact important sur les pertes en
MS. Pour le foin avec des teneurs en MS de 75 %, les
Essai 1 Essai 2
Fourrage A Fourrage B Fourrage C Fourrage D
Teneur en MS % 74,9 77,8 73,8 81
Cendres g/kg MS 102 101 111 93
Matière azotée g/kg MS 211 204 209 202
Cellulose brute g/kg MS 227 225 225 239
Sucre g/kg MS 186 190 170 176
ADF g/kg MS 247 246 241 254
NDF g/kg MS 448 444 470 494
NADF/N total % 2,7 2,6 2,8 2,2
Tableau 2 | Teneur en matière sèche (MS) et en nutriments du four-rage avant les tests
ADF: lignocellulose; nDF: parois.nADF/n total: azote insoluble par rapport à l'azote total.
-1,0 0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0 8,0 9,0
10,0 11,0 12,0 13,0 14,0 15,0 16,0 17,0 18,0 19,0 20,0
0 48 96 144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672
Diffé
renc
e de
tem
péra
ture
par
rapp
ort a
u lo
cal (
°C)
Durée de conservation (heures)
Sans conservateur - 1er échantillon
Sans conservateur - 2e échantillon
Sans conservateur - 3e échantillon
Schaumasil supra NK - 1er échantillon
Schaumasil supra NK - 2e échantillon
Schaumasil supra NK - 3e échantillon
Figure 2 | Evolution des températures pendant la conservation du foin humide avec et sans conser-vateur (fourrage A avec 75 % MS).
Conservation du foin humide avec des agents conservateurs | Production animale
363Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011
Fourrage A Fourrage B
VarianteSans
conservateurSchaumasil supra NK
SE SignificativitéSans
conservateurSchaumasil supra NK
SE Significativité
Teneur en MS % 69,5 75,3 1,5 n.s. 79,1 80,3 1,0 n.s.
Cendres g/kg MS 125 94 5,0 * 108 98 3,1 n.s.
Matière zotée g/kg MS 244 205 5,3 ** 217 207 1,6 *
Cellulose brute g/kg MS 257 231 3,0 ** 230 228 5,7 n.s.
Sucre g/kg MS 63 185 2,7 *** 140 184 18,8 n.s.
ADF g/kg MS 310 252 3,4 *** 257 243 9,1 n.s.
NDF g/kg MS 564 469 10,2 ** 463 451 9,2 n.s.
NADF/N total % 5,6 2,3 0,7 * 2,9 2,1 0,2 n.s.
Pertes en MS % 18,7 1,8 2,9 * 3,1 -1,3 1,9 n.s.
Tableau 3 | Paramètres chimiques après la conservation du foin humide pour les variantes du 1er essai
Se: erreur standard; Significativité: n.s.: non significatif; * p < 0,05, ** p < 0,01, *** p < 0,001. ADF: lignocellulose; nDF: parois.nADF/n total: azote insoluble par rapport à l'azote total.
-1,0 0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0 7,0 8,0 9,0
10,0 11,0 12,0 13,0 14,0 15,0 16,0 17,0 18,0 19,0 20,0
0 48 96 144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 Diffé
renc
e de
tem
péra
ture
par
rapp
ort a
u lo
cal (
°C)
Durée de conservation (heures)
Sans conservateur - 1er échantillon
Sans conservateur - 2e échantillon
Sans conservateur - 3e échantillon
Kroni 909.01 Stabisil - 1er échantillon
Kroni 909.01 Stabisil - 2e échantillon
Kroni 909.01 Stabisil - 3e échantillon
Figure 3 | Evolution des températures pendant la conservation du foin humide avec et sans conservateur (fourrage C avec 74 % MS).
-1,0
0,0
1,0
2,0
3,0
4,0
5,0
6,0
7,0
8,0
9,0
10,0
0 48 96 144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 Diffé
renc
e de
tem
péra
ture
par
rapp
ort a
u lo
cal (
°C)
Durée de conservation (heures)
Sans conservateur - 1er échantillon
Sans conservateur - 2e échantillon
Sans conservateur - 3e échantillon
Schaumasil supra NK - 1er échantillon
Schaumasil supra NK - 2e échantillon
Schaumasil supra NK - 3e échantillon
Figure 4 | Evolution des températures pendant la conservation du foin humide avec et sans conservateur (fourrage B avec 78 % MS).
364
Production animale | Conservation du foin humide avec des agents conservateurs
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011
pertes étaient nettement plus élevées dans les variantes
non traitées: 18,7 % et 17,4 % de pertes dans les variantes
non traitées du premier et deuxième essai, contre seule-
ment 1,8 et 2,0 % de perte dans les variantes traitées du
premier et deuxième essai. Pour le fourrage plus sec, les
différences de pertes en MS étaient nettement moins
élevées et pas significatives entre les variantes non trai-
tées et traitées (tabl. 3 et 4).
Evaluation sensorielle
Les variantes non traitées des fourrages humides A et C
étaient entièrement moisies et dégageaient une forte
odeur d’ammoniac (fig. 6). Le fourrage était considéré
comme altéré et inapte à la consommation des animaux.
Les deux produits Schaumasil supra NK et Kroni 909.01
Stabisil se sont montrés efficaces et ont empêché le four-
rage de moisir.
Les fourrages plus secs (B et D) et non traités étaient
moisis à certains endroits. L’utilisation des deux agents
conservateurs a également permis d’empêcher la forma-
tion de moisissures.
Fourrage C Fourrage D
VarianteSans
conservateurKRONI 909.01
StabisilSE Significativité
Sans conservateur
KRONI 909.01 Stabisil
SE Significativité
Teneur en MS % 71,6 77,2 1,6 n.s. 81,8 82,9 1,1 n.s.
Cendres g/kg MS 148 98 8,2 * 106 100 3,7 n.s.
Matière azotée g/kg MS 246 213 1,6 *** 217 210 2,9 n.s.
Cellulose brute g/kg MS 251 232 7,4 n.s. 238 225 6,1 n.s.
Sucre g/kg MS 64 178 2,5 *** 138 179 15,3 n.s.
ADF g/kg MS 309 256 2,2 *** 264 249 8,0 n.s.
NDF g/kg MS 545 483 18,0 n.s. 499 472 15,1 n.s.
NADF/N total % 5,4 1,4 0,6 * 2,7 1,9 0,3 n.s.
Pertes en MS % 17,4 2,0 3,2 * 4,5 2,6 2,1 n.s.
Tableau 4 | Paramètres chimiques après la conservation du foin humide pour les variantes du 2e essai
Se: erreur standard; Significativité: n.s.: non significatif ; * p < 0,05; ** p < 0,01; *** p < 0,001. ADF: lignocellulose; nDF: parois.nADF/n total: azote insoluble par rapport à l'azote total.
-1,0
0,0
1,0
2,0
3,0
4,0
5,0
6,0
7,0
8,0
9,0
10,0
0 48 96 144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 Diffé
renc
e de
tem
péra
ture
par
rapp
ort a
u lo
cal (
°C)
Durée de conservation (heures)
Sans conservateur - 1er échantillon
Sans conservateur - 2e échantillon Sans conservateur - 3e échantillon
Kroni 909.01 Stabisil - 1er échantillon
Kroni 909.01 Stabisil - 2e échantillon
Kroni 909.01 Stabisil - 3e échantillon
Figure 5 | Evolution des températures pendant la conservation du foin humide avec et sans conservateur (fourrage D avec 81% MS).
365
Conservation du foin humide avec des agents conservateurs | Production animale
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011
Ria
ssu
nto
Sum
mar
yPreservation of moist hay with preservatives
In order to be able to stock hay without
spoilage, it must be dry enough. The use of
preservatives / additives at baling of moist
hay is an alternative. In two trials, the
efficacy of two products, Schaumasil supra
NK and KRONI 909.01 Stabisil, was investi-
gated with hay with different dry matter
contents. As negative control, variants
without additives were tested.
During a period of 30 days, hay temperature
was continuously controlled. Before and
after this period, the dry matter contents
and different parameters were analysed.
In contrast to the control variants without
additives, the two additives Schaumasil
supra NK and KRONI 909.01 Stabisil pre-
vented the heating up and the spoilage
of the hay with the different dry matter
contents.
Due to these investigations, the two
products Schaumasil supra NK and KRONI
909.01 Stabisil were authorized for the
stabilization of moist hay.
Key words: hay, preservation, additives.
Bibliographie b Meisser M., 2001. Conservation du foin humide. Revue suisse d’Agriculture 33 (2), 61–65.
b Weiss W. P., Conrad H. R. & St. Pierre N. R., 1992. A theoretically-based model for predicting total digestible nutrient values of forages and con-centrates. Anim. Feed Sci. Technol. 39, 95–110.
C o n c l u s i o n s
•• Le fourrage sec qui contient moins de 85 % de MS se
conserve mal. Il s’échauffe et moisit. Plus la teneur en
MS est faible, plus l’échauffement et la dégradation
des sucres sont élevés. En outre, la part d’azote
insoluble par rapport à l’azote total ainsi que les
pertes en MS augmentent.
•• L’utilisation des deux agents conservateurs Schaumasil
supra NK et KRONI 909.01 Stabisil ont empêché
l’échauffement et l’altération du foin humide. n
Conservazione del fieno umido
mediante prodotti di conservazione
Affinché il foraggio secco si conservi
senza deteriorarsi, è necessario che esso
sia sufficientemente asciutto. In alterna-
tiva, possono essere utilizzati agenti
conservanti per fieno umido in fase di
pressatura delle balle. Sono state
condotte due prove per testare l'effica-
cia di due prodotti, Schaumasil supra NK
e KRONI 909.01 Stabisil, per la stabilizza-
zione di fieno umido con differenti
tenori in SS. Quale controllo negativo
sono state utilizzate varianti non
trattate.
Durante 30 giorni si è continuamente
misurato la temperatura. I tenori in SS e
diversi altri parametri sono stati rilevati
e analizzati prima e dopo tale periodo.
A differenza del controllo negativo, per i
tenori in SS valutati con Schaumasil
supra NK e KRONI 909.01 Stabisil, si
sono potuti evitare il riscaldamento e il
deterioramento del fieno. Considerati
detti risultati, entrambi i prodotti per la
stabilizzazione del fieno sono stati
omologati.
Figure 6 | Après 30 jours, le fourrage avec 75 % MS des variantes non traitées était moisi et dégageait une forte odeur d’ammoniac. (Photo: ALP)
366
Collaborateur scientifique d’ACW à Changins depuis
1987 (groupe céréales panifiables, oléagineux et pommes
de terre), Ruedi Schwärzel aime les défis, le changement
et rechercher des solutions pratiques aux problèmes qui
se posent. Ces traits de caractère, alliés à une grande
débrouillardise, beaucoup d’énergie et une expérience
professionnelle diversifiée, l’ont conduit durant toutes
ces années aux quatre coins du monde, dans le cadre de
courtes missions d’expert avec le CICR, le DDC ou encore
Caritas. De la Bolivie à la Russie, en passant par l’Azer-
baïdjan, l’Abkhazie, le Nagorny Karabakh, la Bosnie-
Herzégovine, la Corée du Nord ou encore le Tadjikistan,
Ruedi Schwärzel a collaboré à de nombreux projets liés à
la production de pommes de terre de qualité, dans des
régions vulnérabilisées par la pauvreté et la guerre.
Autant d’aventures humaines, techniques, scientifiques
et parfois tragico-rocambolesques: il a ainsi connu la pri-
son en Bolivie, la fuite à travers le Brésil avec les moyens
du bord, le froid et la faim en Bosnie-Herzégovine en
période de Ramadan et de pénurie.Son engagement en Corée du Nord est certainement
l’un de ceux qui l’ont le plus marqué. Il y est allé à 11
reprises, entre 1998 et 2004. «Ces visites nous ont permis
de mettre en place une production de plants de bonne
qualité, sur une ferme modèle de 10 000 ha, et d’augmen-
ter considérablement la productivité. Depuis, de nom-
breux agriculteurs et responsables coréens s’en sont ins-
pirés dans différentes régions», se réjouit le scientifique.
Son intérêt pour le monde agricole, l’expérimenta-
tion et la transmission du savoir, Ruedi Schwärzel le tient
sans doute de son grand-père maternel, qu’il a beau-
coup côtoyé dans la ferme familiale de son enfance, en
Suisse orientale. Ce grand-père aux ancêtres suisses,
né en Russie – tout comme ses grands-parents – a fui les
Bolchéviques à l’adolescence pour se réfugier en Suisse
et a toujours mené des expériences sur les abeilles,
poules, canards, chèvres, vaches – ou encore des expé-
riences de greffage.
Ruedi Schwärzel a été engagé à Changins après plu-
sieurs formations et expériences professionnelles dans
le domaine agricole, viticole, maraîcher et des pépi-
nières. Il a depuis pris part à de nombreux projets, essais
variétaux, certifications, études sur les maladies, etc,
en collaboration avec différents chercheurs. Il a par
exemple participé au lancement du soja en Suisse et aux
essais pois, féverole et lupin. Il s’est ensuite concentré
sur toutes les tâches accompagnant la certification des
plants de pommes de terre et a collaboré au développe-
ment du test ELISA.
Il a également contribué au développement de dif-
férentes machines comme la compteuse à tubercules, la
pompe à traiter à air comprimé pour les essais de défa-
nage, la planteuses à microtubercules, un robot pour
les tests Elisa sur tubercules, etc. Aujourd’hui, Ruedi
Schwärzel partage son temps entre les essais variétaux
des céréales panifiables et l’étude variétale des pommes
de terre, en étroit contact avec l’inteprofession (Swiss-
granum et Swisspatat). «J’apprécie particulièrement la
diversité de mon travail, d’être en contact avec toute la
filière d’une culture, de pouvoir lancer des idées et d’en
réaliser un partie», conclut le scientifique, par ailleurs
père de deux adolescents et mari d’une femme qu’il
qualifie d’extraordinaire: «Elle me soutient et sait cana-
liser mes ambitions!»
Sibylle Willi, Recherche Agronomique Suisse, 1260 Nyon
Un expert de la pomme de terre aux quatre coins du monde
P o r t r a i t
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 366, 2011
Ruedi Schwärzel, Agroscope Changins-Wädenswil ACW.
367
A c t u a l i t é s
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 367–371, 2011
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
Quand plaisir rime avec sécurité
Rapport annuel Agroscope 2010
C’est ce titre que Manfred Bötsch, alors encore président
de la direction d’Agroscope, a retenu pour sa préface au
rapport annuel 2010 paru début juin. Dans ce rapport,
Agroscope montre en quoi il contribue à garantir la qua-
lité et la sécurité des denrées alimentaires produites en
Suisse. Relevons, par exemple, la lutte contre les myco-
toxines ou la mise en évidence de substances toxiques
telles que les alcaloïdes pyrrolizidine. Agroscope cherche
aussi à savoir quel goût doit avoir un fruit ou un salami
afin de satisfaire aux attentes des clients. Les pro-
grammes de recherche d’Agroscope montrent les presta-
tions fournies par les différentes stations pour assurer la
production de denrées alimentaires saines et savou-
reuses: élaboration d’alternatives intéressantes pour les
exploitations de montagne ou amélioration de la bioac-
cessibilité des caroténoïdes, par exemple. Un panorama
des activités dans les divers domaines de recherche, un
aperçu de la recherche systémique orientée sur la solu-
tion des problèmes ainsi que les chiffres-clés et les don-
nées financières complètent le rapport.
Anton Stöckli, Office fédéral de l’agriculture
Pour obtenir le rapport: [email protected]
Rapport annuel 2010
Schweizerische EidgenossenschaftConfédération suisseConfederazione SvizzeraConfederaziun svizra
Département fédéralde l'économie DFEAgroscope
368
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 367–371, 2011
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
Détention, immobilisation, rabattage et charge-ment des vaches-mères en toute sécurité
Rapport ART 741
Le contact avec les vaches-mères n’est pas sans danger et
exige beaucoup d’expérience de la part de la personne
chargée de la garde des animaux. La connaissance de
certains de leurs comportements typiques, leur observa-
tion régulière, l’accoutumance des animaux à leur res-
ponsable, ainsi qu’une attitude calme et déterminée
sont des atouts indéniables. Tous ces facteurs permet-
tent de travailler plus en sécurité avec les animaux. Dans
l’élevage de vaches-mères avec une faible intensité de
soin les animaux peuvent devenir plus farouches à leur
égard. Lorsqu’il est nécessaire d’approcher l’animal, le
risque d’accident s’en trouve accru pour l’homme,
comme pour l’animal. La présente étude avait pour but
de faire l’état des lieux de l’élevage de vaches-mères en
Suisse, d’identifier les situations problématiques et d’en
dégager des recommandations appropriées. L’accent a
été mis sur les points critiques et les dangers de la garde
et de la gestion des vaches-mères en troupeaux.
271 exploitations pratiquant l’élevage de vaches-mères
ont participé à une enquête écrite. Les situations diffi-
ciles avec risques de blessures pour l’homme et l’animal
se produisaient notamment lors de la séparation, du
chargement et de l’immobilisation des animaux. Au
pâturage, les éleveurs disposent rarement d’installations
techniques pour ces opérations. Par conséquent, les ani-
maux doivent souvent être ramenés à l’étable avant de
pouvoir effectuer ces tâches. 80% des exploitations dis-
posaient de dispositifs d’immobilisation dans l’aire d’af-
fouragement, mais ces dispositifs ne permettaient pas
toujours d’éviter les situations problématiques. Pour
pouvoir déplacer, capturer et traiter les animaux en
toute sécurité, il est indispensable de prévoir des couloirs
de contention pour canaliser les animaux et des disposi-
tifs de capture. Suivant l’exploitation, il peut être inté-
ressant d’avoir des dispositifs fixes à un endroit ou
mobiles, de manière à pouvoir les utiliser en plusieurs
endroits. Les installations mobiles ont le gros avantage
de pouvoir être utilisées à la fois dans l’étable et au
pâturage. En outre, elles peuvent être utilisées en com-
mun par plusieurs exploitations. De tels dispositifs doi-
vent être prévus dans la planification et l’organisation
de l’exploitation.
Michael Zähner, Beat Steiner et Margret Keck, ART,
Franziska Klarer, Winterthur
369
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 367–371, 2011
Rapport ART 744
Les conséquences d’une réforme du système despaiements directsSimulations avec SILAS et SWISSland
Auteurs
Albert Zimmermann,Anke Möhring, Gabriele Mack,Stefan Mann,Ali Ferjani,Maria-Pia Gennaio,[email protected]
Impressum
Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Traduction:ART
Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d‘abonnementset de numéros particuliers:ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7576
Le Conseil fédéral vient d’ouvrir la procé-dure de consultation sur la politique agri-cole 2014 à 2017 (PA 14–17). La réforme dusystème des paiements directs en consti-tue l’élément clé. Les prestations d’intérêtpublic fournies par l’agriculture doiventêtre encouragées de manière plus ciblée.Le présent rapport ART résume les résul-tats des modèles d’optimisation SILAS etSWISSland sur les conséquences que pour-rait avoir une telle réforme de la PA14–17.Les résultats des simulations montrentune hausse de la production d’environ10% pour les céréales avec la PA 14–17.Pour les autres produits des champs, iln’en résulte que des changements mini-mes. En ce qui concerne la garde d’ani-maux, il faut s’attendre avec la PA 14–17 àun recul d’environ 8% (années de réfé-
rence: –4%) des UGB. Alors que la produc-tion de lait augmente jusqu’à 3,6 millionsde tonnes en 2013 et se maintient ensuiteà ce niveau, un léger recul est prévu pourla viande de bœuf d’ici à 2017 (–5%). Dansl’ensemble, la PA 14–17 donne lieu à undéveloppement des surfaces de compen-sation écologique de 24%. Par rapport à lavaleur estimée pour 2013, le revenu secto-riel reste néanmoins constant avec la PA14–17. Le nouveau système des paiementsdirects n’aura pratiquement pas d’in-fluence sur l‘évolution structurelle. Selonles simulations, le revenu agricole com-mencera certes par diminuer à cause de labaisse des prix, mais en 2017, il se situera13% au-dessus de son niveau actuel. Avecla PA 14–17, la hausse des revenus est envi-ron six points au-dessus de celle du scéna-rio de référence.
La culture céréalière augmentera de 12 pourcent (Photos: ART).
Rapport ART 744
Le Conseil fédéral vient d’ouvrir la procédure de consul-
tation sur la politique agricole 2014 à 2017 (PA 14–17).
La réforme du système des paiements directs en consti-
tue l’élément clé. Les prestations d’intérêt public four-
nies par l’agriculture doivent être encouragées de
manière plus ciblée. Le présent rapport ART résume les
résultats des modèles d’optimisation SILAS et SWISSland
sur les conséquences que pourrait avoir une telle réforme
de la PA 14–17. Les résultats des simulations montrent
une hausse de la production d’environ 10 % pour les
céréales avec la PA 14–17. Pour les autres produits des
champs, il n’en résulte que des changements minimes.
En ce qui concerne la garde d’animaux, il faut s’attendre
avec la PA 14–17 à un recul d’environ 8 % (années de
référence: –4 %) des UGB. Alors que la production de lait
augmente jusqu’à 3,6 millions de tonnes en 2013 et se
maintient ensuite à ce niveau, un léger recul est prévu
pour la viande de boeuf d’ici à 2017 (–5 %). Dans l’en-
semble, la PA 14–17 donne lieu à un développement des
surfaces de compensation écologique de 24 %. Par rap-
port à la valeur estimée pour 2013, le revenu sectoriel
reste néanmoins constant avec la PA 14–17. Le nouveau
système des paiements directs n’aura pratiquement pas
d’influence sur l‘évolution structurelle. Selon les simula-
tions, le revenu agricole commencera certes par dimi-
nuer à cause de la baisse des prix, mais en 2017, il se
situera 13 % au-dessus de son niveau actuel. Avec la PA
14–17, la hausse des revenus est environ six points au-
dessus de celle du scénario de référence.
Albert Zimmermann, Anke Möhring, Gabriele Mack, Stefan Mann, Ali
Ferjani et Maria-Pia Gennaio, ART
Impressum
Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART
Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7576
Rapport ART 742
Optimiser l’élevage de veaux
La gestion des naissances, l’observation des animaux et l’affourragement sont des éléments importants
Auteurs
Beatrice A. Roth und Edna Hillmann, Verhalten, Gesundheit & Tierwohl, ETH Zürich, CH-8092 ZürichNina M. Keil, Bundesamt für Veterinärwesen, Zentrum für tiergerechte Haltung: Wiederkäuer und Schweine, ARTE-Mail: [email protected]
Février 2011
L’élevage des veaux est une tâche com-plexe. Tout d’abord, les veaux sont relative-ment sensibles aux maladies. De plus, pour leur valorisation ultérieure et pour des rai-sons économiques, ils doivent passer le plus rapidement possible à une alimentation de ruminants. Les résultats d’une étude de cas et d’études expérimentales à la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART montrent qu’un suivi attentif et une alimentation adaptée peuvent déjà permet-tre de prévenir de nombreux problèmes. Il est d’abord essentiel que le veau soit par-
faitement alimenté en colostrum et que les conditions d’hygiène soient bonnes pour réduire la pression des germes. Une alimen-tation en lait et en concentrés adaptée à chaque animal améliore l’accroissement, abaisse l’âge de sevrage et évite que les ani-maux ne se tètent les uns les autres. Pour identifier le plus tôt possible les veaux malades, la consommation d’aliments soli-des peut devenir une source d’information précieuse. Pour ce faire, il est indispensable d’observer les animaux chaque jour avec attention.
Fig. 1: Pour que l’élevage réussisse, il est très important que l’alimentation soit adaptée aux besoins des veaux (Photos: ART).
Les conséquences d’une réforme du système despaiements directs
Optimiser l’élevage de veaux
Rapport ART 742
L’élevage des veaux est une tâche complexe. Tout
d’abord, les veaux sont relativement sensibles aux mala-
dies. De plus, pour leur valorisation ultérieure et pour
des raisons économiques, ils doivent passer le plus rapi-
dement possible à une alimentation de ruminants. Les
résultats d’une étude de cas et d’études expérimentales
à la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon
ART montrent qu’un suivi attentif et une alimentation
adaptée peuvent déjà permettre de prévenir de nom-
breux problèmes. Il est d’abord essentiel que le veau soit
parfaitement alimenté en colostrum et que les condi-
tions d’hygiène soient bonnes pour réduire la pression
des germes. Une alimentation en lait et en concentrés
adaptée à chaque animal améliore l’accroissement,
abaisse l’âge de sevrage et évite que les animaux ne se
tètent les uns les autres. Pour identifier le plus tôt pos-
sible les veaux malades, la consommation d’aliments
solides peut devenir une source d’information pré-
cieuse. Pour ce faire, il est indispensable d’observer les
animaux chaque jour avec attention.
Beatrice A. Roth et Edna Hillmann, Verhalten, Gesundheit & Tierwohl,
ETH Zürich
370
M e d i e n m i t t e i l u n g e n
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen
Actualités
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 367–371, 2011
19.06.2011 / ALP Nutri11 – 11’000 visiteurs à Posieux La première édition du gigantesque forum Nutri11 s’est
terminée dimanche 19 juin à Posieux. L’événement a pré-
senté de la meilleure des manières de vastes compé-
tences dans le domaine agricole, en recherche et en
enseignement. La station de recherche Agroscope Lie-
befeld-Posieux ALP-Haras, l’Institut agricole de Grange-
neuve, la Haute école suisse d’agronomie de Zollikofen
HESA et la Faculté Vetsuisse de l’Université de Berne ont
collaboré pour organiser cette manifestation et démon-
tré à quel point les domaines qu’ils abordent sont com-
plémentaires et concernent directement la nutrition de
la population.
16.06.2011 / ARTLutter efficacement contre les séneçons toxiques Depuis dix ans, les séneçons prolifèrent de plus en plus
dans les herbages suisses. Ils peuvent causer de graves
intoxications chez les animaux de rente. C’est pourquoi il
faut enrayer leur propagation. Une fois que ces plantes
ont fait leur apparition dans une prairie, il est difficile de
s’en débarrasser. En collaboration avec l’Association
pour le développement de la culture fourragère ADCF, la
station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon
ART a étudié les mesures de lutte les plus efficaces.
14.06.2011 / HNSLes Jeudis au Haras: l’activité de l’été au Haras national suisse HNS Pour la quatrième année, il est possible de participer aux
Jeudis au Haras à Avenches. Visiteuses et visiteurs sont
attendus le 21 juillet, ainsi que les 4 et 18 août au Haras
national suisse HNS. Au programme: les présentations
de la collection 2011 et des visites des ateliers.
10.06.2011 / ACW Participation record au premier concours national d’eaux-de-vie de Distisuisse Le premier concours national d’eaux-de-vie de Disti-
suisse a eu lieu les 9 et 10 juin à Berne. Les experts de la
station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil
ACW ont formé les vingt dégustateurs qui ont noté l'en-
semble des 410 échantillons d'eau-de-vie au cours d'un
marathon de dégustation. Les gagnants des catégories
convoitées «Spiritueux de l'année» et «Distillateur d'or
de l'année» seront dévoilés cet automne. Ce concours
est un outil de promotion de la qualité des eaux-de-vie
suisses.
27.05.2011 / ACWSouchet comestible: agir avant qu’il ne soit trop tard! L’origine du souchet comestible est incertaine.
Aujourd’hui, cette espèce est répandue dans le monde.
Les plantes problématiques en Europe ont sans doute
été introduites avec des bulbes de glaïeuls. En Suisse,
cette plante envahissante est présente depuis assez
longtemps au Tessin, au Chablais, dans la Plaine de
l’Orbe et dans les cantons de Berne, Zurich et St-Gall. Le
potentiel de multiplication et de colonisation de cette
plante invasive est très élevé. Le souchet ne se multiplie
pas par ses graines, mais par de nombreux tubercules de
la taille d’un pois placés sur ses rhizomes et rapidement
disséminés par les machines agricoles. Dans de nom-
breuses cultures, il est impossible à éliminer. Dans diffé-
rentes régions de Suisse, la station de recherche Agros-
cope Changins-Wädenswil ACW a installé des essais en
culture de maïs pour déterminer les possibilités et limites
de la lutte directe. D'ores et déjà, il est clair qu'avec une
rotation optimale des cultures et des mesures préven-
tives, des succès partiels sont possibles.
26.05.2011 / ART et AGRIDEALe retour des arbres dans les champs Les arbres disparaissent de plus en plus des prairies et
des champs. Pourtant, en plus d'être écologique, la com-
binaison des grandes cultures et d’arbres peut aussi être
rentable. Pour faire connaître les avantages et les atouts
de cette pratique, la station de recherche Agroscope
Reckenholz-Tänikon ART et AGRIDEA ont créé la com-
munauté d’intérêts «Agroforst».
www.agroscope.admin.ch/communiques
371
Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 367–371, 2011
M a n i f e s t a t i o n s
Août 2011
20.08.2011Güttingertagung 2011Agroscope Changins-Wädenswil ACW et BBZ ArenenbergVersuchsbetrieb Güttingen, Güttingen TG
30.08 – 02.09.2011EAAE 2011 Congress XIIIth Congress of the European Association of Agricultural EconomistAgroscope Reckenholz-Tänikon ART et IED-ETHETH Zürich Hauptgebäude
Septembre 2011
02.09.2011Fachtagung – Systemvergleich MilchproduktionBBZN Hohenrain, SHL, ART, ALP, SMP, ZMP, lawa Luzern, AGFF et Profi-LaitBBZN Hohenrain
07.09.2011Feldtagung – Systemvergleich MilchproduktionBBZN Hohenrain, SHL, ART, ALP, SMP, ZMP, lawa Luzern, AGFF et Profi-LaitBBZN Hohenrain
15.09.201134. Informationstagung AgrarökonomieAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTTänikon, Ettenhausen TG
15.- 18.09.2011Equus helveticusHaras national suisse HNSAvenches
27.09.2011Journée d’information ALP 2011Agroscope Liebefeld-Posieux ALPPosieux
L i e n s I n t e r n e t
Centre Oeschger de recherche sur le changement climatique
www.oeschger.unibe.ch
L’Oeschger Centre for Climate Change Research est le
centre d’excellence de l’Université de Berne en matière de
recherche sur le climat. Fondé à l’été 2007, il a été baptisé en
l’honneur de l’ancien professeur de l’Université de Berne Hans
Oeschger (1927-1998), pionnier de la recherche sur le change-
ment climatique. Le Centre Oeschger étudie notamment les
impacts du changement climatique sur les écosystèmes ter-
restres, mais s’intéresse également aux conséquences pour
l’économie et la société.
Septembre 2011 / Numéro 9
•• Influence de la fumure organique et minérale sur le
lessivage des éléments nutritifs, Ernst Spiess et al. ART
•• Essais en plein champ avec du blé génétiquement modifié
résistant au mildiou, Andrea Foetzki et al. ART
•• Les viroses du colza en Suisse, Carole Balmelli ACW
•• Lutte microbienne contre les méligèthes du colza:
premières expériences suisses, Stefan Kuske et al. ART
•• Lotier corniculé et esparcette: résultats des tests variétaux
2008 –2010, Rainer Frick et al. ACW
•• Comparaison de systèmes de production laitière à
Hohenrain: détention d’animaux, P. Hofstetter et al.
BBZ Schüpfheim
•• Comparaison de systèmes de production laitière à
Hohenrain: qualité du lait et saisonnalité des livraisons
de lait, Ueli Wyss et al. ALP
•• Comparaison de systèmes de production laitière à
Hohenrain: Affouragement au pâturage ou à l‘étable –
qu’est-ce qui est plus rentable? C. Gazzarin et al. ART
Les lysimètres sont des récipients remplis de terre, au fond desquels il est possible de collecter l’eau qui s’infiltre dans le sol. Les lysimètres servent à étudier le cycle de l’eau et des matières dans les sols agricoles. Il s’agit en premier lieu de connaître le lessivage des éléments nutritifs dans l’eau d‘infiltration et les échanges d’eau dans les cultures agricoles.
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
Donnerstag, 15. September 2011
34. Informationstagung AgrarökonomieForschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, Ettenhausen TG
SchwerpunktthemaAgrarmonitoring (Zentrale Auswertung von Buchhaltungen und Agrarumweltmonitoring)
Weitere Themen• Mehraufwand für Qualitätsproduktion• Entwicklung Alpwirtschaft• Tiefe Milchpreise und ihre einzelbetrieblichen Folgen• Schliessen sich Ökologie und Ökonomie aus?
TagungsortForschungsanstalt Agroscope ReckenholzTänikon ART,Refental, Tänikon, CH8356 Ettenhausen TG
Detailprogramm und Anmeldung:www.agroscope.ch >Veranstaltungen >Informationstagung Agrarökonomie
Anmeldeschluss ist der 9. September 2011
Samstag, 20. August, 9.30 Uhr, Güttingen
Güttinger-Tagung 2011Versuchsbetrieb Obstbau Güttingen, BBZ ArenenbergForschungsanstalt Agroscope Changins-Wädenswil ACW
Referate• Begrüssung zur Güttinger-Tagung
Lukas Bertschinger, Vize-Direktor ForschungsanstaltAgroscope Changins-Wädenswil ACW
• 100 Jahre SOV – zukünftige HerausforderungenBruno Pezzatti, Direktor Schweizer Obstverband SOV
Betriebsrundgang• Feuerbrandforschung – wo stehen wir?• 10 Jahre erfolgreiche Schorfbekämpfungsstrategie• Applikationstechnik – Basis eines wirkungsvollen
Pflanzenschutzes
Infostände• Ausstellung von Applikationsgeräten für den Obstbau• Eindrucksvoller Schweizer Sortenreichtum (BEVOG II)• SOA-Betriebswirtschaft im Obstbau• Info- und Medienstand ACW
Restauration ab 8.30 Uhr
Informationen – Gespräche – Gemütlichkeit
Güttinger-Tagung – Das Treffen der Obstbranche
www.agroscope.ch
EidgenössischesVolkswirtschaftsdepartement EVDForschungsanstaltAgroscope Changins-Wädenswil ACW
Schweizerische EidgenossenschaftConfédération suisseConfederazione SvizzeraConfederaziun svizra