Caravane de sel. Fachi, Niger
Le Sahara: ressources et conflits
M D
Étude de cas manuel pages 214/218
Quelques repères
Sa situation : entre l’Afrique du Nord et l’Afrique Subsaharienne
(avec une zone de transition au Sud : le Sahel) et d'Est en Ouest de
l'Atlantique à la mer Rouge
Avec 8,5 millions de km2, le Sahara est la plus
grande étendue désertique aride au monde. Peuplé
de 5 millions d’habitants (sans la vallée du Nil)
il s’étend sur une dizaine de pays. Situé entre la
Méditerranée et l’Afrique subsaharienne, il est
composé de paysages différents (ergs, regs,
montagnes, oueds, villes autour des oasis ….)
marqués par de forts contrastes thermiques.
Éloigné des pouvoirs centraux, cet immense espace reste
encore difficilement accessible et les populations qui y
vivent ne tiennent pas forcément compte des frontières
étatiques.
Divisés en plusieurs petits territoires et de routes plus ou
moins contrôlées, le Sahara se situe aux marges des
espaces nationaux ou les fonctions régaliennes des Etats,
celles du maintien de l’ordre, de la sécurité des hommes et
des biens, de la perception des droits de douanes ou de
toute autre taxe sont ici quasi inexistantes.
Quels sont les enjeux économiques et
géopolitiques de l’ensemble saharien au regard
des ressources qu’il détient? Quelles sont les
multiples convoitises qu’il suscite ?
Sujets possibles
Composition : Le Sahara, un désert aux ressources
convoitées, un espace de conflits. Polynésie 2013,
Amérique du Nord 2014
Etude critique de document(s)
I Un espace de fortes contraintes physiques mais qui
dispose de ressources importantes
1) Al- sahrà: le désert
La faible présence humaine liée à l’insuffisance
d’eau, le très faible niveau de développement, la
possibilité de se déplacer rapidement et de « se
fondre » dans le paysage fait du Sahara une « zone
fragile » en retard de développement propice aux
activités illicites en tout genre.
2) Un désert peu peuplé mais traversé étude page 216
Entre les mines de sel de Taoudenni et le port de Tombouctou parcours
des dernières caravanes de l’Azalaï dans le désert malien
Dans les années 1950, seule la ville algérienne de Biskra, aux portes
du désert saharien, dépassait les 50 000 habitants, désormais
plusieurs dizaines de villes comptent plus de 100 000 habitants
(Layoune au Sahara Occidental ; Rabouni, Béchar, Gardhaïa,
Ouargla, et Tamanrasset en Algérie ; Sebha ( 126 000 habitants) en
Libye, Agadez (120 000 habitants , population X 25 en 30 ans ) Arlit
et Akoban au Niger ; et Nouakchott, la capitale mauritanienne qui
dépasse les 700 000 habitants). En une trentaine d'années, le Sahara a
gagné environ 5 millions d'habitants.
Approfondissement
Le désert est parcouru par des flux humains. La plupart de
ces flux traversent le désert sans l'avoir pour origine ni
comme destination. Outre les migrations des Touaregs, il
s'agit pour l'essentiel de migrants clandestins d'Afrique
subsaharienne cherchant à gagner les pays du Maghreb. La
plupart d'entre eux cherchent ensuite à gagner l'Europe en
traversant la Méditerranée, ou grâce aux enclaves
espagnoles au Maroc (Ceuta et Melilla).
Des touaregs au Niger
Ces peuples nomades d'origine berbère vivent de l'élevage et du commerce.
Ils seraient 1,5 million environ.
3) D’importantes ressources étude pages 214 215
Irrigation libye
Nappes d'eau fossiles, non renouvelables et situées en grande
profondeur.
L'exploitation des ressources en eau nécessite
aussi des infrastructures importantes. Le
pompage des nappes fossiles coûte cher, mais a
été mis en œuvre de façon massive en Libye.
Les revenus du pétrole ont permis de telles
infrastructures.
Les matières premières du Sahara doivent être
transportées pour être transformées et utilisées ou
exportées. La population présente sur les lieux
d'extraction est en effet très réduite. Le nord du
désert, en Algérie et en Libye, est donc traversé par
des gazoducs pour transporter le gaz naturel et des
oléoducs pour transporter le pétrole. Ils aboutissent
à de grands ports méthaniers ou pétroliers, comme
Arzew ou Skikda en Algérie et Syrte en Libye.
Les flux touristiques se développent également sous
forme de randonnées et de découverte des déserts,
mais les révolutions arabes de 2011 et la
recrudescence des actes terroristes ont enrayé sa
progression.
Le 4 janvier 2008, pour cause de menaces
terroristes, l’organisateur d’Amaury sport
organisation (ASO) décide d'annuler l'édition 2008
du Dakar, qui devait se dérouler du 5 au 20 janvier
entre Lisbonne et la capitale sénégalaise. Ce dernier
précise que cette décision a été prise après
l’assassinat de quatre touristes français dans la
région d’Aleg en Mauritanie par des islamistes
présumés, le 24 décembre, et après « des menaces
directes lancées contre la course par des mouvances
terroristes ».
Explications
II Un espace politiquement fractionné, instable qui connaît de
nombreux conflits et d’importantes crises.
-Des frontières contestées
-Des revendications territoriales
-Des conflits, des rebellions
-Des révolutions
-Des populations réfugiées
-Des Etats enclavés comme le Mali ou le Tchad
-L’intervention française au Mali
-La réaction de l’Algérie
Des conflits frontaliers demeurent, notamment entre le
Maroc et l'Algérie : le cas du Sahara occidental est celui
qui pose le plus de problèmes. Ce territoire avait été
colonisé par l'Espagne à la fin du XIXème siècle. Le Maroc
considère qu'il fait partie intégrante de son territoire, ce que
conteste un mouvement local, le Front Polisario, qui
souhaite obtenir l'indépendance de ce territoire.
Depuis un cessez-le-feu signé en 1991, le statut juridique
du territoire n'est toujours pas réglé.
La présence de gisements de phosphate dans la région
ajoute un enjeu économique à cette question politique.
Les frontières de l'espace saharien ont été tracées par
les puissances coloniales, surtout la France, mais aussi
la Grande-Bretagne pour le Soudan et l'Égypte et
l'Italie pour la Libye. Elles ont artificiellement divisé
un espace qui fonctionnait comme un ensemble.
Des révoltes et des révolutions qui déstabilisent les régimes autoritaires
plus centrés sur la contestation de ces révoltes que sur les groupes armés
islamistes terroristes.
Depuis 2003, le mouvement terroriste AQMI (Al-Qaida au
Maghreb islamique) est actif dans le sud de l'Algérie et
surtout en Mauritanie, au Mali et au Niger. Ses actions
consistent à enlever des Occidentaux pour bénéficier de
l'argent des rançons. Une étape a été franchie au début de
l'année 2012 lorsque les membres d'AQMI ont passé un
accord avec les rebelles touaregs au Mali. Depuis, le nord
du pays échappe au contrôle de l'État et devient une base
pour les mouvements terroristes et les trafics illégaux dans
la région.
AQMI est un groupe qui ne compte certainement que quelques
centaines de membres très actifs qui ont trouvé dans le Sahara un
réservoir à otages et un espace de mobilités qui échappent aux
services de sécurité nationaux et internationaux. Ainsi, 4 otages
français employés d’AREVA ont été enlevés à Arlit au Niger
déplacés dans tout le Sahara depuis décembre 2010.
AQMI s’adonne dans le Sahara à de lucratives activités criminelles
comme la prise d’otages-marchandises, trafics de drogue,
contrebande de cigarettes, ….ce qui génère de sourdes compétitions
entre les groupes ethniques locaux.
III Un espace convoité
- Multiples acteurs internes et externes à l’Afrique.
-Les conflits entre les pays, les populations locales
en font les frais.
- La mal gouvernance dans la plupart des Etats.
- Les interventions des pays étrangers.
La mise en valeur des ressources conduit parfois à des
tensions. Les ressources attirent en effet la convoitise d'un
certain nombre de FTN américaines, européennes et
asiatiques qui souhaitent pouvoir les exploiter. Ce sont les
grandes entreprises pétrolières ou gazières, mais aussi
celles qui sont à la recherche de lieux où développer des
énergies nouvelles. Le Sahara possède en effet un
formidable potentiel en matière d'énergie solaire et
éolienne.
La France et l’intervention au Mali: l’opération Serval janvier
2013.Vidéo si possible. Serval: Al-ghazal qui veut dire « élégante et
rapide »
Depuis le 17 janvier 2012, un conflit armé oppose dans le nord du
Mali l’armée malienne aux rebelles touaregs du Mouvement national
pour la libération de l’Azawad.
• La région nord Mali désertique était devenue en 2012 un sanctuaire
pour des groupes islamistes armés –Al-Qaïda au Maghreb
islamique (Aqmi), Ansar Dine et le Mouvement pour l’unicité et le
jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao)– qui y ont commis de
nombreuses exactions au nom de la charia.
• Le coup d'Etat contre le régime du président Amadou Toumani
Touré a plongé le Mali dans une situation chaotique:
• Début de l’opération française Serval pour stopper la progression
des islamistes armés et soutenir les troupes maliennes.
Approfondissement
16 janvier 2013: Le site gazier d'In Amenas, en Algérie, où s'est
déroulé la prise d'otages (photo d'archive). © bp / Sipa
L'armée algérienne lance l’assaut le le 17 janvier: 30 occidentaux et
11 djihadistes auraient été tués.Vidéo si possible.
Le site d'In Amenas, dans le centre-est de l'Algérie, près de la
frontière libyenne, à environ 1 300 kilomètres d'Alger, est exploité par
le groupe britannique BP, le norvégien Statoil et l'algérien Sonatrach.
Un Britannique et un Algérien ont été tués et six personnes ont été
blessées, selon les autorités algériennes. Des Occidentaux ont été pris
en otages et 150 employés algériens du groupe français CIS Catering
ont été également retenus sur le site.
Approfondissement
Mokhtar Belmokhtar a revendiqué l’attaque du site d'In Amenas,
tué par des soldats tchadiens le 9 mars 2013 dans le nord du Mali.
« Mercredi 16 janvier au matin, un commando islamiste d'une
vingtaine d'hommes s'introduit dans le vaste complexe gazier d'In
Amenas, dans le sud-est algérien. Une quarantaine d'employés
occidentaux, et au moins 150 Algériens, sont retenus en otages sur le
site, encerclé par l'armée algérienne. Les ravisseurs, qui se
revendiquent de l'ex-membre d'Aqmi Mokhtar Belmokhtar,
demandent aux militaires de quitter la zone. Ils exigent notamment
« la fin de l'agression française au Mali ». Ce jeudi, l'Algérie a
mené une opération militaire d'envergure. Une partie du site a été
maîtrisée il y aurait de nombreux morts. »
Article de RFI