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Les complémentarités entre les nouvelles technologies,
l'organisation du travail et les caractéristiques des salariés au sein
des groupes de métiers
Nathalie Greenan
Centre d'Etudes de l'Emploi [email protected]
Emmanuelle Walkowiak
IRIS, université Paris IX Dauphine [email protected]
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Résumé
Cet article propose une étude empirique des liens entre qualifications, technologie et organisation s’appuyant sur le volet « salariés » de l'enquête « Changements Organisationnels et l’Informatisation » (C.O.I.). Nous montrons que l'usage cumulé des technologies de l'information et la communication (TIC), tout comme un usage complexe des machines automatiques sont corrélés positivement à la qualification des salariés. Nous observons également que les caractéristiques informationnelles et productives du poste de travail couramment attribuées aux nouvelles formes d'organisation correspondent, comme l’usage de nouvelles technologies, aux positions dominantes dans la division verticale du travail. Nous explorons ensuite les liens entre technologie et organisation, conditionnellement à cinq groupes de métiers (cadres, professions intermédiaires, employés, ouvriers qualifiés et ouvriers non qualifiés). Nous vérifions l’existence de corrélations entre l'organisation du travail et les usages des technologies, qui concernent à la fois les cinq catégories de métiers et les différents types de technologies considérées. Enfin, l’introduction de variables socio-organisationnelles dans nos régressions permet de vérifier si les liens identifiés sont des effets propres aux technologies ou s’ils proviennent des caractéristiques sociales des utilisateurs ou de caractéristiques des organisations dans lesquelles ils s’insèrent.
Abstract
This paper proposes an empirical study of the relationships between skills, technology and organization using the labor force section of the survey on “organizational change and computerization” (C.O.I.) conducted in 1997. We show that the cumulated uses of Information and Communication Technologies (ICT), like the complex use of automated machines are positively correlated to the skill of employees. We also observe that the informational and productive characteristics of work posts currently attributed to new organizational practices correspond, like the use of new technologies, to dominant positions in the vertical division of labor. We then investigate the relationships between technology and organization, conditionally to five groups of occupations (executives, middle management, clerks, skilled blue collars, unskilled blue collars). We verify the existence of correlations between work organization and technology use that are common to the five groups of occupation and to the different types of technologies considered. At last, the introduction of socio-organizational variables in our regressions allow to check whether the identified relationships come from technology itself or if they result from the social characteristics of users or to the characteristics of the organizations they belong to.
Key words : Technology – ICT - Labor Organization – Skill.
JEL classification: J24 – L23 – L60 – O33.
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Introduction
Dans les deux dernières décennies, les entreprises industrielles ont connu à la fois des
réorganisations importantes et une diffusion massive des Technologies de l’Information et de
la Communication. Les transformations dans le travail qui en découlent sont décrites sous
différents aspects par les économistes : décentralisation de l'autorité, accroissement de
l'autonomie des travailleurs, intégration des tâches, valorisation du travail collectif par le biais
du travail en groupe, d'équipes de résolution de problèmes etc. Globalement, la logique de
travail, moins hiérarchique, deviendrait plus horizontale. Mais les travaux des sociologues
(Gollac et Kramarz (2000), Cezard, Gollac et Rougerie (2000)) nous indiquent aussi que la
logique de sélection des travailleurs et d'attribution des technologies informatiques est et reste
verticale. Comment ces deux mouvements peuvent-ils se concilier au sein des entreprises ?
Dans ce travail, nous explorons les corrélations entre l’usage des technologies modernes et
l'organisation du poste de travail, au sein de cinq groupes de métiers1 (cadres, professions
intermédiaires, employés, ouvriers qualifiés, ouvriers non qualifiés). Les corrélations
significatives que nous observons peuvent être un signe de complémentarité entre dimensions
de la technologie et de l’organisation au sens que Milgrom et Roberts (1990) ont donné à ce
terme, c’est à dire de lien résultant d’une coordination entre choix technologiques et choix
organisationnels. Nous vérifions ensuite si la forme de la relation identifiée entre technologie
et organisation au niveau des postes de travail persiste suite à l'introduction de variables de
contrôle mesurant le capital humain et social du salarié et de variables décrivant l’entreprise.
Ces tests sont conduits sur un échantillon de 4421 salariés stables (ayant au moins un an
d’ancienneté) rattachés à des entreprises manufacturières de plus de 50 salariés issu de du
dispositif d’enquêtes couplées employeur/employés sur les « Changements Organisationnels
et l’Informatisation » (C.O.I.) réalisée en 1997 par la DARES (volet « salariés »), les SESSI et
le SCEES (volet « entreprises »).
Les résultats des études empiriques réalisés par les économistes à partir de données
d’entreprises ou d’établissements sur les liens technologie / organisation / qualification sont
1 Gollac (1989a), définit la qualification comme l'intermédiaire entre le travail considéré comme rapport privé entre employeur et salariés et le travail considéré comme rapport marchand. Le métier, selon lui, permet de lier l'activité du salarié à son identité sociale. Qualifications et métiers correspondent à la dimension « objectivable » du travail. Dans notre travail, comme les grilles de classifications de l'INSEE matérialisent cette dimension, nos sous-échantillons peuvent être considérés comme des sous-échantillons de métiers agrégés ou de qualifications agrégées. Nous utiliserons les termes qualifications, métiers ou groupes de PCS comme des synonymes.
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contrastés (Bresnahan, Brynjolfsson et Hitt (2002); Caroli et Van Reenen (2001) ; Coutrot
(2000) ; Greenan (1996, 2002)). Notre étude est complémentaire à ces travaux puisqu’elle
mobilise des mesures issues de déclarations de salariés plutôt que de représentants
d’entreprises. Notre contribution consiste à étudier en détail la relation entre technologie et
organisation pour répondre aux questions suivantes : (1) La forme de la relation entre
technologie et organisation est-elle uniforme pour les différents groupes de métiers ? (2)
Existe-t-il une rupture dans le lien entre technologie et organisation du travail selon que l’on
considère les TIC ou les machines automatiques ? (3) Quelles sont les dimensions de
l'organisation du travail associées à l'usage des nouvelles technologies ? (4) Les corrélations
entre technologie et organisation du travail sont-elles façonnées par le capital humain et le
capital social des salariés et/ou par les caractéristiques de l'entreprise qui l'emploie ?
Dans une première section, nous proposons une revue des travaux théoriques et empiriques
sur les liens entre qualifications, technologie et organisation puis nous présentons les données
utilisées et les mesures de la technologie et de l’organisation que nous avons retenues. Nous
montrons que ces indicateurs sont corrélés à la qualification. Dans une seconde section nous
explorons les liens entre technologie et organisation au sein des cinq groupes de métiers en
introduisant des variables de contrôle socio-organisationnelles. Nous cherchons à cerner
comment la logique verticale à l’œuvre dans la sélection des utilisateurs de technologie se
conjugue à la logique horizontale qui anime, selon la littérature théorique, la coordination des
choix technologiques et organisationnels des entreprises.
1- Le cadre d'analyse des relations entre technologie, qualification et organisation
1-1- Les concepts de biais technologiques et de complémentarité ont évolué au cours du
temps
Les économistes se sont essentiellement intéressés aux liens entre la technologie et les
qualifications pour lesquels ils ont développé deux concepts : le biais technologique et la
complémentarité. La théorie du biais technologique décrit le progrès technique comme un
choc exogène qui, s’il n’est pas neutre, déforme la combinaison productive, et donc le rapport
des productivités des facteurs, changeant ainsi la demande relative de facteurs. La
complémentarité, quant à elle, est une propriété de la fonction de production. Deux facteurs
sont complémentaires lorsque la baisse du prix de l'un génère l'augmentation de l'utilisation de
l'autre. Du point de vue économétrique, il peut être difficile de distinguer les effets provenant
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d'un biais technologique de ceux d'une complémentarité, dès lors qu'un facteur ou son coût
sont mal mesurés.
Le concept de biais technologique envisage les relations entre capital et travail. Comme le
montrent Bouabdallah, Greenan, Villeval (1999), des années trente à la fin des années
cinquante, les économistes de la croissance ont successivement envisagé l’hypothèse d’un
biais en faveur du capital puis celle d’une neutralité du progrès technique. Ce n'est que dans
les années quatre vingt-dix que les économistes du travail étudiant les inégalités d'accès à
l'emploi et les différences salariales parlent d'un biais technologique affectant la structure des
emplois. La diffusion des TIC génèrerait une déformation des demandes relatives de travail
source d’un biais en faveur de la main d’œuvre la plus qualifiée. Empiriquement, on s’attend
donc à trouver une corrélation positive entre usage de nouvelle technologie et niveau de
qualification. Ce lien entre diffusion des technologies et qualification a également fait l'objet
d’un débat en sociologie au cours des années soixante-dix autour des thèses de la
déqualification et de la requalification. Un progrès technique déqualifiant générerait une
hausse de la demande relative de travail non qualifié, alors qu’un progrès technique qualifiant
engendrerait une hausse de la demande relative de travail qualifié, tout comme dans le cas
d'un biais technologique en faveur des plus qualifiés.
A la fin des années soixante Griliches (1969) observe que malgré la hausse de l'offre de main
d'œuvre qualifiée, sa rémunération se maintient, avec pour conséquence une hausse de la part
des qualifiés dans les coûts totaux. Pour l’expliquer, Griliches développe l’idée d’une
complémentarité entre capital et main d’œuvre qualifiée qu’il propose d’identifier
empiriquement au travers de l’estimation d’élasticités de substitution partielles. La baisse du
coût du capital augmenterait la demande de travail qualifié car les deux facteurs sont
complémentaires. Plusieurs études empiriques ont montré que capital et travail qualifié sont
complémentaires et substituables au travail non qualifié.
La montée des inégalités entre travailleurs de différentes qualifications pourrait donc aussi
bien s'expliquer par un choc sur les productivités relatives (biais technologique) que par la
baisse du prix des TIC (complémentarité).
La question de l'organisation a longtemps été négligée par les économistes, davantage axés
sur la technique. En socio-économie, durant les années soixante, la réflexion sur le
5
déterminisme technique, selon lequel la technique imposerait une certaine forme de division
du travail, reflète la nature indissociable de la technologie et de l'organisation.
Chez les économistes français, la réflexion sur le paradoxe de productivité2, a conduit à
s’intéresser au rôle de l’organisation. L'ouvrage interdisciplinaire dirigé par Foray et Mairesse
(1999), qui présente un bilan critique des travaux sur les relations entre informatisation et
performance, montre que les TIC jouent un rôle médiateur dans la performance mais que les
potentialités de ces technologies peuvent être freinées par l'inertie de l'organisation. C’est de
cette réflexion qu’est née l’enquête « Changements Organisationnels et Informatisation »
(C.O.I.).
Cette idée alimente aussi aux Etats-Unis les travaux de Milgrom et Roberts (1990). Ils
proposent d’augmenter la fonction de production traditionnelle d’un ensemble de choix
discrets réunis sous le terme de fonction de « design organisationnel ». Les choix de quantités
de facteurs, ainsi que les choix de type d’équipement ou de pratiques organisationnelles
peuvent être guidées par l’existence de complémentarités productives sources de rendements
croissants. Ainsi, selon ces auteurs, la baisse du prix de TIC a entraîné une augmentation de la
demande d'équipements informatiques que les entreprises ont coordonnée à des choix
spécifiques de pratiques organisationnelles qui auraient à la fois augmenté la demande de
travail qualifié et la productivité. C’est cette séquence de choix qui fonde le modèle de
« modern manufacturing » ou d’excellence industrielle. Cette vision de la complémentarité est
différente de celle qui s’appuie sur des mesures d’élasticité de substitution entre facteurs mais
elle reste déterministe puisque c'est le progrès technique (et plus précisément la baisse du prix
des TIC) qui initie le changement organisationnel. Par ailleurs, il n’existe pas de méthode
permettant de mesurer de manière satisfaisante les complémentarités productives (Athey et
Stern, 1998).
1-2- L'ensemble des questions soulevées par les travaux empiriques
En s'appuyant sur ces travaux, certains économistes qui testent les relations entre changement
technologique, changement organisationnel et demande de qualification au niveau de la firme,
utilisent le terme de « biais organisationnel », pour indiquer que la hausse de la demande de
travail qualifié ne vient pas uniquement de la diffusion de TIC mais qu’elle est aussi liée aux
2 Le paradoxe de productivité caractérise la situation d'adoption massive de technologies, avec une stagnation de la productivité.
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nouvelles pratiques organisationnelles développées par les entreprises. Mais ces études
empiriques, cherchent plutôt à mesurer des complémentarités productives. Bien que peu
nombreuses, elles mènent à des résultats contrastés. Bresnahan, Brynjolfsson et Hitt (2002)
obtiennent de fortes corrélations significatives entre l'usage des TIC, l'usage de nouveaux
dispositifs organisationnels et différents indicateurs de qualifications aux Etats-Unis. Caroli et
Van Reenen (2001) montrent que les changements techniques et organisationnels mènent à
une baisse de la demande de travail peu qualifié mais ils ne trouvent qu'une faible
complémentarité entre changement technique et organisationnel, pour la France et
l'Angleterre. Coutrot (2000a et b) trouve qu'en France, la structure des qualifications des
firmes est plus sensible à la diffusion des TIC qu’à l’innovation organisationnelle. Mais les
indicateurs de structure des qualifications qu’il utilise viennent des déclarations qualitatives
des employeurs plutôt que d’une classification quantitative de la main d'œuvre en catégories
précises. Greenan (1996, 2002) montre qu’en France il existe une complémentarité entre
technologie et organisation et que c’est surtout l’organisation qui transforme la structure des
qualifications. Ces résultats soulèvent plusieurs interrogations.
Tout d'abord, si qualifications, technologie et organisation semblent reliées, la forme de ces
liens n'est pas tranchée. En particulier, si la qualification est à la fois corrélée à la technologie
et l'organisation, nous pouvons nous demander si la complémentarité entre technologie et
organisation ne dépend pas du type de qualification considéré. Autrement dit, les corrélations
entre technologie et organisation peuvent-elles être différentes selon la qualification
considérée ?
La deuxième interrogation porte sur la mesure des technologies. L'ensemble de ces travaux se
concentre essentiellement sur les effets de l'informatisation, à l'exception de Greenan (1996,
2002) qui étudie les technologies de production avancées. Les technologies informatiques et
les technologies de fabrication avancées entretiennent-elles des liens identiques ou différents
avec l'organisation du travail ?
La troisième interrogation correspond également à un problème de mesure, mais cette fois ci
de l'organisation. Caroli et Van Reenen (2001) mesurent le changement organisationnel par la
baisse du nombre de niveaux hiérarchiques. Pour eux, il n'existerait qu’une complémentarité
faible entre la décentralisation de l'autorité et l'usage des technologies informatiques. Dans les
autres études, les indicateurs utilisés d'organisation sont synthétiques et rendent compte de la
mise en place d'une logique de travail plus « horizontale » s’appuyant sur la décentralisation
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de l'autorité, l'intégration des tâches, le travail en groupe etc. Bresnahan, Brynjolfsson et Hitt
tout comme Greenan, trouvent une complémentarité entre la combinaison de ces dispositifs
organisationnels et l'usage des nouvelles technologies. Ces différences de résultats ne
traduisent-ils pas la sensibilité de la relation de complémentarité mesurée à la dimension de
l’organisation considérée ?
La quatrième remarque correspond au type des données utilisées. L'ensemble de ces études
utilise des informations recueillies auprès des entreprises et qui traduisent le discours de leurs
dirigeants. Il nous semble intéressant de confronter leurs résultats à des résultats obtenus à
partir de déclarations de salariés qui traduisent la façon dont les changements technologiques
et organisationnels affectent le profil des postes de travail.
A notre connaissance, les économistes, contrairement aux sociologues, ne s’appuient pas sur
ce type de données. Lorsqu’ils veulent étudier plus finement certains mécanismes, ils
s’adressent plutôt au terrain. Ainsi, Shaw (2002), à partir de l'étude de 84 usines de l'industrie
sidérurgique montre que les politiques de gestion de ressources humaines innovantes sont
complémentaires à l’usage de nouveaux équipements informatiques, et que c’est la
combinaison des deux qui modifie les besoins de main d'œuvre. Un apport important de cette
étude est d'identifier les nouvelles compétences demandées par les entreprises innovantes de
l’industrie sidérurgique : ce sont des compétences interpersonnelles (capacité à communiquer,
à négocier, à s’entendre avec les autres) qui ne sont que partiellement acquises par l’éducation
secondaire et la formation professionnelle. Ces résultats sont proches des conclusions
statistiques de la sociologie du travail. A partir d’une enquête auprès des salariés, Gollac
(1989a), montre que la distinction entre travailleur d'exécution et travailleur d'encadrement est
une dimension3 centrale de l’organisation du travail que reflète la qualification. Elle est
intimement liée à l'autonomie et au réseau de communication du salarié. Cette importance des
réseaux de communication dans la structuration des postes de travail fait écho aux travaux sur
le capital social, relativement abondants en sociologie des réseaux sociaux, et qui
commencent à se développer en économie (Sobel (2002)).
3 Cette différenciation des catégories de travailleurs est presque aussi forte que celle engendrée par le salaire. La deuxième dimension de l’organisation du travail distinguée par Gollac recoupe la distinction entre ouvrier artisanal et ouvrier industriel liée au degré d'industrialisation de l'activité. Ce travail montre donc les liens étroits qui unissent caractéristiques organisationnels du poste de travail et qualification. Dès lors, il n’est pas étonnant que les changements organisationnels vienne bousculer la qualification et brouiller ce qui la fonde.
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Autrement dit, lorsque l'on envisage la relation entre technologie et qualification, on regroupe
sous le terme de qualification non seulement le capital humain mesuré par le diplôme, mais
aussi le capital social du salarié envisagé comme son réseau de relation. Dans ces termes,
l'étude de Shaw (2002) montre que la sélection dans les entreprises innovantes de l'industrie
sidérurgique se fait sur le capital social. D'un point de vue statistique, l'organisation du travail
devrait être corrélée davantage au capital social qu'au capital humain des salariés. En ce qui
concerne la relation entre technologie et qualification, Gollac (1989b) montre que l'ordinateur
matérialise la division verticale du travail. Et en dépit de la massification de l'accès à
l'informatique, il ne semble pas qu’une démocratisation s’amorce puisque sa diffusion des
générations les plus avancées d’ordinateurs reste très sélective et se fait à la manière d'un bien
culturel (Gollac et Kramarz (2000) ; Cezard, Gollac et Rougerie (2000)). Tout comme la place
dans l'organisation du travail, l’usage des nouvelles technologies est corrélée non seulement
au capital humain, mais aussi aux capital social des salariés. Nous pouvons alors nous
demander si le capital humain et le capital social jouent également un rôle sur le lien entre
organisation et technologie.
Notre travail empirique cherche à répondre à nos quatre questions sur les relations de
complémentarité entre qualification, technologie et organisation en mobilisant l’enquête
C.O.I. qui couvre les industries agricoles et alimentaires, le secteur industriel, la branche des
experts comptables et la branche du commerce de bricolage. Après avoir sélectionné les
entreprises dans les fichiers des Enquêtes Annuelles d'Entreprise (EAE), le Service des
Statistiques Industrielles (SESSI), le Service Central des Enquêtes et Etudes Statistiques du
Ministère de l'Agriculture (SCEES) et l'INSEE ont constitué le volet « entreprises » en
interrogeant des dirigeants sur l’organisation et l’informatisation de leurs entreprises. Des
salariés ont ensuite été sélectionnés de manière aléatoire au sein de chaque entreprise dans le
fichier des Déclarations Annuelles de Données Sociales (DADS) de 1996. Ce volet
« salariés », a été réalisé par l’INSEE pour le compte de la DARES, auprès d’environ 9000
salariés (tous secteurs confondus). Dans cette étude, nous utilisons la partie concernant les
salariés du secteur industriel (IAA comprises). Il s’agit de salariés rattachés à des entreprises
de plus de 50 salariés et ayant au moins un an d'ancienneté. Ils ont été interrogés sur les
caractéristiques de leur poste de travail en termes de marge d'initiative, de communication, de
rythme de travail et d'usage des nouvelles technologies. Afin de conserver l'information
relative à la politique poursuivie par l’entreprise, nous avons apparié le volet « salariés » au
volet « entreprises » de l'enquête, conduisant à un échantillon de 4421 salariés répondants.
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1-3- Les mesures des technologies et de l'organisation du travail et de leur corrélation avec
la qualification
Les indicateurs d'usage des technologies construits rendent compte de la coexistence de
plusieurs technologies sur un même poste de travail
Nous avons construit deux indicateurs synthétiques de diversité d’usage des technologies. Le
premier concerne les TIC, l’autre les machines automatiques. Les différentes technologies
constitutives de nos indicateurs correspondent à trois phases différentes d’un processus
parfois décrit comme une algorithmisation des entreprises (Benghozi et Cohendet (1999)).
Chacune de ces générations se caractérise par la spécificité de l'objet informatisé ou
automatisé, un système technique particulier et des liens spécifiques entre informatique et
organisation reflétés par l'interface de la technologie avec l'utilisateur (Caby et al (1999)).
La première phase (tableau 1) est l’automatisation des taches spécifiques qui vise à acquérir
des gains de productivité. Elle s'est appliquée, dans les années 60, aux processus
administratifs, puis, dans les années 70, aux processus industriels. Cette automatisation des
taches spécifiques s’appuie sur deux générations technologiques : une informatique lourde et
centralisée (et donc l’usage de terminaux), et le développement de la robotique et de la
productique. L'interface machine / utilisateur est définie par les spécialistes, puisque les
programmes sont spécifiques et le langage est spécialisé.
La deuxième phase est l’informatisation qui vise des gains de réactivité. Dans les années 80,
l’adoption de micro-ordinateurs et des matériels de bureautique (fax et minitel), contribuent à
poursuivre ce mouvement : à l’automatisation des processus s’ajoute une automatisation
locale des taches, des routines et des savoir-faire. Cette nouvelle vague technologique évite
les rigidités et les blocages générés par une architecture centralisée (notamment les blocages
de la production suite à une panne), le système informatique est structuré autour d’un réseau
de micro-ordinateurs. L'informatique répartie permet un accès direct de l'utilisateur aux
ressources informatiques.
Les années 90, marquées par la convergence des télécommunication, de l’électronique, de
l’audiovisuel et de l’informatique, caractérisent la troisième phase : le développement des
technologies de communication. On peut la considérer comme une phase d’automatisation des
échanges. L'objet informatisé est alors la mise en relation des tâches et des savoirs. Ce sont
d’abord les échanges internes à l’entreprise qui sont concernés avec le développement de
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réseaux locaux (développement de l’intranet et de l’échange de données informatisées), puis
dans les années 2000, les échanges externes avec l’explosion de l’Internet, et le
développement de technologies mobiles (ordinateurs et téléphones portables).
[Insérer tableau 1]
Dans l’entreprise, toutes ces technologies coexistent, puisqu'elles s’accumulent par strates
successives. Il y a d’ailleurs de fortes corrélations dans l’usage de ces technologies. Nous
avons donc construit des indicateurs de cumul d’usages des technologies mesurant à la fois
l’existence d’une utilisation et sa diversité ou complexité4. Pour les TIC, la variable
synthétique NBOI est égale à la somme de l'usage de micro-ordinateurs, terminaux, intranet,
Internet, échange de données informatisées, fax, minitels, téléphones portables (ou tatoo ou
bip), ordinateurs portables. Pour les machines automatiques (NBMO), nous additionnons les
différentes fonctions possibles qu'elles remplissent : l’usinage, le formage, le laminage et les
autres transformations de la matière ; l’assemblage-montage-soudage ; la peinture-les
traitements de surface ; les mélanges, cuisson et autres transformations chimiques de la
matière ; les épreuves, tests et contrôles ; le conditionnement et l’emballage ; la manutention
et le stockage ; l’imprimerie et la reprographie ; le découpage, le blanchissage, la couture et la
confection. L'annexe 1 donne le détail de la construction de ces variables ainsi que celle des
autres variables (durée d'usage, ancienneté d'utilisation, utilisation par le passé pour les non-
utilisateurs) que nous utilisons pour caractériser l'usage des technologies.
Munis de ces indicateurs, nous analysons la répartition de la diversité d’usage des TIC et des
machines automatiques au sein des groupes de PCS, afin de déterminer si les usages sont
corrélés à la qualification.
La diversité d'usage des technologies et la qualification sont corrélés pour les TIC comme
pour les machines automatiques
Aujourd'hui, 85% des salariés stables de l'industrie (IAA incluses) utilisent au moins un
équipement technique (industriel ou bureautique) dans le cadre de leur travail. Les salariés
exclus de l'usage de ces technologies sont en quasi-totalité des ouvriers (97%) : ce sont
principalement des ouvriers qualifiés et non qualifiés de l'industrie agroalimentaire et de
l'industrie chimique. Ressortent également les ouvriers non qualifiés de l'industrie de
4 Cet indicateur peut également s’interpréter comme l’intensité d’usage des technologies.
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fabrication textile et les ouvriers qualifiés de type artisanal. Les autres non-utilisateurs de
technologie sont des agents de maîtrise (3%).
Lorsque l'on exclut le fax, le minitel et le téléphone portable des technologies étudiées, 79%
des salariés utilisent une technologie. Le tableau 2 donne le pourcentage des non-utilisateurs
de l'informatique (terminal et micro-ordinateurs), de machines automatiques, et de ceux qui
n'utilisent ni l'une ni l'autre de ces technologies. 32% des ouvriers n'utilisent ni l'informatique,
ni de machines automatiques contre près de 12% des professions intermédiaires. Chez les
cadres et les employés, ne pas utiliser l'informatique est très rare (moins de 8% des cas)5. Les
catégories exclues de l’usage des TIC risquent de faire face à des difficultés d’insertion sur le
marché du travail.
[Insérer tableau 2]
La distribution du nombre de TIC utilisées pour les cinq groupes de PCS est représentée dans
le graphique 1. Cette distribution est gaussienne sauf pour les ouvriers, avec un mode de 5
pour les cadres et les employés, et de 4 pour les professions intermédiaires. Les cadres
constituent la catégorie qui cumule le plus de technologies. Pour les ouvriers, en revanche, la
courbe a une asymétrie à gauche qui indique que la majeure partie d'entre eux n'a pas accès à
ces technologies : 53 % des ouvriers qualifiés et 76 % des ouvriers non qualifiés n'utilisent
aucun matériel informatique ou de télécommunication.
[Insérer graphique 1]
Le tableau 3 complète l'information sur l'usage des technologies en donnant le nombre moyen
de technologies utilisées (NBOI et NBMO), et respectivement pour l’informatique et les
machines automatiques, l'ancienneté moyenne d'usage (resp. INFOAGE et MACAGE, en
nombre d’années), la durée moyenne d'utilisation (resp. DURINF et DURMAC, en heures par
jour), et l’utilisation par le passé pour les non utilisateurs (resp. USEAVT et MACAVT qui
prennent la modalité 1 si le salarié a utilisé auparavant la technologie, 0sinon). La dernière
colonne du tableau (USE2) indique l’utilisation simultanée des deux types de technologies.
5 Dans les tableaux, les employés sont mis après les cadres, en raison de la nature du travail que réalisent ces deux catégories par rapport aux métiers de production directe de l’industrie. Les employés de ce secteur sont dans une situation particulière par rapport à ceux du tertiaire. Il serait intéressant de comparer le travail des employés du tertiaire avec celui des ouvriers du secondaire.
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Lorsqu'ils travaillent sur un micro-ordinateur ou un terminal, les cadres utilisent en moyenne
5,4 TIC, les professions intermédiaires 4,4, les employés 4,1, les ouvriers qualifiés 2,6 et les
ouvriers non qualifiés 2. Cette hiérarchie selon les métiers témoigne d'une diffusion sélective
des TIC qui se retrouve aussi pour l'ancienneté d'usage de l'informatique. Les populations les
plus anciennement équipées en informatique utilisent une plus grande variété de technologies.
En effet, comme l'apprentissage des usages des TIC nécessite du temps, la cumulativité des
technologies est plus forte dans les populations les plus informatisée initialement (les cadres,
puis les employés, les professions intermédiaires, les ouvriers qualifiés et les ouvriers non
qualifiés). Cela peut expliquer la persistance et l'amplification des différences d'usage des TIC
entre professions. La durée d'utilisation ne répond pas à la même hiérarchie : les employés
utilisent près de 5 heures par jour l'informatique, ce qui les place devant les cadres et
professions intermédiaires qui l'utilisent 3 heures, puis les ouvriers (2 heures). Pour les non-
utilisateurs, l'utilisation par le passé de l'informatique différencie également les groupes de
PCS : la moitié des cadres non-utilisateurs de l'informatique l'utilisaient auparavant, un peu
plus d'un quart des employés et des professions intermédiaires. Concernant les ouvriers une
utilisation antérieure est beaucoup plus rare (respectivement 12% et 8% pour les ouvriers
qualifiés et les ouvriers non qualifiés). L'ensemble de ces résultats signifie que non seulement
le cumul des TIC, mais aussi pour les non-utilisateurs l'utilisation par le passé de
l'informatique, sont corrélés à la qualification.
[Insérer tableau 3]
La répartition du cumul des usages de machines automatiques est illustrée dans le graphique
2. 58% des ouvriers non qualifiés et 48 % des ouvriers qualifiés travaillent sur ces machines.
Pour les autres PCS, le cas le plus fréquent est de ne pas utiliser de machine. Ces différences
de répartition entre le fait d'utiliser ou pas une machine automatique explique que le nombre
moyen de fonctions utilisées est si différent lorsqu'il est calculé sur l'échantillon des
utilisateurs ou sur l'échantillon total (tableau 3). Sur l'échantillon total, ce sont les ouvriers
non qualifiés qui sont les utilisateurs du plus grand nombre de fonctions des machines
automatiques (1,03) suivis des ouvriers qualifiés et des professions intermédiaires. Pour juger
du cumul des fonctions il semble plus pertinent de regarder la moyenne de fonctions utilisées
chez les utilisateurs de machine. Si l'on omet d'abord les catégories des cadres et des
employés, en raison de leur faible effectif (Nmac), on constate que la moyenne des fonctions
utilisées est la plus élevée pour les professions intermédiaires (2,28), qui sont suivies des
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ouvriers qualifiés (1,84) et des ouvriers non qualifiés (1,79). Plus le travailleur a une position
élevée dans la hiérarchie des travailleurs de production, plus il utilise des fonctions différentes
sur les machines : la diversité d'usage des machines automatiques est corrélée à la
qualification. Comme pour les TIC, cette hétérogénéité dans les usages est couplée à une
ancienneté d'utilisation des machines : les professions intermédiaires utilisent, en moyenne,
depuis plus de 8 ans des machines, alors que c'est un peu moins de 8 ans pour les ouvriers.
Malgré leur faible effectif le cas des cadres est intéressant. Les cadres sont les utilisateurs les
plus anciens de machines automatiques, le nombre moyen de fonctions utilisées est proche de
celui des professions intermédiaires. Par ailleurs, on remarque que les utilisateurs les plus
anciens sont ceux qui utilisent le moins longtemps les machines (sauf pour les employés).
Autrement dit l'ancienneté d'usage est inversement proportionnelle à la durée d'utilisation. Les
positions les plus basses dans la hiérarchie sont donc celles qui ont l'usage le plus intense et
probablement le plus répétitif : les ouvriers non qualifiés utilisent en moyenne plus de 6
heures par jour les machines, les ouvriers qualifiés un peu moins de 6 heures, les professions
intermédiaires utilisent quotidiennement quasiment 4 heures les machines, et les cadres moins
de 2 heures.
[Insérer graphique 2]
Ce sont essentiellement les travailleurs de production qui cumulent l'usage de TIC et de
machines automatiques, comme le montre la dernière colonne du tableau 3. L'utilisation
simultanée des deux types de technologies est d'autant plus probable chez les travailleurs de
production que la qualification est élevée.
Il convient maintenant détailler le choix des variables reflétant l'organisation du travail, ainsi
que leur répartition au sein des différents groupes de PCS.
Les mesures de l'organisation du travail rendent compte des configurations du système
d'information et du système de production
Les changements dans le travail, correspondent à des évolutions dans les façons de faire des
salariés, leurs méthodes de travail, autrement dit leurs routines comportementales. Ces
évolutions du travail sont en partie fruit de décisions de "design organisationnel" des
entreprises. Les changements organisationnels et technologiques influencent les
transformations des systèmes d'information et de production. Greenan (2001) effectue une
synthèse des théories décrivant ces changements.
14
Concernant le système d'information, la littérature décrit notamment les trois transformations
suivantes : le passage d'une information centralisée à une information décentralisée, le
passage d'un traitement hiérarchique de cette information à son traitement en réseau, le
passage d'interdépendance générées par la communication verticale des travailleurs à des
interdépendances se matérialisant dans une communication horizontale. Certaines de ces
tendances sont observées empiriquement. Par exemple, Cezard, Gollac et Rougerie (2000) et
Shaw (2002) étudient les liens entre l'informatisation et la configuration des réseaux de
communication auxquels les travailleurs participent.
Pour traiter de la transformation du système d'information l'enquête nous permet d'étudier le
réseau de communication auquel participe le salarié. On définit quatre indicateurs
synthétiques de communication : la communication avec des supérieurs hiérarchiques
(communication verticale, CVERT), avec des collègues proches (communication horizontale,
CHORI), avec des collègues éloignés (communication avec d’autres services, AUTSER),
avec des personnes extérieures à l’entreprise (communication avec l’extérieur, CEXTER).
Enfin, nous considérons la fréquence des réunions comme un indicateur de communication
multilatérale (REUI). En effet, les réunions permettent des échanges multilatéraux formels
entre plusieurs personnes, alors que les autres formes de communication correspondent plutôt
à une communication bilatérale, plus informelle entre deux personnes. Ces indicateurs de
communication permettent d'apprécier dans quelle mesure les salariés mobilisent leur réseau
de communication. Ils correspondent à des intensités de la communication, c'est à dire au ratio
de la communication effective sur la communication potentielle (nombre de fois où le salarié
communique / nombre de fois où le salarié pourrait communiquer).
Selon les modèles théoriques, les changements du système de production impliquent le
passage de la spécialisation des taches à leur intégration, le passage d'une séparation entre les
tâches de conception et d'exécution à un système où l'autonomie des salariés est valorisée et le
passage d'un technologie où les interdépendances entre travailleurs sont verticales à une
technologie où elles sont horizontales. Les caractéristiques du changement de mode de
production relatées dans les modèles théoriques sont également observées empiriquement.
Bué et Rougerie (1999) montrent l'extension de l'autonomie et de la marge d'initiative par
rapport au rythme de travail. Les travaux de Bresnahan, Brynjolfsson et Hitt (2002) illustrent
l'importance des liens entre décentralisation et informatisation. Gollac, Greenan et Hamon-
Cholet (2000) montrent que l'informatisation et l'adoption de nouveaux dispositifs
15
organisationnels visant à gérer les problèmes de qualité, les contraintes de délais, les
frontières de l'entreprise et l'implication de la main d'œuvre, vont de paire.
Nous avons construit un ensemble de variables relatives à ces différentes dimensions. Les
variables relatives au système de production mesurent l'autonomie (AUTON), la marge de
manœuvre par rapport au rythme de travail (DELAI), l'encadrement hiérarchique (CHEF), le
fait de former des nouveaux au poste de travail (FORM) et le fait de suivre des normes de
qualité (QUAL).
L'annexe 2 donne l'ensemble des questions que nous avons utilisées et le détail de la
construction de ces variables. Dans le paragraphe qui suit nous étudions la distribution de ces
variables d'organisation du travail au sein des groupes de PCS.
La répartition des variables organisationnelles fait émerger deux type de rapport au
travail : le « modèle du cadre » et le « modèle du travailleur de production »
La répartition de ces variables d'organisation du travail au sein des différents groupes de PCS
est représentée dans le tableau 4. Plus le salarié a une position élevée dans la division
hiérarchique du travail, plus l'autonomie, la marge de manœuvre par rapport au rythme de
travail, l'encadrement hiérarchique, les différentes formes de communication et le nombre de
réunions sont fréquents. Ces variables caractérisant l'organisation sont donc corrélées à la
qualification. On peut dire que ces variables identifient un rapport au travail construit sur le
modèle du cadre : 85% des cadres sont très autonomes, 70% peuvent faire varier les délais,
55% ont une communication horizontale intense, 70% ont une forte communication avec les
autres services, 72% une communication intense avec l'extérieur, et ils se réunissent très
fréquemment dans 87% des cas.
En revanche, le fait de former des nouveaux ou de suivre des normes de qualité sont plutôt les
traits des métiers de production directe. Le fait de faire des tests de qualité est également
imparti à ce type de personnel. Ces variables définissent les contours d'un rapport au travail
propre aux travailleurs de production.
[Insérer tableau 4]
La distribution de ces caractéristiques organisationnelles est proche de celle des technologies.
En effet la distribution des variables caractéristiques du modèle du cadre, est similaire à celle
16
du cumul des TIC, alors que former des nouveaux et suivre des normes de qualité sont
distribués de façon assez similaire à la diversité des usages des machines.
Nous allons chercher à affiner cette première observation en examinant comment, au sein de
chaque groupe de PCS, l'usage des technologies est corrélé à certaines caractéristiques de
l'organisation du travail. Cela va nous permettre de vérifier si, d'une part, il y a une
homogénéité des effets des technologies quel que soit le groupe de PCS, et d'autre part, s'il y a
symétrie des effets des TIC et des machines automatiques.
2- Les liens entre organisation du travail et technologies : des estimations par groupes de
métiers
2-1- Les modèles
Afin d’analyser comment les TIC et les machines participent à la structuration des postes de
travail, nous avons estimé des modèles logit. Les variables d’organisation sont expliquées par
nos indicateurs de cumul des technologies (NBOI et NBMO), les autres variables décrivant
l’usage de celles-ci (l’ancienneté d’utilisation INFOAGE et MACAGE, la durée d’utilisation
DURINF et DURMAC, l’usage passé des non-utilisateurs USEAVT et MACAVT), et des
variables synthétiques décrivant l’informatisation de l’entreprise (intensité de
l’informatisation, le type d’équipement informatique, l’organisation de la fonction
informatique).
Plus formellement, posons ORG= (AUTON, DELAI, CHEF, FORM, QUAL, CVERT, CHORI,
AUTSER, CEXTER, REUI.) ORG est le vecteur des différentes variables d'organisation du
travail qui caractérisent un salarié i appartenant à l’un des cinq groupes de PCS considérés. Ce
sont les variables que nous expliquons. Chacune d’entre elle est binaire, prenant la modalité 1
quand la variable latente qui lui est sous-jacente (yi) dépasse un certain seuil d’intensité,
identique pour les cinq groupes de PCS, la modalité 0 sinon.
ORGi = 1 si yi>δ
ORGi = 0 sinon
On peut écrire la relation théorique :
(1) iiiii vTECHNBMONBOIy +χ+β+α=
17
où NBOIi et NBMOi sont nos variables de diversité d’usage des technologies de l’information
et de la communication et des machines automatiques TECH = (INFOAGE, MACAGE,
DURINF, DURMAC, USEAVT, MACAVT, INFOENT), INFOENT correspond à l'ensemble
des variables décrivant l'informatisation de l'entreprise, χ est le vecteur de coefficient estimés
qui lui est associé et νi, une perturbation. Nous avons standardisé toutes les variables
exogènes continues sur l’échantillon total de salariés.
On n’observe pas yi mais ORGi. En effectuant une hypothèse sur la loi de la perturbation νi,
on peut estimer le modèle par le maximum de vraisemblance. On a :
][ ]Pr[
]Pr[]1Pr[
δχβαδχβα
δ
−++Φ=−>−++=
>==
iii
iiii
ii
TECHNBMONBOIvTECHNBMONBOI
yORG
où Φ est la fonction de répartition de la perturbation. Pour notre application, nous prenons une
loi logistique, ce qui nous donne un modèle logit.
Dans une seconde estimation, nous avons ajouté à cet ensemble de variables des variables
décrivant les caractéristiques des salariés et des entreprises auxquelles ils sont rattachés. Nous
cherchons ainsi à tester la robustesse de l’effet propre associé à la diversité des technologies
utilisées. Autrement dit, nous tentons d’identifier si le lien entre usage de la technologie et
caractéristiques organisationnelles du poste de travail est intrinsèque aux équipements utilisés
ou découle de la sélection des travailleurs par les entreprises que nous pensons liée aux
pratiques organisationnelles mises en œuvre.
Ce deuxième modèle a la forme suivante :
(2) 'vSOCORGTECH'NBMO'NBOI'y iiiiii +λ+χ+β+α=
Où SOCORGi correspond au vecteur des variables socio-organisationnelles que nous
présentons plus loin et λ le vecteur des coefficients estimés qui lui sont associés. Nous
estimons ici encore une série de modèles logits.
Les résultats des modèles estimés s’interprètent en terme d’écart à une population de
référence. Comme les variables continues ont été standardisées sur l’échantillon total de
salariés et que le mode sur cet échantillon est pris comme référence pour les variables
qualitatives, c’est l’individu moyen de l’échantillon total qui définit la population de référence
quelle que soit le groupe de PCS considéré.
18
Dans les deux modèles, nous avons calculé la fréquence estimée de la population de référence
à partir des constantes des modèles. On mesure ensuite grâce au coefficient estimé du modèle,
la façon dont cette fréquence (ou probabilité) de référence évolue, sous l’effet d’une variation
d’un écart type de NBOI ou NBMO. Nous avons conservé le coefficient estimé pour pouvoir
juger de la force de l’effet, et faciliter les comparaisons d’impacts6.
Les tableaux 5 à 8, donnent les résultats des deux modèles estimés, sur chaque groupe de
PCS. Les variables d’organisation du travail apparaissent en colonne. Les tableaux 5 et 6
donnent respectivement l’impact de NBOI et NBMO sur les caractéristiques
informationnelles des postes de travail tandis que les tableaux 7 et 8 donnent l’impact de ces
mêmes variables sur leurs caractéristiques productives. Chaque ligne correspond aux
estimations réalisées sur un groupe de PCS sans (modèle 1), puis avec (modèle 2) variables de
contrôle « socio-organisationnelles ».
[Insérer les tableaux 5 à 8]
2-2- Les l'analyse des corrélations entre l'organisation du travail et la diversité d'usage des
technologies
Des machines automatiques aux TIC, les effets sur l'organisation du travail ont une
orientation comparable
Les tableaux 5 à 8 montrent que les TIC comme les machines automatiques renforcent toutes
les caractéristiques organisationnelles sélectionnées, quel que soit le groupe de PCS7. Ces
résultats indiquent un enrichissement du travail des salariés utilisateurs : les technologies
bureautiques et industrielles vont de pair avec davantage d'autonomie, de tâches indirectes et
de communication. Ils contredisent la thèse de la déqualification introduite par Braverman en
1974 et largement débattue par la sociologie du travail selon laquelle l’automatisation des
machines tend à cantonner les travailleurs qualifiés à un travail semi ou non qualifié et à
6 Pour les deux modèles, la population de référence correspond à l’individu moyen de l’échantillon total. Nous avons centré et réduit les variables traitées comme continues. Pour les variables qualitatives, nous avons pris le mode comme référence. L’individu de référence est donc exactement le même au sein de chaque sous échantillon. Les coefficients estimés sont donc comparables entre groupe de métier. En revanche, pour apprécier l’impact des indicateurs de technologie sur les variables d’organisation du travail, les fréquences estimées ne peuvent pas être directement comparées, puisque les constantes du modèle peuvent différer selon les groupes de métier.
7 A l'exception de la communication avec les autres services et l'extérieur pour les cadres utilisant des machines.
19
développer les besoins en managers et professionnels pour choisir les projets et contrôler le
travail. L’époque d’un progrès technique déqualifiant tel qu’il a été décrit dans les années
soixante dix semble aujourd’hui révolue. On observe que les machines automatiques
n’apparaissent pas associée à une déqualification des ouvriers qualifiés et que l’usage des TIC
n’est pas en rupture avec ce que l’on observe pour les machines automatiques ni pour les
ouvriers, ni pour les employés.
L’idée selon laquelle la numérisation, qui consiste en une codification des plans de production
dans des programmes informatiques, permettrait aux dirigeants de transférer le travail
conceptuel aux programmeurs et aux ingénieurs et de limiter les tâches des opérateurs à des
actes de manipulation de données ou de machines semble donc rejetée par les données. Il y a
une sorte de continuité de l’usage des machines automatiques à celui des TIC au sein des
différents métiers et celle-ci ne peut pas se lire comme une déqualification. Au contraire, nous
observons que l’usage des technologies constitue un enrichissement des méthodes de travail,
ce qui conforte les résultats obtenus par Osterman (1995) sur des données d’établissements
américains. La déqualification de la main d'œuvre semble liée à l’exclusion de l’usage des
technologies, et non pas à leur usage.
La force des impacts différencie les technologies, faisant des TIC un outil privilégié de
transformation de l'organisation du travail. En effet, chez les ouvriers, la diversité d'usage des
TIC renforce l'ensemble des 10 caractéristiques organisationnelles retenues, alors que la
diversité des usages des machines en amplifie 7 chez les ouvriers qualifiés, et 6 chez les
ouvriers non qualifiés. Par ailleurs, les TIC influencent l'activité de l'ensemble des travailleurs
alors que l’usage des machines automatiques ne concerne pas les employés, et assez
marginalement les cadres. Enfin, l'effet des TIC sur chacune des dimensions
organisationnelles retenues des postes de travail est généralement plus fort que celui des
machines.
Les salariés ayant un usage diversifié des TIC ont un travail qui tend à s'approcher, quelle que
soit leur profession, du « modèle du cadre », se caractérisant par une communication plus
intense, plus d'autonomie et plus de responsabilité hiérarchique. Nous commençons par
commenter les caractéristiques informationnelles du poste de travail pour ensuite nous
intéresser à ses caractéristiques productives.
20
Une communication plus intense pour les utilisateurs de technologies
Les effets du cumul des TIC et des différents usages des machines sur les variables d'intensité
de la communication sont détaillés dans les tableaux 5 et 6. Les modèles non valides (intensité
de la communication verticale chez les cadres et les employés, intensité de la communication
horizontale chez les cadres) correspondent à ceux qui ne sont pas bien expliqués par les
variables technologiques et / ou socio-démographiques (la statistique du score et / ou le test de
rapport de vraisemblance indiquent le rejet du modèle). La catégorie des employés n’apparaît
pas dans le tableau 6, car aucun coefficient estimé n'est significatif en raison de la quasi-
inexistence de l'utilisation de machines automatiques par cette catégorie de travailleur. Dans
ce qui suit, nous décrivons d'abord les effets des TIC, puis ceux des machines automatiques
sur les variables d'intensité de la communication.
Dans les modèles valides, les TIC ont un impact positif sur toutes les variables d'intensité de
la communication, quels que soient les groupes de PCS considérés (sauf pour l'intensité de la
communication horizontale des employés). Si on admet que l'effort de communication est le
même, quel que soit le type de communication (verticale, horizontale, avec d'autres services,
avec l'extérieur), on peut hiérarchiser l'ampleur des transformations des modes de
communication induites par les TIC. L'intensité de la communication avec l'extérieur est celle
qui est la plus transformée par les TIC, traduisant un impact favorable à l'organisation en
réseau de l'entreprise, suivie par celle avec les autres services, et la communication
horizontale. Autrement dit, les TIC renforcent d'autant plus l'intensité de communication
qu'elle concerne des relations entre personnes éloignées. On remarque, chez les cadres et les
employés, que les communications internes (communication verticale, horizontale, avec
d'autres services) à l'entreprise ne sont pas significativement modifiées par les TIC, puisque le
deuxième modèle fait disparaître les liens. Pour les professions intermédiaires, toutes les
formes de communication sont renforcées. C'est également le cas des ouvriers, à l'exception
de la communication verticale, et de la communication horizontale pour les ouvriers non
qualifiés. Les TIC produisent des effets de rattrapage : les ouvriers qualifiés et non qualifiés
ont les fréquences estimées de référence les plus faibles (34% dans le premier modèle), et ce
sont eux qui ont l'intensité de communication avec l'extérieur la plus renforcée par la diversité
d'usage des TIC avec des coefficients estimés de 1,32 et 1,27. On observe le même
phénomène de rattrapage pour les ouvriers avec l'intensité de la communication avec les
autres services.
21
Pour l’usage des machines automatiques, on observe une situation particulière des cadres. La
diversité d'usage des machines diminue, chez eux, l'intensité de la communication avec les
autres services, et celle avec l'extérieur. Les cadres utilisateurs de machines ont plutôt des
relations de proximité. Ils constituent une catégorie à part au sein de la profession : 56% sont
des cadres et ingénieurs techniques d'état major et de fabrication, 23% sont des cadres et
ingénieurs d'études en biens d'équipement et biens intermédiaires, ce qui pourrait contribuer à
expliquer qu'ils sont davantage tournés vers l'intérieur de l'entreprise.
Bien que les professions intermédiaires soient celles qui ont l'usage le plus diversifié des
machines automatiques, cette diversité n'influence pas leur mode de communication. Dans
cette catégorie, les utilisateurs de machines communiquent moins que les utilisateurs de TIC.
En revanche, pour les ouvriers, qu'ils soient qualifiés ou non, l'usage de machine renforce
l'intensité de la communication horizontale et avec les autres services.
Enfin, la diversité d'usage des TIC augmente la fréquence des réunions dans toutes les
professions, alors que la diversité d'usage de machines automatiques accroît uniquement
l'intensité des réunions des ouvriers. Les TIC semblent renforcer d’avantage la propension à la
réunion des employés et des ouvriers non qualifiés que des cadres, mais ceux-ci sont de par la
nature de leur profession, plus fortement exposés aux réunions.
Les professions intermédiaires tiraillées entre deux modèles d’insertion dans l’organisation
de la production
Les effets du cumul des TIC et des machines automatiques sur les variables d'organisation du
système de production sont présentés dans les tableaux 7 et 8. Nous nous concentrons tout
d’abord sur les variables associées au « modèle du cadre » (autonomie, capacité à modifier ses
délais, encadrement hiérarchique) pour nous intéresser ensuite aux variables associées au
« modèle du travailleur de production » (former des nouveaux, suivre des normes de qualité).
Pour l'autonomie, on constate à nouveau des phénomènes de rattrapage : les groupes de PCS
les moins autonomes en moyenne, sont ceux dont le rapport à l’autonomie évolue le plus. Les
ouvriers non qualifiés dont la fréquence estimée sur la population de référence est la plus
faible dans le premier modèle (35%), ont le coefficient estimé pour la diversité d'usage des
TIC le plus élevé (1,3). En revanche, la diversité des usages des machines automatiques
n’influence pas l’autonomie. Pour les ouvriers qualifiés, le coefficient associé aux TIC est
plus faible (0,64 dans le premier modèle) mais l’autonomie croît avec la diversité des usages
22
des machines automatiques (coefficient de 0,18). Lorsque les ouvriers qualifiés utilisent les
deux catégories d’équipement leur niveau d’autonomie tend à s’aligner avec celui des
professions intermédiaires.
La capacité à modifier ses délais n'est pas expliquée par les variables de nos modèles pour les
cadres et les employés. Pour les autres catégories les influences des TIC et des machines
automatiques sont similaires à celles qu'elles entretiennent avec l'autonomie.
Les fonctions d'encadrement sont, comme nous l'avons vu, constitutives du « modèle du
cadre ». La diffusion des TIC s’accompagne d’une contribution croissante des ouvriers et des
employés aux fonctions d’encadrement. Si cette diffusion renforce légèrement les
responsabilités hiérarchiques des cadres, on est surpris de voir qu’elle est sans effet sur les
professions intermédiaires. On pourrait interpréter ces résultats contrastés comme la
manifestation de « l'empowerment », terme américain, traduisant le pari managérial de
délégation du pouvoir aux travailleurs de base, sans perte de contrôle des cadres (Coutrot,
1999). En effet, la proportion de professions intermédiaires ayant des responsabilités
hiérarchiques est la même que les salariés utilisent ou pas un écart type supplémentaire de
TIC. En revanche, pour les autres groupes de PCS, l'usage d'un écart type supplémentaire de
TIC accroît la proportion de salariés qui encadrent ou supervisent. Dans les entreprises où la
main d'œuvre d'exécution utilise beaucoup de TIC, les professions intermédiaires ont donc
relativement aux autres groupes de PCS, moins de responsabilités hiérarchiques que dans les
entreprises où les salariés n'utilisent pas de TIC. En ce sens, relativement aux professions
intermédiaires, le phénomène « d'empowerment » semble favorisé par la diversité d'usage des
TIC chez les ouvriers et les employés, et la diversité d'usage des machines automatiques chez
les ouvriers non qualifiés. Autrement dit, la diversité d'usage des technologies pourrait
contribuer à la décentralisation relative de l'autorité et à l’effacement relatif du rôle
hiérarchique des professions intermédiaires.
Former des nouveaux et suivre des normes de qualité appartiennent au « modèle du travailleur
de production ». La diversité d’usage des TIC accroît la probabilité de former des nouveaux
chez les cadres et les ouvriers, alors que la diversité d'usage des machines automatiques est
sans effet sur cette probabilité. On observe le phénomène inverse chez les professions
intermédiaires pour lesquelles utiliser 2 fonctions supplémentaires des machines automatiques
fait passer la probabilité de former des nouveaux de 74 à 83%, alors que l'accroissement de
l'usage de TIC est sans effet.
23
Le fait de suivre des normes de qualité ne dépend pas de manière significative de la diversité
de l’usage des TIC. Les coefficients significatifs dans le premier modèle estimé sont assez
faibles et deviennent non significatifs dans le second. Par contre, la diversité d'usage des
machines automatiques accroît la probabilité de suivre des normes de qualité chez les
professions intermédiaires et les ouvriers non qualifiés.
L'ensemble de ces résultats montre que les professions intermédiaires peuvent être divisées en
deux catégories, selon le type de technologie qu'elles utilisent. En effet les usages des TIC les
rapprochent du « modèle du cadre » (sauf pour les responsabilités hiérarchiques), alors que les
usages des machines les rapprochent du « modèle du travailleur de production ». Autrement
dit si un salarié de cette catégorie utilise l'une ou l'autre des ces technologies son travail est
très différent. Plus précisément, chez les professions intermédiaires, les TIC n'ont un effet
significatif que sur la communication, l’autonomie et la capacité à modifier les délais tandis la
variété des usages des machines automatiques affecte la participation à la formation des
nouveaux et le suivi de normes de qualité. C'est la seule profession où l'on observe cette
dualité, mais c'est aussi la profession la plus exposée à l'usage conjoint des TIC et des
machines automatiques.
2-3- Les déterminants socio-organisationnels de l’usage des technologies
Comme l'ont montré Gollac, Greenan et Hamon-Cholet (2000), l'informatisation accompagne
l'adoption de nouveaux dispositifs organisationnels qui répondent aux orientations des
logiques marchandes et industrielles. Par ailleurs, l'informatisation d'une entreprise est tout
autant influencée par son mode d'organisation que par sa taille. Chez les salariés, la diffusion
massive des TIC reste très sélective, puisque les salariés informatisés sont très diplômés et
bien insérés dans l'entreprise. Autrement dit, l'informatisation n'est pas distribuée au hasard au
sein des différents groupes de PCS. Afin de tenir compte de ces mouvements et de vérifier si
nos résultats en sont dépendants, nous avons estimé un second ensemble de modèles incluant
une liste supplémentaire de variables « socio-organisationnelles » décrivant le salarié et son
entreprise (SOCORG) :
Ces variables indiquent les caractéristiques socio-démographiques du salarié : le sexe (femme,
homme) ; la nationalité (étrangère, française) ; l’age (en moyenne 41,6 ans) ; l’habitation (en
zone rurale, urbaine).
24
Elles donnent les caractéristiques de l’emploi : le type d’emploi (à temps partiel, temps
plein) ; le type de contrat (à durée déterminée, indéterminée).
Elles spécifient les formations suivies par le salarié : le diplôme (avoir le bac, ne pas avoir le
bac) ; l’initiation personnelle à l’informatique (n’utilise pas l’informatique chez soi, utilise),
le fait d’avoir reçu une formation au poste de travail par l’entreprise (non, oui) ; les différentes
formations spécifiques reçues en dehors de cette formation initiale pour chaque activité
suivante : encadrer, (oui, non), travailler en groupe, (oui, non), utiliser l’informatique, (oui,
non), utiliser une machine (oui, non).
La profession des proches est représentée par : la profession du père (cadre, artisan,
profession intermédiaire, dans l’agriculture, employé, inactif, inconnu, ouvrier), la profession
de la mère (cadre, artisan, profession intermédiaire, ouvrière, dans l’agriculture, employée,
inconnue, inactive), la situation maritale (célibataire, marié à une personne au chômage,
inactive ou active).
Les variables d’organisation de l’entreprise en 1997 (Gollac, Greenan, Hamon-Cholet, 2000)
indiquent : l’intensité du recours à de nouveaux dispositifs organisationnels (faible, moyenne,
forte, très forte) ; l’orientation de ses dispositifs organisationnels en 4 modalités. Les
entreprises peuvent viser la maîtrise des coûts, en s’orientant vers une organisation juste à
temps associée (ou non) à la mobilisation de la main d'œuvre par du travail en groupe ou en
équipe. Les entreprises peuvent privilégier une orientation vers les normes et démarches de
qualité, en favorisant (ou ne favorisant pas) le travail en groupe. La dernière variable indique
l’intensité du recours à des dispositifs marchands ou pseudo marchands, comme par exemple
l’organisation en centres de profit (intensité très forte, forte, faible ou moyenne)
Les caractéristiques générales de l’entreprise prennent en compte : la taille de l’entreprise (de
50 à 99, de 100 à 499, de 500 à 999, 1000 ou plus salariés), le secteur d’activité ( extraction et
fabrication de minerais ; industrie textile ; industrie de l'habillement, des fourrures, du cuir et
de la chaussure ; industries du papier et du bois ; industries des combustibles ; industries de
l’imprimerie et de l’édition ; industrie automobile ; industrie de fabrication de matériels de
transport ; industrie agroalimentaire ; industrie pharmaceutique ; métallurgie ; fabrication
d’équipements électriques ; fabrication d’équipements mécaniques ; fabrication
d’équipements domestiques ; fabrication de composants électriques ; industrie du caoutchouc
et du plastique), la localisation de l’entreprise (rurale, urbaine).
25
On observe que l’introduction de ces variables affecte quasi systématiquement les liens entre
cumul de technologies et organisation du travail8. Selon les groupes de PCS et les dimensions
organisationnelles sélectionnées, le changement de l’effet enregistré dans le premier modèle
n’est pas homogène : il disparaît ou est atténué dans le second ou inversement, il apparaît ou
est renforcé. Ces cas s’observent aussi bien pour la diversité des usages des TIC que pour
celle des machines automatiques. Ces changements d’un modèle à l’autre traduisent une
sélection dans l’attribution des technologies. Lorsque l’effet disparaît ou est atténué, on
conclut l’affaiblissement, voire à l’absence d’un effet propre de la technologie. Lorsque au
contraire l’effet est renforcé, on conclut à un effet propre de la technologie, masqué par les
caractéristiques sociales des utilisateurs et par les caractéristiques organisationnelles des
entreprises auxquelles ils se rattachent.
Si l’on considère les variables décrivant l’organisation du système d’information, on constate
tout d’abord que l’effet de la diversité d’usage des technologies est systématiquement atténué
pour les variables décrivant la communication interne à l’entreprise (verticale, horizontale et
autres services). La communication interne plus intense des utilisateurs d’informatique et de
machines automatiques vient donc pour une large part de leurs caractéristiques personnelles et
du type d’organisation auquel ils appartiennent. Il y a tout de même deux exceptions : les
ouvriers non qualifiés utilisateurs de machines automatiques communiquent plus fortement
avec leurs collègues dès lors que l’on introduit dans nos estimations les variables socio-
organisationnelles et l’effet négatif des machines sur l'intensité de communication des cadres
avec les autres services est renforcé par la prise en compte de nos variables de contrôle.
La communication avec l’extérieur et la fréquence de la participation à des réunions ont une
sensibilité à la diversité d’usage des TIC qui varie différemment d’un modèle à l’autre selon
les professions. L’effet propre de l’informatique sur l'intensité de la communication avec
l’extérieur des cadres, employés et professions intermédiaires est renforcé dans notre second
modèle alors qu’il est atténué ou qu’il reste stable chez les ouvriers. Lorsqu’elles ont un usage
diversifié des TIC, les professions intermédiaires participent plus souvent à des réunions dans
le second modèle alors que les autres professions tendent à y participer moins souvent. Enfin,
si les ouvriers qualifiés utilisateurs de machines automatiques communiquent moins souvent
8 Nous avons d’abord effectué les régressions en n’introduisant que les variables explicatives caractérisant les salariés. Nous avons ensuite ajouté les caractéristiques organisationnelles et générales des entreprises pour lesquelles ils travaillent. Inclure ou non les caractéristiques des entreprises ne modifie pas l’interprétation des résultats.
26
avec l’extérieur et participent moins fréquemment à des réunions lorsque l’on introduit nos
variables de contrôle, l’effet propre de ces équipements est renforcé pour la communication
avec l’extérieur des cadres et pour la participation aux réunions des ouvriers non qualifiés.
Du côté des variables décrivant l’organisation du système de production, on observe, en
premier lieu une nette atténuation de l’effet propre de la technologie sur le fait de suivre des
normes de qualité dès lors que l’on tient compte des variables socio-organisationnelles.
L’autre ligne d’atténuation concerne le lien entre la diversité des usages des TIC et les
possibilités de modifier les délais, les responsabilités hiérarchiques et la participation à la
formation des nouveaux pour les professions intermédiaires et les ouvriers.
L’autonomie enregistre un net effet en sens inverse lorsque l’on passe du premier au second
modèle chez les utilisateurs de TIC. Le lien entre autonomie et diversité d’usage des TIC se
trouve renforcé par l’introduction de contrôles pour les employés, les professions
intermédiaires et les ouvriers. Les autres cas de renforcement des coefficients estimés sont
plus dispersés en fonction des variables considérées, des métiers et de la nature des
technologies.
Notons que chez les cadres peu de variables restent significatives dans le second modèle.
L’insertion des cadres dans l’organisation du travail est relativement indépendante de leur
usage de la technologie.
Conclusion
Au total, les nouvelles technologies bureautiques et industrielles génèrent une recomposition
des frontières entre les métiers. Les traits caractéristiques de l'organisation du travail des
cadres se diffusent au sein des groupes de PCS, conjointement à la diffusion des TIC et des
machines automatiques. Cela conduit à une homogénéisation du rapport au travail de ces
différents groupes de PCS, qui passe par plus d'autonomie, plus communication, plus de
réunions, plus de taches indirectes9. Loin de générer une déqualification du travail, l'usage de
technologies diverses correspond à un enrichissement des méthodes de travail du salarié. En
9 Ce travail appuie empiriquement les réflexions du groupe de travail qui a réuni différents chercheurs américains en économie, sous l’impulsion du Commitee on Techniques for the Enhancement of Human Performance et du National Research Concil (1999). Ces derniers insistent sur la nécessité de redéfinir les grilles de classifications professionnelles traditionnelles, qu’ils décrivent comme inappropriées pour l’analyse du travail dont la nature a profondément changé, notamment en raison des transformations organisationnelles et technologiques.
27
ce sens, on peut considérer que la relation entre technologie et organisation du travail est
uniforme pour les différents groupes de métiers.
Néanmoins, cette homogénéisation introduit des clivages au sein même des différents groupes
de PCS, entre les utilisateurs et les non-utilisateurs des technologies. Certains clivages
dépendent aussi de la technologie utilisée. Les professions intermédiaires constituent le
groupe où la variété des équipements utilisés est la plus forte. Selon qu’elles utilisent un
équipement informatique ou une machine automatique, ces professions peuvent se rapprocher
soit du « modèle du cadre », soit du « modèle du travailleur de production ». On observe par
ailleurs que relativement aux autres groupes de PCS, le rôle hiérarchique des professions
intermédiaires s'efface lorsque la main d'œuvre d'exécution utilise des technologies variées. Il
existe donc pour les professions intermédiaires une rupture dans le lien entre technologie et
organisation du travail selon que l’on considère les TIC ou les machines automatiques.
L'ensemble des caractéristiques organisationnelles et productives du poste de travail est lié à
l'usage des technologies. Seul le suivi de normes de qualité ne semble pas lié à l'usage cumulé
des TIC, mais à l'utilisation des différentes fonctions des machines automatiques. Les autres
variables d’organisation sont significativement liées à l’usage des TIC. Notamment, lorsque
l’on suppose que l’effort de communication est le même quelque soit le type de
communication, cumuler l'usage des TIC renforce d'autant plus l'intensité de la
communication qu'il s'agit de relations entre personnes éloignées. Cela rend compte d'une
organisation en réseau des travailleurs qui se met en place à l'appui de la technologie. La
dimension de ces réseaux semble repoussée au delà de la frontière du service et de la firme
par l’usage des TIC.
La prise en compte des variables socio-organisationnelles affecte l’effet mesuré de la
technologie sur les caractéristiques organisationnelles du poste de travail, traduisant la force
des effets de sélection à l’œuvre dans l’attribution des technologies aux salariés. Ceci est
particulièrement vrai de la communication interne à l’entreprise et du suivi de normes de
qualité dont l’interaction avec la technologie se dilue dès lors que l’on introduit des variables
de contrôle socio-organisationnelles. Mais c’est aussi vrai de l’autonomie pour laquelle l’effet
propre de l’informatique se renforce plutôt qu’il ne s’atténue suite à l'introduction de variables
de contrôle.
28
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30
Graphique 1 : Distribution du cumul des TIC, par groupe de PCS
0
10
20
30
40
50
60
70
80
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Cadres Employés Professions intermédiaires Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés
Les statistiques sont pondérées de manière à redresser du taux de sondage et de la non-réponse. Source : Enquête C.O.I. 1997, volet « salariés » (MES-DARES). Champ : Salariés stables (un an d'ancienneté) des entreprises industrielles de plus de 50 salariés.
Graphique 2 : Distribution du cumul des usages des machines automatiques, par groupe de PCS
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Cadre Employés Professions intermédiaires Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés
Les statistiques sont pondérées de manière à redresser du taux de sondage et de la non-réponse. Source : Enquête C.O.I. 1997, volet « salariés » (MES-DARES). Champ : Salariés stables (un an d'ancienneté) des entreprises industrielles de plus de 50 salariés.
31
Tableau 1 : La co-évolution des configurations technologiques et organisationnelles des entreprises
Date de développement Années 60 Années70 Années 80 Années 90 Années 2000
Technologies concernées
Développement de l'informatique
lourde et centralisée
Développement de la robotique et de
la productique
Développement de l'informatique répartie et
de la bureautique
Développement de l'interconnexion
Développement de technologies
ouvertes et mobiles
Automatisation de tâches spécifiques afin d'acquérir des gains de productivité
Automatisation visant des gains de réactivité et une réduction des coûts
de transaction
Automatisation des échanges, c'est à dire automatisation de la mise en relation des tâches et des savoirs Type de
rationalisation dans l’entreprise
(Benghozi et al. 1999) Concernant les processus
administratifs
Concernant les processus industriels
automatisation locale des taches, des routines et
des savoir-faire
Automatisation interne à
l'entreprise
Automatisation qui s'étend à l'extérieur de l'entreprise
Interface machine / utilisateur
(Caby et alii,, 1999) définie par des spécialistes
accès direct de l'utilisateur aux
ressources informatiques
Complémentarité entre spécialiste réseaux et utilisateurs
Les technologies constitutives de nos
indicateurs
Les usages de terminaux
Les 9 fonctions des machines automatiques
micro-ordinateurs fax et minitels
Intranet, Echange de données
Informatisées
Internet, ordinateurs et
téléphones portables
Tableau 2 : Les groupes de PCS exclus de l'usage des technologies
% de non utilisateurs de l'informatique*
% de non utilisateurs de machines automatiques
% de non utilisateurs de l'informatique et de
machines automatiques Cadres 8 94 8 Employés 8 97 7 Prof. intermédiaires 16 78 12 Ouvriers qualifiés 62 52 32 Ouvriers non qualifiés 79 42 32 Total 41 67 21 Lecture : Utiliser l'informatique signifie utiliser soit un terminal, soit un micro-ordinateur, soit les deux. Les statistiques sont pondérées de manière à redresser du taux de sondage et de la non-réponse. Source : Enquête C.O.I. de 1997, volet « salariés » (MES-DARES) Champ : Salariés stables (un an d'ancienneté) des entreprises industrielles de plus de 50 salariés.
32
Tableau 3 : Utilisation des TIC et des machines selon la profession
Utilisation des TIC Utilisation des machines TIC + machines
N Ninfo N-Ninfo N Nmac N-Nmac N
NBOI NBOI INFOAGE DURINF USEAVT NBMO NBMO MACAGE DURMAC MACAVT USE2
Max 9 9 38 8 1 6 6 35 8 1 1 Mean 5,10 5,37 9,64 3,09 0,50 0,13 2,14 11,52 1,66 0,13 0,06
Cadres N=586
Ninfo=518 Nmac=43 Std 1,78 1,59 6,97 2,29 0,50 0,63 1,52 8,10 2,21 0,34 0,24
Max 8 8 32 8 1 3 3 17 8 1 1 Mean 3,84 4,09 8,51 4,91 0,26 0,04 1,22 4,47 2,45 0,11 0,02
Employés N=350
Ninfo=315 Nmac=12 Std 1,55 1,32 5,59 2,14 0,44 0,22 0,50 4,97 2,32 0,31 0,15
Max 9 9 34 8 1 8 8 39 8 1 1 Mean 3,88 4,38 7,51 3,10 0,27 0,50 2,28 8,76 3,76 0,24 0,20
Prof. intermédiaires N=1102
Ninfo=883 Nmac=236 Std 1,84 1,49 5,55 2,25 0,44 1,22 1,63 7,16 3,09 0,43 0,40
Max 8 8 23 8 1 7 7 41 8 1 1 Mean 1,09 2,56 5,75 2,16 0,12 0,88 1,84 8,36 5,78 0,26 0,21
Ouvriers qualifiés N=1608
Ninfo=533 Nmac=748 Std 1,49 1,41 4,58 2,23 0,33 1,21 1,14 7,24 2,82 0,44 0,41
Max 5 5 17 8 1 6 6 38 8 1 1 Mean 0,48 2,01 3,93 2,13 0,08 1,03 1,79 8,35 6,36 0,27 0,12
Ouvriers non qual. N=775
Ninfo=149 Nmac=424 Std 0,99 1,15 3,21 2,41 0,27 1,27 1,21 7,55 2,53 0,44 0,33
Max 9 9 38 8 1 8 8 41 8 1 1 Mean 2,54 4,05 7,55 3,04 0,14 0,62 1,9 8,5 5,46 0,21 0,16
Total de l’échantillon N=4421
Ninfo=2398 Nmac=1463 Std 2,35 1,83 5,88 2,39 0,34 1,15 1,28 7,35 2,99 0,41 0,36
Lecture : Pour la signification des variables, voir se référer annexe 1. N correspond à l’effectif total de salariés des sous-groupes de métiers, Ninfo à l’effectif des utilisateurs de l’informatique (utiliser un terminal ou un micro-ordinateur) et Nmac à l’effectif des utilisateurs de machines automatiques. Les statistiques sont pondérées de manière à redresser du taux de sondage et de la non-réponse. Source : Enquête C.O.I. de 1997, volet « salariés » (MES-DARES) Champ : Salariés stables (un an d'ancienneté) des entreprises industrielles de plus de 50 salariés.
Tableau 4 : Caractéristiques organisationnelles des postes de travail selon la profession
Système d'information Système de production % CVERT CHORI AUTSER CEXTER REUI AUTON DELAI CHEF FORM QUAL
Cadres 58 55 70 72 87 84 70 69 63 32
Employés 49 33 38 36 35 46 45 7 60 15
Professions intermédiaires 61 55 57 59 68 65 61 44 70 45
Ouvriers qualifiés 49 50 29 22 30 37 34 14 67 48
Ouvriers non qualifiés 51 41 22 15 20 21 23 7 63 45 Lecture : Pour la signification des variables se référer à l’annexe 2. Les statistiques sont pondérées de manière à redresser du taux de sondage et de la non-réponse. Source : Enquête C.O.I. 1997, volet « salariés » (MES-DARES). Champ : Salariés stables (un an d'ancienneté) des entreprises industrielles de plus de 50 salariés.
33
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Annexe 1 : la mesure de l’utilisation de l’informatique et des machines automatiques
Le volet « salariés » du dispositif d’enquêtes sur les changements organisationnels et l’informatisation (C.O.I.) comprend un ensemble de questions sur l’usage des technologies de l’information et des télécommunications (TIC), d’une part, sur l’utilisation de machines automatiques d’autre part. Ces questions ont été posées à un échantillon représentatif des salariés stables des entreprises industrielles (IAA incluse) de plus de 50 salariés.
La mesure de l’utilisation des TIC
L’enquête distingue 9 types matériels différents : micro-ordinateur, terminal, intranet, Internet, EDI, fax, minitel, téléphone portable (ou tatoo ou bip…), ordinateur portable. La variable NBOI donne le nombre total de types de matériels utilisés par le salarié. L’effectif d’utilisateurs de l’informatique Ninfo, correspond au nombre de salariés qui déclarent utiliser soit un micro-ordinateur, soit un terminal soit les deux. Nous connaissons, chez ces utilisateurs, l’ancienneté d’usage (INFOAGE, exprimée en nombre d’années) et la durée d’utilisation (DURINF, exprimée en heures par jour) de l’informatique. Pour les non-utilisateurs de l’informatique (N-Ninfo), l’enquête indique si le salarié a travaillé avec un ordinateur dans le passé (USEAVT, qui vaut 1 pour un tel usage).
La mesure de l’utilisation des machines automatiques
Lorsque que salarié déclare utiliser une machine ou une installation automatique, il précise les fonctions de cette machine en distinguant : 1) l’usinage, le formage, le laminage et les autres transformations de la matière, 2) l’assemblage-montage-soudage, 3) la peinture-les traitements de surface, 4) les mélanges, cuisson et autres transformations chimiques de la matière, 5) les épreuves, tests et contrôles, 6)le conditionnement et l’emballage, 7)la manutention et le stockage, 8)l’imprimerie et la reprographie, 9) l’ensemble des autres fonctions telles que le découpage, le blanchissage, la couture, la confection … La variable NBMO représente le cumul de ces différentes fonctions. De la même façon que pour l’utilisation des matériels informatiques, l’enquête nous informe sur l’ancienneté d’utilisation (MACAGE, exprimée en nombre d’années) et la durée d’utilisation (DURMAC, exprimée en nombre d’heures par jour) des machines. Les statistiques concernant ces variables ont été calculées sur l’échantillon d’utilisateurs (Nmac). Enfin, la variable dichotomique MACAVT, indique, pour les non-utilisateurs de machine (N-Nmac), une utilisation passée.
Nous avons aussi construit une variable indiquant le cumul de l’utilisation des TIC et des machines automatiques (USE2).
Les variables issues du volet « entreprises »
Par ailleurs, C.O.I. permet de compléter l’information que donne le salarié par de l’information recueillie au niveau de son employeur. Dans cette étude, nous avons repris les indicateurs synthétiques décrivant la technologie utilisée par l’entreprise construits par Gollac, Greenan et Hamon-Cholet (2000), en s’appuyant sur les résultats d’une analyse de correspondances multiples regroupant un corpus de 57 questions.
Une première variable indique l’intensité de l’informatisation de l’entreprise à partir de 4 modalités ordonnées : intensité faible, moyenne, forte, très forte. Une seconde variable précise si l’équipement informatique est structuré autour d’un gros système ou bien autour d’un réseau de micro-ordinateurs. Une troisième variable décrit l’organisation de la fonction informatique : soit
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elle est organisée formellement autour d’un service informatique, soit elle est organisée de manière plus informelle, sollicitant utilisateurs et prestataires externes.
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Annexe 2 : la mesure de l’organisation du travail
Nous avons choisi de nous concentrer sur 23 questions du volet « salariés » de l’enquête C.O.I. permettant d’apprécier l’autonomie et la diversité des taches réalisées par le salarié ainsi que l’étendue du réseau de communications auquel il participe.
1- L’autonomie et la diversité des taches
AUTON : l’autonomie ou a maîtrise de la définition du travail
L’enquête comporte 4 questions permettant d’apprécier le degré de maîtrise dont dispose le salarié quant à la définition du contenu de son travail :
Q1 : Vous recevez des ordres, des consignes, des modes d’emploi. Pour faire votre travail correctement, est-ce que : 1) Vous appliquez strictement les consignes ? 2) Dans certains cas, vous faites autrement ? 3) La plupart du temps, vous faites autrement ? 4) sans objet (pas d’ordre, pas de consigne, pas de mode d’emploi)
Q2 : En général, lorsque vos supérieurs hiérarchiques vous disent ce qu’il faut faire, est-ce que : 1) Ils vous disent aussi comment il faut faire ? 2) Ils indiquent plutôt l’objectif du travail et vous choisissez vous-même la façon d’y arriver ?
Q3 : Avez-vous la possibilité de modifier la nature et la quantité du travail que vous aurez à faire, ou la façon de procéder ? (oui/non)
Q4 : Quand, au cours de votre travail, il se produit quelque chose d’anormal, est ce que : 1) La plupart du temps, c’est vous qui réglez l’incident ? 2) C’est vous, mais seulement pour certains incidents bien précis, prévus d’avance ? 3) Vous faites généralement appel à un supérieur, à des collègues ou à un service spécialisé ?
A partir des réponses à ces questions nous avons construit le score suivant :
SCORE1=(Q1=2 ou 3)+(Q2=2)+(Q3=oui)+(Q4=1)
Ce score varie entre 0 et 4. Si SCORE1 vaut 3 ou 4 alors le salarié est considéré comme très autonome (AUTON=1) et modérément autonome dans les autres cas (AUTON=0).
DELAI : la marge de manœuvre par rapport au rythme de travail
L’enquête comporte une question sur la marge de manœuvre dont dispose le salarié en matière d’aménagement de son rythme de travail :
Q5 : Pour faire votre travail, avez-vous la possibilité de faire varier les délais fixés ? (oui/non/sans objet (pas de délais)).
Si le salarié peut faire varier les délais fixés, DELAI prend la modalité 1, sinon elle prend la modalité 0. Cet indicateur ne signifie pas que le rythme de travail soit libre dans l’absolu, puisque d’autres contraintes (machiniques, liées au marché…) peuvent s’imposer à lui, mais il révèle une relative liberté dans l’organisation temporelle du travail.
Pour cerner la diversité des tâches réalisées par le salarié, nous avons sélectionné trois tâches spécifiques, nécessitant des qualités différentes : l’encadrement hiérarchique (CHEF), la
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formation d’autres salariés (FORM) et le respect de normes de qualité précises et chiffrées (QUAL).
CHEF : l'encadrement hiérarchique
Q6 : Avez-vous un ou plusieurs salariés sous vos ordres ou votre autorité ? (oui/non)
CHEF=1 si Q6=oui, 0 sinon.
FORM : former des nouveaux
Q7 : Vous arrive-t-il de former des nouveaux ou des intérimaires, à la tenue de leur poste de travail ? (oui/non)
FORM=1 si Q7=oui, 0 sinon.
QUAL : suivre des normes de qualité
Q8 : Devez-vous personnellement respecter des normes de qualité chiffrées précises ? (oui/non)
QUAL=1 si Q8=oui, 0 sinon.
2-L’étendue du réseau de communication
On définit 4 indicateurs synthétiques de communication : la communication avec des supérieurs hiérarchiques (communication verticale), la communication avec des collègues proches (communication horizontale), celle avec des collègues éloignés (communication avec d’autres services), la communication avec des personnes extérieures à l’entreprise (communication avec l’extérieur). Ces variables sont construites de la manière suivante :
CVERT : l’intensité de la communication verticale
Q9 : Avez-vous la possibilité de modifier la nature et la quantité du travail que vous aurez à faire, ou la façon de procéder…? (oui/non)
Q9a : En discutant seul avec les supérieurs hiérarchiques ? (oui/non)
Q9b : En discutant avec les supérieurs hiérarchiques en compagnie de vos collègues ? (oui/non)
Q10 : Si vous avez une surcharge momentanée de travail ou si vous avez du mal à faire un travail délicat, compliqué, est-ce que vous êtes aidé par …?
Q10a : Par vos supérieurs hiérarchiques ? 1) oui ; 2) non ; 3) sans objet, pas de surcharge de travail
A partir des réponses à ces questions nous avons construit le score suivant :
SCORE2= [(Q9a=oui) +(Q9b=oui)+(Q10a=oui)]/[ 2* (Q9=oui) + (Q10=oui ou non)]
Ce score prend 5 modalités entre 0 et 1. Si SCORE2 ≥ 0,5 , alors le salarié a une communication verticale très intense (CVERT=1), et faiblement intense dans les autres cas.
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CHORI : l’intensité de la communication horizontale
Q9 : Avez-vous la possibilité de modifier la nature et la quantité du travail que vous aurez à faire, ou la façon de procéder…? (oui/non).
Q9c : En discutant entre collègues sans que vos supérieurs hiérarchiques soient présents ? (oui/non)
Q10 : Si vous avez une surcharge momentanée de travail ou si vous avez du mal à faire un travail délicat, compliqué, est-ce que vous êtes aidé par …?
Q10b : Vos collègues (les personnes avec qui vous travaillez habituellement) ? 1) oui ; 2) non ; 3) sans objet, pas de surcharge de travail ou pas de collègues proches
Q11 : Avez-vous un ou plusieurs salariés sous vos ordres ou votre autorité ? (oui/non)
Si oui, vous arrive-t-il de donner des indications à d'autres personnes sur ce qu'elles doivent faire ?
Q11a : les collègues avec qui vous travaillez d'habitude ? 1) oui, cela arrive ; 2) non ; 3) sans objet
Q12 : En dehors de votre (ou vos) supérieur(s) hiérarchique(s), y a-t-il d'autres personnes qui vous donnent des indications sur ce que vous devez faire ?
Q12a : les collègues avec qui vous travaillez d’habitude ? 1) oui, cela arrive ; 2) non ; 3) sans objet
A partir des réponses à ces questions nous avons construit le score suivant :
SCORE3=[(Q9c=oui)+(Q10b=oui)+(Q11a=oui)+(Q12a=oui)]/[(Q9=oui)+(Q10b=1ou 2)+(Q11a=1ou2)+(Q12a=1 ou 2)]
SCORE3 comprend 7 modalités sur l’intervalle [0,1]. CHORI prend la valeur 0 lorsque le salarié communique une fois sur deux ou moins (SCORE3 ≤0,5), ce qui correspond au cas des salariés qui communiquent modérément avec leurs collègues. Elle prend la modalité 1 sinon, lorsque les salariés communiquent beaucoup avec leurs collègues.
CAUTSER : l’intensité de la communication avec les autres services de l’entreprise
Q9 : Avez-vous la possibilité de modifier la nature et la quantité du travail que vous aurez à faire, ou la façon de procéder…? (oui/non)
Q9d : En discutant avec des collègues d'autres services ? (oui/non)
Q10 : Si vous avez une surcharge momentanée de travail ou si vous avez du mal à faire un travail délicat, compliqué, est-ce que vous êtes aidé par …?
Q10c : d’autres personnes de l’entreprise ? 1) oui, 2) non, 3) sans objet, pas de surcharge ou pas de collègues éloignés
Q11 : Avez-vous un ou plusieurs salariés sous vos ordres ou votre autorité ? (oui/non)
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Si oui, vous arrive-t-il de donner des indications à d'autres personnes sur ce qu'elles doivent faire ?
Q11b : d'autres personnes ou services de votre entreprise ? 1) oui, cela arrive, 2) non, 3) sans objet
Q12 : En dehors de votre (ou vos) supérieur(s) hiérarchique(s), y a-t-il d'autres personnes qui vous donnent des indications sur ce que vous devez faire ?
Q12b : d'autres personnes ou services de votre entreprise ? 1) oui, cela arrive ; 2) non ; 3) sans objet
A partir des réponses à ces questions nous avons construit le score suivant :
SCORE4=[(Q9d=oui)+(Q10c=oui)+(Q11b=oui)+(Q12b=oui)]/[(Q9=oui)+(Q10c=1ou 2)+(Q11b=1 ou 2)+(Q12b=1 ou 2)]
SCORE4 a 7 modalités sur l’intervalle [0,1]. La variable CAUTSER prend la modalité 0 lorsque l’individu communique 1 fois sur 4 ou moins (SCORE ≤0,25), ce qui correspond aux individus qui communiquent peu avec les autres services de l’entreprise. Dans le cas inverse (CAUTSER = 1), les salariés ont une communication avec les autres services très intense.
CEXTER : l’intensité de la communication avec l’extérieur
Q10 : Si vous avez une surcharge momentanée de travail ou si vous avez du mal à faire un travail délicat, compliqué. (oui/non). Si oui, est-ce que vous êtes aidé par …?
Q10d : des personnes extérieures à l'entreprise ? (oui/non)
Q11 : Vous arrive-t-il de donner des indications à d'autres personnes sur ce qu'elles doivent faire ?
Q11c : d'autres personnes ou services extérieures à votre entreprise, clients, fournisseurs, donneurs d'ordre, sous-traitants, etc.…? (oui, cela arrive/non)
Q12 : En dehors de votre (ou vos) supérieur(s) hiérarchique(s), y a-t-il d'autres personnes qui vous donnent des indications sur ce que vous devez faire ?
Q12c : d'autres personnes extérieures à votre entreprise, clients, fournisseurs, donneurs d'ordre, sous-traitants, etc.…? (Oui, cela arrive/non)
A partir des réponses à ces questions nous avons construit le score suivant :
SCORE5=[(Q10d=oui)+(Q11c=oui)+(Q12c=oui)]/[2+(Q10=oui)]
SCORE5 prend 5 modalités entre 0 et 1. Si SCORE5=0, alors le salarié ne communique pas avec l’extérieur (CEXTER=0). Lorsque le salarié communique avec l’extérieur, CEXTER=1.
CREUI : l’intensité de la communication multilatérale par le nombre de réunions
Nous disposons dans l’enquête du nombre de réunions auxquelles le salarié assiste. La variable REUI=1 lorsque la salarié participe à au moins une réunion par mois, elle vaut 0
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sinon. Alors que les indicateurs précédents reflètent une communication bilatérale, REUIO correspond à un échange multilatéral dans un cadre formel.