Jour 10
Ce matin-là, je me suis levée avec une aversion profonde pour le pain. J'avais l'impression d'avoir
mangé à peu près uniquement du pain et du riz depuis le début du mois de septembre et je rêvais de
manger des céréales. Je suis donc partie au supermarché m'acheter des céréales complètes...ce qui
ne fut pas une chose facile, mais après avoir fait tous les magasins de la ville, j'ai réussi à trouver de
quoi me faire un excellent mélange de céréales et de yogourt pour le petit-déjeuner. Je suis
retournée dans ma chambre d'hôtel en me réjouissant de le déguster. Seule problème, je n'avais pas
de cuillère. Je suis redescendue au bar, malheureusement, il n'y avait rien en libre-service et je n'ai
pas osé demander une cuillère sans consommer. Mais bon, je n'allais pas m'avouer vaincue, on a
toujours de quoi servir de cuillère. En l'occurrence, j'ai transformé le couvercle rond en métal de la
boîte de mon savon en couvert de table, et franchement, je me suis demandée pourquoi on
n’utilisait pas plus souvent ce genre d'objet pour manger. ;-)
Ensuite, je suis allée me louer un vélo pour faire un tour. J'avais trouvé des itinéraires sympatoches à
l'office du tourisme et m'était décidée pour un itinéraire de 3h10, en grande partie sur sentier
hippocyclopedestre. Le vélo que j'ai reçu n’était franchement pas génial, et la selle aussi confortable
qu'une planche de fakir, mais je suis partie quand même avec. Le chemin était assez panoramique,
mais j'ai vite compris ce que voulait dire la mention "itinéraire assez cyclable" indiquée sur mon
dépliant. En effet, il y a quelques kilomètres que j'ai dû faire en poussant le vélo parce que c'était
impossible autrement! À un certain moment je suis arrivée devant un sentier qui partait le long d'une
falaise. J'ai quand même demandé à des vieux pêcheurs assis dans une petite masure, si le chemin
indiqué était vraiment praticable à vélo. Ils m'ont répondu que beaucoup de cyclistes passaient...que
la plupart disparaissaient du chemin, mais que certains avaient la chance d'arriver au bout. Bonne
nouvelle, je fais partie des chanceux. Quoiqu'il en soit j'ai découvert des belles criques et vu le temps
un peu maussade et les falaises, j'avais plus l'impression d'être en Angleterre qu'en Espagne!
Minorque n'a vraiment pas beaucoup de point communs avec Majorque. Il fait moins chaud en
raison d'un vent continu qui passe tout droit sur cette île sans relief, il n'y a pas beaucoup de
touristes étrangers (et donc plus de buffets de déjeuner non plus, seulement du pain et du café), les
plages sont désertes, les habitants parlent espagnol et non pas allemand aux touristes...
Donc j'ai roulé depuis 10h30 jusqu'à 17h30, heure à laquelle j'étais environ aux 2/3 du chemin. Je me
suis arrêtée pour manger et de nombreuses fois pour essayer de me repérer sur une carte que j'avais
eu la bonne idée d'emporter, mais tout de même, les 3h10 prévues me paraissaient largement
dépassées. J'ai donc coupé la fin et suis rentrée directement. Je me suis encore arrêtée pour visiter
une nécropole du 2eme siècle. Un grand complexe de cavernes creusées à la main dans la pierre
pour y déposer les morts. Certaines ont ensuite été réutilisée au début du 20ème comme résidence
d'été avec l'installation d'un coin cuisine devant l'entrée. On en voit encore les marques laissée par la
fumée de cuisson. Sympa, non? D'ailleurs en pensant vacances, j'ai vu une agence de voyage qui
faisait de la pub pour un voyage à l'île Maurice. Cinq nuit et tout compris pour 1600 euros. Déjà que
pour un suisse je trouve que c'est cher, alors pour un espagnol! Mais bon, il y avait des sacrés
arguments qui avaient de quoi persuader n'importe quel habitant des Baléares: le soleil et la mer
pour 1600 euros! Ca doit faire un carton.
Pendant ma petite virée, j’ai réussi à déplacer la roue arrière de son axe en roulant mal sur une
grosse pierre. J’ai passé chez le vendeur de vélo qui m’a remis la roue en 30 secondes et j’ai pu
repartir. Dommage, j’aurai apprécié qu’il me change le vélo. Après mon retour à l'hôtel, je suis allée
me promener en ville. J'ai visité une expo sur « les objets héros du quotidiens ». C'était une expo du
vitra design museum, en Allemagne je crois. C'était marrant, l’histoire des petites inventions qui ont
révolutionné le monde comme le sachet de thé, le post-it, le crayon. Quand je suis sortie, il y avait
une manif (c'est la saison apparemment) sur une place devant une église. Une centaine de personnes
étaient regroupées et criaient quelque chose pour la démocratie. Je n'ai pas bien compris ce qu'ils
attendaient là, car ils sont restés en tout cas une demi-heure et il ne s'est rien passé d'autre.
Finalement, je suis allé m'acheter à manger dans un magasin diététique. J'ai trouvé une salade de
quinoa, un vrai bonheur, depuis le temps que je n'en avais plus mangé. Quand on est habitué à
manger des "petites graines" comme dit Arnaud, c'est un peu lassant de ne manger que du pain et du
riz... Mais je n'avais toujours pas de couverts. Heureusement, il y avait un bazar chinois près de
l'hôtel! Je suis entrée et j'ai été impressionnée par tout ce qu'il était possible d'entasser sur un petit
espace. Franchement, je me demande comment le vendeur peut savoir quand il manque quelque
chose dans son assortiment, un tel fouillis, c'est impressionnant. Et bien sûr, j'ai trouvé une
fourchette et une cuillère. Le vendeur m'a demandé si je n'en voulais pas plus d'un exemplaire, mais
je lui ai répondu que ça me suffisait, ce qui l'a fait beaucoup rire, j'ignore pourquoi... Pour 1 euro 50
j'avais de quoi manger dignement.
Toujours sur le Cami del Cavalls
La nécropole de Cala Morell
Jour 11
J'ai commencé la journée par un excellent bol de céréales au yogourt que j'ai dégusté avec une
cuillère en métal. Ce dernier point gâche un peu le charme d'un vrai petit-déjeuner à la bonne
franquette, mais bon, il faut se mettre aux mœurs locales...
Ensuite départ pour le sud à vélo. Il faisait très beau et chaud. Le tour sélectionné était indiqué d'une
durée d'1h30, mais après mon expérience du jour précédent, j'avais prévu de quadruplé le temps
indiqué. Pour ceux qui apprécient le vtt je ne peux que recommander cette île. Le « cami del cavalls »
est ce parcours hippocyclopédestre qui fait le tour de l'île et dont j'avais déjà emprunté un trançon le
jour d’avant. Eh bien il est plus pédestre que cyclo. Les petits chemins hélvétiques de vtt de suisse-
mobile c'est pour les gros nuls à côté de ça! La plupart des tronçons sont recouverts de pierres voire
de roches et franchement non cyclables. Quoiqu’avec un vtt de pro tout suspendu, c'est possible. En
effet, j'ai vu un cycliste me doubler et disparaître à l’horizon comme s’il roulait sur une piste de
course. A part ces désagréments techniques, les paysages sont splendides, mais je devais tellement
me concentrer pour éviter le maximum de pierres que je n'ai pas profité autant que je l’aurai voulu.
Sur le chemin du retour, dans les terres, j’ai vu qu’à tous les coins de champs se tenaient des petites
constructions de pierres sèches construite en colimaçon. Je n’ai jamais réussi à comprendre à quoi ça
servait, mais j’ai découvert après quelques recherches sur internet que cela s’appelle « pont de
bestia », abri pour animal. Comme son nom l’indique, cela devrait servir de refuge pour le bétail.
Curieusement, je n’ai jamais vu de bétail dans ces champs.
À ma grande stupéfaction, je suis malgré tout arrivée entière au bout, c'est à dire de retour à
Ciutadella (mais j'ai de nouveau fait quelques km en poussant le vélo) et je n'ai mis que 4h40. Pff,
une petite promenade de santé.
J'avais un peu la dalle, donc je me suis restaurée avec une salade du magasin diététique. Un mélange
de lentilles, riz complet, tofu, algues, huile d'olive...et attention, c'était indiqué sur l'emballage que ce
repas était un « plat complet » , suivant les préceptes de l'alimentation méditerranéenne et
apportant « équilibre et harmonie ». En plus, je l'ai mangé avec une fourchette, alors je ne vous dis
pas, j'ai presque atteint le nirvana.
J'ai retrouvé mon vélo et j'étais prête pour rouler jusqu'à la pointe nord, la Punta Nati. Le chemin
était facile pour une fois, ça allait tout droit et c'était asphalté, sauf les derniers 200m qui étaient
caillouteux. Sur le chemin, j'ai pu confirmer que mon guide Lonely Planet disait vrai en affirmant qu'il
y a 70’000 km de murs de pierres sèches sur Minorque. Je croyais qu'il s'était trompé d'un « 0 » ou
deux, mais en voyant le paysage couvert de pierres, autant dans les champs que sur les murs qui
ceignent les terrains, je me suis rendu à l'évidence, l'île n'est qu'un tas de pierres. Je n’en avais jamais
vu autant, c’était impressionnant. Une fois arrivée, j’ai fait le tour du phare après avoir déposé mon
vélo contre un muret et je me suis assise un moment pour débuter l'écriture de mon message du
jour. Au moment de repartir, que vois-je? Mon pneu arrière avait rendu l'âme. Ce que je craignais
avait fini par arriver. Je me suis juste étonnée du fait qu’après toutes les pierres et les chemins
inroulables sur lesquels j’avais passé, mon pneu ait crevé sur une route en bonne état.
Poisse...n'ayant pas 50 solutions, je me mets en marche pour rentrer en poussant le vélo. En ville, j’ai
repassé au magasin de vélo. Le vendeur n'avait pas l'air franchement étonné et il m'a donné un autre
vélo. Enfin, le même mais avec deux roues fonctionnelles. J'ai espéré que la selle serait plus
confortable mais les miracles ne sont pas si fréquents que ça non plus...j'ai un peu honte de le dire,
mais cette selle pourrie m'a provoqué une espèce d'inflammation cutanée fessière pas très agréable.
C'était bien la première fois qu'une telle chose m'arrivait. Dorénavant, j'emporterai ma selle en
vacances, elle aussi elle a droit de voir le monde! Bon, les vélos de ce vendeur ne sont pas brillants,
mais par contre, il n'est pas trop difficile et ne m’a même pas fait payé quoique ce soit pour mes
petits accidents de vélo.
Après ça j'espérais encore aller à la plage. Donc j’ai repris la route et suis arrivée à une jolie petite
plage. Bizarrement il n'y avait personne dans l'eau...je me change quand même et m'approche de
l'eau quand je vois des choses rouges flotter. Hum, la plage était également jonchée de tas
visqueux...Comme je ne rêve pas de nager avec les méduses, je me suis rhabillée déçue et suis
répartie. Pas de plage pour aujourd'hui non plus. Ça faisait déjà 3 jours, j'ai espèré que le lendemain
n'allongerait pas la série.
Ensuite retour à l'hôtel et souper. En ville, il y avait de nouveau la même manif. Tout le monde était
habillé en noir et criait mais il n'y avait toujours pas de banderoles ou quoique ce soit qui aurait pu
m’indiquer le but de cet événement.
J’ai évité de justesse la tarte ! Non, c’est un trompe-l’œil. Notez qu’il porte des « avarcas », les
chaussures minorquines typiques, en cuir et disponibles à l’achat absolument partout, et pour tous
les goûts !
Jour 12
Le matin, j'ai visité des coins de Ciutadella que je n'avais pas encore vu, comme une tour de garde à
l’entrée du port. Puis j'ai pris le bus pour Cala Galdana. De là-bas, j'ai marché 3h jusqu'à une station
balnéaire, San Thomas. Sur le chemin, j'ai croisé une belle plage et j'en ai profité pour me baigner
afin de ne pas faire la même erreur que le jour précédent et de manquer ma baignade quotidienne.
C'était beau mais il n'y avait pas beaucoup de poissons...par contre des belles falaises qui servaient
de plongeoirs à certains jeunes téméraires. Sur le chemin jusqu'à la station balnéaire, j'ai passé sur
une plage mixte (vêtus et nudistes), ce qui était assez original mais comme j'avais déjà pris un bain, je
ne me suis pas arrêtée cette fois. J'ai regretté...j'aurai sûrement vu des poissons d'un autre genre.
Une fois arrivée et comme c'était une journée de repos, je me suis arrêtée dans un café sur la plage
pour manger. J'ai pris un avocat avec des crevettes. Un petit repas très léger que j’ai digérer en lisant
un peu. Je n'ai pas trouvé de livre (les librairies ne courent pas les rues en Espagne) mais j'avais
Migros Magazine qu'Arnaud avait eu la gentillesse de m'apporter. J'adore Migros Magazine, ça me
donne juste de quoi rester au fait des modes en Romandie et permet de découvrir des inconnus
intéressants comme Matthias Reynardt où le Père Noël en fin d'année. J’ai aussi appris que boire son
urine était un moyen thérapeutique pour certaines personnes. Je ne suis pas encore convaincue de la
méthode au point de la prescrire… Finalement, comme j'étais de nouveau en pleine forme, j'ai
marché encore quelques km jusqu'à une autre station balnéaire, Son Bou. Ce village était constitué
uniquement d’appartement de vacances et d’un gros immeuble moche d’au moins 300 chambres en
guise d'hôtel. Il était déjà 18h et je voulais dormir ailleurs, mais j'aurai dû attendre le bus pour
Mahon et me trouver un hôtel là-bas. J'ai donc décidé de tout essayer et après l'agrotouristique de
luxe, j'ai pris une chambre à l'usine de touristes de plage. Il faut savoir que d'habitude, je fais plutôt
les auberges de jeunesse et les chambres d'hôtes, mais ça n'existe pas trop en Espagne. Pourtant
avec la crise, il y aurait de quoi se faire un peu d'argent en ouvrant une chambre d'hôte. Revenons-en
à mon hôtel 3 étoiles. Ma chambre coûtait à cette période 53.93 euros (c'est les 3 centimes surtout
qui comptent) et dès le 1er octobre, elle ne vaudra plus que 29 euros ai-je vu sur la liste de prix. En
août, elle vaut plus de 100 euros. C'est fou, non? La réceptionniste s'est tout de même excusée car il
n'y avait plus de chambre simple, donc elle a dû me mettre dans une chambre double avec vue sur la
mer. C'est dur, mais comme je suis généreuse, je lui ai pardonné assez vite. Je suis retournée me
baigner (c'était juste pour tester l'eau, pas pour profiter de cette belle eau cristalline et chaude
lavant une plage de sable blanc) avant d'aller faire la tournée des supermarchés pour mon souper.
Malheureusement, je n'ai rien trouvé de fantastique. Les supermarchés du coin vendent plus de
matériel de plage et de magazines que de nourriture. Je suis donc entrée dans un restaurant, mais il
n'y avait plus de place. À court de possibilité, je me suis décidée à pousser l'esprit touristes
balnéaires jusqu'au bout et j'ai commandé une pizza à l'emporter. De façon surprenante, dans ce
pays il y a des pizzerias absolument partout. C'était la première fois que je faisais ça, et puis comme
ça entre l'avocat sauce cocktail de tout à l'heure et la pizza, j'ai fait ma journée "légèreté et bien
tassé" après "équilibre et harmonie" d'hier. Après m’être bien empiffrée, j’ai fini d’écrire ma
newsletter et je suis resortie dans la rue. Il n’y avait pas de connexion wifi à l’hôtel mais j’avais trouvé
un spot devant le restaurant qui m’avait refusé et qui avait eu la bonne idée de ne pas verrouillé son
accès wifi.
A chaque fin d’étape du cami del cavalls, il y a un de ces panneaux qui décrit la suite du chemin avec
le dénivelé (attention les unités de l’échelle verticale font 20 mètres !)…
Les plongeurs de Cala Galdana : si vous regardez (très) attentivement vous voyez un petit
attroupement sur une falaise au milieu de la photo et un homme en chute libre juste à l’entrée de la
caverne.
Mon portrait avec mon look de grande aventurière. Je l'ai faite en arrivant dans ma chambre, avec
tout mon équipement du voyage sur moi.
Jour 13
La nuit dans l'usine de touriste était calme et le seul bruit que j'entendais était celui des vagues. Le
petit-déjeuner était digne du lieu, puisque nous avions droit à un buffet immense avec la possibilité à
mon avis de faire en même temps le dîner et le souper : il y avait tout ce qui est généralement offert
pour un petit-déjeuner continental et britannique et en plus des légumes cuits, des frites, de la
viande...des odeurs agréables quand on vient de se lever! Il y avait aussi des churros. Je n’avais
jamais goûté ça, mais m’était souvent demandé ce que c’était. J’en ai donc profité pour découvrir cet
aliment. Et comme nous sommes nombreux, il faut que ça tourne. Donc surtout, il ne faut pas
prévoire de faire un deuxième passage au buffet, parce que si tôt qu'une place est inhabitée, les
serveuses débarrassent le tout et mettent des nouveaux couverts, même s'il y a encore à manger
dans votre assiette ou si vous laissez un habit pour marquer votre retour prochain. Même votre mari
encore attablé ne suffit pas à détourner la serveuse de son objectif « zéro trace ». J'ai donc moi-
même été débarrassée puisque je n'avais pas eu assez d'un bol de céréales et m'en suis servie un
deuxième. En réalité, ça ne m’a pas dérangé car elles ont ainsi emmené les ¾ du churros qui restait
sur mon assiette. Je ne me suis malheureusement pas découverte beaucoup d’affinité pour ce met…
La suite fut une journée assez stressante car j'ai dû prendre plusieurs bus et les horaires ne sont pas
très précis. On dispose de l'heure de départ au bout de la ligne du bus, mais on ne connaît ni les
arrêts, ni l'heure à laquelle il passe là où on l'attend. C'est un stress épuisant quand ça devient
chronique, j'espère que vous me plaignez beaucoup de telles difficultés vacancières.
Je me suis rendu à Es Mercadal et j’ai grimpé sur la plus haute montagne de l'île, ce qui est très
impressionnant et m'a fait regretter de ne pas avoir pris mes chaussures à crampons car elle culmine
tout de même à 357m. La vue était belle et dégagée. A ma grande surprise, car je pensais ne rien
trouver sur ce sommet, il y avait un magasin qui vendait des souvenirs et du fromage local. Les
Minorquins sont très fiers de leur fromage qui était déjà importé par les maures et qui bénéficie
d'une AOC. C'est du sérieux. J'en ai goûté et c'est vrai qu'il est très bon. Et ils en vendent partout,
déjà sur le ferry ils proposaient une offre spéciale.
J'ai ensuite continué en bus jusqu'à une plage à quelques km, Cala Tirant. De là-bas, je suis partie à
pied pour rejoindre un écomusée, qui comme son nom l'indique en partie, traite de l'écosystème
minorquin. J'ai marché un peu plus d'une heure jusqu'à ce que je rencontre des gens qui m'ont
annoncé que le musée était fermé depuis l'an dernier. Pfff, pourtant il est indiqué dans le guide
officiel de l'île 2013-2014 que j’ai reçu dans mon usine à touristes. Au moins j'aurai vu le paysage et
un phare magnifiques, ça valait quand même le détour. Sans compter le passage sur une grande
plage remplie de méduses échouées qui m’ont fait penser à des prothèses mammaires. Je pourrai
peindre ça et créer un nouveau courant de surréalisme médical. Une idée à creuser. J'ai rebroussé
chemin jusqu'à Fornells, un port déjà à moitié mort vu que la majorité des magasins pour touristes
étaient fermés. Finalement, j'ai repris le bus pour rejoindre Mahon et y dormir. C'est de cette ville
que vient la recette de la mahonnaise...mayonnaise! Eh oui.
Eh bien je ne sais pas si vous allez me croire, mais je suis fatiguée. Pour ceux qui l’ignorent, avant de
partir en Espagne j'ai fait un petit échauffement dans les grisons pendant 4 jours. Je m'y plaisais tant
que j'ai marché 80km sans trop m'en rendre compte. En ajoutant toutes mes pérégrinations
espagnoles, je commence à ressentir une petite fatigue. Comme quoi, il m'en faut peu! ;-)
Sur ce, j'ai trouvé un petit hôtel au centre-ville et suis allée me trouver à manger avant d'aller dormir.
Jour 14
Ce matin-là, j'étais vraiment fatiguée et j'avais envie de rentrer à Lausanne pour me reposer. Vu que
cette idée me paraissait franchement absurde, je suis quand même restée en vacances mais je n'ai
pas bougé autant que d'habitude. Je suis d'abord allée me chercher à manger pour mon petit
déjeuner. J'ai même trouvé une mini pastèque. Depuis le temps que je cherchais un petit morceau
que je puisse manger seule en une fois! Je l'ai gardée pour le soir, quand je serai déshydratée. Le seul
ennui est que je n'avais pas de couteau pour l'ouvrir. Mais bon, avec une fourchette et un peu de
doigté c’était possible aussi. Et au moins, je ne risquais pas de m'entailler un doigt!
Je fais une petite digression pour vous raconter un joyeux épisode. J'étais avec Arnaud et nous
préparions une salade de fruits pour la venue de mon frère et de ma belle-soeur. Je m'attaque à la
pastèque avec un beau couteau...mais finalement s'est plutôt la pastèque qui m'a attaquée. En effet
j'ai dérapé sur l'écorce et shlack! Un pouce à zéro pour la pastèque! Arnaud me demande s'il peut
m'apporter un sparadrap, mais je lui réponds qu'il pourrait plutôt me conduire à la clinique
Longeraie. Après avoir bien enroulé mon doigt dans un mouchoir, en route pour Longeraie. C'était un
samedi en fin d'après-midi, heureusement nous n'avons pas attendu plus d'une heure. Ma consœur à
confirmer ma crainte, le lit de l'ongle étant sectionné, mieux valait arracher une partie de l'ongle
pour recoudre. Pendant l'intervention, Arnaud est retourné finir la préparation du repas puis il est
revenu me chercher. Ayant compris que j'étais dans le domaine, ma consœur m'a dit que je pouvais
refaire les futurs pansements moi-même et qu'il était inutile de revenir à la clinique. Elle m'a prescrit
le matériel et adios! Avec quelque minutes de retard, nous étions prêts pour recevoir nos invités
comme si de rien n'était. La classe, hein? Ce qui le fut moins c'est, quand, 2 jours plus tard, vint le
moment de refaire le pansement. J'ai eu la bonne idée de faire ça à l'hôpital pendant une pause. Je
m'installe dans une salle d'examen et commence à déballer mon pouce. Il était tout enflé et violet,
genre aubergine miniature. Ça m'a déjà fait un petit choc. En plus le pansement était bien collé dans
tout ce qui avait suinté et décoller le tout ne fut pas indolore. Je commençais à avoir un peu la
nausée. Puis j’ai baigné mon pouce dans du désinfectant et j’ai commencé à avoir mal au ventre.
Finalement, j'allais refaire mon pansement quand ma vision s’est voilée et que j’ai enfin compris que
j'avais un malaise vagal. J'ai juste eu le temps de m'allonger sur le lit situé à 20 cm de moi avant de
tomber dans les pommes. Vu que j'ai mis un moment à m'en remettre, j'ai en plus loupé le colloque
du jour. Ça a bien fait marrer mes collègues qui m'ont ressorti cette bonne blague jusqu'à la fin de
mon stage. Bon, ils m'ont aussi proposé de faire mon pansement les fois suivantes, proposition que
j'ai joyeusement accepté !
Donc revenons-en à ma journée. J'ai gagné Binibeca, en bus puis à pied, qui était censé être un
magnifique village selon Lonely Planet. Or ce n'était rien de plus qu'une sorte d'attrape-touristes
géant. Je fus un peu déçue. Mais sur le chemin j'ai rencontré trois ânes sympas qui avaient très envie
que je leur donne de l'herbe parce qu'ils n'avaient plus un brin à brouter sur leur terrain. Je n'ai pas
pu m'en empêcher. Je ne me suis pas attardé à Binibeca et me suis mise en route pour Punta Prima.
Sur le chemin je me suis arrêtée pour manger une tortilla de patata. J'ai causé un peu avec le serveur
(en anglais) qui m'a dit que pour travailler il fallait savoir l'allemand et l'anglais. Mais que en plus
maintenant il y a avait aussi pas mal de Français et des Russes qui commençaient à venir, donc il
essayait d'apprendre quelques bases. Je lui ai répondu que c'était aux touristes d'apprendre
quelques bases d'espagnol mais il a rétorqué que l'Espagnol était une langue difficile. J'ai nié le fait et
il m'a alors demandé si je savais un peu l'Espagnol. J'ai switche en castillan et lui ai dit que ce n'était
vraiment pas une langue difficile et que je l'apprenais depuis 1 année. Il a été impressionné, surtout
quand il a vu que je lisais un livre en espagnol. Au moment de partir, il voulait absolument m'offrir un
verre de liqueur, j'ai refusé, alors il m'a proposé du vin...ou un café. Je lui ai dit que c'était peine
perdue car je ne buvais que de l'eau. Il m'a finalement ramené une bouteille d'eau et avant de
l'ouvrir il me demande: « ou peut-être un whisky? ». Ça m'a bien fait rire.
J'ai marché encore jusqu'à la plage où j'ai nagé un peu et lu une heure. Dans un supermarché de Son
Bou, entre Marc Lévy et Dan Brown, j'ai déniché un Paulo Coehlo traduit en espagnol. Je n'avais
jamais lu de livre de cet auteur donc j'ai essayé. Il s'appelle « Valquirias ». C'est l'histoire de Paulo et
sa femme qui vont dans le désert du Mojave pour voir leur ange gardien. C'est assez particulier mais
c'est divertissant.
À 18h, j'ai repris le bus pour Mahon où j'ai fait encore quelques achats pour mon souper et mon
petit-déjeuner du lendemain.
Des jolis ânes dans un champ désertiques. Leur aura mystique vient de la crème solaire dont j’avais
malencontreusement tartiné mon objectif.
Juste avant Punta Prima
Jour 15
La journée fut longue!
Le matin, je me suis d'abord rendue à pied sur un site préhistorique. Minorque à la plus forte densité
de ruines talayotiques des Baléares. Ainsi se nomme la civilisation qui habitait la en -1500 av. J-C. Ces
sites n'étant pas desservis par transport publiques, je n'avais pas eu l'occasion d'en voir jusqu'à
maintenant. Mais celui-ci, Trepuco, n'était qu'à 2 km de Mahon, donc accessible à pied. Déjà à
l'époque, il y avait des pierres sur l’ile et la peuplade avait donc construit son village entièrement en
pierre sèche. Comme les pierres résistent assez bien au temps, il y des constructions encore bien
visibles.
Après ça, j'ai rebroussé chemin en m'arrêtant pour visiter un cimetière. Sur le côté du cimetière, il y
avait une habitation avec un très joli jardin, une volière de perruches et un perroquet. Ca donnait
envie de s’installer ! Le cimetière était moins beau, il y avait presque uniquement des tombeaux
familiaux. Je préfère les cimetières sauvages d’Angleterre. De retour à Mahon, je suis allée au musée
de Minorque. J'en ai appris plus sur les Talayotes et les vagues d'invasions successives jusqu'à nos
jours (ne manquent que les Allemands). C'était très intéressant. Les Talayotes étaient pacifiques et
vivaient de l'agriculture et de l'élevage de chèvres principalement. Ce devait être assez tranquille
comme vie, pas d'ennemis humains, pas de bêtes sauvages dangereuses. Leur seul stress devait être
d'avoir assez à manger. La nature tout autour d'eux...je crois que ça m'aurait assez plu. Bon
évidemment, j'approcherai actuellement de ma date de péremption, mais bon, c'eut été une belle
vie. Je crois que j'aurai bien aimé m'occuper des animaux et faire des pots en terre cuite. Bref.
Revenons aux temps modernes. Il était alors 13h et je voulais encore visiter la forteresse de Mahon,
la Mola. Problème, elle se situe a 7km et n'est pas desservie par les bus. Le seul moyen d'y aller et
donc en voiture où en taxi. J'ai demandé à l'office du tourisme s'il était possible d'y aller en vélo de
location. L'employée m'a gentiment donné des adresses, également pour louer un scooter. En fait,
toutes ses adresses n'étaient que des locations de voitures, de motos et de scooters. J'ai donc
abandonné l'idée de visiter la forteresse et ai erré dans la ville déserte (c’était dimanche) pendant 2h.
À 15h je suis allée à la station maritime pour prendre mon billet de ferry pour Valencia. Je prenais la
mer à 17h. Ne me restait qu'à attendre jusque-là. J'arriverai le lendemain à 8h. Et la nuit allait être
longue aussi, puisque je ne m’étais pas payé la cabine à 240 euros mais seulement le siège pour 75.
Je n’avais jamais fait ça donc j'ai pensé qu'il fallait bien essayer une fois. À 16h30, un petit bus est
venu nous chercher (les passagers à pied) et nous a amené sur le ferry, et quand je dis « sur »,
j'entends qu'il est monté sur le ferry et nous a déposé sur le pont des voitures. Moi qui pensais
monter à pied comme sur le précédent.
Nous sommes sortis de ce port naturel (un des plus longs du monde je crois) en 35 minutes. Nous
sommes passés devant la forteresse. Je l'aurai au moins vue de loin et ensuite j’ai attendu que le
temps passe...J’espérais qu’au moins on diffuserait un film niais comme « Percy Jackson », mais ce ne
fut même pas le cas. Il y avait une cafétéria avec la musique à fond qui m'a fait fuir, et le self-service
qui était fermé (j’étais désespérée, je mourrais de faim) où il n'y a que la télévision qui tournait avec
tous les vrais espagnols du bateau qui regardaient un match de foot. Je me réjouissais de passer la
nuit là!