LOUISON Yolène DESS Muséologie et Nouveaux Médias Université Jean Moulin Lyon 3
Sous la direction de MM. B. Deloche et A. Delisle
STAGE AU MUSEE DU CHÂTEAU RAMEZAY, Montréal (Québec, Canada)
L’exposition « en ligne » : outil
d’apprentissage propre au musée ?
30 mai 2005 – 26 août 2005
2
Si les sites de musées sont aujourd’hui répandus et répondent à une demande formalisée,
il n’en va pas de même pour les expositions en ligne. Il me semble cependant important de
connaître ce nouveau média pour mieux appréhender l’avenir des musées qui vivent désormais
dans un contexte où Internet, multimédia et Nouvelles Technologies de l’information et de la
Communication abondent.
Mon stage, qui se déroule au Musée du Château Ramezay, m’a donné l’occasion de mener
cette recherche en me proposant d’élaborer une exposition virtuelle afin d’améliorer et de
réactualiser l’offre communicationnelle.
***
Ces quelques mois passés au Musée de Château Ramezay ont été enrichissants et je souhaite
remercier toutes les personnes qui ont contribué à l’aboutissement de mon projet :
- André Delisle, pour son accueil et son aide précieuse.
- L’équipe du musée : Amélie, Émilie, François, Julie, Marie-Pier, Oriane, Patrick, Pierre,
Suzanne, Sylviane et Vincent pour leur gentillesse, leur dynamisme et leur coopération.
- Les stagiaires et les employés temporaires du musée : Aaron, Alex, Bruno, Claire, Christina,
Éric, Hélène, Jean-Pascal, Lauriane, Maribel, Marta, Marie, Marjorie, Mathilde et Sophie pour
leur enthousiasme et leur bonne humeur quotidienne.
ainsi que,
- Danielle Boily, gestionnaire des portails du RCIP/CHIN à Gatineau (Qc)
- Marie-Claude Larouche, coordinatrice du Programme éducatif en ligne EduWeb et Nicole
Vallières, directrice de la gestion de la collection et de l’information du Musée McCord à
Montréal (Qc)
3
- John Willis, historien-expositions du Musée canadien de la Poste et Stephen Alsford,
gestionnaire du site Web du Musée des Civilisations à Gatineau (Qc)
- Jules Morissette, analyste informatique du Musée de la Civilisation à Québec (Qc)
- André Massé et Daniel Rivet, directeur de la production et des opérations du Labidéeclic à
Gatineau (Qc) pour m’avoir accueillie
et,
- Emilien Dupont, pour avoir eu la gentillesse de faire part de ses conclusions de recherche sur le
thème des expositions virtuelles.
4
IIIIntroductionntroductionntroductionntroduction
Le terme générique de musée au Québec est une notion large et s’applique autant aux
musées qu’aux centres d’expositions et aux lieux d’interprétation. Ces différentes catégories
forment le réseau muséal québécois. Toutes ces institutions constituent des organismes à but non
lucratif dont le point commun résulte dans la volonté d’être des lieux d’éducation et de diffusion
consacrées à la culture, à la science et au patrimoine. Acquérir, conserver, étudier et mettre en
valeur une collection constituent les principales caractéristiques des musées (élargis aux jardins
botaniques et zoologiques ainsi que les aquariums, puisqu’ils possèdent également des
« collections vivantes »). Cependant, tout comme les centres d’exposition et les lieux
d’interprétation, ces musées participent à la recherche et préparent des activités de diffusion, sous
forme de publications, d’expositions, d’activités éducatives…
Le musée du Château Ramezay correspond exactement à cette définition classique,
largement acceptée dans la communauté muséale mondiale1. Il appartient également à la Société
des Musées Québécois (SMQ) qui est le porte-parole des institutions muséales et professionnelles
de la muséologie et de la muséographie au Québec. Fondée en 1958, la SMQ, organisme à but
non lucratif, regroupe près de 275 membres institutionnels et 600 membres individuels ou
associés. Son principal mandat est de veiller à l’intérêt du réseau muséal québécois.2
En 1991, la SMQ se dotait du réseau Info-Muse afin d’assurer un réseau d’échange
d’information sur le patrimoine québécois. Ses principaux objectifs visent à encadrer le processus
d’informatisation des données textuelles et de numérisation des images des collections muséales
du Québec, ainsi qu’à favoriser la mise en réseau de ces collections. L’intérêt de ce projet
consistait à établir un service de gestion des collections amélioré et modernisé. Mais la SMQ
projetait également de rendre accessible à un plus large public cette collection nationale. Ainsi fut
crée Musées à découvrir, avec les portails Réserve virtuelle, Collections s’animent et Zone
scolaire. Désormais, la SMQ allait se consacrer davantage aux publics, en prenant en compte
leurs besoins et leurs centres d’intérêts et en développant des stratégies de communication
1 Elle se rapproche de celle de l’ICOM (2001) : « Le musée est une institution permanente, sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public et qui fait des recherches concernant les témoins matériels de l'homme et de son environnement, acquiert ceux-là; les conserves, les communique et notamment les expose à des fin d'études, d'éducation et de délectation » http://icom.museum/hist_def_fr.html 2 http://www.smq.qc.ca/publicsspec/smq/mission.phtml
5
efficaces, axées sur la convivialité, la vulgarisation, l’interactif et la mise en scène par tableaux
animés3.
Ces différentes activités, favorisant l’intégration des Technologies de l’Information et de
la Communication, sont non seulement adoptées par la plupart des musées au Québec, mais sont
également inscrites dans les nouvelles orientations du programme de formation de l’école
québécoise du Ministère de l’Éducation du Québec. Ainsi, le musée québécois s’engage sur la
voie de l’ère numérique par l’intermédiaire de sa vocation éducative en devenir. Cependant,
comment passer d’une simple ressource archivée à une ressource pédagogique ? Comment
utiliser les données numérisées et à qui les diffuser ? Dans cette nouvelle situation, le visiteur
investit le champ muséal par sa présence active, créatrice même. Devenu un quasi alter ego du
musée, il n’est plus le simple apprenant ignorant et passif venu s’instruire. Une communication
bilatérale s’est instaurée depuis le temps du musée-temple. Aujourd’hui, avec l’arrivée des NTIC,
l’interactivité avec le public est de mise. Les bouleversements engendrés par la révolution
technologique incitent à repenser le rapport musée/public et à reconsidérer les moyens employés
pour permettre une nouvelle relation socio-éducative.
L’exposition en ligne, appelée plus généralement « exposition virtuelle »4 constitue
aujourd’hui l’outil privilégié, à défaut d’autres systèmes existants, pour formuler cette nouvelle
relation. Produit complexe, car à la fois exposition et site Web, l’ « exposition virtuelle » tente
aujourd’hui de concilier NTIC5, mise en valeur des collections ou du patrimoine et activités
éducatives centrées sur les publics. Alors que cette tendance est déjà observée dans les grandes
Institutions du Québec, telles que le Musée de la Civilisation à Québec et le Musée des
Civilisations à Gatineau, il est important de considérer cette approche pour l’élaboration du
projet, commandé par le musée du Château Ramezay, sans pour autant négliger de le confronter à
un regard critique. Il ne suffit pas « de faire comme » ...
Ainsi, ma mission de stage repose sur cette problématique : dans le contexte de
l’évolution des espaces physiques de musée vers un engagement pédagogique, l’ « exposition
virtuelle » est-elle seulement un faire-valoir de cette évolution ou apporte-t-elle des éléments
innovants en termes de d’apprentissage ?
3 SIMARD, Françoise, LAPOINTE, Linda, Patrimoine muséal du Québec : accès et mise en valeur, ICHIM 2003 4 Nous emploierons les deux termes dans le même sens. 5 Nous prendrons l’habitude durant cette étude de nommer les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication par leur abréviation NTIC.
6
La mission de stage s’est déroulée de manière à inscrire le projet dans une perspective
pédagogique tout en répondant aux besoins spécifiques et aux exigences du Musée Château
Ramezay, édifice historique et musée à collections.
7
CHAPITRE 1 LE CONTEXTE DE RECHERCHE
8
1. Cadre de la mission de stage 1.1. Le Château : d’hier à aujourd’hui, de la demeure au musée
Situé en plein cœur du Vieux-Montréal, le quartier touristique de la ville de Montréal, le
Musée du Château Ramezay propose à ses visiteurs de découvrir l’Histoire de Montréal au
XVIIIème siècle à travers une collection diversifiée, mettant en valeur des artefacts souvent
uniques. La double fonction du bâtiment, à la fois musée à collections et lieu historique, lui
permet d’élargir et d’enrichir sa présentation. L’histoire des lieux vient se greffer ainsi sur la
Grande Histoire de Montréal.
1.1.1. Évolution historique du Château
Le bâtiment, construit en 1705 appartenait à Monsieur Claude de Ramezay, onzième
gouverneur de Montréal. Arrivé en Nouvelle-France en 1685, ce noble originaire de Bourgogne
ne tarde pas à épouser en 1690 Marie-Charlotte Denys de la Ronde, appartenant à l’une des
familles les plus éminentes de la Nouvelle-France. Energique et ambitieux, il poursuit, sur les
terres du Nouveau Continent, sa carrière militaire et gravit rapidement les échelons jusqu’au
poste de gouverneur de Montréal qu’il obtient en 1704. Au lendemain de sa nomination,
Ramezay acquiert un terrain situé à proximité de la palissade, au point le plus élevé de la ville, où
il entreprend de construire sa résidence. Il confie les travaux au maître maçon et architecte Pierre
Couturier. La maison, achevée en 1706, est selon les aveux de son propriétaire « la plus belle qui
soit en Canada ». La demeure compte, en plus de nombreuses dépendances, un magnifique jardin
de 41 880 pieds², composé d’un vaste verger en arbres fruitiers.
A la mort de Claude de Ramezay, en 1724, son épouse cède la demeure et le jardin à
l’Intendant des Colonies Claude-Thomas Dupuy. Son successeur, Gilles Hocquart, sobre et sans
prétentions, utilise essentiellement la demeure pour s’acquitter de ses fonctions d’administrateur
de la justice.
En 1745, trois ans après le décès de Mme de Ramezay, ses héritiers décident de vendre la
propriété à la Compagnie des Indes6 et devient ainsi la « Maison du Castor ». Pour des raisons qui
restent inconnues, la Compagnie apporte en 1756 des modifications sur le bâtiment, notamment
6 La Compagnie des Indes détient le monopole du commerce de la fourrure
9
au niveau de la surface (agrandissement) et de la distribution des pièces : le logis simple7 devient
un bâtiment à corps de logis double8. A l’annonce de la signature du traité de Paris en 1763, où la
Nouvelle-France devient colonie britannique, la Compagnie des Indes est obligée de quitter les
lieux et de vendre la demeure à William Grant, jeune marchand d’origine écossaise, qui l’utilise à
des fins commerciales. En 1773, Grant loue la propriété au gouvernement britannique qui
s’engage à réparer la toiture, les balcons et escaliers extérieurs.
En 1775, l’armée révolutionnaire américaine, sous les ordres du général Montgomery,
arrive à Montréal et installe ses quartiers généraux dans l’ancien Hôtel de la Compagnie des
Indes. En 1776, l’Hôtel verra défiler officiers et orateurs, dont Benjamin Franklin, envoyé par le
congrès pour tenter de rallier les Canadiens à leur cause, mais en vain. Les troupes doivent se
retirer et quelques jours plus tard, l’armée britannique réintègre la Maison Ramezay.
A partir de 1778, le gouverneur général de la colonie acquiert la demeure, désormais
appelée «Hôtel du Gouvernement » pour y installer ses appartements lors de ses séjours
occasionnels. Vers 1838, des bureaux de fonctionnaires sont aménagés dans l’enceinte du
bâtiment qui voit ainsi sa vocation d’habitation initiale détournée. Jusqu’en 1893, la demeure
accueille tour à tour différentes institutions, comme le palais de justice, le ministère de
l’Instruction publique, la faculté de Médecine de l’Université Laval.
En 1893, l’édifice, mis aux enchères et menacé de démolition, est sauvé par la Société
d’Archéologie et de Numismatique de Montréal9 qui convainc la Ville de Montréal d’acquérir
l’édifice pour le lui louer. En contrepartie, la société s’engage à y installer un musée.
L’inauguration du bâtiment dans ses nouvelles fonctions est célébrée en 1895.
En 1929, le Château accède au rang de joyau du patrimoine québécois et devient le
premier Monument Historique classé. Cette distinction lui vaut aujourd’hui de compter parmi les
plus anciens musées de la ville de Montréal et parmi les plus beaux vestiges architecturaux du
XVIIIème siècle.
7 Une seule série de pièces distribuées en enfilade. 8 Deux séries de pièces séparées par un mur de refend longitudinal : l’une donnant sur la façade, l’autre sur la cour arrière. 9 Cette société regroupe des gens préoccupés par la sauvegarde du patrimoine
10
1.1.2. Un musée à collections
L’édifice abrite une collection riche et variée, constituée d’objets rares et significatifs d’un
point de vue historique. Les quelques 30 000 objets, la plupart conservés dans les réserves à
l’extérieur du musée, se répartissent en quatre groupes de collection :
- la collection d’ethnologie européenne et amérindienne (objets religieux, objets d’art
décoratif, objets liés au vêtement, mobilier)
- la collection d’œuvres d’art (estampes, peintures, sculptures)
- la collection de numismatique (depuis quelques temps, l’exploitation de cette
collection n’est pas réellement mise à profit)
- la bibliothèque et les archives
Les collections (5% de la totalité) sont actuellement exposées sur deux étages, de
superficie comparable. Au rez-de-chaussée, l’évolution historique, économique, politique et
sociale de Montréal, de l’établissement amérindien jusqu’au XIXème siècle est racontée à travers
l’exposition « Hochelaga, Ville-Marie, Montréal ». Au rez-de-jardin, sous les voûtes, est
présentée depuis 2003, une seconde exposition permanente, reprenant les aspects de la vie
quotidienne à Montréal au XVIIIème siècle.
Les deux dernières salles du rez-de-chaussée accueillent, sur un cycle de trois mois, des
expositions temporaires ou des expositions itinérantes portant sur des thèmes connexes,
élargissant ainsi le champ d’investigation du musée. L’exposition temporaire en cours s’intitule
Aventures Botaniques10 et raconte l’incroyable histoire d’hommes qui ont traversé mers et océans
à la recherche de nouveaux spécimens végétaux. Cette exposition est par ailleurs un très bel
exemple des relations entre la France et la Nouvelle-France au XVIIIème siècle.
Dans le domaine de la numérisation des collections, la base de données du musée, gérée
par le logiciel « micromusée » de Mobydoc est actuellement en train d’être complétée. 13 500
artefacts sont déjà répertoriés. A la rentrée, le musée souhaite compléter 3 500 fiches d’inventaire
qui vont être déversées sur le réseau d’Info-Muse de la SMQ.
10 Voir page 32
11
La salle de Nantes, célèbre pour ses boiseries
Un accueil chaleureux...
La salle des
Patriotes
La salle
commune « La vie
quotidienne au XVIIIème siècle »
LeLeLeLe MuséeMuséeMuséeMusée
12
1.2. Le Jardin : nouvelle composante, nouvelle perspective. Le Jardin du Gouverneur fait aujourd’hui partie intégrante du musée. Principalement situé
à l’arrière du bâtiment, il permet aux promeneurs de profiter d’un coin de nature en plein centre-
ville et aux visiteurs du musée de poursuivre leur exploration historique.
1.2.1. Projet de l’inauguration du jardin du Gouverneur
Le projet du Jardin du Gouverneur est né de la volonté de réhabiliter l’espace occupé par
une aire de stationnement adjacente au bâtiment du musée. En 2000, les démarches lancées cinq
ans plus tôt aboutissent à l’aménagement d’un jardin couvrant 750 mètres carrés, contre 4500
mètres carrés à l’époque où son premier propriétaire vivait.
Le jardin, dans l’idée du Directeur du Musée Château Ramezay, se veut le trait d’union, le
lien physique et visible entre le musée et le château, typique du XVIII siècle, et entre le musée et
la famille de Ramezay, premiers propriétaires et habitants du château. L’espace, recrée selon des
plans symboliques tient plus d’une restitution des jardins de la Nouvelle-France qu’une
reproduction fidèle du jardin de Mr de Ramezay. Ce dernier était d’ailleurs considéré comme l’un
des plus beaux et des plus grands de la ville qui en comptait 186 à l’époque. Mais bien que sa
représentation soit conforme aux jardins dits « à la française », le Jardin du Gouverneur de saurait
prétendre au statut de jardin historique, statut clairement défini dans l’article 17 de la Charte de
Florence :
« Lorsqu’un jardin a totalement disparu ou qu’on ne possède que des éléments
conjecturaux de ses états successifs, on ne saurait entreprendre une restitution
relevant de la notion de jardin historique11. »
A l’heure actuelle, le Jardin est composé de deux sections distinctes, de part leur
emplacement et leur signification. La première, située devant l’entrée du musée, est de
conception typiquement anglaise. D’esprit victorien, cet espace mêlé de motifs floraux agencés
sans ordre spécifique tente de restituer l’atmosphère romantique des jardins anglais d’antan.
L’allée, aux contours sinueux, descend vers la seconde section du jardin, placé en arrière de
l’édifice. Le jardin du bas comprend un potager, un jardin floral et un verger. Cette division
11 Charte de Florence : http://www.international.icomos.org/f_floren.htm
13
classique, héritière des jardins du Moyen-Âge et de la Renaissance, montre l’influence de la
tradition française.
14
Le Jardin du Gouverneur, dans l’esprit de
la Nouvelle-France
15
1.2.2. Un lieu reconstitué et interprété
Aujourd’hui, le jardin est le théâtre de nombreuses activités ponctuelles (événements),
familiales, didactiques (un jardinier est en permanence disponible pour répondre aux questions
des visiteurs) ou même éducatives (ateliers pour les publics scolaires, camps de jour). Le jardin
du Gouverneur est devenu un véritable espace d’agrément où nos cinq sens s’éveillent et
prennent toute leur signification. Mais avant d’être une entité à part entière, le jardin exprime
avant tout le lien avec le château. Le jardin était traditionnellement considéré comme le
prolongement de la maisonnée. Devant la volonté de faire valoir cet aspect historique essentiel,
un projet de mise en valeur a été lancé pour l’intégrer dans une perspective muséale. Des
programmes culturels et éducatifs sont venus appuyer la reconstitution historique, basée
essentiellement sur des données symboliques, imprécises ou lacunaires. En effet, les croquis
n’étaient pas suffisamment précis pour entamer une réelle restauration du jardin d’antan, et
d’autre part, il n’avait pas été possible de retrouver des traces physiques qui auraient certainement
apporté des indications précieuses quant à l’emplacement et au contenu du jardin du Gouverneur.
L’interprétation du lieu s’est confrontée à deux réalités historiques : le régime français au
temps de Mr de Ramezay et le régime anglais après 1763. Quelle strate de mémoire privilégier ?
Quelle est la plus pertinente, la plus représentative, la plus fidèle ? Le musée a finalement opté
pour mettre en valeur les deux périodes historiques de façon distincte, devant et en arrière du
bâtiment. Le jardin réfère alors à deux styles différents qui ont connu leur apogée aux XVIIIème
(style Nouvelle-France) et XIXème siècle (style anglais).
Malgré la reconnaissance de cette double identité, la médiation choisie pour
l’interprétation du lieu s’est davantage concentrée sur le jardin de composition française et sur les
liens entretenus avec le XVIIIème siècle et la famille Ramezay, afin de conserver une cohérence
entre le musée et le jardin. Ainsi, un livret d’accompagnement a été mis en vente pour permettre
aux visiteurs de se repérer plus facilement et de parcourir le jardin de façon autonome. Une étude
de publics réalisée par des étudiantes de l’école du Louvre a montré les avantages multiples de ce
petit guide personnel qui concerne l’ancrage du jardin dans un contexte historique et
l’identification des plantes (descriptifs sur les plantes les plus courantes ou les plus importantes
pour la vie en Nouvelle-France au XVIIIème siècle). Pour mieux rendre compte de la continuité
du musée, de la bâtisse et du jardin, un projet de médiation sonore a été proposé et vient d’être
installé dans les allées du jardin, sous la forme de cinq panneaux sonores reprenant les
caractéristiques historiques, sociales et scientifiques (domaine de la botanique). De plus, ce genre
16
de médiation, totalement originale dans le cadre d’un jardin, favorise amplement l’acceptation de
celui-ci comme espace d’exposition supplémentaire. Le jardin possède alors son propre système
d’interprétation qui reprend les éléments fondateurs de la mission du musée.
Il va sans dire que les bases du projet devront s’inscrire dans cette orientation afin de
renforcer les liens existant entre l’édifice et le jardin et mettre également en avant les missions du
musée.
17
Livret
d’accompagnement
du Jardin du
Gouverneur
Panneaux sonores multilingues
le jardin
lieu de nature, lieu de culture
18
1.3. Orientations muséologiques du Musée du Château Ramezay
1.3.1. Une mission double
Inauguré en 1895, le musée du Château Ramezay est considéré comme une des plus
anciennes institutions muséales privées au Québec. A l’origine, le musée présentait
essentiellement une galerie de portraits et une collection riche de pièces et de médailles, héritées
de la Société de Numismatique et d’Archéologie de Montréal. Au fil du temps, les collections se
sont agrandies et diversifiées pour embrasser les disciplines de l’histoire et de l’ethnologie.
Ouvert à une certaine interdisciplinarité, le musée reste sans conteste un musée d’histoire,
spécialiste du XVIIIème siècle, en complémentarité des autres musées d’histoire de Montréal,
comme le musée McCord, axé sur le XIXème siècle, le musée de Pointe-à-Callière, qui retrace
les fondations de la ville d’un point de vue archéologique et le musée Stewart sur l’Ile Sainte-
Hélène, dont les collections se réfèrent aux XVIIème et XVIIIème siècles.
Son statut de Monument Historique, acquis en 1929, le hisse au rang des plus anciens
édifices protégés et lui confère, une valeur patrimoniale indéniable. Le bâtiment est l’un des
meilleurs exemples, à Montréal, de l’architecture urbaine type du régime français. Il est
également associé à l’histoire politique de la ville, en tant que lieu de résidence et d’exercice de
pouvoir par les représentants des gouvernements français, puis anglais.
Cette double identité se répercute sur la politique générale et sur les directions
muséologiques du musée. Les termes de la mission du musée s’articulent autour des notions de
conservation, d’accès à une collection d’histoire, de préservation et de mise en valeur d’un
monument classé historique. A cette position, établie depuis quelques années, s’ajoutent un
intérêt constant pour l’authenticité, la primauté des artefacts et un système de valeurs reposant à
la fois sur le contact humain et les relations sociales.
1.3.2. L’engagement culturel
Le musée du Château Ramezay, parallèlement à sa mission de conservation, s’investit
dans des activités culturelles aussi riches que diversifiées, comme des concerts ou des
conférences. Sa programmation culturelle12 vise une plus grande ouverture sur le monde, les
12 Voir Annexe 2
19
cultures, les traditions et montre que le musée se démarque par ses initiatives et par la qualité des
services offerts à ses publics. Des événements ponctuels et promotionnels animent chaque année
le musée et fait revivre le temps passé. Ainsi, a été organisée les 1er, 2 et 3 juillet la « Fête
champêtre chez le Gouverneur13 » pour célébrer les 300ème anniversaire du château. Musique,
pièce de théâtre, contes, ateliers de métiers d’autrefois ont animé le jardin du musée. Ces journées
ont été un succès, et y participer a été un réel plaisir.
Le musée propose également des visites guidées, des animations et des activités pour
réunir la famille autour d’un sujet historique. Le contact humain est une valeur essentielle au
Musée du Château Ramezay, tout comme celles d’éducation et de pédagogie. En effet, le musée,
muni d’un programme éducatif élaboré, accueille chaque été des enfants du primaire au
secondaire pour des camps de jours14.
Enfin, le musée sert de cadre à des réceptions privées, qui peuvent, durant l’été, se
dérouler dans le jardin.
Le sérieux et l’enthousiasme de l’équipe du musée15, à laquelle je me suis jointe avec
grand plaisir pendant trois mois, permettent de faire valoir la polyvalence du Musée du Château
Ramezay.
2. Un environnement particulier : les Nouvelles Technologies de
l’information et de la Communication (NTIC)
Je suis partie du principe que le musée est un espace d’expérience et de communication. Il
est également un lieu de rassemblement socioculturel. Qui mieux que le musée pourrait assumer
ces différentes caractéristiques ?
Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication pourraient les
assumer : elles découvrent un espace ouvert sur le monde, qui juxtapose expériences ludiques ou
cognitives, communication en temps réel et partage des valeurs sociales et identitaires.
Quels fruits naîtront de l’union des musées et des NTIC ? Seront-ils viables ? Donneront-
ils un nouvelle culture, une culture hybride ?
13 Annexe 12bis. 14 Le camp de jour est un service proposé par les musées qui accueille des enfants pendant les vacances estivales pour des activités thématiques liées au musée. 15 Voir Annexe 3
20
2.1. Quand les Institutions culturelles rencontrent les NTIC...
... A quoi doivent-elles s’attendre ? Dans quelle mesure peuvent-elles s’allier aux NTIC ?
2.1.1. Qu’est ce que les NTIC ?
Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication marquent
l’avènement des techniques de médiation et de communication dans l’ère numérique. Le
numérique est un procédé capable de convertir du qualitatif en quantitatif par opposition à la
traduction dite « analogique ». La numérisation permet aux musées de sauvegarder des
documents, de les conserver et les indexer sous la forme de banque de données, permettant par la
même occasion l’affirmation de l’existence d’un patrimoine immatériel, seulement reconnu
depuis 2003 par l’UNESCO.
Internet constitue une autre voie de développement des NTIC. Les sites de musées qui
commencent à abonder sur le Web ne font qu’affirmer la prédominance de ce médium dans les
nouvelles perspectives du musée pour accroître sa diffusion à l’échelle mondiale. Mais ce
partenariat ne se résume-t-il qu’à l’amélioration de la visibilité du musée ou promet-il de plus
belles innovations ? Le Musée du Château Ramezay, qui ne tardera pas à mettre son nouveau site
en ligne16, a ajouté dernièrement, grâce à des fonds qui lui ont été accordés, une ramification
significative : celle du Jardin du Gouverneur. Dans ce contexte, Internet permet au musée de
diffuser beaucoup plus efficacement de l’information complémentaire et des images. Internet
devient également un moyen pour embrasser ce dernier dans l’espace du musée : entité à part
entière, le jardin est aussi et surtout une des principales composantes de l’identité de la résidence
historique. La séparation physique entre musée et jardin est alors résolue grâce à l’intermédiaire
de l’écran d’ordinateur. Le Jardin s’inscrit dans l’espace du musée par l’onglet « jardin » présent
sur la page d’accueil du musée, mais peut exister de façon indépendante, sous l’URL
www.chateauramezay.qc.ca/jardin/.17
Internet permettra-t-il d’aller plus loin dans ce travail de mise en valeur du jardin ?
Par NTIC, on entend également le rôle joué par le multimédia. Ce dernier rassemble sur
un seul support (Cd-Rom, DVD, Internet) l’ensemble des moyens écrits et visuels, de
l’audiovisuel et de l’informatique pour une diffusion simultanée et interactive. Le multimédia 16 Le site du musée se trouve à l’adresse suivante : www.chateauramezay.qc.ca (pour la version antérieure) 17 Cette adresse n’est malheureusement pas encore mise en ligne à l’heure actuelle.
21
permet aux musées de combiner différents types de documents (textes numérisés, images fixes ou
animées, sons et vidéos), mis en scène ou non, pour les présenter au public. Le musée des
Civilisations de Hull/Gatineau au Québec, à travers son exposition en ligne « Peuples et
Connaissances du Nord »18 emploie de façon récurrente les moyens multimédias.
Cette nouvelle manière de composer avec des informations diversifiées ouvre la voie à des
modes d’accès plus complexes (dus à la multiplicité des contenus) et à de nouveaux modes de
perception et d’appropriation.
2.1.2. Nouveaux enjeux sociaux ?
L’arrivée des technologies a généré de nouveaux contenus culturels, de nouveaux usages,
de nouvelles formes et de nouvelles pratiques artistiques. Toutes ces activités ont crée des besoins
en termes de médiation, de diffusion et d’apprentissage. Cette mutation n’a pas seulement touché
le cercle très restreint des institutions culturelles, loin de là. Elle est avant tout à l’origine de
bouleversements dans le champ extérieur des réalités sociales : celle des urbanités, des
migrations, de la réorganisation spatiale et culturelle des identités. L’Internet et toutes les
nouvelles technologies qui s’y rapportent ont fait surgir des questions sociales remettant en
question les échanges et les modes d’accès au savoir19. La « cybergénération » aurait-elle d’ores
et déjà influencé tous les comportements humains ?
Au sein même du foyer sont arrivés de nouveaux produits, qui sont devenus depuis des
biens de consommation. Ces produits, dont la nature reprend les fonctionnalités des TIC,
s’intègrent à la vie quotidienne et charrient avec eux de nouvelles notions : interactivité,
immersion, dynamique, multimédia ... Nous avons appris à nous familiariser avec ces médiations
nouvelles et à inventer, développer un nouveau vocabulaire critique et conceptuel, même si celui-
ci s’avère certainement encore incomplet et mal approprié.
Mais les NTIC ont surtout ébranlé le rapport à autrui. Les innovations et autres progrès en
matière de communication on été fulgurants. De nouvelles connections sociales ont permis de
partager les idées et les connaissances beaucoup plus rapidement qu’auparavant. Par ailleurs, les
rapports interfamiliaux ont bénéficié d’une dynamique innovante dans le processus de
compréhension de la culture : regarder les vidéos explicatives, faire des démonstrations
18 Voir Annexe 4 19 VINSON, Isabelle, Contexte politique, économique, légal et technique pour les institutions et opérateurs de projets numériques favorisant la diversité culturelle, ICHIM, Berlin 2004.
22
expérimentales20. Toutes ces activités ont contribué à resserrer les liens familiaux au sens d’une
participation active et partagée de chaque membre de la famille.
Il en va de même pour le comportement de tout autre individu dans le champ muséal :
partage et implication sont les maîtres mots des nouvelles pratiques culturelles. L’interprétation
du visiteur est d’autant plus importante qu’elle détermine son point de vue et implique un
comportement particulier de la part de celui-ci. Il oriente ou réoriente les directions de son
exploration vers les domaines de compétence qui lui sont propres, puisque les NTIC lui autorisent
cette adaptation. Il est alors libre de poursuivre ses découvertes de façon autonome. Reste que ces
comportements sont provoqués par le diptyque stimulation/diversité permanente, celui-là même
qui est le moteur des médias de masse. Le musée comme média de masse ? La question peut
sembler légitime même si elle n’accorde pas encore l’autorisation d’une réponse positive. Il est
cependant intéressant de la soulever, en attendant de voir que ce nous réserve l’avenir en termes
d’intégration des NTIC au sein du processus, des fonctions et de l’identité des musées.
Quoiqu’il en soit, l’appropriation du monde numérique équivaut à une mutation du savoir.
Dorénavant, la médiation du savoir passe principalement par l’image numérique. Mais il n’est
plus question de contempler une œuvre. La réplique numérique tire sa valeur de son usage
cognitif, éducatif ou plus généralement culturel. Ainsi, le regard porté sur l’image se modifie,
devient plus analyste, comparatif et requiert la capacité d’une mémoire avant tout visuelle. Au-
delà de l’obstacle de l’écran, existe la dialogie des œuvres, comme dans le Musée Imaginaire de
Malraux. L’ordinateur constitue un nouveau terrain d’expérience et rompt avec le lieu physique.
Les musées en ligne exercent un nouveau pouvoir d’attraction et font naître de nouveaux vecteurs
d’activités dans la sphère muséale21. Mais offrent-ils vraiment une nouvelle culture issue des
NTIC ou se contentent-ils de travestir, sous couvert de moyens sophistiqués, une culture encore
emprisonnée de ses valeurs traditionnelles et de ses anciens préjugés ?
2.1.3. Vers une culture numérique ?
Peut-on parler de culture numérique, alors que nous sommes conscients qu’en associant
ces deux termes, nous formons indéniablement un oxymoron ? En effet, l’image numérique n’est
rien d’autre qu’une somme de pixels à schéma géométrique simple. Comment alors articuler
20 BERNIER, Roxane, Les musées sur Internet en quatre tableaux : le dernier avatar du musée (tableau 1) Exposer la culture muséale sur Internet (tableau 2), 2001. 21 BERNIER, Roxane, op.cit.
23
culture et nombre ? Au regard de la conception anthropologique de la culture, c’est-à-dire au sens
d’un univers d’habitus et de savoirs communs, le numérique a bien droit au titre de culture,
puisqu’il inclut de nouvelles pratiques sociales (SMS, courriel, chat), de nouvelles habitudes, de
nouveaux moyens de diffusion, de nouveaux moyens de production de la culture émergente
(cinéma numérique...). Le numérique libère le monde de ses habitudes et l’amène à changer leurs
modes de pensée, à explorer les potentialités d’un horizon perceptif indéfini. Christophe Genin
explique que :
« Nos perceptions sont susceptibles d’être simulées non par volonté de
tromperie mais parce qu’une perception est une information non liée à un
support physique, mais comprise comme un effet. (…) C’est toute une
phénoménologie de la perception qu’il faut repenser à l’aune de la numérisation
de nos perceptions22. »
Le monde vit une véritable transition. Le numérique délivre des informations aujourd’hui
perçues différemment, de part leur essence et leur forme de diffusion. La société est-elle capable
de les transformer en connaissance ? A-t-elle besoin d’un intermédiaire pour l’aider à accomplir
cette action ?
2.2. Un produit de l’ère numérique : l’exposition « virtuelle »
La rotation rapide des technologies et l’absence d’une demande formalisée de la part du
public, obligent les Institutions culturelles à poursuivre une logique de l’offre. Sensibles au
nouveau statut du public, qui ne se contente plus d’assumer un rôle secondaire passif, les musées
abordent « à tâtons » la question du numérique pour répondre le mieux possible aux besoins
pressants de ce public, répandu dans le monde entier.
22 GENIN, Christophe, « Culture numérique » : une contradiction dans les termes ? ICHIM, Berlin, 2004
24
2.2.1. Qu’est-ce que la virtualisation ?
Avant de considérer l’exposition en ligne, également appelée exposition virtuelle, nous
aimerions préciser davantage le mot virtuel, à l’aide notamment des définitions tirées des
réflexions de Pierre Levy.
Le mot virtuel vient du latin médiéval virtualis, issu de virtus, qui signifie force,
puissance. Est virtuel ce qui existe en puissance et non en acte. Le virtuel ne passe pas
nécessairement par une forme concrétisée. Il ne s’oppose donc pas au réel mais à l’actuel, c’est-à-
dire que contrairement au réel, statique et déjà constitué, le virtuel est une entité en attente d’un
processus de détermination : « l’actualisation ». Par conséquent, la virtualisation, en tant que
dynamique, permet le passage de l’actuel au virtuel en appelant à une « élévation à la puissance »
23.
Si l’on transpose la notion de virtualisation aux manipulations sur le Web, celles-ci
prennent tout leur sens dès lors que nous les provoquons et nous les « actualisons ». L’espace
d’Internet, confiné à l’écran d’ordinateur, existe à partir du moment où nous avons décidé d’agir
sur le médium24.
Cette conception de la virtualisation donne une raison supplémentaire de considérer la
place de l’ « internaute-visiteur » dans l’espace virtuel comme centrale.
2.2.2. Qu’est-ce qu’une « exposition virtuelle » ?
J’aimerais avant tout éclaircir l’expression « exposition virtuelle » pour deux raisons :
d’une part, la terminologie employée est floue, voire controversée et d’autre part, je souhaiterai
éviter certains abus de langage faisant de l’exposition virtuelle un simple miroir du parcours du
visiteur dans le musée physique.
La définition la plus classique et la plus entendue se résume à la présentation sur Internet,
selon un plan organisé, d’images numérisées, accompagnées ou non de textes. Dans le langage
courant, l’ « exposition virtuelle » évoque principalement la possibilité d’avoir accès à la
représentation numérique d’artefacts via le médium Internet25. Aujourd’hui, est considérée
23 LEVY, Pierre, Sur les chemins du virtuel 24 DUPONT, Émilien, Quels sont les moyens de construction du sens dans l'exposition virtuelle ?, Ecole du Louvre, 2003. 25 GAUTIER, France, op.cit.
25
comme exposition en ligne, un produit qui dès le début de leur développement, tient compte de la
composante « virtuelle ».
Mais cette définition est encore à compléter, car dans l’expression « exposition virtuelle »,
il faut d’abord remarquer le mot « exposition »26. Une exposition, comme le souligne Bernard
Schiele, est un tout cohérent et signifiant, une sélection d’objets dignes d’être représentatifs d’un
ensemble. Cette sélection, gouvernée par un principe directeur, révèle la logique interne de
l’exposition27. Cette dernière est ensuite signifiée par le visiteur qui la parcourt selon sa propre
logique. Par ailleurs, « l’exposition virtuelle » est aussi un produit en ligne. Elle fait donc partie
d’un vaste système de communication (la toile Internet), c’est-à-dire qu’elle est exploitée à partir
du Web, grâce au navigateur Internet (la plupart du temps Explorer ou Netscape) et hébergée par
un ou plusieurs serveurs28.
Cependant, que retenir de cette double définition ?
L’exposition virtuelle est un produit culturel, conçue sur une dynamique cohérente. Elle
évolue dans un environnement particulier sujet aux réactualisations, enrichissements et
modifications et n’existe que lorsque l’internaute la parcourt. De ce fait, l’exposition virtuelle
n’est jamais définie par sa nature, en mouvement permanent, mais par le sens produit de chaque
visiteur. Par sa présence, le visiteur la relie au monde dit « réel ».
Plus simplement peut-être, Tinkler et Freedman29 la considèrent comme une chorégraphie
vivante et dynamique. Le terme de chorégraphie, l’art de noter les pas et les figures de danse,
reflète bien l’idée suivante : l’exposition virtuelle tente de fixer, pour un temps, une ou plusieurs
de ses virtualisations inhérentes, en fonction des expériences choisies par les visiteurs.
L’exposition virtuelle est une unité de temps sans unité de lieu.
Enfin, quelles seraient les autres différences entre exposition virtuelle et exposition
physique ? Sur ce point, je reprendrai les propos de John Willis du Musée canadien de la Poste, à
l’origine de l’exposition « Avant le cybercommerce30 ». Pour lui, l’exposition virtuelle peut
admettre un contenu textuel illimité, ce que l’exposition physique ne peut se permettre, si elle ne
veut pas rebuter les trois quarts de ses visiteurs. L’exposition virtuelle devient alors une source
inépuisable. Ensuite, elle fonctionne comme un journal, notamment en ce qui concerne la
26 Par conséquent, l’exposition en ligne ne serait se réduire à une simple « collection en ligne » 27 SCHIELE, Bernard, « L’exposition : un tout cohérent et signifiant » in L’écrit dans le média exposition, Musée de la Civilisation, SMQ, 1993, p. 28. 28 DUPONT, Émilien, op.cit. 29 TINKLER, M, FREEDMAN, M, Online exhibitions : a philosophy of design and technological implementation, Museum and the Web, 1998. 30 Voir Annexe 8
26
construction de sens autour du couple texte/image, alors que le visiteur de l’exposition physique
aurait tendance, soit à privilégier l’objet, pour sa beauté etc..., soit à se focaliser sur le cartel pour
assouvir son appétit culturel.
2.2.3. Qu’apportent-elles « de plus » au musée ?
L’exploitation du médium interactif pour diffuser des informations complémentaires est
un moyen fort pratique pour la poursuite du parcours muséal. L’exposition virtuelle offre
également la possibilité de connaître un autre type d’expérience que celle délivrée par l’espace
physique du musée. Elle complexifie l’approche des artefacts (sous forme numérisée) en
permettant une variation d’interprétation à l’aide de différents médiums : langage naturel, forme
graphique, audio/vidéo ...). D’autre part, elle le décontextualise et le recontextualise à l’infini, ou
presque. L’objet-image est mis en exposition sous différentes perspectives. Le regard et
l’interprétation qui en découlent en sont décuplés. Si l’on devait décrire métaphoriquement
l’exposition virtuelle, elle serait un « rubicube ». En effet, le forme de ce dernier est conforme à
l’idée qui se dégage de l’exposition en ligne : entrecroisement d’hyperliens, de perceptions,
d’interactions et des interprétations.
L’un des avantages les plus tangibles de l’exposition virtuelle repose sur la pérennité
d’une information, notamment dans le cas où l’exposition en ligne dérive d’une exposition réelle.
La valeur du document exposé devient alors éternelle. Le visiteur bénéficie de la jouissance de
voir et revoir ce document.
Cependant, il faut faire attention à la tendance du produit fermé31. Garder une exposition
en ligne sans mise à jour peut concourir à une accumulation d’informations obsolètes. Par
ailleurs, le produit fermé, dont parle Nicole Vallières du Musée McCord à Montréal, constitue un
risque plus grand vers lequel les expositions virtuelles actuelles, malheureusement, convergent.
Le produit fermé, au sens fini du terme, empêche la réintégration possible dans la dynamique du
musée. En effet, pourquoi faire de l’exposition virtuelle un produit déterminé et complet alors
que son principe repose justement sur l’indétermination ? Elle est en attente de
son « actualisation », pour reprendre les termes de Pierre Levy. En d’autres termes, un fossé se
creuse entre l’exposition en ligne/produit fermé et son site parent. Par conséquent, le lien entre
musée en ligne et exposition en ligne s’affaiblit jusqu’à en devenir incongru. Or l’exposition
31 ARSENEAULT C. L’exposition virtuelle au-delà de l’an 2000 : produit muséal recyclé ou nouveau genre?
27
virtuelle n’est-elle pas un moyen de diffuser l’information ? Mais si cette information ne
correspond plus à l’esprit et aux mandats du musée, quel intérêt ?
L’exposition virtuelle, notion complexe, n’est pas arrivée au stade de la maturité.
28
CHAPITRE 2 LES BASES DU PROJET
29
1. Le projet de stage
Cette partie raconte la naissance du projet et énonce les bases sur lesquelles il s’ajustera.
1.1. Postulat de départ :
Le Musée du Château Ramezay est spécialisé dans les domaines de l’histoire, plus
particulier le XVIIIème siècle, et de l’ethnologie. La présence du jardin lui confère également
une certaine autorité en matières de botanique, ou plutôt d’ethnobotanique. Enfin, sa qualité
d’édifice historique lui donne l’avantage très particulier d’être lui-même objet de musée.
1.1.1. Identité(s) et atouts de l’Institution :
L’Institution est couplée depuis 2000 avec le Jardin du Gouverneur. Cette annexe a
considérablement modifié l’espace du musée, qui ne se contente plus de ses salles intérieures. Le
jardin est bien conçu comme un lieu d’exposition en plein air, comme un prolongement extérieur
du parcours du visiteur. Le lien jardin/château est devenu l’atout majeur de l’Institution et
l’équipe du musée ne cesse de travailler pour faire valoir ce lien.
Cependant, le jardin constitue une entité à part entière dans la mesure où il reste
accessible gratuitement. De lieu de culture, il (re)devient lieu de nature, où visiteurs et flâneurs
viennent se ressourcer. Cette double identité est d’ailleurs très bien perçue par les visiteurs.
Par ailleurs, la résidence historique a abrité depuis 1705 de nombreuses institutions et
connu différentes fonctions. Ces « couches » de mémoire pourraient être intégrés dans la gestion
d’un tel bâtiment. Cependant, par esprit de clarté, le musée a préféré se concentrer sur un siècle
en particulier et sur le caractère « familial » du foyer. L’exposition virtuelle serait alors une
solution envisageable pour mieux souligner cette « poly-structure ». La compagnie des Indes,
établie dans l’enceinte du bâtiment au cours du XVIIIème siècle, pourrait de nouveau habiter les
lieux...
30
1.1.2. Les besoins et les contraintes
Le musée avait tout d’abord besoin de réactualiser ses produits pour se réajuster face à la
« concurrence ». D’autre part, une demande de la part des publics en faveur de produits
multimédia disponibles sur Internet, telles que les expositions virtuelles se faisait de plus en plus
pressante32. Ensuite, l’idée d’une exposition virtuelle avait déjà germé dans l’esprit du Directeur
du musée. Mais cette idée n’a pu être menée à son terme, par manque de temps et de personnel.
Aujourd’hui, le Musée vise à une plus grande visibilité de son jardin et souhaite appliquer une
véritable politique de mise en valeur à ce sujet. Le jardin du Gouverneur tient à se forger une
identité, mais toujours en complément de celle du château. Le jardin existe surtout par son lien
historique avec la maisonnée.
Enfin, les projets crées dans une optique d’amélioration des relations avec le public sont
toujours les bienvenus au musée.
Mais les besoins s’accompagnent toujours de contraintes et le Musée du Château
Ramezay n’échappe pas à cette règle. En effet, le projet doit s’inscrire dans la logique des outils
de médiation développés autour du jardin, c’est-à-dire du livret d’accompagnement, des
panneaux sonores multilingues et du site Internet du Jardin… L’idée est de compléter, et non pas
de répéter, le dispositif médiatique existant. Puisque ce dispositif situe le jardin dans une
perspective didactique, historique et descriptive, il serait intéressant de proposer un nouvel outil
capable d’enrichir le discours sous un angle plus pédagogique et plus dynamique, d’où l’utilité de
recourir à une exposition en ligne.
La seconde contrainte est de veiller au respect de la position muséologique du musée. En
effet, conservation et préservation d’artefacts originaux sont deux valeurs fondamentales pour le
Château. Cependant, à défaut de mise en valeur de la collection du musée, le musée lui-même, en
tant que patrimoine historique, pourra faire office d’objet de musée33.
1.1.3. Le choix du thème et des contenus
Comment valoriser le jardin de façon différente ? Après discussions avec André Delisle,
nous nous nous sommes tous deux mis d’accord sur une thématique qui permettait de présenter le
jardin sous sa forme à la fois naturelle et culturelle. Nous avons décidé de mettre en avant le
32 Propos recueillis par Émilie Pelletier, responsable du service à la clientèle du Musée Château Ramezay 33 Voir p.30
31
contenu du jardin, c’est-à-dire les plantes : potagères, aromatiques, médicinales, ornementales.
L’exposition virtuelle ne sera pas simplement une métaphore, elle sera aussi une sorte de
métonymie. D’autre part, préférer une thématique large donne l’avantage de pouvoir toucher à
nombreux aspects connexes. Ainsi, il sera plus facile pour le Musée d’intégrer une perspective
historique et ethnologique.
Quant au contenu, cette question reste à élucider. Patrick Blass, archiviste des collections,
m’a confirmé que le musée n’était pas en mesure de fournir les contenus iconographiques34
nécessaires à ce genre de projet. Un partenariat serait alors envisagé pour combler cette lacune.
Evidemment, ce genre d’initiative coûte efforts et compromis en termes d’écoute et
d’organisation de la part des organismes concernés, mais bénéficie également d’une énergie
créatrice née de la confrontation des idées, de l’élargissement des publics, et d’une quantité plus
abondante de ressources35. Pour l’instant, le partenariat reste à l’état d’hypothèse, mais ...
pourquoi ne pas imaginer une collaboration avec les concepteurs de l’exposition Aventures
Botaniques ?
Exposition Aventures Botaniques
34 Pour une exposition virtuelle type, un contenu d’au moins 250 images (archives, objets, archives...) est recommandé. 35 Réalisation de projets en ligne sur le Patrimoine, RCIP, 2002.
32
Si un partenariat est décidé, il faudra se pencher sur la question des droits d’auteur. Pour
cela, le musée pourra se référer à des documents, tels que « Commercialisation sous licence
d’images, Aide-mémoire à l’intention des musées et autres organismes culturels », édité par le
RCIP.
1.2. Les publics
« Que devons-nous faire et que pouvons-nous faire pour aller plus loin
vers les publics ? »36
1.2.1. D’un public de musée à un public d’espace virtuel
La question des publics est essentielle dans l’élaboration d’une exposition virtuelle. Le
musée a commandé plusieurs études de publics au niveau du jardin. Les connaissances dans ce
domaine sont suffisantes. Malheureusement, aucune étude dans le cadre d’une recherche
spécifique sur un produit multimédia n’a été menée. Je me suis donc basée sur des données
générales pour les publics d’espace virtuel, car le projet oblige que l’on implique les internautes.
Etant donné que mon stage ne porte pas spécifiquement sur une étude des publics, je me
suis limitée à un relevé minutieux des caractéristiques, sans analyse précise ni commentaire
personnel.
- Les caractéristiques des publics du jardin
Il existe deux types de visiteurs du jardin : les amateurs, qui sont venus parce qu’ils
aiment jardiner et les visiteurs occasionnels. L’exposition virtuelle devra prendre en compte ces
deux catégories pour s’ouvrir à un public large.
- Les caractéristiques des publics d’espace virtuel
On remarque facilement une population plus jeune pour l’espace Internet (en moyenne,
entre 25 et 34 ans) par rapport aux visiteurs de musées (en moyenne, entre 35 et 54 ans)37.
36 CÔTE, Michel, Rôle social des musées. 37 Enquête 2004 auprès des visiteurs des musées et de l’espace Internet des musées : documentations et résultats, RCIP/CHIN, 2004
33
En général, c’est une motivation intérieure plutôt qu’une récompense extérieure qui
pousse les gens à visiter une exposition en ligne ou sur place.
- Différences (ou points communs?) entre publics de musée et publics d’espace Internet
Leurs attentes au niveau du contenu sont sensiblement similaires (infos générales, infos
sur collections et expositions virtuelles)38.
Les points communs entre public de musée et public d’espace Internet sont nombreux
dans le champ des pratiques muséales.
1.2.2. Les usages en matière de multimedia
- Relation avec le médium
Leur relation se construit sur la dynamique stimulation/diversité39, semblable à celle des
médias de masse.
Ils conçoivent le médium comme un espace de liberté (individuelle, sociale...) et un
espace de pouvoir (abolition des différentes hiérarchies et contexte de réussite)40
- Type de recherches
Elle peut être soit orientée (précise, organisée, efficace), soit libre (aléatoire, surprise,
hasard).
Leurs usages sont soit informatifs (activités, informations ponctuelles ...), soit
documentaires (spécifiques, de référence), soit éducatifs (démarche d’acquisition de connaissance
au terme d’une méthodologie d’apprentissage structurée)41
- Une Navigation transparente
Ils préfèrent une navigation soit par la barre d’un menu principal, soit par les liens
hypertextes (navigation non linéaire), soit linéaire (pour les novices d’Internet)42.
38 Enquête RCIP 2004 39 SCHWEIBENZ, W The “virtual Museum” : new perspectives for museums to present objects and information. Using the Internet as a knowledge base and communication system, 1998, 40 DESHAYES, Sophie, LE MAREC, Joëlle, POUTS-LAJUS, Serge, TIEVANT, Sophie, Rapport d’études : Observation et analyse d’usages des réseaux, Ministère de la culture et de la communication, Mission de la recherche et de la technologie, Délégation au développement et aux formations, février 1998, Paris, 130 p. 41 Deuxième rencontre francophone : Nouvelles technologies et instituions muséales, 1999
34
1.2.3. Les attentes des visiteurs
Après une visite, les visiteurs de musée ou d’espace virtuel de musée attendent de trouver
une exposition virtuelle sur le site Web. Cette attente arrive après celle des renseignements
généraux, des horaires d’activités et des images issues de la collection43. Cette idée d’exposition
virtuelle commence à se répandre et à façonner une demande, même si celle-ci reste informelle.
- Pour le contenu (prise en compte de la parole des visiteurs de jardin)
Ils attendent un concept simple, net et précis et un contenu riche en images, issues des
collections (à l’aide de bases de données pour organiser la quantité)44.
Ils demandent également une plus grande identification pour les notions et des
explications détaillées.
Les thèmes les plus populaires chez les visiteurs du jardin sont ceux liés au potager, à
l’alimentation, et aux vertus des différentes plantes. L’intérêt pour la botanique a tendance à
dépasser l’intérêt historique. Ces visiteurs apprécient également qu’on leur donne des conseils
pour l’entretien de leur jardin45.
- Pour le contenant (prise en compte de la parole des visiteurs d’Espace Internet)
Ils font attention à la qualité d’une convivialité recrée (tant au niveau de l’atmosphère
qu’au niveau de la personnalisation du discours), et au soin apporté à la présentation et à la
vulgarisation des textes46.
Ils souhaitent le renforcement de l’interactivité (ils veulent être acteurs et dialoguer avec
le Musée)47
Ils accordent une grande importance à la page d’accueil (qui dévoile le synopsis de
l’exposition). Ils sont sensibles à une esthétique attrayante, en lien avec le sujet48.
42 GOLDSTEIN, Bernadette, (Dir.), VOL, Alexandra, BERNIER, Roxane. Pratiques et représentations des utilisateurs de sites-musées sur Internet, Paris, Direction des Musées de France, 1999 43 Enquête RCIP/CHIN, 2004 44 HALEY GOLDMAN Kate, WADMAN Melissa, There’s something here, what it is ain’t exactly clear, 2002 45 Fortier-2000 Caupos/Girard-2001 Goisnard/Olivier-2003 Cournede/Levy-2004 46 BERNIER, Roxane, op.cit. 47 SCHWEIBENZ, W, op.cit. 48 GOLDSTEIN, Bernadette, (Dir.), VOL, Alexandra, BERNIER, Roxane, op.cit.
35
1.2.4. Comment reçoivent-ils l’information ?
- Au niveau de l’apprentissage
• Les internautes développent de plus en plus une mémoire visuelle49.
• Les jeunes publics apprennent de façon inconsciente (en jouant…)
• Les internautes sont stimulés par l’imprévu50.
- Au niveau de la redistribution des savoirs
• pour soi (à des fins personnelles, activités, culture…)
• pour les autres (partage des connaissances avec des amis, la famille…)
1.2.5. Le public ciblé pour l’exposition virtuelle
Le public ciblé sera avant tout un public large qui se divise en trois catégories :
- Public sensible à la Nature
- Public connaisseur d’Histoire et de botanique
- Jeune public
L’élaboration de l’exposition en ligne prendra en compte à la fois les caractéristiques des publics
du jardin et des internautes.
1.3. Les objectifs
Cette section est le pivot de la réussite de tout projet.
1.3.1. Objectifs liés au projet
Les objectifs déterminent l’orientation principale du projet. Sans fondement solide, un
projet n’est pas viable.
49 BERNIER, Roxane, The uses of virtual Museums : the french viewpoint, 2001 50 DESHAYES, Sophie, LE MAREC, Joëlle, POUTS-LAJUS, Serge, TIEVANT, Sophie, op.cit.
36
- Le jardin, organisme mouvant :
Le jardin se métamorphose au fil des saisons. A l’automne, les fleurs se fanent, les feuilles
tombent. Puis le manteau neigeux recouvre la terre. Et le printemps voit le retour des
bourgeons... Certes, le caractère poétique des saisons n’est plus à prouver, mais comment profiter
de son jardin par des températures inférieures à zéro ? Difficile, à vrai dire... L’exposition
virtuelle alimenterait cet espace naturel, quels que soient le temps et les intempéries. Le but est de
libérer le jardin de son caractère saisonnier et estival, d’autant plus que ce dernier est connoté par
des valeurs liées aux vacances et au tourisme. Or, cette définition réductrice nuit à la dimension
fondamentale du jardin : celle de l’utilité. L’exposition en ligne fera le pont entre le jardin visuel
et utilitaire51 et sera également le lien privilégié entre le jardin « modèle » du Gouverneur et les
jardins personnels des visiteurs. Cette dernière option est une façon de se rapprocher des publics.
- Une information complémentaire par rapport aux outils de médiation du jardin :
L’exposition virtuelle appliquera une logique documentaire pour répondre à la logique de
visite développée dans le livret d’accompagnement et les panneaux sonores. Ensuite, elle formera
un ensemble cohérent avec le site du Jardin du Gouverneur. En effet, celui-ci propose un contenu
davantage centré sur la conception du Jardin pendant la période Nouvelle-France, tandis que
l’exposition virtuelle aura pour effet de « zoomer » sur tel ou tel détail.
- Une médiation interactive :
L’exposition virtuelle liée au jardin pourra mettre en place un dialogue plus ouvert aux
envies, questionnements, besoins des publics. Outil de communication multiple (partage des
informations, commentaires, personnalisation...), elle sera en mesure de connecter les valeurs du
musée à celles des utilisateurs. Le but est d’améliorer les différents services offerts aux visiteurs
pour qu’ils correspondent à leurs attentes.
1.3.2. Objectifs liés à la mission du musée
Dépendante d’une Institution culturelle, l’exposition virtuelle devra être en mesure de
présenter des contenus historiques et scientifiques, non pas comme des preuves intangibles du
savoir, mais comme des éléments du savoir, que le visiteur assemblera et combinera à sa manière,
51 Je rappelle que le Jardin du Gouverneur possède un potager dont les cultures approvisionnaient les habitants.
37
jusqu’à leur donner sens52. Parallèlement, elle se préoccupera d’enjeux contemporains, en jouant
sur les modalités temps passé/temps présent, pour mettre en évidence les valeurs sociales et
humaines, chères au musée.
Par ailleurs, l’exposition veillera à relier les notions de foyer (vie familiale), de relations
humaines (vie et besoins quotidiens, échanges d’idées et de biens) et d’Histoire sociale et
économique (XVIIIème siècle : Montréal, comme capitale économique, ouverte sur le monde).
Les trois éléments de cet ensemble seront les principaux moteurs du concept.
1.3.3. Objectifs à long terme
Les objectifs à long terme, centrés sur une meilleure diffusion de l’information, sont les
suivants :
- Élargissement et fidélisation des publics.
- Susciter la curiosité des visiteurs et les amener à venir visiter le jardin.
- Faire participer le musée à la recherche et à la présentation d’informations issues d’un vaste
champ multidisciplinaire.
- Faire du Jardin du Gouverneur et le Musée du Château Ramezay un tout, un ensemble
muséologique cohérent, lequel marquera l’identité du lieu.
1.4. Originalité et portée du projet
Pourquoi avoir choisi de monter un tel projet ?
1.4.1. Pour le musée
Le projet de l’exposition en ligne permet au musée de se distinguer de deux manières :
52 Les musées sont des centres de synthèse et de référence, pour bien poser les questions à défaut de donner des réponses. CÔTÉ Michel,Rôle social des musées
38
- Impact au niveau humain :
Ce projet montre l’intérêt du musée à se rapprocher de son public et à entretenir un
contact permanent avec lui.
- Impact au niveau de la communication :
L’exposition virtuelle construit l’image dynamique du musée : elle utilise les moyens de
communication relatifs aux nouveaux comportements et usages des visiteurs. Ainsi, le musée
montre sa résolution à participer aux changements liés à la numérisation.
Afin de financer la réalisation du projet, le musée compte déposer sa candidature au
programme d’investissement du Musée Virtuel du Canada, ce qui lui permettra d’étendre sa
visibilité à une échelle mondiale. Mais une explication détaillée de ce programme suivra en page
45.
1.4.2. Les enjeux muséologiques
L’intégration de substituts numériques dans le cadre des nouveaux services offerts par le
musée remet-elle en question la muséologie53 adoptée par celui-ci ?
La question mérite d’être soulevée.
D’une confrontation substituts versus originaux, peut-il naître un compromis d’un
nouveau genre ?
En dépit de ces questionnements, qui ouvrent de nouvelles pistes de recherche,
l’exposition virtuelle apporte des éléments féconds dans la conception de la mise en valeur du
musée. L’enjeu principal du projet est de mettre au point une stratégie innovante pour la mise en
valeur du patrimoine organique. Le jardin du Gouverneur n’est ni un jardin botanique, ni un
véritable jardin historique. Il est le prolongement de la maison. Comment souligner cet aspect
qui, aujourd’hui, n’existe que dans le champ de l’interprétation ?
L’exposition virtuelle pourrait réintégrer cette identité (lien maison/jardin) dans la
problématique générale qui sous-tend l’orientation muséologique du musée.
53 Cf. page 19
39
2. Les expositions virtuelles existantes
Avant de passer aux étapes suivantes concernant le projet, il m’est apparu important et
nécessaire de consulter des expositions en ligne, voire même d’analyser certaines d’entre elles,
pour d’une part, avoir un aperçu du panorama national et/ou international54, mieux maîtriser les
tendances actuelles au niveau des concepts et des techniques et d’autre part, vérifier les sujets et
thématiques déjà exploités.
2.1. Les portails des expositions virtuelles
Je me suis principalement intéressée à parcourir les expositions virtuelles hébergées sur
des portails spécialisés. J’ai préféré établir ce premier niveau de sélection pour mieux
correspondre à mes objectifs comparatifs.
2.1.1. Les différents portails
Les expositions en ligne sont fortement liées aux pratiques muséales dans la mesure où
celles-ci reposent en partie sur le concept d’exposition, de la même manière que les expositions
physiques c’est-à-dire des artefacts assemblés, organisés et sous tendus par une problématique,
un fil conducteur. On les retrouve sur le site du Ministère de la Culture français55 sous le titre
« Musées imaginaires », allusion certaine à l’œuvre d’André Malraux. Celles-ci évoquent les
thèmes de l’architecture, de la peinture, des objets d’art et de la musique. Tandis que les unes ont
été créées sur des sites de musées dont le Ministère de la Culture française assure les liens,
d’autres ont été conçues en partenariat avec le Ministère56. Cependant, ma mission de stage ne
concerne pas les domaines artistiques. Je n’ai donc pas poussé plus loin l’analyse. Le site de la
Bibliothèque Nationale Française57, (BNF), dispose, elle aussi, d’une section relative aux
expositions virtuelles. Cependant, leur caractère majoritairement « statique » (combinaison de
textes et d’images) n’était pas assez convaincant et pertinent pour le but de ma recherche. Je me
54 Nous rappelons que notre point de vue est canadien. 55 http://www.culture.gouv.fr/culture/exp/exp.htm 56 GAUTIER, France, Concevoir un exposition virtuelle en bibliothèque : enjeux et méthodologie, 2002 57 http://expositions.bnf.fr
40
suis dont limitée au portail du Musée Virtuel du Canada, mis en œuvre par le Réseau Canadien de
l’Information sur le Patrimoine.
2.1.2. Le Réseau Canadien d’Information sur le Patrimoine (RCIP)
Crée en 1972, le RCIP est un organisme qui relève directement du gouvernement fédéral
et plus particulièrement du Ministère du Patrimoine Canadien. Il permet aux professionnels du
patrimoine de mettre en commun leur savoir et leurs collections ainsi que de les rendre visibles et
accessibles via son site web : http://www.chin.gc.ca/Francais/. Principale source d’expertise dans
le domaine de la numérisation du contenu patrimonial au Canada, le RCIP encourage ses
membres58 à perfectionner leurs compétences dans les domaines de la création, de la présentation,
de la gestion et de la préservation du contenu numérique. Profitant de l’émergence des
technologies de pointe, il aide les musées membres à développer des services en ligne facilement
accessibles, interactifs et personnalisés.
D’autre part, il joue un rôle primordial dans la promotion de l’accès au contenu. Outil de
référence et de recherche, notamment grâce à « Artefacts Canada » qui maintient un répertoire
croissant des objets des musées canadiens, il offre un environnement virtuel didactique et de
haute qualité.
Le RCIP s’engage également à rester au contact de son public afin d’accroître son intérêt
et sa participation dans les différents programmes qu’il supporte. L’analyse de la composition des
audiences consiste à justement mieux cibler les besoins et les attentes du public pour ensuite
envisager une stratégie de communication efficace.
Présent sur la scène mondiale dès sa création, le RCIP continue à accroître son
rayonnement international. Il s’assure de renforcer les collaborations internationales ainsi que les
échanges d’informations, de savoir et d’expertise afin d’atteindre un large public à l’échelle
mondiale. Cette position prouve la volonté du RCIP à partager les connaissances et à promouvoir
la culture et le patrimoine à travers le nouveau médium Web.
Le RCIP a su construire une nouvelle voie dans la communauté muséale canadienne en
adoptant Internet comme outil de développement professionnel, outil de promotion et outil
pédagogique.
58 Sont éligibles les organismes patrimoniaux ouverts au public et sans but lucratif.
41
2.1.3. Le programme d’investissement du Musée Virtuel du Canada
(MVC)
Le MVC est le fruit d’un partenariat entre la communauté muséale du Canada et le Réseau
Canadien d’Information sur le Patrimoine. Réalisé par le RCIP, le MVC naît aux yeux du monde
le 22 mars 2001. Nouvelle passerelle Web vers la richesse du patrimoine canadien, ce projet s’est
avéré être le plus efficace en termes d’innovation et de communication. Devenu le foyer de la
diversité et des trésors du patrimoine canadien, il met en scène des histoires que peuvent
consulter des internautes de tous âges, à la maison, dans les écoles ou les lieux de travail. Grâce
aux différents points d’entrée du site, le MVC invite les internautes à venir découvrir les joyaux
des collections des petits et des grands musées et à poursuivre par eux-mêmes leur exploration
des Institutions muséales canadiennes. Construit autour d’un puissant moteur de recherche, le
MVC présente un ensemble varié de rubriques conviviales : la Galerie d’Images qui contient des
milliers d’images de toutes catégories, Expositions du MVC, productions multimédias animées,
@Boutiques qui conduit directement aux boutiques des musées, Pour s’amuser qui offre un panel
de jeux interactifs pour le jeune public, le Centre des Enseignants qui donne accès à des outils
didactiques développés et mis en ligne par les musées, Mon Musée qui consacre un espace
personnel pour collectionner, interpréter et exposer, Histoire de chez nous qui présente des
expositions d’histoire locale réalisées par des musées en collaboration avec leurs collectivités et
Musées et Activités qui propose de nombreuses activités et démonstrations.
Au sein d’un processus concurrentiel, les institutions patrimoniales sont invitées à
soumettre leur candidature au Programme d’investissement du MVC dans le domaine
d’expositions virtuelles bilingues, de jeux interactifs et d’outils pédagogiques qui sauront capter
l’intérêt d’un public large. Les propositions sont examinées par un conseil de rédaction composé
de représentants de la communauté muséale et d’autres venant du monde de l’éducation, de
l’édition ou encore des nouveaux médias. Des appels de propositions sont régulièrement lancés
afin d’encourager les différentes institutions à plonger dans l’aventure du monde multimédia et à
participer au développement, à la présentation et la préservation du contenu numérique
patrimonial canadien. Le programme d’investissement répond à des critères très sélectifs,
consultables sur le site du RCIP59.
Le but ultime du projet est d’être admis à ce programme.
59 Pour les lignes directrices du programme, voir Annexe 6
42
2.2. Connaissance des systèmes similaires
Cette partie est une étape importante dans la préparation du projet. Menée de front avec la
mise en place des objectifs, cette analyse comparative m’a permis d’affiner la connaissance sur le
produit tel que présenté aux publics.
2.2.1. Sélection des expositions virtuelles
Avant de me lancer dans l’élaboration effective, je me suis d’abord intéressée aux
expositions virtuelles existantes pour m’imprégner visuellement du sujet et pour avoir une idée
plus précise de ce qu’il était possible de réaliser en termes techniques. L’idée d’une analyse
comparative des systèmes existants provient du cours « conduite de projet informatique60 » de Mr
Bensaci donné au second semestre.
Les critères de sélection ont été les suivants :
- Les expositions virtuelles devaient être hébergées sur le portail du MVC, puisque le
Musée projette d’être candidat au programme d’investissement, en février 200661.
- Les expositions virtuelles choisies devaient se rapprocher le plus possible de notre
thème : nature, histoire...
- les expositions virtuelles devaient comporter un programme éducatif ou, du moins, un
contenu à message pédagogique.
Mes choix se sont alors portés sur :
- « Deux quotidiens se rencontrent » car le Musée McCord est un musée d’Histoire situé
à Montréal. Par ailleurs, il compte déjà quatre expositions virtuelles à son actif. Rencontrer
Nicole Vallières62, m’a éclairée quant aux objectifs et à la position du musée face au
développement de ce produit. (Annexe 7)
60 Méthode MERISE 61 La date n’est pas encore précisément déterminée. 62 Leur propos ont pu nourrir ma réflexion de façon générale.
43
- « Avant le cybercommerce » du Musée des Civilisations, pour le sujet historique et pour
le Musée lui-même, car il gère sur sont portail quelques dizaines d’expositions virtuelles. J’ai
également eu la chance de contacter John Willis41, historien au Musée Canadien de la Poste et
Steven Alsford41, webmaster, qui ont collaboré tous deux au projet. (Annexe 8)
- « Dans le jardin d’un érudit », car l’exposition traite de jardin... (Annexe 9)
- « Le monde intertidal, écologie marine et sujets connexes », pour son approche de la
Nature et sa position pédagogique. (Annexe 10)
- « Dessiner avec la lumière » : pour sa qualité graphique et le type d’expériences
proposées. A noter que cette exposition a été techniquement créée par le lab)idéeclic!, laboratoire
de recherche, de conception et de production avec lequel le Musée du Château Ramezay compte
collaborer pour la réalisation du projet63. (Annexe 11)
Cette sélection, non exhaustive est cependant suffisante pour donner un aperçu intéressant
et exploitable d’une exposition en ligne typique.
2.2.2. Proposition d’une grille d’analyse
Le manque de sources et l’absence d’analyses ont rendu difficile la mise en œuvre d’une
grille d’analyse. J’ai formulé cette grille sous forme de tableau pour obtenir des résultats plus
qualitatifs que quantitatifs. Cependant, ce tableau n’est et ne se veut pas d’une rigueur
méthodologique. Je me suis simplement inspirée de la grille d’analyse qu’avait lui-même
« fabriquée » en 2003 Emilien Dupont64, dans le cadre de sa recherche sur les expositions en
ligne, de l’article de Michael Douma, « Lessons learned from WebExhibits.org : practical
suggestions for good design », et des quelques analyses menées par le RCIP.
63 Voir page 78 64 DUPONT, Émilien, op.cit.
44
Voici sous quelle forme se présente le tableau : Titre : URL : Résumé : Création : Partenariat(s), contributeur(s) : (s’il y a lieu) Date : Plugiciels : Type d’exposition virtuelle : (si caractéristique majeure)
Type Public Type d’interaction avec le public Identification du sujet Thème Type de contenu
Objectifs Problématique/enjeux
organisation visible
Introduction
différents accès
Page d’accueil
plug-in, connexions
thèmes
sous-thèmes
chronologie
visite
récit
objets
Contenu organisé par autres
Différents niveaux d’information
Arbre/plan
Arborescence
Aide
barre de navigation
icônes (signifiant,
mnémotechnique, littéral)
frameset
Type
ouverture de fenêtres
flottantes
Flexibilité Navigation linéaire/non-linéaire
hypertexte/hyperimage
gras/souligné glossaire/lexique vers autre texte vers autre image vers autre site
Navigation
Hyperlien
autres
45
adjoint Avec images supplément
Titres et sous-titres
Introduction
Hiérarchisation des paragraphes
Moyens rédactionnels
Personnalisation/vulgarisation page-écran
défilement
Longueur
étalement
Lisibilité (style et taille de la police)
Textes
Traduction Type Qualité
adjoint Avec textes supplément
adjoint Cartel supplément
agrandissement
zoom
Sélection/découpage
rotation
étude/comparaison
Manipulation
autres
Diaporama
Images
Vues rotatives (QT VR) Charte graphique Lien avec le sujet
Graphisme
Ambiance interface Animation explicative
archives Vidéo visites guidées
type Audio téléchargement/continu
forme (lexique, base de
données, galerie, autres...)
contenu
par ordre alphabétique
par noms
par catégories
Indexation
autres
chronologie
carte
schéma
biographie
bibliographie
Interactivité
Données supplémentaires
info +
46
crédits
autres
Général/spécialisé
par mots-clefs
par catégories
autres
Moteur de recherche
mode d’emploi
dossier personnel
impression
carte postale
Réutilisation
autres
courriel
forum
commentaires
sondage
vers autres sites
Échanges, contact, liens
autres
presse
scolaires
enseignants
Sections spécialisées
autres
Public Type Lien direct ou indirect avec le sujet Enjeux
Jeux/activités
Mode d’emploi
2.2.3. Résultats des tableaux comparatifs
Les résultats des tableaux comparatifs (aux Annexes 7 pour « Deux quotidiens se
rencontrent », 8 pour « Avant le cybercommerce », 9 pour « Dans le jardin d’un érudit », 10 pour
« Le monde intertidal, écologie marine et sujets connexes », et 11 pour « Dessiner avec la
lumière ») sont reformulés dans cette partie. Il ne s’agit pas de mener une analyse exhaustive et
précise, mais de présenter rapidement les différentes facettes d’une exposition virtuelle.
- Public
Souvent, les expositions virtuelles sont accessibles pour un public très large. Il n’est pas
nécessaire d’avoir des connaissances préalables. Dans au moins deux expositions, on peut
considérer que le public-cible est un public scolaire. Le public est concerné, soit par une
invitation à manipuler (« Deux quotidiens se rencontrent » et « Dessiner avec la lumière ») soit
47
par un impact émotionnel ou une prise de conscience universelle et humanitaire (« le monde
intertidal »).
Le public participe directement au déroulement de l’exposition. Il inter-agit. Il détermine
les orientations et les interprétations. L’exposition doit répondre aux attentes du public et partir
de ses intérêts.
- Objectifs
Un fort accent a été mis sur la pédagogie, en particulier pour « Deux quotidiens se
rencontrent » et « Dessiner avec la lumière ». Dans la première, le but est d’éduquer le regard et
de stimuler la curiosité et le questionnement historique. Dans la seconde, les internautes
apprennent à partir de leurs propres expériences (sur le mode cours/démonstration/application),
grâce aux diverses manipulations proposées. L’exposition virtuelle assume alors le rôle d’un
portail éducatif pour petits et grands. L’exposition « Dans le jardin d’un érudit » propose une
initiation à la culture chinoise, cependant, la section « activités et érudition » comporte un
programme essentiellement pédagogique.
Le second aspect, fréquemment rencontré, est la mise en valeur des collections. Le musée
McCord a pris comme point de départ sa riche collection d’archives photographiques pour
construire un programme pédagogique. A défaut de collections, le patrimoine remplace l’objet de
musée (voir « Le monde intertidal » ou encore « Dans le jardin d’un érudit » qui se consacre
essentiellement à l’architecture du jardin). C’est également un moyen de faire valoir des
collections rares, peu mises en valeur, comme pour « Avant le cybercommerce » ou impossibles à
montrer autrement (fragilité, qui ne peut être déplacé…).
L’exposition a pour objectif de diffuser massivement un contenu conséquent, souvent
dans un esprit pédagogique.
- Problématiques/enjeux
Les enjeux et problématiques sont divers. Les expositions virtuelles soulèvent des
questions en rapport avec leur patrimoine historique (« avant le cybercommerce », « deux
quotidiens »), paysager (« le monde intertidal »), architectural (« dans le jardin d’un érudit »).
48
- Arborescence
La page d’accueil est généralement bien structurée et contient les informations minimums
pour pouvoir cerner la thématique. Seule la page d’accueil du « Monde intertidal » offre au
visiteur la possibilité de juger le contenu de façon plus approfondie, grâce à de courtes
introductions.
Dans les autres sites, l’introduction est plus succincte et traite uniquement du thème
général. Cette page propose également différentes portes d’accès. Par conséquent, l’internaute
peut choisir un parcours parmi ceux qui lui sont proposés, puis changer en cours de route.
Toutes les pages offrent la possibilité de télécharger les plugiciels recommandés pour une
lecture optimale du site. Par contre, rares sont celles qui permettent un accès en bas débit
(« Dessiner la lumière »).
Le contenu est le plus souvent organisé par thèmes, de nature différente (visite,
chronologie, objets...). L’exposition « Deux quotidiens se rencontrent » se distingue par son
organisation en points de vue (historique/muséologique/photographique).
Il est rare de trouver un plan ou un carte du site ou de aide. L’arborescence se dévoile au
fur et mesure de l’exploration, pour tenir le visiteur en haleine.
Les expositions virtuelles sont construites sur différents niveaux d’information. Ceux-ci
sont répartis selon les objectifs voulus. Dans le cas du « Jardin d’un érudit », le mode
d’exploration est binaire, entre plaisir visuel et information détaillée, dans celui de « Deux
quotidiens se rencontrent », trois modes différents permettent d’enrichir considérablement
l’information liée au duo de photographies. Dans le cas de « avant le cybercommerce », le
contenu s’adapte selon le profil du visiteur : intéressés par l’Histoire, scolaire ou collectionneurs.
Le rôle de la page d’accueil est primordial : c’est le moment où l’internaute décide de
poursuivre la visite ou non. Elle doit comporter une introduction claire et structurée.
Les expositions virtuelles permettent une consultation par des modes différents et s’adaptent à
l’intérêt de chaque internaute.
- Navigation
Le type de navigation le plus utilisé est la barre de navigation, visible à chaque étape du
parcours de l’internaute. Ainsi, il se repère facilement. Dans « Deux quotidiens se rencontrent »,
la barre de navigation apparaît progressivement tandis que le site de « Dessiner avec la lumière »
a choisi une barre de navigation animée : de petits carrés se transforment en titres quand la souris
49
les survole. D’ailleurs, ces derniers restent visibles pendant toute la durée de l’ouverture de la
page correspondante. Ils sont des points de repère utiles.
Les frameset sont rares (sauf pour « Le monde intertidal ») car souvent peu
ergonomiques.
La plupart des icônes signalent la présence de fonctions supplémentaires (loupe pour
agrandissement). Leur visibilité ne pose pas de problèmes majeurs.
Les hyperliens ne sont pas utilisés de façon systématique, du fait de leur complexité.
L’internaute peut rapidement perdre le fil de sa lecture et se perdre dans l’architecture. Utiliser ce
système demande de la précaution et une solide organisation, qualités prouvées dans « avant le
cybercommerce ».
La navigation doit être toujours visible et intuitive. Elle doit guider le visiteur. Les
hyperliens, lorsqu’ils sont bien distribués, enrichissent considérablement la navigation non
linéaire. Le visiteur peut en effet passer d’une information à une autre sans effort de recherche.
- Textes
Le lien texte/image est systématique. L’image a tendance à prévaloir sur le texte. Le texte
reste cependant très important car il délivre clairement l’information.
Seuls les titres et sous-titres, quand ils sont présents, font l’objet d’un travail de rédaction,
où le choix du vocabulaire est déterminant. Certaines portions de textes sont précédées d’une
introduction afin de susciter l’intérêt chez l’internaute. Il est alors capable d’anticiper le contenu.
L’introduction (à distinguer de l’introduction générale au site) se présente sous différentes
formes. En effet, Dessiner avec la lumière », a recours à l’étymologie. Une autre manière
d’introduire le sujet est d’interpeller l’internaute directement : (« voulez-vous en savoir plus
…? »), comme le suggère l’exposition « Le monde intertidal ».
Le ton, neutre et objectif, ne fait qu’accentuer le rapport déshumanisé de l’Homme à la
machine. « Avant le cybercommerce » est le seul cas qui se détache de cette tendance.
L’exposition met en ligne des textes d’auteurs.
La longueur des textes varie et diverses méthodes sont employées pour les afficher
intégralement à l’écran : par une barre de défilement ou par des flèches. La page écran n’est
jamais disponible bien qu’elle soit la mieux adaptée pour la lecture sur écran.
De manière générale, les textes sont lisibles, la taille et la police des textes étant d’ailleurs
souvent standardisées.
50
Les expositions du MVC sont toutes bilingues (« Dans le jardin d’un érudit » est
trilingue)
Les moyens rédactionnels devraient davantage développés. Transposer un texte écrit sur
un écran d’ordinateur demande de nombreuses adaptations, souvent mal exploitées par les
expositions virtuelles. Pourquoi ne pas prendre exemple sur l’édition électronique des journaux,
et faire ressortir les titres, les paragraphes, les mots-clés ? Le découpage en paragraphes courts,
est par ailleurs une première façon de structurer un texte.
- Images
Les images sont sans exception de bonne qualité. Le contenu du cartel est variable, de la
simple description jusqu’au numéro d’inventaire (« Deux quotidiens se rencontrent »).
La manipulation, propre aux images numériques, est relativement peu exploitée. Les
expositions « Deux quotidiens se rencontrent » et « Dessiner avec la lumière » sont les plus
innovantes dans ce domaine. Tandis que l’une permet à l’utilisateur de comparer les deux
photographies du duo par différents moyens (superposition, intervertissement, glissement…), la
seconde propose à l’utilisateur différents angles de vue, de jeux de lumière… Dans les deux cas,
les points de vue sont multipliés et façonnent le regard du visiteur. Ce dernier n’est plus
dépendant de l’opinion du concepteur. Les expositions virtuelles peuvent faire appel des
technologies plus avancées, souvent la 3D, pour mettre en valeur les images, comme dans « le
monde intertidal » L’agrandissement des images reste cependant l’unique moyen d’avoir une
quelconque interaction avec l’image.
L’image numérique constitue une révolution dans le sens où elle peut nous faire voir des
choses que nous serions incapables de voir autrement. Elle permet que l’on se familiarise avec
elle, qu’on l’analyse et qu’on se la réapproprie. Voir devient un véritable exercice. Mais l’impact
de l’image sur nos comportements et pensées reste à déterminer.
- Graphisme
Le graphisme est une notion importante dans la conception d’exposition virtuelle même si
elle ne doit pas être le point central. Une présentation sobre vaut mieux que de creuses prouesses
techniques. Cependant, la dimension immersive est un atout. Les expositions « Le monde
51
intertidal » « Dessiner avec la lumière » et « Dans le jardin d’un érudit » exploitent le graphisme
afin de créer une atmosphère particulière, souvent miroir du contenu.
- Interactivité/Interaction
L’interactivité est cette notion particulière aux NTIC qui transforme le visiteur en acteur.
L’exposition « Dessiner avec la lumière » est certainement l’exemple le plus concret car elle
permet de simuler des expériences à caractère scientifique.
Mais l’interactivité peut naître d’un produit multimédia. « Deux quotidiens se
rencontrent », par exemple, intègre des sons issus de la rue. Ainsi, l’internaute est plongé dans
l’univers de la ville. L’exposition « Dessiner avec la lumière », quant à elle, retransmet en direct,
via la webcam, une interview de deux photographes. Cette méthode, souvent utilisée pour les
vidéos conférences, actualise l’exposition. L’internaute reçoit les informations en direct. Il
« vit »l’exposition.
Dans le même ordre d’idées, le visiteur peut bénéficier d’autres ressources pour compléter
et enrichir sa recherche (biographies, cartes, schémas ...). Ceci permet au visiteur d’appréhender
le contenu de différentes manières et de contrôler la façon dont il construit un sens.
Enfin, pour compléter la visite, l’internaute peut avoir recours aux moteurs de recherche
comme sur « Le monde intertidal ». Ici, le mode de recherche (sous forme de questions
descriptives) est judicieusement adapté à un public néophyte et se distingue d’autres outils de
recherche demandant une certaine familiarité. Le visiteur néophyte ne se trouve pas démuni
devant un système sophistiqué.
L’idée d’interaction à l’intérieur de la communauté internaute n’a pas été réellement
adoptée par les expositions virtuelles. Seule, l’exposition « Deux quotidiens se rencontrent » a
développé un espace réservé au visiteur. En effet, le visiteur peut créer un dossier, où il range les
informations qu’il désire conserver, envoyer à des amis.
Les messages de rétroaction sont devenus automatiques, certains sites proposant même à
l’internaute de participer à un sondage (« Dessiner avec la lumière »). Le musée affiche ainsi sa
volonté d’être à l’écoute de son public et de répondre précisément à ses requêtes. Cependant,
dans la majorité des cas, le courriel disponible est l’adresse générale pour le musée. Le visiteur
n’a aucun moyen d’entrer en contact direct avec le ou les concepteurs de l’exposition.
- Jeux/activités
Sans jeux, le jeune public ne serait pas intéressé par les expositions virtuelles ?
52
Les jeux ou activités stimulent l’intérêt d’un jeune public. Les jeux ne sont pas de simples
divertissements mais de véritables outils éducatifs. L’exposition virtuelle « Dans le jardin d’un
érudit » propose des activités pédagogiques incitant le visiteur à créer, produire un texte, un
dessin... D’autres jeux (tests de connaissance) sanctionnent l’ignorance de l’internaute. Celui-ci
doit rechercher l’information nécessaire pour la réussite du jeu. Certaines expositions, comme
« avant le cybercommerce », produisent des jeux de différents types pour varier les plaisirs et les
modes d’apprentissage.
2.2.4. Avantages et inconvénients des expositions virtuelles
L’exposition virtuelle est hybride : à la fois diffusion d’informations, pôle de référence et
noeud de communication. Mais en quoi est-elle utile pour les Institutions culturelles ? Quelles
sont ses faiblesses ?
Cette partie sur les avantages et les inconvénients, (issus du tableau des résultats
comparatifs), est un moyen de repérer les aspects de l’exposition virtuelle qui méritent d’être
soulevés. Certains de ces aspects feront l’objet d’un plus long développement au cours de
l’évolution du projet.
Pour les avantages :
- Un nouvel environnement pédagogique
• Apprentissage assisté des NTIC repose sur l’intérêt et l’expérience active de l’apprenant.
• Développement de l’autonomie dans l’entreprise de recherche et d’interprétation.
• Un univers ludique pour attirer le jeune public.
- Une communication au service des visiteurs
• Communication bilatérale (équivalent d’un dialogue) permet de tisser un réseau
d’échanges d’informations et d’idées.
• Partage simultané des sources et des connaissances (vers un statut de « musée-forum »?).
53
- L’effet de démocratisation
• Accès à l’information facilité.
• Réintégration sociale possible (abolition des barrières sociales due à l’anonymat sur le
Web).
- Diversité de l’information
• À partir des collections, d’un scénario, d’une histoire, d’une émotion, de questionnements
contemporains, de données immatérielles (audio, …), d’objets physiquement
intransportables ou fragiles (monuments, sites …).
- Une organisation dynamisée par l’interactivité
• Plusieurs modes et chemins d’accès sont indispensables. Le plan de l’exposition devient
modulable.
• La dynamique est stimulée par les choix et l’interaction du visiteur.
• Les contenus sont, par conséquent, interprétés, non pas en fonction d’un seul point de vue
(celui du concepteur) mais en fonction de plusieurs points de vue, simultanément ou
indépendamment.
Pour les inconvénients (sous forme de questions qui n’ont pas encore trouvé leur réponse) :
- Quelle place dans le musée ?
• L’exposition virtuelle fait-elle partie intégrante du musée ou n’est-elle qu’un moyen de
promouvoir son image à travers le monde ?
- Un projet en constante évolution :
• Les expositions font-elles l’objet de mises à jour ?
• Peut-on imposer des limites à un produit dont l’essence même repose sur l’instable ?
- Une demande encore non formalisée : prédominance d’une logique de l’offre :
• Connaissance encore succincte des profils et des usages des utilisateurs d’espace Internet
de musées.
54
• Une culture de l’écran et des dispositifs multimédias encore fragiles chez certains publics.
La non-linéarité spécifique aux NTIC (notamment avec la création des hyperliens) peut
dérouter un public néophyte.
- Le faux pouvoir de la technologie
• Une interface attirante n’équivaut pas à une organisation des contenus.
• Accès à l’information n’équivaut pas à la compréhension de celle-ci, c’est-à-dire à
l’acquisition de la connaissance.
Vers une dérive du culte des images
• Perversion de l’image aux dépends d’un texte souvent mal adapté au médium Web. Faut-
il mettre au point un nouveau style d’écriture ?
• Quel est l’impact de l’image ?
2.3. Les limites du projet
La détermination des limites du projet nous permet d’éviter des erreurs dans le processus
de conception et de réalisation. Les résultats du tableau comparatif m’ont éclairée quant aux
potentialités de l’exposition en ligne.
2.3.1. L’ambition revisitée à la lumière des résultats
La création d’une exposition virtuelle n’oblige en aucun cas à l’innovation et ne vise pas
forcément la performance technique. Le musée désire tout d’abord s’investir dans un projet de
qualité et viable à moyen terme.
La recherche de systèmes similaires menée sur le portail du MVC a montré qu’il n’existe
pas d’expositions virtuelles traitant du thème du « jardin », dans un sens historique, social et
utilitaire.
Par conséquent, le sujet choisi détermine de facto la singularité du projet.
L’ambition décisive du projet est donc de tout mettre en œuvre pour valoriser le mieux
possible cette thématique à travers les outils multimédias.
55
2.3.2. Les Bornes conceptuelles et techniques
À partir des données récupérées sur le portail du MVC, j’ai pu établir quatre critères qui
délimitent le projet en interne et en externe.
- Les bornes conceptuelles :
• Liberté quant au traitement thématique
• Veiller à expliciter le caractère historique pour éviter une possible confusion avec le
jardin botanique dont la mission est principalement axée sur les sciences naturelles.
- Les bornes techniques
• Le Musée du Château Ramezay ne dispose certainement pas de toutes les applications
nécessaires à l’élaboration d’un programme complexe.
• Le projet devra proposer une ergonomie simple et usuelle.
Une fois ces conditions remplies, l’élaboration du projet peut débuter.
56
CHAPITRE 3 ELABORATION DE
L’EXPOSITION VIRTUELLE
57
1. L’ « esprit » du projet
Par « esprit » du projet, j’entends parler des orientations, des lignes directrices qui sous-
tendent ce projet. L’exposition virtuelle n’est pas seulement un outil de médiation culturelle
conçu pour être une aide documentaire. Je l’inscrirai davantage dans une optique d’outil de
médiation éducative, d’outil d’apprentissage. Mon choix s’est confirmé au fur et à mesure de mes
lectures et de mes entretiens avec les responsables de départements technologies de différents
musées québécois.
1.1. Le contexte de travail
« Les institutions culturelles et les systèmes d’éducation sont étroitement
liés. L’éducation permet l’accès à la création culturelle, de la comprendre et de
l’apprécier. Les nouvelles technologies possèdent le potentiel requis pour
renforcer et intensifier ces relations65. »
Le potentiel des NTIC permet d’établir des liens entre les organisations culturelles et
éducatives et de concevoir des ressources d’apprentissages disponibles, informelles et novatrices.
1.1.1. L’orientation pédagogique et le constructivisme
Les NTIC ont l’avantage d’offrir des méthodes d’apprentissage variées afin de
correspondre à un public plus large, tout en satisfaisant les besoins de chacun, qu’ils soient
culturels, sociaux, intellectuels ou émotionnels.
Dans le domaine éducatif, on peut distinguer trois types d’éducation :
- L’éducation formelle ou traditionnelle basée sur une structure hiérarchique et une
progression chronologique de l’école primaire à l’Université.
- L’éducation informelle qui consiste à une formation « tout au long de sa vie », c’est-à-
dire toute activité entreprise à tout moment de la vie dans le but d’améliorer se connaissances, ses
compétences, dans une perspective personnelle, civique, sociale.
65 COMMISSION EUROPÉENNE, DIRECTION GÉNÉRALE ÉDUCATION et CULTURE, UNITÉ MULTIMÉDIA, Rapport de la firme Dédale. « Vol. 1. Aperçu de la situation en Europe »
58
- L’éducation non-formelle proposée par les écoles et les instituts de formation pour les
groupes communautaires66.
Dans le cas qui me concerne, je m’intéresserai essentiellement à l’éducation informelle
qui peut évoluer dans un environnement non conventionnel, comme le cercle familial, celui des
amis... L’exposition virtuelle cadre la plupart du temps avec cet environnement souple où l’image
du professeur laisse place à celle du guide et où le terme d’élève disparaît au profit de celui
d’apprenant. Ce changement de représentation est le résultat du passage, dans le domaine
éducatif, du paradigme béhavioriste au modèle constructiviste. En effet, l’apprentissage de type
béhavioriste fonctionne sur les bases d’un processus de transmission d’information, dont le but
est de provoquer des changements dans le comportement de l’apprenant. Ce processus confère
aux professeurs le savoir qu’ils transmettent aux élèves. La réception de l’information est
essentiellement passive. Quant au modèle constructiviste, il s’apparente à une construction de
sens à la recherche active de la part de l’apprenant. Le rôle du professeur se contente de proposer
des structures d’apprentissage flexibles, tout en prenant en compte les intérêts et les expériences
des apprenants67.
L’évolution est-elle la même dans le champ muséal ?
« Jeffrey-Clay estime que les musées sont des environnements
constructivistes par excellence car ils permettent aux visiteurs d’explorer
librement, de se déplacer à leur propre rythme, d’interagir avec les autres en
échangeant sur leur expérience en groupe et d’examiner et d’élargir leur propre
compréhension des choses68. »
Nous pensons sincèrement que les nouvelles technologies soutiennent cette vision, car
elles réunissent toutes les notions énoncées précédemment : libre exploration, interaction,
expériences, élargissement des connaissances. Le musée, sous sa forme d’exposition, et les
nouvelles technologies avec Internet, parviennent à créer un univers constructiviste performant
propice à un apprentissage débarrassé de son caractère forcé et sclérosé.
66 COMMISSION EUROPÉENNE, Rapport de la firme Dédale. « Vol. 1.» 67 COMMISSION EUROPÉENNE, Rapport de la firme Dédale. « Vol. 3.» 68 SOREN, Barbara J., Recherche sur la « qualité » des expériences en ligne des usagers de musée, RCIP/CHIN, 2004
59
Cependant, apprendre sur Internet comporte quelques dangers qu’il faut prendre soin
d’éviter. Selon M.Aubé, les NTIC accentuent l’idée que les « connaissances existent par elles-
mêmes à l’extérieur des individus69 » et qu’il suffit de parcourir un site pour acquérir des
connaissances. Or ce n’est pas aussi si simple. La dimension de relation pédagogique, trop
facilement évacuée, est pourtant indispensable dans le processus dynamique de l’apprentissage.
Surfer sur le Web n’est pas synonyme de s’approprier le savoir.
L’exposition virtuelle du musée reposera avant tout sur le concept de relation
pédagogique pour permettre une autoformation valorisante.
1.1.2. Le Web comme outil d’apprentissage
Avant de me lancer dans l’élaboration d’un outil d’apprentissage, il m’a semblé opportun
d’analyser les situations auxquelles de jeunes apprenants scolarisés sont confrontés. Pour cette
démarche, je me suis appuyée sur la thèse de l’Institutionnalisation du savoir de A. Rouchier
présentée par Maryvonne Masselot-Girard, qui nous explique que le sujet apprenant passe par
trois étapes dans sa situation d’apprentissage. La première est une lecture avec sélection
d’informations : le sujet connaissant manipule des références. La seconde est la préparation
didactique où l’élève renvoie ses connaissances à des formes institutionnelles. Le sujet est alors
instruit. La troisième est une situation de mise en circulation, de reformulation et de réécriture
avec modélisation. Le sujet a atteint le champ du savoir70.
Je reprendrai ce découpage dans la construction du schéma pédagogique71, en prenant soin
de maintenir dans le champ des pratiques sociales un dispositif clair et intuitif pour que
l’apprenant, quel que soit son âge et son niveau d’apprentissage devienne autonome pour
construire son propre savoir.
Le musée McCord s’est déjà penché sur la question de la mise en ligne des ressources
dans un contexte d’apprentissage pédagogique. Il a d’ailleurs mis en place, sur son site Internet,
un programme éducatif en ligne, le projet EduWeb72, dont Marie-Claude Larouche est la
coordinatrice. Ce programme propose différentes façons d’utiliser les ressources en classe 69 AUBE, M, vie pédagogique n°98 mars/avril 1996, p. 37, in Autoroutes électronique sous la direction de Lucie DAIGNAULT. 70 MASSELOT-GIRARD M. « Multimédia, objet d’apprentissage et outil de communication », colloque : Multimédia et construction des connaissances, Besançon, juin 1999. 71 Voir page 73 et Annexe 14. 72 www.musee-mccord.qc.cq/eduweb et Annexe 7bis
60
d’histoire ou de sciences humaines au secondaire. Les jeunes internautes peuvent accéder à la
section « jeux » pour stimuler la curiosité et le questionnement à l’égard du passé, au « Guide
pédagogique ClioClic » qui procure à l’élève un environnement d’apprentissage Web, et au
« matériel pédagogique » qui met en ligne des travaux d’élèves. Divertissement, recherche et
partage des connaissances sont les trois facettes et maîtres mots de ce programme enrichissant et
adapté à un encadrement scolaire.
« Des Fantômes au musée »73, une des dernières réalisations virtuelles du Musée de la
Civilisation est un jeu ludocréatif qui s’inscrit dans un contexte scolaire. Le jeu recouvre en partie
le programme, les objectifs et les compétences ciblées par le programme français dans les
disciplines des sciences humaines. Les compétences mises en œuvre sont d’ordre intellectuel
(interroger les sources d’information, jugement critique, pensée créatrice…) méthodologique
(analyser la tâche à accomplir, exploiter les technologies de l’information et de la
communication), et communicationnel (adopter les stratégies de communication adéquates). Le
jeu met à la disposition des enseignants un module créé spécialement pour eux afin de les guider
dans la préparation d’un cours. Des analyses pédagogiques et des activités avec critères
d’évaluation sont proposées en fonction des stratégies adoptées. Le module fournit au niveau du
contenu une liste de différentes pistes thématiques possibles. Ce jeu ne se restreint pas à la
dimension ludique et divertissante. Il met en avant diverses façons de relever des défis,
comparatifs, inventifs, de synthèse, etc… Le jeu, différent d’un manuel, est cependant un relais
intéressant pour le professeur qui cherche à communiquer de façon dynamique et agréable les
connaissances relatives au programme éducatif. L’objectif principal des concepteurs a été orienté
par le vieil adage « apprendre en s’amusant » : les jeunes doivent prendre plaisir à jouer avec les
notions d’histoire et de géographie québécoise.
Sans divertissement, l’apprentissage serait-il réduit à néant ? L’exposition virtuelle serait-elle
l’outil adéquat pour transformer l’apprentissage scolaire traditionnel en véritable défi intellectuel
capable d’amener les apprenants à se dépasser et à franchir les obstacles.
L’apprentissage sera-t-il conçu et entrepris comme une aventure passionnante ?
73 Voir Annexe 12bis
61
1.1.3. Communiquer au ou avec les publics ?
Actuellement, les politiques d’offres et de services des musées motivées par l’abondance
de la production électronique obéissent à des schémas classiques des rapports aux publics, alors
que ces derniers ont désormais beaucoup plus à offrir que leur statut de client ou d’ignorant.
Conscients de leur engagement en tant que public de musée, les visiteurs s’attendent aujourd’hui
d’être davantage impliqués dans la démarche de l’Institution culturelle qui les accueille74. Ils ont
rangé leur costume de spectateur et souhaitent participer au système de communication de
l’Institution.
Au-delà des actions de communications, les nouvelles technologies permettent au musée
de développer des relations plus abouties avec les publics notamment dans le sens d’une plus
grande personnalisation. Le but est de mettre en place un musée à l’écoute de ses visiteurs.
Internet est un excellent moyen, rapide et efficace, pour inviter ces visiteurs à réagir et à dévoiler
leurs points de vue. Cependant, cette initiative est plus compliquée qu’elle n’y paraît :
« Le paradoxe réside dans le fait que les musées, symboles de
permanence et d’intemporalité, sont désormais conduits à nouer des
relations avec des internautes dont les valeurs sont la réactivité, la
personnalisation, la performance, la rapidité et l’interaction75. »
Outre ce paradoxe, Jules Morissette, du Musée de la Civilisation à Québec76, attache une
importance toute particulière à la notion de communication via Internet, qu’il conçoit comme une
dynamique dans la stratégie de diffusion massive de l’information. Le fait d’installer des items du
type « envoyez à un ami » au sein des expositions virtuelles contribue à renforcer cette diffusion,
par le phénomène de bouche à oreille. L’internaute devient le messager, le porte-parole du musée.
Nicole Vallières77, quant à elle, voit dans le sillage des expositions virtuelles une chance
de mettre sur pied un travail collaboratif. Celui-ci serait crée à partir des informations échangées
74 LE MAREC, Joëlle, TOPALIAN, Roland, Le rôle des technologies dans les relations entre Institutions et les publics : peut-on (vraiment) innover en matière de communication ?, ICHIM, Paris, 2003 75 TOBELEM, Jean-Michel, L’influence des nouvelles techniques sur le management des musées, ICHIM, Berlin, 2004 76 Voir Annexe 12. 77 Du Musée McCord à Montréal, Annexe 7bis
62
sur le Web par un collectif qui jouerait lui-même le rôle de modérateur, en s’auto informant et
s’auto censurant.
Ces exemples prouvent que la communication avec les publics s’impose dans le domaine
muséal, et ce, grâce à l’impact d’Internet et de ses services. L’exposition virtuelle pourrait bien
devenir le relais privilégié entre l’utilisateur et le musée. Sans pousser jusqu’à la collaboration, je
ferai en sorte que l’exposition en ligne puisse instaurer un véritable « service personnalisé »
spécifiquement destiné aux usagers. Cette idée de service a trois raisons d’être : d’une part, en
s’appuyant sur les intérêts des usagers, elle met en relief l’approche constructiviste expliquée
dans les paragraphes précédents, ensuite, elle met l’usager en situation de création, donc
d’autonomie face au musée, et enfin, elle permet de poursuivre le dialogue Institution/usager hors
du musée et de favoriser ainsi un esprit communautaire. Cet enchaînement, ou effet « boule de
neige », recentre le musée au cœur des pratiques sociales. La connectivité transcende les
capacités des musées traditionnels à présenter l’information et abolit l’image d’Institution
culturelle érudite.
1.2. Positionnement interprétatif et expérimental du contenu
Je rappelle la thématique dont il avait été convenu : les plantes du Jardin du Gouverneur.
Par conséquent, l’exposition en ligne abordera les thèmes du jardin, en tant que prolongement du
Château, des plantes, éléments du jardin et de la botanique. Définir ces termes-clés aidera
certainement à cerner le positionnement interprétatif du projet. Ensuite, j’expliquerai la
dynamique sur laquelle reposeront le contenu et les expériences de l’exposition virtuelle.
1.2.1. Définitions thématiques
J’avais énoncé, dans la partie sur les objectifs, trois pivots sur lesquels se base
l’exposition virtuelle: foyer (vie familiale), relations humaines (vie et besoins quotidiens,
échanges d’idées et de biens) et Histoire sociale et économique (XVIIIème siècle : Montréal,
comme capitale économique, ouverte sur le monde). Il s’agit maintenant de les intégrer aux trois
termes clés.
63
- Le Jardin du Gouverneur :
Il reflète les valeurs du XVIIIème siècle. Son aménagement est inspiré des grands jardins
dits « à la française » qui abondaient à cette époque.
Le jardin, divisée en trois sections (potager, verger et jardin ornemental) avait surtout une
valeur nourricière. Les habitants cultivaient leur propres fruits et légumes, qu’ils consommaient
ensuite. Le jardin était, avec la salle commune (cuisine), le « centre » du foyer.
- Les plantes :
Elles sont les témoins de l’évolution et de l’adaptation d’une société. Elles sont au cœur
de la vie et des besoins quotidiens, tant dans le domaine alimentaire que médical... En effet, les
plantes servaient à concocter toute sorte de remèdes. Elles faisaient la richesse des apothicaires et
des commerçants, qui les diffusaient de part le monde. Ceci encourageait les échanges de
produits.
Elles sont également des témoins historiques de la biodiversité. Les plantes, conservées
dans des herbiers, constituent un patrimoine unique et entraînent aujourd’hui des recherches
scientifiques sur leur ADN.
- La Botanique :
Elle n’est pas une science sédentaire. Elle est une science de terrain, d’observation,
d’expérimentation et d’innovation. Elle a été pendant longtemps le but des grandes explorations à
travers les océans du monde. Ces explorations ont généré des échanges commerciaux, techniques,
idéaux. De nombreux navigateurs de l’Ancien Monde partaient pour les Amériques afin de
ramener des végétaux exotiques. La botanique est un bel exemple de relation entre la France,
avec des ports maritimes tels que Nantes, et la Nouvelle France, où Montréal jouait le rôle d’une
plaque tournante pour les marchandises78.
Par ailleurs, l’apogée de la Botanique se situe au siècle des Lumières.
78 Cf. Aventures Botaniques.
64
1.2.2. Dynamique de l’exposition
La dynamique de l’exposition virtuelle se définit par le fait qu’elle n’est pas figée dans
une perspective induite par les concepteurs d’une exposition traditionnelle. Au contraire,
l’exposition virtuelle est souple et modulable selon les interactions avec l’utilisateur.
Intrinsèque à l’exposition, la dynamique est essentiellement motivée par les actions
(parcours, navigation …) de l’utilisateur.
La dynamique du projet reposera sur la notion d’évolution. Par évolution, j’entends parler
de tous types de modifications, physiques ou « théoriques ». En effet, la plante subit une
transformation naturelle, de la graine à la forme adulte. Mais elle est aussi sujette à des mutations
génétiques. Enfin, elle subit les changements des mentalités : au fil des siècles, elles sont
connotées différemment.
Ce choix est justifié pour deux raisons :
D’une part, la notion d’évolution décrit l’histoire du Château Ramezay. D’autre part, le virtuel est
toujours dans un entre-deux, il évolue constamment.
1.2.3. Les types d’expériences proposées
- L’expérience multi disciplinaire :
L’évolution des plantes du Jardin du Gouverneur est vue à travers les filtres historique
(histoire sociale, commerciale...), ethnologique (utilisation de la Nature par l’Homme) et
scientifique (sciences pures, botanique...). Cette approche multidisciplinaire permet à la fois de
croiser les regards, de confronter les idées et d’élargir le champ des connaissances. En
décloisonnant les informations de leur cadre théorique, cette approche peut changer la perception
et l’interprétation des individus.
- Une expérience humaine :
D’hier à aujourd’hui, il a toujours été question de plantes. L’exposition virtuelle offrira la
possibilité à l’usager de parcourir l’espace et le temps à la recherche de recettes ou de remèdes
d’antan, de suivre les traces de navigateurs intrépides... L’exposition, chargée de l’idée du
65
voyage, transportera le visiteur dans de proches ou lointaines contrées, à la rencontre de divers
personnages historiques, célèbres ou anonymes.
- Une expérience pédagogique :
Le jardin est autant un lieu de conservation (espace d’exposition) qu’un terrain propice à
l’observation et à l’expérimentation (espace éducatif). La nature regorge de mystères que
l’internaute devra découvrir, soit en observant, soit en expérimentant par lui-même. Il saura alors
en mesure déchiffrer les secrets des plantes et de comprendre leur(s) évolution(s).
2. La conception du projet
2.1. Le schéma directeur
Le schéma directeur est le plan organisateur par lequel vont s’agencer les différents
thèmes et sous-thèmes.
2.1.1. Le fil conducteur
Les plantes du Jardin du Gouverneur assumeront le rôle de fil conducteur. Elles seront
assimilées à l’exposition à titre d’artefacts. Puisque le jardin est considéré comme une salle
d’exposition, elles seront les musealia de cet espace. Ces ecofacts79 constitueront le pivot de
l’exposition. En effet, par leur essence, elles rendent compte de la notion de mouvement et de
changements.
En effet, les plantes peuvent subir des :
- Changement morphologique (évolution des formes)
- Changement de perception (de la nature à la science)
- Changement de valeur (décoratif/utile …)
- Changement de statut (culturel, historique)
- Changement de lieu (géographique)
- Changement de statut (rôles et fonctions)
- Changement interprétatif (résultats expérimentaux)
79 Néologisme construit sur les termes “écologie” et “Artefacts”
66
Par conséquent, la plante constituera le point d’ancrage des thèmes qui seront eux-mêmes
inter reliés. La problématique mettre en évidence le parallèle entre l’évolution de la plante (de
son état naturel à son état culturel) et la progression chronologique de tout type d’apprentissage
(de l’observation à l’acquisition du savoir).
2.1.2. Les concepts-clés
Les concepts-clés permettent d’éclaircir les notions sur lesquelles le projet repose au
niveau de la relation et de la communication avec l’usager.
- Pédagogie :
L’exposition utilise les nouveaux modes d’apprentissage actif. Elle contribue à la
diffusion de l’idée d’un musée devenu « éducatif ».
- Expérimentation :
Par l’expérimentation, l’exposition en ligne montre qu’elle est dynamique et interactive,
tout comme le jardin est vivant et
- Personnalisation : Adaptation et recombinaison personnelle
Le terme personnalisation peut renvoyer à deux significations nuancées par Silvia
Filippini-Fantoni et Jonathan Bowen : « Personalization or adaptivity » et « customisation or
adaptability ». En général, la personnalisation/customisation couvre le domaine de la
présentation, alors que la personnalisation/adaptivity nécessite un contenu. Bien que la notion de
personnalisation, prise dans ses deux sens, ait été analysée dans un contexte de musée virtuel,
nous pensons que les utiliser dans un contexte d’exposition virtuelle est justifié, dans la mesure
où sites de musée et exposition en ligne cherchent à s’engager davantage dans une relation d’égal
à égal avec le visiteur.
- La personnalisation ou adaptation (« Personalization or adaptivity »)80 est un système
qui, par ses propres caractéristiques, est capable de s’adapter aux besoins de l’utilisateur. Dans ce
80 FILIPPINI-FANTONI, Silvia, Personalization through it in museums. Does it really work ? The case of the marble Museum Website, ICHIM Paris 2003
67
sens, la personnalisation offre une information alternative, c’est-à-dire qu’elle propose différents
accès définis en fonction d’un type d’utilisateur (touriste, étudiant, expert...). Ce « guide virtuel »
est similaire à un guide physique du musée, car il s’adapte automatiquement au cours du parcours
de visite. Cependant, ce système de personnalisation comporte encore quelques lacunes. En effet,
les utilisateurs éprouvent une certaine difficulté à choisir leur profil et parfois, sont déçus
lorsqu’ils reçoivent une information inadéquate à leurs attentes. L’autre problème rencontré dans
ce système est l’impatience des visiteurs à trouver l’information qu’ils désirent. Passer au
préalable par une identification de leur profil est souvent considéré comme une perte de temps.
Cependant, des études ont confirmé que l’apprentissage est stimulé quand l’information est
décrite avec des termes que l’usager comprend et si elle fait référence à ses intérêts.
En ce qui concerne le projet, je ferai en sorte d’adapter le contenu en fonction des intérêts
de chacun. Cependant, le public ciblé étant large, je limiterai l’adaptation au public jeune, au
public « flâneur » et au public connaisseur.
- La personnalisation ou recombinaison personnelle (« customisation or adaptability »)81
est l’acte de créer manuellement un profil en ajoutant ou en modifiant des éléments. L’utilisateur
est directement intégré au processus et peut contrôler.
L’exposition virtuelle privilégiera l’approche « customisée », afin de créer un espace
personnel82 dédié au visiteur. Cet espace saura éveiller la curiosité et encourager l’exploration de
l’exposition pour enrichir cet espace. D’autre part, j’espère qu’il humanisera un peu plus la
relation homme-machine. L’exposition virtuelle, plus qu’une médiation informatique, est une
médiation humaine : de chaque bord du médium, ce sont des hommes qui énoncent et reçoivent
les informations.
2.1.3. Les contributions du projet
Plus qu’un réservoir d’informations, l’exposition virtuelle est un outil consultable pour le
quotidien. La clé de l’exposition virtuelle réside dans le fait qu’elle peut être le point de départ
d’une conversation entre les différents visiteurs. L’objectif est de prolonger ce dialogue pour
81 BOWEN, Jonathan, FILIPPINI-FANTONI, Silvia, Personalization and the Web from a Museum Perspective, Museum and the Web, 2004. 82 Les meilleurs exemples d’espace “customisés” se trouvent sur les portails Yahoo avec « My-Yahoo » ou MSN avec « My-MSN ». BOWEN, J, FILPPINI-FANTONI, S, op.cit.
68
savoir si une exposition en ligne encourage l’apprentissage. Plus on connaîtra les compétences et
les motivations de chacun, plus on pourra changer leur comportement83.
D’autre part, l’exposition du musée, à dominante pédagogique84, rejoindrait l’orientation
adoptée depuis quelques temps par le RCIP. Danielle Boily, gestionnaire des Portails et Design,
m’a fait part du nouveau projet pour le MVC : « learning objects » ou objet d’apprentissage. Ces
objets seraient de « mini expositions virtuelles » : un contenu dense et « bloc » disparaîtrait au
profit d’un contenu condensé pour faire ressortir les grandes lignes du sujet. Ce genre de projet
repose sur une solide collaboration entre les concepteurs et les éducateurs de musée ou les
enseignants. L’objet d’apprentissage sera avant tout manipulé par ce dernier groupe. L’enseignant
pourra se documenter, sélectionner et construire un sens à partir de l’objet d’apprentissage avant
de transmettre les connaissances à ses élèves. L’important est que cette collaboration puisse
aboutir à un produit fonctionnel. La métaphore employée pour illustrer ce nouveau type
d’exposition virtuelle est celle du livre. Un livre est un tout cohérent et requiert une lecture et une
vision globale. Une fois découpé en chapitres, le livre devient d’autres petits livres qui se
suffisent à eux-mêmes. La lecture est alors fragmentée, mais chaque fragment devient une
ressource indépendante. L’enseignant peut alors « piocher » dans le livre afin de retirer les
informations sélectionnées en vue de futurs cours.
2.2. Les schéma-concepts
Le projet s’articule autour de trois « schémas-concepts ». Ces schémas mettent en scène
les idées développées précédemment. Ils permettent d’avoir une vision plus globale du concept
de l’exposition en ligne.
2.2.1. Schéma 1 : dynamique de l’évolution
Ce schéma retrace la vie l’évolution de la plante. Il donne également sens à la dynamique
de l’exposition en ligne.
Voir Annexe 13
83 LARSON Brad, SINCERO Paula, Using Museum Web sites to change visitors’ real world behaviour, Museum and the Web, 2005 84 Voir section suivante : 2.2.1. « schéma-concept de la dynamique de l’évolution » page 72 et Annexe 13.
69
2.2.2. Schéma 2 : pédagogie
Le schéma 2 repose sur la corrélation entre apprentissage au musée et apprentissage
scolaire.
Voir Annexe 14
2.2.3. Schéma 3 : personnalisation (recombinaison)
Ce dernier schéma explique les différentes possibilités en matières de personnalisation,
dans la mesure du possible. Je n’ai malheureusement pas les qualifications techniques requises
pour garantir la réalisation de ce schéma.
Voir Annexe 15
3. Le design
Le design est aussi important que la conception dans la conduite d’un projet informatique.
Il scénographie l’idée de départ. C’est par le design que l’internaute établira son premier contact
avec l’exposition virtuelle.
3.1. Construire et « dessiner » une exposition en ligne
3.1.1. Le rôle de la technologie et « the way of design »
Le Web est un médium puissant. Connecté à d’autres média, il n’en est que plus
performant. Je rappelle que les bouleversements socio-économiques et culturels s’enracinent dans
le progrès technologique, le développement du numérique, etc...
La situation actuelle est une situation où le Web s’adapte aux besoins du musée, même si
ces besoins proviennent justement du changement socioculturel généré par l’arrivée des NTIC
dans notre quotidien. La plupart du temps, le Web décrit et supporte des événements réels qui
pourraient exister sans celui-ci85, parce qu’il est capable simuler les autres média tels que, vidéo,
audio, corps de texte, images...
85 GAIA, Giuliano, BOIANO Stefania, PASQUALI, Francesca, Cross media : when the Web doesn’t go alone, Museum and the Web, 2005
70
Mais, connaissons-nous bien le Web ?
Cette interrogation est survenue à la suite de mon entretien avec Stephen Alsford,
gestionnaire du site Web du Musée Canadien des Civilisations à Gatineau. Pour lui, le Web est
un multi medium indéfini et indéfinissable, d’où la précaution de faire prévaloir le contenu sur la
technologie : nous ne sommes pas encore assez avancés dans le temps et dans la recherche pour
dire ce que peut produire véritablement le Web, ni pour inventer un vocabulaire spécifique à ce
nouveau medium. Lorsque nous parlons du Web, nous nous limitons à une simple comparaison
avec ce que nous connaissons. Les expositions sont le propre du musée, qui est un des seuls à les
créer86.
L’exposition virtuelle, s’appuie, autant que l’exposition physique, sur une combinaison de
textes et d’images. La différence entre les deux réside dans le fait que les images numériques
prennent la place et le statut d’objets de musée. Mais à travers cette substitution, c’est le musée
qui s’exprime métaphoriquement. Par exemple, la technologie 3D, qui permet une rotation de
l’objet à 360°, reproduit le déplacement circulaire du visiteur autour de l’objet dans l’espace
physique. L’option pour agrandir les images imite le rapprochement de l’œil, le « zoom » sur
l’artefact. Cependant, j’aimerais objecter que le problème n’est pas imputable au substitut
(l’image numérique), mais plutôt à la manière dont il est présenté, c’est-à-dire le design. En effet,
l’image numérique est un substitut complet dans le sens où il est à la fois analogique et
analytique : il offre une réelle possibilité de structuration et renvoie en même temps à une
perception sensible87. Le numérique permet de manipuler l’image à l’infini et donne accès à une
nouvelle décontextualisation qui parviendra, dans un avenir proche ou lointain, à renvoyer le
musée vers de nouvelles missions, de nouvelles fonctions, et de nouvelle(s) identité(s)
Il est temps de savoir comment les nouvelles technologies peuvent permettre de repenser
le musée. Elles doivent aider à inventer de nouveaux modèles du musée et de nouvelles méthodes
pour le design88. Les nouvelles technologies peuvent attribuer à l’artefact digital un nouveau rôle
culturel, une nouvelle signification et une nouvelle dimension sociale, mais le design, par lequel
l’artefact est mis en valeur, saura-t-il se libérer de la métaphore pour créer lui-même ?
86 Aujourd’hui, les Bibliothèques sont également considérées comme des centres d’exposition, etc... 87 DELOCHE, Bernard, Vers le musée virtuel et les collections de substituts, 1996. 88 GIACCARDI Elisa, Memory and territory : new forms of Virtuality for the Museum, Museum and the Web, 2004
71
3.1.2. La structure d’une exposition en ligne
La structure d’une exposition virtuelle repose en priorité sur son type d’arborescence. Il
existe certainement différentes façons de présenter l’exposition, mais j’ai opté pour le modèle89
de Bart Marable. Ce dernier met en évidence trois éléments fondamentaux pour bâtir une
exposition en ligne :
- Un contenu lui-même subdivisé (« layered content ») en trois sections distinctes : la
section recherche où le visiteur peut regrouper les différents items selon ses propres critères, la
section exposition, qui comprend la plupart du temps un contenu interprétatif et éducationnel et
enfin, la section d’expérimentation qui encourage une exploration plus poussée, en jouant sur les
modes de l’émotion et du divertissement (jeux).
- Une multiplicité de points d’entrée de sorte que l’internaute puisse entrer dans le vif du
sujet d’une manière qui lui convient. Le contenu s’adapte aux vœux du visiteur.
- Des scenari interconnectés (« Connecting stories ») qui permettent au visiteur de passer
d’un thème d’exposition à une expérience ou à la recherche d’une source, par le simple
phénomène d’une connexion90.
Ces connexions, que l’on appelle également hyperliens, appartiennent au principe
fondateur de tout produit informatique en ligne. Ces produits hypertextuels, dont font partie les
expositions en ligne, offrent la possibilité de construire la pensée et le discours à partir des
données qui sont présentées dans un certain ordre, mais que l’on peut interchanger.
« L’hypertexte peut s’envisager comme un système à la fois matériel et
intellectuel dans lequel un acteur humain interagit avec des informations qu’il
fait naître d’un parcours et qui modifient en retour ses représentations et ses
demandes91. »
Dans le cas de l’hypertexte, le parcours de la lecture revêt un caractère non linéaire, dont
la perception modifie l’interprétation du visiteur. Mais de quelle manière et à quel point ?
89 Ce modèle ressemble de près à celui que nous a proposé Daniel Rivet du lab)ideeclic !, (voir page 78-79) 90 MARABLE Bart, Experience learning and research : coordinating the Multiple Roles of on-line, Museum and the Web, 2004 91 CLEMENT J. « Du texte à l’hypertexte : vers une épistémologie de la discursivité hypertextuelle » in Hypertextes et hypermédias: Réalisations, Outils, Méthodes, Hermès, Paris, 1995,
72
L’exposition virtuelle, au stade où elle se trouve, c’est-à-dire à un stade intermédiaire, ouvre les
portes d’un monde multi-linéaire, qui entraîne ses visiteurs vers une « dérive hypertextuelle »,
mais saura-t-elle nous montrer le chemin dans ce labyrinthe ?
Dans son rôle de médiateur pédagogique, l’exposition virtuelle est-elle un outil de
familiarisation avec la construction hypertextuelle ? Cette interrogation serait un objectif en soi,
qui dépasse les cadres de ma mission de stage.
3.2. L’accès à l’information
3.2.1. L’Interactivité : un atout relatif ?
L’interactivité constitue très certainement la pierre d’angle des NTIC. Elle met en
relation l’usager avec sa machine pour lui permettre des combinaisons jusqu’alors inimaginables
dans la réalité. Cette notion moderne place non seulement l’usager au centre de ses actions mais
elle lui confère aussi le droit à l’autonomie. Dans l’exposition en ligne, le visiteur devient acteur
et s’investit pleinement dans des expériences d’apprentissage. Libéré des règles édictées par telle
ou telle instance, il interagit avec la machine de la manière qui lui semble la plus appropriée. Il
endosse également le rôle d’utilisateur-créateur : créateur d’un parcours de parcours, créateur de
sens, mais aussi créateur concret. En effet, les « circuits Web » du musée McCord permettent à
l’internaute de réaliser son propre parcours dans la collection, de sélectionner des images, de les
commenter, d’ajouter d’autres images ou des hyperliens. Le « dossier » complet est sauvegardé
sur le serveur et une option d’impression est disponible pour les plus matérialistes92. A noter que
cette dimension de l’utilisateur-créateur produit un effet certain chez le jeune public, que l’on
cherche constamment à atteindre. Cependant, proposer de telles activités interactives signifie que
le musée est capable de supporter la technique adéquate. Or il n’est pas sûr que le Musée du
Château Ramezay possède pas cette technologie avancée.
Pour en revenir à la liberté imputée à l’usager, il ne faut pas oublier que celle-ci s’avère
malgré tout relative. En effet, l’usager doit tenir compte des contraintes techniques qui
déterminent le champ des utilisations possibles, économiques93.
92 Voir Annexe 7 93 VITALIS, André, in Vers les musées numérisés : de la visite à la navigation, VIDAL, Geneviève, Université Paris VIII et Ecole Normale Supérieure ex-Fontenay-Saint-Cloud (LSH), 1998.
73
L’interactivité ne serait-elle qu’un subterfuge dont se gargariseraient les sites de musées et
les expositions en ligne ? Il est vrai la confusion entre interactivité des expositions en ligne avec
celle des jeux vidéos, où le joueur a une plus grande emprise sur le déroulement de l’action est
courante... Mais est-ce là le véritable but de l’exposition en ligne, même si celle-ci peut prendre
la forme de jeux ? N’est-elle pas plutôt cet outil d’apprentissage, ce guide multimédia capable de
proposer différents modes d’accès, différentes médiations afin d’optimiser justement l’expérience
d’apprentissage et non pas seulement procurer du divertissement ? Certes, l’utilisateur n’est pas
cet « électron libre » qui peut naviguer à sa guise, mais il a le choix de suivre telle ou telle voie,
puis d’en changer. Convaincues que cette approche multiple favorise la compréhension en
s’adaptant à chaque individu, nous avons essayé d’appliquer à notre projet différents modes de
consultation.
3.2.2. Les modes de consultation du projet
La multiplicité des points d’entrée est l’un des atouts majeurs de l’exposition virtuelle.
Elle offre au visiteur la possibilité de parcourir et re-parcourir l’exposition de différentes
manières. Ce dernier aura l’impression de la redécouvrir à chaque fois. La charge émotive
(curiosité, adrénaline…) en sera décuplée. La portée interprétative sera, quant à elle, enrichie.
Voici les modes de consultation que je propose :
- Mode thématique : didactique. C’est l’exposition en tant que telle, avec ses subdivisions
thématiques.
- Mode ludique : pédagogique : apprendre à observer, expérimenter, s’approprier.
- Mode inventaire : est la recherche dans une banque de données ou un glossaire
- Mode transversal : par les hyperliens et l’espace personnalisé.
3.2.3. Les niveaux de lecture du projet
Les niveaux de lecture facilitent la lecture en fonction des capacités et des envies de
chaque individu. L’information contenue dans chaque niveau de lecture s’adapte aux besoins et
au profil de l’utilisateur.
74
• 1er
niveau d’information : lecture visuelle et introduction textuel aux thèmes.
Ce niveau privilégie l’image par rapport au texte. Il s’apparente à une navigation de type
« butinage ». Il permet aussi de jeter un rapide coup d’œil sur l’exposition, en relevant un
minimum d’informations. L’impact visuel des images (plantes, fleurs…) agira sur l’esprit de
l’utilisateur. Même s’il n’est pas possible de définir la nature de cet impact, l’image,
graphiquement attrayante, saura du moins accrocher l’œil du visiteur.
• 2ème
niveau d’information : approche cognitiviste composée de plusieurs points d’entrée.
L’internaute pourra choisir le type de connaissance qu’il désire approfondir, en cliquant tout
simplement sur l’icône (littéral) correspondant. Il pourra passer d’une information dans l’ordre et
au rythme qui lui conviennent.
• 3ème
niveau d’information : information pointue, requise pour les connaisseurs du sujet.
L’internaute aura recours aux « savoir + » ou aux liens disponibles pour compléter et enrichir
ses connaissances. Ces sections constituent les valeurs-ajoutées du site.
3.3. Une étroite collaboration avec des concepteurs graphistes
Ce genre de collaboration est recommandé par le RCIP. Ces spécialistes peuvent apporter
des nouveaux éléments de réflexion et formuler des recommandations. Ce travail à double voix
permet d’ajuster certains points défaillants ou imprécis, augmenter la capacité d’interactivité du
produit...
3.3.1. Présentation de lab)idéeclic !
75
Le lab)idéeclic!94 est un laboratoire de recherche, de conception et de production en
projets web et traditionnels liés à la mise en valeur du patrimoine et à l’éducation. Il possède
une vaste expérience dans le développement d’expositions et de produits cybermuséologiques.
Le lab)idéeclic! participe en tant que partenaire des institutions culturelles et des
musées aux activités suivantes :
• Recherche et scénarisation éducative
• Développement de plans d’interprétation
• Conception graphique
• Conception et réalisation d’expositions
• Conception et réalisation de cyber-expositions
• Conception de jeux et d’activités ludo-éducatives en ligne, sur CD-ROM ou intégrés à
des stations multimédias
• Conception et réalisation de cyber-musées
• Conception et réalisation de sites identitaires
• Études de faisabilité
3.3.2. Discussions autour d’un projet en devenir
J’ai été mandatée par le Musée pour établir un premier contact avec le lab)idéeclic !. J’ai
donc rencontré Daniel Rivet pour présenter le projet dans ses articulations conceptuelles, exposer
le point de vue adopté par le musée et exprimer ses besoins. Cependant, avant de commencer un
travail effectif, il faudrait être en mesure de fournir un ensemble d’images et un corps de textes
exploitables. Or le musée est précisément en recherche de partenariats susceptibles de répondre
aux critères exigés pour la sélection des contenus.
Malgré tout, aux vus des compétences du lab)idéeclic !, l’idée d’un programme éducatif
pour les scolaires a émergé, car le thème soulève des enjeux contemporains (découvertes
scientifiques liées à la recherche sur la génétique des plantes peut avoir des conséquences sur la
biodiversité …, par exemple) qu’il me semble important de transmettre à la génération suivante.
94 http://www.ideeclic.com
76
Quoi qu’il en soit, le projet de l’exposition virtuelle pour le Musée du Château Ramezay
ne fait que débuter et nous avons, avec Daniel Rivet, déterminé la marche à suivre pour la
rédaction du dossier du programme d’investissement du Musée Virtuel du Canada95.
95 http://www.rcip.gc.ca/Francias/Membres/Programme_Investissement_Mvc/Index.html
77
ConclusionConclusionConclusionConclusion
Ce stage m’a permis d’acquérir une certaine polyvalence dans le domaine de la
muséologie. Cette expérience de trois mois m’a également donné l’occasion de m’intéresser de
plus près à la question des publics de musée et des publics d’espace virtuel, de maîtriser les
besoins et les contraintes d’une Institution culturelle particulière, d’organiser un plan directeur en
fonction d’objectifs préfinis et de mener un projet au seuil de sa réalisation.
Je me suis surtout familiarisée au domaine des multimédias, à leur adoption sur support
Internet par les Institutions, et à leur intégration dans la nouvelle mission du musée.
Les entretiens avec différents responsables des départements de grandes institutions
muséales québécoises ont ajusté, infirmé ou confirmé les représentations des rapports entre
musée, publics et NTIC que je m’étais construites à partir d’une documentation théorique.
Je pense que le projet mérite d’être mené à son terme pour revitaliser l’image du musée et
l’inscrire dans la mouvance des musées/espaces d’éducation. La mission de mon stage s’est
consacrée à poser les bases conceptuelles nécessaires pour compléter le projet.
Cependant, rien n’est définitif et tout va se jouer dans les prochains mois.
78
BIBLIOGRAPHIE
79
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85
TABLE des
MATIERES
86
AVANT PROPOS et REMERCIEMENTS........................................p.2
INTRODUCTION.................................................................................p.5
CHAPITRE 1 : CONTEXTE DE RECHERCHE..............................p.8
1. Cadre de la mission de stage…………………………………………….........p.9
1.1. Le Château : d’hier à aujourd’hui, de la demeure au musée……………………...........p.9
1.1.1. Évolution historique du Château……………………………………………………...…..p.9
1.1.2. Un musée à collections……………………………………………………………..……p.11
1.2. Le Jardin : nouvelle composante, nouvelle perspective…………………………..……p.13
1.2.1. Projet de l’inauguration du jardin du Gouverneur…………………..…………………...p.13
1.2.2. Un lieu reconstitué devenu lieu d’interprétation………………………...………………p.16
1.3. Orientation muséologique du musée Château………………………………………….p.19
1.3.1. Une mission double……………………………………………………………………...p.19
1.3.2. L’engagement culturel………………………………………………………...................p.19
2. Un environnement particulier : les Nouvelles Technologies de l’Information
et de la Communication (NTIC)……………………………….........................p.20
2.1. Quand les Institutions culturelles rencontrent les NTIC………………………............p.21
2.1.1. Qu’est ce que les NTIC ?...................................................................................................p.21
2.1.2. Nouveaux enjeux sociaux..................................................................................................p.22
2.1.3. Vers une culture numérique ?............................................................................................p.23
2.2. Un produit de l’ère numérique : l’exposition « virtuelle »……………………………p.24
2.2.1. Qu’est ce la virtualisation ?...............................................................................................p.25
2.2.2. Qu’est-ce qu’une exposition virtuelle ?.…………………………………………………p.25
2.2.3. Qu’apporte-t-elle « de plus » au musée ?..........................................................................p.27
87
CHAPITRE 2 : LES BASES DU PROJET.......................................p.29
1. Le projet de sage………………………………………………......................p.30
1.1. Postulat de départ……………………………………………………………..………....p.30
1.1.1. Identité et atouts de l’Institution………………………………………………………...p.30
1.1.2. Besoins et contraintes……………………………………………………………….…..p.31
1.1.3. Le choix du thème et des contenus………………………………………………….…..p.31
1.2. Les publics……………………………………………………………………………….p.33
1.2.1. D’un public de musée à un public d’espace virtuel…………………………………….p.33
1.2.2. Les usages en matière de multimédia…………………………………………………...p.34
1.2.3. Les attentes……………………………………………………………………………...p.35
1.2.4. Comment reçoivent-ils l’information ?.............................................................................p.36
1.2.5. Le public ciblé pour l’exposition virtuelle…………………………….………………...p.36
1.3. Les objectifs……………………………………………………………………………....p.36
1.3.1. Objectifs liés au projet…………………………………………………………………...p.36
1.3.2. Objectifs liés à la mission du musée……………………………………………………..p.37
1.3.3. Objectifs à long terme……………………………………………………………………p.38
1.4. Originalité et importance du projet…………………………………………………..…p.38
1.4.1. Pour le musée………………………………………………………………………….....p.38
1.4.2. Les enjeux muséologiques………………………………………………………….........p.39
2. Les expositions virtuelles existantes………………………………………...p.40
2.1. Les portails des expositions virtuelles……………………………….………………….p.40
2.1.1. Les différents portails………………………………………………................................p.40
2.1.2. Le Réseau Canadien d’Information sur le Patrimoine (RCIP) ……………………….....p.41
2.1.3. Le programme d’investissement du Musée Virtuel du Canada (MVC)…………..……..p.42
88
2.2. Connaissance des systèmes similaires………………………………………..………….p.43
2.2.1. Sélection des expositions virtuelles…………………………………………..………….p.43
2.2.2. Proposition d’une grille d’analyse………………………………………………..……...p.44
2.2.3. Résultats des tableaux comparatifs…………………………………………………..…..p.47
2.2.4. Avantages et inconvénients des expositions virtuelles………………………..…………p.53
2.3. Les limites du projet…………………………………………………………….……….p.55
2.3.1. L’ambition du projet revisité à la lumière des résultats………………………………....p.56
2.3.2. Bornes conceptuelles et techniques………………………………………………….….p.57
CHAPITRE III : L’élaboration de l’exposition virtuelle.................p.57
1. L’ « Esprit » du projet…………………………………………….………....p.58
1.1. Le contexte de travail………………………………………………………………….…p.58
1.1.1. L’orientation pédagogique et le constructivisme…………………………..…................p.58
1.1.2. Le Web comme outil d’apprentissage……………………...........……………………....p.60
1.1.3. Communiquer au ou avec les publics ?.............................................................................p.62
1.2. Positionnement interprétatif et expérimental du contenu………………….…………p.63
1.2.1. Définitions thématiques………………………………………………..………………...p.63
1.2.2. Dynamique de l’exposition……………………………………………………..………..p.65
1.2.3. Les types d’expériences proposées……………………………………………..………..p.65
2. La conception du projet…………………………………………..………….p.66
2.1. Le schéma directeur……………………………………………………………….……..p.66
2.1.1. Le fil conducteur…………………………………………………………………..……..p.66
2.1.2. Les concepts – clés………………………………………………………………..…......p.67
2.1.3. Les contributions du projet…………………………………………………………...….p.68
2.2. Les schémas-concepts…………………………………………………………..………...p.69
2.2.1. Schéma 1 : dynamique de l’évolution…………………………………………….……..p.69
2.2.2. Schéma 2 : pédagogie…………………………………………………..………………..p.70
89
2.2.3. Schéma 3 : personnalisation…………………………………………………….……….p.70
3. Le design .……………………………………………………...………...…...p.70
3.1. Construire et « dessiner » une exposition en ligne..........................................................p.70
3.1.1. Le rôle de la technologie et « the way of design »…………………………..…………...p.72
3.1.2. La structure d’une exposition en ligne..............................................................................p.70
3.2. L’accès à l’information………………………………………………………………..…p.73
3.2.1. L’Interactivité : un atout relatif ?……………………………………………..……….....p.73
3.2.2. Les modes de consultation pour le projet……………………………………………......p.74
3.2.3. Les niveaux de lecture pour le projet………………………………………………........p.74
3.3. Une étroite collaboration avec des concepteurs graphistes…………………………....p.75
3.3.1. Présentation de l’entreprise « labidéeclic »…………………………………………..….p.75
3.3.2. Discussions autour d’un projet en devenir………………………………….…………...p.76
CONCLUSION…………………………………………….………....p.78
BIBLIOGRAPHIE...............................................................................p.79
TABLE DES MATIÈRES…………………………………………...p.86
ANNEXES…………………………………………………………..........
Toutes les illustrations pour les pages de garde, « avant-propos », « chapitre 1 », « chapitre 2 », « chapitre 3 » sont
tirées de photographies du Jardin du Gouverneur, l’illustration de « table des matières » est extraite de l’exposition
Aventures Botaniques présentée au Musée du Château Ramezay du 11 mai au 11 septembre 2005.
90
ANNEXES