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Publié par la société des publications du Daily, une association étudiante de l’Université McGill

delitfrancais.comle seul journal francophone de l’Université McGill

Le mardi 25 septembre 2012 | Volume 101 Numéro 03 Mais, qui est Clayton Laframboise? depuis 1977

FRAUDE AU CUSM page 3

rédaction3480 rue McTavish, bureau B•24

Montréal (Québec) H3A 1X9Téléphone : +1 514 398-6784

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bureau publicitaire3480 rue McTavish, bureau B•26

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Photocomposition Mathieu Ménard et Geneviève Robert

The McGill [email protected]

Queen Arsem-O’MalleyConseil d’administration de la Société des publications du Daily (SPD)Nicolas Quiazua, Olivia Messer, Sheehan Moore, Erin Hudson, Joseph Henry, Matthew Milne, Farid Muttalib, Shannon Pauls, Boris Sheldov, Queen Arsem-O’Malley, Rebecca Katzman, Anselme Le Texier

le seul journal francophone de l’université McGill

L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire.Les opinions exprimées dans ces pages ne reflètent pas nécessairement celles de l’Université McGill.

Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société des publications du Daily (SPD). Il encourage la repro-duction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavent réservés, incluant les articles de la CUP). L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal.Imprimé sur du papier recyclé format tabloïde par Imprimeries Transcontinental Transmag, Anjou (Québec).Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press (CUP) et du Carrefour international de la presse universitaire francophone (CIPUF).

Volume 101 Numéro 03

2 Éditorial x le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com

É[email protected]

Soulagement de conscience

Nicolas Quiazua Le Délit

La deuxième Semaine annuelle de sensibilisation Autochtone est en cours à

McGill du 24 au 28 septembre. De nombreux événements auront lieu à divers endroits sur le campus et aux environs des terrains de l’université.

Sans questionner la bonne foi de McGill dans l’organisation de l’événement, il me semble toutefois hypocrite. Une semaine de sensibilisation au fait que les 51 autres semaines de l’année nous nous fichons du peuple autochtone. Une semaine pour soulager nos consciences et nous sentir mieux dans notre peau en nous disant qu’on a fait quelque chose de bien.Wakkoyolha, coordonateur de Water for Justice, ne partage pas mon pessimisme. Vendredi dernier lors du pow-wow sur le campus inférieur, il m’expliquait que ce qui est vraiment important pour lui c’est l’unification de tous les étudiants et des quatre nations. «Ce qui est important aujourd’hui c’est d’aider nos frères et sœurs avec des problèmes de drogues et d’alcool». «Nous ne voulons pas nous battre; nous voulons simplement une unification».

 Il n’en est pas moins que peu de jeunes autochtones reviendront sur le campus universitaire en tant qu’étudiants. Selon une étude de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), le parcours des jeunes autochtones «est marqué par une faible performance scolaire, le redoublement, la fréquentation de classes spéciales et, finalement, le décrochage».

Dans Premières nations? Seconds regards, Jean-Luc Migué, économiste Canadien, résume bien la situation actuelle: «la société [Autochtone] vit dans une pauvreté abjecte; elle souffre de pathologies sociales et physiques dramatiques. Le taux de tuberculose dans les

réserves s’élève à cinq fois la moyenne nationale. Près de la moitié des [Autochtones] tirent leur principale source de revenu de l’État canadien. Le taux de suicide chez les jeunes s’inscrit près du somment mondial pour un groupe culturel particulier. La proportion des familles monoparentales atteint des sommets jamais approchés dans le reste de la société. Le taux de criminalité dépasse tout ce qu’on observe ailleurs. L’état de santé général est alarmant. L’espérance de vie s’inscrit à une fraction du niveau de la population générale. L’alcoolisme y est un problème généralisé et le chômage atteint 30%».

Les causes de ces difficultés sont maintes et remontent à l’arrivée des colonies européennes - elles vont des droit limités dans les réserves jusqu’à la dépendance envers le gouvernement Canadien, en passant par une sous-représentation politique.

Cendant, une amélioration par rapport à l’année dernière semblerait être l’implication du corps étudiant dans l’organisation de l’événement.   Le vicaire du Bureau de l’Équité Sociale et de l’Éducation sur la diversité de McGill (SEDE) rapportait au McGill Reporter que «cette année, les trois associations d’étudiants autochtones sur le campus - l’Alliance des étudiants autochtones; l’Association des étudiants autochtones en droit; et   KANATA - ont tous mis sur pied un événement qui leur est propre». De plus, le Groupe d’étude de la principale sur la diversité, l’excellence et l’engagement communautaire de McGill dit viser «à augmenter le nombre d’étudiants autochtones qualifiés admis à McGill».

En gros, j’espère que vous serez sensibilisés aux conditions difficiles dans lesquelles vit le peuple autochtone; et on s’en reparlera dans 51 semaines. x

Actualité[email protected]

3Actualitésx le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com

Le détective Miko Amato a révélé vendredi dernier à La Presse Canadienne le nouveau visage de la

mafia: celui de la légalité. Ce policier a 25 ans d’expérience et

selon lui, la mafia ne serait plus ce qu’elle était. La mafia d’aujourd’hui s’expose au grand jour. Elle est partout: non seulement dans les entreprises de construction et d’excavation, mais aussi dans les pâtisseries, restaurants ou centres de jardinage - peu importe, tant qu’il y a de l’argent à faire et à blanchir. Les membres du crime organisé se dissimulent parmi nous en revêtant un costume d’homme d’affaires commun. Autre fait intéressant soulevé par monsieur Amato: le mafioso moderne tend à s’attirer la sympathie de la population. Pour éviter d’attirer l’attention policière sur lui, le mafieux d’aujourd’hui s’implique dans des organismes communautaires, fait des dons à des centres de charité, finance des écoles ou encore investit quelques heures par semaine pour entraîner une équipe sportive quelconque. La mafia moderne s’est ainsi tranquillement et sournoisement

infiltrée dans les communautés québécoise et ontarienne où elle a pris le visage de la corruption publique.

Il semble que cette mafia est active à McGill, dans le projet du Centre

Universitaire de Santé McGill (CUSM) en particulier. Ce projet, mené en partenariat public-privé (PPP) entre l’organisme gouvernemental Infrastructure Québec et la firme de génie conseil SNC-Lavalin,

mènera à la construction finale de trois hôpitaux sur le site Glen. Le contrat en PPP stipule que le gouvernement assumera 45% des frais totaux engendrés par la construction du CUSM, tandis que la firme SNC-Lavalin recevra 1,3 milliard de dollars - échelonnés sur 30 ans - pour sa construction et son entretien. Connaissant les antécédents de corruption de la firme de génie conseil, notamment dans le projet de construction d’un pont au Bangladesh (un projet de 1,2 milliard de dollars canadiens source) ou encore dans les relations controversées entre l’ancien vice-président de SNC et le clan de l’ancien président libyen Mouammar Kadhafi, l’Unité Permanente Anti-Corruption (UPAC) source a tout lieu s’inquiéter. Le CUSM a fait l’objet d’une perquisition de l’UPAC mardi dernier: une première en tant que telle auprès d’un organisme gouvernemental. Bien que le CUSM ait avoué avoir collaboré au meilleur de ses connaissances, l’UPAC a révélé à Radio-Canada qu’il y aurait de possibles arrestations à venir au cours des prochaines semaines dans ce dossier qu’elle qualifie de très important. x

La mafia omniprésenteLa commission Charbonneau devrait faire la lumière sur la construction du site de l’hôpital du CUSM.

POLITIQUE

Annie-Fei CarryLe Délit

Crédit photo: Mathieu Santerre

Fraude et corruption au CUSML’administratif du CUSM fait l’objet de deux enquêtes dans la même semaine.

MONTRÉAL

L’organisme en charge de la gestion du réseau hospitalier de McGill se trouve plongé dans la tourmente

suite à des allégations de fraude commise par l’ex-directrice des ressources humaines et de corruption dans l’attribution du contrat de construction de l’hôpital Glen.

Le vendredi 21 septembre, le Service des enquêtes sur l’intégrité financière de la Sûreté du Québec a mené une perquisition au 2155 rue Guy, siège administratif du CUSM. L’enquête menée par le Sergent Jerry Sirois porte sur l’ancienne directrice des ressources humaines du CUSM, Stella Lopreste, qui aurait, de 2000 à 2010, falsifié des factures de comptes de dépense.

Selon des documents obtenus par Le Délit, Madame Lopreste aurait falsifié des factures concernant non seulement des achats personnels tels que des articles vestimentaires de luxe, des repas au restaurant, mais aussi l’achat de matériel scolaire pour ses enfants, de téléphones intelligents et des voyages personnels. La fraude ne s’arrête toutefois pas là: l’ex-

directrice aurait aussi réclamé des primes de garde non travaillée.

L’enquêteur évalue le montant de la fraude à environ 1.6 million de dollars payés à même le budget du CUSM, mais il estime, se basant sur les informations reçues, que la somme réelle pourrait être bien moindre.

Dans un communiqué de presse, la direction du CUSM a assuré sa totale coopération dans l’enquête, mais elle estime toutefois que certains documents demandés sont de «nature confidentielle et protégée par le secret professionnel de l’avocat». La Sureté du Québec a déposé en mai à la Cour Supérieur une requête visant à obtenir ces documents confidentiels à des fins d’enquête. La juge en charge de l’affaire tranchera la question le 1er novembre.

La principale intéressée, madame Lopreste, se dit surprise des allégations portées contre elle. Toutefois, les documents de la requête révèlent que l’ancienne directrice a dû quitter ses fonctions le 26 avril 2010 après une enquête interne réalisée au printemps 2010 par la firme Borden, Ladner, Gervais de la CUSM concernant des réclamations falsifiées et de comportements inappropriés. Lors d’une réunion avec la

direction du CUSM, le Sergent Sirois a appris que le CUSM n’avait pas intention de porter plainte contre Madame Lopreste et qu’une entente confidentielle avait été conclue entre les deux parties.

Cet incident survient peu de temps après que des enquêteurs de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) du Québec ont procédé mardi dernier   à des perquisitions dans les mêmes locaux administratifs – le 2155 rue Guy. Lors d’un point de presse, le directeur des Affaires publiques du CUSM, Richard Fahey a confirmé que «l’unité permanente anticorruption (UPAC) s’est présentée au CUSM pour obtenir de l’information relativement au processus d’attribution du contrat de (partenariat public-privé) pour le CUSM», associés au Campus Glen. Le CUSM collabore complètement avec les enquêteurs». Il faut noter que le contrat de construction du Campus Glen a été octroyé à un consortium composé de SNC-Lavalin et Innisfree Ltd. Pour SNC-Lavalin les cas de corruption se sont multipliés au cours des dernières années sur le plan international, de la Lybie jusqu’au Bangladesh. De plus, selon Québecor nouvelles, Simard-Beaudry, une des compagnies de Tony

Accurso, «a continué d›être présente sur le chantier du CUSM même si l›entreprise a été reconnue coupable d›évasion fiscale au fédéral en 2010». L’escouade Marteau, bras armé de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), qui dirige l’opération   n’a pour le moment pas procédé à des arrestations. Par contre l’enquête n’en est pour le moment qu’à ses tout débuts et les documents saisis pourraient   faire tomber des têtes dans les prochaines semaines.x

Nicolas Quiazua & Samuel SigereLe Délit

Crédit photo: Lily Schwarzbaum

4 Actualités x le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com

Le vendredi 21 septembre, la Concertation des Luttes contre l’Ex-ploitation Sexuelle  (CLES) organi-

sait la marche «La rue, la nuit, femmes sans peur». Cet événement s’inscrivait dans le cadre de la Journée internationale d’action contre la violence faite aux femmes. Une quarantaine de participantes ont bravé la pluie ce soir-là pour venir manifester dans les rues du centre-ville de Montréal.

Le concept n’est pas nouveau: «Il est inspiré d’une première marche faite à Bruxelles en 1976», explique Chantal Isme, organisatrice communautaire à la CLES. «Environ 2 000 femmes venues de cin-quante pays différents ont pris la rue ce jour-là pour dénoncer la violence envers les femmes sous toutes ses formes». Le concept a également son équivalent dans le monde anglophone: «Take Back the Night». À Montréal la CLES - de concert avec d’autres organismes communautaires tels que la Maison d’Haïti, le Centre d’Aide aux Familles Latino-Américaines (CAFLA) et le Mouvement Contre le Viol et l’Inceste (MCVI) - a relancé l’événement en 2010 après plusieurs années d’interruption.

L’idée est de se réunir entre femmes et de «se réapproprier la rue». La CLES écrit sur son site Internet que cette marche a pour but de «réclamer le droit de vivre sans la peur de la violence masculine envers les femmes et dénoncer la sexualisation de l’espace public et son

rôle dans le maintien de cette violence».«La première édition en 2010 avait

attiré beaucoup de femmes, et même les médias», rappelle Chantal Isme. 200 à 400 personnes étaient présentes pour mani-fester. Cette année la pluie en a découragé

plus d’une. Selon Stéphanie Charron, res-ponsable des communications à la CLES, «sur les 200 participantes inscrites à l’évé-nement sur Facebook, on en attendait au moins la moitié». C’était avant de savoir la météo qu’il ferait ce soir-là. Mais les per-sonnes présentes vendredi soir n’en étaient pas pour le moins motivées. «Il y a quand

même quelques braves qui sont sorties sous la pluie», a souligné Chantal Isme.

Au début de la soirée, l’idée de faire une marche a été remise en question, mais une participante a souligné l’importance de sortir dans la rue. «J’ai vu des manifes-

tations étudiantes bien plus petites que ça ce printemps. Je pense qu’on est capable de prendre la rue et surtout par jour de pluie, pour montrer que rien ne nous décou-rage».

Les manifestantes sont alors parties de la place Émilie-Gamelin et ont marché, es-cortées par la police. En criant des slogans

tels que «contre les publicités sexistes, je refuse et je résiste – contre le patriarcat, je refuse et je me bats» et bien d’autres, elles ont attiré l’attention de plus d’un passant. Quelques femmes sont venues se greffer au cortège en route.

Des hommes ont voulu se joindre au groupe, mais les organisatrices leur ont in-terdit de les suivre, insistant sur le fait que l’événement, non-mixte, a pour but que les femmes se réapproprient la rue.

Montréal est une ville relativement sûre. Et il faut noter que la situation a bien évolué depuis les années 1970. Mais, lorsqu’une participante écrit avoir été aga-cée par des hommes «qui la trouvait jolie» en rentrant chez elle le soir de l’événement, on ne peut qu’admettre que la cause est toujours légitime. «On a décidé de re-prendre cette tradition parce qu’on s’est dit que c’est une réalité qui existe encore», a insisté Chantal Isme.

Ainsi, cet événement est «un symbole fort, toute une tradition internationale où les femmes décident d’envahir l’espace public pour dénoncer la violence […] et le fait que la nuit [elles ne peuvent pas] vrai-ment circuler en toute tranquillité». Les organisatrices espéreraient certes plus de visibilité, mais en même temps, toutes les femmes présentes ce soir-là souhaitent que «ce symbole reste et perdure jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de violence ».

La journée d’action contre la vio-lence sexuelle faite aux femmes se déroule chaque année le troisième vendredi du mois de septembre. x

Camille Gris RoyLe Délit

Ils étaient 27 000 coureurs à attendre sur la ligne de départ dimanche matin pour le 22e marathon de Montréal.

L’événement, qui continue à prendre de l’ampleur, a encore une fois eu un grand succès.

27 000, c’est un record jamais inscrit dans l’histoire de la course. Les organisateurs ont accepté cette année 3 000 coureurs de plus que d’habitude. L’événement affichait complet depuis déjà plusieurs semaines.  «On a refusé plusieurs inscriptions; on aurait pu facilement atteindre les 30 000 coureurs», s’enthousiasme Bernard Arsenault, ancien vice-président de l’événement.

Après plusieurs jours de pluie, l’inquiétude planait quant aux conditions météorologiques, mais, à 8 heures 30 dimanche matin le soleil était au rendez-vous et seule une légère brise se faisait sentir sur le pont Jacques-Cartier. L’énergie des athlètes était palpable alors que les organisateurs réalisaient les derniers préparatifs. Puis, le signal a été donné et les coureurs ont pu faire leurs premières enjambées et courir les 42 kilomètres du parcours. Nouveauté cette

année, les athlètes inscrits pour le demi-marathon sont partis en même temps que les marathoniens. C’est finalement un Américain, Joseph Chirlee, 32 ans, originaire du Colorado, qui a remporté la course cette année avec un temps de 2 heures et 12 minutes. Une première, compte tenu du fait que les gagnants des éditions passées étaient toujours originaires de pays d’Afrique. La Kenyane Dorren Kitata a été la première femme à franchir la ligne d’arrivée, une trentaine de minutes après son homologue masculin.

L’Université McGill a brillé par son absence. Aucune équipe ne portait les couleurs de l’établissement. Une des raisons évoquées est que l’équipe d’athlétisme préfère se concentrer sur la saison de cross-country qui bat son plein.

Le marathon de Montréal fait maintenant partie de la série Rock ‘n’ Roll, une organisation qui présente 27 courses du genre à travers le monde chaque année. «Cette alliance nous assure la tenue de la compétition à plus long terme», explique Bernard Arsenault.

Le marathon de Montréal se court chaque année le troisième dimanche du mois de septembre. Les inscriptions pour l’édition 2013 devraient être ouvertes dès la semaine prochaine. x

Marathon de MontréalLe marathon de Montréal enregistre une participation record cette année.

MONTRÉAL

Stéphanie FillionLe Délit

Crédit photo:Cécile Amiot

Femmes sans peurManifestation à Montréal contre la violence faite aux femmes la nuit.

MONTRÉAL

Crédit photo: Lindsay P. Cameron

5Actualitésx le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com

Premiers pasPauline Marois remplit trois de ses promesses de campagne

POLITIQUE QUÉBÉCOISE

Louis Baudoin-LaarmanLe Délit

Credit photo: Lily Schwarzbaum

Vendredi, le 21 septembre dernier à 18h, s’est tenue la conférence préliminaire de la cause Bangs contre

Calver, dans le local 202 du New Chancellor Day Hall de la Faculté de droit de McGill. La conférence visait à aborder les points litigieux dans les rapports de chacune des déclarations, à apporter des modifications éventuelles et à présenter les témoins. Une date devait aussi être fixée pour l’audience.

À peine quinze minutes après le début de la conférence, l’intimée Calver a demandé au Conseil judiciaire de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) d’avoir une séance fermée aux médias. «Pour la conférence préliminaire, il serait préférable de discuter de nos différends sans la présence de la presse». Bangs s’est opposé à cette requête étant donné le caractère public de l’affaire et leurs rôles «en tant que figures publiques [….] «Je ne pense pas qu’aucun d’entre nous devrait discréditer la presse», a-t-il ajouté.

Suite à quelques minutes de délibération à portes closes, Tonelli Zasarky, membre du Conseil Judiciaire, a demandé à la presse de partir, citant les Articles 27 - «Les audiences sont ouvertes au public, limité uniquement par les restrictions d’espace dans la salle désignée ou à la discrétion du conseil judiciaire» - et 28 - «Le Conseil judiciaire a le pouvoir de retirer quelqu’un de l’audience…» - des Procédures du Conseil judiciaire de l’AÉUM.

Le litige concerne entre autres deux points. Premièrement, les intimés avaient confondu les procédures pour tenir une Assemblée générale (Art. 17.2 de la Constitution) avec les procédures pour lancer un referendum (Art. 6.1 des Statuts). La question référendaire avait été approuvée par huit des membres de l’AÉFA, alors que l’article 6.1 des statuts de l’AÉFA indique qu’un «référendum doit être initié par deux tiers (2/3) des voix du Conseil de l’AÉFA ou par une pétition signée par au moins 150 membres de la Société, et déposée auprès d’Élections AÉFA un minimum de vingt-et-un jours avant le scrutin». Reconnaissant son erreur, l’AÉFA a recommencé le processus peu de temps après, mais, selon Bangs, l’Association n’a pas pris la peine de compter les votes pour s’assurer que la règle des deux tiers était respectée.

Deuxièmement, aucune annonce n’aurait été publiée dans une publication étudiante – soit The McGill Daily, Le Délit, ou The McGill Tribune (Art. 1.9 des Statuts). Ceci semblerait donc constituer une infraction à l’Article 9.2 des statuts de l’AÉFA, qui dit que «la date, l’heure et le lieu du scrutin doivent être publiés dans au moins une publication étudiante à des moments appropriés tel que déterminé par Élections AÉFA» et donc invalider les résultats du vote. Selon l’article 9.3, «les urnes dont l’emplacement n’a pas été publié sont réputées non officielles et tout bulletin de vote sera considérée comme nul

[…] à moins que tous les candidats ou comités concernés n’en conviennent autrement avant le dépouillement des bulletins des vote».

Une annonce via infolettre a tout de même été publiée. Par contre, cette dernière a été envoyée seulement plusieurs heures après le début du vote.

De leur côté, Calver et Cheng affirment dans leur déclaration que «les procédures appropriées ont été suivies». Ils affirment que Bang est biaisé dans la présentation de ce cas - étant donné des communications précédentes avec les intimés en période électorale de l’AÉFA et dû à sa position de président du comité du «non» - et que l’intégrité de la période référendaire n’a pas été compromise.

Retour sur les faitsL’affaire Bangs contre Calver avait été

déposée fin avril 2012 pour contester la légitimité de deux des questions présentées au cours des référendums d’hiver 2012 à l’AÉFA. Conformément à l’article 18 de la Constitution de l’AÉFA, le Conseil judiciaire constitué sous l’AÉUM est doté des pouvoirs pour rendre une décision sur cette requête.

Le requérant, Chris Bangs, était président des comités du «non» pour les questions mentionnées ci-dessus. Les intimés sont deux ex-membres de l’Office des Élections de l’AÉFA. Jade Calver est l’ancienne présidente de l’AÉFA et membre conseillère de l’Office, et Victor Cheng est l’ancien Chef Directeur de Scrutin de l’Office des Élections de l’AÉFA.

Les questions concernent la ratification en ligne des décisions de l’Assemblée générale de l’AÉFA et les nouvelles règles augmentant la majorité requise pour modifier la Constitution de 50% plus un à une majorité des deux tiers.

Le requérant allègue que «les violations systématiques et répétées des statuts de l’AÉFA par l’Office des Élections de l’AÉFA compromettent l’intégrité des élections» et demande au Conseil judiciaire de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) de «constater que la conduite des intimés a violé les règlements de l’AÉFA et déclarer nulles les questions référendaires».

Bangs explique qu’il a «présenté cette motion à la commission judiciaire parce que l’exécutif de l’AÉFA n’était pas réceptif à [ses] plaintes au sujet du processus, il y avait donc une violation grave des statuts de l’AÉFA au cours de la période de vote». Madame Calver, pour sa part, s’est refusée à tout commentaire.

Suite à la conférence, Bangs affirmait au Délit que la majorité des allégations d’infractions des statuts sont incontestées sur les faits par les intimés. «J’ai été très heureux de voir que la majorité des faits n’ont pas été contestés et j’ai été très surpris qu›ils ne disent pas qu’ils n’ont pas commis les infractions, mais plutôt qu’elles n’importent pas vraiment».

Le Conseil judiciaire n’a pas été en mesure de fixer un calendrier, ni la date du procès. x

Conseil judiciaire à huis closCAMPUS

«J’annonce l’annulation dès aujourd’hui de la hausse des droits de scolarité pré-

vue par l’ancien gouvernement». C’est ainsi que le jeudi 20 sep-tembre 2012 Pauline Marois, pre-mière ministre du Québec fraî-chement élue, a tenu sa première promesse de campagne.  Lors d’une conférence de presse, elle a annoncé ses trois premiers décrets en tant que chef du gouvernement provincial québécois. L’annonce de ces décrets coïncide avec la nomi-nation du Conseil des ministres du gouvernement péquiste.

La hausse des frais de scolarité qui avait provoqué un tollé chez les étudiants, soutenus par une bonne partie de la population, vient donc d’être annulée comme promis par madame Marois lors de sa cam-pagne. La page peut enfin être offi-ciellement tournée sur le plus long chapitre des mouvements étu-diants au Québec, bien qu’il s’était déjà presque éteint depuis la ren-trée 2012. Les frais de scolarité au Québec sont donc gelés à 2 168$ par session (à noter que les étu-diants internationaux et ceux qui viennent d’autres provinces payent plus cher), par contraste avec les

82% d’augmentation échelonnés sur 7 ans prévus par le Parti Libéral de Jean Charest. De plus, les uni-versités québécoises pourront toujours profiter du financement supplémentaire de 60 millions de dollars prévu pour venir en aide aux étudiants.

Les trois principales asso-ciations étudiantes (la FECQ, la FEUQ et la CLASSE,) célèbrent leur victoire et se disent satisfaites. Martine Desjardins, présidente de la FEUQ dit: «Collectivement, on vient de prouver qu’on est capable de se tenir et d’atteindre une des plus grandes victoires du mouve-ment étudiant». Éliane Laberge, de la FECQ, maintient que «cette victoire-là, c’est une victoire pour tous ceux qui ont porté le carré rouge».

Cependant, malgré l’air de victoire qui règne chez les associa-tions étudiantes, la bataille n’est pas finie. Le ton est certes très positif, mais le registre prend maintenant une teinte de «lutte continue», comme on peut le lire sur la page d’accueil du site de la CLASSE. Si les frais sont gelés pour le moment, le gouvernement penche en faveur de l’indexation de ces derniers, alors que la FECQ et la FEUQ réclament le gel pur et simple. La CLASSE, quant à elle, revendique

la gratuité scolaire, un projet «tout à fait réalisable dans les circons-tances présentes au Québec». Selon Camille Robert, co-porte-parole de la CLASSE,  «c’est une question de volonté politique, point à la ligne». De plus, la FECQ et la FEUQ restent convaincues de la mauvaise gestion des universités québécoises. À ce sujet, les deux syndicats ont demandé au nou-veau ministre de l’enseignement Pierre Duchesne d’inclure les uni-versités québécoises sur la liste du Vérificateur Général du Québec.

Toutes ces questions seront abordées au sommet sur l’ensei-gnement supérieur prévu par Pauline Marois d’ici la fin de l’année. Mais d’ici là, la CLASSE tiendra un congrès pour faire le point sur la mobilisation étu-diante. Toutefois, la popularité de cette dernière a fortement baissé à la rentrée et surtout depuis la promesse de Marois d’annuler la hausse des frais de scolarité. «J’annonce que nous abroge-rons par décret, dès demain, les dispositions de la Loi 78 concer-nant l’interdiction de manifes-ter». La deuxième annonce de la première ministre jeudi avait elle aussi été promise lors de sa cam-pagne électorale, au même titre que l’annulation de la hausse des

frais de scolarité. Ces deux sujets qui avaient fait beaucoup de bruit dans la politique québécoise «per-mettront de ramener la paix et de rétablir les droits et libertés», selon Pauline Marois. 

La troisième annonce s’éloigne du milieu étudiant et concerne la fermeture de la cen-trale nucléaire Gentilly-2. Dans son optique de respect de l’envi-ronnement et des générations futures, Madame Marois a officiel-lement fermé la centrale nucléaire de Bécancourt, une autre promesse de campagne. «Je veux que ce geste

devienne un symbole de l’engage-ment du Québec pour l’environ-nement et le bien-être des généra-tions futures, mais aussi d’une ges-tion rigoureuse de nos finances», a-t-elle déclaré. Un fond de 200 millions de dollars sera également créé pour venir en aide à ceux qui seront pénalisés par la fermeture aux alentours de Bécancourt.

Ces trois annonces, faites jeu-di, sont les premières promesses te-nues par le gouvernement péquiste au pouvoir. Espérons que les pro-chaines se réaliseront aussi vite. x

Nicolas QuiazuaLe Délit

6 Actualités x le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com

Cabinet Marois, Acte IPremier conseil des ministres le jeudi 20 septembre.

POLITIQUE QUÉBÉCOISE

La cérémonie d’assermentation des députés, le 17 septembre dernier à Québec, Pauline Marois a dévoilé mer-

credi la composition du nouveau gouverne-ment. Le premier conseil des ministres qui s’est tenu le lendemain s’est «particulièrement bien déroulé», selon la Première Ministre.

Les vingt-trois nouveaux ministres auront de nombreuses responsabilités. Le premier devoir sera le devoir «d’intégrité». «L’intégrité du gouvernement est une exi-gence absolument incontournable», a insisté Pauline Marois dans un point de presse jeudi après-midi.

ÉducationLe gouvernement péquiste innove en

divisant en deux le ministère de l’Éduca-tion. Le portefeuille sera désormais confié à deux ministres différents. D’une part, Pierre Duchesne, ancien journaliste à Radio-Canada, élu député péquiste dans Borduas, est nommé ministre de l’Enseignement supé-rieur, de la Recherche, et de la Science et de la Technologie. D’autre part Marie Malavoy, député de Taillon, est nommée ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport et devra s’occuper des dossiers relatifs aux niveaux primaire et secondaire. Une décision qui semble venir confirmer les propos de ma-dame Marois: la Première Ministre a affirmé que «pour le nouveau gouvernement, l’édu-cation sera une grande priorité».

Pierre Duchesne sera notamment en charge de l’annulation de la hausse des frais de scolarité annoncée par la Première Ministre et des différentes questions reliées à ce dossier. Jeudi, il annonçait déjà sur son blogue le premier pas fait dans cette direction: «18h45: J’appose ma signature au bas du pre-mier décret de ma carrière. Par ce geste, la loi 12 (l’ancienne loi 78) sera abrogée».

Dans un communiqué, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) ont dit «[saluer] la nomination de monsieur Pierre. Duchesne». «M. Duchesne avait rencontré les étudiants lors du congrès de la FEUQ au mois d’août et ces derniers avaient pu constater l’importance qu’il accor-dait à l’accessibilité aux études». Les fédéra-tions étudiantes ont offert leur «disponibi-lité» au nouveau ministre «afin de travailler à justement améliorer l’accessibilité aux études postsecondaires ainsi que la qualité de la formation». La Coalition large de l’as-sociation pour une solidarité syndicale étu-diante (CLASSE) accueille quant à elle cette nomination avec prudence. «Ce n’est pas une question d’individu, mais de politique», a rappelé au Délit Ludovic Moquin-Beaudry, responsable des relations de presse pour la CLASSE. La coalition n’a pas vraiment «de position sur la composition du gouvernement en tant que telle. Pour l’instant, ça se passe plutôt bien». Mais la CLASSE attend de voir la suite des événements.

Notons également que l’ancien président de la FEUQ, Léo Bureau-Blouin, élu député dans Laval-des-Rapides le 4 septembre, a été nommé adjoint parlementaire à la jeunesse.

Économie et environnementC’est Nicolas Marceau, économiste et

député de Rousseau, qui hérite du minis-tère des finances et de l’économie. Il travail-lera en collaboration notamment avec Élaine Zakaïb, députée de Richelieu, Ministre délé-guée à la Politique industrielle et à la Banque de développement économique du Québec. Raymond Bachand, ancien ministre des fi-nances sous le gouvernement libéral de Jean Charest a salué la nomination de Monsieur Marceau, mais il se dit  inquiet» de la politique économique annoncée par le cabinet Marois. Nicolas Marceau n’a pas d’expérience préa-lable en politique.

En ce qui concerne l’environnement,

Pauline Marois a confié à Martine Ouellet, dé-putée de Vachon, le ministère des Ressources Naturelles et à Daniel Breton, député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, le portefeuille du Développement Durable. Le gouvernement péquiste a annoncé dans la foulée la ferme-ture de l’usine nucléaire Gentilly. Martine Ouellet et Daniel Breton ont la réputation d’être des écologistes convaincus. Françoise David, député de Québec Solidaire dans Gouin a  [salué] la nomination de deux éco-logistes […] à des postes névralgiques en rap-port avec les choix économiques qui devront être faits par le gouvernement péquiste, dans le respect de l’environnement et de la nature».

Le cabinet Marois a été   fortement cri-tiqué pour sa faiblesse économique» par le Parti Libéral du Québec (PLQ).  Alors qu’elle nous avait annoncé qu’elle voulait rassembler et représenter tous les Québécois,  Pauline Marois nous a présenté hier un Conseil des ministres qui mise plutôt sur la division, les gels et les moratoire», a déclaré Jean-Marc Fournier, député PLQ de St-Laurent et chef de l’opposition officielle. Cette phrase vise principalement Martine Ouellet et Daniel Breton,  reconnus comme des activistes prô-nant le gel et les moratoire », selon Jean-Marc Fournier. Quant à la Coalition Avenir Québec (CAQ), elle a rappelé qu’elle est «prête à colla-borer de bonne foi avec le gouvernement […]. La Coalition considère notamment que le gouvernement doit agir prioritairement pour relancer l’économie du Québec [… ]».

Autres ministères Dans le domaine de la santé, Réjean

Hébert, député de Saint-François, est nommé Ministre de la Santé et Véronique Hivon, dé-putée de Joliette, ministre déléguée à la Santé publique et à la Protection de la jeunesse. Agnès Maltais, députée de Taschereau, hérite du ministère du Travail. Jean-François Lisée, député dans Rosemont est nommé Ministre des Relations internationales, du Commerce et ministre responsable de la Francophonie.

Bertrand St-Arnaud, député de Chambly, devient ministre de la Justice. Stéphane Bergeron, député de Verchères, est nommé Ministre de la Sécurité publique et Sylvain Gaudreault, député de Jonquière, hérite des dossiers des Transports, des Affaires munici-pales, des Régions et de l’Occupation du ter-ritoire. Le député de l’Abitibi-Ouest François Gendron est nommé vice-premier ministre et devient en même temps ministre de l’Agri-culture, des Pêcheries et de l’Alimentation. Stéphane Bédard, député de Chicoutimi, est ministre responsable de l’Administration gouvernementale et sera président du Conseil du trésor. À la Culture, c’est Maka Kotto, dé-puté de Bourget qui fait son entrée. Diane de Courcy, députée de Crémazie s’occupera du dossier de l’immigration. Bernard Drainville, député de Marie-Victorin est nommé Ministre des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne. Nicole Léger, députée de Pointe-aux-Trembles devient Ministre de la Famille. Alexandre Cloutier, dé-puté du Lac-St-Jean, est ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes et à la Gouvernance souverainiste.

La parité non atteinteCe gouvernement brille néanmoins

par l’absence des femmes. Avec seulement huit femmes sur vingt-trois personnes au conseil des ministres, on est plutôt loin de la parité. Québec Solidaire déplore le manque de représentation féminine.   Voir autant de femmes que d’hommes occuper des postes de pouvoir et d’influence constitue pourtant un symbole important qui ouvre la voie à une meilleure participation des femmes à la vie démocratique de notre pays», a déclaré Françoise David dans un communiqué.

On attend beaucoup de ce cabinet. Plusieurs réformes phares ont déjà été annon-cées, mais tout porte à croire que l’opposition ne laissera pas facilement passer certains pro-jets de ce gouvernement minoritaire. x

Camille Gris RoyLe Délit

Crédit photo: Gouvernement Québec

7Actualitésx le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com

Manif’ du 22Un autre 22, une manifestation controversée

MONTRÉAL

Malgré la pluie, près de 2 000 personnes se sont retrouvées ce samedi 22 septembre dans

le cadre de la manifestation qui s’inscri-vait dans la série des 22 qui avait rythmé la grève étudiante du printemps dernier. La manifestation s’est déroulée sans en-traves, mis à part quelques incidents.

Rassemblés au parc Lafontaine, les manifestants ont pris la rue aux alen-tours de 14h30. Un grand nombre de parents, grands-parents et autres sup-porteurs de la cause se mélangeaient aux étudiants. Malgré l’apparence paisible de la manifestation, un grand contin-gent policier a fait son apparition pas plus de 30 minutes après le début de la marche. Cela a donné lieu à quelques altercations entre policiers et manifes-tants, altercations qui se sont soldées entre autres par deux arrestations et un policier légèrement blessé. La présence massive des forces de l’ordre dans une manifestation qui se voulait festive et pacifique en a choqué plus d’un. Manon Massé, candidate dans Sainte-Marie-Saint-Jacques pour Québec Solidaire lors des dernières élections, affirme qu’«on est plusieurs à considérer que la manifestation d’aujourd’hui, c’est une manif’ de fête, alors c’est vraiment très triste que le bras policier vienne encore provoquer les citoyens et citoyennes qui viennent fêter leur gain démocratique. Je pense que ça va juste faire en sorte qu’ils vont avoir encore plus le goût d’être dans la rue».

«C’est une petite réunion de famille presque calme aujourd’hui, puis tout à coup, on nous poivre, on poivre tout le monde, c’est n’importe quoi. Est-ce que que ça va être ça à chaque fois?», ajoutait une femme se définissant comme une Mère en colère.

La manifestation semblait revê-tir diverses significations pour les gens qui y participaient. Alors que certains y voyaient l’expression de leur joie en raison de l’annulation de la hausse et de certains retraits au niveau de la loi 12, d’autres la voyaient comme une façon de maintenir la pression sur le nouveau gouvernement afin que celui-ci tienne ses engagements et se penche sérieuse-ment sur la question lors du Sommet sur l’éducation qui devrait se tenir dans les premiers 100 jours de son mandat.

«C’est la poursuite de la lutte étudiante, pour discuter de la gratuité scolaire, une question qui avait été reléguée aux oubliettes et c’est bien de la remettre à l’ordre du jour», me dit Christiane, une manifestante. «C’est pour continuer la lutte, car elle n’est pas seulement pour annuler la hausse», ajoute Kira, une autre manifestante.

Malgré tout, il faut rappeler que cette manifestation ne faisait pas l’una-nimité, même au sein du mouvement du carré rouge. Anne-Sophie Gravel, étu-diante à Laval et engagée dans le mou-vement depuis la première heure, pense pour sa part que cette manifestation est contre-productive: «Je trouve que ce n’est pas une bonne idée de faire cette manifestation au lendemain de l’annu-lation de la hausse des frais de scolarité.

Ça donne l’impression d’avoir raison aux nombreuses personnes dont l’argument est que les étudiants ne sont jamais contents».

Charlotte Fortin, étudiante en Droit, elle aussi à Laval, ajoute que «bien que je comprenne que la gratuité scolaire puis-se être un idéal dans une société, je crois que c’est irréaliste de penser l’imposer ici à moins d’un changement radical des mentalités. Un pourcentage trop impor-tant de la population […] est réfractaire à l’idée». Elle précise cependant qu’elle ne condamne pas la manifestation car elle croit «que les gens peuvent et doi-vent aller manifester lorsqu’ils croient en quelque chose».

Finalement, certains critiquent ou-vertement la CLASSE en raison de «son acharnement à toujours désirer plus, [ce qui] lui fait malheureusement perdre de la crédibilité». Grégoire St-Martin, étu-diant en sciences naturelles au Cégep Garneau, me dit qu’«après avoir atteint leur objectif, ils se relancent dans une tentative de relancer le mouvement so-cial, même si la majorité des gens qui marchaient contre cette hausse tous les soirs sont satisfaits de la conclusion de cette crise sociale». Il ajoute toutefois qu’il «espère que la manifestation […] réunira assez de personnes, puisque la gratuité [scolaire], malgré [être un] concept parfois dur à avaler et avec cette coalition étudiante controversée qui la défend, est un concept intéressant qui serait le paroxysme de l’égalité sociale pour certains».x

Crédit photo:Lindsay P.Cameron

Mathilde MichaudLe Délit

Repenser le stationnement, «changer de point de vue», réinventer l’espace urbain.

Voilà la mission que se sont lancés les participants du   «Park(ing) Day», vendredi le 21 septembre dernier.

Né à San Francisco en 2005, l’événement qui se répète toujours à la même date a pris une ampleur mondiale au fil des ans pour finalement atterrir à Montréal la semaine dernière. L’année dernière, le collectif de recherche en aménagement paysager et agriculture urbaine durable de l’UQAM (CRAPAUD) s’était approprié un espace de stationnement dans le cadre de cette journée, mais pour d’autres organisations comme le CRE-Montréal, c’était leur première expérience. Les occupations se sont ainsi multipliées cette année. Selon Mathieu Boyd, étudiant à la maîtrise en sciences de l’environnement et participant à l’édition 2012 avec quelques membres du CRAPAUD, cette journée du stationnement est une occasion de démontrer combien la voiture occupe un espace important qui

pourrait être utilisé à d’autres fins plus intéressantes pour les piétons et usagers de la métropole.

Colorer la villeComme l’explique M. Boyd, la visée

initiale de cet événement était d’occuper des places de stationnement dans la ville et de les transformer en parc, le temps d’une journée. En pratique, les participants sortent largement de ce cadre. Kiosques de légumes du Québec, bibliothèques suspendues, musique, stationnement à pigeons, piscine gonflable, diffusion de courts-métrages; l’imagination était au rendez-vous. La plupart des places invitaient les passants au cœur de l’action, comme cet espace où était disposée une échelle qui permettait aux curieux d’y monter et de se munir de jumelles qui s’y trouvaient afin d’observer la rue en changeant de perspective. L’interaction des piétons et leur agglutination autour de ces lieux éphémères créaient un climat convivial et agréable dans les rues du centre-ville. Ce genre de réappropriation des endroits publics favorise les échanges sociaux et influence la représentation que les citoyens se font de la ville.

Résistance à MontréalÀ San Francisco, il suffit de payer sa

place de stationnement pour avoir le droit de l’utiliser comme bon nous semble. À Montréal, une moins grande ouverture prévaut. Comme le rapportait Le Devoir le 7 septembre, le CRE-Montréal n’a pas eu le feu vert des policiers et des responsables des stationnements pour mener son projet et un compromis a été nécessaire. Le règlement veut plutôt que ces espaces servent seulement à leur fonction première, soit accueillir une automobile. L’événement s’est tout de même déroulé sans problème.

Mathieu Boyd commentait également le changement d’organisation de la journée «En ville sans ma voiture» qui coïncidait avec le «Park(ing) Day». La fermeture habituelle d’une partie de la rue Ste-Catherine n’a pas eu lieu et les activités de cette journée thématique se sont plutôt déroulées dans le Vieux-Port. Comme cette partie de la ville est davantage fréquentée par des touristes que par des résidents, M. Boyd considère qu’un tel choix diminue l’impact qu’est censé avoir un tel événement en n’ayant pas directement touché les automobilistes et les piétons.

Pour le «Park(ing) Day» Montréal, on

peut toutefois dire que ce fut une réussite avec sa trentaine d’espaces occupés un peu partout en ville. D’ici le 21 septembre 2013, les organismes ont bien du temps pour concocter de nouveaux concepts qui coloreront à nouveau les espaces gris de stationnement de la métropole. x

(Park)ing DayMontréal, ou comment la créativité chasse la voiture

MONTRÉAL

Alexandra NadeauLe Délit

Crédit photo: Zoe Carlton

x le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com8

Cet été, comme tant d’autres étu-diants, Samantha Romini prenait le métro pour aller au travail «Il

devait faire 32 degrés Celsius dans les wagons ce jour-là», me dit-elle. «Il était onze heures et demi du matin et j’étais sur la ligne orange»; c’est-à-dire la ligne au plus grand nombre d’arrêts, qui relie Montmorency à Côte-Vertu . «J’étais assise à côté d’une femme enceinte et d’un garçon - devant nous dans le siège opposé, il y avait un grand gars, qui ne faisait que jeter des coups d’œil autour de lui. En arrivant à la station Villa-Maria on a entendu un grand bruit, comme un tir de pistolet, et, durant le choc qui a suivi, le type s’est emparé du téléphone du garçon, a bousculé plusieurs passagers et est sorti en cou-rant. Au début, tout le monde regardait autour pour voir si quelqu’un s’était fait agressé, mais, une fois les portes fermées, le brouhaha a commencé. Je n’aurais pas vraiment paniqué, mais la dame enceinte qui était assise à côté de moi est tombée dans les pommes!», me raconte Samantha en riant. Elle finit son histoire en me racontant comment une passagère avait ensuite actionné le frein d’urgence en pensant que la dame enceinte accouchait.

Un crime rapide et facile donc, en augmentation, car il est difficile de re-trouver un téléphone volé ou d’attraper les malfrats. Heureusement, quand il y a action, il y a réaction, et ce type de crime ne passe pas inaperçu au Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM).

Ce que le SPVM dit...Le SPVM a quelques petites recom-

mandations pour éviter les problèmes: ne pas écouter de la musique très fort (cela pourrait vous empêcher d’entendre un danger quelconque), ne pas jouer à des jeux sur votre téléphone (cela met votre téléphone bien en évidence, tout en captivant complètement votre atten-tion) et une petite ruse du SPVM serait de faire graver votre numéro de permis de conduire sur votre téléphone, pour qu’on puisse vous retrouver si jamais votre téléphone se trouvait en vente sur Internet.

Si cela vous arrive, et que vous ne pensez pas devoir appeler la police, la Société de Transport de Montréal (STM) vous demande soit de vous déplacer au centre de la STM situé à la station Berri-UQAM 48 heures après l’événement, ou de communiquer au 514 STM-INFO (514  786-4636). En cas de vol, tirer le frein d’arrêt ne fera que ralentir le reste des passagers ou créera une panique qui

pourrait aider le coupable. Si vous sou-haitez communiquer avec un agent de la STM immédiatement après l’incident, un téléphone rouge se trouve à votre disposition dans la plupart des wagons.

Le SPVM s’occupe de surveiller les quais du métro depuis juin 2007 pour décourager ou attraper n’importe quel mécréant. Des patrouilles en couple, de nouvelles caméras et maintenant de nouveaux wagons avec des systèmes de sécurité servent à rassurer les passagers. D’ailleurs, mis à part le vol d’appareils électroniques et le graffiti, le reste des crimes dans le métro sont de moins en moins fréquents.

La verte la plus dangereuse Le SPVM ne diffuse que très peu

d’informations et de statistiques sur les lieux les plus courants où les crimes sont commis. Une étude a été publiée sur le crime dans le métro en 2010. Cette étude nous apprend que la ligne la plus dangereuse serait la ligne verte (541 crimes par année), suivie de près par la ligne jaune (429), ensuite vient la ligne orange (395) et en dernier la ligne bleue (90). Petit problème pour ce qui est de l’exactitude de ces résultats: le taux pour la ligne jaune comprend le nombre de crimes des stations qui servent plusieurs lignes donc les arrêts les plus fréquen-tés, comme Berri-UQAM. Il ne faut tout de même pas négliger le nombre de fes-tivals, La Ronde, les attractions de l’Ile Sainte-Hélène ainsi que la sortie de l’île de Montréal, auxquels la ligne donne accès et qui lui donneraient néanmoins un taux de crimes plutôt élevé pour une si petite ligne de métro.

La sécurité d’abord!Que les étudiants vivent à Solin Hall,

Atwater, le Plateau, Westmount, Lachine ou même Laval, un grand nombre d’entre eux prennent le métro ou l’autobus jour et nuit pour arriver à McGill. Pour celles qui se retrouvent à prendre l’autobus

tard, le SPVM vous propose d’utiliser le service «Entre deux arrêts», qui vous permet de demander au conducteur d’autobus de vous arrêter à l’endroit qui vous convient le mieux sur la route de l’autobus. Disponible à partir de 19h 30,

ce service est proposée uniquement aux femmes. Myriam témoigne: « Je me sens plus en sécurité depuis que je sais que je peux descendre quand je veux, ça ras-sure». De plus, McGill offre son service Walksafe, qui peut vous être utile tard le

Simon Albert-LebrunLe Délit

Statistiques :

Nombre de passagers en métro et en autobus par jour :

- 2,524,500 (en moyenne en 2011)

- 1,403,700 par bus- 1,111,700 par métro- 9,200 par para-transit

Environ 7 milliards d’individus ont pris le métro montréalais depuis son ouverture en 1966, soit eviron l’équiva-lent de la population mondiale.

[email protected]

Société

Criminalité souterraine

9Société

Crédit photo: Matthieu Santerre

Quelques infos...

- Le sabot de frein est fait à base de cacahuètes et de bouleau jaune, ce qui donne une odeur de maïs soufflé quand la locomotive freine fort.

- Il est planifié qu’en 2025 tous les autobus auront dejà des moteurs électriques.

- Les Montréalais utilisent le transport public pour environ 13% du voyage en ville.

De nouveaux wagons pour 2014... qui faciliteront les courses pursuites?

Les nouveaux wagons de métro ont été exposés au centre-ville le vendredi et samedi de la semaine dernière. Dans une ambiance festive, la STM a présenté ses nouveau-nés, attendus en 2014.

Témoignage de Karel Asha, une montréalaise qui s’est rendue sur les lieux de l’exposition:

«J’ai de grands espoirs pour le système de ventilation, qui ne peux qu’être mieux que celui que l’on a présentement. Par contre, je ne comprends pas pourquoi ils s’obstinent à mettre des sièges perpendiculaires au sens de la marche, vu qu’ils ne sont pas utilisés dans les systèmes de métro à très forte affluence en Asie. Je ne suis pas sûre d’apprécier le fait que l’on puisse passer de voiture et voiture: certainement pratique pour se rapprocher de la sortie désirée, mais comment faire pour échapper aux mecs louches et aux ivrognes du dimanche? À part ça, je suis ravie que les portes soient plus larges pour que les fauteuils roulants puissent avoir accès au transport, mais, malheureusement, la grande majorité des stations leur sont encore inaccessibles.»

soir, que vous ayez beaucoup à parcou-rir ou que vous ayez besoin d’aide pour y parvenir, ces bénévoles se proposent pour vous accompagner jusqu’à votre destination dès la réception de votre ap-pel, qui vous localise.

Vivre à Solin...La routine matinale des étudiants

vivant dans la résidence de Solin Hall est bien différente de celle des habitants des autres résidences universitaires. Une courte marche jusqu’à Lionel-Groulx,

puis le métro, ligne verte, jusqu’à la sta-tion McGill et une arrivée sur le campus - le tout en un peu plus de dix minutes. Même si le temps de transport est très réduit et que McGill fait tout pour éviter les problèmes, les accidents nocturnes pour les froshies sont communs.

Ian, un responsable d’étage a Solin Hall nous explique : «On a eu 2 incidents depuis le début de l’année. Ce sont des cas indépendants et qui n’ont rien à voir avec McGill. Pour ma part je pense que le métro est sûr. Ce que je dis aux jeunes de mon pallier c’est de ne pas rentrer le soir seul, mais ça, c’est vrai partout. Quand on est tout seul, on est une cible parfaite. On travaille sur la prévention, pour que cela ne recommence plus. Mis personnellement, je n’ai jamais eu de mauvaises expériences.

Cette année on est en communi-cation avec WalkSafe. En effet, ils sont basés sur le campus et donc c’est dur pour nos étudiants de bénéficier de leur service. Vu qu’il leur faut 30 minutes pour arriver, le plus souvent les étu-diants sont déjà rentrés. En ayant une base à St-Henri, leurs services seraient plus rapides. Ça commencerait cette année. J’ai hâte que ça soit mis en place parce que c’est mon boulot de faire en sorte que chaque jeune se sente confor-table aux alentours de la résidence. C’est

vrai qu’il y a des logements à loyer réduit dans le voisinage, mais c’est surveillé, donc, même s’il reste quelques endroits à risque dans les alentours, je pense que ça s’améliore ».

Walksafe et l’arrêt MégillWalkSafe fait donc de son mieux

pour aider les étudiants, et les bénévoles se débrouillent bien, vu les difficultés d’organiser ce genre d’organisation bé-névole. «Nous avons environ soixante bénévoles, et nous recrutons d’autres accompagnateurs petit à petit. Quelques nuits, nous sommes à pleine capacité pour le nombre de bénévoles que nous avons, d’autres soirs, nous recevons très peu d’appels», nous explique un respon-sable de WalkSafe. Pour ce qui est de Solin Hall, le plan serait d’organiser une équipe permanente qui ferait des allés- retours entre la résidence et la station de métro.

Le problème ne concerne pas seu-lement les étudiants - le métro est très utilisé à Montréal: en 2010, on estime à 296.3 millions le nombre d’utilisateurs du métro (sans compter les transferts), et, depuis sa création sept milliards d’individus auraient pris le métro de Montréal (environ la population hu-maine de la terre !).

Les crimes d’agression sont à la baisse tandis que les graffitis et les pick-pockets sont à la hausse. Par conséquent, si vous faites attention de ne pas vous mettre à la disposition des voleurs, votre seule inquiétude sera de faire attention à la peinture qui recouvre fraîchement les graffitis - et peut-être de prier pour éviter une interruption de service avant l’arrêt Mégill. x

«Les crimes d’agression sont à la baisse mais les pickpockets fleurissent.»

Crédit photo: Tomasz Pietryszek

10 Société x le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com

Nous assistoNsprésentement à une vague de violence provoquée par le film L’innocence des musulmans. Elle ne touche pas que le monde arabe. Des protestations ont eu lieu de-vant l’ambassade américaine dans

de nombreux pays occidentaux. Alors que les manifestations

s’organisaient au Caire, l’ambas-sade américaine en Égypte a cru bon de s’excuser auprès de ceux qui se sentaient offensés par l’obs-cure vidéo. Elle y a condamné les individus mal intentionnés qui s’en prenaient aux sentiments reli-gieux des musulmans ainsi qu’à ceux qui s’en prenaient à toutes les religions. Elle a conclu ce com-muniqué en dénonçant ceux qui «abusent» du droit universel à la liberté d’expression.

Christopher Stevens, ainsi que trois autres employés de l’ambas-sade américaine en Lybie, ont par la suite trouvé la mort aux mains des manifestants. La Maison Blanche s’est dissociée de ces pro-pos. Cependant, Barack Obama,

le lendemain de l’attaque, est vite retourné à ce message en pointant du doigt ceux qui dénigrent les croyances religieuses des autres. Ban-ki Moon, secrétaire général de l’ONU, a renchéri en déclarant que «si la liberté d’expression est un droit fondamental de l’être humain, elle ne doit pas faire l’objet d’abus».

Le 13 septembre dernier, deux jours après le début des troubles, le magazine satirique américain The Onion a publié une image des plus blasphé-matoires montrant différentes figures centrales de grandes reli-gions s’adonnant à une orgie de pratiques sexuelles excentriques. Comme le titre de l’article qu’elle coiffait le disait, personne n’a été assassiné à cause de cela. Lors de la cérémonie de clôture des Jeux

olympiques de Londres, on a pu entendre Eric Idle, du groupe Monty Python, chanter Always Look on the Bright Side of Life, une chanson destinée à se moquer du christianisme. Les spectateurs ap-plaudissaient et chantaient avec lui. Le Figaro a rappelé qu’en 2005 on pouvait aller visiter une expo-sition à la Bibliothèque nationale de France où on apercevait une caricature de Mahomet datant de 1141-1143. Aucune émeute n’a été déclenchée. Charlie Hebdo, lors de la publication de ses pre-mières caricatures de Mahomet, a vu ses locaux incendiés. Les Français se sont arrachés le maga-zine. Toujours irrévérencieuse, la publication a décidé de récidiver face aux événements récents et d’en publier de nouvelles. J’espère

que Ban-ki Moon ne s’est pas senti trop «abusé».

N’en déplaise au président Obama, les esprits libres ne s’ex-cusent pas d’offenser et de dé-ranger les croyances des autres. Au contraire, ils s’en réjouissent. Caricaturer, ridiculiser et se mo-quer de Mahomet n’est pas un acte de provocation. C’est un acte de bon sens et un signe que notre démocratie est bien vivante. Ce que nous devons dénoncer, ce n’est pas celui qui a produit le film L’innocence des musulmans. Ce sont ceux qui ont assassiné Christopher Stevens. Il n’y a au-cune responsabilité partagée dans ce qui se passe présentement. Les seuls coupables sont ceux dans la rue qui saccagent et qui tuent au nom d’un dieu. x

Aux ténèbres, l’Amérique reconnaissante, Partie IIJean-François Trudelle | Attention, chronique de droite

CHRONIQUE

Et alors, il Est où, CEt automne chaud qu’on nous avait promis? Je sais que ces pauvres météorologues s’en prennent déjà plein la figure, mais bon, il faudrait savoir tout de même. On a vu la pluie passer en une seule tempête et le froid venir s’incruster doux et ferme dans

la vie calme de ces paisibles Canadiens.

Il faut dire que le temps a bien plus d’effets sur nous qu’on ne le laisse croire et que le rapprochement entre les deux définitions du mot «temps» n’a rien d’une coïncidence.

Vous ne comprenez pas? Prenons un exemple alors: ces pauvres British bien sobres et froids sont forcés de toujours répondre «sale temps dehors, il pleut encore», ce qui, à longueur des journées, des mois et des années, les rend malheureux en permanence. Les Siciliens, par contre, ce peuple bienheureux, n’ont que du soleil à longueur d’année. Aucune surprise, donc, quand on les voit avec de grands sourires - ils répondent constamment «il fait magnifique

dehors, un temps parfait pour la sieste». Cette bonhomie solaire est allée jusqu’à infiltrer leur langue: en dialecte sicilien, les conjugaisons passées n’existent pas! Les Canadiens eux, ont le luxe bien heureux d’avoir toutes leurs saisons bien typiques: en été il fait une chaleur à faire baver un dromadaire, en automne, la douce brise décroche gentiment les feuilles écarlates, en hiver, la neige tombe avec une beauté cruelle qui nous donne la joie éphémère d’un chocolat chaud avant le déblayage rituel, au printemps, la neige fond, nous laissant des godasses trempées, des décisions difficiles entre pull ou manteau et des traces peu flatteuses sur le dos des cyclistes sans garde-boue.

Pas surprenant, donc, que les Canadiens soient l’exemple même de la politesse;  «quel temps fait-il?» (la question préférée des anti-silences) peut certainement être répondu de manière différente tous les jours et encore plus certainement à chaque saison. Toujours un début de conversation qui en mène à un autre: bavarde politesse qu’on sort à sa belle-mère (pour que l’interrogatoire cesse), à son impatiente maîtresse, ou avec le prêtre souriant en sortant de la messe. Le climat est un sujet qui s’innove tous les jours ici - et les Canadiens restent sans confrontation… Rares sont ceux qui ont déjà vu une conversation sur la météo tourner à une chicane

foudroyante.Tic toc, quel temps fait-il?

Froid, chaud, moche, beau, il faut bien que l’ombre existe, si ce n’est que pour témoigner de l’existence du soleil. Je me suis fait un serment solennel, je vous en recommande autant: si le temps qu’il fait vous intéresse, c’est que votre montre ne vous sert pas, alors peu importe qu’il pleuve, neige, vente ou grêle, appréciez la tempête et le mauvais temps maintenant, sinon demain il fera beau et vous vous plaindrez de la chaleur!

Je dis tout ceci en me rendant bien compte que c’est autant pour me rassurer que pour vous convaincre que tout ira bien, car, comme l’aurait dit notre cher Ned Stark, «l’hiver approche»! x

Tic toc, quel temps fait-il?Simon Albert-Lebrun | Jeux de maux

Coup dE toNNErrEdans les médias cette semaine: une étude française menée par le fameux et controversé Dr. Séralini établirait clairement l’existence de propriétés cancérigènes dans un

aliment génétiquement modifié: le maïs transgénique Monsanto NK603. Ce maïs est entré sur le marché canadien cet été, d’où la médiatisation à grande échelle de cette étude comprenant 100 rats nourris au maïs GM et exposés au pesticide RoudUp utilisé dans la culture de ce maïs et 100 rats témoins nourris au maïs de cultu-re traditionnelle. Ces rats sont d’ailleurs une espèce ayant une prédominance héréditaire à déve-lopper des tumeurs et c’est pour-quoi le groupe témoin a connu une incidence de 30% avec une alimentation dite naturelle. Chez le groupe test, c’est une incidence de 80% qui a été observée ce qui est tout de même considérable.

Le premier jour de la publication des conclusions de l’étude du Dr. Séralini, des scientifiques remettaient

en question la fiabilité de l’expérimentation et de son protocole. Que ce soit le trop petit échantillonnage, le fait que l’on ait utilisé qu’une seule race de rat, le fait qu’on ait conjugué OGM et pesticides ou encore que l’on ait nourrit exclusivement les rats de ce produit, sont toutes des raisons pour dévaluer ses conclusions alarmistes.

Les pro-OGM ont de quoi se mettre sous la dent. De nos jours, démontrer que l’autre a tort nous donne trop souvent raison. Nombreux sont ceux qui, dans les médias traditionnels, mais aussi sur Internet, ont questionné la publication de la conclusion seulement, plutôt que de l’étude entière dont le financement est également obscur. Bientôt, dit-on sur la toile, un documentaire paraîtra, puis un livre sera

publié. Serait-ce un coup de marketing propulsant la cause des anti-OGM pour des motifs monétaires?

La science se voulant une discipline d’exactitude, elle se retrouve entachée lorsque de telles études sont publiées. On perd l’aspect constructif, on ne sait plus qui croire. La science devient de la politique. Les médias s’en mêlent, nous montrant d’horribles petits rats couverts de tumeurs. D’ailleurs, Le Nouvel Observateur, un journal français, titrait   «Oui, les OGM sont des poisons!». Titre fallacieux et sensationnaliste.

Ce sur quoi nous pouvons par contre nous indigner collectivement, et ce, sans l’ombre d’un doute, c’est que les études exigées par Santé Canada avant de mettre le maïs Monsanto

sur le marché étaient tout aussi ridicules. Ce ne sont que 90 jours de la vie d’un groupe de rats qui ont été observés. Petit échantillonnage, pas de variété dans la nourriture; c’est désolant. On se dit alors que la protection de la santé publique doit passer par le consommateur, mais saviez-vous que 75% des produits transformés que nous pouvons acheter à l’épicerie contiennent des OGM? Bien sûr que non, l’étiquetage sur le génétiquement modifié est inexistant au Canada. On peut toujours demander au gouvernement Harper s’il veut bien se pencher là-dessus…

Ce qui nous reste à faire: regarder les étalages d’épis d’un regard suspicieux, des couteaux dans les yeux… puis de les faire bouillir, les beurrer et les saler avant de déguster! x

Sofia El Mouderrib | Science ça!

OGM: O Grand Maux, petits moyens

11Sociétéx le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com

Et si lE Canada rEstaitfidèle à lui-même?

Est-ce bête de souhai-ter qu’il renoue avec ses dites «valeurs canadiennes», jadis appréciées à l’international?

Voilà presque dix ans que notre feuille d’érable bifurque vers les rangs de l’isolation. Conservatisme, renfermement idéologique et fermeture me-naçante. Rien de moins. Je me

permets ainsi de stipuler que si la tendance se maintient, le Canada accumulera une grogne mondiale irrévocable.

Vous l’avez certainement entendu, le Canada a fermé son ambassade en Iran. Beaucoup d’encre a coulé face à cette nou-velle – qui transpire la crise diplomatique – mais qui ne m’étonne guère. Cette décision du gouvernement Harper suit naturellement la trajectoire ca-nadienne des dernières années: perte du siège au Conseil de sé-curité de l’ONU – l’indifférence du gouvernement à cet égard est d’autant plus déplorable –, par-ticipation majeure dans l’offen-sive de l’OTAN en Libye, retrait du protocole de Kyoto, retrait de l’Organisation mondiale du tou-risme, et la liste continue encore et encore.

Certes, le gouvernement sait se défendre adéquatement. Jamais nous ne supporterons les dictateurs! Devenue une «menace considérable», nous devons couper tout contact avec Téhéran!

Alors là, quelle rhétorique. Chapeau.

Chroniqueur au Globe and Mail, Margaret Wente s’enchante de cette décision. Soulignant la force morale du gouvernement Harper, elle ren-chérit en suggérant que d’autres suivront l’exemple de notre na-tion et, qu’ainsi, nous parvien-drons à modifier le comporte-ment de l’Iran. Amen.

C’est joli tout ça. Mais je crois qu’il est temps de mettre les contes de Disney de côté, Madame Wente. Vous ne croyez ni au dialogue ni à la diploma-tie? Vous pensez réellement qu’une coupure radicale idéolo-gique, et c’est peu dire, servira à stabiliser le monde internatio-nal?

Vous prêtez au Canada une autorité qu’il ne détient mal-heureusement plus. Car j’ai pour mon dire que le message envoyé par cette fermeture di-plomatique est contraire à votre univers utopique: le Canada, voulant raffermir ses relations avec Washington et Tel-Aviv,

envisage de boucler sa méta-morphose d’état protecteur de la paix en nation-proactive-qui-doit-contribuer-aux-missions-militaires.

À votre grand étonnement, Mme Wente, dans une perspec-tive internationale, notre plus grand atout a longtemps été notre dite diplomatie. Vous vous souvenez de Lester B. Pearson, le père des missions de paix? Ah! Et puis quelle coïncidence: l’édi-fice dans lequel siège le minis-tère des Affaires étrangères et du Commerce international porte son nom. Cependant, comme l’habit ne fait pas le moine, on se met le pied dans la bouche lorsqu’on prétend se considérer diplomate et humanitaire encore aujourd’hui.

À proprement parler, les valeurs canadiennes sont devenues des valeurs conservatrices qui dirigent le pays avec l’appui d’environ seu-lement 40% de la population. L’affirmation suivante peut pa-raître apocalyptique, mais notre démocratie canadienne peut

bientôt s’échouer sur un îlot d’autoritarisme. Pendant que le Canada se permet de critiquer l’Iran et d’ainsi tenter de «ma-nipuler» ses politiques, il ignore l’opposition canadienne – par le fait même, il omet de représen-ter les 60% qui ne lui ont pas accordé de vote.

Cela dit, voici un fait inté-ressant à surveiller: de récents sondages Ipsos Reid illustrent que la population canadienne penche davantage vers des va-leurs progressistes depuis que les Conservateurs ont pris le pouvoir. Autrement dit, les dé-cisions du gouvernement vont à l’encontre de la majorité cana-dienne. Rien n’est donc gagné d’avance pour les élections de 2015.

À une certaine époque, le Canada était reconnu comme étant le pays le plus démocratique au monde. À une certaine époque, la fierté canadienne impliquait une volonté sincère d’apporter la paix dans le monde. Aujourd’hui, notre pays est induit d’hypocrisie. x

Hypocrisie canadienneAlexie Labelle | Court-circuit politique

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Détails et inscriptions : www.delitfrancais.com/nouveaucinema

10 > 21 OCT. 2012

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CHRONIQUE

12 Arts & Culture x le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com

Pour qui ne le connaît pas, le festival POP Montréal peut s’avérer surpre-nant. Depuis 2002, l’événement, qui

se considère comme un festival culturel au sens large, s’est agrandi pour inclure des représentants des scènes musicales locale et internationale, des expositions et ventes d’œuvres d’art, des projections de films et bien plus. Cette année, plus de 600 artistes de divers genres ont performé dans plus de cin-quante lieux, pour la plupart près du Plateau. Ce festival mélange tous genres et styles de performance: d’artistes locaux à des groupes internationaux, des activités pour enfants à des spectacles pour adultes, tout en gardant un air distinctement montréalais.

Le festival proposait deux événements à l’image de la ville dans les soirées «Let Artists Meat»: six groupes, de la bière et de la viande fumée (courtoisie de Schwartz’s). La première soirée, mercredi le 19, était bercée par la voix apaisante de Mélanie Boulay, la musique animée de Keith Kouna et le rythme hypnotique de VioleTT Pi. La prochaine soirée nous invitait aux sons

doux et sexy de MAK, la musique légère et exaltante de Fm Hi-Low et les rythmes de fusion de Coyote Bill. Vendredi soir, après le travail, il était possible de tomber sur les spectacles «Audio Blood in the Park» en rentrant chez soi. Vendredi et samedi, dans un petit parc a côté de l’UQAM, plus d’une douzaine de formations musicales expo-saient leurs talents. De Halifax à Montréal,

«Audio Blood» a présenté une grande varié-té d’artistes, comme Isle of Pine et Adrian Hill, des étudiants de McGill. Il y avait notamment des activités interactives sur le trottoir, qui donnaient à l’événement un air amusant. Un poète à l’esprit créatif, Ryan Ashley, était assis sur un tabouret avec une machine à écrire et une pancarte qui disait «poèmes à vendre». Il écrivait des poèmes sur le sujet de votre choix.

Le mélange des genres de POP Montréal s’exprime aussi dans des concerts classiques. Dans une seule soirée, il était possible d’as-sister à plusieurs types de performances. Par exemple, la série gratuite «Converse» se retrouvait dans le petit sous-sol de l’église Mission Santa Cruz. Mercredi soir, les synths de Yacht Club étaient suivis par deux actes hip-hop, et finalement le maestro du new funk Dam-Funk. Le rappeur Mr. Muthafuckin’ eXquire était peut-être celui qui utilisait le mieux l’espace, grâce à des paroles abjectes et des beats intenses. Malgré les difficultés techniques au début de son set, Dam-Funk a transformé le lieu en quelque chose de com-plètement différent — une piste de danse des années 80, complétée par les solos de keytar.

Vendredi soir, le rappeur Lil B a fait impression au Club Soda avec son style based. Pendant près de deux heures, le MC Californien, célèbre pour ses centaines de chansons composées de slogans répétitifs («swag» et «woo» étant les plus populaires) et couplets absurdes, a interprété ses classiques. Ses réflexions entre les chansons étaient même plus mémorables que la musique; il s’est même excusé pour ses paroles vulgaires. Complètement seul sur scène, Lil B est arrivé sans instructions pour les lumières et sans DJ. Même si le spectacle n’était pas un modèle de professionnalisme, le based god a interagi avec le public, et a pris plusieurs photos avec les spectateurs après sa dernière chanson.

Le soir suivant, au Club Soda à nou-veau, Big K.R.I.T. a montré pourquoi il est souvent considéré comme la nouvelle étoile du southern rap. Un set hip-hop bien plus traditionnel que le soir précédent: à peu près

une heure de hits, interrompue par un mini-concert de DJ. K.R.I.T. Il y avait aussi une grande présence d‘artistes électroniques au festival. Avec sa voix éthérée et son beat puis-sant et électronique, Austra a capté l’attention de tout le monde avant même que le spectacle ait commencé. Originaire de Toronto, la jeune artiste a attiré une file d’attente de plus de cent mètres, presque jusqu’au coin de la rue. Un des plus grands spectacles du festival, Grimes, était complet une semaine avant l’événe-ment. La foule énergique dansait comme à un concert punk, même si sa musique est plutôt ambiante.

Enfin, un des concerts les plus attendus du festival, Grizzly Bear, a impressionné le pu-blic du Théâtre l’Olympia, captivé par des sons fuyants et complexes. Le groupe, qui a fait une pause avant d’enregistrer son nouvel album, Shields, a efficacement combiné ses chansons plus brumeuses avec les nouvelles chansons plus directes. Parfois il était difficile d’entendre tous les éléments de la musique, car il y avait plusieurs sons à la fois. Multi-instrumentiste, Chris Taylor en particulier semblait être tou-jours en train d’alterner entre la flûte, la cla-rinette et la basse. Leur grand succès «Two Weeks» et le plus vieux «Knife» étaient les titres préférés de la foule. L’éclairage de la scène par des lumières qui semblaient être des méduses ou des balises flottantes, accentuait l’atmosphère des compositions. La première partie, Unknown Mortal Orchesta, était excel-lente aussi, mais leur style plus simple de pop alternative était un peu incongru.

En tout cas, cette édition de POP Montréal était une bonne combinaison de performances locales et internationales. On sent que les organisateurs ont bien réfléchi à la façon dont on peut mélanger des styles musicaux différents. Il est impossible de dé-couvrir plus qu’une petite partie des nom-breux spectacles et installations, mais même en en voyant un ou deux, on peut découvrir une grande variété de styles. Il est important de noter que même si le festival est fini pour cette année, il y a des événements de POP toute l’année. x

Arts&[email protected]

Fusion musicaleLe festival POP Montréal est toujours à la hauteur de ses ambitions.

MUSIQUE

Sean LambLe Délit

Crédit photo: Lindsay P. Cameron

Crédit photo: Lindsay P. Cameron

Crédit photo: Lindsay P. Cameron

13Arts & Culturex le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com

Rue Saint-Pierre: étroite et cachée, car elle dévie un peu du bruit de Notre-Dame Ouest, comme

les centaines de petites rues du Vieux-Montréal, qu’on suit sans en trouver la fin, et qui semblent nous transporter un temps en arrière. Je pouvais entendre les sabots d’un cheval dans la distance. Je me suis bientôt trouvée au numéro 407, mais je l’ai presque dépassé. Je suis entrée dans le foyer; chic et minimaliste, fait de maté-riaux modernes comme l’inox, le verre et le béton. Plus une salle qu’un théâtre, les lumières étaient baissées, et les tables rondes et hautes donnaient l’air d’un café où on écoute de la poésie. J’ai commandé une bière et attendu le spectacle.

La salle s’est remplie très vite. Les gens plus âgés ont occupé les tables, et les hips-ters ont occupé le sol, mais on était tous là pour voir Lucky Dragons à Art POP de POP Montréal, un groupe de musique expérimentale basé à Los Angeles, connu pour combiner la musique et l’art visuel, et pour donner des concerts interactifs. Après une présentation très courte, les membres de Lucky Dragons sont montés à l’étage, et l’expérience a commencé.

Penchés face-à-face sur un système fait d’une boite de bois, deux ordinateurs, et un projecteur, étaient mari et femme. Ils étaient tous les deux grands et minces, aux cheveux très courts et portant des jeans et t-shirts. Ils se ressemblaient, comme l’image et le reflet. Sur l’écran derrière la mezzanine sont apparues des

lignes noires et blanches; les lignes fai-saient des mouvements pendant qu’un son grave et sourd faisait lentement un crescendo, et Luke Fischbeck a levé le micro et commencé à chanter. Les mots étaient difficiles à comprendre, car ils battaient avec la basse. La musique a fait encore un crescendo, jusqu’à être presque insupportable, et la voix de Sarah Rara a fait son entrée.

Elle s’est tournée face à l’audience, mais est restée assise. Il était évident qu’à ce concert, on ne devait pas se concen-trer sur les gens à l’étage. Ils avaient placé des CD devant le projecteur, formant un arc-en-ciel sur les murs. Ils ont invité le public à participer, et distribué les CD à tout le monde. Les formes sur l’écran changeaient rapidement tandis que le rythme s’accélérait; le dessin de lignes s’est transformé en diamants, et puis en carrés. J’étais transportée de la réalité à une expérience psychédélique. Le chevau-chement des sons, le mouvement constant des images, les arcs-en-ciel, et la réverbé-ration du son, tous ensemble étaient acca-blants aux sens. À la fin, la musique s’est arrêtée, les images sur l’écran se sont éva-nouies, et les lumières se sont allumées. J’avais oublié où j’étais.

J’ai approché Sarah pour lui deman-der quel aspect de son art elle aime le plus. Elle m’a dit qu’elle aimait l’interactivité des concerts, parce qu’il n’y a plus de ten-sion entre les artistes et les spectateurs. J’ai demandé pourquoi Lucky Dragons voulait créer cette expérience pour leur public, et quelle philosophie soutient leur art. Elle m’a dit que les images noires et blanches sont créées par deux transpa-rents rayés qui se chevauchent, et qui créent les ondes acoustiques, alors ce qu’on voit sur l’écran est une image de ce qu’on entend. Quand les transparents font un dessin de diamants, ils reflètent des ondes acoustiques triangulaires. Elle a ajouté que le visuel rend l’expérience au-ditive plus simple parce que les sons sont complexes, et le visuel donne quelque chose sur quoi on peut se concentrer. Regarder et écouter, elle a dit, sont des façons de participer à l’expérience.

Si je participais à l’expérience, je ne m’en souviens pas. J’étais trop captivée par ce qui se passait autour de moi. Mais l’art est comme ça. C’est quelque chose qui semble fixe, mais qui vit, et les gens ont besoin de la stimulation pour avoir un effet. Comme Sarah me l’a dit, «on fait l’art ensemble». x

Lucky DragonsLes deux côtés de l’expérience, en marge du festival

Musique

Alexandra Appino-TaboneLe Délit

Gracieuseté du Centre PHI

En haut: Dam FunkÀ Gauche: Adrian HillEn Bas: Mr. Motherfuckin’ eXquirePage 12 en bas: AustraPage 12 centre: Fm Hi-Low

Crédit photo: Lindsay P. Cameron

Crédit photo: Lindsay P. CameronCrédit photo: Lindsay P. Cameron

14 Arts & Culture x le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com

Un livre sur les femmes, par des femmes, pour les femmes et pour

tous ceux qui croient en elles. Tel semble être le mot d’ordre de Féminismes Électriques, la der-nière publication de La Centrale (Galerie Powerhouse), ce collectif d’artistes féminins et féministes. Le livre se présente comme un recueil multiforme: la première partie comporte une série d’essais réfléchissant sur les enjeux du fé-minisme moderne, la seconde par-tie est un texte d’invention créatif et le livre se clôt sur plusieurs dia-logues entre les auteures du livre et certains artistes majeurs ayant marqué La Centrale pendant la dernière décennie, comme Chris Kraus, ce réalisateur impliqué dans les combats des femmes. Bilingue, —on trouve des textes à la fois en français et en anglais,— et grandement illustrée, cette pu-blication variée est agréable à lire. Le livre se veut une «réflexion sur la dernière décennie de pro-duction artistique des femmes et notamment des féministes», comme on peut le lire dès l’in-troduction. Il faut en effet rap-peler que la galerie La Centrale se présente comme la galerie pionnière de l’art féministe au Québec. Fondée en 1973 par trois

membres des Flaming Apron, la galerie, située sur le boulevard St-Laurent, n’a eu de cesse de pro-mouvoir les arts féministes, qu’il s’agisse de peinture, de musique, de dessin, ou même des arts de la performance. Les collaboratrices de la publication sont des mem-bres impliquées de La Centrale et les deux jeunes dirigeantes du livre, Leila Pourtavaf et Roxanne Arsenault, soutiennent corps et âme la mission du lieu. «La Centrale est véritablement le lieu d’une hyperactivité positive»,

remarque Roxanne Arsenault, évoquant les multiples possibi-lités créatrices qu’elle permet. En ce moment, on peut y voir l’exposition Drawings, où la jeune artiste Sofi Brazzeal exprime, par une série de dessins en noir et blanc, sa vision de la sexualité et de la sexualisation de la société contemporaine, et de la place qu’a la femme au sein de cette société du sexe. Violent et pro-vocant, quoiqu’un peu répétitif. Féminismes Électriques montre cer-tes très bien le lien entre la galerie

et l’évolution du féminisme et le rôle que le développement de l’art des femmes a joué dans un certain bouleversement du mouvement. Chose intéressante, le livre prend appui aussi bien sur le féminisme québécois, que sur le féminisme canadien et international, et s’in-téresse aux liens et aux différences qui peuvent exister.

Cependant, une question demeure: qu’est-ce vraiment que le féminisme en 2012? Comment se sentir et se revendiquer fémi-niste dans une société qui, après

les années 60 et 70, semble pen-ser que la libération de la femme est achevée, alors que des inégali-tés profondes demeurent? Même pendant la conférence de lance-ment de la nouvelle publication, les auteures semblaient avoir bien du mal à mettre en place une ligne de conduite claire. D’où, peut-être, ce titre au pluriel, qui évoque des Féminismes, et cette présentation multiforme: «Nous cherchons à regrouper les fémi-nismes et les féministes. Si tout le monde ne se bat pas pour la même chose, nous avons pour-tant toutes les mêmes convic-tions», dit ainsi Thérèse St-Gelais, une des contributrices, évo-quant entre autres le 6e Congrès de Recherches Internationales Féministes Francophones, qui a eu lieu du 29 août au 2 septem-bre à Lausanne, en Suisse, et qui s’est soldé par toute une série de conflits entre les différents mou-vements. Ainsi, si un trop grand flou demeure parfois et si le livre est plus un bilan qu’une véritable réflexion commentée des dernières années de l’art féministe, on reste frappé par l’implication des auteures, qui poussent chacune mais aussi chacun d’entre nous à repenser le féminisme et la place de la femme et de la féminité dans le monde actuel. x

Vendredi dernier s’est ouvert le Festival inter-national de la littérature

(FIL). Il s’agit d’un événement culturel qui, malgré son nom assez obscur et sérieux, a le mérite d’attirer toujours plus de curieux. Son objectif est le sui-vant: donner à vivre une expé-rience littéraire collective pour attiser le goût de la lecture. Pour cela, et depuis déjà dix-huit ans, le FIL propose une foule d’activi-tés en plein cœur du quartier des spectacles. Des spectacles litté-raires, des hommages littéraires, du cinéma littéraire, des balla-des littéraires… tout un joyeux cortège d’attractions diverses et variées se met en branle à notre plus grande joie dans le but de nous cultiver.

Parmi les événements les plus marquants, un titre se dé-marque d’emblée; la première représentation n’a même pas encore eu lieu qu’on le cite déjà

comme «l’événement de la ren-trée littéraire». Il s’agit du spec-tacle du célèbre acteur et comé-dien Jean-Louis Trintignant, Trois poètes libertaires du XXe siècle: Vian, Prévert, Desnos. Encensée par les critiques parisiennes, cette production met en scène les trois auteurs à travers des histoires que conte monsieur Trintignant depuis son fauteuil, accompagné par un accordéo-niste ainsi qu’un violoncelliste.

Sur une note beaucoup plus jazz, un autre spectacle mêlant littérature et musique nous est présenté par l’écrivaine Nancy Huston. Dans Le Mâle Entendu, l’auteure jouera sur scène une histoire écrite par ses trois mu-siciens. En prenant leur parole et en racontant leur expérience d’homme, elle mettra en pers-pective la situation de la femme contemporaine. Le passage de la musique aux mots ne peut être qu’intéressant.

Le FIL propose aussi des «Rendez-Vous Quotidiens»: chaque jour de la semaine, cer-

taines activités sont présentées dans des installations spatiales précises, ce qui donne un certain rythme événementiel au festival. Chacune de ces journées est ainsi l’objet d’un foisonnement d’évé-nements à caractère littéraire: apéros poétiques au Cabaret des Terrasses Saint-Sulpice; lectures publiques sur la Place Pasteur de l’UQAM; concerts, flashmob et ateliers en tous genres sur le par-terre du Quartier des spectacles.

Comme dans tout festival qui se respecte, le flâneur se voit contraint de faire des choix dans la programmation s’il veut finir par assister à un des multiples événements qui sont proposés. C’est donc d’abord dans l’indé-cision que j’ai commencé ma visite de l’installation éphémère Pause Lecture, située dans l’Espace Culturel Georges-Émile-Lapalme de la Place-des-Arts. Dans ce lieu de passage, le FIL propose une véritable pause aux passants, et les invite à prendre le temps de lire. Une quinzaine de chaises de toutes sortes (selle de vélo, chaise

pour bébé, siège de toilette…) sont disposées sur un large tapis vert et sont agrémentées, de ça, de là, de piles de livres. Les gens regardent l’attraction avec curiosité, certains s’arrêtent le temps d’un chapitre, et les enfants sont les plus enthou-siastes comme toujours. Pour ma part, il m’a fallu un superbe cha-pitre de L’Homme blanc de Perrine Leblanc ainsi qu’un hamac bien moelleux pour m’assoupir sans prendre garde! Après un réveil rapide et une courte réflexion, cette installation du FIL résonnait joyeusement dans ma tête avec le 7e droit imprescriptible du lecteur: «Le droit de lire n’importe où» (Daniel Pennac).

La suite de ma soirée au FIL s’est déroulée au parterre du Quartier des spectacles, pour assister à une superbe prestation de la Horde Musicale, un groupe a capella qui mettait Boris Vian à l’honneur.

Le seul regret que je peux émettre est celui de savoir que le festival a failli ne pas avoir lieu, faute de financement. Mais bon,

le débat sur la place de la culture dans la société du XXIe siècle me dépasse encore de quelques cen-timètres. C’est pourquoi je vous proposerai simplement d’aller vous écraser dans le hamac de l’installation Pause Lecture avec L’écume des jours de Boris Vian, à défaut de pouvoir assister au spec-tacle de Jean-Louis Trintignant qui est complet! x

Anne PouzarguesLe Délit

Crédit photo: Pierre Crépô

Crédit photo: Sean Lamb

Des femmes électriquesFéminisme Électrique, des artistes de La Centrale, une véritable exaltation de l’art de la femme et de la femme dans l’art.

FÉMINISME

Voyage au bout du filAvis aux lecteurs qui aiment et aimeront lire.

LITTÉRATURE

Joseph BojuLe Délit

15Arts & Culturex le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com

Evan Est rond. Evan Est seul. Evan est comme tout le monde. Il est simple, peut-être insignifiant. Il assiste à sa propre vie et trouve de la poésie dans l’ordinaire, se nourrit de la beau-té du monde. Dès le début du récit, Evan apparaît comme un personnage un peu pathétique, mais optimiste. Il tente d’ap-prendre à chanter à son canari. Mais, tel un mauvais augure, ce-lui-ci se contente de ronronne-ments  monotones qui semblent évoquer la routine, l’enferme-ment dans la grisaille insipide du quotidien.

Voulant prendre soin de son volatile, Evan le nourrit avec affection d’un ver de terre fraî-chement déterré dans le jardin.

Le lendemain matin, le pauvre homme découvre son ami ina-nimé dans sa cage. Le choc est rude, la dépression, immédiate. En quelques cases, la déchirure du deuil laisse place à une com-plète déchéance.

Mais, le canari sort de terre, ressuscite, et, ouvrant grand sa gueule pour en faire sortir le ver, offre, enfin, des profondeurs de son immortalité, un chant à son maître. Alors qu’Evan renaît sous une douce mélodie, un ami sonne à sa porte. Un ami? Un profi-teur égoïste, plutôt, mais Evan ne semble pas s’en soucier. Il le laisse démolir sa maison dans une suite rocambolesque d’aventures, tuer son oiseau, et, enfin, carrément, l’envoyer sur la lune pour lui louer la première maison lunaire.

Malgré toutes ces péripé-ties qui privent Evan de tout ce qu’il possède et aime, notre bon-homme tout rond ne dit rien. Car Evan n’est pas un être hors du commun, il n’est pas un héros. Il ne changera pas le monde et il ne s’opposera pas à celui qui le manipule. Il assiste à sa propre existence dans le silence, sans se plaindre, retrouvant le sourire ici et là, se contentant de ce que la vie, simplement, lui prête. Et si la vie n’est pas si belle, il n’en reste pas moins que même depuis la lune, Evan retombe toujours sur

ses pieds. À la première lecture, Evan,

Evans dégage une certaine tristesse: pauvre être que cet Evan qui se laisse vivre sans s’opposer à rien, soumis au monde! Pourtant, à force d’at-tention portée à la douceur du traitement visuel et narratif, l’optimisme reprend sa place bien méritée. Après tout, Evan, s’il n’est pas plus heureux qu’un autre, n’a pas non plus l’air mal-heureux. Il se sort de toutes ses aventures, pas plus sonné par sa chute de la lune que par la vie. On ne l’envie pas, mais on ne le plaint pas non plus, et on finit par se régaler pleinement de son existence burlesque et touchante.

Ce récit tout en lenteur s’ap-privoise ainsi au fil des pages et des lectures comme un appren-tissage de la simplicité. C’est une histoire en peu de mots, un récit sur la solitude et la passivité. Trois parties, trois temps pour pénétrer dans l’existence d’un personnage commun et poétique. Le dessin est simple et l’album a des allures années 50 plutôt charmantes. Profitons-en pour souligner l’ex-cellent travail de la maison d’édi-tion La Pastèque qui, fidèle à ses habitudes, a créé un bel objet littéraire dont on jouit avec un plaisir certain. x

Plongée poétique en trois temps

Annick Lavogiez | Déambullations

CHRONIQUE

votrE mèrE vous asûrement appris quand vous étiez jeunes qu’il y avait une façon de gagner au Monopoly. Qu’après avoir fait endurer la tempête, les moqueries et la banqueroute aux autres joueurs, les tumultes de la

déchéance sont suffisants à qui a perdu et dérisoire serait toute injure supplémentaire quand, déjà, vous avez apprivoisé la victoire. Or, on appelle mauvais gagnant celui qui se permet des débordements d’orgueil et, au Monopoly, c’est une chose im-pardonnable qui inciterait sans doute vos adversaires à y penser à deux fois avant de rejouer avec vous.

Je pense que la victoire que célèbre actuellement la jeu-nesse québécoise, la hausse des frais de scolarité annulée et sur laquelle on danse désormais, est une amère victoire et qu’il fau-drait y penser à deux fois avant de s’imaginer qu’on peut se mo-quer des coûts qu’elle aura en-trainés. Amère parce qu’elle aura couté beaucoup plus cher qu’on

le pense, sans vraiment parler d’argent. Dans l’immédiat, on aura sacrifié la rentrée univer-sitaire de plusieurs centaines de cégépiens, les opportunités de stages estivaux de centaines de bacheliers, des applications à la maîtrise ou au doctorat de centaines de gradués, des occa-sions d’études à l’étranger pour des centaines d’étudiants, des mois de salaire à des centaines d’universitaires qui auraient été nouvellement diplômés et j’en passe. Même si je suis de ceux qui ont manifesté, si je crois à une société plus juste et une éducation plus accessible, une partie de moi reconnait le prix de la victoire. S’il me semble que le mouvement étudiant mérite mes félicitations, un examen de conscience est aussi de mise

quand on met de l’avant des valeurs d’accessibilité à l’étude mais qu’on y porte atteinte, par la même occasion.

À long terme, je pense aussi que le conflit étudiant aura un écho bien sombre, car une cassure profonde est survenue entre la jeunesse et la classe politique. Le comportement de l’ancien premier ministre et de son équipe, leur volonté admise à demi mots de ne rien régler, de laisser le chaos s’emparer des rues de cette ville pour s’en faire du capital politique au nom d’une démocratie que celui-ci ne met pas en pratique a tôt fait d’en désabuser plus d’un.

Je pense qu’au nom de la démocratie, on peut bien des choses, mais on ne peut pas bru-taliser de cégépiennes. Je pense

qu’on ne peut pas en vouloir à un peuple, aussi coupable soit-il, éternellement. Mais on peut très bien se souvenir de la moquerie affirmée dont il a été la cible;, on se souvient longtemps d’un nom, d’un visage. C’est un prix que je n’étais pas prêt à payer, de voir ma confiance en un gouver-nement s’essouffler sèchement. De voir un peuple se sentir trahi par ceux qui se veulent ses dé-fenseurs. De penser qu’encore ici, qu’encore aujourd’hui, à la tête de cette nation, on puisse hériter de quelqu’un qui ne veut pas notre bien.

Et puisqu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, je pense que la jeunesse a rai-son d’être fière, mais ne doit pas s’imaginer qu’elle s’en sort in-demne, qu’elle n’a rien sacrifié. x

À propos de la victoireAlexandre Gauvreau | Perspectives

CHRONIQUE

Laurent Kling sort son premier album solo à La Pastèque: Evan, Evans, une plongée poétique au cœur d’une existence banale. Âmes sensibles, lisez!

Gracieuseté de Laurent Kling

Infographe recherché[email protected]

Visite virtuelle et domestiqueL’exposition Neverland présente le quotidien épuré d’une Québécoise en Allemagne.

FRANÇAIS FACILE

16 Arts & Culture x le délit · le mardi 25 septembre 2012 · delitfrancais.com

Un conte amoureux détraqué dans une forêt onirique, voilà ce que nous propose Étienne  Lepage

avec Robin et Marion, dans une réinter-prétation libre de la pièce du 13e siècle d’Adam de la Halle. L’auteur avait tou-jours eut l’envie d’y apporter sa vision propre et c’est avec cet esprit en tête qu’il s’est attelé à la table d’écriture. Pour sûr, l’exploit est réussi, car il démon-tre une belle maîtrise de la langue, des procédés littéraires et des jeux d’esprit. Jeux d’esprit, certes, du côté de Lepage, mais jeux d’amour, de hasard et d’inconscience chez ses personnages, ces quatre jeunes adolescents en proie au désir de la chair et des sens, bouscu-lés par leur propre légèreté. Ici, l’auteur

aborde sous nombre de situations comi-ques le thème de l’interchangeabilité des êtres dans un monde où les accidents guident beaucoup plus les hommes que leur rationalité propre. D’ailleurs, l’emploi successif de répétitions dans le texte, récitées par des personnages dif-férents, scelle la forme au contenu. Sur une note plus décevante, la construction de la pièce en un ensemble de courtes scènes ne permet pas d’atteindre le degré de nuance, de focalisation et d’introspec-tion auquel le spectateur aurait aimé être invité, mais sert bien la puissance quasi burlesque de l’œuvre. Bref, le spectateur rit, rit de l’absurdité des imbroglios, mais rit jaune, se reconnaissant peut-être un peu trop en ces têtes folles angoissées. La distribution, elle, n’entend pas à rire. Les acteurs dans la fleur de l’âge,

composés de Kim Despatis, Renaud Lacelle-Bourdon, Gabriel Lessard et Marilyn Perreault montrent qu’ils sa-vent allier l’énergie de la jeunesse à la sagesse des comédiens expérimentés. Ils livrent leur prestation d’une traite, d’un souffle, avec une étonnante compli-cité. La richesse de leur jeu dégage une grande intimité et illustre à quel point ils sont sur la même longueur d’onde. Cette constance dans le jeu des ac-teurs, cruciale lorsqu’on travaille avec un texte délicat, n’est pas étrangère à la présence de Catherine Vidal à la mise en scène. Si, aux premiers abords, elle laisse un peu perplexe par sa sim-plicité, cette dernière prend des erres d’aller en deuxième moitié de cette courte pièce. Les jeux d’ombre et de lumière, tout comme une plus impor-

tante interrelation entre les personnages et le décor, viendront élever le niveau de la prestation, engager le spectateur plus à fond dans cette cruelle aventure. Malgré une fin comique qui n’est pas propice à faire bondir le spectateur hors de son siège pour applaudir, debout, à deux mains, cette pièce a toutefois le mé-rite de nous suivre jusque dans la cham-bre à coucher où, comme une cire chau-de, elle pourra y laisser ses marques. x

Gacieuseté de Karine Cousineau communications

Johnathan Brosseau-RiouxLe Délit

Ou toi, ou l’autreRobin et Marion revisite l’idylle dans une pièce écrite et mise en scène par Catherine Vidal.

THÉÂTRE

La galerie virtuelle Cédez le passage met en scène les photographies de Krystel Bégin, qui vit à Berlin

depuis quelques années. Cependant, l’exposition Neverland est loin d’offrir un portrait classique de la capitale allemande. En observant les clichés de la photo-graphe, on se retrouve plutôt comme des voyeurs accidentels, le nez en plein dans son environnement domestique.

Les scènes d’intérieur qu’a choisies Krystel Bégin sont simples et d’un blanc éclatant. Une touche de couleur vient tou-tefois rehausser certaines photos, rendant les lieux plus humains. Ainsi, des fleurs d’un rose pâle ou la dorure d’un miroir contrastent de façon surprenante avec un environnement par ailleurs monochrome. Les gros plans utilisés par la photographe isolent les différentes parties de son quo-tidien, créant l’impression d’une soli-tude pour la personne derrière l’objectif. Pourtant, grâce à la luminosité toujours présente, parfois aveuglante, cette solitude se traduit par un sentiment de bien-être.

Deux portraits sereins confirment que la solitude illustrée par le matériel n’est pas synonyme de malaise. La suite des photo-graphies raconte plutôt les petits détails du quotidien de l’artiste.

Malgré le lien esthétique évident qui existe entre les photos de Krystel Bégin, l’expérience virtuelle n’est pas la même que celle qu’on peut vivre en voyant, en vrai, des œuvres photographiques. Lors d’une exposition dans le monde réel, on peut jouer avec la taille des images. Ainsi, les gros plans de la photographe auraient été plus impressionnants avec des pho-tos plus grandes. De plus, sur Internet, le spectateur est limité à l’observation des photos les unes après les autres; il est donc impossible d’avoir une vue d’en-semble sur l’exposition. Dans le cas de Neverland, cette possibilité aurait rendu l’exposition plus intéressante, tant le fil conducteur entre les clichés est essentiel à l’œuvre.

Néanmoins, le fait de vivre l’exposition en tête-à-tête avec son écran d’ordinateur a quelque chose d’étrangement familier avec le sujet même de Neverland. La plupart des photos de Krystel Bégin accentuent

la place du matériel dans le domestique. L’ordinateur et le monde virtuel auquel il permet d’accéder sont maintenant om-niprésents dans la sphère domestique. Toutefois, les photos sont aussi en oppo-sition avec l’objet par lequel on peut y accéder: on ne voit aucun appareil élec-tronique. De ce fait, les clichés semblent parfaitement silencieux, tant ils sont pri-vés du bruit qui remplit maintenant nos quotidiens: ronronnement de l’ordinateur, rugissement du réfrigérateur…

La galerie virtuelle Cédez le passage remplit sa mission: elle rend les projets de jeunes photographes plus accessibles. De plus, l’accès au site Internet est gratuit, ce qui a tout pour encourager un public plus large, et qui a un budget plus serré, à s’in-téresser à la photographie. Un autre des bienfaits d’Internet est qu’on peut vision-ner les expositions de cette galerie de par-tout à la fois, ce qui règle le problème de manquer une exposition seulement parce qu’elle n’est pas présentée dans notre ville. La galerie Cédez le passage et les ar-tistes qu’elle encourage participent donc à la diffusion de l’art photographique à l’échelle planétaire. x

Myriam LahmidiLe Délit

Exposition NeverlandOù: Galerie virtuelle Cédez le passage:

www.cedezlepassage.comQuand: Jusqu’au 15 octobre Combien: gratuit

Robin et MarionOù: Théâtre d’’aujourd’hui 3900 rue Saint-DenisQuand: du 25 septembre au 13 octobreCombien: 21,75 dollars

Vocabulaire:

Cliché: pictureÉclatant: dazzlingToutefois: neverthelessRehausser: enhanceDorure: giltGrâce à: thanks toAveuglante: blindingMalaise: uneasinessÉvident: obviousTaille: sizeAurait rendu: would have madeNéanmoins: nonethelessRemplir: fillSerré: tightBienfait: benefitManquer: missÉchelle: scale


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