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Beaucoup croyaient que nous serions à la maison pour Noël, quoi qu'il en soit ce ne serait pas
le cas. Le temps tournait au froid et l'hiver était sur nous. Les températures tombaient jus-
qu'à 30-35 degrés sous zéro et les Chinois arrivèrent. Une toute nouvelle guerre nous faisait
face. On se rappellera toujours de Chosin comme étant l'un des combats auxquels les Marines
firent face. Gene Dixon.
La bataille du Réservoir de Chosin
Source: Billy C. Mossman. Centre d'Histoire Militaire, 1951.
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Réservoir de Chosin
Première Partie
"Épisode" Marche vers l'avant
Novembre – Décembre 1950
"Retenez bien ceci. Personne, pas un damné corps, ne battra en retraite
du Réservoir de Chosin. N'importe que nous allions au Nord, au Sud, à
l'est, à l'Ouest ou droit devant, nous devions attaquer au travers d'un
océan de Chinois pour le faire. Et nous nous battîmes au cours de cette
opération pour nous sortir de ce difficile enfer!"
Dit, des années plus tard un mitrailleur de la 1re Division de Marine.
Imaginez-vous, faire la guerre dans un endroit aussi inhospitalier où le
temps et le terrain sont chacun aussi mordant et hostile que l'ennemi.
Imaginez-vous, se battre entre les hautes montagnes couvertes de
neige, profondément en territoire ennemi à la fin d'une vallée encais-
sée, où une route venteuse et verglacée est l'unique lien vers votre base
d'approvisionnement distante de plus de 130 km. Imaginez-vous, se
battre où le thermomètre descend jusqu'à 35° sous zéro et où un vent
gémissant conduit de furieux blizzards venant directement du glacier
polaire. Imaginez-vous, combattre un impitoyable, fanatique ennemi qui vous surpasse en nombre
par plus de cinq contre un et qui a ordre de vous annihiler jusqu'au dernier homme. Imaginez-vous
toutes ces choses, et vous avez la situation à laquelle était confrontée la Première Division de Ma-
rine à la fin de 1950.
Le 8 octobre, à peine sortie de l'heureuse réussite du débarquement de Inchon et de la libération de
la capitale de la Corée du Sud, Séoul, la Division commença à réembarquer à bord des navires, en
vue d'une nouvelle mission. Comme l'opération d'Inchon, celle-ci aussi, entraînerait un assaut am-
phibie, cette fois-ci contre le port Nord Coréen de Wonsan, sur la côte Est de Corée.
Comme à Inchon, l'objectif serait d'intercepter et de couper la retraite aux forces de la NKPA (Ar-
mée du Peuple Nord Coréen), qui reculaient avec vélocité dans une tentative frénétique pour échap-
per à la destruction totale par les troupes alliées qui avançaient. Après ce qui semblait être un inter-
minable nombre de reculs et d'avances, pendant que le port de Wonsan était débarrassé des mines,
le Jour J fut finalement prévu pour le 25 octobre. Les Marines dans les cales de la troupe, toujours
inventifs et capables de tourner une expression pour le mieux, appelèrent cet interlude "L'Opération
Yo-Yo".
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Même aujourd'hui, plus de 50 ans après, il est possible de ressentir la vive contrariété des Marines
qui touchèrent terre à Wonsan ce jour-là, de se trouver salués non par des Nord Coréens dans une
résistance désespérée, mais par la légende de Hollywood Bob Hope et sa troupe. La retraite Nord
Coréenne était devenue une déroute, un sauve qui peut diabolique, une débandade précipitée pour
fuir une catastrophe complète. Les vagues d'assaut mirent pied à terre administrativement, accessoi-
rement accompagné des commentaires aigris inventifs appropriés. C'était une opération comme
n'importe quelle autre dans l'Histoire du Corps de Marine. Le Lieutenant Joe Owen, un officier des
mortiers de 60 mm de la Compagnie B du 1er Bataillon 7
ème Marines, se trouva lui-même déchiré
par deux expectatives. Soulagé de pouvoir débarquer à terre sans opposition,
Owen fut totalement mortifié en barbotant dans l'eau, d'être salué par des équi-
pes terrestres du 1er Wing de l'Aéronavale qui étaient descendus sur la plage
pour savourer le show. Et il y avait aussi parmi les spectateurs des soldats de
la 6ème
Division ROK qui avait été à la pointe de la marche le long de la côte
Est. Le 10 novembre 1950, jour du 175ème
Anniversaire du Corps, la 1re Divi-
sion de Marine avançait au Nord Ouest vers le réservoir de Chosin.
(A gauche). Les chars de la compagnie B du 1er Bataillon de Chars traversent
ce cours d'eau sur la route de Hamhung. La CHINE.
"Ils avaient appris le salut avec le médius," rappela Owen, "qu'ils nous ren-
daient avec un grand enthousiasme."
Ni Joe Owen, ni personne d'autre de ceux qui prirent pied à Wonsan, ne soup-
çonnaient de ce que la guerre en Corée était sur le point de prendre une nou-
velle dimension. Loin au Nord, des centaines de milliers de soldats communistes Chinois, membres
de l'Armée de Libération du Peuple, traversaient la Rivière Yalu qui sépare la Corée de la Mand-
chourie. Marchant de nuit, s'enfouissant le jour, ils descendaient vers le Sud, passant inaperçus.
Pendant ce temps, la 1re division de Marine se préparait à exécuter ses nouveaux ordres "Avancer
vers le Nord".
Les derniers éléments de la Division n'avaient pas encore mis pied à terre avant qu'il ne devienne
évident que l'atmosphère de promenade au Soleil du débarquement, ne durerait pas longtemps. Dans
les collines éloignées autour de Wonsan il y avait les éléments de trois Divisions Nord Coréennes,
les 2ème
, 8ème
et 10ème
, sérieusement réduites par les pertes, mais toujours intactes et prêtes à se bat-
tre si les conditions s'y prêtaient. Presque immédiatement il y eut contact, culminant dans une atta-
que de la grandeur d'un Régiment contre le 1er Bataillon 1
er Marines du Lieutenant-Colonel Jack
Hawkins dans le petit port de Kojo au cours de la nuit du 27-28 octobre. D'autres petites rencontres
claquèrent et crépitèrent dans les jours qui suivirent, servant de notification qu'il y avait toujours
une guerre en cours.
(A gauche). Marines du 2ème
Bataillon 7ème Marines utilisant
leur lanceur de roquettes antichar pour déloger des soldats
Nord Coréens enterrés sur la route du Bataillon au Nord de
Wonsan.
Bien plus troublants étaient les rapports qui filtraient des Uni-
tés ROK qui opéraient plus loin au Nord, rapports qui par-
laient de contacts qui se multipliaient avec les communistes
Chinois. Des rencontres similaires avec des troupes Chinoises furent rapportées par des éléments de
la Huitième Armée qui avançaient vers le Nord dans les régions occidentales de Corée. Le leitmotiv
"A la maison pour Noël", qui avait fait le tour, avait soudainement et à coup sûr un sens moindre en
ce qui concernait le retour.
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(A droite). Le 1er Lieutenant W. Ralph Abell, un officier d'infanterie avec
un grade en journalisme de l'Université du Missouri, était arraché à son
Peloton pour devenir l'Officier Officiel de l'Information du 7ème
Marines.
Il savait comment creuser une position défensive. (Photos Caporal Peter
W. McDonald, avec la permission du Corps de Marine.)
Encore qu'il devint même de plus en plus évident que l'entrée en guerre de
la Chine n'avait pas été découvert, étrangement, on n'en fit pas de cas. Ni
le Commandement Supérieur de la zone, ne le Xme Corps d'Armée, ni
même le Quartier-Général du Général de l'Armée Douglas McArthur, au
loin à Tokyo n'y attacha grande importance. Il pouvait y avoir des Chinois en Corée, fut la réponse.
S'il y en avait, ce ne pouvait être qu'une poignée de "volontaires" – comme si n'importe quoi ou qui
était volontaire dans l'Armée Communiste – admis à se joindre à la chancelante NKPA en témoi-
gnage de solidarité. Le large courant entre les vues des hauts placés et des hommes sur le terrain fut
bientôt démontré devant un village appelé Sudong.
Pendant que le 1er Marines du Colonel Lewis "Chesty" Puller était occupé à maintenir la sécurité
dans la zone de Wonsan, le 5ème
Marines du Lieutenant-Colonel Ray Murray et le 7ème
Marines du
Colonel Homer Litzenberg faisait déjà mouvement vers le Nord. A la fin octobre, le 7ème
Marines de
Litzenberg avait repris la responsabilité du port industriel de Hungnam, 130 km au dessus de la côte
de Wonsan, du 1er Corps ROK. De là, la mission de la 1
re Division de Marine serait d'avancer dans
la région des hautes montagnes de la Corée du Nord et de sécuriser la zone du Réservoir de Chosin,
puis, continuer vers la frontière de Mandchourie. Cela était envisagé par le Xme Corps comme une
simple opération de nettoyage. Homer Litzenberg ne le vit pas de cet œil. Les paroles de "beaucoup,
beaucoup de Chinois au Nord" des ROK, motiva Litzenberg à prévenir ses subalternes, officiers et
sous-officiers, "Nous pouvons nous attendre à rencontrer des troupes communistes Chinoises." Au
moment où Litzenberg parlait, une Armée Chinoise entière, la 42ème
, prenait des positions qui blo-
quaient l'unique route menant au réservoir de Chosin.
Lorsque l'obscurité tombât le 2 novembre, le 7ème
Marines établit
des positions défensives de nuit dans les collines encadrant la
route juste au Sud de Sudong. Le 1er Bataillon du Lieutenant-
Colonel Ray Davis ouvrait la marche, suivit du 2ème
Bataillon du
Major Webb Sawyer, avec le 3ème
Bataillon sous les ordres du
Major Maurice Roach conduisant l'arrière et protégeant le convoi
régimentaire. Pas très loin se trouvaient les trois Régiments,
370ème
, 371ème
et 372ème
, des Forces Communistes Chinoises de
la 124ème
Division accompagnés de cinq chars T34 de fabrication
russe du 334ème
Régiments de Chars de la NKPA.
A 2300h les pénétrantes poussées qui viendraient bientôt à être
reconnues comme les préliminaires contre la prioritaire "Route
de Ravitaillement Principale de la 1re Division de Marine".
(Voir ci-contre à droite).
Il y avait des Marines qui étaient à la hauteur de la tâche. Le Lieutenant John Yancey, un Comman-
do de Marine enrôlé de la Seconde Guerre Mondiale, commandant maintenant un Peloton dans la
Compagnie E du Capitaine Walt Phillips, 2ème
Bataillon 7ème
Marines, mena ses hommes au travers
d'un tourbillon de balles de mitrailleuses et de grenades, tirant, criant "Courez au travers. Suivez-
moi simplement". Pas loin derrière se trouvait le "délinquant" du Peloton de Yancey, le soldat Stan-
ley Robinson. Robinson, un rat de navire qui avait embarqué menotté à San Diego, avait prit le
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commandement de sa Section après que le Sergent Rugierre Cagliotti était tombé, la menant intré-
pidement dans une charge impétueuse.
Dans la Compagnie B du Capitaine Myron Wolcox, 1er Bataillon 7
ème Marines, le Lieutenant Chew
Een Lee, le premier Officier de Marine de descendance Chinoise, fonça parmi les attaquants, les
aspergeant de balles et les maudissant dans leur propre langue. Suivant Lee de près comme son om-
bre, il y avait son garde du corps désigné, un Italien de naissance, le 1re Classe Attilio Lupacchini, le
BAR (fusil-mitrailleur) aboyant sur chaque Chinois qui menaçait le minuscule Lee.
C'est là, que le Sergent-Chef Archie Van Winkle gagna la Médaille d'Honneur, menant une contre-
attaque dans un feu intense en dépit de deux blessures graves, encourageant ses hommes jusqu'à ce
qu'il s'évanouisse à cause de la perte de sang. Seul des mesures héroïques prises par le personnel
médical de la Navale l'empêchèrent de mourir. La bataille entre le 7ème
Marines et la 124ème
Divi-
sion Chinoise fit rage durant la nuit et le jour suivant avant que les Chinois en eurent assez. L'issue
avait été amèrement disputée, mais en fin de compte, la 124ème
Division Chinoise se brisa elle-
même sur le rocher de la puissance de feu et de la détermination de la Marine.
Lorsque la nuit donna naissance à l'aube du 4 novembre, la très écharpée 124ème
Division Chinoise
avait cessée d'exister comme une force de combat significative. L'avance vers le Nord, continua, et
le 10 novembre, jour anniversaire du Corps de Marine, les Unités de Marine atteignaient la collec-
tion de huttes délabrées qui formaient le village de Koto-
ri, à 20 km de la pointe Sud du Réservoir de Chosin. Il
n'y avait pas de Chinois à voir.
(A gauche). Appuyés par l'aviation et l'artillerie de Ma-
rine, les Marines du 7ème
Marines poussent vers le Ré-
servoir de Chosin en coordonnant des attaques contres
les Forces Communistes Chinoises et Coréennes.
(A droite). Les oppor-
tunités pour se rafraî-
chir étaient rares, ainsi ce Marine du 3ème
Bataillon 7ème
Marines
accueille la chance. (Photos du Caporal Peter W. McDonald, avec
la gracieuse permission du Centre Historique du Corps de Marine).
L'absence d'une présence Chinoise visible, ne conduisit pas pour
une minute le Commandant Général de la 1re Division de Marine, le Major Général Oliver P. Smith,
à croire qu'il n'y avait momentanément, plus un grand nombre de Chinois dans la zone. Dans une
correspondance privée au Général Clifton B. Cates, Commandant du Corps de Marine, le 15 no-
vembre, Smith écrivit: "Je n'aime pas la perspective de devoir déployer une Division de Marine le
long d'une seule route de montagne sur 225 km de Hamhung jusqu'à la frontière Mandchoue." Le
Commandant Général de la Division sarcastiquement ajouta: "J'ai peu de confiance dans le juge-
ment tactique du Xme Corps ou au réalisme de leur planning."
Sous l'impitoyable pression de la mise en garde contre les vents et de faire un sprint en débandade
vers le Nord, le Major Général Smith se résolu à avancer méthodiquement, dressant d'adéquats dé-
pôts de ravitaillement pour faire face à n'importe quel imprévu. Cet imprévu attendait sous la forme
du Groupe de la 9ème
Armée du Général Sung Shih-lun, une force de 15 Divisions totalisant quelque
100.000 hommes.
Comme les Marines avançaient de plus en plus haut dans les collines menaçantes, un autre ennemi
apparu sur la scène. L'hiver arrivait en pleine force, envoyant plonger la température sous zéro, ren-
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dant le terrain dur comme du roc, une barrière qui défiait les efforts les plus musclés d'une pelle-
bêche. La neige commença à tomber, changeant la route en une patinoire à glace. Les rations gelè-
rent en solides. Les gourdes éclataient par la pression de la glace qui était dedans. Les gelures
commencèrent d'apparaître parmi les hommes exposés au vent et au froid implacables. Les Marines
débrouillards qui manoeuvraient pour bouillir le bouchon gobelet de leur gourde avec du café de la
ration C, étaient abasourdis de trouver une écume de glace sur leur infusion à peine quelques minu-
tes après l'avoir enlevé du feu. Seul le travail régulier des actions de fusils et de mitrailleuses empê-
chait la traditionnelle "veste légère huilée" de geler. Bientôt l'huile disparut pour être remplacée par
une toute autre chose, une espèce populaire de tonique pour cheveux. La matière fit du bon travail.
(A gauche). Avançant vers le Réservoir de Cho-
sin, le 7ème
Marines avait du beau temps pour le
combat, lorsqu'il quitta Koto-ri pour Hagaru-ri.
Avec l'arrivée du raccourcissement des jours de
novembre, la 1re Division de Marine entière
avançait toujours vers le Nord, le 7ème
Marines
en tête, suivi du 5ème
Marines, pendant que le 1er
Marines, délivré des tâches de sécurisation au-
tour de Wonsan, établissait une base intermé-
diaire à Chinhung-ni et Koto-ri. Le 24 novem-
bre, jour du "Thanksgiving" (Jour de l'Action de Grâce), le 7ème
Marines du Colonel Litzenberg
avait occupé la ville de Hagaru-ri à la pointe Sud du Réservoir de Chosin et envoyait des patrouilles
vers le village de Yudam-ni, plus loin au Nord sur la rive Ouest du Réservoir. Le 5ème
Marines du
Lieutenant-Colonel Murray opérait vers l'Est le long de la rive opposée. Les hommes du Génie du
1er Bataillon de Génie du Lieutenant-Colonel John Partridge étaient déjà au travail d'arrache-pied
pour faire un chemin de 1.500 m à Hagaru-ri. Des montagnes de ravitaillement, assez pour deux
semaines de combat, furent élevés. Et, quelque miracle mineur fit qu'il y eut un dîner à la dinde,
avec tous les accompagnements le jour même du "Thanksgiving". Comme un vétéran de la campa-
gne le rappela des années plus tard: "La sauce gelée d'abord, puis les patates écrasées. La dinde était
toujours un peu chaude dans son milieu, si vous mangiez vraiment vite."
Aucun des hommes qui s'alignèrent à l'appel pour manger ne le savait, mais de dîner du "Thanksgi-
ving" serait le dernier repas complet que la plupart d'entre eux mangeraient pour plus de deux se-
maines. Le Sergent Irvin R. "Dick" Stone, le chef d'une Section d'assaut de la 115ème
Compagnie
d'Armes, n'eut même pas ça. Dans un avant-poste au flanc d'une colline, le dîner du "Thanksgiving"
de Stone consistait en une boîte de conserve avec des nouilles de la ration C, fortement gelée. Il jeta
la boîte de conserve et se contenta de ronger une barre de chocolat qui venait de la boîte de ration.
Les soucis du Major Général Smith en ce qui concernait la nature de la dispersion de ses Unités
furent atténués le 26 novembre, lorsque le 5ème
Marines sur le côté Est du Réservoir fut relevé par
des éléments de la 7ème
Division d'Infanterie et commença à rejoindre le 7ème
Marines à Yudam-ni.
Ce ne fut qu'après la tombée de la nuit le 27 que le reste du 5ème
Marines, le 1er Bataillon, acheva la
marche vers Yudam-ni. Ce n'était pas trop tôt. A cet instant précis, il y avait plus de 300.000 Chi-
nois en Corée du Nord, un gros tiers d'eux dans la zone de la 1re Division de Marine. A un certain
moment, aux environs de 2200h – personne n'a jamais été exactement certain de l'heure – lorsque le
thermomètre glissa vers 20° sous zéro, les Chinois frappèrent.
Accompagnés d'un affreux vacarme de clairons, sifflets, gongs, cornes, cymbales et tambours,
criant "Marines, nous tuons! Marines, vous allez mourir!", les Bataillons d'assaut des 79ème
et 89ème
Divisions Chinoises lancèrent des attaques massives contre les Unités des 5ème
et 7ème
Marines qui
tenaient les collines entourant Yudam-ni. Des obus éclairants, l'éclatement des balles à explosifs
puissants et des milliers d'éclairs des armes à feu, dévoilèrent des essaims de Chinois surgissant sur
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les côtés dénudés des collines, tout près des lignes des Marines. La puissance de feu des Marines fit
d'effrayants vides dans leurs rangs. Ils continuaient toujours d'arriver. Où il en tombait un, un autre
prenait sa place. "Vous ne pouviez pas les tuer assez rapidement", fut le commentaire d'un Marine.
Bien entendu les pertes augmentaient parmi les Marines. Les deux Pelotons du Capitaine Leroy
Cooke How, 3ème
Bataillon 7ème
Marines, qui tenaient avec acharnement leur position sur la Colline
1403, étaient particulièrement fort touchés. Déterminés à passer au travers des lignes des Marines à
n'importe quel prix, les attaquants Chinois arrivaient par vagues, des soldats non armés dans les
rangs arrières ramassaient les armes des tués qui étaient tombés devant eux. Les rangs des Chinois
espacés régulièrement, rappelaient au 1re Classe Robert Cameron, un mitrailleur, les parades heb-
domadaires du samedi matin à Paris Island, Caroline du Sud. Tirant par de disciplinées courtes rafa-
les, dans ce qui ne semblait pas être un temps réel, Cameron employait déjà sa quatrième boîte de
munitions de 250 cartouches. Avec des masses de Chinois qui balayaient par-delà de leurs flancs
non protégés, et avec le Capitaine Cooke mort et la moitié des défenseurs de la colline perdus, Ca-
meron et ses camarades Marines reçurent finalement l'ordre de se replier vers une position moins
exposée pour les empêcher d'être éjectés. Les Chinois qui attaquaient avaient-ils la ferme intention
d'utiliser leurs propres corps pour enterrer les Marines? Il semblait que oui!
A gauche des Compagnies de How, les positions du 2ème
Bataillon 5ème
Marines du Lieutenant-
colonel Hal Roise se trouvaient sous une égale féroce attaque véhémente. Juste un an plus tôt, Roise
avait été l'entraîneur principal de l'équipe de football américain du Camp de Pendleton, Californie,
préparant ses joueurs à rencontrer Quantico, Virginie, dans le championnat de la Navale devant
45.000 spectateurs dans le Coliseum de Los Angeles. Maintenant, il apparaissait que se soit beau-
coup de Chinois qui attaquaient les lignes de Roise. Rang après rang ils se jetaient contre les deux
Compagnies avancées de Roise, la E et la F. Ils furent abattus par rangées entières, les corps
s'écroulaient sur les corps, mais ils continuaient à venir encore et encore. Inévitablement le poids
des nombres produisait des ruptures et percées locales. Ils furent arrêtés et rejetés. C'était une ligne
de but d'une sorte différente. Le Bataillon tint bon, sa situation n'était pas moins tendue que sur les
collines du côté droit de la Colline 1403, dans le secteur du 2ème
Bataillon 7ème
Marines. Les Mari-
nes de la Compagnie E du Capitaine Walt Phillips sur la Colline 1282 et de la Compagnie D du
Capitaine Milt Hull sur la Colline 1240 voisine étaient confrontés à leurs propres mers d'attaquants
Chinois lorsque la bataille en arriva à la sauvagerie du corps à corps. Les pertes des deux côtés fu-
rent désastreuses. Les pentes des collines étaient couvertes par les débris humains des attaques Chi-
noises répétées. Les rangs des défenseurs n'étaient pas moins terriblement épuisés. Après une nuit
de combat constant, la Compagnie E avait été réduite à moins de la valeur d'un Peloton, tous ses
Officiers, sauf un, étaient soit morts ou blessés. Blessé deux fois mais continuant de commander,
Milt Hull, qui recevra la "Navy Cross" pour son travail de la nuit, ne put rassembler que 16 Marines
de la Compagnie D, toujours sur leurs pieds et aptes à se battre.
C'était la même histoire sur toutes les collines qui surplombaient Yudam-ni. L'indéfinissable ville
au milieu de nulle part était entourée par l'incendie. Même lorsque les 79ème
et 89ème
Divisions Chi-
noises se jetaient d'elles-mêmes contre les défenses des Marines dans un effort maximum pour dé-
truire les 5ème
et 7ème
Marines, une autre Division Chinoise, la 59ème
, tournait autour de Yudam-ni
pour sectionner la route qui menait vers Hagaru-ri. Lorsque l'aube se pointa finalement après une
nuit d'attaques et de contre-attaques, les lignes des 5ème
et 7ème
Marines, ébréchées et délabrées, te-
naient toujours. Mais ils étaient complètement encerclés par un ennemi déterminé à les annihiler
jusqu'au dernier homme.