Nouvelle-Calédonie Service des Mines et de l’Energie
CCaarrttooggrraapphhiiee ddeess zzoonneess ddééggrraaddééeess ppaarr ll’’eexxppllooiittaattiioonn mmiinniièèrree eenn NNoouuvveellllee--CCaallééddoonniiee
Régions de Houaïlou et Kouaoua, côte Est
Mémoire présenté par :
Yaëlle MARCANGELI DDEESSSS IIn énniieerriiee ddee ll’’EEccoollooggiiee nggé
Tuteurs du stage : M. Yves LAFOY, SME – Service des Mines et de l’Energie de Nouvelle-Calédonie M. Pierre MAURIZOT, BRGM – Bureau de Recherches Géologiques et Minières de Nouméa Mme Vanina PASQUALINI, Université de Corse Avril – Septembre 2003
Résumé
Pays d’Outre-mer d’une richesse écologique extraordinaire, la Nouvelle-Calédonie est,
cependant, confrontée aux conséquences environnementales de l’exploitation minière.
Secteur économique le plus important du territoire, l’industrie extractive s’est
développée depuis un siècle de façon échelonnée et variable, suivant le marché mondial.
C’est au début des années 70, que le nombre de concessions minières, en particulier pour
la production de nickel, a explosé. Cette période est appelée localement « boom du
nickel ».
Elle s’est accompagnée d’une pollution paysagère et environnementale de grande
ampleur, compte tenu, notamment, de l’absence de toute jurisprudence concernant la
protection de l’environnement.
Aujourd’hui, malgré les progrès faits dans la préservation des milieux par les sociétés
minières, les traces des années du « boom » restent visibles.
Seule solution pour les effacer : la réhabilitation des sites d’exploitation.
Suite à ce constat, la Nouvelle-Calédonie, représentée par le Service des Mines et de
l’Energie, en collaboration avec le Bureau de Recherches Géologiques et Minières de
Nouméa, a décidé de réaliser un inventaire des zones dégradées par l’exploitation
minière sur tout son territoire. La visualisation de la surface dégradée et des types de
dégradations permet alors de cibler les zones prioritaires à la réhabilitation, en tenant
compte également des enjeux, de la visibilité, des plaintes qui constituent les
caractéristiques propres à chaque site.
Partie intégrante de ce programme, ce rapport se focalise sur la région comprise entre
Monéo et Kouaoua sur la côte Est de la Nouvelle-Calédonie.
En nous basant sur la réalisation d’une cartographie d’ensemble des dégradations dues
aux exploitations présentes dans la région, nous avons sélectionné deux zones « zoom »
présentant des risques. Une étude plus approfondie et comparative de chaque zone à
diverses dates nous permet par la suite d’acquérir de précieuses informations pour une
future réhabilitation.
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Remerciements
Je tiens, tous d’abord, à remercier les directeurs du Service des Mines et de l’Energie qui se sont succédés, Messieurs Jean-Christophe Cardeillac et Edouard de Pirey, qui m’ont permis de réaliser ce stage ainsi que Monsieur Jean-François Sauvage qui m’a accueillie au sein de la Division Géologie et Economie Minière. Un grand merci à Monsieur Yves Lafoy, que j’ai la chance d’avoir eu pour maître de stage, pour avoir guidé et suivi mon travail, pour ses encouragements et sa gentillesse, ainsi qu’à Monsieur Pierre Maurizot (BRGM), pour les connaissances qu’ils m’a permis d’acquérir notamment sur le terrain. Je tiens également à exprimer toute ma gratitude à l’équipe du Service des Méthodes Administratives et de l’Informatique qui m’a accueillie dans ses locaux et notamment Messieurs Damien Buisson et Olivier de la Pommeraye. De même je remercie monsieur Pascal Rota de la Direction des Infrastructures de la Topographie et des Transport Territoriaux. Un remerciement tout particulier à Mesdames Corinne Bufnoir et Lauretta Devaux sur lesquelles j’ai toujours pu compter et qui ont rendu ce stage des plus agréables. Enfin, je souhaite remercier les autres membres de la DGEM pour leur aide dans mes recherches ainsi que Mademoiselle Raëlle Apock pour sa présence à mes côtés tout au long de ce stage, Mademoiselle Inanui Brodien pour son amitié, Monsieur Benjamin Brière de l’Isle pour ses nombreux conseils notamment lors de la rédaction de ce rapport ainsi que l’ensemble du personnel du SME dont je garderais toujours un excellent souvenir. Tout mon amour à ma petite famille.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Lieu du stage et services intervenants Service des Mines et de l’Energie (SME) de Nouvelle-Calédonie : Le service des mines et de l’énergie, baptisé ainsi en 1981, se compose de 5 divisions :
• La DECA, Division Energie et Administration. Elle s’occupe de tout ce qui concerne le contrôle du secteur de l’énergie, l’aide à la mise en place des énergie nouvelles et renouvelables.
• La DICTE, Division Industrie, Contrôles Techniques et Environnement qui gère la mise en place des ICPE, le contrôle des carrières, des explosifs, des appareils à pression, des véhicules et qui délivre les cartes grises.
• Le laboratoire d’analyses dont la mission est le contrôle, l’analyse des minerais. • La DEM, Division Exploitations Minières des Carrières, dont l’objectif est de
contrôler l’exploitation notamment en matière d’environnement. • La DGEM, Division Géologie et Economie Minière. L’une des missions confiées au
SME de la Nouvelle-Calédonie fixées par arrêté en 1961, consiste à participer au levé de cartes géologiques, à la prospection générale (mine et géologie, hydrogéologie), aux études scientifiques et techniques et à la formation. L’équipe de la DGEM, que j’ai intégré pour ce stage est impliquée dans cinq grands programmes :
Cartographie des formations superficielles et des aléas mouvements de terrains. Ce programme s’inscrit dans le cadre d’une convention co-financée par la Nouvelle-Calédonie et le Bureau de Recherche géologique et minière (BRGM), et consiste à faire l’inventaire des zones sensibles du point de vue des mouvements de terrains et de l’érosion, d’origine naturelles ou anthropiques, s’inscrivant ainsi dans le cadre du schéma d’aménagement et de développement du pays et prélude à la réhabilitation des exploitations minières.
Cartographie géologique des îles Loyauté. Ce programme fait l’objet d’une convention entre le SME et le Service Géologique National
Harmonisation de la couverture cartographique géologique numérique de la Nouvelle-Calédonie au niveau de la Grande-Terre.
Schéma de Mise en Valeur des Richesses Minières (SMVRM) nécessaire au respect de l’article 39 de la loi organique n°99-209 du 19 mars 1999. Il doit être réalisé pour l’horizon 2004.
Programme ZoNéCo, dont l’objectif est l’évaluation et l’exploitation des ressources marines vivantes et minérales de la zone économique entourant la Nouvelle-Calédonie.
Actuellement le SME effectue pour le compte de l’Etat, de la Nouvelle-Calédonie, des trois provinces diverses missions dans les domaines des mines et des carrières, de l’énergie, du développement industriel, de la protection de l’environnement et des contrôles techniques. Il prépare et accompagne aussi les grands projets économiques industriels du pays tels que celui de l’usine du Nord à Koniambo et de l’usine de Goro dans le Sud. Lors de ce stage j’ai eu à faire appel à d’autres services pour l’obtention de données, ainsi la DITTT (Direction des Infrastructures de la Topographie et des Transports Territoriaux), le SMAI (Service des Méthodes Administratives et de l’Informatique) et la SLN (Société Le Nickel).
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
SOMMAIRE
Résumé-------------- -------------------------------------------------------------------------------------- 2
Remerciements ------------------------------------------------------------------------------------------- 3
Introduction----------- ----------------------------------------------------------------------------------- 7
Chapitre I : La Nouvelle-Calédonie dans la région Sud-Ouest Pacifique : contexte et spécificités----- ------------------------------------------------------------------------------------------- 9
.1. Géographie et géomorphologie de la Nouvelle-Calédonie : ---------------------------------------- 9
.2. Conditions hydro-climatiques : -------------------------------------------------------------------------10
.3. Végétation : -------------------------------------------------------------------------------------------------11
.4. Géodynamique----------------------------------------------------------------------------------------------12
.5. Contexte géologique : -------------------------------------------------------------------------------------12
.6. Le Nickel et le secteur minier : --------------------------------------------------------------------------16
.7. La protection de l’environnement en Nouvelle-Calédonie :---------------------------------------18 Chapitre II : La zone d’étude : Monéo-Houaïlou-Kouaoua-------------------------------------22
.1. Localisation géographique -------------------------------------------------------------------------------22
.2. Géologie ------------------------------------------------------------------------------------------------------23
.3. Activité minière --------------------------------------------------------------------------------------------23
.4. Essais de revégétalisation---------------------------------------------------------------------------------27 Chapitre III : Etude des zones dégradées dans les régions de Monéo-Houaïlou-Kouaoua 28
.1. Les données disponibles :---------------------------------------------------------------------------------28
.2. Modèle Numérique de Terrain des régions Houaïlou et Kouaoua : -----------------------------29
.3. Cartographie des zones d’instabilité -------------------------------------------------------------------32
.4. Evolution temporelle des deux zones retenues : -----------------------------------------------------38 • Massif de Poro : -----------------------------------------------------------------------------39 • Massif de Kouaoua : ------------------------------------------------------------------------48
.5. Synthèse de l’évolution des dégradations dans le temps : -----------------------------------------57 Conclusion-------------- ---------------------------------------------------------------------------------61
Bibliographie--- -----------------------------------------------------------------------------------------63
Annexe 1 : Le Système d’Informations Géographiques ------------------------------------------66
Annexe 2 : Image orthorectifiée de la zone de Kouaoua -----------------------------------------67
Annexe 3 : ERDAS et Arcmap -----------------------------------------------------------------------68
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
INDEX DES FIGURES :
Figure 1: Localisation de la Nouvelle-Calédonie dans le Sud-ouest Pacifique ---------- 9
Figure 2: Carte administrative de la Nouvelle-Calédonie ----------------------------------10
Figure 3: Carte géologique de la Nouvelle-Calédonie --------------------------------------14
Figure 4: Profil d’altération du massif de péridotites (doline sur Fathma, Poro, 2003) et teneur des différents métaux dans chaque couche. (SME, 2001) ----------------------------15
Figure 5: Evolution de la production et de la teneur du minerai sur un siècle ---------17
Figure 6: Schéma de verse contrôlée ----------------------------------------------------------19
Figure 7: Localisation de la zone d’étude-----------------------------------------------------22
Figure 8: Extrait du cadastre minier des régions de Monéo, Houaïlou et Kouaoua---25
Figure 9: Productions des Mines « Alice 25 », « Newco 1 » et « Pounehoa » ----------26
Figure 10: Modèle numérique de terrain des régions de Houaïllou et Kouaoua --------31
Figure 11: Carte des zones d'instabilitées----------------------------------------------hors-texte
Figure 12: Carte du massif de Poro en 1954---------------------------------------------------40
Figure 13: Carte du massif de Poro en 1971---------------------------------------------------43
Figure 14: Carte du massif de Poro en 1976---------------------------------------------------45
Figure 15: Carte du massif de Poro en 1991---------------------------------------------------47
Figure 16: Carte du massif de Kouaoua en 1954----------------------------------------------49
Figure 17: Carte du massif de Kouaoua en 1971----------------------------------------------52
Figure 18: Carte du massif de Kouaoua en 1976----------------------------------------------54
Figure 19: Carte du massif de Kouaoua en 1991----------------------------------------------56
Figure 20: Synthèse de l’évolution du massif de Poro entre 1954 et 1991 ----------------59
Figure 21: Synthèse de l’évolution du massif de Kouaoua entre 1954 et 1991-----------60
INDEX DES PHOTOS
Photo 1: Grevillea gillivrayi --------------------------------------------------------------------27 Photo 2: Vue de la vallée de la Koua, côte Est de la Nouvelle-Calédonie---------------30 Photo 3: Vue de la Mine « Fathma » sur Poro (2003) -------------------------------------32 Photo 4: Décanteur sur la mine « Alice 28 » (Massif de Kouaoua) ---------------------34 Photo 5: Vue de la Mine « Alice 18 » (Massif de Kouaoua) (Desbordes R., SME) ---36 Photo 6: Zone d’accumulation au niveau du creek Ouaséoua sur Kouaoua ----------37
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Introduction
Située dans la région Sud-ouest Pacifique entre l’Australie et l’archipel du Vanuatu (ex-
Nouvelles-Hébrides), la Nouvelle-Calédonie, Pays d’Outre-Mer, se voit dotée, depuis 1999,
d’un statut bien particulier qui lui confère, notamment une pleine compétence au niveau des
réglementations et exercices de droits d’exploration, d’exploitation, de gestion et de
conservation des ressources naturelles, biologiques et non-biologiques, de la zone
économique exclusive et au niveau de la réglementation relative aux hydrocarbures, nickel,
chrome et cobalt (Loi organique n°99-209 et 210 du 19 mars 1999). Le pays renferme, en
effet, d’extraordinaires ressources minérales que lui a conféré son histoire géologique.
Parmi ses richesses, le nickel, dont la Nouvelle-Calédonie est l’une des plus importantes
réserves au monde (28%) et qui constitue, de fait, la base de son économie avec 80% des
exportations du territoire qui lui sont consacré.
Débutée à la fin du XIXème, l‘industrie du nickel s’est développée oscillant entre périodes
fastes et périodes de crises suivant le marché mondial mais entraînant toute l’économie de
l’île dont elle est l’activité dominante.
Cependant, l’exploitation intensive de richesses naturelles conduit inévitablement à
l’amenuisement de celles-ci, accompagné, bien souvent, de dégradations environnementales.
Si, dans un premier temps, l’exploitation du nickel était confinée aux crêtes des montagnes où
le maximum de concentration de minerai était accessible, son extraction s’est faite, par la
suite, de plus en plus en profondeur en raison du tarissement des veines principales et des
progrès technologiques (mécanisation).
En 100 ans, 110 millions de tonnes de minerai ont été extraites, entraînant l’accumulation
d’une masse de stériles au moins cinq fois plus importantes en poids et un volume atteignant
220 à 280 millions de m3. Avant la prise en compte du facteur environnemental, les domaines
de prospection, d’extraction de nickel laissent de larges cicatrices rouges sur les flancs des
montagnes et sont générateurs de pollution des réseaux de drainage et de leurs exutoires
marins, d’aggravation des risques naturels et de multiples nuisances environnementales
pouvant porter atteinte aux populations voisines. C’est particulièrement vrai pour ce qui est
appelé « mines orphelines », c’est-à-dire les anciennes mines qui n’ont plus de titulaires et qui
fonctionnaient avant les années 70, alors qu’il n’existait aucune réglementation
environnementale à l’usage de l’industrie minière.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Les années 80 marquent la prise de conscience en Nouvelle-Calédonie face aux séquelles
résultant de l’industrie minière et, c’est pressé par les protestations des populations, que les
compagnies minières ont commencé à intégrer la protection de l’environnement et la
réhabilitation de mines.
C’est dans ce contexte que la Nouvelle-Calédonie a proposé des études, dans le cadre du
programme de financement SYSMIN (SYStème MINier) de l’Union Européenne par le biais
du VIIème FED (Fonds Européens pour le Développement). Deux des principaux sujets
retenus consistent en :
L’inventaire des sites dégradés par l’exploitation
La réhabilitation des mines
Les inventaires des sites dégradés par l’activité minière constituent l’étape précédant la mise
en œuvre de plans de réhabilitation. Sur chaque région minière, ils amènent à une typologie
des paramètres d’instabilité et à un état des lieux de mines à réhabiliter, avec l’aide du
Système d’Information Géographique (Annexe 1). C’est à partir de données de télédétection
(photographies aériennes, d’images satellites), du Modèle Numérique de Terrain, et d’un
calibrage sélectif sur le terrain que s’effectue la cartographie des zones de dégradations. La
précision est ainsi optimale et les données faciles à récupérer puisque numérisées. Ceci
représente l’objectif de ce stage pour la région de Kouaoua au Cap Bocage, à l’est de la
grande île. Cette étude fait partie d’un programme co-financé par la Nouvelle-Calédonie,
représentée par le Service des Mines et de l’Energie (SME) et le BRGM.
Dans ce rapport seront, tout d’abord, exposés quelques généralités sur la Nouvelle-Calédonie,
importantes à la compréhension de la mise en place de l’industrie du nickel et d’une telle
étude.
Puis nous verrons avec plus de précision la zone inventoriée avec son histoire tant géologique
que minière. Enfin nous exposerons les méthodes utilisées et les résultats obtenus nécessaires
à l’inventaire des zones dégradées en essayant de faire la part des phénomènes anthropiques et
naturels. Ces premiers résultats seront pris en compte dans le cadre de futurs programmes de
réhabilitation dans la région étudiée.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Chapitre I : La Nouvelle-Calédonie dans la région Sud-Ouest Pacifique :
contexte et spécificités
Figure 1: Localisation de la Nouvelle-Calédonie dans le Sud-ouest Pacifique
.1. Géographie et géomorphologie de la Nouvelle-Calédonie :
Localisée dans la région Sud-Ouest Pacifique, la Nouvelle-Calédonie est située entre le
tropique du Capricorne et le parallèle 18°S et entre les longitudes 160° et 168°E. Elle est
distante de 1500 Km de l’Australie et 1900 Km de la Nouvelle-Zélande (Figure 1).
Elle se compose de la Grande-Terre, orientée SE-NW, de l’archipel des Belep au Nord, de
l’île des Pins, au Sud et des îles Loyauté (Ouvéa, Lifou, Tiga et Maré) à l’Est. Elle est divisée
en trois Provinces (Figure 2).
La Grande-Terre s’étire sur prés de 400km pour une superficie d’environ 18500 Km2 soit
deux fois la Corse, et possède l’un des plus grands lagons du monde dont la superficie est de
22000 Km2, soit la moitié des Pays-Bas.
La partie centrale de l’île est caractérisée par un relief important (la chaîne centrale) dont les
altitudes moyennes sont souvent supérieures à 1000m. Le Mont Panié au Nord est le point
culminant avec ses 1628m.
La chaîne, composée de plateaux cuirassés et de vallées profondes aux versants escarpés,
coupe l’île en deux bandes côtières bien distinctes :
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Figure 2: Carte administrative de la Nouvelle-Calédonie
La côte Est, proche de la chaîne en raison de son étroitesse, est caractérisée par des pentes
abruptes, tandis que la côte Ouest, dont la bande côtière est plus large, voit un relief beaucoup
plus doux et de grandes prairies, propices à l’élevage et à l’agriculture.
.2. Conditions hydro-climatiques :
Le régime des pluies de Nouvelle-Calédonie est influencé par la configuration et le relief de la
Grande Terre et par l’action de l’alizé qui entraîne vers les côtes les systèmes nuageux se
formant au-dessus de l’océan (Mullan, 1991 ; Porte, 1992). La côte Est, « au vent »,
enregistre des quantités de précipitations annuelles qui sont, quasiment, le double de celles de
la côte Ouest, « sous le vent ».
Il existe deux saisons des pluies, la principale s’étalant de décembre à avril et comprenant la
saison cyclonique et l’autre en juin, durant la période fraîche. De même, il existe deux saisons
sèches, la première de septembre à novembre et la seconde, peu marquée, au mois de mai. Les
températures moyennes varient de 22 à 25 °C. Deux périodes se distinguent dans le courant de
l’année : la saison chaude, de décembre à mars et la fraîche, d’avril à novembre.
C’est la présence de ce climat tropical sous influence océanique qui induit le processus
d’érosion et d’altération des formations péridotitiques résultant du charriage d’une partie de
lithosphère océanique et donc la présence de minerais de nickel dans le sol calédonien.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Au niveau hydrographique, l’île présente un réseau dense, d’orientation perpendiculaire aux
deux côtes. Les bassins versants y sont de tailles réduites de part l’allongement et le relief de
la Grande Terre. Les rivières sont le plus souvent issues des massifs péridotitiques et
présentent par conséquent un écoulement torrentiel dans les hautes vallées, en raison des
fortes pentes. Elles s’élargissent dans les basses vallées alluviales pour déboucher
respectivement à l’Ouest et à l’Est dans les bassins de Nouvelle-Calédonie et des Loyauté. De
nombreux cours d’eau appelés creeks, prenant naissance à partir de minces filets d’eau,
alimentent les étendues de mangroves et/ou rejoignent des rivières de taille plus conséquente.
.3. Végétation :
La Nouvelle-Calédonie fait partie des quatre premiers territoires au monde en terme de
biodiversité. En présence de roches particulières, sa flore (au même titre que sa faune) a
évolué en état d’isolement, formant un patrimoine unique, riche et original.
La végétation calédonienne comprend un grand nombre d’espèces endémiques (75% de 3926
espèces recensées en 2000) menacées par les feux de brousse et les activités anthropiques.
Trois grands types de couverts végétaux sont reconnaissables (Maurizot et Delfau, 1995) :
Le couvert végétal sur péridotites :
Les forêts denses tropicales, le long des cours d’eau, des talwegs et des vallées
étroites, les forêts de versant. Les arbres observés sont les chênes gomme, les
kaoris, les bois de fer.
Les maquis arbustifs qui tendent à disparaître sur les plateaux cuirassés et sur
les plus hauts sommets.
Les forêts humides, dites à mousse.
Le couvert végétal sur les formations volcano-sédimentaires :
Les forêts sèches, dont la régression fait l’objet d’un programme de sauvegarde
lancé sur le territoire.
Les savanes à niaoulis
Les formations herbeuses dans lesquelles sont regroupées savanes à niaoulis
ouvertes et prairies.
Les zones littorales de marécages et de mangroves.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
.4. Géodynamique
La Nouvelle-Calédonie, située à l’Ouest de la zone de convergence intra océanique entre les
plaques Pacifique et Australienne, constitue la partie émergée de la ride de Norfolk qui la relie
à la Nouvelle-Zélande. La plaque australienne sur laquelle émergent la Grande Terre et les
îles Loyauté entre en subduction sous la plaque Pacifique à la vitesse moyenne de 12 cm/an
au niveau de l’arc des Nouvelles-Hébrides (Vanuatu). Ce phénomène s’accompagne d’un
début de collision entre ce dernier et la ride des Loyauté, entraînant une sismicité dans la
région.
L’évolution géodynamique de la Nouvelle-Calédonie s’est déroulée selon trois grands cycles
tectoniques (Dubois et al., 1977 ; Monzier, 1993 ; Cluzel et al., 1994 ; Meffre, 1995 ; Lafoy et
al., 1996 ; Van de Beuque, 1999 ; Auzende et al., 2000) :
Le cycle anté-Sénonien (antérieur au Crétacé supérieur soit 70Ma) est marqué par le
fonctionnement d’une subduction à plongement ouest sous la marge orientale du super-
continent Gondwana. Au Crétacé inférieur, durant l’orogenèse Rangitata, les principales
unités de la région Sud-ouest Pacifique se constituent par collage tectonique.
Le cycle Crétacé supérieur-Eocène (70 à 50Ma) est caractérisé par la fragmentation du
Gondwana par l’ouverture de bassins marginaux. La ride de Norfolk se retrouve alors au
niveau de la voussure liée au bombement élastique de la plaque australienne subductée sous
l’arc du Vanuatu et subit une phase d’émersion et d’érosion. Une fois bloquée, la subduction
va entraîner la remontée d’éléments du manteau. S’ensuit l’obduction de la nappe d’ophiolites
(péridotites et basaltes) provenant de la lithosphère océanique du bassin des Loyauté.
Le cycle Oligocène (30Ma)-Actuel débute par l’arrêt du fonctionnement de l’arc
volcanique des Loyauté. La Nouvelle-Calédonie subit alors une intense érosion et on assiste
aux prémices de la collision entre la ride des Loyauté et l’arc du Vanuatu. A partir du Miocène,
les variations du niveau marin et les mouvements verticaux vont définir la morphologie
actuelle.
.5. Contexte géologique :
La Nouvelle-Calédonie comporte deux grands ensembles géologiques : les formations
volcano-sédimentaires et les formations ophiolitiques allochtones qui sont celles qui nous
intéressent au niveau de l’exploitation minière. (Figure 3)
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 12
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
En effet, les péridotites constituent la formation la plus étendue (5500 km2 soit 1/3 de la
Grande Terre) et la plus importante économiquement puisque c’est en son sein que se
concentrent les minéralisations nickélifères.
Les formations volcano-sédimentaires :
Ces formations datent du crétacé supérieur transgressif et discordant sur les formations
antérieures du Trias-Lias (Paris, 1981)
Il s’agit essentiellement de formations terrigènes avec niveaux houillers d’où le terme de
« formation à charbon » (arénites, siltites, tufs…).
Les formations de la nappe ophiolitique :
On reconnaît depuis la base vers le sommet quatre grandes unités géologiques (Paris, 1981) :
Serpentines mylonitiques disposées soit en semelles, soit en filons dans les
terrains sous-jacents. Elles constituent des barrières imperméables au niveau desquelles se
localisent les résurgences provenant de l’aquifère des péridotites.
La masse péridotitique principale, essentiellement formée d’harzburgites, avec
des intercalations centimétriques de dunites et de pyroxénolites (rubanement). C’est au sein
de ces massifs de péridotites que sont recensés les principaux phénomènes de désordres tels
que, glissements, arrachements et ravinements (Maurizot et Lafoy, 1998).
Un ensemble dunito-gabbroïque.
Un cortège intrusif (filons ultramafiques à acides et quelques stocks acides).
Une des déformations subie par ces massifs ultramafiques, de type cassante, engendre une
serpentinisation au niveau des fractures, ce qui favorise la circulation des eaux météoriques,
facteur essentiel de l’altération des massifs péridotitiques.
Les minerais nickélifères de Nouvelle-Calédonie en sont issus et sont répartis en trois
catégories par ordre de richesse croissante en nickel. On distingue du sommet vers la base, les
latérites, horizon supérieur des manteaux d’altération (0.8-1.5 % de nickel), les saprolites,
minerai « riche » (2.5-3.5 % de nickel) à l’interface entre la péridotite saine et latérites, et la
garniérite (Jules Garnier, 1863), minerai « noble » (« l’or vert » des anciens mineurs, jusqu’à
10 % de nickel) (Figure 4). La Nouvelle-Calédonie comptent une quarantaine des massifs
miniers répartis dans le Sud, Sud-est et Nord-ouest de la Grande Terre.
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 13
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation m
inière en Nouvelle-C
alédonie en 2003
Marcangeli Yaëlle – D
ESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 14
Figure 3: Carte géologique de la N
ouvelle-Calédonie
Figure 3 :
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Figure 4: Profil d’altération du massif de péridotites (doline sur Fathma, Poro, 2003) et
teneur des différents métaux dans chaque couche. (SME, 2001)
Les formations superficielles :
Les formations superficielles sont définies de la façon suivante par Lebret et al (1993) :
« Les formations superficielles apparaissent sous l’influence de l’action météorique.
D’origine continentale, meubles ou secondairement consolidées, ces formations résultent de la
désagrégation physique et/ou de l’altération chimique des roches préexistantes. Elles peuvent
rester en place sur la roche mère (formations autochtones), être déplacées sur de courtes
distances (formations sub-autochtones), être mobilisées par les agents de la géodynamique de
surface (gravité, glace, eau, vent) et secondairement déposées (formations allochtones), et être
exceptionnellement enfouies. D’épaisseurs métriques à pluri décamétriques,
exceptionnellement hectométriques, elles sont en relation avec la topographie actuelle.
Eventuellement déconnectées de celles-ci et parfois exhumées, des paléo formations
superficielles (bauxites, altérites tertiaires…) révèlent des paléosurfaces. Sous l’effet de la
pédogenèse, la partie supérieure des formations superficielles peut évoluer en sols dont
l’organisation a ses règles propres ».
En Nouvelle-Calédonie, les formations superficielles sont fortement développées au sein des
ultrabasites en raison d’une longue période d’érosion liée aux réajustements isostatiques, à la
fracturation de la nappe ophiolitique durant sa mise en place, et à son altération sous climat
tropical. Ces formations, essentiellement des altérites in situ ou remaniées, meubles ou
indurées, tapissent la plupart des roches péridotitiques (Paris, 1981).
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 15
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
.6. Le Nickel et le secteur minier :
Le nickel est un métal lourd, blanc argenté, brillant, malléable et ductile, il est insoluble dans
l’eau mais l’est dans l’acide chlorhydrique, sulfurique et nitrique dilué.
Il est essentiellement utilisé pour la fabrication d’alliages durs, malléables et résistant à la
corrosion, d’inox, d’enduits, de pièces de monnaie, de catalyseurs, d’appareils et instruments
pour laboratoires de chimie, d’accumulateurs Ni-Cd et de matériaux magnétiques.
C’est en 1864, que le minerai de nickel est découvert en Nouvelle-Calédonie par l’ingénieur
Jules Garnier et c’est à partir de 1873 que la ruée vers « l’or vert » ou le « Roi Nick » débute
en même temps que ses utilisations se multiplient et que sa consommation mondiale
augmente. Et bien que d’autres métaux soient exploités, ainsi le chrome, le cobalt, l’or, le
cuivre, notamment, c’est l’exploitation du nickel qui rythme l’aventure minière et
métallurgique de la Nouvelle-Calédonie.
Aujourd’hui le pays se situe au 4ème rang des producteurs mondiaux et possède 11% des
réserves mondiales de nickel (Groupe International d’Etude sur le Nickel, 2000).
Néanmoins, la production du minerai a connu trois phases importantes (Pelletier, 1990) :
La période antérieure à 1967 :
Ce sont des galeries souterraines qui sont construites à la recherche de filons de garniérites
(16% de nickel métal) jusque dans les années 20. L’impact sur l’environnement est alors
minime. Suite à une diminution de la teneur en nickel dans les garniérites, les exploitations
évoluent alors en tranchées à ciel ouvert puis en mines à ciel ouvert. Les années 50 sont
marquées par la mécanisation des exploitations minières et la création d’un courant
d’exportation de minerai. Dans les années 60, la production de nickel entre dans une phase
d’expansion modifiant profondément l’économie calédonienne.
De 1967 à 1975 : le « boom du Nickel »
Une forte croissance des pays industrialisés et la guerre du Vietnam double la demande de
nickel en moins de 10 ans. Sur le territoire, les petits producteurs locaux, profitent des
mouvements sociaux qui se développent au sein des grandes sociétés minières telles INCO au
Canada, pour s’imposer sur le marché mondial.
Le boom du Nickel s’accompagne donc d’une envolée du cours de ce même métal.
C’est cependant à cette période d’euphorie minière que l’on doit la majeure partie des
dommages environnementaux de l’île. Les méthodes de prospection, d’extraction du minerai
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 16
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
et les déchets (stériles) en résultant, non encore maîtrisés, génèrent des pollutions au niveau
des cours d’eau, un appauvrissement des terres agricoles en aval, une pollution du lagon et
une apparition ou une accélération d’une érosion du paysage d’origine anthropique.
En 1972, une concurrence internationale accrue et le 1er choc pétrolier de 1973 plonge la
Nouvelle-Calédonie dans la crise. Une stabilisation du marché suivra.
La période postérieure à 1975 :
Les teneurs du minerai ne cessant de diminuer (1.5-3% de Ni) (Figure 5), les méthodes
d’extraction sont optimisées pour améliorer le rendement. De plus les sociétés tendent à
concentrer leurs exploitations, mettent en place des infrastructures lourdes et optimisent les
moyens mécaniques (pelles en bute…).
La dernière crise importante à laquelle du faire face la Nouvelle-Calédonie date des années
1997-98. Un déséquilibre entre l’offre et la demande a provoqué une chute des cours au LME
de 35% courant 1998. Ceci étant dû à plusieurs facteurs dont, la crise économique et
financière connue par l’Asie (principal importateur du nickel calédonien), ainsi que le surplus
de l’offre influencé par l’ouverture de nouvelles unités d’extraction. Toutefois, en 1999, ces
facteurs ont joué en sens inverse et ont fait redémarrer le marché.
C’est aussi pendant cette période qu’une prise de conscience environnementale apparaît avec
l’élaboration de programme de protection de l’environnement.
9 000 000 9,00
8 000 000 8,00
7 000 000 7,00
6 000 000 6,00 5 000 000 5,00
4 000 000 4,00
3 000 000 3,00
2 000 000 2,00
1 000 000 1,00
0 0,00
1900 1910 1920 1990 1930 1940 1950 1960 1970 1980 (SME, 2001)
Figure 5: Evolution de la production et de la teneur du minerai sur un siècle
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Depuis l’origine 563 sites ont été exploités pour le nickel et aujourd’hui, les programmes de
« réhabilitation » et de « revégétalisation » constituent un soucis grandissant pour les acteurs
du domaine minier néo-calédonien.
.7. La protection de l’environnement en Nouvelle-Calédonie :
Aujourd’hui la protection de l’environnement est partie prenante de l’exploitation d’une mine
en Nouvelle-Calédonie. Cette activité industrielle est, de plus, réglementée au niveau des
Installations Classées Pour l’Environnement (ICPE) en ce qui concerne les installations telles
que le concasseur, par exemple.
En ce qui concerne les conséquences de l’exploitation minière sur l’environnement, en
particulier après son activité, il n’existe aucune obligation de remise en état des sites pour les
sociétés minières. Cependant elles peuvent être incitées à participer notamment à travers des
avantages fiscaux. C’est ce qu’institue la délibération 104 du code des impôts. En effet, les
entreprises peuvent se libérer d’une fraction de l’impôt sur les bénéfices par des versements
effectués soit à des fonds communaux de l’environnement créés par les communes
d’implantations d’un site minier, en vue de la réhabilitation du site, soit à des sociétés
d’économie mixte qui ont pour objet la réalisation d’activités économiques sur le territoire de
ces mêmes communes. Ce système est donc basé sur le volontariat des sociétés qui répondent
plutôt favorablement de façon générale.
Si, à ses débuts, l’activité minière était d’une ampleur modeste, son accroissement, en
l’espace d’un siècle, a contribué à révéler l’importance de l’impact de cette industrie sur
l’environnement. En effet l’exploitation d’une mine à ciel ouvert, si elle n’est pas contrôlée,
entraîne, notamment les impacts suivants :
Modification du paysage
Perturbations hydrologiques
Modification des processus d’érosion et de sédimentation
Dégradation de la qualité des eaux (essentiellement lors de l’oxydation de minéraux
sulfurés qui ne sont, cependant pas présents en Nouvelle-Calédonie)
Destruction des forêts ou de terres à vocation agricole
Dégradation de la biodiversité
Génération de bruits, de poussière et de vibrations
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 18
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Cependant les problèmes essentiels qui se posent pour l’environnement sont la gestion des
déchets miniers, autrement dits, les stériles, et la gestion des eaux d’écoulement. Issus, du
rejet, à différentes étapes de l’extraction du minerai, les stériles entraînent notamment
l’engravement des creeks, la pollution du lagon et la dégradation de la végétation sur les
versants des montagnes, sur lesquels ils ont été déversés par le passé.
La diminution de la teneur en nickel dans les minéraux extraits aboutit à l’accroissement de la
proportion de stériles miniers au fil des ans, d’où la nécessité de les stocker de façon durable
pour préserver l’environnement.
C’est dans les années 70 que la protestation des populations a contraint les compagnies
minières à stabiliser les déchets et à se tourner vers de nouvelles techniques de prospection et
d’extraction afin de protéger les sites notamment contre l’érosion (Jaffre et Pelletier, 1992).
Ainsi, la prospection par hélicoptère minimise les dégradations pouvant être occasionnées lors
de cette étape ; une fois réalisée, des pistes sont tracées à l’aide de pelles en bute en merlon
naturel avec transport des déblais. Des sites de verses de produits stériles, résultant du tracé
des routes sont préparés.
Quant à l’exploitation en elle-même, le découpage des sites par bassins versants et le
dimensionnement des ouvrages de collecte et de décantation ont permis d’obtenir une
efficacité satisfaisante dans la lutte contre les entraînements de fines par les eaux de
ruissellement. De plus, la récupération de stériles primaires et secondaires permet leur
utilisation comme matériaux d’enrochement pour constituer les ouvrages de protection
environnementale, les drains et les fronts de verses (Figure 6).
Mèche drainante rocheuse
Latérite en couches compactées
Caniveau de mise hors d’eau de la décharge
Barrage rocheux
Décanteur Protection frontale : blocs rocheux
Figure 6: Schéma de verse contrôlée
Les verses accueillent deux types de produits, les latérites (stériles de recouvrement) ou les
refus de triage. Les premières sont celles qui présentent le plus de risque de pollution par
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 19
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
entraînement dans les eaux de ruissellement, d’où une attention particulière portée à la
réalisation de ces verses.
Parallèlement à ces travaux de génie civil, sont réalisés des recherches et des essais pour
reconstituer la couverture végétale sur les sites miniers (Sarrailh, 1994, 2002 ; Ayrault, 2002 ;
Jaffré et Rigault, 1994 ; Pelletier et Esterle, 1995).
Bien que la réhabilitation des mines à ciel ouvert ne soit pas encore une obligation légale en
Nouvelle-Calédonie, des actions sont entreprises pour remettre en végétation les sites
dégradés par l’exploitation des gisements de nickel avec pour objectif le contrôle de l’érosion
et du ruissellement, la préservation de la biodiversité et la conservation des paysages. Si
autrefois, les plaies béantes sur les flancs des montagnes étaient considérées comme des
signes de richesse économique, elles sont aujourd’hui synonymes de menaces avec
notamment l’appauvrissement des terres agricoles se trouvant en aval des exploitations et la
pollution du lagon par les sédiments.
Des travaux concernant la revégétalisation ont été menés dès les années 70 mais c’est depuis
1990 que le véritable essor est fait dans ce domaine.
La végétation est essentielle pour la protection des sols contre l’érosion et la régulation du
cycle de l’eau, cependant, l’absence de nutriments dans le sol minier (phosphore, potassium et
azote) et sa haute teneur en métaux phyto-toxiques (nickel et magnésium) ne permet pas au
processus naturel de régénération de la végétation de se réaliser ou alors de manière très lente.
En fonction de ces difficultés, deux stratégies ont été adoptées :
Amélioration du substrat
Utilisation d’espèces endémiques adaptées au substrat (Grevillea sp., Carpolepis
laurifolia, Gymnostoma deplancheanum).
Les travaux à grande échelle ont débuté en 1993 avec la Société Le Nickel, dans les massifs
de l’Est et du Nord de la Calédonie.
Deux techniques sont utilisées :
Les plantations (Acacia spirorbis, Casuarina collina entre autre)
Les semis, par hydro-ensemencement
Etant donné l’absence d’encadrement juridique, chaque compagnie opte, en accord avec le
SME, pour sa propre stratégie. Cependant les coûts excessifs de ces programmes freinent
sensiblement leur avancée, malgré l’effort déployé aussi par les communautés locales dans le
cadre des comités communaux de réhabilitation pour les mines orphelines.
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 20
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
C’est préalablement à ces travaux qu’interviennent les inventaires des désordres
environnementaux qui permettent de mieux appréhender les sites à réhabiliter et revégétaliser.
Des programmes de réaménagement des sites miniers, financés par la Communauté
européenne sur les ressources du 7ème Fond Européen de Développement sont lancés. Nous
pouvons citer l’étude menée par la société SIRAS Pacifique au niveau de Thio Plateau (région
au Sud de notre zone) (SIRAS, 2001). Dans ce dossier, le maître d’ouvrage est le
Gouvernement de Nouvelle-Calédonie et le maître d‘œuvre le Service de Mines et de
l’Energie de Nouvelle-Calédonie.
Ce dossier comprend un état des lieux visant à inventorier tous les problèmes
environnementaux et des études spécifiques concernant la géologie, l’hydrologie, les aspects
géotechniques, la lutte contre l’érosion et le paysage. Il a été réalisé en 2001 et constitue une
nouvelle approche dans les techniques de réhabilitation.
Diverses études ont aussi été réalisées par le SME dès 1995 avec un programme sur la région
de Nouméa avec la mine Saint-Louis (Pecqueux, 1995). Cette étude avait pour but de fournir
une estimation globale des travaux à réaliser en terme de géotechnique et de revégétalisation
pour réhabiliter la mine. En 2001, un second inventaire des sites dégradés par l’activité
minière a été effectué dans le cadre d’un stage (Bani, 2001) La zone étudiée alors se situe sur
la commune du Mont-Dore, au sud de Nouméa. En 2002, la cartographie des zones dégradées
par l’exploitation minière dans la région de Canala a été réalisée, mettant en évidence,
également, l’évolution de cette dégradation dans le temps (Boisard, 2002). Le sujet de ce
stage vient donc prolonger cette précédente étude, au Nord de Canala.
Plus récemment, un premier bilan de la superficie et de l’état de surface des zones dégradées
par l’activité minière a été dressé (Lafoy et al, 2003) suite à la cartographie d’une partie des
massifs ultrabasiques de la Grande Terre dans le cadre du programme SME-BRGM.
Dans le cadre de notre étude, nous cherchons alors avant tout à établir un inventaire
systématique des zones à réhabiliter et poursuivons donc les études précédentes dans les
régions voisines de Canala, à savoir, Houaïlou et Kouaoua.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Chapitre II : La zone d’étude : Monéo-Houaïlou-Kouaoua
.1. Localisation géographique
Figure 7: Localisation de la zone d’étude
Les régions de Kouaoua et Houaïlou, distantes respectivement de 180 et 242 Km de Nouméa,
se situent sur la côte est de la Grande Terre, en Province Nord (Figure 7). Elles se
caractérisent par des paysages de plateaux entaillés de vallées encaissées, s’avançant dans la
mer et formant ainsi une succession de baies plus ou moins profondes. D’ouest en est, on peut
distinguer :
La baie Lebris, profonde, elle borde la presqu’île de Monéo qui constitue la
limite nord de la zone d’étude.
Les baies de Poro, de Koua et de Kouro se succèdent plus à l’est, moins
profondes. Les vallées dont elles sont l’aboutissement entaillent d’importants
massifs : le massif de Poro s’étend entre les rivières Néoua à l’Ouest et Koua à
l’est ; le massif de Kadjitra dont l’altitude moyenne est de 360m est traversé
par la vallée de Kouro et s’ouvre sur la mer par l’avancée de Goa N’Doro ; le
massif d’Areha, à l’intérieur des terres dont le point culminant est le Mont
Areha (722m) qui prolonge à l’est le massif de Menazi dont le plus haut
sommet est à 1097m.
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 22
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
La baie de Kouaoua, qui représente la limite sud de la zone étudiée, sur
laquelle se terminent les vallées de la Kouaoua et de la Kakenjou. Celles-ci
traversent l’un des massifs péridotitiques les plus exploités, celui de Kouaoua.
Les baies Lebris, Poro et Kouaoua se caractérisent par la présence de wharfs (pontons),
aménagements portuaires servant aux chargements du minerai sur les minéraliers. Ils sont
composés d’une zone de stockage pour le minerai en attente et d’une zone de chargement.
.2. Géologie
La zone d’étude est en majeure partie occupée par les massifs ultrabasiques de péridotites. Ils
constituent le prolongement du grand massif du sud sur la côte est en une bande, orientée dans
le sens de l’île, bordée par la mer à l’Est et chevauchant les terrains volcano-sédimentaires de
la chaîne à l’Ouest.
En semelle de ces massifs péridotitiques, on trouve les serpentinites, roches feuilletées de
couleur verte, issues de la transformation par hydratation à chaud des péridotites du plancher
océanique et donc témoins des phénomènes de charriage de la nappe des péridotites sur un
substratum volcanique à l’Eocène terminal.
La présence de cette serpentinisation à la base des massifs peut expliquer la présence de zones
« instables » du point de vue géologique (glissements de terrains, failles, arrachements).
D’autres accidents sont dus à une anthropisation importante liée essentiellement à
l’exploitation de mines de nickel à ciel ouvert. En effet, les fréquentes précipitations (2m par
an environ) qui caractérisent la région contribue fortement à l’ampleur de l’altération des
péridotites et aux processus de concentration du minerai nickélifère.
.3. Activité minière
Cette région de la côte Est de la Grande Terre a fait l’objet d’une forte exploitation au niveau
de cinq massifs (Figure 8).
Monéo - Cap Bocage : cette zone fut exploitée assez tardivement (1969 :
concession Pounehoa), profitant du boom du nickel des années 70. Aujourd’hui, les
principaux titres miniers appartiennent à la Société des Mines de la Tontouta (SMT).
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Bel Air : Ce massif est l’un des plus anciennement exploités de l’île (1875 :
concession Bel Air). Aujourd’hui, malgré la présence de quelques concessions, le massif
n’extrait plus de nickel.
Ouani : son exploitation eut lieu de 1939 à 1945.
Poro : Il s’agit du plus important centre minier de la région. Des mines à ciel
ouvert y sont exploitées depuis le début du XXème siècle. La plus ancienne du massif, à savoir
Française (1904) fournit encore aujourd’hui du minerai. De plus, Poro, possède un wharf d’où
le minerai est dirigé vers les principaux pays importateurs (Australie, Japon…) et l’usine
métallurgique de Doniambo (Nouméa). Les trois principales mines (Française Red,
Melbourne et Fathma) ont connu un pic de production du nickel dans les années 70, suivant
ainsi les fluctuations du cours du minerai, ainsi que nous l’avons vu dans le chapitre
précédent.
Kouaoua : Ce massif se prolonge hors de la zone d’étude vers le sud (Boisard,
2002). Il est l’un des plus productifs avec 25% de la production totale, soit prés de 1.3
millions de tonnes de minerais extraits en 2001.
Au niveau de la zone d’étude, les premières mines furent exploitées dans les années 50 (Alice
25 en 1953 ; Alice 20 Ext en 1954…).
L’étude des statistiques de production de ces différentes mines (Figure 9) confirme l’existence
des trois périodes ayant marqué l’histoire du nickel depuis sa découverte.
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 24
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
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Figure 8: Extrait du cadastre minier des régions de Monéo, Houaïlou et Kouaoua
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Production de la mine Alice 25
0
20 000
40 000
60 000
80 000
100 000
120 000
1953
1958
1969
1971
1973
1976
1978
1987
1989
1992
Années d'exploitation
TonnagePentecost E.
Pentecost Ed.(Berton)Pentecost Ed.(Doanh)PentecostMichel (Doanh)PentecostMichelNMC
Production de la mine Newco1
020 00040 00060 00080 000
100 000120 000140 000
1960
1970
1972
1974
1989
1993
1996
1998
2000
Années d'exploitation
Tonnage
Pentecost E.
Pentecost Ed.(Doanh)PentecostMichel (Doanh)SLN
Production de la mine Pounehoa
0
50 000
100 000
150 000
200 000
250 000
1969
1972
1975
1978
1981
1984
1987
1990
1997
Années d'exploitation
Tonnage
CGMC (LeBouhellecB.)CGMC
SMT
Figure 9: Productions des Mines « Alice 25 », « Newco 1 » et « Pounehoa »
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
.4. Essais de revégétalisation
Premières zones exploitées, les massifs de Poro et Kouaoua ont aussi fait l’objet des premiers
essais de revégétalisation de mines. A Poro les premiers essais sur les décharges de mines de
la SLN (Néaki) ont eu lieu en 1974, réalisés par l’ORSTOM (actuel Institut de Recherches
pour le Développement).
En cette période, ces essais consistaient à faire des plantations d’espèces telles que le Gaïac
(Acacia spirorbis) et le Bois de fer (Casuarina collina). Les résultats n’ont pas donné entière
satisfaction malgré la vitesse de croissance élevée de ces plants. En effet les deux espèces
citées ont tendance à inhiber la croissance des espèces pionnières.
Des études se sont poursuivies aussi bien sur Poro que sur Kouaoua.
Au début des années 90, c’est une autre stratégie qui est adoptée, notamment sur Kouaoua. Il
s’agit de la germination et du développement d’espèces pionnières sur les sites. Comme
espèces nous retrouvons, par exemple, Schoenus neocaledonicus, Baumea deplanchei ou
encore Grevillea gillivrayi (Figure 9).
Photo 1: Grevillea gillivrayi
Fin 93, début 94, 15000 plants ont été plantés par la SLN sur d’anciens sites miniers de Poro. Fin 94, à nouveau 5700 plants étaient installés à Poro et 8500 à Kouaoua par la société SIRAS Pacifique. Les plantations se multiplient jusqu’en 2000 et au final 89101m2 ont été revégétalisés sur Poro et 61266m2 sur Kouaoua.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Chapitre III : Etude des zones dégradées dans les régions de Monéo-
Houaïlou-Kouaoua
.1. Les données disponibles :
Diverses données numériques et analogiques (papier) ont été nécessaires à la bonne
réalisation de notre étude. Ces dernières ont été réunies au SME (Service des Mines et de
l’Energie) avec la collaboration du service topographique du département des Infrastructures
de la Topographie et des Transports Terrestres (DITTT), du département cartographie du
Service des Méthodes Administratives et de l’Informatique (SMAI) et de la Société Le Nickel
(SLN).
Cartes topographiques :
Nous avons utilisé comme support les cartes topographiques au 1/10000 que nous avons
récupéré auprès de la DITTT. Pour couvrir toute la zone d’étude, 21 cartes ont été nécessaires.
Elles sont porteuses d’un grand nombre d’informations de type surfaciques telles que les
cours d’eau, les zones de végétation, de type ponctuels (points côtés) et linéaires tels que les
pistes, les lignes de niveau. De plus, nous avons bénéficié du 1/10000 vecteur du territoire au
format Arcview (shapefile) contenant toutes les informations sur la morphologie, altitude
(courbes et points côtés), réseaux hydriques et voirie, toponymie, etc.
Cartes géologiques :
La zone d’étude est couverte par deux cartes : Houaïlou-Baie Lebris (Paris, J.P., Guy, B.,
BRGM, 1980) et Kouaoua (Guy, B., Paris, J.P., Prinzhoher, A., BRGM, 1979). Utilisées pour
replacer la zone d’étude dans son contexte, elles vont aussi nous permettre de comprendre la
présence de certains aléas tels que d’importants arrachements ou lavakas, préférentiels sur
certains terrains.
Photographies aériennes :
Le travail de cartographie réalisé pour ce stage s’est basé les photos aériennes de quatre
périodes sur la région étudiée.
Mission 09-011 de 1954 en noir et blanc de la photothèque du SME.
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Mission 06 de 1971 en couleur au 1/10000, obtenue auprès de la division
géologie de la SLN.
Mission 37-200 de 1976 en noir et blanc au 1/20000 des photothèques du SME
et de la DITTT.
Mission 38-200 de 1991 en noir et blanc au 1/20000, obtenue auprès de la
DITTT.
En complément, nous avons pu superposer d’autres informations telles que les contours
administratifs (communes, provinces), la situation du cadastre minier (type, titre, titulaire,
activité,…).
.2. Modèle Numérique de Terrain des régions Houaïlou et Kouaoua :
Le MNT est une des applications du Système d’Information Géographique (Annexe 1)
permettant d’obtenir une représentation numérique du relief.
Méthodologie :
Le MNT est généré à partir des données topographiques des cartes au 1/10000 sur le logiciel
SIG Arcview 3.2. Ce dernier le permet grâce à deux modules qu’il contient : Spatial Analyst
et 3D Analyst.
Ces deux modules produisent deux types de modèle de représentation de surface :
Le modèle grille ou maillé régulier
Le modèle TIN (Triangular Iregular Network)
Dans notre étude le MNT dont nous nous servons est maillé de 10m.
Description du MNT :
Le MNT généré couvre les régions de Houaïlou et Kouaoua (Figure 10). L’absence de
données topographiques sur Monéo et le Cap Bocage ne nous a pas permis d’en créer un pour
cette zone. Nous nous contenterons donc de faire une description des principales unités
morphologiques de Houaïlou à Kouaoua.
Le MNT met en évidence les trois grands massifs miniers situés sur les plateaux de cuirasse
démantelée et sillonnés par de profondes vallées dont les versants sont particulièrement
escarpés. Ces vallées sont parcourues par de nombreux creeks.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
D’Ouest en Est nous trouvons les vallées de Houaïlou et Néoua qui se rejoignent au niveau du
village de Houaïlou.
Plus à l’Est, la vallée de la Koua (Photo 2) est l’une des plus grande de la région, elle aboutit
dans la baie de Koua.
Et tout à fait à l’Est se trouvent les vallées de la Kaviju et de la Kouaoua qui débouchent dans
la grande baie de Kouaoua.
Photo 2: Vue de la vallée de la Koua, côte Est de la Nouvelle-Calédonie
Les grands massifs péridotitiques sont aussi parfaitement visibles :
Le massif de Bel Air à l’Ouest qu’encadrent la houaïlou et la Néoua.
Le massif de Poro au centre de notre MNT, séparé du précédent massif par la Néoua.
Le massif de Kouaoua à l’est, que la Koua sépare du massif de Poro.
Les deux derniers massifs cités sont recouverts de concessions partagées entre la SMSP et la
SLN en grande partie.
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 30
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 31
Figure 10: Modèle numérique de terrain des régions de Houaïllou et Kouaoua
Figure 11: Carte des zones d'instabilitées----------------------------------------------hors-texte
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
.3. Cartographie des zones d’instabilité
Méthodologie :
Ce sont les photos aériennes de 1991 en noir et blanc qui nous ont permis d’obtenir cette carte
récapitulative des zones dégradées.
La cartographie a été réalisée en deux étapes :
Choix des différents thèmes miniers puis photo-interprétation des
photographies aériennes par stéréoscopie et report des zones d’exploitation et aléas repérés
sur les fonds topographiques papiers.
Quatre grands thèmes ont été retenus avec de l’amont vers l’aval : les zones d’exploitation
avec les aménagements et les ouvrages ; les transports de matériaux, dû au ruissellement
notamment ; l’érosion d’origine naturelle ou anthropique ; l’accumulation en aval de
l’exploitation.
Les cartes topographiques sont ensuite scannées et géoréférencées afin de
permettre la superposition et la combinaison des données sous SIG. Chaque élément relevé
dans la phase précédente est alors digitalisé et transformé en thèmes (polygones, points ou
lignes). Une base de données est alors générée, elle pourra être mise à jour, rectifiée si
nécessaire, ultérieurement.
Résultats : La carte des zones dégradées par l’exploitation minière
La carte obtenue au 1/35000 (Figure 10 hors texte) regroupe l’ensemble des mines, les
perturbations qui leur sont liées de même que les aléas naturels sur la zone allant de Monéo à
l’Ouest jusqu’à Kouaoua à l’Est. Nous notons donc en légende les différents critères miniers
et les dégradations retenus :
Zones liées à l’exploitation minière :
Photo 3: Vue de la Mine « Fathma » sur Poro (2003)
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 32
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Zones d’exploitation minière (Photo 3) •
•
•
•
•
Elles ont, pour la plupart, une activité extractive du minerai de nickel qui est présent en
abondance dans ces massifs péridotitiques (Monéo, Bel Air, Poro, Kouaoua).
Elles sont situées sur les plateaux et sont dénudées de toute végétation, étant donné
l’importance des travaux. L’extraction se fait en gradins de trois à cinq mètres de haut environ
et/ou tranchées qui suivent les filons nickélifères.
Zones décapées :
Ce sont des parties anciennement exploitées dont il ne reste plus que le substrat de péridotites
ou serpentinites. Nous pouvons en observer un exemple sur «YAMATO S1» situé sur Poro.
Nous les avons distinguées autant que possible des zones d’exploitation compte tenu des
pollutions moindre qu’elles engendrent sur l’environnement. En effet le substrat rocheux ne
connaît pas les mêmes risques d’érosion que les sols meubles latéritiques.
Anciennes exploitations :
Autrement appelées mines orphelines, elles ne sont plus exploitées et n’ont plus de titulaires.
Elles sont généralement laissées à l’abandon et laissent des traces irréversibles sur le paysage
à moins d’être intégrées dans des programmes de réhabilitation de sites miniers. Nous
pouvons citer dans la région de Houaïlou les mines « Lilou 1 », « Georges » ou encore
Pierrette 7 ».
Décharges :
On en distingue de plusieurs sortes : les décharges de matériaux latéritiques, de stériles
rocheux péridotitiques et celles indifférenciées pour lesquelles les éléments fins et grossiers
sont mélangés. Ces zones résultent de l’accumulation des stériles miniers non valorisés, non
réaménagés et laissés sur site. Ces décharges sauvages sont un des principaux problèmes
causés par l’exploitation minière. En effet, les stériles qui composent ces décharges sont
déversés sur les pentes aux abords des travaux. Avec l’appui du ruissellement, ils sont
entraînés dans les creeks, conduisant ainsi à une teneur élevée de l’eau en métaux. De plus ces
décharges sont instables et sujettes à érosion.
Elles ne sont l’objet d’aucun contrôle.
Pistes :
Les pistes sont ouvertes lors de la phase de prospection et par la suite celle d’exploitation.
Elles prennent une grande part dans la dégradation de l’environnement, puisqu’elles
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 33
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
traversent des zones encore vierges dont la végétation est bien souvent endémique. Nous
pouvons voir leur influence sur le milieu sur l’ensemble de la zone traitée.
Aujourd’hui les sociétés minières tentent de diminuer leur tracé lors de la prospection en
utilisant les hélicoptères.
Déblais : •
Ils résultent du traçage des pistes et peuvent être plus ou moins importants. Ils sont déversés
par les engins sur les pentes. On en trouve tout au long des voies mais ils sont parfois repris
par la végétation et donc difficilement identifiables au niveau des photographies.
Ouvrages antipollution :
Décanteur Alice 28
Creek Ouéséoua
Photo 4: Décanteur sur la mine « Alice 28 » (Massif de Kouaoua)
(Desbordes R.,SME)
• Plateformes de stockage :
Zones planes en générale, le minerai y est déposé en attendant son acheminement par les
minéraliers (bateaux transporteur de minerai) ou par camions vers l’usine ou le pays
importateur. Elles sont présentes soit sur le plateau minier soit à proximité du wharf (zone
portuaire).
Les plus importantes zones de stockage sur site se trouvent sur les mines « Philippe », «Alice
18» du massif de Kouaoua et « Fathma » et « Française » du massif de Poro ou encore sur
« siou 6 » prés du quai de chargement de la baie de Kouaoua.
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 34
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
• Les décharges contrôlées :
Les exploitants tendent à stocker leurs refus de façon plus respectueuse de l’environnement en
réalisant des décharges dites contrôlées. Les stériles sont déposés en niveaux dont la pente
générale n’excède pas trente degrés et sont recouverts de stériles rocheux afin de stabiliser
l’ouvrage.
Aménagées dès la fin des années 70 on en trouve notamment sur la mine « Philippe » sur
Kouaoua et « Française » sur Poro.
• Décanteurs :
Les décanteurs ont pour rôle de récupérer les eaux de ruissellement chargées de fines afin que
ces dernières s’y déposent. Ils doivent être régulièrement curés afin de ne pas diminuer leur
efficacité. Le fait qu’ils ne soient pas entretenus régulièrement peut expliquer la difficulté à
les repérer à partir des photographies aériennes.
Deux, de dimension importante, se trouvent sur « Alice 28 » sur Kouaoua (Photo 4) et sur
«Pounehoa» sur Monéo.
• Barrages anti-pollution :
Ce sont des barrages filtrants situés en fond de talwegs. Ils ont pour rôle de retenir les eaux de
ruissellement provenant des zones en activités placées en amont. L’eau retenue se décante et
les matières en suspension se déposent au fond des bassins. Un curage de ces derniers doit
être effectué au rythme des précipitations. Les eaux débarrassées des particules fines sont
dirigées vers l’aval par un système de trop plein ou de déviation du barrage. Nous les
trouvons en contrebas des zones d’activité, c’est le cas pour « Philippe », « Alice 18 » sur
Kouaoua et « Pounehoa » sur Monéo.
Charriage torrentiel :
Il s’agit d’un phénomène de transport de matériaux dans les creeks en aval de zones
d’exploitation. Les creeks subissent alors un engravement important en éléments rocheux et
latéritiques pouvant donner lieu à des coulées de boues et de débris lors des fortes
précipitations et en dernier lieu aboutir à une pollution du lagon. Concernant notre zone
d’étude, de très nombreux creeks sont engravés et présentent ainsi une nuisance importante
qui ruine fréquemment les aménagements humains trop proche de leur zone d’influence.
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 35
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Les formes d’érosion :
Zone de ravinement
Photo 5: Vue de la Mine « Alice 18 » (Massif de Kouaoua) (Desbordes R., SME)
• Ravines :
Eléments omniprésents dans le paysage des massifs péridotitiques, les ravines constituent les
zones de départ et de transport de matériaux (Photo 5). On les trouve au niveau de toutes les
zones dénudées ou dégradées et de tous les désordres (lavakas et arrachements). Installées sur
un substrat essentiellement rocheux, elles se signalent comme un trait sans végétation dans le
paysage sali par les boues latéritiques et plus ou moins encombrés d’éléments détritiques.
Ici nous avons distingué plusieurs sortes de ravines :
Les ravines d’origine naturelle qui constituent l’évolution de lavakas s’enfonçant dans le
saprolite sous-jacent. Elles peuvent être inactives, dans ce cas nous notons une
revégétalisation naturelle ou bien elles peuvent être réactivées notamment par l’action de
l’Homme (Décharges, pistes) et dans ce cas l’érosion se poursuit. Nous en trouvons des deux
sortes à l’Est de Houaïlou, au nord de la concession « Sam ».
Les ravines d’origine anthropique sont dues aux divers aménagements humains dont
l’ouverture de piste et les zones d’exploitation. Elles sont profondes dans les matériaux
meubles tels que les latérites. Ces derniers, facilement remobilisables, sont entraînés en aval
lors de pluies, aggravant ainsi l’état d’érosion des ravines.
On en trouve de façon importante dans les décharges et en contrebas des pistes. On en note
une de grande dimension en aval de « newco2 » sur Kouaoua. Elle présente un fort
engravement en latérites et autres stériles rocheux. Cette ravine est la cause principale de
l’accumulation de matériaux dans la Wayo Wia. L’évolution de cette ravine sera étudiée plus
précisément ultérieurement (Chapitre III-4).
• Lavakas :
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 36
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Originaire de Madagascar, le terme de lavakas représente des zones ravinées à bordure
verticales et aux contours persillés, ouvertes dans les profils latéritiques épais. Elles sont
particulièrement abondantes dans les dômes dénudés de latérites en zone de faible pente.
• Arrachements :
Ce terme recouvre ici non seulement la notion d’écroulement-éboulement mais aussi de niche
d’arrachement. Ces arrachements sont les aléas naturels les plus fréquents des massifs
péridotitiques. C’est, dans de nombreux cas, la circulation interne de l’eau qui est à l’origine
de cet aléa faisant glisser le mince épiderme de latérite sur le substrat serpentineux.
Le phénomène d’accumulation : les épandages
Alice 28Alice 18
Epandage de stériles miniers
Photo 6: Z
Les épandages (Photo 6)
charriés se déposent au
d’épandage ont été disting
plus grossiers, constitués d
L’accumulation peut se pr
ou encore dans le lit maje
massif de Kouaoua.
La carte présentée en figur
d’instabilité de la région
indispensable aux futurs
priorités.
Marcangeli Yaël
Creek Ouaséoua
one d’accumulation au niveau du creek Ouaséoua sur Kouaoua(Desbordes R., SME)
sont la conséquence directe du charriage torrentiel. Les matériaux
niveau des surfaces planes ou cônes de déjection. Deux types
ués, celui d’éléments fins d’origine latéritique et celui d’éléments
e fragments rocheux de péridotite ou de serpentinite.
oduire en zone d’embouchure de creeks comme dans la baie Lebris,
ur des rivières comme dans la Wayo Wia ou dans la Kua sur le
e 10 nous donne donc une vision d’ensemble des différentes zones
Monéo-Houaïlou-Kouaoua. Cet état des lieux est un support
projets de réhabilitation de site qui va permettre d’évaluer les
le – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 37
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Dans notre étude nous avons retenu deux zones qui nous ont paru particulièrement
intéressantes de part la présence d’aléas importants.
Tout d’abord dans la région de Houaïlou sur le massif de Poro et ensuite dans la zone de
Wayo Wia, au Sud-Ouest de Kouaoua.
Nous allons y affiner notre travail de représentation des dégradations et effectuer une analyse
multitemporelle (1954, 1971, 1976 et 1991).
.4. Evolution temporelle des deux zones retenues :
Le choix s’est donc porté sur deux régions couvertes par des concessions de la SLN et de la
SMSP. La présence de désordres écologiques dont on peut se demander s’ils sont apparus
avec le développement de l’activité minière ou bien s’ils sont simplement dus à la géologie du
lieu et donc tout à fait naturels, explique cette préférence.
En effet, dans la première zone nous notons la présence de très nombreuses pistes jouxtant
notamment des ravines. La question de l’antériorité ou postériorité de ces aléas par rapport à
la création des pistes se pose alors.
Quand à la deuxième zone sélectionnée plus au sud, nous avons noté la présence d’une ravine
de grande ampleur qui provoque un engravement important de la Wayo Wia. Nous
l’étudierons donc à travers cette évolution temporelle.
Nous avons repris la légende réalisée pour la cartographie générale pour les quatre périodes
étudiées (1954, 1971, 1976, 1991), en la simplifiant toutefois par soucis de synthèse.
Pour cette évolution temporelle, nous utilisons donc plusieurs photographies aériennes
correspondant aux quatre dates précédemment citées. Cependant, le relief étant important, il
est nécessaire de les orthorectifier au préalable (Annexe 2). Ce travail est mené au SMAI sur
le logiciel de traitement de photographies (aériennes et satellitales) et de télédetection
« IMAGINE » de chez ERDAS (Annexe 3).
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 38
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Massif de Poro :
Situation en 1954 (Figure 12):
Nous pouvons remarquer qu’à cette date la surface étudiée est en grande partie vierge. Nous
voyons tout de même un début d’activité minière due à la mine de chrome « Néoua » dont la
surface équivaut environ à 7588 m2. Les aléas que nous pouvons noter sont essentiellement
des ravines d’origine naturelles (18 ha environ) et des lavakas. On les trouve en particulier au
nord-ouest de la carte, creusant la cuirasse plus ou moins démantelée et les semis de blocs de
cuirasse et à l’est avec notamment deux grands lavakas situés sur l’ensemble de péridotites
relativement saines et de formation d’altération indifférenciées. Cependant nous pouvons déjà
voir les conséquences de la mine avec les deux ravines réactivées sur le versant nord.
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 39
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 40
Figure 12: Carte du massif de Poro en 1954
Zones dégradées en 1954
Zones d'exploitation minière
Plateform es de stockage
Décharge de matériaux latéritiques
Déblais
Décharges de m atériaux péridot itiques f ins
Décanteurs
Barrages de protect ion
Ravines ac tives
Ravines naturelles
Lavakas
Ravines réact ivées
Arrachements
Epandages fins
Charriage torrent iel
Cours d'eau
Pis tes
Légende
N
Figure 12 : Cartographie du massif de Poroen 1954
1:25000
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Situation en 1971 (Figure 13) :
La fin des années 60, début 70 marque une étape importante de l’activité minière dans la
région avec l’installation de nombreux sites d’extraction du nickel (Chapitre II-3). Nous
sommes, en effet, dans la pleine période du boom du Nickel (67-73). L’apparition de ces sites
s’accompagne néanmoins de dégradations engendrées par leur ouverture.
Nous pouvons dénombrer une dizaine de mines en activité localisées sur trois concessions :
« Néoua », « SAM » et « Cyclone Red » qui totalisent à elles trois une superficie de 61 ha.
Nous pouvons donc parler d’une explosion de l’activité minière sur ce massif sans oublier les
très nombreuses pistes qui viennent zébrer le paysage, d’autant que comme nous l’avons vu
précédemment, il n’était encore que peu touché en 1954. Nous pouvons estimer la superficie
représentée par les pistes à environ 100 ha.
En 1971, seul « SAM » est en activité, « Néoua » et « Cyclone Red » ont cessé d’extraire,
respectivement en 1962 et 1970 mais laissent derrière elles de nombreuses traces et des
dégradations importantes.
L’origine de ces dernières est, cependant, difficile à différencier. En effet, les ravines que
nous observons sur ce cliché de 1971 ne sont pas toutes dues à l’existence des pistes et des
exploitations, ainsi que nous l’avons vu pour 1954, certaines existaient déjà et sont donc tout
à fait naturelles. Cependant elles peuvent avoir été réactivées par les aménagements
anthropiques. C’est le cas dans le nord ouest et l’est de notre carte. Ainsi nous notons une
superficie de 13672 m2 pour les ravines naturelles (18 ha en 1954). L’influence des ouvrages
anthropiques est donc importante sur les ravines naturelles. De plus nous avons une surface de
11 ha de ravines actives c’est-à-dire dues exclusivement à l’activité humaine.
Les pistes tracées sur les crêtes et les flancs de montagnes fragilisent les sols en supprimant la
végétation, les phénomènes d’érosion sont alors accentués ainsi la surface des ravines
réactivées est égale 15 ha.
De plus, la mise en activité des zones d’extraction s’accompagne aussi d’un rejet de stériles
miniers très important qui est, à cette époque encore, déversé sur les versants jouxtant les
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 41
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
sites. Ces décharges sauvages posent un énorme problème pour le milieu environnant. En
effet, en cas de pluie, les éléments qui les composent sont entraînés dans les creeks,
provoquant leur engravement et plus en aval, un épandage.
C’est ce que nous pouvons voir notamment au niveau du creek Waporöovaa qui se jette dans
la Néaoua, au niveau de laquelle nous pouvons observer un début d’épandage, dû
essentiellement à l’apport de matériaux latéritiques des mines « Cyclone Red » et « SAM »
situées sur Gwa Kaua.
De même au niveau du creek de Vanéu dans lequel aboutissent les éléments stériles du site de
la concession « SAM » situé sur Gwa Neu. Pour ce qui est de l’engravement du creek
Wâwayu, il est du à la présence des nombreuses ravines, des lavakas et des déblais issus des
pistes, les matériaux emportés sont fins et essentiellement latéritiques.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
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Figure 13: Carte du massif de Poro en 1971
Zones dégradées en 1971Zones d'exploitation minière
Plateformes de stockage
Décharge de matériaux latéritiques
Déblais
Décharges de matériaux péridotitiques fins
Décharges contrôlées
Décanteurs
Barrages de protection
Ravines actives
Ravines naturelles
Lavakas
Ravines réactivées
Arrachements
Epandages fins
Charriage torrentiel
Cours d'eau
Pistes
Légende
1:25000
Neoua
Cyclone SAM
Ouinve
Poro Red
MONT SINAIN
Figure 13 : Cartographie du massif de Poroen 1971
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Situation en 1976 (Figure 14):
1976 fait donc suite à la période faste de l’exploitation du nickel.
Dans la zone de Houaïlou qui nous concerne, nous ne notons aucun changement significatif
au niveau des sites d’exploitation, du à l’arrêt de toute activité en 1974. Peu d’évolution donc
pour les superficies des mines en l’espace de 5 ans qui passent de 62 à 64 hectares. La plupart
des changements se situent au niveau de l’importance accrue des décharges non contrôlées et
des déblais des pistes de prospection et roulages. La décharge de matériaux péridotitiques
située sur le versant est de Gwa Neu voit, par exemple, sa surface augmenter d’un hectare par
rapport à 1971. Les dégradations ne sont pas beaucoup plus élevées qu’en 1971 mais
l’environnement reste marqué par les très nombreuses ravines actives, l’engravement des
creeks et l’accumulation d’éléments miniers dans la Waporöovaa.
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Figure 14: Carte du massif de Poro en 1976
Neoua
SAMCyclone
Ouinve
Creek Ouékamer
1:25000
N
Zones dégradées en 1976Zones d'exploitation minière
Plateformes de stockage
Décharge de matériaux latéritiques
Déblais
Décharges de matériaux péridotit iques f ins
Décanteurs
Barrages de protection
Ravines actives
Ravines naturelles
Lavakas
Ravines réactivées
Arrachements
Epandages fins
Charriage torrentiel
Cours d'eau
Pistes
Légende
Figure 14 : Cartographie du massif de Poroen 1976
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Situation en 1991 (Figure 15) :
Là encore peu de variations par rapport à 1971. Les différents sites ne sont plus exploités. Peu
d’évolution aussi au niveau des phénomènes d’érosions observés précédemment.
Les pistes restent cependant le principal facteur de dégradation, continuant à alimenter les
ravines et les cours d’eau en éboulis. C’est toujours le cas dans la zone de la concession de
« Ouinve ».
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Figure 15: Carte du massif de Poro en 1991
1:25000
N
Zones dégradées en 1991Zones d'exploitation minière
Plateformes de stockage
Décharge de matériaux latéritiques
Déblais
Décharges de matériaux péridotit iques f ins
Décanteurs
Barrages de protection
Ravines actives
Ravines naturelles
Lavakas
Ravines réactivées
Arrachements
Epandages fins
Charriage torrentiel
Cours d'eau
Pistes
Légende
Figure 15 : Cartographie du massif de Poroen 1991
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Massif de Kouaoua :
Situation en 1954 (Figure 16) :
Avec pour support le cliché aérien de 1954, nous pouvons constater la présence de deux sites
d’exploitation : « Alice 25 » et « Claire » qui totalisent 47 361 m2. La surface exploitée est
donc encore minime. Les méthodes d’extraction encore peu mécanisées expliquent cette
faible superficie ainsi que le peu de dégradations occasionnées. En effet nous pouvons voir
sur les deux mines la présence de décharges de stériles, couvrant la végétation, qui se
déversent directement dans les creeks et notamment celui de la Kaviju en ce qui concerne
« CLAIRE ». Mais ce phénomène est encore réduit.
La concession « Alice 25 » date de 1953, l’année suivante elle produit environ 3600 tonnes de
Nickel. Quant à « Claire », elle commence juste son activité en 1954 et produit environ 8000
tonnes de nickel.
Cette dernière borde la Wayo Wia et participe en partie à l’épandage que nous pouvons voir
dans le lit majeur. Ce sont des éléments latéritiques en grande majorité qui y sont déposés.
Cependant l’essentiel des matériaux constituant l’épandage ont pour origine les aléas naturels
tels que les ravines, lavakas. Nous en dénombrons un grand nombre, de taille plus ou moins
importante au nord-ouest de la carte ainsi que le secteur Est de cette dernière.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
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Figure 16: Carte du massif de Kouaoua en 1954
1:20000
N
Claire
Alice25
Creek Ouaséoua
Creek Wayo Wia
Zones dégradées en 1954Zones d'exploitation min ière
Plateformes de stockage
Décharge de matériaux la téritiques
Débla is
Décharges de matériaux péridot it iques f ins
Décanteurs
Barrages de protection
Ravines actives
Ravines naturelles
Lavakas
Ravines réactivées
Arrachements
Epandages fins
Charriage torrent ie l
Cours d'eau
Pistes
Légende
Figure 16 : Cartographie du massif de Kouaouaen 1954
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Situation en 1971 (Figure 17) :
De même que pour la région de Houaïlou, nous notons une explosion de l’activité extractive
de minerai de nickel sur tout le massif représenté sur la carte. La superficie équivaut à environ
67 ha. L’incidence sur l’environnement en est que plus importante.
Au niveau des concessions, nous en relevons 7 : « Alice 25 », « Victorian Red »,
« Renaissance », « Newco 1 » et « Newco 2 » sur les plateaux à l’est de la WayoWia
et « Alice 24 », « Stamboul Red », sur la rive ouest du creek.
Si nous prenons l’exemple de « Alice 25 », nous notons une multiplication par seize de sa
surface.
Si parmi ces mines quelques unes sont encore en activité, à savoir, « Alice 25 », « Newco 1 »,
« Newco 2 », « Alice 24 », les autres n’extraient plus de minerai en 1971.
Parallèlement à l’extension des domaines exploités, le nombre et l’étendue des décharges
deviennent très importants, l’impact sur l’environnement, végétation, cours d’eau, n’est pas
négligeable.
•
•
Au niveau de « Stamboul Red », les décharges de stériles miniers rejoignent le
creek Wayo Wia, provoquant un épandage importants d’éléments fins. De plus elles sont
marquées par des ravinements formés par les eaux de ruissellement. Creusées dans le sol
meuble, les ravines rejoignent les creeks entraînant donc les matériaux miniers.
En 1954, nous avions noté la présence de nombreuses ravines d’origine naturelles, notamment
au niveau du domaine, devenu concession « Stamboul Red ». En 1971, ces aléas sont toujours
présents mais ont été accentués par l’exploitation minière, ainsi nous avons prés d’1 ha de
ravines réactivées et 6433 m2 de ravines naturelles non actives, alors que ces dernières
recouvraient 16 ha en 1954.
De plus les pistes participent aussi à l’épandage du creek, à travers les déblais laissés en
bordure qui de la même façon que pour les décharges voient leur matériaux charriés vers la
Wayo Wia.
En ce qui concerne la mine « Alice 24 », nous pouvons voir l’étendue de sa
décharge sauvage qui se compose uniquement d’éléments latéritiques. Celle-ci recouvre tout
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
le coteau qui surplombe la Wayo Wia, ajoutant encore à l’épandage. Elle est aussi très
ravinée.
•
•
Au niveau des mines « Victorian Red » et « Renaissance », situées sur un plateau
au sud-est de notre carte, nous remarquons le nombre élevé de décharges sauvage qui
atteignent le creek en contre bas. Celles-ci sont plus ou moins épaisses et composées
d’éléments essentiellement péridotitiques. Le creek se jette dans la Wayo Wia, accentuant la
zone d’épandage.
Pour « Newco 1 » et « Newco 2 », les surfaces exploitées sont minimes (6,7 ha),
cependant nous pouvons noter la présence d’importantes décharges sauvages de stériles
latéritiques mais aussi péridotitiques.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
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Figure 17: Carte du massif de Kouaoua en 1971
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Situation en 1976 (Figure 18) :
Tout d’abord nous pouvons noter que la superficie de la zone exploitée sur la région retenue
est passée de 67 ha à 83 en l’espace de 5 ans. L’agrandissement des sites de « Newco 2 »,
« Newco 1 » et la nouvelle implantation de la mine « Alice 28 » dans le nord de notre carte,
en sont les raisons. Cette augmentation de l’activité s’accompagne de dégradations paysagères
et de phénomènes d’érosion de plus en plus importants.
Le changement essentiel à remarquer est la ravine située en contre bas de la mine « Newco1 »
rejoignant la Wayo Wia. Cette ravine fait environ 500 mètres de long et est la conséquence
directe des décharges latéritiques déversées à partir de « Newco 1 » et « Newco 2 ». Elle
présente un fort engravement en latérites et autres stériles rocheux provoquant à son
croisement avec la Wayo Wia une accumulation de matériaux.
Cette ravine, bien qu’étant la plus importante en surface n’est pas unique, en effet, nous
constatons que les deux cours d’eau qui l’encadrent sont eux aussi engravés. Et ceci est
apparu après 1971 également.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
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Figure 18: Carte du massif de Kouaoua en 1976
Figure 18 : Cartographie du massif de Kouaouaen 1976
N
1:20000
Zones dégradées en 1976Zones d'exploitation minière
Plateformes de stockage
Décharge de matériaux latéritiques
Déblais
Décharges de matériaux péridotit iques f ins
Décanteurs
Barrages de protection
Ravines actives
Ravines naturelles
Lavakas
Ravines réactivées
Arrachements
Epandages fins
Charriage torrentiel
Cours d'eau
Pistes
Légende
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Situation en 1991 (Figure 19) :
Toutes les mines à ciel ouvert que nous observons sur le cliché de 1991 datent des années 50 à
70, nous retrouvons donc les noms de 1976 à savoir « Alice 25 », « Newco 1 », « Stamboul
Red » qui sont en activité, « Victorian Red », « Renaissance », « Newco 2 », « Alice 24 » et
« Alice 28 » qui n’extraient plus de minerai.
D’un point vu surfacique, les zones minières sont passées de 83 ha en 1976 à prés de 100 en
1991.
En ce qui concerne la ravine au sud de la zone d’étude, elle est toujours active et continue
d’entraîner les matériaux dans la Wayo Wia, de sorte que l’accumulation dans cette rivière est
de plus en plus importante. Ceci malgré la présence d’ouvrages antipollution, ainsi nous
pouvons voir qu’à la base de « Alice 28 » a été réalisé un immense décanteur avec un barrage
empêchant l’écoulement des matériaux dans le creek Ouséoua.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
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Figure 19: Carte du massif de Kouaoua en 1991
1:20000
Zones dégradées en 1991Zones d'exploitation minière
Plateformes de stockage
Décharge de matériaux latéritiques
Déblais
Décharges de matériaux péridotit iques f ins
Décanteurs
Barrages de protection
Ravines actives
Ravines naturelles
Lavakas
Ravines réactivées
Arrachements
Epandages fins
Charriage torrentiel
Cours d'eau
Pistes
Légende
N
Figure 19 : Cartographie du massif de Kouaouaen 1991
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
.5. Synthèse de l’évolution des dégradations dans le temps :
L’étude séparée de nos deux zones sensibles, situées l’une sur le massif de Poro et l’autre sur
celui de Kouaoua, pour les quatre périodes, nous permet d’aboutir à une synthèse de
l’évolution des dégradations sur celles-ci (Figures 20 et 21).
Nous pouvons rapprocher cette synthèse à ce que nous avons vu dans la chapitre I au sujet des
trois grandes périodes de l’activité minière en Nouvelle-Calédonie, à savoir celle antérieure à
1967, celle comprise entre 1967 et 1975 et celle postérieure à 1975. Si nous regardons notre
cartographie qui inventorie les dégradations en 1954, 1971, 1976 et 1991 sur les massifs de
Poro et de Kouaoua, nous constatons que leur évolution suit ces trois étapes.
1954, situé dans la période de l’avant boom minier correspond à la phase artisanale de
l’exploitation minière. Les zones d’extraction étant de petite dimension, les dégradations qui
leur sont dues restent limitées.
Cependant ces terrains latéritiques sont marqués par de profondes entailles, ravines, lavakas
caractéristiques, témoins des écoulements répétitifs des eaux superficielles (érosion hydrique).
En 1971, nous nous trouvons au cœur du boom du nickel. Ceci est démontré sur nos cartes
(Figures 13 et 17) avec l’implantation de très nombreuses mines et l’extension de celles qui
existaient déjà en 1954 (« Alice 25 », « Claire » et « Néoua »).
Cette expansion du domaine minier s’accompagne d’une augmentation des dégradations,
d’une pollution aussi bien paysagère qu’hydrique. Les sites en eux-mêmes ont des superficies
élevées, la densité des décharges n’en est que plus importante, les pistes d’accès sont très
nombreuses et présentent des éboulis sur les versants ainsi que nous le constatons au niveau
de la concession « SAM ».
Cette période ne correspond donc pas seulement au boom de l’industrie minière mais aussi au
boom de la pollution due aux mines.
L’environnement ne faisait alors pas encore partie des enjeux prioritaires des sociétés
exploitantes en Nouvelle-Calédonie.
En ce qui concerne 1976 et 1991, nous sommes dans l’après boom. Si quelques mines
continuent leurs activités ainsi « Stamboul Red » jusqu’en 1997 ou encore « Alice 25 »
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
jusqu’en 1992 sur Kouaoua, leur domaine ne s’étendent que peu. Les dégradations se
poursuivent pourtant et les érosions s’accentuent.
L’exemple de la ravine sur « Newco 2 » le prouve. En effet nous savons qu’elle n’existait pas
encore en 1971 mais qu’en 1976, elle avait déjà atteint une longueur de 600m et une
superficie de 38330 m2. L’apport en matériaux se poursuivant même après la cessation
d’activité sur « Newco 1 » et « Newco 2 » elle a continué à croître jusqu’en 1991.
D’où l’importance des ouvrages antipollution durant et après l’exploitation.
Sur les deux zones étudiées, un seul ouvrage d’importance, un décanteur, a été réalisé au
début des années 70 sur la concession « Alice 28 » afin qu’il n’y ait plus d’apport de stériles
miniers au creek Ouaséoua.
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Figure 20: Synthèse de l’évolution du massif de Poro entre 1954 et 1991
Charriage torrentiel
Pistes
1:15000
Zones dégradées en 1954Zones d'exploitation minière
Ravines actives
Décharges non contrôlées
Zones dégradées en 1971Zones d'exploitation minière
Ravines actives
Décharges non contrôlées
Zones dégradées en 1976Zones d'exploitation minière
Ravines actives
Décharges non contrôlées
Zones dégradées en 1991Zones d'exploitation minière
Ravines actives
Décharges non contrôlées
Légende
igure 20 : Synthèse de l'évolution du massif de Poroentre 1954 et 1991
N
F
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
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Figure 21: Synthèse de l’évolution du massif de Kouaoua entre 1954 et 1991
Charriage torrent iel
Pistes
1:15000
Zones dégradées en 1954Zones d'exploitation minière
Ravines actives
Décharges non contrôlées
Zones dégradées en 1971Zones d'exploitation minière
Ravines actives
Décharges non contrôlées
Zones dégradées en 1976Zones d'exploitation minière
Ravines actives
Décharges non contrôlées
Zones dégradées en 1991Zones d'exploitation minière
Ravines actives
Décharges non contrôlées
Légende
Figure 20 : Synthèse de l'évolution du massif de Poroentre 1954 et 1991
N
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Conclusion
L’étude des zones dégradées des régions de Monéo, Houaïlou et Kouaoua, à travers la figure
21, nous permet de faire plusieurs constats.
Tout d’abord, nous pouvons distinguer deux grandes zones d’activité minières :
Sur le massif de Poro avec des mines telles que « Fathma » ou encore
« Française reduite » (300 ha).
Sur le massif de Kouaoua avec, notamment, « Alice 18 » « Alice 25 » et
« Philippe » (480 ha).
La surface des zones d’exploitation sur l’ensemble de notre région est égale à environ 950 ha.
Nous remarquons aussi que ces deux zones présentent de nombreux secteurs sensibles dus en
particulier à la présence de décharges non contrôlées qui s’étendent sur 426 ha (toutes mines
comprises) et aux pistes minières. Ces zones comprennent essentiellement des formes
d’érosion telles que les ravines, les arrachements et les lavakas.
Cette dernière remarque nous a amené à nous concentrer sur deux zones cibles (massif de
Poro et massif de Kouaoua) qui présentent toutes deux de très nombreux désordres dont il
paraît difficile, au premier abord, de déterminer l’origine anthropique ou naturelle.
C’est avec les figures 20 et 21, résultats de l’évolution temporelle sur quatre années (1954,
1971, 1976 et 1991) que nous pouvons tirer d’importantes informations, à la fois sur le
développement de l’exploitation minière et sur l’origine des principaux désordres.
Tout d’abord, nous pouvons constater que la majorité des dégradations sur les
deux massifs ont eu lieu à la fin des années 60, début des années 70. Elles ont plutôt tendance
à se stabiliser ou, en tous cas, diminuer leur vitesse de progression après 1971. La superficie
des zones d’exploitation augmente d’une dizaine d’hectare entre 1954 et 1971 et seulement
d’un hectare jusqu’en 1991, si nous prenons l’exemple de Poro.
En ce qui concerne les ravines actives et donc résultent de l’activité des mines, leur superficie
passe de 0,5 ha à 8 ha entre 1954 et 1971, toujours sur Poro, alors que par la suite, elle
n’augmente que de 2 ha jusqu’en 1991.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Nous pouvons, ensuite, constater que sur les deux secteurs, une majorité des
ravines sont d’origine naturelle. A Poro en 1971, les ravines actives représentent 11 ha alors
que les ravines naturelles, qu’elles soient ou non réactivées occupent une surface de 16,3 ha.
De même sur Kouaoua, la superficie des ravines naturelles est de 10 ha alors que celle des
ravines actives est de 8 ha.
Tous les désordres observés ne sont donc pas à attribuer aux exploitations minières.
Cependant, une grande partie des ravines d’origine naturelle sont aggravées par l’activité
minière présente avant la prise en compte de la notion d’environnement. Ainsi, à Poro, sur les
16 ha de ravines naturelles, 15 ont été réactivées par les ouvrages anthropiques.
Outre les zones d’exploitation, les réseaux de pistes d’exploration couvrant les
massifs représentent de grandes surfaces. Ainsi nous avons vu que sur Poro, le réseau de
pistes équivaut à une centaine d’hectares.
De plus elles participent de manière plus ou moins importantes au phénomène d’érosion. De
très nombreuses ravines sont directement liées à leur tracé.
Cette étude, rappelons le, s’inscrit dans le cadre d’un programme d’inventaire des sites
dégradés par les anciennes activités minières en Nouvelle-Calédonie, mené en collaboration
avec le BRGM (Service Public). Les résultats de cette étude permettent ainsi d’avoir une
vision d’ensemble des dégradations en zone minière mais aussi une vision évolutive de celles-
ci pourra être le point de départ de futurs programmes de réhabilitation dans cette région. En
effet, il est essentiel de procéder à cet inventaire afin d’appréhender l’aspect quantitatif
(surfaces concernées, répartition spatiale des zones dégradées) et d’évaluer les zones
prioritaires, à remodeler, dans un premier temps, puis à revégétaliser, par la suite.
S’il est réalisé de façon systématique, il pourra permettre une mise en place plus rapide et plus
efficace de futurs programmes de réhabilitation qui pourront être conduits par les sociétés
minières et autres bureaux d’études spécialisés.
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Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
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cartes géologiques et des mouvements de terrain : Mine Pervenche (1/8000ème), zone agricole de
la Lembi (1/8000ème), ancienne mine Olympe (1/11000ème), ancienne mine de Rouvray
(1/9000ème), lotissements Milles et Berton (1/76000ème), secteur Sud du Mont-Dore
(1/7000ème), col de Plum (1/12000), secteur Nord-Ouest du Mont-Dore (1/12000ème).
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activités métallurgiques ou minières. Article 45.26.
Marcangeli Yaëlle – DESS Ingénierie de l’Ecologie - Année 2002-2003 65
Cartographie des zones dégradées par l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie en 2003
Annexe 1 : Le Système d’Informations Géographiques Les SIG ou Systèmes d’Informations Géographiques offrent toutes les possibilités des bases de données (telles que requêtes et analyses statistiques) et ce, au travers d’un visualisation unique et d’analyses géographiques propres aux cartes. Les enjeux majeurs auxquels nous avons à faire face aujourd’hui (environnement, santé, démographie) ont tous un lien étroit avec la géographie. De nombreux autres domaines tels que la recherche et le développement de nouveaux marchés, l’étude d’impact d’une construction, l’organisation du territoire, la gestion de réseaux, la protection civile… sont aussi directement concernés par les SIG pour créer des cartes, pour intégrer tout type d’information, pour mieux visualiser les différents scénarii, pour mieux appréhender l’étendue des solutions possibles. Le SIG stocke les informations sous forme de couches thématiques pouvant être reliées les unes aux autres par la géographie. Cette version numérique d’une carte, ou couverture, possède des entités cartographiques (points, arcs et polygones) qui seront listées dans la table attributaire. L’une des applications du SIG est le modèle numérique de terrain (MNT) permettant d’obtenir une représentation numérique du relief. Au SME, le SIG a été développé dans le cadre de deux programmes :
RETIGéo (Réseau d’Echange et de traitement des Informations Géographique) qui permet de gérer toutes données géologiques, géochimiques et géophysiques de la Nouvelle-Calédonie. Ce système doit permettre l’édition et la publication de nouvelles cartes géologiques et d’aménagement de la Nouvelle-Calédonie.
SIMIN qui permet de gérer toutes les informations, de nature géographique et attributaire, relatives aux titres miniers. L’ensemble du cadastre minier de la Nouvelle-Calédonie y est ainsi renseigné.
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Annexe 2 : Image orthorectifiée de la zone de Kouaoua
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Annexe 3 : ERDAS et Arcmap
Les photographies aériennes brutes sont soumises à des déformations géométriques dues aux erreurs variables systématiques ou non comme l’orientation de la caméra, le relief, la position terrestre entre autres. Pour cette raison, les mesures faites sur des sources de données qui n’ont pas été rectifiées pour la collecte d’informations géographiques ne sont pas fiables. Il est donc nécessaire de procéder à une orthorectification des photos sous le logiciel Erdas avec l’outil orthobase disponible au SMAI. L’orthorectification avec Imagine Orthobase génère des orthoimages dans lesquelles le déplacement d’objets dû à l’orientation de la caméra, le relief ou autres erreurs associées à l’acquisition d’images ont été supprimées. Les orthoimages sont géométriquement équivalentes aux lignes et symboles conventionnels des cartes planimétriques. Cependant afin d’utiliser au mieux ce logiciel il nous a fallu acquérir dans un premier temps les certificats de calibration des différentes missions auprès notamment de l’IGN. Ces certificats nous donnent de multiples informations concernant les prises de vue. Hormis celles-ci, les DEM (Digital Elevation Models) et les caractéristiques topographiques sont des composants majeurs pour l’information géographique du SIG. Ici, nous avons utilisé les MNT à la maille de 10 mètres des deux zones. Le résultat obtenu dans la plupart des cas est tout à fait correct. Cependant l’absence de paramètre de calibrage de la caméra pour les photographies de 1954 nous a obligé à recourir à un autre logiciel. Il s’agit d’Arcmap du logiciel Arcgis d’ESRI. Bien qu’un peu moins précises les images obtenues sont satisfaisantes. Nous avons aussi utilisé ce logiciel afin de peaufiner la précision de certaines photos déjà orthorectifiées.
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