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Mémoire de recherche
La classe politique et l'opinion publique tchèque face à la crise du
projet européen.
Markéta Pospěchová
Directeur de recherche: Professeur Hans Stark
Université Paris IV Sorbonne
LEA-Master des affaires européennes
Paris, 5 septembre 2016
1
Sommaire
Introduction
I/ Parti citoyens démocrates face à la crise de la dette de la zone euro, une politique européenne tchèque inexistante ?
1. Crise de la zone euro vers le blocage de la mise en place de la monnaie unique
2. Stabilité de l'économie tchèque, argument pour l'euroscepticisme.
II/ L'opinion publique tchèque, vers une europhobie héréditaire
1. Manque de sentiment d'appartenance à l'Union européenne.
2. La crise migratoire cause d'une l'islamophobie tchèque
III/ Gouvernement Sobotka, remise en place de la politique européenne tchèque
1. Débat pro-européenne pour la mise en place de la monnaie unique
2. Une politique migratoire contradictoire
3. Brexit, quelles motivations pour la classe politique tchèque ?
Conclusion
Annexe
2
La naissance de l'Etat démocratique tchèque date d 1er janvier 1993.
Le gouvernement de Václav Havel instaure l'intégration à l'Union Européenne comme objectif
principal de la politique étrangère. ''Notre plus grand objectif est de devenir le membre de la
communauté européenne, et ceci à long terme'' 1et le 4 octobre 1993, la République tchèque et
l'Union européenne signent un Accord d'association. La politique pro-européenne de la présidence
Havel conclut son sommet avec la campagne référendaire intitulé Back to Europe !
Le 14 juin 2003 confirme clairement l'attitude positive du public tchèque, qui vote pour l'adhésion à
l'Union européenne. 55% des inscrits votent à 77% pour l'adhésion à l'Union.
La spécificité des années 2000 se traduit par l'arrivé au pouvoir du Parti des citoyens démocrates,
ODS2, et par des crises consécutives au sein de l'Union européenne.
Il devient plus que politiquement impossible d'instaurer une stratégie de la politique européenne
étrangère tchèque avec un gouvernement eurosceptique au pouvoir dans une ambiance des crises du
projet européen. A cela s'ajoute une absence du traditionalisme européen et le manque de la
médiatisation du débat européen.
En 2007, 60% de la population sont favorables à l'intégration de l'Union européenne. Quand la
population se prononce en 2016, il ne reste plus que 36%.
Aujourd'hui, malgré la position de la deuxième croissance économique la plus rapide de l'Union
européenne, avec une croissance annuelle du PIB 4,3%, et une augmentation continuelle de niveau
de vie, les citoyens tchèques restent très sceptiques sur le sujet européen.
Nous nous demandons alors quelles sont les causes du l'euroscepticisme tchèque et quel est l’impact
de la crise du projet européen sur la politique européenne étrangère tchèque ?
1Discours au Parlement européen en mars 1991
2 Občanská demokratická strana
3
I/ Parti citoyens démocrates face à la crise de la dette de la zone euro, une politique
européenne tchèque inexistante ?
1. Crise de la zone euro vers le blocage de la mise en place de la monnaie unique
Après une intégration réussie de la République tchèque dans l'Union européenne en 2004, la
droite s’est installée au pouvoir pour une décennie. Les gouvernements consécutifs du Parti des
citoyens démocrates, ont été fortement soutenus par un président se prononçant euro-réaliste mais
qui s’incline vers une forte europhobie, Václav Klaus. L'environnement de la crise du projet
européen dans lequel le pays affronte dès son entrée jusqu'à nos jours, sans parler de la politique
eurosceptique du parti ODS, vont avoir des conséquences importantes sur la politique étrangère
tchèque et l'opinion publique.
Quelles étaient les conséquences des actions de la représentation politique tchèque face aux crises,
et quel est l'impact des crises sur le pays ?
Après le premier événement en 2010, qui marque le début de la crise de la dette grecque et
donc de la menace pour la zone euro, le gouvernement tchèque reste préoccupé par l'application et
la ratification de Traité de Lisbonne. En 2011, la situation va changer. "Je suppose que surtout la
Grèce elle-même doit démontrer la volonté d'effectuer certaines mesures d'austérité" 3
La représentation politique tchèque et Petr Nečas, en tant que seul pays avec la Grande Bretagne
représentée par David Cameron, se prononcent contre la mise en place de l'aide à la Grèce, grâce
au Fond européen de stabilité financière.
Sur le plan de la politique national tchèque, la crise de la dette de zone euro a pour conséquence le
3Petr Nečas, discours lors du Sommet européen à Bruxelles le 3.6.2011
4
renforcement de discours politique contre la mise en place de la monnaie unique, d'où le discours du
Premier Ministre Petr Nečas: '' La République tchèque n'adoptera l'euro seulement si le coût du
maintien de la couronne sera plus élevé que le coût de l'introduction de la monnaie unique
européenne." Par la suite, le Premier ministre annonce que son gouvernement ne va pas instaurer la
date d'adhésion à la monnaie unique.
Le discours clair contre la mise en place de la monnaie unique, qui était fortement influencé par la
situation de la crise de la zone euro a atteint son paroxysme avec le refus du Pacte de stabilité
budgétaire en février 2012. Lors d'un sommet informel le 30 janvier 2012, 25 chefs d'États de
gouvernements européens sur 27 se sont mis d'accord sur un « Traité pour la stabilité, la
coordination et la gouvernance dans l'Union économique et monétaire ». Comme aboutissement et
la preuve de sa politique eurosceptique, le gouvernement du Premier Ministre Petr Nečas, refuse de
signer l'accord. "Jusqu'à ce qu'on précisera la méthode de ratification du présent traité, et en même
temps la façon de décider son entrée en vigueur, à savoir le moment de l'adoption de l'euro, je ne
pourrai pas signer.", a déclaré le Premier ministre Petr Nečas.
Le gouvernement Nečas, majoritairement constitué des représentants politiques du Parti des
citoyens démocrates, a eu pour conséquence une politique eurosceptique sur la mise en place de la
monnaie unique. Ce refus de tout manœuvre vers l'euro s'est traduit par les refus consécutifs de la
politique monétaire européenne et par la présence d'une crise forte de la dette de la zone euro.
Mais nous nous demandons quel était l'impact de la crise de la zone euro sur l'économie tchèque ?
2. Stabilité de l'économie tchèque, argument pour l'euroscepticisme
A part une stagnation économique et la baisse importante du PIB en 2009 à moins de 0,5%, la crise
de la dette dans la zone euro qui a débuté en 2010 n'a pas eu un impact dramatique sur l’économie
5
tchèque. Nous pouvons également constater que depuis les années 2010, l'économie tchèque s'est
rétablie de manière fluide à un PIB de 4,3% en 2015. Le taux de chômage a continué de baisser
malgré la crise dans la zone euro : en 2012, le taux était à 7,5% contre 5,9% en 2014.4
Dans le deuxième trimestre de l'année 2016, le taux de chômage dans le groupe d'âge 15-64 ans a
encore diminué à 4,9%. Ce qui est sur l'échelle de l'Union européenne le deuxièmement taux de
chômage le plus bas après Malte.
Sur le plan économique, les investissements étrangers en République tchèque n'ont cessé
d'augmenter. En témoignent les chiffre suivants : les investissements d'importation en 2009 ont été
de 50 milliards d'euro, contre 200 milliards d'euro d'import en 2012.
Cela est dû au maintien de la politique d'export et d'import. La République tchèque est très
dépendante de l'industrie automobile, qui est le secteur dominant du pays. Son statut de « petit
pays » contient le principe de la poursuite de la politique des grandes puissances. Tout
individualisme reste rare. L'économie tchèque est très liée à celle de l'Allemagne et de l’Autriche et
à cause de sa petite ampleur, il est préférable de suivre les partenaires avec lesquels on
commercialise. En 2015, 82,9% d'export tchèque se dirigeait dans l'Union européenne et 32% vers
l'Allemagne. La République tchèque est très similaire à l'Allemagne et l'Autriche car ils partagent
le même environnement. Les firmes et sociétés tchèques fonctionnent dans la logique des firmes
allemandes et autrichiennes. L'attente de la population tchèque active est plus proche des visions
socio-démocratiques allemandes et autrichiennes que celles des Britanniques.
La structure économique est plus tournée vers l'industrie qu'aux services.
Nous devons constater qu'il s'agit également de la bonne résistance de l'économie à la crise de la
zone euro qui a mené l'opinion publique tchèque et le parti traditionaliste de la droite ODS vers le
renforcement de la méfiance envers la zone euro et la mise en place de la monnaie unique.
4Commission européenne, Eurobarométre, Standard 83, Printemps 2015
6
Le discours politique tchèque sur l'adhésion à la zone euro dès l’entrée dans l'Union européenne
restait tout au long des années 2000 très négatif et il est souvent argumenté par le fait que le pays
n'est pas encore prêt d'accueillir la monnaie unique.
La politique du gouvernement influence fortement le débat public. Sur le plan d’une Union
économique plus approfondie et plus éligible, les Tchèques font partie des nations les plus
sceptiques sur le sujet. Ils restent en effet très peu connectés avec le principe de la monnaie unique
dans l'Union européenne. 73% d’entre eux sont contre la monnaie unique. L’adhésion à la zone
euro reste impopulaire. Les plus grands adversaires sont principalement ceux qui ne comprennent
pas l'Union européenne et qui ne lui font pas confiance. Ce sont généralement des personnes
appartenant à une génération plus âgée, moins instruits et avec un statut socio-économique plus
faible. Selon le Centre de recherche sur l'opinion publique, ce n'est que 17% de la population qui est
favorable à l'intégration dans la Zone Euro.5
II/ L'opinion publique tchèque, vers une europhobie héréditaire
1. Manque de sentiment d'appartenance à l'Union européenne
Depuis la création de la République tchèque démocratique, le pays a connu 13 gouvernements. La
durée moyenne d'un gouvernement tchèque est de 600 jours, la moyenne européenne monte à 1030
jours et le pays avec la moyenne plus basse est l'Italie, à 580 jours. Ceci montre que la République
tchèque fait partie des pays membres avec une plus grande instabilité gouvernementale. Cette
instabilité est propre au système politique tchèque.
Ce qui a le plus marqué à la fois dans la politique étrangère européenne tchèque et dans l'opinion
publique, était le paradoxe de la présidence Klaus. Le Parti des citoyens démocrates se prononçait
5 Le journal populaire, Lidové noviny, 4.5.2016
7
en tant que euro réaliste alors que le programme politique contenait des opinions critiques sur
l'intégration européenne comme par exemple refus de la ratification du Traité de Lisbonne.
Dans la pratique, ce sont les quatre gouvernements eurosceptiques menés consécutivement par ODS
qui ont amené la République tchèque en dehors du courant européen.
Les Tchèques se sont retrouvés dans la position de ceux qui ne proposent pas les solutions
adéquates et qui cherchent plutôt à approfondir le débat europhobe.
Certain politiciens ODS, comme Václav Klaus ou Jiří Weigl, sont même allés jusqu’à dire que dans
une période d'une possible l'Europe à deux vitesse, la République tchèque ne ferai pas
nécessairement partie du noyau dur de l'Union européenne. La continuité des difficultés subies par
l'Union européenne a eu pour conséquence une opinion publique mitigée sur le sujet européen mais
il faut essentiellement souligner que dans le cas de la République tchèque, c'est la présence des
gouvernements eurosceptiques consécutifs qui sont la cause de l'euroscepticisme tchèque.
Suite à l'adhésion à l'Union européenne en 2004, les citoyens tchèques n'ont pu connaître
majoritairement qu'une Europe sous les crises consécutives. Cela peut paraître comme la raison
majeure de méfiance envers l'Union. Malgré les crises, dont notamment celle de la zone euro, le
pays n'a pas subi des chocs économiques importants, la croissance annuelle de PIB étant de 4,3%
par an et le pays compte parmi les premières croissances économiques le plus rapides dans l'Union
européenne.
Nous nous demandons alors comment expliquer l'antipathie croissante envers l'Union européenne et
s'agit-il des crises du projet européen qui ont renforcé l'euroscepticisme tchèque ?
Selon l'étude de l’Eurobaromètre, en 2016, 62% des Tchèques se considèrent comme des
citoyens européens. Depuis l'adhésion à l'Union européenne, le manque de confiance envers la
politique européenne et l'Union européenne reste stagnante, ce que prouve notamment l'étude du
Centre d'étude de l'opinion publique6 qui informe qu’en 2004, 48% de la population ne pensent pas
6 CVVM, Centrum výzkumu veřejného mínění
8
que les décisions sur le plan européen vont en faveur de la République tchèque. Mais en 2016 le
taux de désaccord reste sur 48%.
L'opinion publique tchèque, majoritairement eurosceptique, n'est pas uniquement causée par les
crises du projet européen.
Selon l'intellectuel et politologue Zdeněk Velíšek, la République tchèque, n'a pas une histoire
européenne ancrée dans les pensées publiques comme peut avoir la France ou la Belgique. Le pays
n'a pas signé le Traité de Rome, ni le Traité de Maastricht et n'était pas présent en tant que membre
au moment d'introduction de la monnaie unique sur le marché européen. Très peu de Tchèques
gardent un esprit européen, probablement à cause d'une intégration tardive. La République tchèque
n'était pas présente lors des événements historiques de l'unification européenne et
d'approfondissement du projet européen. Le pays voit l'Europe comme une entité non sécurisée.
Selon CVVM, 61% de la population tchèque voudrait une armée européenne.
Pour la population des pays post communistes, dont la République tchèque, il est difficile, après
l'expérience de totalitarisme, de comprendre l'idée de souveraineté partagée. Il existe une méfiance
forte vers toute organisation politique qui pourrait influencer la liberté de la nation.
Mais le manque d'appartenance historique n'est pas le seul facteur.
Il faut constater que la population tchèque n'est pas entièrement eurosceptique mais beaucoup de
réactions sont dues à une méconnaissance du sujet. Les statistiques de la Commission européenne
démontrent que 69% de Tchèques voudraient en savoir plus sur leurs droits européens. Ici, nous
revenons à la responsabilité des gouvernements eurosceptiques des années 2006-2014. La position
incertaine envers l'Union européenne de la représentation politique tchèque a abouti à l'absence d'un
programme d'information d'opinion publique. La preuve se traduit lors du sondage sur la politique
de Jean-Claude Juncker, selon l'étude, 16% des référents se prononcent positivement et 41% ne
connaissent pas son personnage.
9
Il faut souligner que depuis le seul référendum sur l'adhésion à l'Union européenne, avec la
campagne pro européenne intitulée Back to Europe !, les débuts des années 2000 sont marqués par
une absence totale d'information à l’égard de l’opinion publique sur la législative européenne, la
monnaie unique, l'économie européenne. Cela a pour conséquence, une participation extrêmement
basse aux élections européennes. Notamment le 25.5. 2014, uniquement 18% d'électorat tchèque
s'est prononcé, contre la moyenne européenne qui a atteint 42%.
Le problème d'une abstention importante est lié à l'absence d'intérêt médiatique et politique tchèque
et sa communication avec la population. Pour l’euroscepticisme tchèque, il est symptomatique
d’une demande qui n'a pas encore été soumis à un test du vote populaire.
Premièrement, nous pouvons donc constater qu'une absence de la République tchèque dans la mise
en place historique du projet européen a eu pour conséquence une opinion publique tchèque
méfiante envers le projet européen, bien avant que l'Union européenne ne soit secouée par les
crises. Une forte influence de l'euroscepticisme des partis politiques, un manque de médiatisation
des sujets européens et l’absence de politique européenne tchèque des années 2000 ont rendu
l’opinion publique tchèque eurosceptique. La crise de la zone euro a renforcé l'impopularité de la
monnaie unique. Nous nous demandons quelle est la crise qui a plus marqué l'opinion publique
tchèque ?
2. La crise migratoire cause d'une l'islamophobie tchèque
Avant de préciser la position du gouvernement tchèque envers la politique migratoire de
l'Union européenne, soulignons les conséquences de la crise migratoire sur l'opinion publique
tchèque.
Sur le plan de la crise migratoire européenne, la République tchèque à long terme ne subit aucune
10
voie de migration majeure. Bien que cet Etat ne fait pas partie des principaux pays de destination
des migrants, la crise migratoire est devenu l'un des sujets les plus importants sur scène politique
tchèque, ce qui renforce le discours des partis eurosceptiques. Le thème de la crise migratoire en
République tchèque est devenu depuis 2015 l'une des grandes questions politiques.
La crise migratoire a eu pour conséquence l'apparition des mouvements politiques
islamophobes, auparavant absolument inexistants sur la scène politique tchèque. Notamment le
mouvement Bloc contre Islam, dirigé par l’ethnologue Martin Konvička. Les partis les plus actifs
contre la politique migratoire sont ''L'Aube-coalition nationale'' 7ou Liberté, et Démocratie directe8
de Tomio Okamura. Les Verts et le gouvernement de Bouslav Sobotka restent modérés sur le sujet.
La République tchèque est pour les migrants, dans la plupart des cas, seulement un pays de transit et
il n'y a pas une forte augmentation des demandes d'asile contrairement à certains pays d'Europe
occidentale. Pour l'année 2015, 1.525 applications ont été déposées, ce qui est près de 50% de plus
qu'en 2014. Le nombre de demandeurs d'asile en 2015 s’est élevé à 1,239 migrants. Depuis
l'introduction de mesures d'urgence à la mi-juin 2015 jusqu'à la fin de 2015, la République tchèque
a arrêté près de 3.300 migrants illégaux. En 2015, 71 personnes ont obtenu asile. Malgré la position
de la République tchèque en tant que pays de transit, l'opinion publique reste très hostile.
La société tchèque perçoit l'immigration très négativement, pratiquement plus que tout autre pays
de l'Union européenne.
Depuis l'année 2015, le Bloc contre Islam a organisé six manifestations contre la politique
migratoire de l'Union européenne et contre la politique d'asile tchèque. La plus grande
manifestation date du 6 février 2016 et a rassemblé 16 000 protestants selon le Ministère de
l’Intérieur.
Le plus grand clivage s'est annoncé, en mai 2015 avec la présentation de la Commission européenne
7 Úsvit- Národní koalice
8 Svoboda a přímá demokracie
11
sur sa nouvelle stratégie pour la politique migratoire.
Sur le plan de l'opinion publique, les Tchèques sont en désaccord sur la politique migratoire
européenne commune et préfèrent les solutions au niveau national. Donc depuis la mise en place
des quotas obligatoires, la République tchèque s'enflamme dans le discours islamophobe.
Selon le Centre d'étude d'opinion publique, l’idée selon laquelle les réfugiés sont bénéfiques pour la
République tchèque ne rencontre que 9% d’avis favorable du public tchèque. Dans l'opinion
tchèque, les deux plus grandes menaces pour l'Union européenne sont l'immigration (44%) et le
terrorisme (30%). Pour 55% de la population, l'arrivée des étrangers en République tchèque
constitue un problème. Généralement, environ 30% de la population pense que les migrants
représentent des menaces de nature médicale, criminelle, et qu’ils renforcent le chômage.
Il faut souligner que la République tchèque est un pays qui n'a jamais fait face aux diversités
culturelles et il s'agit d'un Etat laïque. A part la vague des Vietnamiens dans les années 1990 et des
Ukrainiens suite à la crise d'Ukraine, où ils sont dans le pays 36 903 citoyens d''origine
vietnamienne et 87 834 citoyens d'origine ukrainienne, la population n'a jamais pu ressentir une
présence importante des autres minorités. Dans l'enquête de mars 2016, 37% des citoyens sont pour
l’accueil des réfugiés en provenance d'Ukraine. Sur l'adoption des réfugiés du Moyen-Orient et
d’Afrique du Nord, seulement 17% des citoyens s'est prononcé positivement. Trois cinquièmes de la
population sont d'avis que la République tchèque ne devrait pas accepter les réfugiés et environ un
tiers de la population sont pour leur adoption jusqu'à ce qu'ils soient en mesure de retourner dans
leur pays d'origine.
Seule une très petite partie des citoyens tchèques d'environ 2 % sont d'avis que la République
tchèque devrait accueillir réfugiés et de leur permettre de s'installer définitivement dans le pays.
La prise en charge de l'accueil des réfugiés est légèrement supporté par les citoyens ayant suivi un
plus haut niveau de scolarité et bénéficiant un bon niveau de vie.
12
La stratégie de la politique migratoire est fortement liée pour les citoyens tchèques avec la
chancelière Angela Merkel. En 2013, Madame Merkel a été dans les sondages mentionnée
positivement pour 72% des Tchèques. ''Aujourd'hui, en réponse à la crise des réfugiés, les notes ont
baissé de façon spectaculaire'' a déclaré STEM. La chancelière allemande est acceptée par 24% des
Tchèques.
Suite à l'analyse de l'opinion publique tchèque, nous avons pu constater que la crise qui a eu le plus
grand impact sur la scène politique tchèque est la politique migratoire de la Commission
européenne. Suite au trois quarts de la population tchèque qui se prononce négativement vers
l'accueil des réfugiés, notamment envers toute personne en provenance de Moyen-Orient et la
création des mouvements islamophobes, nous pouvons constater que la Crise migratoire a
déclenché une vague d'islamophobie tchèque qui, avant, était pratiquement inexistante.
Nous nous demandons alors comment le gouvernement actuel de Bohuslav Sobotka fait face à la
période des crises et exprime-t-il le retour de la politique européenne tchèque avant inexistante?
III/ Gouvernement Sobotka, remise en place de la politique européenne tchèque
1. Débat pro-européenne pour la mise en place de la monnaie unique
Les sociaux-démocrates, qui sont depuis sept ans dans l'opposition, ont promis le changement dans
la politique étrangère et en particulier dans la politique européenne. La victoire lors des élections
en 2014 leur a donné l'occasion de procéder à un changement. Le chef du ministère des Affaires
étrangères est Lubomír Zaorálek, qui tout au long de cette attente s'est préparé dans l'ombre. En un
13
an, le Cabinet du Premier ministre Bohuslav Sobotka a réussi à changer le cours de la politique
européenne tchèque, qui ont sorti un certain nombre de mesures concrètes. Nous nous demandons
quelles sont ces mesures et comment se profile la politique européenne tchèque lors de la crise du
projet européen ?
Nous avons pu voir que le discours négatif des gouvernements eurosceptiques de la droite
tchèque ont été très claires sur l'adoption de la monnaie unique, et que la crise de la zone euro n'a
servi que dans le but d'éloigner l'adhésion à la zone euro. Généralement l'opinion publique tchèque
s'est prononcé sous l'inquiétude dans la perte de la souveraineté, et l'unification obligatoire des
systèmes sociaux, fiscaux, dans la marche vers un Etat fédéral.
A côté, cette résistance envers la fédéralisation du projet européen, un autre argument apparaît.
Quelle est cette peur de la perte possible des avantages comparatifs de l'économie tchèque aux
autres pays membres, avec de vastes systèmes sociaux, les impôts élevés, des hauts prix de la main-
d'œuvre et les coûts indirects du travail.
Le Secrétaire d'Etat pour les affaires européennes a mentionné un bilan nécessaire dans l'adhésion à
la zone euro. Dans tous les cas, la République tchèque est obligée d'entrer dans la zone euro, cette
entrée va apporter des bénéfices à long terme. La stratégie gouvernementale considère également la
rentrée dans la zone euro comme la priorité clef, sur le plan économique.
Pour le gouvernement, il est inévitable de travailler sur le renforcement de médiatisation du débat
européen dans l'opinion publique. Le débat a été renforcé avec des professionnels et avec les
partenaires sociaux, parmi lesquels il y a prise de conscience générale sur les avantages
14
incontestables de l'adhésion à la zone euro, qui va jusque dans les dizaines de milliards de
couronnes par an pour l'économie tchèque. Il faut intensifier le débat avec le grand public. Comme
nous avons précisé précédemment, les enquêtes montrent que les citoyens manquent d'informations
objectives en quantités suffisantes, en particulier sur les effets à long terme de l'adhésion à l'euro.
Ici un premier constat positif sur la propagation de la politique européenne se traduit par la date du
13 novembre 2014 et la création de Convention nationale (Národni konvent) qui est une nouvelle
agence gouvernementale pour les affaires européennes et qui a pour but la médiatisation de tous les
sujets politiques sur la scène européenne.
Le gouvernement Sobotka n'a pas instauré une date officielle pour la mise en place de la monnaie
unique. Mais grâce au nouveau gouvernement, la République tchèque s'est engagée à adopter l'euro.
Toutefois, il a noté que le gouvernement ouvre la voie à l'introduction de l'euro, à condition que
l'euro évolue comme un projet significatif. Le passage ne sera possible que si elle est appliquée avec
la consolidation des finances publiques de la République tchèque.
Cette nouvelle politique européenne tchèque s'est notamment traduit par la signature du Pacte
budgétaire européen en mars 2014 et la ratification de Mécanisme européen de stabilité.
Le Premier ministre Bohuslav Sobotka a déclaré en février 2016: ''Je vois cela comme une
expression de l'évolution du taux de change européen et efforts pour participer à toutes les
discussions sur la forme de l'intégration européenne ".
Egalement, le Président de la République Milos Zeman a dit que le problème serait de ne pas signer
cet accord et de ne pas accepter une plus grande intégration.
L’analyste de la banque UniCredit, Pavel Sobisek, a déclaré que «L'adhésion au pacte budgétaire
tchèque serait la bienvenue. Pour l'avenir il faudrait se prémunir contre les gouvernements
fiscalement irresponsables qui voudraient des pays trop endettés ".
Le pacte budgétaire au cours des dernières années a évoqué les différents débats sur la scène
15
politique tchèque. ODS a exigé que l'adoption éventuelle du Pacte précède à l'exécution des
institutions financières contre la dette des finances publiques et qu'il faut voter une nouvelle loi
constitutionnelle sur le référendum pour arriver à l'adoption de l'euro. Bohuslav Sobotka a affirmé
que le seul but des institutions financières est une tentative de détourner l'attention de la dette
publique des milliards de couronnes tchèques, qui selon lui ont été ajoutées pour le gouvernement
de Mirek Topolanek (ODS), Jan Fischer(ODS) et Petr Necas (ODS).
La signature du Pacte budgétaire, et la politique favorable à la monnaie unique ont permis d'affirmer
une politique pro-européenne de gouvernement Sobotka et essentiellement de mettre fin à la
politique étrangère européenne inexistante issu des gouvernements précédents.
Dès son arrivée au pouvoir, le gouvernement des sociaux-démocrates devait également, comme les
gouvernements précédents, faire face aux différentes crises du projet européen. Notamment la crise
migratoire en Europe et plus récemment le départ de Royaume-Uni de l'Union européenne.
Suite à une remise en place de la politique étrangère européenne tchèque, quel était la position du
gouvernement Sobotka en pleine crises du projet européen ?
2. Une politique migratoire contradictoire
Nous avons pu voir que l'opinion publique tchèque reste très négative sur les nouveaux
principes de la politique migratoire et notamment avec l'accueil imposé des réfugiés. Le
gouvernement garde une position contradictoire. D'un côté le gouvernement a pour objectif la lutte
contre le trafic des migrants et le renforcement de la coopération avec les pays membres, en
particulier avec les pays à la frontière sud de l'Europe.
Pour affirmer cette politique le gouvernement a déployé des effectifs d'aide opérationnelle.
16
Plus de 154 000 euros d'aide financière aux agences européennes dont Frontex et l'envoi de 60
experts sur le terrain, spécialisés sur la migration et asile. Et l'aide technique.
D'un autre côté fortement influencé par l'opinion publique défavorable, le gouvernement refuse la
politique migratoire européenne de redistribution des réfugiés selon les quotas. Politiquement, la
République tchèque a côté du groupe de Visegrad, estime que le nombre de réfugiés à accueillir ne
devait pas être décidé de manière centrale, mais qu'il devait être décidé en fonction des capacités
d’accueil. Le gouvernement est de l'opinion que les quotas divisent les pays membres et il ne les
trouve pas efficaces.
En mai 2015, le Premier ministre Bohuslav Sobotka, a dit qu'il va continuer de refuser les quotas :
''Chaque pays est responsable de la protection de ses frontières et de la mise en œuvre de la
procédure d'asile. Le système actuel d'asile et de l'espace Schengen se base sur les règles de ses
valeurs, et donc il est nécessaire d’adhérer à ces principes et faire respecter "
Jusqu'en 2017, la République tchèque devrait accueillir 2978 réfugiés, ce qui représente 3 réfugiés
pour 10000 habitants, sur une population de 10, 52 millions d'habitants.
Le gouvernement a voté pour, l'accueil de 1500 migrants jusqu'à 2017. Le ministre de l'Intérieur
Milan Chovanec a assuré que la République tchèque ne va accepter aucun migrant jusqu'à la fin de
l'année 2016.
La position du gouvernement contre les quotas se traduit par un opportunisme politique de répondre
à la demande de l'opinion publique qui reste très islamophobe sur la question.
En juin 2016, Lubomír Zaorálek, ministre tchèque des Affaires étrangères, accuse l'Union
européenne de diviser l'Europe avec sa politique d'immigration. Il avance qu'un système de quotas
est absurde. « Le sentiment qui règne ici en République tchèque est : Pourquoi devrions-nous être
tolérants avec quelqu'un qui à ce jour ne montre aucune tolérance envers nous ? »
Le Président de la République, Milos Zeman a également exprimé sa position sceptique envers les
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réfugiés. Lors de son discours annuel à Noël 2015, le Président s'est prononcé : '' Je n'accepte pas le
fait que les jeunes hommes plein de force quittent leurs pays pour attendre les aides sociales dans un
pays d'accueil au lieu de se battre pour la paix de leur nation''.
Lors de la visite officielle de la chancelière Angela Merkel en République tchèque en août 2016, le
Premier ministre Sobotka s'est exprimé très sévèrement contre la politique migratoire de
l'Allemagne en argumentant : ‘‘Dans le même temps, nous voyons des exemples d'intégration
inefficace des immigrés d'origine musulmane en Europe occidentale et il arrive à ces immigrants de
se radicaliser une fois accueillis''
Au début du mois d’août 2016, et après les attaques terroristes ayant eu lieu en Europe, le porte-
parole de la présidence tchèque précise que ''Le président s'oppose à tout accueil des migrants sur
le territoire tchèque. Notre pays ne peut pas se permettre de risquer des attaques terroristes comme
celles qui ont été perpétrées en France et en Allemagne''
La politique européenne de la République tchèque se prononce également par le soutien du projet
d'une armée européenne commune, défendu par le gouvernement Sobotka. La crise migratoire et la
menace terroriste ont provoqué sur la scène politique tchèque une vision de renforcement de la
politique de sécurité et de la défense commune avec la création de l'armée européenne. C’est ce
qu’a souligné le Premier ministre lors de son discours pendant la rencontre annuelle avec les
ambassadeurs tchèques en août 2016 au Palais Černín. Cette vision est soutenue par le Président de
la République Miloš Zeman, qui s'est prononcé en tant que euro-fédéraliste, lors de son discours au
Parlement européen en 2013.
''Nous avons besoin de la politique de défense commune soutenu par une armée européenne
commune, je suis pour la politique fiscale commune, je suis pour la fédération européenne et pas
pour un état européen unitaire. Intégration oui, unification, non. ''
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Le discours de l'élite politique reste très uni sur le refus de la mise en place de stratégie de la
politique migratoire européenne et le gouvernement Sobotka profite de l'opinion publique tchèque
négative sur accueil des réfugiés pour promouvoir sa politique sur la scène européenne. Cela
provoque la division des Etats membres sur ce sujet.
Malgré la domination de sujet de la crise migratoire sur le plan de la politique étrangère tchèque, le
gouvernement a fait face à la sortie de la Grande Bretagne de l'Union européenne. S'agit-il d'une
motivation d'un probable référendum sur le Czexit ?
3. Brexit, quelles motivations pour la classe politique tchèque ?
Le 24 juin 2016, la Grande-Bretagne a voté pour la sortie de l'Union européenne. Selon les
sondages de l'opinion publique, 60% des Tchèques étaient contre le Brexit.
Le lien entre la Grande-Bretagne et la République tchèque est historique et démocratique.
Sur le plan économique en 2015, la République tchèque était pour le Royaume-Uni le 21ème plus
grand marché d'importation, ce qui présente 1,1% des importations britanniques et 28éme plus
grand marché d’exportation, soit 0,6% des exportations britanniques. Ces chiffres restent une
preuve d'un lien de commerce économique minoritaire si on compare par exemple avec une autre
puissance européenne comme Allemagne où notre export représente 30% de l'export du pays.
Selon les dernières statistiques de l'année 2015, 5966 britanniques vivent en République tchèque, ce
nombre ne cesse d'augmenter depuis 2010 car entre les années 2010-2015 il y avait une
augmentation de 1,610 personnes. Les Tchèques vivant officiellement à long terme au Royaume-
Uni sont au nombre de 41 605. Selon les données non officielles, le nombre peut atteindre jusqu' à
100.000 citoyens tchèques. Dans le domaine des investissements étrangers directs, les sociétés
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tchèques ne sont pas très actives au Royaume-Uni. En général, parmi les principales raisons nous
trouvons la cherté de l'entrée sur le marché britannique et un meilleur retour sur investissement. Le
montant des investissements directs des entreprises britanniques en République tchèque à la fin de
2014 s’élève à 2,5 milliards d'euros. La Grande-Bretagne occupe dans le classement des plus
grands investisseurs à la 11e place. La République tchèque accueille aujourd'hui près de 300
entreprises britanniques. Parmi elles figurent Vodafone, Tesco, HSBC, Marks & Spencer, Mott
MacDonald, AMEC, BAE Systems, Rolls-Royce, John Crane, Smith médicale, GSK et Ricardo.
Les entreprises britanniques en République tchèque emploient environ 65.000 personnes.
Selon les derniers sondages de juillet 2016, ni le gouvernement ni le président de la République ne
prévoient un référendum sur la sortie de la République tchèque de l'Union européenne.
Il existait dans la proposition du gouvernement le nouveau projet de la loi sur la création d'un
référendum populaire depuis le gouvernement Nečas en 2013. Le Président de la république Miloš
Zeman a déclaré que, même dans le cas où la population choisirait le référendum sur le ''Czexit'',
son vote sera contre.
Essentiellement parce que le pays reçoit des sommes plus importantes qu'il ne verse à l'Union
européenne. Dans l'ensemble la République tchèque a depuis l'adhésion à l'Union européenne livré
16 milliards d'euros à l'Union contre 30,6 milliards reçus. Soit une différence de 22,9 milliards.9
L'opinion politique tchèque reste d’avis que le pays ne peut surtout pas se permettre de rester en
dehors du courant d'intégration européenne. Cette décision semble trop dangereuse, et aurait un
impact dramatique sur la stabilité de l'économie tchèque et sur la sécurité du pays.
Le gouvernement exige uniquement le maintien des mêmes conditions de travail pour les 41 000
citoyen tchèques travaillant officiellement en Grande-Bretagne, comme les citoyens britanniques
9 Lidové Noviny 29.7.2016
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reçoivent en République tchèques.
Le Brexit a apporté un approfondissement du groupe Visegrad. Mais dans le contexte de la politique
européenne actuelle, il est difficile de considérer le groupe Visegrad comme un potentiel groupe
politique en dehors de l'Union européenne.
Il faut tenir en compte l'instabilité démocratique d'actuels gouvernements slovaques, polonais et
hongrois.
Suite à une absence totale d'un projet référendaire de la part du gouvernement tchèque, nous
pouvons constater qu'une proposition d'un référendum sur la sortie de la République tchèque de
l'Union européenne reste dans ces circonstances inexistantes.
Mais il y a également d'autre voix de la sphère politique tchèque qui se sont prononcé sur la sortie
de la Grande-Bretagne de l'Union européenne comme l'ex président Václav Klaus.
Dans son dernier interview à la Radio nationale le 16 mai 2016, il fait l'éloge aux Britanniques qui
ont réussi de se détacher de l'impérium. Il considère le Brexit comme la victoire de tous les
démocrates européens.
''Le référendum donne aux milliers des personnes l'espoir. Le berceau de la démocratie et du
capitalisme a encore pour une fois sauvé l'Europe d'une menace. Cette fois ci il ne s'agit ni de
Napoléon ni de Hitler mais du monstre bruxellois.''
Pour Klaus, le Brexit ne peut qu’affaiblir l'Europe, qui se retrouve déjà au sommet de sa faiblesse.
Il ne considère pas la République tchèque touché par le Brexit. Puisque, selon lui, Bruxelles n'est
pas la République tchèque et la voix des députés européens tchèques à Bruxelles reste
insignifiante.10
10 La radio Nationale 16.5. 2016
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Peu après l'adhésion à l'Union européenne, la présence des gouvernements eurosceptiques sur la
scène politique tchèque soutenu par les diverses crises du projet européen a eu pour conséquence
une absence absolue de la politique étrangère européenne tchèque. Dix années de présence du Parti
des citoyens démocrates au pouvoir ont renforcé le manque de médiatisation des sujets européens
mais essentiellement le blocage de la mise en place de la monnaie unique. Dans la pratique, ce sont
les quatre gouvernements eurosceptiques menés consécutivement par ODS qui ont amené la
République tchèque en dehors du courant européen.
La crise de la dette dans la zone euro n'a pas eu un impacte dramatique sur économie tchèque.
Mais la crise de la dette de zone euro a servi comme argument de blocage de processus d'adhésion à
la zone euro et elle a renforcé le criticisme de l'opinion publique sur le sujet.
Aujourd'hui la question est de savoir si la représentation politique tchèque à l'avenir va être prête à
organiser un référendum et de fixer une date pour l'adhésion à la zone euro. Le gouvernement
Sobotka a bien confirmé qu'il ne compte pas de préciser le moment d'adhésion.
Les crises consécutives du projet européen ne sont pas l'unique cause d'un euroscepticisme tchèque.
Les sondages et études approfondies ont montré que la méfiance envers le projet européen restait
ancrée dans l'opinion publique bien avant l'adhésion à l'Union européenne faute d'une absence
historique lors d'approfondissement du projet européen et de sa création.
Aujourd'hui uniquement 36% de la population est favorable à la fédéralisation du projet européen.
Malgré les nombreuses crise du projet européen, il s'agit de la crise migratoire en Europe qui a le
plus marqué l'opinion publique tchèque et la politique étrangère du gouvernement. La crise
migratoire a donné la naissance aux mouvements politiques islamophobes tchèques avant
complètement inexistants, et a montré un refus catégorique de la population envers les réfugiés.
Suite a cette position de l'opinion publique, le gouvernement Sobotka dans l'opportunisme politique,
a déclaré une politique migratoire tchèque contre les quotas de la Commission européenne.
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Nous devons constater que les crises consécutives du projet européen ont eu un impacte positif sur
la médiatisation des sujets européens sur la scène politique et publique tchèque.
Suite au crises du projet européen, le gouvernement Sobotka a réussi de défendre pour la première
fois depuis l'adhésion de la République tchèque à l'Union européenne, une politique pro-
européenne, avant complètement inexistante. Cela se traduit par la signature du Pacte budgétaire, la
mise en place de Convent national et le refus de référendum sur le Czexit.
Nous pouvons alors constater que les crises ont eu également un impacte positif, d'où le retour d'un
politique européenne tchèque et la médiatisation du sujet européen, mais malheureusement
les Tchèque restent dans la position de ceux qui ne proposent pas de solutions adéquates aux crises
du projet européen.
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Annexe
Sources
VELISEK Zdenek, O Evropě, Evropske noviny, Praha, 2015
KLAUS Václav et COLECTIF IVK, Česká republika na rozcestí, Fragment, Prague, 2013,
p.103,151, 160
FIALA Petr, Politika jak nemá být, CDK, 2010,p.16-17
KUDRNA Zdenek, Česká republika a Evropká unie, Hebdomadaire Respect, 18.7.2016, p.46-47
POTÚČEK Martin, Cesty z krize, Slon, Prague, 2011, p.34-52
RIEGEL Karel, Eu Češi a Skepse, ISV, Prague, 2004, p.23, p.42-55
Discours
Petr Nečas, discours lors du Sommet européen à Bruxelles le 3.6.2011
http://www.vlada.cz/cz/evropske-zalezitosti/aktualne/summit-eu-cesko-se-na-pomoci-recku-podilet-
nebude-85236/
Discours devant le parlement national Aout 2011
http://www.vlada.cz/cz/evropske-zalezitosti/aktualne/necas-urcovat-termin-prijeti-eura-ted-pro-
cesko-neni-dobre-86734/
La conférence de presse novembre 2011
http://www.vlada.cz/cz/evropske-zalezitosti/aktualne/proc-se-cr-nezavazala-k-ratifikaci-smlouvy-o-
fiskalni-unii-92547/
Statistiques
Statistical Yearbook of Czech Republic 2014, Czech Statistical office
Centre d'étude pour l'opinion publique (CVVM), Evaluation de l'intégration EU, Avril 2016
Commission européenne, Eurobarométre, Standard 83, Printemps 2015
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