Lorton Nans IUFM de Mâcon
n° 0402371K
La littérature pour combattre l'intolérance.
Directeur de mémoire : Année 2006
Odile Claustre
Table des matièresIntroduction :........................................................................................................................................ 2I - Les cadres........................................................................................................................................ 5
1.1– Le cadre institutionnel............................................................................................................. 51.1.1- Les programmes................................................................................................................5
1.1.1.1 - La littérature.............................................................................................................51.1.1.2 - L' éducation civique................................................................................................. 6
1.1.2- Les documents d'application.............................................................................................6 1.1.2.1 - Les objectifs de la littérature...................................................................................61.1.2.2 – La liste des livres.....................................................................................................7
1.2- Le cadre théorique.................................................................................................................... 71.2.1– L'éducation civique.......................................................................................................... 8
1.2.1.1 - Le contenu de l'éducation civique............................................................................81.2.1.2– L'éducation civique est difficile à enseigner............................................................ 91.2.1.3– L'éducation civique peut s'enseigner grâce à d'autre disciplines..............................9
1.2.2– La littérature...................................................................................................................101.2.2.1 – Les caractéristiques d'un travail en littérature....................................................... 101.2.2.2– Des problèmes récurrents....................................................................................... 10
a - Des problèmes de compréhension.............................................................................. 10b – Des problèmes d'interprétation.................................................................................. 11
2 - La mise en place pédagogique...................................................................................................... 122.1.Les livres..................................................................................................................................12
2.1.1 – Des critères de choix..................................................................................................... 122.1.2 – Le choix.........................................................................................................................13
2.2 - L'île de Armin Greder............................................................................................................152.3– Ce qui a été mis en place....................................................................................................... 23
2.3.1 – L'exploitation de « L'île » : la première séance.............................................................232.3.1.1 – La durée d'exploitation du livre.............................................................................232.3.1.2 – Une amorce............................................................................................................242.3.1.3 – La découverte du livre...........................................................................................252.3.1.4 – La production d'un écrit de travail.........................................................................282.3.1.5 – Poursuite de la découverte du livre....................................................................... 302.3.1.6 – L'analyse comparée de deux illustrations..............................................................312.3.1.7 – Un retour sur le texte............................................................................................. 322.3.1.8 - Le débat final......................................................................................................... 32
2.3.2 - Une activité annexe........................................................................................................352.3.3 – La deuxième séance...................................................................................................... 35
2.3.3.1 – La mise en lien avec leur quotidien.......................................................................35a – Un témoignage émouvant donc important.................................................................36b – Un témoignage montrant la diversité des situations intolérantes.............................. 36c – Un témoignage qui divise la classe et relance le débat..............................................36d – Un témoignage dérangeant........................................................................................ 36
2.3.3.2 – Une explicitation de la tolérance........................................................................... 372.3.3.3 – La tolérance dans la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen..................382.3.3.4 – La suite du projet...................................................................................................39
2.3.4 – Un travail ponctuel pour trouver des questions et la mise en commun finale.............. 402.4 - Des choses à changer et à rajouter à ce projet....................................................................... 42
2.4.1- Des choses à changer...................................................................................................... 422.4.2 - Des choses à rajouter..................................................................................................... 43
Conclusion :........................................................................................................................................44
1
Introduction :
Le choix de ce sujet s'est imposé naturellement à moi et est devenu de plus en plus logique à
mes yeux. Même s'il n'en a pas toujours été ainsi. Je n'ai choisi ce sujet que très tardivement et donc
après le premier stage en responsabilité. Ceci explique pourquoi je n'ai pu mettre en place des
activités que lors de mon deuxième stage.
Il m'est apparu naturel bien que tardif car il reprend les principales caractéristiques qui m'ont
poussées vers le métier de professeur des écoles.
L'idéalisme et la découverte des autres.
L'idéalisme car il me semble que ce sujet, maintenant que j'arrive à avoir du recul, est très
ambitieux et très idéaliste. En effet, il semble bien présomptueux de vouloir rendre les enfants plus
tolérants en les mettant au contact de livres traitant ce sujet et en faisant des activités autour. Cet
idéalisme m'a poussé vers cette profession et m'anime chaque fois que je travaille avec des enfants.
C'est donc logiquement que cette caractéristique apparaît dans mon mémoire.
Le deuxième point, comme je le disais, est la découverte des autres. Cela peut paraître bizarre
mais il me semble que le moment où l'on s'exprime au sujet d'une oeuvre et que l'on dit ce qu'on a
ressenti est un moment où l'on s'expose. Donc si l'on s'expose, c'est un moment propice à la
découverte de l'autre.
La découverte de l'autre est indispensable pour la tolérance. Etre tolérant, c'est comprendre
l'autre, donc le découvrir.
Ce mémoire m'est aussi important pour la connivence que j'ai avec la littérature et l'importance
que je lui attache pour les vertus qu'elle développe.
Sans être un grand lecteur, j'adore les temps de lecture où l'on se trouve totalement transporté
dans le monde du livre. Les livres comportent aussi, à mon avis, l'ensemble des connaissances, ils
sont donc un objet d'attraction et de savoir qu'il convient de découvrir.
Comme je l'ai dit, il me semble que la lecture développe des vertus et ce peu importe le contenu
du livre. En effet, dans un monde où le temps de concentration tend à devenir de plus en plus
succinct, la lecture exige de la concentration et la développe. A une époque où toutes nos envies
doivent être assouvies dans les instants qui arrivent, la lecture apprend la patience car elle est
nécessaire pour atteindre la fin d'un livre.
2
Aussi, dans une société qui a de plus en plus tendance à une uniformisation de la culture, il me
semble que les livres échappent totalement à ce phénomène. La culture est de plus en plus aseptisée
et chère mais pas les livres qui sont toujours très variés et que l'on peut lire gratuitement dans les
bibliothèques.
L'importance de ce sujet est bien entendu contingent à chacun, mais il me semble que dans la
perspective de la formation des futurs citoyens, ce sujet est doublement important. La lecture est
elle-même formatrice et de plus elle va être utilisée dans le but de faire comprendre aux enfants ce
qu'est la tolérance. Ce projet sera aussi l'occasion de parler de la tolérance, ce qui n'est pas très
fréquent.
Mais ce mémoire ne se justifie pas uniquement par mes envies, il est aussi en lien avec les
instructions officielles du cycle 3.
Les termes du sujet nous envoient vers deux champs disciplinaires du cycle 3.
La littérature a fait son entrée dans les programmes de l'école élémentaire il y a maintenant
plusieurs années, elle appartient bien évidemment au champ disciplinaire langue française,
éducation littéraire et humaine.
Quant au terme tolérance, il nous emmène vers un autre champ disciplinaire : l'éducation
civique. Pour l'éducation civique, les programmes ne parlent pas explicitement de la tolérance car
ce mot n'est pas cité, c'est d'ailleurs peut-être un manque.
On peut lire dans « Qu'apprend-on à l'école élémentaire ? » que l'enfant doit apprendre à
respecter la différence, à lutter contre les formes quotidiennes de rejet, à intégrer un enfant
nouvellement arrivé ou handicapé ? Je pense que ces termes renvoient tous, même si le mot n'est
pas cité, à la notion de tolérance, elle semble même bien centrale.
Les programmes ajoutent d'ailleurs quelque chose, l'éducation civique n'est pas une matière qui
se traite toute seule mais plutôt dans l'interdisciplinarité. Dés lors, ce mémoire va apporter des
connaissances sur l'éducation civique qui est alors le but. En effet, l'objectif est d'arriver vers plus
de tolérance de la part des enfants. Quant au moyen d'y parvenir, il s'agit de la littérature.
Ce mémoire devant avant tout s'intéresser aux moyens mis en oeuvre pour faire atteindre aux
enfants certains objectifs, ce projet va donc principalement se concentrer sur la littérature mais sans
pour autant négliger totalement l'éducation civique. Il va essayer d'apporter une réponse sur les
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multiples réponses possibles à la question suivante : Comment combattre l'intolérance grâce à la
littérature ? Question qui peut être reformulée de la manière suivante : Comment enseigner la
tolérance grâce à la littérature ?
Cette étude ne se centre pas principalement sur l'éducation civique, néanmoins, la tolérance et
l'éducation civique seront traités dans la première partie qui tente de donner un cadre institutionnel
et pratique à ce mémoire. La seconde partie exposera ce que j'ai mis en place dans la classe et ce qui
aurait pu être mis en place.
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I - Les cadres.
Le but de cette première partie est de voir les limites qui doivent être fixées à ce mémoire. On
verra aussi les textes qui justifient la réalisation de ce mémoire.
1.1– Le cadre institutionnel.
La livre du ministère de l'éducation nationale « Qu'apprend-on à l'école élémentaire » va nous
permettre de fixer un cadre général et de montrer la raison d'exister de ce sujet de travail. Car ce
sujet est justifié par mes sentiments mais aussi par les instructions officielles qui nous fournissent
un cadre permettant de faire un projet de ce type.
1.1.1- Les programmes.
La littérature a fait son apparition dans les programmes depuis plusieurs années et y possède
une place importante puisqu'elle est devenue un champs disciplinaire à part entière.
1.1.1.1 - La littérature.
La littérature a un but principal selon les programmes de l'école élémentaire. Celui de créer une
culture commune à tous les enfants de France. L'objectif est bien entendu de permettre aux enfants
d'avoir un lieu commun, ici la littérature, pour pouvoir partager des choses ensemble. Ce n'est pas
cette partie qui nous intéresse car la finalité de cette étude n'est pas la création d'une culture
commune mais plutôt de valeurs communes.
Les livres devant être étudiés au cycle 3 est le second point traités par les programmes.. En
effet, depuis les nouveaux programmes de 2002, l'éducation nationale a publié 2 documents
d'accompagnement proposant une liste des oeuvres à étudier, mais cette liste sera plus largement
commentée dans la partie s'y rapportant.
Enfin, le point qui nous intéresse le plus est le suivant :
Lorsqu'une lecture a fait l'objet d'un travail de compréhension et d'interprétation, elle laisse en
suspens des émotions et posent de multiples questions qui peuvent devenir des thèmes de débat
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particulièrement riches.
C'est donc cette partie des instructions qui est intéressante car on voit bien que les programmes
donnent une seconde dimension à la littérature. Celle d'être la base de débats et les instructions vont
même plus loin puisque disent que ce débat peut être au sujet des valeurs.
On voit donc que le sujet de ce mémoire peut parfaitement s'intégrer dans le travail de la classe.
1.1.1.2 - L' éducation civique.
On peut lire que l'éducation civique doit être une lutte de tous les instants et qui ne doit pas
concerner uniquement l'éducation civique. Les programmes citent donc ici la littérature pour
combattre (selon les termes écrits dans l'ouvrage de l'éducation nationale) les actes de violence. Or
on peut estimer que les actes de violence englobent l'intolérance.
L'éducation civique se fixe pour but de faire comprendre puis assimiler les règles de vie
communes. La tolérance fait partie de ces valeurs que l'école veut transmettre.
De plus, parmi les compétences exigées en fin de cycle, on voit que les enfants doivent avoir
compris et retenus les valeurs universelles et véhiculées par la déclaration des droits de l'Homme et
du citoyen.
Le sujet de ce mémoire repose donc aussi sur les contenus des programmes concernant
l'éducation civique.
1.1.2- Les documents d'application.
Seule la littérature possède des documents d'application.
Ils se composent de 2 volumes, le deuxième n'est que la proposition des oeuvres qui peuvent être
travaillées en classe. Quant au premier, il présente aussi une liste de livre mais il possède en plus
une introduction qui expose les buts de la littérature ainsi que des activités possibles. Nous allons
donc voir quels sont les objectifs officiels qui sont assignés à la littérature. Les activités possibles
qui sont développés dans les documents d'application seront traitées dans une partie ultérieure.
1.1.2.1 - Les objectifs de la littérature.
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La littérature, selon ce document, est l'occasion de travailler autour d'enjeux philosophiques,
moraux, psychologiques ou esthétiques. Or les enjeux moraux et philosophiques peuvent
parfaitement aboutir sur un débat autour de la tolérance et de l'intolérance.
De plus ce texte rappelle que la littérature jeunesse n'a jamais manqué de mettre en jeu des
grandes valeurs. Il ajoute aussi qu'elle permet d'interroger les histoires personnelles, les sensibilités
et les connaissances.
Ces moments de littérature amènent les enfants à exprimer leurs impressions. C'est à dire leurs
émotions, leurs jugements, qu'ils soient esthétiques, éthiques, philosophiques, mais encore remettre
en cause des préjugés.
Enfin, le but des livres est de permettre aux enfants d'interroger les valeurs qui organisent la
vie.
Les documents d'application justifient totalement la réalisation de ce projet qui se situe donc
dans la volonté de l'éducation nationale de vouloir traiter l'éducation civique grâce à d'autres
champs disciplinaires comme la littérature. Quant aux programmes de la littérature, ils
reconnaissent l'opportunité que peuvent être les livres pour aborder des grandes valeurs telles la
tolérance.
1.1.2.2 – La liste des livres.
Comme je l'ai déjà expliqué, les documents d'accompagnement fournissent une liste de livres
pouvant être étudiés au cycle 3. Il est aussi spécifié que sur l'ensemble des livres travaillés sur une
année scolaire, 2/3 doivent être issus de cette liste. Pour ma part, je ne me suis pas fixé de quota qui
ne semblait pas très pertinent pour mon étude. J'ai certes lu l'ensemble de cette liste mais
simplement parce qu'elle est censée regrouper les meilleurs ouvrages pour enfants.
1.2- Le cadre théorique.
Cette partie a pour but de résumer les éléments théoriques trouvés dans divers livres et qui
m'ont permis de réaliser mon projet.
Elle va principalement concerner l'éducation civique. En effet, comme je l'ai expliqué, elle n'est
pas le centre de ce projet. Ainsi, les apports théoriques pour l'éducation civique seront apportés dans
cette partie tandis que ceux pour la littérature seront inclus dans le développement des activités.
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Après avoir installé un premier cadre grâce aux programmes, la théorie doit permettre d'en
délimiter un autre qui nous permettra alors d'affiner le projet.
1.2.1– L'éducation civique.
Cette partie a été réalisée à l'aide du livre « L'éducation civique au cycle 3 » écrit par Janine
Lecomte et Liliane Darquets en 1999.
1.2.1.1 - Le contenu de l'éducation civique.
L'éducation civique est double puisqu'elle comporte des connaissances mais aussi une pratique.
Le concept de tolérance en éducation civique entrecoupe les deux.
● En effet, des connaissances sont nécessaires car la tolérance fait partie de la déclaration des
droits de l'Homme et du citoyen. Les enfants doivent donc être conscients de l'existence d'un texte
qui fixe les droits naturels et inaliénables. Ce sont les articles 1 et 10 qui font référence à la
tolérance.
Le premier dit que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions
sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Quant au dixième, il spécifie que nul ne doit être inquiété pour ses opinions même religieuses,
pourvu que leurs manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la loi.
Ces deux articles, à travers la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen, obligent à être
tolérant.
Cette référence aux textes est indispensable, car elle permet de montrer que la tolérance est
quelque chose de nécessaire à la vie en société mais aussi quelque chose d'universel à laquelle tout
le monde doit se soumettre.
Finalement les enfants doivent comprendre que la tolérance est nécessaire pour la vie en société
mais elle est aussi obligatoire.
● L'éducation civique est aussi une pratique car elle concerne les règles de vie sociale et
les relations entre les individus. Cette caractéristique de l'éducation civique permet de montrer aux
enfants l'intérêt des connaissances acquises en éducation civique. En effet, les élèves ne voient que
rarement le lien entre ce qu'on leur fait apprendre et ce qu'ils vivent, or ici le lien est immédiat.
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L'objectif est de construire une attitude de respect des autres.
1.2.1.2– L'éducation civique est difficile à enseigner.
Si on se limite au sujet de ce mémoire, la difficulté vient du fait que la tolérance est une valeur.
Or est-ce que l'école doit transmettre des valeurs ? La réponse à cette question est évidemment oui,
mais par contre lorsqu'on cherche la limite de l'action de l'école il est alors beaucoup plus difficile
de répondre. En effet, il faut faire attention car l'école ne doit par trop empiéter sur le rôle de la
famille. Or on sait que les rapports avec les familles peuvent parfois être compliqués.
L'école doit transmettre les valeurs républicaines mais aussi les valeurs liées à la déclaration des
droits de l'Homme et du citoyen. Mais il n'en est pas toujours de même dans les familles. Ainsi, on
peut très facilement entrer en contradiction avec les valeurs familiales. Mais on touche sans doute là
un point très délicat.
Au cycle 3 , les valeurs de la famille sont les références or un travail sur la tolérance peut être
l'occasion d'amener les enfants à avoir un regard critique sur ce qui se passe dans leur vie. On peut
ainsi amener les enfants à débuter la construction de leur propre système de valeur.
1.2.1.3– L'éducation civique peut s'enseigner grâce à d'autre disciplines.
Le livre « L'éducation civique au cycle 3 » de Janine Lecomte et Liliane Darquets montre que
toutes les disciplines sont utiles à l'éducation civique certaines comme l'histoire et le français( donc
la littérature) le sont plus que d'autres.
Le français permet de faire acquérir un vocabulaire spécifique à l'éducation civique, de
rencontrer des textes tels la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen, la constitution de la
cinquième république.
Les auteurs précisent aussi que l'étude de textes littéraires peut permettre de sensibiliser les
enfants, et c'est là le point qui nous intéresse. Ce type de travail permet une approche différente qui
peut être plus motivante pour les enfants. La littérature suscite aussi de l'émotion, de la réflexion sur
le thème traité.
Aborder la tolérance et l'intolérance par la littérature crée des avantages pour la motivation,
donc l'implication des élèves.
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1.2.2– La littérature.
Il ne s'agit pas de présenter les activités possibles mais seulement de présenter succinctement le
travail en littérature et les problèmes rencontrés fréquemment dans ce type de travail. Cette partie
permet d'ébaucher des critères de choix pour les livres qui seront étudiés.
1.2.2.1 – Les caractéristiques d'un travail en littérature.
Un texte littéraire pour pouvoir être compris nécessite des inférences, il demande donc un
investissement de la part du lecteur. En effet, le monde produit par le texte est incomplet, c'est le
lecteur qui vient l'achever. Le sens du texte ne préexiste pas à sa lecture, c'est le lecteur qui vient
mettre sa touche finale au texte.
Néanmoins, tout n'est pas permis avec un texte, le texte fixe des limites à l'intérieur desquelles
le lecteur va pouvoir inventer son monde.
C'est lorsque l'on atteint cette dimension de la lecture que l'on prend beaucoup de plaisir à lire et
que les textes prennent alors toute leur importance.
1.2.2.2– Des problèmes récurrents.
a - Des problèmes de compréhension.
Les enfants ne connaissent un personnage que s'il est nommé, si son nom n'est donné que plus
tard dans le livre, les enfants ont tendance à oublier tout ce qui leur a été dit à son sujet. Les chaînes
de dénomination posent des problèmes aux enfants, cela vient alourdir leur travail cognitif et les
lancent sur de fausses pistes car ils pensent découvrir des nouveaux personnages chaque fois qu'une
nouvelle manière est utilisée pour les nommer.
Ils n'arrivent pas toujours à faire la synthèse de toutes les informations au sujet d'un personnage.
La compréhension peut être aussi gênée par des problèmes de ré investissement culturel dans
leur lecture. En effet, le texte ne pouvant se comprendre que par un investissement de la part du
lecteur, si celui-ci n'a que très peu d'éléments à investir dans sa lecture, il va y avoir un problème de
compréhension mais aussi de motivation, car il va alors probablement rester « en-dehors » du livre.
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L'incompréhension peut-être voulue par le texte. L'auteur veut alors entraîner le lecteur sur une
fausse piste pour pouvoir le surprendre lors de la chute.
b – Des problèmes d'interprétation.
C'est ici un point délicat car l'interprétation est au coeur du travail en littérature mais le
professeur ne peut pas interpréter le texte pour les élèves, il ne doit pas non plus orienter leur
interprétation. Le maître doit apprendre aux enfants à aller chercher dans leur culture pour
comprendre le texte et l'interpréter.
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2 - La mise en place pédagogique.
2.1.Les livres.
Il a fallu choisir un ensemble de livres afin de constituer un corpus à proposer aux enfants. La
littérature enfantine est aujourd'hui très vaste. Le choix s'est donc avéré très difficile.
2.1.1 – Des critères de choix.
Afin de pouvoir faire mon choix, je me suis fixé certains critères. Ils sont peu nombreux mais je
me suis rendu compte que peu de livres y répondaient.
• Le premier est bien sûr que ces livres doivent traiter de près ou de loin de la tolérance.
• Le second exclue les livres qui abordent le thème de la tolérance de manière trop expressive
et qui amènent une réflexion sur la tolérance trop manichéenne et mécanique. Je ne voulais
pas que l'intolérance ou la tolérance soit trop flagrante et que la conduite pour être tolérant
soit trop visible. On risquait de ne pas avoir de réflexion de la part des élèves sur la
tolérance.
• Le texte doit nécessiter des inférences pour pouvoir être compris. Cela permet de faire un
lien entre le livre et leur vécu. Donc de faire réfléchir à la tolérance selon lors propre vécu.
• Et enfin le quatrième : le livre doit être un coup de coeur. En effet, monter un projet autour
de livres nécessite que le professeur adhère totalement aux livres qu'il propose. En effet, le
maître devra le lire de très nombreuses fois, il faut donc qu'il y ait un réel plaisir. De plus, si
ce livre est très apprécié par le professeur, ce sentiment transparaît durant les activités.
Il faut souligner que le type du livre ne fait pas parti des critères retenus. En effet, le livre peut
être une BD, un roman, une pièce de théâtre, un album. Ceci n'a que peu d'importance.
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2.1.2 – Le choix.
Connaissant ces critères, j'ai commencé à chercher des livres. La première étape a été de
consulter les documents d'accompagnement. J'y ai trouvé de nombreux livres intéressant qui
présentaient un intérêt pour ce projet mais je n'en ai retenu que deux, les autres semblaient très
difficiles. Ne connaissant pas le niveau des élèves que j'allais avoir, je ne voulais pas choisir des
livres trop ambitieux.
• Le mendiant de Claude Martinguay.
Ce livre est assez compliqué car il y a un enchâssement du récit. C'est un grand-père qui
raconte une histoire qui lui est arrivée il y a plusieurs années. Il était en voyage en
Allemagne et il a croisé un mendiant qui l'a profondément ému, il ne lui a rien donné tout
de suite mais il est revenu en arrière pour lui donner une pièce et l'observer un peu plus. Par
la suite, le mendiant ne quitte plus l'esprit du grand-père qui lui écrit alors une lettre. Cette
lettre arrive au mendiant par de nombreuses péripéties. Il se crée alors un contact entre le
mendiant et le grand-père.
Cette album permet d'aborder le thème des mendiants et de voir une relation peu courante
entre une personne quelconque et un mendiant qui, de plus, est présenté avec une apparence
assez extravagante, ce qui introduit aussi le thème de l'apparence et de la tolérance.
C'est un sujet très actuel auquel tous les enfants ont été confrontés.
• Léon de Léon Walter Tillage.
C'est un récit autobiographique qui décrit la vie d'un enfant noir dans les années 50 dans le
sud des Etats-Unis. Il nous fait part de son quotidien et des choses les plus marquantes qui
lui sont arrivées. Il montre à quel point la société était injuste vis à vis des noirs. La fin du
livre montre aussi la lutte que les noirs ont entrepris pour gagner leurs droits.
Ce livre permet de montrer des exemples concrets de racisme. Ces exemples présentent
l'intérêt d'être issus de l'enfance d'une personne, il peut donc se créer une proximité entre le
récit et les enfants. Les enfants peuvent s'identifier et ainsi mesurer la différence entre leur
quotidien et celui de Léon Walter Tillage.
Ce sont les deux seuls livres que j'ai retenus dans les documents d'application. Pour trouver
d'autres livres, je me suis renseigné dans les bibliothèques, dans des librairies spécialisées et aussi
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sur internet. J'en ai donc trouvé plusieurs qui m'ont beaucoup plu.Afin de remercier les personnes et les lieus qui m'ont été utiles pour la recherche des livres, je consacrerais une page
spéciale à la fin de mon mémoire pour les remercier mais aussi pour communiquer ces adresses qui sont très utiles.
• Flix de Tomy Ungerer.
Il s'agit d'un album assez simple qui raconte l'histoire d'un couple de chats qui ont un enfant.
Mais leur enfant est un chien. Ce livre montre son exclusion dans une ville habitée par des
chiens.
Cette histoire explique de manière imagée l'exclusion des êtres différents mais avec une fin
heureuse. Puisque le chien est finalement accepté et réussit à réconcilier les chiens et les
chats.
• Loin des yeux, près du coeur de Thierry Lenain.
C'est un court roman qui a pour environnement une classe d'école élémentaire. Les enfants
peuvent donc très facilement s'identifier aux héros. C'est une histoire d'amour entre deux
enfants qui vivent l'intolérance des autres chaque jour puisque le petit garçon est aveugle et
la petite fille est noire. On voit que les enfants peuvent avoir des mots très durs envers les
autres s'ils sont différents. Ce livre permet aussi d'introduire la tolérance face aux handicaps.
L'environnement de l'histoire est très proche de celui des enfants qui peuvent alors
s'imaginer être dans la classe des 2 héros.
• Bélisaire de Gaétan Dorémus.
Il s'agit de l'histoire d'un tigre boulanger qui est apprécié de tous et qui se produit en
spectacle de temps en temps dans la ville où il est tant apprécié. Lors de ses spectacles, il se
déguise et raconte des histoires. Mais un soir il ne se déguise pas et vient en tigre pour
raconter une histoire. Tous les habitants sont terrifiés. Ils n'osent plus aller acheter du pain
chez Bélisaire. Des rumeurs circulent dans la ville et accablent Bélisaire. Les gens ont
tellement peur qu'ils l'enferment dans une cage.
Mais heureusement, les enfants de la ville se déguisent en tigre et vont à travers la ville pour
demander s'ils sont encore des enfants ou s'ils sont devenus des tigres féroces simplement
parce qu'ils ont changés d'apparence. Les gens se rendent compte de leur erreur et libèrent le
tigre.
C'est un livre qui montre l'absurdité des rumeurs, l'intolérance par rapport à l'apparence. Ce
livre montre en plus qu'il est totalement absurde de s'attarder sur l'apparence. Il a aussi une
fin heureuse et montre ainsi ce que peut-être la tolérance.
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• L'île de Armin Greder.
C'est un album peu connu et très sombre. Il explique l'arrivée d'un naufragé sur une île qui
est accueilli par des insulaires très méfiants. On voit l'évolution des pensées des gens qui
petit à petit ont de plus en plus peur de l'étranger. Ils finissent par le renvoyer sur son radeau
pendant une tempête pour s'en débarrasser. C'est un album très fort qui provoque beaucoup
d'émotions et de vives réactions. Il traite de la tolérance et de l'intolérance à travers une
situation qui peut être transposée au quotidien des enfants.
J'ai donc trouvé ces 6 livres. D'autres m'ont paru aussi très intéressants mais j'ai voulu en garder
un minimum. Néanmoins l'ensemble des livres qui m'ont attirés me serviront probablement plus
tard pour réaliser un projet du même type mais sur une période plus longue.
Sur ces six livres, j'ai choisi d'utiliser L'île de Armin Greder comme livre central afin de lancer
le projet.
C'est donc sur ce livre que j'ai
particulièrement travaillé. Il est donc
indispensable d'en présenter une lecture
approfondie et experte. Comme le dit C.
Tauveron dans son livre : « Pour mettre en
place des dispositifs de découverte des
livres prolifiques et intéressantes, le maître
doit faire une lecture fine du livre étudié ».
2.2 - L'île de Armin Greder.
Cette partie va exposer ce que j'ai ressenti face à ce livre et mon interprétation. Je vais procéder tout
simplement dans l'ordre des pages. Je vais généralement traiter double page par double page.
La page de couverture.
15
Le travail préparatoire du maître réside moins à nos yeux dans la confection d'un questionnaire que dans les relecture multiples [...] Ces relectures [...] impliquent [...] une attention soutenue à chaque mot ou phrase.[...] Au terme de l'opération, le maître connait si bien le texte qu'il est capable [...] de faire fasse aux hypothèses interprétatives des é lèves. [...] Il s 'agit là d'une justification minimale de la nécessité de ces lectures multiples de l'enseignant. [...] Lui reste bien entendu à tirer les conséquences didactiques de la lecture entreprise .
Tauveron, C. 2002. Lire la littérature à l'école. p 38 - 39
Elle est très sobre. Le nom de l'auteur (Armin Greder) et le titre du livre (L'île) sont écrits au-dessus du dessin. Il représente un mur d'une hauteur très impressionnante.
Ce dessin fait tout de suite penser à une forteresse, à quelque chose d'infranchissable, que ce soit depuis l'intérieur ou depuis l'extérieur du mur. Ce n'est pas un mur en ligne droite, on voit qu'il tourne. On imagine donc qu'il fait le tour de quelque chose. Il protège sans doute quelque chose.
Les couleurs utilisées sont très sombres et très proches du noir. Elles renforcent l'impression de puissance dégagée par la muraille. Mais elles ajoutent aussi un côté glauque et effrayant à cette muraille.
La première page ne décrit pas un environnement attrayant.
On remarque donc une contradiction dans le lien texte-image. En effet, le titre « L'île » fait naître des images relativement paradisiaques dans notre esprit avec des idées de plages avec des couleurs chaudes et accueillantes. Le dessin est l'exact opposé de ce ressenti avec ses couleurs froides, tristes et ses formes effrayantes et massives.
L'idée que l'on s'était faite change et on comprend alors que le dessin est probablement L'île dont va nous parle texte.
La seconde de couverture.
● Le texte rappelle le titre mais ajoute un commentaire : « Une histoire de tous le jours ». On imagine donc que ce rajout est un élément important qui a pour but de nous faire prendre conscience que l'histoire que l'on va découvrir est à rapprocher de notre quotidien. L'auteur veut donc nous impliquer dans l'histoire et dans la morale que l'on va en dégager.
● Le dessin représente au premier plan, des rondins de bois fixés entre eux qui voguent sur la mer. Ces rondins de bois forment donc un radeau qui se déplace sur une mer violente puisque l'on voit de grandes vagues qui semblent être agressives. Le radeau, la mer et le ciel sont réalisés avec des couleurs très foncées composées de gris et de vert. Seul l'horizon présente une couleur différente.
En effet, on voit à l'horizon, une lueur de soleil. Elle est réalisée en rouge. L'oeil, lorsqu'il regarde cette page est attiré par cette minuscule zone de rouge qui vient déchiré les couleurs sombres.
L'auteur illustrateur en insérant cette petite touche de rouge a probablement voulu montrer qu'il y avait une lueur d'espoir. Le rouge parmi ses nombreux sens symboliques est la couleur de l'espoir.
Le dessin dégage un sentiment de solitude dû à la couleur, à l'immensité de la mer et la représentation de l'embarcation qui est très sommaire. On ressent aussi de l'espoir grâce à cette lueur rouge.
● Le lien texte-image fait naître l'idée que le la lueur rouge à l'horizon est sans doute l'île nommée dans le texte et qu'elle constitue donc l'espoir de la personne qui se trouve probablement sur le radeau.
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Des inférences naissent à partir de ces deux premières pages. En effet, on imagine un naufragé et un (ou des) survivant(s) qui essayent d'atteindre la terre avec leur radeau. On pense donc à Robinson Crusoé et à une île déserte. Mais la première page nous interdit de penser à une île paradisiaque.
La première double page.
● Le texte est assez court et en deux parties. Ce qui a une grande importance. La premièrepartie décrit ce qu'il se passe de manière très simple et succincte.
La seconde partie apporte un renseignement, elle dit que le naufragé n'est pas comme les insulaires. Cette phrase est séparée du reste du texte, ce qui la met en valeur et montre combien elle est importante.
● L'image est très claire contrairement aux deux premières, on y voit le radeau et unhomme, les deux éléments sont à l'opposé dans la double page.
L'homme est nu, chauve et relativement chétif. Cela le rend assez intriguant et étrange. Sans avoir d'autres personnages du livre pour le comparer, on le sent différent si on se base sur nos références culturelles. Cet homme est représenté de loin il n'occupe donc qu'une petite partie de la page.
Le radeau est celui qui était représenté dans la seconde de couverture.
● Le texte et le dessin se complètent, le dessin renforce le texte. En effet, le texte parle denaufragé, le dessin du radeau montre bien que l'homme est naufragé. On parle d'un homme différent et c'est l'impression que dégage le dessin de l'homme.
Finalement, cette première page est la suite chronologique des deux premières pages. La première et la seconde de couverture nous ont amené à imaginer une histoire avec un naufrage et donc un naufragé qui se réfugie sur un radeau afin d'atteindre la terre ferme, on imagine aussi les péripéties entravant sa route pour atteindre une île (manger, ne pas chavirer, la solitude...). La première page met fin à cette histoire puisque le naufragé atteint le terre.
Ce qui se passe avant est laissé à l'imagination du lecteur qui s'aide des indices de le seconde de couverture.
Deuxième double page.
● Le texte décrit l'attitude des habitants de l'île qui n'est pas très accueillante. Il nousmontre qu'il y a une grande méfiance de la part des autochtones. On sent aussi qu'ils n'ont pas l'habitude de voir des gens autres que les habitants de leur île.
On voit tout de suite l'exclusion car un insulaire dit qu'il faut le renvoyer et il précise même qu'il faut qu'il retourne dans son pays. Il n'y a aucune tentative de découverte de l'autre mais seulement du rejet basé sur l'apparence. « il ne se plaira pas ici, loin de ses semblables ».
Le texte exprime toute l'hostilité des insulaires envers cet étranger. Il montre aussi que leur jugement est basé sur l'apparence.
● Le dessin représente les habitants de l'île qui sont représentés comme des hommes très
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forts, ils ont des outils de jardinage dans leurs mains (fourche, pioche, râteau) qui sont utilisés comme des armes. Ils sont habillés et la plupart ont des chapeaux. Leur habillement crée l'impression que ce sont des travailleurs manuels, ce qui est renforcé par la présence des outils.
L'image représente un groupe d'hommes. Leur regard est sûrement tourné vers le naufragé. Leurs visages montrent soit de l'étonnement soit de la méchanceté.
L'illustrateur a fait le choix de représenter les hommes de très près, ils occupent ainsi la majeure partie de la page. Ce qui tranche par rapport à la page précédente et le naufragé qui n'occupait qu'une petite partie de la page.
Il a donc voulu insister sur la différence entre le naufragé qui est seul, frêle, nu et les insulaires qui sont forts, habillés et en groupe. Pour renforcer ces caractéristiques, il a représenté le naufragé de loin donc très petit et les habitants de l'île de près donc gros. L'auteur veut nous montrer à quel point le naufragé est d'une apparence différente de celle des insulaires.
L'image renforce le texte.
Troisième double page.
● A travers le texte, un homme se détache : le pêcheur. Contrairement aux autres habitantsde l'île, il veut secourir le naufragé. On se demande alors pourquoi est-ce qu'il s'oppose au reste de sa communauté et pourquoi l'auteur spécifie que c'est un pêcheur. Ce sera d'ailleurs le seul renseignement que l'on aura sur ce personnage.
Il me semble qu'il y a deux raisons. La première est qu'il connaît bien la mer et qu'il sait donc que la mer est dangereuse et que si on renvoie l'étranger sur son radeau il mourra. Mais ce n'est pas la raison principale.
La seconde raison est la plus importante. L'auteur n'a pas choisi le pêcheur par hasard pour exprimer la raison et la sagesse.
En effet, les pages précédentes nous ont montrées combien l'île est isolée. Or le pêcheur est le seul à s'être éloigné de l'île. Il est donc le seul qui soit allé vers l'inconnu et est peut-être le seul à avoir rencontré des étrangers. Les autres habitants de l'île semblent être des agriculteurs, il y a donc peu de chances pour qu'ils soient sortis de l'île.
Cette caractéristique explique pourquoi le pêcheur est le seul à ne pas être hostile au naufragé.
● Le dessin est une nouvelle fois très sombre, on voit seulement la mer déchaînée et un ciel
ténébreux. On a d'ailleurs du mal à voir la limite entre les deux.L'illustration est ici simplement une mise en image de ce que dit le pêcheur.
Quatrième double page.
● Le texte est très bref et est en lien avec l'image. Le texte nous renvoie à l'image qui nousmontre que les insulaires le menacent avec leurs outils pour l'emmener plus à l'intérieur de l'île.
Le lien très fort entre le dessin et le texte met en exergue la manière d'accueillir le naufragé. On sent un certain dépit de la part de l'auteur qui nous transmet sa tristesse face à cette scène.
Cette page veut nous montrer combien les insulaires accueillent mal le naufragé et combien ils
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s'en méfient.
Le dessin nous montre aussi le contraste entre les habitants de l'île et l'étranger même s'il n'y a plus la différence de taille, il reste une différence importante de corpulence. Les premiers sont habillés, en groupe et représentent une masse sombre. Le second est nu, chétif et représente une masse claire dans la page.
Cinquième double page.
Elle explique le sort du naufragé. Les peurs nées avec les pages précédentes se confirment, mais on se rend compte que les habitants de l'île ont écouté le pêcheur et que leur humanité les a poussés à ne pas renvoyer l'étranger. Néanmoins, ils le traitent très mal puisqu'ils l'enferment dans une étable, ce qui montre que les habitants le considèrent comme un être étranger et qui leur fait peur puisqu'ils l'isolent sur une extrémité de l'île.
L'auteur dit que les gens retournent à leur quotidien ce qui montre qu'ils ne sont pas perturbés par le traitement infligé au nouvel être qui peuple leur île. D'ailleurs pour insister sur le manque d'humanité des insulaires, les illustrations montrent que les gens vaquent à leurs occupations traditionnelles. D'ailleurs, le quotidien décrit par les images montre un mode de vie arriéré puisque les femmes semblent être à la merci des hommes qui sont les seuls à avoir le droit de s'amuser (en buvant!).
On se rend compte que la réaction des insulaires face à l'étranger est en accord avec leur mode de vie qui est assez traditionaliste avec des valeurs qui semblent être dépassées. L'auteur veut peut-être donner un côté arriéré à la discrimination pour ainsi la dénigrer.
● Le dessin comporte aussi une autre partie. On voit des enfants imiter la scène de l'arrivée de l'étranger. Il y a plusieurs explications à ce dessin. Soit le but est de montrer une autre facette du quotidien en montrant les jeux des enfants. Soit l'illustrateur veut montrer que les enfants reproduisent ce que font leurs parents et peuvent aussi exclure des êtres qui leur ressemblent.
Sixième double page.
Le texte explique ce qu'il se passe et le dessin montre la réaction de la population. Le texte est court et très simple, ce qui montre la banalité de ce qu'il se passe. L'illustration est très forte et montre à quel point les gens sont terrorisés. Il y une sorte d'opposition texte-image qui montre la démesure de la réaction par rapport à ce que l'étranger fait. Cela renforce encore notre opinion sur les insulaires.
Septième double page.
Le dessin illustre simplement le texte et ne nécessite pas d'interprétation. Par contre le texte de cette page est très intéressant. La première phrase insiste une nouvelle fois sur la démesure de la réaction des habitants. Le début explique pourquoi le naufragé vient au village afin de montrer que l'étranger a une attitude tout à fait correcte et ne commet rien de grave. On a donc encore plus tendance à prendre le parti du naufragé.
Puis, une nouvelle fois la sagesse vient du pêcheur qui pense qu'il faut le nourrir. Mais il est
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encore en opposition avec les autres qui lui répondent qu'ils ne peuvent pas nourrir toutes les bouches.
Cette partie est très intéressante car elle veut faire un parallèle directe avec le quotidien du lecteur. En effet, nous avons tous déjà entendu des propos de ce genre au sujet de la France qui ne doit pas accueillir tout le monde. On écoute parfois même ces propos au sujet d'un village ou d'une région.
Cette mise en relation est très intéressante car le lecteur se remet en question. De plus, cette histoire se rattache à notre quotidien, ce qui lui donne encore plus d'importance aux yeux du lecteur.
Huitième double page.
Le pêcheur essaye de trouver une solution pour prendre soin du naufragé. Il veut donc lui trouver du travail pour qu'il ait les moyens de se nourrir. Le pêcheur veut qu'il s'intègre. Mais il y a toujours une raison pour ne pas l'employer. Mais une chose importante est à noter, c'est que la raison invoquée est généralement basée sur l'apparence.
On peut aussi lier cette double page à notre quotidien. En effet, il arrive qu'il y ait des propos de cette ordre au sujet des étrangers qui sont parfois traités d'incapables.
Enfin, un détail de cette page attire notre attention. Les petites cornes qui ont poussées sur la tête de l'étranger. Il y a ici une référence au diable. On
peut donc penser que cet étranger est diabolisé par les insulaires. Ils voient en lui un danger, ils en ont peur.
Neuvième double page.
Il y a deux parties dans cette page. Une première est composée du texte en haut à gauche et le reste de la page forme la deuxième.
La première explique la solution trouvée au problème que doivent affronter les insulaires. La dernière phrase de cette partie montre à quel point les pensées des habitants sont ignobles. Etant donné qu'ils ne lui ont jamais demandé de venir, ils ne s'obligent pas de s'en occuper. Ils justifient ainsi leur mépris pour le naufragé.
La deuxième partie est composée de texte et d'illustrations. On voit que les habitants de l'île sont de plus en plus préoccupés par la présence de l'étranger.
En lisant, on sent que les pensées des gens évoluent de moins en moins favorablement pour le naufragé.
Mais, le texte et les images montrent que ce ne sont que des affabulations et que les gens sont entrain de s'entraîner les uns les autres dans une haine contre l'étranger.
Cette double page explique qu'une psychose est en train de naître et qu'elle est due aux rumeurs que les habitants de l'île créent et entretiennent.
Les dessins montrent les pensées des gens et combien ils s'inventent des histoires.
Dixième double page.
Cette page est la continuation de la précédente. Elle montre la psychose qui grandit sur l'île et qui touche toute la population. Non seulement elle touche tout le monde mais elle diabolise de plus
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en plus le naufragé puisque certains pensent qu'il pourrait même tuer. Le dessin renforce cette phrase en montrant l'étranger avec un couteau et avec un air menaçant qui tranche avec l'air hagard avec lequel il est représenté habituellement.
Il faut bien comprendre que les dessins ne représentent que l'imagination des gens.
Onzième double page.
Le texte explique ce que l'on avait imaginé : les habitants ne supportent plus la présence de l'étranger. C'est un étranger, il n'est donc pas d'ici, il n'a rien à faire ici. D'ailleurs s'ils l'acceptent, ils devront accueillir tous les étrangers. Le texte est conclu par une phrase avec des points de suspension, cela crée du suspense qui n'en est pas vraiment car on se doute de ce qu'il va arriver.
Le dessin montre que la décision se prend en groupe mais qu'un homme harangue la foule. L'illustrateur renforce l'impression de décision en groupe qui amène les gens à s'entraîner dans une haine contre l'étranger.
Douzième double page.
Le texte est simplement la fin de la phrase précédente et justifie l'anticipation que l'on avait faite.
Le dessin montre des hommes très agressifs qui tiennent les outils d'une manière menaçante. Ce qui contraste avec le naufragé qui est totalement inoffensif puisqu'il est ligoté.
Cette page nous fait forcement anticiper la fin qui ne peut être que tragique vu la tournure des évènements et l'agressivité des habitants de l'île.
Treizième double page.
Elle explique ce qu'ils font au naufragé. Cela correspond à ce que l'on avait imaginé.Le dessin insiste encore plus sur l'agressivité des insulaires.
Quatorzième double page.
Le texte continue a expliquer la suite tragique qui nous semblait inévitable. Par contre chose inattendue, ils se débarrassent aussi du pêcheur.
Le texte comporte plusieurs choses importantes. Un passage insiste sur le fait que certains habitants pensaient comme le pêcheur mais qu'ils
avaient parler moins fort que les autres. Ce passage critique les gens qui parlent toujours plus fort que les autres alors qu'ils ont tord tandis que les plus sages n'ont pas pour habitude d'haranguer les foules (ce qui est peut-être preuve de sagesse). C'est là aussi un pont tendu vers notre société et notre quotidien où ceux qui parlent le plus fort sont les plus écoutés.
La suite explique que l'île se referme sur elle-même tout comme ses habitants. On voit là un exemple de protectionnisme. C'est finalement une explication imagée de ce qu'est le protectionnisme. Là encore, on voit un lien avec notre actualité et certains pays qui se referment totalement sur eux-mêmes.
Le texte nous explique enfin la première de couverture, puisqu'il est mentionné les murs avec des tours.
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● Le dessin quant à lui retrouve les couleurs sombres que l'on avait au début, elles occupent toute la feuille et comme au début la couleur sombre est de mauvaise augure puisqu'il se passe de terribles choses. Par contre une chose importante diffère par rapport aux premières images.
La page est remplie de couleur sombre sauf une petite tâche rouge mais qui, cette fois ci, n'est pas signe d'espoir puisqu'il s'agit du feu qui détruit le bateau du pêcheur. Le rouge signifie dans cette illustration la fin de l'espoir avec la mort du seul homme sage qui osait parler.
Quinzième double page.
Seul un dessin occupe cette dernière page. L'illustration est la même que sur la première de couverture mis à part un oiseau qui est transpercé par une flèche. L'image est donc toujours aussi impressionnante et terrifiante. La différence est que maintenant, on comprend ce qu'elle signifie : l'enfermement de l'île vers le monde et sur elle-même.
Quant à l'oiseau, il est blanc. Si on se réfère à la symbolique, on peut penser qu'il était symbole de paix et par extension d'espoir, de tolérance. Celui-ci étant transpercé par une flèche, le symbole signifié est donc l'opposé : le désespoir, l'intolérance.
Seizième double page.
Elle est identique à la seconde de couverture, mis à part la lueur et le radeau qui ont disparus. L'illustrateur veut nous montrer que tout espoir a disparu et que le naufragé est sans doute mort puisqu'il n'y a plus de radeau.
Cette image ne peut pas être plus triste et effrayante. Elle exprime la solitude, le danger avec les vagues et aucun espoir car on ne voit que du ciel gris et pas de terre en vue.
Il s'agit là de la conclusion de ce livre, elle est très triste et grave.
La quatrième de couverture.
La quatrième donne l'amorce du livre et rajoute aussi deux termes très importants : la xénophobie et le protectionnisme. Ces mots montrent bien l'intérêt du livre et son sujet. Ce sont des
mots très forts qui nous montrent quel est le message qu'a voulu transmettre l'auteur-illustrateur.
Réflexions sur l'ensemble du livre.
Ce livre est bien évidemment une preuve d'intolérance. Mais le véritable intérêt est l'actualité de ce livre.
Les dialogues au sujet de l'accueil des étrangers est récurent dans notre société et dans les conversations. Le protectionnisme est aussi un sujet très présent. Il y a donc dans ce livre une critique des politiques des pays (généralement) occidentaux, mais cette interprétation n'est pas atteignable par les enfants. Néanmoins, ils peuvent facilement faire le lien entre le refus d'accueillir les étrangers et leur quotidien. Ils arriveront sans doute à transposer cette histoire vers des éléments de leur vie qui leurs paraîtront proche d'eux.
L'auteur, dans ce livre veut nous montrer de manière imagée un exemple d'exclusion. Il nous fait comprendre combien il est injuste de rejeter l'autre sans avoir essayé de le découvrir et combien
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il est important d'aller vers les autres et de s'ouvrir.
2.3– Ce qui a été mis en place.
Comme je l'ai déjà dit mon sujet de mémoire a été changé après le premier stage en
responsabilité. Je n'ai donc pu mettre en place mon projet que sur un seul stage qui ne dure que trois
semaines. Cette partie va dons être scindée en deux. La première va présenter ce qui a été mis en
place et la seconde ce que j'aurais mis en place si j'avais eu plus de temps.
J'ai présenté précédemment l'ensemble des livres que j'avais retenu pour mon projet. J'ai choisi un
livre qui me sert de point de départ pour aborder ce projet : L'île de Armin Greder.
Ce n'est pas ce qui était prévu initialement mais ce livre m'a semblé tellement intéressant que j'ai
voulu l'exploiter le plus possible.
Mon objectif est donc de se servir de ce livre pour aboutir à des débats concernant la tolérance et
l'intolérance.
2.3.1 – L'exploitation de « L'île » : la première séance.
2.3.1.1 – La durée d'exploitation du livre.
Comme le préconisent les documents
d'application, j'ai décidé de ne pas étudier L'île
pendant trop de temps afin de ne pas lasser les
enfants. De plus, sachant que le projet ne
s'arrêtait pas uniquement à l'étude de ce livre et
que je n'étais présent que trois semaines dans la
classe, j'ai concentré le travail sur cet album.
Mais pour les besoins du projet, je n'ai pas
pu étudier L'île sur une demie-matinée.
J'ai donc choisi de faire l'étude du livre sur une
demie-matinée puis de continuer après la pause du midi lors du début d'après-midi. J'ai donc
23
Il importe avant tout de donner une unité à la séquence et de parcourir l'oeuvre en un temps raisonnable . En effet, au-delà d'une semaine déjà, la mémoire de l'enfant et sa patience sont mises à rude épreuve. [...] On peut donc considérer qu'un module de littérature ne devrit pas durer plus de quinze jours, mais il peut, en revanche se concentrer sur une séance unique limitée à une demie-matinée.
CNDP, Août 2002. Documents d'application des programmes. Cycle des approfondissements, cycle 3. p 5-6.
commencé le projet à 10 h 45 jusqu'à 11 h 30 puis de 13 h 30 jusqu'à 15 h. J'ai préféré garder les
deux séances dans la même journée afin que les enfants aient encore présent en mémoire le travail
fait pendant la fin de matinée.
2.3.1.2 – Une amorce.
Avant de commencer le travail sur ce livre, j'ai voulu recueillir les représentations initiales des
élèves au sujet de l'île. Il m'a semblé intéressant de faire ce recueil afin de créer un intérêt pour le
livre, c'est ce que Catherine Tauveron appelle une amorce. C'est le moyen de créer l'envie chez
l'enfant de travailler sur le livre. De plus, ce petit travail a fait comprendre aux enfants qu'il allait se
passer quelque chose d'inhabituel lors de la journée mais sans qu'ils sachent quoi. Ainsi, il s'est créé
une sorte d'impatience à découvrir cet événement.
L'amorce peut donc être la première ou la quatri-
ème de couverture, mais dans le cas de l'île, ce
choix ne semblait pas être pertinent. En effet,
dévoiler la quatrième de couverture en premier
aurait expliqué toute l'histoire et les subtilités qui
sont présents dans le texte et les dessins.
Quant à la première de couverture, le mot L'île
et le dessin aurait certes fait réagir les enfants mais
pas suffisamment par rapport à la différence qui existe entre leur représentation d'une île dans leur
esprit et l'île telle qu'elle est dessinée sur cette page.
J'ai donc voulu conserver cette technique de l'amorce afin de motiver les enfants mais j'en ai
inventé une qui me semblait bien adaptée à ce livre.
Le matin en arrivant, la première chose que je leur ai demandée a été de sortir un crayon. Puis
je leur ai expliqué que j'allais leur dire un mot. Une fois ce mot prononcé, ils allaient avoir 5
secondes de réflexion puis à mon top et seulement à mon top ils allaient prendre leur crayon et
écrire à quoi leur faisait penser ce mot. J'ai ensuite ramassé les feuilles.
Cette activité m'a permis non seulement de faire une amorce en créant un mystère mais aussi de
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Le maître peut intervenir avant l'ouverture du livre pour susciter l'envie de découvrir l'histoire en proposant la lecture d'accroches prévues en tant que te lles – La première ou la quatrième de couverture.[...] Toutes les premières de couverture ne sont pas nécessairement des bonnes amorces. [...] D'autres accroches peuvent être imaginées et créées, comme la présentation d'un fragment énigmatique.
Tauveron, C, 2002. Lire la littérature à l'école. P 100 et 101.
collecter les représentations des enfants au sujet du mot « île ». Le but étant aussi de montrer
combien est éloignée l'île que l'on va rencontrer dans le livre et les îles comme on se les imagine.
C'est ainsi un moyen d'attirer l'attention sur la spécificité de l'île.
Les résultats étaient assez prévisibles. Tous ont une image très idyllique d'une île. Ils ont inscrit
des mots tels palmier, plage, soleil quelques uns, plus rares, ont pensé à désertique ou encore
Robinson Crusoé. Les enfants ont été intrigué par cette activité.
Une fois les feuilles ramassées, nous avons commencé la journée avec la matière prévue à
l'emploi du temps.
L'amorce faite, il faut maintenant découvrir le livre.
2.3.1.3 – La découverte du livre.
Il existe de nombreuses manières de
faire découvrir le texte aux enfants. Les
documents d'application en listent quatre.
Elles présentent toutes des avantages et
des inconvénients.
La lecture à voix haute des enfants fait
travailler aux enfants leur lecture et le
professeur peut contrôler la lecture de
l'enfant mais tous les élèves ne peuvent
lire en même temps donc un enfant lit et
les autres écoutent. Mais les élèves ne sont
pas encore des lecteurs experts. Les
autres qui l'écoutent vont avoir tendance à décrocher de la lecture. Cette première technique ne
convient pas à cette activité pour laquelle il faut beaucoup d'attention.
La lecture silencieuse peut être effectuée par tous les élèves en même temps mais le maître ne
peut pas contrôler les lectures des enfants. Il y a aussi un autre désavantage qui est matériel. Il faut,
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La maître dispose de quatre instruments pour parcourir le texte : la lecture qu'il peut lui-même en faire à haute voix, la lecture silencieuse des é lèves, le résumé partie l qu'il é labore et qu'il peut dire ou donner à lire en lecture silencieuse, la lecture à voix haute des é lèves.[...] On essaiera d'éviter la lecture préparée hors de la classe , car d'une part, e lle est très diversement effectuée par les é lèves [...] et d'autre part le programme de lecture hors de la classe est déjà suffisamment copieux. [...]La lecture silencieuse en peut être considérée comme un acte didactique.
CNDP, Août 2002. Documents d'application des programmes. Cycle des approfondissements, cycle 3. p6.
pour faire ce type de découverte un livre par enfant. Or cela crée un investissement conséquent.
Cette technique de découverte n'est donc pas possible dans le cadre de ce projet.
La lecture personnelle n'est pas conseillée pour les raisons que stipulent les documents
d'application. Néanmoins, il me semble que les arguments avancés sont certes vrais mais il faut les
dépasser. Car sinon la lecture ne va avoir lieu qu'à l'école, ce qui semble dommage. En effet, le but
est de faire de la lecture un loisir or si celle-ci n'est pratiquée qu'à l'école elle sera considérée
comme une matière et a donc peu de chance de devenir un loisir. De plus, même si les parents ne
suivent pas les lectures des enfants et qu'il se crée une différence entre les enfants du fait de la
différence de suivi, il semble tout de même intéressant d'impliquer les parents dans la lecture. On
montre ainsi l'importance de la lecture pour leurs enfants.
Mais pour ce projet, ce type de lecture ne peut être utilisé pour la même raison matérielle vue
précédemment.
La dernière, qui est celle que j'ai retenue, est la lecture à voix haute par le maître. Elle est
normalement experte et permet d'être sûr que tout a été bien lu. De plus dans la perspective de
finaliser ce travail par un débat, il est intéressant de faire une lecture collective où chacun peut
réagir et ainsi fournir des pistes qui seront reprises pour le débat.
J'ai donc trouvé ce qui me semblait être la meilleure manière de faire découvrir le texte. La
lecture sera donc collective et effectuée par moi-même.
En rentrant de la récréation je leur ai demandé de ranger tout ce qu'ils avaient sur leur table et
de ne rien laisser. Puis je leur ai expliqué que maintenant on allait commencer un projet sur lequel
on allait travailler pendant les trois semaines, mais que je ne pouvais pas leur dire le but car ça
dépend de nous et de ce qu'ils voudront en faire. J'ai rajouté que ce projet commençait aujourd'hui
avec l'étude d'un livre.
J'ai ensuite exposé les règles du jeu :
_Silence total et attention maximale.
_On n'a pas le droit de parler pendant que je lis.
_Lorsque j'ai fini une page, on a le droit de dire toutes les remarques que l'on veut, mais
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seulement entre deux pages et en levant la main.
J'ai fixé ces règles afin d'avoir un engagement maximal de la part des enfants qui ont ainsi un cadre
à respecter.
Nous avons fini le travail d'amorce commencé le matin. J'ai présenté l'image de couverture en
cachant le titre. A ce niveau de découverte, les enfants ne savent pas qu'il existe un lien entre leur
travail du matin et l'analyse de cette image.
Je leur demande d'émettre des hypothèses au sujet de l'image qu'il voient et de dire ce qu'ils
ressentent.
Les enfants ont été très inspirés et ont formulés de nombreuses hypothèses. J'ai écrit l'ensemble
de leurs propositions sur le tableau (cf annexe 1).
Leurs propositions montrent que cette image les impressionne, petit à petit les enfants ont eu des
remarques de plus en plus subtiles. Ils ont ainsi ressenti des impressions d'enfermement et
d'isolement, tous ont été impressionnés par cette image mais aucun n'a fait le rapport entre l'image
que nous étions en train d'étudier et le mot vu le matin.
Je leur ai ensuite dévoilé le titre du livre correspondant à l'image. Je ne leur ai rien dit.
Tous ont réagi et ont tout de suite compris que l'image était en fait le dessin d'une île. Ils ont
tous dit que cette île ne ressemblait pas à celle qu'ils avaient imaginée le matin. Ils ont été très
surpris et ont retenu que l'île dont on allait parler n'était pas très gaie.
Je leur ai présenté ensuite la première double page et je leur ai lu.
En respectant les règles du jeu fixées, plusieurs sont intervenus lorsque j'ai fini de lire la page.
Ils ont dit que l'homme était bizarre et que c'était sans doute son radeau que l'on voyait. Ils ont donc
imaginé ce qui était arrivé à ce naufragé : L'homme était sur un bateau qui a coulé, il a réussi à se
construire un radeau et il a navigué pendant très longtemps pour enfin arriver sur cette île.
Nous avons découvert la seconde double page.
Ils ont presque tous réagi à cette page. Ils ont trouvé les habitants de l'île gros et forts. Leur
27
apparence leur a semblé méchante et ils ont ressenti de l'agressivité dans leur représentation. Ils ont
pensé la même chose de leurs propos. Un enfant, en réaction aux propos des insulaires, a même dit
qu'ils étaient racistes car ils voulaient renvoyer le naufragé d'où il venait.
La troisième double page a amené peu de réactions, si ce n'est quelques enfants qui m'ont dit
que le pêcheur avait raison et que les autres devaient l'écouter.
2.3.1.4 – La production d'un écrit de travail.
Nous sommes donc arrivée à la quatrième page qui est une page clé, en effet les premières posent
l'action mais on sent que la quatrième amène un changement.
Afin de faire réfléchir les enfants à ce qu'il pouvait arriver et pour recueillir leurs
impressions. Je leur ai demandé de
m'écrire en 30 minutes, selon eux, la suite
de l'histoire. Donc qu'est-ce qui va se
passer après cette page où les insulaires
accueillent le naufragé de manière peu
cordiale.
Ce travail permet d'impliquer les enfants
dans le livre et de voir leurs représentations
des habitants de l'île et du naufragé.
28
La lecture par dévoilement progressif.
Le texte , découpé stratégiquement par le maître en des fragments de longueur pouvant être très variable [...] est présenté aux élèves en livraisons successives mais sur un temps relativement court.[...]A partir de chaque fragment distillé , les é lèves exposent oralement ou par écrit leurs attentes. [...] La technique permet de faire émerger « naturellement » les interprétations, sans questionnement du maître ou presque.
Tauveron, C.2002. Lire la littérature à l'école. P 103 - 104.
Précisons que les écrits demandés ne relèvent pas de l' « expression écrite ». Ils sont à considérer par le maître comme des écrits transitoires, éphémères, finalement jetables dés l'utilisation, au service de la lecture et comme tels ils ne sont pas à évaluer ou à réécrire .
Tauveron, C. 2002. Lire la littérature à l'école. P 104.
J'ai donc demandé aux enfants d'écrire cette suite
sachant que j'allais en lire quelques unes cette
après-midi. J'ai ajouté que seules les idées
m'intéressaient et lors de ma relecture je
modifierais sans doute un peu l'expression en
gardant les idées.
[...] l'écriture comme moyen de construire la compréhension ou l'interprétation. Les écrits sont, en la circonstance, conçus comme des écrits de travail, transitoires et éphémères, au service de l'é laboration de la pensée et de l'échange d'opinions.
Tauveron, C; 2002. Lire la littérature à l'école. P 167.
La plupart de ces écrits se sont terminés par le renvoi du naufragé sur la mer avec son radeau . Il
y eu certes plusieurs types de péripéties avant de le renvoyer mais la plupart du temps le résultat a
été le même, l'étranger a été renvoyé.
Cette convergence des suites montre que les enfants ont bien saisi le sens du début du livre, ils
ont aussi perçu l'hostilité des insulaires envers l'étranger.
La première phase de l'étude du livre s'est donc terminée ainsi. La pause de midi m'a permis de
lire les productions des enfants et de choisir les plus intéressantes. J'en ai choisi quelques unes, soit
parce qu'elles étaient dans la continuité du début du livre c'est à dire que le naufragé est mal
accueilli et méprisé par les habitants soit le naufragé est bien accueilli.
Une fois les enfants rentrés de la pause, je leur ai lu les suites que j'avais sélectionnées. Ils les
ont donc commenté, ils les ont toutes trouvées très bien, mais celles qui se finissaient bien les ont
quelque peu dérangé. Une discussion a suivi car la plupart pensaient que la suite ne pouvait pas être
belle vu ce qu'il se passe au début, d'autres n'étant pas d'accord car pensant que tout pouvait arriver
par la suite.
Afin de limiter cette discussion j'ai proposé de lire la suite pour découvrir ce qu'il se passe
réellement.
2.3.1.5 – Poursuite de la découverte du livre.
29
J'ai donc poursuivi la lecture en évitant
de trop m'arrêter car à force de trop
interrompre, les enfants peuvent d'une part
se lasser mais aussi trouver pénible la
lecture car on les oblige à s'arrêter alors
qu'ils n'en ont pas envie.
Je n'ai fait ensuite qu'une seule
interruption. Après la onzième double page.
J'ai demandé aux enfants pourquoi la peur se fait-elle grandissante ?
Le but étant de faire naître une discussion au sujet de l'appréhension des habitants envers le
naufragé et de faire dire aux élèves si cette peur est justifiée ou non.
Il s'agit là pour les enfants de faire de l'interprétation de texte en essayant de comprendre
pourquoi l'auteur a écris cela.
Les enfants ont immédiatement trouvé que c'était l'étranger qui faisait peur aux habitants. Puis
par le fil de la discussion, ils ont aussi compris que cette peur n'était pas justifié, qu'ils n'avaient pas
« raison d'avoir peur » (selon les mots des enfants) et que « s'ils avaient peur de lui c'était parce
qu'ils n'avaient jamais parlé avec lui » (d'après les enfants).
Au final cette discussion assez brève (quelques minutes) nous a permis de nous orienter vers la
tolérance et l'intolérance.
J'ai ensuite fini la lecture, j'ai laissé un petit temps de flottement pour que les enfants puissent
s'exprimer s'ils le désiraient.
Tous ont réagi et se sont exprimés sur la cruauté des insulaires. L'enfant qui avait dit pendant la
lecture qu'ils étaient racistes l'a encore répété. Les autres l'ont d'ailleurs suivi dans sa conviction.
2.3.1.6 – L'analyse comparée de deux illustrations.
Ensuite, nous avons découvert deux pages que je ne leur avais pas encore montrées. Il s'agit de
la seconde de couverture et de la dernière double page qui n'a en fait qu'une seule page imprimée.
30
Parce que le volume est considéré comme un obstacle naturel, on cherche traditionnellement à aménager un parcours soigneusement gradué dans le texte , à faciliter la difficile ascension de cette montagne qu'est le livre en le fragmentant. La fragmentation de la linéarité n'a d'autre raison d'être que de permettre la respiration de l'organisme saturé ou vite gagné par la lassitude. Il se trouve simplement qu'on oblige ainsi l'é lève à respirer quand il n'a pas besoin d'air ou quand le texte lui-même ne crée pas d'appel d'air.
Tauveron, C. 2002. Lire la littérature à l'école. P 102.
Je leur ai demandé de comparer les deux pages.
Ils ont observé que les deux pages représentaient la mer qui était déchaînée, sur la première il y
avait un radeau et pas sur la deuxième.
Sur la première, il y avait une lueur rouge mais pas sur la dernière.
Je leur ai demandé ensuite pourquoi l'auteur avait-il enlevé ces éléments sur la page de fin.
Ils ont trouvé très rapidement que le radeau a disparu car le naufragé est sans doute mort.
L'auteur veut donc nous montrer sa disparition en enlevant cet élément.
Mais pour la lueur rouge, ils n'ont pas vu de symbolique dans cette couleur. Ils ont dit que cette
lueur dans la première image correspondait sans doute à l'île mais ils ne sont pas allés plus loin
dans l'interprétation.
Cette analyse des illustrations a permis de leur faire saisir l'importance des images et toute la
symbolique qu'elles peuvent véhiculer.
2.3.1.7 – Un retour sur le texte.
L'activité suivante était une activité de
groupe.
Je leur ai demandé de se mettre par
trois (pour un côté pratique car ils ont
besoin d'un livre pour faire cette activité)
et de répondre aux questions suivantes.
_Qu'est ce qui nous aurait permis d'anticiper la fin ?
_Depuis quand est-ce qu'on aurait pu se douter de la fin ?
Ce dispositif a pour but de montrer aux enfants que les insulaires depuis la première fois où ils
ont vu l'étranger voulaient s'en débarrasser. Donc qu'ils ne se sont basés que sur l'apparence de cet
31
On considère qu'un dispositif de présentation et de questionnement des textes est fertile quand, contrairement au dispositif des manuels, il invite à lire , quand il favorise [...] l'interaction des é lèves autour du texte .
Tauveron, C. 2002. Lire la littérature à l'école. P 94.
individu.
Les enfants ont eu quelques difficultés à trouver car les questions ne sont pas suffisamment
claires et explicites. Néanmoins, j'ai reformulé ces questions de plusieurs manières et les enfants
ont réussis à comprendre ce que je leur demandais. Par contre je n'ai pas eu les réponses que
j'attendais, en effet, une moitié a répondu qu'on le savait depuis le début mais l'autre moitié a
répondu qu'on ne peut le deviner seulement à la fin.
J'ai ensuite laissé un moment aux enfants pour défendre leur point de vue, il s'est avéré que ceux
qui avait pensé qu'on le savait depuis le début ont eu les meilleures arguments et ont convaincu les
autres. Finalement toute la classe (apparemment) a été d'accord pour dire que les insulaires n'ont
jamais eu l'intention de garder le naufragé sur leur île et que finalement ils se sont basés sur
l'apparence de cette personne.
Cette activité a permis d'aller un peu plus loin dans l'analyse du livre et de montrer que les
insulaires ont eu une attitude très médiocre et que jamais ils n'ont essayé d'en savoir plus sur le
naufragé.
2.3.1.8 - Le débat final.
Le travail de découverte, d'analyse et
d'interprétation est fini. Les enfants ont
semble t-il bien compris la symbolique du
livre et bien analysé les réactions des
insulaires.
Afin de conclure ce travail sur « L'île »,
il m'a semblé intéressant de faire un débat
avec les enfants. Ce débat est introduit par
une question qui est très ouverte et qui sert
juste à le lancer :
_Que pensez-vous de l'attitude des insulaires
?
32
Il s 'agit, en effet, de mettre les é lèves dans des procédures de réflexion et de débat qui les conduisent à modeler eux-mêmes leur pensée par la confrontation, le frottement avec la pensée des autres.[...] les moments d'échange doivent conduire chaque enfant à se construire une pensée, se faire une idée sur une notion abordée. A aucun moment il n'est question de transmettre des valeurs te lles que la solidarité , le respect, la tolérance, le respect des différences [...] le débat à visée philosophique engage sur ces chemins, conduit les é lèves à formuler les fondements de ces valeurs.
Miri & Rabany, M & A. 2003. Littérature : album et débat d'idées. P 83- 84.
Ce débat a pour but de faire exprimer les
enfants au sujet de la tolérance, du racisme.
Ils doivent confronter leurs points de vue et
argumenter pour se défendre. L'album est
utile pour donner une base commune de
réflexion et apporter des exemples connus
par tous, mais l'objectif est de se détacher
petit à petit du livre pour aller vers un débat
d'idées.
Les enfants ont donc commencé à répondre à la question qui était très simple. Ils ont bien sûr dit
que les insulaires n'étaient pas gentils et qu'ils étaient donc racistes.
J'ai demandé pourquoi ils étaient racistes. Ils m'ont répondu que les habitants de l'île n'avaient
pas accueilli l'étranger parce qu'il était différent d'eux. Et qu'ils s'étaient juste basés sur son
apparence.
Tous les enfants ont plus ou moins dit ce qu'ils pensaient, cela allait toujours dans le même sens
: les insulaires sont racistes.
Le débat n'avançait pas beaucoup, j'ai
donc décidé d'amener une autre question afin
d'élargir un peu le champ du débat.
J'ai demandé aux enfants ce que voulait
nous dire l'auteur grâce à ce livre.
Les élèves ont tout de suite répondu qu'il voulait nous montrer qu'il fallait faire attention de ne
pas être raciste et que lorsqu'on rencontrait quelqu'un de différent il fallait parler avec lui afin de le
découvrir et ne pas s'arrêter à son apparence.
Il y a eu un échange d'idées qui fut assez bref les enfants commençant à se fatiguer un petit peu
car l'exploitation du livre avait été assez longue.
Mais, deux enfants qui sont passionnés par l'histoire (la matière) m'ont rappelé que ce livre avait
33
Tous ces dispositifs (de questionnement – nda) ont en commun d'ouvrir un espace de négociation de sens, un espace qui autorise , légitime et encourage les paroles des é lèves, le partage et l'affinement des réactions individuelles, le débat argumentatif comme la sanction collective des contresens provisoires ; un espace qui « permet de socialiser ses émotions privées, où il ne s'agit pas d'imposer les certitudes mais on l'on peut communiquer et partager ses incertitudes dans le doute créatif ».
Tauveron, C. 2002. Lire la littérature à l'école. P 95
Dans les activités ou débats suscités par le dispositif, l'enseignant reste en réserve [...] Il convient en revanche qu'il joue ple inement son rôle de jardinier (qui collecte et fait fructifier les amorces d'interprétations entraperçues dans le bouillonnement des échanges) ainsi que son rôle de gardien des droits du texte , ou d'un autre point de vue, des droits et des devoirs des é lèves.
Tauveron, C. 2002. Lire la littérature à l'école. P 96.
été écrit par un auteur allemand (je leur avait dit lorsque j'avais découvert la page de couverture).
Donc, il écrivait peut-être ce livre pour rappeler et dénoncer ce qui s'est passé dans son pays
pendant la seconde guerre mondiale.
Tous les enfants n'ont pas compris tout de suite mais ces deux enfants ont expliqué plus
clairement et plus précisément ce qu'ils voulaient dire et tous ont compris le lien.
Je n'avais pas forcement imaginé que les enfants puissent faire ce lien mais il est très intéressant
et a permis de montrer que le livre présente une histoire mais que le but de l'auteur peut être bien
ailleurs (critiquer la politique, rappeler le passé de son pays, dénoncer des attitudes qui sont de plus
en plus fréquentes...).
L'exploitation du livre pour cette première journée était finie, il me restait encore un point à
traiter mais les enfants avaient du mal à se concentrer, en effet je leur avait demandé beaucoup de
concentration, j'ai donc préféré arrêter et placer ma dernière activité en introduction de la prochaine
séance du projet.
Cette première étape basée sur l'étude de « L'île » a permis d'introduire le thème du racisme et
d'aborder la tolérance et l'intolérance. Mais ces thèmes n'ont été abordés que par une entrée : ne pas
rejeter les étrangers. L'objectif va être de multiplier les entrées dans le thèmes de la tolérance et de
l'intolérance.
2.3.2 - Une activité annexe.
Après avoir fait l'exploitation de L'île, j'ai demandé un travail aux enfants se basant sur ce livre
mais qui n'a pas un réel intérêt pour l'exploitation du livre et pour le projet. Mais néanmoins il était
en rapport avec la tolérance.
Il ne peut être considéré comme faisant
parti du projet car j'ai demandé un écrit
littéraire et non un écrit de travail. Or seuls les
écrits de travail peuvent servir à l'exploitation
d'oeuvres littéraires.
Il s'agit donc ici d'une activité satellite.
34
Précisons que les écrits demandés ne relèvent pas de l'expression écrite .
Les écrits sont, en la circonstance, conçus comme des écrits de travail, transitoires et éphémères, au service de l'é laboration de la pensée et de l'échange de l'opinion.
Tauveron, C. 2002. Lire la littérature à l'école. P104 – p 167.
Je leur ai demandé de me récrire l'histoire de l'île mais cette fois en imaginant que le naufragé
est bien accueilli.
Les enfants ont donc écrit une histoire avec une fin heureuse et un bon accueil des insulaires.
Dans la plupart des écrits des enfants, le naufragé devient le chef de l'île. Mais il y a eu de
nombreuses choses intéressantes ; le naufragé étant accueilli dans une superbe villa, les habitants lui
proposent d'aller boire un coup pour parler, ils lui proposent un travail qu'il accompli à merveille,
les insulaires l'aiment tellement qu'ils sont très tristes lorsqu'il décide de partir, etc.
Cette activité n'a pas eu un réel intérêt pour le projet, mais elle a permis de montrer que les
enfants accordent une grande importance à la matérialité. Un bon accueil était généralement
synonyme de cadeaux, de belles maisons, etc.
2.3.3 – La deuxième séance.
2.3.3.1 – La mise en lien avec leur quotidien.
J'ai donc commencé cette séance comme je l'avais prévu, c'est à dire avec l'activité que je n'avais
pas eu le temps de faire.
Cette activité consistait en la lecture du texte de la seconde de couverture. En effet, sur cette
page est écrit « L'île une histoire de tous les jours ».
J'ai lu cette phrase et demandé pourquoi l'auteur a t-il précisé cela.
Les élèves m'ont répondu que l'auteur voulait nous dire que chaque jour quelque part dans le
monde il y avait des actes racistes ou bien des gens qui maltraitent des personnes pour le prétexte
qu'elles sont étrangères. Mais ils se sont arrêtés là et n'ont pas poussé plus loin leurs réflexions.
Je leur ai donc demandé s'ils étaient d'accord avec l'auteur et que quelque soit leur réponse ils
devaient argumenter.
Cette question a amené un long débat (une demie heure) grâce à de très nombreuses réactions.
En effet, tous les enfants ont soutenu l'affirmation de l'auteur et ont étayé leur prise de position
35
par des exemples qu'ils ont vécu ou vu ou bien encore lu. Ce débat a permis de faire un lien avec le
quotidien des enfants et ils se sont beaucoup impliqués dans cet échange en apportant des exemples
très concrets et divers.
a – Un témoignage émouvant donc important.
Ainsi, nous avons eu le témoignage d'une petite fille arrivée l'année précédente dans le village et
qui est d'origine africaine qui nous a expliqué qu'elle se sentait exclue au début où elle est arrivée
dans le village et qu'on lui avait déjà tenu des propos racistes et que ça avait été très douloureux
pour elle. Il y a eu de très nombreux témoignages mais celui-ci a soudé la classe autour du projet et
a amené un regain de motivation.
Ce témoignage était le plus fort mais d'autres ont été très intéressant puisque les enfants ont
élargi leurs propos à de nombreux cas.
b – Un témoignage montrant la diversité des situations intolérantes.
Le handicap a été abordé grâce à l'intervention d'un enfant qui a passé du temps avec une petite
handicapé, elle s'est rendu compte qu'elle était souvent la cible des regards et de moqueries. Il y a eu
d'autres thèmes de ce type pour lesquels les enfants étaient tous d'accord.
Tous les thèmes étaient intéressants mais la bonne morale veut qu'on ne se moque pas des
handicapés ou en tout cas qu'on ne le reconnaisse pas. Il n' y a donc pas eu débat autour de ces
thèmes car tout le monde était d'accord ou tout du moins n'osait pas aller contre le groupe classe.
c – Un témoignage qui divise la classe et relance le débat.
Par contre d'autres sujets ont été discutés et ont amené des débats où les opinions divergeaient.
Le thème des mendiants a divisé la classe. Certains disant que c'était des gens qui n'avaient pas
eu de chance dans leur vie et qu'il fallait donc les aider. Pour d'autres, ce sont des alcooliques qui
prennent de la drogue et utilisent l'argent qu'on leur donne pour s'acheter ces substances.
J'ai senti qu'on avait là les représentations familiales qui s'exprimaient à travers la bouche des
enfants, le débat était de plus en plus engagé, finalement chaque enfant défendait les positions de
ses parents et ils ne voulaient donc pas changer d'avis.
J'ai décidé pour la première fois depuis le début de ce débat, d'intervenir. Je leur ai demandé à
36
tous s'ils connaissaient un mendiant et s'ils avaient déjà discuté de tout ça avec eux ou bien s'ils
avaient déjà vu un mendiant s'acheter de l'alcool avec l'argent qu'on lui avait donné.
Tous m'ont répondu que non, je leur ai donc demandé pourquoi ils avaient tous des opinions si
tranchées sur les mendiants. Ils se sont alors rendu compte qu'ils se basaient sur des choses qu'on
leur avait racontées ou bien selon l'apparence de ces personnes ou bien encore d'après ce qu'ils
avaient vu à la télévision.
Ce débat était donc de très bonne qualité et a permis de faire réfléchir les enfants sur leur propre
attitude vis à vis de la tolérance et de certains actes. Il a permis de voir que la tolérance est
nécessaire à chaque instant.
d – Un témoignage dérangeant.
Les nombreuses interventions ont permis de discuter de nombreux cas où chacun a pu réfléchir à
l'attitude appropriée.
Néanmoins, un thème m'a posé problème car mon but était de ne pas intervenir et de ne pas
censurer, mais un enfant a introduit le thème de la tolérance envers les prostitués qui sont souvent
maltraitées et rejetées par la société. C'est un aspect de la tolérance et ce thème était très intéressant
grâce aux interventions, mais je me suis demandé le retour des parents lorsqu'ils apprendront que ce
thème a été abordé à l'école.
Avant de clore le débat, j'ai résumé les situations qui avaient été abordées et je leur ai demandé
comment cela s'appelait lorsqu'on se moquait des handicapés ou lorsqu'on voulait que les étrangers
rentrent dans leur pays, etc. Ils ont proposé de nombreux mots (moquerie, exclusion, racisme,
antisémitisme...) puis après étayage, ils ont compris que depuis le début on parlait de l'intolérance.
2.3.3.2 – Une explicitation de la tolérance.
J'ai donc clos ce débat et je leur ai demandé, pour eux qu'est ce que c'est qu'être tolérant .
Un consensus a été trouvé assez rapidement autour de plusieurs attitudes :
_ Ne pas exclure.
_ Ne pas se moquer.
_ Ne pas être méchant.
37
_ Ne pas être raciste.
_ Accepter tout le monde.
2.3.3.3 – La tolérance dans la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen.
J'ai lu aux enfants deux articles de la Déclaration des Droits de l'Homme (DDHC). Il est à noter
qu'ils étaient en train de traiter la révolution et toute son époque en histoire. Ils venaient donc de
découvrir la DDHC.
L'introduction de la DDHC permet de montrer aux enfants qu'il existe un texte qui oblige
chaque personne vivant en France à respecter l'autre et à avoir une attitude tolérante. Ce rapport au
texte permet de légitimer le travail sur la tolérance.
Les articles 1 et 10 :
Je leur ai proposé de me reformuler ces deux articles et de m'expliquer ce qu'ils voulaient dire
et donc ce qu'ils interdisaient. Ils ont expliqué que ces deux articles obligeaient à être tolérant.
Je leur ai donc demandé si, avec tout ce qu'on venait de voir durant le débat, nous étions
tolérant. Ils ont reconnu que nous ne sommes pas suffisamment tolérant.
Ils ont donc compris que le but était de faire quelque chose afin de changer cela.
2.3.3.4 – La suite du projet.
Je leur ai expliqué la suite du travail.
Sachant que personne n'est suffisamment tolérant malgré l'existence d'un texte qui fixe une
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Article premier : Les hommes naissent et demeurent libres etégaux en droits. Les distinstions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Article 10 : Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par le loi.
Décalaration des droits de l'Homme et du citoyen du 26 août 1789.
obligation de tolérance, nous allons essayer de faire quelque chose, à notre niveau pour
communiquer aux gens de notre entourage afin de les sensibiliser et les faire réfléchir sur leur
attitude.
Cette activité a deux but. Le premier est celui que j'ai exposé aux enfants qui est de faire
réfléchir les gens sur leur conduite. Mais le second, que je ne leur ai pas expliqué, est que ce travail
va être l'occasion pour eux de réfléchir sur leur propre comportement et d'ébaucher les premiers
traits de leurs attitudes face à certaines situations.
Une discussion s'est donc engagée, je leur ai proposé de rédiger une charte, nous avons été voir
ce qu'est une charte dans le dictionnaire. Mais cette idée ne leur a pas convenu. Des élèves ont
proposé de faire un questionnaire avec des questions portant sur l'attitude des gens lorsqu'ils sont
confrontés à des situations mettant en jeu leur tolérance. Tous les enfants ont alors adhéré à cette
idée.
A la vue de l'enthousiasme de la classe, je n'ai pas voulu refuser. Le projet final est donc de
réaliser un questionnaire pour le proposer aux gens pour qu'ils aient un regard critique sur leur
façon d'être.
J'ai donc expliqué que le but était de concevoir un questionnaire avec des questions traitant de
la tolérance mettant à l'épreuve les gens. Afin de les aider à les rédiger, je leur lirai des livres qui
leur donneront peut-être des idées. Mais ils sont totalement libres dans le choix de leur questions.
Ce sera la classe au cours d'une séance qui choisira les questions jugés les plus pertinentes.
Par contre j'ai ajouté une indication. J'ai tenté de leur expliqué qu'il fallait des questions
subtiles :
Vous voyez un homme aveugle qui traverse la rue :
_ vous lui dites qu'il n'y pas de voiture qui arrive alors que ce n'est pas vrai.
_ Vous le poussez sur la route pour qu'il traverse plus vite.
_ vous l'aidez à traverser.
Avec des questions de ce type, personne ne va choisir l'une des deux premières réponses. J'ai
donc essayé de les emmener vers des questions plus subtiles.
2.3.4 – Un travail ponctuel pour trouver des questions et la mise en commun finale.
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J'ai dégagé plusieurs plages assez courtes pour que les enfants aient le temps de rédiger des
questions et je leur ai lu des livres concernant la tolérance (Le mendiant, Léon, Bélisaire, Flix)
pendant la plage quotidienne accordée à la lecture offerte.
La dernière semaine, les enfants ont donc choisi les questions qui leur semblaient les meilleures.
Donc, lors d'une séance, chacun devait choisir ses meilleures questions pour les proposer au reste de
la classe. Puis suivait une petite période où ceux qui étaient pour ou contre argumentaient. Puis, il y
avait un vote pour choisir si l'on retenait cette question.
Au final, nous avons obtenu le questionnaire suivant :
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Une nouvelle personne arrive dans votre village :
.Vous allez chez elle et lui souhaitez la bienvenue – ٱ◊ – Quand vous la croisez, vous la saluez.Ο – Vous parlez d'elle avec les autres habitants sans jamais lui avoir adressé la parole.
Cette même personne vient sonner à votre porte car elle n'a plus de farine, mais vous n'en avez presque plus.
.« Vous dites tout simplement : « je n'en ai plus – ٱ◊– Vous lui dites qu'il faut aller en acheter.Ο - Vous lui donner le peu de farine qui vous reste.
Un garçon noir joue au foot et balance son ballon sur votre voiture :
.Vous lui dites que ce n'est pas grave mais il faut qu'il fasse attention – ٱ◊ – Vous le grondez.Ο – Vous le ramener à ses parents en leur disant qu'il est mal éduqué.
Dans un magasin, la caissière vous rend mal la monnaie :
.Vous lui dites gentiment qu'elle s'est trompée – ٱ◊– Vous lui dites qu'elle doit tout de même faire attention.Ο – Vous lui dites qu'elle fait mal son travail et qu'elle aurait dû mieux travailler à l 'école.
Une personne pauvre est assise par terre dans la rue et elle vous demande de l'argent :
.Vous lui donnez de l'argent en prenant pitié de lui – ٱ◊– Vous l'ignorez.Ο – Vous lui dites qu'il n'a qu'à trouver du travail.
Une personne que vous ne connaissez pas vient vous demander pour planter sa tante dans votre pelouse afin de passer la nuit :
◊ - Vous lui trouvez un grand pré le plus loin possible de chez vous. Vous êtes gentil, vous acceptez avec joie, vous lui dites que votre jardin est grand et qu'il y a de la place - ٱpour lui.Ο - Vous lui dites qu'il n'y a pas de place alors que ce n'est pas vrai.
Résultats : _ Si vous avez une majorité de ◊ vous devriez essayer de découvrir un plus les autres et d'être plus tolérant. _ Si vous avez une majorité de ٱ vous êtes très tolérant, c'est bien et c'est très rare, continuez. _ Si vous avez une majorité de Ο vous n'êtes pas du tout tolérant, faites un effort, soyez tolérant. Vous verrez les gens seront ensuite plus gentils avec vous.
41
On se rend donc compte qu'il y a certaines questions où la réponse sera toujours la même et les
gens n'oseront pas avouer l'attitude qu'ils auraient eu si la situation s'était réellement produite.
Néanmoins, ce questionnaire me semble intéressant car il permet de confronter les personnes
avec des attitudes qu'ils ont déjà eues, ils se rendent alors compte que leur attitude n'avait pas été
très tolérante.
Ce travail aurait dû avoir une suite mais cette mise en commun a eu lieu le dernier samedi du
stage, nous n'avons donc pas pu continuer. Je vais expliquer dans la prochaine partie ce qu'il aurait
été intéressant de faire.
2.4 - Des choses à changer et à rajouter à ce projet.
2.4.1- Des choses à changer.
Il me semble que lors de l'exploitation de l'île, j'aurais dû commencer l'après-midi pour
continuer le lendemain matin car les enfants commençaient à avoir une baisse de concentration à la
fin de l'exploitation, ce qui est bien normal après l'effort de concentration demandé qui en plus
durait assez longtemps.
J'aurais dû accorder plus de plages horaires à mon projet pour réussir à créer un véritable réseau
autour du thème de la tolérance puis une fois un grand nombre de livres exploités, faire une mise en
commun de toutes les formes d'intolérance rencontrées. Cette mise en commun aurait servi de base
à la suite du travail pour faire une charte de la tolérance, elle aurait aussi pu montrer différents
points de vue sur la tolérance.
Avec le recul, je ne suis pas persuadé de l'intérêt du questionnaire pour les gens, mais je n'arrive
pas à savoir. D'un côté, il peut servir d'accroche aux gens pour les emmener vers la lecture d'une
charte de la tolérance et d'un autre côté, il ne présente pas un grand intérêt car tous les gens vont
répondre avec les possibilités les plus tolérantes. Au moment d'écrire ce mémoire, je ne sais
toujours pas si plus tard lorsque je referais ce projet je reprendrais cette idée de faire un
questionnaire.
42
2.4.2 - Des choses à rajouter.
Si nous avions eu le temps, nous aurions finalisé ce questionnaire en lui joignant une petite
charte de la tolérance. J'aurais aussi voulu que les enfants utilisent ce questionnaire à la manière
d'une enquête et qu'ils aillent le poser à un maximum de personnes. Cette activité aurait été
l'occasion de parler de la tolérance avec leurs parents et les gens qui les entourent au quotidien.
Une chose aurait pu être faite si j'avais eu cette classe à l'année donc présent une année entière
dans le village : demander au maire s'il pouvait publier la charte de la tolérance dans le bulletin
municipal afin qu'elle soit lue par les gens du village. Ceci aurait permis aux enfants de parler de la
tolérance avec différentes personnes et de confronter leur point de vue avec celui des autres. On
aurait pu aussi sensibiliser les gens sur certaines attitudes.
Comme je l'ai déjà dit, j'aurais voulu créer un véritable réseau autour du thème de la tolérance.
Ceci nous aurait permis d'avoir de nombreux points de vue pour les mettre en commun. On aurait
pu voir différents types d'intolérance.
43
Conclusion :
Finalement, ce projet achevé, on ne sait pas si il a servi à quelque chose. En effet, comment
savoir si les enfants sont plus tolérants qu'avant. La tolérance est quelque chose qui est très difficile
à évaluer. Par contre, je suis sûr d'une chose : les enfants ont été marqués par ce travail, ils en
parlaient beaucoup pendant les récréations et y faisaient souvent référence.
Or il me semble que la réflexion sur la tolérance peut amener de nombreux progrès. Si on
apprend déjà aux enfants à avoir une réflexion sur leur propre attitude, on peut tout de même penser
qu'il y a de fortes chances pour qu'ils deviennent plus tolérants. Cependant il m'est bien impossible
d'affirmer que ce travail a servi à quelque chose. Mais je reste persuadé que même si on ne sait pas
si les enfants deviennent plus tolérants, il est extrêmement important de faire des activités sur la
tolérance et sur les différentes valeurs.
Il y a plusieurs critiques à émettre sur ce projet. La première est que je n'ai pas réussi à
l'emmener aussi loin que je le désirais. Nous avons certes réussi à terminer le questionnaire mais
nous n'avons pas réussi à lui joindre une charte. Nous n'avons pas eu le temps de voir comment et à
qui le poser. Le stage ne durait que trois semaines, mais j'aurais dû accorder plus de plages horaires
à ce travail qui me semble essentiel. Finalement je ressens une grande frustration de ne pas avoir été
plus loin. Je suis aussi déçu de ne pas avoir travaillé sur un plus grands nombre de livres qui
auraient permis une plus grande diversité des approches.
Je suis donc impatient de pouvoir remettre ce projet en place dans une classe où je serais présent
toute l'année. L'objectif serait toujours de faire une charte afin de la faire connaître au plus grand
nombre mais le moyen d'y arriver serait quelque peu différent. En effet, il me semblerait intéressant
de faire un projet sur une durée beaucoup plus importante en se basant sur une mise en réseau de
nombreux livres traitant de ce sujet. J'aimerai bien reprendre ce projet en lui liant aussi une partie
historique qui nous permette de voir des exemples d'intolérance à travers l'histoire et les livres. Un
travail de ce type pourrait permettre de faire une exposition très intéressante et enrichissante pour
les élèves mais aussi pour les personnes la visitant.
Finalement, si on revient à l'idée de départ qui était de combattre l'intolérance en utilisant la
littérature. Je pense avoir découvert une piste qui permet d'introduire des débats très intéressants qui
peuvent avoir un effet bénéfique sur les enfants mais je n'ai pas trouvé toutes les réponses, de
nombreux autres projets sont possibles en partant du même sujet.
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Ce mémoire a permis d'amorcer un travail que je reprendrais et modifierais probablement dans
les années qui arrivent pour en faire le projet central d'une année scolaire.
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Bibliographie :
Tauveron, Catherine. Lire la littérature à l'école. Pourquoi et comment conduire cet apprentissage
spécifique ? De la GS au CM. Paris. Hatier. 2002. 351 p.
Miri Nadia & Rabany Anne. Littérature : album et débat d'idées. Paris. Bordas. 2003. 128 p.
Lecomte Janine & Darquets Liliane. L'éducation civique au cycle 3. Paris. Retz.. 1999. 192 p.
Documents d'application des programmes. Cycle des approfondissements. Paris. CNDP. 2002.
Résumé :
La tolérance est une valeur indispensable à la vie en société, l'école a donc obligation de rendre les
enfants plus tolérant mais comment faire pour éviter les leçons de morales comme on le faisait
auparavant ? L'école ne doit pas inculquer mais seulement amener les enfants à être plus tolérants.
Ce mémoire explore une possibilité basée sur la littérature.
Mots clefs : Littérature de jeunesse – éducation civique – tolérance – débat.
Annexes
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Des endroits pour recevoir des bons conseils
sur la littérature de jeunesse.
Comme je l'avais dit, il me semble important de remercier les lieus qui m'ont permis de trouver les
livres que j'ai utilisé. Ces endroits sont l'occasion de rencontrer des personnes très compétentes et
qui ont une très bonne connaissance de la littérature jeunesse.
Je remercie :
_ La bibliothèque municipale de Lyon – La part-dieu et plus particulièrement le secteur jeunesse.
_La bibliothèque municipale de Mâcon et son secteur jeunesse.
_La librairie La luciole à Vienne.
Deux sites internet qui sont des mines d'or :
http://www.livrjeun.tm.fr/
http://www.ricochet-jeunes.org/
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I
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Annexe 1
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II
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Remerciements :
Je tiens à remercier Mme Claustre qui m'a fournie une aide précieuse et m'a apporté de précieux
conseils.
Je remercie tous les enfants de la classe de Clessé qui ont été formidables pendant tout ce projet
avec un engagement total.