Immigration en Lot-et-Garonne (19ème-20ème siècles)
Centre d’Accueil aux Français d’Indochine de Sainte-Livrade-sur-Lot.
La frontière refuge• Les atouts du département :Conditions naturelles (fruits, légumes et vin)Industrie autour de Fumel2 centres commerciaux : Agen et Villeneuve-sur-Lot.
• Le besoin de main d’œuvre :Exode rural vers d’autres départements, morts et déficit de naissances liés à la Guerre 1914-1918 :
une perte de plus du tiers de ses habitants entre 1851 et 1921
• Une immigration massive :L’arrivée d’espagnols dès la fin du XIXe : 6 000 dans les années 1880-1890, et encore 4 000 en 1918.
Puis avec la Retirada (1939-1940) 5500.L’implantation massive et subite de milliers Italiens dans les années 1920 : une centaine en 1920, 7
500 en 1925, 12 000 en 1931 et 18 500 en 1936 (soit 7,5% de la population).Rejoints depuis trois décennies par des Marocains.
Près de 15 000 immigrés en Lot-et-Garonne en 1999
Toujours près de 2 000 Italiens et 1 000 espagnols
II/ L’immigration espagnole : 19ème et 20ème siècles
Migrations des juifs jusqu'au XVIIIe siècle
• Depuis l'établissement de l'Inquisition en 1492
• Au XVIIIème : migrations d’élites (avocats, médecins, négociants…) attirées par Les Lumières (Bordeaux)
Le XIXe siècle : exilés, commerçants et travailleurs
• Exils politiques : Espagnols ayant servi la cause du « roi intrus » Joseph Ier, frère de
Napoléon et issus des partis ayant perdu lors des guerres carlistes (guerres civiles intermittentes depuis 1833 jusqu’aux années 1870).
• Immigration économique : élites négociantes et paysans
• Ouvriers agricoles : surtout pour la viticulture
En 1911, les cinq départements de la future région Aquitaine comptent 31 000 étrangers, dont 80% sont espagnols.
L’entre-deux-guerres : une immigration familiale
•Après la première guerre mondiale les espagnols travaillaient en Lot-et-Garonne dans l’arboriculture fruitière comme salariés agricoles (60% d’entre eux), métayers ou fermiers (15%), voire petits propriétaires (1 sur 7).
•L’exil des Républicains de 1936 à 1939 à l’issue de la guerre civile : 500 000 réfugiés.
Les familles sont séparées et orientées dans des camps
Beaucoup réémigrèrent rapidement, vers l’Espagne ou dans d’autres pays d’Europe atlantique et vers les Amériques.
Plusieurs milliers restèrent en Aquitaine : rémunérés s'ils ne sont pas identifiés comme républicains, mais détenus, exploités gratuitement pour ceux considérés comme les « Espagnols rouges »: les républicains, les anarchistes ou les communistes.
•L’engagement durant la 2ème Guerre mondiale
Dans l’armée française
Dans les maquis de la région pour participer très activement à la Résistance.
Isaac Casares, réfugié en France en 1939, a connu les camps français dans lesquels on enferma les républicains espagnols en 1939. http://www.youtube.com/watch?v=MtkgJ4va7hA&feature=related
Ancien guérillero espagnol au sein du Bataillon "Arthur" en Lot-et-Garonne, Jaime Olives nous parle des idéaux qui l'ont conduit à prendre part en France aux combats de la Résistance.
http://www.youtube.com/watch?v=JtmEx9SBbus
Lieux d'internement en zone Sud, septembre 1939 - juin 1940 Lieux d'internement en zone Sud, septembre 1939 - juin 1940 Lieux d'internement en zone Sud, septembre 1939 - juin 1940
III/ Les Italiens : une immigration subite, massive et rurale
L’entre-deux-guerres
Présence italienne en France
Italiens aquitains :
Autour de 200 vers 1914,
un millier en 1921,
14 000 en 1931
Plus de 40 000 en 1936, dont les 2/3 vivent en Lot-et-Garonne.
-La famille de Laure PASSERINI fut une des premières. -A Mondar d'Agenais, Damira et Nuncio TITONEL, dont les parents ont quitté l'Italie pour fuir le fascisme-Henriette FERRARI témoigne à propos du journal antifasciste "l'Attesa" que dirigeait son mari Oreste Ferrari depuis Agen.
http://www.ina.fr/sciences-et-techniques/sciences-humaines/video/I00017177/immigres-italiens-interviews-d-italiens-habitant-dans-le-lot-et-garonne-depuis-1922.fr.html
Immigrés italiens : interviews d'italiens habitant dans le Lot et Garonne depuis 1922.
Un témoignage
Une vague d’immigration concentrée dans l’espace et dans le temps :
• 1919 – 1939 : crise économique et régime fasciste
en Italie avec fermeture des Etats-Unis
• Origine de l’Italie du Nord (surpeuplée où le prix des
terres est très élevé) Très concentrée autour de la
moyenne vallée de Garonne
• 73 % des immigrés italiens travaillent dans
l’agriculture
• Un groupe important dans la zone métallurgique de
Fumel
L’implantation en moyenne vallée de la Garonne
• Point de départ : Piémontais vers Castelsarrasin
• Ensuite migration de parents et amis : mêmes
villages (les Frioulans de Medea vers Castelculier )
L'homme venait d'abord seul puis faisait venir sa
famille.
• Apport d’une meilleure productivité : engrais,
sélection de semences et outillages adaptés (1ers
tracteurs motorisés, sarcleuses et nouveaux
modèles de machines à battre).
• Les Italiens du Nord ne quittent pas un monde rural
sous-développé pour un monde rural développé,
mais plutôt l’inverse
• Beaucoup achètent des terres, et nombreux
prennent des responsabilités (métayers,
contremaîtres)
Ce n’est pas une immigration de misère et la vente à haut prix d’un petit lopin dans le Piémont, permit souvent l’acquisition d’une ferme.
Une communauté diversifiée mais très organisée et solidaire
• Certains italiens fuient la répression fasciste et demeureront des militants socialistes et marxistes
• Poids aussi des organisations catholiques (L'Opera Bonomelli fut représentée par l'arrivée, dès 1924, à Agen, de Monseigneur Torricella. Ce prélat va être pendant 20 ans le guide spirituel de la communauté italienne qu'il touchait notamment par son journal Il Corriere)
• Associations d’entraides : l’Associazione degli agricoltori italiani, créée à Agen en 1925, l'Associazione agricolo del Sud-ouest fondée en 1926.
A partir de 1933 Mussolini essaie d’encadrer cette communauté à l’étranger en multipliant les associations dirigées par des fascistes venus d’Italie
• « Maisons des Italiens » à Agen (1932)… : lieu de propagande , arbres de Noël, aides aux familles paysannes, bons alimentaires, soins et médicaments gratuits, allocations pour familles nombreuses, cours d'italien, colonies de vacances en Italie pour les enfants, incitation des mères à aller accoucher, tous frais payés, en Italie, pour que les nouveau-nés aient la nationalité italienne.
• « Les dopolavori » organisaient, quant à eux fêtes, manifestations sportives et voyages
Les caractéristiques sociales d’une immigration familiale et agricole
• En 1936, il y a dans la population italienne, 126 hommes pour 100 femmes,
contre 112 dans la population espagnole.
• En 1934, sur 20 081 chefs de famille italiens agriculteurs, 23 % sont
propriétaires, 56 % sont fermiers ou surtout métayers, donc chefs
d'exploitation, 21 % seulement sont ouvriers agricoles.
• Dégradation des conditions de vie : Grandes maisons, eau courante et électricité
en Italie…
Une intégration lente mais réelle•Les moins :
« Problème de l'accaparement » des terres françaises par les Italiens.Aucun droit à la différence : francisation pure et simple.La scolarisation des enfants italiens du Lot-et-Garonne serait de l'ordre de 29% :
études courtes et pas d’accès à l’enseignement secondaire. Les bals où les jeunes Italiens faisaient par trop valoir leurs dons de musiciens et de
danseurs, ont été occasions de conflits.Les naturalisations restent inférieures à 10 par an jusqu'en 1938, bondissent à 26
en 1939, moins par réponse à une demande plus forte que par assouplissement de la pratique administrative pour les besoins de l'armée.
•Les plus :Les mariages mixtes ne représentent que 37 % des cas dans la décennie 1931-
1940 mais 66 % des cas dans la décennie 1940-1949.Les sociétés locales sportives, de chasse,
•Et la Résistance…
• Allemands et Polonais : camp de Catus (Lot)
• Russes et Arméniens : camp lot-et-garonnais de Buzet-sur-Baïse.
• Espagnols : jusqu’à 1600) au camp de travail de Casseneuil où ils participent à la construction de la poudrerie de Sainte-Livrade-sur-Lot.
• À Casseneuil aussi, ainsi qu’au château de Tombebouc à quelques kilomètres, sont emprisonnés des Juifs, dénommés par l’administration française locale « Palestiniens ».
Les 85 « Palestiniens » de Tombebouc furent déportés à Auschwitz via Drancy le 23 août 1942, et 300 autres le furent depuis Casseneuil le 1er septembre.
III/ Emprisonnements des étrangers durant la 2ème Guerre mondiale