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L’INVENTION DES CORPS
Lycée Jean Monnet,
Yzeure
Œuvres du Frac Auvergne
Du 26 novembre au 19 mars
Pistes pédagogiques
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Cycle 3
Donner un avis argumenté sur ce que représente ou exprime
une oeuvre d’art
Identifier des personnages mythologiques ou religieux
- Connaissance de mythes antiques et récits fondateurs,
notamment bibliques.
Cycle 4
Connaissances et compétences associées
» Associer une œuvre à une époque et une civilisation en
fonction d’éléments de langage artistique. » Amorcer, à l’aide
de ces éléments, un discours critique
Lycée
Champ scientifique et technique
Thématique « Arts, sciences et techniques »
Thématique « Arts, informations, communications »
Collège
Thématique « Arts, ruptures, continuités »
Champ anthropologique
Thématique « Arts, corps, expressions »
Champ esthétique
Thématique « Arts, goûts, esthétiques »
LYNCH David Laughing Woman – 2008 - lithographie, 30 ex./japon, ex. n°14/30 - 66 x 89 cm
La lithographie a été inventée à la fin du XVIIIème siècle, en Allemagne, et largement diffusée au siècle suivant en France notamment avec des images venant illustrer des récits de voyage. Elle supplantera également les gravures sur bois dans la production des « Images d'Épinal », grâce au procédé de la chromolithographie (communément appelé chromo). Elle permet la production d'images qui seront publiées dans la presse, comme les caricatures de Daumier dans le Charivari. On la retrouve dans la « réclame » et à la fin du XIXème siècle des artistes comme Toulouse-Lautrec par exemple s'en saisiront pour la création d'œuvres originales. Comparativement aux techniques de gravure que l'on acquiert qu'après un long
apprentissage, le succès de la lithographie tient à sa facilité d'exécution : l'artiste
peut dessiner sur la pierre comme il a l'habitude de le faire sur du papier, avec
relativement peu de contraintes techniques. Les pierres peuvent être réutilisées
après impression, moyennant un polissage.
Le principe d'impression est basé sur la capacité de cette pierre calcaire à retenir l'eau alors que l'encre utilisée pour le dessin est hydrophobe. Le tracé est exécuté directement sur la pierre, au moyen de crayons lithographiques, de plumes ou de pinceaux avec de l'encre lithographique que l'on peut étendre à la manière du lavis, ou en ayant recours à diverses techniques pour obtenir des matières particulières. On peut gratter certaines parties du dessin. On peut aussi procéder à un report d'un dessin par un calque ou un « papier report ». La pierre, une fois placée sur la presse, sera humidifiée, puis encrée, ainsi l'encre ne se fixera que sur les parties protégées c'est à dire aux endroits imprégnés du gras du dessin. Pour une impression en couleur, il faudra autant de pierres, et de passages dans la presse, que de couleurs. Les relations qui sont établies entre les œuvres de David Lynch et l'histoire des
arts sont assez nombreuses. Les principales sont Francis Bacon et Edward Hopper(voir l’exposition Lynch au FRAC en 2012). Il dit aussi avoir une grande
admiration pour l'œuvre de Munch, notamment Le Cri, mais aussi pour la gravure sur bois que pratiquait l'artiste norvégien. Ici c’est une forme d’auto-référenciation. Il fait allusion à la série Twin Peaks réalisée avec le scénariste mark Frost au début des années 90.
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Cycle 3
Dégager d’une œuvre d’art, par l’observation ou l’écoute, ses
principales caractéristiques techniques et formelles
Dégager d’une forme artistique des éléments de sens.
-Caractéristiques des familles de matériaux.
-Caractéristiques et spécificités des champs
artistiques et éléments de lexique correspondants.
Cycle 4
• distinguer des types d’expression artistique, avec leurs
particularités matérielles et formelles, leur rapport au temps
et à l’espace ; établir ainsi des liens et distinctions entre des
œuvres diverses, de même époque ou d’époques différentes,
d’aire culturelle commune ou différente ;
Lycée
1. CHAMP ANTHROPOLOGIQUE
Thématique , cultures »
* L’art et l’appartenance (corps, communautés, religions,
classes sociales, etc.), langages et expressions symboliques
2. CHAMP HISTORIQUE ET SOCIAL
Thématique « Arts, mémoires, témoignages, engagements »
Cette thématique in
la mémoire
de l’expérience humaine et acte de témoignage.
3. CHAMP SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE
Thématique « Arts, informations, communications »
* L’art, l’information et la communication : concepts (code,
émetteur, récepteur, rhétorique, sémiotique, effets, etc.)
Hocine ZAOURAR La Madone de Benthala -
23/09/1997 - Photographie couleur
- Epreuve gélatino-argentique - 50 x
60,2 cm - Collection CNAP
Les photographies peuvent être rangées par catégories : de presse, animalière, de mode, aérienne, famille etc… Elles sont nombreuses mais c’est bien
souvent quand elles se situent à la frontière, à la marge de l’une d’elle qu’elles peuvent basculer dans le
domaine artistique. Pour cette photographie de presse, l’ambivalence de notre regard s’en trouve
d’autant plus accru que l’image fait partie des
collections du CNAP (Centre National des Arts Plastiques). La Madone de Benthala est un peu bel exemple de ces images qui vont réveiller dans l’esprit du visiteur une multitude de références
artistiques puisées dans l’iconographie religieuse. Son titre
en atteste. Elle a été prise le 23 septembre 1997, au lendemain des massacres perpétrés par un groupe armé à Benthala, au sud d’Alger, et causant la mort de près de 400 personnes.
Réalisée à l’hôpital Zmirli à Alger, cette image, recadrée à
l’insu de son auteur, fera la une de près de 750 journaux le
lendemain. Cette femme au visage éploré exprime sa douleur et rencontre par là l’archétype de la Madone ou celui de
la piéta. On pensera tout particulièrement à celle de Michel Ange. L’artiste Pascal Convert se saisira de cette image pour
en faire une sculpture en cire. Il réalise également un film mettant en évidence nombre de questions que pose cette image. http://www.pascalconvert.fr/histoire/madone_de_Bentalha/madone_de_bentalha.html
Pascal Convert
Madone de Benthala, 2001-
2002, Cire polychrome,
220x250x40 cm, collection
Mudam Luxembourg.
MICHEL-ANGE (1475-1564)
Piéta - 1498 - Marbre - Rome,
Basilique Saint Pierre.
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Cycle 3
Dégager d’une œuvre d’art, par l’observation ou l’écoute, ses
principales caractéristiques techniques et formelles :
Identifier des matériaux, y compris sonores, et la manière dont l’artiste leur a donné forme. Mettre en relation des œuvres et objets mobiliers et des usages et modes de vie.
Cycle 4
4. État, société et modes de vie (XIIIe -XVIIIe s.)
» Évolution des sciences et techniques, évolutions des arts.
Lycée
2. Champ historique et social : « Arts, économie et
politique » ; « Arts et idéologies » ; « Arts,
mémoires, témoignages, engagements ».
Rachel LABASTIE Entraves – 2008 - 09-601(1à9) Installation, neuf chaînes, reproduisant des attaches destinées aux esclaves, fixées au mur à l'aide de clous, Porcelaine et acier manufacturé
Entraves, fers, chaînes, fouets et cravaches, éléments si nombreux de la vie quotidienne sous le système esclavagiste, sont ici repris dans cette œuvre de Rachel Labastie. La préciosité du
matériau utilisé ne saurait faire oublier la nature et la fonction des objets représentés ici. L’histoire de notre pays a été marquée par l’esclavagisme
aboli en 1848. Les villes portuaires telles que le Havre, Nantes ou Bordeaux doivent une partie de leur développement économique au commerce triangulaire. La Ville de Nantes a ouvert il y a peu un Mémorial de l’abolition de l’esclavage qui
prend en compte cette partie de l’histoire de
toute la région. On retrouve dans les arts décoratifs les traces de ce passé. Exemple ce « superbe saladier en faïence de Nevers polychrome montre à quel point l’esclavage était alors présent dans l’inspiration
des arts décoratifs, des objets de la vie quotidienne. Il résume en quatre terrasses le labeur lié à la production locale ». (dossier de l’exposition de 2008 : Traite négrière, esclavage, abolition : http://www.crdp.ac-creteil.fr/documentation/pdf/livretLight2.pdf )
Saladier aux esclaves 1785 -
Faïence de Nevers polychrome
- Diamètre : 34,5 cm - Musée
du Nouveau Monde, La
Rochelle
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Cycle 3
Décrire une œuvre en identifiant ses principales caractéristiques techniques et formelles a l’aide d’un lexique simple et adapte.
Cycle 4
» Utiliser un lexique simple mais adapté au domaine artistique
concerné, à sa forme et à son matériau, pour aboutir à la
description d’une œuvre dans sa globalité.
Lycée
2. CHAMP HISTORIQUE ET SOCIAL
Thématique « Arts, mémoires, témoignages, engagements »
* L’art et l’histoire : l’œuvre document historiographique,
preuve, narration
RAMÍREZ Enrique
Pacifico - 2014 - vidéo HD 60
images par seconde, couleur, muet
- 2mn 28 en boucle – Edition 2/5 ex
Cette vidéo qui montre le mouvement de la mer est une allusion directe à l’histoire du Chili. Ces images ont été tournées au nord du pays depuis les
falaises d'Antofagasta. "Quand on mange du poisson dans mon pays, on se demande toujours s’il n’est
pas nourri des corps qui ont été immergés. Cela peut paraître effrayant, mais c’est ainsi. Au Chili, la mer est aussi une mémoire", déclare-t-il, ajoutant que "la mer est le véritable tombeau du Chili."La mer est celle dans laquelle étaient précipités d’avion les prisonniers politiques bien souvent lestés de rails de chemin de fer. Cause des nombreuses disparitions, la junte militaire qui prend le pouvoir le 11 septembre 1973 le conservera jusqu’en 1989. La littérature a beaucoup rendu compte de ces exactions et encore aujourd’hui
comme par exemple dans le livre d’Hélène Grémillon La Garçonnière.
Document réalisé par Patrice Leray professeur correspondant culturel auprès du FRAC, permanence le mardi de 10h à 14h tel : 04 73 90 50 00 [email protected] Ensemble adoptons des gestes responsables : n'imprimez ce courriel que si nécessaire !
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L’INVENTION DES CORPS
Lycée Jean Monnet,
Yzeure
Œuvres du Frac Auvergne
Du 26 novembre au 19 mars
Pistes pédagogiques
2
Champ des questionnements plasticiens
Domaines de l’investigation et de la mise en œuvre des langages et des pratiques plastiques : outils, moyens, techniques, médiums, matériaux, notions au
service d’une création à visée artistique
Point générique du programme : La représentation, ses langages, moyens plastiques et enjeux artistiques
Œuvres
cycle 3 Cycle 4 seconde Cycle terminal option
Le orange renvoie à la terminale
Cycle terminal spécialité
Le orange renvoie à la terminale
» La ressemblance :
découverte, prise de
conscience et appropriation
de la valeur expressive de
l’écart dans la représentation.
L’autonomie du geste
graphique, pictural,
sculptural :
ses incidences sur la
représentation
Images, réalité et fiction
» La ressemblance :
- les images artistiques et
leur rapport à la fiction,
notamment
- la différence entre
ressemblance et
vraisemblance.
La ressemblance et ses codes
La représentation du corps :
pluralité des approches et
partis-pris artistiques,
incidences sur l’idée de
portrait…
La pratique artistique du
dessin : depuis des modalités
héritées de traditions
jusqu’aux approches
contemporaines Autonomie et extension du
dessin : affirmation ou mise à
distance du geste, de
l’instrument, de la trace,
usages de machines ou de
technologies
L’artiste dessinant – Outils
conventionnels, inventés,
détournés ; Extension du
dessin.
Relation du corps au dessin
AZIZ + CUCHER Anthony Aziz (1961 - ), Sammy Cucher (1958- )
Mike - 1994 - Cibachrome - 100 x 80 cm
C’est un travail réalisé en infographie. La modification de l’apparence donne le sens de l’image : un visage refermé sur lui-même, sans communication
possible avec autrui. L’infographie permet aux artistes de modifier l’image dans son apparence et donc très fortement dans son sens. Dans cette œuvre un
personnage du nom de Mike, à la fois commun et le rendant réel, apparaît dans une position évoquant le penseur de Rodin. Tous les orifices sont obstrués
par rajout d’épiderme. Ainsi tout ce qui nous permet de communiquer avec le monde extérieur, les cinq sens, se trouve comme enfermé vers sa propre
personne à l’image de la paume de sa main
Le duo d'artistes New Yorkais Anthony Aziz et Sammy Cucher réalise depuis le début des années 1990 des photographies retouchées par ordinateur dans
lesquelles est questionné le devenir de l’homme, et ce dans le contexte d’une reconfiguration identitaire facilitée par les nouvelles technologies. La série
Dystopia nous confronte à des visages dont les orifices sensoriels et communicationnels tels que la bouche ont disparu. Le nom de la série peut être
traduit comme l’antonyme du mot utopie. De ce portrait virtuel réalisé en infographie, il en découle un paradoxe étonnant : celui d’être un portrait sans
visage « La réalité virtuelle introduit une autre forme de dédoublement de l'homme et de son corps. En transformant le monde en information, la
cyberculture efface le corps, elle modélise la perception sensorielle, réduite le plus souvent à la vue, à la seule protubérance d'un regard fonctionnel. » écrit David Le Breton (in La
Photographie contemporaine, p87).
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David Lynch (1946- )
Laughing Woman - 2008 - lithographie, - 66 x 89 cm
La lithographie a été inventée à la fin du XVIIIème siècle, en Allemagne, et largement diffusée au siècle suivant en France notamment avec des
images venant illustrer des récits de voyage. Elle supplantera également les gravures sur bois dans la production des « Images d'Épinal », grâce au
procédé de la chromolithographie (communément appelé chromo). Comparativement aux techniques de gravure que l'on n’acquiert qu'après un
long apprentissage, le succès de la lithographie tient à sa facilité d'exécution : l'artiste peut dessiner sur la pierre comme il a l'habitude de le faire
sur du papier, avec relativement peu de contraintes techniques. Le travail de la lithographie trouve, dans les réalisations de David Lynch, son point
de départ dans des idées. Il insiste beaucoup sur ce point dans toutes ses prises de parole.
D'autre part ces images sont l'expression d'une relation au médium ainsi qu'au lieu dans lequel il travaille : « Les idées viennent de la combinaison de la pierre, du lieu, des gens et de cette
atmosphère. » déclare t-il (catalogue de l'exposition du FRAC 2012).
Ghada Amer (1963- )
Sans titre (femme salle de bain) - 1997 - Acrylique, broderie et gel médium sur toile - 91 x 122 cm
Gahda Amer est une artiste connue pour son travail de broderie. Ses œuvres, dont le FRAC possède deux exemplaires, renvoient à une pratique
essentiellement féminine. Les figurations renvoient souvent elles aussi à des activités qui sont traditionnellement dévolues aux femmes : soin des
enfants, courses, cuisine, repassage. « Elle se remémore ses rêves de gamine, de petite fille égyptienne fascinée par les histoires d’amour des
romans feuilletons, par les baisers hollywoodiens des films égyptiens, par les images du confort moderne ou par la convention des photos de
mariage, publiées par les amis dans la presse populaire. Tout se met en place autour de cette imagerie désuète, résolument hors mode, de
l’émancipation féminine » écrit Olivier Zahm (texte Désinvolture et l’air de rien, site unc.edu). « Si l’artiste puise dans cette iconographie
consumériste vaguement kitch, c’est qu’elle reste une construction opératoire, un mode d’identification qui informe encore largement l’identité féminine» rajoute Olivier Zahn (opus cité).
Les images ont toujours un rôle prépondérant dans ses œuvres même si le contenu entre en contradiction avec le mode d’expression. Empruntant à des langages littéraires ou visuels, elle
raconte des histoires d’amour, de séduction et de désir. ... Abordant à la fois des sujets tabous et des traditions culturelles appréciées, elle dénoue littéralement la distance qui sépare la vie
publique de la vie privée, les structurations intimes et externes, le grand art et l’artisanat, le récit et la figuration.
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Rachel Labastie (1978- )
Entraves - 2008 - Neuf chaînes, reproduisant des attaches destinées aux esclaves, fixées au mur à l’aide de clous, Porcelaine et acier manufacturé
182 x 380 x 18 cm, Dépôt du Centre national des arts plastiques
La notion d’écart est au cœur de cette œuvre de Rachel Labastie. Sa force expressive et poétique de ces œuvres émane des matériaux utilisés pour
leur fabrication. Ce sont ici des outils de supplice et de rétrogradation humaine qui se regardent perversement comme de délicats bijoux. La
représentation extrêmement fidèle des entraves en fer forgé, avec toutes les imperfections du métal modelé à chaud sous les coups du marteau,
donne toute la vraisemblance à l’objet. Il opère comme un leurre.
En abordant ce point du programme devant une œuvre telle que Entraves, on met en évidence le fait que l’espace de l’œuvre ne se réduit pas au seul dispositif de présentation. En effet par
sa référence explicite à tout un pan de l’histoire, l’œuvre convoque dans notre esprit une multitude d’images. (cf. histoire des arts). Le dispositif de présentation qui consiste à simplement
accrocher à des clous ces entraves participe de l’évocation. A la fois en attente d’une utilisation, les chaînes sont aussi là comme d’antiques reliques.
Document réalisé par Patrice Leray professeur correspondant culturel auprès du FRAC, permanence le mardi de 10h à 14h tel : 04 73 90 50 00 [email protected] Ensemble adoptons des gestes responsables : n'imprimez ce courriel que si nécessaire !
1
L’INVENTION DES CORPS
Lycée Jean Monnet,
Yzeure
Œuvres du Frac Auvergne
Du 26 novembre au 19 mars
Pistes pédagogique
2
Champ des questionnements plasticiens
Domaines de l’investigation et de la mise en œuvre des langages et des pratiques plastiques : outils, moyens, techniques, médiums, matériaux, notions au
service d’une création à visée artistique
Point générique du programme : La figuration et l’image, la non figuration
Œuvres
cycle 3 Cycle 4 seconde Cycle terminal option Le orange renvoie à la terminale
Cycle terminal spécialité
» La narration visuelle : La narration visuelle : - les compositions plastiques, en deux et en trois dimensions, à des fins de récit ou de témoignage.
» La narration visuelle : mouvement et temporalité suggérés ou réels,
Raconter en mobilisant
langages et moyens
plastiques Le temps et le mouvement de la figuration
Ø Mobiliser, citer,
recréer, détourner des
codes de l’image, de la
narration figurée ou de la
non-figuration
Dispositifs de la narration
figurée. Dialogues entre
narration figurée, temps,
mouvement et lieux
AZIZ + CUCHER Anthony Aziz (1961 - ), Sammy Cucher (1958- ) Mike - 1994 - Cibachrome - 100 x 80 cm “ La chirurgie esthétique fait actuellement son chemin. Ses plus fervents défenseurs imaginent l’avènement d’un âge d’or
dans lequel la laideur serait bannie et où tout le monde jouirait d’un visage de star. Evidemment les critiques fusent : quel sera donc le modèle de visage qui va s’imposer ? Comment allons-nous nous différencier les uns des autres ? La beauté étant par définition exceptionnelle, si tout le monde devient magnifique, plus personne ne le sera vraiment. [...] Les artistes Aziz + Cucher nous mettent en garde sur les dérives potentielles d’une telle dystopie. La sentence pourrait être en effet un enfermement à vie, aussi stupide que cela puisse paraître, dans une enveloppe de chair. Existera t-il des lieux, à l’abri des
regards, pour enfermer de telles créatures ? » écrit William A. Ewing à propos de ces deux artistes (Faire faces, le nouveau portrait photographique, Actes Sud 2006, p139). Dans ce travail il s’agit en effet d’intervenir sur le visage ou plus précisément
la face. C’est à dire ce qui s’offre au premier regard d’autrui, ce qui se voit d’abord, l’apparence. Dans ce rapport que la face entretient avec notre propre image et les canons de la beauté qui tentent de s’imposer comme
des modèles incontournables, la démarche d’Orlan est éloquente. C’est aussi via l’infographie
qu’elle se livre à ce qu’elle nomme le Self-hybridations dans lesquelles elle croise son image et les archétypes de différentes civilisations.
Orlan
Refiguration Self-hybridation, série indienne- américaine n3 Portrait peint de Wash-Ka6mon-Ya, Rapide Danseur, un guerrier, avecun portrait photographique d'Orlan 2005 photo.jpg
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David Lynch (1946- ) Laughing Woman - 2008 - lithographie, - 66 x 89 cm De part et d'autre de bien des lithographies des lignes verticales viennent border les images donnant l'illusion d'une scène de théâtre (cf fiche
histoire des arts). David Lynch n'aime pas les peintures « trop belles » : « Au lycée mes peintures étaient très mauvaises. Pas moches dans le bon
sens du terme – j'aime les peintures laides -, mais mauvaises dans le sens où je savais qu’elles n’étaient pas originales. » (Hors série les
inrockuptibles p10)
Dans toutes les lithographies de David Lynch le titre apparaît dans l'image. Cette écriture est maladroite mais essentielle à la lisibilité de l'œuvre.
« Sur la pierre apparaissent d'abord un paysage et enfin des personnages. Ce n'est qu'à la toute fin, une fois l'image apparue dans son
intégralité, que les lettres sont gravées. Toutefois c'est bien par l'apparition des caractères dans l'image que celle-ci devient pour la première fois
« lisible ». Ils font partie de l'image comme une calligraphie fait partie du paysage d'un lavis chinois ou japonais, et lui donnent alors un sens. » (Chihiro Minato catalogue de l'exposition
David Lynch Lithos 2007-2009). Ce travail lithographique se caractérise par la constante du noir et du blanc. Les alternances et toutes les variétés de nuances subtiles se développent sur la
surface du papier. Les figures semblent menacées d'engloutissement dans la nuit de l'encre. Cette menace est aussi celle qui plane sur nombre des personnages des films de David Lynch,
disparaissant dans la nuit.
La création dans le travail de David Lynch est basée sur les idées. Il lui en faut une comme point de départ et ensuite il entre en action. « Au début d’un projet, quel qu’il soit, je ne fais pas
de plan, mais il y a toujours ce phénomène d’action et de réaction, comme avec la peinture. L’idée qui vous permet de démarrer est importante, mais elle correspond très rarement au
résultat final. Ce processus d’action réaction vous entraîne plus loin que l’idée initiale » (DL Hors série de Inrockuptibles p6). Chacune de ces lithographies est autonome, « inspirée par les
idées ». « Il y a une petite histoire dans ma tête pour chaque lithographie. Parfois des personnages sont suggérés, alors naît une histoire et de cette histoire naît l'image fixe […] tout cela est
enrichit par les qualités organiques de la pierre, de l'encre et du procédé » dit-il (entretien avec Dominique Païni catalogue de l'exposition David Lynch Lithos 2007-2009).
Emilie Pitoiset (1980- ) Tainted love #3 - 2017 - Impression jet d'encre sur papier, 61x86cm - Ed. 1/3 Cette œuvre nouvellement acquise par le FRAC, faisant partie d’une série de trois, est une image imprimée à partir d’une image ancienne réalisée
dans les années 30 aux États-Unis. Elle relate une compétition de danse. Les marathons de danse sont apparus dans les années 20 et ont perduré
jusqu’en mars 1937 année de leur interdiction. Ils duraient des semaines entières et permettaient aux participants d’avoir l’assurance de repas.
Dans cette période de crise économique et de grande dépression cela devenait très important. Les gagnants empochaient quelques centaines de
dollars. Cette pratique a été importée au moins une fois en France du 21 novembre 1932 au 16 janvier 1933 à Orléans, soit 1325 heures de danse.
Ce sont ces marathons qui serviront de trame au film de Sydney Pollack On achève bien les chevaux, réalisé en 1969 d’après le roman éponyme de
Horace McCoy publié en 1935.
L’éloquence de cette image provient justement de ce moment, où les participants envahis par l’épuisement se laissent choir et sont maintenus par leur cavalier ou cavalière pour pouvoir
poursuivre la compétition. Les corps viennent prendre un nouvel appui sur le sol et c’est ce que viennent souligner en partie les lignes que l’artiste a rajoutées sur les images. Au premier
4
plan, deux obliques soulignent le mouvement descendant du corps de la danseuse que retient avec difficulté son compagnon. Ces deux obliques viennent se croiser sur le bord inférieur de
l’image, presque en son centre. Au second plan, ce sont aussi deux obliques qui viennent se croiser sur le bord inférieur de l’image. Elles soulignent le mouvement des corps, celui du juge
ainsi que ceux du second couple de danseur. Deux autres obliques viennent également se croiser mais sur le bord supérieur de l’image, elles soulignent aussi le mouvement des corps. Cette
géométrie que vient appliquer à l’image Emilie Pitoiset semble prendre en compte aussi bien ce qui est figuré que la matérialité de l’image dans son format.
Gerald Petit (1973 - ) Fondling A.A. - 2017 – huile sur bois - 60 x 50 cm Deux peintures sur bois de Gérald Petit montrent des études de main. Bien souvent considérée comme la partie du corps la plus complexe à figurer, l’artiste passe par le filtre de la photographie pour réaliser ces œuvres. Ce type de représentation s’inscrit dans la tradition des études de main de Léonard de Vinci à Ingres en passant par Nicolas de Largillière. La démarche de cet artiste est assez singulière (cf. pistes de seconde), car « l’artiste devient le
regardeur/voyeur des hallucinations de ses modèles. La virtuosité de ces peintures ne peut d’ailleurs se départir d’une
forme de sensualité révélée par l’extrême délicatesse des carnations, par la finesse de la peau, ou par la présence d’indices comme ces lignes jaunes sur Tight Tips (que l’on
pourrait traduire par "extrémités serrées") qui dessinent les contours d’un collant que l’on enlève. Le titre de la
seconde oeuvre, Fondling ("Caresse"), ne laisse quant à lui aucun doute sur l’érotisme à peine dissimulé de ces
peintures. » (J.C. Vergne journal de l’exposition p44) Geral Petit travaille à subjectiver le réel, très souvent il intervient sur celui-ci avant d’en révéler par la photographie
ou la peinture la partie visible. Au début des années 2000, il a par exemple travaillé sur la rumeur au sein d’un campus dijonnais. Le propre de la rumeur est sa diffusion par déformation. Cette déformation du réel, on la retrouve
par exemple dans les photographies qu’il réalise à partir de photographies froissées qu’il scanne et expose ce titrage faisant naître des lignes de fractures, des plis, des accrocs.
Document réalisé par Patrice Leray professeur correspondant culturel auprès du FRAC, permanence le mardi de 10h à 14h tel : 04 73 90 50 00 [email protected] Ensemble adoptons des gestes responsables : n'imprimez ce courriel que si nécessaire !
Largillière Nicolas de (1656-1746)
– Etudes de mains – XVIIIème –
huile sur toile – 65x52 – Paris,
musée du Louvre
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L’INVENTION DES CORPS
Lycée Jean Monnet,
Yzeure
Œuvres du Frac Auvergne
Du 26 novembre au 19 mars
Pistes pédagogiques
2
Champ des questionnements plasticiens
Domaines de l’investigation et de la mise en œuvre des langages et des pratiques plastiques : outils, moyens, techniques, médiums, matériaux, notions au
service d’une création à visée artistique
Point générique du programme : la matière, les matériaux et la matérialité de l’oeuvre
Œuvres
cycle 3 Cycle 4 seconde Cycle terminal option Le orange renvoie à la terminale
Cycle terminal spécialité Le orange renvoie à la terminale
La matérialité de la
production plastique et la
sensibilité aux constituants
de l’œuvre
- le rôle de la matérialité dans les effets sensibles
» Les qualités physiques des
matériaux : - les matériaux et leur
potentiel de signification
dans une intention
artistique
La relation du corps à la
production artistique :
corps de l’auteur, gestes et
instruments, lisibilité du processus de production
Créer avec le réel, intégrer
des matériaux artistiques et
non-artistiques dans une
création Valeur expressive des
matériaux : affirmation des données matérielles et sensibles de l’oeuvre,
potentiel sémantique et symbolique des matériaux
Caractéristiques physiques
et sensibles de la matière et
des matériaux ; Modalités et
effets de la transformation
de la matière en matériaux
- Valeur expressive des
matériaux : attention aux données matérielles et sensibles de l’oeuvre,
primauté du langage plastique des matériaux
Ghada Amer (1963- ) Sans titre (femme salle de bain) - 1997 - Acrylique, broderie et gel médium sur toile - 91 x 122 cm Artisanat traditionnel, la broderie est depuis toujours considérée comme une activité féminine. Normalement les points sont invisibles, tout
comme les coutures qui créent les formes structurant un vêtement. Ils sont dissimulés sur l’envers dans un pli, un ourlet ou une pince. Ghada Amer
à l’inverse laisse des écheveaux de fils sur la partie visible. Les cinq guirlandes de fleurs qui structurent la composition prennent une matérialité
que l’on retrouverait plutôt sur l’envers d’un tel travail. C’est un peu, là aussi, comme si l’artiste s’évertuait à déconstruire le savoir artisanal. Elle
met ainsi le travail sens dessus dessous en nous montrant ce qui est habituellement caché. En introduisant la broderie dans son travail artistique
Ghada Amer remet en question la distinction entre artisanat et grand art. Elle justifie ce recours à la couture en expliquant que cela lui évite d’avoir
à se demander « comment démarrer la production de l’image. J’ai voulu créer et travailler d’une manière qui réclame beaucoup de temps pour
éviter la peur devant le tableau blanc […] C’est une terreur, une sorte de panique que les artistes éprouvent au moment d’attaquer la surface blanche ! » (citée par Clara Kim dans le texte
Délier les langues : l’art d’écrire de Ghada Amer).
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Rachel Labastie (1978- ) Entraves - 2008 - Neuf chaînes, reproduisant des attaches destinées aux esclaves, fixées au mur à l’aide de clous, Porcelaine et acier manufacturé 182 x 380 x 18 cm, Dépôt du Centre national des arts plastiques Ces entraves « outrageusement figuratives » abordent la question de l’aliénation que Rachel Labastie aborde dans plusieurs de ses œuvres. Ici « les
instruments de rétention, qu’elle reproduit en porcelaine blanche sont accrochés comme de délicats objets d’un passé en apparence révolu, à moins
qu’ils ne suggèrent une forme consentie de soumission à l’ordre établi. En croisant les fers avec la porcelaine, les objets de supplices paraissent alors
d’une extrême fragilité et peu s’en faudrait finalement pour pouvoir s’en affranchir» dit Christian Alandete. (http://www.rachellabastie.net/ )
La valeur fortement expressive et symbolique du matériau est à rattacher à d’autres démarches telles que celles de Wim Delvoye (cf. sixième). On pourra également rattacher cette œuvre à
celle de Didier Marcel dans la collection du FRAC. Ce sont 4 troncs d’arbres érigés sur un socle tournant également réalisés par moulage.
Document réalisé par Patrice Leray professeur correspondant culturel auprès du FRAC, permanence le mardi de 10h à 14h tel : 04 73 90 50 00 [email protected] Ensemble adoptons des gestes responsables : n'imprimez ce courriel que si nécessaire !
L’INVENTION DES CORPS
Lycée Jean Monnet,
Yzeure
Œuvres du Frac Auvergne
Du 26 novembre au 19 mars
Pistes pédagogiques
Champ des questionnements plasticiens
Domaines de la présentation des pratiques, des productions plastiques et de la réception du fait artistique : les relations entre l’oeuvre, l’espace, l’auteur
et le spectateur
Point programme : - La présentation et la réception de l’œuvre
- L’idée, la réalisation et le travail de l’œuvre
Œuvres cycle 3 Cycle 4 seconde Cycle terminal option
Cycle terminal spécialité Le orange renvoie à la terminale
» La présence matérielle de
l’œuvre dans l’espace, la
présentation de l’œuvre :
le rapport d’échelle
La présence matérielle de
l’œuvre dans l’espace de
présentation : diversité des
modes de présentation,
recherche de neutralité ou
affirmation du dispositif
Conditions et modalités de
la présentation du travail
artistique : éléments
constitutifs, facteurs ou
apports externes (cadre,
socle, cimaise… et dispositifs
contemporains).
Sollicitation du spectateur -
Accentuation de la
perception sensible de
l’œuvre
- Pratiques de l’in situ, du «
ready-made »
Rachel Labastie (1978- )
Entraves - 2008 - Neuf chaînes, reproduisant des attaches destinées aux esclaves, fixées au mur à l’aide de clous, Porcelaine et acier manufacturé
182 x 380 x 18 cm, Dépôt du Centre national des arts plastiques
Simplement suspendues au mur par des clous, ces Entraves apparaissent bien précieuses et fragiles. De là naît une
opposition très forte entre l’objet représenté et le matériau utilisé. Retranscrits dans un matériau fragile, servant
dans les arts décoratifs, à l’échelle un, ces sculptures mettent en évidence une contradiction. « la contradiction
entre les messages propagandistes de bien-être et de liberté et le sentiment de dépendance, la perte de confiance
en soi qu’ils génèrent » écrit Cécilia Bezzan (http://www.rachellabastie.net/ ) Cette transposition d’un objet dans un autre matériau pourra être
rapproché de certaines des sculptures de Wim Delvoye comme Penalty. La réalisation de l’objet en faisant appel à d’autres savoir-faire, comme ici le
vitrail, déplace le regard que l’on porte sur l’objet. La réalisation d’un objet fait appel à des savoir-faire qui sont ceux de l’artisanat et des métiers d’art
(Cf. histoire des arts).
En abordant ce point du programme devant une œuvre telle que Entraves, on met en évidence le fait que l’espace de l’œuvre ne se réduit pas au seul
dispositif de présentation. En effet par sa référence explicite à tout un pan de l’histoire, l’œuvre convoque dans notre esprit une multitude d’images. (cf. histoire des arts). Le dispositif de
présentation qui consiste à simplement accrocher à des clous ces entraves participe de l’évocation. A la fois en attente d’une utilisation, les chaînes sont aussi là comme d’antiques reliques.
Document réalisé par Patrice Leray professeur correspondant culturel auprès du FRAC, permanence le mardi de 10h à 14h tel : 04 73 90 50 00 [email protected]
Ensemble adoptons des gestes responsables : n'imprimez ce courriel que si nécessaire !
Penalty (II) – 1990-1991 – verre
coloré, metal, email – 200x300x110
- (in Twenty one, one)
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Lycée Jean Monnet,
Yzeure
Œuvres du Frac Auvergne
Du 26 novembre au 19 mars
Pistes pédagogiques
2
Champ des questionnements plasticiens
Domaines de la formalisation des processus et des démarches de création : penser l’œuvre, faire œuvre
Point programme : - L’idée, la réalisation et le travail de l’œuvre
- Créer à plusieurs plutôt que seul
Œuvres cycle 3 Cycle 4 seconde Cycle terminal option Le orange renvoie à la terminale
Cycle terminal spécialité Le orange renvoie à la terminale
Pratiquer en collaborant,
partager les compétences
et ressources individuelles
ou collectives
Œuvre comme projet :
dépassement du prévu et du
connu, statut de l’action,
travail de l’œuvre.
- Détermination d’une
création à plusieurs
Processus créatif,
intentionnalité,
formalisation, non-
directivité de l’artiste
- Devenir du projet
artistique : inachèvement,
transformation, réemploi,
accident, altération,
recréation…
AZIZ + CUCHER Anthony Aziz (1961 - ), Sammy Cucher (1958- )
Mike - 1994 - Cibachrome - 100 x 80 cm
« Chaque image, chaque représentation est devenue aujourd'hui une imposture potentielle » déclare le duo d’artiste américain (in Michaël Rush, Les
Nouveaux médias de l'art). Cette mise en question, en doute de l’identité de l’individu est aujourd’hui rendu possible grâce à l’introduction dans les
pratiques artistique de l’outil informatique. En procédant à l’ablation des signes et à l’effacement des capacités sensorielles ils préfigurent ce que
Dominique Baqué nomme les « fictions prométhéennes du Post-Human » (Photographie plasticienne, l’extrême contemporain ed. du Regard).
Au travers de ces photographies, de la série Dystopia, retravaillées numériquement, ils posent un regard critique sur certains progrès techniques de la
photographie. « La disparition de la vérité en photographie s’accompagne parallèlement d’une perte de confiance […] Chaque image, chaque
représentation est devenue aujourd’hui une imposture potentielle. » (Michaël Rush, opus cité, p188).
3
David Lynch (1946- )
Laughing Woman - 2008 - lithographie, - 66 x 89 cm
David Lynch est cinéaste mais il n'a jamais cessé de s'intéresser aux arts plastiques en réalisant notamment : dessins, aquarelles, mobiliers,
photographies, tableaux avec ou sans ajouts de matières organiques. Pour lui , il existe des liens entre la pratique du cinéma et de la
lithographie.
- Le cadre: « Toutes les deux sont une forme de photographie, car la pierre est le cadre dans lequel vous travaillez. La pierre peut être dure, mais
elle a une sorte de porosité qui rend l'intérieur du cadre très accueillant. Vous avez le sentiment que les images que vous faites sur la pierre
n'auraient pas pu être réalisées d'une autre façon. Les règles qui président au cadre d'un film ou d'une photographie existent aussi dans la
lithographie. Il y a cette chose qui se passe dans le cadre, donc c'est assez semblable » dit-il .
- L'encre noire: point de départ idéal d'une histoire pour faire apparaître ou disparaître des personnages, une histoire. « Quand vous ne connaissez pas quelque chose complètement,
l'imagination et le rêve peuvent intervenir. Parfois, les choses sont perdues dans le noir, et vous commencez à imaginer et une histoire prend forme ».
- Le processus de création: « Il y a une petite histoire dans ma tête pour chaque lithographie. Parfois des personnages sont suggérés, alors naît une histoire et de cette histoire naît l'image
fixe. Vous savez, tout cela est enrichi par les qualités organiques de la pierre, de l'encre, et du procédé... c'est le même processus : idées, histoires, personnages » (Catalogue David Lynch
Lithos 2007-2009)
Le papier également joue un rôle extrêmement important dans la réalisation des lithographies. La porosité du papier japon qui est utilisé ici élargit les nuances de la seule couleur utilisée: le
noir. La caractéristique de ce papier, réalisé selon un procédé ancien, réside dans son irrégularité. Ses fibres non orientées lui donnent sa texture particulière, sa solidité et sa résistance au
temps.
Rineke Dijkstra (1959- )-
Tecla, Amsterdam, The Netherlands, May 16 - 1994 - Photographie couleur - 3 x (62 x 51,2 cm) - Dépôt du Centre national des arts plastiques
Cette artiste néerlandaise, dit avoir découvert la photo à l'âge de 10ans avec son premier appareil photo. Elle photographiait tout, cela lui permettait de
participer sans être impliqué « c’était comme entrer dans un nouveau monde » dit-elle (reportage de la série Contacts). Comme pour la série qu'elle
consacre aux photos de plage, l’appareil est placé assez bas ce qui met la ligne d’horizon assez bas. Le mur neutre permet au modèle de se détacher de
l’arrière plan.
Pour les portraits de femmes accrochées, c'est au début des années 90 que l’idée lui en était venue. "Ce n’était pas facile de trouver des femmes qui
acceptent de poser." Dit elle (Opus cité) Finalement par l’intermédiaire d’amis elle a trouvé Julie Saskia et Tecla. Pour la première elle précise que les
images ont été rapidement réalisées, 4 négatifs en moins de 2 minutes. Au premier coup de flash le bébé a eu très peur elle a alors mis sa main pour le
protéger. « Sur cette image elle a le visage d’un animal sauvage elle me montrait son bébé avec fierté, elle me disait Rineke regarde, elle était heureuse
confuse, épuisée tout cela en même temps." Précise t-elle encore. Il est question ici pour l’artiste d’une expérience universelle c’est pourquoi il n’y a rien
qui se rapporte à ces femmes, de personnel. Au même moment elle a fait une série sur les toreros. Dans ces deux séries domine l'épuisement mais aussi les marques de la douleur. Les
femmes n’ont pas le choix alors que les toreros sont portés par une soif d’aventure.
4
Ghada Amer (1963- )
Sans titre (femme salle de bain) - 1997 - Acrylique, broderie et gel médium sur toile - 91 x 122 cm
La lisibilité du processus de création est un élément important dans la pratique de Ghada Amer ; c’est la pratique très féminine de la broderie qui
est utilisée. Elle précise dans une interview comment lui est venue cette idée de la broderie : « J’ai commencé à travailler « en couturière », après
avoir vu en Egypte, une revue de presse féminine. C’est une revue de patrons de robes, style « Burda » ou « Modes et Travaux » : des modèles
occidentaux exactement comme celles qui posent pour Burda sauf qu’elles étaient habillées avec des robes longues, elles portaient soit des
chapeaux, soit un voile, soit les deux (en tout cas on ne voyait jamais la chevelure). En regardant de plus près, on s’aperço it que toute la revue est
« fabriquée », c’est une suite de photomontages !!! Il y avait comme ça une superposition, plutôt un plaquage de deux modèles : l’un oriental,
l’autre occidental. En résumé, ce qu’on voyait c’était la photo de femmes occidentales (elles étaient blondes aux yeux bleus) qui portaient des
modèles de robes occidentaux rehaussés à la sauce orientale : quand les robes étaient trop courtes, on les rallongeait, quand elles étaient trop serrées, on les élargissait, trop décolletées,
on les fermait, les chapeaux se substituaient au voile… puis à la fin on trouvait un livret avec les patrons de toutes ces robes qu’on pouvait faire soi-même. Ce décalage ou cet écart entre les
deux modèles m’a intéressé et j’ai eu envie de travailler avec les patrons de ces robes » http://www.unc.edu/depts/europe/francophone/Francophone_art/art_fren/ghada.htm
Gerald Petit (1973 - )
Tight Tips - 2016 – huile sur bois - 50 x 40 cm
Ce sont trois œuvres, récemment rentrées dans les collections du FRAC, de l’artiste Gérald Petit qui sont présentées dans les deux dernières salles
de l’exposition. Black Bird#6 est une œuvre assez énigmatique dans laquelle le visage de la mère de l’artiste devient une « étendue cosmique ». La
vue en gros plan sur un œil du personnage jusqu’à perdre son rapport au réel. Des points blancs irisent la surface comme s’il s’agissait d’un ciel
étoilé.
Mais ce sont les deux autres peintures : Sans titre (Tight Tips) et Sans titre (Fondling A.A.), qui retiennent l’attention, tant le rapport au réel est
surprenant de vérité. Ce sont des mains qui sont figurées sur un fond d’un noir opaque, impénétrable. Ce noir est le résultat d’une superposition de
couches de peinture que le champ du tableau révèle. La délicatesse de la carnation, la finesse de la peau de ces mains soumises à des contorsions
contre nature surprennent. « préalablement à la prise de vue photographique qui donne ensuite lieu à sa transposition en peinture, l’artiste a
demandé à ses modèles de se soumettre aux effets de psychotropes, lesquels sont à l’origine de ces positions peu naturelles de leurs mains » Nous
informe Jean-Charles Vergne (journal de l’exposition p44). Alors que des exemples connus, de Baudelaire à Cocteau en passant par Henri Michaux
révèlent l’action de la prise de psychotropes sur la création, ici il y a une inversion du processus. Ce n’est plus l’artiste qui créé sous leur action, il est
le témoin de leur action sur son modèle.
5
Rachel Labastie (1978- )
Entraves - 2008 - Neuf chaînes, reproduisant des attaches destinées aux esclaves, fixées au mur à l’aide de clous, Porcelaine et acier manufacturé
182 x 380 x 18 cm, Dépôt du Centre national des arts plastiques
La notion d’écart est au cœur de cette œuvre de Rachel Labastie. La force expressive et poétique de ces pièces émane des matériaux utilisés pour
leur fabrication. Ce sont ici des outils de supplice et de rétrogradation humaine qui se regardent perversement comme de délicats bijoux. La
représentation extrêmement fidèle des entraves en fer forgé, avec toutes les imperfections du métal modelé à chaud sous les coups du marteau,
donne toute la vraisemblance à l’objet. Il opère comme un leurre.
« Lié à la condition première incarnée de l'homme ; la vanité ou la vacuité de la chair, l'inexorable et imprescriptible disparition du corps en regard du temps ces sculptures deviennent
symboles. » écrit Cécilia Bezzan. Les Entraves posent en effet la question de l’aliénation. Leur transposition dans un matériau fragile et délicat, par la technique du moulage, leur fait perdre
leur valeur d’usage « pour nous rappeler notre condition ou devenir « d'esclaves consentants », dixit l'artiste. Selon elle, « la fragilité des liens représentés implique un consentement ». « La
menotte en porcelaine à l’image de la « bonne parole » ressassée sur les ondes se révèle tout aussi dangereuse qu’un instrument de rétention» explique Cécilia Bezzan. La question du
moulage trouve de nombreux prolongements dans les pratiques artistiques contemporaines, de Giuseppe Penone à Gilles barbier ou Georges Segal.
Document réalisé par Patrice Leray professeur correspondant culturel auprès du FRAC, permanence le mardi de 10h à 14h tel : 04 73 90 50 00 [email protected]
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