Monialibus
Bulletin international des
Moniales de l’Ordre des Prêcheurs
Nº 37 - octobre 2017
Sommaire:
● La lettre du Promoteur général des moniales
«Avec mon affection fraternelle…» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 3
Échos des regions : Nouveaux Membres de la Commission Internationale:
Sœur Mary Rose, o.p. – Région Amérique du Nord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 4
Sœur Stanislawa Pelechata, o.p. – Région Europa Utriusque . . . . . . . . . . . . . p. 5
Sœur Lioba Hill, o.p. – Région France-Suisse romande . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 6
Sœur Lorena Barba Franco, o.p. – Région Mexique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 7
Sœur Ana Maria de Jesús, o.p. – Région Bética en Espagne . . . . . . . . . . . . . . p. 8
Nouvelles des communautés:
● Deux semaines au Burundi : un séjour chez les moniales de Rweza, Burundi . . . . . . . p. 9
● Porte sainte de la Miséricorde à Rweza, Burundi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 11
● Un Monastère errant a trouvé une "Maison"
partage d'une Expérience - Italie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 12
● Monastère Sainte-Catherine de Sienne à Langeac, France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 14
● Monastère St-Dominique, Cochabamba, Bolivie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 16
● Clôture du jubilé d’Estavayer, Suisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 18
● Monastère de Sainte Catherine de Sienne et Sainte Anne
de la Puebla de los Angeles, México 1568 – 2018 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 20
Bulletin international des Moniales de l’Ordre des Prȇcheurs_____________________________
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============================================================================== Monialibus est le bulletin international officiel des moniales de l'Ordre des Prêcheurs publié par la
Commission Internationale des Moniales (CIMOP) deux fois par an, en avril et en octobre. Il est
disponible sur le site Internet de l'Ordre - www.op.org
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« Avec mon affection fraternelle… »
Chères sœurs,
Veuillez recevoir mes salutations et avec elles la
joie de pouvoir partager ce moment avec vous.
Comme je vous l’ai déjà dit en d’autres
occasions, des sujets de conversation intéressants
jaillissent parfois de nos petits déjeuners à Sainte
Sabine. Il arrive aussi que les thèmes en soient
plus triviaux.
Il y a quelques jours, nous parlions de parfums et
notre conversation déboucha sur la célèbre
pharmacie (en fait un laboratoire de parfums)
que créèrent nos frères du couvent Sainte-Marie-
Nouvelle à Florence en Italie il y a déjà plusieurs
siècles, et qui est aujourd'hui aux mains d’une
compagnie privée qui a ouvert dans le monde
entier des magasins chics proposant ses produits
de parfumerie renommés et coûteux. Vous aussi,
dans certains de nos monastères, élaborez des
parfums exquis et plus accessibles que ceux que
je viens de mentionner.
J’imagine que pour l’élaboration d’un bon
parfum, les essences de qualité sont le produit de
base indispensable. Et ce thème des essences me
conduit à celui que je voudrais partager avec
vous en cette occasion.
Lors de mes rencontres avec vous, la question
suivante apparait souvent : Quelle est l’essence,
le cœur, le fondamental de la vie contemplative
dominicaine ? De fait, c’est une interrogation
appropriée et fondamentale ; il peut sembler
facile d’y répondre, mais la réponse en est
compliquée du fait de la diversité des accents et
des insistances. Cette belle palette d’intensités et
de teintes, si belle quand elle se vit dans la
communion, peut renfermer le danger de la
confrontation, ce qui n’est jamais à souhaiter
entre nous.
En comptant sur votre bienveillance, je vais me
hasarder, chères sœurs, au risque de me tromper,
à offrir à votre réflexion trois essences qui selon
moi ne peuvent manquer au parfum agréable de
la vie dominicaine contemplative.
Premièrement : soyez des femmes de Dieu.
C’est la recherche incessante et ardente de son
Mystère d’amour qui donne de la solidité et de la
consistance à cette forme particulière de don au
Seigneur. Tout dans notre vie, la célébration des
sacrements, l’oraison, la liturgie, l’étude, la
méditation, les horaires et aussi le travail et les
récréations, doit être finalisé par cet objectif.
Toute autre motivation enlèverait sa force au
parfum agréable et attirant pour ceux qui
cherchent par-dessus tout l’Amour de leur âme et
brûlent heureux dans la paix que Lui-seul peut
offrir. Souventes fois j’ai pensé que la vie
religieuse devrait toujours être une parabole
vivante et éloquente illustrant l’invitation du
Psaume 34 : « Goutez et voyez comme est bon le
Seigneur. Heureux qui trouve en lui son
refuge. »
Deuxièmement : soyez des femmes de Dieu
bâtisseuses de la communion fraternelle. Cela
ne peut pas être autrement. La rencontre avec le
Mystère de Dieu, qui est Amour, nous fait
inexorablement offrande d’amour pour ceux qui
sont à nos côtés ; et plus encore lorsque ce sont
des personnes qui partagent les mêmes buts que
nous et avancent sur les mêmes chemins.
Lorsqu’entre nous s’ouvrent des gouffres
infranchissables, plus profondes que les petits
frottements ou les légers désaccords quotidiens,
il faut nous demander quel Dieu nous avons
rencontré.
La femme et l’homme de Dieu, comme saint
Dominique de Guzmán, ne peuvent qu’être
vraiment fraternels et affectueux avec les autres.
Mais si au plus profond de notre être se sont
installées des réalités autres que notre Seigneur,
le risque de l’éloignement mutuel et de la rupture
de la communion sont hautement probables.
En l’an 2000, le regretté archevêque vietnamien
François-Xavier van Thuan a prêché la retraite
annuelle au Pape saint Jean-Paul II et à ses
collaborateurs. Il aborda aussi le thème de la
communion, toujours si nécessaire à l’intérieur
de l’Église et conclut en disant : « La
communion est un combat de tous les instants.
La négligence d'un seul moment peut la briser : il
suffit d'un rien ; une seule pensée sans charité,
un préjugé maintenu obstinément, un
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attachement sentimental, une orientation erronée,
une ambition ou un intérêt personnel, une action
accomplie pour soi-même et non pour le
Seigneur [...]. Aide-moi, Seigneur, à m'examiner
ainsi : "Quel est le centre de ma vie ? Toi ou moi
?" Si c'est toi, tu nous rassembleras tous dans
l'unité. Mais si je vois qu'autour de moi, tous
s'écartent et se dispersent, ce sera le signe que je
me suis placé au centre. »
J’ai souvent pensé que la vie religieuse devrait
toujours être une joyeuse vérification de ce désir
du Seigneur Jésus que nous soyons un. Il se fait
réalité entre nous et à travers nous dans l’histoire
de la famille humaine qui est si accidentée et si
douloureusement brisée. Chères sœurs, que la
parole du psaume 133 : « Oui, il est bon, il est
doux pour des frères de vivre ensemble et d’être
unis ! » devienne réalité en nous.
Troisièmement : soyez des femmes de Dieu
bâtisseuses de la communion fraternelle au
service de l’Église, de l’Ordre et de la grande
famille humaine. C’est une des essences vitales
que nous a laissées saint Dominique de Guzmán.
Cet équilibre parfait entre la recherche l’amour
de Dieu et l’offrande de cet amour à ceux qu’il
rencontrait sur son chemin. Et en communion
avec l’Église, et en construisant l’Église.
Notre mission au sein de la contemplation
monastique est la prédication. Assumer la
contemplation comme essence de notre vie fait
de nous des porteurs d’une Bonne Nouvelle :
celle de l’amour du Père qui s’est donné à
connaître en la personne de son Fils, Jésus-
Christ, le Seigneur. Son Esprit en nous stimule à
être ce don d’amour et de générosité pour
l’Église, pour la mission de l’Ordre et pour toute
l’humanité.
Je voudrais attirer votre attention sur le besoin
d’être particulièrement attentifs à apporter ce
don d’amour aux jeunes. La manière dont vous
le faites dans certains monastères est admirable.
Nous devons nous engager, avec l’effort que cela
exige, à les convoquer, les inviter, afin qu’ils
soient de quelque manière proches de nos
communautés. Et qu’ils soient proches afin de
leur proposer avec simplicité et conviction le
chemin vers la plénitude de sens de l’existence et
de la réalisation de soi riche et joyeuse qui est
contenue dans la vie contemplative.
J’ai souvent pensé que la vie religieuse devrait
être toujours une belle lettre d’amour ardent à
toute l’humanité, actualisant par la vie les
paroles de saint Jean : « Je vous l’écris, parents :
Vous connaissez celui qui existe depuis le
commencement. Je vous l’écris, jeunes gens :
Vous avez vaincu le Mauvais » (1 Jn 2, 13-14).
Avec tout cela, que je crois essentiel, nos
monastères exhaleront le parfum doux, délicieux
et attirant propre aux chercheurs d’amour et de
plénitude.
Avec mon affection fraternelle,
Fr. César Valero Bajo, o.p.
Promoteur Général des Moniales
Original: espagnol
ÉCHOS DES RÉGIONS –
NOUVEAUX MEMBRES DE LA
COMMISSION INTERNATIONALE
Soeur Mary Rose de Joie Carlin, o.p. –
Région Amérique du Nord
Je m’appelle Sr Mary Rose de Joie CARLIN. Je
suis née le 25 octobre 1978 à Lufkin au Texas,
USA. Je suis la troisième d’une famille de 10
enfants, la plus âgée de 7 filles. J’ai 2 frères plus
âgés et un plus jeune, ainsi que de nombreux
oncles, tantes, cousins, neveux et nièces.
Mon premier contact avec le monastère de
l’Enfant-Jésus dont je suis devenue membre, eut
lieu alors que j’étais un petit bébé de quelques
jours : ma mère m’y avait amenée pour me
présenter aux moniales. Mes parents étaient de
souche catholique, mais à l’époque de ma
naissance ils fréquentaient une église baptiste. Ils
avaient étudié dans une université catholique en
Californie, et avait été effrayés de constater que
leurs amis devenaient athées (cela se passait
durant les années 60-70 qui furent si
mouvementées). Mon père installa un cabinet
médical privé à Lufkin comme médecin
généraliste et progressivement les moniales
devinrent ses patientes. Rapidement elles
connurent son cheminement spirituel et
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commencèrent à prier. Il va sans dire qu’elles
demandèrent et obtinrent pour lui le retour dans
l’Église Catholique et c’est ainsi que moi-même,
un de mes frères plus âgé et deux de mes sœurs
furent baptisés à la chapelle du monastère le 15
août 1982 ; j’avais alors 3 ans. Par conséquent
ma reconnaissance pour les moniales qui ont été
l’instrument par lequel Dieu a fait revenir ma
famille à l’Église est immense; et j’admire leur
fidélité dans les temps difficiles.
Ma mère était institutrice dans une école
primaire et elle a fait “l’école à la maison” à ses
10 enfants pour le primaire et le secondaire. J’ai
passé une licence dans les Arts Libéraux au
Collège Magdalen à Warner (New Hampshire,
USA). Ce collège est d’un haut niveau, ses
programmes sont fondés sur la civilisation autant
occidentale qu’orientale. Les cours sont
caractérisés par la méthode socratique des
questions-réponses à travers des séminaires ;
c’est un système que j’ai beaucoup aimé. Après
mon diplôme j’ai travaillé au collège durant une
année comme bibliothécaire ainsi que comme
enseignante en Théologie (Christologie et
Ecclésiologie). C’est durant cette année que le
désir du cloître (que j’avais ressenti durant ma
jeunesse) est réapparu.
Je suis entrée au monastère de l’Enfant Jésus à
Lufkin, Texas, le 11 juin 2000 pour la fête de la
Pentecôte ; j’avais 21 ans. J’ai pris l’habit et
commencé mon noviciat le 5 avril 2001. Le 29
mars 2003 j’ai fait profession temporaire et le 25
février 2006 profession solennelle. Depuis ma
profession simple j’ai servi la communauté
comme aide de l’économe, puis économe,
responsable du personnel employé et maîtresse
des novices. Je suis aussi conseillère pour un
second mandat, et secrétaire de la Fédération des
Monastères Dominicains d’Amérique du Nord.
En 2008 j’ai participé à l’édition de Vocation en
Noir et Blanc : les moniales dominicaines
contemplatives racontent comment Dieu les a
appelées, (Collection Histoires de vocations des
Moniales Dominicaines dans notre région).
Notre fédération a financé ce projet à l’occasion
des 800 ans de la fondation des moniales
l’Ordre.
Je suis très heureuse de servir la Commission
Internationale des Moniales et me réjouis à
l’avance de rencontrer des Dominicaines venant
du monde entier !
Soeur Mary Rose, o.p.
Monastery of the Infant Jesus (Texas, USA)
Original: Anglais
Sr Stanislawa Pelechata OP – Région
Europa Utriusque Je m’appelle Sr Stanislawa Pelechata. Je
voudrais me présenter brièvement.
Je suis née le 17 octobre 1972 à Góra, ville qui
se trouve dans l’ouest de la Pologne. Maintenant,
ma famille proche est constituée par ma mère et
un frère ainé, mon père étant décédé en 2009.
A la fin de mes études secondaires, j’ai suivi les
cours de l’Université de Poznán (Pologne) et
obtenu un Master de Linguistique Anglaise. J’ai
également enseigné l’anglais pendant quatre ans.
Au début, quand j’habitais Poznán, je gardais
mes distances à l’égard de l’Église, ayant pas
mal de préjugés sur sa doctrine. Et cela jusqu'à
ce que je tombe sur une série télévisée appelée
« La Parole pour Dimanche ». Ce jour-là, deux
frères habillés de blanc, montraient l’icône de la
Trinité de Roublev, disant que la quatrième place
devant la table m’attendait, moi, nous, quiconque
voulait la prendre. La réalité cachée derrière ces
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simples mots a touché profondément, aussi bien
mon esprit, mon cœur, que tout mon être. Ce fut
le commencement d’un cheminement qui
continue toujours et qui, j’espère, arrivera à
destination un jour. J’ai rencontré nos frères
dominicains et ai grandement bénéficié de leur
prédication qui m’a aidée à revenir vers la foi et
les sacrements. Le temps passant, j’ai ressenti
une attraction grandissante pour la vie
monastique dominicaine. A cette époque, je ne
réalisais pas que mon histoire avait quelque
chose en commun avec celle de nos premières
sœurs de Prouilhe.
Je suis entrée au monastère de Sainte Anna, en
Pologne, le 29 septembre 1998. Après une année
de postulat et une année canonique de noviciat,
j’ai fait profession temporaire le 24 septembre
2000. Et trois ans après, le 28 septembre 2003, je
faisais profession solennelle.
J’ai servi ma communauté en tant que cuisinière
pendant dix ans, combinant ce travail avec celui
de mes traductions. En septembre 2014, j’ai été
nommée économe, ce que je suis toujours.
Depuis 2008, je suis conseillère.
En 2007, je suis devenue responsable de
l’édition polonaise de Monialibus, et l’ai
régulièrement traduit jusqu’en 2013. En 2016,
j’ai repris cette tâche en coordonnant un groupe
de traducteurs. A différentes reprises, j’ai aidé
les précédentes représentantes de notre région à
la CIMOP, Sr Breda Carroll o.p. et Sr Josefa
Stettiova o.p., facilitant leur communication avec
les monastères de langue polonaise.
En 2008, j’ai participé à la rencontre régionale
de Strahlfeld (Allemagne). Puis j’ai fait partie de
l’équipe préparatoire des deux rencontres
Euromon qui ont eu lieu à Cracovie en 2012 et
2015. Et maintenant, je suis plongée dans la
préparation de la prochaine prévue en 2018.
Je suis reconnaissante pour la confiance que
beaucoup de communauté de notre région, ainsi
que le Maître de l’Ordre, m’ont montrée. Je suis
bien consciente de mes limitate mais suis
désireuse d’apprendre comment être utile en
construisant et renforçant les liens de
communion entre nos monastères et avec l’Ordre
tout entier.
Sr Stanislawa Pelechata o.p.
Monastère St Anna, Pologne
Original : Anglais
Sœur Lioba Hill – Région France-Suisse
romande
Le 24 mai 2017 le frère Bruno Cadoré, Maitre de
l’Ordre, m’a nommée membre de la Commission
Internationale de Moniales. C’est le frère César
qui me l’a fait savoir le soir du dimanche de la
Sainte Trinité : j’y vois une bénédiction particu-
lière pour laquelle je ne peux que rendre grâces !
C’est de tout cœur que j’exprime ma profonde
gratitude pour la confiance à mon égard qui me
touche beaucoup. Etre appelée avec les autres
membres de la CIMOP et le frère César à
collaborer avec le fr. Bruno au service des
monastères me remplit de joie.
Ce sont les monastères de France ainsi que celui
d’Estavayer-le-Lac en Suisse qui constituent «
ma » région. La mission de l’Ordre confiée à la
CIMOP est précieuse, délicate et importante
pour la vie et l’avenir de nos monastères. En
même temps, une certaine inquiétude m’habite :
serai-je à la hauteur de cette mission, de ce qui
sera demandé, des attentes que je découvrirai ?
Mais j’ai confiance, je serai membre d’un groupe
qui aime servir l’Ordre pour le bien de nos
communautés de moniales. Alors le Seigneur
acceptera la petite pierre que je pourrai apporter.
Mon « identité » ? Je suis allemande, j’ai 68 ans
et je suis moniale à Prouilhe depuis 31 ans.
Comment en suis-je arrivée là ?
« Que demandez-vous ? » - « La miséricorde de
Dieu et la vôtre » Lorsque j’ai entendu cela lors
de la profession d’un frère – c’était en
Allemagne, en octobre 1977 et j’ignorais
totalement que c’était une profession qui se
déroulait sous mes yeux ! - m’a profondément
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touchée et je me suis dit : « Il faut que tu
cherches où ça se trouve, la maison où habite la
miséricorde ! »
Là est la clef de ma vocation ! Ma quête
intérieure me conduisit finalement l’été 1983 à
une visite des « lieux saints dominicains » dans
le sud de la France jusqu’à Prouilhe où je ne
connaissais personne.
En arrivant devant le monastère et son église, j’ai
eu la certitude que « c’était ça ! » Une joie
immense envahissait mon cœur – et pourtant
j’avais du mal à comprendre que le Seigneur
semblait m’appeler à vivre dans un autre pays
que le mien, où l’on parlait une autre langue que
ma langue maternelle… et en plus dans un
monastère ! Je ne pouvais y croire…
J’ai continué ma vie professionnelle comme
enseignante en mathématiques, physique et
religion dans un collège catholique d’Allemagne
– et finalement j’ai accueilli l’appel du Seigneur
à me laisser conduire vers la vie monastique
dominicaine.
Le 13 septembre 1986 je suis entrée au
Monastère de Prouilhe et j’ai fait profession le
14 mai 1989, en la solennité de la Pentecôte. En
ce lieu-source j’ai la grâce et la joie de vivre
communautairement la dimension d’accueil des
Sœurs et Frères de l’Ordre de partout dans le
monde. Dans les services qui m’ont été confiés,
j’ai essayé de mettre en œuvre ce que saint
Dominique nous lègue comme trésor : « Il
portait tous les hommes dans le sanctuaire intime
de sa compassion ».
Sœur Lioba Hill, OP
Prouilhe, France
Original : français
Sœur Lorena Barba Franco OP –
Région Mexique
Je suis née le 13 octobre 1974, dans le Rancho
de los Dolores, dans la commune de Arandas
Jalisco. Notre fratrie comprenait dix enfants,
cinq filles et cinq garçons ; je suis la quatrième ;
grâce à Dieu, nous sommes tous vivants. Mon
père, Raymond Barba Barba, a 72 ans et ma
mère Joséphina Franco Orozco est décédée à 63
ans, en 2013.
J’ai fait mes études primaires et secondaires au
sein de ma famille ; ma vie familiale a connu
difficultés et joies ; je constate qu’au milieu des
manques économiques, la chaleur du foyer a
toujours été présente, et Dieu a semé la graine de
la vocation, laquelle a grandi.
Le 25 février 1991, à 16 ans, je suis entrée chez
les Moniales dominicaines, au monastère de
Sainte Marie de grâce, à Guadalajara ; après
quelques semaines de probation, on m’a admise
au postulat le 7 mars de la même année ; cette
étape a clarifié l’appel, aidée par mes sœurs,
surtout les sœurs aînées, car c’est un grand
exemple de voir leur don et surtout leur
persévérance. Le 7 septembre 1991, j’ai reçu
l’habit de l’Ordre et commencé le noviciat.
Le 16 janvier 1992, par mandat du Maître de
l’Ordre, tous les noviciats des différents
monastères de la République ont été réunis au
monastère de Sainte Rose, de Puebla, pour
commencer un noviciat fédéral ; tous les
monastères avaient déjà l’expérience de la
fédération
Le 8 octobre de la même année, j’ai fait ma
première profession temporaire, et ensuite on
m’a transférée à la maison des études, dans la
communauté Sainte-Catherine, Mixcoac, dans le
D.F., où j’ai passé les trois ans de formation. En
1995, je suis retournée dans ma communauté
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d’origine, le monastère de Sainte-Marie de
grâce, pour préparer la profession solennelle ;
alors, je poursuivais les études de la préparatoire,
avec le système ouvert. Et le 29 septembre 1998,
j’ai fait ma profession solennelle.
Cette année-là, nous avons commencé à préparer
les études de Licence en Sciences Religieuses,
aidées par le Recteur de l’Université del Valle de
Atemajac, le P. Santiago, qui a envoyé des
professeurs au couvent. Six sœurs ont commencé
en 1999 ; après plusieurs années, grande joie
quand nous avons terminé. Tout est grâce.
Mes emplois au monastère :
Trois ans à la pâtisserie, 1999-2001.
Huit ans, promotrice vocationnelle (j’avoue
que c’est un des emplois dont j’ai le plus
joui, car l’enthousiasme et l’énergie des
jeunes sont contagieux). Emploi commencé
en 1997.
De 2001 à 2007, j’ai été maîtresse des
postulantes du monastère (la formation est
une expérience très enrichissante, on
apprend beaucoup des jeunes, mais aussi
très usante).
Alors que je terminai mon temps de
maîtresse des postulantes, on m’a demandé
d’aider à la formation des novices, déjà
réunies dans la maison de Formation, une
maison pour tous les monastères, où vivent
les novices, les étudiantes de vœux
temporaires, la Mère fédérale et la
communauté de formation, sœurs des
différents monastères de Moniales
dominicaines. Le 24 janvier 2008, j’ai
commencé l’accompagnement des
novices ; cette expérience a été importante,
étant donné que j’accompagnais des
vocations de différents monastères et qu’il
s’agissait de les réunir en respectant leur
charisme et ce que l’Ordre nous demande.
De 2010 à 2016, on m’a demandé
d’accompagner les jeunes professes,
service qui dura six ans. L’accompagne-
ment des sœurs de vœux temporaires, au
Centre de Formation, dans la communauté
formatrice, m’a beaucoup plu, car, à cette
étape, les jeunes ont une grande vitalité,
beaucoup de rêves, elles sont créatives ;
quand cela se canalise pour un bien
commun, elles transforment l’ambiance.
De retour dans mon monastère le 3 juin
2016, le 3 décembre de cette même année,
on m’a élue pour remplir le service de
prieure de mon monastère d’origine, Ste-
Marie de Grâce, à Guadalajara, Mexico. Je
sais que ce service n’est en rien facile, mais
la grâce ne m’abandonne pas, ni la prière
d’intercession de tant de personnes. Que
tout soit pour la gloire de Dieu.
comme membre de la commission
Internationale des Moniales, représentant
tous les monastères de la Fédération de
Mexico, Cuba et Nicaragua, pour cheminer
ensemble, je demande à Notre Père saint
Dominique de pouvoir transmettre toute la
richesse que le Seigneur a répandue dans
notre Ordre, et d’être un pont efficace de
communication avec les désirs du Maître
de l’Ordre, par l’intermédiaire de César
Valero, Promoteur Général des moniales.
Atentamente, Sor Lorena Barba, o.p.
Monastère de Sainte Marie de Grâce, Guadalajara
Original: espagnol
Sœur Ana María de Jesús Martos, o.p. –
Région Bética en Espagne
Sœur Inmaculada Serrano m'a demandé d'écrire
une courte présentation de moi-même pour le
bulletin Monialibus. Alors, obéissant à celle qui
m’a précédé, je me présente avec plaisir.
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Mon nom est Sœur Ana Mª Jesús de Martos. Je
suis née à Torredonjimeno dans la province de
Jaén, en Andalousie, au sud de l'Espagne. J'ai
rencontré l'Ordre et les moniales grâce à une
amie qui est entrée dans le monastère de cette
ville deux ans avant moi. Elle m'a invité à sa
prise d’habit et, sans grande envie, j'accepté d'y
accompagner ma mère en ce jour si important
pour mon amie. Je n’étais alors pas très
pratiquante, n’allant à l’église que pour les
grands événements familiaux ou amicaux. Après
cette prise d’habit, je ne sais pas ce qui s’est
passé en moi mais tout a changé ... L'une des
choses qui a le plus attiré mon attention quand je
rendais visite à mon amie était sa joie et le fait
que les sœurs étaient heureuses, même si elles
étaient derrière une grille. En vérité, Dieu se sert
de tout pour « toucher le cœur » de ceux qu’Il
veut tout à Lui.
Je suis entrée au monastère Notre-Dame de la la
Piedad de Torredonjimeno, ma ville natale, le 2
mai 1980. J’ai fait ma première profession le 24
Avril 1983 et ma profession solennelle le 18 mai
1986.
Maintenant, après toutes ces années de vie
consacrée, je rends grâce à Dieu pour tout ce
qu'il m’a fait vivre avec lui, dans l'Ordre des
Prêcheurs comme moniale dominicaine
contemplative, portant, comme notre Père saint
Dominique, le message de la grâce et de la
miséricorde.
Je remercie mes sœurs de la confiance qu'elles
m’accordent, ainsi que le Maître de l'Ordre des
Prêcheurs pour ma nomination comme membre
de la Commission Internationale des Moniales.
Depuis le 4 Juin 2017, je représente ma
Fédération Notre-Dame du Rosaire de Bétique,
au sud de l’Espagne, comme prieure fédérale. Je
remercie Dieu pour cette nouvelle occasion de
servir mes sœurs et ma fédération au sein de la
mission de l'Ordre.
S'il vous plaît, priez pour moi.
Restons toujours unies devant le Seigneur et
notre Père saint Dominique,
Sœur Ana María de Jesús Martos, o.p.
Monastère fédéral Sainte Marie de la Grâce
Córdoba, España.
Original : Espagnol
NOUVELLES DES COMMUNAUTÉS
Deux semaines au Burundi : un séjour
chez les moniales de Rweza
En octobre 2016, Fr Benoît Delhaye, o.p., du
Couvent du St Nom de Jésus à Lyon, et moi
avons passé deux semaines au Burundi pour
rendre visite à la communauté de Rweza, dans la
province de Ngozi, sur les hauts-plateaux du
pays.
Le monastère Notre-Dame de la Paix de Rweza
fut fondé en 1973 par celui de Taulignan, qui
avait accueilli quelques années auparavant trois
sœurs burundaises après l’échec de la fondation
d’un monastère à Mureke, dans le même pays.
L’histoire burundaise précipita les choses,
lorsqu’en 1988 la plupart des missionnaires
furent expulsés du pays. Le monastère de Rweza
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reçut alors sont érection canonique malgré le
petit nombre de sœurs, et la jeune pousse
poursuivit sa croissance avec ténacité. Le lien
entre nos deux communautés s’est maintenu et se
maintient encore dans de multiples
correspondances, jalonnées de quelques visites.
Parvenues dans chaque communauté à la
première génération suivant les fondatrices, nous
souhaitions donner un nouvel élan à ce lien, en
redécouvrant la réalité quotidienne des sœurs. La
dernière visite à Rweza de Sr Marie-Pascal,
fondatrice, remontait à 2005. Les visites de
Rweza à Taulignan, plus récentes, dataient de
2007 et 2015 où la célébration des jubilés de
l’Ordre avaient été l’occasion d’inviter deux
sœurs pour chacun des voyages.
La visite fut brève mais intense, nous offrant
également la joie de faire connaissance avec la
communauté des frères de Bujumbura, qui se
trouve être le studentat du vicariat du Rwanda-
Burundi, de la province du Canada. Nous avons
pu apprécier l’accueil très fraternel qui nous a
été réservé, à l’aller comme au retour, nous
faisant découvrir quelques beautés de la capitale,
et notamment le lac Tanganyika qui borde la
ville.
Pour rejoindre le monastère de Rweza, la route
traversait d’abord la crête Congo-Nil, chaîne de
montagne dont les pentes très raides ne
découragent pas des plantations de bananiers ou
les coupes de bois pour le charbon, combustible
principal du pays, puis parcourait les hauts-
plateaux avec les cultures de thé.
La nuit était déjà tombée quand nous sommes
arrivés au monastère, ce qui nous a permis
d’apprécier au premier coup d’œil le bénéfice de
l’électrification réalisée en 2014, qui donnait
déjà de la lumière aux baraques de petits
commerces sur la piste que nous avons suivie
pendant quelques kilomètres. Sitôt arrivés, nous
avons gagné la chapelle pour célébrer
l’Eucharistie, à laquelle s’est jointe la
communauté, avant de nous offrir, sur d’autres
tables, un repas festif de bienvenue.
A Rweza, la communauté compte actuellement
dix-sept sœurs, dont dix sœurs en formation.
Mais il faut ajouter les cinq sœurs qui sont
parties au Bénin en 2013 pour une fondation
dans le diocèse de Dassa, et une autre prêtée à la
communauté de Douala au Cameroun. Cette
communauté fervente et joyeuse est très proche
du peuple qui l’entoure. Autour du monastère,
nous avons pu voir les maisons en terre d’une
population qui peine pour sa subsistance. Les
sœurs partagent autant qu’elles le peuvent. Un
projet d’adduction d’eau au monastère profitera
aussi aux voisins, tout comme pour l’électricité.
Dans cette vie de grande simplicité, le monastère
vit pour une bonne part de son agriculture, d’une
petite fabrication de bougies, et espère bientôt
commencer la confection d’hosties. La
Providence est bien sûr très partie prenante, en
particulier pour les chantiers importants engagés
au long des années. Entre 1998 et 2008, tous les
bâtiments d’origine ont peu à peu fait place à de
nouvelles constructions plus grandes, plus
durables. C’est l’accueil qui attend maintenant
d’être reconstruit pour offrir des lieux qui
répondent aux attentes des retraitants.
La proximité de la communauté avec son peuple
s’est exprimée aussi à travers les épreuves les
plus rudes : entre 1993 et 2000, lors de la
dernière grande « crise » du pays, traversé par de
nombreux massacres, la communauté a veillé sur
son unité quand le pays se déchirait entre Hutus
et Tutsies, les deux ethnies principales.
Informations écoutées ensemble, ou silence
partagé quand la souffrance était trop forte, leur
ont permis de demeurer, dans la prière, un lieu
de paix où les voisins venaient trouver refuge.
Aujourd’hui la prière pour leur pays reste très
présente, dans l’espérance que la nouvelle crise
politique sera surmontée dans la paix.
En 2013, c’est à l’appel des frères o.p. du Bénin
et de l’évêque de Dassa, qui leur offrait un
terrain, que quatre sœurs sont parties pour une
fondation à Soclogbo, bientôt rejointes par une
cinquième. Aujourd’hui, le bâtiment d’accueil a
été construit, la chapelle est en cours, et le
bâtiment des sœurs viendra ensuite au rythme de
Monialibus Nº 37
11
la Providence. La famille dominicaine a pu se
réunir dans la nouvelle fondation peu après
l’inauguration de l’accueil, et une novice est
actuellement en formation à Rweza pour cette
jeune communauté de Soclogbo.
Pendant notre séjour, nous avons eu la joie de
profiter d’une sortie communautaire au bord
d’un lac au nord du pays, près de la frontière du
Rwanda. Un petit bus affrété par l’évêché nous a
conduites, accompagnées de l’aumônier de la
communauté, au bord du lac Cohoha. Sur la
route, nous avons fait un détour vers l’église
d’une paroisse, la cinquième du pays dans
l’ordre chronologique, qui a fêté il y a peu ses
cent ans d’existence. Jeune pays de chrétienté, le
Burundi est animé de communautés ferventes et
enthousiastes, et voit affluer les vocations
sacerdotales et religieuses en grand nombre. J’ai
entendu dire que cet élan était aussi nourri par la
crise politique qui secoue encore le pays, dont la
seule issue est, pour beaucoup, dans une réponse
spirituelle.
C’est dans une grande action de grâces que les
deux voyageurs français ont quitté ce pays très
attachant et ses frères et sœurs si accueillants,
pour rejoindre leurs propres communautés. Nul
doute que ce voyage en appellera d’autres pour
soutenir une belle fraternité.
Sr Marie Madeleine, o.p.
Monastère de la Clarté Notre-Dame
Taulignan (France)
Original: français
[Note de l'éditrice: dans le numéro d'automne 2016,
nous avons montré cette porte sainte, en voici
maintenant l'article correpondant.]
Porte sainte de la Miséricorde à Rweza
au Burundi
Le 28 août 2016, Mgr Gervais
BANSHIMIYUBUSA, l'évêque de notre diocèse
de Ngozi, a ouvert la porte sainte de la
Miséricorde au monastère N-D de la Paix à
Rweza, faisant de notre monastère un lieu de
pèlerinage. Il nous avait envoyé son chancelier
pour nous expliquer le déroulement de la
cérémonie, puis nous nous étions préparées à cet
événement par une retraite de 8 jours et avions
sensibilisé notre entourage. La messe a
commencé à 10h30 par un rite d'introduction
suivie d'une procession de l'aumônerie jusqu'au
devant de la chapelle, dont la porte était fermée.
Après une prière de circonstance, l'évêque ouvrit
la porte, bénit l'eau et en aspergea le peuple
rassemblé en signe de purification. Après avoir
encensé l'autel et chanté le gloria, la messe a
continué à l’accoutumée, animée par la chorale
Sainte-Marie.
Dans son homélie, l'évêque a insisté sur la
miséricorde du Père manifestée dans le Verbe
fait chair et demeuré parmi nous... C'est la
miséricorde divine qui soutient l'univers...
Avant la bénédiction finale, l'évêque a explicité
Bulletin international des Moniales de l’Ordre des Prȇcheurs_____________________________
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le pourquoi de cet événement et les bénéficiaires
du pèlerinage: les moniales en raison de leur
clôture, les malades ou handicapés physiques de
notre entourage qui ne peuvent pas aller jusqu'à
la cathédrale et tous ceux qui viendront faire une
retraite au monastère. Avant de venir au
monastère pour la messe, l'évêque avait d'abord
visité nos 3 sœurs hospitalisées à Kiremba pour
leur ouvrir la porte de la miséricorde, témoignant
ainsi de son cœur de bon Pasteur.....
Partageons cette joie que le Seigneur nous donne
en cette année jubilaire des 800 ans de notre
Ordre, de l'année jubilaire de la miséricorde et
ensemble, louons-le car éternel est son amour !
Vos sœurs de Rweza-Burundi
Un Monastère Errant a Trouvé une
"Maison" Partage d'une Expérience
Depuis plusieurs années, la vie de notre communauté a été marquée par la nécessité de trouver une nouvelle implantation. Rêves, espoirs, déceptions, attentes, ont rythmé notre marche, nous faisant vivre des expériences nouvelles que nous voudrions vous partager.
Nous avons toutes l'habitude de nous penser dans une "maison", qu'elle soit petite ou grande. Mais peu de mois encore avant de commencer cette fondation (en 1999) nous ne savions pas où habiter et cette précarité a toujours accompagné notre chemin: nous sommes passées d'un orphelinat désaffecté (où nous avons vécu 2 ans) à une partie d'un monastère de la Visitation (3 ans) jusqu'au jour où nous avons reçu la maison qui aujourd'hui encore est le siège de notre monastère, le lieu où notre communauté a pu faire quelques racines et expérimenter un peu de stabilité. Comment dire? La Providence a toujours pourvu à nous trouver un toit ! Ainsi l'itinérance est une donnée qui accompagne depuis le début notre chemin communautaire, itinérance intérieure certes, mais bien concrète.
Le terme hébraïque qui signifie "maison" est la deuxième lettre de l'alphabet hébraïque, le bet, un "c" carré et retourné: trois parois et une ouverture, c'est-à-dire un passage pour entrer et sortir. En élaborant le projet communautaire, un des éléments avec lequel nous voulions exprimer la physionomie de notre communauté était
l'hospitalité. Durant ces années, la communauté a accueilli des personnes ou des petits groupes qui voulaient s'arrêter pour prier avec nous. Tâche prenante et enrichissante, qui néanmoins - année après année - nous a fait toucher du doigt l'insuffisance de l'espace de notre maison, soit pour la vie de la communauté qui entre-temps s'était enrichie de deux jeunes vocations (désormais nous sommes sept…), que pour l'accueil.
Que faire ? Avec l'aide de l'évêque de Turin et de son vicaire pour la Vie consacrée, nous avons cherché une alternative à notre "maisonnette", mais les prix étaient toujours pour nous inabordables et donc impossibles…
Puis, un soir de septembre 2014 nous avons reçu un téléphone de l'évêque d'un diocèse calabrais (Italie du sud): ils étaient en train de construire un monastère pour une communauté monastique qui avait renoncé à l'improviste au projet. Le diocèse avait donc un monastère mais sans moniales. Par un effet de la Providence divine qui conduit l'histoire, l'évêque avait appris notre recherche.
Petite note géographique pour celles qui ne connaitraient pas l'Italie: nous, italiens nous disons que l'Italie est "longue"! La distance entre nous et le diocèse calabrais est de 1200 km, mais plus importante encore est la distance culturelle et religieuse entre le nord de l'Italie où nous vivons et le sud.
Après une série de coups de fil, décision: nous allons voir! Une communauté volante voilà ce qui nous manquait encore! La réalité que nous avons découverte était… extraordinaire: l'évêque, quelques prêtres et religieuses, quelques laïcs nous ont accueillies et nous ont partagé leur désir de nous avoir à leurs côtés, leur passion pour l'Evangile et pour la recherche et la construction du bien commun avec toutes les forces sociales. L'impact pour ce territoire et ses habitants, les problématiques sociales et ecclésiales et toutes les valeurs qui les caractérisent ont fait brûler notre cœur de la passion de Saint Dominique pour la mission. Nous en sommes restées tout étourdies!
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La visite au monastère en construction a tout de suite mis en évidence un problème : l'édifice est immense et pourvu de huit hectares de bois. Malheureusement sur une terre encore très marquée par la présence de la mafia, nous nous rendions compte que l'insuffisance de notre autonomie économique pourrait nous mettre dans de sérieuses difficultés. Réunions communautaires et chapitres, réflexion et prière ont rythmé le temps de discernement durant lequel nous avons touché du doigt l'action de l'Esprit qui nous a fait faire à toutes un chemin d'unité, de maturation, de compréhension de notre mission. Au terme de ce chemin nous en sommes arrivées à la douloureuse décision de devoir renoncer à ce projet qui nous avait profondément impliquées. Et nous le confessons, un peu de notre cœur est resté dans cette terre… L'amitié qui nous lie encore aujourd'hui à certaines personnes rencontrées là-bas est un don que nous conservons précieusement.
Mais cela n'a pas été l'unique don. La rencontre d'une réalité ecclésiale pauvre mais aussi riche de valeurs et assoiffée de la Parole de Dieu, la superbe expérience d'être attendues et accueillies par un diocèse qui exprimait le désir de collaborer pour la mission, avaient changé radicalement nos critères de recherche: nous étions conscientes que notre attention n'était plus désormais focalisée par la nécessité (qui reste réelle néanmoins!) de chercher une maison, mais sur le désir de nous mettre à l'écoute pour comprendre où répondre à une mission.
La Providence se manifesta à nouveau à travers le Cardinal Severino Poletto qui nous a
accueillies dans le diocèse de Turin en 1999. A l'occasion d'une simple salutation lors de la Journée de prière pour la vie contemplative (21 novembre 2015), nous lui racontions notre expérience et le désir qui nous habitait le cœur. Il nous mit en contact avec l'évêque du Diocèse de Monferrato (Piémont), un diocèse pauvre en prêtres, en présence religieuse et pauvre économiquement…
Après une première rencontre où nous avons partagé nos désirs respectifs et nos attentes, l'évêque de Casale nous a exprimé son espoir de nous voir intégrées dans le tissu ecclésial de son diocèse. Ensemble, nous avons préparé un "projet pastoral" qui décrivait le sens de notre présence: une présence priante de femmes qui en vivant la passion et la compassion de Saint Dominique tentent de se laisser modeler par la Parole pour pouvoir la partager et offrir à tout visiteur la liturgie, la lectio divina, des rencontres de spiritualité ou un simple accueil à ceux qui demandent un espace de silence et de réflexion.
Et la maison ? L'évêque avait proposé comme lieu d'implantation de notre monastère une construction divisée en deux structures adjacentes au Sanctuaire de Notre -Dame de Crea, lieu de pèlerinage pour le Piémont et les régions voisines. De ces structures l'une, la plus petite, qui aurait été destinée à l'hôtellerie, est déjà restructurée; l'autre, qui deviendrait le monastère, est totalement à restructurer et en mauvais état. Les travaux de cette seconde partie auraient déjà dû commencer, mais le diocèse a eu des problèmes économiques qui ont ralenti tout le processus au point de nous faire douter de la possibilité d'envisager notre transfert. Cela, parce que la majeure partie de la dépense de restructuration est à charge de l'Eglise locale(mais nous aussi nous aurions du mal à trouver la somme nécessaire…).
A ce stade, nous avons senti le besoin d'un autre discernement. Nous nous sommes demandées ce que nous cherchions: la sécurité d'une maison parfaitement en place et fonctionnelle, ou bien pouvions-nous avoir la liberté de répondre à l'appel d'une mission que nous avions perçue, pauvres avec les pauvres, au service d'une église?
Après un temps de peur, de réflexion et d'échanges, dans une joie très profonde…nous avons renouvelé notre "oui", conscientes du
Bulletin international des Moniales de l’Ordre des Prȇcheurs_____________________________
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risque, mais également sûres que le Seigneur marchera avec nous. Nous emménagerons en occupant d'abord la partie déjà utilisable, répondant ainsi à l'attente de tant de personnes qui continuellement demandent au Recteur du Sanctuaire: "Quand arrivent les sœurs ?" Ainsi, de notre future maison, en ce moment il n'y a que la "paroi manquante", celle qui signifie l'ouverture à l'accueil; et les autres parois du bet ? Quand Dieu voudra !!
Ce cheminement a impliqué toute notre communauté. Depuis la première expérience en Calabre, nous avons voulu que même nos jeunes sœurs aillent voir et partagent ensuite leurs réflexions en chapitre: quelle que soit la décision, nous sentions que nous devions y parvenir unanimement et il en a été ainsi aussi pour le cheminement vers Crea.
En plus de l'unité de notre communauté, le Seigneur nous a aussi donné d'expérimenter une forte et riche fraternité avec certains monastères italiens qui ont partagé avec nous leur expérience, se rendant disponible à des échanges pour nous aider dans notre réflexion: envers ces sœurs notre gratitude est vraiment grande!
Nous avons aussi partagé chacun de nos pas avec le fr. Guiseppe Sabato, vicaire du Maître de l'Ordre pour les monastères italiens, qui nous a soutenues et encouragées : avec joie nous sommes allées avec lui voir quelle sera notre prochaine résidence.
Il vaut la peine de partager deux détails qui nous ont tout de suite frappés. Le premier sera facilement compris par les sœurs (et les frères) qui ont eu l'opportunité d'aller à Caleruega: le panorama que l'on voit de la ville natale de Dominique et celui que l'on découvre depuis le monastère semblent avoir quelques similitudes…
Le second détail est la présence de la Vierge Marie qui nous accompagne: que ce soit en Calabre ou à Casale, le lieu proposé à la communauté a été et est auprès d'un sanctuaire qui lui est dédié…
Ainsi se poursuit notre chemin que nous confions dans la prière (et l'affection) aux moniales et à la famille dominicaine pour que notre petite et pauvre communauté devienne aussi, comme l'écrivait le fr. Bruno, maître de l'Ordre, «“sacrement” de la conversation amicale de Dieu avec l’humanité.»
Notre monastère est sous le patronage de Sainte Marie-Madeleine, celle qui la première a été envoyée par le Ressuscité, mise en route par lui pour annoncer la bonne nouvelle aux frères et aux sœurs: peut-être est-ce pour cela que nous sommes encore en route?
Monastère Marie de Magdala – Moncalieri
Original: italien
Monastère Sainte-Catherine de Sienne à
Langeac (France)
Monialibus Nº 37
15
C’est dans la mouvance du renouveau spirituel
de la fin du XVIe et du XVII
e siècle que le
monastère Sainte-Catherine de Sienne voit le
jour. Suite à une prédication du capucin
Théodose de Bergame sur le Rosaire, quatre
femmes de Langeac décident, soutenues par les
autorités de la ville et par la population, de
fonder un monastère de dominicaines dans leur
ville. Le monastère de Sainte-Catherine du Puy-
en-Velay accepte de soutenir la fondation en
prêtant trois sœurs. C’est ainsi que le 24
septembre 1623, un petit groupe de huit femmes
s’installe dans les locaux nouvellement
construits. Parmi elle, la jeune Agnès Galand,
qui deviendra sœur Agnès de Jésus – Mère
Agnès pour la population locale – et sera
béatifiée en 1994. Sa figure marque notre
communauté, de façon à la fois prégnante et
discrète.
Née au Puy-en-Velay, Agnès (1602-1634)
manifeste une piété et une vie mystique
extrêmement précoces. Très tôt également, elle
est proche des pauvres et a particulièrement à
cœur de s'occuper des femmes enceintes et des
jeunes accouchées. En 1631, alors qu'elle est
prieure à Langeac, la Vierge lui demande dans
une vision de prier pour un jeune prêtre inconnu,
Jean-Jacques Olier. Lors de leurs rencontres, 3
ans plus tard, Mère Agnès le lance et le guide sur
les voies de la vie mystique. « Je veux que tu
portes la contemplation dedans le sacerdoce »,
dira le Christ à l'abbé de Pébrac. La Compagnie
de St-Sulpice qu'il fondera pour la formation des
prêtres quelques années plus tard en portera la
marque, que le Fondateur reconnait avoir reçue
d'Agnès. Depuis sa béatification, sœur Agnès de
Jésus fait l'objet d'un regain d'intérêt et
nombreux sont les pèlerins qui viennent se
recueillir près de son corps qui repose dans notre
chapelle. On recourt à son intercession pour les
couples qui désirent un enfant ou lors de
grossesses difficiles. Ayant à cœur de
promouvoir son héritage, la communauté
continue de prier fidèlement pour les prêtres et
leur formation. Les liens avec la Compagnie de
St Sulpice restent forts et vivants. Aujourd'hui,
nous sommes 19 sœurs, 16 sur place et 3 en
maison de retraite.
L'imprimerie, la reliure, un petit magasin et
l'accueil sont nos principales activités. En août
2016, nous avons ouvert un nouvel accueil dans
un bâtiment de ferme inutilisé, afin de
mieux répondre aux attentes du diocèse et de la
région, pauvres en accueils de ce type. Et de fait,
les demandes ne manquent pas !
Situé aux portes de Langeac, notre monastère est
très lié à la paroisse dont les prêtres assurent nos
eucharisties. Une association d'amis, créée en
2013, s'est rapidement développée. Elle compte
aujourd'hui environ 200 membres et constitue
une aide précieuse pour le rayonnement du
monastère et le soutien concret en de nombreux
domaines. C'est, entre autres, avec sa forte
implication que s'ouvrira, au début de l'été, un
chemin de randonnée « Sur les pas d'Agnès de
Langeac» reliant le Puy à Langeac.
Bulletin international des Moniales de l’Ordre des Prȇcheurs_____________________________
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Depuis 2009, la proximité des frères de
Clermont-Ferrand nous réjouit, ainsi que celle
d'une Fraternité dominicaine très proche du
monastère. Une « histoire commune» nous unit
particulièrement aux dominicaines du Puy, qui se
réclament également d'Agnès. Les sœurs
perpétuent son esprit dans leur vie apostolique.
Une de leurs communautés est installée dans la
maison natale d'Agnès ainsi qu'une école sous
leur tutelle. Autour du monastère, gravitent
également de petits groupes (prière silencieuse,
hébreu, groupe biblique et œcuménique) et
beaucoup de personnes en attente d'écoute et de
compassion.
Le monastère, comme les autres monastères de
France et même de Norvège et de Suisse
romande, fait partie de la Fédération Notre-
Dame des Prêcheurs. C'est un lieu très vivant de
rencontres et de réflexions communes, dans
lequel, à l'école de Dominique, les monastères
s'entraident et se soutiennent pour mieux
répondre à leur vocation face aux questions de
notre temps.
Sr Christiane Dominique
Monastère Ste-Catherine de Langeac. Original : français
Monastère St-Dominique, Cochabamba,
Bolivie
Le 5 mai 2017 ont eu lieu l'inauguration et la
bénédiction de l’église de notre monastère St-
Dominique à Cochabamba Bolivie. C’est une
église chorale en forme de L, moderne mais
simple, comme l’a dit Monseigneur dans son
homélie. Un Christ crucifié préside au centre de
l'autel et sur les côtés des images de saint
Dominique et de la Vierge du Rosaire, laquelle,
tient en ses mains le Rosaire pèlerin du Jubilé de
l’Ordre qui nous a été donné par le monastère de
Farmington Hill.
La cérémonie a débuté à 16 heures. Etaient
présents Mgr Oscar Aparicio Céspedes,
archevêque de Cochabamba, le père César
Valero Bajo o.p., Promoteur général des
moniales, le Père Jimmy Caballero o.p., Vice-
provincial de la Vice-province des Dominicains
en Bolivie, M. Rosa Luz Manrique Diaz o.p.,
prieure de la Fédération des moniales Notre-
Dame du Rosaire au Pérou, M. Rosa Elvira M.
Caceres Marroquin o.p., prieure du monastère de
Santa Catalina Arequipa au Pérou et prieure du
monastère St-Dominique ainsi que quelques
frères de la Province de Saint-Jean-Baptiste du
Pérou, des moniales de la Fédération du Pérou,
frères de la vice-province de Bolivie, voisins,
amis, bienfaiteurs et amis de notre monastère.
Ce fut une cérémonie très émouvante, sœur
Eliana, vicaire du monastère, a accueilli les
personnes présentes en relatant l'arrivée des
sœurs en Bolivie, la recherche et l'achat du
terrain, puis son aménagement, afin de pouvoir
nous installer et y vivre. Nous avions d’abord
vécu dans une maison près de la ville, que les
Pères dominicains nous avaient très
généreusement cédée. Toute cette première
partie de construction et d’agrandissement s’est
faite grâce au soutien inconditionnel de notre
Ordre. Notre projet comportait trois parties :
église et sacristies, monastère et cellules,
hôtellerie et porterie. Nous avons choisi de
mener de front l'ensemble en définissant tous les
lieux du monastère, et de construire petit à petit,
mais avec un projet précis. Nous avons alors
commencé avec l'église, nous faisant aider par
les services de construction Cardona-Rios, dirigé
par l’ingénieur Arturo Rios Cardona.
Au milieu du mois de juin 2016, le chantier de
l’église commençait. Tout l’appui économique
était apporté par le monastère Ste-Catherine
d’Arequipa au Pérou. Sr Eliana a terminé en
disant que nous étions reconnaissantes à Dieu
d’être arrivées à ce moment.
Puis, nous aidant d’un rituel préparé pour
l’occasion, nous avons commencé une
procession en direction de la nouvelle église : la
croix et les cierges étaient suivis de M. Rosa
Elvira, prieure de ce monastère, de sœur Eliana,
vicaire du monastère, des autres sœurs, des
fidèles, des frères puis de Monseigneur.
La procession démarra en chantant « Ô ma joie
quand on m’a dit, nous irons à la maison du
Seigneur. » Lorsque nous sommes arrivées à la
porte de l’église qui était fermée, M. Rosa Elvira
et M. Eliana l’ouvrirent en un geste signifiant.
Le fait que la porte était fermée, contrairement à
Monialibus Nº 37
17
l’usage, a beaucoup retenu l’attention, car
l’église était nouvelle et c’était la première fois
qu’elle accueillait tous les fidèles et la première
fois que s’y célèbrerait l’eucharistie.
Le premier geste de l'évêque une fois parvenu au
presbytère a été d’asperger le peuple et les murs
de l’église avec l’eau bénite, puis il a poursuivi
la célébration de la liturgie de la Parole. Dans
son homélie, Mgr a exprimé sa surprise devant la
présence de tant de frères et de moniales de
l'Ordre et la grande diversité internationale de
notre famille dominicaine. Il a fait ressortir la
beauté de l’église comme œuvre d'architecture et
de modernité, mais plus encore, il a dit : « C’est
l'esprit de Dieu, qui est beauté, qui est Amour. »
« Associer progrès et modernité permet de
construire quelque chose de beau, dédié à Dieu,
mais le plus important, c'est ce que nous portons
en nous. C’est par cela que nous sommes les
temples de l'Esprit de Dieu, la maison de Dieu.
Si Dieu habite dans notre cœur, nous vivons en
paix, nous vivons bien et Jésus-Christ est
annoncé et révélé ».
Il a terminé en disant que l’autre caractéristique
des monastères est la joie, que nous sommes
messagères de la joie de l’Evangile. Après
l’homélie, nous avons chanté la litanie des saints.
Puis les reliques des saints ont été déposées dans
l’autel : une peau du pied de saint Jean Macias et
d’autres reliques comme celles de la Bse Anne
des Anges de Monteagudo. Puis on le scella avec
une pierre d’autel en marbre provenant d’un
ancien autel du monastère Ste-Catherine
d’Arequipa qui contenait également des reliques
de martyrs.
Alors Monseigneur a fait l'onction de l'autel, les
murs du chœur des moniales et les murs de
l'église et a terminé par l'encensement de l'autel.
Après la communion, le père César Valero o.p. a
dit quelques mots: « Je me sens heureux et ému à
Bulletin international des Moniales de l’Ordre des Prȇcheurs_____________________________
18
la pensée de la consécration de cette belle église.
Nul doute que cette communauté portera un
témoignage éloquent de l'Eglise à Cochabamba.»
Le Père César Valero a ensuite lu la lettre que le
Père Maître de l'Ordre, Père Bruno Cadoré, avait
envoyée, disant sa joie à l’occasion de la
consécration et la bénédiction de notre église. Il
nous exhortait à la fidélité dans la célébration la
Liturgie des Heures, l'Eucharistie, pour aider et
soutenir l'Eglise de Bolivie. Il regrettait de ne pas
être en mesure de se joindre à nous
personnellement, mais s’unissait par la prière.
Puis la M. Prieure, sœur Rosa Elvira Cáceres
Marroquin, a prononcé quelques mots : en
donnant un bref aperçu de notre arrivée dans ces
terres de Bolivie, elle a d’abord rendu grâces à
Dieu puis à tous ceux qui, d'une manière ou
d'une autre, nous ont aidées par leur aide
généreuse, leur présence et leur amour. Elle a
rappelé que la raison principale de notre
présence est de faire l’unité avec toute la famille
dominicaine et présenter ainsi une prière de
louange à Dieu. Elle a remercié le peuple
bolivien qui nous a accueillies avec amour,
simplicité et générosité. Elle a également
remercié les frères de la Vice-Province, qui nous
ont aidées, choyées comme leurs filles bien-
aimées. Elle a ajouté que cette église sera le lieu
où nous partagerons la parole, la liturgie et la
vie. Et ainsi nous construirons la joie dans le
temple de nos cœurs pour notre conversion et
notre salut. Après la liturgie, on a lu le procès-
verbal de la Consécration qui a été signé par les
personnalités présentes. Ainsi, fut consacrée
l'église de notre monastère, nous en ferons
mémoire le 5 mai de chaque année.
Après la cérémonie, un partage fraternel
rassembla tous ceux qui y avaient participé.
Nous avons une jeune novice bolivienne, qui
poursuit actuellement sa formation dans le
monastère de Santa Catalina à Arequipa.
Veuillez prier pour elle et sa fidélité.
Nous vous remercions vous tous, nos frères et
nos sœurs, pour vos prières qui nous
accompagnent dans cette mission, affermissant
ainsi notre monastère tant spirituellement que
matériellement. Nous vous demandons de
continuer à prier pour que cette œuvre de Dieu
soit menée à bonne fin et pour l’augmentation
des vocations dans la vigne du Seigneur, ainsi
que l'aboutissement des travaux de notre
monastère.
Vos sœurs, sr Eufemia Pinedo, o.p.- sr Eliana
Huamaní, o.p.
Monastère St-Dominique, Cochabamba-Bolivie
Original : Espagnol
Clôture du jubilé d’Estavayer – Suisse
Nous vous proposons, en guise de lectio divina,
cette méditation sur le temps que fr. Jean-Michel
Poffet, ancien directeur de l’Ecole Biblique de
Jérusalem, a prononcée à l’occasion de la
clôture du jubilé des 700 ans du monastère
d’Estavayer le 15 août 2017.
Mes chères Sœurs, vous avez un passé
impressionnant : 700 ans de fidélité quotidienne,
ininterrompue. Un passé fait de grandeur mais
aussi de fragilité parfois comme au moment de la
grande peste où vous n’étiez plus que trois
sœurs. Mais la fidélité du Seigneur et votre
courage vous ont permis de surmonter tous les
moments difficiles et de parvenir à ce jour. Vous
avez un long passé, c’est une évidence et vous
l’avez abondamment célébré toute cette année,
appuyées par les amis du monastère à qui vous
devez tant, et par beaucoup de frères et de sœurs
venus vous témoigner leur amitié et leur foi.
Mais mes chères Sœurs, avez-vous un avenir ?
Cette question, vous vous la posez parfois, avec
un peu d’inquiétude, et nous avec vous, pour
vous et pour nous vos frères dominicains ici en
Suisse. Les disciples ont aussi interrogé Jésus sur
l’avenir : quand est-ce qu’il allait par exemple
établir son Règne, faire triompher l’Evangile. Et
Jésus a immédiatement détourné leur attention
de ce type de curiosité pour les tourner vers le
présent :
« Ce n'est pas à vous de connaître les temps ou
les moments que le Père a fixés de sa propre
autorité. Mais vous recevrez une puissance, le
Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez
mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée,
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dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la
terre (Ac 1,6-8) »… et donc jusqu’à Estavayer !
La seule chose qui compte vraiment est donc
d’ouvrir notre présent au Seigneur qui vient :
rappelez-vous le début de l’Apocalypse : « Grâce
et paix vous soient données par « Il est, Il était et
Il vient », par les sept Esprits présents devant son
trône, et par Jésus Christ, le témoin fidèle » (1,4-
5). Non pas seulement le Dieu qui est, ni non
plus Celui qui était ou qui sera (selon certains
commentateurs juifs méditant la révélation au
Buisson ardent), mais « Celui qui vient », qui
advient chaque jour et tourne vers nous son
visage et sa tendresse, qui nous a parlé en Jésus
et nous donne son Esprit.
C’est l’aujourd’hui de Dieu, l’aujourd’hui que la
liturgie ouvre à sa présence chaque jour, comme
au temps de Jésus : « Aujourd’hui il vous est né
un Sauveur (Noël) ; aujourd’hui le salut est entré
dans cette maison (Zachée) ; aujourd’hui, tu
seras avec moi dans le Paradis (le bon larron).
Rappelez-vous surtout la grande promesse qui
clôt les 7 Lettres aux Églises d’Asie Mineure et
que le Christ nous adresse aujourd’hui encore :
« Voici que je me tiens à la porte et je frappe ; si
quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte,
j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et
lui près de moi. » (Ap 3,20). L’eucharistie
quotidienne que vous célébrez ici depuis 700
ans, jour après jour, ouvre notre temps incertain
à l’éternité de Dieu, à sa présence d’amitié et de
réconfort.
Une seule condition cependant : que nous
entendions la voix du Bien-Aimé qui frappe à la
porte. Prions ensemble pour que dans nos
familles, nos paroisses, l’Église de cette ville, de
ce diocèse et de ce pays, nous ayons une oreille
plus fine pour entendre cette discrète demande
de celui qui, sans jamais forcer la porte, a été
retenu par les disciples d’Emmaüs et a pu
transformer pour eux un souper convivial en don
eucharistique.
Que le Christ vous accompagne de son Esprit et
que Notre-Dame intercède pour vous. « Ad
multos annos » mes chères Sœurs.
fr. Jean-Michel Poffet o.p.
original : français
Bulletin international des Moniales de l’Ordre des Prȇcheurs_____________________________
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Monastère de Sainte Catherine de
Sienne et Sainte Anne de la Puebla de
los Angeles, Mexique 1568 – 2018
Le monastère de Sainte Catherine de Sienne et
de Sainte Anne à la Puebla de los Angeles, en
Amérique, est le premier de cette ville et date de
1556. Les habitants reconnaissent le sérieux de
l’expérience religieuse de cette fondation aussi la
respectent-ils et la soutiennent-ils. Les moniales
se demandent la direction spirituelle du prieur du
couvent Saint-Dominique, frère Juan de Alcázar.
Madame Maria de la Cruz, veuve de Francisco
Marquez et fondatrice, demande à sa sainteté le
Pape Pie V, une Bulle de fondation afin de
consolider le béguinage existant. Grâce à
l’intervention du cardinal Charles Borromée, les
lettres Apostoliques arrivent à Puebla en
novembre 1567 et le monastère est érigé
officiellement le 10 janvier 1568. L’évêque du
diocèse d’alors à Tlaxcala est Fernando de Villa
Gomez et le roi est Philippe II. Le monastère fut
fortement consolidé dès le XVIème
siècle car,
grâce à sa stabilité, il put promouvoir la
fondation des monastères de Sainte Marie de
Grâce, à Guadalajara (1588), de la Sainte
Conception, à Puebla 1593, de Sainte Catherine
de Sienne à Moreila 1588 et finalement de
Sainte Agnès de Montepulciano également à
Puebla.
Le premier siècle de la fondation du monastère
est joliment raconté dans le livre de Professions.
Pendant cette période entrèrent trois cent huit
religieuses dont deux cent soixante huit sœurs de
chœur et quarante sœurs de voile blanc. Lors du
premier centenaire, la messe fut chantée par le
Docteur Alonso de Otamendi Racionero de
l’église cathédrale en présence de Don Diego
Osorio Escobar y Llamas, évêque de Puebla de
los Ángeles et du Conseil de sa Majesté. Le
sermon fut prêché par le révérend Maître Mateo
de la Cruz, censeur du Saint-Office. Lors de la
célébration, deux cloches furent baptisées. La
prieure du moment était la Mère María de San
Marcos. Tout ceci est relaté dans le livre des
Professions.
Au cours de l’histoire du monastère, des
évènements importants succédèrent tels que : le
miracle de la guérison de Mère Jacinta María de
San José par la Sainte Vierge de Guadalupe, le
12 décembre 1755, les problèmes de vie
commune, et le fameux conflit qui opposa les
monastères de religieuses chaussées de la ville
de Puebla à l’évêque Francisco Fabián y Fuero
en 1765 – 1772. D’autres vicissitudes suivirent,
dues aux guerres d’indépendance : les lois de
réforme imposées par le président Benito Juárez
en 1859 et entrées en vigueur en février 1861
eurent pour conséquence la perte de la moitié du
monastère. Alternant les périodes de tranquillité
et de persécutions à quatre reprises, les
religieuses parvinrent enfin à racheter la
propriété y habiter.
En 1919 la communauté se trouvait réduite à
quatre sœurs âgées et malades. C’est alors que
l’évêque Enrique Sánchez Paredes, vient au
monastère Sainte Rose de Lima de la même ville
et du même ordre pour demander l’aide des
sœurs Mère Marie du Rosaire, Josefa de notre
père Saint Dominique, María Conception Josefa
du Cœur de Jésus, maîtresse des novices et sœur
María Isabel de Saint Jean Népomucène,
économe. Elles arrivent au monastère le premier
février 1920. Grâce à elles la communauté
ressuscite et de nouvelles vocations voient le
jour. En 17 ans elles ont laissé une communauté
renouvelée avec 15 religieuses malgré la perte
totale de l’ancien monastère le 23 avril 1934. Par
bonheur, lorsque Mère Rosario retourna à son
monastère Sainte Rose en 1937, la communauté
put s’établir dans un édifice rue Oriente 3 sous la
direction de Mère Guadalupe du bon Pasteur,
maîtresse, musicienne et latiniste.
A l’anniversaire du quatrième centenaire en
1968, la communauté résidait encore dans le
vieil édifice de la rue d’Oriente avec seize
religieuses qui durent trouver un autre logement
car leur veille demeure était insalubre au point
de devoir refuser de nouvelles vocations. Elles
achetèrent l’ancienne auberge de l’Ange dans le
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quartier d’Analco. La première pierre fut posée
le 15 mai 1967, la prieure étant la mère Marie de
la Paix. Les sœurs en charge de la construction
furent : Concepción Aguilar et Margarita
Cayetana mais, les finances une fois épuisées, les
sœurs reçurent l’aide du dominicain cubain
Francisco Villaverde qui obtint l’aide d’une
société allemande : Adveniat. L’inauguration fut
célébrée le 4 octobre 1970 sous la présidence de
l’archevêque de Puebla Octaviano Márquez y
Toríz. Il s’agit du plus grand cadeau que nous fit
le Seigneur pour le quatre centième anniversaire.
C’est un héritage que nous ont laissé nos sœurs,
fruit de leurs efforts, de leur engagement et de
leur générosité. De ce groupe, vivent encore nos
chères mères Margarita Cayetana et María de
Saint Dominique avec Maximina de l’Enfant
Jésus, notre actuelle prieure qui prépare en ce
moment les 450 ans de la fondation. Nous
rendons grâces à Dieu et à vous, amis et
bienfaiteurs qui avez rendu possible notre
présence dans cette Puebla de los Angeles au
Mexique.
Sor María de Cristo Santos Morales O.P.
Puebla, Mexique
Original: espagnol
La communauté actuelle ave le père Leobardo, prieur du couvent Saint-Dominique
Monastère
Maria de
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Magdala Moncalieri Original : italien