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Thème n°7 : Intégration, conflit, changement social

Chapitre 10 : Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l’individu ?

Notions du programme à découvrir et à acquérir : Solidarité mécanique/organique, cohésion socialeAcquis de première : Socialisation, sociabilité, anomie, désaffiliation, disqualification, réseaux sociaux

INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES : Après avoir présenté l'évolution des formes de solidarité selon Durkheim, on montrera que les liens nouveaux liés à la complémentarité des fonctions sociales n'ont pas fait pour autant disparaître ceux qui reposent sur le partage de croyances et de valeurs communes. On traitera plus particulièrement de l'évolution du rôle des instances d'intégration (famille, école, travail) dans les sociétés contemporaines et on se demandera si cette évolution ne remet pas en cause l'intégration sociale.

Problématique :

La montée de l'individualisme dans nos sociétés contemporaines remet-elle en cause le lien social ? Quelles sont les principales formes de solidarité dans les sociétés traditionnelles et dans les sociétés modernes ? Le développement de la solidarité organique implique-t-il la disparition de lien reposant sur une solidarité de type mécanique ? Affaiblissement ou recomposition du lien social dans les sociétés modernes ? Les transformations du lien social remettent-ils en cause la fonction d’intégration assurée par la famille, l’école, le travail ?

Objectifs : A la fin du chapitre vous serez capable de…

➢ Définir les notions au programme➢ Distinguer les sociétés à solidarité mécanique et organique.➢ Expliquer que l'individualisme dans nos sociétés n'est pas un danger pour le lien social.➢ Identifier les différents types de liens sociaux en vigueur dans la société.➢ Identifier les différentes instances d’intégration.➢ Connaître l'évolution du rôle des instances d'intégration (famille, école, travail) dans les

sociétés contemporaines, ainsi que leur impact sur l'intégration sociale.➢ Montrez que la famille est en recomposition et connaître l’impact sur l’intégration.➢ Montrez le rôle de l'école dans l'intégration sociale

Plan du chapitre :

I/ Comment les formes de solidarité évoluent-elles ?

A) La solidarité organique a-t-elle a-t-elle remplacé la solidarité mécanique (Durkheim) ?B) Le maintien d’une solidarité mécanique dans les sociétés modernesC) Montée de l'individualisme et transformation des liens sociaux

II/ L'évolution du rôle des instances d’intégration remet-elle en cause l'intégration sociale ?

A) La famille est-elle en crise ?B) L'école est-elle en déclin ?C) Peut-on parler de la fin du travail ?

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→ Pour commencer : Vidéo : «Les jeunes de Sarcelles ont faim de solidarité”

1- Que met en avant cette vidéo ?

Document 1 : Qu'est-ce que le lien social ?

1- Définissez les notions de lien social, cohésion sociale, intégration 2- Quel lien entre ces notions ?

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I/ Comment les formes de solidarité évoluent-elles ?

A) La solidarité organique a-t-elle a-t-elle remplacé la solidarité mécanique ?

Document 2 : Les deux formes de solidarité selon Emile Durkheim (1858-1917)

La question initiale de la sociologie selon Durkheim est celle du lien social : comment les hommes forment-ils ensemble une société ? Sous différentes formes, cette question traverse toute son oeuvre. Dans sa thèse De la division du travail social, il pose le problème de la transformation des formes du lien social quand on passe des sociétés traditionnelles aux sociétés industrialisées et s’interroge sur les possibilités de concilier l’autonomie de l’individu et la cohésion sociale dans les sociétés contemporaines. […]Les deux formes du lien social : solidarité mécanique et solidarité organiqueLa solidarité mécanique est dominée par la primauté de la conscience collective définie comme « l’ensemble des croyances et de sentiments communs à la moyenne des membres d’une même société ». Dans les sociétés à solidarité mécanique, les individus ont des pratiques similaires et partagent les mêmes valeurs, croyances et sentiments. Dans ce type de société, la conscience collective est maximale et la conscience individuelle réduite à presque rien. La solidarité est maintenue par la sanction pénale qui exprime la réaction de la collectivité contre quiconque offense les sentiments collectifs. L’individu est donc soumis à une forte pression du groupe et ne peut développer une personnalité propre.La solidarité organique repose sur la division du travail qui rend les hommes économiquement dépendants les uns des autres. La conscience collective devient plus indéterminée et laisse plus de place aux variations individuelles. […]Cependant, si la conscience collective s’altère, les individus restent soumis à des systèmes de normes et valeurs communes dans chacun des groupes particuliers auxquels ils appartiennent. Simplement, ces règles n’ont pas la même force et n’exercent pas la même contrainte que celles nées de la conscience collective.

H Mendras, J Etienne (dir.), Les grands auteurs de la sociologie, 1996

1- Quels sont les deux types de conscience évoqués par Durkheim ?2- Qu'est ce qui caractérise les sociétés traditionnelles et modernes selon Durkheim ? Quels sont les deux types de solidarités qu'il met met en avant ?3- Quelles sont les caractéristiques de la solidarité mécanique ? 4- Qu'est-ce que la solidarité organique ?

5- Qu'est-ce que la division du travail social ?6- En quoi la division du travail social contribue-t-elle à changer la nature du lien social ? 7- Qu'est-ce que l'anomie (rappel de 1e) ?8- Pourquoi la division du travail peut-elle être anomique ?

9₋ Recopiez et complétez le tableau

Solidarité mécanique Solidarité organique

Type de société

Caractéristique

Conscience collective et individuelleDivision du travail

Type de droit

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Synthèse A) solidarité mécanique, concomitamment, droit répressif, Emile Durkheim, division du travail, révolutions démocratiques et idustrielles, traditionnelles, consciences individuelles, solidarité organique

“Comment se fait-il que tout en devenant plus autonome, l’individu dépende plus étroitement de la société ? Comment peut-il être à la fois plus personnel et plus solidaire ?” , De la division du travail social, 1893.Tel est le paradoxe que met en avant dès la fin du 19ème siècle …………………………………….. En effet, Sous la poussée conjointe des …………………………………………………………….., de nouveaux rapports sociaux, économiques et politiques bouleversent progressivement l’ordre social traditionnel. On observe simultanément un affaiblissement de l’emprise de la religion sur les représentations (sécularisation et laïcisation), une baisse de l’influence de la famille sur les destinées (égalisation des chances et idéal méritocratie) et un recul du pouvoir des autorités traditionnelles sur les individus.

Durkheim explique qu’au fur et à mesure les sociétés connaissent un approfondissement de la ………………………………………………….. Les tâches qui composent la vie sociale se subdivisent et les individus appelés à les remplir se spécialisent. Il met ainsi en évidence deux types de société. Les sociétés …………………………………………… sont relativement homogènes, elles connaissent des différenciations individuelles limitées et les divisions sociales que l’on y rencontre apparaissent essentiellement fondées sur la parenté, l’âge et le sexe. La conscience collective – sentiments et représentations – imprègne les consciences individuelles, et la cohésion de l’ensemble repose sur une ……………………………………………., ou solidarité par similitude, fondée sur la ressemblance entre individus et leur conformité aux normes, aux valeurs et aux rôles sociaux traditionnels.

Dans les sociétés complexes, la vigueur du processus de division du travail provoque une différenciation des individus et modifie les bases de la cohésion sociale. La …………………………………, ou solidarité par complémentarité, conduit ainsi les individus, non seulement à se différencier (spécialisation fonctionnelle), mais également à devenir plus autonomes. La socialisation participe donc elle-même à la différenciation des individus et à leur spécialisation. Les ………………………………………….. s’émancipent dans une large mesure de la conscience collective. Logiquement, cette différenciation individuelle croissante trouve son point ultime dans la commune humanité présente en chaque individu : seule la qualité d’homme reste commune à chaque individu au-delà de leurs différences. En somme, il y a ………………………………………… une interdépendance croissante des individus du point de vue du fonctionnement de la société et une individualisation grandissante des personnes.

Les transformations du droit reflètent l’évolution des formes de solidarité car les normes juridiques expriment les normes sociales. Ainsi, les sociétés traditionnelles disposent essentiellement d’un …………………………………………… tout entier tourné vers la sanction des manquements aux moeurs, tandis que les sociétés complexes développent un droit restitutif, ou « droit coopératif », qui veille à réparer et à organiser et non plus seulement à sanctionner.

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B) Le maintien d’une solidarité mécanique dans les sociétés modernes

Document 3 : Le look : identifications et distinctions

Le look, la tenue vestimentaire sont pour les jeunes des moyens de se reconnaître, de manifester leur appartenance à un groupe, mais aussi de se distinguer d'autres groupes. Des travaux récents ont montré l'importance de ces stratégies de reconnaissance et de distinction chez les lycéens.D'autres travaux ont montré également l'importance que pouvait prendre, parmi les jeunes vivant en cité, l'affirmation d'une identité collective fondée sur une appartenance résidentielle commune, le « quartier », et manifestée par des codes vestimentaires, gestuels, linguistiques spécifiques. […] La concurrence des cercles amicaux crée […] probablement des conflits d'identités et des tensions entre jeunes qui peuvent conduire ceux qui sont moqués pour leur style à s'éloigner de certains et à se rapprocher d'autres groupes de pairs.

Olivier Galland, « Jeunes : la stigmatisation de l'apparence », 2006

1- Comment le “look” des jeunes peut-il être facteur d'intégration ou d'exclusion ? 2- De quelle forme de solidarité est-il question dans ce document ?3- Donnez d'autres exemples de groupes relevant cette solidarité.

Document 4: Motifs d'adhésions aux associations en France métropolitaine (en %)

Raisons indiquées 2002 2010Pour pratiquer un sport 20,6 27,8Pour participer à une activité culturelle ou artistique 15,3 25,6Pour défendre une cause 31,5 40,5Pour faire respecter ses droits et ceux des autres 29,2 36,6Pour rencontrer des personnes qui ont les mêmes préoccupations ou 61,7 62,7

Pour être utile à la société, pour faire quelque chose pour les autres 39,1 56,9

Pour vous épanouir, pour occuper son temps libre 47,0 57,4Pour aider, défendre les intérêts de ses enfants ou d'autres membres de son entourage 16,6 29,1

Pour avoir accès à des renseignements ou des services 23,9 28,5Autre raison 15,8 17,7

« Adhésions et dons aux associations : permanences et évolutions de 2002 à 2010 », Lionel PROUTEAU.François-Charles WOLFF, Économie et Statistique, n°459, INSEE 2013.

1 - A l'aide de données chiffrées, quelle conclusion peut-on tirer de ce document ?

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Synthèse B)

Électifs, solidarité mécanique, solidarité organique, de valeurs partagées, de liens sociaux contemporains, liens communautaires traditionnels, division du travail

Ainsi, dans les sociétés modernes, l’autonomie des individus progresse et tend à rendre les liens sociaux , plus ………………………………... La multiplication des communautés d’intérêts, en partie au détriment des communautés traditionnelles, accentue le processus d’individualisation. En effet, elles agrègent des individus qui, au-delà des intérêts qu’ils ont en commun, sont présents dans différents cercles sociaux (appartenances familiale, politique, religieuse, professionnelle, locale, associative, etc.). Ces entrecroisements de cercles sociaux, propres à chaque individu, font ressortir sa singularité.

On notera également que Durkheim n’écarte pas totalement l’idée que des formes de …………………………………… puissent persister même lorsque le niveau d’avancement du processus de ………………………………. a imposé de façon générale la ………………………………………….. Les solidarités organiques ne peuvent donc devenir exclusives (les seules à exister) : d’autres formes de regroupements, fondés sur une similitude forte (la famille) ou relative (les organisations professionnelles) sont nécessaires pour assurer la cohésion sociale. La persistance des ……………………………………………….., reposant sur des croyances partagées et des valeurs communes, n’est donc pas totalement absente des analyses de Durkheim.

Bien que le déclin des fondements traditionnels de l’intégration – liens sociaux fondés sur le sang, la religion, la langue, les coutumes – soit avéré, la solidarité mécanique s’amenuise-t-elle réellement lorsque la complexité sociale augmente ?On observe que nombre …………………………………………………. entretenus par des groupes, des mouvements ou des institutions conservent des dimensions relevant de la solidarité mécanique. Des communautés basées sur la coutume locale, la langue ou l’appartenance ethnique, certains nouveaux mouvements sociaux défendant un style de vie particulier ou encore des mouvements religieux ou spirituels, plus ou moins rattachés à la tradition, continuent de rassembler les individus autour de croyances et ………………………………………….... Ils manifestent une forte capacité d’intégration et exercent une socialisation dont les effets sont perceptibles sur les identités individuelles. Les liens qu’ils tissent, fondés sur la similitude et la proximité d’origine (l’ethnie), de lieu (régionalisme et coutumes), de croyances (groupes religieux ou spirituels), de culture (style de vie) ou de valeurs (causes à défendre), apparaissent caractéristiques de la solidarité mécanique.

C) Montée de l'individualisme et transformation des liens sociaux

Document 5 : l’individualisme crée du lien

Il est courant d’imputer les maux de notre société à la montée de l’individualisme, sans pour autant prendre la peine de définir la réalité que cette notion recouvrirait. Comme si cela allait de soi. Pourtant, l’individualisme est loin d’avoir toujours représenté une tare ou un vague synonyme de l’égoïsme. Pour les philosophes des Lumières au XVIIIe siècle, par exemple, il incarnait au contraire un idéal : celui du sujet pensant, capable d’user de sa raison de manière critique et autonome. La promotion de l’individualisme devait permettre de rompre avec l’obscurantisme, l’ignorance, le fanatisme religieux et les préjugés moraux, et de favoriser l’avènement d’une société pacifiée et égalitaire. […]

Thierry Pech et Igor Martinache Alternatives Economiques, 2011

Depuis quelques années, domine l'impression d'une société qui se défait et d'une crise du lien social. Cette crainte n'est pas nouvelle. Elle apparaît dès le XIXème siècle. L'Occident a inventé avec la Révolution Française, une société qui rompt avec les sociétés traditionnelles, dites "holistes", centrées sur le "tout" comme principe de base, [...] une société "individualiste", centrée sur l'individu comme cellule de base. [...]Le fait que les individus contemporains soient « individualisés » ne signifie pas qu’ils aiment être seuls, que leur rêve soit la solitude. Il veut dire que ces individus apprécient d’avoir plusieurs appartenances pour ne pas être liés par un lien unique. Pour l’exprimer schématiquement, le lien social serait composé de fils moins

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solides que les fils antérieurs, mais il en comprendrait nettement plus. […]Le refus de l’enfermement est une des caractéristiques du fonctionnement des sociétés modernes. Le lien ne doit pas être une attache fixe. Il doit rassurer par son existence même. Il doit, aussi par sa souplesse et sa réversibilité, permettre l’affirmation d’un soi indépendant et autonome. […] L’appartenance n’est pas supprimée dans la société moderne ; elle est transformée, idéalement, en une appartenance choisie. […]Ce n’est pas le désengagement permanent qui importe, c’est la possibilité de désengagement qui compte. [...] Le sujet moderne balance entre le désengagement et l’engagement, entre l’attachement et le détachement. […] Bref, le désengagement comme affirmation de soi ne conduit ni à un désengagement permanent, ni à l’absence de tout attachement. L’instabilité est inhérente à la modernité, elle ne suffit pas à la définir. Le désengagement nécessaire ne supprime ni le besoin de la « vie commune » (T. Todorov, 1997), ni l’énergie sociale de refaire des relations.Cependant, dans certaines conditions, il peut aussi produire des individus désengagés qui ne parviennent plus à renouer des nouveaux liens, qui ne peuvent plus s’intégrer (S Paugam, 1993). C’est la face négative de l’individualisme. […]L’appartenance à une communauté inventée est réversible, les individus ne sont pas figés dans une identité. […] En devenant « la cellule de base de la société », l’individu est d’abord défini par sa liberté, par la reconnaissance sociale de son droit à appartenir et désappartenir à tels ou tels groupes. Le seul lien incontestable qu’il a avec les autres individus est, à ce niveau, leur commune humanité. […]Les engagements contractuels de l’individu individualisé lui laissent la possibilité de rompre d’anciens engagements non choisis, ou devenus non satisfaisants.

François de Singly, Les uns avec les autres, Quand l’individualisme crée du lien, 2010.

1- Qu'est ce que l'individualisme ? L'individualisation ?2- En quoi la montée de l'individualisme a-t-elle des effets ambivalents sur l'individu ?3- En quoi l'individualisation contribue-t-elle paradoxalement à créer des liens sociaux ?

Synthèse C)

Séculaire, interdépendances collectives, idéal, affinités électives, l’individualisme, d’anomie

Malgré la persistance d’une solidarité mécanique dans nos société moderne, l’évolution de celle-ci tend indéniablement vers un accroissement de ………………………………………………………. et de l’individualisation (autonomie de l’individu).Cette tendance ……………………………………………….. (= de long terme, structurelle) peut engendrer des effets néfastes en terme de cohésion sociale en effritant les liens sociaux qui unissent les individus. Ainsi, la montée de l’individualisme peut entraîner des comportements égoïstes voire narcissiques symtômes pathologiques évident de la modernité. D’un point de vue plus sociologique, le couple individualisme-individualisation peut également être à l’origine d’une perte de repères, de normes, de règles pour l’individu qui pourra basculer vers une situation …………………………………………….. peu propice à la cohésion sociale. Enfin, un excès d’individualisme peut conduire à un individu désengagé, désintéressé, et par conséquent isolé de monde social. C’est ce qui correspond à “l’individualisme négatif “ selon Serge Paugam.

Néanmoins, ces critiques classiques de l’individualisme méritent d’être contre balancées par une lecture plus approfondie des mutations du lien social dans notre société. En effet, loin d’avoir isolé les individus l’individualisation s’est, selon F. De Singly, traduite paradoxalement par une hausse des …………………………………………………………………………. En étant spécialisé dans une activité qui lui est propre, l’individu ne peut avoir comme intérêt que de coopérer et de se rapporcher des autres pour s’intégrer à la société. De plus, ce renouveau du lien social se caractérise par un remplacement de quelques liens forts par une multiplicité de relations nouvelles du fait de l’appartenance des individus à des groupes multiples. En se détachant des valeurs traditionnelles (familles, village, Eglise), l’individu est donc libre de contracter ou d’arrêter ses relations sociales: d’où le concept …………………………………………………………………. L’individualisme a donc également des vertues émancipatrices et permet par conséquent aux individus de se libérer et de pouvoir se réaliser pleinement en tant que citoyen libre, non par rapport à une entité supérieur qui dicterait ses choix. C’est la raison pour laquelle, les philosophes des Lumières au XVIIIe siècle, considérait l’individualisme comme un ……………………………………………………… : celui du sujet pensant, capable d’user de sa raison de manière critique et autonome. La promotion de l’individualisme devait permettre de rompre avec l’obscurantisme, l’ignorance, le fanatisme religieux et les préjugés moraux, et de favoriser l’avènement d’une société pacifiée et égalitaire.

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II- L'évolution du rôle des instances d’intégration remet-elle en cause l'intégration sociale ?

A) La famille est-elle en crise ?

Document 6 : La famille : une instance d'intégration en évolution

Mariage et taux de nuptialité en France de 1960 à 2010

La divortialité en France de 1960 à 2009

1- Synthétisez les principales évolutions qu'a connu la famille en France depuis un demi-siècle 2- En quoi ces transformations font-elles apparaître de nouveaux modèles familiaux ?

Document 7 : Une fragilisation du rôle intégrateur de la famille : des risques d’anomie

La famille monoparentale est généralement considérée comme une famille à problèmes et constitue une cible privilégiée des organismes d’action sociale. Les difficultés rencontrées sont d’abord d’ordre économique : on a essayé d’y remédier par la création d’une allocation de parent isolé en 1976. Elles sont aussi d’ordre psychologique : la famille monoparentale est généralement une famille sans homme ce qui pose pour les enfants le problème d’identification à une figure masculine, censée représentée l’autorité. La conséquence en serait une prédisposition plus grande à tomber dans les diverses formes de déviance : drogue, délinquance, suicide. Les limites de ces études proviennent de ce que l’on désigne par le vocable unique de famille monoparentale des situations, en réalité, très contrastées : qu’y a-t-il en effet de commun entre la mère au chômage délaissée par son mari qui ne lui verse plus de pension alimentaire et l’intellectuelle aisée qui a décidé par choix personnel d’élever seule son enfant ? […]La famille recomposée connaît généralement une situation d’anomie. Elle manque de règles et de modèles de conduite : les droits et les devoirs de chaque membre, notamment les relations entre beaux-parents et beaux-enfants ne sont pas juridiquement codifiées. […] La famille recomposée est également souvent considérée comme une « famille à risques » car les frontières entre générations ne sont pas bien marquées. […] Enfin c'est une structure jugée peu sécurisante pour l’enfant qui se trouve ballotté entre plusieurs foyers et plusieurs parents dont l’autorité se trouve, de fait, diluée.

J Etienne (dir), Dictionnaire de sociologie, Hatier, 1997

1 – En quoi les difficultés auxquelles sont confrontées les familles monoparentales et recomposées peuvent-elles remettre en cause le rôle intégrateur de la famille ?

Source : Ministère dela Justice et INSEE

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Document 8: La famille reste une instance d'intégration primordiale

Les différentes formes de solidarité familiale en France en 2007 (en %)Membre de la famille qui habite avec l'enquêté

Membre de la famille qui n'habite pas avec l'enquêté Ensemble

Service rendu 63 70 84

Soutien moral 53 65 75

Aide financière 28 23 41

Ensemble 67 79 89Source : « Baromètre des solidarités familiales », CREDOC, 2007.

1 - Montrez que les solidarités familiales sont multiples.2 - Expliquez en quoi les solidarités familiales contribuent à la cohésion sociale.3- En quoi faut-il relativiser l'idée d'une crise de la famille comme instance d'intégration ?

B) L'école est-elle en déclin ?

Document 9 : L’école a pour vocation d’intégrer tous les enfants

La première dimension de l'intégration républicaine était de l'ordre de la citoyenneté et de la nation. L'école républicaine était portée par le projet politique de fonder la République. Elle devait apprendre aux enfants les valeurs des Lumières et de la patrie. […]L'école intégrait les citoyens dans la mesure où elle avait pour tâche d'affaiblir les particularismes et les langues locales. Bref, elle intégrait les enfants parce qu'elle devait intégrer la société française elle-même. […]En termes d'intégration, ce système a eu un avantage considérable. L'école est apparue comme un appareil d'intégration car elle a pu sembler juste dans un monde injuste. En effet ce n'est pas l'école qui opérait les grandes distributions sociales, mais la société inégalitaire elle-même, dans la mesure où c'est d'abord la naissance qui fixait l'accès à telle ou telle formation. Ainsi, la gauche a pu s'identifier à une école qui apparaissait juste face à une société injuste. L'école républicaine se voyait attribuer une forte capacité d'intégration parce qu'elle n'intervenait pas sur les destins sociaux, sinon de manière positive en offrant des chances aux meilleurs. Face au capitalisme, l'école républicaine pouvait sembler juste, même aux yeux de ceux qui étaient condamnés à la seule école élémentaire. Elle n'excluait personne et semblait reconnaître les talents exceptionnels. […] La preuve de la justice scolaire était que les meilleurs d'entre eux pouvaient se soustraire à ce destin, grâce à l'école. Le personnage du boursier suffisait à prouver la réalité de la justice de l'école républicaine.

F. Dubet, « L’exclusion scolaire: quelles solutions ? »

1- En quoi l'école peut-elle contribuer à la cohésion sociale et à l'intégration des individus ?

Document 10 : Le lien entre diplôme, emploi et salaire

Taux de chômage (%)

Part des jeunes en CDI (%)

Part des jeunes en emploi de cadres ou de PI (%)

Salaire médian net mensuel

Sans diplôme 40 37 19 1140

CAP ou BEP 24 54 14 1200

Bac général 19 43 45 1200

Licence (bac +3) 11 71 68 1480

M2, école (bac +5) 9 79 94 2000

Ensemble 18 60 52 1380Champ : ensemble des sortants de formation initiale en 2007.

Source : Céreq, enquête 2010 auprès de la génération 2007, Bref du Céreq, mars 2011

1- A l'aide de données chiffrées, montrez le rôle joué par le diplôme en termes d'intégration sociale

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Document 11 : Les prénoms des séries

1- Que nous apprend cette étude sur les prénoms en termes de mixité de genre et sociale du lycée en France en 2012 ?

Document 12 : Un rôle intégrateur contesté

Il ne fait aucun doute que l’évolution la plus forte du dernier demi-siècle est la montée générale des taux de scolarisation et l’élévation corollaire du niveau d’instruction de l’ensemble de la population, avec pour contrecoup une baisse importante de la part des personnes peu instruites. […] Mais cette évolution que l’on s’accordera à juger positive et qui a sans nul doute un nombre important de conséquences sociales, économiques, culturelles ou politiques de tous ordres, a pris place dans un contexte économique et social qui en dresse les bornes et peut générer certains effets pervers. Parce qu’il ne suffit pas de créer des diplômes pour créer des emplois tout d’abord : l’élévation du niveau d’instruction des jeunes n’a pas entraîné de baisse de leurs difficultés d’insertion. Avec une autre conséquence, tenant aussi à la permanence d’inégalités sociales, à savoir que cette expansion des scolarités n’a pas entraîné non plus d’accroissement notable de la mobilité sociale entre générations, du moins à hauteur de l’expansion des scolarités. Les Français sont donc bien plus instruits, mais leurs destinées restent très inégales. Pour les mêmes raisons, et aussi du fait d’un chômage croissant, on assiste à un durcissement de la concurrence pour les emplois, qui fait apparaître la réussite scolaire comme un enjeu décisif. Ceci nourrit dans la jeunesse une inquiétude de plus en plus forte, bien plus forte que dans les pays voisins. Il est probable également que ces évolutions nourrissent chez les élèves un utilitarisme croissant assorti d’une perte de sens des apprentissages. Il est tout aussi probable que la souffrance de ce que Dubet appelle les « vaincus » du système sort bien aiguisée de ces évolutions. Au total, ces évolutions de longue période interpellent sans doute le principe méritocratique lui-même et spécifiquement les limites de la méritocratie scolaire, tant que la société est inégale et se repose largement sur l’école pour assurer l’insertion des jeunes générations. Seule une modification radicale des relations entre formation et emploi, ou évidemment une atténuation sensible des inégalités sociales elles-mêmes, pourrait entraîner une réelle et durable démocratisation des scolarités.

M. Duru-Bellat in O. Gallland et Y. Lemel (dir.), La société française, 2011.

1- L'école permet-elle l'intégration professionnelle de tous ? 2- L'école permet-elle la réussite et l'intégration de tous ?3- En réutilisant la notion de déclassement, montrez en quoi l'école peut être source de désillusion.

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C) Peut-on parler de la fin du travail ?

→ Chapitre 9 : Les évolutions de l'emploi fragilisent le lien entre intégration et travailFacultatif Sous forme de sujet EC3 : À l'aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que le rôle du travail comme instance d'intégration sociale s'est affaibli.

DOCUMENT 1

La fragilisation des individus dans le travail est fortement intériorisée, voire incorporée. Elle touche divers types de salariés : ceux qui perçoivent la dégradation progressive de leurs compétences dans un contexte qui se modifie, ceux qui subissent une usure physique et des atteintes à leur santé, les victimes d'illettrisme, les salariés en CDD qui craignent de perdre la main faute d'être employé au niveau de leur qualification, les jeunes précarisés, les salariés des entreprises de sous-traitance sur qui pèsent les plus fortes exigences en matière de conformité de qualité, de délai de livraison et de productivité... [...]La fragilisation du statut salarial est facteur d'exclusion, non seulement quand la personne se trouve en situation de précarité d'emploi ou d'exclusion de l'activité productive, mais aussi quand le rapport salarial met en difficulté le salarié dans ses propres capacités à se préserver et à exercer sa capacité d'agir. C'est pourquoi la déréglementation du marché du travail est facteur non seulement de déstabilisation du statut salarial, mais aussi de profonds troubles de l'intégration à un collectif de travail ; cela conduit aussi à intérioriser un sentiment d'incompétence et d'indignité à participer aux différents champs de la vie sociale et politique.

Source : Travail et intégration sociale, Bruno FLACHER, 2002.

DOCUMENT 2

Évolution du taux de chômage selon l'âge et la durée de 2006 à 2012 en France2006 2008 2010 2012

Taux de chômage en % de la population activeEnsemble 8,8 7,4 9,4 9,815-24 ans 22,2 19 22,9 23,925 - 49 ans 7,9 6,6 8,4 950 ans et plus 6 5 6,3 6,8Chômeurs depuis 1 an ou plusEn milliers 1 020 785 1 070 1 118En % du nombre de chômeurs 42,3 37,9 40,4 39,8

Champ : Population active de 15 ans ou plus, vivant en France métropolitaine.Source : d'après INSEE, 2013.

DOCUMENT 3

Parts des différentes formes d'emploi dans l'emploi total en France

Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans et plus.

Source : d'après INSEE, 2013.1- Comment l'emploi assure-t-il une intégration des individus au sein de la société ?2. Trouvez dans le corpus de documents, des éléments qui prouvent qu’aujourd’hui, l’emploi n’exerce plus sa puissance intégratrice.

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Sujets de Bac:

EC 1: -Comment le travail contribue-t-il à l'intégration sociale ?

-Montrez que, selon Durkheim, dans les sociétés où s'affirme le primat de l'individu la solidarité ne faiblit pas.

-La solidarité organique a-t-elle fait disparaître toute forme de solidarité mécanique ?

-Quelles distinctions peut-on établir entre la solidarité mécanique et la solidarité organique ?

EC3: -Vous montrerez que la famille contribue à la cohésion sociale.

-Vous montrerez que le rôle du travail comme instance d'intégration sociale s'est affaibli.

-Vous montrerez que l'école contribue à l'intégration sociale des individus.

Dissertation: - Y a-t-il une remise en cause de l'intégration sociale aujourd'hui ?

- Comment les sociétés où s'affirme le primat de l'individu parviennent-elles à créer du lien social ?

- Les évolutions de la famille remettent-elles en cause son rôle dans l'intégration sociale ?

Auteur du chapitre :

Emile Durkheim

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