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Jeudis du LAREPSéminaire du jeudi 15 décembre 2011, ENSP Versailles

Les pratiques du projet de paysage à l’échelle du grand territoire : L’estuaire de la Seine

Exposé de Boris MenguyPaysagiste-urbaniste, chargé d’études à l’Agence d’Urbanisme de la Région du Havre

et de l’Estuaire de la Seine (AURH).

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B. Menguy présente la démarche de l’AURH sur le territoire des cinq pays de l’Estuaire de la Seine, en insistant sur les délais très courts inhérents au projet de la Vallée de la Seine : des territoires soudain mis en visibilité et en responsabilité par une nouvelle vision d’aménagement du territoire, Le Grand Paris.

Quelques dates : - 29 avril 2009, inauguration de l’exposition Le Grand Pari(s) : « Le Havre, c’est le port du Grand Paris et la

Seine est l’axe nourricier autour duquel la métropole a vocation à s’ordonner. » (N. Sarkozy). Le Président de la République appui clairement le projet, porté par Antoine Grumbach et ses associés, d’une ouverture de Paris, ville-monde, sur sa façade maritime.

- Octobre 2009, décision d’ouvrir une ligne « LGV » entre Paris et Le Havre. LNPN : Ligne Nouvelle Paris Normandie qui pourrait être mise en service dès 2017.

- 4 mai 2010, 1er colloque Axe Seine qui associe les 3 villes de Paris, Rouen, Le Havre. A partir de ce moment, les agences d’urbanisme de l’Axe Seine et celle de Caen vont avoir mandat pour alimenter la réflexion des élus et institutionnels concernés.

- A partir de fin 2010 – début 2011, au sein de l’AURH, les collaborateurs travaillent avec l’Agence Fortier, l’Agence Grumbach & associés et un groupe de chercheurs/concepteurs - Jacques Leenhardt, Martin Vannier, Chris Younès, Olivier Mora et Frédéric Bonnet (cf détail de leurs profils en fin de document1) – afin de définir les leviers d’un basculement vers une organisation porteuse d’avenir à l’échelle de l’Estuaire et répondre à cet enjeu de constitution de façade maritime du Grand Paris.

- Avril 2011, Antoine Rufenacht, ancien Maire du Havre et Président de l’Agence d’urbanisme, est nommé Commissaire Général pour le Développement de la Vallée de la Seine.

- Mai 2011, Deuxième colloque Axe Seine à Rouen.- Octobre 2011, Lancement du débat public sur la Ligne Nouvelle Paris Normandie.- Novembre 2011, Forum du Grenelle de l’Estuaire : rassemblement annuel à l’échelle du Grand Territoire (élus,

associations, sphère technique…). Des élus influents font connaître leur intérêt pour la création d’un pôle métropolitain à l’échelle du territoire de l’Estuaire. Jusqu’alors les élus de ce territoire dialoguent au sein du Comité des Elus de l’Estuaire (organisé en 1995), une forme de communauté de projets sans existence institutionnelle, qui s’appuie techniquement sur l’AURH et un certain nombre d’associations montées à cet effet pour mettre en œuvre leurs projets.

I. Les traits marquants de l’estuaire

L’estuaire se trouve en tension dans un triptyque Le Havre (ville la plus importante intégrée au périmètre), Caen et Rouen (en dehors). Il s’étend sur 5 pays (au sens de loi Voynet) répartis entre deux régions et 3 départements à cheval sur l’embouchure de la Seine. Environ 450 communes et 610 000 habitants.

Entre Haute et Basse-Normandie, la frontière questionnante de la vallée de SeineAvant la création des ponts (1959 : Pont de Tancarville / 1977 : Pont de Brotonne / 1995 : Pont de Normandie), les liens étaient assurés par des bacs. Ces ponts spectaculaires sont des machines à voir le territoire tant qu’à relier. La présence de péage sur le Pont de Normandie, constitue cependant encore aujourd’hui un obstacle

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symbolique au rapprochement et aux collaborations de toute nature. Cet aspect est très important dans la manière dont les habitants vivent ce territoire, d’où l’expression locale « de l’autre côté de l’eau ».

Grande diversité de paysages :

- Nord : Le plateau de Caux (grand plateau agricole très fertile ponctué de clos masures, enclos de hêtres sur talus). Les grandes cultures tendent à dominer, prenant le pas sur le modèle de la polyculture-élevage ;

- Sud : La « Normandie éternelle », la Normandie carte postale (Pays d’Auge, bocage, bovins, chevaux, AOC. Habitat bien dissimulé dans le bocage) ;

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- Façade maritime : Au Nord, paysages emblématiques comme les falaises d’Etretat. Le littoral est très peu accessible. L’accès à la mer se fait par des valleuses. Au sud, un paysage plus touristique, issu de la tradition des bains de mer (Trouville, Deauville, Cabourg…). Au centre, Le Havre, cité portuaire créée par François 1er.

- Au milieu : Vallée de la Seine, marais vernier, paysages industriels.

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De nouvelles échelles de travail liées à des flux mondialisés :

Le Havre et sa plaine alluviale accueillent un outil industrialo-portuaire majeur. C’est le 1er port français en matière de conteneurs. Dans le contexte de mondialisation, 85 % des échanges internationaux se font par les flux maritimes.

Cette économie de flux impose d’appréhender de nouvelles échelles mondialisées : positionnement du Havre au sein du Range Nord (Anvers, Rotterdam, Hambourg…). L’enjeu est que le Nord-Ouest de l’Europe ait une taille critique et ne décroche pas par rapport au reste du monde. Nous nous trouvons dans un jeu complexe de complémentarités/concurrences entre ces places portuaires. La répartition des flux de cette porte Nord-Ouest de l’Europe est étudiée dans l’étude Weastflows1 à laquelle participe l’AURH.

1 Weastflows : Projet européen de corridor Est/Ouest à l’échelle d’un système mondialisé.

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De nouvelles images commencent à circuler où Paris est adossé au Havre (projet de l’Agence Antoine Grumbach et associés). L’axe Le Havre/ Rouen /Paris constitue une ouverture maritime pour Paris qui reste à organiser pour que la capitale reste dans le rang des villes-mondes et bénéficie des flux maritimes : idée du Gateway2 de la Seine. En réponse, à l’AURH plusieurs études significatives sont lancées, pour le compte des élus de l’Estuaire, avec des concepteurs et des chercheurs dont L’Atelier du Grand Territoire qui élargit les réflexions à l’échelle de tout l’estuaire.

De nombreuses questions très transversales, inspirées souvent de la recherche de l’instauration d’une économie circulaire sont posées. Par exemple, comment mieux tirer avantage pour le Havre et la vallée de la Seine d’un tissu agricole aussi puissant et diversifié autour d’eux ?

Conclusion : Une dynamique assez puissante s’est enclenchée créant des opportunités et des responsabilités nouvelles, un changement de paradigme auquel il faut apporter des pistes d’organisation innovantes et anticiper les développements possibles et souhaitables. Le Comité des Elus del’Estuaire confie cette mission à l’agence d’urbanisme qui prend également appui sur des études confiées à des maîtres d’œuvre extérieurs.

Il est évident que la LNPN (Ligne Nouvelle Paris Normandie) ne se fera pas si elle n’est pas assortie de grands projets de développement. L’intérêt principal de LNPN est de créer une ligne voyageurs nouvelle pour libérer une ligne fret dont l’absence freine actuellement le développement du port du Havre (moins de 5% de fret évacué par voie ferroviaire aujourd’hui).

2  Gateway  : système pour optimiser les flux, l’organisation logistique mais aussi l’aménagement du territoire sur tout un axe. Le Gateway est un modèle d’organisation qui peut profiter également à une meilleure valorisation agricole et touristique. La façade maritime du Seine Gateway s’étend de Cherbourg à Dieppe avec des petits ports d’appui qui gèrent de la redistribution ou feedering.

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II. Evolution des représentations

La plaine alluviale de la Seine et ses zones industrialo-portuaires, tout autant que la Ville du Havre souffrent d’une mauvaise image, d’un manque d’attractivité. Autre problématique, l’estuaire de la Seine est un territoire politique vaste qui ne correspond pas à la réalité de sa définition géographique. Pour pallier à ces différentes difficultés, l’AURH et ses collaborateurs cherchent à susciter de nouvelles représentations liées à des modèles de développement inédits et porteurs d’avenir.

Comment faire appréhender les grandes échelles aux populations ?

La carte est un support usuel pour faire comprendre aux élus et habitants comment est organisé leur territoire. Mais comment aborder la question de la perception du territoire ? La carte de la perception de la plaine alluviale, reprise par l’étude Grumbach, constitue un début de schéma heuristique.

Comment faire évoluer les représentations et les modèles ?

Faire évoluer les représentations : carte des « on-dit », ou faire dire à une personne fictive la manière dont elle perçoit le territoire pour poser plus spontanément certains enjeux (ex : « L’industrie, ça sent mauvais et c’est moche ! »).

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La question du tourisme est progressivement devenue un outil de travail fédérateur pour les gens de l’estuaire. Il existait un tourisme de places (Deauville, Trouville, Honfleur, Etretat, Le Havre classé à l’UNESCO), l’enjeu est de sortir du tourisme de places pour développer une « destination estuaire », c’est-à-dire une offre proposant l’ensemble du territoire dans sa diversité, rapprochant notamment écologie et industrie.

Les grues, les conteneurs, les sites industriels peuvent devenir attractifs et être mis en tourisme. Pour aller plus loin, l’idée est désormais de créer de l’évènementiel autour de l’estuaire, en valorisant la relation à l’eau (nautisme, biennale estuarienne) et faire ainsi exister ce territoire dont la principale qualité est sa diversité.

La carte « une terre de diversité agricole » met en valeur les complémentarités des productions entre le plateau de Caux, la mer et le Pays d’Auge.

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La carte « Préserver les ressources les plus menacées » insiste sur le développement de l’agriculture de proximité autour des pôles urbains, la mise en place de trames vertes et bleues structurantes.

Peu à peu un projet de métropolisation d’estuaire se projette, se négocie, se dessine et se met en place.

Comment combiner des ingrédients singuliers pour construire une attractivité dans les espaces les plus décriés ?

On se repose la question des conditions à définir pour pouvoir vivre à côté d’un espace productif (qu’il soit agricole, industriel ou portuaire) ?

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Plusieurs choix d’avenir sont possibles qui nous obligent à repenser un modèle de développement et à opérer une rupture avec l’existant :

- Réindustrialiser dans une optique de développement durable ;- Faire du « tout tourisme » ;- Martin Vanier, nous propose une nouvelle voix, celle de l’hybridation.

III. À la recherche d’un nouveau modèle de développement

Dans ses travaux sur le Grand Paris à l’origine de nos réflexions, l’équipe Grumbach & associés défend un modèle de Ville-Territoire, fondé sur des alternances Ville / Nature /Industrie / Agriculture. Ce modèle fonctionne sur le principe de l’économie circulaire et du « tressage des mobilités ».

Bruno Fortier, dans l’étude Le Havre Cœur de Métropole, propose des conditions d’accueil liées à une nouvelle gare (Ligne Nouvelle Paris Normandie), pour de nouveaux habitants et des sièges d’entreprise. L’idée phare consiste à « retourner la ville sur ses bassins » atout d’attractivité encore trop peu mis en valeur.

L’équipe Antoine Grumbach et associés, qui s’est penchée sur La plaine alluviale au cœur de notre territoire de l’Estuaire, souligne l’intérêt de construire une identité partagée de la plaine alluviale pour en décloisonner les pensées et favoriser une mixité d’usages. Il propose « le grand parc de l’estuaire » clairement délimité par les crêtes au sommet des falaises dessinant les contours de la vallée de Seine. Un changement de paradigme est nécessaire pour appréhender le territoire et révéler ses potentialités. L’équipe propose des changements de culture (Exemple : Energie et culture de la mutation / Agriculture et culture de la compensation / Industrie et culture du risque / Bâtiments et culture de la réversibilité / Transport et culture de la lenteur…).

IV. Pistes de débat et discussion B. Menguy propose quelques pistes de débat :

- Comment sortir de l’impasse réglementaire ? (La compléxité réglementaire bloque souvent l’innovation et les nouveaux projets).

- Les paysages de l’hybridation permettent de rapprocher des fonctions jusqu’alors séparées (exemple : une zone industrielle pourrait également être une zone de loisir)

- Le processus à la place du plan (acceptation d’une forme de désordre, sortie du zoning)- L’exigence environnementale comme moteur de l’innovation- Comment travailler sur le sentiment d’appartenance à un grand territoire ? (les élus des petites

communes et les habitants sont dépassés par ce processus).

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- La population peut constituer une force de proposition dans cette dynamique de métropolisation. Comment utiliser l’intelligence populaire pour enrichir ce processus ? (des conseils de développement de l’estuaire viennent appuyer le travail des urbanistes).

Discussion

Le sentiment d’appartenance

- Comment travaille-t-on sur le sentiment d’appartenance à un grand territoire (à distinguer de l’appartenance elle-même) ? Par exemple, les correspondances entre personnes et marques sur le territoire (objets déposés, figurations du paysage qui soient repérables, etc.) ?

- La multi-appartenance pourrait être une question de recherche. Elle est liée à une transformation des modes d’habiter, des mobilités et des loisirs. Un chercheur catalan parle des « territoriants » à la place des « habitants ».

- B. Menguy : Il ne faut pas éteindre une identité par rapport à une autre, mais créer une multi-appartenance (Chris Younès), par exemple être à la fois « du pays d’Auge » et « estuarien ». Nous avons surtout travaillé cette question à partir du tourisme, et nous nous trouvons encore à la recherche de figurations du paysage (objets, marques de vêtement, événementiels) sans savoir s’il s’agit de bonnes pistes. Souhait de travailler sur un récit, et pas seulement des images, pour construire collectivement une histoire avec les chercheurs impliqués dans le projet.

- Le canal Seine-Nord-Europe pose aussi la question du paysage portuaire. Le mémoire de Master II d’Anne Mager sur la qualification des paysages de production, à travers l’exemple du port d’Anvers, avec une enquête auprès des habitants a montré qu’il y a une reconnaissance possible des valeurs esthétiques de ces paysages.

- B. Menguy : Le Port Center d’Anvers fonctionne très bien. Les classes, les habitants s’y rendent. Le port d’Anvers est très compétitif par rapport au Havre. Il faudrait développer de nouvelles façons de fréquenter le territoire : les croisières mer-fleuve, les croisières fluviales (exemple : de la peinture flamande à la peinture impressionniste).

- Il existe une possibilité de médiation artistique par rapport au sentiment d’appartenance. Deux exemples d’expériences, à Montpellier, avec l’agence de Psychanalyse Urbaine, qui met en scène, sous forme de spectacles, des idées reçues sur la ville, qu’elles soient négatives ou positives. Et à Nantes : création d’une nouvelle légende, en rupture avec le passé industriel du site. Mais l’Île de Nantes n’est pas un bon exemple par rapport à la question de l’hybridation, car le projet renonce à toute dimension industrielle.

- B. Menguy : Cela relève d’une grande tendance : tout le monde veut du tertiaire et plus personne ne veut produire. Pourtant l’économie productive fait vivre une grande partie de notre pays.

Représentations

- La recherche pourrait proposer d’autres outils, comme par exemple la question de la traversée des territoires. Produire des traversées, ce n’est pas produire des cartes. Cela renvoie à des démarches de paysagistes et permet de travailler sur la grande échelle, au sens des architectes. La traversée est plus de l’ordre du processus. La collecte se fait à partir de plusieurs supports : récits, photos, vidéos.

- B. Menguy : La cartographie est limitée et codée pour de nombreux élus et habitants. Une alternative testée : commande d’un travail photographique associé à un travail de dessin : Des deux côtés de l’eau. (Photographies de Stéphane Duboc ; dessins et croquis de Boris Menguy), dans le cadre des 29èmes Rencontres nationales des agences d’urbanisme (2008).

Médiations- Le modèle de la muséification touristique est-il valide économiquement ? L’expérimentation sur

le site est très importante. Exemple d’un dispositif expérimenté à la Cité Universitaire (visites avec applications sur Iphone et Ipad) à la fois interactif, ancré dans l’actualité et lié aux archives.

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- B. Menguy : C’est la question de l’accueil dans des paysages inhabituels, peu représentés, qui est posée. La présence d’un médiateur permet de dépasser le rejet lié à la méconnaissance. L’accompagnement permet de mieux entrer dans ces échelles, donner des clés d’entrée. Un « EducTour » a été proposé aux élus qui connaissent mal le territoire.

- Y a-t-il des collaborations entre paysagistes et muséographes ?

Règlementations

- La Convention Européenne et les outils réglementaires interviennent-ils dans ces projets? - B. Menguy : Il y a beaucoup de sites préservés dans l’estuaire (réserve naturelle, Natura 2000), ce qui freine

l’innovation. Tous les territoires de l’estuaire ont été créés par l’homme. L’intelligence de la mutation des territoires est absente de la réglementation.

- Selon l’article 1 de la charte, on a le droit de vivre dans un environnement sain et de bien-être. Au-delà de l’opposition entre écologie et industrie, il faut rappeler que c’est un processus défensif qui a conduit à l’instauration de ces réglementations.

- B. Menguy : Des territoires gelés au point de vue de l’industrie pourraient devenir des territoires d’accueil à l’avenir. C’est aussi une façon de gérer les risques.

- Ce n’est pas un problème d’excès de réglementations mais de réglementations mises en œuvre dans un processus de patrimonialisation et de muséification du territoire. Devant ces problématiques, le chercheur peut témoigner qu’il s’agit d’un problème rencontré ailleurs, à d’autres échelles. La réponse n’est sans doute pas du côté de la recherche mais de la politique.

- B. Menguy : C’est aussi aux chercheurs de faire des propositions aux politiques. - Les problématiques de conservation peuvent se poser en d’autres termes que réglementaires. La recherche

peut avoir des choses à dire sur les liens entre les outils (par exemple le zonage) et la réglementation.

1 Profil des chercheurs et concepteurs associés aux travaux de réflexion sur l’Estuaire

Jacques LEENHARDTJacques Leenhardt, philosophe et sociologue, est Directeur d’Études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (Paris). Jacques Leenhardt a créé et présidé le Centre d’art du Crestet (Vaucluse) de 1987 à 2002 dédié à la thématique de l’art, de la nature et du paysage.Il a conçu et dirige le projet Le Carré Vert, création d’un parc de 2000 hectares sur l’ancienne mine de charbon de Bitterfeld, (Allemagne).Quelques publications de Jacques Leenhardt sur le paysage : Jardins verticaux dans le monde entier, avec Anna Lambertini, photos de Mario Ciampi, (2007), Le Fond et la Surface. Photographies du bassin minier de Provence, Photographies de Fabienne Barre, (2008), La poétique du bord, Sur des photographies du littoral méditerranéen de Olivier Amsellem. (2010).

Martin VANIERMartin Vanier est géographe, professeur à l’université de Grenoble et consultant au sein de la coopérative de conseil Acadie. Il a construit son parcours de recherche à partir de la géographie industrielle et des politiques urbaines en la matière, avant de l’élargir au champ de l’aménagement des territoires en général. Il est l’auteur, ou le directeur, de divers ouvrages sur les villes, l’aménagement et le pouvoir des territoires. Il collabore avec la DATAR dans ses grands programmes de prospective.

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Chris YOUNESChris Younès, philosophe, professeur des écoles d’architecture ENSA PLV et ESA (responsable du postmaster « Architecture des milieux. Villes en projet durable »), dirige le laboratoire GERPHAU (philosophie architecture urbain), le Réseau international PhilAU, et participe au comité de rédaction de la revue Urbanisme.Derniers ouvrages : Philosophie de l’environnement et milieux urbains, avec T. Paquot, La Découverte, 2010 ; Architecture des Milieux, avec B. Goetz, Le Portique, 2010 ; Lieux d’être, avec M. Mangematin, Archibooks, 2011

Olivier MORASpécialisé en prospective, Olivier Mora s’intéresse aux transformations des territoires sous l’angle des relations ville-campagne, et de la place de l’agriculture, de la forêt et de la nature. Sociologue et ingénieur agronome et de formation, il a successivement travaillé dans un laboratoire de sociologie à Toulouse, et depuis 2006 au sein de l’Inra. Il a coordonné en 2008 un ouvrage chez Quae « Les Nouvelles ruralités à l’horizon 2030 », et publié en 2010 un article de synthèse dans la revue Territoires 2040, « Vers de nouvelles ruralités ? ».

Frédéric BONNETArchitecte et urbaniste, Fréderic Bonnet est co-fondateur avec Marc Bigarnet de l’agence Obras à Paris. Lauréats Europan 3 en Espagne, ils réalisent dès 1995 un parc et ses édifices à Alicante. Lauréate du Palmarès des jeunes urbanistes, primée par l’académie d’architecture, l’agence est en 2010 nommée au Grand Prix de l’Urbanisme. L’agence a notamment réalisé le parc portuaire du Havre sur l’emplacement des anciens docks et le quartier de l’Eure.Frédéric Bonnet enseigne à l’école d’architecture de Paris Belleville et à l’Accademia di Archittetura di Mendrisio au Tessin (Suisse) ; il est membre du laboratoire GERPHAU. Il est auteur de nombreux articles sur les liens entre architecture, paysage et nature, et sur l’entrelacement des échelles.


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