-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
1/141
G
^
150UDDHI8ME.
ETUDES
ET
MATERIAUX
THORIE
DES
DOUZE
CAUSES
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
2/141
RECUEIL
DE
TRAVAUX
PUBLIS
PAE
LA
FACULT DE
PHILOSOPHIE
ET LETTRES
de
1
Universit
de
Gand.
EXTRAIT
DU
REGLEMENT
Les
travaux
des
professeurs
et
chargs
de
cours,
anciens professeurs
et
anciens
chargs
de
cours
sont
publis
sous
la
responsabilit
personnelle
de
leurs auteurs.
Tous
les
autres le
sont
en vertu d'une
dcision
de
la
Facult.
LOUVAIN.
-
imprimerie
J.
B.
ISTAS.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
3/141
UNIVERSIT
DE
GAND
RECUEIL
DE
TRAVAUX
PUBLIS
PAR
LA
FACULT DE
THILOSOPHIE
ET
LETTRES
40'
FASCICULE
BOUDDHISME.
ETUDES
ET
MATERIAUX
THORIE DES
DOUZE
CAUSES
'--:'
PAE
L..
UE
L4 VAI.L.E
POUSMll
PROFESSEUR A
L'UNIVERSITE
GAND
LIBRAIRIE
SCIENTIFIQUE
E.
VAN
GOETHEM
Rue des
Foulons,
I
(prs
de
l'Universit).
LtJZAC
&
C,
LONDEES.
V
1913
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
4/141
^
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
5/141
A
mon
excellent
ami
F.
W.
Thomas
Sst
samastabhuvanam
bhagavn
apyt
pyd
apstatimiro
mihiropameyah
/
samsrabhittibhiduro
bhavakandakanda-
kandarpadarpadalanavyasan munnidrah
//
Kma
jnmi
te
mlam
samkalpt
kila
jyase
/
na
tvm
samkalpayisynii
tato
me
na
bhavisyasi
//
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
6/141
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
7/141
PRATITYASAMUTPADA
NOTE
PRELIMINAIRE.
Si
on
excepte
peut-tre
la
doctrine
des
quatre
vrits
et
celle
des
cinq
skandhas
(ou lments
constitutifs
de
l'tre
humain)
avec
lesquelles
elle
entretient d'ailleurs
des
rapports
troits,
aucune
thorie
ne
parat
plus essentielle
au
bouddhisme que
celle
de la
Production
conditionne
ou
de
la
Chane des
douze
causes
(nidna)
;
aucune n'est
plus
souvent
mentionne
ou
suppose
dans les crits canoniques
;
aucune
ne
peut
tre
plus
justement dfinie
comme
le
credo
du bouddhisme
{^),
comme le
message
dcisif
du
Matre
{^)
;
aucune
n'est
discute
plus
fond
(1)
Des choses
qui
naissent
d'une cause, le Tathgata a fait
connatre
la
cause
;
de
quelle manire
elles prennent
fin, c'est
aussi
le
grand ascte
qui l'a dit
.
(')
C'est
en
dcouvrant
le Prattyasamutpda
que
le
Bouddha
est devenu
Bouddha.
Le
Dgha,
ii,
55,
le
Majjh.,
i,
190
et
beaucoup
d'autres
textes
identifient l'ignorance
du
Prattyasamutpda
avec
l'ignorance {avidy)
tout
court,
la
connaissance de
cette
doctrine
avec
la
connaissance
de
la
Loi
(voir
Madhyamakavrtti^
p.
6,
n. 2).
Le
Grand
Vhicule
appelle
la
Praiiyasamutpatti,
mre des
Bouddhas
(voir
ibid.
159,
n.
4,
p.
160,
n.
7) ;
au
moins
est-elle la mre
des
Arhats,
car,
ds qu'on
l'a
comprise,
la
notion
du
moi, la
proccupation
du pass, du prsent et
de
l'avenir
d'un
moi,
toutes
les
vues
fausses
disparaissent
(Sam.,
ii,
26,
Warren,
Buddhism
in
Translations.,
p.
243
;
Madhyamakavrtti^
593).
D'aprs
certaines
sources,
la
mditation
des
Douze Causes
est rserve
aux
Pra-
tyekabuddhas.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
8/141
VI
dans
les
crits
scolastiques
: la
plupart des problmes^
celui
de
la transmigration^,
celui
de
l'origine
de
la
connaissance, celui
de
la
causalit
et de
la
nature
mtaphysique des choses,
sont
inti-
mement
lis au
Prattyasamutpda.
1
Au
dbut
de
cette
tude^
nous
devons examiner
dans
quelle
mesure
il
est
possible
de
comprendre
la chane
causale.
L'anti-
quit
bouddhique
a
port deux
jugements
contradictoires
:
C'est
tonnant,
disait
uanda
au
Bouddha^
combien profond
et
de haute
porte
est le
Prattyasamutpda
;
et
cependant il me parat
clair,
clair
(Dlgha,
II,
p.
55,
Warren,
p.
203).
Mais
le
Bouddha
rpondait
:
Ne
parle
pas
ainsi
>;.
La scolastique
reconnat
qu'il
est
incomprhensible
(acintya,
voir
ci-dessous
IV
3
;
comp.
Mahvastu
iii,
314)_,
et Buddhaghosa,
comme
nous
l'a
appris
Mrs Rhys
Davids
{JIAS.
1905,
p.
400),
parlant
du
Prat-
tyasamutpda,
le signale
comme
deep, dark,
ancient water^
black
as
Avith
exudations
of
rotten
leaves
n.
Il
faut
quelque
cou-
rage
pour s'y
aventurer, car
il
y
a danger
de
perdre
non seule-
ment pied^
mais haleine.
A
la
vrit,
une distinction
s'impose.
On
peut,
croyons-nous,
en
toute
scurit
et sans grande difficult, dterminer
d'une
manire
gnrale le sens du Prattyasamutpda^
qui
est
une
explication
de
l'origine
de
la
douleur ou
une
explication
de
l
renaissance,
et
fixer
la porte philosophique
soit
explicite, soit
implicite^,
de
la
doctrine.
Mais
quand
on pose la
question des
origines de
la formule,
ou
quand
on
recherche
la valeur
exacte
des termes qui composent cette
formule,
on se
heurte soit
des
donnes
insuffisamment expliques,
systmatises,
des
cat-
gories
primitivement
indpendantes^
diffrentes
dans
les
termes,
quoique
assez
quivalentes pour
le
sens
(E.
Senart)
;
voil
pour les
origines,
soit des dfinitions
et
des conceptions
systmatiques,
parfois incohrentes, et
souvent
artificielles
:
voil
pour
la scolastique ancienne
ou
moderne,
canonique
ou
extra-canonique.
Aussi
n'avons-nous point l'intention
de tenter
sur ces deux points
(origines
de
la
formule, sens
originel des
termes
dans
la
formule
une fois faite)
des
recherches
condamnes
l'insuccs.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
9/141
vn
2.
D'autant
plus
que
nous
n'aurions
rien dire de
nouveau.
En effet,
aucune partie
de
la
dogmatique
n'a
suscit au
mme
degr
l'attention
des
savants
europens,
et
par
le
fait
aucune
n'est
plus
digne d'examen,
tant
par
son
importance
cardinale
pour cette dogmatique qu'en
raison
des
rapports que
le
Prat-
tyasamutpda
entretient
avec
certaines conceptions
grecques
ou modernes
Q).
Non
seulement
tous
les savants
qui se
sont
occups
du
bouddliisme
ont
eu
dire
leur
opinion,
mais
encore
la question intresse
tout l'iudianisme,
car
les
ressemblances
sont
frappantes
entre
le Prattyasarautpda
et
les
thories
ou
les
phrasologies du
Smkhya,
du
Yoga, du
Vednta,
Quelque
poiut
du bouddhisme
qu'on
examine,,
ses spculations sur
l'extase
et
sur
le
nirvana,
sa lgende,
son
organisation, il n'est
gure
permis de
le considrer isolment.
Mais
nous ne
pouvons
entreprendre
de
discuter
ce problme
des origines
pr-boud-
dhiques
ou
extra-bouddhiques
de
la
dpendent origination : car
nous
aurions
crire
une
encyclopdie de
l'Inde philosophique,
et ce
serait
plonger
cette
fois dans
des eaux
encore
plus noires
et anciennes,
et
sans fond,
et
sans
rives. Il
suffira de
signaler
les
tudes rcentes
qui
montrent
la
fois
l'intrt
et la difficult
de la
recherche
{^).
Nous
ngligerons aussi
l'histoire
de
l'inter-
prtation occidentale
du
Prattyasamutpda
(^).
(1)
Citons, en
raison
de
leur porte
gnrale, les
remarques
de
M.
Senart
...
Le
dsir
de
retrouver dans
l'Inde
des penses
modernes
qui
y
auraient
t
devances de
tant
de
sicles,
fait des ravages
fcheux.
Il
faut prendre garde
de
mconnatre les
lois
mmes du dveloppement
de
l'esprit.
Des ides
subtiles, complexes, ne s'ajustent
pas si
exactement
en
des
temps
si
loigns
et
dans
des
phases de
civilisation
si
disparates
..
(2)
Garbe,
AbJi. der
bayer.
Akad.,
1
cl.
fasc
XIX,
3
th.,
p. 519,
et
Smhhpa
Philosophie,
p.
5,
269
(1894)
;
Jacobi, Ursprung
des
Buddhis-
mus
aus
dem
Smkhya-Yoga
,
Nachr.
Ges.
Gttingett,
1896,
p.
43
;
Senart,
Mlanges
Harlez,
p.
286
(1896)
;
Oldenberg,
Buddha^
(1897),
appendice (supprim
dans les
ditions
allemandes
postrieures,
mais
dans la
trad.
de
Foucher^,
Paris,
1903)
;
Walleser,
Phil.
Grundlage
des
lteren
Buddhismus,
(1904);
Pischel.
Leben
und
Lehre
des
Buddha,
p.
65
(1906)
;
Rhys
Davids,
Early
Buddhism,
p.
85
(19C8j
;
Kern,
Manual
of
Indian
Buddhism,
p.
46
foll.
(3)
On
en
trouvera un
excellent
sommaire dans
Oltramare,
La
formule
bouddhique des
douze
causes,
son
sens originel
et son
interprtation
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
10/141
Yin
3.
Notre tche
se trouve
donc
dlimite. Nous nous bornerons,
en
profitant
largement
des
travaux de
nos devanciers^
en
prenant
notre
bien
partout oti
nous le
trouverons,
notamment chez
MM.
Oldenberg,
Senart,
Oltramare, un
travail
d'analyse
et
d'exposition
portant sur
les sources les
plus
notables
:
I. de quelle manire
on
peut
supposer
que
la
chane des
douze
causes
a
t
constitue sur
des
donnes
bouddhiques
(^)
;
II. dfinitions
ou
explications
des douze causes^
prises
une
une, dans
le canon et dans la scolastique
;
thologique,
Genve,
1909,
(voir JRAS.
1910,
p.
201).
Notamment
Bur-
nouf,
Introduction
(1844), p.
486
;
Spence
Hardy,
Manual
(1860),
p.
391
;
Childers,
Dictionary,
(1875)
;
Kern,
Geschiedenis,
i
p.
335
(trad. Huet,
AMG, Bibl.
d'Etudes (Paris,
1901)
;
Ed.
Hardy,
Buddhismus,i).bl
(1890)
;
Warren,
Buddhism,
in
translations,
p.
115,
etc.
(1896)
;
Rhys
Davids,
American
Lectures.
{})
Toute
analyse
du
canon
comporte
un
principe
directeur
:
nous
admettrons
que
les dfinitions
canoniques
rsultent du
mme
travail
d'arrangement
et
d'exgse dont on touche du doigt le dveloppement
dans
la
littrature post-canonique
;
que
la
chane
duodnaire
n'est pas
une
cration
ex
nihilo
;
qu'elle n'tait
pas,
ds l'origine,
complte et
enrichie
d'une
exgse
complte.
Mais, et
il
convient
d'insister
sur
ce
point,
le
travail
d'analyse
n'a
pas
forcment
une
valeur
historique
:
indispen-
sable
l'intelligence
des
ides,
que
nous ne pouvons comprendre
qu'en
les reconstruisant,
pour
notre
propre
compte,
suivant
un dveloppement
logique ou du moins
intelligible, l'analyse
n'est-eUe
pas
impuissante
fournir
une
apprciation du
dveloppement rel
qui
soit
plus
que
plausible
ou
vraisemblable? Rien ne prouve
que
le
Bouddha
ou
les thoriciens
{bhidharmika) des
premiers temps,
inaugurateurs
de
la formule
duo-
dnaire,
n'aient tenu que des
notions vagues
et
incompltes. Les
termes
dont
ils
se sont servis,
peut-tre
emprunts
au
Smkhya-Yoga-Vednta,
sont, pour les scolastiques et
pour
nous,
uss
n
l'excs :
ils ont
pu tre
choisis pour couvrir des concepts
relativement prcis.
Dans les
quelques
documents
o nous
sommes
ports
reconnatre
les
premires
bauches
de la
formule
canonique, des
variantes,
des retouches,
nous sommes
peut-tre en prsence de
variations
homiltiques
ou pdagogiques
sur
un thme dj fix et
interprt.
Des
conditions
qui
s'imposent
la
mthode,
on ne peut prjuger
du caractre des faits.
Il n'est
pas permis
d'oublier
que
les
choses
prendraient
peut-tre
un
aspect
trs
diffrent
si
nous savions mieux
sur
quelles
donnes
les
bouddhistes ont
travaill,
et
o
en taient
le
Vednta,
le
Smkhya
et
le
Yoga,
l'idologie
indienne
en
un
mot,
lorsque
naquit
le
bouddhisme.
Il
n'est
pas
permis
d'oublier
que
nous
ignorons
ce
qu'il
faut
penser
du Bouddha
en
tant
que fondateur
de la
dogmatique, et,
quoi
qu'on fasse,
c'est
ce
problme
presque inso-
luble que
l'on est
toujours
ramen.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
11/141
IX
III.
systmatisations^
interprtations
de
la
liste
considre
dans son
ensemble
:
thorie
des
trois
chemins,
thorie de
l'tre
l'tat
intermdiaire
;
thorie
de
l'Abhidharmakosa
(ou
de
la
vie
embryonnaire)
;
thorie
des
dhtus
;
thorie
du
Prattyasamut-
pda externe.
Il restera
examiner,
dans
le
IV,
des
problmes
qui
intres-
sent surtout
la
mtaphysique
:
1. le Prattyasamutpda
en
ordre inverse
ou
l'arrt du
Prattyasamutpda
;
2.
l'tymologie
du mot
Prattyasamutpda
;
3. la nature de la causalit
{hetus et pratyayas)
;
4.
les
rapports
entre le
Prattyasamutpda et
le
chemin
d'entre-deux
(Stras
et
systme
Mdhyamika)
;
5. la
causalit
dans
le systme des Vijnnavdins.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
12/141
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
13/141
.^
l.
Origines
bouddhiques
de
la
chane
duodnaire.
1.
On peut
reconnatre_,
dans im
certain
nombre
de
formules
qui
paraissent trs
archaques,
soit
le
germe,
soit les
premires
bauches, soit d'anciennes
variantes
du
Prattyasamutpda.
i. La
dfinition
de la deuxime
Nobie
Vrit
(Sermon
de
Bnares)
fournit
le cadre
et
explique
le
but du
Prattyasamut-
pda
(
savoir
:
drivation de la
souffrance,
explication des
causes
de
la
renaissance)
:
L'origi nation
isamudaya) de la
souffrance, c'est la soif
(=
dsir), qui
conduit
la renaissance
{punarhhava : r-existence),
qui
est accompagne
de
plaisir et
d'attachement
(nand-rya),
qui
se complat
j
et l
{^)
;
elle
est
triple :
concupiscence,
dsir d'existence,
dsir de
non-exis-
tence
.
(^)
Et
r-existence
est
synonyme
de
souffi'ance
en
effet
;
car,
d'aprs la
dfinition de la
souffrance
(premire
Noble
Vrit)
:
La
naissance
est souffrance
;
la vieillesse
est
souf-
france,
la
maladie
est
souffrance, la mort
est
souffrance,
le
corps et
l'me,
la
vie
physique et
la
vie
morale
(=
skandhas)
sont souffrance
n.
C'est--dire,
pour
dgager
une
chane
de
causalit
n
:
la
soif
(trsn),
dsir
sensuel ou
intellectuel,
accompagne
du
i)laisir
(nand) qu'elle
trouve
dans son
objet
et de
l'attachement
(rf/a),
produit la
renaissance
(punarbhava),
c'est--dire
la
souffrance
(duMJm) :
naissance,
vieillesse, mort
;
tous
les incidents
de la
vie
et la vie elle-mme
sont
souffrance.
(M
Un
exeeJjent
commentaire
de
cette
expression
tatratati^bhivan-
dinl
dunfjPTS.,
1884,
p.
104.
(^)
Voikci-dessous,
II.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
14/141
2
ii.
Un texte collectiouuc daus
le
SuUan'qmta, recueil
considr
comme
ancien,
le
Dvdyatrimipassmia
sutta
(vers
724',suiv.,
SBE.,
X,
p.
129),
tal)lit
une
srie
de
couples
{dnka)
envisags
au
double
point de
vue de
l'origine
{ntpda)
et
de
la
destruction
{nirodha
=
non
production
nouveau)
:
>'
Ceci
tant,
cela
est
;
ceci
n'tant
plus,
cela n'est plus
),.
'
Cela
,
c'est
la
soui-
france,
la
renaissance
;
ceci
r,
c'est
successivement
(1)
upadhi
(hypo-tliesis
=
acte),
(2)
avidy,
ignorance
;
(3)
samslcras,
(synthesis),
idologie
:
(4)
lijdna, intelligence^
connaissance
;
(5)
spar,
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
15/141
d'autres,
presque tous les
iueiul)res
{((ga)
de la
ciiaiKi
causale.
Il
semble, a
dit
M
E.
Senurt,
que
nous remontions
ici
une
poque
o
les
spculations
n'tai('nt
pas
encore
eufei'mes
dans
une
classification
ri^^oureuse
(Mclamjes Harlez,
p.
288)
;
car on
sait que peu
de
religions
ont,
autant
([ue
le
louddliisine,
fig
en
sclimes
strotyps
leurs
doctrines fondamentales
n
(Oltraniare,
Douze
causes,
p.
o3).
iii.
Un
autre
sutta du
mme
r(>cu(Mi,
le
Kalahdvivdasutfn
(vers
802 et
suiv.
;
SBE, x,
p.
159,
comparer I)l(/ha,
n,
p.
bS)
uumre les
antcdents de
la querelle,
de la discorde,
et
les
range eu
ordre
de
causation
successive
(\).
On
a,
en
remontant,
le
chanda,
souhait,
qui i-epose
sur
l'agi-able
et
le dsagrable
{sta, asta)
c'est--dire sur
la
vedan,
sensation, laquelle
son
tour
repose
sur
le
spara,
contact.
La
cause
du
contact s'apjyelle
nma-rpa,
nom
et
fornu^
n
(c'est--dire,
en
langage
occi-
dental et
en
langage
vulgaire,
l'me
et
le
corps^
lorganisnie
matriel
et
intellectuel), ou
encore
le
prapanca,
c'est--dire
la
diversit,
le
dveloppement
des
ides
et des
mots (voir
Kern,
Manual,
p.
47
;
Madhyumdlcavrtti, index),
qui
dpend
de la
saw/,.
intelligence,
couscieuce,
idation,
2.
Les
termes que
nous venons
de
relever,
dans
des
documents
fort
archaques,
peuvent
tre
aisment organiss
en srie.
En
face
de
l'explication
sommaire de l'origine de
la
douleur (deu-
xime
Noble
Vrit),
on
construit
une thorie,
d'abord
schma-
tique
peut-tre,
o on
peut
croire
(^u'il
y
a
plus de
mots
que
d'ides,
mais
dont les
coutours
sont
suffisamment
nets.
D'une
part,
la
souffrance
est
clairement
dfinie
comme
rexis-
tence,
renaissance
et
remort
(punarmrti/u des
Upanisads)
;
d'autre
part,
on
voit
bien
que,
tant
donnes
son ignorance
{avidy, i)
(-)
et ses
actions
ou
dispositions
{samsliras,
ii)
conditionnes
par
{})
Comparer
la
srie,
jaina :
wrath,
pride, deceit,
greed, love,
hte,
delusion,
conception,
birth,
death,
hell,
animal
existence,
pain.
(Hopkins,
Religions
of
India,
p.
293).
(2)
Nous indiquons les numros
d'ordre assigns
aux
tei'mes
dans
la
liste
duodnaire.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
16/141
l'ignorance,
le
principe
intelligent (vljnna,
iii),
entrant
en
contact
(sparsa,
\i)
Sixec
le monde extrieur,
et
ressentant des
impressions
agrables ou
dsagrables
{veddn,
vii),
sera suj(^t
au
dsir (trsn,
viii)
:
d'oi
des
efforts ou
volitions,
des alimenta-
tions, des
mouvements, et
pour citer le nom qui
est
rest dans la
liste
classique,
des
seizures
(updiias,
ix).
D'o la
nou-
velle
e-xistence,
dont
il faut ici
montrer les
causes
pour
qu'on
puisse sVbrcer
de
la
rendre
impossible
en supprimant les
dites
causes.
Cette
nouvelle
existence,
qu'on peut
appeler simple-
ment
existence
n
{bhaia,
x),
car
elle
ne
diffre
en
rien
des
existences
prsentes
ou
passes,
est souffrance,
car
elle
est
naissance, vieillesse, maladie^
mort.
Telle est
la signification qu'on peut lgitimement prter
au
chapitre
des
doubles
n
(dukas)
du
Suttanipta.
Mais^
pour
des raisons difficiles dterminer,
on
voulut
que
le
nombre des termes
de la
srie
fut douze.
On
y
arriva,
non
sans
gaucherie,
1
en distinguant hhava
(existence)
dejtl
(naissance)
et
jar-marana
(vieillesse-mort),
qui
en sont
la glose (voir
p.
2.)
[Par
cette
distinction,
en
faisant
de
hhava un
lment
distinct,
commandant
_;^i^
etc.,
on prparait
la
scolastiquc
de grands
embarras]
;
2
en
introduisant dans la
liste
des
doubles
un
fragment
de
la
chane
du
Kalahavivda,
: le spara
(vi)
a pour
cause
le
nmarr(pa (iv)
;
et
3 ;
pour plus de prcision, en
intro-
duisant
entre sparsa et
nmarRpa
un intermdiaire
utile^ les
yatanas,
ou
sparyatanas
(v),
lieux
du
contact
>,,
causes
du
contact
j),
c'est--dire
les organes des
sens.
Par
l,
on dfinit le
nmarUpa,
organisme
humain,
en tant
qu'il est
conditionn
en
vue du
contact avec les
objets
extrieurs.
^ous
sommes
trs loin
de
penser
que
la
liste officielle
des
douze
causes
successives
ait
t
constitue comme
il vient d'tre
dit,
et
qu'on
se
soit
servi
cet effet
des documents
que
nous
avons
signals
Mais,
dans cet ordre de
conjectures^
on a
peut-
tre
quelque
chance
d'approcher de la
vraisemblance
:
La
drivation de
la
souffrance est le
cadre
primitif,
le
fond
de toute
la
thorie
(Senart).
A
ct
de
la
formule de
la
deuxime
Noble
Vrit
{(rsn-[nand-raga]
-dulikha), il
y
avait^
ou ou
a
construit^
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
17/141
des
couples
^
parallles,
analogues^ upadhi-dulikha,
avidy-
diihJcha
[Celui-ci
est
tout
fait
dans
i'esprit des
UpauisadsJ.
C'tait
ds
lors un
jeu, ds
qu'on
tiut
compte des
relations
fort
nettes de
quelques-uns
de
ces couples,
'
contact
dukkha
',
'
sensation
duhkha
\
'
soif
duhkka
',
de
les
ranj^^er
tous
en
causation
successive
:
...
du
contact,
sensation
;
de
la
sensa-
tion,
soif;
de
la
soif...
n
;
et
il
n'tait pas trs
malais
d'arriver
au
cliilire
douze
qu'on
s'tait fix
d'avance.
C'est
par
des procds de
cette nature
que fut
tablie
la
chane
duodnaire
:
En
raison
de l'ignorance,
les
samshras
;
en
raison
des
samshras,
le
vijnna
;
en
raison
du
vijnna, le
nmarpa,
.... les six organes ....
le
contact
.... la
sensation
la
soif....
Vupdna
l'existence
....
la
naissance
;
en
raison
de
la
nais-
sance,
la
vieillessemort, cliagin-laraentation-douleur-tristesso-
tourments.
Telle est la
production
de
toute
cette
niasse
de
souffrances
n.
Et
inversement
:
De
la
destruction
de
l'igno-
rance, destruction
e?,
samslinis....
Telle est
la
destruction
de
toute
cette
masse de souffrance
^^.
Il
y
a
de
trs
bonnes parties
dans la
chane
:
sadyatana-sparsa-
vedan-tr.m.
L'ignorance
{avidy)
est
indispensable
en
tte de la
liste,
car
les
bouddhistes, comme le Yoga,
comme Bossuet,
la regardent
comme
la pire des
maladies
de
lame
et
la mre de
toutes
les
autres .
Samskras
(oprations
d'ordre intellectuel
et
surtout
moral), qui
parat bien
proche de
samjTi,
conscience, et vijnna,
intellect,
sont
visiblement des causes de la soif {trmo).
Pourquoi
ils
occupent telle
ou
telle
place
dans
la
liste, quelle est
leur
valeur exacte,
d'o
ils
ont
t
emprunts,
pourquoi
upadhi
a disparu, pourquoi nous
avons
upddna
au
lieu
de
ddna ou
raga
ou
karman, n'est-il pas superflu
de
se
le
demander?
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
18/141
,^
'
Explications
canoniques
et
autres
des
divers
mennbres
de
la
chane
causale.
La
liste nv s'est
pas
tablie
sans
flottenieiits
;
cliacuii
de
ses
membres
a
donn
lieu
de
nombreuses
variations
et
explications
(jue
nous allons
[jasser
en
revue,
sans
i)rtendre,
d'ailleurs,
tre
complet.
1.
Avkii/,
ignorance, nescience
(^j.
Rien ne
permet
de
reconnatre
Vavidy
des bouddhistes un
caractre cosmique
et
mtapliysi([ue
: c'est
im
fticteur
psycholo-
gique,
l'tat
de celui
(pii est
it,'^norant
(
Tiguoraut
fait,
ujiadhi
n,
Suffaii.,
728,
ThnagathCi,
152)
De
quoi est
cette
ignorance
?
De
la vrit
de salut,
des vrits
bouddhiques, de
hi
vrit
{tattve 'pratipaiti)
{^) dont
la
scolastique
a
i)eu
peu dtermin
l'essentiel.
1.
L'ignorance est
l'ignorance
des quatre
nobles vrits
(D/ha
II,
p.
90
;
Siittau..
724
;
Sam.,
v,
439,
conip.
M.
Vagga, vi,
29,
[
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
19/141
rcux
(Suttan.,
75G)
:
d'o,
avec
plus
( (>
prcisiou,
l'iguonince
est
hi quadruple mprise
{vlparysa)
:
jtrcndre
poui-
ternel
ce (jiii
est
transitoire,
pour
iieui'fMix
ce
(pii
est
douloureux
;
pour
pur
ce
qui
est impur
(le
corps),
pour
un
selfr
ce
(|ui
est
dpouill de
self?)
:
(c'est-:-dre
les
cinq
shimUias. fliadhjjama/iavrffi,
p.
400)
;
et,
pour aller
plus
;iu
tond,
la
notion
d'imit
essseutielle
ou
iivticieUe
[eJca'\
j)in(asanijHa),
de non-transitoii e,
de
permanent,
de
non
prissable, d'heui-eux,
d(i
seli'),,
...
d'individu, de
moi
n
ou
de
mien
v,
relativement
aux lments,
qui
coustitu(n)t
notre
pseudo-individualit
(('^5/r^^/^V
AhhidJiarinalcosa
(
iii,
28),
Vavidy
n'est
pas
seulement
manque
de
connaissance,
mais
l'oppos
{vijsahm)
de
la sapience
(vidy),
une
connaissance fausse
{iniihyprafipafti), tout
comme
a-iiiitnc
(non-ami),
an-artJia (non-utile),
adharmn
(un-i'ighteous-
ness)
signifient
ennemi,
pei'nici(Hix, injustice.
\javidy rentre
dans la
catgorie
ajnitn, non-connaissance
;
mais
elle
est caract-
l'ise
comme
klisfa
(Idisfam
njndnam).
passionnelle,
pcheresse,
pernicieuse,
sans
doute
parce que
la
confusion
du
transitoire
et
du
non-transitoire,
etc.,
est la mre
de
tous les
Jdcias,
passions.
D'aprs
les docteui-s du grand Vhicule^ rignorauce
o
demeurcMit
les Arhats
du
vrai caractre
des
slcaudhas,
n'est
pas
passion-
nelle
n, n'est
pas
avidy
(llodhic. ix).
v
'
On
discute
sur
les
rapports
de
Vavidy
avec
l'attachement
(rflya),
la haine,
les
vues
hrtiques
(dj-sti),
et
on
a
grand
peine
se dbrouiller
])arnii
les numrations
techniques.
Il
parat
raisonnable
de dfinir l'ignorance
comme
nlvarana,
ce (^ui
cache
les
choses
comme
elles
sont
(^),
obscurit,
hbtement
(stimitatd)
;;
:
tandis
que
la
soif est Ideia,
lien
(samyojana)
{^).
(')
Le
MadfiT/amahvatra
(21(i,])
explique
comment
le
voile
de
l'ignorance,
non
seulement
cache
l'objet,
mais
encore
le
fait
apparatre
autre
qu'il est.
(2)
Voir
Suttan.
1032-1033
{Nettip.
10,
11),
Madhyamakavrtti,
328,
542
;
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
20/141
8
2.
Quelles
sont les
causes
de l'ignorauce
?
a.
L'ignorance
n'est
pas
sans
aliments
;
elle
a
des
aliments
:
(1)
les
cinq nlvaranas,
(hindrances),
savoir convoitise^ mchan-
cet,
paresse
et
torpeur,
orgueil,
doute
ou
scepticisme,
qui
sont
leur
tour
nourris
par
(2)
le pch du corps, de
la
voix
et de la
pense,
qui provient
de
(3)
la non
domination
des sens
(comparer
Sam.,
iv,
70),
(4j
du
manque
prendre exacte
conscience
des
impressions dsagrables
(ou
de
l'absence
de mmoire
de
la
loi
et
de
conscience
attentive
de soi),
(5)
de l'acte
erron
d'attention
axjoniso
manaskra,
[jugement
n'allant
pas
au
fond?],
(6)
de
l'incrdulit,
(7)
de
la
non
audition
de la
loi
bouddhique,
(8)
de,
la non frquentation
des saints
(Ang.,
v,
113,
116) n.
b.
Convoitise,
mchancet, etc.
n
peuvent
tre
rsums
en
un mot, trsn,
soif, dsir
. La
soif
cause, nourrit
l'ignorance,
comme
l'ignorance la
soif
;
ni l'une ni l'autre
n'ont eu de
commencement
(voir
Oltramare,
p.
34
foll.
Visuddhim.,
xvii,
apud Warren,
171
;
comp.
Majjh.
i,
54,
o l'ignorance est
en
causation
rciproque
avec les sravas
(^),
concupiscence, dsir
de l'existence,
hrsie).
c.
La
scoiastique accorde
une
grande importance
un
des
aliments
cits
ci-dessus
(sous a),
savoir
l'acte
erron
d'attention
(^)
;
on
cite
un
siitra
sanscrit
qui
en
fait
la
cause
immdiate de
l'ignorance,
de
mme qu'il en
est
la
consquence
(voir
Madhyaniakavrtti,
4.52). Ceci
doit,
sans
doute,
s'entendre
comme
dans
Nettip.
(28,
79)
:
l'ignorance
un moment
donn
a
pour
cause {hetu)
un
tat
d'ignorance qui
demeure
jusqu'au
Sikmsarauccaya,
81,
1,
Bodhicaryuatra,
ix,
1
ad
finem
:
Strlani-
kra,
xvi,
50
;
Vibhanga,
p. 85,
les listes de samyojanas, yogas, oghas,
anusayas,
nlvaranas.
(1)
srava
'
passion
'
mot sanscrit de la
racine sru,
to
flow,
stream,
est
refait sur le
Pli cisava.
Faut-il
lire sraya,
point d'appui
(de
la
racine
sri) 1 Comparer
itpadhi,
voir
Fausbll, Dhammapada,
(Hauni,
1885)
279
et
Senart,
Mlanges Harlez,
293.
Il
n'y
a
injita,
calita,
upn-
ddna, que
s'il
y
a
nissaya
{nisray),
point
d'appui.
(Sutian.,
752).
Udcina
viii
4
donne
la
chane nissaya,
calita,
passaddhi,
nati,
gatigati,
cui-
papto.
(2)
Un
quivalent de
ayoniso
manaskra
est
ayonio
vihalpa
;Yoir
Madh.
vrtti,
index.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
21/141
9
moment
o
il
est
dtruit
par
la
science,
et pour
condition
imm-
diate
tel acte erron
d'attention,
inform
lui-mme
par
l'igno-
rance, car
cet acte
n'est
qu'une
dmarche,
une
flexion
d'une
pense errone
{viparltacetasa
abhog)
{^)
d.
Divers
passages
du
canon
montrent,
en
effet,
que
l'ignorance
qualifie
toute
existence,
la
fait
durer,
et qu'il
faut
rapporter
tous
les
membres
de
la
chane
la
pense
errone
: si
la
sensation
(vedan)
agrable
(ou
dsagrable)
produit
la
soif (ou
le
dgot),
c'est qu'elle
procde
d'un
contact
auquel
l'ignorance
est
associe
{avidysparajam
reditam
pratltyotpadyate
trsn,
Ahhidharma-
Tvoav.
fol.
227(2),
et
Sam.,
iii,
46,
96) ;
c'est
l'ignorance
qui fait
de
la
sensation
un
membre
{ahga),
c'est--dire
un
lment
causal
de l'existence
:
car
la
sensation
ne
produirait
pas
la
soif
s'il n'y
avait
pas l'ignorance
chez
celui
qui sent, dans le
manas
(esprit)
qui entre en contact.
2.
SamsJcras (Pli
sankhras)
(3).
1. Beaucoup
de
traductions
ont
t
proposes
pour
ce
terme
difiicile
et,
part
celles qui
sont
de purs quivalents
(con-fections,
syn-thesis),
aucune
ne
peut
tre regarde comme
satisfaisante
;
aucune
ne couvre
tous
les emplois
de
ce
mot
complaisant.
Encore
faut-il
noter que
samshra peut
signifier
aussi bien
ce qui
con-ficit n,
que
ce qui est
con-fectus
.
Le
canon
numre diverses
catgories de samslcras
:
(a) trois
catgories,
en
raison
de
la
qualification
morale
:
mritants,
dmritants,
neutres
(ce qui ne
veut
pas
dire
exempt
d'ignorance
;
par
exemple,
le
samshra
relatif
aux
sphres
de
la
non-forme
n'est pas
pur),
Sam., ii,
p.
82,
v,
p.
450;
AKV.
fol.
229
a;
{h) six catgories,
suivant
la nature de l'objet qui
les provoque,
couleur,
son,
etc.
;
catgories qui correspondent
aux
organes,
Sam.,
iii,
p.
60
;
{})
Sur bhoga
voir notamment
Blgha,
i,
37
;
Kathvatthu,
vii,
7
;
(*)
Cit
ci-dessous
comme
AKY\
sauf
mention
contraire
la
rfrence
est
au
MS.
de
la
Socit
Asiatique.
(3)
Voir notamment
Kern,
Geschiedenis i,
345,
Warrn,
116
;
Childers
453-455
;
BOhtlingk-Roth, Dzc^
sub.
voc.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
22/141
10
(c)
trois catgories
suivant que le samsJcra
appartient
au corpS;
la
voix
ou la
pense, respectivement
1)
inhalation
et
exhala-
tion
;
2)
considration
(vitarJca)
et
rflexion
(vicra) :
car
on
parle
aprs
avoir considr
et rflchi),;
3j
notion
et feelingn
(samjn
eivedana),
Majj., i,
p.
301^,
Sam.,
iv.
293
;
VihharKja,
135,
SBE.
xiii^
76.
Les catgories
(c)
s'expliquent
par l'interprtation
de sam-
sJcra
dans
le
sens
de
ce
qui fait
tenir ensemble
,
ce
qui
forme
n
le
corps, la
voix,
l'esprit
;
les
catgories (a),
par
leur
caractre
moral,
rapprochent la
notion
de
samslira de
celle
d'opration, d'action, d'acte,
Tcarman,
jusqu'
confondre
les
deux
notions(i)
;
elles
supposent
pour samsJcra
la
traduction,
que
nous
rencontrons
en
efet,
peuse
r,
rflexion
,
volition
{cetan,
samcetan),
laquelle pense ou volition est
relative
aux six objets
de connaissance,
d'oii les catgories
(6)
{Sam.,
iii,
60)
(}).
2.
Un
autre
passage
du
Sam.
(ii,
G5) fouruit
les
quivalences,
cefan,
prakapa, amiaya,
volition
v,
imagination
,
aspi-
ration
,,
ou, plus
exactement et
d'une
manire
plus gnrale,
conception
: l'ide
je
suis
est
un samsJcra
{Sam.,
iii,
46,
96),
c'est--dire
un
samJcalpa,
une
construction
(fausse) de
l'esprit :
amour,
je
connais
ton
oi'igine
;
tu nais
de l'imagina-
tion
(samJcalpa),
je
ne
t'imaginerai
plus,
et
tu
ne
te
renouvelleras
plus
pour moi
(^).
Les
somsJcr((s
sont
le
domaine [ramm.aim, voir
Kern,
Maniial,
p.
57)
sur lequcd la peuse
{MajjJi
,
iii,
99),
ou
j'intelligt'nce
(vijnna,
Satn.,
ii,
65),
])rend
point
d'appui
(pafiffJi) pour durer
et
se
dvelopper.
Ce
faisant, la
pense renouvelle les samsJcras,
se
complat
(^)
dans
les
imaginations
qui
doivent
tourner
(1) Il
faut
donc
approuver
Chiklers
(p.
359)
et
Warren
(p.
84)
de
substi-
tuer
karman
samshras,
en tant
que
membre
de
la chane
causale.
C'est
ce
que
font
les
traducteuis
tibtains,
\o\\'
JPTS.
1886,
29.
Upadlti
aussi
est
traduit
par
las.
(*)
On
a
abhiaaiitskaronto
=
ahhisamcetayanto
,
abhisamskaroti
=
cetayate
etc., voir Oldenberf-,
Bwldha^,
p.
28().
n.
2,
289,
n.
1,
celand
remplace
samskaras dans
une
liste des
skandhas
[AKV.
244a).
(3)
Uddnavarga, ii,
1
;
Madli.
vr.
30,ii
;
451,
le-
(*)
Je lirais
volontiers
abhisammoditam,
dayitam-,
MaJivastu,
i,
p.
26,
7.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
23/141
11
douleur, tristesse,
mort,
naissauce
;
forme,
renouvelle et
imagiue des
imaginations
{sanJihre
abhisankharoti,
Sam.,
v,
p.
449)^
qui,
d'abord isoles
ou
transitoires^
deviennent
une
manire
d'tre
{vihra),
la
convei'sation
n
de
la
pense.
D'oii
la
viva-
cit
,
le caractre
vivace
de la
peuse, et la
renaissance,
dter-
mine par
cette
manire
d'tre
t,
Ou
bien,
et
je
pense en
effet qu'on peut
s'exprimer
ainsi,
par
des
sanislcras
comme
je
suis
n, j'existerai
,
j)uiss-je
aprs
la
mort
renatre
dans
tel tat
,
on cultive
(hhveti)
la
peuse
:
la
pense
est
donc
conditionne
v,
parfume
,
conforme
n,
c'est--dire
sams-
Jcrta,
ahhisamshiia
C^).
3.
Inversement
l'action
du
corps,
de
la
voix
ou
de
la
peuse,
(c'est--dire,
exactement, le InrmajKitha, chemin
de
l'acte),
tuer,
voler,
etc., n'est vraiment
un
acte
(karman)
au
sens
bouddhique
du
mot, c'est--dire
n'est
vedani/a, capable
d'tre
sentie
,
grosse
de rtribution,
que
si
elle est
parfaite
ou
acheve
{ahhi-
sahJchata
==
abhisamsJcrta), c'est--dire
pense,
rflchie,
ou
voulue
(ahhismcetayita). Donner de l'or (piand on
croit
donner
une
pierre,
dit la scolastique sanscrite, le
don
de
l'or
est
fait
(krfa),
mais il n'est pas ijnputable, assum,
{}ipacita)
(^),
-
parce qu'il
n'est pas pens,
achev {^).
Le
corps,
l'il,
la
langue
il
faut
le
considrer
comme
tant
l'acte
ancien^
l'acte
parfait, rflchi,
cause
de
sensation
(Sam.
ii,
65,
iv,
132)
('')
:
eu
termes exacts,
le
corps
n'est
pas
l'acte
ancien,
ni la
(1) On
sent
combien
est proche
la
notion de
samskra,
traces
laisses
par
les
actes
dans
l'esprit du Yoga
ou du
Smkhya.
Nos
textes
glosent
abhisanishria
par
parihhdvita,
voir
Oldenberg,
Buddha^,
p.
291.
Comparer
l'emploi
de
ahlxisamskaroti dans
Satapathabrhmana
'
to
render
or
make
one's self
(ntmnam) any thing wished
to
be
'.
Aussi
Kaushtahi,
ii, 6.
(^)
upacita
'
accumul
',
comparer la traduction
de
punyhhisams-
kflra
accumulation
of
merit
,
Kern, SBE. xxi,
p.
317
;
Childers. sub
voc.
bhiHaiikhdra.
et
samskaroti
to accumulate
;
Mrchchh.
ix,
4.
(^) Voir
textes
cits
Madln/amahavrtti,
303,
n.
4 (aussi
137,
n.
4).
(^)
Mais
voir
la
traduction
d'Oldenberg
(Bouddha^,
p.
226,
Buddha^,
p
267).
Le
texte
Sam.
IV,
132
prsente
de
curieuses
particularits.
La
rdaction
sanscrite
(A
A
Y.
Ms
Burn. fol.
.51a) :
.yarl
imdni
sparsyata-
ndni
paurnam
karma
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
24/141
12
rtribution (yipka)
de
l'acte ancien,
mais il
est
en
vue de
la
rtribution
{vipaktihetol}),
(|ui est
la
douleur
(scolastique
sans-
crite).
4.
Pour
la
scolastique,
le
terme
saniskras
reprsente les
actions
d'une
vie
antrieure
:
d'oii l'explication
:
Les
samskras
sont
ainsi appels
parce
qu'ils
causent et
faonnent
la
renais-
sance
[punarhhavhJiisamsTxrt)
,
Madhyamalmvrtti,
p.
543,
cf.
Nettip. 28.
3
et
4,
vijnna,
intelligence,
connaissance,
et
nmarpa,
noniet-matire;,
me
et
corps.
1
Le
vijnna, c'est
ce qui
descend
dans
le
sein maternel
et
y
est
la cause du nmarnpa,
c'est--dire^
ici^ du premier
germe
de
l'tre
nouveau.
Si
le
vijnna
ne
descendait pas
dans
le sein
maternel,
le
n-
maripa
s'y
constituerait-il
?
^
{Dlgha,
ii,
63),
ou,
dans
la
variante
sanscrite :
Le Jcalala
(premier aspect de
l'embryon)
existerait-il
comme kalala'}
n
[Madhyamahavrtii,
p.
552)
(\)
Eu
langage
empirique
,
le
vijnna est
donc
le
principe
n
indpendant
du
corpS;, assemblage
matriel provenant du pre et de la mre,
et
qui semble m'appartenir
en
propre
{Majjhima, n,
17,
iam
me
vijnnam ^=-
t\i\s
mme, vijnna).
C'est
le
principe
spirituel dont
Mra
cherche
vainement s'emparer
lorsqu'un
saint
{arhat)
vient
moui'ir
(Oldeuberg,
Buddha-',
p.
315),
[car
le
vijnna
du
saint
a disparu dfinitivement, invisible
aux
hommes
et
aux
dieux];
mais qui^ dans
les
cas
ordinaires, en raison
d'actes
ou
dispositions
anciennes (samskras), entre aprs la
mort
dans
une
nouvelle existence (samnivisate gatau,
Madhyamakavrtti,
p.
543).
2.
Le
vijnna
est ce
la
prsence de quoi est
d
le
dveloppe-
ment et
toute
la
destine du nmarUpa, c'est--dire
de
l'organisme
intellectuel
et
physique
au
cours
de
toute
l'existence
tant
utrine
qu'extrieure
:
Si
le
vijnna,
aprs tre
descendu
dans
le
sein
maternel,
s'en allait,
le
nmarupa
(c'est--dire
videmment
Tem-
(1) Comp.
le commentaire
pli,
Dialogues, ii,
60,
n.
2.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
25/141
13
bryon)
natrait-il
?
Si
le
vljnna
tait
spar
de
l'eufant,
du
jeune
homme, de
la jeune
fille,
le
ninarFipa
(c'est--dire
la
personne
vivante
toute
entire)
grandirait-il,
crotrait-il,
se
dvelopperait-
il?
{D'ighn,
ii,
63)
Non
pas,
il
mourrait
{}).
Vijnna
doit ici
s'entendre
:
principe
vital
et
spirituel
n.
Mais,
pour
(pie le
nniarUpa,
c'est--dire
le
corps-esprit,
grandisse, il
ne
suffit pas
qu'il
soit vivant,
il
faut
encore qu'il
soit
aliment
:
L'ignorance,
le
dsir
et
l'attachement sont comme
les
mres
de ce
corps,
l'acte
comme
son
pre
[car
ils
dterminent
la
descente
du
vijnna]
;
la nourriture
{hra) en
est
la nour-
rice
{Visuddhimagga, dans Warren,
p.
242)
{^).
^^^
:
3.
Le
nmaripa, au
double point
de
vue
de
son
origine et
de
sa
persistance,
est en
raison du
vijnna
;
de mme
le
vijnna
lui-mme
est
en
raison
du nmarTipa.
D'aprs
la
mtaphore
canonique,
ils
tiennent,
appuys l'un
contre
l'autre,
comme
deux
bottes de roseaux
:
Le
vijnna
a pour
base,
point
de
dpart et terme, le nmarpa : c'est par lui et
avec lui qu'il
nat,
vieillit, meurt, tombe de la prsente existence, apparat
dans
une
autre existence
(librement d'aprs
Sam.,
ii,
104)
;
le vijnna
trouve point d'appui dans le
nmarTipa,
d'o (par
le
dveloppe-
ment
qu'il
prend
grce
cet appui), renaissance, vieillesse,
mort
venir
{D'tgha,
ii,
63).
D'une
part, le
vijnna, principe
spirituel
qui
descend
dans
la
matrice
{pratisamdhi,
JPTS.
1893,
p.
139),
y
exerce sans doute
une action sur
les
lments
matriels
de
la
gnration, mais
il
n'y
descendrait pas s'il
ne devait
y
trouver ces
lments matriels
;
d'autre
part,
au cours
de l'exis-
tence
(prqvrtti),
le
vijnna,
c'est--dire
les vijhnas, les
con-
naissances
r.
qu'on
peut
appeler
actuelles
{praiivijhapti).
les
six
corps (kaya),
groupes
ou
sries
{samtati)
de connaissance
(visuelle,
etc.),
sont
en
fonction
du corps,
des organes
de
con-
naissance, de la
matire
(r/?/ja)
(3).
(M
Sam.
iii,
143 et
Abhidh. h.
v.,
Burn.
453
b.
{*)
D'aprs
le
Sstra
(Abhidharma
Sarvstivdin)
cit
dans
Ahutobhaya
xvii,
27
(voir
la
traduction
de
M.
Walleser),
harman
et
hleia
sont
les
pratyayas
du
corps.
(3)
On dfinit
:
vijnnam'prativijnantir
manayatanam
ca
iat (Abhid-
harmakosa, i,
16),
c'est--dire
vijnna
=
connaissance particulire
et
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
26/141
14
4. Avant
d'examiner
de plus
prs
la
notion
de nmarpa,
il
faut corriger
rimi)ression
que laissent
les
textes
cits ci-dessus,
savoir
que le
vijhna est un
principe permanent, s'iucarnant,
migrant, une
me en
un
mot.
Cette
impression est coutirme
i)ar
ce qu'on nous
dit
du mana-
indriya, organe
mental,
sensorium commune, du manas, esprit,
mens
roi de
la
ville
n
{Sam.,
iv,
195),
sjournant dans
la
matire
subtile
du
cur,
distinct
du
mano-vijna,
connaissance
men-
tale
n
(
ceci
est
bleu
v,
voir ci-dessous).
;
Mais
ct
de
ces conceptions
empiriques, que la
scolastique
creusera
k
loisir, nous possdons des
textes formels
:
De
mme
qu'un
singe (makkafa),
prenant ses
bats
dans
une
fort
ou
dans un
bois,
saisit une
branche,
puis
la
laisse
chapper et en saisit une
autre,
ainsi ce qu'on
appelle
pense {citta), esprit {manas)
ou
vijnna,
(intelligence)^
jour
et
nuit,
autre
apparat,
autre
dispa-
rait
{Sam.,
ii,
95)
(\).
Tout
vijnna,
tout
moment
de vijhna,
nous
dirions tout
tat
de
conscience,
est
produit par des causes
concurrentes {Majjh.,i,
257).
Une
scolastique
savante donnera
au
vijnna, principe
vital et
intellectuel,
son
vrai
nom
:
vijh-
nasroias,
courant
d'actes de pense
:;,
et
tablira que
chacun
de
ces
actes
a
pour
causes,
1.
l'objet (couleur),
2.
l'organe (il),
3.
un
lment
intellectuel,
savoir,
non
pas
un
noumne
,
une
substance,
mais
l'acte de
pense
qui
prcde
immdiatement.
{Miison,
19U1,
p.
194).
Le
vijnna est
considr
comme
un
aliment {Sam.,
ii,
p.
13)
:
c'est--dire
que
l'esprit
se nourrit
de
ses
oprations,
qu'il n'est
qu'un processus de vijhnas.
S'il
cessait
de
s'alimenter
{Nettipakarana,
p.
16)
ce
serait
le nirvana
;
il
s'alimente
:
d'oii la
vie
et
la
renaissance.
Du
mme
principe,
il
suit
que
renaissance
n'est
pas
trans-
mind-organ
;
ou
encore,
lorsqu'on considre
vijnna
comme skandha,
vijTina =sannm
vijnnakydnni
sayntatih,
la
srie
des six
groupes
de connaissances (particulires)
;
voir
Madhyamahavrtti,
p.
60.
(1) Dans
DJtammapada,
v. 334
=
SBE, X,
p.
SI, Therag.
1111 (comparer
JPTS.
1884,
p.
104),
c'est
bien
le
vijnna ou
la
pense
{citta)
qui
court
comme un singe,
sous
l'action
de
la
soif qui trouve
son
plaisir
et l.
Comparez les symboles des
fresques
d'Ajant
et des peintures
tibtaines,
ci-dessous
m,
2.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
27/141
15
migration
v
(f^nmlraitin,
snmlcrnti)
:
h^
rapport
entre
le vijnna
qui
toiiil)e
d'une
(\\:isteuee
n
et
le
vijnmia
qui
s'incarne,
est
celui
qui
existe
entre
une
image
et son
i-etlet,
entre
le
cachet et
l'empreinte
(').
On
dit
que
le
vijnna
se
rincai-ne
en
mme
temps
qu'il
tombe
r,
de nu'nue
que
les
flaux
de la
balance
montent
et
descendent : ceci n'est,
ne
i)eut
tre
qu'une
mtaphore
{^).
5. Le
texte
cit
ci-dessus
(1)
i-eprseute
le
vijnna
comme
des-
cendant
seul
dans
la
matrice.
D'autres
documents
sont
encore
plus
nets
{Sam., i,
37,
MaJJh.,
i,
256)
:
Quoi,
dans
l'homme,
trans-
migre
'?
La
i)ense
) ,
et
cette
manire
de
voir sera
adopte
i)ar
certaines
coles.
Mais
le canon
mentionne
la
croyance
[popu-
laire]
la rincarnation
d'un
tre
couq)let
(npi^el
gandharva)
(^)
;
la
philosophie
brahmanique
fait
transmigrer
un
corps
subtil
?>
{lihyasarlra, skpiiaiarlra)
;
des thoriciens
bouddhiques soutien-
nent
que
le
vijna,
sauf dans
des
conditions
particulires
de
force
mystique
(et encore
on
discute
l-dessus) n'est
pas
capable
de
subsister
sans
matire
(*).
Et
le
canon, en
effet,
ct
des
passages
o
il
parle
de la
descente
n
du
vijnna, en contient
d'autres
oii la notion
d'un
corps subtil est
pour le
moins
suggre.
D'abord
MaJJh.
i,
256,
qui condamne
la
thse
de
la transmigration
du
vijnna
isol.
Ensuite, Sam.,'u,
66, 90,
101,
descente
du
nniarpa,
et
(ihid.
iii,
46,
56, cp.
ii,
13)
descente
des
cinq sens
ou
des
six
sens
{manas,
mens,
compris).
La
scolastique
admettra que
les cinq
skandhas (lments
constitutifs
de
la
pseudo-individualit) qui
prennent
fin
la
mort,
sont
remplacs
])ar les
cinq autres
skandhas
de
l'tre
l'tat
naissant
(^).
Quand
le recommencement
d'une
nouvelle
existence
a
lieu
(1)
Voir
Madhyamakavrtti,
p.
544
et
Visuddhimagga,
xvii,
apud
War-
ren,
p.
239
dont
il
faut
lire
tout
le chapitre
intitul
:
'
iiebirth
is
not
transmigration
'
p.
234-41 (d'aprs
Milinda
et
Visuddhi).
Certaines
sectes
admettent le
saynhrama.
(2)
Madh.
vr.
544,
6;
Madliyamakcivalra, vi,
18.
(3)
Voir
Windiscli,
Buddha''s
Geburt
;
Hastings'
Encycl.
art.
Death.
(*)
Voir
Eastiiigs'
Encycl.
art.
Cosmology,
p.
137.
(5)
radrandntika-,
aupapattydmsiha,
voir
par
exemple
Madhyama-
kavrtti,
544,
569. Sur
le
dveloppement
graduel de
l'embryon,
voir
ci-des-
sous
111,
3.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
28/141
-
l
dans
la sphre non
matrielle
{arFipa),
le
vijnna
ne
cause pas
nmarnpa,
mais
seulement
nman
{^).
6.
Que faut-il
entendre
au
juste par nniarpa'} Ce terme, dont
les
origines
vdantiques sont videntes
(2),
dsigne probablement
l'individu
dans sa
totalit
spirituelle
et
matrielle, conu comme
un
aggrgat
sans unit substantielle
{^).
Cependant
la
seule
dfinition
scolastique
que
je
rencontre
dans le
canon
(^)
{Sam.
ii,
3,
Majjh. i,
53)
semble
sparer
le
vijnna
du
nmarvpa
:
Par rpa,
on
entend les
quatre
lments (terre,
etc.),
et
le
rUpa
qui
drive
des
quatre
lments
n
('')
: il
s'agit ici
du
rpa
driv, c'est--dire
du corps,
y
compris la
matire
subtile
qui
constitue
les organes des
sens
(^).
Par
nman,
on
entend
sensation, notion ou
nom, volition,
contact,
attention
{vedan,
samjnd,
cetan,
spara, nianasikra,
voir ci-dessous),
c'est--dire des
donnes d'ordre
spirituel
qui
se
rapportent
au
vijnna
comme
leur
cause
ou
leur
support,
et
dont,
son
tour,
le V/wwa
dpend.
La
scolastique
postrieui-e
hsite ( ).
Tantt,
et
ceci revient
la
(1)
Voir
Yibhanga,
138;
AKV.,
Ms.
Burnouf 454 a; Hastings^ Encycl.
art.
Cosmology,
p.
137.
(*)
Sens
vdntique
:
ce
qui
caractrise
les
objets
particuliers, leur
forme
et
leur nom.
Voir
Kern,
Geschiedenis,
I,
335;
Oldenberg,
Buddha^, 262
;
Rigveda-Noten
zu iii,
38.;,
V,
43.
10
;
Arch.
fur
Rel.
Wiss.,
1910,
584
(Suttanipta
1074)
;
Senart,
Ml. Hai'lez,
286,
qui pense que ce
terme,
ici,
ne
peut
essentiellement reprsenter
que
le rpa
n,
matire.
On
trouvera
des tymologies de
nman
et
de
rpa
dans
Madhyama-
kavrtti.
343,
544
et
Muson,
1901,
195.
(3)
Voir
Bigandet,
II,
224,
cit par
Kern,
I.
341.
Le
nmorpa
est un
compound
(samghdta)
de
deux
compounds,
rpa
et
ndman
(qui
s'ap-
puient
l'un
sur
l'autre),
Nettipakarana,
28
;
ail physical and mental
phnomena
(Kern).
(
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
29/141
.
17
dfinitioa
que
nous venons
de
signaler,
elle
dnit
nni,an=vedan,
samjn,
samshlras,
c'est--dire,
h
l'exclusion
du
viJHna,
tout
le
spirituel
ou
intellectuel-motif
qui
accompagne le
vijnna
{saha-
hhn)
:
l'tre
tout
entier,
c'est
donc
le
ndmarpa
avec
le
vijuna
[Dgha,
ii,
64,
Nettipaharana,
15)
Tantt,
et
plus
souvent,
on
a
:
rpa
=
rpa
;
nma
=
vedan
....
vijhna
;
nmarnpa
=
tout
l'organisme.
11
semble,
en
effet,
que
le
vijhna persiste
et
subsiste
comme partie
intgrante
et
dominatrice
du
nmiiri'tpa
dont
il
a
dtermin d'abord la formation.
7.
Parfois
on
explique
l'origine
du
nmarUpa
en
faisant
intervenir
six
dhtus, lments,
savoir
les
quatre
grands
lments
(mahbhnta),
l'espace,
et
le vijhna
:
C'est
en
raison
des
six
dhtus,
terre, eau, feu,
vent,
espace
et
vijhna qu'a
lieu
la
descente
de
l'embryon
(garbha)
(c'est--dire la
conception) :
cette
descente
tant,
il
y
a nmarpa
{Ang.,
i,
176).
Le
vijhna
est
videmment
la
partie
prenante,
la
cause
efficiente
:
encore
qu'il
soit
qualifi
dhtu
(})
et
compar
la
terre,
etc.,
il
est
individualis
et
individualise
les
lments matriels
qui
s'organisent
en raison
de sa
prsence.
Mais on
ne
i)eut
ignorer
le caractre vdantique que
cette
reprsentation
peut
prsenter, et
on
doit
remarquer des passages comme\
Dlgha,
i,
223
(^),
Majjh.,
i,
329
:
L'invisible,
infini,
partoijlt
brillant
vijhna
....
l
meurent
nom
et forme
...
,
susceptibles,
tout
le
moins, d'exgse
vdantique,
si
leur
origine
n'est
pas
vdanti-
que
(3).
:
\v
-
8. Mentionnons
encore Sam.,
ii,
24 :
Ce
corps
et
le
nmarpa
(1)
Voir
la
valeur
de
l'expression
vijhnadhaf.u
tout
ce qui
rentre
dans
l'lment
ou
catgorie
vijhna
=
yd
caksuradhipateyyd
ricpn-
l'amba'naprativijhaptih
=
les connaissances
ayant
pour
objet
le
rpa
et pour
rgent
l'il,
c'est--dire
les
connaissances
de
couleur
et
de
l'orme
;
et
de
mme
pour les six sens
{Sikssa^niiccaya,
p. 250).
(^) Ce
texte
appelle
un
long commentaire,
voir
Oldenberg,
Buddha'^,
264
;
Rliys Davids,
Dialogues
of
the
Buddha,
i,
283.
P)
Comparer
l'Upanisad
(Mundaha,
iii,
2, 8)
:
De mme
que
les
fleuves,
quand
ils
roulent
dans
l'Ocan,
perdent
leur
nom-et-forme
et
disparaissent,
de
mme
le
sage,
dUvr
de
son
nom-et-forme
(c'est--dire
de
son
individualit,
cre par l'ignorance) entre dans
l'Esprit
suprme
et
cleste .
Z
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
30/141
-
16
-
extrieur
(bahirdh ca nmarpam)
fout
deux
et eu raison
de
ces
deux
le contact
et les
six
yatanas
(voir
JRAS.
1905,
p.
402),
passage
presque
isol
daus
la littrature,
et
oii le
moude
extrieur
reoit
le
nom
de
nmarpa
:
ce
nom
vise
peut-tre
le
double
caractre des
choses
connues
en vertu
du
contact,
leur
ralit
physique, leur intelligibilit
?
(^)
:,
5.
iSadi/ataiia
(^j,
les six
organes
des sens.
1.
Ayatana signifie
sige, lieu
de
production,
cause, et
aussi
domaine,
a)
caksuryatana
=
le sige
de l'il,
de ce qui est
vraiment
l'il,
c'est--dire
le sige
de la
facult visuelle
;
l'organe
de
la
vision
ou de l'il,
caksurindriya.
On
dit
aussi
sparyatana,
caJc-
suhsparyatana
(Atig.,
i,
176^
Sam., v,
43, 70,
etc.)
:
le lieu
o
se
produit
le
contact
qui
produit la
connaissance
{^).
b)
caksuryatana
peut signifier
le
domaine de
l'il,
l'objet
visible qui
est
attteiut
par
Til,
et
qui
lui
appartient. C'est
ce
qu'on
appelle aussi rupyatann
,
les
quatre
couleurs
et les huit
formes
des
objets,
Aux six
organes des
sens
(il,
oue,
odorat,
got,
toucher,
manas),
qu'on appellera
yatanas internes
(dhytmika),
il
faut ajouter
les
six
yatanas
externes
(bhya), les
objets
des
organes
(Sam., iv,
175),
c'est--dire
le
nmarUpa
extrieur
de
Sam.,
ii,
24.
2.
Il faut
distinguer, avec
la scolastique,
avec la philosophie
Smkhya(*)^
l'il visible,
l'il de
chair
(mmsapinda
=
caksura-
dhisthna),
et
l'il-organe^ ayatana,
le
vrai
il
{paramarthen-
driya), l'il-porte
{dvra)
:
matriel
{rUpin), mais
subtil
(rUpa-
prasda),
invisible, susceptible
de
heurt
(sapratjgha)
{)
;
il
est
(^) Voir
Blgha, ii, 62
cit ci-dessous
p.
19,
et
rfrences,
Il est plus
simple
de
parler de
rpa extrieur
.
Madhyatnakavrtti,
p.
118, n.
6.
(*)
On
relvera
les
tymologies de
ayatana,
Sumangalavilsin,
i,
p.
124 et
Madhyamakavrtti,
552.
Voir
ce
dernier
texte,
p,
16,
Mah-
vyutpatti,
%
106,
Dharmasamgraha,
24.
(3)
sparkasya
caitasikasyraya ity
arthah
{Abhidharmakosav.).
{*)
Srnkhyastras,
ii,
23,
traduction de
R.
Garbe
;
voir Garbe Die
Snikhy
a-Philosophie,
p.
25S.
(5)
Dtinition de
l'Abhidharma
sanscrit
: caksuh
katamh
? yo
rpa-
prasdas
caksurvijncinasysraya
iti.
C'est
l'il
interne
de
Majjh.
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
31/141
19
heurt
par la
matire
(rUpa),
couleur,
forme,
qui
est
mat-
rielle
et
visible
:
il constitue
le support
de la
couaaissance
visuelle
{caksurvijnnasysraya),
taut
lui-mme,
semble-t-il,
immanent
Toeil
de
chair. Il
en
va
de
mme des cinq
organes
sensibles,
notamment
du
cinquime,
l'organe
du
toucher,
qu'o
appelle
kya,
corps,
plus
exactement
body-seusibility
n,
skin-
seusibility
.
En
ce
qui
concerne le sixime
organe,
manayaiana,
nianali-
sparyatana,
ou
simplement
nianas,
il
est
immatriel
{arUpin),
invisible,
tranger
au heurt
(du
moins d'aprs
un
Stra
cit
dans
AKV.
Burn. 42
b)
;
les
autres
sens
ont pour
substance,
origine
{nuila),
les
quatre
grands
lments (terre
....
vent),
tandis
qu'il
est
form
du
mano-dhatu,
mind-element
n,
qu'on
peut
difficilement distinguer
du
vijna-dhtu
Q).
3.
Certains
documents
omettent
la
mention
des
six
organes
et
rattachent
directement
au
nmarpa
le
spara, contact
[des
objets
et
des
sens] (Suttanipta,
vers
870,
et Dyha,
ii,
62)
(2)
: ce qui
s'entend
aisment, car les six organes
ne
sont qu'une
dfinition
ou
une prcision du
nmarUpa.
D'autres documents,
comme nous
avons
vu,
omettent vijuna
et
nmarpa
{Sam.,
ii,
13,
iii,
46,
i, 190
;
la
scolastique
appelle externe tout
ce
qui n'est
pas
cette
matire
subtile
{JPTS.
1884, p.
28).
Voir
Mrs Rhys
Davids, Psychology,
la
note
importante
p.
173
;
Sihsdsamitccaya,
p. 250,
n.
3
;
Madhyamakavj'tti,
p.
126,
n.
1;
Muson,
1904,
p.
214.
(^) Il
y
a ici un
grand nombre
de problmes
insuffisamment
tudis.
On
peut
croire
que le
manas rside dans un
cur
qui serait
au cur
de chair ce que
i'il-organe
est
l'il de chair
(voir
par
exemple
Yibhanga,
144).
Le
tnanas
est
ailleurs
uni
au hdyendriya,
body-sensi-
bility,
et au
jlvitendriya,
organe vital.
Tout
cela est
extrmement
compliqu
y^)
Passage
fort
intressant,
et
diversement
interprt
par
Warren,
206
;
Walleser,
Philosophische
Grundlage
(Heidelberg,
1904)
51
;
Win-
ternitz, BertholeVs
Lesebuch
(Tubingen,
1908)
237,
etc.
En
le
dpouil-
lant
de
toute
phrasologie, je
comprends
:
Du nmarpa
dpend
le
contact....
Si le
ndman
(c'est--dire
vijndna,
etc.)
n'existait
pas, aurions-
nous,
par
le
rpa
seul
(corps,
organes),
le
contact
nomm
contact
de
dsignation
(adhivacana),
c'est--dire,
le
contact
aboutissant
la
dnomination
des
objets?
Et
si le rpa (corps,
organes)
n'existait
pas,
aurions-nous,
par
le
seul
ndman,
le
contact
nomm
contact
de heurt
rt
(pratigha, impact),
qui
prcde l'autre
contact
?
-
7/24/2019 La Vallee Poussin - Theorie Des Douze Causes 1913
32/141
-
20
96),
et,
en
effet, les six organes
quivalent
nmarupa
coupled
with
vijnna
n
(comp. Dlgha ii,
64)
L'Abhidharma
pli
{Vibhatiga, 138
foU.)
envisage
le cas
o il
n'y
a
pas
production
des
cinq
organes
sensibles,
mais
seulement
du
nianas
:
il
s'agit
de
l'existence dans
la
sphre de
la, non-matire
(voir
ci-dessus,
p.
16
u.
1).
6.
Spara
{samspara,
phass), toucher,
contact, conjonction.
Ce
terme doit
s'entendre
du
tact
ou
toucher
: ce
qui
est connu
par le
tact
s'appelle
tangible
n,
sprastavya.
Ce mode
de
connaissance
est le type
de la
connaissance
immdiate, certaine
;
l'expression
toucher
avec le
corps
est synonyme de
la
ntre
voir de ses
yeux
n,
et s'entend
de
la
connaissance
des vrits
de
salut, du
nirvana,
etc. Par la mme
mtaphore, toute connais-
sance
immdiate
{pratyaksa,
devant
les
yeux
n)
sera
un
spara
{^).
1. Les
dfinitions
canoniques du
spara,
sixime
membre
du
Prattyasamutpda,
paraissent
avoir
un caractre
scolastique
marqu :
a.
En
raison
et
de
l'il
et des
objets
visibles
(rUpa)
(^)
se
pro-
duit
l'il-connaissance
{^)
(caksurvijnna)
;
le concours
(samgati
=
samgama,
samsarga, samnipta, saniavya)
des trois,
c'est
le
contact.
En raison du
contact,
la
sensation....
. Et ainsi de
suite
pour
les
autres
organes
des
sens, oreille, etc.
Enfin
:
En
raison
et
du
manas
et
des
dharmas
(=
choses
en gnral,
soit
objets
extrieurs,
soit
reprsentations,
ides)
se
produit
la
connaissance
intellectuelle
{manovijna)
Voir
par
exemple
Sam.,
ii,
72,
iv,
68,
8