La M�dina de Tunis se d�voile � nous
Publi� le: 01/12/2007 � Commentaires
Beaucoup d’entre nous ne p�n�trent seulement dans la M�dina de Tunis que le temps d’un shopping d’�t�, � la
recherche d’un cadeau souvenir original. Lorsque vous y reviendrez, pensez un instant que vous �tes au coeur
d’une cit� mill�naire aux milles tr�sors. Class�e patrimoine Mondial de l’Unesco, la M�dina de Tunis est un
monde dans un monde et, un riche lieu de vie sociale et culturelle o� se m�lent harmonieusement des m�tiers,
des traditions, des lieux, des senteurs… tous mill�naires. Si vous �tes sensible � notre belle histoire, alors un
mot : suivez notre guide.
La naissance de la cit�
La M�dina de Tunis compte parmi les mieux pr�serv�es du monde arabe. Son �volution s’est d�roul�e sans
grands bouleversements: point de d�molitions massives, point de catastrophes naturelles ni d’incendies
d�vastateurs. Elle a su conserver son int�grit� et son organisation urbaine. Au coeur de la cit� �l�ve la grande
Mosqu�e, El Zitouna, entour�e de la zone commerciale dite la zone des souks. Au sommet du site se trouve le
si�ge du pouvoir et alentour les quartiers r�sidentiels. L’ensemble �tait d�fendu par une muraille dont le trac�
est occup� aujourd’hui par un boulevard de ceinture. La ville rec�le de monuments prestigieux, destin�s au
culte, � l’enseignement, � la r�sidence, tous harmonieusement int�gr�s au tissu, tous encore impr�gn�s de la
culture qui les a engendr�s. Laissez vous emporter par le charme de cette cit� mill�naire qui ne tient qu’� vous
accueillir et � vous livrer ses secrets. Au commencement, il y avait Tyn�s ou Tun�s un village libyque (berb�re),
trente fois s�culaire, �voqu� par les auteurs grecs et latins, dans leurs �crits, concernant la c�l�bre Carthage,
toute proche. Du haut de ses 48 m�tres, Tyn�s est pr�sent�e comme � une place bien d�fendue par la nature
�, offrant une vue sur le Golfe, au del� du Lac. Pour ses atouts strat�giques, elle est choisie par Hassane Ibn
Nooman qui, apr�s avoir mis en �chec les Byzantins et d�truit Carthage, vient s’y �tablir. En 698 Toun�s
(Tunis) succ�de � Tyn�s et le petit village de cr�te prend, au fil des ans, l’allure d’une m�dina.
Au sommet de la Kasba
Les hauteurs, affectionn�es par le pouvoir, abritent la Kasbah ou citadelle. Celle-ci conna�tra une toute
particuli�re lorsque, au d�but du XIIIe si�cle, Tunis acc�de au rang de capitale de l’Ifriqiya (Tunisie). Elle
englobe dans son enceinte la r�sidence du sultan, les d�partements du gouvernement et le quartier g�n�ral de
l’arm�e. Elle est le centre n�vralgique o� tous les matins ministres et grands cadis se rendent pour assister le
sultan dans la direction des affaires de l’Etat. Son rayonnement d�passe largement les fronti�res. Objet de
convoitises et symbole de la mainmise sur le pays, elle sera tour � tour occup�e par les corsaires trucs puis par
l’arm�e espagnole conduite par Charles Quint en personne. Une r�occupation turque sera suivie du
rattachement du pays � l’empire ottoman, sous le nom de R�gence ottomane de Tunis. En 1881, le Protectorat
est marqu� par le drapeau fran�ais hiss� sur la kasbah. A l’Ind�pendance les installations militaires du r�gime
colonial seront purement et simplement ras�es.
Que reste-t-il comme t�moignages sur le sol de tant de p�rip�ties ?
De la fondation hasfide (XIIIe) nous est parvenue une mosqu�e dont le minaret reprend l’ornementation des
tours almohades telles que la Koutoubia de Marrakech, la Tour Hassane de Rabat et la Giralda de S�ville. Deux
tourbets (monuments fun�raires), que surmontent des coupoles en tuiles verniss�es vertes, remontent au
XVIIe si�cle. Un palais beylical, le Dar el Bey o� s’est install� le Premier Minist�re, date du XVIIIe si�cle. Aux
architectes fran�ais de la fin du XIXe si�cle, nous devons la belle place, agr�ment�e par un jardinet central,
bord� de ficus. Autour de la Place et sur la frange ouest de la M�dina s’est d�velopp� un quartier administratif
qui se distingue par l’homog�n�it� de son architecture de style arabisante.
Ce courant se d�finit comme un essai de synth�se entre l’architecture coloniale et le registre stylistique de
l’architecture locale. De cette adaptation si originale, la Kasbah garde jalousement les plus belles oeuvres dont
nous citons le Minist�re des Finances (1892) , architecture de style arabisante. Ce courant se d�finit comme un
essai de synth�se entre l’architecture coloniale et le registre stylistique de l’architecture locale. De cette
adaptation si originale, la Kasbah garde jalousement les plus belles oeuvres dont nous citons le Minist�re des
Finances (1892) , le Minist�re de la D�fense Nationale (1894), le Coll�ge Sadiki (1897), le Palais de Justice
(1902). La place est ferm�e � l’Ouest par une oeuvre contemporaine : l’H�tel de Ville, la construction s’int�gre
parfaitement dans le passage architectural environnant.
Outre la Municipalit�, le quartier abrite aujourd’hui le si�ge de neuf minist�res et perp�tue la vocation
gouvernementale qui a �t� la sienne depuis plusieurs si�cles. Sur le plan architectural la visite de la Kasbah est,
pour vous, l’occasion de suivre l’�volution de l’art de b�tir en Tunisie, � travers les si�cles.
Les souks : l’h�ritage du geste
Laissons l’espace du pouvoir pour nous engager dans le monde du n�goce. Savez-vous que la plus grande
innovation introduite en mati�re d’urbanisme par le mod�le de la m�dina, r�side dans l’organisation de la vie
�conomique dans des souks ?
A chaque secteur d’activit� est assign� un emplacement fonctionnel. Ainsi chaque corps de m�tier a �t� group�
en un lieu individualis�, laissant jouer la concurrence et permettant au client de faire son choix dans un espace
restreint avec un gain consid�rable en temps. Cette organisation, pour les commodit�s qu’elle offre, a �t� �
calqu�e � dans la conception des grandes surfaces modernes, organis�es en rayons lin�aires sp�cialis�s. Les
souks se sont �tablis autour de la Grande Mosqu�e. Leur localisation n’est pas laiss�e au hasard. Les activit�s
polluantes par le bruit, l’odeur, l’usage de l’eau, sont rejet�es � la p�riph�rie pr�s des portes de la ville. Ainsi
Tunis a conserv� un souk des forgerons pr�s de Bab Jedid, celui des Teinturiers pr�s de Bab el Jazira alors que
les tanneurs transf�r�s en banlieue, ont laiss� leur nom � une rue, � la sortie de Bab Bhar. Les souks � nobles
� qui enserrent la Zitouna sont form�s d’une all�e centrale, couverte de vo�te en brique, bord�e de boutiques.
Ils sont affect�s � la production et � la commercialisation d’un article donn�, organis�s en corporations g�r�s
par l’Amine (le chef de la corporation). Ce quartier commercial cossu est jalousement ferm� sur lui-m�me, il est
gard� par de lourdes portes, au contact des autres quartiers ; portes dont on continue � veiller � la fermeture
chaque soir. Pour prendre l’une de ces portes ext�rieures, contournez l’H�pital Aziza Othmana par la Rue Sidi
Ben Ziad, d�passez la mosqu�e Youssef Dey (XVIIe s) et engagez-vous dans l’un des souks les plus
authentiques, celui des tailleurs brodeurs (rue Dziria). La boutique du ma�tre Gargouri n�20 a refus� de changer
de d�cor : un sol l�g�rement sur�lev� par rapport � la rue, couvert de nattes et de coussins.
Au milieu de soie gr�ge ou moir�e aux couleurs pastels, dans la m�me posture que leurs pr�d�cesseurs, avec la
m�me dext�rit� et le m�me geste �l�gant, s’activent quatre ou cinq compagnons. Le maalem, si Gargouri,
grave et serein, se tient � gauche de l’entr�e. Son r�le : recevoir les clients et veiller � la qualit� du travail fini.
Admirez les � Jebba � et autres pi�ces toutes agr�ment�es des plus fines passementeries, attendant la
livraison. Les bijoutiers de l’or du souk voisin, affichent leur richesse dans les boiseries sculpt�es et peintes
quelque peu kitsch mais non sans charme. Devant les vitrines, scintillant de mille �clats, de jeunes couples
h�sitent � choisir la bague de fian�ailles. Souvent la famille et la belle famille sont l� pour les aider, avec
effusion de joie. Au centre du souk une placette de plan carr�, couverte de vo�te, a servi, jusqu’en 1846, de
march� aux esclaves. Aujourd’hui une vente � la cri�e anime le souk tous les matins sauf le vendredi et le
dimanche. L’Amine, dont le bureau se trouve au n�…, g�re cette activit� de m�me qu’il peut expertiser une
pi�ce et d�livrer des certificats de garantie.
En quittant le souk el Birka vers le Souk el Trouk, ne vous �tonnez pas de voir des bijoutiers au-del� de la porte
qui jadis = d�limitait leur activit�. N’est-ce pas l� un signe de l’expansion de la bijouterie ? Au souk El Trouk, la
client�le est essentiellement touristique. Plusieurs boutiques sont mises en communication formant de grandes
salles o� le touriste peut trouver l’objet souvenir, allant du tapis, aux articles de cuir ou en poterie… Des
terrasses accessibles offrent des vues panoramiques
Vous pouvez ainsi continuer � d�ambuler de souk en souk et c’est toujours la m�me animation et le m�me
int�r�t. Les boutiques des parfumeurs serr�es contre la fa�ade nord de la Grande Mosqu�e, depuis le XIIIe s.,
vendent les essences, l’encens, les cierges, les corbeilles capitonn�es contenant le n�cessaire de la c�r�monie
du henn�… Peut-on omettre de recommander la visite du souk des ch�chias aux riches boutiques qui emprunte
� l’art nouveau ses volutes et son �l�gance stylistique? (voir boutique Blaiej n�…).
Dans le secret des impasses
Partant de ce coeur vibrant de la cit� des parcours principaux, rayonnant en r�seau radio-concentrique,
conduisent vers les portes de la ville. Tout au long de ses voies se localisent des �quipements d’un niveau
urbain qui r�pondent au besoin du culte (mosqu�e, zaouia) du rite de la purification (midha, hammam) du
savoir (medersa) et de l’h�bergement des passagers (oukalas, foudouks). Des rues secondaires branch�es sur
ces voies principales, irrigent les quartiers r�sidentiels et offrent les �quipements n�cessaires � la vie de
quartier (masjed, kouttab, moulin, four…). Quant aux habitations, elles sont group�es en �lots compacts,
desservis par des impasses en cul de sac. C’est l� o� se r�fugie la vie priv�e, celle des groupes familiaux, dans
la paix et l’intimit� de leurs demeures patriciennes. Les impasses secr�tes et myst�rieuses, entrecoup�es de
l’ombre des sabats (passages couverts) pr�sentent des fa�ades aust�res dont le seul agr�ment est la porte.
Celle-ci est encadr�e de pierre calcaire claire aux fines sculptures, rehauss�e par un deuxi�me cadre en pierre
sablonneuse d’un ocre profond. Les boiseries rivalisent de beaut�s gr�ce � leurs savants motifs, fait de clous
noirs sur fond jaune ou bleu. A chaque angle de rue ou presque, se dressent des colonnes d’angles. Il vous
suffit d’y pr�ter attention pour �tre saisis d’�motion devant un authentique chapiteau corinthien, venant de
Carthage ou de quelque autre cit� romaine et remploy� voil� bien des si�cles. La M�dina Tunis a �t� inscrite par
l’UNESCO sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanit� en octobre 1979 pour ses qualit�s urbaines et sa
richesse en monuments dont les plus anciens remontent au IXe si�cle. Mais plus que l’int�r�t patrimonial, elle
se distingue par sa capacit� d’adaptation � la vie contemporaine, dans l’authenticit� et loin de la folkorisation.
Coup de coeur : Dar El M�dina****
R�sidence de Charme : au coeur de la M�dina, � 100 m. de la Kasbah.
Les 12 chambres, en majorit� des suites, sont dispos�es autour de 2 patios, en un ensemble �l�gant et
inattendu, o� modernit� et " temps jadis " cohabitent harmonieusement. Vos h�tes et leur personnel,
pr�venants et discrets, font de cette halte charg�e d’histoire, votre incontournable �tape � Tunis. Salon de th�,
caf� maure et caf� en terrasse, avec vue imprenable sur Tunis et sa
M�dina, viennent couronner le tout.
"Dar El M�dina"
64, Rue Sidi Ben Arous - 1006 Tunis - Tunisie
TEL : (216) 71 563 022 - FAX : (216) 71 563 520
Email : [email protected] / ww.darelmedina.com
Nous ressourcer dans la M�dina de Tunis (bonnes adresses)
Lexique :
Midha: Salle d’ablution pour la purification, rituel par l’eau avant chaque pri�re
Medersa: Foyer d’h�bergement pour les �tudiants de l’Universit� de la Grande Mosqu�e
Oukala: H�tel ou garni pour les �trangers
Masjed: Oratoire de quartier pour cinq pri�res quotidiennes. Dans une mosqu�e, on c�l�bre en
plus la pri�re du Vendredi
Kouttab: Ecole coranique de premier degr� pour les enfants entre cinq et dix ans.
Source: Mag 00216 - N�002