Download - La pratique de la gestion durable des terres
-
La pratique de la gestion durable des terresDirectives et bonnes pratiques pour lAfrique subsaharienneA P P L I C A T I O N S S U R L E T E R R A I N
2011
Prpar par WOCATCoordination FAO de lONUPubli en partenariat avec TerrAfrica
-
L A P R A T I q U E d E L A g E S T I O N d U R A b L E b A C K g R O U N d
Les appellations employes dans ce produit dinformation et la prsentation
des donnes qui y figurent nimpliquent de la part de lOrganisation des
Nations Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO) aucune prise de
position quant au statut juridique ou au stade de dveloppement des pays,
territoires, villes ou zones ou de leurs autorits, ni quant au trac de leurs
frontires ou limites. La mention de socits dtermines ou de produits de
fabricants, quils soient ou non brevets, nentrane, de la part de la FAO,
aucune approbation ou recommandation desdits produits de prfrence
dautres de nature analogue qui ne sont pas cits.
ISbN 978-92-5-000000-0
Tous droits rservs. La FAO encourage la reproduction et la diffusion des
informations figurant dans ce produit dinformation. Les utilisations des fins
non commerciales seront autorises titre gracieux sur demande.
La reproduction pour la revente ou dautres fins commerciales, y compris pour
fins didactiques, pourrait engendrer des frais. Les demandes dautorisation de
reproduction ou de diffusion de matriel dont les droits dauteur sont dtenus
par la FAO et toute autre requte concernant les droits et les licences sont
adresser par courriel ladresse [email protected] ou au Chef de la
Sous-division des politiques et de lappui en matire de publications,
Bureau de lchange des connaissances, de la recherche et de la vulgarisation,
FAO, Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italie.
FAO 2011
-
La pratique de la gestion durable des terresDirectives et bonnes pratiques pour lAfrique subsaharienne
Auteurs : Hanspeter Liniger, Rima Mekdaschi Studer, Christine Hauert, Mats Gurtner
Sous coordination de FAO
Rdacteur technique : William Critchley
Traduction franaise : Brigitte Zimmermann, Barbara de Choudens
Graphiques et cartes : Ulla Gmperli, Simone Kummer, Chris Hergarten
Mise en page : Simone Kummer
Rfrences : Liniger, H.P., R. Mekdaschi Studer, C. Hauert and M. Gurtner. 2011. La pratique de la gestion
durable des terres. Directives et bonnes pratiques en Afrique subsaharienne. TerrAfrica, Panorama
mondial des approches et technologies de conservation (WOCAT) et Organisation des Nations
Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO)
Photo de couverture : Gestion durable des terres pratique sur des exploitations petite chelle Machakos, au Kenya:
protection des terres en pente au moyen de terrasses creuses la main en association avec de
lagroforesterie (Hanspeter Liniger)
-
4 La pratique de la gestion durable des terres
-
5Table des matiresAvant-propos 7
Remerciements 9
Liste des acronymes 10
Rsum 11
1re partie : Principes directeursIntroduction 18 Poser le cadre 18 Objectifs et public vis 19 Structures et sources 19 Focus sur lAfrique subsaharienne 20 Focus sur la gestion durable des terres 20
Principes des bonnes pratiques de GDT 23 Amlioration de la productivit des sols 23 Efficience de lutilisation de leau 25 Fertilit des sols 30 Les vgtaux et leur gestion 32 Microclimat 34 Amlioration des moyens dexistence 35 Cots et bnfices 35 Les intrants : un dfi pour les utilisateurs des terres 36 Amlioration des cosystmes : agir en respectant lenvironnement 37 Prvention, attnuation et rhabilitation des terres dgrades 37 Amlioration de la biodiversit 39 Changement climatique : un dfi ou de nouvelles opportunits ? 40 Solutions trois fois gagnantes 44
Adoption et soutien dcisionnel pour une transposition 47
grande chelle des bonnes pratiques Adoption monte en puissance et diffusion 47 Cadre politique et institutionnel 48 Participation et planification de lamnagement du territoire 50 Promotion et vulgarisation 51 Suivi, valuation et recherche 53 Soutien dcisionnel transposition grande chelle de la GDT 54 gestion des connaissances construire les fondations 55 Slection et mise au point des pratiques de gdT 55 Slection des zones prioritaires dintervention 56 Conclusions pour ladoption et le soutien dcisionnel 56
Perspectives davenir 59
-
6 La pratique de la gestion durable des terres
2me partie : Bonnes pratiques de GDT adaptes lAfrique subsaharienne
Aperu des pratiques de GDT 64
Groupes de technologies de GDT et tudes de cas 67 Gestion intgre de la fertilit des sols 68 Agriculture de conservation 82 Collecte des eaux de pluie 94 Gestion de lirrigation petite chelle 106 barrires en travers de la pente 120 Agroforesterie 132 Gestion intgre de lagriculture et de llevage 148 Pastoralisme et gestion des parcours 162 Gestion durable des forts plantes 176 gestion durable des forts en zones arides 188 Gestion durable des forts tropicales humides 198 Tendances et nouvelles opportunits 208
Approches de GDT et tudes de cas 221
Approches de GDT 222
Annex: Comparaison des bonnes pratiques de GDT 241
-
7Avant-propos
La terre est la vraie richesse de lAfrique subsaharienne (ASS). Ce continent est caractris par une trs grande diversit
dcosystmes naturels, qui hbergent des ressources telles que les sols, la vgtation, leau et la diversit gntique.
Ces lments constituent la principale richesse naturelle de la rgion. Ils doivent tre prenniss afin que les populations
africaines qui en tirent leur nourriture, leau, le bois, les fibres, les produits industriels et les fonctions et services des
cosystmes puissent continuer y vivre. Dans le mme temps, la terre fournit directement les moyens dexistence
60 pour cent des personnes, au travers de lagriculture, de la pche en eau douce, de la foresterie et dautres ressources
naturelles (FAO 2004).
Mais la surexploitation menace srieusement les ressources en terre et en eau dans quelques rgions, bien que la
disponibilit de ces ressources y soit lune des plus leve sur terre. Cest la consquence directe des besoins croissants
dune population en pleine expansion, conjugue des pratiques inappropries de gestion des terres. Ainsi, dune part
la population de lAfrique crot de plus de deux pour cent par an (FAO 2008), ce qui ncessitera un doublement de la
production alimentaire dici 2030, dautre part, la productivit des ressources naturelles sont gnralement en dclin.
De plus, le nombre de catastrophes naturelles a augment et les effets du changement climatique commencent se
faire sentir.
Il est urgent de trouver un nouveau systme de gestion et de gouvernance des terres qui soit en mesure de rpondre de
manire systmatique et intgre ce dfi crucial de dveloppement. La gestion durable des terres (GDT) est une
approche densemble qui possde un potentiel de transformation durable court et long terme. Mais quentend-on
exactement par gestion durable des terres ? Quels en sont les principes et avant tout, quelles sont les pratiques que les
gens peuvent utiliser ? En quoi est-elle vraiment diffrente et comment peut-elle apporter des solutions concrtes en
Afrique ? Voici les questions cls abordes par cet ouvrage les rponses sont ensuite fournies dans les tudes de cas
et les analyses.
Ces directives ont t dveloppes partir de la vaste exprience de la FAO et de WOCAT. Le livre puise en particulier
dans les rseaux de WOCAT et dans sa base de donnes de connaissances de GDT ainsi que dans son premier livre
intitul L o lherbe est plus verte . Ces directives ont t labores dans le cadre du partenariat TerrAfrica dont
lobjectif principal est de promouvoir la GDT et de la transposer grande chelle en ASS, grce leffet de levier et
lharmonisation dinvestissements multisectoriels au niveau local, national, intra rgional et rgional.
Lobjectif de ce livre est de stimuler fortement ladoption de la gdT sur le continent africain. Il est fond sur des
connaissances scientifiques, techniques, pratiques et oprationnelles. Il a t crit pour fournir une assistance solide
aux pays, aux institutions et programmes rgionaux, aux partenaires de dveloppement et aux organisations dexploitants
agricoles qui sont dsireux de modifier les investissements actuels et de les rorienter dans une direction plus durable.
Ce livre prsente de manire conviviale 13 grands groupes de technologies de GDT, illustrs par 47 tudes de cas
de toute la rgion. Nous insistons sur le fait que, bien que compltes, ces pratiques ne sont pas des approches
descendantes ou directives ; dans la plupart des cas, elles peuvent tre amliores ou remodeles selon les situations.
Les utilisateurs sont donc encourags les adapter et les modifier selon les conditions, en y intgrant lingniosit et
les savoirs locaux.
A V A N T - P R O P O S
-
8 La pratique de la gestion durable des terres
En outre, le livre traite des questions environnementales les plus urgentes pour lASS : il nest pas uniquement question
de lutte contre la dgradation des sols, mais aussi de prserver les fonctions des cosystmes, dassurer la scurit
alimentaire, de protger les ressources en eau sur les terres et daborder les questions dattnuation du changement
climatique et dadaptation celui-ci. diffrentes situations typiques de lASS sont traites et le potentiel damlioration
des conditions dexistence apport par ces contributions majeures est mis en lumire.
Il est espr que les initiatives importantes en cours telles que les programmes de pays et les oprations dinvestissement
soutenues par TerrAfrica, les plans daction nationaux et les stratgies sectorielles dinvestissement, la planification pour
le Programme intgr pour le dveloppement de lagriculture en Afrique (CAADP) ainsi que les initiatives concernant la
fort, les ressources en eau et le changement climatique rendront ces pratiques oprationnelles et permettront de les
transposer grande chelle grce des multi-partenariats. Il est espr que toutes les parties prenantes pourront tirer
profit des prcieuses informations contenues dans ce guide et quelles participeront au partenariat de TerrAfrica qui vise
tendre et documenter les connaissances actuelles.
Jacques Diouf
Directeur gnral de la FAO
-
9Remerciements
Ce livre est louvrage de rfrence des connaissances de la plateforme TerrAfrica, prpar linitiative de lOrganisa-tion des Nations unies pour lalimentation et lagriculture (FAO) et financ par le Fonds effet de levier de TerrAfrica qui regroupe nombre de donateurs, la Banque mondiale (BM), la FAO, la Direction du dveloppement et de la coopration suisse (DDC) et le Panorama mondial des approches et technologies de conservation (WOCAT). Ces directives ont t prpares par Hanspeter Liniger, Rima Mekdaschi Studer, Christine Hauert et Mats Gurtner ; elles ont t inities et coordonnes par Dominique Lantieri de la FAO, dites dans la version originale en anglais par William Critchley, CIS, VU-Universit dAmsterdam, avec le soutien, les contributions techniques et la relecture de Steve Danyo de la Banque mondiale et de Sally Bunning de la FAO. Les directives sont bases sur un processus itratif qui puise dans lexprience collective des personnes et des institutions, la fois en Afrique et lextrieur. Elles ont t rdiges avec le conseil, la coopration et lassistance des nombreux contributeurs qui dfendent la GDT comme le moyen dassurer les conditions dexistence en respectant lenvironnement et de manire rsiliente au climat.
Les groupes de GDT, sous leur forme actuelle, nauraient pas pu tre rdigs sans la rvision et les apports techniques des personnes ressources suivantes : Gestion intgre de la fertilit des sols : Jacqueline Gicheru, FAO; Stephen Twomlow, UNEP; Wairimu Mburathi, FAO; Agriculture de conservation : Amir Kassam, FAO; Josef Kienzle, FAO; Maimbo Malesu, ICRAF; Ric Coe, ICRAF; Theodor Friedrich, FAO; Collecte des eaux de pluie : Bancy Makanya Mati, ICRAF; Christoph Studer, Swiss College of Agriculture; Maimbo Malesu, ICRAF; Sally Bunning, FAO; Gestion de lirrigation petite chelle : Bernard Keraita, IWMI; Chris Morger, Intercooperation; Pay Drechsel, IWMI; Sourakata Bangoura, FAO; Wairimu Mburathi, FAO; Barrires en travers de la pente : Hans Hurni, CDE; Jan De Graaff, WUR; Kithinji Mutunga, FAO; Agroforesterie : Aichi Kityali, ICRAF; Chin Ong; Hubert de Foresta, Institute for Research and Development (IRD); Ric Coe, ICRAF; Gestion intgre dagriculture et dlevage : Jonathan Davies, IUCN; Pastoralisme et la gestion des parcours : Eva Schlecht, University of Kassel; Jonathan Da-vies, IUCN; Pierre Hiernaux, CESBIO; Gestion durable des forts plantes : Walter Kollert, FAO; Gestion durable des forts en zones arides : Anne Branthomme, FAO; Nora Berrahmouni, FAO; Gestion durable des forts tropicales humides : Alain Billand, CIRAD; Carlos de Wasseige, projet FORAF, CIRAD; Nicolas Bayol, Fort Ressources Management (FRM); Richard Ebaa Atyi, projet FORAF; Robert Nasi, CIFOR; Tendances et nouvelles opportunits : William Critchley, CIS, VU-University Amsterdam; Les approches de GDT : William Critchley, CIS, VU-University Amsterdam; Ernst Gabathuler, CDE
Les auteurs de cette publication sont profondment reconnaissants envers les personnes suivantes, qui sont les auteurs
des tudes de cas ou qui ont contribu la mise jour des tudes de cas dj existantes dans les bases de donnes de WOCAT : Jens Aune, Norwegian University of Life Science, Norway; Sourakata Bangoura, FAO Central frica; Jules Bayala, CORAF; Sally Bunning, FAO; Carolina Cenerini, FAO; William Critchley, CIS, VU-University Amsterdam; Daniel Danano, MoARD, Ethiopia; Etienne Jean Pascal De Pury, CEAS Neuchtel, Switzerland; Toon Defoer, Agriculture R&D consultant, France; Friew Desta, Bureau of Agriculture, SNNPR, Ethiopia; Lopa Dosteus, CARE International, Tanzania; Deborah Duves-kog, Regional FFS Advisor, FAO Kenya; Mawussi Gbenonchi, Universit de Lom, Togo; Paolo Groppo, FAO; Abraham Mehari Haile, UNESCO-IHE Institute for Water Education, The Netherlands; Andreas Hemp, University of Bayreuth, Germany; Claudia Hemp, University of Wrzburg, Germany; Verina Ingram, CIFOR-Cameroon; Ceris Jones, Agronomica, UK; Franziska Kaguembga, NGO newTree, Burkina Faso; Zeyaur R. Khan, ICIPE, Kenya; Frederick Kihara, Nanyuki, Kenya; Christian Kull, Monash University, Australia; Lehman Lindeque, Department of Agriculture, Forestry and Fisheries, South Africa; Maimbo Malesu, ICRAF; Joseph Mburu, MoA, Kenya; John Munene Mwaniki, Kenya; Kithinji Mutunga, FAO Kenya; James Njuki, MoA , Kenya; Adamou Oudou Noufou, Niger; Ahmed Oumarou, Ministry of Environment, Niger; Dov Pasternak, ICRISAT, Niger; Jimmy Pittchar, ICIPE, Kenya; Tony Rinaudo, World Vision, Australia; Eva Schlecht, University of Kassel, Germany; Abdoulaye Sambo Soumaila, GREAD, Niger; Dthi Soumar Ndiaye, Centre de Suivi Ecologique, Senegal; Adjimon Souroudjaye, Volta Environmental Conservation Organization; Jacques Tavares, INIDA, Cape Verde; Donald Thomas, MoA, Kenya; Fabienne Thomas, Switzerland; Stephen Twomlow, UNEP; Larissa Varela, INIDA, Cape Verde; Flurina Wartmann, Biovision Foundation for ecological development, Switzerland; Marco Wopereis, Africa Rice Center, Benin; Lazare Yombi, Helvetas, Burkina Faso; Julie Zhringer, ETH Zrich, Switzerland; Iyob Zeremariam, MoA, Eritrea; Urs Scheidegger, Swiss College of Agriculture, SHL; Martin Dyer, Kisima Farm, Kenya; Bereket Tsehaye, Toker Integrated Communitiy Development, Eritrea
R E M E R C I E M E N T S
-
10 La pratique de la gestion durable des terres
ASS : Afrique subsaharienneARP : Approche rurale participativebAd : banque Africaine du dveloppementBM : Banque mondialeCABI : Commonwealth Agricultural Bureaux InternationalCC : Changement climatiqueCdE : Centre pour le dveloppement et lenvironnementCEAS : Centre cologique Albert SchweizerCES : Conservation de leau et des solsCESBIO : Centre dEtudes Spatiales de la BIOsphreCGIAR : Groupe consultatif pour la recherche agricole internationaleCIFOR : Centre de la recherche forestire internationalCIRAD : La recherche agronomique pour le dveloppement; CIS : Centre for International Cooperation (VU University Amsterdam)CNES : Centre national dtudes spatiales CTA : Centre technique de coopration agricole et ruraleFAO : Organisation des Nations unies pour lalimentation et lagricultureFFS : Ecoles dagricultures de terrain - Farmer Field School OFAC : Observatoire des forts dAfrique centralegES : gaz effet de serregdT : gestion durable des terresGIEC : Groupe dexperts international sur levolution du climatGREAD: Groupe de recherche dtude et daction pour le dveloppement, NigerIAASTD : Evaluation internationale des connaissances, des sciences et des technologies pour le dveloppementICIPE: International Centre for Insect Physiology and Ecology - African Insect Science for Food and HealthICRAF : Centre international pour la recherche en agroforesterieICRISAT: Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-aridesIFPRI : Institut international de recherche sur les politiques alimentairesILEIA : Centre for Learning on Sustainable AgricultureISRIC : World Soil InformationIWMI : Institut international de gestion de leauLADA : Projet dvaluation de la dgradation des terres dans les zones arides FAOMoA(RD): Ministry of Agriculture (and Rural Development)S&E : Suivi et valuationn.a./ na : non applicableONG : Organisation non gouvernementale ONU : Organisation des Nations uniesOCDE : Organisation de coopration et de dveloppement conomiquePNUD : Programme des Nations Unies pour le dveloppementPNUE : Programme des Nations Unies pour lenvironnementPSE : Paiement de services environnementaux SNV : Agence de dveloppement des Pays-BasSOC : Carbone organique du sol SOM : Matire organique du sol UA-NEPAd : Union africaine Nouveau partenariat pour le dveloppement de lAfriqueUICN : Union internationale pour la conservation de la nature UNECA : Commission conomique des Nations Unies pour lAfriqueUNESCO : Organisation des Nations Unies pour lducation, la science et la cultureWOCAT : Panorama mondial des approches et technologies de conservationWUR : Wageningen University & Research centre
L I S T E D E S A B R V I A T I O N S E T A C R O N Y M E S
-
11
R S U M
Rsum
1RE PARTIE : PRINCIPES dIRECTEURS
Introduction
Objectifs et structure
La rdaction de directives pour des technologies et
approches de gestion durable des terres en Afrique sub-
saharienne (ASS) fait partie du programme TerrAfrica de
2009-2010. Lobjectif de ces recommandations et tudes
de cas est de contribuer crer un cadre pour les inves-
tissements lis aux pratiques de gestion durable des terres
(GDT). Le but est, en particulier, didentifier, danalyser, de
discuter et de diffuser des pratiques de gdT prometteuses
incluant la fois les technologies et les approches la
lumire des dernires tendances et nouvelles opportuni-
ts. Ltude cible surtout les pratiques qui produisent des
rsultats et un retour sur investissement rapides et / ou les
autres facteurs qui incitent ladoption de ces pratiques.
Ce document sadresse aux parties-prenantes cls des
programmes et projets de GDT aux stades de llaboration
et de la mise en uvre : il sagit surtout des praticiens,
des gestionnaires, des dcideurs, des planificateurs, en
collaboration avec les institutions financires et tech-
niques et les donateurs. Les directives sont divises en
deux parties principales. La 1re partie met en lumire les
grands principes de la GDT ainsi que les lments impor-
tants prendre en compte qui permettront de qualifier
les technologies et approches de bonnes pratiques
pour une transposition grande chelle. La 2me partie
prsente douze groupes de technologies de GDT ainsi
quun module sur les approches de GDT. Celles-ci sont
illustres par des tudes de cas spcifiques. Les princi-
pales personnes ressources et experts en GDT en ASS ont
t sollicites afin de finaliser les groupes de GDT et de
dcrire les tudes de cas spcifiques. Ce produit sefforce
dtre la pointe de la recherche.
Focus sur la gestion durable des terres en Afrique subsaharienne
LAfrique subsaharienne est particulirement vulnrable
aux menaces de dgradation des ressources naturelles
et la pauvret. Les causes principales en sont le taux
de croissance lev de la population et une pression de
population croissante, une dpendance une agriculture
vulnrable aux changements environnementaux, des res-
sources naturelles et des cosystmes fragiles, des taux
levs drosion et de dgradation des sols ainsi que des
rendements faibles et des pertes aprs rcolte. En prime,
se rajoute une sensibilit aux variations climatiques et au
changement climatique long terme.
En ASS, les efforts concerts pour grer la dgradation
des sols grce la GDT doivent cibler la raret de leau, la
fertilit des sols, la matire organique et la biodiversit. La
GDT cherche augmenter la production agricole par des
systmes la fois traditionnels et innovants et amliorer
la rsilience aux diverses menaces environnementales.
Les principes des bonnes pratiques de GDT
Amlioration de la productivit des terres
Afin daugmenter la capacit productive des terres, leffi-
cience dutilisation de leau et la productivit doivent tre
amliores. Cet objectif peut tre atteint en rduisant les
pertes leves deau par ruissellement et vaporation sur
des sols non protgs, en collectant leau, en amliorant
linfiltration et en augmentant les capacits de stockage
ainsi quen optimisant lirrigation et en grant les sur-
plus deau. La priorit doit tre donne lamlioration de
lefficience de lutilisation de leau dans lagriculture non irri-
gue ; il sagit l du plus gros potentiel daugmentation des
rendements, associ de nombreux bnfices. Pour lagri-
culture irrigue, lacheminement et la distribution de leau
constituent les principales cls dconomie deau. Toutes
les bonnes pratiques prsentes dans la 2me partie de
ces directives ont amlior lefficience de la gestion et de
lutilisation de leau ; certaines dentre elles ciblent plus
particulirement la gestion de cette ressource trs limite,
par exemple la collecte des eaux dans les rgions arides,
la protection contre les pertes par vaporation ou ruisselle-
ment, lagriculture durable, lagroforesterie ou lamlioration
de la gestion des pturages.
-
12 La pratique de la gestion durable des terres
La diminution de la fertilit des sols due aux pertes
improductives de nutriments (par infiltration, rosion ou
dans latmosphre) et par extraction des nutriments est
un problme majeur dans les pays de lASS. diffrentes
pratiques culturales permettent de remdier lactuel
dsquilibre entre exportations et apports de nutriments
aux sols. Celles-ci incluent : lamlioration du couvert du
sol, la rotation des cultures, les jachres et associations
culturales, les apports de fumure animale, dengrais verts
et de compost grce des systmes intgrs de culture-
levage, lapport approprie dengrais minraux ainsi
que la rtention des sdiments et des lments nutritifs
des sols par des diguettes, des barrires / piges vg-
taux ou structurels. Ces techniques font toutes partie
dune gestion intgre de la fertilit des sols qui permet
dobtenir une amlioration du taux de matire organique
et de la structure des sols. Une amlioration de lagro-
nomie est essentielle pour de bonnes pratiques de gdT.
Un choix stratgique de varits culturales adaptes la
scheresse, aux parasites, aux maladies, la salinit et
dautres contraintes, en mme temps quune gestion
efficace est galement indispensable.
Lamlioration des conditions microclimatiques reprsente
aussi un potentiel daugmentation de la productivit des
terres. Limplantation de brise-vents et de bandes boises
qui protgent des tempratures leves et du rayonne-
ment (en utilisant lagroforesterie et la culture multi-ta-
ges) et qui conservent des conditions aussi humides que
possible peut crer un microclimat favorable dans les
zones sches et chaudes en diminuant limpact du vent.
Dans ce contexte, le paillage et le couvert vgtal sont
importants. Dans les rgions humides, limportance sera
donne la protection des sols contre les pluies intenses.
Ainsi, afin daugmenter la productivit des terres, il est
essentiel de suivre et de combiner les principes damlio-
ration de lefficience de lutilisation de leau, damlioration
de la fertilit des sols, de gestion de la vgtation et dop-
timisation des microclimats. Ces synergies peuvent plus
que doubler la productivit et les rendements de lagricul-
ture petite chelle. Lintensification et / ou la diversifica-
tion peuvent encore augmenter cette productivit.
Amlioration des moyens dexistence
Malgr les contraintes et les problmes quils rencontrent,
les utilisateurs des terres adoptent volontiers les pratiques
de gdT si celles-ci leur permettent dobtenir de meil-
leurs rendements, moins de risques ou une combinaison
des deux. Le problme principal de ladoption de la GDT
rside dans le rapport cot-efficacit, notamment pour les
bnfices court et long terme. Les exploitants agricoles
adoptent plus facilement des pratiques qui leur fournissent
un retour rapide et durable en termes alimentaires ou de
revenus. La mise en uvre de certaines mesures ncessite
parfois une assistance pour les exploitants petite chelle
lorsque les cots dpassent leurs moyens et que des bn-
fices rapides ne sont pas garantis. Les cots dentretien
doivent tre assurs par les exploitants agricoles eux-
mmes afin de favoriser leur capacit dinitiative. Il est donc
important de bien valuer le rapport cots / bnfices en
termes montaires et non-montaires.
Ladoption des pratiques de GDT par les exploitants
agricoles ncessite parfois des apports supplmentaires.
Ceux-ci concernent le matriel (outillage, semences,
engrais, quipement, etc.), le travail, les marchs et les
savoirs. Le travail et les intrants posent en particulier un
problme dans les rgions affectes par lexode rural. Dans
Systme dexploitation intgr des terres : association de mas et haricots avec des bandes enherbes pour la production de fourrage, dans une zone potentiel lev (Hanspeter Liniger)
R S U M
-
13Rsum
ces cas prcis, des pratiques de GDT telles que lagricul-
ture de conservation, qui a lavantage de demander moins
de travail et dintrants, ont plus de chance dtre adoptes.
Les changements vers la GDT doivent soprer en tenant
compte des valeurs locales et des normes ; autoriser la
flexibilit, ladaptabilit et linnovation afin damliorer les
moyens dexistence. Les bonnes pratiques de GDT sont
celles qui ncessitent un minimum dapprentissage et de
renforcement des capacits tout en tant faciles ap-
prendre.
Amlioration des cosystmes : agir en respectant lenvironnement
Pour tre vraiment durables, les pratiques doivent res-
pecter lenvironnement, freiner la dgradation des terres,
amliorer la biodiversit, et accrotre la rsilience aux
variations et changements climatiques. Etant donn
ltat actuel des terres en ASS, les interventions de gdT
apparaissent vitales afin de prvenir et attnuer la dgra-
dation des sols et les rhabiliter. Le plus gros des efforts
devrait porter sur les problmes de manque deau, de
fertilit et de taux de matire organique faibles ainsi que
de biodiversit dgrade. La priorit doit tre donne
aux mesures agronomiques et de vgtalisation faible
niveau dintrants, pour ensuite appliquer des mesures
structurelles plus exigeantes. La combinaison de mesures
qui conduisent une gestion intgre de leau et des
sols, de la culture-levage, de la fertilit et des parasites
est prometteuse. La diffusion des russites dans cette
lutte contre la dgradation conduit des impacts varis
lensemble se rvlant plus efficace que la somme des
parties au niveau du bassin versant, du paysage et au
niveau global.
La biodiversit est lune des proccupations majeures de la
gdT et de la protection de la fonction des cosystmes en
ASS. La biodiversit vgtale et animale est capitale pour
le bien-tre humain, notamment pour la production alimen-
taire, mais aussi en tant que source de fibres, de bois et de
mdicaments. Elle revt aussi une importance culturelle, r-
crative et spirituelle. La richesse de la biodiversit africaine
ne doit pas tre sous-estime car lagriculture africaine
dpend toujours trs largement dune grande varit de
despces culturales locales. Le principe de prcaution doit
tre appliqu dans la protection de la biodiversit agricole :
il faut protger autant de varits de plantes et danimaux
domestiques que possible pour leur potentiel futur.
Pour les populations de lASS, lavantage immdiat offert
par les pratiques de gdT est la possibilit dadaptation au
changement climatique (CC) et lattnuation de ses effets.
Cette adaptation sobtient par ladoption de technologies
plus souples et rsilientes au CC, mais aussi au travers
dapproches qui mettent en valeur la flexibilit et la rac-
tivit au changement. Certaines pratiques augmentent
la quantit deau de pluie qui pntre dans le sol (p. ex.
paillage, couvert vgtal amlior) ainsi que sa capacit
de stockage de leau (p. ex. augmentation du taux de
matire organique) tout en contribuant protger le sol
des tempratures extrmes et des pluies intenses. Les
pratiques de gdT les plus adaptes sont ainsi caractri-
ses par leur adaptabilit des tempratures croissantes,
la variabilit climatique et aux vnements extrmes.
Lorsque les principes de GDT damlioration de gestion
de leau, de fertilit des sols et des plantes et des micro-
climats sont pris en compte, on obtient une meilleure
protection contre les catastrophes naturelles et une rsi-
lience accrue aux variations et changements climatique.
La diversification des productions est un autre moyen
daccrotre la rsilience.
Les exploitants agricoles peuvent aussi contribuer
leffort global de rduction du changement climatique
en adoptant une gdT qui squestre le carbone atmos-
phrique dans le sol et dans la vgtation prenne. Ces
technologies sont le boisement, lagroforesterie, le travail
rduit du sol et la gestion amliore des pturages. La
limitation de la dforestation, du brlis, une meilleure ges-
tion du btail et des pratiques agronomiques amliores
rduisent aussi les missions de gaz effet de serre.
En rsum, les bonnes pratiques de gestion des terres
sont tayes par les principes damlioration de lef-
ficience de lutilisation de leau, de fertilit du sol, de
gestion des plantes et du microclimat : elles reprsentent
aussi des solutions triplement gagnantes pour lASS. Les
pratiques de gdT prsentes en 2me partie sont fon-
des sur ces principes et contribuent lamlioration de
la productivit des terres, des moyens dexistence et des
cosystmes.
-
14 La pratique de la gestion durable des terres
Adoption et soutien dcisionnel pour une transposition grande chelle des bonnes pratiques
Malgr les efforts soutenus de vulgarisation des pratiques
de gdT, la faible prise en compte de ces mesures reste
inquitante. Ladoption efficace de la GDT dpend dune
combinaison de facteurs qui doivent tous tre abords.
Adoption monte en puissance et diffusion
La mise en place du cadre institutionnel et politique
crant un environnement favorable ladoption de la gdT
ncessite un renforcement des capacits institutionnelles
ainsi quune collaboration et un travail en rseau. Il est
ncessaire dtablir des rgles, des rgulations et des
statuts, qui doivent tre respects. Les droits dutilisations
et daccs aux ressources sont des points cls essen-
tiels : ils assurent aux utilisateurs la scurit et la motiva-
tion individuelle et / ou collective pour sinvestir. Laccs
aux marchs, o les prix fluctuent rapidement, ncessite
des pratiques de GDT flexibles, adaptables et ouvertes
linnovation. Ces pratiques doivent aussi tre rceptives
aux nouvelles tendances et opportunits telles que lco-
tourisme ou le paiement pour services environnementaux.
Un point cl de ladoption et de la vulgarisation de la GDT
est dassurer une vritable participation des exploitants
agricoles et des professionnels, tous les stades de
la mise en uvre, afin dintgrer leurs points de vue et
dassurer leur engagement. Dans le mme temps, certains
intrts extrieurs (p. ex. en aval) peuvent restreindre les
liberts locales, par exemple lutilisation gratuite de leau
pour lirrigation. Mais ils sont aussi une occasion de col-
laborer, qui peut aboutir des solutions gagnant-gagnant
en amont comme en aval.
Les services de vulgarisation doivent reposer sur un ap-
prentissage et un renforcement des capacits appropris.
Ces activits doivent impliquer les exploitants agricoles
et les communauts (p. ex. dans des coles dagriculture
de terrain, des changes de paysan--paysan) et non
dpendre uniquement des agents gouvernementaux. Lac-
cs au crdit et aux projets de financement est une aide
vitale pour les populations rurales qui prennent des initia-
tives nouvelles de gdT, mais cela peut aussi crer une d-
pendance si ces incitations ne sont pas utilises judicieu-
R S U M
sement. Les institutions qui fournissent des conseils, des
plans et un support dcisionnel aux exploitants agricoles
doivent aussi tre soutenues financirement.
Le suivi et lvaluation des pratiques de gdT et de leurs
impacts sont indispensables afin de tirer profit de la
richesse des connaissances disponibles. Ceci concerne
les expriences traditionnelles et innovantes, les projets et
la recherche ainsi que les leons apprises des suc-
cs comme des checs. De gros efforts sont ncessaires
pour combler les lacunes de connaissances et dfinir les
lieux et les faons dinvestir dans lavenir. Alors que les
bailleurs de fonds exigent de plus en plus de donnes
de qualit concernant ltendue, limpact et le rapport
cot-bnfice de la GDT, trop peu defforts sont dploys
en matire dvaluation et de gestion harmonise des
connaissances.
Soutien dcisionnel transposition grande chelle de la GDT
Compte tenu du dfi que pose lajustement des bonnes
pratiques de GDT aux conditions locales, il est essentiel
de fournir un support dcisionnel aux utilisateurs locaux
des terres et leurs conseillers, ainsi quaux planifica-
teurs et aux dcideurs. Ces exigences requirent des
procdures saines qui sinspirent des savoirs existants et
valuent les critres tous les niveaux. La premire tape
consiste veiller les consciences limportance et la
ncessit dinvestir dans la gestion des connaissances et
dans les mcanismes de supports dcisionnels.
Les cls du succs de la transposition grande chelle
de la gdT rsident dans llaboration dun pool commun
et standardis de connaissances sur les technologies et
approches de GDT afin de les mettre en uvre et de les
diffuser. La mise disposition de ces connaissances et
des outils de comparaison, la slection et la mise au point
des pratiques de gdT en fonction des environnements,
des conditions cologiques, conomiques, sociales et
culturelles reprsentent une autre exigence. Une carto-
graphie prcise des pratiques de GDT ainsi que de leurs
impacts, puis la comparaison de ces zones avec celles
dont les terres sont dgrades, sont les fondements de
toute dcision prcdant la localisation dinvestisse-
ments de GDT rentables et haut impact sur et hors site.
Compte tenu des ressources limites pour la gdT, les
-
15Rsum
dcisions doivent tre cibles pour obtenir un maximum
dimpacts avec un minimum dintrants.
Les interventions ultrieures devront promouvoir le dve-
loppement dinnovations conjointes ou hybrides , ce
qui sera la garantie dune utilisation optimale des connais-
sances locales. Tout projet devra cependant prendre en
compte les marchs et les facteurs politiques et institu-
tionnels qui seront mme de stimuler linvestissement
des petits propritaires.
Pour aller de lavant
La 1re partie des directives se termine par une reconnais-
sance de la complexit dune gestion saine des res-
sources naturelles ; elle montre clairement la ncessit de
grandes mutations afin de surmonter les goulots dtran-
glement et les obstacles la vulgarisation de la GDT en
ASS. Ces changements concernent diffrents aspects,
diffrents niveaux, y compris les technologies et les
approches, les gestions institutionnelles, politiques, de
gouvernance, conomiques, des connaissances ainsi que
le renforcement des capacits.
Lobjectif de ces investissements dans la vulgarisation des
pratiques de gdT est de taille ; ils peuvent apporter de
multiples bnfices, non seulement localement, mais aussi
aux plans rgional, national et global. Un renforcement
de laction pour une utilisation plus judicieuse, tous les
niveaux, de la grande richesse des savoirs, est nces-
saire et sera bnfique lavenir, car il est prvoir que la
mondialisation des marchs, le changement climatique, la
demande pesant sur les services rendus par les cosys-
tmes, etc. continueront crotre. En bref, linvestissement
dans la GDT et dans la gestion saine des savoirs est dj
payant et est promis un bel avenir.
2ME PARTIE : bONNES PRATIqUES AdAPTE LAFRIqUE SUbSAHARIENNE
dans la 2me partie de ces directives, douze groupes de
technologies de GDT, tays par 41 tudes de cas, et une
section sur les approches de GDT de 6 tudes de cas,
sont prsents. Les groupes de GDT suivent les principes
des bonnes pratiques : augmenter la productivit, am-
liorer les moyens dexistence et les cosystmes. Les
approches illustres ont montr leur efficacit pour mettre
en uvre et diffuser la GDT en ASS. Tous les groupes et
tudes de cas sont prsents dans le format standard de
documentation et de vulgarisation de WOCAT. Il nexiste
pas de solution miracle aux problmes rencontrs par les
exploitants agricoles. Le choix de pratiques appropries
sera dict par le contexte local et la situation particulire
des parties prenantes locales.
-
16 La pratique de la gestion durable des terres
-
1re Partie Principes directeurs
-
18 La pratique de la gestion durable des terres
I N T R O d U C T I O N
Poser le cadre
La dgradation des sols provoque par des pratiques de
gestion non durable des terres reprsente une menace
pour lenvironnement et pour les moyens dexistence en
Afrique subsaharienne (ASS) : la majorit des personnes
dpend directement de la production agricole. Une
spirale dvastatrice de surexploitation et de dgradation,
aggrave par limpact ngatif du changement climatique,
conduit actuellement une diminution de la disponibilit
des ressources naturelles et au dclin de la productivit :
ceci met en danger la scurit alimentaire et accrot la
pauvret. La gestion durable des terres (GDT) est un anti-
dote, elle contribue augmenter la productivit moyenne,
rduire les fluctuations saisonnires des rendements,
diversifier la production et amliorer les revenus.
La gestion durable des terres reprsente tout simplement
le soin que les gens prennent de leurs terres, au prsent
et pour le futur. Lobjectif principal de la GDT est dhar-
moniser long terme la coexistence des personnes avec
la nature, afin que les services dapprovisionnement, de
rgulation, culturels et de soutien, rendus par les co-
systmes, soient assurs. Cela signifie, en ASS, que
la GDT devra se focaliser sur laugmentation de la pro-
ductivit des agro-cosystmes tout en sadaptant aux
contextes socio-conomiques, en amliorant la rsilience
la variabilit environnementale changement climatique
compris et en prvenant la dgradation des ressources
naturelles.
Ces directives fournissent une assistance importante aux
pays qui souhaitent choisir et mettre en uvre des tech-
nologies et approches de GDT pour transposer la gestion
durable de leau et des terres grande chelle, laide de
programmes nationaux ou de projets sur le terrain. Ces
directives sont lun des produits dune srie qui comporte
linstrument de soutien au pays de TerrAfrica (Country
Support Tool). Cet instrument offre une approche person-
nalisable pour les quipes de travail et les clients souhai-
tant laborer des programmes de gestion des terres, soit
dans le cadre doprations dinvestissement ou seulement
sous forme dassistance technique. Elles sont labores
partir des expriences du livre L o la terre est plus
Hanspeter Liniger
I N T R O d U C T I O N
-
19Introduction
verte et sont inspires de lexpertise du programme
global de WOCAT. Elles ont t finances par le Deve-
lopment Grant Facility 2008 de la Banque mondiale car
elles font partie du Programme de travail 2009-2010 de
TerrAfrica et sont cofinances par la Direction du Dvelop-
pement et de la Coopration (Suisse).
TerrAfrica regroupe de nombreux pays subsahariens et
est men par lAgence de planification et de coordination
(APCN) de lUnion africaine, nouveau partenariat pour le
dveloppement de lAfrique (UA-NEPAD). Cest un parte-
nariat global pour intgrer et transposer grande chelle
la gestion durable des terres (GDT) en ASS en renforant
des environnements favorisant lintgration et les finan-
cements de stratgies nationales efficaces de GDT (www.
terrafrica.org). En sinspirant des expriences passes,
elle appuie les principes de partenariat, la gestion des
connaissances et, au niveau des pays, les investisse-
ments harmoniss, aligns et chelonns la hausse.
Ces directives sont labores en coordination avec une
autre publication de TerrAfrica sur lUtilisation en Afrique
subsaharienne des pratiques de gestion durable des terres
afin de sadapter au changement climatique et de latt-
nuer (Woodfine, 2009).
Ces directives ne prtendent pas tre exhaustives en
termes de donnes et de collecte dinformations, ni
couvrir tous les aspects de la GDT. Le choix dlibr et
stratgique qui a t fait est de montrer le potentiel de
la gdT en ASS. Lautre fonction de ces directives est de
servir de prototype pour des recueils de pratiques de gdT
nationaux et rgionaux ; elles montrent ainsi des exemples
de connaissances de terrain, mises disposition pour
de futures publications sur dautres aspects de la gdT.
Ici, laccent est mis sur les pratiques de gdT en ASS qui
puisent directement dans les bases de donnes tendues
de WOCAT, et qui prennent en compte lexprience des
partenaires de TerrAfrica ; dans un environnement en mu-
tation rapide, les efforts doivent se concentrer sur lana-
lyse et lassimilation des dernires tendances, menaces et
opportunits (Crepin et al. 2008 ; Woodfine, 2009).
Objectifs et public vis
Lobjectif gnral de ces directives pour la vulgarisation des
pratiques de GDT est didentifier, de dcrire, danalyser, de
discuter et de prsenter les technologies et les approches
adaptes lASS et fondes sur des faits scientifiques
solides. Le matriel est tir de lexprience et de ltude de
cas reprsentatifs ; ceux-ci mettent plus particulirement
laccent sur les pratiques bnfice et rentabilit rapides et
/ ou comportant dautres facteurs susceptibles den favori-
ser ladoption. Les objectifs immdiats sont donc : l La synthse des connaissances et la vulgarisation des
bonnes pratiques de GDTl La coordination des parties prenantes pour un soutien
dcisionnel en ASSl La promotion de documents et dvaluations norma-
liss ; le partage et lutilisation des connaissances en
gdT pour les prises de dcisions
Le groupe cible de ce document est constitu par les
parties-prenantes cls des programmes et projets de GDT,
impliques aux stades de conception et de mise en uvre.
Ce sont donc les dcideurs, les planificateurs, les ges-
tionnaires de programmes et les praticiens, les institutions
financires et technologiques internationales ainsi que les
bailleurs de fonds. Ces directives sont aussi destines
veiller davantage la conscience et la comprhension dun
plus large public intress par lallgement de la pauvret,
par la protection de lenvironnement et par la rduction de la
dgradation des terres.
Structures et sources
Ces directives sont labores partir du livre de WOCAT
L o la terre est plus verte (WOCAT, 2007) et sont divi-
ses en deux parties.
La 1re partie met en vidence les principes fondateurs
de la gdT ainsi que les considrations importantes qui
permettent de qualifier les technologies et approches de
bonnes pratiques , afin de transposer la GDT grande
chelle. Linformation provient des publications et de lex-
pertise de WOCAT.
La partie 2 prsente douze groupes de technologies
de GDT ainsi quun chapitre sur les approches de GDT,
illustrs par des tudes de cas spcifiques. Ce dernier
chapitre sinspire des bases de donnes globales de
WOCAT, de la base de connaissances de TerrAfrica, sur
une analyse bibliographique (publications, mmoires,
Hanspeter Liniger
-
20 La pratique de la gestion durable des terres
documents de projets, manuels) et sur des contacts inte-
ractifs avec des spcialistes de gdT en ASS. La compila-
tion des groupes de GDT et des tudes de cas met avant
tout laccent sur les interventions de GDT, afin didentifier
les facteurs de succs / chec des bonnes pratiques et
des leons tires. Elle dtermine lefficacit et la rentabi-
lit des diffrentes interventions de gdT utilises jusqu
prsent dans le but de reprer les bonnes pratiques pour
une monte en charge / intensification / renforcement. Les
bonnes pratiques prsentes dans ce document : l recouvrent les principaux systmes dexploitation des
terres l reprsentent divers types de dgradations et de zones
agro-cologiquesl concernent une grande varit de technologies et dap-
proches l ont un potentiel de transposition grande chelle, la
fois en termes de production et de conservationl intgrent les innovations locales, les dveloppements
rcents et lexprience des projets long terme l recherchent un quilibre entre prvention, attnuation
de la dgradation des terres et sa rhabilitation
Tous les groupes et tudes de cas sont prsents selon le
format WOCAT habituel et sont standardiss pour docu-
menter et diffuser la gdT.
Un effort particulier a t fait pour mettre en vidence
les impacts de la GDT et son potentiel rpondre aux pro-
blmes actuels que sont la dsertification, le changement
climatique, le manque deau et la scurit alimentaire. des
personnes ressource cls et des experts de GDT en ASS
ont t sollicits pour finaliser et assister les groupes de
GDT sur les technologies et les approches, pour fournir
les chiffres sur les cots et bnfices et pour dcrire les
tudes de cas spcifiques. Cest donc un produit qui
runit toutes les informations importantes et disponibles
sur la gdT des terres en ASS : il sefforce dtre un produit
la pointe . Ces directives reposent ainsi sur une base
solide dexpriences pratiques ; elles viennent tayer les
bnfices dun investissement dans la GDT et des exp-
riences faites dans le pass.
Focus sur lAfrique subsaharienne
LAfrique subsaharienne est particulirement vulnrable
la double menace de la dgradation des ressources et de
la pauvret, due aux facteurs suivants :l croissance et pression dmographique leves ;l dpendance aux moyens dexistence de lagriculture
avec 60-70% de la population dpendant directement
de lagriculture pluviale. Lindustrie et le secteur tertiaire
dpendent aussi largement de la gestion des terres
(Eswaran et al., 1997) ;l lagriculture est trs sensible la variabilit et au chan-
gement du climat, des marchs / prix ;l des impacts multiples et svres rsultant vraisembla-
blement du changement climatique (GIEC, 2007 ; Stern,
2007) : tempratures plus leves, rarfaction de leau,
prcipitations imprvisibles ou dintensit plus leve et
stress environnementaux ;l le phnomne El Nio Southern Oscillation (ENSO)
exerce une influence importante sur la variabilit du
climat, en particulier en Afrique de lEst et du Australe ;l la prsence frquente de ressources naturelles et dco-
systmes fragiles tels que les zones arides, montagnes,
forts pluviales et zones humides;l des taux levs de dgradation des terres (rosion et
chute de la fertilit des sols, rarfaction des ressources
en eau et perte de biodiversit) et sensibilit la variabi-
lit et au changement climatique ;l des rendements faibles et des pertes aprs rcolte
importantes, dus de mauvaises gestions des terres et
pratiques de conservation ainsi qu une disponibilit et
un accs limits aux intrants.
Tout ce qui prcde montre clairement que la gestion
durable des terres (GDT) est vitale pour lASS. La configu-
ration actuelle des circonstances en ASS pose cependant
des problmes et des dfis particuliers pour une mise en
uvre russie de la gdT.
Focus sur la gestion durable des terres
Selon lapproche FAO-LADA, la dgradation des terres est
dfinie comme le dclin des produits et services de lco-
systme. Celle-ci affecte ngativement ltat et la gestion
des ressources naturelles leau, le sol, les plantes et les
animaux et entrane une diminution de la production
agricole. En ASS, les valuations montrent la svrit de
la dgradation des terres et lurgence damliorer lutili-
sation des ressources naturelles par une gestion durable
des terres (GDT). La dgradation des terres apparat sous
diffrentes formes, selon le type dutilisation des terres
I N T R O d U C T I O N
-
21Introduction
l Sur les terres de culture : rosion hydrique et o-
lienne des sols ; dgradation chimique : surtout perte
de fertilit, due lexportation des nutriments et la
salinisation ; dgradation physique des sols due au
compactage, lasphyxie et lencrotement ; dgra-
dation biologique due au couvert vgtal insuffisant,
dclin des varits cultives locales et des systmes
mixtes de cultures ; dgradation de leau due surtout au
ruissellement (pollution des eaux de surface) ; modifica-
tions de la disponibilit de leau et vaporation impor-
tante entranant une aridification. l Sur les pturages : dgradation biologique par perte
du couvert vgtal et despces importantes ; espces
invasives et indsirables en augmentation. Les
consquences en termes de dgradation physique des
sols, de ruissellement et drosion sont rpandues et
svres. La faible productivit et la diminution des ser-
vices rendus par les cosystmes sont omniprsentes
et reprsentent un dfi majeur pour la GDT.l Sur les terres forestires : dgradation biologique aprs
dforestation ; coupe et exportation despces pr-
cieuses ; remplacement des forts naturelles par des
monocultures forestires ou par dautres utilisations (qui
ne protgent pas les terres) avec des consquences
pour la biodiversit, la dgradation des sols et de leau.
Utilisation des terres concernesTerres de culture : terres utilises pour lagriculture (cultures annuelles et prennes) p. ex. cultures de plein champ, marachage, fourrages, vergers
Pturages : terres pour la production animale : prairies naturelles ou semi-naturelles, steppes arbores, prairies amliores ou artificielles.
Forts / bois : terres servant la production de bois, autres produits de la fort, tourisme, protection, p. ex. forts naturelles, reboisements, etc.
(WOCAT, 2008)
Les efforts concerts visant traiter la dgradation des
terres par la gdT doivent cibler la pnurie deau, la fertilit
des sols, la matire organique et la biodiversit. Pour aug-
menter la productivit des terres, il est important damlio-
rer les ressources en eau et le cycle de leau, la gestion de
la fertilit des sols et des plantes.
La dgradation des terres est exacerbe par le change-
ment et la variabilit du climat. Le climat africain a tou-
jours eu la rputation dtre vari et variable : vari parce
Dgradation des sols, de la vgtation et de leau sur les berges dune rivire. (Hanspeter Liniger)
quil schelonne de rgimes humides quatoriaux, des
rgimes tropicaux saisons arides et trs arides, jusqu
des climats de type mditerranen subtropical ; variable
parce que tous ces climats montrent divers degrs de
variabilit temporelle, en particulier en ce qui concerne
les prcipitations (Nkomo et al., 2006). La complexit des
climats africains est attribue divers facteurs, un grand
nombre dentre eux tant spcifique au continent, en
particulier la superficie des forts tropicales, les tendues
de terres arides et semi-arides, la vgtation diversifie,
lhydrologie complexe, lincidence de la poussire expor-
te de la surface des terres vers latmosphre un relief
trs vari, des montagnes aux sommets enneigs de
lquateur, des grandes tendues marcageuses, dim-
menses lacs, les valles du rift ainsi que deux immenses
dserts dans les rgions subtropicales du nord et du sud
(Crepin et al. 2008 ; Woodfine, 2009).
Le changement climatique est un problme majeur pour
lASS ; il apporte de nouveaux dfis. Il existe cependant
un potentiel immense pour la gdT dans ladaptation au
changement climatique et dans lattnuation de ses effets.
Les bonnes pratiques de la gdT et leur transposition
grande chelle en ASS sont essentielles pour diverses
raisons, la premire tant celle qui permet de maintenir et
amliorer les moyens dexistence tout en protgeant les
ressources et les fonctions des cosystmes du pays. La
GDT cherche ainsi augmenter les productions en int-
grant les systmes traditionnels et innovants, afin dam-
-
22 La pratique de la gestion durable des terres
I N T R O d U C T I O N
liorer la rsilience linscurit alimentaire, la dgrada-
tion des terres, la perte de biodiversit, la scheresse
et au changement climatique.
La gestion durable des terres a t dfinie par TerrAfrica
de la manire suivante :
Ladoption de systmes dutilisation des terres qui, par
la pratique dune gestion approprie, permettent aux ex-
ploitants agricoles doptimiser les bnfices conomiques
et sociaux de la terre tout en maintenant ou en mettant
en valeur les fonctions de soutien cologiques des res-
sources des terres. 1
La GDT prend en compte la gestion des sols, de leau, des
ressources vgtales et animales.
La GDT inclut aussi les dimensions cologiques, cono-
miques et socioculturelles (Hurni, 1997). Elles ne peuvent
tre spares car elles sont interconnectes (fig. 1). Il est
aussi fait rfrence aux 3 E du dveloppement durable
Egalit, Economie et Ecologie (UNESCO, 2006).
Ecologiquement parlant, les technologies de GDT, dans
leur diversit, luttent efficacement contre la dgradation
des terres. Mais la majorit des terres agricoles nest
toujours pas protge suffisamment, et la GDT doit encore
tre diffuse.
Socialement, la GDT aide scuriser les moyens dexis-
tence en maintenant ou en augmentant la productivit des
sols, amliorant ainsi la scurit alimentaire et rduisant la
pauvret, la fois pour les mnages et pour les pays.
Economiquement, la gdT rentabilise les investissements
des exploitants agricoles, des communauts ou des
gouvernements. La production agricole est scurise et
amliore, la fois pour les petits exploitants, pour les
productions commerciales grande chelle et pour les
leveurs. De plus, les bnfices hors site considrables de
la GDT peuvent eux seuls se justifier conomiquement.
Les bonnes pratiques sont surtout celles qui nous pa-
raissent les meilleures actuellement : selon TerrAfrica,
bonnes qualifie les pratiques qui augmentent la pro-
duction et sont rentables, dun bon rapport qualit / prix,
avec des retours dabord rapides puis sur le long terme ;
elles sont faciles apprendre, bien acceptes sociale-
ment et culturellement, facilement adoptes et prises en
compte, respectueuses de lenvironnement et adaptes
toutes les parties prenantes, y compris les groupes socia-
lement marginaliss (FAO, 2008a).
La transposition grande chelle de la GDT apporte
plus de bnfices plus de personnes, sur un plus grand
territoire, plus quitablement et durablement (ILEIA,
2001). Pour que les bonnes pratiques de GDT aient un
impact significatif, il est indispensable dinvestir dans une
transposition grande chelle en ASS : ces pratiques
restent trop souvent isoles. Seule la vulgarisation
grande chelle permettra daider un plus grand nombre de
familles et dimpacter les cosystmes. Dans ce contexte,
il est important de noter que la gdT couvre toutes les di-
mensions, du champ au niveau transfrontalier, en passant
par les bassins versants et les terroirs. Au-del du simple
champ agricole, une attention particulire doit tre porte
aux interactions sur site/ hors site ainsi quentre lamont et
laval. Lidentification de ces bonnes pratiques de GDT qui
seront les solutions gagnant-gagnant et qui dbouche-
ront sur la durabilit aux niveaux local, national et global
est la fois un dfi et une chance.
sant
genre tradition socit
culture
cultu
re e
t
com
mer
cialis
atio
n
de p
rodu
its
tradi
tionn
els
revenu
marchs
commerce
valorisation de services environne-mentaux
sols
eau
climat
biodiversit
reconnaissance
de lexploitation
traditionnelle et
diversifie des terres
Environnementale
Economique
Sociale
Productionalimentaire
Figure 1: Les trois dimensions de la durabilit. (Source: IAASTD, 2009a)
1Dans la note de fond 1 de TerrAfrica, la dfinition de la GDT est plus complexe : cest la combinaison de technologies, de politiques et dactivits visant intgrer des principes socio-conomiques proccupations environnementales, afin de maintenir ou daugmenter la production tout en diminuant le niveau des risques inhrents la production, en protgeant les ressources naturelles, en prvenant la dgradation des sols et de leau, en tant conomique-ment viable et en tant socialement acceptable . Tir initialement de : Dirk Kloss, Michael Kirk et Max Kasparek Banque mondiale Africa Region SLM Portfolio Review. Draft 19 Jan 2004.
-
23
Figure 1: Les trois dimensions de la durabilit. (Source: IAASTD, 2009a)
Les principes des bonnes pratiques de gdT
P R I N C I P E S d E S b O N N E S P R AT I q U E S d E g d T
Dans tous les grands systmes dutilisations de terres en
Afrique subsaharienne, cultures, pturages, forts et terres
mixtes, la GDT met laccent sur lamlioration de la produc-
tivit agricole, des moyens dexistence et des cosystmes.
Tableau 1 : Utilisation des terres en ASS (2000)
Utilisation des terres Pourcentage des surfaces
Prairie permanente 35
Terres arables et cultures permanentes 8
Forts 27
Autres terres 30
Total 100
(Source : WRI, 2005 and FAO, 2004)
Augmentation de la productivit des terres
Les rendements craliers africains, en particulier dans
la rgion soudano-sahlienne, sont les plus faibles du
monde. Pour lASS, laugmentation de la productivit
agricole pour lalimentation, les fibres et les combustibles
reste une priorit, compte tenu de la demande rapide et
croissante, de la faim, de la pauvret et de la malnutrition
omniprsentes.
La principale cible de la GDT en ASS est laugmentation
de la productivit des terres, de la scurit alimentaire et la
fourniture dautres biens et services. Trois moyens per-
mettent datteindre ce but : (1) lextension, (2) lintensifica-
tion, (3) la diversification de lutilisation des terres.
Extension : Depuis 1960, la production agricole a surtout
t augmente en tendant la surface de terres exploite
(figure. 2). Laccs limit et le cot lev des fertilisants
et des autres intrants (p. ex. semences amliores) ont
contraint les paysans africains cultiver des sols moins
fertiles sur des terres marginales ; de plus, ces dernires
sont en gnral plus sujettes la dgradation et ont une
productivit faible. Les perspectives dextension sans
impact grave sur les ressources naturelles (p. ex. dforesta-
tion), sont trs limites en ASS.
Intensification : Les 50 dernires annes ont t tmoins de
grands succs dans lagriculture globale, en raison surtout
de la rvolution verte , fonde sur lutilisation de varits
amliores, dengrais chimiques, de pesticides, de lirri-
gation et de la mcanisation. LASS nen a cependant pas
bnfici (figure 2).
Hanspeter Liniger
-
24 La pratique de la gestion durable des terres
Lextensification, lintensification et la diversification de
lagriculture ncessitent : l daugmenter la productivit de leau (efficience de lutili-
sation de leau),l daugmenter le taux de matire organique et la fertilit
du sol (cycle du carbone et des nutriments), l damliorer la diversit des plantes (espces et varits)
etl de gnrer des microclimats plus favorables.
P R I N C I P E S d E S b O N N E S P R A T I q U E S d E g d T
Diversification : elle ncessite un enrichissement des sys-
tmes de production quant aux espces et aux varits,
aux utilisations des terres et aux pratiques de gestion. Elle
implique un ajustement au sein des exploitations agricoles
afin daugmenter les revenus et de les stabiliser. Lexploi-
tation de nouveaux marchs et des niches existantes, la
diversification de la production et de la transformation
sur place ainsi que la pratique dautres activits fermires
rmunratrices permettent datteindre ce but (Dixon et al.
2001). Les systmes agricoles diversifis (culture-levage,
agroforesterie, cultures intercalaires, rotation de cultures,
etc.) permettent aux paysans dlargir les bases de lagri-
culture, de rduire les risques dchec de production,
dquilibrer leur alimentation, dutiliser plus efficacement la
force de travail, de gagner plus dargent pour acheter des
intrants et daugmenter la valeur ajoute de leur production.
Figure 2 : comparaison de lvolution des productions cralires en ASS (en haut) due aux changements de surfaces et de rendements (1961=100), avec ceux de lAsie (en bas). (Source : Henao and Baanante, 2006)
Production agricole et scurit alimentaire en ASS aujourdhui et demain Croissance de population de 2,1% par an : doublement dici
30-40 ans.
En 1997-99, 35% de la population ne disposait pas de nourriture suffisante pour mener une vie productive et en bonne sant.
Rendement moyen en crales : 1 t/ha
La disponibilit en crales par personne a dcru, de 136 kg/an en 1990 118 kg/an en 2000.
73% des ruraux pauvres vivent sur des terres marginales productivit basse.
Environ 66% de lAfrique est classe en dserts ou terres arides ; 45% de la population vit sur des terres arides.
En 2000, 18,7 milliards de US$ ont t dpenss en ASS pour limportation alimentaire et pour 2,8 millions de tonnes daide alimentaire : cest plus dun quart du total mondial.
83% des personnes vivent dans la pauvret extrme ; le nombre dhabitants augmente ainsi que la demande alimen-taire, pour leau et pour les autres ressources.
Les besoins en nergie, en bois de feu et en biocombustibles croissent encore plus vite que ceux de la nourriture, ce qui accrot la dforestation et la pression sur la vgtation, sur les rsidus de culture et le fumier (qui sert souvent de combus-tible). Dans de nombreux pays, 70% de lnergie provient du bois et du charbon de bois.
Le changement climatique, sa variabilit et ses extrmes exer-cent une pression supplmentaire sur la scurit alimentaire.
La terre est loutil de travail de 70% de la population.
Lagriculture restera le principal moteur de lconomie dans les prochaines dcennies.
La dgradation des terres est svre et augmente.
La productivit des terres, la scurit alimentaire, la rduction de la pauvret / le dveloppement humain et le bien-tre sont intimement lis.
(Sources : FAO, 2007 ; TerrAfrica, 2009 ; Castillo et al, 2007 ; WB, 2010)
Rendement(% changement)
Surfa
ce(%
cha
ngem
ent)
Afrique subsaharienne
Asie
Surfa
ce(%
cha
ngem
ent)
Rendement(% changement)
Production(Surface x rendement)
100
Production(Surface x rendement)
100
-
25Les principes des bonnes pratiques de gdT
Efficience de lutilisation de leau
Lefficience de lutilisation de leau est dfinie par le ren-
dement par unit deau. Lefficience optimale est obtenue
en minimisant les pertes dues lvaporation, au ruissel-
lement et linfiltration. Dans les schmas dirrigation,
lefficience dacheminement et de distribution concerne
les pertes deau, de la source au point darrive dans le
champ. La notion de productivit de leau est souvent
utilise, ce qui signifie : produire plus de nourriture ou ob-
tenir plus de bnfices avec moins deau. Cette notion se
limite en gnral la valeur conomique produite par unit
deau consomme.
Dans les rgions arides du monde, leau est, par dfinition,
le facteur limitant le plus courant la production alimen-
taire : cest une combinaison de pnurie, de variabilit
extrme, de longues saisons sches, de priodes sches
rcurrentes, de scheresses et de crues occasionnelles.
La pnurie deau et la prcarit daccs leau potable
et agricole sont des contraintes majeures lamlioration
des conditions dexistence dans les zones rurales de
lASS. (Castillo et al., 2007 ; FAO, 2008b). Ainsi, lamlio-
ration de lefficience de lutilisation de leau pour minimiser
les pertes est absolument capitale.
Selon le principe du cycle de leau, toute leau reste dans
le systme. Au niveau local et rgional, leau peut ce-
pendant suivre des chemins trs diffrents et les pertes
peuvent tre leves, suivant la gestion des terres (et de
leau). En termes agricoles, il est question deau bleue
et deau verte. Leau bleue est celle qui aboutit dans les
cours deau et qui recharge les nappes phratiques ; cest
elle que cible la gestion conventionnelle des ressources
en eau. Leau verte est la part des pluies qui svapore de
la surface des sols ou qui est employe par les plantes
pour leur croissance et leur transpiration (Falkenmark et
Rockstrm, 2006 ; ISRIC, 2010).
La figure 3 illustre trois grandes causes de pertes deau
dans la production agricole : le ruissellement, linfiltra-
tion profonde et lvaporation de la surface des sols. Le
ruissellement de surface peut tre qualifi de gain lorsquil
alimente des dispositifs de rcupration deau de pluie. de
mme, linfiltration profonde peut tre un gain pour la re-
charge des eaux souterraines ou de surface. Cependant, la
part utile ( eau productive verte ) est surtout leau des sols
absorbe par les plantes et transpire dans latmosphre.
Figure 3 : Leau productive (transpiration) et les pertes en eau (vaporation et ruissellement).
Evaporation30-70%
Ruissellement10-25%
Transpiration25-40%
Prcipitations 100%
Drainage 0-10%
Association de lextension, lintensification et la diversification sur les pentes raides des monts Uluguru de Tanzanie. (Hanspeter Liniger)
-
26 La pratique de la gestion durable des terres
Beaucoup dexploitants agricoles des pays en dveloppe-
ment pourraient augmenter la productivit et lefficience
de lutilisation de leau en adoptant des pratiques de ges-
tion agronomique et de leau prouves. Le potentiel est
considrable, en particulier dans des conditions de faible
rendement et lorsquun petit supplment deau se traduit
par une augmentation significative du rendement (figure 4).
Gaspillage dune ressource rare et prcieuse - le cycle de leau perturb Selon les pratiques de gestion des terres, 30-70% des prci-
pitations sur les terres agricoles des zones semi-arides sont perdues pour la production par vaporation.
10-25% supplmentaires sont perdues par ruissellement direct, faute dtre rcupres.
En raison de ces pertes, seules 15-30% des prcipitations servent aux cultures.
Cette faible efficience de lutilisation de leau est troitement lie la couverture du sol faible ou dgrade, qui laisse les sols exposs au rayonnement solaire, au vent et aux pluies violentes, provoquant ainsi laridification et la dgradation des sols. La matire organique du sol joue un rle majeur dans linfiltration de leau et la disponibilit des nutriments.
(Sources : Liniger, 1995 ; Rockstrm, 2003 ; Molden et al., 2007 ; Gitonga, 2005)
Efficience de lutilisation de leau dans lagriculture pluviale : En Afrique subsaharienne, 93% des terres sont sous culture pluviale (Rockstrm et al., 2007). Pour leau,
le dfi dans ces rgions rside dans laugmentation des
Rendements (tonne / hectare)
Prod
uctiv
it d
e le
au(m
d
vap
otra
nspi
ratio
n pa
r to
nne)
0 2 4 6 8 10 120
2,000
4,000
6,000
8,000
10,000
BlSorgho BSorgho A courbe de rgressionMillet Mas
Figure 4 : productivit de leau et rendements craliers dans des conditions climatiques et de gestion diverses : pour des rendements de moins de 1 t/ha, il faut 4 8 fois plus deau par tonne que pour des rendements de plus de 3 t/ha (en grain) (cf. productivit vgtale moindre). (Source : Rockstrm et al., 2007)
8
65
27
44
55
10%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
pertes par ruissellement
pertes par vaporation
eau disponible
Labour profond Paillage etlabour minimal
Exemple de potentiel dconomie deau
La pratique locale qui associe labour profond et buttage freine le ruissellement mais augmente lvaporation par exposition du sol ; la protection des plantes maintient lhumidit. (Hanspeter Liniger).
Figure 5 : efficience de lutilisation de leau dans un environnement semi-aride subhumide en comparant une pratique locale (labour profond) avec une agriculture de conservation incluant : labour minimal pour le contrle des mau-vaises herbes, paillage et cultures intercalaires de mas et haricots. Avec les pratiques locales, les pertes en eau slvent plus de 70%, principalement par vaporation. Avec le paillage, celles-ci descendent 45%. Lefficience de leau a doubl et les rendements ont tripl certaines saisons. (Gitonga, 2005)
P R I N C I P E S d E S b O N N E S P R A T I q U E S d E g d T
-
27Les principes des bonnes pratiques de gdT
rendements par lamlioration de la disponibilit de leau
pour la croissance des plantes : il faut optimiser linfiltration
de leau de pluie et la capacit de rtention deau des sols,
tout en rduisant lrosion de surface et les autres dgrada-
tions des terres. Ce nest quavec lamlioration des autres
facteurs de production - fertilit des sols, varits cultu-
rales, contrle des parasites et des maladies, pratiques de
Dvier leau de ruissellement
Lorsque leau est en excs dans les environnements humides ou au pic de la saison des pluies en conditions subhumides, le sol et la nappe phratique peuvent tre saturs. Une bonne vacuation est alors ncessaire. Elle contribue viter les pertes en nutriments, lrosion ou les glissements de terrain. La construction de terrasses, de fosss ouverts et de drivations, etc. permet datteindre ce but.
Empcher le ruissellement (le ralentir)
Le ruissellement non contrl provoque de lrosion et reprsente une perte sche pour les plantes lorsque les prcipitations sont limites. La stratgie consiste ici ralentir lcoulement afin de donner plus de temps leau pour sinfiltrer et pour rduire limpact dommageable de lrosion par ruissellement. Elle est utilisable sous tous les climats. Les bandes enherbes, les diguettes en terre ou de pierre, les terrasses, etc. permettent datteindre cet objectif.
Conserver les eaux de ruissellement (viter le ruissellement)
Lorsque la pluviomtrie est un facteur limitant de la croissance v-gtale, la stratgie est dviter les mouvements deau sur les sols de manire encourager linfiltration. Le stockage de leau est amlior dans la zone denracinement des plantes et la nappe se recharge, ce qui est vital dans les zones subhumides semi-arides. Les technolo-gies utilisables sont les diguettes en travers de la pente, le paillage, la couverture vgtale, les mthodes culturales rduites.
Capter le ruissellement (collecter les eaux de ruissellement)
Lorsque la pluviomtrie est insuffisante, il est intressant de collecter leau et de la diriger vers les plantes pour amliorer leur performances. Les trous de plantation et demi-lunes peuvent aussi tre utiliss l o leau est en excs pendant la saison des pluies, suivie dune pnurie deau. Barrages et mares peuvent aussi servir irriguer, contrler les crues ou mme produire de lnergie hydraulique.
Diminuer les pertes par vaporation au sol
La perte deau par la surface du sol peut tre diminue par le couvert vgtal, le paillage, des brise-vent, de lombrage, etc. Ces techniques sont appropries surtout en conditions sches o les pertes par vaporation peuvent reprsenter plus de la moiti de la pluviomtrie.
Diffrentes stratgies pour amliorer la gestion de leau :
travail du sol et dsherbage - quune rponse complte aux
investissements sur leau sera obtenue (figure 5).
Compte tenu du gaspillage important de leau d aux
modes dexploitation inappropris, il existe de nom-
breuses opportunits damliorer les rendements de lagri-
culture pluviale et les cosystmes dgrads par une
-
28 La pratique de la gestion durable des terres
meilleure gestion de leau. Les cinq stratgies voques
ci-avant regroupent toutes les bonnes pratiques utili-
sables. La gestion de leau de pluie est une des grandes
problmatiques de la gdT. Toutes les bonnes pratiques
abordes dans la deuxime partie de ces directives
incluent la gestion amliore de leau et lefficience
dutilisation de leau ; certaines dentre elles ciblent
particulirement la pnurie deau, par exemple la collecte
deau dans les zones arides ou la diminution des pertes
par vaporation ou ruissellement, grce lagriculture de
conservation, lagroforesterie ou la gestion amliore des
pturages.
Lefficience de lutilisation de leau dans lagriculture irrigue : Lagriculture irrigue consomme bien plus deau que les prlvements pour les usages industriels et
domestiques. La demande pour lirrigation dpasse de loin
les quantits disponibles. Etant donn la raret de leau en
ASS, la demande potentielle pour lirrigation est illimite
et source de comptition et de conflits. La question ne se
limite pas lapprovisionnement en eau potable des popu-
lations, du btail et de la faune sauvage mais elle concerne
aussi les exigences environnementales en eau afin de
maintenir lcosystme en bonne sant. Actuellement, seu-
lement 4% des terres agricoles sont irrigues en ASS, elles
produisent 9% des rcoltes (IAASTD, 2009b). De nom-
breux schmas dirrigation souffrent dun gaspillage deau
et la salinisation des terres est un problme courant.
Lagriculture irrigue en ASS Le secteur agricole est de loin le plus gros utilisateur des
ressources en eau du monde avec 70% de la consommation.
En ASS, 87% des prlvements deau en 2000 ltaient pour lagriculture, 4% pour lindustrie et 9% pour les usages domestiques.
En ASS, moins de 4% des terres agricoles sont irrigues, compar 37% en Asie et 15% en Amrique Latine.
Lirrigation en ASS se concentre en Afrique du Sud (1,5 mil-lions dha) et Madagascar (1,1millions dha). Dix autres pays (Ethiopie, Kenya, Mali, Niger, Nigeria, Sngal, Somalie, Tanza-
nie, Zambie, Zimbabwe) irriguent chacun plus de 100000 ha.
Environ la moiti des surfaces irrigues concerne des sys-tmes petite chelle. En termes de valeur, lirrigation assure environ 9% des rcoltes de lASS.
Lirrigation mal conduite peut saliniser les sols. En Tanzanie, 1,7-2,9 millions dha sont saliniss et 0,3-0,7 millions dha sont alcaliniss et en partie abandonns. Les effets sont nfastes non seulement pour lagriculture, mais aussi pour les rserves et la qualit de leau.
Lefficience de lutilisation de leau en agriculture doit tre
diffrencie : lefficience dacheminement, de distribution
et dapplication sur les champs. La gestion amliore de
lirrigation exige une prise en compte de lefficience de
tout le systme. La figure 6 illustre les squences de perte
deau et le tableau 1 indique lefficience de diffrents sys-
tmes dirrigation.
Tableau 2 : efficience de lirrigation de diffrents systmes dirrigation
Systme dirrigation Efficience de lirrigation Cots dinstallation
Champs inonds (p. ex. riz) 2050% bas
Autres irrigations de surface (rigoles, etc.)
5060% et plus bas
Irrigation par aspersion 5070% moyen-lev
Goutte goutte 8090% lev
(Source : Studer, 2009)
Compte tenu de la raret de leau, du gaspillage gn-
ralis et de la gestion dfaillante, les bonnes pratiques
adopter pour lagriculture irrigue sont les suivantes :
1. Augmentation de lefficience de lutilisation de leau :
lors de lacheminement, de la distribution et de lap-
plication sur le champ. Lacheminement et la distribu-
tion peuvent tre amliors par un bon entretien, des
canaux revtus et des tuyaux - et avant tout en vitant
les fuites. Sur les champs, les pertes par vaporation
diminuent en utilisant un arrosage basse pression, la
nuit et tt le matin ainsi quen vitant les priodes de
vent. De plus, linfiltration au-dessous de la zone raci-
naire est viter.
2. distribution dune quantit limite deau sur une plus
grande surface, en ne satisfaisant pas les exigences de
la culture, c.--d. une irrigation dficitaire. Ce systme
permet nettement daugmenter les rendements et
lefficience, compar une irrigation complte sur une
surface plus petite (Oweis and Hachum, 2001).
3. Irrigation de supplmentation en complment de la
pluie lors des priodes dficitaires, en priode de stress
hydrique de la croissance des plantes. Cest une stratgie
cl, sous-utilise, permettant de dbloquer le potentiel des
cultures pluviales et de productivit / efficience de leau.
4. Rcupration de leau et son stockage amlior pour
lirrigation en priode de surplus, pour irriguer (en sup-
plmentation) en priode de stress hydrique. Les petits
P R I N C I P E S d E S b O N N E S P R A T I q U E S d E g d T
-
29
barrages et dautres systmes de stockage tels quils
sont dcrits dans le groupe de GDT de la collecte
des eaux de pluie , combins avec la gestion de leau
lchelle de la communaut doivent tre explors
en tant qualternatives aux projets dirrigation grande
chelle (IAASTD, 2009b).
5. La gestion intgre de lirrigation est un concept plus
large, dpassant les aspects techniques, qui intgre
toutes les dimensions de la durabilit. Elle comprend
la gestion coordonne de leau, laide conomique et
sociale optimises, lassurance dun accs quitable
leau et aux services de leau, sans compromettre la
durabilit des cosystmes (Studer, 2009).
Irrigation de supplmentation Les rendements de sorgho au Burkina Faso et de mas au
Kenya ont t accrus de 0,5 1,5-2 t/ha avec une irrigation de supplmentation et une gestion de la fertilit du sol (Rock-strm et al., 2003 ; Molden et al., 2007).
Une tude cot-bnfice dun systme associ mas-tomates en irrigation de supplmentation a trouv un bnfice net de 73 US$ au Burkina Faso et de 390 US$/ha au Kenya. Les systmes traditionnels montrent des pertes nettes, respecti-vement, de 165 US$ et de 221 US$ (Fox et al., 2005).
Amliorer la productivit de leau dans lagriculture pluviale et irrigue Chaque goutte deau compte : rduire les pertes deau collecter leau optimiser le stockage de leau grer les excs deau
Tout effort tendant une meilleure gestion de leau doit tre combin avec une gestion amliore des sols, des nutriments et des cultures, et ces synergies peuvent plus que doubler la productivit de leau et les rendements dans lagriculture petite chelle (Rockstrm et al, 2007).
La rvolution verte de leau se doit dexplorer le potentiel daugmentation defficience de lutilisation de leau pour une productivit accrue des terres. La priorit doit tre donne laugmentation de lefficience de leau dans lagriculture pluviale ; cest l que se trouve le principal potentiel, non seulement pour les rendements mais aussi pour une optimisation des bnfices en gnral. Les pratiques qui accroissent la disponibilit de leau sont celles qui amliorent la couverture du sol et la matire organique du sol, diminuent le ruissellement de surface (voir le groupe sur les barrires en travers de la pente ), ou col-lectent et stockent leau.
Pour lagriculture irrigue, lacheminement et la distribution sont des stratgies cls supplmentaires dconomie deau. Laccent sera mis sur une transposition grande chelle de lagriculture pluviale avec une irrigation de supplmentation efficiente.
16
3
4
8 7
5
2
Pertes en eau
1 vaporation de leau en surface
2 Percolation profonde dans les canaux
3 Infiltration traversant les remblais / murs des canaux
4 Dbordement
5 coulement en surface /drainage
6 Percolation profonde sous la zone des racines
7 Pertes par lvaporation
8 Transpiration des plantes lors de la production
Figure 6 : pertes deau dans les systmes dirrigation : de la source la plante (daprs Studer, 2009).
Les principes des bonnes pratiques de gdT
-
30 La pratique de la gestion durable des terres
Fertilit des sols
La bonne sant et la fertilit des sols sont les fondements
de la productivit des terres. Les plantes obtiennent leurs
nutriments par deux sources naturelles : la matire orga-
nique et les minraux. La fertilit dcroissante des sols
met en pril la production de nourriture, de fourrages et
de fibres. Le taux de matire organique du sol, les nutri-
ments et la structure du sol sont les principaux facteurs
dinfluence de la fertilit des sols. Les sols de nombreux
pays dAfrique sont gravement carencs et leurs taux de
matire organique trs bas : infrieurs 1%, voire 0,5%
dans la couche suprieure du sol (Bot and Benites, 2005).
La matire organique du sol est la cl de la fertilit des sols.
La matire organique comprend tout matriau animal ou
vgtal retournant au sol et passant par le cycle de dcom-
position. La matire organique du sol (MOS) est un fond de
roulement de nutriments : elle contient tous les nutriments
essentiels pour les plantes et elle contribue absorber et
retenir les nutriments sous une forme assimilable (Bot et
Benites, 2005). La matire organique du sol a de multiples
fonctions : elle est vitale pour une bonne structure du sol
car elle lie les particules du sol, pour la rtention de leau ;
elle sert aussi dhabitat aux organismes du sol.
La texture du sol influence aussi sa fertilit. La prsence
de particules dargile conditionne la capacit du sol
retenir les nutriments. Les sols trs sableux ont moins de
capacit retenir les nutriments que les sols argileux ; ils
ncessitent donc une attention particulire pour ce qui est
de la gestion de la fertilit.
Dclin de la fertilit des sols : La chute de la MOS et de nutriments est simplement cause par le non-respect du
cycle de la biomasse et des nutriments (figure 7) : davan-
tage de matire organique et / ou de nutriments (surtout
les macronutriments sous forme dazote, de phosphore et
de potassium) quittent le systme quil nen revient.
Les causes sont multiples :l exportation des rcoltes et des rsidus (biomasse
vgtale)l perte par rosion des solsl lessivage des nutriments (sous la zone denracinement)l volatilisation des nutriments (p. ex. azote)l minralisation acclre de la MOS par le labour
Les gains ou apports proviennent des rsidus de plantes
Dficits en nutriments dans les sols dASSLa rarfaction des nutriments dans les sols africains est importante : Les terres cultives ont perdu environ 22 kg dazote (N), 2,5 kg
de phosphore (P) et 15 kg de potasse (K) par hectare et par an. Les perte