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Antoine de Saint-Exupéry

Réflexions autour du thème des mouvements de populations

lepetitprinceest un immigré

Pourquoi nous haïr ? Nous sommes solidaires, emportés sur la même planète, Et s'il est bon que des civilisations s'opposent pour favoriser des synthèses nouvelles,

il est monstrueux qu'elles s'entredévorent. équipage d'un même navire.

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la 5èmeSUISSE

OpportunistesA l’heure des polémiques sur les étrangers, on oublie que les Suisses eux-mêmes sont historiquement de grands migrateurs, comme l’explique Leo Schelbert, professeur émérite d’histoire à l’Université de l’Illinois, installé depuis plus de quarante ans aux Etats-Unis. «Entre déplacements tempo-raires et permanents, ils ont toujours cherché à s’établir et à s’occuper à l’étranger, portés par des motivations très diverses.» A commencer par la guerre: près de 1 million de Suisses ont servi comme mercenaires pour les souverains européens entre le XVIe et le milieu du XIXe siècle.Mais ce sont surtout les artisans qui se sont montrés les plus mobiles durant l’Ancien Régime, les architectes tessinois en tête. «Ils étaient réputés pour la finesse de leur travail, comme Domenico Trezzini, qui fut architecte de Pierre le Grand au début du XVIIIe siècle et qui a conçu les premiers plans de Saint-Pétersbourg», rappelle Bénédict de Tscharner, président de la Fondation pour l’histoire des Suisses dans le monde et ancien ambassadeur. C’est au XIXe siècle que la vague d’émigration marquera le plus les esprits: entre 1815 et 1914, on estime à 500 000 le nombre d’Helvètes à avoir traversé l’Atlantique, menés par le rêve américain.Mais contrairement aux croyances populaires, ce sont ra-rement les plus pauvres qui ont émigré mais plutôt les plus prompts à saisir leur chance, précise Leo Schel-bert. «La misère n’est pas la cause principale des ex-patriations suisses. Historiquement, ce qui les a tou-jours amenés à se déplacer ce sont la découverte de meilleures opportunités – économiques ou indivi-duelles – et le sentiment de pouvoir en profiter.» Cer-tains noms de ces Helvètes opportunistes feront date dans l’histoire, comme le Bernois Johann August Sutter, pionnier de la ruée vers l’or, ou le Chaux-de-Fonnier Louis Chevrolet, arrivé à New York en 1900, pour fonder quelques années plus tard l’illustre marque auto-mobile homonyme. Un siècle plus tôt, l’homme d’affaires genevois Albert Gallatin était quant à lui devenu secrétaire du Trésor américain sous la présidence de Jefferson.

Hautement formésAujourd’hui, qui sont-ils, ces Suisses qui quittent le pays? «Il n’existe pas de profil clairement identifiable, affirme Rudolf Wyder. Toutefois, on sait que ce sont des personnes plutôt jeunes et hautement formées, dans des domaines aussi variés que la science, la culture, le design, l’hôtellerie ou encore l’informatique.» Quant à leurs motivations, elles n’ont guère évolué à travers l’histoire, explique Leo Schelbert: «Les Suisses qui s’expatrient à l’heure ac-tuelle le font parce qu’ils pensent avoir l’opportunité de s’épanouir davantage dans leur activité à l’étranger, tout comme leurs ancêtres.»Alexander Matthey en est la parfaite illustration. Cet expert en management de projet a quitté l’arc lémanique il y a quatre ans pour s’installer aux Emirats arabes unis. A Dubaï tout d’abord, où il donne des cours et réalise des man-dats de consulting pendant deux ans, puis à Abou Dhabi où il collabore à la réalisation du plus grand port du Moyen-Orient: «Ici, les choses se dévelop-pent à une vitesse fulgurante. C’est fascinant. Le fait qu’il y ait moins de bar-rières qu’en Suisse a largement motivé mon départ.»

Ambassadeurs en puissance Le cinéaste Marc Forster, la comédienne Marthe Keller, l’architecte Bernard Tschumi ou encore Josef Ackermann, jusqu’il y a peu chef de la Deutsche Bank, ils sont nombreux à porter haut l’étendard helvétique à l’étranger.

Du chercheur en neurotechnologies, fraîchement débarqué au Massachu-setts Institute of Technology (MIT) de Boston, au binational helvéticocolom-bien n’ayant jamais posé les pieds sur la terre de ses ancêtres, en passant par le retraité coulant des jours heureux sous le soleil de la Costa Brava espa-gnole, la cinquième Suisse s’incarne également en des parcours hétéroclites. Autant d’individus qui contribuent à leur manière au rayonnement du pays aux quatre coins de la planète, comme l’affirme le conseiller aux Etats tessinois Fi-lippo Lombardi (PDC): «Nos concitoyens de l’étranger connaissent les valeurs du pays. Ils diffusent une image positive de ce dernier, même inconsciem-ment. Ce sont tous des ambassadeurs en puissance.» Tous y compris les bi-nationaux ayant hérité de leur nationalité sans jamais avoir vécu en Suisse? «Dans ce cas-là, le sentiment d’appartenance au pays de résidence est plus fort, admet l’ancien ambassadeur de Suisse à Singapour Raymond Loretan. Mais à l’étranger, tous les détenteurs d’un passeport à croix blanche ont leurs papiers dans un consulat. Cela dénote d’une attache certaine. De plus, on re-

trouve partout dans le monde des associations ou des clubs suisses qui servent les intérêts de la Suisse ou des autres expatriés.»

L’exemple scientifique Des clubs de jass aux chambres de commerce, cet en-chevêtrement d’organisations apparaît cependant disparate et désorganisé. Encore faudrait-il les ex-ploiter pour qu’elles profitent réellement à la Suisse. C’est en partie dans ce sens que Filippo Lombardi a déposé en juin 2011 une initiative parlementaire pour l’édiction d’une loi sur les Suisses de l’étranger. Son objectif est, notamment, de promou-

voir la présence internationale du pays en recourant au réseau des citoyens basés hors des frontières na-

tionales. Car si la cinquième Suisse occupe régulière-ment le devant de la scène politique, la Confédération ne

s’est presque jamais penchée sur la manière de maximiser l’apport de ses expatriés, exception faite de celui des cher-

cheurs par le biais des consulats scientifiques Swissnex.Swissnex, ce sont des missions du savoir disséminées partout, de

Boston à Shanghai en passant par Bangalore, afin de connecter les réseaux académiques aux sociétés helvétiques et aux partenaires locaux en sciences et technologies. «La Suisse est un vivier de jeunes chercheurs brillants dissé-minés temporairement ou non dans le monde entier. Ce sont des ambassa-deurs de haut vol pour les secteurs de la recherche et de l’innovation helvé-tiques, explique Pascal Marmier, consul en transition entre Swissnex Boston et Swissnex Shanghai. L’idée est que ceux qui ne rentreront pas servent aussi la Suisse en jetant des ponts entre leur pays d’origine et celui où ils se trou-vent.»

Rompre avec l’image HeidiDouze ans après l’ouverture du premier consulat scientifique sur la côte est des Etats-Unis, le développement du réseau Swissnex est un succès. «Nous avons cherché à faire profiter la Suisse de ses expatriés hautement qualifiés en mettant sur pied un réseau high-tech et en cessant de jouer sur l’image Heidi. Nombreuses sont les start-up helvétiques qui ont pu accéder aux mar-chés américain ou asiatique grâce aux liens tissés sur place», souligne Xavier Comtesse, actuel directeur d’Avenir Suisse et premier consul scientifique à Boston en 2000.

700 000expatriés

la suisse berceau de voyageurs

D’après L'Hebdo 15.08.2012

SUISSESà travers le monde

PARTENTCEUX QUI

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quatreIDÉESREÇUS

>> la Jordanie et la Palestine, frappées par les vagues de réfugiés du conflit proche-oriental, les pays pétroliers du Golfe et, enfin, Singa-

pour, qui offre sans doute les conditions les plus semblables à celles de la Suisse. Dès lors, Etienne Piguet s’étonne que notre pays n’intègre pas la composante étrangère dans l’élaboration de son identité. «Regardez les Etats-Unis: ils portent la devise E pluribus unum (de plusieurs, un seul) sur leurs pièces de mon-naie. Il n’y a pas de fierté de la pluralité en Suisse. Peutêtre que

son caractère intrinsèquement multiculturel, dû aux trois régions linguistiques, apporte déjà trop d’inquiétudes sur l’unité du pays?»

Du modèle des saisonniers des années 60 aux déclarations de Doris Leuthard sur le départ des travailleurs étrangers en cas de péjoration de la conjoncture, la Suisse se voit comme une terre d’accueil tem-poraire, à l’écoute des besoins de son économie. Or, les chiffres prouvent que cette île au milieu de l’Europe est un des pays à la plus forte migration permanente du monde. 26% de ses habitants ont vu le jour hors de ses frontières, loin devant la France (8%) et les pays d’immigration par excellence que sont les Etats-Unis (14%) et le Canada (20%). Seuls des Etats en situation exception-nelle battent le score helvétique: Israël, peuplée de Juifs venus par la Loi du retour, >>

La preuve? Un étranger qui se marie en Suisse sur deux épouse un Suisse. «Un mariage exogame sur deux, c’est à peu

près la proportion qu’on observe chez les Juras-siens lorsqu’ils s’expatrient vers le reste de la Suisse!», sourit Etienne Piguet. D’ailleurs, les chiffres des naturalisations attestent que la

Suisse se trouve dans la moyenne européenne, après une longue période de retenue. En effet, les

vagues de réfugiés de guerre des Balkans ont atteint le seuil de douze années pour prétendre au passeport à croix blanche.

Selon une étude menée par le professeur Piguet, 10% de la population active s’est mise à son

compte. Ces entrepreneurs indépendants issus de la migration créent à leur tour 275 000 emplois en Suisse. Globalement,

ils restent actifs dans les domaines typi-quement occupés par les étrangers, comme

le commerce, la restauration ou le bâtiment, mais aussi l’informatique et l’immobilier.

1habitant

01 La suisse n’est pas une terre d’immigration.

/4est né horsdu pays

La crainte d’une ghettoïsation croissante sur le modèle des ban-lieues françaises se répand. Or, s’il est certain que les communautés entretiennent une vie sociale interne et se retrouvent rassemblées dans les quartiers, à loyers modérés d’une part ou grand luxe d’autre part, il est faux de penser qu’ils ne se mélangent pas.

1étranger

02 Les étrangers ne s’intègrent pas.

/2épouseun suisse

Les différences de langue, de niveau de formation ou de culture du travail posent problème à l’intégration au marché du travail. Etienne Piguet a d’ailleurs palpé les difficultés des de-mandeurs d’asile à s’identifier à un projet éco-nomique, soit par espoir d’un retour prochain au pays, soit par le traumatisme du vécu là-bas. A l’inverse, une autre part des migrants intègrent si bien le tissu économique qu’ils finissent par bâtir leurs maillons.

10% sont à leur compte

03 Les étrangers constituent un fardeau pour les assurances sociales.

275 000

L’intégration est aussi surtout une question de réciprocité. En 2002, Etienne Piguet a mené la première étude de terrain sur le marché de l’emploi. Il a répondu aux annonces avec des CV fictifs similaires même formation, mêmes compétences, tous grandis en Suisse mais aux noms de Pierre, de Mehmet et d’Afrim. Le résultat est sans appel. Quand un jeune Suisse

se contente d’envoyer trois candidatures pour décrocher un entretien d’embauche, les secondos turcs et kosovars doivent aller jusqu’à dix tentatives.

3 candidatures

04 Les étrangers ne sont pas discriminés en Suisse.

pour jeune

et créent à leur tour

emploisen suisse

pour décrocher un entretien d’embauche

10 candidatures

pour jeune au nompour décrocher un

entretien d’embauche

issu de l’immigrationsuisse

D’après L'Hebdo 26.05.2011

VIENNENTCEUX QUI

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les régugiés,EXODESde populations

Définition du réfugiéLorsque le système international de protection a été mis en place, en 1951, il était permis de croire que l'ère des grandes migrations de population engen-drées par la guerre et les famines était définitivement close, et que le pro-blème des réfugiés qui se posait alors n'était qu'une suite du conflit mondial, destinée à être progressivement éliminée. Les règles mises en place à cette époque visaient donc à protéger les individus victimes de persécutions poli-tiques, ou craignant légitimement d'être victimes de telles persécutions. Ins-pirées par une vision européocentrique du problème, ces règles s'adressaient avant tout au réfugié politique qui, seul ou avec quelques autres personnes, demandait asile à un État .Rétrospectivement, il est permis de dire que les gouvernements firent preuve à cette occasion d'un optimisme qui fut rapidement démenti par les faits. Les flux de réfugiés se sont multipliés et diversifiés. Les demandeurs d'asile ne fuient pas seulement la persécution, ils fuient également les guerres, les désastres écologiques comme la désertifi-cation, la famine, l'oppression sous toutes ses formes. Surtout, il s'agit de phénomènes de masse, et non pas de quelques personnes individuellement contraintes à l'exil.

StatutPour obtenir la reconnaissance du statut de réfugié, quatre conditions différentes sont requises du deman-deur : qu'il ait franchi une frontière ; qu'il ait été persé-cuté ou qu'il ait des raisons fondées de croire qu'il le sera ; que cette persécution porte atteinte à ses droits fonda-mentaux ; qu'il ne puisse, de ce fait, se réclamer de la protec-tion de l'État dont il porte la nationalité ou sur le territoire duquel il a sa résidence ordinaire.

Une décision positive (dite d'éligibilité) est donc nécessaire pour que le réfu-gié soit formellement reconnu comme tel. Cette décision émane normalement des autorités administratives de l'État sur le territoire duquel pénètre le pré-tendant au statut ; il peut arriver, quoique de moins en moins fréquemment, que l'État en cause confie cette compétence à un représentant du Haut Com-missariat aux Réfugiés (H.C.R.) : la décision d'éligibilité présente alors toutes les garanties d'impartialité nécessaires. Il faut, en effet, insister sur le fait que cette décision suppose une appréciation du caractère fondé ou non de la crainte de persécution avancée par le demandeur pour justifier sa prétention à obtenir le bénéfice du statut. Malgré l'existence de normes de références, on conçoit aisément le caractère délicat, et souvent conflictuel, d'une déci-sion positive et les conséquences dramatiques que peut avoir une décision négative, surtout lorsqu'elle est erronée.

Le non-refoulementLa règle, qualifiée de principe fondamental, du non-refoulement joue, dans le système international de protection des réfugiés, un rôle tout à fait important. Elle interdit, en effet, le renvoi d'une personne (y compris par la non-admis-sion à la frontière) dans un État où sa vie et sa sécurité pourraient être en danger. À un quelconque degré, le non-refoulement implique l'admission de celui qui n'est encore qu'un demandeur d'asile sur le territoire de l'État auquel il demande refuge. Aucune protection ne peut réellement se concevoir sans cette dimension territoriale ou géographique, qui seule donne son sens à la protection juridique.

Le non-refoulement est en quelque sorte le fondement même du système de protection. Il est inscrit à l'article 33 de la convention du 28 juillet 1951, qui le réserve normalement aux réfugiés. Si l'interprétation restrictive est possible, et a même été souvent utilisée, il est clair que le principe du non-refoulement doit être applicable au demandeur d'asile avant même qu'il ne bénéficie d'une décision positive d'éligibilité, sous peine de perdre une bonne partie de son efficacité. C'est ainsi, d'ailleurs, qu'il est compris par le Haut-Commissariat. Cette importance particulière du non-refoulement est nettement soulignée par le haut-commissaire et le comité exécutif qui ont, à plusieurs reprises, admis ou affirmé que le principe du non-refoulement constituait, ou était en voie de constituer, une norme impérative de droit international (jus cogens) au

sens de la convention de Vienne sur le droit des traités, dotée en consé-quence d'une valeur exceptionnelle.

Dans l'ensemble les États respectent le principe de non-re-foulement, même s'il est toujours possible de relever des

violations qui passent d'ailleurs rarement inaperçues. C'est là très certainement l'un des éléments les plus encourageants dans la situation actuelle, caractéri-sée le plus souvent par des retours en arrière met-tant en cause les acquis les plus solides, tel l'asile, qui constitue cependant une tradition ancienne.

L’asileL'asile, tel qu'il est actuellement conçu, est le produit

d'une très longue histoire, mettant en avant les senti-ments d'humanité les plus nobles appuyés par des

considérations religieuses, morales, philosophiques et même politiques. Deux dimensions se combinent en lui, avec

pour résultat un régime juridique passablement déconcertant pour le profane. Il y a d'abord, comme dans l'idée de non-refoulement,

une dimension spatiale de l'asile qui implique en effet que la personne qui en bénéficie soit admise sur un territoire où sa vie et sa sécurité ne seront plus en danger. Mais à ce premier élément s'ajoute celui que constitue la protection que l'État s'engage à apporter à celui auquel il accorde l'asile. Cet engage-ment peut être très lourd, et on conçoit qu'un État ne s'y résolve que difficile-ment.

En fait, malgré la terminologie traditionnellement utilisée, il n'existe pas de droit d'asile, si l'on entend par là le droit qu'aurait une personne d'obtenir refuge et protection de la part d'un État déterminé. Il n'existe, selon les instru-ments internationaux en vigueur, que, d'une part, pour les individus, le droit de rechercher l'asile et éventuellement d'en bénéficier, d'autre part, pour les États, celui de l'accorder de façon discrétionnaire. Le droit d'asile n'est donc en aucune façon un droit à l'asile.

Cette perspective suppose toutefois que l'État auquel l'asile est demandé ait une pleine liberté de choix entre l'octroi et le refus de l'asile. Ce n'est pas tou-jours le cas. L'une des caractéristiques des flux actuels de réfugiés est qu'ils constituent un phénomène de masse regroupant plusieurs milliers d'indivi-dus, parfois même plusieurs millions. Or, précisément, dans de telles circons-tances, il n'existe aucune alternative concevable et l'État (ou les États) voisin(s) de la source du flux est (sont) dans l'obligation pratique de recevoir la population déplacée.

10,4de réfugiés

fuite en masse des guerres,

D’après Universalis 13.10.2012 et UNHCR

millionsdébut 2011

désastres écologiques, famines, oppressions

N’ONT PASCEUX QUI

LE CHOIX

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immigrationCLANDESTINE

Dans l'illégalité, les clandestins prennent fréquemment des risques impor-tants, pouvant mettre leur propre vie en péril, afin de rejoindre des pays pré-sentant des conditions de vie qu'ils espèrent meilleures. Ils n'hésitent donc pas à tout abandonner pour tenter l'aventure, souvent « aidés » dans cette en-treprise par des passeurs peu honnêtes leur faisant payer un prix exorbitant pour leur fournir les moyens de franchir les obstacles naturels (mers, mon-tagne, fleuve, etc.) ou humains (poste frontière, mur) dans des conditions de sécurité extrêmement précaires.

VictimesIl a été estimé que 14 921 immigrés sont morts aux frontières de l'Europe depuis 1988, dont 6 469 sont disparus en mer. En mer Méditerranée, ont perdu la vie 8  315 migrants. Dans le Canal de Sicile 2 511 personnes sont mortes, entre la Libye, l'Égypte, la Tunisie, Malte et l'Italie, dont 1 549 disparus, et 70 autres ont perdu la vie le long des nouvelles routes entre l'Algérie et l'île de Sar-daigne; 4  091 personnes sont mortes au large des îles Canaries et du détroit de Gibraltar entre le Maroc et l'Espagne, dont 1  986 disparus; 895 personnes sont mortes en mer Égée, entre la Turquie et la Grèce, dont 461 disparus; 603 personnes sont mortes en mer Adriatique, entre l'Albanie, le Montenegro et l'Italie, dont 220 disparus. Mais on ne traverse pas la mer seule-ment à bord de pirogues. En naviguant cachés à bord de navires de cargaison régulièrement enregistrés, au moins 146 hommes sont morts asphyxiés ou noyésMais avant d'arriver à la mer, la traversée du Sahara est non moins dangereuse. Les aventuriers africains le traversent sur des camions comme sur des véhicules tout terrain le long des pistes entre le Soudan, le Tchad, le Niger et le Mali d'un côté et la Libye et l'Algérie de l'autre. Ici au moins 1 587 personnes sont mortes depuis 1996. Mais selon les survivants, presque chaque voyage compte ses victimes. Le nombre des victimes pour-rait donc être bien plus élevé. Les chiffres incluent aussi les victimes des dé-portations collectives pratiquées par les gouvernements de Tripoli, d'Alger et de Rabat, désormais habitués à abandonner des groupes de centaines de mi-grants dans les zones frontalières situées en plein désert.En Libye, les migrants sont maltraités. Il n'y a pas de données officielles, mais au cours de 2006 le Human Rights Watch et l'Afvic ont accusé Tripoli de dé-tentions arbitraires et de torture dans les centres d'arrestation, dont trois sont financés par l'Italie. En septembre 2000 à Zawiyah, dans le nord-ouest du pays, au moins 560 étrangers ont été tués pendant des assauts xénophobes.En voyageant cachées dans des camions, 283 personnes ont été trouvées mortes. Et 182 migrants se sont noyées dans les fleuves délimitant la fron-tière, la plupart dans l'Oder-Neisse, entre la Pologne et l'Allemagne, l'Evros entre la Turquie et la Grèce, le Sava entre la Croatie et la Bosnie; et le Morava entre la Slovaquie et la République tchèque. 112 autres personnes sont mortes d'hypothermie en tentant de franchir la frontière dans les montagnes, la plupart en Turquie et en Grèce. En Grèce, le long de la frontière avec la Tur-quie, il y a encore des champs de mines. En essayant d'entrer en Grèce après avoir traversé le fleuve Evros, au moins 88 personnes y sont mortes.

Au moins 192 migrants sont morts sous le feu de la police de frontière, dont 35 dans les enclaves espagnoles au Maroc, Ceuta et Melilla, 50 en Gambie, 40 en Égypte et 32 en Turquie, le long de la frontière avec l'Iran et l'Irak. Mais d'autres personnes ont été tuées aussi en France, en Belgique, en Espagne, en Allemagne, au Maroc et en Libye. 41 personnes enfin ont été retrouvées mortes dans le train d'atterrissage d'avions de ligne, 21 personnes sont mortes à Calais ou cachés sous les trains dans le tunnel sous la Manche en direction de l'Angleterre, 2 se sont noyés en essayant traverser la Manche et 12 ont perdu la vie sous autres trains en Italie, Grèce et Suisse.

RefoulésLe Maroc expulse les immigrés clandestins pour le compte

de l'Union européenne à la frontière de l'Algérie. L'Algé-rie, à son tour, les repousse vers les pays voisins. Au Mali, à 5 km de la frontière à Tinzaouaten, 800 à 1 000 candidats à l'émigration (juillet 2007) restent sans abri sous un soleil de plomb de 40° et subissent hu-miliations et privations. Parmi eux, il y a trois caté-gories de candidats migrants : ceux qui veulent re-tourner chez eux mais n'en ont pas les moyens; ceux qui ne veulent pas retourner chez eux les mains vides pour éviter la honte; il y a aussi des pas-

seurs qui s'y mêlent et qui vendent des illusions en at-tendant le moment de partir.

Les voies de recours juridiques contre les abus des droits de l'Homme sont la saisine de la Commission afri-

caine des droits de l'Homme, qui ne peut intervenir que lorsque les recours possibles sont épuisés dans le pays (au

Maroc, par exemple) ou encore le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève. Dans ces conditions, un candidat refoulé à la fron-tière n'a ni l'information, ni les moyens nécessaires pour intenter de telles ac-tions, sans l'appui d'une organisation.

L’Europe n’a-t-elle pas déjà emmuré son avenir ? Quand on la voit pousser les dirigeants du Sud à inventer le « crime d’immigration » et à se faire les geôliers de leurs citoyens. C’est le prix du soutien de l’Europe. Elle ferme les yeux sur l’autoritarisme et la corruption de ces dirigeants qui sont la source de répulsion de leurs citoyens. Les politiques pour avoir contribué à faire de la question des mobilités un sujet tabou voire repoussoir se retrouvent aujourd’hui ferrés et ne peuvent pas assumer devant leurs opinions la nécessité d’un renouvellement par l’immigration.

Ali Bensaâd

14921morts aux frontières

chercher une vie meilleure

D’après Wikipédia et Libération

immigrésdepuis 1988

...et en mourir

de l’Europe

S’Y PERDENTCEUX QUI

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LA SUISSE ET LES VOYAGES

PORTRAITS

D’ÉCRIVAINS

ayant été

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irés

UN PEU D’IC

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UN PEU D’A

ILLEURS

et AYANT IN

SPIRÉ

MÉDIASpetits films pour HISTOIRESde petits et

DÉPLACEMENTSGRANDS

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bouvier

AperçuÉcrivain suisse, voyageur, photographe et poète, Nicolas Bouvier est né le 6 mars 1929 au Grand-Lancy, près de Genève, dans un milieu cultivé, marqué du côté de sa mère par un protestantisme sévère dont il se débarrassera plus tard. Son père amène à la maison les célébrités qui fréquentent la bibliothèque universitaire dont il est vice-directeur. Le jeune Nicolas rencontre ainsi Marguerite Yourcenar, Thomas Mann, Robert Musil, Hermann Hesse.

À l’écoute de la polyphonie du mondeTout de suite après des études de droit et de lettres, en 1953, il part dans sa Fiat Topolino pour un voyage de trois ans qui le conduira de Genève au Japon, via la passe de Khyber et Ceylan. La première partie de ce voyage, entrepris avec le peintre Thierry Vernet et qui va de la Yougoslavie au Kurdistan, sera racontée dans L'Usage du monde (1963), illustré avec les cro-quis de son compagnon de route. L'ouvrage évoque les terres de l'Asie, la recherche des « lieux auspi-cieux », les instants d'intense présence aux choses, en une invitation incessante à goûter la douceur de la vie comme s'il fallait mourir demain. Récit d'un Mon-taigne contemporain où l'Histoire est sans cesse pré-sente, L'Usage du monde est devenu un livre culte pour de nombreux écrivains français et étrangers, complété en 2001 par L'Œil du voyageur, qui propose les photographies prises par l'auteur au cours de ce voyage.

Dans Japon (1967), puis dans Chronique japonaise (1975), qui en constitue la reprise et le développe-ment, la perception du poids du passé se double d'une attention aiguë à l'instant, aux odeurs, aux bruissements de rire du présent, à une fête paysanne, à une excursion au nord, dans l'île de Hokkaidō. Bou-vier fait au Japon l'apprentissage de la photographie,

nicolas

6 mars 1929 au Grand-Lancy (Suisse) - 17 février 1998 à Genève.

et son premier livre sur le pays du Soleil levant est illustré de magnifiques images : visages, épouvan-tails, sumotoris, idéogrammes, stèles votives s'ajou-tent aux photos d'un mur troué devant lequel passent des êtres humains. Ce passage incessant sur fond fixe restitue sans exotisme un pays à la fois dyna-mique et figé dans ses traditions pluriséculaires, et la condition de l'homme destiné à passer et à dispa-raître.

L’oeil du voyageurDe retour en Suisse, Nicolas Bouvier commence à travailler pour l'Organisation mondiale de la santé comme iconographe, métier qu'il exercera jusqu'à sa mort. Après de nouveaux séjours au Japon, il se tourne vers l'ouest et voyage en Irlande, en qualité de journaliste, et en Amérique du Nord, où il donne des cours et des conférences dans de nombreuses universités. Journal d'Aran et d'autres lieux (1990) est le triple récit de ses voyages en Irlande, en Corée et en Chine.

Nicolas Bouvier décide de rassembler et de publier tous ses poèmes sous le titre Le Dehors et le Dedans (1982 ; dernière édition, avec des inédits : 1997). Ils reposent sur une dichotomie entre le déplacement et l'immobilité, la vie et la mort, le moi plus intime et le moi nomade : figure de la complémentarité à laquelle l'écrivain se montre partout sensible. C'est une poésie du constat, extrêmement condensée et dont la tonalité dominante est l'éblouissement sur fond de légère inquiétude. Les thèmes principaux, la joie de l'instant, la musique, le rire qui est avec la poésie le seul exorcisme contre la mort, se retrouvent dans Le Hibou et la baleine (1993), qu'il appelait « mon livre d'images ».

L'ensemble de cette œuvre cohérente, qui cherche à rendre compte du temps de l'être et pas de celui du faire, est un éloge à la création, une constante invita-tion à la lenteur, au Dasein, à la fraîcheur, à une vigi-lante allégresse, à l'amour des lieux et des êtres.

D’après Universalis 13 octobre 2012

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D’après Wikipédia et Universalis 13 octobre 2012

alexandredumas

4 décembre 1875 à Prague (République Tchèque) - 30 décembre 1926 Montreux (Suisse)

Alexandre Dumas, prodigieux agitateur d'un demi-siècle littéraire, ne s'est interdit aucun genre. La bibliographie de ses œuvres, qui renferme plus de mille titres, est le catalogue de tous les possibles : poésies héroïques, sentimentales, fantaisistes ; romans de mœurs, fantastiques, historiques, maritimes, champêtres, exotiques, militaires ; tragédies, drames, mystères, comédies d'intrigues, de caractères, vaudevilles, mélodrames, adaptations des théâtres grec, anglais, allemand, opéras et opéras-comiques ; écrits auto-biographiques, chroniques historiques, biographies, mémoires apocryphes ; critique picturale, dramatique, littéraire ; journalisme littéraire ou politique ; grands repor-tages, pamphlets ; récits de voyages ; traductions du russe, de l'anglais, de l'italien, de l'allemand. Le roman historique, seule partie que le temps a laissée immergée, n'en constitue qu'une fraction.

Alexandre Dumas est né à Villers-Cotterêts le 24 juillet 1802, « composé du double élément aristocratique et populaire, aristocratique par mon père, populaire par ma mère ».La première enfance de Dumas est endeuillée par la mort du père. Après sa disparition, la mère s'ensevelit dans un deuil éternel ; l'imaginaire du fils ne guérira jamais de « cette vieille et éternelle douleur de la mort de [s]on père ». La veuve et ses deux enfants connaissent un lent appauvrissement, de l'aisance à la gêne. Le jeune sauvageon se montre rétif à l'éducation que sa mère a l'ambition de lui faire inculquer : inattentif aux leçons de latin de l'abbé Grégoire, il ne se plaît qu'au maniement des armes, et surtout à la chasse dans la forêt de Retz qui lui apprend l'essentiel de ce qu'il sait.

Jusqu'en 1822, Dumas vit à Villers qu'il quitte pour Paris avec 53 francs en poche, pour échapper à la pauvreté et aux humi-liations que sa mère et lui connaissent depuis le mort du père.Là-bas, il trouve une place de clerc de notaire et découvre la Comédie-Française. C'est le début d'une vie nouvelle pour Alexandre lorsqu'il fait la rencontre d'un grand acteur de l'époque, Talma.

Il écrit son premier drame historique, Henri III et sa cour en 1828. La pièce présentée à la Comédie-Française connaît un énorme succès. Il connaît la notoriété en tant que dramaturge mais dilapide ses revenus, il écrit alors beaucoup de pièces médiocres si bien que le public se lasse.

En 1832, après les déconvenues politiques, littéraires, personnelles ou financières, Alexandre Dumas cherche à fuir l'infernal chaudron parisien. En 1832, après les mois sinistres du choléra et les émeutes qui accompagnent les funérailles du général Lamarque, il part pour la Suisse.

« Voyager, c'est vivre dans toute la plénitude du mot ; c'est oublier le passé et l'avenir pour le présent ; c'est respirer à pleine poitrine, jouir de tout, s'emparer de la création comme d'une chose qui est sienne » (Impressions de voyage, II).

Il rapporte de ce premier périple des Impressions de voyage (1834-1837), et, en les rédigeant, se découvre, et découvre au lecteur un prosateur plein de « verve ». Quel charme fait de lui, aussitôt, selon le mot de Nerval, « un de nos plus célèbres écrivains touristes » ? C'est un mélange subtil et toujours surprenant : un récit picaresque de voyage dont le héros n'est autre que lui-même, considéré cependant avec la distance de l'humour par son double, le narrateur, lequel multiplie et entrecroise autour de ce récit premier d'autres narrations (épisodes ou chroniques historiques, contes et légendes des pays traversés, courtes nouvelles modernes). Il sera le Juif errant de la littérature, éternel voyageur à travers l'Europe.

Dumas est un ami et un admirateur de Garibaldi et pendant l'expédition des Mille, il se rend en Sicile pour lui livrer les armes achetées. Il est le témoin de la bataille de Calatafimi qu'il décrit dans « Les Garibaldiens », publié en 1861. Il est aux côtés de Garibaldi le jour de son entrée dans Naples puis il est nommé Directeur des fouilles et des musées, charge qu'il occupe pendant trois ans (1861-1864) jusqu'à ce que, à cause du mécontentement des Napolitains qui acceptent mal qu'un étranger occupe une telle charge, il préfère démission-ner et rentre à Paris. Durant la même période, il dirige le journal L'Indipendente auquel collabore le futur fondateur du Corriere della Sera, Eugenio Torelli Viollier.

Dumas ne ralentit pas pour autant sa production littéraire. Fin gourmet, il est même l'auteur d'un Grand dictionnaire de cuisine.En septembre 1870, après un accident vasculaire qui le laisse à demi paralysé, Dumas s'installe dans la villa de son fils à Puys, quartier balnéaire de Dieppe. Il y meurt le 5 décembre 1870. Sa dépouille est transférée au Panthéon de Paris le 30 novembre 2002, à l'occasion du bicentenaire de sa naissance

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georgessimenon

AperçuGeorges Simenon est un écrivain belge francophone né à Liège (Belgique), officiellement, le 12 février 19031 et mort à Lausanne (Suisse) le 4 septembre 1989.

L'abondance et le succès de ses romans policiers (notamment les « Maigret ») éclipsent en partie le reste d'une œuvre beaucoup plus riche.Simenon est en effet un romancier d’une fécondité exceptionnelle : on lui doit 192 romans, 158 nou-velles, plusieurs œuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son propre nom et 176 romans, des dizaines de nou-velles, contes galants et articles parus sous 27 pseu-donymes. Il est l'auteur belge le plus lu dans le monde.

Les tirages cumulés de ses livres atteignent 550 millions d’exemplaires. Georges Simenon est, selon l'Annuaire Statistique de l'UNESCO de 1989, le dix-huitième auteur toutes nationalités confondues, le quatrième auteur de langue française, et l'auteur belge le plus traduit dans le monde (3 500 traductions en 47 langues). Il a été choisi comme un des « Cent Wallons du siècle », par l'Institut Jules Destrée, en 1995.

André Gide, André Thérive et Robert Brasillach sont parmi les premiers hommes de lettres à le reconnaître comme un grand écrivain. André Gide, fasciné par la créativité de Georges Simenon qu'il avait souhaité rencontrer dès son succès policier, le questionna à maintes reprises, échangea une correspondance quasi-hebdomadaire pour poursuivre les méandres créatifs de cet écrivain populaire et prit la surprenante manie d'annoter en marge tous ces romans pour conclure en 1941 : « Simenon est un romancier de génie et le plus vraiment romancier que nous ayons dans notre littérature d'aujourd'hui ».

AnalyseÀ la différence de beaucoup d’auteurs d’aujourd’hui qui essayent de construire une intrigue la plus com-plexe possible, comme un jeu d’échecs, Simenon propose au final une intrigue simple, mais un décor et des personnages forts, un héros attachant d’humanité, obligé d’aller au bout de lui-même, de sa logique.

Le message de Simenon est complexe et ambigu : ni coupables, ni innocents, mais des culpabilités qui s’engendrent et se détruisent dans une chaîne sans fin. Les romans de l’écrivain plongent surtout le lecteur dans un monde riche de formes, de couleurs, de senteurs, de bruits, de saveurs et de sensations tactiles.

Le critique Robert Poulet avait dit : « Presque tous ses récits commencent par cent pages magistrales, auxquelles on assiste comme à un phénomène natu-rel, et à l’issue desquelles on se trouve infailliblement devant une certaine quantité de matière vivante dont un autre Simenon s’empare alors pour en tirer des surprises et des drames beaucoup moins habile-ment. » Il avait aussi précisé que Simenon était meilleur dans la peinture des états que dans celle des actions, définissant son univers comme statique.

Hors commissaire Maigret, ses meilleurs romans sont basés sur des intrigues situées dans des petites villes de province, où évoluent de sombres personnages à l’apparence respectable, mais qui ourdissent de ténébreuses entreprises, dans une atmosphère sour-noise et renfermée, dont les meilleurs exemples sont les romans Les Inconnus dans la maison et Le Voya-geur de la Toussaint, mais aussi Panique, Les Fian-çailles de M. Hire, La Marie du port et La Vérité sur Bébé Donge.

D’après Wikipédia et BnF

12 février 1903 Liège (Belgique) - 4 septembre 1989 Lausanne (Suisse)

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ellaSon deuxième périple l'amène avec des voyageurs russes chez les Kirghizes, puis seule, sans visa, au Turkestan. Des

monts célestes aux sables rouges (1934) elle se rend à Tach-kent, à « Samarcande l'incompa-rable », à « Boukhara la déclas-sée », assiste au procès d'insou-mis au régime bolchevique et traverse le désert des sables rouges sous la menace de l'hiver. Sans s'attarder sur son

exploit, elle participe à son retour à « une de ses plus actives saisons de ski » dans les Alpes.

Elle obtient l'aide financière du Petit Parisien pour partir en Mandchourie occupée par les Japonais, puis allie son expérience à celle de Peter Fleming, correspondant du Times, pour traverser la Chine, atteindre l'Inde à travers les Oasis interdites du Sinkiang (1937). Elle trouve là un écho à sa quête d'absolu : « Dans ce désert immense, sous ce ciel vibrant, il semble que l'âme se concentre, et pendant un instant avec force, je me sens loin de tout, séparée de tout ce que je sais, et comme arrivée au bout de moi-même. »

Elle souhaite se fixer un an dans un village d'Afghanistan non influencé par la civilisation et partage ce projet avec Anne-Marie Schwarzenbach (Christina dans son récit La Voie cruelle, Londres, 1947). Ella Maillart espère qu'au cours de ce voyage son amie triomphera de son chaos intime et abandonnera la morphine. Une fois parvenues à Kaboul à bord d'une Ford, l'annonce de la guerre les arrête. Ella Maillart voit Anne-Marie sombrer, et sort renforcée dans sa conviction que seul un long parcours intérieur peut conduire à une vie harmonieuse et libérée.

Elle passe en Inde la période de la guerre auprès du sage Ramana Maharishi puis d'Atmananda. Une petite chatte grise l'accompagne, personnage principal de Ti-Puss (Londres, 1951), dernier de ses récits de voyage. Retirée à partir de 1946 dans le village suisse de Chandolin où « la beauté, la densité du silence [l']aident et [la] ramènent sans cesse à l'essentiel », Ella Maillart se consacre à la Vie immé-diate (titre choisi pour l'exposition au musée de l'Élysée à Lausanne d'une partie de ses 16 000 clichés photogra-phiques, 1992). Elle termine The Land of Sherpas (Londres, 1955) qui, comme un précédent ouvrage, Croisières et caravanes (Londres, 1942), récapitule son itinéraire. Après 1955, elle ne publie plus. Elle parcourt l'Asie jusqu'à plus de quatre-vingts ans, accompagnant des voyageurs pour gagner sa vie et accomplir son désir de transmission. Dans Chère Ella (1998) une de ses proches, Anne Deriaz, témoigne après sa mort, le 27 mars 1997, de la plénitude de ses derniers instants.

maillartRamener les objets concrets à leur essenceNée à Genève en 1903, Ella Maillart pratique très tôt le ski puis, avec son amie Miette de Saussure, la navi-gation à voile sur le lac Léman. Elle fonde le premier club féminin de hockey sur gazon. Après son échec à l'entrée à l'Université, elle cherche à s'éloigner de l'Europe responsable de la Première Guerre mon-diale. Devenue La Vagabonde des mers (publié à Londres en 1942), elle navigue avec Miette ou comme matelot à bord de navires britanniques, et participe aux régates olympiques sur la Seine. La maladie de Miette met fin à leur projet de traversée de l'Atlantique. Ella Maillart renonce à passer son exis-tence en mer.

Attirée par les terres orientales, en quête du « secret des hommes droits qu'un ciel clair suffit à rendre heu-reux », elle quitte Berlin pour Moscou en 1930. Elle se joint à un voyage de jeunes Moscovites vers les vallées de Svanéthie dans le Caucase. La première version de ses souvenirs, Parmi la jeunesse russe (1932) est écrite en anglais, mais Charles Fasquelle est à l'origine du texte définitif en français. Ella Maillart s'adaptera ainsi à la langue de ses éditeurs, parisiens pour ses trois premiers récits, londoniens pour les derniers. Elle manifestera en toute chose un désir d'efficacité, se refusant à confondre la fin et les moyens, à rapporter « les objets concrets à leur essence », à pratiquer l'écriture autrement que comme une tâche laborieuse, ingrate, permettant, avec les conférences, le financement du voyage suivant et la mise au clair du carnet de notes – ce devoir du voyageur –, complété par les prises de vue photographiques.

L'authenticité de sa démarche, sa volonté inébran-lable font s'écrouler les obstacles. Résolue à ne jamais se plaindre, elle applique sa devise « Partout où des hommes vivent, un voyageur peut vivre aussi. » Elle n'hésite pas à détourner les règlements, les interdictions de photographier ou les formalités aux frontières. Elle s'adapte au présent, au singulier, sans perdre de vue « qu'une seule chose compte, envers et contre tous les particularismes, c'est l'engrenage magnifique qui s'appelle le monde ». Son intérêt pour « le contact direct avec les êtres » apparaît dans ses descriptions de situations et d'individus qui, sous sa plume, ne sont jamais réduits au pittoresque. Son style privilégie l'enthousiasme du point d'exclama-tion, le questionnement du point d'interrogation et parfois l'efficacité des dialogues, rendant compte avec simplicité du quotidien d'une femme qui voyage dans des lieux hors du commun pour chercher ce que les hommes ont en commun. Son regard photo-graphique dépasse l'impression subjective pour saisir la réalité des vies et leurs éclats de bonheur.

D’après Universalis 13 octobre 2012

20 février 1903 à Genève - 27 mars 1997 à Chandolin (Suisse).

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pratt

Dans le monde de la bande dessinée, Hugo Pratt occupe une place bien particulière : il est non seule-ment un des rares auteurs dont l'œuvre – en particu-lier la série Corto Maltese – ait été reconnue par la culture officielle, mais aussi quelqu'un dont la vie pourrait fournir matière à plusieurs récits d'aventures. « Mon seul rival, c'est Tintin », confia de Gaulle à Malraux. « Mon seul rival, c'est Hugo Pratt », aurait pu dire Corto Maltese.

Une vie aventureuseHugo Pratt, né Ugo Pratt à Rimini le 15 juin 1927, passe les dix premières années de sa vie à Venise, au sein d'une famille cosmopolite. À l'enfance vénitienne succède une adolescence éthiopienne : son père est en effet militaire en Abyssinie, alors colonie italienne. En 1940, il enrôle son fils, âgé de seulement treize ans, dans l'armée fasciste, en lutte contre les indé-pendantistes et contre les Alliés (« J'étais le plus jeune soldat de Mussolini », dira Hugo Pratt). En 1942, Hugo Pratt est interné au camp de Dirédaoua (en Éthiopie), puis rapatrié en Italie, avec sa mère, sur un cargo de la Croix-Rouge.

En 1944, dans Venise sous le contrôle des forces alle-mandes, il est arrêté par des S.S., qui le suspectent d'être un espion, et passe plusieurs semaines en prison. En échange de sa mise en liberté, les Alle-mands l'engagent dans leur police maritime. Il s'échappe, franchit les lignes de combat et devient interprète dans l'armée des Alliés. À la libération de Venise, en avril 1945, il est chargé d'organiser des spectacles pour les soldats américains. En décembre 1945 commence sa carrière de dessinateur : avec quelques amis, dont le futur romancier Alberto Ongaro, il fonde un petit journal de bandes dessi-nées, Asso di Picche.

Comme ses histoires rencontrent un certain succès, Hugo Pratt est invité à travailler pour un éditeur de Buenos Aires. En 1950, il part pour l'Argentine, où il restera pendant douze ans. Il y rencontre des gens de toutes origines, de toutes conditions sociales,

et mène une vie de bohème : il se rend en Patagonie, fait de longues chevauchées dans la pampa, est chanteur dans un orchestre, joue de la guitare dans les maternelles huppées de Buenos Aires. Il dessine aussi des milliers de pages sur des scénarios d'Héc-tor Oesterheld (1919-1977 ou 1978), comme la série Sgt. Kirk (1953-1961), dont le héros est un renégat de l'armée nordiste pendant la guerre de Sécession, et Ernie Pike (1957-1961), histoires amères sur la Seconde Guerre mondiale, où des soldats sont confrontés, plus qu'à un ennemi, à des problèmes éthiques. Il devient son propre scénariste pour Ann de la jungle (1959-1961), ébauche de ce que sera Corto Maltese, et Wheeling (1962, achevé seulement en 1995), longue fresque sur la naissance des États-Unis dans les années 1770.

De 1962 à 1970, Hugo Pratt est de retour en Italie, où il collabore au Corriere dei Piccoli, hebdomadaire pour les enfants, puis à la revue Sgt. Kirk, dans laquelle il publie La Ballade de la mer salée (1967-1969), sa première œuvre majeure, et le début des Scorpions du désert (1969, dernier épisode publié en 1994), récit de combats douteux dans la Corne de l'Afrique en 1940-1941. En 1970, il s'installe en France et reprend un des personnages de La Ballade de la mer salée, Corto Maltese, pour en faire le héros d'une suite de courts récits : de 1970 à 1973, vingt et un épisodes de vingt pages paraissent dans Pif, constituant le point de départ du mythe de Corto Maltese et de la célébrité de son créateur.

À partir des années 1980, Hugo Pratt est considéré comme un des grands artistes contemporains. Les planches originales de ses bandes dessinées et ses aquarelles sont exposées dans différents musées du monde (notamment à Paris, en 1986, au Grand Palais) ; il est le sujet de plusieurs dizaines de travaux universitaires et est célébré par les personnalités les plus diverses, de François Mitterrand (qui déclare qu'il se verrait bien dans la peau de Corto Maltese) à Umberto Eco (qui écrit que la lecture d'Engels le repose de celle de Pratt). En 1984, il s'installe en Suisse, à Grandvaux, près du lac Léman, dans une vaste maison où il peut enfin regrouper ses vingt mille livres. Là, il passe dix années tranquilles, et meurt d'un cancer le 20 août 1995 à Pully, dans la banlieue de Lausanne.,

D’après Universalis 13 octobre 2012

hugo15 juin 1927 à Rimini (Italie) - 20 août 1995 (Suisse).

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La fortune de Rilke a traversé des phases diverses. Il fut de son vivant adulé à l'égal d'un saint, ou, à tout le moins, salué comme l'annonciateur d'une nouvelle « religiosité ». Puis vint la phase d'ombre ; on se prit de méfiance pour ce poète, sinon de cour, du moins de château ; on se détourna de ces effusions sentimentales. Pendant ce temps cependant, son œuvre se décantait ; des pans entiers s'effondraient. Dans ce qui reste toutefois, on découvre un grand créateur de formes nouvelles, un des plus authentiques poètes du xxe siècle.

De lents débutsRainer Maria Rilke naît à Prague en 1875, dans une famille qui le destine très rapidement à la carrière des armes.Il est ainsi pensionnaire dans une école militaire avant d'être renvoyé en 1891 pour inaptitude physique. Il étudie alors le commerce avant de revenir à Prague, où il exerce le métier de journaliste et écrit ses premières œuvres.En 1896, il part pour Munich et rencontre, en mai 1897, Lou Andreas-Salomé, qui a alors trente-six ans. Cet amour enflammé se transforme progressivement en amitié réciproque et en admiration mutuelle, jusqu'à la fin de leur vie. En 1897, il change de prénom : de René Maria, il devient Rainer Maria. Il voyage en Italie puis en Russie avec Lou et son mari. Il rencontre à cette occasion en 1899 Léon Tolstoï.

En 1901, il épouse Clara Westhoff, une élève d'Auguste Rodin avec qui il a une fille, Ruth. Le couple se sépare un an plus tard et Rilke se rend à Paris, où il devient en 1905 le secrétaire de Rodin (il écrit d'ailleurs à propos du sculpteur un essai intitulé Sur Rodin). Il se sépare de ce dernier et voyage dans toute l'Europe et au-delà de 1907 à 1910 (Afrique du Nord, Égypte, Berlin, Espagne, Venise, Aix-en-Provence, Arles, Avignon). Il abandonne peu à peu la prose pour se consacrer à la poésie, plus apte selon lui à restituer les « méandres de l'âme ». D’après Wikipédia et Universalis 13 octobre 2012

4 décembre 1875 à Prague (République Tchèque) - 30 décembre 1926 Montreux (Suisse)

rainermariarilke

En 1910, il fait la rencontre décisive de la princesse Marie von Thurn und Taxis, née Hohenlohe-Waldenburg-Schillingsfürst, dans son château de Duino, alors en territoire autrichien, sur les bords de l'Adriatique. Elle l'héberge fréquemment et devient son mécène jusqu'en 1920. Pour elle, il compose son chef d'œuvre, les Élégies de Duino, suite d'élégies empreintes d'une mélancolie lumineuse.

Il est mobilisé dans l'infanterie lors de la Première Guerre mondiale, mais revient rapidement à la vie civile. De 1914 à 1916, Rilke entretient une liaison tumultueuse avec la femme peintre Lou Albert-Lasard.

À partir de 1919, il s'installe en Suisse et compose plusieurs recueils de poésies en français. Sitôt arrivé, il y retrouve Bala-dine Klossovska qu'il avait connue en 1907 à Paris, avec son époux, Erich Klossowski. Elle vit à présent seule à Berlin, avec ses deux fils, Pierre Klossowski et Balthazar dit Balthus, (le futur artiste peintre). Elle a onze ans de moins que lui, ils deviennent amants. Elle s'installe en Suisse, non loin de chez lui et Rilke se prend d'affection pour les deux enfants et encourage le talent qu'ils affirment, en effet, à l'âge adulte. C'est par son intervention auprès d'André Gide qu'est publiée la première plaquette de dessins intitulée Mitsou faite par Balthus à quatorze ans illustrant les étapes de sa recherche désespérée de son chat qu'il croyait perdu. Rilke préface et suit de près la fabrication de cette sorte de bande dessinée. La liaison de Rilke avec Baladine dure environ six ans.

En 1921, un industriel et mécène de Winterthour, Werner Reinhart, lui achète la tour isolée de Muzot, à Veyras, dont il fait sa résidence.Il meurt à Glion dans la clinique Valmont d'une leucémie en 1926 et est inhumé à Randogne dans le canton du Valais.


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