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Introduction à la Psychologie Sociale
CM Licence 1 PSYCHOLOGIE (Semestre 2)
Christine Morin-Messabel.
Psychologie Sociale
Groupe de Recherche en Psychologie Sociale (EA 4163)
Organisation des enseignements
Responsable de l’UE (CM + TD) Psychologie sociale : M. Préau, [email protected]
CM : 3 séances C. Morin-Messabel + 3 séances M. Préau
TD : 12 séances, 2 examens
Plan
1. Le Groupe
2. 2. Les relations intergroupes
1. Le groupe
1. Historique / étymologie 2. Définition opératoire versus sens commun 3. Conditions de définition des groupes restreints 4. Conception de la psychologie sociale selon Kurt Lewin 5. Groupe : champ de forces, totalité dynamique,
interdépendance (membres, buts), organisation/valeurs
S’agit-il d’un groupe ?
Piazza, 1947–48 (cast 1948–49). Bronze, 21 x 62.5 x 42.8 cm. Peggy Guggenheim Collection. 76.2553 PG 135. Alberto Giacometti © Artists Rights Society (ARS), New York/ADAGP, Paris.
Groupe: éléments de définition
La notion de groupe ensembles sociaux de taille et de structure très variées, seul trait commun : la pluralité des individus et leur solidarité implicite.
Le groupe est un champ psychosocial dynamique d’un ensemble représentable de personnes dont l’unité résulte d’une certaine communauté de sort collectif et de l’interdépendance des sorts individuels. Les membres interagissent, communiquent et s’influencent mutuellement.
Pourquoi appartenir à un groupe ?
« C’est utile ! » - Modèle fonctionnaliste (utilité) Selon cette approche, l'affiliation à un groupe permet de satisfaire certains besoins. Dans de nombreuses situations insatisfaisantes ou menaçantes, nous recherchons l'appui des autres, pour nous sentir moins impuissants, plus en sécurité. En 1959, le psychologue social américain Stanley Schachter a pu mettre en évidence que l'affiliation est en particulier un remède contre l'anxiété. Logique de l’action : transformer la réalité par le collectif. Intredépendance nécessaire pour réaliser les objectifs. C’est dans la confrontation avec d’autres groupes qu’un groupe se crée, se fortifie.
DIMENSION AFFECTIVITE : 2 modèles « Cela renforce ! » - Modèle de la cohésion (force des liens) On s'aime, alors on forme un groupe. Selon ce modèle, l'attraction interpersonnelle est l'élément déterminant dans la formation des groupes. Ressentent de l’attirance les uns pour les autres. Force d’attraction d’un groupe
« Je m’identifie ! » - Modèle de l’identification (se percevoir comme un nous) L'ordre des choses est alors inversé, on ne formerait pas des groupes avec des gens que l'on aime, on aimerait les gens qui font partie des mêmes groupes que nous. Je m'autocatégorise comme membre d'une famille nombreuse, comme étudiante, comme membre d'un orchestre UN GROUPE PEUT SE FORMER AFIN DE COMBLER : un besoin d’affiliation, un besoin de sécurité ou encore une impuissance à réaliser seul un objectif
Conditions de définition des (petits) groupes : critères
1. Auto-perception (self perception)
o Les membres perçoivent le groupe comme “réel” et eux-mêmes comme des membres du groupe. Prend conscience des autres avec lesquels il communique
2. Interaction et But commun
o Les membres du groupe interagissent entre eux, s’influencent mutuellement, sont interdépendants . Influence réciproque et interdépendance
3. Normes internes/organisation
o Actions, attentes, désapprobations, sanctions
4. Rôles
o Différences des positions, statuts, attitudes
5. Relations affectives
o Sympathie, antipathie versus neutralité, indifférence
Catégories de groupes
Catégories de groupes
Catégories de groupes
Catégories de groupes
Catégories de groupes
Catégories de groupes
Le groupe comme entité psychosociale
« Un groupe est plus que, ou plus exactement, différent de la somme de ses membres. Il a sa propre structure, et des relations propres avec d’autres groupes. L’essence du groupe n’est pas la similarité ni la dissimilarité de ses membres, mais leur interdépendance. Chaque groupe peut être caractérisé comme une totalité dynamique ; un changement dans l’état d’une de ses sous-parties change l’état de n’importe quelle autre sous-partie. Le degré d’interdépendance des sous-parties de l’ensemble des membres du groupe varie le long d’un axe allant d’un amas flou (a loose mass) jusqu’à une unicité compacte. Ceci dépend, parmi d’autres facteurs, de la dimension, de l’organisation et de l’intimité du groupe ». (Lewin, 1948).
Ajoutons‐y une raison d’être et de rester ensemble, une intention ciblable, une certaine entitativité.
Lewin, K. (1948). The Background of Conflict in Marriage. In Resolving Social Conflicts. NY, Harper, p. 84.
De Visscher, D. (2001). La dynamique des groupes d’hier à aujourd’hui. Paris, PUF, pp. 45‐58.
Campbell, D. (1958). Common Fate, Similarity, and other Indices of the Status of Aggregates of Persons as Social Entities, Behavioral Science, 3, 14‐25.
Dynamique des groupes (iii)
!
Distinctions / Antinomies Groupes primaires Liens forts Contacts continus « Famille »
Groupes secondaires Liens faibles Contacts sporadiques « Organisation »
Groupes informels Règles informelles Réactions spontanées « Amis »
Groupes formels Règles formelles Réactions prescrites « Collègues »
Groupes ouverts Participation fluctuante
Groupes fermés Participation stable
Groupes d’appartenance Appartenance effective
Groupes de référence Appartenance souhaitée
Socialisation et sociabilité
Les groupes jouent un rôle fonctionnel dans l’intégration et le développement des individus. Ils permettent à chacun d’eux de se socialiser : apprentissage de la vie en société
Socialisation : acquisition de valeurs normes et rôles sociaux propres à ses groupes d’appartenance dans une société donnée.
Sociabilité : recouvre les besoins fondamentaux de l’être humain dans sa relation aux autres. Besoin des autres, besoin d’inclusion, besoin de contrôle (utilisation) et à les rechercher, à s’associer avec eux (besoin d’affection).
Groupes d’appartenance et groupes de référence
Appartenir à un groupe : nous vs eux
Se référer à un groupe : les groupes de référence (d’appartenance ou de non appartenance) permettent ce processus de comparaison sociale.
Groupes de références : groupes auxquels l’individu se rattache personnellement en tant que membre actuel ou auxquels il s’identifie ou désire s’identifier .
2 fonctions : comparative et normative
Groupes de référence
Fonction comparative :
Se comparer : besoin d’évaluation qui nous amène à se comparer aux autres
Fonction normative :
Se conformer : il faut être conforme aux normes et comportements en vigueur
Il arrive que le groupe de référence soit différent de son groupe d’appartenance
Se détacher
Quitter son groupe :
Choix en lien avec la mobilité sociale. Conformer aux normes du nouveau groupe
Pour un autre :
Non-conforme : risque de rejet .
Et refus d’intégration du groupe de référence.
Sentiment de « haine de soi » ou de désindividuation. Marginalisation.
Etre dans le monde social
2. Les relations inter-groupes
2.1. La perception sociale
2.2. La catégorisation sociale
2.3. La théorie de l’identité sociale
2.4. Les stéréotypes
Les relations inter-groupes
2.5. Les préjugés
2.6. Les discriminations
2.7. La jugeabilité sociale
2.8. La dominance sociale
2.9. La comparaison sociale
2.1. La perception sociale
L’organisation de la perception des personnes et
de leurs relations n’est pas simplement et purement un processus individuel
Elle répond à la nécessité d’une mise en ordre dans une structure sociale
2.2. La catégorisation sociale
Les processus psychologiques qui tendent à ordonner
l’environnement social et physique en termes de catégories
Elle consiste à ranger les informations perçues dans des catégories de similitude, présentes dans nos représentations.
Catégories: groupes de personnes, d’objets, d’événements, en tant qu’ils sont soit semblables, soit équivalents les uns aux autres pour l’action, l’intention ou l’attitude d’un individu
Ces classements regroupent des individus, suivant certaines caractéristiques qui leur sont communes
Tajfel H., Wilkes A.L. 1963. Classification and quantitative judgement, British Journal of Psychology, 54, 101-114.
Condition A: classement systématique Condition B: classement au hasard
Condition C: non classement
Expérience des longueurs des lignes
Condition A: Exagération des différences
3 groupes
La catégorisation sociale
Fonctionnement socio-cognitif aussi essentiel que
pratique Processus dynamique, évolutif Réponse au besoin primaire d’adaptation de l’individu dans
un environnement social donné
Les effets de la catégorisation:
Structurer Systématiser Ordonner
Les cadres de la catégorisation sont souvent déjà prêts
La catégorisation sociale
Les fonctions de la catégorisation sociale 1. Organisation et mise en cohérence du monde social
2. Simplification du monde social
3. Anticipation sur les comportements futurs
4. Résistance à la menace des informations contraires à nos représentations
Entitativité
Essentialisme
Accentuation des contrastes entre différentes catégories
différenciation intercatégorielle rendre le « nous » différent
Minimisation des différences à l’intérieur d’une même catégorie homogénéisation intra-catégorielle « ils » sont tous pareils
Tajfel H., Wilkes A.L. 1963. Classification and quantitative judgement, British Journal of Psychology, 54, 101-114.
La catégorisation sociale
2.3. La théorie de l’identité sociale
Contexte de l’étude des relations inter-groupes
La compétition intergroupe est suffisante pour qu'apparaissent des stéréotypes et de la discrimination mais est-elle pour autant nécessaire ?
La théorie de l’identité sociale, Tajfel et Turner
Le paradigme du groupe minimal
Les raisons de l’identité sociale
L’autocatégorisation
TURNER 87
Les processus de comparaisons, mis en place pour maintenir une estime de soi positive, vont être différents selon le niveau d'autocatégorisation auquel l’individu se situe.
Au niveau supra-ordonné, il se compare à d'autres être vivants, d'autres espèces.
Au niveau intermédiaire, il se compare aux membres des exogroupes dans le but d'établir une différenciation qui soit favorable pour l'endogroupe.= différenciation intergroupe
Au niveau subordonné, il compare à d'autres
membres de l'endogroupe dans le but d'établir une différence qui soit favorable pour soi. = différenciation intragroupe
le choix d'un niveau de catégorisation et donc de comparaison entraîne la désactivation du précédent car il y a un ANTAGONISME entre les différents niveaux de perception de soi. Pourquoi ?
IP : implique de se différencier des membres de l’endogroupe alors que IS : implique de s’identifier, de s’assimiler à ces membres.
Rappel TURNER 87
Isoler les conditions minimales conduisant à une attitude de discrimination systématique du hors groupe (exogroup) par rapport à l’intra-groupe (endo group).
Hypothèse de Tajfel : la seule classification d’un ensemble d’individus en deux groupes distincts conduirait les sujets à favoriser leur groupe et à défavoriser l’autre groupe : on assisterait à un traitement différentiel entre et dans les groupes. Les sujets : sont les élèves d’une même école qui se connaissent bien. Tache : Ils commencent par une tache de jugement esthétique des tableaux de P. Klee et Kandinsky. Puis, on leur annonce qu’ils seront répartis en deux groupes, soit en un groupe Klee et un groupe Kandinsky (répartition hasardeuse)
… Tajfel, 71
Klee versus Kandinsky
- L’identité sociale est décrite comme « la partie du soi qui provient de la conscience qu’a l’individu d’appartenir à un groupe social (ou à des groupes sociaux), ainsi que la valeur et la signification émotionnelle qu’il attache à cette appartenance). C'est donc par l'intermédiaire de comparaisons sociales favorables à l'endogroupe qu'une identité sociale positive est établie et maintenue IS non satisfaite : Stratégies créativité sociale ou compétition sociale (stratégies groupales) ou mobilité sociale et différenciation intragroupe (en faveur de soi) (stratégies individuelles).
Klee versus Kandinsky
Sherif (1969) L’expérience de la caverne des voleurs (Shérif, 1966)
• La compétition de groupes en présence est une condition suffisante (mais non nécessaire) pour l’émergence d’un conflit. • Dans des situations de compétition entre groupes engagés dans un conflit objectif d’intérêt, les conflits s’atténuent lorsque ces groupes ont a coopérer dans un but commun, et qu’ils participent conjointement à un but supra ordonné pour lequel la participation de tous est requise.
La théorie du conflit réaliste (Shérif, 1966)
SHERIF
Sherif (1969), pionnier en matière de recherches sur les relations inter-groupes, a montré que ces effets se rencontrent dans des situations de compétition entre groupes engagés dans un conflit objectif d’intérêt (tournoi sportif avec un seul gagnant), s’atténuent lorsque ces groupes ont a coopérer dans un but commun, et qu’ils participent conjointement à un projet supra ordonné pour lequel la participation de tous est requise. Ces travaux montrent que la compétition de groupes en présence (avec pour enjeu des intérêts économiques, des avantages politiques etc...) est une condition suffisante (mais non nécessaire) pour l’émergence d’un conflit.
2.4. Les stéréotypes
Introduite dans les sciences sociales par Walter Lippman, 1922
Différentes approches : Dimension négative : images mentales, « tics de
pensée », clichés…. Dimension positive : dynamique, qui évolue en lien
avec des groupes sociaux. Projet à l’initiative de l’AFPS et de www.psychologie-sociale.org Réalisé avec le concours du Ministère de la Recherche Edith Sales-Wuillemin
2.4. Les stéréotypes
Le rôle des stéréotypes dans la perception sociale
Attention Interprétation
Mémorisation
2.4. Les stéréotypes
Raison d’être des stéréotypes simplification facilitation réponse aux rôles sociaux justification du status quo besoin d’identité sociale
Formation des stéréotypes prophéties auto-réalisatrices covariation non consciente corrélation illusoire homogénéité in-group
• Trois fonctions du stéréotype explicative (pourquoi cela arrive…) anticipatrice (prédiction de ce qui va arriver) justificatrice (justifier le compotrement que l’on adopte)
Autres caractéristiques: matière imagéé noyau évolutif biais de favoritisme inter-groupe nature symbolique, affective, politique, idéologique
Définition (G. Allport, 1954) « Croyance exagérée associée à une catégorie ».
2.4. Les stéréotypes
Les stéréotypes
Citation Grandière (2003) :
« La construction des stéréotypes intéresse les historiens. Ce sont des outils pour construire du sens, pour classer, organiser, une manière, comme le conseillait Buffon, d’accumuler des faits pour avoir des idées; une manière aussi de figer les représentations de l’Autre, le Différent, ce grand acteur de l’histoire. Les stéréotypes instrumentalisent notre vision et notre comportement envers d’autres groupes… » (p. 12)
Une longue exposition à des stéréotypes négatifs peut potentiellement amener à la formation d’une identité négative (victimaire). Activés dans des situations quotidiennes, ces stéréotypes amènent les membres des groupes ciblés à subir une pression psychologique susceptible de les amener à confirmer le contenu du stéréotype.
performances intellectuelles (académiques, scolaires) filles vs mathématiques garçons vs filles
Steele, C.M. & Aronson J. (1995) Stereotype threat and the intellectual test performance of African Americans, Journal of Personality and Social Psychology, 69, 797-811.
La menace du stéréotype
Se sentir la cible
2.5. Les préjugés
Allport, 1954
Attitude négative dirigée vers autrui
Rigidité de cette attitude
Généralisation abusive de cette attitude
Liens préjugés- stéréotypes
Quelle est l’origine des préjugés ?
Fischer définit le préjugé comme «une attitude de l’individu comportant une dimension éducative, souvent négative, à l’égard des types de personnes ou de groupes, en fonction de sa propre appartenance sociale»
2.6. La discrimination
Lien entre cognition, attitude et comportements.
C’est "un comportement négatif à l'égard des membres d'un exogroupe envers lequel nous entretenons des préjugés" (Dovido & Gaerthner, 1986).
2.7. La jugeabilité sociale cf. Stéréotypes, Stéréotypisation, et Valeurs. Pascal Morchain« Préjugés & Stéréotypes » Projet à l’initiative de l’AFPS et de www.psychologie-sociale.orgRéalisé avec le concours du Ministère de la Recherche
Dilution des stéréotypes
Diminution de l'expression du stéréotype suite à la présence d'informations individualisées pseudo-diagnostiques ou non-pertinentes
Leyens, Yzerbyt et Shadron 1994
Yserbyt, Schadron, Leyens et Rocher 1994
2.8. La dominance sociale Dambrun, M. La théorie de la dominance sociale de Sidanius & Pratto« Préjugés & Stéréotypes » Projet à l’initiative de l’AFPS et de www.psychologie-sociale.org Réalisé avec le concours du Ministère de la Recherche
Sidanius & Pratto, 99
Position sociale occupée par les individus dans la structure sociale
Le biais de favoritisme envers son groupe est très fortement relié à cette orientation de dominance sociale. Maintenir des rapports sociaux existants
Social Dominance Theory (SDT) en 1999
Dominants/dominés :
Les dominants ,afin de maintenir leur position sociale avantageuse, développent et adhèrent à des mythes légitimateurs qui « fournissent une justification intellectuelle et morale à la distribution inéquitable de la valeur sociale au sein du système social »
Intégration de la dimension de justification des inégalités en montrant comment les inégalités sociales tendent à se maintenir
�� La position des individus dans la hiérarchie sociale affecte leur perception des inégalités. Plus on est dominant, plus on en a une perception favorable.
�� Mythes légitimateurs : valeurs et croyances qui donnent une justification aux pratiques sociales
Il existe chez tout homme une tendance à évaluer de façon aussi exacte que possible ses opinions et aptitudes personnelles quels moyens « objectifs » ? comment par exemple évaluer objectivement l’exactitude d’un jugement d’opinion ? choisir les facettes de la comparaison la véracité (justesse versus fausseté) de la comparaison dépendra des termes de comparaison choisis « La tendance à se comparer à autrui décroit à mesure qu’augmente la différence entre soi-même et autrui, tant pour les opinions que pour les aptitudes » (Leon Festinger) Festinger, L. (1954). A theory of social comparison processes. Human Relations, 7(2), 117-140.
2.9. La comparaison sociale