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« Aller à l’idéal et comprendre le réel » (Jean Jaurès)

• Un homme, deux talents : DANIEL SABATIER…

• FRANCE GALL ET THIERRY BOCCON-GIBOD « Michel Berger, Haute fidélité »

• LA CITÉ INTERNATIONALE DES ARTS fait vivre l’art contemporain à Montmartre

Paris en questions

ANNE HIDALGO ET PIERRE-YVES BOURNAZEL

JEAN-FRANÇOIS BALMERD’un comédien l’autre

ANNE RICHARD ET FABIEN LECŒUVRELa mélodie du bonheur

HOMMAGE À JACKI CLÉRICOChapeau, l'artiste !

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Pour ce nouveau numéro, l’équipe de Paris-Montmartre vous offre un bou-quet de printemps, coloré et vitaminé, qui sera bien réconfortant, je l’espère,

après ce long hiver gris et froid. Je ne vous détaillerai pas ici toutes les « fleurs » qui le composent, que vous découvrirez en « effeuillant » le magazine. La couverture porte les couleurs principales de ce bouquet : celle de l’ami-tié, d’abord, puisque nous y retrouvons Fabien Lecœuvre, le célèbre historien conteur de la chanson française, quinze ans après sa première interview dans Paris-Montmartre, posant aux côtés de sa compagne, la talentueuse comédienne Anne Richard – Mme le juge Lintz dans la série à succès de France 2 « Boulevard du Palais ». Tous deux sont des Montmartrois de cœur.

L'autre couleur est celle de l'admiration : celle que nous portons au grand Jean-François Balmer (le commandant Rovère de ce même « Boulevard du Palais »), qui nous offre, sur la scène du théâtre de l’Œuvre, la première – et grandiose – adaptation théâtrale du Voyage au bout de la nuit, d’un grand écrivain (montmar-trois) nommé Céline.

Nous avons aussi voulu poser une fleur sur cette première page, à la couleur de l’hom-mage que nous adressons à Monsieur Jacki Clerico, qui vient de nous quitter : avec son professionnalisme et sa passion, cet homme exceptionnel a su faire tourner les ailes du

Moulin Rouge au plus haut du ciel international, replaçant ce lieu incomparable à la hauteur de son mythe.

Enfin, un ruban bleu blanc rouge enrobe l’en-semble de ce bouquet de printemps : vous y

aurez reconnu deux personnalités engagées pleinement dans la vie politique parisienne, Anne Hidalgo et Pierre-Yves Bournazel. Ce « couple d’opposants » ouvre notre premier dossier politique de la campagne municipale 2014, en répondant à une première série de questions choisies parmi celles qui nous semblent essentielles à l’avenir de notre capitale.

Il nous a semblé judicieux d’ouvrir une rubrique mettant face à face ceux qui ont en charge (ou souhaitent l’avoir) la vie quotidienne de tous. D’une part, la probable candidate de l'actuelle majorité municipale, dont les fonctions font d’elle l’élue la plus représentative de la politique mise en œuvre par Bertrand Delanoë, et la plus au fait des grands dossiers ; de l’autre, un jeune candidat déclaré aux primaires de son parti, pas le plus médiatiquement porté, mais possédant à nos yeux d’autres atouts : il s’agit d’un élu de notre arrondissement, y résidant, bien enraciné, qui sillonne le terrain depuis des années. Il est aus-si celui qui a provoqué la surprise en épatant tout le monde – adversaires et sympathisants – par sa déclaration de candidature. Faire bou-ger les lignes du système, ne serait-ce pas un peu de l'esprit montmartrois ?

Quel arrondissement ! De Georges Clémen-ceau à nos jours, le XVIIIe arrondissement a porté aux plus hautes responsabilités poli-tiques de grands noms de l’histoire de France – Récemment, Lionel Jospin, Alain Juppé, Daniel Vaillant, et, pardonnez du peu, l'actuel maire de Paris « en sont sortis » ! Allez savoir si ce creuset ne fournira pas encore d'autres grands noms politiques à notre pays ?

Bien sûr, malgré tout, il y a toujours l’avant et puis l’après élection. Les promesses, puis l’oubli et le retour à la réalité.

Mais peut-être viendra-t-il un temps où ceux qui nous gouvernent, ou veulent nous gouverner, comprendront que les actions du rêve n’ont plus cours, que rien n’a plus de prix que le cou-rage politique et les efforts réels, le parler vrai.

Car il faut qu’ils comprennent que les plus jolis tours de magie finissent par lasser. Et l’illusionniste défraîchi risque un jour de quitter la scène sous les huées, le public réclamant l’entrée du clown pour la suite du spectacle…

Ne nous berçons pas d'illusions, mais souhai-tons ardemment qu'un jour proche, l'avant et l'après élection pourront enfin coïncider. Paris porte une grande part du rêve français, qui, à bien des égards, est plus juste et plus vrai que ce que l'on nomme le rêve américain. Car il illustre un authentique art de vivre issu d'une culture à la fois ancestrale et moderne, incom-parable, comme une particularité universelle dont nous devrions tous être les gardiens.

Midani

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sommaireParis-Montmartre 1er trimestre 2013

REGISTRE DU COMMERCEParis B 420 740 045RÉDACTION ET PUBLICITÉ13, place du Tertre, 75018 ParisTél. 01 42 59 19 99DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONMidani M’[email protected] ADJOINT ET RÉDACTEUR EN CHEFJean-Manuel [email protected]ÉGIE PHOTOJacques Habas, Tél. 06 17 55 57 37RÉDACTEUR-CORRECTEURMichel-A. DaguetRÉDACTIONJean-Paul Bardet, Alexandra Cerdan, Philippe-Marie Christophe, Michèle Clary, Marie-France Coquard, Michel-A. Daguet, Jacques Habas, Alain Haimovici, Sophia Mezières, Jean-Jacques Sacquet, Albert de Smet : [email protected],Hervé Valade-Chassing : [email protected] PHOTOGRAPHIESJacques Habas, Natalia Medvedeva, Yves Praturlon ILLUSTRATIONEric Boldron, JanbrunDÉPÔT LÉGAL1er trimestre – mars 2013RÉGIE PUBLICITAIREMichèle Dura 06 43 57 74 94email : [email protected] Miserezwww.miserezdesign.comIMPRESSIONDCFA

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Brittany [p. 39] • Wepler [p. 45] • Jeff de Bruges, Coquelicot, Chez ma Cousine [p. 46] • La Mascotte, L’Écaille [p. 53]

Le Cadet de Gascogne, Clichy-Montmartre, Café Mont Cenis [p. 56] • La Bonne Franquette [p. 57] • Michou [p. 59]

Immopolis [4e de couverture] • Au Syndicat d’initiative de Montmartre, 21, place du Tertre, et dans certaines

boulangeries du XVIIIe.

18 UN HOMME, DEUX TALENTS : DANIEL SABATIER…

28 FABIEN LECŒUVRE DEFENSE ET ILLUSTRATION DE LA CHANSON FRANCAISE

34 CHRISTIAN LEBON UN RÉCITAL POUR CÉLÉBRER LES 100 ANS DE LA NAISSANCE DE CHARLES TRENET

36 FRANCE GALL ET THIERRY BOCCONGIBOD « MICHEL BERGER, HAUTE FIDÉLITÉ »

20 ANNE RICHARD DE BOULEVARD DU PALAIS AUX CONTES POUR ENFANTS

38 ANNE HIDALGO ET PIERRE-YVES BOURNAZEL PARIS EN QUESTIONS

42 JEAN-FRANÇOIS BALMER D’UN COMÉDIEN L’AUTRE

50 HOMMAGE À JACKI CLÉRICO CHAPEAU, L'ARTISTE !

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JEAN-FRANÇOIS BALMERD’un comédien l’autre

Disparition

JACKI CLÉRICOPropriétaire du Moulin Rouge, créateur de revues à grand spectacle

PIERRE YVES BOURNAZEL& ANNE HIDALGOXxxxxxxx xxxxxxx xxxxxx xxxxxxxxx

ANNE RICHARD& FABIEN LECŒUVREXxxxxxxx xxxxxxx xxxxxx xxxx

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« Aller à l’idéal et comprendre le réel » (Jean Jaurès)

• GEN PAUL ET JEAN-PIERRE SERRIER Deux potes de Montmartre…• Un homme, deux talents : DANIEL SABATIER…

• FRANCE GALL ET THIERRY BOCCON-GIBOD « Michel Berger, Haute fidélité »

• CHRISTIAN LEBON Un récital pour célébrer les 100 ans de la naissance de Charles Trenet

ERRATUM : dans notre précédent numéro, concernant l'article sur l'exposition Les Enfants du paradis, signé Philippe-Marie Christophe – page 30 du quatrième trimestre 2012 de Paris-Montmartre – une coquille s'est glissée dans le texte : le rôle de Pierre-François Lacenaire était bien entendu interprété par le comédien Marcel Herrand.

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Le dessin du trimestre par Janbrun

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A près sept mois de travaux intenses, et une rénovation complète des lieux, les habitués de ce pilier des établisse-

ments montmartrois – créé en 1889, la même année que la Tour Eiffel et le Moulin Rouge, excusez du peu – ont été invités à découvrir le nouveau visage de leur Mascotte préférée. Ils l’ont trouvée rajeunie, agrandie, plus « stylée », mais toujours aussi chaleureuse et conviviale : voilà ce qui s’appelle faire peau neuve, avec un lifting réussi ! Pour accueillir ses nombreux (et parfois célèbres) amis, Thierry Campion est

apparu aussi frais et radieux que possible, comme en osmose avec le nouveau décor – ce qui n’était pas, quant à lui, le résultat de travaux de res-tauration, mais bien du pur bonheur d’avoir réussi un difficile pari. Pas peu fier le Thierry d’avoir emporté l’adhésion de Montmartrois qu’on sait un peu laborieux au changement, par crainte de voir bousculer les décors qu’ils aiment… Pour lors, l’admiration et la satisfac-

tion étaient au rendez-vous, celle des papilles aussi, la Mascotte nouvelle restant la même, restant joliment elle-même…

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Une impressionnante assemblée s’est réunie après l'office, le dimanche 25 novembre 1012, fête du Christ-Roi, pour

célébrer le 70e anniversaire de la restauration canonique par S.Em. le cardinal Emmanuel Suhard, du culte millénaire de Notre-Dame de Montmartre, au pied de la statue – on fêtait aussi le 30e anniversaire du retour des cheva-liers de l'Ordre souverain de Malte à l’église

St-Pierre. Le peintre Gazi, ami d’Utrillo, qui fut l'acteur de cette restauration, a trouvé un très actif successeur en la personne de Philippe-Ma-rie Christophe, organisateur de cet événement, qui avait réuni plusieurs ordres canoniques de la chevalerie chrétienne, de la noblesse pon-tificale, et une belle délégation diplomatique (Danemark, Albanie, Pays-Bas, Géorgie et Bulgarie). Parmi les personnalités présentes :

S. E. Mgr. Francesco Follo, Observateur per-manent du Saint-Siège auprès de l'Unesco (chef de mission diplomatique), qui présidait la célébration - S. E. le comte D. de La Roche-foucaud-Montbel, président de l'Association française des membres de l'Ordre Souverain de Malte - M. J.-L. Noël, président de la Com-manderie de Paris de l’Ordre équestre du St-Sépulcre de Jérusalem. On remarquait aussi

S. E. Bernard Dorin, Ambassadeur de France, S. A. R. le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme, la princesse Hermine de Clermont-Tonnerre, Mme J. Tchilinguirian (Bureau exécutif de l'Unesco), Mme J. Vigouroux (Institut Sainte-Geneviève), A. de Smet (vice-pdt du Grand prix Humanitaire de France), le colonel J.-P Guieu, Pierre-Yves Bournazel, conseiller de Paris et du XVIIIe ar-rondissement, sans oublier les délégations montmartroises, Jean-Marc Tarrit (Répu-blique de Montmartre), Linda Bastide, Maria et Yves Mathieu du Lapin Agile, etc.

L ’exposition de peintures de Jean-Marc Tarrit, organisée à l’Atelier art et créations,

à l’occasion de la parution de

son ouvrage « Des instantanés évolutifs » – qui regroupe près de 200 créations picturales et photo-graphiques – a été inaugurée par le Tout-Montmartre, dans une ambiance d’amitié. Les invités se pressaient dans des proportions impressionnantes, obligés de se saluer de loin. Le soir même, l’exposition fit beaucoup de bruit, en commençant par l’écroule-ment du lourd rideau de fer de la galerie, impossible à relever pen-dant de longues minutes… suivi par la chute au sol (tout aussi énigmatique) d’une grosse pen-dule ronde… Mystères, vacarme et agitation ne gênèrent nulle-ment Jean-Marc Tarrit, concentré

en dédicaces au fond de la salle. On dirait presque un programme artistique : faire tomber les murs, arrêter le temps… Et déclencher beaucoup d’agitation alentour sans même s’en apercevoir ! Une consécration méritée pour ce Montmartrois pur jus, dont beau-

coup ont (re)découvert le talent et la belle sensibilité artistique à cette occasion.

Atelier art et créations de Christine Ullmann-Thoumieux,46, rue Lamarck 75018 Paris

UNE EXPOSITION QUI FAIT DU BRUIT

LA MASCOTTE FAIT PEAU NEUVE

LA VIE EN IMAGES

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Midani, P.Y. Bournazel, Raphaële Martin-Pigalle et J.M. Tarrit

Thierry Campion et Didier Bourdon

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TOUT L’OLYMPE À L’OLYMPIA

EVÉNEMENT

ALAIN TURBAN MET MONTMARTRE EN SCÈNE

C'est tout l'Olympe mont-martrois qu'Alain Turban avait convié sur la scène

de l'Olympia, le 3 février : dans un spectacle géant, avec projections vidéo et images sur grand écran, accompagné de nombreux invités et d’excellents musiciens, « Ho-mère Turbanos » a mis en scène les heures fastes de la mythologie de Montmartre – cette Butte villégia-ture des dieux artistes et bohèmes,

grands buveurs d’ambroisie qui rend immortel. Ils étaient tous là, ceux d’hier et d’aujourd’hui : Fran-cisque Poulbot, le saint patron des Gosses – interprété par Dominic Rousseau, qui réapparaissait pour une évocation de Bourvil traversant Paris ; Aristide Bruant, Zeus au verbe argotique – incarné par Jean-Marc Tarrit, épatant de justesse ; Michou, dieu des Métamorphoses – interprété à merveille… par Mi-chou ! Et, bien sûr, les figures et les lieux de la légende : le bon curé de Saint-Pierre – Jean Sarrus, des Charlots –, les poulbots et les can-caneuses, les croqueurs du Tertre et les gagneuses du pavé, les bis-trots et les cabarets, les ruelles en pente, le cirque Medrano et le Lapin Agile, Jeannette la blanchis-seuse des peintres, les amoureux

du Sacré-Cœur, qui ont déroulé un arc-en-ciel de couleurs tour à tour mélancoliques et festives : celles de ce « quartier village » où tous les arts, toutes les émotions humaines se côtoient. L'ensemble du spectacle, rythmé, enchaînant les tableaux à la façon d’une comédie musicale, a soulevé l'enthousiasme d'une salle archi-bondée. Alain Turban, troubadour passant le mythe en revue, était

au meilleur de sa forme dans cet univers qu'il aime depuis toujours, interprétant parfois les chansons de son dernier album en duo avec des grands noms de la scène – Nathalie Lhermitte, Gilles Dreu, Pierre Billon (fils de Patachou). Un pari réussi pour le chanteur qui s'apprête à emmener en province la légende de Montmartre ; cette légende authentique dont il a fait comprendre à tous, ce soir-là, à travers émotions, tendresse, explo-sions de rythme et de joie, à quel point elle était universelle.

Jean-Manuel Gabert

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PM 13-90VIE LOCALE

SI un arrondissement deParis est l'enfant chéri ducinéma, c'est bien le

XVIIIe, qui regroupe tous cesnoms magiques, Jean Gabin,Jean Marais, Marcel Carné,François Truffaut, SachaGuitry, Louis Jouvet, PierreEtaix, Jean-Pierre Aumont,Anouk Aimée, et tellementd'autres.

La butte Montmartre, la Goutte d'Or,Clignancourt, sont des muses. Ruelles,escaliers, bistrots, chansons et personnagesont inspiré des centaines de films, deFeuillade à Truffaut, jusqu'à Jean-PierreJeunet. Les lieux de mémoire du cinémadans le XVIIIe sont nombreux. Parmi eux, letrès regretté Gaumont-Palace, le plus grandcinéma du monde, les Studios Francœur(aujourd'hui la Femis), où des centaines defilms ont été tournés, le Studio 28, parrainépar Abel Gance et Jean Cocteau, qui fêtecette année ses quatre-vingts ans, le PathéWepler, etc. Sans oublier bien sûr le MoulinRouge, le plus grand cabaret du monde, quia inspiré à lui seul une quinzaine de films.

Aujourd'hui, encore et toujours, le XVIIIe

reste un endroit de prédilection du cinéma,où vivent de nombreux acteurs (Cécile deFrance, Michel Bouquet, Charles Berling,Richard Berry, Mélanie Laurent, AnoukAimée...), des réalisateurs (Claude Lelouch,Jean-Pierre Jeunet, Eric Zonca, GillesPorte....) et tous ces techniciens, chefs opé-rateurs, directeurs de production, décora-teurs, éclairagistes, etc. sans qui les filmsn'existeraient pas.

Ces vendanges exceptionnel-les ont pour marraine VictoriaAbril, qui vient de sortir unalbum de chansons françaisesdont beaucoup sont liées auXVIIIe, et pour parrain ClaudeLelouch, pour ses cinquanteans de cinéma. Rappelons que les premiersparrains de cette grande fêteparisienne étaient Mistinguett

et Fernandel : c'était il y a 75 ans.A partir du 15 septembre, et jusqu'au

12 octobre, deux expositions, Pathé dans leXVIII e au musée de Montmartre, et Les 80 ans du Studio 28. Une balade cinémato-graphique avec Pathé à travers Mont-martre, l'histoire des Studios Francœur(aujourd'hui la Femis), et du Pathé Wepler.En 1926, Bernard Natan créa un laboratoirede traitement de la pellicule, 6, rueFrancœur, qui devint très vite un studio oùont été tournés des centaines de films, sou-vent par de grands réalisateurs, depuisMarcel L'Herbier ou Jean Grémillon, jusqu'àJean-Jacques Annaud, en passant par JeanRenoir, Jacques Prévert, Robert Bresson ouMarcel Carné. En 1929, Bernard Natandevint directeur de Pathé, qui s'installa rueFrancœur.

Une autre facette de la présence dePathé dans le XVIIIe est le Pathé Wepler,aujourd'hui le plus grand cinéma du XVIIIe.Une partie de la brasserie Wepler fut rache-tée, ce qui a permis, en 1956, la naissancede ce géant du cinéma, avec ses 1 660 pla-ces et ses deux balcons.

Du 6 au 12 octobre, Montmartre fête soncinéma, avec tous les soirs des événements :

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F ONDÉE en 1909, siège de la “République de Montmartre” et du “Dispensaire des P’tits Poulbots” lors de leur créa-

tion, La Pomponnette est avant tout un endroit convivial oùl’on aime se retrouver entre amis pour y déguster un verre aubar ou pour y bien manger. Notre chef propose des recettesspécifiques adaptées à tous les palais et élaborées exclusive-ment à partir de produits frais.

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La rue Ordener a mis ses habits de lumière…

La nouvelle Association des Commer-çants du Quartier Ordener (« ACQO »), créée en septembre 2012 grâce à l’énergie et l’enthousiasme de Xavier Castex (Agence MMA Ordener), fédé-rait déjà, en fin d’année, trente com-merçants situés de la mairie à la rue du Ruisseau. Le président Castex (MMA 135 rue Ordener) est entouré par Anne-Laure Adams (J’ai Rêvé que…), tréso-rière, et Stéphanie Lherminier (Clair de Lune – Lingerie – 119 Bis rue Ordener), secrétaire. Leur première action a consisté à mettre en lumière un premier tronçon de la rue Ordener, pour les fêtes de fin d’année. Organisées en un temps record, les nouvelles illuminations ont été inaugurées le 6 décembre, regroupant, autour des membres du bureau, Miss Montmartre et sa Dauphine (qui avaient un peu

froid), et des commerçants du quar-tier parmi lesquels la Chocolaterie de Lyanne, l’Hôtel Eden, Acopa, Alter Mundi, Chez Albert, A vous de Voir, Crédit du Nord, Bijouterie Comptoir Joffrin. Un joli ruban a été coupé deux fois (pour les photos), un équilibriste amateur prénommé Xavier a mis le contact sans s’électrocuter, et une belle portion de la rue s’est mise en lumière… ce qui n’était pas arrivé depuis plus de dix ans. Peu de moyens mais beaucoup de

passion, c’est le secret de la vie associative ! l’ACQO a programmé de nombreux événements pour 2013 : après un loto en janvier, une kermesse avec tombola en mai, un loto en novembre, une Brocante de professionnels en octobre et un marché de noël en décembre.

Le Premier Prix du discours fleuve a été remis à Frédéric Loup, président des Commerçants du Haut-Montmartre, qui a organisé et inauguré son deuxième Marché de Noël - pittoresque village de chalets autour du Sacré-Cœur - en retra-çant, avec une verve d'académicien, la riche biographie d'un célèbre couple de l'audiovisuel : Maryse et Philippe Gildas, marraine et parrain de l'événement.Le député Christophe Caresche en est resté... coi !

Soirée d'ouverture du marché de Noël de la place des Abbesses, et lancement des illuminations du quartier Lepic-Abbesses : à la fin du discours de la présidente Sylvie Fourmond, un grand moment de surprise : après que le maire du XVIIIe arrondissement, Daniel Vaillant, eut assuré qu'il n'avait jamais été ques-tion de supprimer le manège, cher aux enfants du quartier, quoi qu’en prétendaient de méchantes rumeurs, joie sur les visages et, dans l’eu-phorie, un instant de grâce : Michou et Daniel échangent leurs lunettes... pour célébrer le premier mariage de la vie en Rose et de la vie en Bleu !

Grâce à la nouvelle association des Commerçants du Quartier Ordener

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MICHOU DANS SES ŒUVRES

LA VIE EN IMAGES

Entre décembre et janvier, il y a tant de choses à fêter – Noël, la nouvelle année, l’Epiphanie – que Michou a choisi d’organiser deux repas pour ses anciens…

C’est notre ami Didier Bourdon qui a ouvert le feu et, pendant un temps, le cabaret de la rue des Martyrs est devenu celui de la « Cage aux folles ». En effet, tous les invités se sou-

venaient de la belle recréation de Didier, au théâtre, dans le rôle de l’extravagante Zaza : alors,

les questions fusent… Et les Inconnus, que nous n’avons plus vus depuis 15 ans, vont-

ils bientôt se reformer ? Didier reste muet comme une carpe. Mais il y a anguille

sous roche…et il a laissé entendre que… peut-être… Tout le monde a applaudi des quatre mains !En attendant, comme Didier a plus d’une corde à son arc – acteur, réa-lisateur, scénariste, producteur – il sera forcément présent sur les écrans ou au théâtre dans les jours à venir.Et ce déjeuner a pris fin à l’arrivée d’un père Noël tout en bleu, presque aussi grand que Michou, confection-né avec amour par l’ami Bala.

Pour cette nouvelle année, Michou, qui se souvient du pré-nom de chacune de ses invitées et n’est pas avare de câlins, a offert les royales galettes… Huit reines furent ainsi élues et Michou a vite reçu huit couronnes sur la tête… De quoi l’amuser comme un enfant. Et puis un petit divertissement mai-son : il est très rare qu’un artiste du spectacle du soir vienne se pro-duire le jour du déjeuner. Pourtant, voilà Oscar qui arrive en Chantal Ladesou, magnifique imitation, pour la grande joie de nos invités. Un petit coup d’accordéon avec Erminio, quelques notes d’émotion avec France et Antony, et après chacun est rentré dans ses foyers avec des paillettes dans les yeux et de la joie au cœur.

D’autant que nous avons eu la joie de déjeuner avec l’ami Pierre-Yves Bournazel, notre conseiller dont le sourire et la joie de vivre donnent du soleil à la Butte… et nous en avons bien besoin, le ciel est bien gris avec ses gros nuages.

Michou dans ses œuvres, c’est aussi cette grande tombola organisée au profit de l’asso-ciation des P’tits poulbots, pour laquelle Michou a fait don de sa belle bicyclette bleue… et qui a rapporté une jolie somme à cette belle œuvre montmartroise, tou-jours vivante et dynamique, grâce à l’investissement et la passion de Joëlle Leclercq, sa présidente, et du tambour Joël Benayoun.

Enfin, côté privé, je ne pouvais pas terminer cette ru-brique sans vous offrir de partager un moment émouvant et joyeux à la fois : un instant « volé » de la soirée d’anniver-saire de Régine chez Michou : n’est-il pas évident qu’il revenait au Prince de la nuit parisienne de célébrer, à la « maison », entre amis, sa célèbre consoeur en magie nocturne, la Reine Régine ? Leurs deux étoiles n’ont-elles pas contribué, depuis des décen-nies, à donner son éclat au ciel de Paris ? Parmi les invités, Ber-trand Delanoë, monsieur le maire en personne, et un mythe vivant de la culture française, M. Alain Delon. Oui, chers amis, c’est ainsi que la légende de Paris continue de se faire… à Montmartre.

Perrette Souplex

Michou entouré par les P’tits poulbots et la Commanderie du Clos-Montmartre

Didier Bourdon avec Michou

Michou, Alain Delon, Régine et B. Delanoë

Page 10: Paris Montmartre - mars 2013

PM 13-90D'UN ARTISTE L'AUTRE

Par Marie-France Coquard

J ’ai eu beaucoup de peine le 30 mars 1989, quand, à 55 ans et en pleine force de l’âge, mon ami Jean-Pierre

Serrier s’est suicidé. C’était un peintre sur-réaliste au talent original reconnu et appré-cié par ses pairs. L’homme, réservé, d’une sensibilité d’écorché, doutant de la péren-nité de son art, était l’ami le plus généreux et le plus fidèle que l’on puisse imaginer. Il pardonnait tout sans porter de jugement, donnant souvent plus qu’il ne recevait… Cer-tains « amis » d’artistes ne sont pas tou-jours désintéressés ! Jean-Pierre offrait sans compter, des lithos, épreuves d’artistes, de Valadié, Dunoyer de Segonzac, Mancini, etc. Des dessins, des toiles, les siennes comme celles de ses collègues. Et cela aussi simple-ment qu’on donne une fleur de son jardin à un ami venu vous rendre visite. Pourquoi ? Pour la seule raison qu’on était son ami.

Un exemple : ce portrait au fusain que Gen Paul avait fait de lui, proche de celui que lui avait ainsi dédicacé son « pote » : « le 15 9 1970, A mon pote J P Serrier » afin de sceller une amitié qui durera jusqu’à la mort de « Gégène ». Jean-Pierre me l’avait offert un soir, après un dîner sur la table de bistrot de son petit appartement du 72 rue de Dun-kerque, regrettant que je n’aie pas rencontré ce parigot fort en gueule, marginal, révolté, son contraire, qui l’amusait de ses provoca-tions et l’impressionnait par son talent.

Contemplant le portrait de Serrier par Gen Paul, je m’interroge. Pourquoi cette amitié assez improbable entre ces deux artistes, ces deux hommes si différents ? J’ai essayé de vous refaire le film avec, vous le devinez, beaucoup de trous dans ma bobine…

Une amitié improbable née en mai 1970 Les deux artistes ne s’étaient jamais rencon-trés auparavant. Bien que Montmartrois tous deux, Jean-Pierre ne connait Gégène que de réputation. Ils n’habitent pourtant pas loin l’un de l’autre ; 2 avenue Junot pour l’un, 72 rue de Dunkerque, près du métro Anvers, pour l’autre. Tous deux ont souvent le moral en dents de scie, avec une même tendance à oublier leurs inquiétudes dans l’alcool. Mais cela ne suffit pas pour devenir des amis, surtout avec des personnalités et des âges aussi différents. Quand ils font connaissance, Jean-Pierre a 35 ans et Gen 75 ans.

Jean-Pierre peut rester en retrait mais il observe tout. Son humour noir tranche avec l’exubérance irascible de Gégène. Jean-Pierre est un peu enveloppé, réservé, tolérant, un

franc-maçon convaincu et assidu pour lequel la fraternité n’est ni un mot ni une caution. Que de symboles maçonniques dans ses toiles ! Les car-touches Liberté Egalité Fraternité, les pavés mo-saïques, les compas, les équerres ne se comptent pas ! Gen, sec et unijam-biste, affiche la gouaille du parigot de la Butte qui a connu la pauvreté. II mar-tèle fièrement « Y’a pas plus anar que mézigue ». On lui attribue des propos antisémites. En outre, Il est notoire que son amitié avec Céline lui a valu pas mal de problèmes ! En 1910, Gen Paul l’autodi-

dacte commence par être apprenti tapissier à Montmartre, il en a vite marre et apprend tout seul le dessin et la peinture. Gravement mutilé en 1914, bien des portes se ferment, dont celles de la musique. Né en 1934 dans le quartier du Montparnasse, contre l’avis de ses parents, Jean-Pierre Serrier suit des études au lycée des Arts Appliqués. Diplômé en 1955, c’est aussi l’année de sa première exposition à Saint-Paul-de-Vence. Dès 1956 tout s’arrête. Lui aussi fait connaissance avec la guerre. Pendant 28 mois, c’est le Sahara dont il revient moralement marqué mais physiquement indemne.

Gen Paul et Serrier : Quand l’expressionnisme rencontre le surréalisme et qu’ils font bon ménage…L’expressionnisme se caractérise par le jaillissement de l’émotion avant le souci de la plastique. Entre réalisme et abstraction,

Deux potes de Montmartre…

GEN PAUL et JEAN-PIERRE SERRIER

Gen Paul dans l'Atelier © Éditions André Roussard, DR

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PM 13-90 D'UN ARTISTE L'AUTRE

Gen Paul sera le virtuose d’une exubérance pleine de mouvement et de vie qu’il élève au-dessus du simple ressenti. Le surréalisme de Serrier, défini dès le début des années 1970 comme « le peintre surréaliste de l’ab-surde », se place au-delà de nos valeurs et nos repères. Une démarche souvent onirique qui s’appuie sur une composition minutieuse, précise mais trompeuse car hors de la raison et de ses schémas. Serrier nous conduit sur des voies sans espoir : des personnages aux yeux sans regard, des orgueils absurdes qui ne mènent qu’au néant, des actions stériles, des tours de Babel faites d’un empilement de mannequins, des appétits mercantiles ou sexuels vains dans un monde aussi inquiétant que dénué de sens, sombre en dépit des cou-leurs vives et contrastées des acryliques.

Cet ami fidèle, à la générosité sans limites, vivant dans un foyer uni avec Yvette, épouse attentive et effacée, une petite Françoise souriante et douce, cachait pudiquement ses blessures – je n’ai jamais su exactement les-quelles. Les journées entières assis devant sa toile, immobile sous la lumière artificielle qui brûle les yeux, avec la crainte de ne pas pouvoir livrer les toiles chaque mois à date fixe, au 510 Saint Louis street à la New Or-leans … Sur ses toiles, des personnages ne sachant ni où ils vont ni pourquoi ils sont là, marchent vers des gares qui ne mènent nulle

part. Son célèbre tableau « Who is who ? » montre des mannequins identiques nus ou vêtus de noir, véritables clones, des billets de banque volant autour d’eux. Figés ou avan-çant en file tels des moutons de Panurge, condamnés à une implacable solitude. En 1978, un ouvrage élogieux a été consacré à Jean-Pierre Serrier par Thomas M. Bayer,

le célèbre professeur américain expert en art contemporain. Des rapprochements avec Nietzsche ont été avancés par l’écrivain de renom Kurt Vonnegut. Jr dans sa présenta-tion de l’exposition David E. Lawson collec-tion : cinq tableaux éparpillés dans le monde y ont été rassemblés pour constituer une extraordinaire fresque intitulée « Money », ou comment nous construisons nous-mêmes notre prison sur fond de sexe, de business, dans ce monde de château de cartes où l’argent nous fait perdre toute liberté, toute identité, tout espoir.

En vrais Montmartrois, Gen Paul et Jean-Pierre Serrier ont, tous deux, peint notre mythique Moulin Rouge. Mieux qu’avec des mots on peut mesurer la différence entre expressionnisme et impressionnisme en pla-çant les deux tableaux côte à côte.

La rencontrePeintre célèbre reconnu depuis des décennies en France et dans le monde, les expositions de Gen Paul ne se comptent plus. Depuis les années 50, il expose, notam-ment, dans la petite galerie du vieux Genève chez Roger

Ferrero qui l’héberge ; il y économise le prix d’une chambre tout en travaillant au calme. En 1970, Ferrero n’est pas tranquille : Gen Paul en vieillissant devient incontrôlable : un verre de trop et il est capable de rater l’avion ou de provoquer un incident à l’aéroport ! Roger téléphone alors à Jean-Pierre pour lui demander d’accompagner Gen Paul à Ge-

nève. A 35 ans, il est loin d’être un inconnu. Depuis plusieurs années ses toiles sont également accrochées aux cimaises de la galerie Ferrero. Elles attirent et intriguent les collectionneurs. Un peu tendu, craignant d’être rabroué, il appelle son aîné avec la diplomatie et la douceur qui étaient les siennes. Sa voix est chaleureuse, amicale, rassurante même quand il ne va pas bien à cause de l’alcool, du blues ou des deux. Gégène ne voit aucun inconvénient à voya-ger en compagnie d’un collègue.

C’est donc le 29 mai 1970, à bord du vol Air France Paris-Genève, que tout a com-mencé. Ils descendent dans le même hôtel, vont ensemble saluer Michel Simon qui se repose sur les bords du Léman. Le 30 mai, lors du vernissage, la foule se presse. Des journalistes, des collectionneurs, des bourgeois genevois, des amis… Une jeune femme tombe sous le charme parigot du vrai dictionnaire d’argot vivant qu’est Gen Paul et ne veut plus le quitter ! Foin de ses

75 piges, de sa jambe de bois, de son re-gard myope derrière de grosses lunettes ! Jean-Pierre, interloqué, assiste au peu banal numéro de séduction de son nouveau co-pain. Il devient immédiatement le confident complice de cette étonnante aventure amoureuse. De retour à Paris, sans sa conquête qui est mariée, Gen Paul écrit le

Le Moulin Rouge par Gen Paul, Lithographie, 1960 - Collection Roussard, DR Le Moulin Rouge, toile de Serrier, 1972

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20 août à Jean-Pierre et sa femme, la déli-cieuse Yvette, en vacances dans le Lot : « Je vois que t’as la bonne pensée pour mézigue. Solo dans le froid. Heureusement que la jolie fée de Genève radine le 24. A moi les volets clos et sa tendre chaleur. Quand pense-tu (sic) revenir ? Pour l’instant, profite des joies champêtres. C’est si triste la vie d’artiste à Paris. » L’aventure durera jusqu’au jour où la « fée » annoncera son intention de s’installer à Montmartre. Pris de panique, notre Don Juan la dissuade. Il annonce à Jean-Pierre : « Avec la fée c’est fini » mais, plein de re-mords, lui fait livrer en cadeau de rupture… un demi-queue Steinway !

Serrier retournera exposer chez Ferrero, mais pas Gen Paul… leur copain commun ne lui pardonnant pas d’avoir détourné, chez lui, une femme qui lui était chère…

Gen Paul a donc perdu volontairement une amante et un marchand de tableaux mais il a trouvé un ami qui lui restera fidèlement dé-voué jusqu’au bout. Et je peux vous assurer en connaissance de cause combien l’amitié était importante pour Jean-Pierre. Gen Paul en usera et en abusera…

Un coup de téléphone en pleine nuit. Jean-Pierre reçoit ce message inquiétant : « ça va pas du tout, tu sais. J’me sens pas bien. Vraiment, ça va pas… » Redoutant le pire, il s’habille en hâte, se précipite avenue Junot. Ni très sportif, ni très mince, il arrive essouf-flé. Et trouve un Gen Paul rieur, en tenue de sortie : « Tu comprends, j’me sentais seul, mal fichu. Maintenant ça va mieux… Allez, on va pas rester là ! » Vous vous en dou-tez, une tournée bien arrosée des bistrots

montmartrois s’ensuivit : Le Nazir, l’Assommoir, chez Ginette, le Rêve, la Bohème, le Vieux Chalet… pour se terminer sur un petit matin pas très net.

La Comedia dell’arte de Gégène ? Indulgent, Jean-Pierre la connait bien et en rit avec ce petit grat-tement de gorge qui lui était par-ticulier. Du début de sa carrière jusqu’en 1966, n’avait-il pas peint des scènes de comédies au bord de la lagune, des Pierrots, des Colombines, des Arlequins, des masques ?

La scène se reproduira, le « pote » sera souvent mis à contribution. Quels que soit l’heure ou le temps, malgré la fatigue, il le rejoint sans être dupe. Jamais il ne se dérobera pour aider à tromper la solitude nocturne que Gégène redoute de plus en plus au fil des années.

Réveillons de Noël 1972 et 1973. Coup de téléphone chez les Ser-rier qui préparent une petite fête

familiale. « Dis mon pote, je suis seul ce soir. Tu m’invites, hein ? » Ce 24 décembre 1973, Gen Paul claudiquant grimpe, on ne sait trop comment, les quatre étages avec sous le bras, pour la petite Françoise, un tableau de Django Reinhardt daté de 1950. Magnifique portrait qui a servi à illustrer une pochette de disque de cet ami, lequel, comme lui, ne savait pas lire une partition. Gen Paul a été cornet à piston au cirque Médrano, il y a bien longtemps.

Des hommes différents, des attirances communes Deux voyageurs ? Ce n’est peut-être pas le mot. Tous deux se sont surtout beaucoup déplacés et Gen Paul malgré son infirmité. Des rencontres avec des marchands de ta-bleaux, des collectionneurs, les expositions qui les conduisent à Genève, Stockholm, Londres, Montréal, San Francisco, New York, la New-Orleans… Tous deux sont fascinés par la culture Outre-Atlantique. Gen Paul s’est rendu une douzaine de fois à New York. Les deux copains se retrouvent dans la même attirance pour cette New Orleans dont ils adorent évoquer ensemble le quartier français avec son jazz, sa vie nocturne à la fois douce et trépidante.

L’orientation d’abord fantastique puis surréa-liste de Serrier le conduit vite aux USA. C’est New York, Atlanta puis la New Orleans où son talent est apprécié des collectionneurs et amateurs éclairés dotés d’un bon niveau de contribution... Ce sera probablement au détriment de la renommée qui aurait pu être la sienne sur le territoire français. En effet, le contrat draconien de son galériste marchand de tableaux Kurt E. Schon, lui impose une production de plus en plus importante. Les expositions à Paris se feront rares, presqu’en cachette, pour faire plaisir à des amis.

D'UN ARTISTE L'AUTRE

Place du Tertre par Gen Paul Huile sur toile, circa 1955 - Collection Roussard, DR

Le monde des masques : l'univers étrange de Jean-Pierre Serrier

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PM 13-90

Aucun n’appartient à une école, une chapelle, un réseau ; ils veulent garder la maîtrise de leur art comme de leurs convictions. Mais Gen Paul reste libre de sa production tandis que Serrier a beaucoup, probablement trop, travaillé sur commande. Peut être en est-il mort ? Le 30 mars 1989, quand il met fin à ses jours, il buvait beaucoup pour produire encore et encore des toiles aux thèmes imposés. Depuis les années 1970, sa noto-riété ne faisait que grandir aux Etats Unis. Chaque mois, dans de grosses caisses de bois partaient par bateau ou par avion vers la Louisiane, la plupart des toiles vendues d’avance. Il mettait un point d’honneur à res-pecter son contrat quel que soit son état. Tiraillé entre ce stimulant éphémère qu’est l’alcool et la peur de s’y détruire, Jean-Pierre avait courageusement pris la décision de rejoindre les Alcooliques Anonymes. Son humour de dérision quand il décrivait les séances ne laissait pas vraiment augurer du succès de l’entreprise fondée sur une théra-pie collective. Le destin solitaire, individua-liste par nature de l’artiste lui permet diffici-lement de s’intégrer à ces groupes ou jamais longtemps. Pour Jean-Pierre, comme pour tant d’autres artistes aux carrières « solo », tels Renaud ou David Mc Neil, c’était fichu d’avance. L’essentiel de sa vie consistait à passer ses journées seul au chevalet. Minu-tieux, perfectionniste, chaque toile nécessi-tait un travail de titan. Les bouteilles de rosé posées par terre à ses pieds, il attachait son avant-bras sur celui du fauteuil pour ne pas trembler. Son environnement quotidien se réduisait aux murs peints en noir de son tout petit atelier ; un univers étrange, sans fenêtres, envahi de peintures et d’objets les plus inattendus, mannequins, bilboquets, cartes, outils, chapeaux, etc. Au fil du temps, il redoutait de ne plus pouvoir renouveler la plastique comme le sujet, conséquence de l’épuisement intellectuel généré par un tel labeur à la chaîne.

Où il est question d’un vélo entre Gen Paul et Jean-PierreUne bicyclette ? Curieux cadeau pour l’unijam-biste Gen Paul. Pourtant, c’est bien l’ancien coureur cycliste André Leducq, qui lui offre le vélo de son dernier tour de France. Il sait que Gégène aurait aimé être coureur s’il n’était pas devenu artiste peintre. Touché, Gégène remercie André par un diner mémorable à l’Assommoir. Longtemps, Gen Paul laisse le vélo appuyé le long de son canapé-lit avant de l’accrocher au plafond de son atelier. Quand on s’étonne de ce présent inutile, il répond : Et alors ? On n’a pas le droit de rêver ?

Mais au fait, ce vélo n’est-il pas celui qui a si souvent inspiré Jean-Pierre ? Sur plusieurs de ses toiles apparait un vélo. J’y avais lu le symbole de la tentation d’évasion de la prison

d’un monde absurde. C’était aussi une façon de faire revivre le souvenir de son pote. Du reste et ce n’est pas un hasard, le vélo d’An-dré Leducq est aujourd’hui à Martel (Lot), là où Jean-Pierre Serrier avait une maison à laquelle il était si attaché.

Quand il est de bonne humeur, Gen Paul se prête aux interviews. Ecoutons quelques phrases de l’interview par Jacques Chancel sur France Inter le 13 janvier 1971 : « J’fré-quente pas les peintres. Moi les peintres, y’ m’apportent rien. J’en ai qu’un seul. Un jeune peintre, c’est Serrier. Il est chouette avec moi. On peut déconner ensemble. Pis, alors, des fois, y’ me demande des tuyaux. Sur une technique quoi… Sans çà, des réunions de peintres, j’ai horreur de çà… Des chapelles, des salons. »

Le secret de cette amitié ? Finalement, je crois l’avoir trouvé : un respect mutuel. Gen Paul avait du respect pour les êtres intelligents, compréhensifs, sincères, qui ne trichent pas, et Jean-Pierre Serrier était de ceux-là.

Gen Paul meurt à l’hôpital de la Salpêtrière le 30 avril 1975. Pour Serrier, cinq années d’une amitié fidèle s’achèvent. Au milieu de cent cinquante personnes, pudique, silencieux, les yeux embués, il assiste aux obsèques à Saint-Pierre-de-Montmartre puis accompagne le cercueil jusqu’au cimetière Saint-Vincent. Vous pourrez reconnaître, à droite en entrant, la tombe de Gen Paul non pas à une inscrip-tion – il n’y en a pas – seulement une grande dalle de granit brut foncé sans aucune men-tion, c’est tout.

Jean-Pierre Serrier repose loin des turbu-lences du monde et de Montmartre, dans le petit cimetière de Martel, dans la paix de cette douce lumière ocre qu’il aimait tant et que j’ai reçue avec émotion en lui rendant visite.

En dépit de tempéraments comme de genres picturaux fort éloignés, cette amitié a été sin-cère, profonde jusqu’à la mort. Jean-Pierre

Serrier, mélancolique et doux, souvent inquiet, respectueux des autres, tout particulièrement de son aîné, le cabotin, colérique, hâbleur, rancunier, virtuose du louchebem, le dernier monstre sacré de Montmartre… Dans des registres différents deux grands artistes de talent du XXe siècle, dont les œuvres au-delà de Montmartre ont traversé les océans.

Marie-France COQUARD

D'UN ARTISTE L'AUTRE

Le Guitariste par Gen Paul, Pastel, Circa 1960 Collection Roussard, DR

Le tir des misogynes : humour noir et surréalisme de Jean-Pierre Serrier

En savoir plus : Gen Paul : www.galerieroussard.com - Jean-Pierre Serrier : martelquercy.free.fr/JPSERRIER

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PM 13-90

Contact :Elisabeth von [email protected] :vendredi 18 -22hsamedi 11-19h30Tirage au sort : vendredi 18hsamedi 11-13h30

Rendez-vous le vendredi 5 à 12h M° Jules Joffrin pour un parcours en avant-première !Rejoignez-nous aussi sur notre page Facebook Made in Paris 18e

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Les Pieds dans I'Herbe 19 rue HermelArtiste fleuriste, paysages à emporter...Découvrez paysages à empor-ter et végétaux en boule de mousse, dans le droit-fil de l'art floral japonais

La Manufacture Parisienne 93 rue MarcadetDéco, trouvailles, brocante et sur-prises...Sur le thème "autour de la rivière" designers, editeurs, bro-cante et plein d'autres surprises de saison

Atelier de Style Elisabeth Furtenbach 65 rue RameyStylisme femme et enfant, jeunes créateurs...Défilé de créations femme et enfant samedi 6 avril à 11 h30

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VIE ASSOCIATIVE

À l'occasion du week-end Européen des Metiers d'Arts du 5 au 8 avril 2013, est organisée la 1ère édition de l'évènement Made in Paris 18e, un parcours festif à la découverte des nouveux lieux créateurs, au pied de Mont-martre, entre les M° Jules Joffrin et M° Lamark Caulaincourt, dans un quartier de plus en plus attractif.Cette première édition de Made in Paris 18e vous fera découvrirune partie des ateliers d'artisans d'art, fleuristes, designers et salons de thé qui se sont installés récemment dans le quartier.Des milliers de flyers seront distribués, permettant de participer à la tombola.Cette balade festive de début de printemps est ouverte au curieux, les huit participants proposeront des animations, des ateliers ou des créations particulières à voir, goûter, sentir...

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PM 13-90 VIE ASSOCIATIVE

T out le monde a peu ou prou entendu parler de l’association : « L’Ecole du Chat » fondée en 1978 par Michel

Cambazard, qui n’est plus de ce monde. Une institution qui a fait des petits et poursuit son existence avec des personnes admirables qui se sacrifient pour sauver l’animal le plus mystérieux et le plus attachant de la planète. Elles se nomment Joëlle, Danièle, Marianne, Nathalie, et sont debout, « comme un seul homme », face à la cruauté et l’indifférence – la nôtre, apportant tant d’amour à tous ces petits félins qu’elles finissent par leur ressem-bler. Il existe de nombreuses associations du chat en France : elles ne sont pas toutes « école du chat », mais toutes sont indépen-dantes et n’ont pas la même éthique vis à vis de l’euthanasie, qui divise ceux qui sont pour et ceux qui s’y opposent systématiquement. « L’école du chat » revendique plus de 700

adhérents entre le XVIIIe arrondissement, Pa-ris et la province. Tous poursuivent le même but qui est d’identifier les chats errants, les stériliser, les nourrir, les soigner et les pla-cer. Rien n’est simple avec le monde animal, et comme l’explique Nathalie Rossi, vice-présidente de l’association : « Les familles des personnes âgées décédées ne veulent pas du chat qui a accompagné leur parent ». Que les riverains de la rue André Antoine se rassurent, les deux chats du marginal

décédé il y a peu dans une mansarde ont été retrouvés, non sans mal, et placés par l’asso-ciation dans des familles d’accueil. Certains chats trouvent refuge en Normandie, au sein d’une structure avec jardin privatif, gérée en totalité par l’association, et qui dispose de deux employés. Il faut saluer tous les membres de l’association, qui nourrissent les chats libres sur leur territoire, dans les cimetières, comme le cimetière communal de Saint-Ouen, celui de Montmartre, et tant d’autres.

L’association a besoin en permanence de familles d’accueil, domiciliées si possible dans le XVIIIe arrondissement, c’est à dire des personnes acceptant de prendre un chat à domicile en attendant une adoption. Le temps pour trouver un adoptant varie de deux jours à six mois, mais rien n’interdit à une famille d’accueil de devenir adoptant. C’est l’occasion de lancer un appel à tous ceux qui veulent aider « L’école du Chat », soit par un don, soit en se proposant comme famille d’accueil.

Des brocantes ont lieu régulièrement dans la salle UVA (Union pour la Vie Associa-tive) située 9, rue Duc, à proximité de la mairie du XVIIIe, afin de récolter des fonds : la dernière brocante a reçu la visite d’Anouk Aimée et de Martine Lelouch, toutes deux très engagées pour la protection de la

nature et des animaux. Elles ont offert à cette occa-sion des livres remarquables, des bibelots et des objets

personnels qui ont été vendus en quelques secondes.

Les deux prochaines brocantes auront lieu le samedi 25 mai et le samedi 7 décembre 2013, toujours à la même adresse : 9, rue Duc, de 12 heures à 18 heures. La présidente de l’association, Joëlle Fontaine, ainsi que la trésorière, Da-nielle Lhoste, se feront un plaisir de vous y accueillir. J’ai déjà cité la vice-présidente Nathalie Rossi, une personne fort aimable, très dévouée, sans oublier la secrétaire, Marianne Courrejou.

Pour entrer en contact avec l’association, une seule adresse :

« L’ ECOLE DU CHAT »BP 184

75 864 PARIS CEDEX 18Et un site internet qui sera prochainement

rénové : www.ecoleduchat.asso.fr

« LES GRANDS SPHINX ALLONGÉS AU FOND DES SOLITUDES » …ONT BESOIN DE VOUS !Par Jacques Habas

La présidente Joëlle Fontaine entourée par Anouk Aimée et Martine Lelouch.

Au premier plan Danielle Lhoste : trésorière de l'association, au second plan Nathalie Rossi : vice-présidente

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PM 13-90TERRE DES ARTS

A vec sa fondation reconnue d’utilité publique depuis 1957, la Cité Interna-tionale des Arts accueille en résidence

des artistes venus du monde entier, représen-tant toutes les disciplines. Elle met à leur dis-position plus de trois cents ateliers individuels répartis sur deux sites : celui de la « maison mère » située au18 rue de l’Hôtel de Ville (1er

arrondissement) dans le quartier du Marais,

et celui de Montmartre, au 24 de la rue Nor-vins, dans un ensemble constitué de bâtisses historiques et d’ateliers modernes, au milieu d’un grand espace vert. Depuis son ouverture en 1965, la Cité Internationale des Arts a reçu plus de 15 000 artistes, s’inscrivant au cœur de l’histoire de l’art contemporain.

C’est dans le cadre exceptionnel de la Cité de la rue Norvins que nous avons rencontré Mon-sieur Jean-Yves Langlais, directeur général de la « C I A » depuis septembre 2010, pour en savoir plus sur l’action et le fonctionnement de cette Fondation, et sur ce lieu fascinant mais méconnu des habitants eux-mêmes, où s’écrivent, au cœur du Montmartre mythique, les nouvelles pages de l’art d’aujourd’hui. Cet homme de passion, de créativité autant que de rigueur intellectuelle, accompagne les ar-tistes dans leur projet, contribuant à réaliser la meilleure vocation de Paris, qui est de faire naître dans la capitale française de grands projets artistiques contemporains. Le point de vue qu’il porte sur Montmartre et la consi-dération dans laquelle il tient cette « annexe » que pourrait apparaître, de prime abord, la cité de la rue Norvins, sont des plus réconfor-tants. Oui, malgré ceci et malgré cela, malgré tout, l’art et la créativité sont toujours chez eux à Montmartre !

PM : Dans quel contexte la Cité Internationale des Arts est-elle née ?Jean-Yves Langlais : Après la seconde guerre mondiale s’est levé un mouvement général de réconciliation et de concorde, où les artistes avaient un rôle primordial à jouer. Les Compagnons de la Libération et les camarades communistes, après avoir mené un même combat, se retrouvaient dans

une vision internationale à dimension sociale et culturelle. L’idée était qu’il y avait dans le monde entier un besoin de France, et qu’il fal-lait permettre aux artistes de tous horizons de venir à Paris. C’est Madame F. Brunau qui a créé et fondé la Cité Internationale des Arts – dont elle est toujours la présidente honoraire – concrétisant le projet avec toutes ses qualités visionnaires et sa détermination. Car il fallait savoir associer vision et gestion quotidienne, se battre pour trouver les finan-cements. Pour ma part, je me considère au service de cette œuvre.

Mais aujourd’hui, le contexte n’a-t-il pas évolué ?Pour mieux servir le projet originel dans le contexte actuel, je retourne la formula-tion : aujourd’hui, les Français ont besoin de monde ; le monde est partout, et les artistes contemporains se positionnent d’emblée dans l’international, sans plus passer par les cases de l’évolution traditionnelle, locale, puis nationale…

Comment fonctionne précisément la Cité ?54 pays sont concernés de façon structurelle. En tout, ce sont 152 souscripteurs d’ateliers

français et étrangers qui s’investissent depuis l’origine dans cette Fondation. En chiffres, la cité dispose aujourd’hui de 323 ateliers, 286 dans le Marais et 37 à Montmartre. En 2012, nous avons reçu 1170 artistes en résidence, pour une durée attribuée par la Commission qui varie entre six et douze mois – avec une limite exceptionnelle pouvant être portée à dix-huit mois. Les artistes ont à payer les charges de l’atelier qui leur a été attribué – à Montmartre, ces charges se situent autour de 500€ par mois. Certains ont obtenu une bourse, d’autres s’autofinancent, les contextes personnels sont très différents. Je précise que le critère d’âge n’intervient pas prioritairement dans la sélection, c’est le pro-jet artistique.

Justement, comment les artistes sont-ils sélectionnés pour l’attribution d’un atelier ?Pour l’admission à résidence, il faut passer l’une des deux portes : la première porte est celle des souscripteurs (152 issus de 54 pays). Chacun d’entre eux dispose de ses cri-tères propres, les modalités des uns et des autres pour la plupart figurent sur leurs sites internet. En bref, nous ne possédons pas la clef de cette porte-là, mais nous nous tenons en vigilance sur le seuil – en bonne relation avec le souscripteur et avec l’artiste présen-té. La deuxième porte est constitutionnelle de la Fondation : deux Commissions – Musiques et Arts visuels – rassemblant des profession-nels et qui se réunissent deux fois par an, non pas dans une approche académique, mais dans un esprit d’accompagnement des pro-jets artistiques qui leur sont soumis.

De quels types de projets s’agit-il ?Les artistes contemporains se construisent de plus en plus dans une interconnexion des disciplines ; ils se désenclavent des schémas fermés, et cette dimension hybride trouve son appui dans les résidences : aujourd’hui, par exemple, un chorégraphe peut très bien proposer un projet à dimension littéraire ou plastique.

LA CITÉ INTERNATIONALE DES ARTS

LA FONDATION QUI FAIT VIVRE L’ART CONTEMPORAIN À MONTMARTRE

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De quelle manière accompagnez-vous ces projets ?Je vais vous donner un exemple récent : Mi-chael Goldgrubber est un artiste photographe autrichien dont le travail se fonde sur une appréhension de la nature comme construc-tion humaine – comment le paysage de mon-tagne ou le littoral océanique a été façonné par l’homme, avec les bordures, sentiers, panoramas… Nous intervenons pour facili-ter la concrétisation sur le terrain choisi par l’artiste – ici en intercédant auprès des res-ponsables régionaux, pour obtenir les auto-risations nécessaires. Avec à la clef une belle surprise, puisque la rencontre avec le maire de Deauville a abouti à la commande passée par celui-ci à Michael Goldgrubber d’un tra-vail contemporain sur ce paysage vu par les peintres impression-nistes. La Fondation est parisienne mais elle relie les artistes à de nombreux projets sur le territoire français : ainsi, parmi d’autres exemples, Isabelle Cornaro a présenté au Centre d’art contemporain de Grenoble un projet artistique conçu et réalisé dans la Cité de Montmartre, au deuxième étage de la Villa Radet.

On vous y aperçoit sur le terrain : avez-vous à cœur d’entretenir un contact régulier avec les artistes ?Bien sûr, je rencontre tous les artistes et toujours dans leur atelier – jamais dans mon bureau. Il faut garder à l’esprit que c’est l’ar-tiste qui amène de la valeur, pas la Cité, dont la fonction consiste à l’aider à accomplir son projet. Or, nous avons à agir efficacement au-près de résidents de courte durée : c’est un travail intense, il n’y a pas de temps à perdre.

Venons-en à ce que nous pourrions appeler, pour la facilité de l’article, « la Cité Norvins », où nous nous trouvons, qui s’inscrit donc dans un site très marqué par les arts. Mais où certains ne voient plus qu’un haut lieu du passé, qui serait devenu une sorte de vitrine touristique…C’est tout le contraire ! Montmartre, bien sûr, est un lieu exceptionnel par la richesse de son histoire artistique, son patrimoine, et marqué par une identité forte. C’est surtout un site très contemporain, très moderne et vivant dans sa réalité d’aujourd’hui, et par rapport au contexte d’aujourd’hui, car c’est un lieu tout de suite pensé – et situé – sur un plan international. C’est un terrain d’échanges ar-tistiques et de brassage culturel intense : on le voit aussi bien sur la place du Tertre qui est un vivier étonnant, dont beaucoup d’artistes qui y travaillent ont vécu au plus près de l’histoire contemporaine. Pour la « Cité Nor-

vins », la magie du site se construit dans la combinaison de sa part de mystère, chargée de récits que les habitants nourrissent sans cesse, dans la tradition montmartroise, avec sa réalité présente : la réalité, c’est que les artistes résidents, en ce moment même, y fabriquent le Montmartre contemporain. Avec ses jardins presque forestiers, ses sentiers, elle se présente comme un site en-dehors du monde, en-dehors du temps, mais situé au cœur du monde, intégré dans un quar-tier visité par le monde, et c’est ainsi qu’elle

œuvre à la modernité. Les artistes s’y posent pour un temps, dans une forme de suspen-sion qui représente un moment précis de leur travail – le lieu étant lui-même une paren-thèse. Ils y sont pour-tant bien « ancrés » et très participatifs – c’est ainsi le troisième résident qui assure le rôle d’agent d’accueil, depuis le départ à la retraite de la gar-dienne. A tel point que le pôle magnétique s’est inversé : il fut un

temps où les éléments remontaient du vais-seau mère du Marais, aujourd’hui c’est le site de Montmartre qui génère beaucoup plus d’in-formations sur les artistes et leurs attentes.

Les responsables politiques partagent-ils votre analyse sur l’importance de la Cité au cœur de Montmartre ?Absolument, la mairie du XVIIIe est très enga-gée dans l’action de la Cité, et manifeste sa satisfaction dans la manière dont le site vit au-jourd’hui. Les signes positifs de cet intérêt de la Ville, et du maire du XVIIIe M. Daniel Vaillant, se traduisent en faits concrets comme l’at-tention aux situations sociales des artistes, citoyens comme d’autres, et celle du maire de Paris et de l’adjoint au maire en charge des affaires culturelles par une réponse rapide aux besoins techniques, telle la récente réno-vation des chaudières que la Ville a prise à sa charge.

Que pensez-vous d’une ouverture plus manifeste de la Cité Norvins sur le quartier environnant, afin de mettre habitants, visiteurs, touristes, en contact avec ce lieu exceptionnel ?Je dis… un grand oui ! Cette ouverture est d’ailleurs déjà effective, avec les portes ou-vertes des ateliers, pour les artistes qui le souhaitent : c’est un moment d’accueil et de rencontres qui a lieu une fois par trimestre, de 18 heures à 23 heures. Mais plusieurs autres idées auront à répondre à cette question im-portante : proposer aux artistes d’inclure et concevoir un temps où ils se rendraient dis-ponibles pour participer à un accueil auprès des visiteurs. Nous travaillons à une action en direction des centres de loisirs et des enfants, autour d’un projet pensé par les ar-

tistes, qui doit se concrétiser fin mai ou début juin. Une autre idée, très bien reçue par tous, est venue en observant le carrefour de la rue de l’Abreuvoir : les touristes caressent régu-lièrement les seins de Dalida mais ignorent tout de ce qui « se trame » derrière eux, der-rière les murs de la villa Radet, qui marque l’extrémité de la Cité. Ils contournent, sans le savoir, une réalité de l’art contemporain qui n’est pas lisible. Le concept élaboré avec la Directeur des Affaires culturelles et son archi-tecte-voyer, M. Rolland, est de permettre une vision de cet art contemporain, en concevant un kiosque-point de contact, situé à l’entrée de la Cité sur la rue Girardon, où les artistes pourront imaginer la meilleure manière de transmettre leur réalité aux visiteurs de Mont-martre, de la rendre lisible et visible.

Sur le plan environnemental, la singularité « hors du monde » de la Cité se construit autour d’un jardin boisé, aujourd’hui défriché, amputé de nombre d’arbres. Les Montmartrois nous disent souvent leur crainte de voir le lieu se banaliser par « un tirage au cordeau » de son patrimoine végétal. Qu’en pensez-vous ?Il faut d’abord que je réponde d’une manière claire que cette question n’est pas de ma responsabilité – mais uniquement de celle de la DEV (la Direction des Espaces Verts). Il est évident que le paysage végétal du site est fortement marquant pour l’imaginaire. Il serait sans doute enrichissant d’entamer une réflexion avec les artistes eux-mêmes, qui pourraient être dans leur domaine une force de proposition, en relation avec les respon-sables et paysagistes. Je crois beaucoup à la force des rencontres, de l’écoute et du dia-logue, pour « défricher » les meilleures pistes.

Quel a été votre parcours professionnel avant cette fonction ?Il a commencé avec l’ère nouvelle de la lin-guistique, ma première passion, avant de se tourner vers le cinéma, jusqu’à la grande révé-lation que fut pour moi la danse. J’ai été direc-teur de la danse de l’Opéra de la Monnaie à Bruxelles. Sur le fond, je dois rendre hom-mage à mon père, qui réagissait ainsi à mes projets : « Tes fantaisies, c’est très bien… mais fais d’abord des choses sérieuses ! » J’ai ainsi toujours associé l’imagination et la ges-tion – je ne sépare pas l’économie de la créa-tion. L’art et la gestion se coordonnent pour moi dans une même proposition : comment corriger une structure économique et sociale pour réactualiser un projet artistique.

En une phrase, comment définissez-vous le rôle de la Cité Internationale des Arts de Montmartre ?Défendre l’identité historique de Montmartre par sa présence contemporaine.

Propos recueillis par Jean-Manuel Gabert

TERRE DES ARTS

Il faut garder à l’esprit que c’est l’artiste qui amène

de la valeur, pas la Cité, dont

la fonction consiste à l’aider à accomplir

son projet

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PM 13-90

I l arrive avec gentillesse et discrétion. Il vous surprend de son regard bleu pai-sible, lui l’homme hors du commun… Il

est un pianiste talentueux à la culture musi-cale hors norme. Daniel peut tout vous jouer, Liszt, Chopin, Beethoven… Mais il a aussi un autre talent : animateur, réalisateur à la radio. Un homme qui cultive l’humilité et ne veut pas entendre parler de lui !Tant pis, il faut le dire quand même.

Une passion anime Daniel : une passion amoureuse jamais démentie pour Minouche Barelli, la femme de sa vie. Tout naturelle-ment, ils se sont stimulés l’un l’autre dans leurs activités artistiques. Après vingt ans de partage si absolu, elle décède prématu-rément en 2004. De ce jour, Daniel devient inconsolable de cette perte d’Amour.

Née à Monaco, fille du chef d’orchestre Aimé Barelli et de la célèbre chanteuse Lucienne Delyle, Minouche a représenté Monaco au concours Eurovision de la chanson avec Boum badaboum écrite et composée par Serge Gainsbourg. Elle fut classée 5e au concours.

Daniel est né à Lariboisière un 19 juin (un jour après Michou, dit-il) de l’année 1953. Son grand-père, ses parents, sa soeur habitaient trois appartements dans le même immeuble, rue d’Orsel. D’ailleurs, Daniel vit toujours dans ce même lieu familial.

Ses parents sont arrivés à Montmartre après la guerre. Son père était orfèvre dans une grosse maison appelée Peter et travaillait dans un atelier rue Notre-Dame-de-Lorette. La maman, elle, s’occupait de la famille.

Sa sœur Nicole : « une personne d’exception, artiste peintre aussi, était une merveilleuse institutrice. » De plus, elle écoutait sans cesse de la musique de tous compositeurs. Nicole a joué un rôle déterminant en suscitant chez Daniel une passion pour la musique clas-sique. La passion d’une vie.

« Ainsi, j’ai souhaité jouer du piano vers 8 ans ! Ma mère m’a donc acheté un piano… »

Ensuite, à l’Ecole normale de musique, un profes-seur l’a captivé : Christian Nabert. Il lui a présenté un grand pianiste : Aldo Cic-colini.

« Ma passion pour la musique se vivait enfin au grand jour. Je voulais deve-nir pianiste ! »

Mais Daniel va bientôt croiser une autre pas-sion de sa vie...

Christian Nabert crée des vidéos projections sur les compositeurs, Beethoven, Wagner… Moment décisif : il emmène Daniel à l’ORTF pour l’assister dans une projection. Il observe des professionnels qui font de la radio. Il se vit là un moment décisif pour une rencontre avec sa destinée.

« A ce moment-là, il y a eu une sorte de miracle de révélation. Toutes ces machines, des pianos partout… Je me suis dis : j’arrête mes études, je veux faire de la radio ! »

Très vite, un réalisateur de France Musique lui propose de rentrer à la radio pour les vacances !

A l’ORTF, Daniel devient régisseur d’abord, en-suite réalisateur et coproducteur des émis-sions de France Culture. Il s’épanouit complè-tement dans cette passion dévoilée.

Son métier ? Réalisateur. Cela consiste à tout coordonner dans l’architecture d’une émission, en tenant compte des temps de pub et de toutes les interventions qui doivent

se produire. En un mot, il est le chef d’orchestre d’une émission !

« Je fréquente avec toute l’équipe de France Inter Yves Mourousi, Chancel,

MONTMARTRE C'EST VOUS

Un homme, deux talents :

Daniel Sabatier…

Daniel et Minouche Barelli

Daniel, jeune pianiste

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Jacques Bal et participe à la réalisation de L’oreille en coin. J’interviens aussi pour l’ou-verture de radio Fip. »

Daniel part pour une nouvelle aventure à Radio Monté Carlo en 1973. Puis il poursuit son par-cours de jeune réalisateur parde nombreuses émis-sions à grand suc-cès : La machine à remonter le temps, les routiers sont sympas, Flash back, Spor ts, concerto pour transistor. Sans oublier des collaborations avec Denise Fabre, Coluche, Michel Drucker, Raymond Marcillac, Yves Mourousi, Patrick Poivre d’Arvor…. La liste est loin d’être exhaustive !

En 1975, il revient à Paris sur Europe N 1. Il réa-lise l’émission de Pierre Péchin et une émission de musique classique « Concerto pour transis-tor ». Sans oublier des réalisations avec Denise Fabre, Coluche, Michel Drucker rencontré sur Radio Ortf, le sport avec Raymond Marcillac, Yves Mourousi, Patrick Poivre D’Arvor.

« J’attends toujours le voyage en hélicoptère au-dessus de Paris proposé par Michel Druc-ker ! » dit-il en souriant affectueusement : « Ah ! Michel, un homme merveilleux ! Un gars extraordinaire. »

Ensuite il devient ingénieur du son à Bobino. « Coquatrix était devenu un copain. » Il se souvient aussi de Serge Reggiani.

En 1981, Daniel participe à l’ouverture des radios libres : Carol FM, au village Saint-Paul. Radio Rock and Roll, avec le père de Michèle Bernier, le « professeur » Choron. Sans ou-blier Radio trafic.

Il participe à la grande aventure de Radio

Montmartre en 1982, auprès de Guy Noël, le directeur. Cette radio veut pro-mouvoir le patrimoine de la chanson française. Une émission vedette : « Un apéritif en chansons ». Chaque jour ré-

sonne la voix ve-loutée de Michel Varenne. L’accor-déoniste Aimable et quelques uns de ses amis viennent animer les ondes au son d’accordéon, de musique rétro ou instrumentale. Mais en 1984,

Daniel va vivre à Radio Montmartre un événement crucial…. Un f u lgu ran t coup de foudre ! La rencontre avec l’amour de sa vie : Minouche. Elle anime une émission intitulée « Le réveil en

musique et en chan-sons ».

Ces deux êtres faits l’un pour l’autre s’étaient croi-sés des années aupa-ravant à Monaco sans jamais se rencontrer, mal-gré les mêmes endroits fréquentés ! Pourtant, à RMC, un seul étage les séparait : Minouche étant animatrice à Télé Monte Carlo !

Daniel continue à jouer du piano et écrit des chansons, toujours sous les vifs encouragements de Minouche.

Daniel va vivre aussi une rencontre éblouis-sante à Europe 1 avec Claude Nougaro. Une véritable amitié naît entre eux. Ils jouent du piano ensemble et vivent de grandes soirées pendant dix ans.

Daniel œuvre aussi à la télé avec l’émission de Pascal Sevran « La chance aux chan-sons ». Ils sont devenus amis. Puis il inter-vient en tant qu’ingénieur du son dans le film Bonzaï avec Coluche. « Un écorché vif, un super copain ! »

Un des plus grands souvenirs de radio de Daniel ? « Quand j’ai reçu à la radio Charles Aznavour, il m’a beaucoup impressionné. »

Un souvenir pittoresque de Montmartre lui revient avec joie…

« Sur les marches du Sacré-Cœur, j’ai joué de la musique avec un gars aux cheveux longs qui grattait une guitare de douze cordes… Il chantait « C’est une poupée… qui fait non… » Michel Polnareff ! En ce temps-là, un illustre inconnu. Je me suis dit : « Ce gars, il va réussir dans la musique ! »

A la Crémaillère, chez Antoine, Daniel a joué avec Polnareff du piano sur « Love me, please love me… » à quatre mains sur un vieux Pleyel.

« C’est un génie ! A cinq reprises, j’ai eu la chance de jouer avec lui, après il est parti de Montmartre et je ne l’ai plus jamais revu. Mais ensuite, je l’ai beaucoup entendu à la radio ! »

Dans un autre registre, Daniel est aussi ar-tiste peintre, de genre figuratif ou abstrait. Il a peint tous les signes du zodiaque. Il a aussi réalisé au couteau un tableau très réussi sur la baie de Monaco.

Parmi deux rêves à réaliser, quel est le choix de Daniel ?

D’abord, « Un concert en public sur un grand piano à queue ! »

Et le deuxième ?

« Créer une nouvelle radio Montmartre ! »

Il en a tout le programme en tête, la passion, les multiples talents techniques : il manque juste les investisseurs. Quant aux auditeurs, ils attendent, ils sont déjà là….

Daniel, Montmartre c’est Vous !

Michèle Clary

MONTMARTRE C'EST VOUS

Quand j’ai reçu à la radio Charles Aznavour,

il m’a beaucoup impressionné

Daniel Sabatier réalisateur, dans les studios d'Europe 1

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PM 13-90 ENTRE COUR ET JARDIN

A ucun spectateur ne reste insensible au charme si particulier d’Anne

Richard, connue de la France entière pour son rôle de la juge Lintz, dans la série à succès de France 2 Boulevard du palais. Le charme – au sens fort originel et non mièvre actuel du mot – ne s’explique pas et c’est tant mieux. Simplement, pour la fine comédienne aux yeux clairs, pourrait-on remarquer une combinaison originale de paradoxes, dont la formule n’est peut-être pas pour rien dans la belle étrangeté qui est sienne : en premier lieu, le fait que cette artiste d’origine suisse, née à Lausanne, possède en évidence la grâce innée qu’on prête à la parisienne mythique. I l es t v ra i qu ’Anne é ta i t parisienne de cœur bien avant son arrivée dans la capitale dont elle rêvait – elle qui a choisi de faire le chemin à l’envers… Celui qui voudrait faire son portrait devrait donc travailler à l’estompe, pour faire émerger l’alliance subtile de grâce fragile et de volonté farouche,

de féminité idéale et de détermination, d’ultra-sensibilité et de force intérieure qui lui ont permis d’aborder les rôles les plus complexes, souvent difficiles : au théâtre – Agatha de Marguerite Duras, On achève bien les chevaux, reprise du rôle de Jane Fonda, Jeanne d’Arc au bûcher d’Arthur Honegger et

Paul Claudel, etc. – ou à l’écran, entre autres, Juge et Partie et Colère d’une mère, deux téléfilms de Jacques Malaterre. Au cinéma, sa composition dans Dernier Stade de Christian Zerbib aux côtés de Charles Berling et de Martine Sarcey lui a valu le prix de la meilleure interprétation féminine au

Festival de Florence en 1995. Dans cette réussite pérenne de la fiction télévisée française (débutée en 1998) qu’est Boulevard du palais, Anne n’est nullement « l’ange blond » de service au côté du noir et archi-déglingué Commandant Rovère (Jean-François Balmer) mais un être blessé, souffrant, complexe. Récemment, toute la gamme des talents d’Anne Richard a trouvé à s’épanouir dans un beau film suisse intitulé Le nez dans le ruisseau, hommage à Jean-Jacques Rousseau, où elle forme un trio touchant avec le grand Sami Frey et un jeune garçon de dix ans : une œuvre rare et poétique qu’on espère voir arriver au plus vite sur les écrans

français. Enfin, pour comble de grâce, Anne Richard possède le don si rare de toucher l’âme imaginative des enfants – sans doute parce qu’elle ne l’a pas perdue elle-même : elle écrit et dit des contes qui se déclinent en spectacle et CD, sur une partition musicale de Maryse Bonnet.

Quatre épisodes inédits (déjà réalisés) de Boulevard du palais seront diffusés dans les prochains mois. Le tournage de quatre nouveaux épisodes vient de commencer : il s’étalera entre mars et juillet prochains.

Anne Richard a sorti un deuxième double CD pour enfants, Histoires de princes et de princesses. À la rentrée, les contes pour enfants d’Anne Richard seront présentés sous une nouvelle forme : celle de trois livres-CD. Nous y reviendrons.

à noter

ANNE RICHARDDE BOULEVARD DU PALAIS AUX CONTES POUR ENFANTS

Aucun spectateur ne reste insensible

au charme si particulier

d’Anne Richard

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PM 13-90 ENTRE COUR ET JARDIN

PM : La télévision, ce n’est pas si fré-quent, vous a offert de vraies compo-sitions dramatiques, complexes. Avez-vous considéré ces rôles comme une chance ? Anne Richard : C’est vrai, j’ai trouvé de magnifiques rôles dès le début de ma car-rière française : des drames et des thèmes forts, comme le viol ou la perte d’un enfant. Ce n’était pas de la télévision « facile », mais les rôles exigeants sont passionnants. Même si j’ai aujourd’hui une certaine envie de comé-die…

Boulevard du palais, qui entre dans sa quinzième année, impose aussi à votre personnage, plu-tôt marquée par la vie, de fréquentes mises à l’épreuve. C’est toujours aussi « noir » et ça marche bien auprès du grand public. Comment l’ex-pliquez-vous ?Je crois que le public avait envie d’un authen-tique polar, dans la tradition du genre, mais ayant su préserver les saveurs françaises, pas formaté au schéma des séries améri-caines. Le personnage de la juge Lintz s’est construit sur un drame, et la profondeur des personnages, le mien et celui de Jean-Fran-çois Balmer, touche les spectateurs. Il y a l’en-vie de s’identifier, de mieux les comprendre, de savoir ce qu’ils deviennent. Les scénarios sont de grande qualité, ce qui annule le sen-timent de répétition, toujours à craindre sur une telle durée, et la diffusion n’est pas inten-sive – elle se fait au rythme de quatre télé-films par an.

Quand même, avec une telle longévité, ne peut-il y avoir une certaine lassitude pour un comédien ?Contre ce sentiment, naturel, la recette est de faire autre chose. Pour moi, il y a le théâtre, d’autres tournages, les contes et les spec-tacles pour enfants, c’est indispensable. Si on se nourrit ailleurs, il n’y a pas de lassitude.

L’entente avec Jean-François Balmer, fa-buleux en flic alcoolique, semble reposer sur une authentique complicité ?Nous avons toujours autant de plaisir à nous retrouver sur ce tournage, à nous redécou-vrir. Notre entente se structure sur un grand

respect mutuel et, en effet, sur cette com-plicité établie au fil des années. J’apprécie ma grande chance de pouvoir travailler avec des comédiens de cette génération, de cette trempe, comme Balmer ou Sami Frey.

Sami Frey avec qui vous avez tourné pour le grand écran, Le nez dans le ruis-seau. Un film qui vous a beaucoup mar-qué, avez-vous confié ; pourquoi ?Il est assez rare de pouvoir dire cela, mais ce film a changé

ma vie. C’est l’histoire d’une amitié entre un vieux professeur joué par Sami Frey, un enfant sauvage et une

journaliste de la TSR. Un apprentissage phi-losophique à travers le regard d’un enfant de dix ans, une initiation au regard, à l’attention, à la cohésion avec le monde : savoir profiter de l’instant, admirer, revenir à la contempla-tion de cette nature qui nous entoure. Je me suis dit après le tournage : tu cours, tu cours, arrête un peu et regarde… J’ai repris les ba-lades en forêt et j’ai beaucoup changé depuis, j’ai appris à mieux vivre, à apprécier et voir les choses. Il y a, sous-jacente à cette histoire, une critique de notre société très pertinente. Les rôles au cinéma, bien sûr, c’est toujours une bataille pour un comédien quand on est « marqué télé »… J’espère vraiment que ce beau film sortira en France, parce qu’il le mérite.

Justement, pourquoi avoir choisi la France ?Je ne rêvais que de cela, être actrice à Paris. J’ai eu une opportunité d’étude après le bac et je suis partie. Je suis passionnée par la culture française, et même la culture dite populaire : par exemple, j’admirais Claude François, je l’adorais comme une véritable midinette ! Je considère toujours que cet artiste est le vecteur d’énergie incroyable, d’une fougue, et que c’est une très belle réussite que d’offrir du bonheur et du divertissement aux gens. C’est la noblesse du genre.

Quand vous êtes arrivée à Paris… ne faudrait-il pas plutôt dire Montmartre ?Montmartre, quel bonheur ! J’ai vécu rue Lepic

et rue Durantin. À l’époque, je m’entraînais à la course à pied pour un rôle de marathonienne, et je me suis inscrite au club montmartrois de Championnet sports. J’ai beaucoup « soufflé » dans ce petit stade de Montmartre mais je suis devenue une vraie coureuse de fond : d’ailleurs j’ai parcouru la Butte à pied et à vélo pendant toutes ces années et c’était fantas-tique. J’ai même fait les 20 km du marathon de Montmartre ! Il est vrai que j’avais eu un

entraînement de six heures par jour pen-

dant trois ans… Montmartre, c’est un vil-lage hors du temps, la lumière même y est différente, unique, les couchers de soleil y sont fascinants. Malgré certaines évolutions regrettables, le quartier me semble assez préservé. Jean-François Balmer est Mont-martrois de longue date : nous sommes deux Suisses devenus parisiens… avec un goût pour la montagne ! Quant à Fabien Lecœuvre, mon compagnon, vous connaissez son atta-chement pour Montmartre : chose curieuse, nous y avons longtemps vécu, à la même période, fréquentant les mêmes lieux, sans jamais seulement nous croiser… Il aura fallu que nous quittions le quartier l’un et l’autre pour nous rencontrer… Mais c’est quand même notre « village commun ».

Comment avez-vous été amenée à écrire et dire ces jolis contes pour enfants ?Par le pur hasard : j’étais en Suisse quand on m’a proposé la narration de Pierre et Le loup en concert, et le chef d’orchestre souhaitait compléter le récital par un second conte, un nouveau texte, inédit… Mon frère s’est enga-gé pour moi : « Ma sœur saura écrire ça… » J’ai relevé le défi et, après le concert, il ya eu les spectacles, les CD enregistrés sur la musique de Maryse Bonnet. J’y suis allée à l’instinct dans mon écriture. L’enthousiasme des enfants est aussi « spectaculaire » : d’ail-leurs il arrive que certains montent sur scène pendant le spectacle !

Propos recueillis par Jean-Manuel Gabert

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PM 13-90★★★★HISTORIQUE

ORIGINES DE L’ACCÈS À MONTMARTRE

PAR LE PONT CAULAINCOURT

La commune de Montmartre, rela-tivement isolée de sa « si proche capitale », Paris, tout comme les

autres villages de la périphérie, en raison de la présence de la large enceinte dite des Fermiers généraux, vont sortir de cet « isolement » au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Montmartre, La Chapelle Saint-Denis, Les Batignolles, La Villette, autrefois qualifiés de villages extra-muros, sont devenus des villages intra-muros, puisque maintenant conte-nus à l’intérieur de la nouvelle enceinte fortifiée, dite de Thiers. L’ensemble de ces villages constitue ce que l’on appel-lera désormais « la petite banlieue » de la capitale.

Dès que le gouvernement eut en-visagé d’étendre les limites administra-tives de la capitale, en intégrant les vil-lages ou banlieues dites intra-muros, le projet, (déjà d’un grand Paris !), déclan-cha de vives oppositions. Programmée et organisée, depuis le début de l’année 1859, par le préfet Haussmann, on com-prend aisément combien cette extension devait modifier, je dirai même boulever-ser, après celle des populations pauvres et laborieuses de la capitale, la vie des habitants de chacune de ces communes. Pour mener à bien cette extension, (cette révolution, n’ayons pas peur de le dire !), l’Empereur Napoléon III avait chargé son ministre de l’intérieur, M. Delangle, d’étudier en détail le volumineux dos-sier la concernant, puis de lui rédiger

un mémorandum sur l’opportunité de l’annexion de cette « petite banlieue ». Afin d’agir dans la plus grande légalité possible, une enquête publique fut ou-verte dans chaque mairie des communes concernées. Les conseils municipaux furent réunis en séances extraordinaires et leurs résultats furent exposés au cours d’une réu-nion, que l’on peut qualifier elle aussi d’ex-traordinaire, du conseil munici-pal de Paris le 11 mars. Natu-rellement, ce projet d’exten-sion des limites administratives de la capitale, décidée par le gouvernement, n’était pas in-nocente : elle avait parmi ses objectifs, un objectif principal, plus ou moins caché, celui de contrôler, faute de pou-voir l’empêcher, voire même la freiner, l’explosion démographique que connaît l’ensemble des banlieues limitrophes intra-muros, car ils étaient nombreux les parisiens modestes qui avaient été déjà chassés de la capitale en raison du coût de la vie, et plus particulièrement du montant des loyers ! Enfin, pour réaliser toutes les transformations prévues, dont le coût est colossal, les travaux seront financés à l’aide de nombreux emprunts, que les autorités dissimuleront à travers de savants montages financiers entre la ville, les spéculateurs et les entre-preneurs. Jules Ferry, futur ministre de

l’instruction publique, témoin de cette politique, fit paraître à ce sujet un pam-phlet au titre évocateur : « Les comptes fantastiques d’Haussmann » !

L’annexion de « la petite banlieue » en question, décidée par Napoléon III et organisée par le baron Haussmann

que l’on voit ici signer le décret d’annexion, se traduit donc par l’absorption totale de onze communes, parmi lesquelles se trouvent Montmartre et les villages intra-muros voisins de La Chapelle (Saint-De-nis), La Villette et Les Batignolles, tous villages ou paroisses élevés au rang de com-munes, par un décret du 14 décembre 1789. Désormais, la com-mune de Montmartre autrefois encadrée :

À l’ouest par la commune des Batignolles – Monceau ;

À l’est par la commune de La Cha-pelle Saint-Denis ;

Au nord par l’enceinte fortifiée de Thiers (du bastion 35 au bastion 37), dont la construction débutée en 1840-41, s’acheva en 1844 ;

Au sud par les boulevards dits « boulevards extérieurs » : les boule-vards de Clichy, de Pigalle, des Martyrs, de Rochechouart, des Poissonniers et de La Chapelle, ouverts sur l’emplacement qu’occupait l’enceinte des Fermiers Gé-néraux, fait partie désormais du XVIIIe

LE TERRASS HÔTEL

UN QUATRE ÉTOILES FÊTE SES CENT ANS À MONTMARTRE !

★★★★

Napoléon III et Haussmann

Page 23: Paris Montmartre - mars 2013

PM 13-90★★★★ HISTORIQUE

arrondissement de la nouvelle capitale : « Le grand Paris d’Haussmann ».

L’annexion terminée, il est rapidement envisagé de créer de nouveaux accès entre Paris et les communes annexées. À Montmartre, afin d’en faciliter l’accès depuis la place Clichy, naît le projet de construction d’un pont (La passerelle Cau-laincourt), qui devra enjamber le cimetière sous Montmartre, dont on découvre ici l’entrée telle qu’elle était en 1860 puis, une fois le pont construit la voici la nouvelle entrée du cime-tière, à l’extrémité de l’avenue Rachel, ex-avenue du cimetière du Nord. Une fois le projet de construction de la passerelle adopté, l’administration va se heurter à de nombreuses oppo-sitions. Outre les graves et longues polémiques habituelles,

consécutives à tout changement, l’administration sera confrontée à un autre problème, car parmi les tombes susceptibles d’être déplacées, se trouve la sé-pulture de l’amiral Jean-Baptiste Alphonse Baudin (1811-1851). Reconnu comme un ardent défenseur

de la légalité républicaine, Alphonse Bau-din était tombé sur les barricades le 3 décembre 1851, alors qu’il tentait d’entraîner, parmi les émeutiers, les ouvriers qui s’opposaient au coup d’état du prince président Louis Napoléon Bonaparte, dès le 2 décembre. Ce dépla-cement suscitait dans une partie de la population une profonde indignation, car il faut comprendre combien sa mémoire était encore profondément présente et respectée. Les édiles pari-siens, le baron Haussmann en tête, seront fortement accusés de profanation, avant d’être exposés à de violentes attaques, parti-culièrement odieuses et grotesques. Certains polé-mistes iront même jusqu’à reprocher au pouvoir im-périal de chercher à pour-suivre, jusque dans la mort, la famille de ce « Défen-

seur de la légalité républicaine ». Les enfants de l’amiral, qui sont bien entendu de farouches opposants au projet, déposeront de très nombreuses signatures, résultat d’une large pétition. Ils obtiendront comme première victoire, qu’une commission sénatoriale soit installée en mai 1861. Après deux journées de débats, malgré un vote favorable où Haussmann obtint une majorité de 50 voix contre 38, la polémique ne s’arrêta pas pour autant. Cette polémique, à laquelle viendront s’ajouter de basses manœuvres po-litiques, durera si longtemps, qu’il faudra attendre la chute du Second Empire et l’avènement de la Troi-sième République pour que la construction du pont Caulaincourt soit enfin acceptée, non sans être plusieurs fois retardée par de nombreuses grèves. L’invitation, reproduite ci-contre, nous précise la date exacte de l’inaugura-

tion de la « passerelle Caulaincourt » : le 16 décembre 1888, en présence du préfet Poubelle, accompagné du maire du

XVIIIe arrondissement en fonction : Émile Bin. Sépulture Baudin

Le Pont Caulaincourt Entrée du cimetière en 1860 L'avenue Rachel et l'entrée du cimetière en 1860

Grève du chantier Caulaincourt

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★★★★

HISTORIQUE

Élu maire en 1883, il sera invité à ce titre à présider en janvier 1887 le pre-mier banquet de la Société d’Histoire et d’Archéologie « Le Vieux Montmartre », créée en 1886. Peintre de son état, Bin reçut dans son atelier de la rue Cauchois de nombreux élèves, parmi lesquels : Léandre, Signac et Henri Rivière. Son portrait du général Boulanger lui vaudra une sévère punition, il sera révoqué en 1889. On lui doit aussi un portrait de Clé-menceau et un tableau montrant la pose de la première pierre de l’église Notre-Dame-de-Clignancourt.

LE “TERRASS HÔTEL”C’est en 1909 qu’Edmond Hurand, propriétaire de l’Ély-

sée-Montmartre, se rendit acquéreur de l’immeuble situé au 12 de la rue Caulaincourt, un immeuble voisin d’un garage qui a longtemps porté le nom de « Garage de l’hippo-drome ». Il y a encore peu, nom-breux étaient ceux qui se deman-daient pourquoi il portait ce nom, mais aujourd’hui celui-ci n’est plus visible sur la façade. L’explication est cependant très simple : elle est due à la proximité de l’hippodrome de Montmartre, construit sur l’em-placement des ex-jardins Forest, à l’angle des rues Forest et Caulain-court, après que l’on ait supprimé ce-lui de l’Alma pour permettre l’instal-lation des pavillons de l’Exposition Universelle de 1900 à venir. Inau-guré le 18 mai de la même année, on y présentait des spectacles équestres de grande qualité et, parmi ceux-ci, comment ne pas citer le spectacle de Bill Cody, plus connu sous le nom de « Buffalo Bill » ! En 1901, l’éta-blissement devient l’Hippo-Palace, et quelques temps plus tard, son arène

est transformée en une piste de cirque

pour accueillir le cirque Bos-

tock. En 1910, le cinéma Gaumont Palace

s’y s’installe à son tour.

Avec l’immeuble du 12 rue Caulaincourt, Edmond Hurand se rend aussi acquéreur de la brasserie située à l’angle de la rue de Maistre (devenue rue Joseph de Maistre) et de la rue Caulain-court, ainsi que du terrain attenant, rue de

Maistre, de près de 1000 m2. C’est sur ce terrain que M. Edmond Hurand décida d’élever un premier hôtel de 120 chambres. Une fois la construction termi-née, il faudra attendre une ou deux années avant qu’il soit enfin inauguré, fin 1911 ou début 1912, sous l’enseigne du « Terrass Hôtel ». C’est donc sous ce nom qu’on le verra apparaître, pour la première fois, dans le Bottin de 1912, rien n’étant référencé d’ailleurs dans le Bottin de 1911 à cette adresse ! L’emplacement choisi était idéal : une vue exceptionnelle, un accès direct à Paris

grâce à la passerelle Caulain-court, un accès qui permet la correspondance avec les omnibus dont les terminus se situaient principalement au ni-veau de l’ancienne barrière de Clichy. Afin de profiter de l’ex-ceptionnelle vue sur la capitale, une terrasse est ouverte, qui

couvre alors la totalité du toit de l’établis-sement. En 1920, Edmond Hurand se sépare de l’hôtel et de la brasserie, que l’on peut aisément découvrir sur les deux cartes postales de l’époque, reproduites ici. Mais cette séparation sera de courte durée, car M. Hurand les rachètera trois ans plus tard.

C’est à ce moment qu’il décide de construire un second hôtel, d’une centaine de chambres, situé juste au-dessus de la brasserie. La construction de ce remarquable bâtiment utilise un matériau nouveau : le « ciment pierre » des établissements Poliet & Chausson, un matériau que vante (et recommande) un touriste de passage à Paris, comme on peut le lire dans sa cor-respondance écrite au verso de sa carte postale. Mais quelle est la nature exacte de ce nouveau matériau ? Le ciment pierre, ou ciment moulé (comme tout ciment, il s’agit d’un mélange ob-

Brasserie 1918

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HISTORIQUE

tenu après cuisson et broyage de roches calcaires +/- argileuses), parfois appelé « Or gris », est le résultat des travaux d’un généreux inventeur, Louis Vicat (né à Grenoble en 1786, décédé à Gre-noble en 1861). Spécialisé dans l’étude des chaux et des mortiers, cet ingénieur découvre en 1817 le principe des liants

hydrauliques qui abou-tira à l’invention du « ciment artificiel lent ». Après avoir déterminé la composition exacte des ciments naturels, Louis Vicat est en mesure de mettre au point la tech-nique de fabrication des ciments artificiels, mais c’est surtout son fils, Joseph Vicat, qui appor-tera une dimension in-dustrielle à ses travaux en créant en 1853 une première cimenterie dévolue à cette pro-duction : La Société Vicat. Rapidement, ce nouveau matériau, qua-

si-révolutionnaire, fera merveille dans la construction de nombreux ouvrages, des immeubles d’habitation aux bâtiments militaires, des monuments, comme la chapelle de la réconciliation à Grenoble (1876) au petit pont moulé du Jardin des Plantes, ainsi que de nombreux ouvrages destinés au stockage de l’eau potable. Ce succès est dû, en particulier, au faible coût des moulages de ciment qui autorise la création d’une multitude d’ornements que l’on croirait sculptés dans la pierre. Fondée en 1901 par Paul Chausson et Jules Poliet, l’entreprise connut un déve-loppement explosif après la première guerre mondiale, tellement le besoin de reconstruire était présent. Aujourd’hui, la société “Poliet et Chausson” appartient au groupe Saint-Gobain.

Les importants travaux qu’imposent cette construction ne s’achèveront qu’en 1925, année du décès de Edmond Hu-rand. Son fils Maurice Hurand lui suc-cèdera. L’établissement, composé alors

des deux hôtels, avec ascenseur, chauf-fage central et salles de bains à chaque étage, compte désormais un total de 211 chambres.

Durant la guerre de 1939-1945, l’hôtel fut réquisitionné par les autorités allemandes. À la Libération, il deviendra le siège de la police américaine (Mili-tary Police). Le petit fils du fondateur, Jean Max, décidera, peu de temps après la Libération, d’entreprendre, à son tour, d’importantes modifications, dirigeant lui-même les travaux de réfection et de

rénovation qu’il avait projetés. Pour réa-liser son objectif, il réunit l’ensemble des deux bâtiments en un hôtel unique, qui ne comportera plus que 108 chambres, avec tout le confort moderne qu’exige l’époque. A la fin des années cinquante, un bar est ouvert sous l’intitulé « Au coin du feu ».

En 1965, lorsque le Terrass Hôtel reçoit ses trois étoiles, l’hôtel abrite deux restaurants : Le Pistou et Le Guerlande. Au cours des années 70, l’hôtel est à nou-veau récompensé en obtenant une qua-

trième étoile. Aujourd’hui, le Terrass Hô-tel ne compte plus que 85 chambres et 15 suites avec plateau courtoisie, minibar, air conditionné, coffre-fort et accès inter-net haut débit. La brasserie qui avait pour nom Albaron, n’existe plus. En 1992, le restaurant La Terrasse remplace Le Guer-lande. Suite à l’acquisition d’un terrain voisin d’environ 200 m2, le hall est réa-ménagé et permet l’ouverture de vastes salons destinés à accueillir, depuis 1998, des conférences, des banquets, des fêtes, des expositions et des manifestations comme celle du prix « Diapason du livre d’art ». Paris-Montmartre, partenaire de ce prix, a eu le plaisir d’y organiser des cocktails de sortie de son magazine, dans une amicale ambiance grâce à l’accueil que nous réserve Madame Binet, petite fille de Maurice Hurand, dont le mari est le P.D.G. de la société. Le restaurant, rebaptisé « Le Diapason », présentait, jusqu’il y a peu de temps, avec son chef, une carte dîner remarquable.

Grâce à l’amabilité de Madame Binet, j’ai eu la possibilité et le plaisir de consulter plusieurs des livres d’or de l’établissement. J’y ai découvert que les personnalités les plus diverses sont ve-nues au Terrass Hôtel :

- Entre autres, le peintre Yves Tan-guy y avait pris l’habitude d’y recevoir plusieurs de ses amis et parmi eux des surréalistes comme Breton, Max Ernst, Arp…

- Des écrivains et des artistes : Colette, Michel Simon, Pierre Brasseur, Samson François feront partie des fidèles clients de l’hôtel.

De 2009 à 2011, chaque fin d’an-née, dans les salons du Terrass Hôtel, le prix « Diapason du livre d’art » était dé-cerné en collaboration avec votre revue Paris-Montmartre. Le jury était composé de plusieurs personnalités.

Jean-Paul Bardet

Brasserie 1906

Montmartre, la rue Caulaincourt

Maurice Hurand sur la terrasse

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PM 13-90LA VIE EN CHANSONS

Ce dossier spécial « La vie en chansons » vous invite au voyage le plus mélodieux, à travers la chanson française : Fabien Lecœuvre, son meilleur historien et conteur, nous servira de guide. Nous saluerons au passage M. Trenet, représenté par Christian Lebon, président

des amis du grand Charles (celui de la poésie), nous rendrons hommage à Michel Berger, grâce à son ami le photographe Thierry Boccon-Gibod, sans oublier Le grand Francis Lai, et ce talent de la musique d’aujourd’hui qu'est la chanteuse Soukaïna Oufkir… Bon voyage en chansons !

D és son plus jeune âge, la vie pour Soukaïna Oufkir devient un véritable enfer. Fille du général Mohamed Ouf-

kir, elle sera avec sa famille détenue pendant vingt ans dans plusieurs prisons marocaines. L’injustice frappe le destin de cette jeune fille de 9 ans, qui paye très cher le complot per-pétré par son père contre le Roi Hassan II, dont elle n’est pourtant pas responsable. La liberté n’a pas de prix et pourtant Soukaïna reçoit 170.000 euros d’indemnisation de l’IER (Instance équité et réconciliation), un chèque en guise d’anxiolytique. Elle a investi une grosse partie de l’argent à l’achat de maté-riel de musique et en cours de chant et de guitare.

Soukaïna raconte avec humour les souf-frances et les humiliations subies, dans son livre paru en 2008 aux éditions Cal-mann Lévy La vie devant moi. Résidant non loin de Marseille, elle ne s’impose aucune contrainte, pas de ramadan et pas de prière. La bonté, elle l’a dans son cœur et en fait usage tous les jours. Sou-kaïna croque la vie à pleines dents, pour

rattraper le temps perdu – appréciant les plaisirs simples, comme boire une bière bien fraîche devant un magnifique coucher de soleil…

A présent, elle est devenue une femme libre, sensible, forte et surtout une chan-teuse exceptionnelle. Soukaïna Oufkir est auteur, compositeur et interprète. Ses

textes sont souvent écrits dans le souve-nir de ses années sombres mais jamais avec la haine et la colère, juste avec un amour dont seule la souffrance peut être la source. Cette femme nous surprend par sa simplicité et sa joie de vivre. Après son premier titre « Cours », une pure merveille, elle revient au devant de la scène avec son deuxième single « Il y a toi », extrait de son premier album en préparation qui passe par la bossa, le jazz et même une valse.

Alexandra Cerdan

A.C. Comment voyez-vous la vie après tant d’années de souffrances ?

Soukaïna Oufkir : Une urgence. C’est un cadeau mais jamais une fatalité.

A.C / Vous arrive-t-il de retourner au Maroc ?

S. Oufkir : Oui, de temps en temps pour visiter ma mère et mes amis.

A.C / Vous sortez un nouveau CD « Il y a toi » : pourquoi une rythmique jazzy ?

S. Oufkir : J’ai travaillé avec Julien Husson, un très bon guitariste et arran-geur de jazz.

La deuxième chanson du single « Cache, cache ta peur », est un genre bossa. Je ne m’impose aucun style en particulier, il y a même une valse qui figurera dans l’album en préparation et le tout aura une cohérence autour des

textes.

A.C / Vous êtes une personne franche et honnête, vous fixez-vous des limites dans l’écriture de vos textes ?

S. Oufkir : Non, aucune limite et aucune autocen-sure.

A.C / Comment définissez-vous le bonheur ?

S. Oufkir : Un instant fu-gace inoubliable et donc éternel.

A.C / Que pensez-vous des droits de la femme dans les pays du Maghreb ?

S. Oufkir : Pas seule-ment dans les pays du Maghreb, les droits de la femme doivent être à mon sens une priorité absolue, car l’évolution de la planète passera par les femmes. C’est peut-être pour cela qu’elles

sont autant brimées.

SOUKAÏNA OUFKIRLa liberté retrouvée

Le single (2 titres « Il y a toi » et « Cache, cache ta peur ») est en vente sur les plateformes de téléchargements : I tunes, Fnac, Deezer etc. Recommandé par RFI.

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PM 13-90 LA VIE EN CHANSONS

UN EXILÉ MONTMARTROIS

FRANCIS LAINÉ le 26 avril à Nice, sous le

signe du Taureau, Francis Lai a écrit la musique de plus de

cent films et signé plus de 600 chan-sons. Personnage méconnu parce que trop discret, vous diraient ses collaborateurs, Francis Lai est le com-positeur français de musiques de film ayant vendu le plus grand nombre de disques dans le monde. Ses œuvres ont obtenu des récompenses dans le monde entier avec en 1970, la plus prestigieuse d’entre elles, un Oscar à Hollywood pour la musique du film Love Story. Après une tournée triomphale au Japon, il a relevé le défi de faire découvrir au public l’accordéon éléc-tronique, à Londres, en 1974, avec le Royal Philharmonic Orchestra : car Francis Lai est aussi un pionnier dans la recherche des sons synthétiques, des samples et dans l’utilisation de l’informatique musicale.

Bernard Deharbre : Francis, où as-tu passé ton enfance ?

Francis Lai : Je suis né à Nice dans les années 30, de parents horticulteurs-fleu-ristes d’origine italienne. Mes premiers cours d’accordéon, je les dois à un cousin, Pascale de Luca, qui m’a vraiment donné les bases musicales de l’instrument. Et c’est ainsi que, quelques années plus tard, j’ai pu commencer à animer des bals sur la Côte d’Azur…

B. D. : Y a-t-il eu une rencontre qui a déclenché ta carrière ?

F. L. : C’est Claude Goaty qui, à l’époque, remportait déjà un certain succès sur la Côte et cherchait un accompagnateur atti-tré. Mais pour cela, je devais le suivre à Paris. Et c’est là que ma première chance se concrétise : je découvre la butte Mont-martre, c’était à la fin des années cin-quante. J’habitais alors très modestement rue Norvins avec un confort très précaire, sans téléphone, et c’est Attilio, le voisin du « Pichet du Tertre » qui me criait : « Jac-ky, on te demande, téléphone ! » Et après Claude Goaty (1), les événements se sont

vite enchaînés. J’ai accompagné Édith Piaf pendant un certain temps, mais mon port d’attache étant sur la Butte, j’ai eu la chance de rencontrer chez Attilio, dans son caba-ret « Le Pichet du Tertre », Pierre Barouh, qui fut l’un de mes premiers paroliers avec le fameux « Cha bada…», dans le film Un homme et une femme : d’où mes premiers contacts avec Claude Lelouch et aussi avec le poète Bernard Dimey, un fidèle ami du Pichet, l’auteur de la célèbre Taverne d’Atti-lio (2).

B. D. : Tu es, je crois, le seul et unique compositeur des films de Lelouch ?

F. L. : Depuis L’aventure c’est l’aventure, il y a eu La belle histoire, Les uns et les autres, L’itinéraire d’un enfant gâté, etc. j’ai 34 films à mon répertoire ! Plus le nouveau film de Claude, qui est actuellement en tournage dans ma région d’adoption et s’intitule : Salaud, on t’aime.

Cher Francis, les aléas de la vie nous ont séparés, mais entre Montmartrois on se retrouve toujours… ainsi de notre dernière rencontre lors de l’un de mes voyages à Paris. Exilé comme toi, j’ajoute que les rives du Léman, c’est bien, mais… les souvenirs de la Butte me hantent !

Bernard Deharbre

« Mon séjour sur la Butte a été l’un des événements les plus importants de ma vie »

Emile Mustacchi Le « Lautrec » de Perpignan enregistre un CD

N é en Sicile, Emile Mustacchi a deux ans quand ses parents arri-vent en Belgique. Deux années

plus tard, sa famille s’installe au Maroc, à Casablanca, qu’il quittera trente ans après pour revenir à Bruxelles. Présenté à la princesse Donna Paola Ruffo di Calabria, qui deviendra en 1993 Reine de Belgique, celle-ci confie à l’artiste peintre le portrait des ses trois enfants, le Prince Philippe, le Prince Laurent et la Princesse Astrid. Puis Emile rejoint ses parents dans le sud de la France, à Perpignan, ville Catalane, enso-leillée et ventée où il exerce difficilement son art. Il devient rapidement un person-

nage incontournable et atypique des Pyré-nées Orientales, où sa ressemblance avec Toulouse-Lautrec ne passe pas inaperçue. Comme lui, Emile aime les femmes et il ne se prive pas pour les dessiner nues, sans vulgarité aucune. L’artiste peintre vient de sortir son premier CD comico-délirium « Emile et une nuit », un disque conçu pour faire la fête – mariage, anniversaire, etc. Ce CD est produit par les magasins C3 (les cigarettes électroniques). La musique et la réalisation sont de notre collaboratrice Alexandra Cerdan.

(1) Les disques ILD ont récemment sorti un CD des succès de Claude Goaty « Les trésors oubliés de la chanson » - contact e-mail : [email protected]

(2) éditions Sem-Méridian

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PM 13-90LA VIE EN CHANSONS

ui ne l’a entendu, sur le petit écran ou sur les ondes, évoquer avec science et ten-

dresse l’une ou l’autre de ces chan-sons qui ponctuent nos vies ? Étrange chose que ces petites œuvres de trois minutes, capables de nous hanter si longtemps… Oui, Fabien Lecœuvre connaît les chansons, mais aussi les chanteurs, auxquels il a consacré de nombreux ouvrages biographiques (Jacques Brel, Claude François, Joe Dassin, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Mylene Farmer, etc.) Cet homme de l’ombre « passé à la lumière » malgré

lui, qui consacre sa vie aux artistes comme à la défense et illustration de la chanson française, mériterait, lui aussi, un ouvrage tant son parcours est exemplaire.

Habitué des plateaux télé, Fabien est donc d’abord un auteur, à formation d’historien : aux antipodes des « pro-duits showbiz », l’homme est érudit et passionné, comme il se doit d’un véritable conteur. De fait, si l’attaché de presse auréolé de disques d’or s’est imposé depuis plusieurs années en animateur chroniqueur recherché, il le doit à ses livres à succès, fruits d’années de recherches, qui n’ont cessé d’alimenter son « répertoire ». Et d’abord à son second titre, « Les années romans-photos », vendu à 40.000 exemplaires, qui a déclenché de nombreux passages télés…

Ql’Homme est érudit

et passionné, comme il se doit d’un

véritable conteur

Défense et illustration de la chanson française

FABIEN LECŒUVRE

Fabien et sa compagne, la comédienne Anne Richard (voir pages 20 et 21)

par Jean-Manuel Gabert

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PM 13-90 LA VIE EN CHANSONS

Nous nous sommes ren-contrés à la fin du XXe siècle, alors que Fabien Lecœuvre était installé à Montmartre, son quartier de cœur. Paris-Mont-martre avait alors consa-cré une interview à ce jeune attaché de presse déjà renommé mais pas encore médiatique, installé rue Ramey, dans l’ancien appartement de Jackie et Fernand Sardou, et habitué de la « guin-guette italienne » de chez Graziano, nichée sous les ailes du Moulin de la Galette. Après avoir été l’attaché de presse de nombreux artistes dans les années 80 (Delpech, Michèle Torr, Chantal Goya, Bosso…) il venait de fonder, en 1993, sa propre entreprise – Fa-bien Lecœuvre Organisa-tion – son côté résistant et organisé lui valant rapidement pour surnom « le Colonel ». Une profes-sion originelle qu’il aime et n’a jamais abandon-née – depuis 2005 il est l’attaché de presse de la tournée « Age tendre et tête de bois » initiée par Michel Algay – et ce mal-gré sa participation à une moyenne de 120 émis-sions de télévision par an.

Quinze ans après cette première interview dans

nos colonnes, nous avons donc retrouvé Fabien à l’occasion de la parution du « Petit Lecœuvre illus-tré », un volumineux dictionnaire de la chanson française, qui recense et raconte l’histoire de plus de 500 succès de 1870 à nos jours. Ah, la « belle ouvrage » que voilà, regor-geant d’anecdotes inédites ! De quoi s’émerveiller en découvrant la vraie vie des chansons, leur parcours souvent surprenant, les aléas de leur destinée, de leur naissance à leur… « éternité », à travers les mémoires collectives.

Quel a été votre critère de sélection pour réaliser ce dictionnaire ?Je me suis basé sur les grands classements des chansons les plus diffusées, les plus interpré-tées, de ces cinquante dernières années. Techniquement, ce fut un travail énorme pour retracer le parcours de chaque chanson évoquée, un travail qui m’a pris plus de douze ans.

Comment êtes-vous parvenu à recueillir autant d’anec-dotes rares, pour beaucoup inédites ?Je possède une formation d’his-torien, j’aime enquêter et recher-cher. De plus, j’ai eu la chance de côtoyer les plus grands chanteurs, auteurs, éditeurs et compositeurs, et de recueillir un grand nombre de confidences.

Il est étonnant de relever le nombre de chansons refusées par une célébrité, qui font le bonheur et la gloire d’un autre interprète. Les grands noms de la scène ne sont donc pas des visionnaires ?Mistinguett a dû faire beaucoup d’efforts pour convaincre Maurice Chevalier d’accepter Y’a de la joie. Comme un p’tit coquelicot a été refusé par Maurice Che-valier puis Yves Montand, et finalement « cueilli » par Mouloudji. C’est un para-doxe mais, à son niveau, l’artiste ne voit pas clairement les choses : positionné au zénith, il n’a plus le recul néces-saire. C’est pourquoi il doit toujours être bien entouré. Que ce soit par des équipes de profes-sionnels, ou simple-ment par un ar-tiste, un confrère, qui, de l’extérieur, porteront un regard objectif. Générale-ment, l’être humain ne sait pas, il n’est

pas clairvoyant pour lui-même, et c’est pourquoi les artistes ont toujours intérêt à être accompa-gnés, encadrés – c’est le rôle des agents. Dans, La Difficulté d'être, Jean Cocteau développe cette idée, et rappelle par ailleurs que la célèbre formule shakes-pearienne « To be or not to be » est mal comprise, et qu’il ne s’agit pas en fait d’une question – mais d’une réponse. Or si l’on choisit d’être, il faut être accom-pagné, éclairé par l’autre.

Dans le prolongement de cette question, vous écrivez : « Très souvent, lorsqu’une chanson n’a pas les faveurs de son interprète, les pro-grammateurs de radio l’adorent et la choisissent ». Oui, et il arrive que l’artiste s’entête : ainsi pour Serge Reg-giani qui avait enregistré à contre cœur Il suffirait de presque rien, et qui continuait, après le succès public avéré et sa diffusion régu-lière sur les ondes, de refuser de la chanter sur scène ! On pourrait en citer beaucoup d’autres, de Cette année-là de Claude François à J'ai encore rêvé d'elle, les programmateurs

I N T E R V I E W

(Suite p.30)

Avec Daniel Guichard

par Jean-Manuel Gabert

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PM 13-90LA VIE EN CHANSONS

ont retourné le disque, et c’est la face B qui a gagné.

Il se peut pourtant que le public ne réagisse pas bien à un chef-d’œuvre : si l’on prend Les feuilles mortres, Yves Montand a été sifflé avant de l’imposer. Le public a-t-il toujours « bon goût » ?En fait, le public était surpris car le texte de Jacques Prévert, en vers libres, ne se présentait absolument pas comme une chanson de forme traditionnelle, avec couplet-refrain, celle à laquelle on était habitué depuis tou-jours. La chanson n’en a pas moins été un très grand succès. Au final, après l’effet de surprise, le public ne s’y est pas trompé…

On découvre en vous lisant qu’il y a des chansons écrites presque instantanément, et d’autres qui mettent de nombreuses années pour se trouver…Foule sentimentale d’Alain Souchon a été écrite en une semaine. Avec le temps, Léo ferré l’a composée en cinq minutes ! Et puis en effet, il y a des parcours très longs, surprenants, tout un cheminement pour aboutir à un titre. Ainsi, Padam, Padam… existait sous une première forme, dix ans avant son enregistrement. Au départ, en 1941, c’est une mélodie de Glanzberg, qui inspire à Charles Trenet les paroles « Tournons, tournons, tournons… / On oublie tout on danse la java », en liaison avec le choc de la guerre. Quelques années plus tard, Trenet l’enregistre en s’appropriant la mélodie. Piaf, furieuse, téléphone à Charles pour rafraîchir sa mémoire et la mélodie est restituée à Glanzberg. Edith, qui n’aimait pas le texte de Trenet, charge alors Henri Contet d’en créer un autre. Contet, pas du tout inspiré, soupire : « Mais qu’est-ce que je pourrais bien écrire moi, sur cette musique qui fait padam, padam, padam ? »… Et c’était parti !

On est surpris par la diversité et la qualité de nombre de ces « tubes » qui ont bercé notre jeunesse, depuis l’explosion de l’industrie du disque dans les années 60. Aujourd’hui, est-ce qu’on peut-on encore vraiment parler de « tubes » marquant les générations ? Il y a une énorme différence. Au-jourd’hui, un succès va toucher une catégorie bien précise de la population, on peut parler d‘écoute communau-taire, alors qu’avant, la France entière

chantait un refrain d’une seule voix. Désormais, les succès se classent par appartenances, succès RTL, suc-cès NRJ : presque aucun jeune, par exemple, ne connaît La jupe de laine de Julien Clerc, qui est un succès pour la catégorie des plus de 35 ans. De même, les titres des rappeurs sont ignorés de cette génération. En fait j’ai beaucoup de mal pour trouver des succès de l’année. Il faut classer par tranches d’âge, sociale, identitaire, origine ethnique et religieuse. Bref, en un mot, nous ne chantons plus ensemble.

C’est le portrait de la société, sans doute, dont cette situation fait le constat ?Je le crois.

Qu’est-ce qui fait la spécificité de la chanson française, lorsqu’on la compare aux variétés internatio-nales ?Bien sûr, ce sont les textes qui font la différence. Dans l’écriture, nous héri-tons d’une tradition qui remonte au XVe siècle, qui chemine de Villon à Jean-Baptiste Clément, de Bruant à Bras-sens. Même les auteurs moins mar-quants sont imprégnés par ce climat poétique, cette veine d’exigence… qui n’existe pas dans la variété internatio-nale.

Quelle est votre position sur la problématique actuelle du disque : téléchargement, fin du CD, dis-parition programmée de grandes enseignes de distribution ?Le disque – envisagé dans son âge d’or, celui de l’industrie dont nous par-lions – le disque mourra avec Johnny, de la même manière qu’il était né avec lui, en mars 1960. Je l’ai dit à la SACEM, où l’on m’a regardé avec les gros yeux : la musique est devenue un service et non plus un loisir. On peut le déplorer mais c’est ainsi : la musique, aujourd’hui, est un droit. Alors, com-ment va-t-on gagner notre vie mainte-nant ? se demandent les auteurs avec angoisse. C’est la grande question et elle n’a pas encore de réponse : nous sommes en effet dans la période

historique la plus difficile, la plus éprou-vante, celle de la transition.

Le succès de l’émission « Les an-nées bonheur » ne se dément pas depuis sept ans : votre complicité avec Patrick Sébastien n’y est sans doute pas pour rien ?

J’ai une telle entente avec Patrick, nous sommes en communion parfaite. Patrick Sébastien est d’abord un grand

artiste, et c’est pourquoi il est un grand animateur, mettant sa sensibilité d’ar-tiste au service de l’émission. En cela il est très différent des autres, hors normes. En fait, nous nous regardons, et nous nous comprenons instantané-ment.

Propos recueillis par JEAN-MANUEL GABERT

Pour retrouver Fabien LecœuvreLes années bonheur : depuis 2006 Fabien est aux côtés de Patrick Sébastien pour distiller ses anecdotes dans l’émis-sion diffusée une fois par mois, à 20 h 30, sur France 2.

Seriez-vous un expert ? avec Julien Courbet – de 17 heures à 18 heures sur France 2, deux fois par semaine.

Touche pas à mon poste : avec Cyril Hanouna. Une façon de revisiter au quoti-dien toute l’histoire de la télévision, entre 18 h 30 et 20 heures, sur la chaîne D8.

Village départ : chaque été, à l’occasion du Tour de France, Laurent Luyat fait appel à Fabien pour parcourir la France en chansons, tous les jours durant le Tour, de 12 h 50 à 13 h 45 sur France 3 (cen-tième édition cette année).

Enfin, Fabien est présent tous les same-dis et dimanches de 14 heures à 16 heures, aux côtés de Serge Poezevara dans l’émission de radio « On repeint la musique » sur France Bleu.

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Le petit Lecœuvre illustré pré-sente une véritable « biographie » de chaque chanson répertoriée. Comme dans tous les diction-naires, on s’y promène, revient, repart, retourne… Pour vous mettre en appétit, voici quelques exemples parmi les centaines de révélations, anecdotes, surprises que vous réserve l’ouvrage.

Le Château des Laze existait réel-lement. Une grosse surprise pour Mi-chel Polnareff, qui ne l’a découvert… qu’après avoir enregistré le titre !

Le Temps des cerises, n’a pas été composée pour la Commune de Paris : le titre était déjà un succès à l’Eldorado en 1868. Il n’a pris sa dimension révolu-tionnaire qu’après les événements.

Amsterdam était considérée par son auteur, Jacques Brel, comme une

chanson « bancale ». Il ne l’a d’ailleurs jamais enregistrée en studio !

Avec le temps fut écrite par Léo Fer-ré après sa rupture avec Madeleine – qui, par jalousie sans doute, avait tué Pépé, la guenon de Léo.

La balade irlandaise fut refusée par les plus célèbres crooners du temps (Jean-Claude Pascal, André Claveau). Quant à l’auteur, Eddy Marnay, il était

très opposé à son interprétation par Bourvil…

L’Auvergnat de Brassens s’appelait Marcel : et il était de Seine-et-Marne ! Marcel fut ainsi «relocalisé » au centre de la France afin de « déstigmatiser » l’avarice légendaire des Auvergnats... Quant au public anar de Brassens, il n’aimait pas la chanson, considérée dans sa dimension « chrétienne »…

LA VIE EN CHANSONS

L’incroyable histoire des plus belles chansons

Avec Patrick Sébastien et Hugues Aufray, qui lui a remis les insignes de chevalier des Arts et des Lettres.

La tablée des « Années Bonheur »

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PM 13-90LA VIE EN CHANSONS

Comme d’habitude : le titre fut com-posée sur un slow intitulé For me, com-position française, malgré son titre ! de Revaux. Clo-Clo voulait évoquer sa douloureuse rupture avec France Gall.

Fort me devint Comme d’habitude qui se transforma de nouveau en My way pour Sinatra. Il en existe plus de 1169 versions !

Et moi et moi et moi : avec ces pa-roles provocatrices, Lanzmann a lancé une satire de l’égocentrisme des chan-teurs « yé-yé ». L’équipe de Dutronc était en guerre avec l’équipe d’Antoine,

les deux se trouvant pourtant appartenir à la même maison : Vogue !

L’Hymne à l’amour : Édith Piaf est l’auteur de cette chanson, qu’elle a écrite exactement 44 jours avant la disparition de Marcel Cer-dan dans un accident d’avion. L’exemple troublant d’un titre à dimension prémonitoire, où Edith exprime ce qui va bien-tôt se révéler la tragédie la plus éprouvante de sa vie.

Nantes : La rue de la Grange-aux-loups, a été baptisée ain-si… après la chanson Nantes ! Ce nom de rue, présent dans le texte de la chanson, était une pure invention de Barba-ra. La municipalité de Nantes a pourtant décidé de la créer en 1986, en référence à ce

grand succès de la belle dame brune, qui datait de 1963. C’est ainsi que Barbara assista, au côté de Gérard Depardieu, à l’inauguration officielle de sa rue imaginaire, devenue réelle !

Ne me quitte pas est la chanson la plus montmartroise de Jacques Brel : elle s’adresse à Suzanne Ga-briello, rencontrée en 1955, l’une des trois célèbres « filles à papa » de la butte Montmartre : Suzanne, fille du chansonnier Gabriello, Perrette Sou-plex, fille de Raymond, et Françoise Dorin, fille de René. Suzanne officiait comme présentatrice à l’Olympia, et elle s’était beaucoup investie pour le lancement de Jacques Brel. Or, malgré le titre, c’est bien lui qui l’a quittée (sa femme, après avoir donné naissance à leur troisième fille, en 1958, étaient venue le rejoindre à Paris). Brel n’avait pas prévu de chanter cette « supplique de femme amoureuse », qui souligne la lâcheté des hommes (bien connue des femmes). C’est ainsi qu’il l’a offerte à Simone Langlois, une autre Montmartroise. Simone l’a enregistrée en janvier 1959, avant que Brel n’en donne sa propre version.

Santa Monica : c’est dans la chaleur du métro parisien, et non sous le ciel de Californie, qu’Alain Turban a écrit Santa Monica, tout simplement en apercevant ce titre dans le « Libé » de son voisin de siège, en 1979, alors qu’il se rendait en studio…

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PM 13-90 EVÉNEMENT

MONTMARTRE A L’HEURE BULGAREL e 10 novembre 2012,

« Montmartre en Europe » a reçu les représentants

bulgares de la Fondation Yavorov venue présenter en avant-première le film documentaire « Elle Mina », retraçant la vie sentimentale et littéraire du grand poéte Yavorov. Le film retrace une partie de la vie du célèbre poète Peyo Yavorov (1878-1914) à travers son amour passionné pour Mina Todorova, décédée en 1910 d’une tuberculose. Le film com-porte des scènes tournées à Montmartre car le poète aimait s’y promener. Les sentiments de Yavorov pour Mina constituent le cadre émotionnel de deux collec-

tions de poèmes parues en 1907 et en 1910. L’association Mont-martre en Europe a été à l’initiative de cet échange culturel « montmar-tro-bulgare » qui a remporté un vif succès, non moins de 80 participants à la projection du film en présence des repré-sentants de l’Ambassade de Bul-garie, du Syndicat d’initiative et de la République de Montmartre.Cette journée s’est poursuivie par une lecture des œuvres poé-tiques de Yavorov en français et en bulgare avec le concours des représentants de l’association

Mission Bulgarie et de l’Ecole Bul-gare Cyrille et Méthode de Paris. Un accueil chaleureux dans les vignes a été réservé à la délé-gation par Michel Coulon, repré-sentant le Syndicat d’Initiative, partenaire dans l’organisation de cet événement, et Martine Le Quentrec de l’association Mont-martre en Europe, en présence

de Marielle-Frédérique Turpaud, Maire de la Commune Libre de Montmartre qui a retracé l’his-toire des vignes, ponctuée de quelques poèmes de circons-tances.La délégation reviendra pour pré-senter le deuxième film en cours de réalisation sur la fin de vie ro-mantique et tragique de Yavorov.

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Accueil montmartrois dans les vignes en présence de Martine Le Quentrec (4e gauche), Michel Coulon (2e droite) du Syndicat d’ini-tiative, Marielle-Frédérique Turpaud Maire de la Commune Libre. Olivier Furon Bazan Président de la SAPF association poétique partenaire (2e gauche) et Elena Ravol Bon, Alliance France Bul-garie (3e gauche), Todor Ivanov, président de la Fondation Yavo-rov (1er à gauche), la scénariste du film Rumiana Lecheva (5e à gauche) et la réalistarice Ulyana Mateva (4e à droite), et Tsvetelina Manova, interpréte bulgare (1ère à droite).

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Christian Lebon

LA VIE EN CHANSONS

Charles Trenet, Gérard Thomas (fondateur de l'association CT et réalisateur TV) Charles Trenet, au théâtre de Dix- Heures pour l'inauguration de l'association Charles Trenet.

Chanteur, clarinettiste, artiste de scène complet, Christian Lebon a gardé toute la fraîcheur de sa

province natale, et n’aime rien tant qu’à découvrir de nouveaux talents. Pendant des années, il a organisé des tremplins artistiques remarqués, dans divers lieux prestigieux de Mont-martre, du Théâtre de Dix-Heures au Trianon. Et en cette année du cen-tième anniversaire de la naissance de Charles Trenet, qu’il a côtoyé pendant vingt ans, Christian se prépare à célé-brer la mémoire du chanteur poète, avec un récital enrichi de nombreuses anecdotes.

Albert de Smet : Christian, vous avez été un élève du célèbre Petit Conser-vatoire de Mireille : quels souvenirs en gardez-vous ?

Christian Lebon : J’ai préparé mon audi-tion devant Mireille, tout en poursuivant mes études à l’ESPI, une école des profes-sions immobilières, qui présentait l’avan-tage de satisfaire mes parents et m’avait surtout permis de « monter à Paris » ! Après avoir affronté quelques angoisses, j’ai réussi cet oral et je suis rentré au Petit Conservatoire. Ce fut un grand privilège d’approcher Mireille et de travailler avec elle. De ma classe je me souviens des débuts de Sophie Forte, Sabine Paturel, Jean-Jacques Vannier, Pierre Palmade, et

Jean-Noël Dupré qui avait écrit pour nous une comédie musicale « Caroline Pétard » que nous avions jouée accompagnés par Mireille au piano, dans la salle des fêtes de l’Élysée, pour l’arbre de Noël, avec Fran-çois Mitterrand au premier rang…

Comment et avec qui avez-vous créé l’association Charles Trenet dont vous êtes le président ?

L’association fut inaugurée au Théâtre de Dix-heures en 1994 en présence de Charles Trenet, de Caroline Anouilh (fille de Jean Anouilh), Anthony Dumas, qui orga-nisa les tremplins pendant 15 ans avec moi, Jean-Noël Dupré, Grégoire Collard (attaché de presse de France Gall et Michel

Un récital pour célébrer les 100 ans de la naissance de Charles Trenet

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Berger), Gérard Thomas, réalisateur TV, et Martine Tapiero, journaliste. Charles Trenet avait accepté de donner son nom à cette association afin de promouvoir la chanson française en aidant les jeunes artistes chanteurs, en favorisant la création musi-cale de toutes tendances confondues mais aussi l’écriture de sketches, et ainsi décou-vrir de talentueux humoristes. Les séances se tenaient tous les lundis soirs au théâtre de Dix-Heures, pendant quatre ans, puis au Canotier du pied de la Butte pendant six ans. Des soirées étaient également organi-sées dans de grands lieux : au théâtre du Trianon à plusieurs reprises, au Divan du Monde et à la Cigale. De toutes ces scènes ouvertes, je me souviens des débuts de Jean Dujardin, Éric et Ramzi, Bruno Salo-mone, Thierry Cham, Magali Vae, Warren Zavatta, Sandrine Alexis…

On vous a même vu en vedette au-près de Charles Trenet dans l’émis-sion de Jean-Pierre Foucault « « Sa-crée Soirée », où vous aviez inter-prété votre chanson : « Si tu crois que c’est facile »…

Charles m’avait invité à venir chanter cette chanson que j’avais sortie en 45-tours, pour cette émission. J’étais très heureux, mais je me souviens aussi de ce tract monstrueux qui m’avait envahi…

Parlons un peu de votre livre : Appe-lez-moi à 11 heures précises, publié aux éditions Didier Carpentier.

C’est un livre témoignage pour parler d’un artiste incontournable dans la chanson française et internationale : Charles Trenet. Je parle de celui que j’ai eu la chance de

rencontrer grâce à ma mère, Janine, qui tenait un salon de coiffure à Vierzon Forges et qui avait eu la bonne idée d’envoyer une de mes photos et un enregistrement K7 aux éditions Charles Trenet, sans me le dire ! Et lorsque Trenet avait téléphoné un matin, j’avais raccroché en pensant à un canu-lar… Quelques heures après, ma chère ma-man m’avait informé de son plan, et je télé-phonais, penaud, au poète… qui m’invita à le rappeler à 11 heures précises le lendemain ! Ce que je ne manquais pas de faire.

Ce livre parle de l’homme au quoti-dien, que j’ai eu le bonheur de suivre dans ses déplacements, ses tournées, ses vacances, en répétition, durant les vingt dernières années de son existence. J’essaie de faire découvrir Charles Trenet l’homme de tous les jours, cet être pas-sionnant, épicurien, sensible et paradoxal.

Qu’est-ce qui vous fascinait chez lui ?

Sa culture exceptionnelle, son humour, sa passion des mots, sa grande simplicité. Il oubliait très souvent qu’il s’appelait Charles Trenet et était toujours surpris par le suc-cès de ses « petites chansons » comme il aimait à dire.

Charles était un contemplatif de la vie ! Mais il était toujours en représentation dès lors qu’il était en contact ne serait-ce qu’avec quelques personnes. Pour son petit cercle d’amis, nous savions très bien que derrière ce côté « Y’a d’la joie ! » se cachait un être qui recherchait l’isolement, la méditation, la solitude — « La solitude est un luxe pour fuir ce que les autres ne vous apportent plus ». Derrière ce rayonnement extérieur, se cachait une certaine pudeur et timidité. Il vivait en dévorant le présent mais nos-talgique du passé, concret mais souvent surréaliste. Ce qu’il préférait, c’était la sim-plicité — il avait horreur des gens compli-qués — et la fantaisie, en s’entourant de gens optimistes.

Pouvez-vous nous relater une de vos anecdotes en présence du poète ?

La rencontre avec Dalida : à une émission de télévision, elle avait dit que le public avait le visage de l’amour – Charles l’avait entendue et avait aussitôt écrit une chan-son pour elle : Le visage de l’amour. Un rendez-vous avait été pris chez Dalida. Il était impressionnant de voir ces deux grandes personnalités – elle paraissait troublée qu’une de ses phrases ait amené

le poète à lui faire une chanson, et lui se demandait si sa démarche serait appré-ciée. Un grand moment d’émotion que j’ai vécu en leur compagnie. Quelques jours

plus tard, la chanson était enregis-trée au studio Bernard Estardy.

Vous chantez au-jourd’hui le réper-toire de Charles Trenet, ce qui paraît légitime.

Je suis heureux ainsi de pouvoir pérenniser son nom à travers mon spectacle. Ce récital d’une vingtaine de titres comprend des grands standards et des chan-sons moins connues du répertoire de notre grand Charles, que j’interprète accompagné au piano par Alexandre Meslé : il est ponctué d’anecdotes que je

raconte au public. Nous préparons cette année les 100 ans de la date anniversaire du poète : trois représentations sont d’ores et déjà prévues au théâtre Darius Milhaud, en mai. Il y aura d’la joie dans l’air !

Propos recueillis par Albert de Smet

Poursuivant la tradition de ses tremplins de la chanson et de l’humour, Christian Lebon présente une fois par mois, le samedi après-midi, les « Scènes découvertes » en public, au théâtre Darius Milhaud, 80 allée Darius Milhaud 75020 Paris. La grande finale se déroule en fin d’année, depuis huit ans, à l’espace Reuilly, dans le 12e arrondissement.

Pour toute inscription concernant les prestations d’artistes, téléphoner au 06 63 60 94 98.

Christian Lebon fêtera le centenaire Charles Trenet, avec son spectacle récital, les vendredis 17, 24 et 31 mai à 21 heures au théâtre Darius Milhaud.

LA VIE EN CHANSONS

Scènes découvertes

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PM 13-90LA VIE EN CHANSONS

Thierry Boccon-Gibod

Un échange fondé sur l’amitié et la fidélité

Alexandra Cerdan : C’est un magni-fique hommage que vous rendez à Michel Berger : pourquoi vingt ans après sa disparition ?

Thierry Boccon-Gibod : En fait, je crois pas qu’il s’agisse d’un hommage, au sens où on l’entend habi-tuellement : mais plutôt de la traduction en images de notre longue amitié, qui a débuté sur les bancs du lycée et qui s’est heureusement prolongée, car nos professions avaient des passerelles (lui dans la musique et moi dans la pho-tographie et le reportage).

J’ai toujours fourni aux magazines des images de Michel au cours des années, et j’ai pensé que, vingt ans après sa dis-parition, on avait tous envie de se souve-nir ensemble, de le retrouver.

A.C : Avec France Gall, vous êtes-vous posé des conditions pour le choix des photos ?

T.B : Il n’y a pas eu de difficultés pour choisir les images, car il fallait montrer ce parcours que j’ai partagé avec Michel et France sans restriction. Sachant que France m’a aidé à choisir des images souvent inédites et personnelles.

A.C : Comment était-il dans la vie privée, face à l’objectif de votre ap-pareil photo ?

T.B : Michel n’avait pas de problème vis-à-vis de ma présence en tant que photo-graphe, car il avait totalement confiance

dans l’utilisation que je pouvais faire de ces images.

En fait, il oubliait très vite l’objectif et me laissait montrer la vie au naturel, surtout lors des voyages au Mali et au Cambodge.

A.C : Vous avez été très proche de Michel Ber-ger, étiez-vous aussi son confident ?

T.B : Michel n’était pas quelqu’un de très expansif, mais il était très curieux des autres et du monde. Nous avions régulièrement des conversations pas-sionnantes sur toutes sortes de sujets, aussi bien personnels que politiques, économiques, etc.

Il aimait bien me poser des questions lorsque je revenais de reportage à l’étranger (j’étais reporter photographe

V oici sans doute l’un des plus beaux livres de l’année 2013. France Gall et le photographe Thierry Boccon-Gibod

nous enchantent avec cet ouvrage dédié à l’inoubliable et immense artiste Michel Ber-ger, qui fit ses débuts dans les années 60 et parvint progressivement au succès inter-national avec « Tycoon », la version anglaise de « Starmania ». Un hommage sincère que seuls France Gall et Thierry Boccon-Gibod pouvaient lui rendre, vingt ans après son dé-part – Michel Berger nous a quittés le 2 août 1992, laissant derrière lui des chefs-d’œuvre musicaux. Il repose pour l’éternité au cime-tière de Montmartre.

Compositeur entre autres du célèbre opéra rock « Starmania » en 1978, il signera aussi la musique du film Rive droite rive gauche de Philippe Labro, avec Gérard Depardieu et Na-thalie Baye. Michel Berger est l’un des rares artistes français à s’être autant engagé dans des œuvres humanitaires : pour celle d’Action Écoles en 1985 avec France Gall, Richard Berry et Daniel Balavoine, mais aussi pour l’Éthiopie avec Renaud (Chanteurs sans fron-tières) et pour Les Restos du cœur avec Co-luche. Il était à l’opposé de certains artistes qui préfèrent, de nos jours, quitter la France.

« Michel Berger, haute fidélité » c’est plus qu’un livre, c’est un album collector que les passionnés de la chanson française découvri-ront avec un immense plaisir, en suivant le couple Berger/Gall au fil des pages, à tra-vers ses activités artistiques et ses voyages. Les textes qui accompagnent les photogra-phies inédites de Thierry Boccon-Gibod sont écrits par France Gall. Plus de 190 images retracent la carrière du chanteur, intelligem-ment sélectionnées pour notre plus grand plaisir. Des studios d’enregistrements à la scène, de l’Afrique au Cambodge, rien n’est oublié. Deux mois avant son décès, Michel Berger sort son unique album en duo avec sa femme, France Gall, « Double jeu ». Cet Album est toujours d’actualité, il a été totale-ment remasterisé avec en bonus, une vidéo inédite et des commentaires de France Gall.

FRANCE GALL ET THIERRY BOCCON-GIBOD

« MICHEL BERGER, HAUTE FIDÉLITÉ »

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de News dans une agence de presse inter-nationale).

Je pense que notre échange était fondé sur l’amitié et la fidélité.

A.C : Il écrivait parait-il, des textes sur des musiques en réponses à d’autres chansons de Véronique Sanson, comme des lettres de correspondances : pen-sez-vous que cette plaie ne s’était ja-mais complètement cicatrisée ?

T.B : Je vais vous étonner ! Mais le hasard ou les circonstances veulent que je n’aie pas connu la période Véronique Sanson…

En fait, depuis la période lycéenne, nos vie s’étaient séparées, et c’est la rupture avec Véronique qui m’a permis de le retrouver (dans un appartement bien vide !) et de redé-marrer un échange fort et constructif dont ce livre est l’aboutissement.

France Gall

De « Haute fidélité » à la nouvelle édition de « Double jeu »

A.C : Que signifie pour vous le titre « Haute fidélité » ?

France Gall : Ce titre représente exactement l’esprit de ce livre et de ce qu’on a vécu ensemble avec Thierry Boccon-Gibod, voilà pourquoi je trouve que c’est drôlement bien trouvé…

A.C : Qui a choisi ce titre ?

F.G : Je crois que c’est Bertil, qui a travaillé avec nous sur ce livre, après avoir vu les pho-tos et surtout écouté le dialogue entre Thierry et moi.

A.C : Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez eu le livre « Haute Fidélité » entre les mains ?

F.G : j’étais émue d’abord de voir les photos et tous les souvenirs qui venaient avec. De voir tout ce que nous avons fait ensemble et que Thierry était là à presque toutes les étapes.

A.C : L’album « Double jeu » a été re-masterisé pour notre plus grand plaisir. Une vidéo inédite et des commentaires en bonus, pouvez-vous m’en dire d’avan-tage ?

F.G : J’avais envie qu’on réécoute cet album, pour commémorer ces 20 ans en 2012, d’une manière inédite, avec des commen-taires audio sur les chansons et le making of en studio.

A.C : A présent, vous vivez un peu en re-trait et vos fans sont nombreux. Pensez-vous revenir pour une série de concert ?

F.G : D’abord, je vais travailler sur le musical que j’ai annoncé pour 2014, basé sur les chansons créées par moi ou par Michel, avant de réfléchir sur l’avenir.

A.C : Quelle ambiance préférez-vous, celle du studio ou de la scène ?

F.G : Les deux ! Le travail du studio c’est la création, c’est intime, c’est réfléchi, et la scène c’est l’énergie, l’instinct, l’instant et le public… Deux choses différentes et complé-mentaires : donc, impossible pour moi de choisir !

Propos recueillis par Alexandra Cerdan

PM 13-90 LA VIE EN CHANSONS

France Gall et Michel Berger - édition de luxe remasterisé de

l’album « Double Jeu » inclus DVD – Warner Music France – 26€

« Haute Fidélité » – France Gall/Thierry Boccon-Gibaud – est paru aux éditions Fetjaine – 24.90€

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PM 13-90

Quelle est votre vision, en une phrase, de Paris du XXIe siècle ?

Paris est une ville en transformation avec pour nouvel horizon le Grand Paris. La force de Paris, demain comme aujourd’hui, sera d’être une ville attractive sur le plan écono-mique, la ville la plus visitée au monde et aus-si une ville avec des quartiers où les enfants peuvent grandir sereinement. Nous avons la chance d’avoir des quartiers très vivants – comme Montmartre – qui sont le lieu de la rencontre des différents amoureux de Paris, les touristes et les habitants de la ville, et tout doit être fait pour les préserver.

Sur la politique dissuasive de la circu-lation automobile et les aménagements actuels de la voirie – souvent pour-voyeurs d’embouteillages et de pollu-tion, tel le calamiteux boulevard Magen-ta – quel est votre projet ?

La pollution aux particules fines est un enjeu majeur de santé publique. Une récente étude de l’OMS, montre à quel point elles sont can-cérogènes. Cette pollution serait à l’origine de 42 000 décès prématurés en France par an. Nous sommes obligés d’agir. C’est ce que nous faisons avec Bertrand Delanoë depuis 2001 et cela correspond aux attentes des parisiens qui ne sont que 7% à utiliser quotidiennement leurs voitures. Le nouveau tramway par exemple offre un magnifique moyen de faire le tour de la ville. Il est beau-coup plus écologique et transporte plus rapi-dement, trois fois plus de voyageurs que les anciens PC. Je propose le prolongement du tramway, au nord, jusqu’à la porte Maillot, et au sud, jusqu’à la porte d’Auteuil pour bien desservir les équipements sportifs. La pro-longation de la ligne 14 sera aussi conduite parce que la ligne 13 est saturée. Enfin, il faut doter le Grand Paris d’un réseau de trans-ports modernes et rapides comme vient de le proposer le Premier Ministre ; c’est le seul moyen de désengorger Paris car nombreux sont ceux qui le traversent pour aller d’une banlieue à une autre.

Que pensez-vous de l’envahissement croissant du domaine public par du matériel urbain : terrasses sauvages, forêt de panneaux, bornes et piquets de

toutes tailles, parfois coupés, à la dan-gerosité avérée pour les piétons ?

Les terrasses sauvages ne sont pas accep-tables car elles rendent les trottoirs imprati-cables et donc dangereux pour les personnes à mobilité réduite et pour les enfants. Les terrasses, étaient exploitées durant la saison estivale ; elles sont maintenant fréquentées tout au long de l’année et nous avons consta-té des excès de certains établissements. Il était donc nécessaire que les règlements de la Ville de Paris, et les chartes d’arrondisse-ment, intègrent cette évolution, et prennent en compte à la fois les préoccupations légi-times des riverains et les besoins des profes-sionnels. De longs mois de concertation avec les associations, les syndicats et les mairies d’arrondissement, ont permis à la Ville de Paris de présenter le nouveau Règlement des Étalages et Terrasses en vigueur depuis mai 2011. De manière générale, l’espace public parisien est extrêmement sollicité et répond à des demandes toujours plus nombreuses. Nous devons concilier ces très nombreux usages en veillant en premier lieu à ne pas en-combrer les trottoirs et la circulation des pié-tons. Depuis 2008, nous avons par exemple créé 18 000 places de stationnement pour les deux-roues motorisés afin de libérer les trottoirs.

L’état de la propreté à Paris est préoc-cupant et parfois indigne aux yeux de beaucoup, touristes, voyageurs et habi-tants. Partagez-vous ce constat et que proposez-vous ?

Paris est une ville très fréquentée. Ses habi-tants, ses touristes, les personnes qui tra-vaillent à Paris utilisent l’espace public. On mange dans la rue, on y joue, on s’y ballade, on y assiste à des concerts, on y fait du sport, beaucoup plus qu’il y a dix ans. Paris a la par-ticularité d’être la capitale la plus dense d’Eu-rope et 29 millions de touristes visitent notre ville chaque année. La quantité de détritus est donc particulièrement importante, comme à Montmartre, un des secteurs les plus fréquen-tés de la capitale. Nous avons fait des efforts importants ces dernières années : 30 000 corbeilles de rue ont été installées et les services de propreté font tout pour s’adapter

en permanence aux évènements et maintenir nos rues propres. La propreté, c’est aussi le respect de chacun envers sa ville; envers son quartier et envers les autres. C’est l’affaire de tous. C’est une question de civisme, c’est pour cela que j’ai soutenu la campagne « Sois un héros, jette ton mégot ». La propreté est une priorité dans les années à venir.

Une nouvelle autorisation de travaux a été validée par le ministère de la Culture, sur le site historique de la ferme Mont-souris, jusqu’alors protégé par décision de justice, et de nouvelles tours sont annoncées aux Parisiens. Poursuivrez-vous cette politique environnementale à Paris ?

Concernant la Ferme Montsouris, nous sommes aux côtés des associations pour préserver la ferme Montsouris et nous serons très attentifs à son devenir. Je suis particu-lièrement concernée par les questions de préservation du patrimoine et très sensible au respect de l’environnement. Concernant les tours ; Paris manque cruellement de loge-ments. Il faut en construire mais le foncier se fait rare et c’est pourquoi nous avons décidé de construire quelques bâtiments de grande hauteur. Les sites ont été soigneusement sélectionnés et les constructions proposées répondent à une triple exigence de perfor-mance écologique, de qualité de vie des habitants et de grande qualité architecturale. Tous les projets sont précédés de débats et de concertations. Rien ne se fera sans les pa-risiens. Paris respecte son patrimoine magni-fique mais ne doit pas s’interdire d’inventer et de marquer le XXIe siècle. Il faut le faire mais en intervenant avec une grande délicatesse sur notre ville.

Petits commerces artisanaux face aux grandes enseignes : que ferez-vous pour maintenir l’économie de proximité des quartiers-villages, garante du fameux lien social et de l’art de vivre parisien ?

Paris offre une multitude de petits com-merces et d’artisans, c’est sa richesse. Il faut les soutenir car ils participent au lien social, à la tranquillité de nos quartiers. Dans certains quartiers, on assiste à une véritable spécia-lisation du commerce. Pour lutter contre la

Anne Hidalgo

Nous interrogeons deux personnalités politiques de la scène parisienne, qui souhaitent porter les couleurs de leurs partis respectifs aux élections municipales de 2014, et prendre la succession de Bertrand Delanoë : soit, mais pour mettre en œuvre quelle politique ? Nos deux candidats ont accepté de répondre à un questionnaire identique afin de nous éclairer sur leur vision propre de la cité. Le lecteur peut choisir une lecture traversière, en passant de cette double page à la suivante, pour découvrir à la suite la réponse de chacun des candidats à une même question posée.

Ancienne secrétaire nationale à la culture et aux médias, après avoir été chargée de la formation professionnelle, Anne Hidalgo est première adjointe au maire de Paris PS depuis mars 2001.

Elle a annoncé le 2 septembre 2012 sa décision de briguer la succession de Bertrand Delanoë aux municipales de 2014.

PARIS EN QUESTIONS

POLITIQUE : MUNICIPALES 2014

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mono-activité, à l’échelle d’une rue ou d’un quartier, une société d’économie mixte de la Ville, la SEMAEST, acquiert des locaux com-merciaux, là où le commerce de proximité est menacé, et y implante des boulangers, des bouchers… De même, le règlement d’urba-nisme parisien que nous avons voté en 2006 est très protecteur. Les commerces pari-siens contribuent au charme de nos rues, il s’agit d’un véritable art de vivre parisien. Je veux qu’il soit partout possible d’acheter une baguette, trouver un maraîcher ou prendre un café !

Montmartre et ses artistes du Carré de la place du Tertre sont aujourd’hui mena-cés par la prolifération des commerces de faux tableaux « parisiens » d’importa-tion. Que ferez-vous contre cette super-cherie commerciale, désastreuse pour l’image des acteurs et animateurs de la vie culturelle, sur l’un des sites les plus emblématiques de la ville ?

Montmartre a été et restera un quartier d’ar-tistes ! Il faut lutter contre ces contrefaçons. D’une part, il est nécessaire de faire évoluer le dispositif législatif pour qu’il soit plus pro-tecteur. D’autre part, nous conduisons des actions coordonnées entre les services de la Ville, les douanes et la police, pour déman-teler les réseaux de distribution et éradiquer ce problème. Je sais que les représentants des artistes sont très actifs sur cette pro-blématique. En lien avec la Mairie du XVIIIe, je souhaite travailler avec eux, pour que les peintres, les portraitistes, les caricaturistes, les silhouettistes du Carré aux artistes puissent continuer à travailler dans de bonnes conditions et ainsi faire vivre l’âme montmar-troise.

Impôts locaux : taxes foncières, d’habi-tation, ont explosé, ces derniers temps, à Paris : qu’en pensez-vous ?

En 12 ans, le Conseil de Paris n’a voté que deux années une augmentation d’impôts – en 2009 et 2010. Cela représente 17% de hausse en 12 ans. Cela a permis de financer les investissements de la Ville, des services publics pour tous, que chacun peut remar-quer et qui sont au service des parisiens : 70 000 logements sociaux, 10 000 places en crèches, 72 hectares de parcs et jardins, 10 bibliothèques construites ou rénovées, des collèges, des écoles... Il reste que le taux d’endettement de Paris, de 44%, est très lar-gement en-dessous de la moyenne des villes de plus de 100 000 habitants, qui est de 84%. A titre d’exemple, Marseille est à 169% !

Non seulement dans les rues, mais au cœur même des cités HLM régies par la Ville, toxicomanes, dealers et autres trafiquants font vivre un enfer aux habi-tants terrorisés. Laisserez-vous perdu-rer cette situation qui afflige les plus faibles ?

La sécurité est un droit pour tous ; elle est à la base de notre contrat social et sans elle aucune liberté n’est possible. A Paris, la sécurité est du ressort de l’Etat et non de

la mairie. En complément des actions de la Préfecture de police, la municipalité a cepen-dant mis en place des politiques de préven-tion de proximité et contribue à hauteur de 42% au budget spécial de la Préfecture de police pour financer certains agents, la bri-gade des sapeurs-pompiers de Paris et des équipements nécessaires au bon travail des policiers. Ce travail est suivi de très près par Myriam El Khomri, adjointe au Maire de Paris en charge de la prévention et de la sécurité et élue du XVIIIe. Paris s’est fortement investi dans la lutte contre la récidive en accompa-gnant au quotidien les jeunes et les familles concernées au cœur des quartiers. Nous soutenons également les bailleurs sociaux pour qu’ils puissent mieux sécuriser leurs

parcs immobiliers. Aux méthodes coups de poings et coups médiatiques, il a été préféré un dispositif global, souple et adaptable : les zones de sécurité prioritaire, comme celle en place dans le quartier de Château Rouge. Elles constituent une approche nouvelle pour répondre aux incivilités, à la délinquance et aux trafics de toute sorte. Elles vont être rapidement évaluées pour pouvoir en tirer le maximum de bénéfice. Le gouvernement précédent avait fortement baissé les effectifs de police sur le terrain, 400 postes à Paris. L’engagement d’en recruter de nouveaux sera tenu, c’est une condition de la sécurité et de la tranquillité dans nos quartiers.

Les salles de « shoot » et la légalisation des « drogues douces » vous semblent-elles une réponse adaptée ?

La Ville de Paris est engagée de manière très responsable en termes de prévention des conduites à risques : l’expérimentation de nouveaux dispositifs fait partie de cet engage-

ment. Suite à une phase d’analyse et d’étude menée pendant plus d’un an, la mairie de Paris a pris ses responsabilités en se portant volontaire pour l’expérimentation d’une salle de consommation à moindres risques. Cette expérimentation se fera bien entendu en coor-dination avec les partenaires concernés dans les domaines de la police, de la justice et de la santé. L’objectif est de lutter de manière innovante et efficace contre un fléau, car l’usage fréquent et au grand jour de drogues dures dans certains quartiers de Paris rend le quotidien des habitants très difficile. Nous voulons leur apporter des solutions pour amé-liorer leur vie et en même temps effectuer un travail nécessaire de prévention auprès des toxicomanes. Ce n’est pas un débat partisan

puisque des villes comme Bordeaux et Mar-seille se sont engagées dans des réflexions similaires.

Comment vous situez-vous, dans le dé-bat sur le cumul des mandats ?

Le mandat de maire est très particulier, les élus doivent développer des compétences de gestion, d’administration et d’animation dans tous les domaines de la vie publique, mais ils doivent aussi projeter leur ville dans le futur. C’est ce qui fait de ce mandat unique un des plus beaux mandats. D’où mon hostilité au cumul : le mandat de maire de Paris n’est compatible avec aucune autre fonction, il ne laisse aucune disponibilité pour se disperser. J’espère que la loi sur la modernisation de la vie publique comprendra un volet sur ce sujet. Quoi qu’il en soit, l’équipe que je conduirai aux élections municipales de 2014 s’interdira le cumul ; les adjoints au maire de Paris ne seront pas parlementaires, tout comme les maires d’arrondissement.

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Quelle est votre vision, en une phrase, de Paris du XXIe siècle ?

C’est une capitale attractive, sur le plan éco-nomique, qui rayonne sur le plan culturel, exemplaire sur le plan environnemental et numérique, permettant à chaque Parisien,

quelle que soit sa condition sociale ou son quartier, de vivre un quotidien plus agréable.

Sur la politique dissuasive de la circu-lation automobile et les aménagements actuels de la voirie – souvent pour-voyeurs d’embouteillages et de pollu-tion, tel le calamiteux boulevard Magen-ta – quel est votre projet ?

La politique des transports de Mme Hidalgo a mené à un triple échec : les automobilistes circulent dans l’une des villes les plus embou-teillées d’Europe ; les usagers des services publics empruntent un réseau vieillissant ; les piétons et les cyclistes respirent un air par-ticulièrement pollué par les particules fines.

Il faut cesser d’opposer les Parisiens et les modes de circulations les uns aux autres. Je souhaite réorienter l’investissement sur les transports en sous-sol et rendre plus accessible le métro, par la construction ou la rénovation d’ascenseurs. Cette politique

permettra à tous les Parisiens, et notamment les personnes âgées, à mobilité réduite ou les familles avec poussette, d’emprunter les transports en commun.

Que pensez-vous de l’envahissement croissant du domaine public par du

matériel urbain : terrasses sauvages, forêt de panneaux, bornes et piquets de toutes tailles, parfois coupés, à la dange-rosité avérée pour les piétons ?

Le piéton est le plus fra-gile. Il doit être toujours protégé et la ville doit être davantage conçue pour lui. Le matériel ur-bain doit être harmonisé pour permettre la libre circulation de tous et le développement écono-mique. Cette harmoni-sation doit également prendre en compte l’as-pect esthétique, afin de faire de Paris une ville agréable à vivre.

L’état de la propreté à Paris est préoccupant et parfois indigne aux yeux de beaucoup, touristes, voyageurs et habitants. Parta-gez-vous ce constat et que proposez-vous ?

Oui, Paris est devenue une ville sale, en rai-son d’abord de l’incivisme. Je propose de confier au partenaire privé (plus performant et moins coûteux pour le contribuable) la col-lecte des ordures ménagères des vingt arron-dissements de Paris, pour mieux redéployer l’ensemble des personnels de la Ville sur l’en-tretien de la voirie, notamment le balayage.

Je confierai dès 2014 aux maires d’arron-dissement la politique de la propreté, afin de mieux cibler les besoins de nos quartiers. Aujourd’hui, décider de l’Hôtel de Ville, de manière centralisée pour tous les arrondisse-ments de Paris, est inadapté aux réalités et aux attentes des habitants.

Une nouvelle autorisation de travaux a été validée par le ministère de la Culture, sur le site historique de la ferme Montsouris, jusqu’alors protégé par décision de justice, et de nouvelles tours sont annoncées aux Parisiens.

Poursuivrez-vous cette politique envi-ronnementale à Paris ?

Il faut protéger au maximum notre patri-moine. C’est ce que j’ai fait notamment pour le musée de Montmartre et pour le 83 bis, rue Philippe-de-Girard.

Quant à la construction d’immeubles de grande hauteur, on peut l’envisager simple-ment au niveau des portes de Paris, notam-ment pour répondre aux besoins de l’activité économique. De manière générale, il faut repenser les portes d’entrée de Paris en termes d’aménagement et de construction, pour y assurer une meilleure qualité de vie. Il faut protéger l’intérieur de Paris de toute construction de tours.

Petits commerces artisanaux face aux grandes enseignes : que ferez-vous pour maintenir l’économie de proximité des quartiers-villages, garante du fameux lien social et de l’art de vivre parisien ?

Comme maire de Paris, je renforcerai le plan local d’urbanisme, pour protéger nos commerces de bouche et nos commerces culturels qui sont l’âme de nos quartiers et victimes d’une concurrence déloyale. Je plaide par ailleurs pour une révision de la loi, pour renforcer le pouvoir de préemption des maires, afin de limiter dans certains quartiers la mono-activité, dans d’autres la suprématie de grandes enseignes ou, encore, l’abandon de quartiers où il n’y a plus d’activité.

Montmartre et ses artistes du Carré de la place du Tertre sont aujourd’hui mena-cés par la prolifération des commerces de faux tableaux « parisiens » d’importa-tion. Que ferez-vous contre cette super-cherie commerciale, désastreuse pour l’image des acteurs et animateurs de la vie culturelle, sur l’un des sites les plus emblématiques de la ville ?

Je vous rappelle que j’ai fait partie de ceux qui se sont clairement opposés à l’augmentation abusive de la redevance annuelle à laquelle sont soumis les artistes montmartrois. Quant à cette concurrence déloyale causée par les peintures d’importation d’Asie, commerciali-sées tout autour du Carré, je suis le premier à être intervenu sur ce sujet et à avoir deman-dé la création d’un label « Montmartre » afin de protéger les artistes et leurs créations. Chaque touriste doit pouvoir établir la diffé-rence entre des produits importés et repro-graphiés, et de véritables œuvres créées par des artistes montmartrois. Il est temps d’agir sur ce sujet, si l’on veut préserver la qualité et l’esprit de Montmartre.

Pierre-Yves BournazelConseiller de Paris élu du XVIIIe arrondissement, Conseiller régional d’Ile-de-France, Pierre-Yves Bournazel est aussi Se-crétaire national de l'UMP chargé des grandes métropoles.

Ce représentant de la jeune garde de l’opposition municipale, enraciné dans notre arrondissement, a décidé de se présenter à la primaire de son parti pour les municipales 2014.

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Impôts locaux : taxes foncières, d’habitation, ont explosé, ces der-niers temps, à Paris : qu’en pensez-vous ?

Cette augmentation d’impôts est due à une mauvaise gestion de nos deniers publics. Depuis 2001, la majorité sor-tante a augmenté les dépenses de fonc-tionnement (il y avait 39 000 agents publics en 2001, plus de 51 000 en 2013). Pour financer ces dépenses, cette majorité a fait le choix de l’aug-mentation des impôts et des taxes. Je réorienterai la politique de dépense de la ville sur les investissements (c’est-à-dire sur les priorités des Parisiens : logement, transport, emploi, sécurité, propreté ) et non sur le fonctionnement (je diminuerai le train de vie de la Ville : dépenses de communication, frais de personnels ), afin de mettre fin aux augmentations de la pression fiscale qui touchent tous les Parisiens (la taxe d’habitation touche tous les locataires ; la taxe foncière, tous les propriétaires).

Non seulement dans les rues, mais au cœur même des cités HLM ré-gies par la Ville, toxicomanes, dea-lers et autres trafiquants font vivre un enfer aux habitants terrorisés. Laisserez-vous perdurer cette si-tuation qui afflige les plus faibles ?

On a laissé se concentrer dans les mêmes quartiers tous les problèmes. C’est ce à quoi je vais m’atteler comme maire de Paris. Il faut avoir le courage de dire qu’il n’est pas acceptable que certains habitants soient obligés de vivre tous les problèmes (vente a la sau-vette, prostitution, trafic de drogue, vol à l’arraché) et je le dis en tant qu’habi-tant du XVIIIe arrondissement.

Je propose de mettre en place une police à pied et à vélo pour assurer la tranquillité publique 24 heures sur 24. Elle sera bien évidemment plus réactive qu’une police en voiture. Je développe-rai là où c’est nécessaire la vidéo-pro-tection, afin d’identifier les problèmes et les délinquants.

Il faut aussi mettre en œuvre une nou-velle politique d’urbanisme qui favorise un équilibre social dans l’attribution de logements (plus de classes moyennes, de familles et de mixité intergénéra-tionnelle). Il faut enfin lier la politique du logement à la politique d’activité économique, de transports et d’équipe-ments publics (crèches, écoles, salles de sport, lieux de pratique culturelle…).

Les salles de « shoot » et la légali-sation des « drogues douces » vous semblent-elles une réponse adap-tée ?

Je souhaite réduire les risques de conta-mination, et la France a d’ailleurs de bons résultats en la matière. Faut-il pour autant ouvrir des salles de « shoot »

dans des rez-de-chaussée d’immeubles d’habitation ? Non, je ne le crois pas, car cela risque de poser d’autres pro-blèmes, notamment d’insécurité. Nous pouvons le constater à Genève et à Bil-bao : ces salles attirent dans le quartier de nouveaux trafics. Je propose plutôt de renforcer les services d’addictolo-gie, de continuer à mieux développer les produits de substitution (méthadone et subutex), d’améliorer la distribution de seringues. Je pourrais accepter l’ouverture d’une salle, si elle était dans un lieu fermé et dans une structure de santé publique existante.

Comment vous situez-vous, dans le débat sur le cumul des mandats ?

Comme maire de Paris, je choisirai de n’être que maire de Paris, c’est-à-dire un maire à temps plein. Un maire qui se consacre totalement aux Parisiens.

J’irai plus loin en demandant à mes adjoints au maire, ainsi qu’aux maires d’arrondissement, de ne plus cumu-ler. Il faut que chacun se consacre à sa tâche et permette aussi à d’autres d’accéder à des postes de responsa-bilité. Le cumul, c’est l’acceptation du verrouillage des fonctions politiques par quelques-uns. Je souhaite ouvrir la vie politique parisienne à de nouveaux talents et à de nouvelles compétences.

« Moi, maire de Paris, je….. »Moi, maire de Paris, je me consacrerai pleinement à la fonction de maire, ne chercherai à briguer aucune autre fonc-tion jusqu’à 2020 et défendrai toujours l’intérêt des Parisiens sur toute considé-ration partisane.

Moi, maire de Paris, je libéraliserai le secteur des taxis et expérimenterai les transports en commun (bus, métro, tramway) 24 heures sur 24, en com-mençant les vendredi et samedi.

Moi, maire de Paris, je veillerai à ce que davantage de logements soient consacrés aux classes moyennes, aux familles, aux apprentis, étudiants et personnes âgées, grands oubliés de la politique de logement actuelle.

Moi, maire de Paris, je ferai de l’attracti-vité économique et de la mise en �uvre du Grand Paris une priorité, afin d’attirer les investissements du monde entier et de faire entrer notre capitale dans la compétition mondiale entre les grandes métropoles.

Moi, maire de Paris, je m’occuperai des Parisiens en leur assurant la même sécurité, la même propreté des rues et la même qualité de vie, quels que soient leur condition sociale ou leur quartier.

Vibrant hommage aux terres d’ecosse depuis south pigalle, paris 9ème.

C’est dorénavant en plein cœur du quartier South Pigalle que l’on peut retrouver l’esprit des terres des Highlands.

Un bar d’hôtel distingUé et dépaysant aUtoUr de l’esprit écossais

Michel CADIN, Maître des lieux et organisateur de l’Ecosse à Montmartre, s’est attaché à créer une ambiance à la fois cosy, feutrée et conviviale dans le Brittany Cocktail & Whisky Bar.

Toute en évocation et en références, la décoration joue sur les différents codes écossais.

Le cerf, blason du célèbre Clan Fraser of Lovat et emblème de l’établissement, se décline en lustres ainsi qu’en trophées de chasse détournés.

Des matériaux bruts et anciens composent l’ensemble de la décoration : le par-quet brut et massif livre 150 ans de souvenirs, les confortables fauteuils et cana-pés en cuir patiné prennent place, réchauffés par l’épais rug, tapis typique écos-sais, en provenance direct d’Edinburgh.

Et quant au grand Chesterfield, véritable marque d’authenticité, il trône sous une photographie historique le représentant au beau milieu de la liesse de 1945.

Des éléments industriels, chinés en France et Outre-Manche, apportent une touche « vintage chic » tout en faisant résonner l’immense photo de distillerie qui donne l’impression d’être aux premières loges de la fabrication d’un grand Whisky...

Le bar d’époque déroule son bandeau de bois acajou, surmonté d’une collection de flacons et bouteilles aux noms évocateurs.

pour l’amour du whisky

Le Brittany Bar propose une sélection de whisky destinée aux initiés et novices.

Hors des chemins convenus, elle satisfera l’exigence de l’initié et permettra au novice de faire ses premiers pas dans le monde complexe et raffiné du whisky grâce à la démarche didactique de Michel et de son barman Stéphane.

Une carte explicitée (origine du whisky, histoire de la distillerie, processus de fa-brication, odeurs, saveurs, matière etc.) est à disposition afin que chacun puisse prendre du plaisir à déguster les breuvages ambrés, pâles voire troubles pour certains.

Une démarche audacieuse de sélection des références, pour créer une carte acces-sible, atypique et non convenue : A côté des Chieftains, du Balvenie 21 ans d‘âge, du Springbank 18 ans d’âge ou encore du Tobermory 15 ans d’âge onctueux et fruité, cohabitent les tourbés Bruichladdich Peat et As We Get It, le blended triple malt Monkey Shoulder finaliste du meilleur blended malt aux World Whisky Awards 2011, mais également des curiosités comme le Whisky japonais Tokinoka et des surprises comme le Whisky Corse P&M enrichit par la diversité de la nature corse.

des cocktails originaux et Variés

Si le Brittany Cocktail & Whisky Bar est spécialiste du Whisky, il n’en oublie pas pour autant les amateurs de cocktails qui eux aussi jouent la carte écossaise à l’instar du Lord Lovat’s Lemonade, du Scottish Gun Powder ou du Rob Roy.

En plus du choix de cocktails à la carte, Stéphane, le barman, met à l’honneur chaque semaine, une recette mythique et spéciale de son secret. Goûter son « Mo-jito Original » est une expérience à ne pas manquer.

Brittany CoCktail & Whisky Bar, l’ECossE En plEin paris

Un espace au caractère bien écossais, un endroit propice à la détente, à la convivialité et à la découverte de saveurs et de savoir-faires au-thentiques.

Une adresse à retenir et partager pour des moments élégants et dé-paysants, ou des « business rendez-vous ».

Slainte ! (qui se prononce Slainghe « A votre santé » en gaélique)

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POLITIQUE : MUNICIPALES 2014

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I l arrive rue Girardon, veut tout de suite faire une photo devant la trace de la plaque fantôme,

posée illégalement sur le n° 4 par la bande à Céline il y a quelques années, et aussi vite envolée qu’apparue, pfuitttt, et voilà, dé-gage, au néant de retour la figure infâme – cachez-moi ce malsain que je ne saurais voir. Et soudain, voilà un visage vivant posé près de la plaque, mais pas à côté, en passant passeur familier. Balmer a osé faire le Voyage, et ça ba-lance dans la maison morale, ça Télémarage – Ouf, sauvé, on a eu peur pour lui – même si partout ailleurs, on dirait, l’éloge est au centuple !

L’autre peur qu’on avait eue un peu au début : qu’il nous fasse le coup de la lecture intellectuelle, le comédien qui pense. Mais non, Balmer le Montmartrois n’allait pas faire affront à son maudit aîné, son voisin du village, la dictée mon-daine en scène, pas ça ! Trop le respect du voisinage, Balmer. Avec lui, c’est Bardamu qui déballe, sur la scène de l’Œuvre, à deux jambes de la place Clichy où tout a débuté. Là, ça fait mal, c’est le grand Voyage… du dedans. Impossible de le regarder d’en-haut. Et ça marche terriblement parce que tout est vrai, que tout est là – réduit bien sûr, à 1 h 30, mais le spectacle met en scène les quatre parties du Voyage au bout de la nuit, respecté dans son intégrité. Jean-Fran-çois Balmer a la chance d’être un comédien, pas un doctorant : il ne trifouille pas dans les viscères de la phrase, lui, il est dans la chair de l’homme, le Bardamu : antihéros du XXe siècle en dérive, mort-né à vingt ans, il est là, devant nous, le vrai, dont la voix ne s’oublie pas, celui qui jazze avec sa vraie langue d’âme qui grince, qui rigole, et c’est amer, ça se marre, c’est Baldamu, non, c’est Bardamer.

Avec sa mise en scène d’une rare élégance, Françoise Petit a eu cette trouvaille de la pro-jection de ciels changeants, menaçants, qui

s’écoulent sans fin vers la nuit. « Françoise était obsédée par la manière de traduire l’obsession célinienne de la vieillesse et de la mort. Vous avez remarqué, les projec-tions de ces nuages qui passent et qui s’en vont, on ne voit jamais le mo-ment où ils disparaissent, l’évaporation est indéce-lable. C’est comme les gens : il y a quelqu’un et il n’est plus là ».

On sent bien que le déses-poir célinien, Balmer en connaît le refrain, la mu-sique sonne juste en lui, et aussi, surtout, il émane en scène comme en ville l’incroyable aujourd’hui parfum de l’homme libre. C’est formidable un homme libre quand on n’a plus qu’à voir des clones à tous les étages. Et c’est sûrement ça que le public reçoit, pas seulement le soir à L’Œuvre, mais à travers tous les rôles, même les plus populaires, les Rovère, c’est cela qu’ils sentent, l’homme libre Balmer.

Il y a des antécédents alentour : Gen Paul, Marcel Aymé, Dorgelès, Mac Orlan et com-pagnie, les libertaires de Montmartre. Au fait, c’est peut-être en vrai libertaire, pour se

préserver de l’étouffoir parisien, pour respirer sur les hauteurs (ça, ils détestent, aurait dit l’autre) que Jean-François Balmer, le Suisse exilé, le naturalisé volontaire a choisi les alpages de la ville, avec sa méfiance bourrue de montagnard dans l’œil. « Le mariage suffisait. Mais je trouvais

plus élégant, plus profond, de demander la naturalisation française. Et je n’ai jamais payé d’impôts en Suisse ! »

Le Suisse originel accumule comme personne les grands rôles historiques : Louis XVI, Henri IV, Pompidou, Mitterrand, les Bourbons de A à Z. Au fait, quel est le meilleur client pour un comédien, le monarchiste ou le républicain ? « Oh, une fois qu’on est sur le trône, ça se ressemble. Avec la République, le truc,

ENTRE COUR ET JARDIN

Jean-François Balmer D’un comédien l’autre

J’ai toujours rêvé de cela,

d’interpréter, j’ai toujours autant

de plaisir

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c’est qu’on est toujours très bien dans l’opposition… ». La vérité, s’il vous plaît, monsieur Balmer : n’est-ce pas parce que l’on n’enseigne plus l’histoire dans les écoles de France, et qu’au fond les indigènes n’y connaissent rien à leur passé, que vous avez voulu leur faire connaître ces figures histo-riques, pour leur apprendre ? Sourire : « Je crois plutôt qu’après Louis XVI, on m’a « chargé » un peu du genre. C’est un métier où l’on n’a pas d’esprit imaginatif, où le risque est incon-nu, ça vient surtout des distribu-teurs, l’esprit cloisonné, c’est ça ! Mais enfin, Guitry, Pompidou, Henri IV, ça ne se refuse pas ! Et la réalité, ça dépasse tout ! »

Incroyable qu’après sa compo-sition hilarante dans Le quart d’heure américain, Balmer n’ait pas enchaîné les propositions du genre, lui qui s’était jugé acteur de comédie. C’est encore son rêve de comédie qui l’a trompé, ce rêve toujours frustré : « Quand on m’a proposé le premier rôle historique, ce-lui de Louis XVI, je me suis dit qu’avec ce « gros roi », je tenais un bon rôle de comédie. Alors, je lis beau-coup d’ouvrages, je m’im-merge, et je découvre… l’inverse de ce que je croyais ! Mes idées reçues ont volé en éclats ! Je dé-couvre le stratège qui suit les campagnes, qui donne des ordres – « Ne faites aucun mal aux sauvages » D’une manière modeste, j’aurai contribué à donner un autre regard sur Louis XVI, un peu plus proche de la vérité». Alors Louis XVI, Bardamu, même combat ? « Bardamu est bon, naïf, perdu parmi « deux millions de fous héroïques et déchaînés ». J’ai tendance à devenir un peu défendeur, tant la caricature est violente. Je sais bien que des producteurs et des metteurs en scène ne viennent pas voir ce spectacle, parce que c’est Céline. Mais sa femme dit quand même qu’elle était tétanisée par sa bonté ! Il y a le médecin, l’homme qui n’a jamais dénoncé personne.»

Balmer est en train de réussir son pari, nous amener à porter un autre regard sur l’auteur gé-nial, aider même à comprendre de quelle boucherie du siècle

provinrent sans doute, plus tard, ses bouffées délirantes. Il réajuste soir après soir les traits déformés de Destouches en donnant vie à Bardamu, son pauvre clone ahuri. « Ce serait une grande réussite d’enlever des kilos de préjugés sur Céline ! Je reçois beaucoup de lettres : « Ah bon, on ne savait pas que c’était comme ça ! » Ils décou-vrent. Je ne retire pas le côté sombre d’un auteur, le côté noir de l’homme, mais ce n’est pas la question du Voyage. » Paradoxe du comédien encore : l’homme au masque creux débouche sur une approche nouvelle de vérité, une pulvérisation des clichés dé-figurateurs, faire justice, portrait juste. L’illusion (le jeu) qui réta-blit le vrai ! Rétablir le vrai par l’interprétation : voilà la méthode Balmer.

C’est lui qui a choisi de se lancer dans le Voyage, quand la direc-trice du théâtre de Sceaux lui demandait simplement s’il vou-

lait lire un texte… Lui, qui affirme son regret de comédie, ployant un peu sous le manteau sombre du drame qu’on veut lui voir por-ter, que choisit-il en toute liberté, quel titre lui vient alors spon-tanément ? Le Voyage au bout de... ! « C’est un peu vrai, quand même, susurre-t-il avec son sou-rire plein de malice. Et pourtant, là-dedans, la part de l’humour est capitale, quand il raconte « je me suis marré » C’est très important : selon moi, Céline est un énormissime déconneur, il y a un côté marrade dans cette sym-phonie, faut pas oublier ça ! ». Cette « symphonie littéraire émo-tive », comme il disait.

Maintenant, ce sera plus fort, on va sentir Bardamu palpiter un peu sous le chapeau cabossé de Revère, le flic alcoolo attachant de la série à succès de France 2 « Boulevard du palais ». On sent qu’il a de l’affection pour cette série (nous aussi), au diapason avec le public : « J’aime bien, je change mon texte, c’est un peu comme une récréation dans ces vacances du métier d’acteur. C’est dans l’alter-nance qu’on trouve le plaisir : au théâtre, il faut donner l’illusion à tous que vous jouez, pour eux, ce soir, et pour la première fois. Ce côté éphémère fait le bonheur rare. Au cinéma, vous avez le temps, c’est une satis-faction exceptionnelle dans la finesse du jeu. Ce que j’aime, c’est le jeu. L’interprétation, je ne revendique que ça ! Je pen-serai à ma carrière plus tard ! J’ai toujours rêvé de cela, d’inter-préter, j’ai toujours autant de plaisir. Être un grand interprète, voilà ! Je n’en ai rien à foutre de

la célébrité, de construire une image dans les medias : c’est le contraire d’un acteur, ça ! Maintenant il faut être « J.T.able*» ! Je pérennise les anciens comédiens, les Harry Baur, on ne connaît rien de leur vie propre, ça n’intéresse pas. C’est toute la société aujourd’hui qui est dans le spectacle, d’accord. Mais le comédien n’a pas à jouer là-dedans, ce n’est pas un homme de spectacle ! »

La modestie de Jean-Fran-çois Balmer : on lui doit d’en-tendre pour la première fois le Voyage, c’est grâce à elle que sa voix épouse en vir-tuose la partition si difficile à suivre, avec les suspen-sions, les silences, pour faire

entendre comme personne ce style impossible, au plus près, sans emphase. Elle est clef du trésor, avec l’empathie. « La manière dont les acteurs main-tenant se prennent au sérieux, dont ils sont pris au sérieux ! Il faudrait voir quand même à réintroduire un peu de simpli-cité, de modestie et de densité aussi, dans ce métier. C’est par lui que nous devons sur-prendre, pas dans nos décla-rations ». Mais quel est-il, vrai-ment, ce métier-là, M. Balmer ? « Le métier, ce n’est pas de dire un texte, mais de trouver la chaleur et l’exposition juste des mots. Descendre là-dessous,

en spéléo. Comment faire rissoler les mots au rythme de cette musique qu’ils nous imposent.»

La musique, c’était elle aussi, d’abord, pour Céline. Faire par-ler une langue qu’il disait morte – presque un idéal du comédien, et pourtant, quel défi pour attra-per cette syntaxe, mémoriser ce rythme-là, et tout le réalisme de l’absurde, de la souffrance. C’est un voyage au bout de soi-même pour l’interprète qui ne triche pas. L’un des plus grands d’aujourd’hui, on le sait, s’appelle Jean-François Balmer.

« Ce que faisait Bruant en cou-plets, je le fais en simili-prose, sur 700 pages » a déclaré sans blaguer Céline dans une interview (Bruant, encore une référence à Montmartre, qu’il n’avait pas quitté des yeux au fond, même depuis Meudon). Ce que fait Céline en 700 pages, Jean-François Balmer le fait sur scène dans la chair de la voix et de l’âme, en une heure trente, charriant des traînées de lave humaine qui disparaissent en nuages au fond de la nuit.

C’est la plus belle plaque qu’on pouvait poser sur le mur nu de la rue Girardon.

Jean-Manuel Gabert

ENTRE COUR ET JARDIN

THÉÂTRE DE L’ŒUVRE,

55 rue de Clichy, Paris 9e.

Tél. 01 44 53 88 88.

www.theatredeloeuvre.fr

*Comme « bank-able ». Etre « JT-able », c’est être une valeur sûre au JT (journal télévisé), donc un bon vendeur du produit à défendre.

Portrait de Céline, Huile sur toile, 1936 Collection Roussard, DR

Page 44: Paris Montmartre - mars 2013

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L oin de ces « stars » sur-médiatisées, bien à l'abri des éloges des Drucker

et autres Nagui, Serge Utgé-Royo poursuit son chemin sans avoir à se préoccuper des tendances et des modes : son public l'aime et le suit…

Il émane de chacun de ses spectacles un souffle de liberté qu'il nous fait partager de la première à la dernière chan-son, sans le moindre prosély-tisme.Il ne transige pas sur ce qu'il est, sur ce qu'il ressent, mais ne demande à personne de penser comme lui, son esprit indépendant laisse à chaque spectateur son libre arbitre.

Les dix-huit chansons de son nouvel album s'inscrivent dans la tradition libertaire qu'il reven-dique avec une grande subti-lité; le rire n'est jamais loin de l'émotion et l'étrange proximité qu'il entretient avec la salle rend la complicité palpable.

L'ESPOIR TÊTU, son dernier C.D., est aussi le titre éponyme de son nouveau spectacle qu'il promène à travers la France. Quelques dates :

Le 10 Mars à Amiens03 22 97 88 01

Le 16 Mars à ToulouseLes 23 et 24 Mars à Lorient

02 97 64 38 65.

Lundi 8 et Mardi 9 Avril au Vingtième Théâtre

7, rue des Plâtrières 75020 Paris

Réservations : 01 43 52 20 40

Avec les six musiciens du spectacle de Novembre à l'Européen : Léo Nis-sim (Piano-Clavier) "Maître d'œuvre musical", Jean My Truong (Batterie), Jacques Ada (Guitares), Jack Thysen (Basses), David Venitucci (Accordéon), Gérard Caroc-ci (Percussions)

Sans oublier le 1er Mai 2013 (et peut-être le

2…) la nouvelle édition du : «1er Mai …Jour FERRE» dans le

cadre de L'Européen3/5 rue Biot 75017 PARIS

La suite sur le site www.utgeroyo.com

ou au 06 12 25 52 85

J.J. SACQUET

L'ESPOIR TÊTUSERGE UTGÉ-ROYO À L'EUROPÉEN

DIMEY Le retour

ENTRE COUR ET JARDIN

A près cinq mois d ' u n s u c c è s jamais démenti

au Théâtre de l'Essaïon, Emmanuel Depoix et sa complice Delphine Grandsart rapatrient Ber-nard Dimey là ou le poète se trouvait le mieux : à Montmartre…

C'est au Théâtre Galabru que les talentueux comédiens posent leur décor et leurs valises pour faire revivre avec bonheur les textes de l'ami Bernard dans un spec-tacle musical intimiste intitulé « Dis-moi tout Dimey », tradui-sant toute la truculence et la tendresse dont était capable le Montmartrois d'âme et de cœur. Les deux comédiens

nous entraînent dans une course effrénée du bistrot au trottoir, nous faisant revivre avec bonheur les itinéraires chaotiques du « Roi de Rien ».

Les « Dimeysistes » les plus critiques y trouveront leur compte, les autres, ceux qui sont passés à côté de l'homme et de son œuvre, découvriront un univers pitto-

resque… dont nous sommes les héritiers.

J.J. SACQUET

Théâtre Montmartre Galabru

4, rue de l'Armée d'Orient (face au 53 rue Lepic)

Métro Blanche ou Abbesses.Les Vendredis à 20 HeuresLocation : 01 42 23 15 85www.theatregalabru.com

R E C T I F I C AT I F

Dans le dernier Numéro de Paris-Montmartre, figurait un encadré signé de mon nom (page 47) et sur lequel je voudrais apporter les recti-fications suivantes :l'article soumis au journal était simplement titré : « Jer-maine Jakson à Paris » et non pas, comme cela a été impri-mé : « David Serero, de Beg-gars Holyday à You're not Alone » avec pour sous-titre : « Le Baryton montmartrois donne de la voix à la Comé-die Musicale… »Je laisse à l'auteur de cette correction la responsabilité de cette information !D'autre part, l'article qui m'a été attribué ayant été amputé d'un bon tiers, j'en réfute for-mellement la signature.

J.J. Sacquet

Rayan Djellal grand vainqueur du « Campus Comedy Tour » passé en attraction chez Chris-tian Lebon, se produit actuellement au théâtre La Cible.Etudiant d'école de com-merce, Rayan est obligé de monter sur scène et provo-quer les rires du public pour payer ses frais de scolarité : ça tombe bien, il adore ça !Pur Stand Up, interaction avec le public, et guitare : un show haut en couleurs pour cet artiste qui touche à tout. Une heure de délire durant laquelle Rayan fait tout pour se mettre « à découvert »...(Interview par Albert de Smet dans le numéro de juin).

Théâtre La Cible62 Bis rue Jean-Baptiste-

Pigalle75009 Paris

Tél : 09 83 22 47 48www.theatrelacible.com

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Page 45: Paris Montmartre - mars 2013

PM 13-90

FRANCE FANNELL ANIME LE DÉJEUNER MUSETTE…LE DIMANCHE À LA POMPONNETTE

Tous les dimanches, au lieu de s’ennuyer, on peut se retrou-ver à la Pomponnette, qui vous propose un menu spécial pour le déjeuner : le Déjeuner Musette !

De midi jusqu’à 17h environ, vous pouvez profiter de :

• 6 huîtres de Bretagne• Le Gigot du Dimanche, accompagné de ses Pommes

Dauphines et de son flan de Légumes• 1/4 de Bordeaux Rouge ou 1/4 de Muscadet.

Ce déjeuner se déroule en musique, avec un récital de France Fannell au chant et Erminio à l’accordéon. Toute l’ambiance du vrai Montmartre, dans l’esprit guinguette le plus authentique, emportés par la voix magique de France. Pour ressusciter l’âme de Paris…

A la Pomponnette42 rue Lepic 75018 Paris

Tél. : 01 46 06 08 36Courriel : [email protected]

ENTRE COUR ET JARDIN

ISABEAUISABEAU, comédienne et chanteuse, fait de ses tours de chant des spec-tacles drôles, tendres et pittoresques, couvrant tout le répertoire de la chan-son française. Jusqu’en juin, vous la retrouverez chaque dernier vendredi du mois, à 20 heures, au Petit théâtre du Bonheur, 6, rue Drevet… où elle chante, anime et reçoit à chaque spectacle un invité différent.

Consultez également :youtube.com/isabeaupaname

Page 46: Paris Montmartre - mars 2013

J ’ai découvert par hasard Serena en avril 2003 comme beaucoup devant

ma télévision, elle participait à « Nice people » sur TF1 (elle en fut la gagnante) – sans être adepte de téléréalité. En fait, je ne vois pas la ou les motiva-tions qui poussent quelqu’un à participer à ce genre de pro-gramme, à part certaine futilité.

Mais voilà, j’ai jugé, comme beaucoup, quelqu’un par rapport à une histoire, à un moment de vie, à un choix et comme beaucoup je me suis trompé, parce que lorsqu’on connait Serena, elle est tout sauf superficielle et futile. Serena est Humaine, vivante, drôle, pertinente, piquante, franche, pu-dique, belle… Les soirées que j’ai eu la chance de passer avec elle sont un privilège – et j’avoue que si un projet de pièce avec elle m’était pro-posé, alors ce serait avec une joie immense.

BIOGRAPHIE RAPIDENée à Turin, Serena Reinaldi est diplô-mée du Conservatoire des Arts Drama-tiques de Bologne. Elle travaille avec des associations en Italie, qui mènent des actions de soutien et réinsertion pour ex-

toxicomanes, et elle dirige des ateliers théâtre pour adolescents en situation familiale difficile. En même temps, elle poursuit sa carrière de comédienne avec des grands metteurs en scène italiens comme Vittorio Franceschi, Francesco Salveti, Walter Le Moli. Du 26 avril 2003 au 5 juillet 2003 elle est candidate à « Nice People » le jeu de télé réalité de TF1 dont elle est sacrée gagnante. Déterminée à se consacrer à des projets personnels, elle renoue avec ses racines en créant à Avignon en 2005 « Parole Parole » d’après Dario Fo et Franca Rame, prix Nobel de littérature 1997, qu’elle joue seule en scène pendant plus de deux ans, au Théâtre du Ranelagh puis en tournée. C’est dans « Les Bronzés 3, Amis pour la vie », réalisé par Patrice Leconte, qu’elle fait ses débuts au cinéma.

En 2007 elle tourne son premier court-métrage « Ainsi font, font, font » comme réalisatrice, sur la thématique de la violence faite aux femmes, sélectionné au Film Festival de Turin de Nanni Moretti. En tournant dans un film pour France 2 autour de la prison féminine réalisé par Eric Mahe, elle s’intéresse au milieu carcéral : elle crée en septembre 2009 un spectacle « Il était encore une fois », avec 15 détenues femmes de la maison d’arrêt de Fleury Merogis, et réalise un documentaire vérité qui retrace cette expérience. Elle a incarné en 2012 le rôle principal dans la série « Interpol » sur TF1. Actuellement en duo dans « La véritable histoire de Jésus et Marie Madeleine » avec Christophe Alévêque, à retrouver au Festival d’Avignon en juillet 2013, au théâtre du Chien qui Fume, et en tournée dans toute la France, elle poursuit son engagement et sa volonté d’artiste au service de question comme la parité, l’éga-lité et le rôle de la femme dans notre société.

EN TOUTE FRANCHISE

Jeff de Bruges24, Rue Lepic

75018 Paris

Tél : 01 42 55 28 59

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Page 47: Paris Montmartre - mars 2013

PM 13-90

EN TOUTE FRANCHISE, SERENA…

LE QUESTIONNAIRE

Si vous étiez un animal ?Une girafe volante. Oui, ça existe !

Ce que vous préférez à Montmartre ?Sa musique ! Les voix, les rires des en-fants, les engueulades, les concerts dans les cafés... les discussions tard dans la nuit où l’on refait le monde !

Si vous étiez un panneau de signalisation ?« INTERDICTION DE MEPRISER L’AUTRE ! »

Ce que vous pardonnez à vos amis ?Tout, sauf quand ils ne se respectent pas, ou qu’ils se dévalorisent.

Si vous n’aviez pas fait ce métier-là, qu’auriez vous aimé faire ?La boulangère. On aura toujours besoin de pain et d’un sourire.

Si vous étiez une boisson ?Un pouilly-fuissé.

Ce qu’il faudrait changer à Montmartre d’après vous ?Faudrait pouvoir louer en bas une trotti-nette volante pour la montée.

Et puis le « Panettone », le Sacré-Cœur ! Je comprends qu’il puisse intéresser les touristes mais l’histoire qu’il cache sous ses fondations... enfin, la Commune ! On ne peut pas le déplacer derrière la Butte ?

Votre principal défaut ?J’ai tous les défauts, je parle fort, trop, je veux toujours aller trop vite, je casse les verres au restaurant sans le faire exprès, je suis têtue et je veux toujours trouver une solution – suis nulle en informatique et sur facebook, je ne sais pas si un poke c’est gentil ou pas, j’y comprends rien...

Si vous étiez un objet ?Pas un verre ! Un bain moussant relaxant. C’est ce qui est le plus difficile à faire aujourd’hui, « se relaxer »…

Quelle est votre devise ?S’il n’y a pas de solutions, c’est qu’il n’y a pas de problèmes !

Quelle est la dernière bêtise que vous avez faite ?Je ne fais jamais de bêtise ! Enfin... j’ai peut-être quelque problème à me rappeler le nom des gens, alors il m’arrive parfois de faire des gaffes... Dans mon métier,

c’est pas très gracieux ! Une fois, j’étais au théâtre du Rond-Point (lieu que j’adore, on peut voir des artistes de chez moi, Pippo del Bono, etc., et l’ambiance est toujours chaleureuse) et j’ai appelé très fort Jean-Michel Ribes que je voulais saluer : « Eh ! Jean-Luc ! Tu ne me dis pas bonsoir ?»

Quelle est votre occupation préférée ?Rester des heures sur une terrasse à observer les gens. On apprend beaucoup de choses sur la nature humaine.

Votre plus beau souvenir ?Heureusement, il y en a pleins ! Le dernier, c’est mon expérience en prison avec les femmes de la maison d’arrêt de Fleury Mé-rogis où j’ai monté un spectacle de théâtre et tourné un documentaire : « Il était en-core une fois... ». Le premier jour, une fille, Nat, m’a dit : « Madame j’en ai rien à foutre de ton théâtre » et moi, je lui ai répondu « Moi non plus ; le théâtre c’est toi, elle, et nous... » Elle est restée jusqu’au bout et elle a découvert pour la première fois que lorsqu’on croit en quelque chose, en quelqu’un, la vie vaut bien la peine d’être vécue. Merci à Nat et aux filles, elles m’ont toutes appris ça ! Sans passion, on ne va pas très loin.

Le dernier livre que vous avez lu ?Il corpo delle Donne , (le corps des femmes) di Lorella Zanardo , une enquête sans pitié sur la « femme-objet » dans la télévision italienne. Dommage que le livre ne soit pas traduit en français parce que, même si, ici, la femme n’est pas montrée perpétuellement comme un « objet » par les medias, etc., le combat pour la parité reste encore bien tortueux !

Quel est le pire cadeau que l’on vous ait fait et qui vous l’a fait ?Tout cadeau a son sens... mais bon, le pull avec les chats en relief rose et gris de la tante à Noël... Uff ! Faut oser...

Le don de la nature que vous voudriez avoir ?Une énergie inépuisable ; mais bon, je fais avec ce que j’ai.

Si vous deviez vous réveiller dans la peau de quelqu’un du sexe opposé, qu’auriez-vous hâte de faire ou de découvrir ? Manuel Valls, juste pour comprendre ce qu’il a dans le crâne... parce-que là, ça m’échappe ! Il était socialiste de gauche ? Ou bien ?

Comment ça s’est passé ?À toi de me le dire ! Est-ce que j’ai gagné un Sacré-Cœur en sucre ?! Kiss bacio ti amoooo…

Merci à vous, chers lecteurs, de l’intérêt que vous portez à cette rubrique. Vous pouvez réagir par mail en écrivant à :

[email protected]

Hervé Valade-Chassing

SERENA REINALDI

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Page 48: Paris Montmartre - mars 2013

PM 13-90MATIÈRE À MÉDITER

L'ABEILLE ET LA FOURMIA jeun, le corps tout transi,Et pour cause,Un jour d'hiver, la fourmiPrès d'une ruche bien close, Rôdait pleine de souci.Une abeille vigilanteL’aperçoit et se présente.« Que viens-tu chercher ici ?Lui dit-elle. – Hélas ! Ma chère,Répond la pauvre fourmi,Ne soyez pas en colère.Le faisan, mon ennemi, A détruit ma fourmilière ;Mon magasin est tari ;Tous mes parents ont péri De faim, de froid, de misère.J’allais succomber aussi,Quand du palais que voici L'aspect m’a donné courage.Je le savais bien garni De ce bon miel, votre ouvrage ;J'ai fait effort, j'ai fini Par arriver sans dommage.– Oh ! Me suis-je dit, ma sœur Est fille laborieuse ;Elle est riche et généreuse,Elle plaindra mon malheur ;Oui, tout mon espoir repose Dans la bonté de son cœur.Je demande peu de chose ;Mais, j'ai faim, j'ai froid, ma sœur !– Oh ! Oh ! répondit l'abeille,Vous discourez à merveille ;Mais, vers la fin de l'été,La cigale m'a conté Que vous aviez rejeté Une demande pareille.– Quoi ! Vous savez ? – Mon Dieu, oui ;La cigale est mon amie.Que feriez-vous, je vous prie,Si, comme vous, aujourd'hui,J'étais insensible et fière ;Si j’allais vous inviterA promener, ou chanter ?Mais rassurez-vous, ma chère ;Entrez, mangez à loisir ;Usez-en comme du vôtre ;Et surtout, pour l'avenir, Apprenez à compatirA la misère d'un autre. »

De Jussieu

Le 11 décembre 2012, pour la célébration du dimanche de la paix de

« Pax Christi », dont la Sec-tion française est dirigée par Mgr Marc Stenger, fut un mo-ment fort d’œcuménisme, en présence de S.A.I. Monique Vinh-Thuy, P. de Bodard (che-valier de Malte), S.Exc. Y. Ali-çka, ambassadeur d’Albanie et son épouse, le colonel

J.-P. Guieu, Isabelle Guérin, artiste peintre, le calligraphe Ghani Alani, Linda Bastide, poète écrivain, l’universitaire J. Lemarignier, mécène de J.-P. Froidevaux : accueilli par M. l’abbé Sonnier, curé de St-Pierre, Mgr Michel Tajra, évêque protestant luthérien,

lut à cette occasion, au pied de la statue de N.-D. de Mont-martre, un texte de louange à la Vierge écrit par Luther, qui fut une révélation culturelle pour beaucoup,.

La célébration était suivie par le vernissage d’une exposi-tion artistique : j’avais choisi d’inviter cette année le grand maître d’art français Jean-

Paul Froidevaux, génial créa-teur en art sacré – émaux, mosaïques, vitraux, mais aussi dans le domaine civil. L’artiste, qui relie sa vision esthétique à une grande inspiration spirituelle, est apparu souriant, élégant et d’une profonde humilité.

L’exposition photo-graphique présen-tait les nombreuses œuvres offertes à la paroisse mont-martroise, ainsi que toutes celles dissé-minées à travers la France où cet artiste fécond s’est expri-mé à travers autels, re t a b l e s , c ro i x ou tabernacles :

de Lourdes à Albi, Périgueux, Caen, le Mont-Saint-Michel, etc. Le livre d’or de cette sixième manifestation artis-tique annuelle témoigne que, pour beaucoup, ce fut la révélation d’un grand artiste du sacré à l’ère contem-poraine : « Une recherche passionnante des formes, des couleurs et des maté-riaux », « Votre travail amène

chacun à la prière – le Beau nous élève l’âme », « Ces œuvres font vivre les lieux de culte ». Mes plus chaleu-reux remerciements vont à Gabrielle Froidevaux, fille de l’artiste, dont la coopération précieuse nous a permis de compléter si harmonieuse-ment l’ensemble des œuvres présentées.

Philippe-Marie Christophe

Responsable paroissial pour Pax Christi et président de

l’Amicale des artistes N.-D. de Montmartre.

ART SACRÉ JEAN-PAUL FROIDEVAUX, UN GRAND MAÎTRE FRANÇAIS D’ART SACRÉ

Page 49: Paris Montmartre - mars 2013

PM 13-90 HOMMAGE

Le 29 novembre 2012, Montmartre a perdu une dame de haute culture, et d’une rare amabilité. Tour à tour chan-

teuse, auteur de chansons, journaliste inter-nationale, etc.. Elle était connue pour ses collaborations musicales avec le Quintette du Hot Club de France, ses reportages pour les grands noms de la mode et ses inter-views de célébrités. Dans Paris-Montmartre du deuxième trimestre 2011, ma consoeur Michèle Clary lui avait consacré un article qui avait rendu très heureuse cette grande dame et permis aux Montmartrois de dé-couvrir un parcours brillant que sa modestie leur avait caché. Elle s’est éteinte subite-ment dans son appartement familial de la place Marcel-Aymé, où elle était née le 22 novembre 1924, au temps du charleston.

Marie-Jacques était la fille de Robert Perrier, compositeur, mais aussi fondateur de la société de textiles Robert Perrier : il fut, comme aimait à le rappeler Marie-Jacques, le premier président de l’Amicale des artistes et des écrivains de Notre-Dame de Montmartre (association dont elle était sociétaire). Enfant, Marie-Jacques côtoie dans le salon tenu par ses parents dans leur appartement montmartrois Joséphine Baker, Stéphane Grappelli, Django Rein-hardt, Henri Salvador, Jean Tranchant, etc. Elle commence dès l’âge de dix ans une carrière d’actrice et de chanteuse sous le

nom de Jacotte Perrier et devient vite populaire avec son rôle de Mitou, dans la comédie radiodif-fusée « Serpentin, Mitou et Toti ». Dès 1937, elle enregistre des disques chez Pathé, devenant col-laboratrice de Django Reinhardt et Stéphane Grappelli avec lesquels elle a chanté. Ainsi qu’elle me le confia un jour, elle mit fin à sa car-rière de chanteuse au début de la guerre, ne voulant pas passer sur Radio Paris – « Radio Paris ment, Radio Paris est allemand » comme disait Radio Londres à l’époque, formule imaginée par un Montmartrois en exil, Pierre Dac. Devenue, après la guerre, journaliste de langue an-glaise et l’une des plus éminentes de « Fair-child publications », elle obtient un large succès pour ses entretiens avec Jacqueline Kennedy, la princesse Margaret de Grande-Bretagne, l’impératrice Farah d’Iran ou Maria Callas… Elle interviewe les plus grands créateurs de mode, Pierre Balmain, Hubert de Givenchy, Nina Ricci, Elsa Schiaparelli, Karl Lagerfeld, Yves Saint Laurent, Emma-nuel Ungaro, etc. Marie-Jacques a maintenu d’étroites relations professionnelles avec Pierre Cardin et André Courrèges.

Dans les années 60, elle part à Los Angeles et devient correspondante à l’étranger pour,

entre autres publications, le « Hollywood reporter », mais revient en Europe à la naissance de sa fille. Elle continuera d’écrire pour des publications internationales, et fera l’objet de plusieurs documentaires télévisés pour les chaînes Histoire et ITV.

En 2004, elle enregistrait une anthologie de la musique de ses parents intitulée « Echos du R 26 », et accueillait toujours à son domicile des étudiants étrangers, éblouis par sa culture et son dynamisme.

Marie-Jacques, vous nous manquez !

Albert de Smet

S ini est partie sans laisser d'adresse; Jacques Blank est bouleversé…

Née en 1944 en Finlande, Sini a laissé der-rière elle des souvenirs et des images, le tout foisonnant de personnages ; elle laisse aussi des paysages nordiques et des scènes montmartroises (en 1988 Sini a illustré douze chansons de Bernard Dimey, ce qui la rattache à la Butte.)

L'œil de Sini est partout, depuis 1970, il se pro-mène aux quatre coins du monde.

Le privilège des artistes réside dans le fait que leur œuvre leur survit, dans le cas de Sini dans des lieux et des pays les plus improbables : en Finlande, en Norvège, en Suède, en Espagne, en Australie, à Cuba, ses tableaux font la joie de ceux qui ont le bonheur de les posséder.

A Saint-Junien, à Deauville ou à Verneuil-sur-Avre, elle continuera d'exister dans ses tableaux… Ainsi qu'à Confolens, où elle avait posé ses bagages.

J.J.S.

Marie-Jacques Perrier

Sini Manninen

Page 50: Paris Montmartre - mars 2013

PM 13-90

F ÉERIE est le nom de sa dernière création qui ne désemplit pas depuis

douze ans. Une œuvre d’art portée en triomphe par un

public composé d’un mélange de toutes les générations et de touristes du monde entier, mais surtout, chaque soir, une population de jeunes couples parisiens qui découvrent le célèbre cabaret de la place Blanche pour la première fois. Sa disparition soudaine à l’âge de 84 ans a fait l’effet d’une bombe parmi les 400 employés de l’établissement, ceux de la première heure, et frappé de stupeur ceux qui avaient pour habitude de le voir franchir quotidiennement son bureau. L’homme à la carrure imposante, à l’allure sportive, dégageait une autorité naturelle qui en intimidait plus d’un. Toujours élégamment

vêtu, l’œil vif, le front haut, empreint d’une certaine noblesse, donnant une poignée de main franche, il n’a rien laissé apparaître d’une maladie foudroyante, celle qui l’a emporté en quelques semaines. Venu des montagnes de l’Italie, Jacki Clérico ne craignait pas le froid et avait une capacité de travail au dessus de la moyenne, c’était un meneur d’hommes, une tête chercheuse.

Au delà de cette rigueur toute professionnelle, l’homme savait être juste et bon, à tel point que les équipes de travail, parmi les plus grands de la profession, qui ont participé à la création de toutes ses revues depuis le début, ne l’ont jamais quitté.

Jacki Clérico, le « Père » du Moulin Rouge moderne était célèbre dans le monde entier, connu, apprécié et respecté de tous, par les têtes couronnées qu’il a côtoyées pendant des décennies, lors des galas prestigieux qu’il organisait dans son cabaret, par des chefs d’États mais aussi

par le monde artistique en général et les artistes de réputation internationale avec qui il a établi des relations depuis le début des années 60, époque à laquelle il prend les commandes du navire amiral de la Place Blanche. Jacki Clérico avait une passion sincère pour les chevaux, au point d’en posséder une centaine à certaine époque. Voilà un rapprochement étonnant avec le fondateur du Moulin Rouge Joseph Oller, qui avait inventé le Paris Mutuel et avait entraîné le monde aristocratique du cheval au Moulin Rouge, à la Belle Epoque.

La liste impressionnante des hommages rendus en provenance des régions les plus reculées de la planète témoignent de l’amitié et de la reconnaissance de la valeur de son travail au sein d’une profession réputée la plus difficile au monde. L’émotion fut vive lors de la cérémonie religieuse qui s’est

déroulée à l’Eglise Saint-Pierre de Neuilly, une église bondée, une foule recueillie, portée par l’Ave Maria de Schubert et une voix qui déclare que Jacki Clérico, le « patriarche » de la famille, était baptisé et croyant. Puis vint l’hommage de Line Renaud, citant un poème du chanoine Henry Scott-holland, traduit par Charles Péguy : « L’amour ne disparaît jamais ! Pourquoi serais-je hors de ta pensée, simplement parce que je suis hors de ta vue ? Je t’attends, je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin ». Le personnel du Moulin Rouge à applaudi a tout rompre lors de la traditionnelle galette des rois où fut projeté sur un écran un récapitulatif de la vie et l’œuvre de Jacki Clérico. C’est toute une famille en pleurs, une grande famille réunie autour de l’esprit de cet homme exceptionnel qui a écrit l’histoire moderne du Moulin Rouge.

HOMMAGE

Jacki Clérico CHAPEAU, L'ARTISTE !

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Page 51: Paris Montmartre - mars 2013

PM 13-90

Tout a été dit ou presque sur l’étrange destinée de cet homme qui voulait devenir coureur cycliste, une carrière interrompue pour des raisons de santé, ses années d’apprentissage auprès de son père Joseph et de son oncle Louis Clérico qui président aux destinées du Lido depuis 1947 aux côtés de Pierre-Louis Guérin, petite célébrité qui avait ouvert un cabaret situé rue Pierre-Charon, « Le Club », où débuta en tant que pianiste Eddy Barclay. Autre producteur de talent à cette époque du Lido première manière, René Fraday – ex boy de Mistinguett. Une équipe de choc qui portera le Lido au zénith. Le Lido deuxième manière, installé en 1977 dans l’ex cinéma « le Normandie », confirmera et inscrira pour la postérité le nom des Clérico parmi ceux des grands entrepreneurs de spectacle.1962 est une date historique pour Jacki : il quitte sa fonction de directeur commercial du Lido pour prendre les rênes du Moulin Rouge saisonnier que Joseph et Louis Clérico, associés à Jean Bauchet, avaient acquis fin 58, à la suite de Jo France.

C’est un tour de force inimaginable de la part de Jacki que d’entreprendre, contre vents et marées, le sauvetage du cabaret le plus célèbre du monde, à une époque de grande mutation de la société, où les cabarets de Montmartre et autres lieux de plaisir survivaient entre l’ombre et la lumière de la nuit éclairée par les façades de cinéma qui avaient transformé le paysage du « Gai Paris ». Jacki Clérico a connu l’agonie et la destruction du Gaumont Palace en 1973, la démolition du cirque Médrano la même année, la mort du café Cyrano cher aux surréalistes, la disparition du tabac « du Moulin » qu’avait chanté Fréhel, la valse permanente des managers de tous poils qui allaient de faillites en faillites dans ce quartier des plaisirs et de Jésus La

Caille. Il a dû résister au chaos de 1968 et affronter l’agressivité des frères Siritzky, qui ont inauguré la même année au Moulin Rouge le « Paramount Montmartre cinéma ». Survivre dans le

monde impitoyable de la nuit à Pigalle, puisque c’est ainsi que les médias désignent la place Blanche, est un défi de chaque jour pour un entrepreneur de spectacle qui peut être comparé à un funambule travaillant sans filet. Oui, Jacki Clérico a

eu l’intelligence de préserver dans ses revues les traditions montmartroises et l’esprit du Chat Noir, mais il a surtout gardé

intact le décor Belle Époque de la salle de son moulin. Oui, Jacki Clérico a tout donné à l’ogre musical en offrant au public le plus beau French Cancan du monde, en

modernisant et créant des revues à grand spectacle qui s’enchaînaient toutes par

la lette F, par superstition, de Frou frou à Féerie, onze revues à succès en quarante ans, et la prochaine « F » qu’il a supervisée en partie en y associant depuis des lustres son fils Jean-Jacques, qui a baigné durant son enfance dans la marmite du music-hall et n’est pas étranger au succès fou de la revue Féerie à laquelle il a œuvré au côté de son père. Oui, Jacki est parvenu à faire mieux que le Lido, oui, il s’est hissé au niveau des plus grands créateurs de revues, des Jacques Charles, des Paul-Louis Flers, des frères Isola et des Voltera. Pour cela, il a su s’entourer des meilleures équipes afin de garder son Moulin Rouge auquel son nom, Clérico, s’attache à jamais, inscrit en filigrane dans notre mémoire, un nom désormais associé à celui des fondateurs Oller et Zilder, et à celui de Toulouse-Lautrec. Si ce dernier l’a immortalisé, Jacki l’a sauvé et inscrit dans la modernité : ensemble, ils se partagent les ailes du désir qui tournent et retournent sans cesse sur nos rêves étoilés, et permettent au plus célébre cabaret de la planète, dirigé par Jean-Jacques Clérico, de se projeter dans l’avenir.

Chapeau l’artiste !

JACQUES HABAS

HOMMAGE

Jacki avec ses amis de la Butte, Suzon Denglos Fau, président de la République de Montmartre, Midani, Viola et son père. Le sourire de Fanny, attachée de presse du cabaret.

Oui, Jacki Clérico a eu l’intelligence de préserver dans ses revues les traditions montmartroises et l’esprit du Chat Noir

S.A.R. La Princesse de Galles reçue par Jacki Clérico un soir de gala (photo Gilbert Moreau)

Page 52: Paris Montmartre - mars 2013

PM 13-90

FLa seule date dont on puisse être sûr est celle de notre naissance ; les autres événe-ments ponctuant notre passage sur Terre sont imprévisibles, aléatoires, nous vivons avec l’unique certitude qu’un jour il nous faudra mourir. Notre livret de famille est

très clair à ce sujet : la page concernant notre acte de décès suit immédiatement note extrait de naissance… La date du 21 Décembre 2012 devait, selon un mysté-rieux calendrier Maya, être celle de la fin du monde. Si vous lisez cet article c’est que la prophétie était inexacte ! Ceux qui y croyaient (et qui en avaient les moyens), s’étaient employés à entasser dans des abris antiatomiques des tonnes de vivres, des hectolitres d’eau douce, ainsi que des remèdes et médicaments de toutes sortes devant leur permettre de survivre dans leurs taupinières. Ils avaient même tiré à la courte paille le nom de celui qui devrait ouvrir la porte du sas de sécurité afin d’en-visager un retour à l’air libre, pour le cas où l’atmosphère terrestre n’aurait pas disparu. D’autres avaient pris le chemin de Buga-rach, petit village de l’Aude, refuge officiel pour qui voulait échapper à l’apocalypse ! Fort heureusement, le Grand Chaos est reporté à une date ultérieure ; pourtant, il ne faudrait pas que cette fin du Monde

avortée nous fasse oublier un drame autre-ment plus important :

Monsieur Gérard Depardieu, notre héros national, excédé par l’ingratitude dont il est l’objet, nous abandonne à notre triste

sort : qu’allons-nous devenir sans sa cha-leureuse présence ?

Souvenons-nous : il était touchant, le petit Gérard, dans les années 80, lorsqu’il s’essayait à la chanson. Il en avait composé une dont le refrain disait :

« Comédien, comédien,Tu te fais du bien,Tu te fais du bien,

Comédien, comédien,Tu te fais du bienEt tu te plains ! »

…Les couplets étaient à la hauteur du re-frain et, bien que n’étant pas du Ronsard, l’ensemble était empreint d’une certaine lucidité sur le sort de ces artistes souffrant du manque de reconnaissance de leurs

contemporains… Mais heureux d’exercer ce beau métier de comédien, même gra-tuitement !

Le voila aujourd’hui confronté, le petit Gérard, à un grave problème : il risque

d’avoir à payer « trop » d’impôts ! Ce qui, soit dit en passant, est le ressenti de la plu-part des contribuables hexagonaux, excep-té ceux qui en sont exemptés pour cause de revenus anémiques. En trente ans, le petit Gérard est devenu un redoutable homme d’affaires ; persécuté à ses dires par la fisca-lité nationale, il serait au bord de la ruine, ne possédant plus, entre autres, que : le Château de Tigné et ses vignes en Anjou, ainsi que d’autres vignes et domaines dans le Médoc, en Bourgogne, dans l’Hérault mais aussi au Maroc, en Espagne, en Ita-lie, en Argentine et même… En Ukraine !

Si l’on tient compte qu’il est propriétaire de trois restaurants, d’une poissonnerie, qu’il a ouverte à Roissy-en-France une conces-sion Yamaha d’une superficie de 3.000 m2 (une des plus grandes d’Europe), qu’il exploite une société de production finan-çant des films et louant du matériel pour les tournages – sans oublier sa propriété de 1800 m2 située à Saint-Germain-des-Prés

RUBRIQUE CHANSONNIÈRE

FAIRE FACE AUX GRANDES CALAMITÉS

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dont il demanderait cinquante millions d’euros. Ce bien n’étant pas suffisamment spacieux, il se fait construire une maison à Deauville au mépris, paraît-il, de certaines règles d’urbanisme…

Donc, que les âmes sensibles se rassurent : la diversité de ses sources de revenus le mettent pour quelques centaines d’an-nées à l’abri du besoin. Par ail-leurs, ses larges narines lui per-mettront encore de détecter ce qui le guide et le motive : l’odeur du fric !

Mais c’est décidé, Gégé, notre héros national, quitte la France qui l’opprime pour, dans un pre-mier temps, s’établir début dé-cembre dans le village frontalier

belge de Nechin, puis, sans s’être véritablement arrêté dans cette riante bourgade, le voilà s’envo-lant vers les bras protecteurs de Vladimir Poutine, ce grand démocrate, inventeur, avec son copilote Medvedev, de la prise de possession du pouvoir par alternance.

Un passeport russe, dont il n’est pas peu fier, attend notre émi-grant et voilà Gégé citoyen de Mordovie, contrée plus connue pour ses camps de travail et ses prisons que pour ses attraits touristiques. Le Gouverneur mordove lui propose le Minis-tère de la Culture et lui promet un appartement ou une mai-son, à son choix, afin d’y rece-voir ses amis pendant les six mois obligatoires pour acquérir

sa nouvelle nationalité.

Que Toutatis le protège et qu’il sache bien que nous apprécions à sa juste valeur son ultime sacri-fice : depuis son départ définitif, l’air est redevenu respirable !

Le grand philosophe Joey Starr déclarait dans Le Parisien : « Le capital sympathie, il n’en a rien à foutre… »

Ça tombe bien…

J.J. SACQUET

Sacquet par Boldron

Pour cette nouvelle année, Je vous promets surtout de voir, d’entendre…

et de dire comme vous !(Enfin, j’essaierai…)

Résolutionsv

COURTES BREVESPar Jean-Jacques Sacquet

Constatation :On apprécie vraiment la guerre quand on n'a plus l'âge de la faire…

Pas question de légaliser le cannabis ! Il serait même question de modifier le calendrier en supprimant le mois de joint pour éviter toute incitation.

Il paraît que la Police s'est servie du cas Merha pour faire son cinéma !

Communication de D.S.K. :« Pour qui elle se prend, la « Tri-Tri » ?Pour la pin-up de Tex Av'ry?Si j'peux la choper la pimbêche Elle va se faire remuer la mèche ! »

Mariage pour tous :Civil ou religieux, entre personnes du même sexe, le mariage hymen à rien…

Vacances d'hiver :Pour respirer l'air des Alpages,Nous bravons les embouteillagesDans le but d'assainir un peuNos poumons pleins de C.O.2 !

Dès le premier « mais » la contestation commence.

(Absurde)C'est fait ! Je ne peux plus me voir :J'ai supprimé tous les miroirs…Si par le plus grand des hasardsJe me rencontrais dans la rue,Je ne me reconnaîtrais plus !

Donc, que les âmes sensibles se rassurent :

la diversité de ses sources de revenus le

mettent pour quelques centaines d’années à

l’abri du besoin

La MascotteBrasserie depuis 188901 46 06 28 15

L’ÉcailleDégustation, vente etlivraison de fruits de mer01 46 06 06 56

Ouverts 7 jours sur sept 52 r. des Abbesses, Montmartre

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Réunis pour la première fois au cinéma, Ja-son Statham et Jennifer Lopez vont créer l’événement avec Parker, un thriller signé

Taylor Hackford (L’Associé du Diable avec Keanu Reeves et Al Pacino mais aussi Ray). Ce film per-met de retrouver le personnage déjà interprété à l’écran par Mel Gibson dans Payback en 1999.Ce braqueur professionnel hors normes a la particularité d’avoir une conscience : il ne vole jamais quelqu’un dans le besoin ! Cette fois, il va en fait se faire doubler par ses parte-naires, ce qui va logiquement changer la donne. Si vous aimez les films d’action, servis par un superbe casting, vous serez comblés par ce nouveau long-métrage.

En parallèle, ne manquez pas le DVD d’ Expen-dables 2 (Warner Home

Video) avec Sylvester Stallone en vedette. Le film est magistral, et la qualité du son, de l’image et des bonus est vraiment enthou-siasmante. De plus, le premier long-métrage est désormais dis-ponible dans une version « Di-rector’s Cut » particulièrement intéressante. Pour l’anecdote, sachez que Stallone est venu fré-quemment à Paris ces dernières années, pour raisons person-nelles et professionnelles, et a même dîné à Montmartre il y a quelques mois…Enfin, le film Piégée, réalisé par Steven Soderbergh (Ocean’s 11), ravira les fans de films d’espion-nage stylisés. Le casting réunit la jeune actrice Gina Carano, mais aussi des vedettes telles que Michael Douglas, Mathieu Kas-sovitz et Antonio Banderas (TF1 Vidéo).

Alain Haimovici

Côté DVD, Stars 80 va mettre de l’ambiance dans votre salon grâce au duo Anconina-Timsit (War-ner Home Vidéo). Ce film, réalisé par Frédéric Fo-

restier et Thomas Langmann, retrace l’aventure de deux amis qui tentent de faire monter à nouveau sur scène des vedettes des années 80. Un long-métrage très drôle et qui ne se prend pas au sérieux. Les fans des années 80 vont adorer !

Parker Sortie le 17 avril 2013

Stars 80 Sortie le 27 mars 2013

COUPS DE CŒUR CINÉMA ET DVD

Copyright photo : Warner Home Video

NOUVEAUTÉ

L a Société d’Histoire et d’Archéologie des IXe et XVIIIe arrondissements

de Paris Le Vieux Mont-martre se dote de nouveaux moyens de communication : la création l’an dernier d’un site internet présentant son profil et ses actualités, a montré la volon-té de l’association de s’ouvrir à un public plus large, et de répondre à la nécessité d’informer régulièrement celles et ceux qui montraient un certain intérêt à la vie du Vieux Montmartre, en leur faisant part des événements du Centre Culturel et des acquisitions réalisées, des actualités mont-martroises en lien avec l’association, et en leur apportant des nouvelles du Musée…

A quoi s’ajoute dorénavant l’édition de « La feuille du Vieux Montmartre »… support de toute cette culture montmartroise, lit-téraire, historique, picturale ou musicale, dont le Vieux Montmartre est le détenteur.

Après le « numéro Zéro », présentant une têtière sobre, une maquette élégante, conçues par le Directeur artistique Chris-tophe Arnaud, l’association annonce la parution du numéro 1, du premier tri-

mestre 2013, plus abouti, et agrémenté de plusieurs illustrations.

Largement diffusée sur papier et sur internet, au rythme de trois numéros par an, « La feuille » sera le

messager du Vieux Montmartre. Pour tout renseignement :

Société d'Histoire et d'Archéologie des 9°et 18° arrondissements de Paris

Le Vieux Montmartre12, rue Cortot, 75018 Paris

Tél. : 01 42 57 68 39Mail : [email protected] : www.levieuxmontmartre.com

« La feuille du Vieux Montmartre»

UN NOUVEAU LIEN ENTRE LES AMOUREUX DE MONTMARTRE

Copyright photo : SND

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Voici vos nouvelles du Ciel, avec le langage des couleurs, pour le second trimestre de l’année 2013. Ce printemps sera marqué par une entrée planétaire

plutôt musclée, en Bélier. En effet, un vent de fougue soufflera sur les natifs Feu. Prudence en Mai, car la configuration planétaire est chargée.

a Bélier du 21 mars au 20 avril Dans votre signe, avec un quatuor planétaire harmonique, on peut dire que vous serez aux anges. Cependant, évitez les prises de risques inutiles, car votre tempérament sera soumis à un surplus d’énergie, qu’il faudra canaliser et ce, dans une action constructive. Profitez de ce printemps pour harmoniser votre quotidien. Osez les rouges clairs et les bleus électriques.

bTaureau du 21 avril au 21 mai Votre printemps sera calme et il faudra attendre le mois d’avril, pour voir un réel changement. En effet, Vénus, votre planète, fera son entrée et avec elle, son magnétisme donnera du corps à vos créations. Ainsi, vos talents seront en lumière. Vous serez happé dans un tourbillon de bonheur. Les couleurs roses et les couleurs vertes sauront vous mettre en valeur.

cGémeaux du 22 mai au 21 juin Dans votre signe, la planète Jupiter est dissonante. Du coup, vous avez tendance à surestimer l’importance des choses de la vie. Dès lors, vous pouvez commettre des erreurs de jugements et cela peut nuire à vos ambitions qui vous poussent à vous engager davantage. Prudence, car les ennuis avec l’administration vous guettent. Portez des couleurs vives, comme le mauve.

dCancer du 22 juin au 22 juillet Le 21, jour d’équinoxe, la Lune traversera votre signe et vous rendra très perméable aux ambiances. Les contagions seront néfastes. Arrangez-vous pour évoluer dans un climat de paix et d’harmonie, pour ne pas succomber à toutes formes négatives. Au travail, les pressions semblent vous peser. Alors, mettez de la couleur dans votre vie. Osez les fluos.

e Lion 23 juillet au 22 août Vous serez confronté à vos désirs les plus profonds. Votre envie de changer, vous pousse à prendre des initiatives. Certaines portes de votre destin s’ouvrent. A vous de savoir saisir les opportunités qui se présentent, notamment pour les métiers qui touchent à l’art. Votre vie personnelle est soumise à des turbulences. Portez les ocres rouges et les jaunes lumières.

f Vierge du 23 août au 22 septembre Vous serez en mode émotion et il faudra prendre garde aux différents litiges et autres contrariétés qui peuvent assombrir vos humeurs. Abstenez-vous d’emprunter ou de prêter de l’argent, car cela n’occasionnera que des soucis. Si, vous devez vous engager par signature, méfiez-vous de certaines clauses. Les verts et bleus vous porteront chance.

g Balance du 23 septembre au 22 octobre La période actuelle est plutôt agitée et dans tout ce marasme planétaire, il faut vous accrocher pour essayer d’être, le plus possible, en harmonie avec vous-même. Les choix seront déterminants. Seule la réflexion vous permettra d’éviter de faire n’importe quoi. Les hésitations ne seront pas de bon aloi. Les rouges vermeils vous donneront du tonus.

h Scorpion du 23 octobre au 22 novembre Actuellement, vous devez vous remettre en cause. Pour cela, il faut accepter les idées et les valeurs d’autrui. Saturne, Maître du Temps, stationne dans votre signe, et vous donne les facultés de mieux ressentir les choses. Les relations avec les Poissons sont à privilégier. La communication sera très importante. Misez sur la diplomatie. Portez bleu roi et rouge vif.

i Sagittaire du 22 novembre au 21 décembre Les dissonances de votre planète laisseront, derrière elle, un sillon d’amertume. Votre esprit aventurier n’aura qu’à bien se tenir, car il suffira d’un petit rien, pour que vous prenne l’envie de lever l’ancre. Votre besoin d’évasion se fera sentir. Cependant, ce n’est pas l’heure des vacances. Patience et persévérance sont les remèdes de votre existence. Portez du gris.

jCapricorne du 22 décembre au 20 janvier Par le carré planétaire, Mars/Pluton, le printemps sonne le glas de la fatalité. L’agressivité risque d’être au programme. Alors, oxygénez-vous le plus possible afin de ventiler vos surcharges émotionnelles. Patientez jusqu’au 24 avril, date à laquelle les astres vous seront très favorables. Mettez davantage de nuances colorées dans vos tenues vestimentaires.

k Verseau du 20 janvier au 18 février Grâce au très bel aspect d’Uranus et de Jupiter, vos ambitions passent du rêve à la réalité. Tous les espoirs vous sont permis, alors ne gâchez pas vos chances de réussite, par des crises d’égo qui ne feront rire que vous. A la place, misez sur votre communication qui donnera du corps à vos démarches. Portez les verts, marrons et gris, pour vous donner de l’élégance.

l Poissons du 19 février au 20 mars Une ode au bonheur se joue dans votre signe. Avec une inspiration nouvelle, vous réinventez votre quotidien. En effet, avec Neptune et Mercure comme métronome, vous parachevez vos mélodies sur un rythme aux couleurs du Soleil. C’est le printemps dans votre vie et cela se verra. Comme toujours, le turquoise saura vous mettre en valeur. Le rouge aussi.

Cet horoscope est réalisé par Sophia MEZIERES, Astrologue Conseil Diplômée Professionnelle.

www.sophia-mezieres.com

PM 13-90 LES NOUVELLES DU CIEL

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Bulletin d’abonnement à Paris-MontmartreAbonnement de soutien de 20 e, (30 e hors CEE). Chèque à l’ordre de Paris-Montmartre Bulletin à découper ou à recopier et à retourner à Paris-Montmartre 13, place du Tertre, 75018 Paris

Nom : Prénom :

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Ce fut une soirée de haute valeur artistique et conviviale, dans le cadre du célèbre restaurant « La Bonne Franquette », pour les abonnés de Paris-Montmartre, qui, à l’occasion de la traditionnelle soirée de parution du magazine,

ont eu l’occasion de faire la fête avant l’heure. Après un repas concocté par le formidable Patrick Fracheboud, toujours à la pointe des saveurs et de l'accueil, un spectacle réunissait des valeurs sûres de la scène française. Un grand merci à Monsieur Pierre Barouh pour avoir enchanté l'assemblée avec ses titres éternels qui comptent parmi les fleurons de la chanson française, et merci à Alain Turban qui « chauffait » ce soir-là son proche Olympia, au talentueux et tendre Jean Olivet, au « perturbateur hilarant » Triboulet, à Franco Perry, l'homme qui emmène l'accordéon jusqu’aux astres… Et à bientôt, on l'espère !

Triboulet, Alain Turban, Pierre Barouh, Alexandra Cerdan et Franco Perry

Michou, Linda Bastide et Michèle Dura

Triboulet en transe Jean Olivet

Pierre Barouh Alain et Franco Y’ a d’la joie !

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« Aller à l’idéal et comprendre le réel » (Jean Jaurès)

• Un homme, deux talents : DANIEL SABATIER…

• FRANCE GALL ET THIERRY BOCCON-GIBOD « Michel Berger, Haute fidélité »

• CHRISTIAN LEBON Un récital pour célébrer les 100 ans de la naissance de Charles Trenet

PIERRE YVES BOURNAZEL & ANNE HIDALGOXxxxxxxx xxxxxxx xxxxxx xxxxxxxxx

JEAN-FRANÇOIS BALMERD’un comédien l’autre

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JACKI CLÉRICO (Disparition)Créateur du Moulin Rouge

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