Download - Io 263 page 3

Transcript
Page 1: Io 263 page 3

« Le FMI recommande de ralentirle rythme de réduction du défi-cit » : ce titre d’une dépêche del’agence France Presse, datée du5 août, consacrée au rapport finaldu Fonds monétaire internatio-nal sur la France, est repris enboucle par tous les médias. Le FMI, basé à Washington, qui,avec l’Union européenne et lesgouvernements complices, a déjàmis à genoux la Grèce, l’Irlande,le Portugal, condamnerait-il lespolitiques d’austérité ? Bien évi-demment, non.

Pour le FMI, ce ne sont pasles politiques de rigueurqui sont à remettre en

cause, mais la manière dont ellesdoivent s’opérer.« Les taux d’impo-sition sont déjà trèsélevés », s’inquiète-t-il. A Lisbonne,Athènes ou Dublin,les augmentationsd’impôts, pesantprincipalement surles travailleurs,c o u p l é e s a u xcoupes drastiquesdans tous les bud-gets sociaux, ontaccéléré la réces-sion et l’effondre-ment des écono-mies. A des degrésdivers, l’Espagne, l’Italie, maisaussi la France, prennent le

même chemin. Une crise socialeet politique menace à chaqueinstant d’emporter tous les gou-vernements. Toute la situation enEurope ne tient qu’à un fil…Dans ce cadre, recommande leFMI, s’adressant au gouverne-ment Hollande, « il est essentielde rééquilibrer l’ajustement bud-gétaire en mettant davantage àcontribution la limitation desdépenses, notamment dans ledomaine de la Sécurité sociale etcelui des dépenses locales ». Enparticulier, les administrateursdu FMI, « engagent instammentles autorités à réformer le systèmedes retraites ».A la fin du du rapport, le gouver-nement français répond par la

voix de son admi-nistrateur auFMI : « La Francea aussi choisi une n s e m b l e d emesures qui cor-respond à l’orien-tation budgétairerecommandée parle FMI (…). Leplus gros de l’ef-fort est progressi-vement transféréde la mobilisationde recettes vers larationalisationdes dépenses (…).En particulier,

nous partageons l’avis des ser-vices du FMI qui estiment que la

réforme des retraites sera un élé-ment clé de cette stratégie. »Faire barrage à cette offensive estvital pour les travailleurs et leursfamilles. C’est bien l’enjeu del’appel à une journée d’action et

de mobilisation par les confédé-rations CGT et CGT-FO (avec laFSU et Solidaires), le 10 sep-tembre, contre la réforme prépa-rée par le gouvernement.

Y. L. �

é“L e gouvernement doit

continuer (…). Nousdevons continuer àcombattre pour réalisertoutes les réformes

nécessaires. » A cette déclaration de Berlus-coni, au lendemain de sa condamnation,font écho les dirigeants du Parti démocrate(PD, centre gauche, issu du Parti commu-niste italien). Chef du PD, Epifani appelle ladroite à « un comportement responsable (…)nécessaire dans une phase de crise grave ».Chef des sénateurs, Luigi Zanda martèle :« Au milieu de la plus grave crise écono-mique et sociale de l’après-guerre (…) l’Italiede centre, de droite et de gauche a plus quejamais besoin de rester unie. »

Tous veulent sauver le gouvernement Letta(PD), gouvernement de large coalition — duparti de Berlusconi au Parti démocrate —formé au lendemain des élections législatives,sur le mandat explicite d’application des exi-gences de l’Union européenne. Car ce gou-vernement a un premier succès à son actif :en quelques semaines, les trois confédéra-tions syndicales ont signé le pacte pour la pro-ductivité, l’accord sur la représentativité etl’accord sur les contrats jeunes à 516 euros.

En Italie comme dans toute l’Europe, lessommets s’inquiètent d’un possible effon-drement de ce gouvernement, qui apparais-sait, à bien des égards, comme celui de ladernière chance. Un dirigeant du PD a mêmepubliquement évoqué le risque « d’explosionsociale ». Certes, jusqu’à présent, la résistancede la classe ouvrière a été contenue, du faitdu soutien des dirigeants au gouvernement.Malgré cela, grèves et mouvements de luttede classe se multiplient. Si ce gouvernementdisparaissait, le barrage au surgissement dela classe contre les contre-réformes risque-rait de disparaître avec lui.

En France, Les Echos s’inquiètent de ce« risque réel »de déstabilisation, mais tententde se rassurer en soulignant qu’une « bonnepart du Parti démocrate cherche à maintenirune attitude responsable en faisant tout pourmaintenir en place le gouvernement Letta envue de favoriser le chemin des réformes ».« Réformes » des retraites, de la Sécuritésociale, de l’école… : mais les conditions sont-elles encore réunies pour les imposer ?

Se faisant l’écho des exigences de Bruxelles,le Financial Times réclame une réforme consti-tutionnelle permettant un gouvernement fortet stable au service du capital financier. Cepen-dant, le quotidien de la City de Londres doutede la faisabilité d’une telle réforme, que lesrestes de démocratie parlementaire instau-rée en 1945 rendent très difficile. Mais, en l’ab-sence de modification des institutions, chacuncraint qu’un peu plus tôt, un peu plus tard, legouvernement Letta ne tombe, ouvrant laporte à une situation ingouvernable, où lecarcan posé sur la classe risque de voler enéclats. C’est l’impasse, la crise qui touche tousles partis.

L’Italie, après l’Espagne, la Grèce, le Por-tugal : les diktats de l’Union européenneconduisent tous les pays d’Europe sur la voiede l’explosion et de la décomposition.

Aucune solution conforme à la démocra-tie et aux intérêts ouvriers ne peut s’imposerdans le cadre de la subordination aux insti-tutions de l’Union européenne.

Pendant ce temps… le rapport consacréà la France par le FMI presse le gouvernementHollande « d’accélérer ses réformes structu-relles »...

Rien n’est joué. En France comme en Ita-lie, répondre aux besoins de la classe ouvrièreet de la majorité, c’est combattre pour le retraitdes contre-réformes, pour la rupture avecl’Union européenne. Cette question sera aucentre du meeting du 28 septembre, à Paris,avec nos camarades venus des différents paysd’Europe.

ÉDITORIAL

Tous veulent sauverle gouvernementLetta

Daniel GlucksteinSecrétaire national du POI

INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 263 SEMAINE DU 8 AU 14 AOÛT 20133

L’appel lancé, début juillet, parles confédérations CGT et CGT-FO, avec la FSU et Solidaires, àune « une journée nationaled’action interprofessionnelle »pour le 10 septembre est repris,démultiplié dans les départe-ments.

“Ne touchez pas à nosretraites ! Grève etmanifestation mar-

di 10 septembre 2013 », lancentensemble les unions départe-mentales CGT et CGT-FO d’Eu-re-et-Loir, avec la FSU. Elles« constatent que le gouvernementa décidé de répondre aux injonc-tions de l’Union européennevisant à poursuivre les attaquescontre tous les droits et acquis dessalariés. En effet, la Commissioneuropéenne a exigé du gouverne-ment français qu’il prenne “desmesures, dès cette année, pourréformer son système de retraite”(…). Le même jour, Jean-MarcAyrault lui répond : “La France varespecter ses engagements.” »Les unions départementales enconcluent : « Assez de régressionsociale ! Toutes nouvelles mesures,quelles qu’elles soient, contre nosretraites doivent être bloquées. »

� Dans le Var, les syndicats CGTet CGT-FO de la direction dépar-tementale des territoires et de lamer (DDTM, ex-DDE) s’adres-sent elles aussi ensemble auxagents : « Le 10 septembre, nousappellerons conjointement à lagrève et à la manifestation. » Ellesrappellent qu’à la fin de la confé-rence sociale organisée par legouvernement, les 20 et 21 juinderniers, celui-ci adressé une « feuilled e r o u t e » o ù i lconsidère que « lesconstats et les objec-tifs » sont pour l’es-sentiel partagés parles organisationssyndicales. « Nous,organisations syn-dicales FO et CGTde la DDTM du Var,lui disons : non,nous ne partageonsen rien vos objec-tifs. » En particu-lier, poursuiventc e s s y n d i c a t s ,« nous ne “parta-geons” pas le faitque “notre systèmede retraite” devrait “faire face audéfi de l’allongement de l’espé-

rance de vie”, c’est-à-dire, en clair,nous faire travailler plus long-temps, et avec des retraites dimi-nuées. »

� Même conviction chez les syn-dicats CGT-FO, UGICT-CGT et CGT des agents de la Caisse natio-nale d’assurance vieillesse, àParis : « Ce n’est pas l’augmenta-tion de l’espérance de vie qui est

responsable du soi-disant déficit du régi-me de nos retraites,mais toutes lesmesures d’austéritéprises pour baisser le“coût du travail”revendiquées et obte-nues par le patronatsous tous les gouver-nements. Nous considéronsque l’augmentationdes salaires et despensions de retraite,l’arrêt des suppres-sions de postes etparticulièrementdans les organismesde Sécurité sociale,permettront une

hausse des cotisations, donc uneaugmentation du budget de la

Sécurité sociale. » Et de lancer :« Tous en grève le mardi 10 sep-tembre 2013 ! Tous à la manifesta-tion ! »

� Même mot d’ordre de rallie-ment lancé par les syndicats CGT,CGT-FO et Solidaires de la Direc-tion générale des financespubliques, à Paris, qui se pronon-cent pour « le maintien du Codedes pensions civiles et militaires, lerefus de tout allongement de ladurée de cotisation, le refus de labaisse et désindexation des pen-sions. (…) Nous n’acceptons aucun reculsur nos retraites ! »

� A l’Assistance publique-Hôpi-taux de Paris (AP-HP), les orga-nisations syndicales USAP-CGT,FO, SUD-Santé et CFTC « s’oppo-sent avec détermination à toutenouvelle réforme des retraites quis’en prendrait encore une fois auxpersonnels hospitaliers ». Et d’appeler à se mobiliser « le 10 septembre 2013, pour ne paslaisser le gouvernement auxordres du Medef s’attaquer à nosretraites, à nos acquis et à nosdroits ».

Mobilisation syndicale contre la réforme des retraites

“Tous en grève le mardi 10 septembre !Tous aux manifestations !”

Le FMI engage “instamment”le gouvernement Hollande “à réformer le système des retraites”Moins de rigueur ? Sûrement pas...

“Nous partageonsl’avis des services du FMI qui estimentque la réforme des retraites sera un élément clé”

(le représentant du gouvernement français au FMI)

“Assez de régression sociale !Toutes nouvellesmesures, quelles qu’elles soient, contre nosretraites doivent être bloquées ”

Phot

o AF

P

Top Related