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LES ENFANTS DANS LA GUERRE
Z O O M
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Comit international de la Croix-Rouge19, avenue de la Paix
1202 Genve, Suisse
T + 41 22 734 60 01 F + 41 22 733 20 57
E-mail: [email protected] www.cicr.org
CICR, novembre 2009
Couverture : Christoph Von Toggenburg/CICRDos de la couverture : Claire Kaplun/CICR
Tous les noms mentionns dans la brochure ont
t changs afin de protger lidentit des enfants
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recruts par des forces ou des groupes arms, ou les
enfants en dtention. Le trafic denfants, par exemple des fins dadoption illgale, peut aussi se dvelopper.
Les garons et les filles privs de la protection de leurs
parents et dautres proches sont les plus exposs.
Le dnuement et la perte de leurs parents proches
peuvent contraindre de toutes jeunes filles un
mariage prmatur ou la prostitution, et lon voit
de trs jeunes enfants devenir chefs de famille. La
perturbation des services publics peut restreindre
laccs des enfants aux soins de sant et lducation.
Au moins la moiti des enfants de la plante en gede scolarit primaire mais non scolariss vivent
dans des pays dchirs par des conflits. Outre leur
souffrance immdiate, les enfants subissent aussi
des dgts psychologiques lorsquils sont tmoins
datrocits commises contre des tres chers.
Cela tant, la rsilience des enfants, garons et filles,
ne doit pas tre sous-estime. Des soins bien conus
peuvent les aider se remettre, cesser dtre des
victimes de la guerre et sapproprier leur propre vie.
Un conflit arm rend encore plus vulnrables ceux
qui le sont dj, en particulier les enfants. Un enfanta besoin dune famille et dune communaut qui lui
procurent un environnement protecteur et favorable
son dveloppement. Les effets de la guerre sur
les jeunes peuvent tre dvastateurs. En 2008, on
comptait 18 millions denfants forcs de fuir de chez
eux, soit comme rfugis franchissant une frontire
internationale, soit comme personnes dplaces
lintrieur de leur pays.
Dans les conflits arms qui, aujourdhui, sont
souvent internes nul nest pargn. Des enfantssont emprisonns, viols, mutils vie, et mme
tus. Des familles sont dchires, disperses, et
des milliers denfants sont obligs de se dbrouiller
tout seuls pour subvenir leurs propres besoins et
soccuper de frres et surs plus petits.
Lexploitation des enfants, qui augmente souvent
pendant un conflit, revt de nombreuses formes,
telles que le travail forc ou, dans des cas extrmes,
lesclavage. Tel peut tre le sort qui attend les enfants
LES ENFANTS DANS LA GUERRE
PhilippeFichard/CICR
un enfant sentend de tout tre humain g de moins de dix-huit ans, sauf si la majorit est atteinte plus
tt en vertu de la lgislation qui lui est applicable.
Convention relative aux droits de lenfant, article premier.
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NOS ENFANTS MEURENT
Nos enfants meurent en bas ge parce que
personne ne vient les vacciner ni les soigner.
Nous navons pas denseignants, nos enfants ne
savent ni lire ni crire. Ils ont peur de jouer dans
la jungle cause des groupes arms qui rdent
autour de nos villages. Quand ils atteignent
lge de 12 ans, nous devons les cacher pour
que les gurilleros ne les recrutent pas pour se
battre et que larme ne les enrle pas comme
guides et indicateurs. Nos enfants sont terrifispar le bruit des combats et traumatiss par
le dplacement. Pourtant, nous continuons
avoir des enfants. Les enfants sont ce qui
demeure quand on a perdu tout le reste.
Un indigne de Colombie
VIVRE DANS LA PEUR
Noam, Adi et Amir Maoz ont grandi dans un
kibboutz situ proximit de la bande de
Gaza, do des groupes arms lancent des
missiles. Lorsque retentissent les sirnes, ils ont
15 secondes pour courir jusqu labri le plus
proche. une poque, nous avions jusqu
huit alertes par jour. Il tait trs difficile dtudier
normalement. Cest une chose laquelle on ne
shabitue jamais : tu as peur chaque fois.
lcole, certains enfants pleurent sans arrt.
Beaucoup ont des cauchemars. Parfois, lessirnes tardent donner lalerte. Un jour, une
roquette est tombe peine cinq mtres de
notre porte. Il y avait des clats lintrieur de
la maison. Nous avons eu de la chance que a
nait pas t plus grave.
Les biens civils tels qucoles ou hpitaux sont protgs en vertu du DIH. Pourtant,
ils sont de plus en plus souvent la cible dattaques. Il arrive parfois que des coles
servent dabris des gens obligs de fuir de chez eux. Dans la rgion de Mindanao,
dans le sud des Philippines, elles abritent une partie des dizaines de milliers depersonnes dplaces par le conflit. lcole primaire de Datu Gumbay Piang,
Samira Endosan, une femme enceinte dj mre de sept enfants, faisait du caf
dans une salle de classe transforme en dortoir quand elle a t touche au dos
par un clat dobus. Huit personnes ont t blesses, dont trois jeunes enfants qui
jouaient devant la salle.
Lorsque les forces armes rgulires dun tat ou des groupes arms utilisent tout
ou partie dun hpital ou dune cole leurs propres fins, non seulement ils privent
des civils de soins de sant ou dducation, mais ils les exposent des attaques
de lennemi. Le pre Alberto, prtre catholique colombien, raconte ce quil a vcu :
En fvrier dernier, des soldats sont venus sinstaller dans notre petit pensionnat.
Ils ont commenc faire la cuisine, jeter leurs ordures partout et salir les classes.
Les enfants se sont enfuis et les parents ne voulaient pas quils reviennent tant que
les soldats seraient l. Heureusement, jai pu contacter le CICR, qui a immdiatement
parl au commandant. La situation est redevenue normale le jour mme : les soldats
ont nettoy et sont partis. Le commandant a prsent des excuses et promis
que cela narriverait plus jamais. Les enfants sont revenus et les cours ont repris.
Les parents sont trs heureux de savoir que le CICR nous protge.
Les chapitres qui suivent prsentent les risques les plus importants auxquels sont
exposs les garons et les filles pendant un conflit, et quelques-uns des aspects delaide quapporte le Comit international de la Croix-Rouge (CICR). Les exemples
utiliss viennent du terrain, essentiellement de situations de conflit arm.
Cependant, les activits du CICR dans dautres situations de violence violence
intercommunautaire notamment sont trs similaires.
LES ATTAQUES VISANTDES CIVILS
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JeroenOerlemans/CICR
ChristophVonToggenburg/CICR
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CE QUE FAIT LE CICR
Le CICR a pour mission de sauvegarder la vie et la dignit des victimes de guerres
et de situations de violence interne, de venir en aide ces personnes quand
elles souffrent, et de prvenir leur souffrance en semployant promouvoir et renforcer le droit et les principes humanitaires universels.
Il mne une action impartiale pour porter assistance toutes ces victimes, mais,
quelle que soit la situation, ce sont toujours les personnes les plus vulnrables
qui font lobjet de son attention prioritaire. Les enfants figurent donc parmi les
bnficiaires de toutes ses activits sur le terrain.
Le CICR encourage le respect du DIH en organisant des cours et des sessions de
formation lintention des forces armes et groupes arms. I l rappelle aux parties
un conflit lobligation qui leur incombe de permettre en tout temps laccs de
laide humanitaire aux personnes qui en ont besoin, notamment aux enfants.
Son action vise aussi ce que tous les civils, y compris les enfants, soient pargns ;
pour cela, il mne des campagnes publiques en utilisant des moyens tels
quaffiches, brochures, pices de thtre et missions de radio et de tlvision.
Comme on le verra dans cette brochure, le CICR met aussi en uvre des
programmes axs sur les enfants. Par exemple, il recherche des enfants ports
disparus pour les runir leur famille, il dploie des activits visant mettre fin
limplication denfants dans les conflits arms et, parfois, il apporte une aide
spcifique des enfants dtenus.
QUE DIT LE DROIT ?
La protection des enfants en temps de guerre
est consacre par le droit international
humanitaire (DIH), qui lie aussi bien les tats
que les groupes arms non gouvernementaux.
Cet ensemble de traits, qui comprend les
Conventions de Genve de 1949, leurs deux
Protocoles additionnels de 1977 et le troisime
Protocole additionnel de 2005, prvoit une
protection gnrale pour toutes les personnes
touches par les conflits arms et contient aussides dispositions applicables spcifiquement
aux enfants.
En tant que personnes civiles, les enfants sont
protgs par le DIH dans deux types de situation
diffrents. Dabord, sils tombent aux mains de
forces ennemies, ils doivent tre protgs contre
le meurtre et toutes formes dabus : torture et
autres formes de mauvais traitements, violence
sexuelle, dtention arbitraire, prise dotages ou
dplacement forc. Ensuite, ils ne doivent en
aucune circonstance tre la cible dattaques,
mais doivent tre pargns et protgs.
Nombre de rgles de DIH constituent en fait
du droit coutumier et lient par consquent
les parties un conflit arm, quelles aient ratifi
ou non les traits pertinents.
Le droit des droits de lhomme notamment
la Convention relative aux droits de lenfant et
son Protocole facultatif de 2000 concernantlimplication denfants dans les conflits arms
prend spcifiquement en compte lui aussi
la ncessit de protger les enfants contre les
effets des conflits arms.
CarlDeKeyzer/CICR
JanPowell/CICR
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Bahati, un garon de 13 ans vivant dans lest de la
Rpublique dmocratique du Congo (RDC) est un des
innombrables enfants qui se retrouvent spars de
leurs parents, ou des personnes qui soccupent deux
habituellement, dans la panique et le chaos causs
par un conflit arm. En RDC, les observations faites
sur le terrain indiquent quun pourcentage trs levde familles ont perdu un ou plusieurs enfants dans
leur fuite perdue pour tenter dchapper au danger.
Les parents ne savent pas si leurs enfants sont morts
ou vivants. Les enfants ont un norme besoin daide.
Langoisse cause par la sparation assombrit la vie
des enfants comme celle des adultes.
Une question de survieIl ne fait aucun doute que le dplacement d un
conflit est une des principales causes de sparation
au sein des familles, que celles-ci restent dans leur
pays ou franchissent une frontire internationale.
Les dplacements massifs engendrent un nombre
de sparations stupfiant. Il suffit de penser aux
dizaines de milliers denfants rwandais spars de
leurs proches dans les annes 1990, ou la situation
qua connue la RDC ces dernires annes. Cependant,
les sparations familiales peuvent aussi tre
volontaires. Il nest pas inhabituel, par exemple, que
des parents qui se retrouvent dans un dnuement
total ou craignent pour la scurit de leurs enfantsconfient temporairement ceux-ci un orphelinat,
ou de la famille ou des voisins dont la situation
est meilleure, certains que cela amliorera leurs
chances de survie. Des arrangements provisoires de
ce type durent souvent beaucoup plus longtemps
que prvu, surtout si, aprs la sparation, lenfant
ou sa famille a d fuir la violence dun conflit arm.
Dans certaines situations dsespres, les parents
donnent leurs enfants en adoption, dans lespoir que
cela amliorera leurs chances dans la vie.
Quelle que soit la cause initiale de la sparation,
ces enfants sont trs exposs des risques tels que
dfaut de soins, exploitation, mauvais traitements,
recrutement par des groupes arms, adoption
illgale ou trafic denfants. Les filles peuvent tre
particulirement vulnrables, surtout aux abus
sexuels et au mariage forc un ge prcoce.
Quant aux bbs et aux trs jeunes enfants, cest leur
survie mme qui peut tre menace. Sans les soins
et la protection que seul un adulte peut assurer,
ils risquent de mourir rapidement de faim ou de
maladies qui seraient normalement gurissables,
telles que la diarrhe.
En pareille situation, il nest pas rare que de trs jeunes
enfants, parfois peine gs de 8 ou 9 ans, soient
propulss dans des rles dadultes. Ils se retrouvent
chefs de famille, devoir soccuper de frres et
surs plus jeunes et les protger. De tels foyers sont
extrmement vulnrables toutes sortes de dangers.
Par exemple, le soutien de famille risque dtrerecrut par un groupe arm ou forc la prostitution
pour survivre. Mais ces foyers sont aussi la preuve de
la force et de lingniosit remarquables dont sont
capables les enfants.
SPARS Ctait la fin du mois doctobre, et nous tions lcole.Mon pre et ma mre travaillaient aux champs. Les militaires
ont attaqu et tout le monde a fui, y compris les professeurs.Je suis retourn la maison et jai trouv ma petite surqui portait le bb sur le dos. Je ne savais pas o taient nosparents. Les six enfants, nous sommes partis tous ensemble pied vers Goma, parce que ctait dans cette directionquallaient tous les gens du village. Nous avons trouv refugedans une maison en construction et nous avons pass deuxsemaines mendier notre nourriture. Nous avions trs faim.Finalement, des femmes sur le march nous ont amens ici,dans cet abri pour enfants perdus.
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Prise en charge spontaneDans un certain nombre de socits, la prise en charge
spontane denfants peut tre une solution ponctuelle
pendant une crise. Cela a t le cas de Suzanne Nyombe,
51 ans, lune des nombreuses mres nourricires de
lest de la RDC. Je fuyais avec mes enfants les combats
qui faisaient rage dans mon village, quand jai entenduun bb pleurer. Jai regard dans le foss au bord de
la route et je lai vue, une petite fille denviron 10 mois,
au milieu de cadavres. Je ne pouvais pas la laisser l,
elle serait morte aussi. Alors je lai prise et maintenant
elle vit avec nous l o nous avons trouv refuge. Je lai
appele Jemima.
LE PLUS BEAU CADEAU DE NOL
Cest au dbut de 2003 que la guerre avait atteint Bohebly, en Cte dIvoire. La petite Tia, 2 ans, tait avec une parente, Delphine, pendant
que sa mre travaillait aux champs. Delphine et Tia avaient t enleves et emmenes de lautre ct de la frontire, au Libria. Puis la petite
Tia avait disparu et, au bout dun certain temps, Delphine tait retourne seule au village. Tout le monde pensait que Tia tait morte, dit le
chef du village. Comment une si petite fille aurait-elle pu survivre toute seule dans la brousse ? Je savais quelle tait vivante, rplique sa
mre. Je la voyais dans mes rves. Personne ne me croyait, mais jtais sre que je la retrouverais un jour. De fait, une Librienne avait lev
Tia comme sa propre enfant. La petite fille ne sachant pas dire son nom, la recherche stait avre plus difficile. En outre, le personnel de la
Croix-Rouge tait submerg par le grand nombre de cas de sparation. Finalement, le dossier de recherche dpos par la famille de Tia en
Cte dIvoire avait t rapproch de celui quavait dpos la Librienne qui avait recueilli la petite fille. Malgr les annes coules, la mre
de Tia avait reconnu lenfant sur la photo. Une cicatrice dans le dos de la fillette avait confirm lidentification. Juste avant Nol 2007, Tia tait
retourne chez elle, o lattendait une famille folle de joie.
LADOPTION
Lexprience montre que la plupart des enfants non accompagns ont des parents ou dautres proches qui veulent et peuvent soccuper
deux, et que lon arrive trouver. Ladoption ne devrait tre envisage que si lon ne peut pas raisonnablement esprer retrouver la famille
et la regrouper. Elle doit correspondre lintrt suprieur de lenfant, et se drouler conformment la lgislation nationale ainsi quaux
dispositions de droit international et coutumier applicables en lespce. En outre, la priorit doit toujours tre donne ladoption par
des membres de la famille, o quils vivent. Quand ce nest pas possible, ladoption au sein de la communaut ou, au moins, de la culture
laquelle appartient lenfant doit tre privilgie.
UN PLAN DACTION MONDIAL
Le sort des enfants touchs par les conflits arms
reprsente depuis longtemps une grave proccupation
pour le Mouvement international de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge*. En se dotant dun plan daction relatif
aux enfants touchs par un conflit arm, les composantes
du Mouvement ont fait la preuve de leur dtermination agir dans ce domaine.
Ce plan daction sarticule autour de deux engagements :
Promouvoir le principe de non-enrlement et de non-
participation denfants de moins de 18 ans dans les conflits,
notamment en semployant faire reconnatre et appliquer
les normes juridiques nationales et internationales
par tous les groupes arms (gouvernementaux et non
gouvernementaux), et convaincre le public de la
ncessit de ne pas laisser les enfants rejoindre des forces
ou groupes arms.
Prendre des mesures concrtes pour protger et assister les
enfants victimes de conflits arms notamment pourvoir
aux besoins psychosociaux et physiques des enfants vivant
dans des familles ainsi que des enfants isols, et plaider en
faveur des enfants qui ont particip des conflits, afin de
faciliter leur rintgration sociale.
* Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge(ou Mouvement ) est compos du CICR, de la Fdration internationale
des Socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (ou Fdration
internationale ) et des Socits nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-
Rouge (ou Socits nationales ).
RonHaviv/CICR/VII
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Il a en effet un avantage tout fait unique cet gard :
celui de travailler main dans la main avec les autres
composantes du Mouvement. Dans de nombreuses
zones de conflit, le CICR ne serait pas en mesure de
regrouper les familles sil ne bnficiait pas de cette
collaboration de longue date. Des milliers demploys
et de volontaires de Socits nationales de par le
monde sont prts agir le jour o un conflit armclate. Ils restent sur place lorsque le CICR se retire du
pays concern, et continuent rechercher les proches
dont les enfants ont t spars.
Rechercher les famillesLe travail commence, avant toute chose, par
lidentification des enfants spars des personnes qui
soccupent normalement deux. Lorsque le nombre
de cas traiter est norme, la priorit est donne aux
plus vulnrables : les enfants trs jeunes, malades,
handicaps, non accompagns, sans aucun adulte
pour soccuper deux. Une distinction doit tre tablie
entre les enfants spars qui se retrouvent sans
les personnes qui soccupent normalement deux
mais sont sous la protection dun autre parent et les
enfants non accompagns , qui se retrouvent seuls
ou pris en charge, souvent de faon spontane, par des
personnes nayant aucun lien de parent avec eux.
Dans les cas denfants chefs de famille, la priorit
immdiate est de fournir nourriture, hbergementet accs lducation et aux soins de sant. Le CICR
prendra dabord des dispositions provisoires comme
des familles daccueil ou, dans des circonstances
exceptionnelles, une prise en charge institutionnelle
RUNIR LES ENFANTSAVEC LEURS PROCHESCest gnralement de leur famille et de leur communautque les enfants reoivent la protection la plus efficace.En cas de sparation, la priorit est donc de les runir avecleur famille et leur communaut dorigine. Le CICR utilisepour ce faire un procd appel la recherche de personnes
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de courte dure tout en recherchant les parents. Le
but vis est toujours de faire vivre les enfants en milieu
familial, sous une forme ou une autre, de prfrence au
sein de la communaut laquelle ils appartiennent.
Un engagement long termeIl est dautant plus important de garder lenfant au sein
de la communaut que le processus de recherche peutdurer des annes. Dix ans dans le cas dAmie Foray,
par exemple. Sa grand-mre se rappelle le jour o des
tirs ont clat autour de son village, en Sierra Leone :
Nous avons travers la fort, mais une deuxime
attaque nous a fait fuir dans toutes les directions.
On tait alors en 1997, et Amie avait 4 ans. Avec le
temps, sa famille avait fini par se convaincre quelle
ntait plus en vie. En fait, elle avait t prise en charge
par des personnes elles-mmes en fuite, ce qui avait
considrablement compliqu les recherches. Enfin, en
octobre 2007, le CICR a pu ramener Amie chez elle. Tout
le village tait l lorsque Amie, devenue adolescente,
a t runie avec sa mre et sa grand-mre.
Aider les enfants spars reprsente souvent
un engagement long terme. La recherche de
parents survivants est un processus complexe,
rendu plus difficile dans bien des cas par un conflit
arm persistant. Elle peut faire intervenir plusieurs
Socits nationales de pays diffrents. Un moyen
particulirement efficace de rtablir le contact entremembres de familles disperses est la radio. Cest par
ce moyen que Bahati, le jeune Congolais de 13 ans, et
ses frres et surs ont t runis avec leurs parents
aprs une sparation de cinq mois.
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Un suiviLe regroupement familial nest pas toujours la fin de
lhistoire. Un suivi peut savrer ncessaire. Ce suivi
est particulirement important aprs une sparation
de longue dure, ou lorsque lenfant a t runi avec
des parents loigns, ou encore lorsque la famille se
trouve dans une situation trs difficile. Il simpose
aussi quand les enfants reviennent avec leurs propresenfants en bas ge.
Sil est tabli, au bout dun laps de temps raisonnable,
que lenfant na aucun proche vivant prt prendre
soin de lui ou delle, le CICR, avec les autorits ou en
collaboration avec la Socit nationale et/ou dautres
institutions humanitaires, sefforcera de trouver une
solution long terme qui convienne.
CE QUE FAIT LE CICR
Le CICR a pour mandat, en vertu du DIH, de rtablir le contact entre les membres de
familles disperses. Pour ce faire, il collabore troitement avec le rseau mondial
de Socits nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Le CICR identifie et enregistre les enfants spars des adultes qui soccupent
normalement deux. Cette information est ensuite diffuse travers le rseau
national et, si ncessaire, international du Mouvement, ainsi que par lesmdias locaux et dans les lieux publics. Souvent, des photos sont exposes dans
les bureaux des sections de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et dans des
lieux qui attirent des foules, tels les marchs. Le CICR donne aussi des proches
spars la possibilit de communiquer entre eux, par tlphone ou, souvent,
en changeant des messages Croix-Rouge.
Le CICR reoit de nombreuses demandes de parents dont les enfants ont
disparu lors dun conflit ou dautres situations de violence, ou dans une situation
de dplacement. Il lance une recherche de personne ds rception dune
telle demande.
Il contribue la cration de services de recherches spcialiss dans les Socits
nationales du monde entier.
Etant donn le nombre de civils touchs par les conflits, le Mouvement collabore
troitement avec dautres institutions humanitaires.
Le site Web www.FamilyLinks.icrc.org a t cr pour aider rtablir le contact
entre des personnes qui ont t spares par un conflit ou une catastrophe
naturelle. Depuis 2003, plus de 770 000 noms ont t enregistrs sur ce site.
BerntApeland/CICR
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CE QUE DIT LE DROIT
Le DIH a dabord pour objet de sattaquer aux
causes profondes de la sparation. Il interdit
tout type de comportement menaant lunit
familiale, tel que le dplacement forc de civils ou
les attaques directes contre la population civile.Lorsque des familles sont disperses cause
dun conflit arm, le DIH vise au rtablissement
du contact entre les proches spars et, terme,
au regroupement familial. Il prvoit en outre que
les enfants touchs par le dplacement doivent
faire lobjet de soins appropris. Dans certaines
circonstances trs prcises, les enfants peuvent
tre temporairement vacus dune zone de
conflit vers une zone plus sre du pays, mais
ils doivent tre accompagns de personnes
responsables de leur scurit et de leur bien-tre.
La Convention relative aux droits de lenfant
vise aussi ce que les enfants spars ou non
accompagns reoivent une protection et une
assistance spciales, et fassent lobjet de mesures
appropries leur situation : par exemple, le
placement en famille daccueil ou dans des
institutions adquates, la kafala1 ou ladoption.
1. Concept de droit islamique qui peut se dfinir commelengagement de prendre bnvolement en charge
lentretien, lducation et la protection dun enfant mineur,
comme un pre le ferait pour son propre enfant. Cependant,
la kafala ne cre aucun lien de filiation lgal.
LES ONDES DE LESPOIR
Bonjour tous , ic i Gedeon Masumbuko
Birindua de Radio Bobandano. Pour commencer
cette mission, nous allons vous lire une liste
denfants recherchs par le CICR. Si vous avez
perdu la trace dun enfant au cours dun conflit
arm, la Croix-Rouge peut vous aider le
retrouver. Nhsitez pas appeler le numro
de tlphone : 081 76 83 615. Et maintenant,
la liste : Nema Bahati, n en 1997, de Kibumba,
Nema Justine, ne en 1993 Dans lest de
la RDC, depuis fin 2008, les prsentateurs de
cinq stations de radio lisent trois fois par jour les
noms denfants perdus pendant la fuite de leur
famille. Ils sont des dizaines, spars au cours de
ce dernier conflit, avoir dj t runis avec leurs
proches. Dans un pays o les gens coutent leur
transistor pour sinformer, cest la faon la plus
efficace de regrouper une famille disperse ,
explique Prosper Sebuhire (CICR Goma).
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Souvent sans armes, ces enfants remplissent toutes
sortes de fonctions : cuisiniers, porteurs, messagers,
espions, dtecteurs de mines, esclaves sexuels,
travailleurs forcs et mme excutants dattentats
suicides. Les organisations humanitaires prfrent
donc les appeler enfants associs des forces
armes ou groupes arms . Quel que soit le nom
quon leur donne, ces enfants risquent leur vie ou leur
sant. Il arrive souvent quils soient gravement blesss
ou handicaps et quils conservent des cicatrices
physiques et psychologiques durables. De plus, leuravenir, une fois le conflit termin, est incertain.
Les enfants se retrouvent dans des groupes arms
pour diverses raisons. Le recrutement forc en est
une, bien sr, de mme que lenlvement pur et
simple. Jacinata Ayaa avait 8 ans quand elle a t
enleve dans son village en Ouganda. Ils mont
dabord utilise pour garder les enfants puis, quand
jai eu 12 ans, jai d commencer mentraner
au combat. Je crois que javais environ 13 ans
quand jai eu mon premier enfant. Peu aprs, jai
reu deux balles dans une jambe. Jtais faible, mais
je devais quand mme marcher, porter lenfant,
porter larme et combattre.
Beaucoup denfants, aussi, rejoignent volontairement
des groupes arms. Les graves ingalits sociales,
le bouleversement de la socit d la guerre, le
fait dtre spars des adultes qui soccupaient
normalement deux, le manque daccs lducation
ou le dplacement sont quelques-unes des raisons quipeuvent pousser des mineurs senrler. Lidologie
peut jouer un rle quand une cause est ardemment
soutenue dans la communaut, ou quand des
membres de la famille sont dj eux-mmes des
combattants. Les enfants peuvent aussi tre tents
par le pouvoir et la considration dont jouissent les
porteurs darmes. Venger la mort dun proche peut
aussi tre un motif. Souvent, ces facteurs sont lis
entre eux et ont une influence cumulative.
Akaash se souvient dtre entr dans un groupe arm
au Npal lge de 10 ans. Parce quils mont offert
de largent, une arme et une occasion de prouver
que jtais quelquun , dit-il. Les filles ne sont pas
insensibles aux attraits que dcrit Akaash, comme leprouve lhistoire de Furaha, qui sest laiss persuader
de rejoindre un groupe arm en RDC parce que
deux de ses amis en faisaient dj partie. Elle avait
15 ans, et son rle tait descorter un commandant.
Chaque fois que lofficier allait se battre, les escortes
participaient aussi au combat. Ctait trs dur.
Les enfants peuvent tre des recrues extrmement
prcieuses pour les groupes arms. Ils peuvent tre
plus dociles et faciles manipuler que les adultes
et, selon leur ge, moins conscients du danger. On
les force parfois commettre des atrocits contre
leur propre famille ou leur communaut, afin de
sassurer leur obissance aveugle et de les couper
de leurs racines. Le fait quils puissent tre amens
commettre des crimes ne doit jamais nous faire
oublier quils sont avant tout des victimes.
Mme dans des circonstances moins extrmes, leur
rintgration sociale peut tre difficile, parce que les
familles et les communauts peuvent avoir peur devoir revenir des jeunes quils considrent davantage
comme des auteurs de violences que comme des
victimes. Il peut en rsulter de la stigmatisation, de la
discrimination, voire carrment un rejet. De plus, il arrive
LES ENFANTS IMPLIQUSDANS DES CONFLITS ARMSSi les enfants sont habituellement des victimes de la guerre,il arrive aussi quils prennent part des conflits arms. Ils sont desdizaines de milliers tre recruts ou utiliss par des forces armeset groupes arms dans au moins 18 pays de la plante. Cest ainsique tout le monde connat aujourdhui le terme enfants soldats .
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souvent que ces enfants naient pas eu de scolarit, et
la communaut naccorde peut-tre pas une grande
valeur aux comptences sens du commandement
et capacits dorganisation, par exemple quils ont
acquises auprs des groupes arms.
Des filles invisiblesLopprobre dont font lobjet les filles a gnralement
des racines plus profondes et dure plus longtemps.
Dans certaines cultures, les abus sexuels quelles
peuvent avoir subis compromettent leurs chances detrouver un mari. Lorsque, comme Jacinata Ayaa en
Ouganda, elles reviennent dj mres, leurs enfants
seront rejets de la communaut au mme titre
quelles. Il arrive donc souvent que les filles vitent de
se faire enregistrer comme ex-combattantes, ce qui les
rend invisibles , tant pour les programmes nationaux
de dsarmement, dmobilisation et rintgration
(DDR) que pour les institutions humanitaires. Si les
filles passent ct des programmes DDR, cest aussi
parce que la plupart du temps, elles nont pas darmes
rendre. Pour toutes ces raisons, leur retour la vie
civile peut les exposer une marginalisation qui
les prive de la possibilit de recevoir de laide pour
rebtir leur vie.
La dmobilisation et la rinsertion des enfants sont
essentielles la reconstruction des socits dchires
par la violence. La priorit est de faire en sorte que ces
enfants rintgrent leur famille et leur communaut
dorigine. Il faut aussi les rintroduire dans le
systme scolaire et les aider trouver un emploigrce la formation professionnelle ou des projets
gnrateurs de revenus. Ceci est dune importance
cruciale pour les empcher dtre marginaliss, ce qui
les exposerait de nouveau lenrlement.
CE QUE FAIT LE CICR
Le CICR dploie des activits prventives (prvenir le recrutement denfants) et
correctives (amliorer la situation des enfants).
Il semploie activement promouvoir le principe de non-recrutement et de
non-participation denfants de moins de 18 ans dans les conflits arms. Il rappelle
aux tats et aux groupes arms les obligations qui leur incombent au titre du
droit international, et uvre ce que les principes de ce droit soient intgrs
dans les systmes juridiques nationaux.
Lorsquils sont blesss ou dtenus, les enfants bnficient des activits du CICR
en faveur des combattants hors de combat. Le CICR peut demander des forces armes ou groupes arms de librer
des enfants.
Bien quil ne simplique pas dans les ngociations relatives aux programmes
de dsarmement, dmobilisation et rintgration, il est prt contribuer leur
mise en uvre. Cest ainsi quil runit des enfants dmobiliss avec leur famille
et suit lvolution de leur situation, notamment dans des rgions o il jouit dun
accs que dautres organisations nont pas.
En collaboration avec des Socits nationales et en consultation ou en
collaboration avec la Fdration internationale, le CICR peut sassocier aux
activits visant rpondre aux besoins psychologiques et physiques des
garons et des filles qui ont particip un conflit arm, ainsi qu faciliter leur
rinsertion. Cela a t notamment le cas en Sierra Leone et au Libria, pour ne
citer que deux exemples.
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REUTERS/STRNew
TeunAnthonyVoeten/
CICR
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TUER OU TRE TUS
Ctait en 2003, javais 11 ans. Nous marchions
sur la route quand nous sommes tombs sur
des inconnus arms. Ils nous ont dit de ne pas
essayer de fuir. Ma mre a couru et ils lont
abattue sous mes yeux. Ils mont donn un
fusil et mont appris tirer. Sur le front, jai pris
une balle dans le bras. Quand ils capturaient
quelquun dune faction ennemie, ils braquaient
un fusil sur moi et mordonnaient de tuer cette
personne, alors je le faisais. Si je navais pas
obi, jaurais t tu immdiatement. Jai vu ce
quils ont fait dautres enfants.
Pendant la guerre, mon pre a t bless et tous
mes frres et surs ont t tus. Maintenant,
je suis seul avec mon pre, qui est trs malade.
Aprs la guerre, jai fait les dmarches ncessaires
pour participer au programme Child Advocacy
and Rehabilitation (CAR, programme de dfense
et de radaptation des enfants) et jai t pris.
Malgr tout ce que jai vcu, je reste optimiste
quant mon avenir. Je crois que je serai
quelquun de bien. Lavenir du Libria se passera
bien tant que nous saurons viter la guerre.
La guerre dtruit tout. Elle ma pris ma famille
et mon enfance. Je ne les rcuprerai jamais.
Ceci est lhistoire dOliver, qui a maintenant17 ans. Il apprend la maonnerie au centre CAR,
Monrovia, avec 150 autres enfants ou jeunes
gens victimes de la guerre au Libria. Ce projet
est gr par la Croix-Rouge du Libria avec le
soutien du CICR. Oliver est lun des meilleurs
apprentis maons du centre.
POSER LES ARMES
Cyprien avait 9 ans lorsquil a volontairement
rejoint les rangs dun groupe arm dans lest de
la RDC. Ma mre me grondait tout le temps,
jen avais assez , explique-t-il. Six ans plus tard,
le CICR la ramen chez lui heureux mais un peu
inquiet de lavenir. En tant que combattants,
nous pouvons avoir tout ce que nous voulons.
Aprs toutes ces annes, je vais arriver sans rien
dans les mains. Je ne sais pas de quoi je vais
vivre. Jean, qui est rentr en mme temps, na
pas ce genre de doutes. Je suis trs heureux
dtre la maison, affirme-t-il. Jai t enfantsoldat pendant moins dun an, mais je nai pas
aim a, parce que jtais loin de ma famille.
Je crois que je ny retournerai jamais.
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CE QUE DIT LE DROIT
Les Protocoles I et II additionnels aux
Conventions de Genve de 1949 interdisent le
recrutement et la participation aux hostilits
denfants de moins de 15 ans. Dans les conflits
arms internationaux, lorsquils incorporent
des enfants de 15 18 ans, les tats doivent
sefforcer de donner la priorit aux plus
gs (Protocole additionnel I, article 77).
Larticle 38 de la Convention relative aux
droits de lenfant (1989), qui sapplique aussi
bien aux situations de conflit arm international
que non international, prvoit le mme type
de protection.
Le Protocole facultatif la Convention relative
aux droits de lenfant, concernant limplication
denfants dans les conflits arms (2000) vise
relever 18 ans lge auquel des enfants
peuvent tre recruts et participer des
hostilits, bien quavec certaines exceptions :
Lenrlement obligatoire dans les forces armes
des tats est interdit avant lge de 18 ans.
Lge minimum de lengagement volontaire
doit tre relev plus de 15 ans. En outre, les
tats ont lobligation de prendre toutes les
mesures possibles pour faire en sorte que les
membres de leurs forces armes qui ont moinsde 18 ans ne participent pas directement aux
hostilits. Le Protocole facultatif prvoit aussi
que les groupes arms non gouvernementaux
ne devraient en aucune circonstance enrler ni
utiliser dans les hostilits des personnes ges
de moins de 18 ans . Les enfants qui ont t
dmobiliss doivent recevoir toute lassistance
approprie pour leur radaptation physique et
psychologique et leur rinsertion sociale.
Le fait de procder la conscription ou
lenrlement denfants de moins de 15 ans
ou de les faire participer activement des
hostilits est galement considr comme un
crime de guerre selon le Statut de Rome de la
Cour pnale internationale (article 8).
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ChrisHondros/GettyImages
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Quelles que soient les raisons pour lesquelles ils sontdtenus, les enfants ont droit une attention et
une protection particulires. Le fait dtre spars
de leur famille constitue une privation qui engendre
chez eux une profonde souffrance motionnelle. Les
enfants risquent de subir des violences physiques
et psychologiques. Ils sont parfois utiliss comme
main duvre bon march, forcs travailler dans
les champs et astreints des tches de nettoyage.
Ils sont souvent privs dune ducation digne de ce
nom. Tout cela, sans compter le risque de tomber
sous linfluence de criminels endurcis, compromet
leurs chances de se rinsrer dans la socit.
Garons et filles doivent tre dtenus sparment
et, plus important encore, dans des quartiers
diffrents de ceux des adultes, si ce nest lorsquils
sont incarcrs avec des membres de leur famille
ou lorsquil est ncessaire leur bien-tre quils
restent avec des adultes, notamment des femmes.
Les enfants devraient bnficier des meilleures
conditions possibles en matire dhbergement,dalimentation, deau potable et de soins (examens
mdicaux, vaccination, etc.) et pouvoir participer
des activits rcratives. Ils ont droit lducation et
la formation professionnelle. Il est particulirement
inacceptable que des enfants restent des annesen prison en attendant dtre jugs. Or, bien trop
souvent, ils ne connaissent pas leurs droits et risquent
une dtention prolonge.
Les enfants peuvent tre dtenus tout simplement
parce que leur mre ou dautres parents le sont aussi.
Lorsquils sont trs jeunes, il peut sagir dune pratique
parfaitement acceptable, car il est gnralement dans
le meilleur intrt de lenfant quil reste auprs de
sa mre. Les autres options, comme lorphelinat ou
labsence de contact avec la mre, se rvlent parfois
peu souhaitables.
Pour ce qui est des enfants plus gs, tre dtenus
avec leur mre ou dautres parents leur confre une
protection physique et motionnelle. Cest notamment
le cas lorsquaucun autre proche ne peut soccuper
deux ou lorsquils sont stigmatiss et maltraits par
la communaut ou leur famille largie cause de la
dtention du parent. Reste quune prison nest pas
un endroit o grandir. Vivre derrire les barreauxprsente des inconvnients vidents, et les solutions
de rechange varieront en fonction des cas. Toute
dcision en la matire devrait toujours tre dicte par
ce qui est dans le meilleur intrt de lenfant.
LES ENFANTS ET LA DTENTIONLorsquun enfant se retrouve derrire les barreaux,son bien-tre et sa scurit sont en pril. Les raisons pour
lesquelles des enfants sont privs de libert en temps deconflit sont multiples. Dans bien des cas, il sagit duneconsquence directe de leur association avec les forcesarmes dun tat ou des groupes non gouvernementaux.Quand le nombre denfants dtenus augmente, cest souventdu fait de leur participation active aux hostilits. La violenceaccrue des gangs entrane elle aussi lincarcration de
jeunes gens. Beaucoup denfants finissent en prison du faitde la dsintgration totale du tissu social que provoquentles conflits.
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Sandra, membre de la gurilla colombienne, est unede ces mres dtenues : Une amie soccupe de ma
fille de huit ans lextrieur de la prison. Cela faisait
trois mois que jtais enceinte de mon deuxime
enfant quand ils mont attrape. Mon fils de deux ans
vit actuellement avec moi. Le matin, il va la crche
de la prison, et laprs-midi, il joue dans la cour
avec six autres bambins. Pour ma famille, cest trs
compliqu de venir me voir ici, Bogota, et nous ne
pouvons passer en moyenne quenviron cinq heures
par mois avec nos enfants en visite. Etre spare de
son enfant est extrmement douloureux.
Il est essentiel au bien-tre psychologique de lenfant
quil ait la possibilit de voir ses parents, que ce soit
lui ou son parent qui soit dtenu ; il arrive que les
deux le soient. Khaled, un jeune Afghan de 13 ans, est
dtenu en Irak depuis lge de 11 ans. Ses parents sont
incarcrs dans un autre centre de dtention irakien.
Grce lintervention du CICR, les autorits sont en
train dorganiser une rencontre intra muros entre le
jeune garon et sa mre. Khaled a appris larabe etest aujourdhui capable de sexprimer parfaitement
dans cette langue.
UNE DUCATION DERRIRELES BARREAUX
Le centre de dtention pour mineurs de
Kandahar se trouve dans une petite maison prs
de la Mosque rouge. Les 20 jeunes dtenus
quil compte peuvent y tre vus lisant, brodant
ou occups des jeux de socit. Durant la
journe, ils assistent des cours donns par
un enseignant et un tailleur, qui leur montre
comment confectionner des vtements dans
le style local. Seuls quatre de ces jeunes sont
dtenus du fait des combats. Il nempche que le
directeur de ltablissement, Saleh Muhammad,
est convaincu quaucun deux ny serait sans la
guerre : Presque tous ces pauvres gosses sont
ici parce quils ont commis des larcins. Leurs
pres ne sont pas en mesure de subvenir
leurs besoins. Quel autre choix ont-ils ? Jamil,
15 ans, a pu reprendre ses tudes au centre :
Cet endroit est presque aussi bien que chez moi,
sauf que ma famille nest pas l. M. Muhammad
nourrit lespoir que, grce lducation et uneinfluence positive, les perspectives davenir de
ces jeunes seront meilleures.
Le centre bnficie du soutien du CICR.
BikasDas/AssociatedPress
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CE QUE FAIT LE CICR
Dans le cadre de son mandat humanitaire, le CICR visite chaque anne plus dun
demi-million de dtenus dans plus de 70 pays ; 33 000 dentre eux bnficient des
possibilits offertes par son programme de visites familiales. En 2008, le CICR a
visit individuellement 1500 mineurs. Par des changes rguliers et confidentiels
avec les autorits responsables, il semploie suivre et amliorer leurs conditions
de dtention. Les garons et les filles dtenus, tout comme les mres avec de
jeunes enfants, constituent des priorits. Linstitution sefforce dassurer lintgrit
physique et psychologique de lenfant, ainsi que son avenir, de diffrentes faons.
Le CICR identifie et enregistre les enfants dtenus.
Le CICR permet aux garons et aux filles en dtention et aux enfants de dtenus
de garder un contact rgulier avec leur famille. Il facilite les visites familiales et les
appels tlphoniques et met ses services de messages familiaux la disposition
des dtenus. Rester en contact contribue au bien-tre psychologique de toutesles personnes concernes et aide la rinsertion sociale des ex-dtenus.
Les dlgus du CICR valuent les conditions matrielles de dtention et
assurent un suivi individuel des dtenus. Ils vrifient que les infrastructures
sont adquates et que les personnes, en particulier les nourrissons, jouissent
de suffisamment despace, de lumire et dair frais.
Le CICR sattache sassurer que les lieux de dtention rpondent aux besoins
essentiels des dtenus, en particulier pour ce qui est de lalimentation, leau,
les vtements, les soins mdicaux (vaccination comprise), lducation, laccs
des activits rcratives et les articles pour bbs.
Dans le cadre de ses efforts damlioration des conditions sanitaires rserves
aux dtenus, le CICR procde souvent des travaux dentretien, de rnovation
ou de construction dans des lieux de dtention. Ce faisant, linstitution prend
toujours les besoins des femmes et des enfants en considration. Elle apporte
ainsi son soutien la construction de quartiers spars ou adapts aux besoins
des femmes avec des bbs ou de jeunes enfants.
Le CICR dtermine sil est dans le meilleur intrt de lenfant quil soit dtenu
avec des parents. Si tel nest pas le cas, il recommande quil soit dtenu dans des
quartiers diffrents de ceux des adultes, soit dans un tablissement rserv aux
enfants et/ou adolescents, soit dans une aile spare dune prison pour adultes.
Le CICR semploie par ailleurs convaincre les autorits de faire surveiller les
filles par du personnel fminin. Le CICR semploie galement convaincre les autorits de faire bnficier les
enfants dtenus dune assistance juridique et de procdures judiciaires rapides.
Il collabore en outre avec les autorits nationales pour amliorer la lgislation
relative aux enfants en dtention.
CE QUE DIT LE DROIT
Conformment au DIH, les personnes prives
de libert doivent tre traites avec humanit
en toutes circonstances. Les actes tels que
le meurtre, la torture, les traitements cruels
ou inhumains, les peines corporelles et les
mutilations, quils soient commis sur des
adultes ou des enfants, sont prohibs. Le DIH
dispose en outre que les enfants privs de
libert doivent bnficier dune protection
et dun traitement spciaux en fonction de
leur ge. En particulier, ils doivent tre gards
dans des locaux spars de ceux des adultes,
sauf dans le cas de familles loges en tant
quunits familiales. La prononciation ou
lexcution dune peine capitale contre des
personnes ges de moins de 18 ans au
moment de linfraction est prohibe.
Les tats parties la Convention relativeaux droits de lenfant ont convenu que
lemprisonnement dun enfant doit ntre
quune mesure de dernier ressort et tre dune
dure aussi brve que possible (article 37).
DES PARENTS ABSENTS
Gazala, huit ans, est de Bethlem, en Cisjordanie,
et ses parents sont dtenus dans deux prisons
israliennes diffrentes. La vie est dure, dit-
elle. Ma grand-mre, avec qui je vis, essaie de
me donner tout lamour que mes parents me
donneraient, mais je ne peux pas oublier leur
visage, jai besoin deux chaque instant. Il ne
se passe pas un jour sans quils ne me manquent
et que je ne pleure parce que nous sommes
spars. Grce un programme de visites
familiales du CICR, Gazala et ses grands-parents
peuvent rendre visite leurs proches dtenus.
ce jour, ce programme a permis quelque
12 000 16 000 Palestiniens de Cisjordanie
daller trouver leurs tres chers.
GiacomoPirozzi/Panos
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MayaAlleruzzo/AssociatedPress
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Cette triste histoire nest hlas pas un cas isol. Le
nombre de viols et dautres formes de violence sexuelle
augmente considrablement durant les conflits, et les
femmes adultes ne sont pas les seules victimes. En RDC,
on estime quune victime sur deux est mineure. Le viol
peut tre une mthode de guerre, lorsque les groupes
arms lutilisent pour torturer, blesser, extorquer des
informations, dgrader, dplacer, intimider, punir ou
simplement pour dtruire le tissu communautaire.
La seule menace de violence sexuelle peut pousser des
communauts entires fuir. Le Dr Tharcisse Synga,
qui traite de nombreuses victimes de viol en RDC,
na aucun doute ce sujet : La violence sexuelleest un baromtre de la guerre. Lorsque les combats
sintensifient, les cas de violence sexuelle augmentent.
Les groupes ethniques lutilisent contre leurs adversaires
et les enfants ne sont pas pargns.
Le dplacement, lindigence ou le fait dtre spars
des personnes qui soccupent deux habituellement
rend les garons et les filles extrmement vulnrables :
lexploitation sexuelle est alors un risque majeur.
Parfois, pour assurer leur survie, les enfants ont recours
la prostitution. La pauvret gnralise qui svit aprs
un conflit peut renforcer la pratique courante dans
certaines cultures qui consiste donner en mariage
des filles jeunes, voire trs jeunes. Toutes sont exposes
des grossesses prcoces, qui peuvent aboutir des
complications mdicales, et mme la mort. Le sort
des enfants ns dun viol peut lui aussi tre douloureux :
dans certains cas, les proches rejettent lenfant, ou
vont parfois jusqu le tuer. Les victimes dabus sexuels
courent galement le risque de contracter le VIH ou
dautres infections sexuellement transmissibles.
Les enfants adultesEn Irak, le conflit qui dure depuis plusieurs
dcennies a laiss des millions denfants sans pre.
Si les consquences ne sont pas les mmes pour les
garons et pour les filles, elles sont tout aussi difficiles
supporter pour les uns comme pour les autres.
Amal, une femme irakienne que la guerre a rendu
deux fois veuve, a t force de donner sa fille de
11 ans en mariage un homme de plus de vingt
ans son an. Ctait la cadette de la famille. Je sais
que jai fait quelque chose de mal, dit-elle. Mais je
navais pas dautre choix. Javais quatre filles, dont
une handicape mentale. Jallais me coucher tous
les soirs le ventre vide. En 2008, un homme ma
demande en mariage, mais il ne voulait pas prendreen charge ma fille handicape mentale. Peu de temps
aprs, un homme riche a demand ma fille de 11 ans
en mariage, se dclarant prt accueillir galement
sa sur handicape. Jai accept parce que ctait
une bonne solution pour nous toutes. Mais aprs
quelques mois de mariage, ma fille de 11 ans ma
racont que son mari violait sa sur. Par honte, par
peur du scandale et dtre jete la rue par mon mari
actuel si ma fille venait divorcer, je lui ai demand
de ne rien dire. Tout ce que jai pu faire, cest mettre
ma fille handicape labri. Jai laiss mon autre fille
avec un violeur.
Si les filles peuvent tre contraintes des mariages
prcoces, les garons sont appels tre soutien
de famille un ge auquel ils devraient frquenter
lcole primaire. Ibrahim navait que neuf ans lorsquil
a d commencer vendre des marchandises dans les
rues dune ville du sud de lIrak : En 2008, jai perdu
mon pre dans un change de tirs. Depuis, je suis
responsable de ma mre et de mes trois surs. Ellesne travaillent pas et doivent rester la maison. Dans
notre socit, cest aux hommes de soccuper des
femmes. Du coup, jai d quitter lcole et renoncer
mon rve de devenir mdecin. Chaque jour, je dois
VULNRABLESManou, dix ans lpoque, et sa sur Chance, six ans, travaillaientdans les champs, dans lest de la RDC, lorsque des hommes arms ont
surgi. Certains dentre eux ont tent dagresser sexuellement Manou,qui portait une robe. Lorsquils ont ralis que ctait un garon, ils sesont mis le rouer de coups. Pendant ce temps, Chance se faisait violerpar les autres hommes. Lorsque leur mre les a trouvs, Chance avaitles jambes paralyses et Manou souffrait de srieuses blessures duesaux coups reus. Par la suite, il a dvelopp une grave infection dansla rgion abdominale.
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ramener de la nourriture la maison, et la fin du
mois, il faut quil y ait suffisamment dargent pour
payer le loyer. Sinon je serai jug par la communaut
et je perdrai le statut dhomme de la maison aux yeux
de ma mre.
CE QUE FAIT LE CICR
Le CICR a adopt une approche globale qui comprend action prventive et
assistance aux victimes.
Dans ses programmes de formation au DIH destins aux forces armes et auxgroupes arms, le CICR met laccent sur linterdiction de la violence sexuelle
et prconise lincorporation de cette interdiction dans les lois ou dans les
rglements internes.
Par des campagnes, des pices de thtre, des affiches, des brochures et dautres
activits de sensibilisation, le CICR sefforce de prvenir la violence sexuelle,
en mettant toujours laccent sur le fait quelle constitue un crime grave qui a
des consquences trs lourdes pour les victimes. Les campagnes visent aussi
porter le problme au grand jour, briser le tabou et informer les victimes sur
les services qui sont leur disposition.
Des campagnes similaires sont organises pour rappeler aux autorits, aux
acteurs arms et au grand public les autres questions relatives au DIH, comme
la ncessit absolue dpargner les civils dans les confits. Le CICR ne cesse de
rappeler les droits de la population civile enfants inclus. Il apporte un soutien
financier et matriel de diffrentes manires aux victimes de la guerre.
Les victimes de violence sexuelle doivent recevoir des soins mdicaux au plus vite.
Pour cela, elles peuvent se rendre dans des centres de sant que le CICR soutient
en leur fournissant de laide sous diverses formes : mdicaments et matriel
mdical, formation pour le personnel de sant, travaux de rparation, etc.
Le CICR dispense aux volontaires travaillant au sein de la communaut une
formation psychosociale qui leur permettra de conseiller les victimes et de servir
dintermdiaires entre elles et leur famille. Dans lest de la RDC, par exemple,des maisons dcoute ont t mises sur pied pour accueillir les victimes de
violence sexuelle.
Le personnel du CICR enregistre les allgations de violence sexuelle et en informe
les autorits, en leur demandant instamment de prendre les mesures ncessaires.
Birendra Yadav a perdu ses parents quand il
avait 12 ans. Aprs que son frre an eut t
tu durant le conflit, Birendra sest retrouv seul.
Cest pourquoi le CICR la choisi comme lun des
bnficiaires dun projet gnrateur de revenus,
men conjointement avec la Croix-Rouge du
Npal. Le projet vise gnrer des revenus en
amliorant les capacits de production des
mnages dont les moyens de subsistance ontt durement touchs par le conflit. Birendra
prvoit prsent de travailler dans un centre de
formation en informatique. Il rve de pouvoir
ouvrir un jour son propre centre de formation.
WojtekLembryk/CICR
WojtekLembryk/CICR
QUE DIT LE DROIT ?
Le DIH dispose que les personnes au pouvoir
dune partie un conflit arm doivent tre
traites avec humanit en toutes circonstances.
Plus particulirement, le DIH les protge
contre les atteintes la dignit de la personne,
notamment les traitements humiliants et
dgradants, le viol, la prostitution force et
toute autre forme dattentat la pudeur.
Aux termes du Statut de Rome de la Cour
pnale internationale, le viol et les autres
formes de violence sexuelle constituant une
infraction grave aux Conventions de Genve
sont considrs comme des crimes de guerre
lorsquils sont perptrs dans un conflit arm
international ou non international (article 8).
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Les besoins sont bien plus importants que les
ressources permettant de les satisfaire. Les tats
et les municipalits ont beaucoup moins dargent
investir dans les soins de sant essentiels, tels
que des programmes de vaccination indispensables
et des centres de soins de sant maternelle etinfantile. Lchec des campagnes de vaccination peut
galement tre d au fait que les rgions touches par
la violence sont difficiles daccs. Les consquences
peuvent tre dsastreuses : par exemple, les flambes
de rougeole ou de mningite qui se produisent
en particulier mais pas exclusivement dans les
endroits surpeupls, dans les camps pour rfugis ou
pour personnes dplaces, peuvent tre mortelles.
En temps de guerre, mme la maladie la plus
ordinaire peut tuer.
Les mdecins et le personnel infirmier peuvent faire
partie des personnes qui fuient la violence et le chaos.
Parfois, les combattants sen prennent directement
aux cliniques et aux hpitaux. La difficult daccder
de leau potable reprsente souvent un grave
problme, et est lorigine de diffrentes maladies,
comme la diarrhe, qui peut tre mortelle chez
les nourrissons et les enfants en bas ge. Le plus
souvent, les familles pauvres ne peuvent pas se
payer des soins de sant. La pauvret engendre lamalnutrition, qui nuit la croissance et affaiblit le
systme immunitaire, rendant lenfant plus vulnrable
aux maladies. Lorsque Barakissa Ouattara, ge de
cinq mois, est arrive dans un centre local de nutrition
de la Croix-Rouge, dans le nord de la Cte dIvoire,
elle pesait seulement un kilo. Le directeur du centre
se souvient : Sa mre tait elle-mme trs maigre
et ne pouvait pas la nourrir convenablement. Les
rcoltes mdiocres ne produisaient plus de surplus
pouvant tre vendus, son travail dans les champslpuisait et elle avait trois autres petits enfants
nourrir : la mre navait pas les ressources suffisantes
pour assurer la survie de ce dernier bb.
Depuis trente ans, lAfghanistan subit un conflit aprs
lautre. Comme lexplique ce pdiatre qui travaille
pour le CICR, la situation a renforc la gravit des
maladies touchant les enfants. Llment de loin le
plus important est la malnutrition, qui augmente la
morbidit et la mortalit infantiles. Ainsi, mme les
maladies courantes sont beaucoup plus graves parce
que les enfants sont mal nourris.
Les nouveau-ns et les femmes enceintes sont
particulirement exposs lorsque les structures de
sant sont inaccessibles ou ne disposent pas du
matriel de base, comme du coton ou une lame
de rasoir propre pour couper le cordon ombilical.
La grossesse et laccouchement sont une des causes
majeures de dcs dans les pays en dveloppement
dans des circonstances normales ; la situationsaggrave fortement en priode de conflit.
SANTLa guerre moderne npargne pas les enfants : elle les blesse,les mutile et les tue. Mais elle provoque aussi beaucoup
dautres situations qui font normment de tort aux enfants.Une des consquences indirectes dun conflit arm est queles infrastructures indispensables ne sont plus entretenueset vieillissent prmaturment. Laccs des services de santet des mdicaments est rduit, et parfois lensemble dusystme de sant seffondre.
20
JanPow
ell/CICR
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CE QUE FAIT LE CICR Les soins de sant maternelle et infantile sont une des priorits du CICR.
Le soutien aux structures locales de sant vise en premier lieu amliorer le
premier niveau de soins la mre et lenfant, ainsi que les soins chirurgicaux,
gyncologiques, obsttriques et pdiatriques durgence. Le CICR forme du
personnel local : infirmiers, mdecins et autres membres du personnel mdical.Il peut fournir du matriel, des fournitures mdicales et des mdicaments.
Le CICR organise des distributions rgulires de colis pour bbs, contenant des
articles dhygine et dautres articles pour les soins aux nourrissons.
Le CICR soutient la formation du personnel mdical de sexe fminin, en
particulier dans les socits o il est tabou pour les femmes et les fillettes
dtre en compagnie dhommes qui ne sont pas de leur famille, mme sil sagit
de membres du personnel mdical. Si ncessaire, le CICR peut payer les frais
de transport des patientes et des enfants leur charge vers des dispensaires
disposant de personnel fminin.
En rgle gnrale, le CICR soutient les structures locales de ses partenaires
privilgis, les Socits nationales. Il peut galement contribuer soutenir
dautres centres mdicaux. Dans les situations durgence, le CICR peut soccuper
lui-mme des blesss (par exemple en les oprant) ou apporter des soins de
sant de base la population.
Le CICR soutient les programmes de vaccination.
Laccs de leau potable et des services dassainissement adquats est essentiel
une bonne sant. Les ingnieurs du CICR fournissent des structures de distribution
deau, par exemple des citernes eau, rparent les systmes dapprovisionnement
en eau existants et construisent des toilettes dans les centres collectifs.
Le CICR peut apporter son soutien des centres nutritionnels thrapeutiques
pour aider les enfants souffrant de malnutrition ; il peut galement apporterun soutien aux mres de ces enfants. Etant donn les risques lis lutilisation
de lait en poudre dans les oprations dassistance, le CICR, conformment la
politique de promotion de lallaitement de lOMS, a recours depuis 1984 au lait
en poudre uniquement pour le traitement de la malnutrition.
CE QUE DIT LE DROIT
Lorsque des civils sont privs des moyens
indispensables leur survie nourriture, eau et
soins mdicaux adquats , le DIH prvoit que
des actions de secours doivent tre menes.
Toutes les parties au conflit arm doiventpermettre et faciliter ces oprations si elles
sont humanitaires, impartiales et ralises sans
discrimination.
Selon le DIH, les blesss et les malades doivent
tre respects, protgs, traits avec humanit
et recevoir les soins mdicaux ncessaires ;
le personnel mdical et humanitaire doit lui
aussi tre protg et respect.
Les tats parties la Convention relative aux
droits de lenfant reconnaissent galement le
droit des enfants de jouir du meilleur tat de
sant possible . La Convention demande en
outre aux tats parties de prendre des mesures
appropries pour assurer tous les enfants
lassistance mdicale et les soins de sant
ncessaires et pour lutter contre la maladie et
la malnutrition (article 24).
21
UN MDECIN SE SOUVIENT
Said Abou Hasna, un mdecin du Croissant-Rouge
du Qatar en mission pour le CICR, a soign les blesss
lhpital Al-Shifa, dans la ville de Gaza, pendant
lincursion militaire isralienne de 2009 : Je ne
mtais jamais trouv dans une telle situation. Il mest
arriv de ne pas pouvoir contenir mes larmes. Je me
souviens en particulier de Bissan, une fillette de huit
ans. Elle ma t amene au service des soins intensifs.
Elle avait perdu son frre et dautres membres de sa
famille. Elle prsentait de nombreuses blessures et il
y avait peu despoir quelle sen sorte. Elle na repris
connaissance que trois jours plus tard. Lorsquelle
a ouvert les yeux, elle a fait un grand sourire. Son
courage ma tout simplement sidr.
LHISTOIRE DAMINA
Amina a dix ans. Elle se rappelle quelle jouait avec
des amis dans sa petite ville du nord-ouest du
Pakistan : Tout dun coup, la bombe a explos. Je ne
sais toujours pas do elle est venue. Ses jambes ont
t touches par des clats dobus. Au dispensaire,
ses blessures se sont infectes. Son pre la amene
lhpital chirurgical du CICR pour les personnes
blesses par arme, Peshawar. Aprs deux oprations
pour retirer les clats de ses jambes, Amina se rtablit
et rapprend lentement marcher. Quand on lui
demande ce quelle veut faire quand elle sera grande,
elle sourit timidement : Matresse dcole. Prs de
la moiti des blesss de guerre civils soigns par le
CICR Peshawar sont des femmes et des enfants.
Bor
isHeger/CICR
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Les enfants subissent ou sont tmoins de faits atroces
durant les conflits : la petite fille qui a vu sa mre se
faire violer ; les enfants qui ont vu leur pre se faire
rouer de coups, tre emmen et qui nont plus eu de
nouvelles de lui ; ceux qui ont fui leur foyer lorsque
les bombes ont commenc tomber ; cette fille de
14 ans qui a d grimper par-dessus les cadavres de son
pre et de ses frres pour sextraire des dcombresde sa maison. Tous dveloppent des peurs qui ne les
quitteront plus et perdent confiance dans la capacit
des adultes les protger. Des Philippines au Liban,
les mres ont toutes des histoires similaires raconter :
Lorsquun orage clate, mes enfants se mettent
crier parce quils pensent que les bombardements
ont repris. Zukhra navait que huit mois lorsque sa
mre, qui la portait, fut tue au cours dune fusillade
en Tchtchnie. Zukhra est reste par terre dans la
rue pendant plusieurs heures, alors que les balles
sifflaient au-dessus de sa tte, avant que quelquun
ne vienne son secours. Elle a aujourdhui sept ans,
mais na toujours pas prononc son premier mot ;
les examens cliniques nont rien dcel danormal
du point de vue physique ou physiologique.
Il y a de fortes probabilits que les enfants qui
ont t contraints de commettre des atrocits
alors quils portaient des armes soient marqus
psychologiquement. Il en va de mme pour les enfants
de dix ans qui sont forcs de devenir soutien de famille.La dtresse psychologique sexprime de diffrentes
manires : par des problmes physiques (maux de
tte ou destomac), des troubles du comportement
(repli sur soi, agressivit envers les personnes ou les
objets), des difficults dapprentissage, des problmes
dincontinence nocturne, des difficults sexprimer,
et de bien dautres manires encore.
Lenfance et ladolescence sont des phases cruciales
dans le dveloppement psychologique dun
individu, et si des vnements traumatisants se
produisent durant ces priodes, ils peuvent avoir desconsquences durables. Les enfants ont cependant
une rsistance surprenante et sont capables de
surmonter des expriences traumatisantes de la
manire la plus inattendue. Les enfants ont une
capacit naturelle mais variable sadapter aux
changements qui surviennent dans leur cadre de
vie. Cette capacit dpend de plusieurs facteurs,
parmi lesquels lge, les aptitudes personnelles et
les caractristiques de leur environnement social et
affectif. La capacit de faire face un vnement ou
une situation traumatisante varie dun enfant lautre,
et le soutien devrait tre adapt en consquence ,
affirme Laurence De Barros-Duchene, coordonnatrice
des services de sant mentale au CICR.
Les cas de traumatisme requirent parfois des soins de
sant mentale, mais que trs rarement. Dans les pays
en proie un conflit, les organisations humanitaires
prfrent adopter une approche communautaire plutt
quune approche centre sur les individus. Il sagit de
crer les conditions propices afin que les victimespuissent se remettre delles-mmes. La plupart du
temps, il suffit de rtablir un semblant de normalit :
en veillant apporter soins et attention, en subvenant
aux besoins essentiels, en rtablissant une routine et
SANT MENTALEDiya avait trois ans et demi lorsquil a t enlev avec sonpre en Irak. Pour faire cder son pre, les kidnappeurs ont
tortur Diya et ont forc son pre couter ses cris depuisune pice voisine. Diya en porte toujours les cicatrices surson crne. Il mange mal, fait des cauchemars, est hyperactifet mouille son lit. Il vit dans la peur constante de voleurs et, le soir, ne russit sendormir que sil peut se cramponner la jambe de son pre. 1
22
1. Ce jeune garon irakien et sa
famille sont des rfugis au Liban ;
il est pris en charge dans le cadre
dun projet du HCR.
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des structures normales, et en organisant des activits
rcratives (pices de thtre, jeux de rle, jeux, activits
sportives, dessin, etc.). Dans certaines socits, les rituels
traditionnels peuvent galement se rvler utiles, en
particulier lorsquil sagit de rintgrer des enfants
associs aux forces armes ou des groupes arms.
Dans certains cas, la souffrance psychologique peuttre si intense quelle demande une intervention
plus cible. Ce peut tre le cas pour les familles des
personnes portes disparues, qui vivent en permanence
dans lincertitude et sont dans limpossibilit de faire le
deuil de leurs proches dont le sort demeure inconnu.
Dans ces situations, les enfants sont particulirement
sensibles aux motions au sein du cercle familial
mme quand on cherche malencontreusement leur
pargner la vrit et peuvent mme dvelopper
un sentiment de culpabilit. Le CICR subvient aux
besoins de certaines familles qui sont sans nouvelles
dun de leurs membres, en apportant notamment un
soutien psychologique.
CE QUE FAIT LE CICR Le CICR participe des projets grs par les Socits nationales visant fournir
un soutien psychosocial aux enfants victimes de conflits arms. Par exemple, il a
coopr avec le Croissant-Rouge algrien au lancement dun programme destin
apporter une aide psychologique des milliers de jeunes victimes de la violence.
Actuellement, le CICR soutient un projet de construction de salles de jeux pour lesenfants men par la section tchtchne de la Socit de la Croix-Rouge russe.
Le CICR aide les familles de personnes portes disparues faire face aux
consquences de la disparition dun tre cher. Outre une assistance matrielle,
cela inclut un soutien et des soins psychologiques.
ThierryGassmann/CICR
QUE DIT LE DROIT ?
Larticle 39 de la Convention relative aux droits
de lenfant dispose que [l]es tats parties
prennent toutes les mesures appropries
pour faciliter la radaptation physique et
psychologique et la rinsertion sociale de tout
enfant victime de toute forme de ngligence,
dexploitation ou de svices, de torture ou de
toute autre forme de peines ou traitements
cruels, inhumains ou dgradants, ou de conflit
arm. Cette radaptation et cette rinsertion
se droulent dans des conditions qui favorisent
la sant, le respect de soi et la dignit de lenfant
(sans italiques dans loriginal). Le Protocole
facultatif concernant limplication denfants
dans les conflits arms comporte unedisposition semblable qui protge les enfants
afin quils ne soient pas enrls dans les forces
armes ou dans des groupes arms ni contraints
de participer aux hostilits.
StuartFreedma
n/Panos
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Au Sud-Liban, quelques jours avant son 12e anniversaire,
Mouhammad roulait moto avec son pre lorsquils
ont but contre un obstacle sur la route : Je suis
tomb de la moto et jai fini ma course dans un
trou. Je me souviens que quelque chose a alorsexplos. Les blessures de son pre ntaient pas
trop graves, mais la dflagration a enflamm le corps
de Mouhammad. Lorsquil sest rveill lhpital,
il avait perdu ses deux jambes.
Ces armes peuvent tuer ou mutiler des personnes
plusieurs dcennies aprs la fin du conflit. Le pre
de Bounma ntait pas encore n lorsque des avions
ont largu des bombes sous-munitions sur le Laos
dans les annes 1960. Or 40 ans plus tard, Bounma,
qui commenait tout juste marcher, a t tu sur
le coup par une sous-munition qui a explos dans
le jardin de ses parents. Sa sur de six ans a eu les
jambes cribles dclats et son frre an a eu le visage
souffl par lexplosion.
La plupart des personnes qui sont tues ou blesses
sont des hommes qui travaillent aux champs ou qui
vaquent dautres activits de subsistance. Car pour
survivre, elles doivent tout simplement continuer
cultiver la terre, aller chercher de leau et du boisde feu, faire patre le btail ou ramasser de la ferraille
dans les zones infestes. Cependant, les enfants sont
eux aussi souvent victimes de ces armes. Les jeunes
garons sont particulirement exposs ce danger
en raison des activits qui leur sont gnralement
confies dans les communauts rurales (travaux
des champs et surveillance du btail, par exemple).
En outre, les enfants prennent rgulirement des
risques par ignorance, par curiosit ou encore sousla pression de leur entourage.
Les enfants reprsentent prs dun tiers des victimes
des mines et des restes explosifs de guerre dans le
monde : en Afghanistan, ce chiffre avoisine les 50%.
Si lon ne tient compte que des victimes civiles,
les enfants constituent 46% de tous les cas dans le
monde. Les restes explosifs de guerre reprsentent
un danger dans plus de 70 pays.
Les enfants peuvent galement tre des victimes
indirectes. La perte soudaine dun pre ou dun
soutien de famille, parce quil est dcd ou devenu
invalide, signifie souvent la fin de laccs lducation
et aux services de sant, ainsi que des problmes de
malnutrition, avec des consquences particulirement
graves pour les enfants en bas ge.
Les jeunes survivants de ces engins meurtriers
sont souvent gravement handicaps, ce qui peut
compromettre dfinitivement leurs perspectivesdavenir. Dans certaines socits, les filles risquent de
se retrouver dans la misre et de perdre tout espoir de
trouver un mari. Lindigence peut alors les rduire la
mendicit ou dautres activits dgradantes telles
LES TUEURS DE LOMBREUne irrgularit du sol, un ruban pendu dans un olivierou gisant dans une rizire : les mines antipersonnel,
les bombes sous-munitions et les autres restes explosifsde guerre sont souvent invisibles et paraissent toujoursinoffensifs, mais ce sont des engins de mort qui frappentsurtout des civils.
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que la prostitution, ou les exposer des mauvais
traitements. Les consquences peuvent tre tout aussi
lourdes pour les garons, qui sont censs devenir des
soutiens de famille et subvenir aux besoins des leurs.
Cela dit, si elle reoit des soins mdicaux et orthopdiques
appropris, une jeune victime peut mener une vie
normale et digne, et exercer pratiquement nimporte
quelle profession. Cela suppose cependant des
ressources financires, puisquun enfant aura besoin
dune nouvelle prothse chaque anne, jusqu la fin
de sa croissance, ainsi que dun suivi rgulier (au moins
deux fois par anne) dans un centre dappareillage. Les
perspectives pour les enfants handicaps dpendent
aussi des possibilits dducation qui leur sont offertes.
Malheureusement, bon nombre dentre eux ne
bnficient souvent pas des mmes possibilits que
leurs pairs, parce que les coles ne sont pas adaptes
leurs besoins (elles peuvent tre inaccessibles en
fauteuil roulant, par exemple) ou simplement parce
quils ne sortent plus de chez eux.
Tesfahun Hailu, un Ethiopien de 20 ans, a perdu une
jambe et une partie dun bras lorsquil avait 13 ans :
Je jouais avec un objet curieux que javais trouv,
en essayant de voir ce quil y avait lintrieur,
mais il a explos. Lobjet en question tait enfait une mine antipersonnel. Sa mre tait morte
lorsquil avait cinq ans. Du c oup, jai fait des
petits boulots, comme cireur de chaussures. Aprs
laccident, je me suis demand comment jallais
pouvoir continuer travailler , raconte-t-il. Grce la
jambe artificielle fournie par le Fonds spcial du CICR
en faveur des handicaps, Tesfahun a pu retourner
lcole et mme donner des cours de danse ses
camarades de classe. Beaucoup dhandicaps
restent clotrs chez eux et se sentent inutiles parce
que la socit ne leur laisse pas leur chance. Mais si
on leur donne une chance, ils peuvent avoir une vie
active et panouie, dit-il. Je veux aller luniversit
pour devenir mdecin. Dans mon village, il ny a quun
mdecin pour 6000 habitants. Nous avons besoin de
plus de mdecins.
INTERDIRE LES MINES ET LES ARMES SOUS-MUNITIONS
La communaut internationale a pris des mesures substantielles pour interdire les mines et les armes sous-munitions. La Conventionsur linterdiction des mines antipersonnel a t adopte en 1997. En signant la Convention, les tats parties se sont engags mettre fin
lutilisation des mines antipersonnel, apporter une assistance aux victimes, procder lenlvement des mines dj poses et rduire
entre-temps le risque pour les civils par des actions de prvention. La Convention sur les armes sous-munitions a t signe par 94 tats
en dcembre 2008. Elle interdit lemploi, la production, le stockage et le transfert de ces armes.
MarkoKokic/CICR
SebastiaoSa
lgado/CICR
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CE QUE FAIT LE CICR
Le CICR utilise la fois une approche prventive et corrective :
Le CICR aide les Socits nationales offrir des alternatives plus sres en
matire de scurit conomique dans les pays contamins. Les activits cet
effet consistent typiquement tablir des zones sres, notamment des aires de
jeu scurises pour les enfants dans des zones pollues par les mines, fournir
de nouvelles sources deau situes en terrain non contamin et des sourcesalternatives de nourriture ou de combustible, ainsi qu mettre en place des
projets de microcrdit.
Le CICR organise des activits dducation aux dangers, comme la sensibilisation
des populations risque dans les situations durgence, dans le but dinduire
long terme des changements de comportement et de faire en sorte que les
communauts jouent un rle central dans la dtermination des priorits en
matire de dminage. Des activits rcratives, telles que quiz et spectacles de
marionnettes, peuvent tre utilises pour lducation des enfants.
Le CICR participe activement llaboration, la promotion et la mise en uvre
des normes de DIH visant prvenir et soulager les souffrances humaines
infliges par les mines, les armes sous-munitions et les autres restes explosifs
de guerre, telles que la Convention sur linterdiction des mines antipersonnel,
la Convention sur les armes sous-munitions et le Protocole relatif aux restes
explosifs de guerre.
Le CICR travaille en collaboration avec les autorits nationales pour rduire
les effets de la contamination par les armes et soutient le dveloppement des
capacits des Socits nationales.
Le CICR fournit une assistance en matire de soins durgence aux blesss de
guerre et soutient des hpitaux et des structures mdicales dans de nombreux
pays touchs par les mines et les restes explosifs de guerre.
Le CICR gre et soutient des centres de radaptation physique pour les victimesde ces armes et autres handicaps physiques dans les pays en proie un conflit,
afin de les aider retrouver leur mobilit et leur indpendance conomique.
Il peut galement faciliter la rinsertion sociale des handicaps et leur permettre
de jouer un rle productif dans la socit.
LHISTOIRE DE RITA
Rita Pariyaar faisait patre son troupeau prs dune caserne de larme lorsquelle
a pos son pied droit sur une mine. Cette jeune Npalaise de dix ans se souvient :
[Jai eu limpression] davoir plong mon pied dans un chaudron deau chaude,
et linstant daprs, il y avait du sang partout. Il ma fallu un moment pour raliser
quil ne restait plus rien en dessous de la cheville. Elle a t transporte un
centre orthopdique soutenu par le CICR Pokhara, dans louest du Npal, o elle
a reu un membre artificiel et des soins de physiothrapie. Aprs une anne de
traitement, Rita est heureuse de pouvoir retourner lcole.
26CICR
CICR
CICR
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PROMOUVOIR LES PRINCIPES HUMANITAIRES
Que sest-il rellement pass dans le village vietnamien de My Lai en 1968 ? Pourquoi est-il ncessaire dpargner les civils en temps de
conflit ? Pourquoi ne pas interdire totalement la guerre ? Faudrait-il punir ceux qui violent le DIH ? Et que peut faire un individu lorsque la
dignit humaine dun autre est menace ?
Ce sont l quelques-unes des questions que des milliers dadolescents du monde entier, gs de 13 18 ans, ont abord dans le cadre du
programme Explorons le droit humanitaire (EDH). EDH est n de la constatation que les conflits arms et la violence urbaine sont prsents
partout dans le monde, que les adolescents sont exposs aux images de guerre vhicules par les mdias et aux produits de divertissement
qui glorifient la violence, et que certains jeunes subissent les effets directs de la guerre.
EDH vise faire connatre et comprendre non seulement les rgles observer durant un conflit arm, mais aussi celles qui sont en fin de
compte ncessaires pour permettre aux gens de vivre ensemble. Bien que le programme soit ax sur la protection de la vie et de la dignit
humaine en priode de guerre, ses enseignements peuvent tre appliqus chaque aspect de la vie de tous les jours. Les diffrents
modules aident les jeunes devenir des citoyens adultes informs aux niveaux local, national et mondial.
Inculquer les principes humanitaires aux jeunes gnrations relve de la mission traditionnelle du CICR consistant soutenir les
gouvernements dans leurs efforts de diffusion du DIH ainsi que de laction mene par le Mouvement cet effet dans le monde entier.
LES CONSEILS DUNE MARIONNETTE
Le personnage principal de la campagne de prvention contre les dangers des mines que le CICR mne en Tchtchnie est incarn
par Cheerdig, un hros populaire des histoires tchtchnes qui se transmettent de gnration en gnration. Ces dernires annes,
une compagnie de marionnettes tchtchne a mont un spectacle faisant intervenir Cheerdig pour sensibiliser les enfants aux risques
que reprsentent les munitions non exploses. Intitul Danger, mines : les nouvelles aventures de Cheerdig, le spectacle a t jou lors dune
tourne dans les camps et les centres collectifs pour personnes dplaces en Ingouchie voisine ; ce personnage est galement le hros
dune bande dessine qui a t publie et qui est prsent utilise dans les coles. Le CICR a en outre produit des affiches et un dessin
anim qui a t diffus par la tlvision locale. Les conseils prodigus par Cheerdig ont rencontr un tel succs que les enfants empruntent
dsormais un chemin plus long mais plus sr pour se rendre lcole, au lieu de prendre les raccourcis habituels.
Pour davantage dinformations, visiter le site Internet www.ehl.icrc.org
BorisHeger/CICR
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MISSIONOrganisation impartiale, neutre et indpendante,
le Comit international de la Croix-Rouge (CICR) a
la mission exclusivement humanitaire de protger
la vie et la dignit des victimes de la guerre et de la
violence interne, et de leur porter assistance. Il dirige et
coordonne les activits internationales de secours du
Mouvement dans les situations de conflit. Il sefforce
galement de prvenir la souffrance par la promotion et
le renforcement du droit et des principes humanitaires
universels. Cr en 1863, le CICR est lorigine du
Mouvement international de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge.
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Christoph
Von
Toggenburg/CICR
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