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L ’ é m a n c i p a t i o n d e s t r a v a i l l e u r s s e r a l ’ œ u v r e d e s t r a v a i l l e u r s e u x - m ê m e s

INFORMATIONSOUVRIÈRES

6 211abonnés reçoiventce numéro.Et vous ?(page 16)

INFORMATIONSOUVRIÈRES

nouvelle série

N0228 (2622)Semaine du

29 novembre au 5 décembre 20121,5 euro (soutien 2 euros)

ISSN 0813 9500

TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DES CLASSES H E B D O M A D A I R E D U PA R T I O U V R I E R I N D É P E N D A N T POI

Actualité politiqueet socialeEcole

A propos de la réformedes rythmes scolaires.

Pages 3 et 4

Santé

La mobilisationdes internes.

Pages 6 et 14

Politique

La crise de l’UMP.

Page 5

Vie du partiDécentralisation

La proposition de loipour le libre choixdes communes.

Page 8

ActualitésinternationalesEspagne

La signification desélections en Catalogne.

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ArcelorMittal :nationalisationpour garantirl’emploi à Florangeet dans toutela sidérurgie ?

Chiche !

La semaine prochaine,vous pourrez lirele compte rendude la conférencenationale pour l’unitéet la résistancedu 1er décembre

LisezInformationsouvrières !Abonnez-vous !

Un ouvrier :“Tant qu’onne me dira pasqu’on varetravailler,je n’y croirai pas !”

Page 2 et éditorial page 3

Arnaud Montebourg, face aux sidérurgistes de Florange, le 27 septembre.

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> A la Une >>>INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 20122

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Desmilitants syndicaux réagissent à l’annoncepar le gouvernement delapossible“nationalisationtemporaire”dusited’ArcelorMittalàFlorange(Moselle).Legouvernement tiendra-t-il tête à l’ultimatumdeMittal,quimenacede fermerpurementet simplement lesite?Desmilliersd’emploissont en jeu.

“La nationalisationd’ArcelorMittal, à Florange,doit servir à garantirles emplois” Conférence

pour l’UNITÉ

et la RÉSISTANCE

1er déc. 2012 - Paris

L’ultimatumde Mittal expirele 1er décembre

Dans un pays où l’on comptedésormais mille cinq centschômeurs de plus chaque jour,tous les regards sont tournésvers le site d’ArcelorMittal,à Florange (Moselle).Cette affaire qui met des milliersd’emplois en péril (sous-traitantscompris), a pris une dimensionnationale. Aumomentoù nous bouclons ce journal,ce mardi 27 novembre en soirée,le P-DG du groupe, LakshmiMittal, est reçu par FrançoisHollande, à l’Elysée.Le 1er octobre dernier, Arcelor-Mittal avait annoncé sa volontéde fermer une partie du sitede Florange, la filière liquide(la production d’acier brutà partir deminerai de feret de charbon, où travaillentenviron 650 personnes).Il avait alors laissé soixante joursau gouvernement pour trouverun repreneur pour les installa-tions en sursis, auxquelles il avaitajouté la cokerie (cuissondu charbon). Ce délai expiredonc le 1er décembre.Or le gouvernement a annoncéla semaine dernière avoir reçudeux offres,mais seulementpour l’intégralité du site, doncy compris le laminoir à chaud(transformation des grossesplaques d’acier, les brames,en rouleaux de tôle plus fine),et les lignes de traitementet de finition de l’acier.Face au refus d’ArcelorMittald’élargir le périmètre de la vente,le gouvernement a brandila semaine dernière la menaced’une nationalisation temporaire.Une prise de contrôle par l’Etatserait « respectueuse de l’Etatde droit français et européen »,a déclaré le 26 novembrele ministre ArnaudMontebourg.Notre correspondant sur placea recueilli les réactionsde plusieurs syndicalistes.

Y. L.

WALTER BROCCOLI,secrétaire général du syndicat FOde Florange« Les ouvriers s’inquiètent : qu’est-ce qu’on vafaire, qu’est-ce qu’on va devenir ? Si les hauts-fourneaux ferment, le reste suivra, et on pas-sera de 2 800 salariés à 800. C’est un bras de fer :ou Mittal fait marche arrière ou le gouverne-ment nationalise. Nous, à FO, nous sommespour la nationalisation. Depuis le début, FO l’aréclamée. Ainsi, on peut sauver les emplois. Masurprise, c’est que les élus soient d’accord, etcela me conforte. On dit au gouvernement : necédez pas, nationalisez ! »

JACQUES BIDARD,responsable CGTpour le groupe ArcelorMittal France« Face à la destruction, quelsmoyens se donne-t-on ? Par rapport aux déclarations gouverne-mentales, on ne va pas faire la fine bouche : onest pour la nationalisation. La question est surla table et on la soutient. Si on ne trouve pas desolution, on va fermer. Si on échoue, les tra-vailleurs vont prendre une claque. La nationa-lisation, c’est un choix politique qui doit servirà garantir les emplois. »

YVES FABBRI,secrétaire général du syndicat CGTde Florange« La nationalisation, même temporaire, c’estbon. Il faut foncer ! La nationalisation permet-tra d’une part de protéger nos hauts-fourneaux,et ensuite tout ce qui est organisation de la pro-duction, que ce soit pour le chaud ou le froid,et, d’autre part, de maintenir les emplois, lescompétences et de réaliser les investissementsnécessaires. »

FRANÇOIS LOPERA, délégué CGT :« Montebourg s’est prononcé pour la nationa-lisation ; j’espère que Hollande le suivra. Si Mit-tal n’est pas d’accord, qu’on nationalise Florange.C’est le moyen pour défendre le maintien detous les emplois. »

Propos recueillis par Albert DAL POZZOLO,le 27 novembre en journée �

Dans notre prochain numéroLe 1er décembre, se tiendra à Parisune conférence nationale « pourl’unité et la résistance », appeléepar 413 militants ouvriers de toutestendances.Ils proposent de discuter des voieset des moyens :« Pour l’abrogation du TSCGde Merkel-Sarkozy-Hollande ;— pour aider à réaliser l’unitécontre toutes les mesures d’austé-rité prises par le gouvernementHollande-Ayrault et sa majoritéparlementaire (souvent soutenuspar des députés de l’UMP) ;— contre toute forme de compro-mis historique remettant en causel’indispensable indépendancedes organisations syndicales etcherchant à en faire une courroiede transmission de l’Union euro-péenne et du gouvernement ;— pour en finir avec la dictaturede la troïka (FMI, Banque centraleet Commission européenne). »Nous rendrons compte des déci-sions de cette conférence ouvrièredans notre prochain numéro.

Une lettre ouverte aux députéset aux sénateurs de MoselleEn Moselle, le POI, avec des élus, des militantsdu PS, du PCF, des syndicalistes, avait pris l’ini-tiative d’une lettre ouverte aux députés et auxsénateurs du département, qui a recueilli à cejour près de 1 000 signatures.« Repreneur ou pas, qui peut empêcherque le 1er décembre des milliers de tra-vailleurs ne restent sur le carreau ? Si quel-qu’un peut le faire, c’est bien legouvernement. Il peut le faire, en se por-tant garant du maintien de tous lesemplois sur place et du redémarrage deshauts-fourneaux (…). Messieurs les dépu-tés, les sénateurs et les maires, vous nepouvez pas vous dérober : vous devezvous prononcer pour que le gouverne-ment se porte garant du maintien du sitede Florange dans sa totalité et de tous lesemplois sur place !La population vous le demande expres-sément face à la catastrophe imminente !Prenez la tête d’une délégation de la popu-lation auprès du gouvernement ! »

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éINFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 2012

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Au1er décembre expire l’ul-timatum lancé par Arce-lorMittal : passée cettedate, si le gouvernementn’a pas trouvé un repre-

neur, la filière chaudedu site—notam-ment les hauts-fourneaux — serafermée. 629 emplois directs seraientainsi liquidés, sans compter les inté-rimaires et les sous-traitants !

C’est dans ce contexte que leministre Montebourg s’est prononcépourune « nationalisation transitoire »,le temps de trouver un repreneur.

Deux semaines plus tôt, pourtant,le gouvernement auquel appartientMontebourg avait lancé son « pacte decompétitivité » inspiré du rapport Gal-lois, tout entier orienté sur la baissedu coût du travail et l’association dessyndicats à lamise en place de la flexi-bilité. Le journal Les Echos s’étonnedes propos de Montebourg et leuroppose ce rapport Gallois « salué àdroite comme à gauche », un rapportqui « cite une vingtaine de pistes pourredresser notre compétitivité »,maisdans lequel on chercherait « en vainle mot “nationalisation”».

Alors, de quoi s’agit-il ?S’agit-il de répondre à cette attente

d’un sidérurgiste cité par l’AFP : « Lespropos de Montebourg ne sont pourl’instant que des effets d’annonce.Tantqu’on ne me dira pas qu’on va retra-vailler, je n’y croirai pas » ? S’agit-il parconséquent de garantir lemaintien detous les emplois sur Florange et plusgénéralement pour les 20 000 salariésdu groupe en France ? S’agit-il à ceteffet de se soustraire aux diktats del’Union européenne en procédant àune véritable nationalisation, sansindemnité ni rachat,garantissant l’em-ploi de tous ?

Ou bien s’agit-il de suivre les res-ponsables politiques de l’UMP,du PS,duPCF,desVerts de la région,qui,dansune lettre commune à François Hol-lande, apportent leur soutien à Mon-tebourg en précisant : « Nousréaffirmons notre détermination àappliquer les conclusions du rapportFaure commandé par le gouverne-ment » ? Rappelons que le rapportFaure met comme condition pour lareprise du site que celui-ci puisse « at-teindre unemeilleure rentabilité ».Onsait à quoi cette exigence de «meilleurerentabilité » a conduit à PSA, à Petro-plus, à Doux, à Sanofi : à des milliersde suppressions d’emplois.

Alors, de quoi s’agit-il ? Nul douteque la réponse à cette question seradonnée dans les prochains jours.

Pour ce qui les concerne, les comi-tés du POI du bassin sidérurgiquemènent campagne depuis des annéespour la renationalisation.

Le POI ne varie pas : nous sommespour la réquisition, sans indemnité nirachat, de la filière sidérurgique.Maisnous n’en faisons pas une condition.Quelle que soit la forme retenue, le POIsoutiendra, comme il l’a toujours fait,tout ce qui contribuera à forger l’unitésur une exigence :maintien du site etde tous les emplois !

Alors, si c’est de cela qu’il s’agit,d’une vraie nationalisation garantis-sant lemaintien de tous les emplois etde tous les sites, sans crainte de déro-ger aux normes de l’Union européenneet du FMI, il n’y a qu’un mot à dire :chiche !

Tout se concentresur une question

Daniel Gluckstein,secrétaire national du POI

ÉDITORIAL

Vous êtes maire de Millery. Que pensez-vous de la réforme des rythmes scolaires ?En tant quemaire, depuis six ans, d’une com-mune rurale d’un peu plus de 400 habitants,je refuse tout ce projet relatif aux rythmes sco-laires. Alors même que l’Etat nous impose denouvelles exigences de réduction des dépensespubliques, il est aberrant d’imposer à cesmêmes collectivités locales un surcoût lié àune pseudo-amélioration des conditions del’enseignement.Ma commune ne dispose plusd’école, mais je n’ose imaginer les retombéesinévitables sur le budget communal pour faireface aux nouvelles charges financières qu’im-poserait la réforme Peillon, en augmentant lecoût des frais de scolarisation que nous réglonsaux communes voisines accueillant nos nom-breux enfants scolarisés tant dans les écolespubliques maternelles qu’élémentaires.

Et qu’en pense l’enseignant que vous êtesaussi ?Instituteur, devenu professeur des écoles,depuis trente-cinq années, je suis scanda-lisé par le projet de loi, qui porterait mieux lenom de contre-réforme, sur les rythmes sco-laires.Ce projet met dangereusement en péril lastricte séparation du scolaire et du périsco-laire, conduisant à une véritable mise soustutelle des enseignants par les collectivitéslocales, voire diverses associations, à la faveurde la mise en place des « projets éducatifslocaux ». Les enseignants perdraient ainsi leurstatut de fonctionnaires d’Etat. Mais n’est-cepas là, justement, l’un des buts recherchés ?

Peillon a annoncé que « les enseignantsaccepteront, sans doute, de travailler unedemi-journée supplémentaire sans êtrepayés davantage »…Je reste résolument opposé à une augmenta-tion du temps de travail des enseignants engénéralisant, par exemple, le travail le mer-credimatin et bien souvent aussi l’après-midi.Il est totalement inacceptable de travailler pluspour gagnermoins ; il l’est tout autant de vou-loir aggraver l’annualisation du temps de tra-

vail. Pour rappel, nous avons perdu 12 % depouvoir d’achat depuis l’année 2000 et nousne pouvons pas vivre décemment en nouscontentant des joies que nous procure notremétier.Lorsque leministre Peillon déclare : « Les gensqui choisissent ce métier ne le choisissent pasd’abord pour l’argent, mais il serait digne deles payer mieux si nous en avions les moyens… »,et qu’il ajoute : « Dans ce moment budgétaireque nous vivons, nous leur demandons de reve-nir une demi-journée de plus sans les payer »,je reste, comme de très nombreux collègues,scandalisé par de tels propos provocateurs.

Le gouvernement prétend que c’est au nomde la réussite des élèves…La réussite des élèves passe avant tout pourmoi par le rétablissement des dizaines demilliers de postes d’enseignant supprimés(en particulier, les titulaires remplaçants, lesRased [1]) et non par une contre-réforme desrythmes scolaires qui voit le temps d’ensei-gnement auprès des élèves diminuer, alorsque, dans lemême temps, celui desdits ensei-gnants augmente encore.Je refuse ce « toujours plus d’austérité » au nomde la « dictature de la dette » qui sacrifie lesdépenses publiques, les salaires et le pouvoird’achat pour réduire un endettement publicdont les salariés ne sont pas responsables.

Mais Hollande n’a-t-il pas donné deux ansaux communes ?Après les annonces du président de la Répu-blique au congrès desmaires, laissant toute lati-tude aux communes quant à l’application dela réforme, je vois pointer le spectre d’une écoleterritorialisée (communes riches « contre » com-munes pauvres) en lieu et place de l’Ecolepublique laïque dans la République une et indi-visible.

Interview réalisée le 25 novembrepar Dominique GROS �

(1) Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté.

Education nationale

François Hollande annoncele 20 novembre l’étalement de la réformedes rythmes scolaires sur deux ans

Nous donnons la parole à des élus, des enseignants et des syndicalistesqui en expliquent l’enjeu et les conséquences.

ÉCLAIRAGE

Etalement de la réformesur deux ans

Signification,et conséquencesLe 20 novembre, devant le congrès desmaires, François Hollande a annoncé l’éta-lement de la réforme des rythmes sco-laires sur deux ans, en 2013 et 2014.Selon Vincent Peillon, invité sur FranceInfo, c’est une décision « courageuse (…)et sage » et il ajoute : « Vous ne faites pasune réforme contre les gens, vous ne faitespas une réforme de l’école contre les pro-fesseurs, vous ne faites pas une réformede l’école contre les collectivités locales. »Tel est bien en effet le problème du gou-vernement. D’après le ministre, « il fautqu’il y ait une entente, une compréhen-sion, une façon d’avancer qui n’opposepas les uns et les autres, mais qui essayede les rassembler ». Autrement dit, il fau-drait le consensus. En réponse, les res-ponsables du SE-UNSA ont jugé bon desaluer le « pragmatisme » de la décisionde Hollande et demandé que « la miseen œuvre de ce choix soit déclinée defaçon opérationnelle et concertée avecl’ensemble des partenaires ».Il n’en reste pas moins qu’à ce jour, leministre ne peut pas se prévaloir d’unconsensus.Mais, en fait de « pragmatisme », la déci-sion prise par Hollande constituerait, sielle était appliquée, un éclatement géné-ralisé de l’Ecole républicaine dès la ren-trée 2013. La décision des collectivitéslocales d’en rester provisoirement à lasemaine de quatre jours ou de passer, dès2013, à quatre jours et demi instaureraitune inégalité de traitement entre les élèves,les communes, les enseignants et les per-sonnels territoriaux.

Nicole FISHER �

Laurence Fayard

S’exprimant au lendemain de l’an-nonce par le président de la Répu-blique de l’étalement de la réformedes rythmes scolaires sur deuxans, le ministre de l’Educationnationale,Vincent Peillon, affir-mait : « Le souhait du présidentde la République, du Premierministre est que l’on laisse lemaxi-mum de place à l’autonomielocale, à la décision prise avec leconseil d’école (…).Nousn’interdirons pas de faire dif-féremment. Au contraire, nous

encouragerons à faire différem-ment. »En s’appliquant dès la rentrée2013 dans certaines communes,cette réforme engendrerait lespires inégalités de traitementd’une école à l’autre et constitue-rait l’une des pièces maîtresses dela mise en œuvre de l’acte III dela décentralisation et de la balka-nisation de la République.Elle s’inscrit — comme les projetsd’abandonner aux régions l’orien-tation scolaire et la carte des for-mations professionnelles — dansl’objectif récemment réaffirmé

par le gouvernement de réduireles déficits publics en opérantpour dix milliards supplémen-taires de coupes claires dans lesservices publics.Enfants, enseignants, élus, per-sonnels territoriaux, tous sontconcernés.Mais voilà,en déclarant à l’adressedes organisations syndicales :«Onne peut pas faire sans vous, on nepeut pas faire sans les parentsd’élèves, on ne peut pas faire sansles collectivités territoriales »,le Premier ministre, Jean-MarcAyrault, souligne à nouveau la dif-

ficulté du gouvernement à avan-cer dans la réalisation du consen-sus avec les personnels et leursorganisations,et avec les élus.Rienn’est joué.Les articles que nous publionsdans ces pages permettent d’af-firmer que c’est maintenant qu’ilest possible de bloquer ce projetde dislocation de l’Ecole de laRépublique.Ces questions seront sans aucundoute débattues lors de la confé-rence nationale pour l’unité du1er décembre.

Jacky Lüdi,instituteur et mairede Millery (Côte-d’Or)

La parole à…

“Cette réformemet dangereusement en périlla stricte séparation du scolaireet du périscolaire”

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La manifestationdes infirmières scolairesfait reculerle gouvernement

Plus de 1 500 infirmières de l’Education nationale— un cinquième du corps national — ont mani-festé le jeudi 22 novembre à l’initiative du SNICS-FSU.Chantal Chantoiseau, secrétaire académique duSNICS-FSU Paris, nous explique pourquoi.

Il s’agissait de revendiquer lemaintien de la gou-vernance et du pilotage de la santé à l’Ecole parleministère de l’Education nationale. Dès 2011,

un rapport sur lamédecine scolaire recommandaitdéjà de confier le pilotage aux agences régionalesde santé (ARS). Lors des groupes de travail sur larefondation de l’école organisés par le nouveauministre, on a quasiment empêché les infirmièresde parler. Le 17 novembre sort un rapport de l’As-semblée nationale daté du 9 novembre recom-mandant ce transfert et proposant l’entrée desprofessionnels de santé de l’Education nationaledans un corps interministériel de l’Etat. Dans cecadre, les missions des infirmières se seraientréduites à la mise en place des dépistages systé-matiques, notamment par classe d’âge. Cette mis-sion incombait jusqu’à présent auxmédecins. Lesinfirmières n’auraient plus la possibilité d’exercerleurmission d’accueil des élèves des collèges et deslycées au quotidien, pour quelquemotif que ce soitayant une incidence sur la santé ou la scolarité desenfants et des jeunes.Dans la mesure où le nouveau ministre ne nousrépondait pas sur le fait de savoir s’il conservait lagouvernance et le pilotage de la santé, nous avonslancé un appel à la mobilisation. Cet appel a étémassivement suivi.Le jour même de notre manifestation, M. PierreMancel, conseiller santé auprès du ministre délé-gué, Mme George Pau-Langevin, a reçu une délé-gation de notre syndicat. Il avait le mandat duministère pour nous répondre que le projet de corpsinterministériel et le transfert de la gouvernanceaux ARS étaient écartés, et que des négociationsallaient être ouvertes sur une évolution renforcéede nos missions auprès des élèves.Nous considérons que notre manifestation nous apermis d’être entendues. �

Propos recueillis par Michèle Lepeuve

Informée de la tenue de la conférence du1er décembre, Chantal Chantoiseau a sou-ligné qu’« effectivement il est très impor-tant de préserver l’indépendance desorganisations syndicales et la défense desrevendications des personnels, quel quesoit le gouvernement ».Le succès de la mobilisation des infirmièresmontre que ce point de vue est largementpartagé.

> L’actualité politique et sociale >>>INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 20124

Que penses-tu des dernièresdéclarations de Peillon surles rythmes scolaires ?Les collègues sont de plus enplus inquiets. Si, à l’arrivée dePeillon, beaucoup étaient prêtsà revoir les choses, même àaccepter les quatre jours etdemi si ça permettait de finirla journée plus tôt, avec cinqheures pour les élèves, main-tenant c’est terminé ! Ils com-prennent que ce n’est pas unequestion de « rythmes sco-laires », que, contrairement àce que le gouvernement avaitannoncé, il ne cherche pas l’in-térêt des enfants. On voit bienqu’il s’agit de donner un autrerôle à l’école, un rôle de gar-derie. Certains collègues n’ontpas toujours conscience de ceque signifie l’inscription desprojets éducatifs locaux (PEL)dans la loi. Ils sont parfoisincrédules quant au fait queles maires pourraient leurimposer des choses. Mais celase précise : dans la grande villedu département, dirigée parle PS, les élus sont dans lesstarting-blocks, et ils veulentque la classe reprenne à15 heures l’après-midi afin defaire des économies sur la prise

en charge des élèves lors dutempspériscolaire. Les discoursdeHollande et dePeillondevantles maires montrent qu’ils nereculent pas. Ils veulent seule-ment donner une « prime demérite » aux communes zéléesqui appliqueront cela dès la ren-trée 2013 !

Quelles sont les réactionsdans ton syndicat ?J’ai unpeu le sentiment quenosdirigeants ne nous entendentpas ! Ils n’ont plus consciencede ce que faire classe veut dire :l’implication des enseignantsauprès de leurs élèves, la fatigueliée au fait de faire classe et depréparer la classe.Les militants sont débousso-lés, ils se sentent un peu seuls,sachant que le SGEN-CFDT etle SE-UNSA sont d’accord avecPeillon. Je suis inquiète, car j’aile sentiment qu’il y a un risqueréel de faire imploser le syn-dicat. Dans les discussions quenous avons entre nous, lescamarades disent : « Il est horsde question de tout acceptersous prétexte qu’on a un gou-vernement socialiste ! Si c’étaitChatel qui avait fait ça, onaurait déjà été dans la rue ! »

Lemécontentement est fort eta déjà obligé les secrétairesnationaux à changer de ton.On est passé de « le présidents’engage », qui était le titre dujournal du syndicat à la mi-octobre, à « tout reste à faire »unmois après. Mais, au fur età mesure des annonces suc-cessives de Peillon, on a l’im-pression qu’on en est à nerevendiquer qu’une compen-sation financière au coûtqu’engendrerait le travail dumercredi. Peillon dit qu’il n’yaura pas de discussion surl’augmentation du point d’in-dice avant 2014.Nous n’avons plus eu d’aug-mentation depuis 2009. Beau-coup d’enseignants ont votépour Hollande parce qu’ils nevoulaient plus de Sarkozy. Ona autre chose à faire que d’ac-cepter ce que propose Peillon :travailler plus pour gagnermoins ! Si la question de lagrève est posée, ce devrait êtrepour dire : non au travail lemercredi ! D’autres militantscommencent à en parler. J’aitenu une réunion d’informa-tion syndicale cette semaine oùcette question a été discutée.

Les syndicats parisiensSNUipp-FSU, Snudi-FO,SE-Unsa et Sud Educationse prononcent pour l’abandondu projet ministérielsur les rythmes scolaires

« Les syndicats SNUipp-FSU, Snudi-FO,SE-Unsa et Sud Education affirmentleur opposition au projet ministérielde réforme des rythmes scolaires etréclament son abandon. Le projetministériel n’est pas acceptable. Ildégrade les conditions de travail etd’emploi de tous les personnels. Il necomporte aucune amélioration desconditions d’apprentissage des élèveset n’améliorera pas leur réussite sco-laire.Par ailleurs, ils rappellent que les obli-gations de service des enseignants doi-vent rester sous la seule responsabilitéde l’Etat.D’autre part, ils demandent que lesprofesseurs de la Ville de Paris (PVP)continuent à intervenir sur le tempsscolaire.Aucune modification de l’organisationde la semaine scolaire ne doit être miseen place par la mairie de Paris à la ren-trée 2013.Les syndicats SNUipp-FSU, Snudi-FO,SE-Unsa et Sud Education appellentles personnels à se rassembler enassemblée générale dans les arron-dissements et à l’assemblée généraleparisienne du mardi 11 décembre, à17 h 30 à la Bourse du travail, pourdécider des modalités d’actions afinde leur permettre d’être enfin enten-dus (vendredi 23 novembre 2012). »

Correspondant

LA 24e HEURE HEBDOMADAIREDÉTERMINÉE LOCALEMENTPour la première fois, une forme de mise soustutelle des collectivités territoriales serait intro-duite dans les obligations de service des pro-fesseurs des écoles. Ces obligations de service,qui définissent ce que font les enseignants dansles écoles et l’organisation de leurs heures, sontaujourd’hui déterminées exclusivement parl’Education nationale. Avec la réforme Peillon,en plus de leurs 23 heures hebdomadaires d’en-seignement — contre 24 heures d’enseigne-ment dues aux élèves actuellement —, lesenseignants du premier degré devraient effec-tuer avec les enfants une heure hebdomadaire« flottante » dont l’organisation (quatre fois unquart d’heure ou deux fois une demi-heure, ouencore une fois une heure par semaine), le fonc-tionnement et le contenu seraient déterminésdans le cadre du projet éducatif local que leministre veut inscrire dans la loi.Ainsi, par cette 24e heure (qui n’est pas uneheure d’enseignement), les obligations de ser-vice des enseignants ne seraient plus déter-minées nationalement par l’Educationnationale, mais fluctueraient en fonction desbesoins et des décisions politiques prises parles collectivités locales. Les enseignants seretrouveraient ainsi « prêtés » par l’Educationnationale aux collectivités locales. Ce seraitune grave remise en cause de l’égalité des droitsdes enfants devant l’instruction, qui est liée àl’existence de programmes nationaux, garan-tis par le statut national de fonctionnaire d’Etatdes enseignants.

C’est ce que confirme d’ailleurs le ministrePeillon en déclarant que « ce temps laissé dansla journée ne devra pas être cannibalisé parl’institution scolaire » !

LA “DÉSACRALISATION” DE LA CLASSELe 12 novembre, le ministre a annoncé auxorganisations syndicales son projet d’inscriredans la loi d’orientation sur l’école la signa-ture de conventions tripartites sur l’utilisationdes locaux scolaires entre établissements sco-laires, Education nationale et collectivitéslocales. Cette décision bouleverserait profon-dément le fonctionnement des écoles, et abou-tirait inévitablement à ce que les salles declasses qui sont aujourd’hui réservées à l’en-seignement se transforment en salles d’acti-vités diverses (scolaires, périscolaires…).Un enseignant, délégué à la conférence du1er décembre, explique : « Dans mon école oùil y a 305 élèves inscrits,moins de cinquante res-tent actuellement au centre de loisirs lemercredi

après-midi. S’il y a classe pour les 305 le mer-credimatin, et suppression d’une heure de classechaque jour, il va nécessairement y avoir beau-coup plus d’enfants qui vont rester à la cantinelemidi et aux activités périscolaires chaque jour.Or, comme dans de nombreuses écoles, il y adéjà des problèmes de locaux.Et là, on en revientau projet éducatif local et à la convention tri-partite. L’ensemble des locaux scolaires — quisont aujourd’hui placés sous la responsabilitéunique du directeur d’école, seul habilité à enautoriser ou non l’utilisation — ferait l’objetd’une répartition. Ce qui aboutirait nécessai-rement à la mise à disposition des salles declasses pour les activités périscolaires. Sans par-ler des multiples conflits que cela va inévita-blement générer entre les différents “utilisateurs”des salles de classes, cette situation va être unesource de confusion pour les élèves : la sacrali-sation de la classe, c’est la protection d’un lieuqui est réservé à la transmission des savoirs,donc à l’école. » �

Ce que contient le projet du ministre Peillonsur les rythmes scolairesLeministre Peillon a déclaré vouloir “laisser lemaximumà l’autonomie locale”avec sa réformedes rythmes scolaires et substituer à l’institution scolaire le“projet éducatif local”,plaçant l’écoleet les enseignants entre les mains des collectivités locales et du monde économique etassociatif. Nous revenons sur deux aspects de son projet.

INTERVIEW

“Le mécontentement des collègueset des syndiqués est fort”

Une syndicaliste SNUipp-FSU,membre du bureaude la section départementale de son syndicat

Le ministreprésentaitsa réforme

le 11 octobre.

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Quelle est la portée générale de labataille des conseillers d’orientation-psychologues avec leurs organisations ?Les dernières annonces du cabinet duministre Peillon, disant qu’il n’y aurait plusrien concernant l’orientation dans la futureloi pour la refondation de l’école et quetout serait traité dans la loi de décentrali-sation, en disent long sur son devenir. Onvoit bien que l’orientation devient essen-tiellement unmoyen de régulation des poli-tiques d’emploi des jeunes. L’orientationdes élèves — qui se fait actuellement parl’intermédiaire des centres d’informationet d’orientation (CIO) et des conseillersd’orientation-psychologues— serait ainsisortie de l’Education nationale et placée àun niveau interministériel. Cela nousinquiète beaucoup. Pour nous, la réflexiondes élèves sur leur orientation est unedémarche éducative, elle s’inscrit dans lesobjectifs éducatifs de l’école. C’est unedémarche qui aide les élèves à grandir età développer leur esprit critique, leurréflexion, la compréhension du social. Celafait partie des missions de l’Educationnationale. En prenant cette décision, leministre cherche à nous isoler.Il prétend que le chômage des jeunes estlié au dysfonctionnement de l’Educationnationale. Il n’y a aucune prise de distancevis-à-vis du rapport Gallois.Ce qu’ils veulent, c’est supprimer les CIO.Ce n’est même pas une question de trans-fert. Mais ce que nous mesurons de plusen plus, c’est que les régions vont utiliserles personnels dans des espaces polyva-lents, des espaces métiers, des cités desmétiers…Dans cette situation, nos reven-dications demeurent plus que jamais. Ceque nous voulons, c’est préserver le réseaudes CIO dans l’Education nationale. Nousvoulons garder notre statut de conseillersd’orientation-psychologues, nosmissionset continuer à travailler en amont à la pré-vention, comme nous le faisons aujour-d’hui au sein des équipes éducatives et desCIO.

Cette mesure concernant les CIO et lesconseillers d’orientation n’est-elle pasreliée à la politique d’ensemble du gou-vernement, entre autres les 30 milliardsde restrictions budgétaires supplé-mentaires d’ici à 2017 ?Effectivement. Leministère avait un autrechoix. Il pouvait décider de garder les CIOet envisager une coordination entre le ser-vice public d’orientation Education natio-nale autour des CIO et lesmissions locales,Pôle emploi, etc. Il a choisi une positionradicale : la suppression des CIO.

Vos revendications ne recoupent-ellespas celles d’autres personnels, parexemple ceux de l’AFPA (1), qui étaienten grève et manifestation le 22 no-vembre ?Oui, les personnels de l’AFPA sont confron-tés à la casse de leurmétier. On les empêchede continuer à faire tout le travail qu’ils fai-saient auprès des usagers, un travail dequalité vraiment au service du public. C’estprécisément pour cela que nous nous bat-tons. Nous n’en voulons pas ni pour nousni pour eux. Tout cela relève de la défensedu service public. Dans la mise en placedu projet gouvernemental de « service ter-ritorialisé d’orientation », toute une par-tie desmissions et actions faites aujourd’huipar le service public seraient externalisées.Et l’idée, c’est d’accorder des labels à desorganismes associatifs ou privés. Personnene vérifiera la qualification des interve-nants, et pourtant, ils pourront entrer dansles collèges et les lycées pour travailler sur

l’orientation. C’est inacceptable ! Il n’y apas de meilleur label que le recrutementde fonctionnaires dans le service public,qui défend un travail ambitieux auprès desjeunes, et en particulier auprès des jeunesissus des milieux populaires. Donc, rienn’a changé par rapport aux conceptionsglobales des réformes précédentes.

L’intersyndicale formule la question dela grève en janvier et appelle à la pour-suite de la mobilisation. N’est-ce pasun point d’appui pour l’ensemble despersonnels ?Oui. Tout d’abord, lors d’une semaine demobilisation début décembre, nous appe-lons nos collègues à informer largementles enseignants, les parents, les élus, à fairesigner la pétition intersyndicale et à adop-ter desmotions dans les établissements. Ily aura interpellation des recteurs et desprésidents de régions, des conférences depresse…Et se posera la question de la grèveen janvier si le ministre ne renonce pas.Nos collègues enseignants ne sont pas d’ac-cord pour que les conseillers d’orientation-psychologues soient moins souvent dansles établissements scolaires. Ils ne veulentpas prendre en charge les tâches que nousne pourrons plus faire. Je pense qu’il fautfaire converger les revendications des dif-férents personnels dans l’Education natio-nale.Finalement, derrière l’offensive contrel’orientation, il y a un débat très idéolo-gique. Ce que l’on nous reproche à nous,conseillers d’orientation-psychologues,c’est de ne pas valoriser suffisamment l’en-treprise.Mais notre rôle n’est-il pas de favo-riser la découverte, la prise de conscience,la connaissance de ce que font ceux quitravaillent ? En fait, on nous reproche dene pas diffuser uniquement le point de vuede l’employeur.

Comment apprécies-tu le front commundes syndicats SNES, FO, CGT et SUD danscette bagarre ?Cette unité est nécessaire, car les risquespour la profession, et plus globalementpour l’Education nationale, sont grands.Les propositions sur l’orientation sont enlien avec la question de la carte des for-mations professionnelles. En confiant l’éla-boration de cette carte aux régions quiétabliront des priorités, l’Etat se prived’avoir une véritable politique de forma-tion professionnelle et technologique, carvingt-six politiques régionales, cela n’ajamais fait une politique d’orientationnationale. C’est quandmême bien un pro-blème. Donc la bagarre àmener impliqueque nous soyons le plus possible réunis etque l’on se batte sur ces enjeux-là.

Propos recueillis par Laurence Fayard �

(1) Association nationale pour la formation pro-fessionnelle des adultes.

5INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 2012

Gérard Bauvert

Au cœur de la crise dedécomposition de l’UMPqui, sous diverses formes,

a assuré la « continuité » de l’UDRpuis du RPR, vient de franchir unenouvelle étape dont il est prati-quement avéré qu’elle sonne leglas du parti fondé par de Gaulle(en tout cas tel que nous l’avonsconnu), qui s’est identifié aux ins-titutions réactionnaires de la VeRépublique depuis 1958. Rien nesera plus comme avant. Au coursdes décennies écoulées, même sila formule peut prêter à discus-sion, le régime de laVeRépubliqueavait toujours été qualifié, dutemps où il avait des opposants(en tout cas officiels), d’« Etat-UDR » puis d’« Etat-RPR ».Au moment où nous écrivons(mardi 27 novembre), FrançoisFillon vient de constituer un nou-veau groupe parlementaire. Ce qui,dans la forme commedans le fond,correspond à un acte scissionnistequi peutmarquer l’implosion géné-rale (dont la date reste à préciser)d’un parti qui, au cours des décen-nies passées, a colonisé les princi-paux rouages de l’appareil d’Etat.On aurait tort de réduire les mul-tiples rebondissements qui ontlieu (et ceux qui vont avoir lieu) àune haine farouche mettant auxprises des individusmenés par uneambition féroce.

Celle-ci, naturellement, existe etjoue son rôle. Mais l’origine de ladécomposition de l’UMP est àrechercher dans la lente agonied’un régime politique, celui de laVe République, qui s’est trouvéconfronté dès son origine—mal-gré le soutien éhonté des sommetsdes partis se réclamant du mou-vement ouvrier et de la démocra-tie — à la résistance de la classeouvrière et de ses organisationsque l’appareil d’Etat n’a jamaisréussi à intégrer.La nécessité de s’adapter aux ins-titutions supranationales del’Union européenne, les coups deboutoir répétés de ces dernièrespour modifier le système bâtarddu bonapartisme français pour enfaire un outil mieux adapté auxexigences du capital, ont agicomme un puissant facteur dedéstabilisation générale, non seu-lement de l’UMP (ainsi que de tousles partis) mais également de l’ap-pareil de l’Etat lui-même.Les puissantes luttes de classe duprolétariat, le référendumde 2005et ce qui a suivi ont, d’un certain

point de vue, pris dans un étautous les partis, en particulier celuiqui a été taillé dès l’origine commele bras armé de l’Etat via les insti-tutions gaullistes auxquelles il s’estidentifié. Comme par un effetmécanique, la décomposition del’UMP a nourri la dislocation del’Etat bonapartiste (et récipro-quement). Ce dernier endossait àson tour la crise profonde des ins-titutions de l’Union européenne(elles-mêmes au bord de l’explo-sion etmenaçant à leur tour d’em-porter chacun et tous lesprotagonistes). C’est en ce sensque — par-delà les rebondisse-ments— la crise de l’UMP résonnepour la classe dominante, pour labourgeoisie, comme un avertis-sement de première importance.Les cercles du capital ne cachentplus — au-delà de leur exaspéra-tion — leur stupéfaction et leurscraintes.Derrière les appels au « cessez-le-feu », ces derniers comptent plusque jamais sur les dirigeants duPS pour endosser davantageencore la responsabilité de proté-ger l’essentiel. En sachant que l’im-plosion en cours de l’UMP,entraînant une déstabilisationgénérale, vient de rendre cettetâche encore bien plus compli-quée. �

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Interview

Catherine Remermier, collectif nationaldes conseillers d’orientation-psychologues du SNES

“Nous voulons garder le réseau des CIOdans l’Education nationale,garder notre statut et nos missions”

Politique

Lorsque la crise de l’UMPdevient celle de l’Etat dans son ensemble

Ville de Paris

Face à face entre les syndicats CGT et FOet les élus PS-PCFDaniel Shapira

�D’un coté, les syndicats CGT etFO ont appelé les personnels delaVille de Paris à la grève les 20 et21 novembre, et à nouveau le 26pour le syndicat FO. Les revendi-cations sont claires. Elles portentsur les salaires et les déroulementsde carrière, sur les postes, et la titu-larisation des emplois précaires.Au nom de la « rigueur », revendi-quée et appliquée par lemaire PS,BertrandDelanoë, tout s’accumulecontre les personnels : ainsi, le jourde carence s’applique sur la paiede novembre, des agents ont jus-qu’à cinq jours de retenue de salairequi se répercutent sur toute lafeuille de paie (cotisations et duréede la retraite, congés, etc.) ; ainsi,une prime de fin d’année appelée« reliquats », est supprimée pourcertaines catégories d’agents, quiperdent 300 à 400 euros !�De l’autre côté, Delanoë refusede répondre aux revendicationset, pire, il envoie, mardi 20 no-vembre, les CRS déloger les gré-vistes en plusieurs endroits où ilsétaient rassemblés.Pourquoi cette violence deDelanoëcontre les grévistes et leurs syndi-catsCGTet FO ?D’unepart, il a reçule soutien des syndicats CFDT etUNSA qui ont dénoncé la grève.Mais, de plus, ne puise-t-il pas del’assurancedans l’appui ouvert qu’ila reçudugroupeduFrontdegaucheau Conseil de Paris ?En effet, lors du débat mené enoctobre au Conseil de Paris sur les

orientations budgétaires de laVille,Ian Brossat (PCF, président dugroupe Front de gauche), adéclaré : « Soit on considère que cesont les politiques d’austérité quinous permettront de sortir de lacrise, soit on considère au contraireque ce qui nous permettra de sor-tir de la crise dans laquelle noussommes, c’est une relance de l’ac-tivité.Ce budget répond à cette ques-tion, lorsqu’il fait le choix d’en resterà un niveau d’investissements élevé,voire d’augmenter encore notre

niveau d’investissements. » On nepeut dire plus clairement qu’il s’agit,pour le président du groupe Frontde gauche, d’un bon budget !Les 10, 11 et 12 décembre pro-chains, le Conseil de Paris a à sonordre du jour l’adoption du bud-get. Nul doute que le face-à-faceentre les personnels et leurs syn-dicats CGT et FO d’une part, et lamairie d’autre part, va se repro-duire à cette occasion. Que ferontà ce moment-là les élus du Frontde gauche ? �

“Les cercles du capitalne cachent plusleurs craintes”

Manifestation en janvier 2012.

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Les personnels de la Ville de Paris en manifestation le 21 novembre.

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6 > L’actualité politique et sociale >>>INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 2012

Lettre du comité de grève des internes aux professeurs des universités-praticiens hospitaliers

SÉCURITÉ SOCIALE > Premier résultat de la grève des internes

Le gouvernement renonceaux remboursements différenciésdes consultationsLes mutuelles n’auraient finalement pas le droit de diminuer le remboursement desconsultations médicales hors de leurs réseaux de soins, promet le ministre de la Santé,Marisol Touraine.

Santé - Protection sociale

GRENOBLE > Document

Nicole Bernard

Informations ouvrières a expliqué, lasemaine dernière,que la proposition de loin° 296 concernant lesmutuelles constituaitune attaque frontale contre la Sécuritésociale.

L e président de la Mutualité françaisevient d’ailleurs de lever tous les doutesqui pourraient subsister en précisant :

« Si un adhérent va chez un professionnel nonaffilié (au réseau de soins), il est toujoursremboursé. Simplement, ce remboursementsera un peu meilleur s’il va chez un membredu réseau. » C’est clair et net.Ce ne serait plus le conventionnement parla Sécurité sociale qui déclencherait le rem-boursement par la mutuelle, mais l’affilia-tion du médecin au réseau de l’assurancecomplémentaire, qu’elle soit une mutuelleou une assurance privée.C’est la raison pour laquelle les internes deGrenoble, dans leur lettre à leurs professeurs,écrivent : « Nous nous battons aujourd’huipour qu’un système de santé à l’américainene fasse pas son entrée en France. »

Il faut le dire : cette proposition de loi, dépo-sée par le chef de file des députés PS, BrunoLe Roux, et la quasi-totalité du groupe par-lementaire, devait passer comme une lettreà la poste ! Hollande s’y était engagé aucongrès de la Mutualité en octobre dernier.Personne n’était au courant. C’était sansbavures.Mais les internes, par un sûr instinct, ontcompris tout de suite que cette attaque contrela Sécurité sociale était une attaque contreles malades et leurs médecins, et ils se sontmis en grève.Et ils ont fait mouche. Inquiète du dévelop-pement de la grève, Marisol Touraine leur aaffirmé mardi 20 novembre « son refus deréseaux de soins fermés », ajoutant « qu’il n’yaurait pas de différence de remboursementdes patients ».La logique aurait voulu que le groupe PS retirela proposition de loi dont l’unique objet estd’instaurer un remboursement différencié ! Cen’est pas encore fait.Les députés PS de la commission des affairessociales de l’Assemblée nationale ont tou-tefois introduit un sérieux bémol en ajou-tant à la proposition de loi un article qui

précise, en termes assez alambiqués, que le« remboursement différencié » ne peut enaucun cas concerner les actes et prestationsdes médecins.Les mutuelles auraient donc le droit (ce quiest très grave) de différencier les rembour-sements en fonction de l’affiliation des pro-fessionnels de santé à un réseau de soins…Mais pas pour les principaux acteurs du sys-tème de soins que sont les médecins !C’est une vraie brèche dans le dispositif portépar la Mutualité française, car ce sont préci-sément lesmédecinsqu’elle veut conventionnergrâce au « remboursement différencié ».Pour la Mutualité française, les mutuelles nedoivent plus être complémentaires de laSécurité sociale, mais pouvoir imposer leurspropres règles au même titre que les assu-rances privées. Et maintenant, que va-t-il sepasser ? Les internes ont fait savoir qu’ilsavaient besoin de voir clair dans ce qui leurétait proposé. On les comprend.Une chose est sûre : la proposition de loi 296,qui devait passer sans coup férir et boule-verser, dans le silence, notre système de priseen charge, a d’ores et déjà du plomb dansl’aile. �

Chers professeurs, Chers maîtres, Chers confrères,

Vous n’êtes pas sans connaître le mouvement de grève de vosinternes ces derniers jours. Ce courrier a vocation d’infor-mation, car la plupart d’entre vous ignorent simplement les

raisons de cette colère.Les médias détournent votre attention sur le seul problème desdépassements d’honoraires, afin de nous faire tous passer pour desnantis et des bourgeois.La réalité de notre combat, la voilà, et elle vous concerne autant quenous : la ministre de la Santé actuelle a vendu la Sécurité sociale auxmutuelles, leur permettant de créer des réseaux de soins, mutualisés.Dans un ou deux ans, les patients n’auront plus le choix de leurmédecin, devront en référer à leur mutuelle déjà riche à milliards,qui leur imposera un praticien sous peine de non-remboursement(déjà valable en optique et dentisterie).Bien sûr, en ce qui nous concerne, toute modification d’attitudethérapeutique devra, elle, être validée par la mutuelle en question,qui ne se privera pas de proposer une médecine au rabais.

Nous nous battons aujourd’hui pour qu’un système de santé à l’amé-ricaine ne fasse pas son entrée en France, pour notre liberté de pra-tiquer une médecine libre, de qualité, non dictée par des organismesavides de profits.Nous nous battons pour la liberté des patients de choisir leur méde-cin.Nous nous battons contre la désinformation et les mensonges dugouvernement et des médias, qui nous divisent depuis des mois,nous insultent, nous traitent de voleurs, afin de faire passer uneréforme qui transformera le système de santé français en industrieprivatisée lucrative.Pour preuve : la loi 296 proposée dans quelques semaines à l’As-semblée.

Soutenez-nous, nous avons besoin de vous.

Vos internesPour le comité de grève : Jeremy Cognault, Anne Vendrell,

Philippe Junet, Eric Boyer.

La proposition de loi 296,qui devait bouleverser,

dans le silence,notre système

de prise en charge,a d’ores

et déjà du plombdans l’aile.

“Nous nous battons aujourd’hui pour qu’un système de santé à l’américainene fasse pas son entrée en France”

ÉCLAIRAGE

Les syndicats FOdes personnels hospitaliers du Rhônesoutiennent la grève des internes(…) En autorisant les mutuelles à créer des filières,des réseaux de soins, (avec la proposition de loi296), combinée à la réaffirmation par François Hol-lande devant le congrès de la Mutualité, le 20 octobredernier, de sa volonté « de créer une complémen-taire universelle », le gouvernement est dans lesfaits en train :— d’instrumentaliser les mutuelles contre la Sécu-rité sociale, accusée par Bruxelles « de ne pas res-pecter le principe de la concurrence libre et nonfaussée »,— de liquider le caractère universel et monopolis-tique de prise en charge du risque maladie par laSécurité sociale, de liquider la liberté du choix dupraticien par le malade ;— de liquider celle du médecin, devenu « adhérentd’un réseau », à qui il devra rendre des comptessur des objectifs atteints ou pas, de soigner et deprescrire librement (…).Aujourd’hui, tout naturellement, FO est aux côtésdes internes en grève. Leurs revendications sont légi-times, la proposition de loi n° 296 doit être retirée.

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Les internes en grève ont manifesté à nouveau le mardi 20 novembre jusqu’au ministère dela Santé, plus massivement encore que la semaine précedente.

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Point de vue

Les internes ont raison

Jean Markun

J’ai pris connaissancedes articles parusdans le numéro 227

d’Informations ouvrièresconcernant la mobilisationdes internes et les risques dela montée en puissance desmutuelles. Il y a peu parais-sait dans le journal Les Echosun article nous précisant quele renforcement de laMutua-lité était lebonmoyend’abou-tir à la privatisation de laSécurité sociale (sic). Lerégime général a été instauréen 1945, à la suite de l’élan desolidarité qui a prévalu aumomentde laSecondeGuerremondiale ; à ce moment-là,déjà, les mutuelles « avaientfait la moue ».Il est clair que notre protec-tion sociale ou, pour moi, lerégime minier ont été desgaranties importantes pournotre santé.Ces acquis n’ont cependantpas été le fruit d’une généro-sité patronale ou gouverne-mentale. Ce sont des acquisde la lutte, parfois très dure.Ce que dénoncent les in-ternes au travers de leursactions pour leurs condi-tions de travail, c’est bien,comme nous, la destructiond’un acquis fondamentalissu de ce combat de classe ;en dénonçant les nouvellesdispositions concernant lesmutuelles, ils dénoncent lefait que cela les rendraitdépendants de ces institu-tions.« Les internes, futurs méde-cins, refusent d’être asservisaux mutuelles. »

« Ils refusent ce qu’ils appel-lent “une privatisation de lasanté”. »C’est réconfortant de consta-ter que des jeunes compren-nent ce risque et se battentpour conserver notre systèmede Sécurité sociale.Dans les mines de fer, alorsque nous avions la gratuité,le patronat a tenté, il y aquelques dizaines d’années,de nous introduire unemutuelle. Beaucoup demineurs y ont été sensibles,nous indiquant à l’époqueque cela leur permettraitd’accéder à une chambreindividuelle ; ils y voyaientune bonne démarche, alorsqu’ils étaient soignés gra-tuitement.Nous nous sommes expli-qués avec eux en leur indi-quant qu’il s’agissait du« premier doigt dans l’en-grenage », dont la finalitéétait la destruction de notrerégime spécial !Ils l’ont admis, peut-être pasen totalité, mais ils nous ontsuivis !Aujourd’hui, le régimeminier est au bord de la des-truction totale. Notre actiona permis cependant de laretarder, et de récupérer desacquis vitaux. Mais les dis-cussions sont en cours avecles représentants de MarisolTouraine, qui refuse d’abro-ger les décrets déjà adoptéspar la droite et qui nous por-tent des coups durs.Nous avons un degré de gra-tuité encore important, maisil ne correspond pas à ce quenous avions, ce qui nous aobligés à une premièredémarche d’adhésion à unemutuelle. Patronat et pou-voir y ont mis le temps,même si notre action aralenti leurs prétentions,mais le cours des chosesn’est pas stoppé.Les nouvelles dispositionsqui interviennent sont unemenace pour les mineurs.Les internes ont raison !Troisfois raison à ce niveau ; leurcombat est le nôtre, il a notresoutien.

“Leur combatest le nôtre,il a notre soutien”

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INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 20127

Marie Stagliano

Lemaire de Paris vient de prendre posi-tion contre la fermeture du service,à l’in-verse de la position de son adjoint à laSanté.Lamobilisation syndicale se déve-loppe.

Dans une lettre adressée le 30 octobre àla directrice générale de l’Assistancepublique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Ber-trand Delanoë se prononce pour le main-tiendesurgencesde l’hôpital de l’Hôtel-Dieu.Le maire (PS) de Paris écrit :« Le maintien pérenne du service d’accueildes urgences 24 h sur 24 reste une questionessentielle. J’y suis personnellement trèsattaché. Le périmètre et le contenu de l’offrede soins du futur Hôtel-Dieu retiennentégalement toute mon attention. Cette offrede soins au centre de Paris est indispen-sable aux Parisiens et aux Franciliens. (…)Aussi, je vous remercierais de me tenir per-sonnellement informé des conclusions dela mission du professeur Fagon, en parti-culier concernant l’actuel service d’accueildes urgences. »

UN POINT D’APPUICette prise de position constitue un réelpoint d’appui. Rappelons, pour les lec-

teurs d’Informations ouvrières, dans quellesituation elle intervient.Depuis le 12 septembre dernier, date àlaquelle la directrice de l’AP-HP a présentéle projet du « nouvel Hôtel-Dieu », qui pro-gramme le démantèlement de cet hôpital,en particulier la fermeture de ses urgences,la mobilisation des personnels et de sesorganisations syndicales n’a pas cessé. « Fer-mer un service qui reçoit plus de 40 000 pas-sages par an,alors que les urgences des autreshôpitaux saturent, c’est la catastrophe assu-rée pour 400 000 habitants du centre »,estime le Dr Gérald Kierzek, responsabledu service mobile d’urgence et de réani-mation (Smur), dans Le Parisien (15 no-vembre).

DÉMARCHE COMMUNEDES SYNDICATSA la suite d’une audience au ministère, le25 octobre, les organisations syndicalesCGT, FO, CFTC et SUD Santé de l’AP-HPont adressé une lettre ouverte au ministrede la Santé, Marisol Touraine, danslaquelle, ils réaffirment leurs revendica-tions : « Madame la ministre,vous vous devezde nous apporter des réponses et, notam-ment, vous engager sur le maintien desurgences de l’Hôtel-Dieu et de ses servicesd’aval sur le site. »

Jean-Marie Le Guen, député PS, adjoint àla Santé de Bertrand Delanoë et présidentdu comité de surveillance de l’AP-HP, lui,avait vanté à la délégation intersyndicalequ’il avait reçue le 11 septembre dernier,le nouveau projet de l’Hôtel-Dieu, que lejournal Le Parisien avait résumé ainsi :« Un hôpital… sans lit. »Et la commission médicale d’établisse-ment (CME) de l’AP-HP, sous son in-fluence, s’est prononcée pour la fermeturedes urgences.

UNE QUESTION CENTRALEPOUR TOUTE L’AP-HPLes organisations syndicales, quant à elles,continuent d’exiger « l’arrêt du démantè-lement de l’Hôtel-Dieu et le maintien deses urgences ». L’union départementaleCGT appelle, le 28 novembre, à un ras-semblement devant l’Hôtel-Dieu : « Sil’Hôtel-Dieu fermait, ce serait neuf arron-dissements parisiens sans hôpital public »,lit-on dans le tract d’appel.Ce qui est clair, c’est que la question dumaintien des urgences de l’Hôtel-Dieu estune question centrale pour toute l’AP-HP.Elle est emblématique de tout le disposi-tif de plans de restructuration des hôpi-taux parisiens.

De notre correspondant

Les suppressions d’emplois interve-nues ces dernières années ont pro-duit une situation insupportable

dans les caisses d’allocations familiales(CAF), tant pour les personnels que pourles allocataires, contraints à des attentesinterminables.

Une situation intolérableà la CAF duVal-d’Oise

Comme toutes les autres caisses d’allo-cations familiales, celle duVal-d’Oise voitses effectifs diminuer sans fin, tandisqu’augmente la charge de travail. Lesrestructurations se multiplient. En 2011,la direction avait même tenté de regrou-per l’ensemble des salariés sur un seulsite. Une grève massive avait alors mis enéchec ce projet impliquant des dizainesde mutations forcées jusqu’à plus de cin-quante kilomètres. Toutefois, l’idée n’estpas pour autant abandonnée et suscitel’inquiétude légitime des agents. Le recoursaux CDD et aux heures supplémentairesest devenu monnaie courante, de mêmeque les fermetures d’accueils à répétition(quinze jours par mois depuis deux anssur les sites de Sarcelles et d’Argenteuil).Fin septembre, la direction décide de pro-longer d’un mois la fermeture « men-suelle », soit six semaines de fermeturesur les deux sites secondaires. Conscientde l’incompréhension et de la colère quecela génère parmi le public, le personnelest inquiet.En effet, les allocataires trouvent porteclose, avec pour seule alternative de serendre à Cergy ou de renoncer à être reçus.Aux guichets de Cergy et aux points d’ac-cueil, restés ouverts, c’est l’affluence. ASarcelles et Argenteuil, fermés, les agentsappréhendent la tension prévisible à laréouverture. Beaucoup se demandent sices fermetures répétitives ne seraient pasle prélude à la fermeture définitive et à ladisparition pure et simple de leur lieu detravail actuel.

Au coeur des revendications :l’arrêt des suppressions de posteset des restructurations

Une pétition FO et CGT recueille, enquelques heures, 257 signatures d’agents,parmi lesquels une idée commence à sefaire jour : « faire quelque chose » pourmettre fin à cette situation, tous ensemble,dans l’unité du personnel et des organi-sations syndicales… Mais quoi ? Com-ment ? Pour en discuter et décider, desassemblées générales sont convoquéespar FO et la CGT.Entre-temps, le 7 novembre, les fédéra-tions FO et CGT sont reçues au ministère.Les deux fédérations conviennent d’unappel national à la grève dans toutes lesCAF, le 22 novembre, premier jour de laconférence annuelle des directeurs de CAF.Dans le cadre de cette conférence, les fédé-rations seront reçues le 23 novembre parle ministre de la Famille.A la CAF 95, les assemblées générales setiennent et rassemblent au total plus d’unecentaine d’agents sur un effectif de 600.L’appel à la grève des fédérations FO et

CGT (bientôt rejointes par la CGC) estaccueilli avec enthousiasme par les sala-riés, qui y voient l’opportunité de romprel’isolement et de parler d’une seule voixpour faire entendre les revendications quisont celles de toutes les CAF : l’arrêt dessuppressions de postes et des restructu-rations. Et, en plus, l’unité est réalisée !Une pétition reprenant les revendicationsde FO et de la CGT est lancée pour appuyernos fédérations qui rencontreront leministre. Il est également décidé d’un tractaux allocataires accompagné d’une péti-tion demandant des embauches et l’arrêtdes fermetures d’accueils.

Davantage de grévistes qu’en 2010pour la défense des retraites

Le 22 novembre, grèvemassive à la CAF 95 :184 grévistes, soit 40 % du personnel(davantage encore qu’au plus fort desgrèves de 2010 pour la défense desretraites) ! Le lendemain matin, les col-lèges sont enchantés : les résultats de lagrève sont déjà perçus en eux-mêmescomme une petite victoire et comme unpoint d’appui pour les fédérations, que leministre va recevoir à Marseille. Pour unefois, la grève des CAF a bénéficié d’un trai-tement médiatique correct, et ce n’est pasla moindre des satisfactions pour les gré-vistes. Justement, au soir de la grève, FR3a diffusé un reportage réalisé à la CAF 95.Dans des bureaux quasiment vides, on yvoit la direction déclarer que « la chargede travail a beaucoup augmenté », qu’on« ne peut pas coûter moins cher » et qu’elle« comprend les grévistes ».Ce subit accès de « compréhension » n’apas manqué de susciter l’étonnement,voire l’ironie d’une grande partie du per-sonnel, peu habitué à un tel discours dela part de l’employeur. Les agents veulentdes réponses à leurs revendications. Tousattendent maintenant avec impatience lecompte rendu de l’entrevue des fédéra-tions avec le ministre. En tout état decause, le sentiment général est : « On n’apas fait grève pour rien ! » �

Guichets fermés pour cause de grève.

UNION EUROPÉENNE

Bruxelles veut bannir d’Europeles tarifs réglementés de l’énergieLa Commission européenne exige la fin progressive des tarifsréglementés (c’est-à-dire fixés par l’Etat) de l’électricité et dugaz,menaçant les Etats de poursuite judiciaire !

L aprivatisationdu secteurde l’énergie ne va pasassez vite, selon la Com-

mission européenne.Dansune communicationdatéedu 15 novembre (1), Bruxellesdéplore que plus de 90 % dumarché de l’électricité soientencore détenus en France parEDF. Et surtout, la Commissionveut en finir avec toute interfé-rence de l’Etat dans la fixationdes prix de l’énergie.« A l’heure actuelle, écrit laCommission, la réglementa-tion des prix de nombreux Etatsmembres empêche les fournis-seurs d’offrir des servicesattrayants (…). Les prix régle-mentés, même s’ils permettentde couvrir les coûts d’exploita-tion, n’envoient pas les signauxde prix nécessaires. »

DES AUGMENTATIONSDE PRIX À VENIREn conclusion, exige Bruxelles,« les Etats membres devraients’efforcer de ne plus réglemen-ter les prix de l’électricité et dugaz pour tous les consomma-teurs, y compris les ménages etles PME.La Commission continuerad’insister pour que les calen-driers de suppression des prixréglementés soient mis en placedans le cadre des réformes struc-turelles des Etats membres.Elle continuera de promouvoirdes prix de détail selon les prin-cipes du marché, y compris enlançant des procédures d’in-fraction contre les Etatsmembres. »La Commission européennene fait aucun mystère quantaux conséquences, pour lesusagers, de cette privatisationcomplète : « Il est probable qu’àl’avenir, les prix de l’énergie

continuent à augmenter »,écrit-elle.

MISE AUX ENCHÈRESDES CENTRALESHYDROÉLECTRIQUESConcernant les centrales élec-triques installées dans les bar-rages, « la Commission presserales autorités publiques de garan-tir que les concessions pour lesinstallations de productionhydroélectrique (…) soient attri-buées en pleine conformité avecles principes du traité et le droitdérivé de l’Union européenne ».Bruxelles ajoute : « La manièrela plus appropriée d’y parvenirdevrait consister à réaliser desappels d’offres pour ces conces-sions (…), à l’aide d’instrumentstransparents tels que desenchères. » Le 25 octobre, Del-phine Batho, ministre de l’Ener-gie et de l’Ecologie, avait déclaréau cours d’une audition à l’As-semblée nationale, à propos decette privatisation des barrageshydroélectriques, qu’elle nesouhaitait pas « une nouvellelibéralisation » et qu’elle avaitdemandé à ses services « l’étudede scénarios alternatifs ».Le gouvernement décidera-t-ilréellement une épreuve de forceavec Bruxelles ? « Paris va devoirrendre des comptes, commentele site Internet lexpansion.com.Les instances européennes sur-veillent de près le processus encours en France. Dans cecontexte, les différentes partiesprenantes attendent avec impa-tience d’en savoir plus sur les“scénarios alternatifs” évoquéspar la ministre. » Y. L. �

(1) Pour un bon fonctionnement dumarché intérieur de l’énergie, COM(2012) 663 final, Bruxelles, 15 no-vembre 2012.

CAISSE D’ALLOCATIONS FAMILIALES > Grève nationale du 22 novembre

Une grève massive des CAF dans l’unitéLe ras-le-bol et l’inquiétude des personnels, l’unité des fédérations FOetCGT expliquentle succès de la grève, comme le rapporte notre correspondant duVal-d’Oise.

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EN BREF

Les assureurs privés en embuscadederrière la proposition de loisur les réseaux de soins des mutuelles« Les assureurs ont un rôle à jouer dans le système de santé » : sousce titre provocateur, le P-DG d’Axa, Henri de Castries, s’est exprimédans les colonnes du site Internet latribune.fr (22 novembre).« Nous vivons en France avec une organisation héritée de 1945 quine semble pas forcément optimale », lâche le P-DG. Il s’est néan-moins « bien gardé d’intervenir précisément dans le débat sur lefonctionnement des réseaux de soins des mutuelles santé en France,alors qu’une proposition de loi sur le sujet est en cours d’examenà l’Assemblée nationale », note le site latribune.fr, parlant de la pro-position de loi n° 296 déposée par les députés du PS, contrelaquelle manifestent les internes en médecine (lire page 6).De Castries a toutefois estimé que « les assureurs ont un rôle à jouerdans le système de santé », à l’instar de ce qu’ils font dans d’autresdomaines comme l’assurance automobile.

HÔPITAUX

Mobilisation pour le maintien des urgences de l’Hôtel-Dieu

Le barrage de Grandval (Aveyron).

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> La vie du parti >>>8INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 2012

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Pendant le congrès des maires, le 20 no-vembre 2012,une conférence de presse aété organisée (notre photo) pour présen-ter l’action des élus pour déposer la pro-position de loi visant à rétablir le librechoix des communes de s’associer ou dese dissocier librement dans le cadre de lacoopération intercommunale, confor-mément aumandat explicite de la popu-lation. Gérard Schivardi a fait unedéclasration dont vous lirez des extraitsci-dessous.

C’est une bataille qui vient de loin.Elle est enracinée dans l’attache-ment des maires à leur mandat, dans

la détermination de la population àdéfendre ses intérêts avec ses élus.Déjà, lorsque la réforme territoriale du16 décembre 2010 avait été publiée, deuxmille maires et conseillers généraux avaientsigné un appel, qu’avec des collègues detoutes tendances j’avais initié. (...)Cette loi, adoptée, répétons-le, sous le pré-cédent gouvernement, est contradictoireavec la libre coopération communale quenous avions patiemment mise en place,que ce soient les syndicats intercommu-naux ou les communautés de communeslibrement constituées. (...)

LE GOUVERNEMENTCHERCHE UN CONSENSUSJe voudrais d’abord m’arrêter sur l’acte IIIde la décentralisation, à propos duquel legouvernement cherche un consensusautour d’un projet de loi. Il a beaucoup demal, il a déjà dû reporter sa présentationde l’automne 2012 au printemps 2013. Onparle maintenant de 2014 !Comment pourrait-il en être autrement ?La première décision n’est-elle pas deregrouper autoritairement huit commu-nautés de communes des Bouches-du-Rhône dans la métropole Marseille, alorsqu’aucune d’entre elles n’en veut ?Obliger vingt communes du Roannais àrejoindre le Grand Roanne, alors qu’ellesont fait le choix d’une autre intercommu-nalité, peut-il aboutir à un autre résultatqu’un soulèvement des élus et des habi-tants ?Dissoudre le Sivos (syndicat intercommu-nal à vocation scolaire — NDLR) du Jura,remettant en cause l’école publique elle-même, peut-il aboutir à un autre résultat ?Ou, de même, prétendre contraindre mescollègues de l’Ain à une intercommunalitédont ils ne veulent pas ?

Cette loi va-t-elle reprendre les décisionsde Richert, ex-ministre de Sarkozy, de dis-soudre les deux départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin avec la région, dansun conseil unique d’Alsace, prélude à ladisparition des départements et des com-munes, et à l’éclatement du Code du tra-vail et de l’Education nationale ? (...)Je voudrais attirer votre attention sur laréponse qui nous a été faite parMme Bau-doin-Clerc, au nom deM.ManuelValls :« Le président de la République et le gou-vernement s’inscrivaient dans la continuitéde la rationalisation de la carte intercom-munale et, pour ce faire, il fallait aller jus-qu’au bout de l’utilisation des pouvoirsexceptionnels confiés aux préfets, tout enayant conscience des points de blocage quipouvaient exister et en approfondissant ledialogue et la négociation. »Bien entendu, nous ne renoncerons àaucune possibilité de négociation ou d’amé-liorations partielles. Mais la question quiest posée est bien la suivante : la loi quel’on nous prépare va-t-elle pérenniser l’in-tercommunalité forcée de la loi du16 décembre 2010 que la majorité desmaires rejettent ? (...) Mme Baudoin-Clercnous a proposé de demander audience àMme Lebranchu (ministre de la Réforme del’Etat et de la Décentralisation—NDLR), ceque nous avons fait. Mais nous sommestous d’accord sur la défense de nos com-munes, la défense de l’intercommunalitélibrement choisie.C’est pourquoi, d’un commun accord, à lasortie de la délégation, nous avons décidé,non seulement de ne pas lâcher, mais depasser à une étape supérieure. Notre objec-tif est de permettre à nos collègues élus età la population d’approcher leurs députéset de discuter d’une proposition loi surlaquelle nous allons massivement rassem-bler des signatures.Vous le connaissez, mais, en guise deconclusion, je vous la lis :

PROJET DE LOI. ARTICLE UNIQUE :

“L’Assemblée nationaledécide de rétablir le libre choixdes communes de s’associer oude se dissocier librement dans le cadrede la coopération intercommunale,conformément au mandatexplicite de la population.”

Il y a trois semaines, la veille de la délé-gation au ministère de l’Intérieur, tuavais accordé une interview à Informa-tions ouvrières. Que s’est-il passédepuis?Nous avons appris que notre préfète avaitété convoquée mercredi dernier par lesministères concernés : la prise en compteà ce niveau de notre situation est le résul-tat de toutes nos actions pour faire entendrenotre juste cause, dontnotre déplacement récentavec la délégation Schivardiau cabinet de M.Valls.Le congrès des maires auraété une autre occasion derenforcer cette écoute auniveau national, notam-ment par la voix de Phi-lippe Benedetti et de Ber-nardThivend, représentantnotre collectif, et cela de-vant les ministres, et mêmeauprès du président de laRépublique.Enfin, s’il fallait le prouver :notre détermination, nonseulement ne se relâchepas, mais elle s’amplifie encore puisque lenombre de démissions envisagées « au casoù ! » ne cesse de croître… près de deuxcent cinquante démissions sont aujour-d’hui envisagées, déjà écrites pour la plu-part… Cela représente près de 95 % desélus du collectif !

Lors de la réunion publique du 23 no-vembre à Saint-Forgeux-Lespinasse, tuas appelé tes collègues à signer le pro-jet pour le rétablissement de la librecoopération intercommunale rédigé parla délégation à M. Valls, à laquelle tu asparticipé. Tu as même expliqué qu’ils’agissait là, selon toi, d’un problèmepolitique national en rapport avec lapolitique de l’Union européenne. Peux-tu préciser ?Il faut évidemment éradiquer les causesqui valent cette situation insupportable. Etd’abord cette loi de décembre 2010, qui aconfié aux préfets des pouvoirs exception-nels et introduit des mécanismes perversqui vont à l’encontre de la démocratie.Mais il est vrai que j’en veux d’abord à ceuxqui ont utilisé les possibilités offertes parcette loi pour imposer leur idée fixe, à savoirl’expansion à tout prix de leurs commu-nautés d’agglomération sur les territoiresvoisins, méprisant ainsi d’autres élus res-ponsables qui connaissent et veulent fairevivre les territoires, dont ils ont la préoccu-pation, en lien étroit avec leurs habitants.C’est précisément ce qui s’est passé ici, etl’on peut véritablement parler d’« opérationprogrammée d’annexion » sur la base d’unecoalition agglo-préfectorale engagée par-fois dans les arrière-boutiques des cabinets.Je suis d’autant plus consterné de cettefaçon de faire lorsqu’elle est le fait d’élus

de gauche qui se sont à une époque affi-chés contre la loi sur laquelle ils s’appuientaujourd’hui sans scrupule.J’ai bien constaté, lors de notre délégation,que le cas roannais n’était pas isolé.Et puis, il faut effectivement essayer decomprendre les vraies racines du mal…Quelle mouche pique ainsi certains élusqui ne cessent de rabâcher que —sous pré-texte de mutualiser — le salut est dans « le

toujours plus grand », utili-sant un langage qui relèveplutôt de la grande écono-mie d’entreprise : les « éco-nomies d’échelle », la « taillecritique », la « compétiti-vité »…, comme si l’actionpublique relevait déjà d’unelogique de marché. Et effec-tivement — je l’ai dit devant350 personnes —, GérardDumas, relais local du POI,a raison d’évoquer le rôle quetient — ou que ne tient pas— l’Europe, même si ce pro-pos peut paraître bien éloi-gné de nos soucis : ce ventde compétitivité, soufflé par

le libéralisme mondial, est relayé par l’Eu-rope des lobbies qui insiste pour protégerà tout prix la libre concurrence, y comprispour qu’elle s’applique dans les domainesles plus essentiels du « vivre ensemble » ;le détricotage des services publics et autrespérimètres de solidarité qui en résulte estde plus en plus considéré comme « unefatalité qui s’impose » !Les partisans de l’expansion à tout prix desagglomérations trouvent ringard notre atta-chement à la proximité ; normal aussi qu’ilsconsidèrent comme obsolète le maillagedes 36 000 communes, ou anachroniquele maintien des départements, tout cela aunom d’une prétendue modernité !Normal que leurs arrière-pensées visent àmétamorphoser la coopération intercom-munale en un nouvel échelon territorial« compétitif » qui « évaporera » la communeet cautionnera le retrait progressif des ins-tances de la solidarité que notre Républiqueavait su mettre en place ! Tellement « aveu-glés » du bien-fondé de leur vision, ils n’au-ront pas hésité à bafouer la démocratiepour qu’elle puisse ici triompher…Notre lutte « locale » s’inscrit donc biendans un combat plus « global » : celui dumaintien de la proximité d’une actionpublique pariant sur la démocratie et l’ac-tion locales pour construire au quotidienla cohésion de notre société, pour bâtir undéveloppement solidaire en faisant vivrenotre pacte républicain.Il faut rétablir la démocratie. C’est pouraller dans ce sens que j’invite mes collèguesà signer notre proposition de loi pourdéfendre le libre choix des communes dansleurs coopérations. Proposition qui estd’ores et déjà signée par de nombreux élusde la Loire. �

Proposition de loi pour rétablir le libre choixdes communes dans leurs coopérations :la campagne est lancée !

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Conférence de presse

“Rassemblons massivementdes signaturessur la proposition de loi”

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“Notredéterminations’amplifie”

Interviewde Jean Bartholin,conseiller général PSde la Loire

“Notre lutte locales’inscrit donc biendans un combatplus global :celui du maintiende la proximitéd’une action publiquepariant surla démocratieet l’action localespour construireau quotidien la cohésionde notre société”

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Bulletin à retourner à : Parti ouvrier indépendant, 87, rue du Faubourg-Saint-Denis 75010 Paris.

Le 19 novembre, le comité contre le conseilunique d’Alsace organisait une conférence depresse à laquelle participaient Aline Parmen-tier, secrétaire départementale de la fédéra-tion 68 du PCF, Jean-Claude Pelka, conseillermunicipal PCF deWattwiller (68), Jean-MarcDillinger, PG 68, Jean-Yves Ehlenberger,conseiller municipal de Brumath, conseillercommunautaire du Pays de Brumath, SylvainBrousse, conseillermunicipal de Ostwald,PG67, Jean-ClaudeVal (cosecrétaire départementaldu PG 67, intervenant à titre personnel), Jean-Michel Delaye et Serge Bloch pour le POI 67.La conférence de presse était largement cou-verte par lesmédias régionaux : les deux quo-tidiens L’Alsace et Les Dernières nouvellesd’Alsace, France 3 et France Bleu Alsace.Vous lirez ci-dessous un article publié dans lejournal L’Alsace.

Les opposantsse préparentà faire campagne

“Le conseil unique compte aussi desdétracteurs. Créé en avril dernier àSélestat, le comité opposé au projet,

qui rassemble des élus municipaux haut-rhinoiset bas-rhinois, des syndicalistes, des représen-tants du PCF-Front de gauche 68 et du Partiouvrier indépendant (POI), a décidé de passer àla vitesse supérieure. Peut-être trop tard pourperturber le vote des élus du conseil régional et

des deux conseils généraux en congrès sur le pro-jet ce samedi.Mais assez tôt pour faire campagnepour“la victoire du non” au référendum qui serasoumis aux Alsaciens le 7 avril prochain.“Nousmobiliserons toutes nos forces et celles desélus locaux pour faire échec au projet et voternon au référendum s’il était maintenu le 7 avril”,avertit Jean-Michel Delaye, conseiller munici-pal (POI) de Brumath. Pour Aline Parmentier,

secrétaire du PCF-FG 68, “la résolution dont ona pris connaissance il y a trois jours est un chèqueen blanc demandé aux Alsaciens : il n’y a rien deprécis sur la politique d’avenir pour la popula-tion, autant sur l’économique que le social”.

“OÙ EST L’EXEMPLARITÉ DÉMOCRATIQUE ?”D’après le comité, qui se base sur un documentannexe à la délibération adoptée le 1er dé-

cembre dernier par les trois assemblées et larésolution soumise au vote samedi, “la régio-nalisation du Code du travail, la casse des acquissociaux du droit local, le transfert des compé-tences réglementaires aux collectivités localessont les dégâts à prévoir” avec le conseil d’Al-sace. “Les promoteurs du projet souhaitent êtreexemplaires et on apprend qu’il y a des pres-sions pour que le projet puisse passer avec moinsde 25 % d’inscrits pour le référendum. Ils veulentmodifier les règles du jeu : où est l’exemplaritédémocratique ?”, s’interroge aussi Jean-YvesEhlenberger, conseiller communautaire duPays de Brumath.“C’est une machine pour réélire les mêmes…avec des vice-présidents partout”, estime Jean-Claude Pelka, conseiller municipal àWattwiller(PCF-FG 68).Très flou, trop cher, terriblement technocra-tique : le comité contre le conseil unique d’Al-sace compte avant tout mobiliser les éluslocaux.Malgré le soutien à l’expérimentation alsa-cienne par le gouvernement Ayrault et celuisous conditions des élus d’EELV Alsace. “Onva fédérer à gauche”, promet Aline Parmentier.Même si le soutien le plus attendu reste celuides élus locaux.“Les maires des petites communes vont vite com-prendre le projet : avec les conseils de territoiresde vie, c’est la disparition pure et simple descommunes”, constate Jean-Michel Delaye, quiprédit “une fronde des élus comparable à cellecontre la réforme territoriale sur l’intercom-munalité”. » �

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INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 20129

PARTI OUVRIER INDÉPENDANT 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris - Tél. : 01 48 01 85 85 - E-mail : [email protected] parti-ouvrier-independant.com

Alsace

Pour la victoire du vote non le 7 avril :une nouvelle phase de la campagnecontre le conseil unique d’Alsace s’engage

Le 23 novembre 2012

Monsieur le Président de la République,Monsieur le Premier ministre,Monsieur le Ministredu Redressement productif,

Mercredi 21 novembre, lors du comitécentral d’entreprise de la sociétéCOFPA-Albany réuni en Suisse, le direc-

teur-Europe de ce groupe a annoncé la sup-pression de 75 emplois dans l’usine deSaint-Junien (87) et de 125 dans celle de Séles-tat (Bas-Rhin). Cette annonce intervient aujour-d’hui après qu’au premier trimestre 2012,la direction a tenté de fermer purement et sim-plement l’établissement de Saint-Junien(133 emplois).La mobilisation des salariés avec leurs organi-sations syndicales, celle de la population avecles élus et avec les organisations et partis dumouvement ouvrier avaient alors contraint ladirection de ce groupe à reculer et, y compris,

à prendre des engagements de pérennisationet de développement du site. Cette usine, avec24 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011,affichait un bénéfice net de 4 millions, soit unerentabilité de 17 % !Mais c’est avec tout le cynisme de ces dirigeantsde groupes industriels, les yeux rivés sur lacourbe des profits et les oreilles à l’écoute desseuls actionnaires et des fonds de pension, quela direction COFPA-Albany vient d’annoncer lamise à mort des deux établissements de Saint-Junien et Sélestat.Monsieur Montebourg, vous êtes venu à Saint-Junien en plein conflit, vous n’étiez pas ministre,et c’était avant l’élection présidentielle. A pro-pos de l’attitude de la direction de COFPA-Albanyvous aviez dit devant la presse et les ouvrièreset ouvriers rassemblés : « Nous devrons nousmunir dès que l’alternance sera assurée, d’unearme législative qui interdira ce genre de com-portement. »L’alternance a eu lieu et vous êtes au pouvoirdepuis six mois. Jour après jour, les annonces

de licenciements tombent, 16 000 licenciementsannoncés depuis que vous êtes ministre : PSA,Sanofi-Aventis, Total, Thales, Petroplus, Arce-lor, Michelin, Candia… et 200 salariés de COFPA-Albany devraient les rejoindre ? Pas question !Qu’attendez-vous,Monsieur leMinistreMon-tebourg,pour utiliser cette « arme législative »dont vous parliez et aviez pris l’engagementd’utiliser ?Qu’attendez-vous avec le gouvernement, depuissix mois, alors que chaque jour de nouveauxlicenciements sont annoncés, que des dizainesde milliers de familles vivent dans l’angoisse derejoindre les 3 millions de chômeurs, de venirgrossir les 8 millions de personnes précaires etvivant en dessous du seuil de pauvreté ? Qu’at-tendez-vous ?Pour ce qui les concerne, les salariés de COFPA-Albany, avec leurs organisations syndicales, lestravailleurs et les habitants de Saint-Junien et deSélestat, avec les élus feront ce qu’ils ont à fairepour ne pas subir sans réagir à cette nouvelle sai-gnée ; ils prendront leurs responsabilités.

Messieurs Hollande, Ayrault, Montebourg, vousavez le pouvoir, vous avez la majorité, prenezenfin vous aussi vos responsabilités !Faites voter tout de suite, en urgence, une loiinterdisant les licenciements ! �

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Comités POI de la Haute-Vienne et du Bas-Rhin

COFPA-Albany : assez de tergiversations !Il faut faire interdire tout licenciement à Saint-Junien et à Sélestat !Que le gouvernement fasse voter une loi en urgence !

Lettre ouverte à François Hollande, Jean-Marc Ayrault, ArnaudMontebourg

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ChroniqueINTERNATIONALE

Pour arrêterlamarcheà la barbarie

Jean-Pierre Raffi

Le sommet de l’Union européennequi s’est tenu à la fin de la semainedernière s’est conclu sur un constatde complet désaccord. En refusantde voter le projet de budget qui leurétait présenté, une série de paysmembres de l’Union européenne,derrière la Grande-Bretagne,ajoutent un élément,et pas des moindres, à la crise danslaquelle s’enfonce depuis des moisl’Union européenne, entraînantavec elle les pays et les peuples.Et ce sont ces institutions sans légi-timité, minées par cette crisesans fond, qui prétendent imposeraux travailleurs et aux peuplesleurs diktats : la destruction chaquejour, par milliers et milliers,des emplois salariés, des droits,des conquêtes sociales, des servicespublics de santé, d’éducation,de transport…, l’expulsion de cen-taines de milliers de familles deleur logement, comme en Espagne.Tout cela au nom de la baissedu coût du travail et de la compéti-tivité, et au nom de la réductiondes dépenses publiques au seulprofit du paiement d’une dettequi n’est en rien la leur.Le prix à payer, effroyable, est toutentier résumé dans cette informa-tion parue dans la presse au sujetdu l’état du système de santé enGrèce (1). « C’est M. I. qui raconte :“Les médecins ont prescrit un traite-ment à ma femme (confrontéeà la récidive de son cancer),mais comme les dépenses engagéesétaient potentiellement lourdes,celui-ci devait être désormais validépar une commission de médecinset de responsables de l’administra-tion.Cette commission a refuséle traitement, et quand je suis alléchercher les résultats, l’unde ses membres m’a pris à part :“Nous avons dû faire un choix,et nous allons garder l’argentpour soigner des enfants.Votre femme a 62 ans, laissez-ladonc mourir à la maison.” »Cela se passe en Europe,dans le pays qui fût le berceaude la civilisation !C’est pour arrêter cette marcheà la barbarie que des militantsouvriers de toute l’Europe appel-lent à la tenue d’une « large confé-rence ouvrière, où des délégationsreprésentatives de différentscourants du mouvement ouvrierdébattront librement dans unobjectif unique : contribuerde façon coordonnée,dans chacunde nos pays, à lever les obstaclesqui se dressent contre la réalisationde l’unité : pour l’abrogationdes plans assassins de l’Union euro-péenne et ses traités ;contre la dictature de la troïka ».

(1) Le Monde, 27 novembre.

> L’actualité internationale >>>INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 201210

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François Forgue

Presque immédiatement après sa réélec-tion, le président Obama s’est précipitéen Asie, passant de Bangkok àMyanmar,avec unobjectif en ligne demire, la Chine.Manière de souligner les priorités de l’im-périalisme américain.Ce serait toutefoisune erreur que d’en conclure que les pro-blèmes internes auxEtats-Unis sont secon-daires.Tout au contraire.

Dès l’annonce desrésultats de l’élec-tion présidentielle,du côté du parti duprésident élu — leParti démocrate—comme du Partirépublicain, on

insistait sur le fait que la première tâchedu président était d’éviter que l’économieaméricaine ne s’écrase contre lemur—oula « falaise » — fiscal. De quoi s’agit-il ?Si au 1er janvier 2013, un accord n’est pastrouvé entre les démocrates et les répu-blicains (rappelons que ces derniers sontmajoritaires à la Chambre des représen-tants, l’équivalent, en France, de l’Assem-blée nationale) pour relever le plafond dudéficit budgétaire, ce qui, bien évidem-ment, doit s’accompagner d’un plan com-mun pour réduire le déficit, des coupesautomatiques (sans votes) seront impo-sées ainsi qu’un relèvement des impôts.

LES TROIS PILIERSDE LA PROTECTION SOCIALEEN LIGNE DE MIREObaman’a cessé de répéter, y compris pen-dant sa campagne présidentielle, qu’il avaitun plan pour réduire le déficit, plan fondésur une baisse des dépenses publiques etune hausse des impôts. Il avait même pré-cisé durant cette campagne que pourchaque dollar provenant de l’augmenta-tion des impôts, 2,5 dollars seraient éco-nomisés sur les dépenses publiques.Quels impôts augmenter ? Et quellesdépenses réduire ? Le premier déplace-ment d’Obama en direction du Pacifique,où, d’après les plans du Pentagone, 50 %de la Flotte américaine devraient station-ner dans les prochaines années, indiqueque ce ne sont pas les créditsmilitaires quisouffriront d’une cure d’austérité. Ce sontdonc les dépenses sociales qu’il faudraréduire.

Cela signifie s’attaquer aux trois piliers dela protection sociale existant aux Etats-Unis, la Sécurité sociale,Medicare etMedi-caidAu niveau des proclamations électorales,c’est presque un principe sacré du côté duParti démocrate d’assurer qu’on ne sau-rait toucher à ces conquêtes de la classeouvrière. Dans les faits, il en va tout autre-ment : Obama s’est engagé à un plan d’éco-nomies de 4 000 milliards de dollars surdix ans, ce qui donne une idée de l’am-pleur des coupes à opérer dans l’ensembledes budgets sociaux.La direction confédérale de la centrale syn-dicale AFL-CIO, qui a apporté un appuisans réserves à Obama, s’est bien gardée,durant toute la période électorale, d’évo-quer cette question.Le 8 novembre, l’AFL-CIO a organisé des« réunions d’information » dans plus decent villes, autour d’un tract qui déclarait :« Certains législateurs veulent opérer descoupes dans nos retraites, reculer l’âge dela retraite et de l’accès àMedicare, poussantà la faillite les familles dans lesquelles setrouverait unmalade.Pourquoi ? Pour payerles scandaleuses réductions d’impôts pourles 2 % d’Américains les plus riches. Ce n’estpas pour cela que nous avons voté le6 novembre. Disons à nos représentantsqu’ils doivent d’abord défendre l’intérêt desfamilles. »Mais, le 13 novembre, le président de l’AFL-CIO, RichardTrumka, la présidente du SEIU(Service Employees International Union—NDLR), Mary Kay Henry, et d’autres res-ponsables syndicaux se sont rendus à laMaison-Blanche pour rencontrer le prési-dent Obama. A l’issue de cette réunion,Trumka a déclaré : « Ce fut très, très positif(…). Comme nous, le président tient à pré-server les baisses d’impôts pour les classesmoyennes et à faire que les gens richespayent une contribution correspondant àleurs moyens. »LeWall Street Journal, daté du 14 novembre,commentait cette réunion dans les termessuivants : « M. Obama, dans sa rencontreavec les dirigeants syndicaux cemardi, s’estengagé à rester ferme sur la question desaugmentations d’impôts pour les Améri-cains les plus riches,mais, comme élémentde conciliation, il n’a pris aucun engage-ment spécifique à ne pas réduire les dépensesde Medicare ou d’autres programmessociaux. »Nul doute que la « bonhommie »des relations entre républicains et démo-

Etats-Unis : Obama aupied de la “falaise fiscale”4 000milliards de dollars à gagner sur le dos des travailleurs

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“M. Obaman’a prisaucunengagementspécifiqueà ne pasréduireles dépensesde Medicareou d’autresprogrammessociaux”

Le Wall StreetJournal,14 novembre

crates dont se félicite leNewYork Times iradroit au cœur demillions d’Américains quiont été chassés de leur logement, de ceuxqui ont perdu leur emploi, de ceux quivoient aujourd’huimenacées les conquêtessociales qui sont indispensables à leursimple survie lorsqu’ils sont âgés ou atteintsde maladie.Il y a fort à parier, en réalité, que les tra-vailleurs, les jeunes, les retraités ne secontenteront pas de bonnes paroles et d’af-firmations optimistes. Le second mandatd’Obama ne fait que commencer. On peutprévoir qu’il ne se déroulera pas harmo-nieusement. �

ÉCLAIRAGE

Démocrates-républicains :l’union contre les travailleursRétablir les conditions d’une coopération« bipartite » est la tâche que s’est fixéObama et, dès son élection, dans les deuxcamps, les appels à la conciliation se sontmultipliés. Les républicains sont invités àrenoncer au dogme de la non-augmen-tation des impôts, en échange de « sou-plesse » de la part des démocrates en cequi concerne la Sécurité sociale, Medi-care et Medicaid. C’est déjà le cas, puis-qu’il est admis que les économies prévuespar Obama comprennent, entre autres,le report de l’âge d’accès à Medicare (de65 à 67 ans), la réduction des rembour-sements dans le cadre de Medicaid etune modification du système d’augmen-tation des retraites lié à l’augmen-tation du coût de la vie.C’est dans ces conditions que le New YorkTimes, daté du 17 novembre, indique que« les leaders démocrates et républicainsdu Congrès ont tenu leur premièreréunion sur la question du budget et qu’àson issue, dans un rare accès de bon-hommie bipartite, ils ont fait savoir qu’ilsespéraient atteindre un accord ».Ne parions pas que l’accord se fera faci-lement, car la profondeur de la crise ausein de la représentation politique de labourgeoisie américaine rend les tenta-tives d’accords — si nécessaires qu’ilssoient — tout aussi difficiles que le calculdes résultats dans les élections internesà l’UMP.Mais une chose est claire : si accord il ya, il ne peut se faire que contre les inté-rêts des travailleurs.

Chaîne de montage de General Motors, à Grand River en 2012 : les travailleurs, les jeunes et les retraités ne se contenteront pas de bonnes paroles...

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INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 201211

Andreu Camps

Ce dimanche 25 novembre onteu lieu en Catalogne des élec-tions anticipées au Parlement

(rappelons que l’Espagne est compo-sée de dix-sept régions, dont la Cata-logne). La participation a été massive(environ 70 %) et les résultats consti-tuent une double défaite : défaite pourle gouvernement catalan, dirigé par leparti nationaliste de droite, Conver-gence et Union, d’ArturMas, qui passede soixante-deux députés à cinquante.Dans le même temps, défaite pour leParti socialiste de Catalogne qui, bienque dans l’opposition, passe de vingt-huit députés à vingt. Les élections ontégalement enregistré une progressionspectaculaire des partis nationalistesradicaux, notamment la Gauche répu-blicaine de Catalogne (RC), parti tra-ditionnel des couches populaires, nondirectement ouvrières, qui réussit àdoubler sa représentation parlemen-taire, passant de dix à vingt et un dépu-tés.Ces élections ont été présentéescomme les plus importantes depuis lamort de Franco, puisque, pour la pre-mière fois, le pacte politique qui adonné lieu à la restauration de lamonarchie et à la régionalisation enjuin 1977, a été remis en cause. Ellesdémontrent en même temps claire-ment qu’il est impossible de séparerle combat pour la souveraineté despeuples de la lutte contre les plansd’ajustement imposés par la troïka etque tous les gouvernements, centralcomme régionaux, appliquent enEspagne.

LE GOUVERNEMENT MASÀ L’AVANT-GARDEDU PLAN D’AJUSTEMENTDepuis sa constitution en 2010, ce gou-vernement a été à l’avant-garde detoutes les coupes budgétaires dans lesdépenses qui relèvent de ses préroga-tives : santé et éducation. Il a fermédes dizaines de services, centres desurgences, a introduit le ticket modé-rateur et une franchise d’un euro par

ordonnance ; dans le même temps, ila supprimé des milliers d’emplois (àcommencer par ceux des intérimaires)dans les écoles et les lycées.Pendant toute la campagne électorale,au nom de la souveraineté de la Cata-logne, il a annoncé que les coupes bud-gétaires devaient se poursuivre pouratteindre l’objectif de réduction desdéficits. Artur Mas a fait sien le motd’ordre : « Catalogne, nouvel Etat del’Union européenne ! » Il a fondé toutesa campagne sur la division despeuples d’Espagne, rejetant la fautedes difficultés de la Catalogne sur lesautres peuples. A la fin de la campagne,la situation s’est tellement enveniméeque l’un des dirigeants de ce parti,Duran Lleida, a déclaré que l’Etat espa-gnol était un cloaque… et proposaiten échange le « fumier » de l’Unioneuropéenne !Mais les travailleurs de Catalogne, quise sont mobilisés en première ligneavec leurs organisations syndicalescontre les fermetures d’hôpitaux,d’écoles, qui ont participé à la grèvedu 14 novembre et qui ont défilé mas-sivement le 11 septembre, lors de lajournée nationale de la Catalogne, pourla souveraineté du pays, ne sont pastombés dans le piège qu’a essayé detendre le gouvernement Mas qui, aunom de la souveraineté, cherche àpoursuivre cette même politique.

LA DÉBÂCLE DE LA DIRECTIONDU PARTI SOCIALISTEBien que le Parti socialiste reste dansl’opposition, il perd toutes les élec-tions partielles régionales. Cela a étéle cas le mois dernier au Pays basqueet enGalice. Aujourd’hui, c’est en Cata-logne, où le Parti socialiste, en 1999,avait la majorité dans toutes les insti-tutions et les grandes municipalités.De 1999 à 2012, il est passé de 1 200 000voix à 500 000. C’est le produit de lapolitique dite d’« opposition utile » quemène le secrétaire général, AlfredoRubalcaba, qui se traduit dans larecherche systématique de pactes avecle gouvernement Rajoy, car son pointde départ est le respect des institutions

de l’Union européenne et de sa poli-tique.En ce qui concerne la Catalogne,Rubalcaba s’était ouvertement pro-noncé contre l’exigence du peuplecatalan d’exercer son droit à l’autodé-termination. Et ce, au nom du fédéra-lisme, c’est-à-dire de la défense de laConstitution de 1978, donc de lamonarchie. Cela recoupe la politiquedu gouvernement du Parti populaire.

POUR L’UNITÉDE LA CLASSE OUVRIÈRE,GARANTIE DE L’EXERCICEDU DROIT DES PEUPLESLesmilitants organisés autour du jour-nal InformacionObrera ontmené cam-pagne et ont présenté une candidaturedans le département deTarragone surl’axe de la défense de la souverainetédu peuple catalan, qui est inséparablede la défense des conquêtes socialesdes travailleurs, pour le retrait de tousles plans d’ajustement.Ce combat est celui de tous les peuplesde l’Etat espagnol, incompatible avecle cadre institutionnel de lamonarchieet de l’Union européenne. �

Espagne

Le peuple de Catalognese prononce pour sa souverainetéet contre les plans d’ajustement

Lorenzo Varaldo

Le 24 novembre en Italie, toutes lesorganisations syndicales,dans l’unité,appelaient à la grève contre unemesure de la loi de stabilité qui pré-voit le passage à vingt-quatre heuresd’enseignement par semaine, contreles dix-huit heures prévues actuelle-ment par le contrat national, sansaugmentation de salaire.Face à cette nouvelle attaque, larévolte des enseignants a été immé-diate :multiplication des assemblées,motions et appels rejetant le passageà vingt-quatre heures.

Le jour de l’annonce de cettemesure, le «Manifeste des 500 »a convoqué une assemblée à

Turin, à laquelle ont participé quatre-vingt-deux enseignants de vingt-septécoles, représentant tous les syndicats,qui ont lancé un appel pour l’unitéimmédiate, pour la grève générale,pour le retrait, sans aucune condition,de la mesure.Dans le même temps, les fédérationsde l’éducation de la Confédération ita-lienne des syndicats (CISL) et del’Union italienne du travail (UIL)avaient convoqué une grève contre leblocage des salaires, imposé par le gou-vernement Berlusconi il ya un an et confirmé parMario Monti. Devant lamultiplication des appelsà l’unité contre les vingt-quatre heures, d’abord lesdirections de la CISL et del’UIL, puis celle des Cobas(Comités de base—NDLR)et enfin de la Confédéra-tion générale italienne dutravail (CGIL) ont dû s’unirsur une revendicationclaire : une journée degrève, le 24 novembre, pour exigerl’abandon de la mesure des vingt-quatre heures et du blocage dessalaires.Dans cette situation, la direction de laCGIL, bien qu’elle soutienne officielle-ment la grève du 24 novembre, a, dansles faits, surtoutmobilisé pour la grèvedu 14 novembre dans le cadre de lajournée de la Confédération euro-péennedes syndicats (CES), qui deman-dait « l’assainissement des budgets », ennemettant pas en avant lemot d’ordrede retrait de lamesure des vingt-quatreheures. La CISL et l’UIL ont égalementappelé à la journée de la CES.Malgré cet obstacle, lamasse des ensei-gnants se prépare à manifester dansl’unité, à Rome, le 24 novembre.C’est alors que le gouvernement pro-pose au Parlement d’annuler lamesuredes vingt-quatre heures. La proposi-tion est adoptée à la Chambre et estmaintenant discutée au Senat.S’agit-il d’une victoire ? Si la mesuresur les vingt-quatre heures est égale-ment annulée au Sénat, incontesta-blement, il s’agirait d’un recul dugouvernement, résultat de la mobili-

sation, du combat pour l’unité pourle retrait de la mesure.Mais il y a problème : au nom de l’ap-plication du TSCG et de la règle d’or,le gouvernement propose de substi-tuer à la mesure sur les vingt-quatreheures des coupes budgétaires sur lefonds des écoles, fonds utilisé pour lescompléments de salaire des ensei-gnants, au niveau de chaque école,pour les travaux d’organisation deshoraires, des classes, etc.Face à cette position du gouvernement,les syndicats confirment la grève du24 novembre. Le gouvernement décidealors de jouer une dernière carte ; deuxjours avant la grève, il convoque lessyndicats pour leur proposer un accordsur la question du blocage des salaires :le gouvernement est prêt à débloquerles salaires… à condition de payer lesaugmentations avec le reliquat dufonds des écoles. C’est-à-dire que lesaugmentations salariales seraientpayées avec… une autre partie dusalaire des travailleurs ! Et, en plus,c’est une attaque contre le fonction-nement de l’école publique.Pressées par le gouvernement qui veutéviter la grève du 24 novembre, CISLet UIL acceptent de signer. La CGIL nesigne pas, tout comme elle n’a passigné la veille le pacte pour la pro-

ductivité (1).Il est évident que lamobili-sation dans l’unité, de labase jusqu’au sommet, surdes mots d’ordre clairs, està la base du retrait d’unemesure très grave qui remet-tait en cause le contratnational et le statut desenseignants. De ce point devue, les enseignants ontporté un coup au gouver-nement. Mais le gouverne-ment a été sauvé par la

division et la signature d’un « accord-piège ». Pour sa part, le Manifeste des500 a adopté une déclaration quiaffirme : « Non à l’accord. Il fautreprendre lamobilisation unie jusqu’auretrait de toutes les mesures contrel’école publique. »Demanière plus générale, n’est-ce pasla question de l’indépendance desorganisations ouvrières qui est poséede manière urgente ? C’est une dis-cussion qui va êtremenée dans le cadrede la préparation de la conférence pourl’indépendance dumouvement ouvrierque la rédaction de Tribuna Libera etle comité pour la construction d’unparti indépendant des travailleurs pré-parent, le 2 février prochain, dans lecadre de la conférence européenne àl’initiative demilitants ouvriers espa-gnols. �

(1) Le 21 novembre, la CISL et l’UIL ont signé,avec le patronat italien et le gouvernement,un pacte pour la productivité qui remet encause le contrat national. La CGIL a refusé designer en affirmant qu’il s’agit « d’une attaquecontre les travailleurs et d’une diminution dessalaires ».

Italie

La révolte des enseignants

PhotoDR

PhotoAFP

Grève généraledans la santé publiqueà Madrid75 000 travailleurs de la santé, méde-cins, personnels paramédicaux ettechniques de tous les hôpitaux deMadrid se sont mis en grève les26 et 27 novembre et le seront denouveau les 4 et 5 décembre pro-chains. Vingt hôpitaux sont occupésdepuis deux semaines et une mani-festation massive a eu lieu le 18 no-vembre qui a eu pour conséquenceque tous les syndicats ont été obli-gés d’appeler à la grève. L’exigenceest unanime : retrait du plan de « sau-vetage » de la santé, plan de priva-tisation décrété par le gouvernementrégional de Madrid, présidé par leParti populaire.

“Non à l’“accordpiège” ! Il fautreprendrela mobilisationunie jusqu’auretrait de toutesles mesurescontre l’écolepublique”

Manifestation à Rome, le 24 novembre 2012.

Le 14 novembre, par milliers etmilliers les travailleurs de Catalogne,comme ici à Barcelone, avaient ma-nifesté contre les coupes budgétairesdu plan Rajoy.

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> L’actualité internationale >>>INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 201212

Aussitôt après sa création débutnovembre àDoha (capitale duQatar) — après quatre jours

de réunion à huis clos — la nouvelle« Coalition nationale syrienne desforces de l’opposition et de la révolu-tion » a été reconnue par le gouver-nement français comme représentantelégitime du peuple syrien.Dès sa constitution, cette coalition ademandé des armes et un soutienlogistique occidental. Dans un articlepublié le 11 novembre, le journal amé-ricain Los Angeles Times notait, dansune des très rares analyses publiéespar la presse sur ce sujet : « Beaucoupde Syriens craignent que la chute d’As-sad puisse libérer un chaos et un car-nage fanatique, équivalent à celui quia ébranlé l’Irak voisin après que l’in-

vasion américaine ait évincé l’hommefort irakien, SaddamHussein, en 2003. »

L’OTAN DÉPLOIE SES MISSILESEn Syrie, une semaine après la réuniondeDoha, qui s’est tenue loin des zones

de conflit, quatorze groupes parami-litaires se sont démarqués publique-ment de la nouvelle coalition, enproclamant leur volonté d’édifier unEtat islamique en Syrie. De nombreuxindices montrent que la coalition« représentative », qui vient de créerson service de sécurité, est largementconcurrencée à l’intérieur du pays etque des groupes d’opposants se com-battent les uns les autres.Dans le nord, des organisations kurdesviennent de créer leurs propres forcesarmées. Pendant ce temps-là, l’OTAN,en l’occurrence l’armée américaine, acommencé à déployer des missiles« Patriot » enTurquie et semble se pré-parer à l’éventualité d’une interven-tion militaire en Syrie.

F. L. �

Egypte

Morsi-Moubarak

Tunisie

Le gouvernement signe un nouvelaccord avec l’Union européenne

Palestine

Deux armées financées par les AméricainsFrançois Lazar

Une semaine après la fin del’agressionmilitaire israélienne« Pilier de défense », au cours

de laquelle 162 Palestiniens, pour laplupart des civils, ont été tués, plu-sieurs questions restent ouvertes surla signification de cette opération.Plus de 200 bâtiments détruits, dontplusieurs écoles, sont venus se rajou-ter aux ruines, toujours là, causées parla précédente offensive israélienne ily a quatre ans (au cours de laquelle1 400 Palestiniens avaient trouvé lamort). A la suite des bombardementsintensifs de l’hiver 2008-2009, plus dutiers des terres agricoles de la bandede Gaza demeurent inutilisables. En2011, les divers tirs israéliens dans labande de Gaza ont provoqué la mortde 108 Palestiniens, dont 15 femmeset enfants, et en ont blessé 468 autres,dont 143 femmes et enfants.Aumois de septembre 2012, les armesisraéliennes avaient provoqué lamortde 55 Palestiniens et en ont blessé257 autres. 20 % d’entre eux étaientdes femmes et des enfants.Aujourd’hui, 39% des Gazaouis viventsous le seuil de pauvreté et 10 % desenfants souffrent demalnutrition. 14%du territoire (48 % des terres arables)

se trouvent dans la zone dite « de sécu-rité », c’est-à-dire le « noman’s land »imposé en permanence par l’arméeisraélienne.Comme à l’accoutumée, les médiascomplaisants parlent de « réplique »israélienne,mettant en avant les décla-rations attendues de Barack Obamaou de François Hollande sur le « droitd’Israël de se défendre ». Les élémentsqui viennent d’être évoquésmontrentque le seul droit qui s’applique à l’en-contre des populations palestiniennes,c’est le « droit » de l’Etat d’Israël de ter-roriser, d’attaquer et de détruire. Latrêve négociée par l’intermédiaire duprésident égyptien, MohamedMorsi,ressemble à ces périodes de calme rela-tif entre deux attaques israéliennes,avec leurs tentatives de répliques ducôté palestinien.

RÉPÉTITION GÉNÉRALEAVANT UNE CONFLAGRATIONRÉGIONALE ?L’Egypte des Frères musulmanscomme l’Etat d’Israël ont un pointcommun fondamental, c’est que leursarmées, leur armement, de manièredifférenciée, c’est-à-dire leur capacitéd’actionmilitaire dépendent très lar-gement du budget américain. Mêmesi chaque Etat cherche à faire préva-

loir ses propres intérêts, c’est toujoursla politique américaine qui dicte saloi. Selon le site Huffington Post(26 novembre), « les violences de Gazarelancent le spectre d’une guerre éten-due à tout le Moyen-Orient », et, pour-rait-on ajouter, le sort du peuplepalestinien àGazamontre ce qui pour-rait arriver à tous les peuples de larégion. Le Huffington Post poursuit :« Alors que l’attention dumonde entierest rivée sur les combats à Gaza, il y aeu une montée de la tension militaireà travers la région depuis quelquesmois. La guerre civile qui fait rage enSyrie a attisé la violence le long de lafrontière avec la Turquie, dont le sta-tut demembre de l’OTAN requière l’aideaméricaine si elle est sollicitée. La Syriea abattu un avion turc en juin. L’Irana descendu un drone espion américain,et, la semaine dernière, Israël a tiré surla Syrie après que des tirs de mortierssyriens ont atteint le plateau du Golan(occupé) dans le nord d’Israël. »Répétition générale avant une confla-gration régionale ?Quels qu’en soient les prétextes, c’estbien lemouvement émancipateur despeuples, encouragés par les révolu-tions égyptienne et tunisienne, qui estdans le collimateur.

Correspondant

Le 21 novembre, le cessez-le-feu est annoncé au Caire, dansune conférence de presse tenue

en commun par le ministre desAffaires étrangères du président dela République,MohamedMorsi, et lasecrétaire d’Etat américaine, HillaryClinton. La Maison-Blanche publieun communiqué réaffirmant « l’étroiteassociation » deWashington avec LeCaire et annonce que « le président(Barack Obama) a remercié le prési-dent Morsi de ses efforts pour réaliserun cessez-le-feu durable et pour avoirdirigé personnellement la négociationd’une proposition de cessez-le-feu ».

LE COUP DE FORCE DE MORSI� Le 22 novembre,moins de vingt-quatre heures après, le présidentMorsi publie une déclaration consti-tutionnelle par laquelle il s’attribuedes pouvoirs exorbitants. Simple coïn-cidence ? Avec les nouvelles préro-gatives qu’il s’octroie, ses décisions« sont définitives et exécutoires et nepeuvent être contestées de quelquefaçon ou par quelque entité que ce soit,jusqu’à l’approbation de la Constitu-tion et l’élection d’une nouvelle Assem-blée du peuple » (article II de ladéclaration).Le projet de Constitution est enpanne ? La commission des Cent,chargée de sa rédaction, est boycot-tée par la quasi-totalité des partis nonislamistes et des forces vives du pays.La semaine écoulée a vu des dizainesde sesmembres non islamistes la quit-ter ? Ils demandent sa dissolution.Une quarantaine de recours contre salégitimité ont été déposés devant laHaute Cour constitutionnelle qui doitse prononcer très prochainement ?Peu importe ! L’article V de la décla-ration du présidentMohamedMorsistipule qu’« aucune instance judiciairene peut dissoudre le Conseil de la Shura(Chambre haute du Parlement) oul’Assemblée constituante ».Et pour couronner le tout, l’articleVIprécise que « le président peut prendreles mesures nécessaires pour protégerle pays et les objectifs de la révolu-tion ».� Le 23 novembre, une « nouvelleloi » visant à « restaurer l’ordre » enEgypte a été évoquée par le présidentqui s’est exprimé devant quelques

milliers de sympathisants. « Danscette nouvelle loi, a-t-il prévenu, iln’y a guère de place pour les blocagesde routes ou l’asphyxie de la pro-duction », faisant référence à la vaguede grèves, de sit-in et de manifesta-tions ouvrières qui sévit depuis plu-sieurs mois.

A NOUVEAUSUR LA PLACE TAHRIR...Le 22 au soir, à l’annonce de la décla-ration du président, des centaines demanifestants se sont rassemblés nonloin de la place Tahrir au Caire, pourdénoncer le coup de force du prési-dent. « Nous n’avons pas mené unerévolte pour remplacer un dictateurpar un autre », disaient desmanifes-tants. Et le 23, des centaines de mil-liers de manifestants ont convergévers la place Tahrir, mais aussi àAlexandrie, à Port-Saïd et à Suez, àl’appel d’une trentaine d’organisa-tions et de groupes politiques.Les manifestants ont scandé :« Le peuple veut renverser le régime ! »,« A bas le guide suprême des Frères ! »,« A basMohamedMorsi-Moubarak ! »et « Le pain, la liberté, à bas l’Assem-blée constituante ! »La nuit venue, aumoins dixmille per-sonnes ont occupé la place Tahrir etentendaient y rester jusqu’à l’annu-lation de la déclaration constitution-nelle du président Morsi.Les organisations salafistes, tellesNour et Gamaa Islamiya, qui prônentune interprétation stricte de la loi isla-mique, la charia, dans la Constitu-tion, ont apporté leur soutien à ladéclaration présidentielle.

GRÈVE OUVERTEDES MAGISTRATSLe 24 novembre, le club des jugesd’Egypte a appelé à une grève immé-diate dans tous les tribunaux et par-quets et exige du président de laRépublique qu’il retire sa déclarationconstitutionnelle.Les magistrats d’Alexandrie ontimmédiatement entamé une grèveouverte. Le Conseil suprême de la jus-tice, la plus haute autorité judiciaired’Egypte, a dénoncé les nouvelles pré-rogatives du président comme « uneattaque sans précédent contre l’indé-pendance du pouvoir judiciaire et sesjugements ».

Syrie

La marche au chaos

Le gouvernement tunisien,représenté par sonministre desAffaires étrangères, a signé

lundi 19 novembre, à Bruxelles, dansle cadre de la neuvième session duConseil d’associationTunisie-Unioneuropéenne, le mémorandum quiconsacre la Tunisie en tant que par-tenaire privilégié de l’Union euro-péenne.Ben Ali avait frayé la voie en 1995 ensignant l’accord d’association avecl’Union européenne, ouvrant large-ment le pays aux investisseurs euro-péens, qui se sont vus accorder desavantages et des exonérations doua-nières et fiscales, en plus de la priva-tisation de la grande majorité desentreprises nationales et publiques.Cet accord d’association, dont le texte

n’a jamais été publié au Journal offi-ciel tunisien, comporte notammentun article qui interdit à l’Etat tunisiende subventionner ses entreprisespubliques pour ne pas fausser la libreconcurrence.

UN CHÔMAGE DEVENUENDÉMIQUELa conséquence de cette politiquepoursuivie depuis la fin des années1990 est un chômage qui est devenuendémique et la désertification éco-nomique des régions de l’intérieur.Le chômage atteint aujourd’hui, selonles données officielles, le taux de 25%et dépasse les 40 % pour les jeunesdiplômés. C’est cette politique quiest à l’origine du déclenchement dela révolution en décembre 2010. �

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Beit Lahia (nord de la bande de Gaza), le 26 novembre : un père et son enfant devant les ruines de leur immeuble.

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INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 201213

Lorsque l’on parle des libertés démocratiquesenRussie dans les grandsmédias, c’est pours’indigner du sort du groupe punk Pussy

Riot ou de celui du milliardaire Khodorkovski(emprisonné après avoir tenté de passer un accordfinancier juteux de pillage du pétrole russe avecdes amis deGeorgesW.Bush,dans le dos duKrem-lin, dont il était pourtant le protégé).Mais le sortdes militants ouvriers jetés en prison pour avoirconstruit des organisations syndicales indépen-dantes ne fait pas, lui, partie des préoccupationsde la « grande presse ». Son indignation contre« l’autoritarisme » du régime russe est donc à géo-métrie variable…Nos correspondants du journal Rabochie Izves-tiya enRussie nous informent que le 19 novembredernier, l’Organisation internationale du travail(OIT) a rendu ses conclusions et ses recomman-dations, à la suite de la plainte (n° 2758) déposée

au Comité des libertés syndicales de l’OIT en jan-vier 2010 par la Confédération du travail de Rus-sie (KTR), plainte soutenue par de nombreusesorganisations syndicales, y compris la Fédérationdes syndicats indépendants de Russie (FNPR, ex-syndicats officiels).Cette plainte qui décrivait les nombreuses viola-tions des libertés syndicales dans la Fédération deRussie, avait accordé une place importante au casdeValentin Ourousov, un jeunemilitant syndicaldans l’industrie d’extraction dudiamant deYakou-tie (régionde Sibérie orientale),emprisonnédepuis2008.Rappelons que,depuis 2008,une campagne inter-nationale a été engagée pour demander sa libé-ration, campagne à laquelle ont, entre autres,participé l’Entente internationale des travailleurset des peuples et le Comité international contrela répression. Dominique FERRÉ �

SLOVÉNIE

30 000manifestantscontre l’austéritéPlus de 30 000manifestants se sont ras-semblés à Ljubljana le 17 novembre, àl’appel des principaux syndicats, contrela politique d’austérité du gouverne-ment. Arrivés en bus de toute la Slové-nie dans le centre de la capitale, ils ontmanifesté derrière des banderoles pro-clamant :«Nous voulons vivre,pas sur-vivre », « Politique d’austérité = réces-sion », ou encore, « Le gouvernementperd la tête, la Slovénie sa jeunesse ».« Les droits sociaux, les salaires, lesretraites et les bourses d’étude ne sontpas responsables de la crise actuelle,c’est le capitalisme avide qui l’a cau-sée », a déclaré en début demanifesta-tion Dusan Semolic, dirigeant del’alliance des syndicats indépendantsslovènes (ZSSS).

ARGENTINE

Une grève généralede 24 heures bloquetous les accès de lacapitale Buenos Aires« Il y a des centaines de barrages dans toutle pays », a déclaré le 20 novembre l’undes responsables de la grève, appelantle gouvernement à « changer de cap ».Des barrages bloquaient en effet les accèsde la capitale. Les transports ferroviaires,lemétro étaient bloqués, tandis que tousles vols intérieurs étaient annulés.La grève était organisée par la Centraledes travailleurs argentins (CTA) de PabloMicheli et par la CGT de HugoMoyano,le dirigeant des camionneurs, qui étaitallié de la présidente Kirchner avant derompre avec elle en 2011. Ils exigentnotamment une baisse de l’impôt sur lerevenu qui pèse de plus en plus lourd surles salariés.

CHIFFRE

1,33C’est, en milliard de dollars,la somme qu’un juge fédéralde l’Etat de New York vientd’ordonner à l’Argentinede verser à des fonds

spéculatifs détenteurs de dettepublique, qui avaient refusél’échange de leurs titres aprèsla décision de l’Argentinede ne pas payer la dette

du pays lors de la crise de 2001.

U N E S E M A I N E D A N S L E M O N D E

PhotoDR

CHINE

“Consultations”et “négociations”dans une usineC’est China Labour Bulletin, association de défen-seurs des droits ouvriers en Chine basée à HongKong, qui rapporte cette histoire. A l’usine Shi-roki, à Canton, une société japonaise qui fabriquedes pièces pour le secteur automobile, les500 ouvriers en avaient plus qu’assez de travaillervingt minutes de plus chaque jour, et « à l’œil »,pour rattraper le temps de repos légal. Car la direc-tion ne considérait pas cette coupure comme dutemps de travail…Pendant un an, les délégués syndicaux que lestravailleurs avaient élus tout à fait démocrati-quement en 2003, accompagnés de représen-tants de la fédération du syndicat officiel ACFTUde Canton, ont discuté avec la direction, mais sanssuccès réel, puisqu’il s’agissait de « consultationscollectives », comme le prévoit la loi, et non de« négociations collectives ». La nuance est impor-tante, comme on va le voir.Le 1er février dernier, alors que les consultationspiétinaient, les syndiqués votèrent la fin des « vingtminutes gratuites ». Dans les deux heures qui sui-virent, la direction céda et émit un communiquéde confirmation. Un vote qui, par la seule menacede l’action, fit en quelques heures plus que desmois de « consultations » !Depuis une dizaine d’années, explique ChinaLabour Bulletin, face au développement des mani-festations et des grèves ouvrières, les officiels ontpesé de tout leur poids pour modérer les conflits.Actuellement, rapporte encore China Labour Bul-letin, on constate parfois que les officiels et lesdirigeants du syndicat ACFTU laissent l’action destravailleurs se développer pour que le patron soitcontraint d’ouvrir des négociations. Cela ne vapas sans risque de répression, devant un tribunalou par un licenciement — « comment protéger lesdélégués ouvriers reste un vrai grand problème »,dit un défenseur des travailleurs migrants —, mais,finalement, explique-t-il, avec le soutien des tra-vailleurs et des associations de défense, les délé-gués finiront par être protégés.

On trouve ces informations dans La Lettred’information Chine, publication bimen-suelle de la commission d’enquête Chine.Abonnement : 10 euros par an(22 numéros) ; soutien : 15 euros et plus.Chèques à l’ordre de« Commission Enquête Chine ».Alain Denizo, 25, rue Ledion, 75014 Paris.

BANGLADESH

110 employés meurentdans un nouvel incendied’une usine textileDes milliers d’ouvriers ont manifestéau Bangladesh pour réclamerde meilleures conditions de sécurité,après la mort, le week-end dernier,de 110 employés, dont de nombreuses femmes,dans le pire sinistre qu’ait connule secteur textile dans le pays.Plus de mille employés, qui travaillaient pourdes firmes occidentales telles que le groupenéerlandais C&A, le français Carrefouret le suédois Ikea, ont été piégéspar les flammes.Les firmes étrangères « savent depuisdes années que nombre des usinesavec lesquelles elles choisissentde travailler sont des pièges mortels »,a dénoncé Ineke Zeldenrust,porte-parole de Clean Clothes Campaign,une association de défense des travailleursdu textile. « Le fait qu’elles n’agissent pass’apparente à de la négligencecriminelle », a-t-elle ajouté.

Russie :l’OIT recommandela libérationdu syndicalisteValentin Ourousov !

ERRATUM

Dans l’article « Brésil : un jugement d’exception »,publié en page 11 de notre précédente édition,deux erreurs de traduction se sont glissées.Dans le premier paragraphe il n’était pasexact d’écrire qu’en plus de José Dirceuet José Genoino, le tribunal a condamné« trente-cinq autres dirigeants du PT ».En réalité, le nombre total de personnesjugées était de trente-sept. Vingt-cinqd’entre elles ont été condamnées, parmilesquelles quatre dirigeants du PT : lesex-présidents du parti, José Dirceu et JoséGenoino, le député João Paulo et l’ex-tré-sorier Delubio Soares.D’autre part, dans le dernier paragraphe,le président de la Centrale unique des tra-vailleurs (CUT), Vagner Freitas, et JoséGenoino n’ont pas confirmé leur présence,à la Ve Rencontre du groupement « Dia-logue pétiste », mais au meeting pour ladéfense du PT qui ouvrira cette rencontre.

Le rapport de l’OIT décrit le véritable coupmontéutilisé pour faire condamner Valentin Ourousov

Reprenant à son compte les termes de laplainte de la KTR, le rapport de l’OIT rap-pelle que «Valentin Ourousov est actuelle-

ment condamné à six ans de prison.La KTR a rappeléque l’organisation Profsvoboda,membre du syndi-cat des travailleurs de lamétallurgie Sotsprof, avaitété créée le 16 juin 2008 pour représenter les tra-vailleurs de la compagnie d’extraction de diamantAlrosa.M.Ourousov a été le fondateur, le dirigeantet le représentant de cette organisation syndicale.Les travailleurs du dépôt de véhicules n° 2 de l’usinede transformation de minerai d’Oudachny, sous-traitante d’Alrosa, avaient à plusieurs reprises définiet présenté leurs revendications d’augmentation desalaires, particulièrement bas pour cette région duGrand Nord, d’amélioration des conditions de tra-vail et d’exigence de convention collective, revendi-cations systématiquement ignorées par l’employeur.A la mi-août 2008, les conducteurs du dépôt n° 2ont envoyé à l’employeur une lettre annonçant ledébut d’une grève de la faim, et se mirent en grèveà partir du 25 août.Le 28 août, une réunion syndicale convoquée sur laplace de la ville rassemblait 200 ouvriers. A l’ini-tiative du comité syndical dirigé par M. Ourousov,les revendications furent transmises à l’employeur.Cependant, les représentants de la direction de l’en-treprise Alrosa refusèrent de rencontrer les salariés,et commencèrent à employer la violence contre lesmembres du syndicat.Le matin du 3 septembre 2008,Valentin Ourousovfut attaqué par des individus habillés en civil. Ils lepassèrent à tabac, le jetèrent dans une voiture, atta-ché par des menottes, déposant dans sa poche unpaquet de narcotiques.Ultérieurement, il apparut que ces individus étaientmembres du Département de la police des stupé-

fiants du district deMirny.M.Ourousov fut contraint,sous la menace, d’écrire des aveux selon lesquels ladrogue se trouvait dans sa poche avant son arres-tation.Du 3 au 9 septembre, il fut détenu par la police desstupéfiants deMirny.C’est seulement le 4 septembre,vingt-quatre heures après son arrestation, qu’on luiservit un repas. Après ce repas il fut envoyé passerdes tests pour vérifier s’il avait consommé de ladrogue. Le test indiqua qu’il avait ingéré de lamor-phine. Aucun test n’a été effectué avant son place-ment en détention, et lors de son témoignage devantla cour, le médecin qui a effectué le test a affirméque l’ingestion demorphine détectée avait pu avoirlieu deux heures avant le test. »Le rapport de l’OIT décrit ensuite comment ce véri-table coupmonté fut utilisé pour faire condamnerOurousov, le 26 décembre 2008, à six ans de prisonpour « possession de narcotiques ». Ces faits acca-blants (sans même parler de l’inculpation ulté-rieure de l’un des policiers impliqués dans ceguet-apens pour violence et corruption), quipeinent àmasquer qu’il s’agit là de répression anti-syndicale, ont finalement conduit l’OIT à deman-der au gouvernement de la Fédération de Russie« d’engager immédiatement une enquête indépen-dante sur ces soupçons, et si cette enquête révèle quel’arrestation de M. Ourousov est due à des motifsantisyndicaux, à prendre les mesures nécessairespour sa libération immédiate ».Rappelons que c’est en des termes à peu près simi-laires que l’OIT s’était exprimée concernant lessyndicalistes mineurs emprisonnés en Roumaniequi avaient finalement été libérés. Il est donc plusque jamais temps d’exiger du gouvernement de laFédération de Russie que ces recommandationssoient suivies d’effet immédiatement.

Valentin Ourousov dans la colonie pénitentiaire de Yakoutie où il est détenu.

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> Tribunes libres <INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 201214Nous écrire : INFORMATIONS OUVRIÈRES 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, CS 30016 75479 Paris cedex E-mail : [email protected]

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L’avenant n° 8 de la dernière convention médi-cale, signé par trois syndicats de médecins, rap-pelle, notamment dans son article 7, le cadrecontinu dans lequel s’inscrivent tous les gouver-nements en matière de santé : « Afin de favori-ser l’accès aux soins des assurés sociaux etréduire le reste à charge (...), une revalorisationrégulière des tarifs opposables (...) est néces-saire (...) dans le cadre d’évolutions compatiblesavec la croissance économique de moyen termede notre pays et l’objectif de dépenses votéannuellement par le Parlement ». Un vote, cetteannée, qui représente une diminution globaledes dépenses de santé autorisées...Exactement, mais du point de vue du gouvernementet de ses soutiens, c’est « compatible » avec les enga-gements européens... Le projet de loi de financementde la Sécurité sociale (PLFSS)2013, rédigé par le gouver-nement, ce sont 657 millionsd’économies sur les hôpitaux,donc des suppressions depostes, de lits et de services,la poursuite des franchisessur les actes et médicaments.Ce même gouvernement ditagir pour l’intérêt despatients, au nom duquel ilveut nous faire avaler l’ave-nant 8 et la remise en causede la liberté d’installation.Par ailleurs, Marisol Tourainerefuse d’abroger la loi HPST(loi Bachelot, du gouverne-ment Sarkozy), une véritablemachine de destruction etd’asphyxie des hôpitaux.Cette loi irait même dans lebon sens, selon le ministre !Pour faire passer tout cela, legouvernement a besoin deboucs émissaires, nous, mé-decins.Le monde médical et para-médical est bien obligé des’interroger quand on constate que ces mesures sontprises par un gouvernement PS, et que les organisa-tions qui sont censées nous représenter, nous, per-sonnel soignant, médecins, patients, laissent faire,voire participent activement à tout cela. En un mot,la « méthode du dialogue social ». Comment com-prendre la signature de l’avenant 8 par trois syndi-cats de médecins ? Ils se sont mis à dos une grandepartie de leurs adhérents, ouvrant une crise sans pré-cédent en leur propre sein. Comment comprendrela prise de position de la CGT santé (médecins = pri-vilégiés, et attendons un « grenelle de la santé ») ?Deux professeurs émérites et médiatiques font éga-lement signer une pétition contre la grève, sur lethème : on devrait avoir honte de faire grève dans cecontexte de crise où tout le monde doit faire desefforts.Comme le disait une manifestante le 12 novembre :« Ce qui se prépare, c’est pire que Sarkozy. »Oui, Hol-lande mène la même politique que Sarkozy, une poli-tique guidée par la « nécessaire réduction des déficitspublics », pilotée par l’Union européenne et concré-tisée par le traité européen d’austérité TSCG. Ce n’estpas un hasard si des mesures similaires frappent tousles secteurs et tous les pays européens (Grèce,Espagne, Portugal), dressant contre les gouverne-ments qui les orchestrent toute la population.

La semaine dernière, la mobilisation des internesa arraché le retrait de la proposition de loi Vigier,mettant en cause leur liberté d’installation, et laproposition de loi Le Roux n° 296, qui aurait auto-risé les mutuelles à moins rembourser les assu-rés en cas de consultation en dehors des réseauxde soins, a été amendée, promet le ministre…Oui, nous avons forcé le gouvernement à reculer,puisque le niveau de remboursement des patientssera le même qu’ils consultent un médecin du réseaude leur mutuelle ou non.

Les mutuelles n’auront donc pas ce moyen de pres-sion sur notre pratique médicale. Nous conservons,à première vue, notre liberté de prescription. Obte-nir ce recul, ce n’est pas rien dans le contexte actuel,où l’Union européenne exige que les réformes soientmenées tambour battant, ce à quoi se plie le gou-vernement.En revanche, les dentistes, les opticiens et les audio-prothésistes restent concernés par cette loi. Il per-siste donc un danger : il suffira de modifier la loi parde nouveaux amendements pour inclure à nouveaules médecins dans ce dispositif. Je pense que c’est laraison pour laquelle beaucoup d’internes sont pourle retrait pur et simple de cette loi.Parmi certains d’entre eux, une idée commence àémerger : le problème auquel ils sont confrontés estun aspect particulier d’une offensive plus vaste diri-gée contre toute la population ; ils voient aussi qu’ilne règleront pas cela seuls. C’est pourquoi ils com-mencent à s’adresser aux patients. Dans plusieurshôpitaux, ils ont rédigé des tracts et des affiches d’in-formation pour les malades. Le 20 novembre, plu-sieurs internes distribuaient des tracts exigeant leretrait de la proposition de loi Le Roux (n° 296) enbordure de la manifestation. Sur une pancarte étaitinscrit : «Médecins seniors, internes, externes, patients,tous unis contre la loi 296, unité contre la privatisa-tion de la santé. »

C’est donc encore d’une attaque contre la Sécu-rité sociale qu’il s’agit ?En effet, il s’agit bien d’en finir avec la Sécurité socialede 1945, c’est la traduction dans le domaine de lasanté d’une offensive d’ensemble contre la popula-tion, pour le profit des capitalistes, le tout orchestrépar le gouvernement Hollande, aux ordres de l’Union

européenne. Le même gouvernement qui en appelleà la responsabilité des collectivités locales et de laSécurité sociale dans la réduction des dépenses etde « la dette », mais qui poursuit les exonérationspatronales concernant les cotisations sociales. Depuisplus de vingt ans, ces exonérations réduisent lesrecettes de la Sécu à peau de chagrin. Du coup, ce« trou de la Sécu » justifie toutes les attaques contrel’un des droits les plus élémentaires : le droit auxsoins. Cela a des conséquences dramatiques pourtous les malades et pour le personnel soignant. Lesexonérations de cotisations patronales seraient indis-pensables, car il faut réduire le coût de travail pouraider les entreprises. On a bien vu que cela ne lesempêche pas de délocaliser et de licencier !Que ce soit dans le public ou le privé, c’est la mêmehistoire. Que ce soit le plan d’austérité de septembreou le pacte de compétitivité de la semaine dernière,d’un côté les services publics sont détruits, de l’autre,les entreprises ont des facilités pour faire des plansde licenciements, plus ou moins déguisés en plansde « reconversion ». Les gens recherchent une issueet sont prêts à se battre pour leur survie. L’une desdifficultés auxquelles nous nous heurtons tous, c’estque nos propres organisations subissent des pres-sions extraordinaires pour les conduire à prendre encharge ce travail de destruction.Mais qui dit pressions, dit aussi résistance et débat.C’est la raison pour laquelle je serai à la conférencedu 1er décembre pour l’unité et la résistance. Danstous les secteurs, nous sommes confrontés aux mêmesproblèmes. Nous devons donc nous unir et nous orga-niser de façon indépendante pour nous battre. �

(1) Suite de l’interview publiée dans notre précédent numéroen page 5.

“Nos propresorganisationssubissentdes pressionsextraordi-naires pourles conduireà prendreen chargeun travaildedestruction”

Pierre Cise, économiste

Dette et austérité

La réduction des déficits, créateursde dette, est devenu l’impératifmoral suprême devant lequeltoutes les revendications et toutesles souverainetés doivent abdi-quer. Mais tout cela n’est que pré-texte. Prenons la Grèce. Ce paysest actuellement massacré par la

troïka parce que les déficits publics étaient jugés abys-saux et l’endettement insupportable. Le peuple grecest soumis à des politiquesd’austérité sans précédentqui, à coup de « réformesstructurelles », a fait régres-ser le pays douze années enarrière, selon une étude del’hebdomadaire du capitalfinancier anglais The Econo-mist (1). Un nouveau train demesures vient encore d’êtreadopté au nom de « sacrificespour qu’il y ait de l’espoirpour les générations futures »,selon le ministre grec desFinances et pour obtenir unnouvelle tranche de « l’aide » de la troïka. Mais unrapport intitulé « Cadre de stratégie des financespubliques àmoyen terme (2013-2016) », a été déposéle 31 octobre dernier au Parlement grec.Tout en appe-lant à la poursuite des « réformes structurelles dansle secteur public », il souligne qu’après tous les plansd’austérité, la dette grecque avait continué à aug-menter. Le principal facteur de cette augmentationest justement les différentes tranches « d’aide » accor-dées par la troïka. En 2016, selon ce document, ladette devrait s’élever à 220,4 % du produit intérieurbrut (PIB), alors qu’elle est aujourd’hui à 175,6 %, soit194 milliards d’euros.Prenons la France. Depuis un an, de nombreusesmesures d’austérité, décidées par le gouvernementSarkozy-Fillon, et non remises en cause par le gou-vernement Hollande-Ayrault, ont été mises en œuvre.Mêmes si elles sont sans commune mesure avec cellesqu’impose l’adoption duTSCG et de la « règle d’or »,elles étaient censées réduire les déficits et la dette.Or, depuis un an, la dette publique a continué d’aug-menter. Selon les données de l’Insee, fin juin 2012,cette dette était de 1 833 milliards d’euros, soit 91 %

du PIB. Un an plus tôt, elle était de 1 696 milliardsd’euros, soit 86 % du PIB, 137 milliards d’euros deplus en douze mois.Selon l’OFCE (2), l’année 2013 sera celle de la « débâclede l’austérité » pour l’ensemble de l’économie mon-diale, et plus particulièrement pour la France, avecune prévision de croissance de 0 % et un taux de chô-mage à 11 % (contre 10,8 % aujourd’hui). Et pour-tant, la dette continuera à progresser pour atteindre92 à 93 % du PIB.Pourquoi la dette continue-t-elle d’augmenter ? Parceque, d’une part, les exonérations fiscales accordéesaux patrons se poursuivent. Au nom du pacte de com-pétitivité, le gouvernement actuel en annonce demassives. D’autre part, parce que, comme le POI l’amontré, l’essentiel de cette dette sert à payer les inté-rêts aux banques sur la dette passée, à des niveauxlargement supérieurs à la croissance de l’économie.Certes, aujourd’hui, ces taux sont historiquementbas (un peu plus de 2 % pour un emprunt à dix ans),mais ils restent supérieurs aux taux prévisionnels decroissance de l’économie qui décollent difficilementdu 0 %. Mais surtout, derrière les discours moralisa-teurs, il y a une réalité : les capitalistes n’ont aucunintérêt à ce que la dette publique se réduise. D’abord,la dette publique est une valeur refuge quand la plu-part des autres actifs, principalement les actions,s’annoncent moins rentables compte tenu des pré-visions économiques. Ensuite, la dette publique estune question vitale, notamment pour les fonds depension qui investissent largement les économiesdes retraités dans ce genre de titres. Enfin, une dettepublique forte, c’est le moyen d’aliéner encore plusla souveraineté des Etats par le renforcement du pou-voir de tutelle des organismes supranationaux, dontla troïka est le représentant en Europe, et, bien sûr,c’est le levier de toutes les attaques contre les droitset acquis des peuples.Exiger l’annulation de la dette, ce n’est pas une ques-tion idéologique. C’est le seul chemin de la préser-vation des travailleurs eux-mêmes et de l’ensembledu mouvement ouvrier.

19 novembre 2012 �

(1) The Economist, 25 février 2012.(2) La débâcle de l’austérité, perspectives 2012-2013 pour l’éco-nomie mondiale, revue de l’Observatoire français des conjec-tures économiques (OFCE), octobre 2012.

“Les capita-listes n’ontaucun intérêtà ce que ladette publiquese réduise”

Une jeune interne en grève (1)

Quelques questions politiquesauxquelles sont confrontés les internes en médecine

TRIBUNE LIBREDES COURANTS

Résistancescommunistes,n° 85

(novembre-décembre2012), édité par des mili-tants communistes et lecourant « Rencontrescommunistes »vient de paraître.Prix : 3,10 euros.

AU SOMMAIRE :

� Union européenne : unearme de destructions mas-sives�Un drame ! Et après ?�Emplois d’avenir�En deux ans, 36 milliardsd’économie sur le dos dupeuple� Le changement budgé-taire, c’est pour…� Gonflement de 23 % desrecettes de l’impôt sur lerevenu (IR)�Handicap et dépendancetransférés au départe-ment ?�Exigence de la nationali-sation du secteur bancairesans rachat ni indemnités�La démocratie territoriale,acte III de la décentralisa-tion� La grande illusion. Rienne change pour les tra-vailleurs !� SNCF : emploi, la réalitédes recrutements� Quelques souvenirs del’été� Histoire de la résistanceen Bretagne� Demandez la carte desdéserts�Solidarité sociale et auto-nomie individuelle� Vont-ils nous sauver ounous couler ?�Appel de la conférence du1er décembre.

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INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 222 SEMAINE DU 18 AU 24 OCTOBRE 201215> La page quinze <

INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DECEMBRE 2012

La Société d’édition et de librairied’Informations ouvrières (Sélio)publie depuis plusieurs années lacollection des “Classiques dumarxisme”. Le marxisme est uneméthode de pensée et d’actionayant pour objectif l’émancipationdes travailleurs, en finir avec levieuxmondede l’exploitation et del’oppression. C’est une référencethéorique pour le mouvementouvrier, y compris ceux qui, en sonsein, ne partagent pas forcémenttous les engagements des auteursdu Manifeste de 1848. La caracté-ristique de la collection de la Sélioest de toujours rappeler les condi-tions historiques de leur élabora-tion et en quoi ils sont aujourd’huid’actualité. La Sélio publie cettesemaine la septième brochure desa collection, un texte de LéonTrotskydont la discussion concernetous lesmilitants de notre parti, lestravailleurs et les militants avecqui ils discutent.

Par François Péricard

Dans le cadre deses rééditionsdes «Classiquesdumarxisme »,la Sélio publieen brochure cetexte de LéonTrotsky, qui ré-

pond à une campagne internatio-nale visant à présenter lemarxismecomme une « position immorale ».Publié en russe dans le Bulletin del’Opposition en septembre 1938, cetexte sortira en français en mars1939 dans une traduction trufféed’erreurs et précédée d’une note« prière d’insérer », déformant lespositions de l’auteur. Ce qui conduitalors Trotsky à compléter par unnouveau texte de juin 1939 son pre-mier argumentaire en répondant àcette attaque glissée au seinmêmede la publication de son écrit. Faceau flot de calomnies et de men-songes déversés contre lui et soncourant politique, Trotsky entendaity opposer les faits pour répondre etfaire face. C’est cet ensemble detextes qui va constituer Leur moraleet la nôtre.

La brochure publiée par la Sélio rec-tifie les erreurs de traduction et com-prend la réponse au « prièred’insérer » calomniateur. Le texteinitial est accompagné de notesexplicatives en bas depage, permettant aulecteur d’accéder plusfacilement à sa lec-ture qui est datéedans le temps.Une présentationrappelle les événe-ments qui consti-tuent le contextedans lequel se mènecette polémique :répression férocecontre lemouvementouvrier par le fas-cisme en Allemagne,en Italie, en Espagne ;terreur stalinienneavec les procès deMoscou en 1936-1938. Les coups pleuvent sur lesouvriers et ceux qui entendent com-battre pour leurs droits en construi-sant l’Internationale. Au-delà desdifférences d’époque, la polémiquemenée par Trotsky a un caractèretrès actuel. Il nemanque pas de dis-cours pour nous présenter la «mora-lisation » du capitalisme comme laseule voie pour sortir de la crise d’ef-fondrement du système.

L’hypocrisie coule à flots pour ten-ter de dissimuler les plans destruc-teurs de la troïka (Commissioneuropéenne, Banque centrale euro-péenne, Fonds monétaire interna-

tional), et intégrer lesorganisations de laclasse ouvrière (syndi-cats et partis) dans la« gouvernance » visantà augmenter l’exploi-tation des travailleurset maintenir le pillagedu capital financier partous les moyens, bap-tisés « pacte de stabi-lité », « pacte decroissance », « pacte desécurisation de l’em-ploi ». Les guerres pourle pétrole, on nous leclaironne, sont désor-mais devenues des

« guerres humanitaires ». Et l’Unioneuropéenne ne vient-elle pas derecevoir le prix Nobel de la paix ?A cette morale hypocrite et sour-noise, Trotsky oppose lamorale descombattants de l’Internationaleouvrière (« Il n’est pas de sauveursuprême, ni dieu, ni césar, ni tribun,producteurs sauvons-nous nous-mêmes », dit L’Internationale). Estmoral ce qui renforce la confiancedes travailleurs en leur propre force

et leur solidarité ; sont immoraux lemensonge, le trucage, la destruc-tion de la démocratie ouvrière quiont toujours pour but d’entraver lecombat pour l’émancipation destravailleurs au profit de la domina-tion du capital et de sa préservation.La publication de cet ouvrage, sadiffusion, sa discussion arrivent àpoint nommé. �

Réédition d’un texte essentiel

Est moralce qui renforcela confiancedes travailleursen leur propreforce, renforceleur solidarité.

Les classiques du marxisme de la Sélio

Léon Trotsky :“Leur morale et la nôtre”

“Le Parti bolchevique,le parti le plus honnêtede l’histoire”« La fin du Parti bolchevique —épisode de la réaction mondiale— ne diminue pas son importancedans l’histoire du monde. Al’époque de son ascension révo-lutionnaire, c’est-à-dire quand ilreprésentait réellement l’avant-garde prolétarienne, il fut le partile plus honnête de l’histoire.Chaque fois qu’il l’a pu, il a natu-rellement trompé les classes enne-mies ; par ailleurs, il a dit la véritéaux travailleurs, toute la vérité,rien que la vérité. C’est seulementgrâce à cela qu’il a conquis leurconfiance dans une mesure jamaisréalisée auparavant par un autreparti au monde.Les commis des classes diri-geantes traitent d’“amoralistes”les bâtisseurs de ce parti. Aux yeuxdes ouvriers conscients, cette accu-sation est un compliment. Ellesignifie que Lénine refusait dereconnaître les normes de moraleétablies par les esclavagistes eux-mêmes. Il appelait le prolétariatà étendre la lutte des classes audomaine de la morale. Celui quis’incline devant les règles établiespar l’ennemi ne vaincra jamais cetennemi !L’“amoralisme” de Lénine, c’est-à-dire son refus d’admettre unemorale au-dessus des classes, nel’empêcha pas de demeurer toutesa vie fidèle à un seul et mêmeidéal ; de se donner entièrementà la cause des opprimés. »

(Léon Trotsky, Leur morale et lanôtre, 1938, page 51 de notre édi-tion.)

KarlMARX

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Manifeste

du Parti communiste

S E L I O

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Lénine et Trotsky pendant la révolution d’Octobre. L’accusationd’“amoralisme” portée par les “commis des classes dirigeantes”contre Lénine et le Parti bolchevique est un “complimentpour les ouvriers conscients”.

Karl Marx et FriedrichEngels, Le Manifestedu Parti communiste

Le texte fondateurdu marxisme. Ses principesessentiels. Son actualité,plus d’un siècle et demiaprès sa rédaction.

Prix : 3 euros.

Léon Trotsky,Le marxismeet notre époque

Trotsky présente, à l’inten-tion de lecteurs américains,de nombreux extraits duCapital de Marx.

Prix : 2 euros.

Karl Marx,Salaire, prix et profit

Une présentation claireet ramassée des questionsliées à la loi de la valeurque Marx développedans le Capital.

Prix : 3 euros.

Léon Trotsky,La Révolution d’Octobre

Le texte d’une conférencede celui qui futl’un des principauxdirigeants de la révolutionrusse de 1917.

Prix : 2 euros.

Lénine,L’Impérialisme, stadesuprême du capitalisme

Essentiel : commentle capitalisme se survitet devient « la réactionsur toute la ligne »au début du XXe siècle.

Prix : 5 euros.

Léon Trotsky,Europe et Amérique

Pourquoi et commentla place des Etats-Uniss’est modifiée dès la findu XIXe siècle et a boule-versé les rapports entreles « grandes puissances ».

Prix : 4 euros.

Les précédents « Classiques »en vente à la Sélio

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Prix : 4 euros.

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INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 228 SEMAINE DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 2012

> Tribune libre <Larmesde crocodilespatronalesDeux salariésd’une aciérie d’Imphy,dans la Nièvre, appar-tenant à Mittal,sont morts. Ils avaient62 et 43 ans. Ces tragé-dies du travail s’élèventà 1 100 morts par an,accidents et maladiesprofessionnelles,et 65 000 incapacitéspermanentes. Durantun siècle, jusqu’à la loide 1898, le patronata farouchement refusétoute réparation desaccidents du travail.Le principe juridiqueétait que le salarié,en signant le contrat,acceptait « librement »les risques !Voilà le vrai motifdes larmes de croco-diles patronales,qui émeuventtant Hollandeet ses ministres :les patronsentendent revenirà cette « liberté »d’exploitation.Exagération ? Voyonsles faits. Des milliers decapitalistes ont licenciédans leur pays pourinstaller leur produc-tion dans l’Eldoradode la « compétitivité » :la Chine. 9 000 morts desalariés par mois, soit,rapporté à la popula-tion, dix fois plus qu’enFrance.Des dizaines de milliersde grèves ont contraintle régime policierchinois à une loide sécurité socialedepuis… 2011.Même si la bureau-cratie corrompuel’applique, les cotisa-tions patronales pouraccidents resterontcinq à dix fois moindresqu’en France. Quantaux ouvriers accidentésdevenus invalidespermanents (80 à 100 %du salaire par moisdans notre Sécuritésociale), le forfaitle plus élevé d’indemni-sation prévu estde vingt-sept mois desalaire (salaire moyen :moins de 100 eurospar mois). La vied’un ouvrier au plusbas prix, n’est-ce pas…compétitif ?Le pacte de compé-titivité, auquel Hol-lande veut enchaînerles syndicats, n’est queréaction anti-ouvrière.

L’HUMEURde Michel Sérac

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Cette fois, c’est enEspagne... Le 15 no-vembre dernier, lelendemain du jouroù quatre millionsde travailleurs s’é-taient retrouvésdans la rue à l’appel

de leurs confédérations syndicales, legouvernement espagnol aannoncé en catastrophe un« gel pendant deux ans desexpulsions pour les proprié-taires surendettés les plus vul-nérables ». La décision dugouvernement est interve-nue trois jours après unedécision similaire desbanques.La dépêche de l’AFP qui rendcompte de ce brusque revi-rement d’attitude, après desmois de refus brutal opposépar les banques comme parle gouvernement aux innom-brables demandes faites ence sens, tente une explica-tion : « Sous une forte pres-sion sociale, l’Espagne a annoncé jeudiun gel pendant deux ans des expul-sions », écrit-elle.S’il ne fait aucun douteque la « pres-sion sociale », notamment les milliersde manifestations pour empêcher lesexpulsions, a fortement augmenté enEspagne ces dernières semaines, cetteformule générale peut cacher l’essen-tiel. Une autre dépêche fournit, en effet,un détail qui a toute son importance.Le 5 novembre, unemère de famille (dedeux filles) au chômage, habitant une

commune de Tenerife, expulsée le28 septembre par Bankia, décidait d’en-tamer une grève de la faim devant laporte de la succursale de la banque,comme beaucoup l’avaient déjà fait.Mais là, lemaire de la commune décidede taper du poing sur la table, dénon-çant le refus de Bankia d’entendre rai-son : « “Le lundi 5 novembre, j’ai avertila presse que s’il n’y avait pas de solu-tion, je retirais 1,5million d’euros” pla-cés (réserves de la commune—NDR)chez Bankia.Un accord est trouvé avecl’antenne locale de la banque,mais rejeté

par la direction àMadrid.“Le jeudi, j’ai donné l’ordrede retirer l’argent” et le ven-dredi un accord a été trouvépour que Carmen Omanapuisse retourner dans samaison » (AFP, 15 no-vembre).L’appartenance politiquede ce maire n’est pasconnue et elle n’a, en elle-même, pas une impor-tance décisive. Mais quelqu’il soit, cemaire vient defaire une démonstrationd’une profondeur sanségale.Les banques, qui ontdonné sans sourciller

350 000 ordres d’expulsions depuis 2008(chiffre qui a augmenté de 20,6 % en2012) ne craignent qu’une chose : c’estque l’on touche à leurs avoirs et quel’idée puisse cheminer qu’il suffirait deles confisquer pour protéger la sociétédu chaos dans lequel elle s’enfonce.Elles tentent, par cette « grâce » qu’ellesaccordent à leurs débiteurs, de lesdétourner de cette « extrémité ». Ellesont improvisé un « gel » provisoire desexpulsions — jugé, par ailleurs, fortinsuffisant par les principaux intéres-

sés — avec d’autant plus de hâte que,comme en fait état lamême agence depresse (AFP), sous la pression des évé-nements dramatiques auxquels ils sontconfrontés, l’extension de ce débattouche un nombre grandissant demaires, comme celui de Saragosse quivient d’annoncer que la police localene participera plus à ce genre d’expul-sions.Auxmaires s’ajoutent des juges qui, deplus en plus nombreux, refusent d’or-donner des expulsions, etmême le syn-dicat majoritaire de la police (SUP),qui soutient ceux de ses membres quidécident de ne pas expulser.Bref, ce qui vient de se passer à SantaCruz de Tenerife révèle le degré d’ex-trême fragilité atteint par le pouvoir deces banques parasites qui dictent leursordres aux gouvernements successifsde la monarchie espagnole. Mais sur-tout, elle indique aux travailleurs detoute l’Europe comment l’acte limitéd’unmaire inconnu, menaçant ouver-tement de récupérer les dépôts auprèsdes banques récalcitrantes, ouvre lavoie à la « confiscation » des fonds dela banque, et peut devenir un puissantinstrument de cette « forte pressionsociale ».Elle indique comment peut être ouverteune brèche dans la forteresse du pou-voir et, par là même, la direction qu’ilfaudra emprunter pour dégager uneissue véritable.Rajoy est ébranlé... pas seulement lui !

Télévision

Au nom d’Athènes

Un documentairede Fabrice Hourlier(24 novembre, Arte)

A u Ve siècle avant notre ère,Athènes vole au secours descités grecques d’AsieMineure

révoltées contre le roi de Perse, Darius.Les expéditions punitives ne vont pastarder...Lors de la première guerre médique,Athènes vient de chasser son tyran etd’instaurer la démocratie : dans la citéet dans l’univers. Son armée, com-posée de citoyens-soldats, va endécoudre avec les « Immortels », lecorps d’élite de l’armée perse. Le stra-tège Miltiade attaque à Marathon(« champ de fenouil » en grec), à latête de ses fantassins poussant leurcri de guerre : « Au nom d’Athènes ! »(comme on criera plus tard : «Vive laNation ! »). Il arrache la victoire (- 490).Deuxième guerre médique : Xerxèssuccède à Darius et Thémistocle àMiltiade. Il dote Athènes, cité dépour-vue de remparts, d’une « muraille debois » (une flotte de guerre).Xerxès proclame : « Nousmarcheronssur la mer et nous naviguerons sur laterre ! » Et il fait percer un canal dansl’isthme de l’Athos pour ses navires,puis il jette un pont de bateaux surles Dardanelles pour ses troupes. Ilconquiert ainsi la plus grande partiede la Grèce. Les Athéniens se sontréfugiés à Salamine, dont la petitebaie est un espace resserré, où lesnavires perses s’éperonnentmutuel-lement.La victoire de Salamine donne àAthènes l’hégémonie sur lamer Egée.Quelques années après avoir failli dis-paraître, la Grèce va devenir le ber-ceau de la civilisation occidentale. Lepoète Eschyle pourra écrire dans LesPerses : « Les femmes perses, aban-données, se livrent aux tendres regretsdu compagnon de leur couche auxmolles draperies... » Daniel HUET �

C’est pourtant vrai !Selon l’association pharmaceutique panhellénique, du fait des coupes budgétaires,300 médicaments sont quasi introuvables, notamment ceux pour les problèmescardiaques et le cancer.�

Marc Gauquelin

Grain de sable…

“Ce qui vientde se passerà Santa Cruzde Tenerife estune indicationpour lestravailleurs detoute l’Europe”


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