Académie d’Orléans –Tours Université François-Rabelais
FACULTE DE MEDECINE DE TOURS Année 2013 - 2014 N°
Thèse
pour le
DOCTORAT EN MEDECINE
Diplôme d’Etat
Par
Olivier VILLEJOUBERT Né le 11 juillet 1983 à Saint Doulchard
Présentée et soutenue publiquement le 29 octobre 2014
CAUSES DE DÉCÈS ET FACTEURS PRÉDICTIFS
PARMI UNE POPULATION DE PATIENTS NON SÉLECTIONNÉS
AVEC FIBRILLATION ATRIALE
Jury Président de Jury : Monsieur le Professeur Pierre COSNAY Membres du jury : Monsieur le Professeur Denis ANGOULVANT Monsieur le Professeur Dominique BABUTY
Monsieur le Professeur Laurent FAUCHIER
CAUSES DE DÉCÈS ET FACTEURS PRÉDICTIFS PARMI UNE POPULATION DE PATIENTS NON SÉLECTIONNÉS AVEC FIBRILLATION ATRIALE
-
Introduction - La fibrillation atriale (FA) est associée à un surrisque de mortalité. Cependant,
les causes de décès des patients atteints ainsi que leurs facteurs prédictifs sont à ce jour très
mal connus.
Méthode - Nous avons observé l’évolution clinique de 8962 patients avec FA ou flutter atrial
pris en charge au sein de notre institution entre 2000 et 2010 et en avons recensé les causes de
décès.
Résultats – Parmi les 8962 patients de notre cohorte, nous avons recensé 1253 décès avec
leur cause au cours d’un suivi de 929 ± 1082 jours. Les décès cardiovasculaires représentaient
54% et les non cardiovasculaires 43%. Les trois principales causes de décès étaient
l’insuffisance cardiaque terminale (29%), l’infection (18%) et le cancer (12%). Les accidents
vasculaires cérébraux (AVC) ischémiques ou les hémorragies fataux représentaient chacun
7%. En analyse multivariée, la prescription d’anti-vitamine K (AVK) était indépendamment
associée à une réduction du risque de mortalité totale (HR : 0.62 ; IC 95% : 0.54-0.71 ; p <
0.0001). De même, la FA permanente, un antécédent d’insuffisance cardiaque ou
d’hémorragie majeure et l’insuffisance rénale étaient indépendamment liés à un surrisque de
mortalité totale (respectivement 35%, 78%, 42% et 79%), de mortalité cardiovasculaire
(respectivement 43%, 129%, 46% et 93%) et de mortalité non cardiovasculaire
(respectivement 21%, 45%, 40% et 50%).
Conclusion - Quoique la prévention du risque thromboembolique artériel ait fait de
considérables progrès ces dix dernières années, l’optimisation de la prise en charge de la
cardiopathie sous-jacente et des comorbidités auxquelles elle est associée pourrait être une
cible thérapeutique pertinente pour réduire la mortalité toutes causes au sein de cette
population.
Mots clés : accident vasculaire cérébral ischémique, anti-vitamine K, fibrillation atriale,
insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, mortalité
CAUSES OF DEATH AND INFLUENCING FACTORS IN UNSELECTED
PATIENTS WITH ATRIAL FIBRILLATION. A COHORT STUDY FROM « LOIRE
VALLEY ATRIAL FIBRILLATION PROJECT »
-
Introduction - Atrial fibrillation (AF) is associated with a higher mortality, however, their
causes of death of patients and their predictors have not been describe.
Methods - We examined the clinical course of 8962 consecutive patients with AF and/or
atrial flutter seen between 2000-2010 and we identified their causes of death.
Results - During a follow-up of 929 ± 1082 days, 1253 causes of death were recorded.
Cardiovascular deaths accounted for 54% and 43% for non-cardiovascular. The three main
causes of death were heart failure (29%), infection (18%) and cancer (12%). Fatal stroke or
fatal bleeding each accounted for 7% for all deaths. In multivariate analysis, the prescription
of vitamin K antagonist (VKA) was independently associated with a lower risk of all-cause
mortality (HR: 0.62, 95% CI: 0.54-0.71, p <0.0001). Similarly, permanent AF, previous heart
failure or major bleeding and renal failure were independently associated with an increase in
the risk of all cause mortality (35%, 78%, 42% and 79%), of cardiovascular mortality (43%,
129%, 46% and 93%) and non-cardiovascular mortality (21%, 45%, 40% and 50%).
Conclusion - While the prevention of thromboembolic risk significantly improved over the
past decade, the optimization of the management of the underlying heart disease and
associated comorbidities could be a relevant therapeutic target to reduce total mortality in this
population.
Key words : atrial fibrillation, heart failure, kidney disease, mortality, stroke, vitamine K
antagonist
1er octobre 2014
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CHARGES D’ENSEIGNEMENT
Pour la Faculté de Médecine Mme BIRMELE Béatrice ............................... Praticien Hospitalier (éthique médicale)M. BOULAIN Thierry ................................. Praticien Hospitalier (CSCT)Mme CRINIERE Lise .................................... Praticien Hospitalier (endocrinologie)M. GAROT Denis ...................................... Praticien Hospitalier (sémiologie) Mmes MAGNAN Julie ..................................... Praticien Hospitalier (sémiologie) MERCIER Emmanuelle ....................... Praticien Hospitalier (CSCT)
Pour l’Ecole d’Orthophonie Mme DELORE Claire ................................... Orthophoniste MM. GOUIN Jean-Marie .............................. Praticien Hospitalier MONDON Karl ..................................... Praticien Hospitalier Mme PERRIER Danièle ................................ Orthophoniste
Pour l’Ecole d’Orthoptie Mme LALA Emmanuelle ............................... Praticien Hospitalier M. MAJZOUB Samuel............................... Praticien Hospitalier
SERMENT D’HIPPOCRATE
En présence des Maîtres de cette Faculté,
de mes chers condisciples et selon la tradition d’Hippocrate,
je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l’exercice de la Médecine.
Je donnerai mes soins gratuits à l’indigent,
et n’exigerai jamais un salaire au-dessus de mon travail.
Admis dans l’intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s’y passe, ma langue taira
les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.
Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres,
je rendrai à leurs enfants l’instruction que j’ai reçue de leurs pères.
Que les hommes m’accordent leur estime
si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert d’opprobre
et méprisé de mes confrères si j’y manque.
À mes Maîtres et Juges
Monsieur le Professeur Pierre COSNAY
Professeur des Universités
Praticien Hospitalier
Vous me faites l’honneur d’accepter de présider cette thèse et de juger ce travail. Votre
érudition, votre connaissance fascinante de la Médecine et votre humanité ont été un moteur
de mon apprentissage. Veuillez trouver ici le témoignage de mon profond respect.
Monsieur le Professeur Denis ANGOULVANT
Professeur des Universités
Praticien Hospitalier
Vous me faites l’honneur de juger ce travail. Votre passion pour la recherche et votre volonté
de la partager m’ont permis de découvrir, au travers de l’année de Master 2, le monde si
stimulant des équipes de recherche. Merci d’avoir été à l’origine de cette expérience si
enrichissante. Veuillez trouver ici la marque de ma profonde reconnaissance.
Monsieur le Professeur Dominique BABUTY
Professeur des Universités
Praticien Hospitalier
Vous me faites l’honneur d’accepter de juger ce travail. Votre dynamisme, votre vivacité
d’esprit et votre franc parlé ont été une source d’admiration au cours de mon cursus. Merci
pour votre grande disponibilité et votre enseignement. Veuillez trouver ici la marque de mon
plus grand respect.
À mon Maître et Directeur de Thèse
Monsieur le Professeur Laurent FAUCHIER
Professeur des Universités
Praticien Hospitalier
Tu m’as fait l’honneur d’accepter de diriger ce travail. Ta connaissance pointue de la
littérature scientifique, ton sens clinique, la clarté de ton enseignement et ton exigence m’ont
permis de progresser tout au long de mon internat. Merci pour tes conseils, ton indulgence et
ta grande disponibilité. Veuille trouver ici le témoignage de ma de ma profonde
reconnaissance.
À Papa et Maman, pour votre amour, votre bienveillance, votre éducation et pour
l’admiration que vous suscitez chez moi. Je mesure la chance que j’ai de vous avoir pour
parents.
À Hugues, Pierre, Charles et Maxence, mes merveilleux frangins.
À mon Toune, bien que tu les aies plus de quatre fois, ton regard et ton esprit ont toujours 20
ans !
À ma chère Tante pour sa relecture et ses conseils de syntaxe plus que nécessaires…
À Edouard & Joyce, Jacquot & Anne-Laure, Erwan, Greg & Gigi, Mimi & Vigo, Baloo &
Capuchon, Etienne & Aurélie pour votre amitié si précieuse et à laquelle je tiens tant. Puissent
nos diners interminables, nos dégustations interminables, nos parties de tarot et de
backgammon interminables et nos litanies de blagues interminables ne jamais se terminer.
À Edouard pour ce merveilleux Mallet-Finger et pour ces années si pénibles passées à tes
côtés ; à Agnès pour tellement de choses que ça deviendrait gênant, à Nicolas pour ton
immense disponibilité et pour tout ce que tu m’as appris, à Lauriane pour ta patience
angélique, à Sophie pour toutes ces gardes si formatrices, à l’affreux Docteur Perault pour ses
avis référent vasculaire, au bon Docteur Bailleul pour ce semestre de collocation au beau
milieu de la jungle Orléanaise et cette découverte du carnaval de Dunkerque, au Docteur
Charbonnette pour son excentricité capillaire ; à Yann, Guillaume, Cécile, Nazih, Blandine &
Prosper, Clémence, Clémentine, Thibault, Walid et Coralie.
À l’immarcescible Viviane, pour votre bienveillance quasi maternelle et votre façon
incroyable de raccrocher votre téléphone.
Aux secrétaires, infirmières, aides-soignantes et ASH d’USCI, de cardio B et ma chère
Florence, pour tout ce que j’ai appris à vos côtés. Merci de m’avoir supporté !
À Annie, parceque tu es là et que ça, c’est vraiment sympa !
Au Docteur Romain Cador et à toute l’équipe médicale et paramédicale du service de
cardiologie de l’hopital Saint Joseph ; je suis ravi d’intégrer votre équipe !
Au Docteur Serge Cazeau, je suis impatient et très fier d’apprendre la stimulation à vos côtés.
Au Docteur Rodolphe FISCHMEISTER, au Professeur Ana-Maria GOMEZ et à toute
l’équipe de l’unité Inserm U-769 pour cette année si formatrice et enrichissante à tant de point
de vue passée au sein de votre laboratoire.
13
Abréviations et acronymes :
AVC : accident vasculaire cérébral
AVK : anti-vitamine K
AAP : antiagrégant plaquettaire
BARC : Bleeding Academic Research Consortium
CHA2DS2-VASc: Rapportent 2 points un antécédent d’évènement thrombo-embolique artériel
ou un âge supérieur à 75 ans. Rapportent 1 point : un antécédent d’insuffisance cardiaque
congestive, d’hypertension artérielle, de diabète, maladie vasculaire (antécédent d’infarctus
myocardique, plaque aortique complexe, et maladie artérielle périphérique), un âge compris
entre 65 et 75 ans et le sexe féminin
FA : fibrillation atriale
FeVG : fraction d’éjection ventriculaire gauche
HASBLED : 1 point pour chaque item parmi un antécédent d’hypertension artérielle avec
PA>160 mm Hg, d’insuffisance rénale, d’insuffisance hépatique, d’infarctus cérébral,
d’hémorragie, d’INR labiles, un âge supérieur à 65 ans, la coprescription de molécules
pouvant interagir avec les AVK ou l’éthylisme
INR, Elderly (age > 65 years), Drugs and/or alcohol
HR : hasard ratio
IC : intervalle de confiance
INR : international normalized ratio
PAS : pression artérielle systolique
SAMe TT2R2 score : Rapportent 1 point : le sexe féminin, l’âge inférieur à 60 ans,
l’association de deux comorbidités associées (parmi : l’hypertension artérielle, le diabète,
l’existence d’une coronaropathie ou d’une artériopathie périphérique, un antécédent
d’insuffisance cardiaque congestive, un antécédent d’infarctus cérébral ou d’accident
ischémique transitoire, une pathologie pulmonaire, une pathologie hépatique, une pathologie
rénale) et le choix de la stratégie de contrôle du rythme (en particulier la prescription
d’AMIODARONE). Rapportent 2 points les items de tabagisme actif et de sujet non
caucasien.
14
INTRODUCTION
La fibrillation atriale (FA) est l’arythmie soutenue la plus fréquente dans les pays occidentaux
(prévalence 1,5-2%)[1]. Le nombre de sujets atteints étant en perpétuelle augmentation, sa
prise en charge est un défi cardiovasculaire majeur aussi bien d’un point de vue médical pur
que d’un point de vue socio-économique[2–4].
Outre le retentissement réel qu’elle a sur la qualité de vie des patients, la FA les expose à un
surrisque de morbi-mortalité important. Les stratégies de réduction de la mortalité au sein de
cette population passent aujourd’hui essentiellement par la prévention du risque
thromboembolique artériel associé. De réels progrès sur la réduction de ce risque ont été faits
ces dix dernières années, par l’avènement de scores prédictifs simples (CHADS2 puis
CHA2DS2-VASc)[5–8] visant à simplifier l’indication à la mise sous traitement anti-
thrombotique au long cours, puis plus récemment, par le développement des anticoagulants
oraux directs (APIXABAN, DABIGATRAN et RIVAROXABAN), plus simples à utiliser et
au moins aussi efficaces que les antivitamines K[9–11]. Ces progrès ont ainsi permis la
l’amélioration de la prise en charge au sein de cette population.
Néanmoins, les patients avec FA ont également fréquemment plusieurs facteurs de risque
cardiovasculaire, une cardiopathie sous-jacente ou des comorbidités associées qui augmentent
leur mortalité[3,4,12–14]. Ainsi, outre le risque d’hémorragie fatale auquel elle expose par le
traitement anti-thrombotique, les causes de décès des patients avec FA sont mal connues à ce
jour[15]. L’identification de ces causes et de leurs facteurs prédictifs est fondamentale afin de
définir de nouvelle cible thérapeutique et ainsi réduire la mortalité totale au sein de cette
population.
Ce travail a pour objectifs de recenser les causes de décès au sein d’une large population non
sélectionnée de patients avec FA puis d’en identifier leurs facteurs prédictifs respectifs.
15
METHODES
Population étudiée
Le CHRU de Tours dessert environ 400.000 habitants et est la seule institution publique dans
une zone de 4.000 km². Il regroupe quatre hôpitaux représentant toutes les spécialités.
La population étudiée est issue de la cohorte de tous les patients pris en charge au sein de
notre structure et pour lesquels il a été diagnostiqué une FA ou un flutter atrial[16]. Nous
avons retenu tous les patients inclus entre Janvier 2000 et Décembre 2010.
Les caractéristiques des patients sont collectées à partir des comptes rendus informatisés
réalisés à l’issue de chaque hospitalisation ou consultation. Les informations sur la date
d’admission, de sortie, la présentation clinique du patient, les différents diagnostics médicaux,
les traitements de sortie ont été ainsi recueillies et complétés par la consultation manuelle de
chaque dossier.
Pour chaque patient, le risque thrombo-embolique a été estimé par le calcul du score
CHA2DS2-VASc et le risque hémorragique par le score HASBLED. Le score SAMe TT2R2 a
été également calculé afin d’estimer la probabilité que l’INR soit dans la fourchette
thérapeutique dans plus de 70% des cas, comme le suggère un consensus Européen de
2013[1,17–22].
Le score CHA2DS2-VASc a été calculé pour chaque patient. Rapportent 2 points un
antécédent d’évènement thrombo-embolique artériel ou un âge supérieur à 75 ans. Rapportent
1 point : un antécédent d’insuffisance cardiaque congestive, d’hypertension artérielle, de
diabète, maladie vasculaire (antécédent d’infarctus myocardique, plaque aortique complexe,
et maladie artérielle périphérique), un âge compris entre 65 et 75 ans et le sexe féminin[7,8].
16
Le score HASBLED a également été calculé pour chaque patient comme suit : 1 point pour
chaque item parmi un antécédent d’hypertension artérielle avec PAS>160 mm Hg,
d’insuffisance rénale, d’insuffisance hépatique, d’infarctus cérébral, d’hémorragie, d’INR
labiles, un âge supérieur à 65 ans, la coprescription de molécules pouvant interagir avec les
AVK ou l’éthylisme. Un score HASBLED ≥ 3 indique un haut risque de survenue
d’hémorragie sous AVK[16,23].
Le score SAMe TT2R2 est calculé en additionnant les points rapportés par les items qui le
composent. Rapportent 1 point : le sexe féminin, l’âge inférieur à 60 ans, l’association de
deux comorbidités associées (parmi : l’hypertension artérielle, le diabète, l’existence d’une
coronaropathie ou d’une artériopathie périphérique, un antécédent d’insuffisance cardiaque
congestive, un antécédent d’infarctus cérébral ou d’accident ischémique transitoire, une
pathologie pulmonaire, une pathologie hépatique, une pathologie rénale) et le choix de la
stratégie de contrôle du rythme (en particulier la prescription d’AMIODARONE). Rapportent
2 points les items tabagisme actif et sujet non Caucasien. Le fait de mentionner dans les bases
de données informatiques le type Caucasien ou non n’étant pas autorisé en France, nous
n’avons pas tenu compte de ce dernier item, la population étudiée étant en très grande
majorité Caucasienne, et l’influence de ce dernier paramètre sur l’analyse statistique
paraissant négligeable. Les patients ayant un score SAMe TT2R2 à 0 ou 1 ont une faible
probabilité d’avoir un mauvais contrôle des INR (soit un taux d’INR en dehors de la
fourchette thérapeutique < 70%). Pour un score à 2, cette probabilité est considérée comme
étant intermédiaire et au-delà de 2 comme étant élevée[24,25].
La classification du Bleeding Academic Research Consortium (BARC) a été utilisée pour
définir et standardiser les évènements hémorragiques. Nous n’avons retenu que les
saignements majeurs selon la classification BARC définis comme : une hémorragie
17
intracrânienne ou intraoculaire compromettant la vision, une baisse de l’hémoglobine de plus
de 5 g/dL, un hémopéricarde compressif, un saignement nécessitant, la mise sous inotropes, la
transfusion sanguine ou le recours à un geste d’hémostase chirurgical ou percutané (sont
exclues les hémorragies dentaires, nasales, cutanées ou sur hémorroïdes)[26].
Les causes de décès survenus au sein du CHRU de Tours ont été recueillies grâce aux
comptes rendus d’hospitalisation informatisés. Pour ceux survenus en dehors de notre
institution, elles ont été recueillies téléphoniquement auprès des médecins traitants, des
maisons de retraite ou des familles.
Ainsi, les proportions de chaque cause de décès au sein de notre cohorte et leurs facteurs
prédictifs ont pu être calculés.
Analyse statistique
Les caractéristiques des patients ont été exprimées en pourcentage pour les variables
nominales et en valeur moyenne ± écart-type pour les variables continues distribuées selon la
loi normale. La comparaison entre les groupes a été effectuée par le test du Χ² pour les
variables nominales et par le test t de Student non apparié pour les variables continues. Le test
de régression logistique de Cox a été utilisé pour les analyses multivariées afin de déterminer
les facteurs prédictifs indépendants d’évènement au cours du suivi. Les résultats sont
exprimés en risque relatif et intervalles de confiance à 95% (IC 95%). Une valeur p < 0.05 a
été considérée comme statistiquement significative. Les données ont été analysées à l'aide de
Statview version 5.0 (SAS Institute Inc., Cary, NC, USA).
18
RÉSULTATS
Entre Janvier 2000 et Décembre 2010, un total de 8962 patients atteints de FA et/ou flutter
atrial a été inclus. Au cours du suivi, dont la moyenne était de 929 ± 1082 jours, 14% des
patients sont décédés et 97% des causes de décès ont pu être identifiées.
Caractéristiques de la population
Il y avait proportionnellement autant de femmes dans les deux groupes de patients décédés ou
non. En revanche, les patients décédés au cours du suivi étaient plus âgés de 8 ans en
moyenne, étaient plus fréquemment atteints de FA permanente et avaient des scores
CHA2DS2-VASc, HASBLED et SAMe TT2R2 plus élevés. Ils étaient par ailleurs
proportionnellement plus souvent hypertendus, diabétiques, tabagiques actifs ou alcooliques.
De plus, on comptait parmi eux plus de patients aux antécédents de cardiomyopathie
ischémique, d’insuffisance cardiaque, de valvulopathie ou d’évènement thromboembolique
artériel. Leur FeVG moyenne était plus basse et la proportion de FeVG < 40% et de bloc de
branche gauche plus élevée. Enfin, les patients décédés au cours du suivi étaient en proportion
plus atteints d’insuffisance rénale et respiratoire chroniques ou de dysthyroïdie, et étaient plus
nombreux à avoir un antécédent de saignement majeur selon la classification BARC (tableau
1).
Sur le plan thérapeutique, la proportion de patients sous AVK était plus faible chez les
patients décédés au cours du suivi. Ceux sans prévention du risque thrombo-embolique étaient
plus nombreux chez les patients décédés. Au sein de ce groupe, on comptait également plus
de patients sous antiagrégant plaquettaire (AAP), inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC)
ou antagonistes du récepteur de l’angiotensine II (ARA II), diurétiques ou digoxine et de
porteurs de stimulateurs cardiaques ou de défibrillateurs automatiques implantables. La
19
proportion de patients sous ß-bloqueur était plus importante chez les patient vivants à la fin du
suivi ainsi que dans le sous-groupe de patients atteints de cardiomyopathie ischémique et dans
le sous-groupe ayant une de FeVG < 40% (tableaux 1 et 2).
Causes de décès et impact des AVK
Parmi les causes des 1294 décès identifiés, 699 (54%) étaient cardiovasculaires et 552 (43%)
non cardiovasculaires. L’insuffisance cardiaque était la cause principale de décès
cardiovasculaire tandis que l’infection l’était pour les décès non cardiovasculaires (figure 1 ;
tableau 3).
Après ajustement sur l’âge, le sexe, les caractéristiques de la FA, les comorbidités et les
thérapeutiques, la prescription d’AVK était indépendamment associée à une réduction des
mortalités totale, cardiovasculaire et non cardiovasculaire (réduction du risque de
respectivement 38%, 40% et 40%) au sein de notre cohorte.
Parmi les décès cardiovasculaires, l’utilisation des AVK n’était pas indépendamment liée
avec le risque de survenue d’un AVC ischémique fatal au sein de notre cohorte. Nous
constatons un risque plus bas de survenue d’hémorragie fatale de 42%, et de 64% du risque de
survenue d’hémorragie fatale non cérébrale dans le sous-groupe de patient traité par AVK, les
hémorragies fatales cérébrales n’étant pas indépendamment reliées avec la prise d’AVK.
Enfin, la prise d’AVK était associée à une réduction du risque relatif de survenue
d’évènement vasculaire sous forme d’embolie pulmonaire ou de dissection aortique fatales.
Parmi les décès non cardiovasculaires, la prescription d’AVK était liée à un surrisque de
survenue de traumatisme létal (245%). Ce surrisque n’était pas significatif pour les
traumatismes crâniens mais l’était pour les traumatismes non crâniens (tableau 4).
20
Facteurs prédictifs indépendants des principales causes de décès
Après ajustement sur l’âge, le sexe, les caractéristiques de la FA, les comorbidités et les
thérapeutiques, les facteurs prédictifs indépendants des principales causes de décès ont été
identifiés.
Outre l’âge et le sexe masculin, la FA permanente, l’antécédent d’insuffisance cardiaque et
d’hémorragie majeure et l’insuffisance rénale étaient indépendamment liés à un surrisque de
mortalité totale (respectivement 35%, 78%, 42% et 79%), de mortalité cardiovasculaire
(respectivement 43%, 129%, 46% et 93%) et de mortalité non cardiovasculaire
(respectivement 21%, 45%, 40% et 50%) (tableau 5).
Le décès par insuffisance cardiaque était indépendamment lié à la FA permanente, la
cardiomyopathie ischémique, les antécédents d’insuffisance cardiaque ou de SCA,
l’insuffisance rénale ou le bloc de branche gauche. L’utilisation de ß-bloqueurs était liée à une
réduction du risque de décès par insuffisance cardiaque de 22% (tableau 6).
Le décès par mort subite d’origine cardiaque était indépendamment lié à l’antécédent
d’insuffisance cardiaque ou d’insuffisance rénale (tableau 7).
Il y avait plus de FA permanente chez les patients décédés d’un AVC ischémique et leur
scores CHA2DS2-VASc étaient plus élevés. Parmi les hémorragies fatales, les scores
HASBLED étaient plus élevés ainsi que le pourcentage de patient insuffisants rénaux mais ce,
de manière non significative. Les patients sous AVK étaient moins sujets au décès par
hémorragie fatale (tableau 8).
21
DISCUSSION
Nous avons répertorié les causes de décès de chaque patient avec FA au sein de notre cohorte
et identifié les facteurs prédictifs indépendants des principales causes de décès. Au sein de
notre cohorte, les trois principales causes de décès étaient l’insuffisance cardiaque terminale,
les infections et le cancer. Les évènements thromboemboliques artériels et hémorragiques
fataux ne représentant chacun que 7% des causes de décès (figure 1).
Notre travail est le premier à détailler les causes de mortalité au sein d’une large population
de patients non sélectionnés avec FA. Une meilleure identification des causes de décès chez
ces patients est fondamentale pour définir des cibles thérapeutiques afin de réduire la
mortalité au sein de cette population.
En ce qui concerne la mortalité totale, notre travail est cohérent avec les données de la
littérature scientifique, l’utilisation des AVK étant indépendamment associée à un nombre
plus faible de décès au cours du suivi[27]. Il est intéressant de constater que, bien que 24%
des patients décédés au sein de notre cohorte ne bénéficiaient pas de prévention du risque
thromboembolique artériel, la répartition des causes de décès au sein de notre cohorte est
sensiblement identique à celle constatée au sein du registre de l’étude RE-LY où la totalité
des patients recevaient un traitement anticoagulant[9,28]. Les essais comparant la
WARFARINE aux anticoagulants oraux directs ont montré avec un très grand nombre de
patients une diminution limitée (10% environ) de la mortalité totale avec les nouveaux
traitements[9,10]. L’essai ROCKET-AF comparant la WARFARINE au RIVAROXABAN
chez les patients avec FA non valvulaire ne mettait pas en évidence de différence significative
sur la mortalité totale (-8% ; p=0.15) alors qu’il montrait une réduction significative du risque
relatif de survenue d’un évènement thromboembolique artériel de 21% chez les patients sous
RIVAROXABAN[11]. La réduction du risque thromboembolique artériel a été un enjeu
22
important durant ces dix dernières années et a été l’objet de considérables progrès par le
développement de scores de risque simples ou de nouvelles molécules plus performantes.
Notre travail suggère que la qualité de l’anticoagulation, variable en fonction des spécialités
ou des zones géographiques [29], n’est peut-être pas le seul levier à actionner dans les
stratégies de réduction de la mortalité chez les patients avec FA, et devraient également cibler
les comorbidités auxquelles la FA est associée.
Dans notre travail, un antécédent d’insuffisance cardiaque exposait à un surrisque de mortalité
totale (78%), cardiovasculaire (129%) et non cardiovasculaire (45%) ainsi que de mortalité
par insuffisance cardiaque terminale (178%) ou par mort subite cardiaque (222%), ces chiffres
étant assez cohérents avec ceux de Marijon et al[28]. Fauchier et al. ont retrouvé que la
prescription de ß-bloqueurs serait associée à une réduction de la mortalité totale d’environ
40% chez les patients avec FA et insuffisants cardiaques[30,31]. De même que dans le
registre européen Euro Survey, seulement 47% des patients de notre cohorte avec un
antécédent d’insuffisance cardiaque (systolique ou avec FeVG préservée) étaient traités par ß-
bloqueur[32]. De plus, ceux décédés au cours du suivi avaient un taux significativement plus
faible de prescription de ß-bloqueur. Enfin, leur prescription était indépendamment associée à
une diminution de 22% du risque de mortalité par insuffisance cardiaque terminale. Bien que
le sujet soit actuellement débattu[33], augmenter le taux de patients avec FA et insuffisants
cardiaques traités selon les recommandations des sociétés savantes pourrait donc être un
objectif primordial, en particulier pour ceux avec une insuffisance cardiaque systolique, dans
le but de diminuer la mortalité dans cette population.
De nombreuses publications suggèrent que l’insuffisance rénale augmente la morbi-mortalité
totale et cardiovasculaire au sein des populations qu’elle atteint[34–37]. Bien que les décès
par insuffisance rénale terminale ne représentent que 1.55% des causes totales de décès,
l’insuffisance rénale apparaît elle aussi être une comorbidité fortement liée avec la mortalité
23
des patients avec FA. En effet, après ajustement sur les paramètres de confusion potentiels,
elle est indépendamment liée à un surrisque de mortalité totale (21%, résultat cohérent avec
celui d’un registre Danois portant sur 132 372 patients avec FA[38]), cardiovasculaire (93%),
non cardiovasculaire (50%), de mort par insuffisance cardiaque terminale (124%) ou de mort
subite d’origine cardiaque (145%). En revanche, l’insuffisance rénale n’était pas un facteur
prédictif indépendant de survenue d’événement thromboembolique artériel fatal ou
d’hémorragie fatale en analyse multivariée. Olesen et al. ont mis en évidence à partir de
l’étude du registre Danois, un surrisque de survenue d’évènements thromboemboliques
artériels ou hémorragiques non fatals chez les patients insuffisants rénaux avec FA[38].
Certains auteurs ont proposé la prise en compte de l’insuffisance rénale dans l’évaluation du
risque thromboembolique artériel[39,40] mais Banerjee et al. ont montré en 2013 qu’elle
n’améliorait pas significativement la capacité prédictive du score CHA2DS2-VASc[41].
Conformément à ce qui est décrit dans la littérature, le caractère permanent de la FA était
aussi indépendamment associé à un surrisque de mortalité totale [42–45], cardiovasculaire,
non cardiovasculaire, de mort par insuffisance cardiaque terminale ou par AVC ischémique
fatal[46]. Influer directement sur le caractère permanent de la FA directement est difficile car
la cardioversion électrique y est par définition inefficace à court terme [42] et elle ne fait pas
partie des bonnes indications d’ablation par cathéter[1]. Un travail publié par Thacker et al.
incluant 1385 patients montrait en revanche que parmi les patients atteints de FA
paroxystique, ceux ayant un indice de masse corporelle > 25kg/m² avaient un surrisque
d’évolution vers la FA permanente après ajustement sur les facteurs potentiels de confusion
alors que l’hypertension artérielle et le diabète n’étaient pas des facteurs prédictifs
indépendants[47]. L’impact sur la mortalité d’objectifs de perte de poids chez les patients
avec FA paroxystique pourrait être intéressant à évaluer[48].
24
En terme de réduction de la mortalité toute cause, la stratégie de contrôle de la cadence
ventriculaire chez les patients avec FA ne s’est pas montrée inférieure à celle du contrôle du
rythme[49] et l’impact des techniques d’ablation de FA par cathéter sur la mortalité est
actuellement inconnu. L’éradication de la FA à proprement parler en maintenant à tout prix le
rythme sinusal n’est peut-être pas une cible thérapeutique idéale. En revanche, optimiser le
traitement de la cardiopathie sous-jacente se compliquant secondairement de FA ou du
remodelage induit par la FA sur la structure cardiaque pourrait être un objectif thérapeutique
intéressant au vu des résultats de notre étude[50].
Limites de l’étude
Notre travail était une étude observationnelle et non un essai randomisé, mais ceci lui donne
l’avantage d’être un reflet moins biaisé des évènements dans une population non sélectionnée
de patients avec FA. Les données ont été obtenues de façon rétrospective à partir de
recherches dans les dossiers d’hospitalisation avec des limitations de codage des diagnostics.
Il s’agit également d’une étude monocentrique dont les résultats doivent être interprétés avec
prudence pour la population générale. Nous n’avons pas différencié les insuffisances
cardiaques d’évolution progressive des insuffisances cardiaques d’emblée létales (infarctus de
myocarde compliqué de choc cardiogénique fatal par exemple). Enfin, nous ne disposons pas
de groupe contrôle (patient sans FA) qui nous permettrait de comparer la répartition et les
facteurs prédictifs de chacune des causes de mortalité propres aux patients avec FA.
25
CONCLUSION
Au sein de notre large cohorte de patients non sélectionnés avec FA, la majorité des décès
n’était pas en rapport avec un AVC ischémique fatal ou à une hémorragie fatale. Les trois
principales causes de décès étaient l’insuffisance cardiaque terminale, les infections et le
cancer. Quoique la prévention du risque thromboembolique artériel ait fait de considérables
progrès ces dix dernières années, il semble que l’optimisation de la prise en charge de la
cardiopathie sous-jacente et des comorbidités auxquelles elle est associée pourrait être un
objectif thérapeutique pertinent pour réduire la mortalité totale au sein de cette population.
26
Tableau 1 : Caractéristiques des patients en vie ou décédés à la fin du suivi
Variable Patients en vie à la fin
du suivi 7668 (86%)
Patients décédés à la fin du suivi 1294 (14%)
p
Démographiques Age (années), moyenne ± DS 70 ± 15 78 ± 10 <0.0001 Sexe féminin, n (%) 2975 (39) 492 (38) 0.60 Type de FA et scores de risque FA permanente, n (%) 2866 (37) 629 (49) <0.0001 Score CHA2DS2-VASc, moyenne 2.9 ± 1.7 3.9 ± 1.6 <0.0001 Score HASBLED, moyenne 1.5 ± 1.1 2.0 ± 1.1 <0.0001 Score SAMe TT2R2, moyenne 1.46 ± 1.07 1.55 ± 1.16 0.007 Facteurs de risque cardiovasculaire Hypertension, n (%) 3156 (41) 587 (45) 0.005 Diabète, n (%) 1,134 (15) 252 (19) <0.0001 Hyperlipidémie, n (%) 1,513 (20) 251 (19) 0.08 Tabagisme actif, n (%) 930 (12) 223 (17) <0.0001 Ethylisme, n (%) 255 (3) 63 (5) 0.006 Antécédents cardiovasculaires Insuffisance cardiaque, n (%) 3958 (52) 954 (74) <0.0001 Cardiomyopathie ischémique, n (%) 2189 (29) 529 (41) <0.0001 Antécédent d’infarctus du myocarde, n (%) 991 (13) 307 (24) <0.0001 Valvulopathie cardiaque, n (%) 1659 (22) 380 (29) <0.0001 NYHA III/IV (n=3977), n (%) 902 (27) 252 (39) <0.0001 FeVG (n=1934), moyenne ± DS 48 ± 15 45 ± 17 0.01 FeVG <40% (n=1934), n (%) 464 (31) 163 (38) <0.0001 Bloc de branche gauche, n (%) 402 (5) 119 (9) <0.0001 Antécédent thromboembolique artériel, n (%) 588 (8) 150 (12) <0.0001 Comorbidités Insuffisance rénale, n (%) 552 (7) 256 (20) <0.0001 Créatinine (n=7569), µmol/L, moyenne ± DS 64 ± 24 56 ± 22 <0.0001 Pathologie pulmonaire, n (%) 742 (10) 209 (16) <0.0001 Dysthyroïdie, n (%) 569 (7) 128 (10) 0.003 Antécédent d’hémorragie majeure, n (%) 360 (5) 124 (10) <0.0001 Cancer, n (%) 130 (2) 33 (2) 0.04 Traitement à la fin ou au cours du suivi Anti-vitamine K (n=8120), n (%) 4062 (58) 575 (51) <0.0001 AAP (ASPIRINE ou CLOPIDOGREL) (n=7969), n
2261 (33) 419 (38) 0.002
Double AAP (ASPIRINE et CLOPIDOGREL
467 (7) 76 (7) 0.97 Pas de prévention du risque thomboembolique
1264 (19) 262 (24) 0.0002
IEC ou ARA II (n=8671), n (%) 2510 (34) 539 (44) <0.0001 ß-bloqueur (n=8767), n (%) 3427 (46) 479 (38) <0.0001 Antiarrhythmique classe III (n=8362), n (%) 3174 (42) 519 (41) 0.69 Digoxine (n=8871), n (%) 1751 (23) 408 (32) <0.0001 Diurétique (n=8224), n (%) 2664 (38) 694 (57) <0.0001 Pacemaker ou DAI, n (%) 1266 (17) 266 (21) 0.0003 DS : déviation standard ; FA : fibrillation atriale ; NYHA : New York Heart Association ; FeVG : fraction d’éjection ventriculaire gauche ; AAP : anti-agrégant plaquettaire ; IEC : inhibiteur de l’enzyme de conversion ; ARA II : antagoniste du récepteur de l’angiotensine II ; DAI : défibrillateur automatique implantable.
27
Tableau 2 : Proportion des patients ayant une cardiomyopathie ischémique ou une FeVG ≤ 40% bénéficiant d’un traitement optimal
Variable Patients en vie à la fin
du suivi 7668 (86%)
Patients décédés à la fin du suivi 1294 (14%)
p
Cardiomyopathie ischémique (n=2718) Thérapie anti-thrombotique (AAP et/ou AVK) (n=2416) 1766 (90) 372 (81) <0.0001 IEC ou ARA II (n=2611) 999 (47) 253 (50) 0.33 ß-bloqueur (n=2640) 1261 (59) 252 (49) <0.0001 FeVG ≤ 40% (n=627) IEC ou ARA II (n=624) 330 (71) 109 (67) 0.32 ß-bloqueur (n=623) 295 (64) 84 (52) 0.007 Diurétique (n=608) 343 (77) 117 (72) 0.23 DAI (n=627) 95 (20) 32 (20) 0.82 AAP : anti-agrégant plaquettaire ; AVK : anti-vitamine K ; IEC : inhibiteur de l’enzyme de conversion ; ARA II : antagoniste du récepteur de l’angiotensine II ; FeVG : fraction d’éjection ventriculaire gauche ; DAI : défibrillateur automatique implantable
Tableau 3 : Causes de mortalité Causes de mortalité n %
Mortalité Totale 1294 100.00 Mortalité cardiovasculaire 699 54.11 Cardiaque 419 32.44 Mort subite cardiaque 42 3.25 Insuffisance cardiaque 377 29.19 Vasculaire 196 15.17 Accident thromboembolique artériel fatal 87 6.73 Hémorragie fatale 87 6.73 Hémorragie fatale du système nerveux central 53 4.10 Hémorragie fatale autre 34 2.63 Embolie pulmonaire 12 0.93 Dissection aortique 10 0.77 Autres causes cardiovasculaire 82 6.35 Mortalité non cardiovasculaire 553 42.72 Cancer 153 11.84 Infection 227 17.57 Insuffisance rénale 20 1.55 Insuffisance respiratoire 41 3.17 Traumatisme 35 2.71 Traumatisme cérébral 18 1.39 Traumatisme autre 18 1.39 Autres causes non cardiovasculaire 78 6.04 Causes indéterminées 42 3.17
28
Tableau 4 : Effet des anti-vitamine K sur l'incidence des différentes causes de décès en analyse univariée et multivariée (modèle de régression de Cox)
Causes de mortalité Pas d’AVK
n=3483 (100%)
AVK n=4637 (100%)
HR (IC 95%) Non ajusté
HR (IC 95%) Ajusté
Mortalité Totale 561 (16.11) 575 (12.40) 0.64 (0.57-0.72) ‡ 0.62 (0.54-0.71) ‡ Mortalité CV 304 (8.73) 307 (6.60) 0.63 (0.54-0.74) ‡ 0.60 (0.49-0.72) ‡
Cardiaque 180 (5.17) 188 (4.05) 0.65 (0.53-0.78) ‡ 0.56 (0.44-0.71) ‡
Mort subite cardiaque 19 (0.55) 19 (0.41) 0.62 (0.33-1.17) 0.61 (0.29-1.31)
Insuffisance cardiaque 161 (4.62) 169 (3.64) 0.66 (0.53-0.82) † 0.69 (0.55-0.87) †
Vasculaire 87 (2.49) 90 (1.94) 0.61 (0.46-0.82) † 0.70 (0.49-0.99)*
Accident TE artériel fatal
36 (1.03) 40 (0.86) 0.70 (0.44-1.09) 0.93 (0.54-1.59)
Hémorragie fatale 41 (1.17) 40 (0.86) 0.61 (0.39-0.94)* 0.58 (0.36-0.95)*
Hémorragie fatale du SNC 22 (0.63) 29 (0.62) 0.80 (0.46-1.40) 0.77 (0.41-1.45)
Hémorragie fatale autre 19 (0.54) 11 (0.24) 0.37 (0.18-0.78) † 0.36 (0.16-0.81)†
Embolie pulmonaire 3 (0.09) 6 (0.13) 0.84 (0.80-0.88) ‡ 0.84 (0.80-0.89) ‡
Dissection aortique 4 (0.11) 4 (0.09) 0.84 (0.80-0.88) ‡ 0.84 (0.80-0.89) ‡
Autres causes CV 37 (1.06) 29 (0.62) 0.84 (0.81-0.88) ‡
0.85 (0.81-0.90) ‡
Mortalité non CV 234 (6.72) 253 (5.46) 0.67 (0.56-0.8) ‡ 0.60 (0.49-0.74) ‡
Cancer 70 (2.01) 71 (1.53) 0.62 (0.45-0.87) † 0.48 (0.33-0.70) ‡
Infection 100 (2.87) 94 (2.03) 0.59 (0.44-0.78) † 0.55 (0.39-0.76) †
Insuffisance rénale 6 (0.17) 9 (0.19) 0.93 (0.33-2.61) 0.56 (0.17-1.81)
Insuffisance respiratoire 20 (0.57) 17 (0.37) 0.52 (0.27-1.00)* 0.30 (0.15-0.60) †
Traumatisme 9 (0.26) 24 (0.52) 1.63 (0.75-3.50) 3.45 (1.39-8.33) †
Traumatisme cérébral 7 (0.20) 11 (0.24) 0.97 (0.38-2.50) 1.25 (0.42-3.68)
Traumatisme autre 2 (0.06) 13 (0.28) 2.60 (0.74-9.17) 12.35 (2.51-62.5)
Autres causes non CV 31 (0.89) 38 (0.82) 0.76 (0.47-1.22)
0.84 (0.80-0.88) ‡
Causes indéterminées 330 (9.47) 346 (7.46) 0.63 (0.55-0.74) ‡
0.72 (0.6-0.87) †
AVK : anti-vitamine K ; HR : hazard ratio ; IC 95% : intervalle de confiance à 95% ; CV : cardiovasculaire ; TE : thromboembolique ; * p < 0.05 ; † p< 0.01 ; ‡ p < 0.0001
29
Tableau 5 : Facteurs prédictifs significatifs de mortalité totale, cardiovasculaire et non cardiovasculaire (modèle de régression de Cox)
HR : hazard ratio ; IC 95% : intervalle de confiance à 95% ; FA : fibrillation atriale ; IC : insuffisance cardiaque ; SCA : syndrome coronarien aigu ; AVC : accident vasculaire cérébral ; AVK : anti-vitamine K ; AAP : antiagrégant plaquettaire
HR (IC 95%)
Non ajusté p HR (IC 95%)
Ajusté p
Mortalité toutes causes
Âge 1.06 (1.05-1.07) <0.0001 1.06 (1.05-1.06) <0.0001 Sexe féminin 1.01 (0.91-1.07) 0.80 0.78 (0.68-0.89) 0.0003 FA permanente 1.58 (1.36-1.83) <0.0001 1.35 (1.19-1.52) <0.0001 Antécédent d’IC 2.16 (1.90-2.44) <0.0001 1.78 (1.53-2.06) <0.0001 Antécédent de SCA 1.69 (1.49-1.92) <0.0001 1.43 (1.18-1.74) 0.0002 Antécédent d’AVC ischémique 1.49 (1.19-1.87) 0.0005 1.21 (1.00-1.47) 0.05 Insuffisance rénale 2.48 (2.16-2.84) <0.0001 1.79 (1.53-2.08) <0.0001 Insuffisance respiratoire 1.45 (1.25-1.68) <0.0001 1.18 (1.01-1.40) 0.04 Antécédent hémorragique 1.88 (1.56-2.26) <0.0001 1.42 (1.15-1.75) 0.001 AVK 0.64 (0.57-0.72) <0.0001 0.62 (0.54-0.71) <0.0001 AAP 1.28 (1.13-1.44) <0.0001 0.78 (0.67-0.91) 0.001 ß-bloqueur 0.75 (0.66-0.84) <0.0001 0.78 (0.68-0.88) 0.0001
Mortalité cardio-vasculaire
Âge 1.06 (1.06-1.07) <0.0001 1.06 (1.05-1.07) <0.0001 Sexe féminin 1.03 (0.89-1.20) 0.60 0.79 (0.66-0.96) 0.01 FA permanente 1.58 (1.36-1.83) <0.0001 1.43 (1.21-1.70) <0.0001 Antécédent d’IC 2.75 (2.30-3.30) <0.0001 2.29 (1.86-2.82) <0.0001 Antécédent de SCA 2.34 (1.99-2.75) <0.0001 1.80 (1.40-2.31) <0.0001 Antécédent d’AVC ischémique 1.49 (1.19-1.87) 0.0005 1.33 (1.03-1.71) 0.03 Insuffisance rénale 2.95 (2.47-3.52) <0.0001 1.93 (1.58-2.35) <0.0001 Antécédent hémorragique 1.96 (1.53-2.51) <0.0001 1.46 (1.11-1.93) 0.01 AVK 0.63 (0.54-0.74) <0.0001 0.60 (0.49-0.72) <0.0001 AAP 1.31 (1.11-1.54) 0.001 0.73 (0.60-0.89) 0.002
Mortalité non cardio-vasculaire
Âge 1.05 (1.04-1.06) <0.0001 1.05 (1.04-1.06) <0.0001 Sexe féminin 0.90 (0.75-1.07) 0.20 0.71 (0.58-0.87) 0.0009 FA permanente 1.39 (1.17-1.64) <0.0001 1.21 (1.00-1.45) 0.05 Éthylisme 1.53 (1.09-2.16) 0.01 1.66 (1.14-2.40) 0.01 Antécédent d’IC 1.72 (1.44-2.06) <0.0001 1.45 (1.18-1.78) 0.0004 Insuffisance rénale 2.00 (1.59-2.50) <0.0001 1.50 (1.17-1.91) 0.001 Insuffisance respiratoire 1.90 (1.55-2.34) <0.0001 1.68 (1.34-2.11) <0.0001 Antécédent hémorragique 1.74 (1.30-2.34) 0.0002 1.40 (1.02-1.94) 0.04 AVK 0.67 (0.56-0.80) <0.0001 0.60 (0.49-0.74) <0.0001 AAP 1.23 (1.02-1.49) 0.02 0.80 (0.65-0.99) 0.04
30
Tableau 6 : Facteurs prédictifs de mortalité par insuffisance cardiaque (modèle de régression de Cox)
HR : hazard ratio ; IC 95% : intervalle de confiance à 95% ; FA : fibrillation atriale ; IC : insuffisance cardiaque ; SCA : syndrome coronarien aigu ; AVK : anti-vitamine K ; IEC : inhibiteur de l’enzyme de conversion ; ARA II : antagoniste du récepteur de l’angiotensine II
Tableau 7 : Facteurs prédictifs de mortalité mort subite d’origine cardiaque (modèle de régression de Cox)
HR : hazard ratio ; IC 95% : intervalle de confiance à 95% ; IC : insuffisance cardiaque ; SCA : syndrome coronarien aigu ; AVK : anti-vitamine K ; IEC : inhibiteur de l’enzyme de conversion ; ARA II : antagoniste du récepteur de l’angiotensine II
HR (IC 95%)
Non ajusté p HR (IC 95%)
Ajusté p
Morts par insuffisance cardiaque
Âge 1.06 (1.05-1.07) <0.0001 1.05 (1.04-1.06) <0.0001 Sexe féminin 0.93 (0.75-0.15) 0.50 0.83 (0.64-1.07) 0.14 FA permanente 1.43 (1.17-1.75) 0.001 1.34 (1.06-1.68) 0.01 Diabète 1.55 (1.20-1.95) 0.0006 1.12 (0.85-1.47) 0.42 Tabagisme actif 1.40 (1.08-1.81) 0.009 1.05 (0.78-1.42) 0.73 Cardiomyopathie ischémique 3.07 (2.50-3.77) <0.0001 1.53 (1.12-2.08) 0.01 Antécédent d’IC 4.29 (3.24-5.68) <0.0001 2.78 (1.99-3.86) <0.0001 Antécédent de SCA 3.27 (2.65-4.03) <0.0001 1.88 (1.38-2.57) <0.0001 Bloc de branche gauche 2.08 (1.55-2.79) <0.0001 1.45 (1.05-2.00) 0.02 Insuffisance rénale 3.77 (3.01-4.74) <0.0001 2.24 (1.74-2.88) <0.0001 AVK 0.66 (0.53-0.82) 0.0002 0.69 (0.55-0.87) 0.0002 IEC ou ARA II 1.49 (1.21-1.83) <0.0001 0.98 (0.77-1.24) 0.85 ß-bloqueur 0.91 (0.74-1.12) 0.36 0.78 (0.62-0.98) 0.03 Diurétique 2.60 (2.10-3.23) <0.0001 1.41 (1.09-1.82) 0.01
HR (IC 95%)
Non ajusté p HR (IC 95%)
Ajusté p
Morts subites d’origine cardiaque
Âge 1.04 (1.01-1.07) 0.006 1.04 (1.01-1.08) 0.02 Sexe féminin 0.75 (0.39-1.44) 0.40 0.44 (0.19-1.00) 0.05 Antécédent d’IC 4.65 (1.96-10.99) 0.0005 3.22 (1.20-8.62) 0.02 Antécédent de SCA 2.43 (1.26-4.67) 0.008 1.64 (0.77-3.46) 0.20 Insuffisance rénale 3.23 (1.58-6.58) 0.001 2.45 (1.15-5.21) 0.02 AVK 0.62 (0.33-1.17) 0.13 0.61 (0.29-1.31) 0.21 AAP 2.16 (1.12-4.15) 0.02 1.24 (0.56-2.73) 0.60 IEC ou ARA II 1.34 (0.07-2.58) 0.005 1.87 (0.92-3.80) 0.08 ß-bloqueur 1.56 (0.84-2.89) 0.16 1.53 (0.75-3.11) 0.24
31
Tableau 8 : Facteurs prédictifs de mortalité par AVC ischémique ou pour par hémorragie fataux (modèle de régression de Cox)
HR : hazard ratio ; IC 95% : intervalle de confiance à 95% ; AVC : accident vasculaire cérébral ; FA : fibrillation atriale ; AVK : anti-vitamine K ; AAP : anti-agrégant plaquettaire
Figure 1 : Mortalié cumulée des patients avec FA au cours du suivi. 8962 patients, suivi de 929±1082 jours, 1294 évènements
FA : fibrillation atriale ; AVC : accident vasculaire cérébral
HR (IC 95%) Non ajusté
p HR (IC 95%) Ajusté
p
AVC ischémiques fataux
CHA2DS2VASc 1.59 (1.42-1.79) <0.0001 1.27 (1.08-1.49) 0.003 Âge 1.10 (1.08-1.13) <0.0001 1.08 (1.04-1.11) <0.0001 FA permanente 2.65 (1.68-3.98) <0.0001 2.42 (1.50-3.92) 0.0003 Insuffisance rénale 1.77 (0.98-3.18) 0.05 1.24 (0.65-2.36) 0.52 AVK 0.70 (0.44-1.09) 0.11 0.93 (0.54-1.59) 0.79 AAP 2.00 (1.26-3.14) 0.003 1.33 (0.78-2.27) 0.29
Hémorragies fatales
CHA2DS2VASc 1.25 (1.11-1.41) 0.0003 1.08 (0.88-1.32) 0.48 HASBLED 1.44 (1.20-1.72) <0.0001 1.22 (0.88-1.70) 0.23 Âge 1.05 (1.03-1.07) <0.0001 1.05 (1.03-1.08) <0.0001 Insuffisance rénale 2.43 (1.43-4.13) 0.001 1.71 (0.88-3.32) 0.11 AVK 0.61 (0.39-0.94) 0.02 0.58 (0.36-0.95) 0.03 AAP 1.19 (0.75-1.87) 0.46 0.66 (0.38-1.15) 0.14
Temps (jours)
Inci
denc
e cu
mul
ée (%
)
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Académie d’Orléans – Tours Université François-Rabelais Faculté de Médecine de TOURS Olivier VILLEJOUBERT Thèse n° 35 pages – 8 tableaux – 1 figure Résumé : Introduction - La fibrillation atriale (FA) est associée à un surrisque de mortalité. Cependant, les causes de décès des patients atteints ainsi que leurs facteurs prédictifs sont à ce jour très mal connus. Méthode - Nous avons observé l’évolution clinique de 8962 patients avec FA ou flutter atrial pris en charge au sein de notre institution entre 2000 et 2010 et en avons recensé les causes de décès. Résultats – Parmi les 8962 patients de notre cohorte, nous avons recensé 1253 décès avec leur cause au cours d’un suivi de 929 ± 1082 j ours. Les décès cardiovasculaires représentaient 54% et les non cardiovasculaires 43%. Les trois principales causes de décès étaient l’insuffisance cardiaque terminale (29%), l’infection (18%) et le cancer (12%). Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) ischémiques ou les hémorragies fataux représentaient chacun 7%. En analyse multivariée, la prescription d’anti-vitamine K (AVK) était indépendamment associée à une réduction du risque de mortalité totale (HR : 0.62 ; IC 95% : 0.54-0.71 ; p < 0.0001). De même, la FA permanente, un antécédent d’insuffisance cardiaque ou d’hémorragie majeure et l’insuffisance rénale étaient indépendamment liés à un surrisque de mortalité totale (respectivement 35%, 78%, 42% et 79%), de mortalité cardiovasculaire (respectivement 43%, 129%, 46% et 93%) et de mortalité non cardiovasculaire (respectivement 21%, 45%, 40% et 50%). Conclusion - Quoique la prévention du risque thromboembolique artériel ait fait de considérables progrès ces dix dernières années, l’optimisation de la prise en charge de la cardiopathie sous-jacente et des comorbidités auxquelles elle est associée pourrait être une cible thérapeutique pertinente pour réduire la mortalité toutes causes au sein de cette population. Mots clés : accident vasculaire cérébral ischémique, anti-vitamine K, fibrillation atriale, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, mortalité Mots clés : - antivitamine K - fibrillation atriale - mortalité Jury : Président : Monsieur le Professeur Pierre COSNAY Membres du jury : Monsieur le Professeur Denis ANGOULVANT Monsieur le Professeur Dominique BABUTY
Monsieur le Professeur Laurent FAUCHIER
Date de la soutenance : 29 octobre 2014