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Rapport d’évaluation de l’efficacité de
la kinésithérapie de stimulation dans la prise en
charge de la malnutrition aiguë sévère chez les
enfants âgés de 6 mois à 5 ans, à Bamako (Mali)
Avec le soutien de
Dr Issaka SAGARA
Consultant
Rapport final
Mars 2015
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Remerciement
Les remerciements vont à l’endroit de :
Handicap International, commanditaire de cette étude,
L’UNICEF qui a assuré son appui financier et technique au projet,
Le Directeur de l’Hôpital Gabriel TOURE,
Les médecins Chef des centres de santé de référence et les médecins responsable des URENI
et URENAS,
Les kinésithérapeutes en charge de la kinésithérapie de stimulation,
Les agents de santé en charge de la stimulation psychosociale,
Dr Broulaye TRAORE, pédiatre au CHU-HGT et Marie Josiane Balley kinésithérapeute, tous
deux formateurs lors du démarrage de cette étude,
Dr Dicko Fatoumata HAIDARA, ancien chef de projet SPURENI Handicap - Mali
Le comité d’éthique de la FMPOS,
Les participants à cette étude (enfants MAS et leurs accompagnants),
Les équipes Handicap International au Mali et à Lyon,
L’équipe du cabinet Conseil et Etude en Santé Publique, à travers l’Unité Epidémiologie,
Biostatistique & Gestion de Données des chercheurs du MRTC/FMPOS/USTTB, Bamako,
Mali.
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Acronymes
C I à C VI : Communes de Bamako (commune une à commune six)
CHU : Centre Hospitalo Universitaire
CSCom : Centre de Santé Communautaire
CSRéf : Centre de Santé de Référence
DAU : Direction Action Urgence
ET : Ecart Type
FMPOS : Faculté de Médecine de Pharmacie et d’Odontostomatologie
HGT : Hôpital Gabriel TOURE
HI : Handicap International
IC: Intervalle de Confiance
KW: Kruskal–Wallis test
MAS : Malnutrition Aigue sévère
MRTC : Malaria Research Training Center
MSF : Médecins Sans Frontières
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
OR : Odds Ratio
SPURENI : Projet de renforcement des URENI par la mise en place d’activités de
stimulation précoce
UNICEF : Fond des Nations unies pour l’enfance
URENAS : Unité de Récupération Nutritionnelle Ambulatoire Sévère
URENI : Unité de Récupération Nutritionnelle Intensive
USTTB : Université des Sciences des Techniques et Technologiques de Bamako
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Résumé
Introduction : Les enfants souffrant de malnutrition aigue sévère (MAS) présentent des retards
de développement moteur, mental et comportemental, qui peuvent se consolider avec le temps,
et mener à des incapacités irréversibles si aucune prise en charge n’est instaurée. Il est
primordial, comme le précisent le guide de l’OMS, et le protocole national de lutte contre la
malnutrition aigüe au Mali de mettre en place des activités destinées à stimuler l’enfant
(stimulation cognitive, psychosociale, psychomotrice) d’où les activités de kinésithérapie de
stimulation qui visent essentiellement à entretenir la capacité motrice et articulaire de l’enfant
notamment lors de la phase initiale du traitement de la MAS, stimuler l’enfant dans la réalisation
des séquences de développement moteur selon son âge. L’objectif principal de cette étude est
d’analyser les effets de la kinésithérapie de stimulation, sur le développement psychomoteur et
cognitif, chez ces enfants en état de MAS, âgés de 6 mois à 5 ans.
Méthodes : Il s’agit d’une étude longitudinale de cohorte avec 2 groupes : un groupe soumis à
la kinésithérapie de stimulation et l’autre groupe sans kinésithérapie de stimulation. Elle s’est
déroulée dans six (6) URENI du district de Bamako dont trois ont servi pour le recrutement du
groupe avec kinésithérapie de stimulation (CHU-GT, CVI, CIII) et trois autres ont permis de
sélectionner les enfants du groupe témoin c'est-à-dire sans kinésithérapie de stimulation (CI,
CIV, CV, CHU-GT). La population est représentée par les enfants, filles et garçons, en MAS,
âgés de 6 mois à 5 ans à la date de leur prise en charge en phase 2 de récupération nutritionnelle,
et pris en charge dans 6 des 8 URENI de Bamako du « Projet de renforcement des URENI par
la mise en place d’activités de stimulation précoce ». Les données recueillies comprennent les
caractéristiques sociodémographiques, médicales, psychomotrices et anthropométriques ainsi
que les séances de kinésithérapie.
Les données anthropométriques et sur l’évaluation du développement psychomoteur ont été
récoltées au JOUR 1 et au JOUR 35 et ont été comparées en utilisant les analyses bivariées et
multivariées
Résultats: L’analyse a porté sur 126 sujets du groupe avec Kinésithérapie de stimulation et 131
du groupe sans Kinésithérapie de stimulation. La tranche d’âge de 12mois-<24mois était la plus
représentée avec 47,78 %.
L’échantillon des enfants cas, ayant reçu des séances de kinésithérapie de stimulation, et
l’échantillon des enfants témoins, qui n’ont reçu aucune séance de kinésithérapie de stimulation,
présentent donc une situation initiale comparable à J1 d’un point de vue sociodémographique
et anthropométrique. Par contre, le groupe des enfants qui ont reçu de la kinésithérapie de
stimulation présentaient initialement un retard de développement plus important et un score de
développement moins élevé, notamment dans les domaines du langage, de la préhension et de
la compréhension
Le score du développement psychomoteur, le rapport poids taille et le retard de développement
des enfants après prise en charge étaient amélioré significativement dans le groupe avec
kinésithérapie de stimulation par rapport au groupe sans kinésithérapie de stimulation
(p<0,001).
L’évolution du score de développement du langage, de la préhension de la compréhension et
de la motricité était significativement plus élevé (p<0,001) dans le groupe avec kinésithérapie
de stimulation que dans le groupe sans kinésithérapie de stimulation.
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Les enfants du groupe sans kinésithérapie ont 20,59 fois plus de risque (OR= 20,59 IC 6,05 ;
70,09) d’avoir un retard de développement au Jour 35, tandis que les enfants avec retard de
développement au Jour 1 ont 4,16 fois plus de risque (OR = 4,16 IC 1,34 ; 12,90) d’avoir un
retard de développement au Jour 35, ajusté pour l’âge, le retard de développement à JOUR 1,
et le nombre de séances de stimulation psychosociale.
Conclusion: Les caractéristiques anthropométriques et psychomotrices des enfants après prise
en charge ont été meilleures dans le groupe kinésithérapie de stimulation.
Mots clés: Malnutrition, kinésithérapie de stimulation, URENI de Bamako,
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Table des matières
I. INTRODUCTION ........................................................................................................................... 9
II. OBJECTIFS ................................................................................................................................... 11
II.1. Objectif principal ....................................................................................................................... 11
II.2. Objectifs spécifiques .................................................................................................................. 11
III. CADRE DE L’ETUDE ................................................................................................................. 12
IV. METHODOLOGIE ....................................................................................................................... 14
IV.1. Type d’enquête: ........................................................................................................................ 14
IV.2. Population d’étude: .................................................................................................................. 14
IV.3. Protocole d’échantillonnage : ................................................................................................... 14
1. Critères d’inclusion ............................................................................................................... 14
2. Critères de non inclusion ....................................................................................................... 14
3. Unité statistique : ................................................................................................................... 14
4. Méthode d’échantillonnage : ................................................................................................. 15
5. Sélection des centres de santé cas & témoins ........................................................................ 15
6. Taille de l’échantillon : .......................................................................................................... 15
IV.4. Collectes des données .............................................................................................................. 15
IV.4.1. Instruments de collecte de données ................................................................................... 15
IV.4.2. Formation des enquêteurs .................................................................................................. 16
IV-4-3- Processus de collecte des données ................................................................................... 17
IV.5. Saisie des données .................................................................................................................... 17
IV.6. Plan d’analyse .......................................................................................................................... 17
IV.6.1. Elaboration des indicateurs : ............................................................................................. 17
IV.6.2. Méthode d’analyse ........................................................................................................... 18
IV.6.3. Ethique : ................................................................................................................................ 18
V. Résultats : ...................................................................................................................................... 20
V.1. Analyse descriptive : ................................................................................................................ 20
V.1.1. Comparabilité des échantillons au Jour 1 selon les caractéristiques sociodémographiques,
anthropométriques, psychomotrices et médicales ............................................................................. 21
V.1.2. Description des caractéristiques au décours de leur prise en charge dans les URENI
(Comparabilité des échantillons au Jour 35) .................................................................................... 32
V.2. Analyses multivariées ............................................................................................................... 41
VI. DISCUSSION ................................................................................................................................ 42
VII. CONCLUSION ............................................................................................................................. 44
VIII. BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................... 46
XI. ANNEXES .................................................................................................................................... 47
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LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU I : CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES ENTRE LES DEUX GROUPES CAS
ET TEMOINS AU JOUR 1 (EFFECTIFS ET POURCENTAGES) ........................................................... 21 TABLEAU II : CARACTERISTIQUES ANTHROPOMETRIQUES ENTRE LES DEUX GROUPES AU JOUR
1 .................................................................................................................................................................... 22 TABLEAU III : CARACTERISTIQUES DU RETARD DE DEVELOPPEMENT ENTRE LES DEUX
GROUPES AU JOUR 1 .............................................................................................................................. 23 TABLEAU IV : CARACTERISTIQUES DU SCORE DE DEVELOPPEMENT ENTRE LES DEUX
GROUPES AU JOUR 1 .............................................................................................................................. 24 TABLEAU V : CARACTERISTIQUES DU SCORE DE DEVELOPPEMENT PAR SECTEUR DU
DEVELOPPEMENT AU JOUR 1 .............................................................................................................. 26
TABLEAU VI : CARACTERISTIQUES MEDICALES ENTRE LES DEUX GROUPES AU JOUR 1 ........... 27
TABLEAU VII : CARACTERISTIQUES SELON LA DATE D’ARRIVEE A L’URENI ................................. 28 TABLEAU IX : CATEGORISATION SELON LE NOMBRE DE SEANCES DE STIMULATION
PSYCHOSOCIALE AU DE JOUR 1 AU JOUR 35 ................................................................................. 29 TABLEAU X : CARACTERISTIQUES DU NOMBRE DE SEANCES DE STIMULATION
PSYCHOSOCIALE ..................................................................................................................................... 30 TABLEAU XI : CATEGORISATION DU NOMBRE DE SEANCES DE KINESITHERAPIE DE
STIMULATION ........................................................................................................................................... 31
TABLEAU XII : DESCRIPTION DU NOMBRE DE JOURS DE SUIVI A L'URENAS ................................... 31
TABLEAU XIII : DESCRIPTION DU NOMBRE DE JOURS D'HOSPITALISATION A L'URENI ............... 32
TABLEAU XIV: CARACTERISTIQUES DU RAPPORT POIDS TAILLE AU JOUR 35 .............................. 33
TABLEAU XV: CARACTERISTIQUES DU RAPPORT POIDS TAILLE A J1 ET J35 ................................... 33
TABLEAU XVI: CARACTERISTIQUES DU RETARD DE DEVELOPPEMENT A JOUR 35 ...................... 34
TABLEAU XVII : CARACTERISTIQUES DU SCORE DE DEVELOPPEMENT A JOUR 35 ....................... 35 TABLEAU XVIII : CARACTERISTIQUES SELON L’EVOLUTION DU SCORE DE DEVELOPPEMENT
ENTRE J1 ET J35 ........................................................................................................................................ 36 TABLEAU XIX : CARACTERISTIQUES DU SCORE DE DEVELOPPEMENT PAR SECTEUR DU
DEVELOPPEMENT AU JOUR 35 ............................................................................................................. 39 TABLEAU XX : CARACTERISTIQUES DE L’EVOLUTION DU SCORE DE DEVELOPPEMENT PAR
SECTEUR DU DEVELOPPEMENT AU JOUR 35 ................................................................................... 40
TABLEAU XXI: FACTEURS DE RISQUE DE RETARD DE DEVELOPPEMENT AU JOUR 35 ................. 41
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Liste des figures
FIGURE 1 : CARTE DE L'ETUDE ................................................................................................................... 13
FIGURE 2 : DIAGRAMME DE FLUX ET PRESENTATION DE LA TAILLE DE L'ECHANTILLON ..... 20
FIGURE 3 : RETARD DE DEVELOPPEMENT SELON LE GROUPE D’ENFANTS .................................. 35
FIGURE 4 : SCORES DE DEVELOPPEMENT SELON LE GROUPE D’ENFANTS .................................. 37
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I. INTRODUCTION
La malnutrition est définie comme toute anomalie de la nutrition par excès, défaut ou
déséquilibre [1]. La Malnutrition Aiguë Sévère (MAS) est définie quant à elle, selon
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) [2], par un très faible rapport poids/taille [inférieur
de - 3 Z-scores à la médiane (tirée des normes de croissance de l’OMS)], par une émaciation
sévère et visible ou par la présence d’œdèmes nutritionnels.
Chez les jeunes enfants, la malnutrition a des conséquences sur le développement cognitif,
affectif, social et moteur à long terme (déficits neurologiques, difficultés d’apprentissage, etc.).
Les enfants en MAS présentent des retards de développement moteur, mental et
comportemental, qui peuvent se consolider avec le temps, et mener à des incapacités
irréversibles si aucune prise en charge n’est instaurée [3].
Pour la prise en charge de la MAS, le guide de l’OMS [4], et le protocole national de lutte contre
la malnutrition aigüe au Mali [5] recommandent que, en complément de la rénutrition et des
soins médicaux curatifs, les aspects de la stimulation physique, psychosociale et plus
spécifiquement ceux relatifs à la relation mère-enfant soient pris en compte. Il est recommandé
par l’OMS d’incorporer des activités de stimulation dans le traitement de la MAS, notamment
en phase 2 de récupération nutritionnelle (après deux à sept jours de rénutrition, lorsque l’enfant
retrouve l’appétit). Des études ont été réalisées et ont montré les effets positifs de la stimulation
psychosociale sur le développement et le comportement des enfants [6 -10].
Handicap International propose en complément des activités de kinésithérapie de stimulation
dans la prise en charge d’enfants en état de MAS. Ce type de kinésithérapie vise à entretenir la
capacité motrice et articulaire de l’enfant et le stimuler dans la réalisation des séquences de
développement moteur en facilitant les mouvements de l’enfant par un guidage adapté [11] et
en lui offrant la possibilité d’expérimenter et explorer son environnement, en jouant notamment
avec des objets. Ces activités de kinésithérapie de stimulation sont en continuité avec les
recommandations de l’OMS, le protocole national de lutte contre la malnutrition aigüe au Mali
ainsi que les politiques de l’UNICEF sur les soins du développement de l’enfant1 afin de mettre
en place des activités destinées à stimuler l’enfant. [4], [5].
La kinésithérapie de stimulation est proposée par les équipes de Handicap International afin de
stimuler des enfants en MAS aux niveaux psychomoteur et psychoaffectif. Elles ont été mises
en place dans le cadre de projets d’urgence d’abord en 2008 au Nord Kivu (République
Démocratique du Congo) auprès d’enfants MAS avec retard moteur, puis en 2012 au Sud
1 http://www.unicef.org/earlychildhood/index_68195.html
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Soudan auprès d’enfants MAS (en collaboration avec Médecins Sans Frontières). Les
kinésithérapeutes expatriés ont pris en charge les enfants MAS [11].
La kinésithérapie de stimulation a été proposée pour la première fois par Handicap International
dans un contexte de développement au Mali, dans le cadre du projet « Projet de renforcement
des URENI par la mise en place d’activités de stimulation précoce » (SPURENI).
La kinésithérapie de stimulation vise à2 :
- entretenir la capacité motrice et articulaire de l’enfant notamment lors de la phase
initiale du traitement de la MAS,
- stimuler l’enfant dans la réalisation des séquences de développement moteur selon son
âge,
- faciliter les mouvements de l’enfant par un guidage adapté,
- limiter le retard de développement consécutif à la malnutrition,
- prévenir les séquelles consécutives à un retard de développement psycho-moteur,
- apprendre à la mère ou à l’accompagnant les gestes simples de stimulation de l’enfant.
Le « Projet de renforcement des URENI, par la mise en place d’activités de stimulation précoce
» (octobre 2013-septembre 2014), vise à mettre en place des activités de stimulation précoce
par des agents de santé et du développement social, mais également à développer des séances
de kinésithérapie de stimulation auprès des enfants MAS, pris en charge dans les URENI de 6
communes du district de Bamako, de la région de Sikasso (Sikasso, Bougouni et Kolondièba)
et de la région de Mopti (Mopti et Bandiagara). L’objectif général du projet est de développer
une offre de service en stimulation précoce, complémentaire à la prise en charge thérapeutique,
pour tous les enfants MAS au sein de 11 URENI au Mali.
L’association de la kinésithérapie avec la prise en charge de la malnutrition étant novatrice, les
activités mises en place ont nécessité des adaptations progressives afin d’obtenir un résultat
optimal, et ont été mises en place à titre pilote au niveau du district de Bamako, où étaient
présents des kinésithérapeutes. Pour le suivi/évaluation de cette activité, la présente étude de
cohorte prospective a été réalisée auprès d’enfants avec MAS.
La présente étude vise ainsi à analyser si la prise en charge avec de la kinésithérapie de
stimulation d’enfants en MAS, âgés de 6 mois à 5 ans, a un effet positif sur l’évolution du
développement psychomoteur et cognitif de ces derniers. Une étude de cohorte a été réalisée,
comparant le développement psychomoteur et cognitif d’enfants qui ont bénéficié d’une prise
en charge complète (séances de stimulation et séances de kinésithérapie de stimulation : groupe
cas) à celui d’enfants en MAS qui n’ont pas bénéficié de kinésithérapie de stimulation (groupe
témoin : seulement séances de stimulation).
Les résultats de cette étude, menée par Handicap International au Mali, en partenariat avec
l’UNICEF, permettront de démontrer, ou non, les bénéfices et l’intérêt des activités de
kinésithérapie de stimulation dans la prise en charge d’enfants en MAS.
2 Source : document interne Handicap International
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II. OBJECTIFS
II.1. Objectif principal
L’objectif principal de cette étude est d’analyser les effets de la kinésithérapie de stimulation,
sur le développement psychomoteur et cognitif, chez des enfants en état de MAS, âgés de 6
mois à 5 ans, et référés dans les structures sanitaires spécialisées de Bamako, Mali.
II.2. Objectifs spécifiques
Les objectifs spécifiques de cette étude sont :
de décrire le profil sociodémographique des enfants pris en charge dans les URENI de
Bamako,
d’analyser l’effet de la kinésithérapie de stimulation sur chacun des différents plans du
développement de l’enfant (motricité globale, langage, motricité fine, compréhension).
d’analyser l’effet de la kinésithérapie de stimulation sur le poids et la taille des enfants,
d’analyser l’effet de la kinésithérapie de stimulation sur la durée d’hospitalisation à
l’URENI et de suivi à l’URENAS.
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III. CADRE DE L’ETUDE
L’étude a été réalisée à Bamako (Mali), dans les centres de santé où Handicap International a
mis en place le projet.
L’étude s’est déroulée dans six Unités de Récupération Nutritionnelle Intensive (URENI) du
district de Bamako : 1) CHU-Gabriel Touré, 2) Centre de santé de Référence (CSRéf)
Commune I, 3) CSRéf Commune III, 4) CSRéf Commune IV, 5) CSRéf Commune V et 6) le
CSRéf de la Commune VI.
Trois étaient des sites de référence :
1) l’URENI du CHU-Gabriel Touré,
2) l’URENI du CSRéf de la Commune III,
3) l’URENI du CSRéf de la Commune VI,
Et trois autres des sites témoins :
1) l’URENI du CSRéf de la Commune I,
2) l’URENI du CSRéf Commune V,
3) l’URENI du CSRéf de la Commune IV
4) l’URENI du CHU-Gabriel Touré a été ajouté du fait de la sous-fréquentation des 3
premières URENI à la période du 1er au 15 Juillet 2014
Ces URENI sont visualisées sur la carte 1 ci-dessous.
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Figure 1 : Carte de l'étude
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IV. METHODOLOGIE
IV.1. Type d’enquête
Cette recherche propose une étude longitudinale de cohorte qui vise à savoir si les enfants en
MAS qui ont bénéficié d’au moins 5 séances de kinésithérapie de stimulation (réparties sur, au
plus, cinq semaines), d’une durée de trente minute chacune, débutées pendant la phase 2 de leur
récupération nutritionnelle, montrent une amélioration de leur développement psychomoteur et
cognitif (groupe traité). Le développement psychomoteur et cognitif de ces enfants est comparé
à celui d’enfants en MAS qui n’ont pas bénéficié de kinésithérapie de stimulation (groupe
témoin).
Cette étude évalue et compare le développement psychomoteur et cognitif des deux groupes
d’enfants à court terme (cinq semaines après le début de la prise en charge en phase 2 de
récupération nutritionnelle).
IV.2. Population d’étude
La population était représentée par les enfants, filles et garçons, en MAS, âgés de 6 mois à 5
ans à la date de leur prise en charge en phase 2 de récupération nutritionnelle, et pris en
charge dans 6 des 8 URENI de Bamako du « Projet de renforcement des URENI par la mise
en place d’activités de stimulation précoce » : URENI CHU-GT ; C I ; C III ; C IV ; C V ; C
VI.
IV.3. Protocole d’échantillonnage
1. Critères d’inclusion
Tous les enfants, âgés de six mois à 5 ans, admis en phase 2 de récupération nutritionnelle entre
le 1er avril 2014 et le 15 juillet 2014 dans les 6 sites d’étude.
2. Critères de non inclusion
Les enfants dont les dossiers étaient incomplets (par exemple : pas d’évaluation finale du
développement à cinq semaines), ou ceux ayant bénéficié d’un trop petit nombre de séances de
kinésithérapie de stimulation (moins de cinq séances) n’ont pas été inclus dans l’étude.
3. Unité statistique
L’unité statistique a été tout enfant MAS, âgé de six mois à 5 ans, admis en phase 2 de
récupération nutritionnelle entre le 1er avril 2014 et le 15 juillet 2014.
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4. Méthode d’échantillonnage
Un échantillonnage exhaustif a été préféré : tous les enfants admis dans les URENI concernées
par l’étude à l’URENI et respectant les critères d’inclusion ont été recrutés pour cette étude.
5. Sélection des centres de santé cas & témoins
Sur les 6 URENI sélectionnées sur huit, trois ont servi pour le recrutement du groupe traité
(URENI CHU-GT, CIII, CVI), c'est-à-dire avec kinésithérapie de stimulation. Les trois autres
ont permis de sélectionner les enfants du groupe témoin (URENI CI, CIV, CV).
Cette sélection des URENI a été faite à partir de la fréquentation des URENI (nombre d’enfants
admis pour MAS dans les URENI en 2013) et de la possibilité de mettre en place des activités
de kinésithérapie de stimulation, car les URENI des CI, CIV et CV n’avaient pas de
kinésithérapeutes.
6. Taille de l’échantillon :
Cette enquête étant une étude pilote, la taille de l’échantillon était basée sur la fréquentation des
centres de santé (basés sur le nombre d’enfants admis pour MAS dans les URENI sélectionnées
à Bamako en 2013 et en prenant en compte une estimation du nombre de perdus de vue).
Ainsi, pour la période d’étude considérée, un minimum de cent (100) enfants dans chaque
groupe était attendu.
A la fin de la collecte de données, 125 enfants dans le groupe avec Kinésithérapie de stimulation
et 139 enfants dans le groupe sans Kinésithérapie de stimulation ont été inclus.
IV.4. Collectes des données
La collecte des données a été réalisée dans les centres de santé du 1er avril 2014 et le 15 juillet
2014.
IV.4.1. Instruments de collecte de données
Les données de l’étude ont été recueillies manuellement, sur une fiche cartonnée, de format A4,
contenant plusieurs feuillets. Le dossier de suivi pour chaque enfant était rempli alternativement
par les médecins, les kinésithérapeutes ou les agents de santé selon les parties.
Plusieurs types de données ont été collectés3 :
- Des données socio-démographies :
3 Cf Annexe 1
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o le nom, prénom, sexe et date de naissance de l’enfant,
o l’identité de l’adulte accompagnant l’enfant,
o les coordonnées de l’enfant et de sa famille (adresse et numéro de téléphone),
- Des données anthropométriques et médicales :
o les mesures anthropométriques répétées (au minimum au Jour 1 et cinq semaines
après soit Jour 35), effectuées et renseignées par le médecin,
o les antécédents personnels, médicaux et chirurgicaux, et les pathologies
actuelles de l’enfant, renseignés par le médecin,
- Des données sur le développement psychomoteur, cognitif, et social de l’enfant :
o Deux grilles d’évaluation du développement psychomoteur, cognitif, et social
de l’enfant, l’une à remplir à JOUR 1, l’autre à remplir à JOUR 35, par le
médecin.
o Cette grille d’évaluation était basée sur une échelle d’évaluation spécifique
adaptée au contexte de cette étude, inspirée d’autres échelles existantes déjà
utilisées en d’autres lieux [6]. Elle est constituée de l’évaluation de plusieurs
plans du développement de l’enfant : motricité globale, langage, motricité fine
et compréhension. A partir des résultats de cette évaluation, un score de
développement de l’enfant, propre à son âge a été calculé au JOUR 1 (situation
initiale) et JOUR 35 (situation finale).
- Des données relatives à la prise en charge de l’enfant :
o la fiche de suivi stimulation psychosociale, à remplir à chaque séance, par
l’agent de santé qui anime la séance,
o la fiche de suivi kinésithérapie de stimulation, à remplir à chaque séance, par le
kinésithérapeute faisant la séance,
IV.4.2. Formation des enquêteurs
Les médecins évaluateurs (six médecins) et les kinésithérapeutes ont reçu une formation
spéciale sur l’utilisation des outils de collecte de données du 04 au 11 mars 2014. Cette
formation a permis de :
- rappeler sur le développement normal et pathologique des enfants jusqu’à 5 ans,
- présenter la grille d’évaluation du développement,
- montrer comment utiliser cette grille chez des enfants des URENI,
- montrer comment remplir les fiches.
Parallèlement à cette formation, une notice explicative, à destination des médecins, a
accompagné les grilles d’évaluation du développement.
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IV-4-3- Processus de collecte des données
L’évaluation du développement des enfants a été effectuée par le médecin au JOUR 1 (+1 jour)
(admission de l’enfant en phase 2 de rénutrition) puis au JOUR 35 (cinq semaines plus tard)
(+/- 3 jours)
Plusieurs acteurs ont été amenés à remplir la fiche de suivi individuelle :
Les médecins en collaboration avec les kinésithérapeutes, lors de la consultation, à
JOUR 1 puis au JOUR 35, ont rempli la fiche de suivi individuelle et ont été en charge
des évaluations initiales et finales. Ces dernières ont été faites dans une pièce au calme.
Les kinésithérapeutes ont rempli la partie concernant les séances de kinésithérapie de
stimulation (date et durée de la séance), pendant la prise en charge de l’enfant,
Les agents sanitaires et sociaux ont rempli la partie concernant les séances de
stimulation précoce (date et durée de la séance), pendant la prise en charge de l’enfant.
Lors de la deuxième évaluation du développement des enfants (JOUR 35), les médecins n’ont
pas eu accès aux données de la première évaluation du développement (JOUR 1) afin qu’ils ne
soient pas influencés par les résultats initiaux.
IV.5. Saisie des données
Un masque de saisie a été élaboré sur Access. La double saisie a été adoptée, à la fin de cette
double saisie, il y’ a eu le nettoyage de la base de données.
IV.6. Plan d’analyse
IV.6.1. Elaboration des indicateurs
Pour l’analyse des données, les indicateurs ci-dessous ont été élaborés :
Le retard de Développement (RD) des enfants : c’est la différence entre l’âge réel
(AR) et l’âge de développement (AD).
Le score de Développement (SD) des enfants : c’est le rapport entre le nombre
d’épreuves réussies et le nombre d’épreuves soumises (SDJOUR 1 = nombre d’épreuves
réussies au JOUR 1 / nombre d’épreuves soumises au JOUR 1 ; SD JOUR 35 = nombre
d’épreuves réussies au JOUR 35 / nombre d’épreuves soumises au JOUR 35)
L’évolution des scores de développement : la différence entre les scores de
développement au JOUR 35 et JOUR 1.
Le rapport Poids/Taille (RPT) : c’est le rapport entre le poids et la taille (RPT JOUR
1 et RPT JOUR 35)
Le nombre de jours d’hospitalisation à l’URENI : c’est la différence entre la date
d’arrivée à l’URENI et la date de sortie de l’URENI
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Le nombre de jours de suivi à l’URENAS : c’est la différence entre la date de sortie
à l’URENI et la date d’évaluation au JOUR 35
IV.6.2. Méthode d’analyse
IV.6.2. 1. Etude descriptive
L’analyse univariée a été faite pour décrire les variables qualitatives et quantitatives des
caractéristiques sociodémographiques (âge, sexe, quartier de résidence, niveaux d’étude et
profession des parents) générales (rapport poids/taille, score de développement, date d’arrivée
à l’URENI, date de début phase 2, nombre de stimulation précoce) et médicales (naissance,
antécédents neurologiques, autres antécédents, pathologie neurologies et autres pathologies).
IV.6.2. 2. Etude analytique
L’analyse bi variée a permis de faire les tableaux croisés afin de comparer les proportions. Nous
avons réalisé une régression logistique afin de chercher une association entre la kinésithérapie
de stimulation et une amélioration du développement des enfants. Le choix de cette méthode
d’analyse est lié à la nature de la variable dépendante (variable à expliquer). Les principes de
base de l'utilisation de cette méthode de régression sont les suivants. La variable dépendante a
été le retard de développement qui était une variable qualitative et dichotomique
Les tests de khi² et le test exact de Fischer ont été utilisés suivant leurs conditions d’application
pour comparer les proportions. Pour les cas où la distribution n’était pas normale les tests non
paramétriques (Wilcoxon/Mann-Whitney) ont été réalisés. Une analyse d’appariement (J35 vs
J1) dans chaque groupe d’enfants a été faite en utilisant le test de signrank (Wilcoxon de série
appariée). Les résultats ont été exprimés avec un risque d’erreur de 5%.
IV.6.3. Ethique
Cette recherche est en accord avec les principes énoncés dans la déclaration d’Helsinki et par
le Council for International Organizations of Medical Sciences et a bénéficié de l’approbation,
du comité d’éthique de la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie le 10
avril 20144.
Les activités de kinésithérapie de stimulation sont sans danger pour les enfants, et ceux-ci ont
été correctement référencés après avoir été examinés par un médecin formé. Les enfants et leurs
accompagnants ont reçu une information claire et compréhensible sur les objectifs et le
déroulement de l’étude, lors de la consultation médicale initiale (J1). Le consentement libre et
éclairé des participants était un préalable à toute récolte d'informations5. La participation à
4 Cf Annexe 4 5 Cf Annexe 3
Page 19 sur 56
l’enquête était volontaire et sans contrainte6. Le choix de ne pas se soumettre au questionnaire
a été respecté. Les personnes qui ont décliné l’offre n’ont encouru aucune sanction. L’identité
des personnes soumises au questionnaire a été protégée et la confidentialité des réponses a été
assurée.
6 Cf Annexe 2
Page 20 sur 56
V. RESULTATS
V.1. Présentation de l’échantillon de l’étude
V.1.1. Taille de l’échantillon
La figure 2 indique que l’échantillon était composé de 125 enfants dans le groupe avec
kinésithérapie de stimulation et 139 enfants dans le groupe sans kinésithérapie de stimulation.
Figure 2 : Diagramme de flux et présentation de la taille de l'échantillon
Perdus de vue : 0
Décédé: 0
Perdus de vue : 5
Décédé: 1
Nombre d’enfants final
(pour l’analyse)
Nombre d’enfants Groupe
Cas en fin d’étude:
125
6 URENI,
Bamako
3 URENI « avec
kiné » (CHU GT,
CIII, C VI)
4 URENI « sans kiné »
(CHU GT, CI, CIV, CV)
n=131
n=139
Nombre d’enfants Groupe
témoins en fin d’étude:
139
Page 21 sur 56
V.1.2. Comparaison des groupes d’enfants avec et sans kinésithérapie de
stimulation en Jour 1 (situation de référence)
V.1.2.1. Caractéristiques sociodémographiques à J1
Les caractéristiques sociodémographiques des individus de l’étude sont présentées dans le
tableau I. La répartition des individus dans les différentes catégories pour l’âge, le genre, le lieu
de résidence ou le niveau d’éducation de la mère et des enfants était identique dans les groupes
cas et témoins. En effet, les tests statistiques n’ont révélé aucune différence significative (test
de chi², p>0,05).
L’échantillon des enfants cas, ayant reçu des séances de kinésithérapie de stimulation, et
l’échantillon des enfants témoins, qui n’ont reçu aucune séance de kinésithérapie de stimulation,
sont donc comparables d’un point de vue sociodémographique.
Tableau I : Caractéristiques sociodémographiques entre les deux groupes cas et témoins
au Jour 1 (effectifs et pourcentages)
Caractéristiques Groupe « avec
kiné »
Groupe « sans
kiné »
Total Valeur
p
Age (mois) (n=131) (n=139) (n=270)
0.67
Médiane 13 14 13
6 mois-11 mois 48 36,64% 53 38,13% 101 37,41%
12 mois-<24 mois 61 46,56 % 68 38,13% 129 47,78%
24 mois-62 mois 22 16,79% 18 12,95% 40 14,81%
Sexe n=131 n=139 (n=270)
0,81 Masculin 64 48,85% 70 50,4% 134 49,63%
Féminin 67 51,15% 69 49,6% 136 50,37%
Lieu de résidence (n=131) (n=139) (n=270)
Bamako 104 79% 109 78% 213 79%
Hors de Bamako 27 21% 30 22% 57 21%
Niveau Instruction Mère n=126 n=126 (n=252)
0,23 scolarisé /alphabetisé 42 33,3% 44 34,9% 86 34,1%
nonscolarisé / /analphabetisé 82 65,1% 74 58,7% 156 61,9%
Autres (coranique, medersa) 2 1,6% 8 6,4% 10 4,0%
Niveau Instruction Père N=122 N=119 N= 241
0,28 scolarisé /lettré/ 52 42,6% 56 47,1% 108 44,8%
nonscolarisé /illettré 67 54,9% 54 45,4% 121 50,2%
Coranique,/Medersa) 3 2,5% 9 7,5% 12 5,0%
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V. 1. 2. 2. Caractéristiques anthropométriques à J1
Les caractéristiques anthropométriques des individus de l’étude sont présentées dans le tableau
II. Au jour 1, 25% des enfants dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation ont un rapport
poids taille inférieur à 0,077 contre 0,079 dans le groupe sans kinésithérapie de stimulation
(25ème percentile). 25% des enfants dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation ont un
rapport poids taille supérieur à 0,095 contre 0,093 dans le groupe sans kinésithérapie de
stimulation (75ème percentile). La moyenne du rapport poids taille était de 0,087 +/-0, 014 pour
le groupe avec kinésithérapie de stimulation contre 0,086 +/- 0,012 dans le groupe sans
kinésithérapie de stimulation, le minimum et le maximum étaient respectivement de 0,1 et 0,13
pour les deux groupes.
La répartition des individus pour le rapport Poids/Taille est identique dans les deux groupes.
En effet, les tests statistiques n’ont révélé aucune différence significative (p>0,05).
L’échantillon des enfants cas, ayant reçu des séances de kinésithérapie de stimulation, et
l’échantillon des enfants témoins, qui n’ont reçu aucune séance de kinésithérapie de stimulation,
sont donc comparables d’un point de vue anthropométrique à J1, c’est-à-dire avant les
interventions d’Handicap International.
Tableau II : Caractéristiques anthropométriques entre les deux groupes au Jour 1
Rapport poids/taille
(Kg/Cm)
Groupe « avec
kiné »
Groupe « sans
kiné »)
Tous enfants p
(n=131) (n=139 (n=270)
25ème Percentile 0,077 0,079 0,078 0,46
(MW*) Médiane 0,085 0,087 0,086
75ème Percentile 0,095 0,093 0,093
Minimum 0,1 0,1 0,1 -
Maximum 0,13 0,13 0,128 -
Moyenne +/- ET 0,087 +/-0, 014 0,086 +/- 0,012 0,086 +/- 0,013 -
*Test non paramétrique de Wilcoxon rank-sum (Mann-Whitney)
Page 23 sur 56
V. 1.2. 3. Caractéristiques psychomotrices
Les caractéristiques liées au développement psychomoteur des individus de l’étude sont
présentées dans le tableau III à V.
Retard de développement à J1
Le tableau III montre que le retard de développement est significativement plus élevé dans le
groupe avec kinésithérapie de stimulation par rapport au groupe sans kinésithérapie de
stimulation (p<0,001) au Jour 1.
En effet, au jour 1, 25% des enfants dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation ont un
retard de développement inférieur à 3 contre 0 pour ceux du groupe sans kinésithérapie de
stimulation et 25% des enfants dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation ont un retard
de développement supérieur à 12 contre 8 pour ceux du groupe sans kinésithérapie de
stimulation. Le minimum et le maximum du score de développement étaient respectivement de
-2 et 47 pour le groupe avec kinésithérapie contre -1 et 8 pour le groupe sans kinésithérapie de
stimulation.
La répartition des individus pour le retard de développement psychomoteur n’est pas identique
dans les deux groupes (p<0,05). L’échantillon des enfants cas, ayant reçu des séances de
kinésithérapie de stimulation, et l’échantillon des enfants témoins, qui n’ont reçu aucune séance
de kinésithérapie de stimulation, présentent donc une situation initiale différente à J1 pour le
retard de développement ; les enfants du groupe avec kinésithérapie présentant un retard de
développement plus important que les enfants du groupe témoin.
Tableau III : Caractéristiques du retard de développement entre les deux groupes au
Jour 1
Retard Développement J1
(mois)
Groupe « avec
kiné »
Groupe
« sans kiné ») Total Valeur p
(n=126) (n=139 N=265
<0,001* 25ème Percentile 3 0 1
Médiane 6 2.5 4
75ème Percentile 12 8 10
Minimum -2 -1 -2
Maximum 47 32 47
Moyenne +/- ET 8.98+/-9,12 5.02+/-6,56 6,92+/-8,11
* Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif (<0,05)
Page 24 sur 56
Score de développement à J1
Le tableau IV montre que le score de développement est significativement plus élevé dans le
groupe sans kinésithérapie de stimulation par rapport au groupe avec kinésithérapie de
stimulation (p<0,001) au Jour 1.
En effet, au Jour 1, 25% des enfants dans le groupe avec kinésithérapie ont un score inférieur à
0,41 contre 0,61 pour ceux du groupe sans kinésithérapie, et 25% des enfants dans le groupe
avec kinésithérapie ont un score supérieur à 0,76 contre 0,94 pour ceux du groupe sans
kinésithérapie. La moyenne du score de développement était 0,57+/-0,25 pour le groupe avec
kinésithérapie de stimulation contre 0,74+/- 0,24 pour le groupe sans kinésithérapie de
stimulation, le minimum et le maximum du score de développement étaient respectivement de
0 et 1 pour les deux groupes.
La répartition des individus pour le score de développement psychomoteur et cognitif n’est pas
identique dans les deux groupes. En effet, les tests statistiques ont révélé une différence
significative (p<0,001). L’échantillon des enfants cas, ayant reçu des séances de kinésithérapie
de stimulation, et l’échantillon des enfants témoins, qui n’ont reçu aucune séance de
kinésithérapie de stimulation, présentent donc une situation initiale différente à J1 pour le score
de développement psychomoteur ; les enfants du groupe avec kinésithérapie présentant un score
de développement moins élevé que les enfants du groupe témoin, ce qui va dans le sens des
résultats précédents concernant le retard de développement.
Tableau IV : Caractéristiques du score de développement entre les deux groupes au Jour
1
Groupe « avec
kiné »
Groupe « sans
kiné »)
Total Valeur p
Score Développement N= 131 N= 139 N= 270
<0,001* 25ème Percentile 0,41 0,61 0,52
Médiane 0,61 0,78 0,69
75ème Percentile 0,76 0,94 0,86
Minimum 0 0,01 0
Maximum 1 1 1
Moyenne +/- ET 0,57 +/-0,25 0,74+/- 0,24 0,66+/- 0,26
* Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif (<0,05)
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Score de développement par secteur à J1
Le score de développement peut être décomposé en 4 domaines : motricité globale, langage,
motricité fine et compréhension. Les comparaisons par domaines sont présentées dans le
tableau V.
Au Jour 1, le score de développement, de la motricité globale, du langage, de la préhension et
de la compréhension apparait significativement plus élevé dans le groupe sans kinésithérapie
de stimulation par rapport au groupe avec kinésithérapie de stimulation (p<0,001).
Au Jour 1, 25% des enfants dans le groupe avec kinésithérapie ont un score de développement
du langage inférieur à 0,28 contre 0,53 pour ceux du groupe sans kinésithérapie et 25% des
enfants dans le groupe avec kinésithérapie ont un score de développement du langage supérieur
à 0,86 contre 1 pour ceux du groupe sans kinésithérapie. La moyenne du score de
développement du langage était 0,57+/-0,32 pour le groupe avec kinésithérapie de stimulation
contre 0,76+/-0,30 pour le groupe sans kinésithérapie de stimulation.
Au Jour 1, 25% des enfants dans le groupe avec kinésithérapie ont un score de développement
de la préhension inférieur à 0,42 contre 0,67 pour ceux du groupe sans kinésithérapie, et 25%
des enfants ont un score de développement de la préhension supérieur à 1 pour les deux groupes.
La moyenne du score de développement de la préhension était 0,65+/-0,32 pour le groupe avec
kinésithérapie de stimulation contre 0,81+/0,30 pour le groupe sans kinésithérapie de
stimulation.
Au Jour 1, 25% des enfants dans le groupe avec kinésithérapie ont un score de développement
de la compréhension inférieur à 0,39 contre 0,71 pour ceux du groupe sans kinésithérapie et
25% des enfants ont un score de développement de la compréhension supérieur à 0,87 dans le
groupe avec kinésithérapie contre 1 dans le groupe sans kinésithérapie de stimulation. La
moyenne du score de développement de la compréhension était 0,62+/-0,30 pour le groupe avec
kinésithérapie de stimulation contre 0,83+/-0,24 pour le groupe sans kinésithérapie de
stimulation.
Au Jour 1, 25% des enfants dans le groupe avec kinésithérapie ont un score de développement
de la motricité inférieur à 0,24 contre 0,29 pour ceux du groupe sans kinésithérapie et 25%
des enfants ont un score de développement de la motricité supérieur à 0,71 dans le groupe avec
kinésithérapie contre 1 dans le groupe sans kinésithérapie de stimulation. La moyenne du score
de développement de la motricité était 0,49+/-0,30 pour le groupe avec kinésithérapie de
stimulation contre 0,60+/-0,33 pour le groupe sans kinésithérapie de stimulation.
L’échantillon des enfants cas, ayant reçu des séances de kinésithérapie de stimulation, et
l’échantillon des enfants témoins, qui n’ont reçu aucune séance de kinésithérapie de stimulation,
présentent donc une situation initiale différente à J1 pour le langage, la préhension et la
compréhension; les enfants du groupe avec kinésithérapie présentant un score de
développement moins élevé que les enfants du groupe témoin, ce qui va dans le sens des
Page 26 sur 56
résultats précédents concernant le retard de développement. La situation de départ est par contre
identique dans les 2 groupes pour ce qui concerne la motricité globale.
Tableau V : Caractéristiques du score de développement par secteur du développement
au Jour 1
Motricité
Globale (M)
Tous enfants
(n=270)
Enfants « avec
kiné » (n=131)
Enfants « sans
kiné » (n=139)
Significativité
stat (p)
Minimum 0 0 0
Maximum 1 1 1
Moyenne +/- ET 0,55+/-0,32 0,49+/-0,30 0,60+/-0,33
Médiane 0,5 0,44 0,62 0,005*
25ème Percentile 0,25 0,24 0,29
75ème Percentile 0,8 0,71 1
Langage (L) Tous enfants
(n=…)
Enfants « avec
kiné » (n=131)
Enfants « sans
kiné » (n=139)
Significativité
stat (p)
Minimum 0 0 0
Maximum 1 1 1
Moyenne +/- ET 0,66+/-0,32 0,57+/-0,32 0,76+/-0,30
Médiane 0,71 0,56 0,90 <0,001*
25ème Percentile 0,39 0,28 0,53
75ème Percentile 1 0,86 1
Préhension (P) Tous enfants
(n=270)
Enfants « avec
kiné » (n=131)
Enfants « sans
kiné » (n=139)
Significativité
stat (p)
Minimum 0 0 0
Maximum 1 1 1
Moyenne +/- ET 0,73+/-0,31 0,65+/-0,32 0,81+/0,30
Médiane 0,81 0,67 1 <0,001*
25ème Percentile 0,5 0,42 0,67
75ème Percentile 1 1 1
Compréhension
(C)
Tous enfants
(n=270)
Enfants « avec
kiné » (n=131)
Enfants « sans
kiné » (n=139)
Significativité
stat (p)
Minimum 0 0 0,03
Maximum 1 1 1
Moyenne +/- ET 0,73+/-0,30 0,62+/-0,30 0,83+/-0,24
Médiane 0,79 0,67 1 <0,001*
25ème Percentile 0,54 0,39 0,71
75ème Percentile 1 0,87 1
* Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif (<0,05)
Page 27 sur 56
V. 1.2. 4. Caractéristiques médicales
Les caractéristiques médicales des individus de l’étude sont présentées dans le tableau VI.
Au Jour 1, les caractéristiques médicales sont comparable entre le groupe avec kinésithérapie
de stimulation et le groupe sans kinésithérapie de stimulation, à l’exception des antécédents
médicaux (p<0,001) et des pathologies neurologiques actuelles (p=0,02). Ces derniers étaient
significativement plus élevés dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation que dans le
groupe sans kinésithérapie de stimulation. L’échantillon des enfants cas, ayant reçu des séances
de kinésithérapie de stimulation, et l’échantillon des enfants témoins, qui n’ont reçu aucune
séance de kinésithérapie de stimulation, présentent donc une situation initiale différente à J1;
les enfants du groupe avec kinésithérapie présentant notamment plus souvent des pathologies
neurologiques.
Tableau VI : Caractéristiques médicales entre les deux groupes au Jour 1
Groupe « avec
kiné » (n=131)
Groupe « sans
kiné » (n=139)
Tous enfants
(n=270)
Valeur
p
Naissance prématuré
0,093 Oui 121 96.03% 133 99,25% 254 97,69%
Non 5 3,97% 1 0,75% 6 2,31%
Antécédents Maladie
Neurologique
0,098 Oui 21 16.03% 13 9.35% 34 12.59%
Non 110 83.97% 126 90.65% 236 87.41%
Autres Antécédents Médicaux
0,001* Oui 91 69,47 % 60 43,17% 151 55,93 %
Non 40 30,53 % 79 56,83% 119 44,07%
Antécédents Chirurgicaux
0,66 Oui 2 1,53% 2 1,44% 4 1,48%
Non 129 98,47% 137 98,56% 266 98,52%
Pathologie neurologique
(actuellement)
0,02*
Oui 14 10,69% 5 3,60% 19
Non 117 89,31% 134 96,40 % 251
Autre pathologie
(actuellement)
0.17 Oui 108 82,44% 105 75,54% 213 78,89%
Non 23 17,56% 34 24,46% 57 21,11%
* Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif (<0,05)
Page 28 sur 56
V. 1.2. 5 Caractéristiques sur la prise en charge des enfants à J1
Entrée et sortie des individus
Les tableaux VII & VIII résument les périodes d’entrée et de sortie des enfants inclus dans la
recherche dans les URENI. Les répartitions des individus selon les mois d’entrée et de sortie
des URENI ne sont pas identiques entre le groupe d’enfants avec kinésithérapie de stimulation
et les autres. Les tests statistiques ont révélé une différence significative (p<0,05). Les enfants
constituant le groupe témoin (sans kinésithérapie) ont en effet beaucoup été recrutés en juin/
juillet alors enfants bénéficiant de la kinésithérapie ont plutôt été recrutés en avril/ mai.
Tableau VII : Caractéristiques selon la date d’arrivée à l’URENI
Mois entrée URENI Groupe « avec
kiné » N= 131
Groupe « sans
kiné ») N= 139
Total N=270 p
Mars 3 2,29% 1 0,72% 4 1,48%
<0,001*
Avril 40 30,53% 23 16,55% 63 23,33%
Mai 44 33,59% 26 18,71% 70 25,93%
Juin 44 33,59% 44 31,65% 88 32,59%
Juillet 0 0,00% 45 32,37% 45 16,67%
* Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif (<0,05)
Tableau VIII : Caractéristiques selon la date de début de la phase 2 de récupération
nutritionnelle
Date Début Phase 2 Groupe « avec
kiné » N= 131
Groupe « sans
kiné » N= 139
Total N=270 p
Mars 2 1,53% 0 0,00% 2 0,74%
<0,001*
Avril 36 27,48% 20 14,39% 56 20.74%
Mai 44 33,59% 26 18,71% 70 25,93%
Juin 49 37,40% 38 27,34% 87 32.22%
Juillet 0 0,00% 55 39,56% 55 20.37%
* Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif (<0,05)
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Séances de stimulation psychosociale de J1 à J35
Tous les enfants intégrés dans cette étude ont bénéficié de séances de stimulation psychosociale.
Le tableau IX présente le nombre de séances de stimulation psychosociale de J1 à J35 pour
chaque groupe.
La différence est significative pour les séances de stimulation psychosociale entre le groupe
avec kinésithérapie de stimulation et le groupe sans kinésithérapie de stimulation (p<0,001)).
En effet, les enfants avec kinésithérapie de stimulation ont reçu plus fréquemment de séances
que les autres enfants (76,3% des enfants sans kinésithérapie ont reçu moins de 5 séances de
stimulation pendant leur prise en charge contre 8,4% des enfants avec kinésithérapie).
Tableau IX : Catégorisation selon le nombre de séances de stimulation psychosociale au
de Jour 1 au Jour 35
Nombre Séances
Stimulation
Psychosociale
Groupe « avec
kiné » N= 131
Groupe « sans
kiné » N= 139
Total N=270
p
0 -< 5 11 8,40% 106 76,26% 117 43,33%
<0,001* 5-<10 55 41,98% 15 10,79% 70 25,93%
10-25 65 49,62% 18 12,95% 83 30,74%
* Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif (<0,05)
Page 30 sur 56
V. 1.2. 6. Caractéristiques sur la prise en charge des enfants à J35
Caractéristiques du nombre de séances de stimulation psychosociale à J35
Le tableau X présente le nombre de séances de stimulation psychosociale dans les 2 groupes de
la recherche. A jour 35, le nombre de séance de stimulation psychosociale était en moyenne de
9 +/- 5,2 pour le groupe de kinésithérapie de stimulation contre 3,13 +/- 3,8 pour le groupe sans
kinésithérapie de stimulation.
La différence est significative entre les deux groupes (p<0,001) ; le groupe ayant bénéficié de
kinésithérapie de stimulation ayant reçu plus de séances de stimulation psychosociale que le
groupe sans kinésithérapie de stimulation au jour 35.
Tableau X : Caractéristiques du nombre de séances de stimulation psychosociale
Enfants « avec kiné »
(n=131)
Enfants « sans kiné »
(n=139)
P
Minimum 0 0
<0,001*
Maximum 24 12
Moyenne 9.5 3.1
Médiane 9 1
Ecart type 5.2 3.8
* Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif (<0,05)
Caractéristiques du nombre de séances de Kinésithérapie de stimulation dans
l’échantillon cas
Le nombre de séance de kinésithérapie stimulation dans le groupe cas était en moyenne 11,2
+/- 4,5 ; avec un maximum de 22 séances au jour 35.
Au jour 35, la majorité des enfants, soit 65 %, ont reçu entre 10 et 25 séances de
kinésithérapie de stimulation. Moins de 5% de l’échantillon avaient reçu moins de cinq (5)
séances de kinésithérapie de stimulation.
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Tableau XI : Catégorisation du nombre de séances de kinésithérapie de stimulation
Nombre de séances de
kinésithérapie stimulation
N= 131
0 -< 5 6 4,58%
5-<10 39 29,77%
10-25 86 65,65%
Total 131 100%
Nombre de jours de suivi à l’URENAS à J35
Le tableau XII compare le nombre de jours de suivi dans les URENAS dans les groupes cas et
témoin Au jour 35, la différence du nombre de jours de suivi à l’URENAS était significative
(p<0,001) entre les deux groupes. Le nombre de jour de suivi à l’URENAS est plus élevé dans
le groupe avec kinésithérapie de stimulation que dans le groupe sans kinésithérapie de stimulation
(respectivement une moyenne de 26,27+/- 9,39 jours contre 4,31+/- 0,89 jours), ce qui est en
cohérence avec la prise en charge plus régulière des enfants bénéficiant de séances de
kinésithérapie de stimulation.
Tableau XII : description du nombre de jours de suivi à l'URENAS
Enfants « avec kiné »
(n=122)
Enfants « sans kiné »
(n=134)
P
Minimum 1 4
<0,001*
Maximum 48 63
Moyenne 26,27 4,31
Médiane 27 32
Ecart type 9,40 0,895
* Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif (<0,05)
Conclusion
L’échantillon des enfants cas, ayant reçu des séances de kinésithérapie de stimulation, et
l’échantillon des enfants témoins, qui n’ont reçu aucune séance de kinésithérapie de stimulation,
présentent donc une situation initiale comparable à J1 d’un point de vue sociodémographique
et anthropométrique.
Par contre, le groupe des enfants qui ont reçu de la kinésithérapie de stimulation présentaient
initialement un retard de développement plus important et un score de développement moins
élevé, notamment dans les domaines du langage, de la préhension et de la compréhension.
Page 32 sur 56
V.1.3. Effet de la kinésithérapie sur les jours d’hospitalisation à l’URENI
Le tableau XIII compare le nombre de jours d’hospitalisation à l’URENI dans les groupes cas
et témoin. A jour 35, la différence du nombre de jours d’hospitalisation à l’URENI était
significative (p<0,001) entre les deux groupes. Les enfants du groupe avec kinésithérapie de
stimulation ont séjourné plus longtemps à l’hôpital que les enfants du groupe sans
kinésithérapie de stimulation (respectivement une moyenne 17,94+/- 9,96 jours contre 9,63+/-
6,87 jours).
Tableau XIII : description du nombre de jours d'hospitalisation à l'URENI
Enfants « avec kiné »
(n=122)
Enfants « sans kiné »
(n=134)
p
Minimum 2 1
<0,001*
Maximum 51 50
Moyenne 17,942 9,627
Médiane 16 7
Ecart type 9,968 6,871
* Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif (<0,05)
Page 33 sur 56
V.1.4. Effet de la kinésithérapie sur l’évolution du rapport poids /taille
Rapport poids/ taille à J35
Le tableau XIV présente la répartition des individus des groupes cas et témoins en fonction des
percentiles su rapport poids/ taille.
A jour 35, 25% des enfants dans le groupe kinésithérapie de stimulation ont un rapport poids
taille inférieur à 0, 089 contre 0, 084 pour ceux sans kinésithérapie. 25% des enfants dans le
groupe kinésithérapie de stimulation ont un rapport poids taille supérieur à 0, 13 contre 0, 10
pour ceux sans kinésithérapie. Le rapport poids taille des enfants était relativement plus élevé
dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation par rapport au groupe témoin mais cette
différence n’est pas significative (p=0,46).
Tableau XIV: Caractéristiques du rapport poids taille au jour 35
Tous
enfants
(265)
Enfants « avec kiné »
(n=126
Enfants « sans kiné »
(n=139)
Valeur p
Minimum 0,047 0,064 0,047
Maximum 0,8 0,212 0,8
Moyenne 0,109 0,117 0,101
Ecart type 0,058 0,026 0,076
25ème Percentile 0,089 0,101 0,084
0,46* Médiane 0,1 0,112 0,092
75ème Percentile 0,1 0,13 0,10
*Test de Wilcoxon/Mann-Whitney non significatif
Evolution du Rapport Poids/Taille (ERPT) des enfants MAS entre J1 et J35
Le tableau XV présente l’évolution du rapport médian poids taille des enfants après prise en
charge. Ce rapport n’a pas évolué entre J1 et J35 dans le groupe dans kinésithérapie, alors qu’il
a significativement augmenté dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation (p<0,001).
Tableau XV: Caractéristiques du rapport poids taille à J1 et J35
Médiane
du rapport Poids/Taille
à J1
Médiane
du rapport Poids/Taille
à J35
Evolution
du rapport
P
Groupe avec
kiné
0,09 0,11 0,02 p<0,001*
Groupe sans
kiné
0,09 0,09 0,00
*Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif
Page 34 sur 56
V.1.5. Effet de la kinésithérapie sur l’évolution des variables liées au développement des
enfants
V.1.5.1. Retard de développement des enfants MAS
Retard de développement à J35
Le tableau XV montre la distribution des enfants des 2 groupes à J35 selon le retard de
développement constaté. Au Jour 35, le retard de développement des enfants avec kinésithérapie de
stimulation apparaît significativement plus bas que dans le celui des enfants du groupe sans
kinésithérapie de stimulation (p<0,001).
Tableau XVI: Caractéristiques du retard de développement à Jour 35
Retard de
développement
(mois)
Tous
enfants
(n=264)
Enfants « avec kiné »
(n=125)
Enfants « sans kiné »
(n=139)
p
25eme Percentile 1 0 2
<0,001* Médiane 3 2 4
75eme percentile 7 5 8
Minimum -3 -3 -1,5
Maximum 46 46 38
Moyenne 5,510 4.928 6,032
Ecart type 7,423 8.484 6,305
Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif
Evolution du Retard de développement (RD) des enfants MAS entre J1 et J35
La figure 2 montre l’évolution du retard de développement dans le groupe avec kinésithérapie
et dans le groupe sans kinésithérapie. Il apparaît que la médiane du retard de développement
diminue fortement chez les groupes avec kinésithérapie de stimulation, ce qui n’est pas le cas
dans le groupe sans kinésithérapie. ;p<0,001 (test de comparaison de signrank test J35 vs J1
dans le même groupe)
Page 35 sur 56
Figure 3 : Retard de développement selon le groupe d’enfants
V.1.5.2. Scores de développement des enfants MAS
Score de développement à J35
Le tableau XVI montre la distribution des enfants des 2 groupes à J35 selon le score de
développement observé. Au jour 35, le score de développement des enfants avec kinésithérapie
de stimulation est significativement plus élevé dans le groupe que celui des enfants du groupe
sans kinésithérapie de stimulation (p<0,001).
Tableau XVII : Caractéristiques du score de développement à Jour 35
Tous
enfants
(n=262)
Enfants « avec kiné »
(n=125)
Enfants « sans kiné »
(n=137) Valeur p
Minimum 0 0 0,008
Maximum 1 1 1
Moyenne 0,781 0,815 0,750
Ecart type 0,205 0,213 0,194
Percentile 25 0.7 0,7 0,684 <0,001*
Médiane 0,833 0,889 0,8
75ème Percentile 0,923 1 0.884
Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif
Evolution du score de développement
6
2.524
0
1
2
3
4
5
6
7
GroupeKine GroupeSansKine
Mediane du Retard Developpement
Groupe d'enfants
J1
J35
p<0,001
p<0,001
Page 36 sur 56
Le tableau XVII montre la distribution des enfants des 2 groupes à J35 selon l’évolution du
score de développement observé entre J1 et J35.
Les enfants qui ont reçu des séances de kinésithérapie ont une évolution du score de
développement plus élevés.
Par ailleurs, au jour 35 (Tableau XVIII), l’évolution du score de développement des enfants
était significativement plus élevé dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation par rapport
au groupe témoin (p<0,001). La situation entre le groupe cas et le groupe témoin n’est donc pas
identique après les activités de kinésithérapie de stimulation (respectivement une moyenne de
l’évolution du score de développement de 0,24+/-0,22 versus 0,01+/-0,14).
Tableau XVIII : Caractéristiques selon l’évolution du score de développement entre J1
et J35
Evolution du
score de
développement
Tous
enfants
(n=262)
Enfants « avec
kiné »
(n=125)
Enfants « sans kiné »
(n=137) Valeur p
Minimum -0,62 -0,62 -0,33
<0,001* Maximum 0,87 0,87 0,5
Moyenne +/- ET 0,12+/-0,21 0,24+/-0,22 0,01+/-0,14
25ème Percentile -0,034 0,09 -0,08
Médiane 0,077 0,24 -0,01
75ème Percentile 0,26 0,36 0,07
Test de Wilcoxon/Mann-Whitney significatif
La figue 3 ci-dessous montre que le score de développement n’a que peu évolué entre J1 et J35
dans le groupe sans kinésithérapie, alors qu’il a significativement augmenté dans le groupe avec
kinésithérapie de stimulation (p<0,001, test de comparaison de signrank test J35 vs J1 dans le
même groupe).
L’évolution médiane du score du développement psychomoteur des enfants après prise en
charge est significativement plus élevée dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation par
rapport au groupe témoin.
Page 37 sur 56
Figure 4 : scores de développement selon le groupe d’enfants
0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
GroupeKine GroupeSansKine
0.607
0.778
0.889
0.8
Mediane du Score de Developpement
Groupe d'enfants
J1
J35
p<0,001 P=0,61
Page 38 sur 56
V.1.5.3. Scores de développement par domaines des enfants MAS
Scores de développement par secteur à J35
Le tableau XVII montre la distribution des enfants des 2 groupes à J35 selon chaque domaine
du score de développement.
A Jour 35, les scores de développement du langage, de la préhension et de la compréhension
sont plus élevés dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation que dans le groupe sans
kinésithérapie de stimulation mais ces différences ne sont pas significatives. Le score de
développement de la motricité est quant à lui significativement plus élevé (p<0,001) dans le
groupe avec kinésithérapie de stimulation que dans le groupe sans kinésithérapie de
stimulation..
Au Jour 35, 25% des enfants dans le groupe avec kinésithérapie ont un score de
développement de la motricité inférieur à 0,45 contre 0,31 pour ceux du groupe sans
kinésithérapie et 25% des enfants ont un score de développement de la motricité supérieur à 1
dans le groupe avec kinésithérapie contre 0,75 dans le groupe sans kinésithérapie de
stimulation. La moyenne du score de développement de la motricité était 0,73+/-0,30 pour le
groupe avec kinésithérapie de stimulation contre 0,53+/-0,28 pour le groupe sans kinésithérapie
de stimulation (Tableau XIX).
Page 39 sur 56
Tableau XIX : Caractéristiques du score de développement par secteur du développement
au Jour 35
Motricité
Globale (M)
Tous
enfants
(n=262)
Enfants « avec
kiné » (n=125)
Enfants « sans
kiné » (n=137)
p
Minimum 0 0 0
<0,001*
Maximum 1 1 1
Moyenne +/- ET 0,62+/-0,30 0,73+/-0,30 0,53+/-0,28
Médiane 0,62 0,8 0,5
25ème Percentile 0,4 0,45 0.31
75ème Percentile 1 1 0,75
Langage (L) Tous
enfants
(n=262)
Enfants « avec
kiné » (n=125)
Enfants « sans
kiné » (n=137)
p
Minimum 0 0 0
0,08
Maximum 1 1 1
Moyenne +/- ET 0,79+/-0,26 0,80+/-0,27 0,77+/-0,25
Médiane 0,87 1 0,83
25ème Percentile 0,63 0,65 0,63
75ème Percentile 1 1 1
Préhension (P) Tous
enfants
(n=262)
Enfants « avec
kiné » (n=125)
Enfants « sans
kiné » (n=137)
p
Minimum 0 0 0
0,52
Maximum 1 1 1
Moyenne +/- ET 0,88+/-0,23 0,88+/-0,23 0,88+/-0,24
Médiane 1 1 1
25ème Percentile 0,85 0,86 0,85
75ème Percentile 1 1 1
Compréhension
(C)
Tous
enfants
(n=262)
Enfants « avec
kiné » (n=125)
Enfants « sans
kiné » (n=137)
p
Minimum 0 0 0
0,50
Maximum 1 1 1
Moyenne +/- ET 0,86+/-0,22 0,86+/-0,21 0,86+/-0,22
Médiane 1 1 1
25ème Percentile 0,8 0,8 0,8
75ème Percentile 1 1 1
*Wilcoxon/Mann-Whitney significatif
Page 40 sur 56
Evolution du score de développement par secteur
Le tableau XVIII montre la distribution des enfants des 2 groupes à J35 selon l’évolution du
score de développement observé pour chaque domaine entre J1 et J35. Au Jour 35, l’évolution
du score de développement du langage, de la préhension, de la compréhension et de la motricité
était significativement plus élevé (p<0,001) dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation
que dans le groupe sans kinésithérapie de stimulation (Tableau XX).
Tableau XX : Caractéristiques de l’évolution du score de développement par secteur du
développement au Jour 35
Motricité
Globale (M)
Tous enfants
(n=262) Enfants
« avec
kiné »
(n=125)
Enfants « sans
kiné » (n=137)
p
Minimum -0,77 -0,42 -0,77
p<0,001*
Maximum 0,92 0,92 0,38
Moyenne +/- ET 0,07+/-0,28 0,24+/-0,26 -0,08+/-0,22
Médiane 0,03 0,22 -0,04
25ème Percentile -0,08 0,05 -0,2
75ème Percentile 0,25 0,41 0,05
Langage (L) Tous enfants
(n=262) Enfants
« avec
kiné »
(n=125)
Enfants « sans
kiné » (n=137)
p
Minimum -0,86 -0,86 -0,6
<0,001*
Maximum 0,92 0,92 0,75
Moyenne +/- ET 0,12+/-.31 0,24+/-0,34 0,01+/-0,25
Médiane 0 .238 0
25ème Percentile 0 0 -0,088
75ème Percentile 0,33 0,5 0,096
Préhension (P) Tous enfants
(n=…) Enfants
« avec
kiné »
(n=125)
Enfants « sans
kiné » (n=137)
p
Minimum -0,71 -0,71 -0,57
<0,001*
Maximum 1 1 .95
Moyenne +/- ET 0,15+/-0,29 0,24+/-0,33 0,07+/-0,21
Médiane 0 .2 0
25ème Percentile 0 0 0
75ème Percentile 0,33 0,46 0,12
Compréhension
(C)
Tous enfants
(n=262) Enfants
« avec
kiné »
(n=125)
Enfants « sans
kiné » (n=137)
p
Minimum -0,82 -0,623 -0,82
<0,001* Maximum 1 1 .787
Moyenne +/- ET 0,13+/-0,29 0,3+/-0,33 0,03+/-0,21
Médiane 0 0,21 0
Page 41 sur 56
25ème Percentile 0 0 0
75ème Percentile 0,29 0,45 1
*Wilcoxon/Mann-Whitney significatif
V.2. Analyses multivariées
Afin de vérifier l’effet des séances de kinésithérapie de stimulation sur les variables de
développement, des régressions logistiques ont été réalisées. Les variables de contrôle
sélectionnées étaient l’âge, le nombre de séances de stimulation psychosociale et le retard de
développement observé en J1. Les résultats sont présentés dans le tableau XIX.
Les enfants du groupe sans kinésithérapie ont 20,59 fois plus de risques (OR= 20,59 IC 6,05 ;
70,09) d’avoir un retard de développement au Jour 35 par rapport au groupe avec kinésithérapie,
ceci après avoir ajusté pour l’âge, le retard de développement à JOUR 1, et le nombre de séances
de stimulation psychosociale.
Les enfants avec retard de développement au Jour 1 ont 4,16 fois plus de risque (OR = 4,16 IC
1,34 ; 12,90) d’avoir un retard de développement au Jour 35 par rapport aux enfants sans retard de
développement au Jour 1, ceci après avoir ajusté pour l’âge, la kinésithérapie de stimulation, et le
nombre de séances de stimulation psychosociale.
Tableau XXI: Facteurs de risque de retard de développement au Jour 35
Facteur de risque OR IC à 95% p
Age
6-11 mois Réf - -
12-23 mois 0,640 0,31 ; 1,32 0,23
24 à 63 mois 3,23 0,84 ; 12,36 0,09
Nbre de séances de stimulation psychosociale 1.20 0,69 ; 2,09 0,52
Retard développement Jour 1 4,16 1,34 ; 12,90 0,013
Groupe sans kinésithérapie 20,59 6,05 ; 70,09 <0.001
Page 42 sur 56
VI. DISCUSSION
La présente étude a porté sur les enfants, filles et garçons, en MAS, âgés de 6 mois à 5 ans à la
date de leur prise en charge en phase 2 de récupération nutritionnelle, et pris en charge dans 6
des 8 URENI de Bamako du « Projet de renforcement des URENI».
La tranche d’âge de 12mois-<24mois était la plus représentée avec 47,8 %. Ce résultat est
proche de celui de S Diarra au Mali [12] de Testa et coll. au Benin [13] de Arama à Koutiala
[14] selon laquelle la tranche d’âge la plus touchée est celle comprise entre 12 et 24 mois avec
52,0%.
La majorité des parents des enfants (61,9 % des mères et 50,2% des pères) enquêtés étaient non
scolarisés comme l’atteste dans l’étude de S DIARRA [12] qui affirmait que plus le niveau
d’instruction de la mère était élevé, plus la prévalence du retard de croissance et de
l’insuffisance pondérale était faible. En effet, l'analphabétisme, conduit à un déséquilibre
nutritionnel, voire une malnutrition [15].
Au Jour 1, le score de développement était significativement plus élevé (p<0,001) dans le
groupe sans kinésithérapie de stimulation par rapport au groupe avec kinésithérapie de
stimulation tandis que le retard de développement était significativement plus élevé (p<0,001)
dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation par rapport au groupe sans kinésithérapie de
stimulation. Ceci s’expliquerait par le fait que 75% des enfants dans le groupe avec
kinésithérapie de stimulation ont été recrutés au CHU-GT, où les cas compliqués en pédiatrie
sont généralement admis.
Entre le J1 et le J35, le nombre de séances stimulation psychosociale était plus élevé dans le
groupe avec kinésithérapie de stimulation que dans le groupe sans kinésithérapie de stimulation.
Ceci s’expliquerait par le fait que, d’une part les agents sanitaires dans les sites témoins ne
renseignaient pas toujours cette partie sur la fiche de collecte de données, d’autre part les
activités de kinésithérapie ont motivé les agents de santé en charge de la stimulation
psychosociale de sorte que, à chaque séance de kinésithérapie, les agents de santé aussi
stimulaient les enfants.
Les enfants séjournaient plus à l’hôpital dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation que
dans le groupe sans kinésithérapie de stimulation (respectivement une de moyenne 17,94+/-
9,96 jours contre 9,63+/- 6,87 jours). Cela s’expliquerait par le fait qu’au niveau des autres
sites, qui étaient des centres de santé de référence, l’hospitalisation ne peut dépasser une
semaine alors qu’à l’hôpital Gabriel TOURE, où le plus grand nombre d’enfant MAS avec
kinésithérapie de stimulation a été recruté, reçoit des enfants malnutris avec complication
nécessitant le plus souvent un long séjour. Un patient séjourne donc plus de temps à l’hôpital
qu’au niveau d’un centre de santé de référence.
Page 43 sur 56
Le retard de développement des enfants était significativement plus bas dans le groupe avec
kinésithérapie de stimulation par rapport au groupe sans kinésithérapie de stimulation. Cela
peut s’expliquer par la prise en charge de kinésithérapie de stimulation car nous avons constaté
qu’à l’admission les enfants du groupe kinésithérapie ont un retard de développement plus
important que ceux sans kinésithérapie, mais après avoir été pris en charge par les séances de
kinésithérapie, il a eu un renversement de situation : le retard de développement est devenu bas
dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation
A l’admission, les enfants du groupe sans kinésithérapie de stimulation présentaient un meilleur
score de développement par rapport à ceux du groupe avec kinésithérapie de stimulation, mais
au décours de la prise en charge le score de développement des enfants était significativement
plus élevé dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation par rapport au groupe témoin après
prise en charge
A l’admission, le rapport poids taille était le même chez les deux groupes, mais au décours de
la prise en charge le rapport poids taille des enfants MAS du groupe avec kinésithérapie de
stimulation s’était nettement amélioré par rapport au groupe sans kinésithérapie de stimulation.
Ces résultats plaideraient en faveur la thèse de l’OMS [4] et les recommandations protocole de
prise en charge de la MAS [5] sur l’importance des activités de stimulation en faveur des enfants
malnutris. La kinésithérapie de stimulation aurait un effet positif sur les variables de
développement utilisé dans cette étude. En effet, les enfants du groupe sans kinésithérapie ont
20 fois plus de risques d’avoir un retard de développement au Jour 35 par rapport au groupe
avec kinésithérapie, ceci après avoir ajusté pour l’âge, le retard de développement à JOUR 1,
et le nombre de séances de stimulation psychosociale.
Cette étude présente quelques limites, notamment :
- Un biais dans les modalités d’échantillonnage des enfants qui expliquerait la différence
de certaines caractéristiques de base entre les 2 groupes de cohorte au Jour 1.
- Une réalisation des évaluations finales au J35 parfois incomplète, ce qui s’est répercuté
directement sur le calcul du score de développement. En effet par endroit toutes les
épreuves n’ont pas été renseignées.
- Le recrutement des sujets n’a pas eu lieu à la même période dans les divers sites. En
effet, les URENI des communes I, IV et V ont été retenues comme sites témoins, mais
du fait de la sous fréquentation de ces centres, le recrutement des témoins à l’HGT (31)
a été prolongé du 1er juillet au 15 juillet 2014.
- Enfin de manière générale, du fait de la nouveauté de l’étude et malgré la formation et
le pré test qui ont eu lieu, des difficultés ont étés rencontrées lors du remplissage de
l’outil de collecte de donnée. Cependant un mécanisme de suivi a été mis en place pour
la mise en œuvre de cette étude et a permis de limiter les biais de ce point de vue.
Page 44 sur 56
VII. CONCLUSION
Cette étude nous a permis d’étudier l’efficacité de la kinésithérapie de stimulation chez les
enfants MAS.
- Le score de développement des enfants MAS dans le groupe de kinésithérapie de
stimulation a été amélioré par rapport au groupe sans kinésithérapie de stimulation.
- Le retard de développement des enfants MAS dans le groupe de kinésithérapie de
stimulation a été amélioré par rapport au groupe sans kinésithérapie de stimulation.
- Le rapport poids taille des enfants MAS dans le groupe de kinésithérapie de stimulation
a été amélioré par rapport au groupe sans kinésithérapie de stimulation.
- Le score de développement du langage, de la préhension et de la compréhension était
élevé (p>0,005) dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation que dans le groupe
sans kinésithérapie de stimulation, alors que celui de la motricité était significativement
plus élevé (p<0,001) dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation que dans le
groupe sans kinésithérapie de stimulation
- L’évolution du score du développement psychomoteur des enfants après prise en charge
était significativement plus élevée dans le groupe avec kinésithérapie de stimulation par
rapport au groupe témoin (p<0,001).
- L’évolution du score de développement du langage, de la préhension de la
compréhension et de la motricité était significativement plus élevé (p<0,001) dans le
groupe avec kinésithérapie de stimulation que dans le groupe sans kinésithérapie de
stimulation.
- Les enfants du groupe sans kinésithérapie ont 20,59 fois plus de risque (OR= 20,59 IC
6,05 ; 70,09) d’avoir un retard de développement au Jour 35, tandis que les enfants avec
retard de développement au Jour 1 ont 4,16 fois plus de risque (OR = 4,16 IC 1,34 ;
12,90) d’avoir un retard de développement au Jour 35, ajusté pour l’âge, le retard de
développement à JOUR 1, et le nombre de séances de stimulation psychosociale.
La kinésithérapie de stimulation améliorerait donc le développement psychomoteur et cognitif
des enfants malnutris aigus sévère. Cette amélioration serait plus remarquable au niveau du
secteur de la motricité qu’au niveau des secteurs du langage, de la préhension et de la
compréhension.
Page 45 sur 56
Cette première recherche a été réalisée auprès d’un échantillon limité. Si les résultats
démontrent un effet de la kinésithérapie de stimulation positif sur le développement des enfants
souffrant d’une MAS, une étude à plus large échelle, voire multicentrique, permettrait de r
confirmer ces résultats et d’analyser plus en détails l’impact de cette activité.
Page 46 sur 56
VIII. BIBLIOGRAPHIE
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15. AKOTO E.M et Allan G.HILL : « Morbidité, malnutrition et mortalité des enfants »,
Paris Harmattan 1988, pp 309-334.
IX. ANNEXES
Annexe 1. Fiche de suivi individuelle
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Numéro MAS : ____/_____/______/_______/_________
C I q C IV q
HGT q C V q
C III q C VI q
Date de cette consultation (J1)____/____/ 2014Date de l'arrivée de l'enfant à l'URENI:___ / ___/2014
Nom du médecin:________________________ Date du début de la phase 2 de récupération nutritionnelle:___ / ___/2014
Données personnelles de l'enfant:
Sexe de l'enfant: F q M q
Date de naissance de l'enfant:____/____/________Age de l'enfant (mois):___
Naissance: A terme q Prématuré q Si prématuré, nombre de semaines de prématurité:______
Qualité de l'accompagnant (lien avec l'enfant):_____________________________________________
Langue de l'entretien (traducteur?):________________________________
Données cliniques
Antécédents médicaux de l'enfant:
q Neurologique Préciser:
q Infectieux Préciser:
q Respiratoire Préciser:
q Cardio-vasculaire Préciser:
q Digestif Préciser:
q Endocrinien Préciser:
q Autre Préciser:
Antécédents chirurgicaux de l'enfant (opérations):
Pathologie(s) actuelle(s) (le jours de l'admission à l'URENI):
q Neurologique Préciser:
q Infectieuse Préciser:
q Respiratoire Préciser:
q Cardio-vasculaire Préciser:
q Digestive Préciser:
q Endocrinienne Préciser:
q Autre Préciser:
Allergies:
Traitements en cours:
Données socio-démographiques des parents (ou des personnes responsables légales de l'enfant):
Niveau d'études et profession de la mère:_____________________________________________________________________________
Niveau d'études et profession du père:________________________________________________________________________________
Evaluation initiale du développement (J1):
Voir fiche d'évaluation jointe
Nom et prénom de l'enfant:
Nom et prénom de l'accompagnant (lien avec l'enfant):
Adresse et numéro de téléphone:
Partie détachable pour anonymisation des données
Fiche de suivi individuelle enfant URENI
Généralités et examen clinique
Numéro d'enregistrement de l'enfant:
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Date
Poids (kg)
Taille (cm)
PBr (mm)
Date
Nom de
l'agentDurée de la
séance
Date
Nom de
l'agentDurée de la
séance
Date
Nom du
kinéDurée de la
séance
Contenu
de la
séance
______
Date
Nom du
kinéDurée de la
séance
Contenu
de la
séance
Evaluation finale du développement (J35):Voir fiche d'évaluation jointe
Observation:
Fiche de suivi individuelle enfant URENI
Généralités et examen clinique
Nombre
total
séances
SP
______
Nombre
total
séances
kiné
Séances de kinésithérapie de stimulation
___ /______ /___ ___ /___ ___ /___ ___ /___ ___ /___
___ /______ /___ ___ /___ ___ /___ ___ /___ ___ /___
___ /___ ___ /___ ___ /___ ___ /___ ___ /___ ___ /___
___ /___ ___ /___ ___ /______ /______ /______ /___
Séances de stimulation psychosociale
Données anthropométriques
___ /___ ___ /______ /______ /______ /______ /___
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Annexe 2. Fiche d’information à destination des participants
Cette étude, soutenue par l’UNICEF, est lancée par Handicap International dans certains centres
de rénutrition (URENI) du district de Bamako. Elle vise à évaluer si, chez des enfants
hospitalisés pour malnutrition, la prise en charge par des kinésithérapeutes, spécialement
formés à des techniques de stimulation, en plus des séances habituelles de stimulation par les
autres agents sanitaires, est bénéfique pour le développement cognitif et psychomoteur.
1- Le déroulement des consultations avec le médecin :
Tous les enfants participant à l’étude bénéficieront de deux consultations médicales, à cinq
semaines d’intervalle. Pendant ces consultations, le médecin fera un bilan approfondi du
développement cognitif et psychomoteur de l’enfant.
2- Les séances de kinésithérapie :
Les enfants suivis dans les URENI du CHU Gabriel Touré et des communes III et V seront pris
en charge par des kinésithérapeutes, spécialement formés. Les séances dureront 30 minutes, et
auront lieu une à deux fois par semaine, pendant toute la durée de l’hospitalisation à l’URENI,
puis lors du suivi à l’URENAS.
3- La durée de l’étude :
Ce projet vise à terme à déterminer l’évolution du développement des enfants avant et après les
séances de kinésithérapie. La rencontre d’aujourd’hui est donc une première étape. Nous
aimerions en effet revoir en consultation médicale votre enfant dans cinq semaines afin
d’évaluer ses progrès.
4- La confidentialité des données :
Les adresses et les contacts seront conservés par les chargés de projet pendant deux mois, afin
de pouvoir vous recontacter pour la deuxième consultation médicale dans quelques semaines.
Les données enregistrées à l’occasion de cette étude feront, quant à elles, l’objet d’un traitement
anonyme informatisé. Toutes les données et informations concernant votre enfant resteront
donc strictement confidentielles. Vous aurez un droit d’accès et de rectification des
informations nominatives le concernant. Seules les personnes désignées par les chargés de
l’étude seront autorisées à consulter les données.
5- Les modalités de participation :
Vous êtes libre d’accepter ou de refuser que votre enfant participe à cette recherche. Vous
pouvez également décider d’arrêter à tout moment sa participation, sans supporter aucune
responsabilité. Par ailleurs, cette étude est basée sur la volonté de participation de chacun, et est
donc libre de toute charge financière.
Nous vous remercions de votre compréhension et nous espérons que vous voudrez bien nous
aider en participant, avec nous, à cette initiative originale.
Contact du Comité d’Ethique FMPOS :
Président Pr Mamadou Marouf KEITA
66 72 20 22
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Secrétaire permanent FMOS
Pr Mamadou DIAKITE
76 23 11 91 / 66 23 11 91
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Annexe 3. Formulaire d’autorisation de participation à l’étude (consentement éclairé)
Je soussigné(e),……………………………………………………………………, accepte que
mon enfant, ……………………………………, participe à l’étude sur l’évaluation de
l’efficacité de la kinésithérapie de stimulation (Handicap International, Bamako, Mali), et
reconnais avoir pris connaissance des objectifs et des modalités de réalisation de cette étude.
Conditions de l’étude :
- Il m’a été clairement précisé que je suis libre d’accepter ou de refuser que mon enfant participe
à cette étude.
- Afin d’éclairer ma décision, j’ai reçu et j’ai bien compris les informations concernant les
objectifs, les conditions, la durée de l’étude et ses contraintes. J’ai eu la possibilité de poser
toutes les questions nécessaires à mon information et de recevoir des réponses claires et
précises.
- J’ai été par ailleurs informé (e) que cette participation comprenait :
* le recueil d’informations personnelles sur mon enfant;
* des évaluations du développement psychomoteur et cognitif de mon enfant.
- Cette étude est libre de toute charge financière.
- Je suis conscient (e) que je peux arrêter à tout moment la participation de mon enfant à cette
recherche sans supporter aucune responsabilité.
- J’accepte que les données enregistrées à l’occasion de cette étude puissent faire l’objet d’un
traitement anonyme informatisé. J’ai pris connaissance de mon droit d’accès et de rectification
des informations nominatives concernant ma famille. Toutes les données et informations
resteront
strictement confidentielles. Je n’autorise leur consultation que par les personnes désignées par
le chargé de l’étude.
Fait à Bamako, le …………………………………………
Nom et signature, précédés de la mention « lu et approuvé »
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Annexe 4 : Accord comité d’éthique
Accord_Comité Ethique.pdf