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Samedi 15 Avril 1865. Paraissant le Samedi. l r c Année.— N° 12.

ET 0'Fondée et publiée au profit des Pauvres.

ABOSBfEfflEîS'a'S.

5 Mois . . ; .

Un Numéro.

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IXSEB&'.S'IQltg,

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Réclames.

25 cent, la ligue.

50 —

Cannes, le 14 Avsil as«5.

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Nous recevons de M. A. Macc une lettredatée de Naples et que nous nous empressonsde communiquer à nos lecteurs.

MON1 CHER DmECîEUR,

Depuis un mois bientôt que nous avons quittéCannes, si j'en excepte quelques rares journées,nous avons toujours eu de la pluie ou du vent :à notre entrée à Rome, la grêle tombait siabondamment, qu'il nous a été impossible,pendant quelques instants, de quitter les wa-gons; et à notre passage à Velletri, sur la roulede Naples, nous avons trouvé la voie couvertedo neige. Au reste, si ce qu'on nous a dit àPise, à Florence, à Rome, et même ici, n'estpas exagéré, l'hiver a été exceptionnellementtrès mauvais dans toute l'Italie. Que les étran-gers qui ont fixé leur résidence à Cannes pen-dant cette saison, se félicitent donc de leurchoix, car la température y a été incontesta-blement plus douce que partout ailleurs. J'ajou-terai, après avoir vu le? principales stationshivernales de la rivière de Gènes, y comprisNervi, qu'il n'en est pas une aussi privilégiéesous le rapport de la situation, de l'agrémentdes promenades, et de la riche végétation dela campagne que notre bonne petite ville pro-vençale. Mais il ne faut pas que ces avantagesréels et actuels, soient un motif de repos et detrop grande confiance dans l'avenir, de la partde ceux entre les mains desquels sont remisles intérêts de notre cité, car partout une im-pulsion extraordinaire est imprimée à tous lestravaux soit publics, soit particuliers, en vuede procurer aux étrangers un bien-être plusgrand, en leur rendant le séjour dans chaqueville plus agréable. Puissent nos administrateursêtre bien convaincus de cette vérité !

On sa plaint aussi beaucoup en Italie dupetit nombre de familles qui cette année y ontpassé l'hiver. A Pise, notamment, plusieurs lo-gements sont restés inoccupés. J'avoue, pourma part, que je le comprend!), car c'est uneville triste et sans aucune animation, malgré

FEUILLETON DE LA REVUE DE CANNES

LES CERCLES.(Suite.)

La Condnmino est une charmante propriété louéedans le principe par la compagnie des jeux poury établir son cercle. La, au milieu d'un massifd'orangers et de citronniers, s'élève a mi-collineune^ élégante villa dont les salles avaient été dis-posées pour le but qu'on se proposait d'atteindre.Dans ces appartements illuminés le jour par misoleil splendide, le soir par un brillant éclairage,rien qui ressemblât aux bouges enfumés inaugu-rés à Paris, il y a environ un siècle, sons lalieutenance de police de Monsieur do Sarlino etfermés le 18 juillet 1836 sur la motion de l'ho-norable Monsieur Benjamin Dclcssert. Point demunicipaux aux portes, point de quinquels hui-leux, point do tapis maculés et faisant contrasteavec l'or qui les couvre, point surtout de ceseffluves malsains inhérents à certains milieux vouésexclusivement au culte des appétits matériels. On

son Université. Heureusement pour elle qu'ellepossède trois bijoux qu'on ne peut se lasserd'admirer. Quant à Florence, elle ressemble ence moment à une ville prise d'assaut par lesmaçons, les charpentiers et une armée d'ou-vriers do toutes professions qui disposent laplupart de ses monastères et plusieurs palaisparticuliers, pour recevoir, le mois de mai pro-chain, les ministères et les diverses administra-tions qui doivent se fixer au siège du Gouver-nement. A celle époque auront aussi lieu degrandes fêles à l'occasion de l'anniversaire duDante et de l'érection de sa statue sur la placeSanta-Croce. Nous avons obtenu do voir cettestatue dans l'atelier de Pazzi, son auteur : c'estun magnifique monument de l'art moderne.Florence, au reste, est aujourd'hui la vraiepatrie de la sculpture, à en juger par les chefs-d'œuvre dus au ciseau des Pazzi, des Dupré etdes Fedi. Comment pourrait-il en être autre-ment, quand ces sculpteurs ont sous les yeuxdes modèles comme la Venus de Médias,VApollino, VArrotino, les Lutteurs et le Faunedansant.

Avant de venir à Naples, nous avons séjournéquatre jours à Piome, et nous avons eu l'heu-reuse chance de pouvoir, pendant ce court es-pace do temps, voir deux fois le SouverainPontife. Tous les vendredis du mois de mars,Pie IX descend, à midi un quart, dans la basi-lique de Saint-Pierre, pour se mettre en ado-ration dans la chapelle du Saint-Sacrement, seprosterner devant la statue de Saint-Pierre dontil embrasse le pied, et faire une seconde-prièreà la confession du premier apôtre. 11 est seu-lement accompagné des cardinaux et de samaison. Pendant près de 20 minutes j'ai doncpu contempler Sa Sainteté d'aussi près qu'ilsoit possible de l'approcher : nous n'en étionspas à plus de doux mètres. Le Pape m'a parujouir d'une santé parfaite; sa figure est pleine,sa marche assurée, et quand il donne la béné-diction ses [rails prennent une expression dodouceur extraordinaire et de bonté toute an-gélique. Le lendemain, fête de l'Annonciation,il y a eu messe pontificale à la Minerve. Pic IXs'y est rendu avec sa cour. Placé en avant dela tribune occupée par l'élal-major franc-aisj'aipu suivre la cérémonie dans tous ses détails.Le Souverain Pontife est arrivé porté sur son

arrivait a la Condamine à travers les longues al-lées d'un jardin magique; l'illusion était com-plète. Choque visiteur, nouveau Jason, pouvait secroire appelé à la conquête do la toison d'or.Cette toison si enviée n'était-clle pas au fond detoute celle féerie, sous la garde de ces Messieursdo la banque qui, du reste, il faut en convenir,n'avaient nullement l'air farouche que la fableprête au Dragon de la Colchide. Ils vous rece-vaient avec la meilleure grâce du monde, vousfaisaient l'exhibition des b'oaulés de ce riant sé-jour, vous invitaient à prendre part à celle fêledes jeux (pic la nature méridionale donne pres-que continuellement à ses fidèles. La partie nevenait qu'en seconde ligne ; on la faisait unique-ment pour se distraire cl- non pour gagner del'argent. Gagner de ' l'argent, fi donc f Qui pou-vait y penser au sein de ces arômes, au milieude ces harmonies du paysage, aux accords de celleenivrante musique qui interprétait les ehcfs-d'œiivrcsdes raaitres ! Grouper des chiffrés quand Cellinisoupire, poursuivre une martingale quand liossinilaisse tomber de son écrin des cascades de noiesélincclanles, écouter le bruit monotone de la billeet du râteau quand la valse do Strauss s'élanceen fusées vers le ciel

Allons do'nc ! \Aussi, jouait-on peu à Monaco 'îi celle époque.

Les visiteurs étaient surtout des fantaisistes atti-rés autant par la réputation de ce pelit coin de

siège, mais probablement pareequ'il était enméditation, et tenait presque constamment lesyeux fermés ; je l'ai trouvé un peu affaissé :cependant, à la fin de la messe, il a donné labénédiction d'une voix très-forte et très-accen-tuée. Ayant pu alors sortir, je me suis rendusur la place de la Minerve où stationnait unefoule compacte : toutes les fenêtres, tous lesbalcons, étaient également remplis de monde;quand Pie IX est sorti, les mouchoirs, les cha-peaux ont été agités, un immense cri fiaVivo, Papa s'est élevé de tons côtés, et la voi-ture du chef de l'église avait depuis longtempsdisparu, que des nombreuses exclamations sefaisaient encore entendre, pendant que nousétions inondés d'une pluie de petits papiersdorés. 'Celle ovation dont j'ai éié témoin medispense de tout commentaire.

Devant revenir i'i Rome dans une dizaine dejours, nous n'avons parcouru la ville que très-superficiellement, mais nous avons du nousassurer un logement avant notre départ. L'af-fluence des étrangers est devenue depuis unesemaine si considérable, que non-seulementtous les hôtels sont pleins, mais qu'il est en-core assez difficile de se procurer des appar-tements en ville. Nous n'avons pu trouver quedeux chambres, dont une n'est encore, à vraidire, qu'un grand cabinet obscur, et. que ce-pendant il nous a fallu payer fort cher. Il enest de même d'ailleurs à Naples, beaucoup detouristes voulant comme nous y faire une-ap-parition avant la semaine sainte. Nous som-mes provisoirement logés dans Yulberrjo dell'Aller/ria, espèce de m.iison garnie qui a beau-coup d'inconvénients, contre un seul avanta-ge, celui d'avoir ses ouvertures sm1 la célèbreSlrada Toledo. Figurez vous une des rues lesplus animées de Paris, avec son mouvement,ses promeneurs, ses voitures de place, sesomnibus, ses riches équipages, et ajoutez àcela des cris incohérents, des gestes incom-préhensibles, et surtout des attelages impossi-bles, et vous aurez une légère idée du spec-tacle qui se passe sous nos fenêtres. Et ce-pendant tout ce monde so meut, se coudoie,s'interpelle, se bouscule même au besoin, sansprovocation et sans lutte. Quelle étrange po-pulalion !

Le mauvais temps nous oblige à passer une

Lesde et

terre que par les charmes du lapis vert.fermiers des jeux connaissaient leur monde etne le fatiguaient pas par des séances trop pro-longées. Il se perdait bien ça et là quelquesnapoléons, voire même quelques bi l lets . . . .

Mais qui aurait pu garder rancune a ces Mes-sieurs de la banque si convenables de Ion , sibien habillés de noir et cravatés de blanc, d'unetenue si irréprochable el d'une physionomie siavenante; qui aurait pu, dis-jo, leur garder ran-cune pour ces vétilles?

J'ai écrit dans un précédent article que la dénomi-nation de Bains de Monaco donnée, à la i"">page des journaux, à rétablissement des jeuxprocédait sans doute de ce que, de tout étaiilis-sÉJÎpeiit du mémo genre, on sort toujours plusoi)^jjioins lavé....

'$' dois, pour être juste, convenir, que celicpciÇsée à double sens lié s'applique pas, dans mones'Ki'ït, à la première compagnie fermiers qui, de-puis, a été remplacée par celle de Homhourg.Quelqu'cn fût le motif, celle première compagnie,à. son début, exploitait mollement, elle subissaitles influences du climat , il y avait do l'artisteen elle, et sous son règne les, lessives étaientrares. Tout cola se passait très bien ; on lisait,on causait, ou écoulait de bonne musique el onflânait beaucoup plus qu'on ne jouait. C'étaitpresque de l'Arcadic , il n'y manquait que desbergers; et le péché, si péché il y avait, n'était

partie de nos journées dans les églises et lesmusées. Nous avons visité aujourd'hui le mu-seo Borbonico, réunion la plus surprenante,la plus curieuse, la plus riche, des ustensiles,des objets de parure, et des spécimens de tousles produits en usage à Pompeï et à Ilercula-num, au moment de la destruction de cesmalheureuses cités, il y a plus de dix-septcents ans. Nous y avons vu les fameux pains1

cuits dont la découverte a fait sensation il y apeu de temps, des pruneaux, des figues, desnoix, des œufs, une quantité d'autres conser-ves , et jusqu'à une casserole encore pleined'une espèce de polenta prèle' à être serviepour un repas que l'éruption a sans douteinterrompu. Les habitants ont du être surprisau moment même où ils vaquaient à leursoccupations, puisqu'on a trouvé un squelettede femme tenant à la main une bourse rem-plie de monnaie, qu'on voit dans une deschambres du musée ainsi que des crânes desoldais encore recouverts de leurs casques.C'est donc l'image sensible, palpable, de lavie humaine cessant au moment de sa plusgrande activité. Je vous le répète , ces sallesdu museo Borbonico, sont une des choses les,plus intéressantes qu'on puisse rencontrer... r-

Demain nous nous proposons d'aller visiter,la ville de Pompeï elle-même. Quant au Vésuve,ne soyez pas 'surpris si je ne vous en parte'pas: que pourrai-je vous dire en effet d'un1

volcan boudeur qui se drape dans son man-teau de neige, et s'obstine à ne pas lancer laplus petite colonne de fumée; le mieux estde- le passer1 sous silence.

Agréez,- etc.: A. MACÉ.

COURRIER-DE LA REVUE DE CANNES.

A Monsieur le Directeur-Gérant de la Retuede Canuts :

Nous savons par expérience, que quiconques'occupe ici de la question des •améliorations,s'expose à amasser un orage sur sa Ifitc-, à exciterdes jalousies, à- soulever .des fllurmures ; on's'aimepas à entendre la vérité. Aussi après avoir élu- '

' que véniel. Telle est la sensation que j'ai re-cueillie-de mon premier passage à Monaco.

C'esl qu'en vérité ce coin do rocher es! em-preint ,d'un cachet d'originalité toute particulière.C'est un entonnoir, d'accord; mais quel enton-noir ! Le fond on est tapissé d'une luxurianteverdure clîorangers et de citronniers, d'un fouil-lis de.'cactus ot- d'aloès, d'une toison faslucusode géraniums aux (leurs sanglantes; cl tout cetensemble de plantes exotiques suspendues aux(lapes âpres de la roche donne à ce pays unaspect tropical qu'il serait difficile de rencontrerailleurs.

Connais tu la contrée où, sous L; noir feuillage,Brilla comme un fruit d'or ls fruit des citronniers,

Quel' voyageur tant soit peu .lettré, .n'aurait pasprésents à l'esprit, en abordant ce rivage, lesdeux premiers vers .de la chanson de Mignon?

Connais tu la1 montagno ?-Un sentier dans la nue,Un mulet y chemine...-Un orage... Un torrent...Do ta rjmïï des monts une roche abattue,Et la sombre caverne où dort le vieux serpeut ?La montagne ! Un vieux sentier dans la nue..

Comme c'est bien cola. Voyez vous d'ici celleroule , ou plutôt ce sentier à pic do la Turbiepu chemine lo mulet, une sonuelle suspendue aucou, sonnette dont les tintements monotones vontréveiller l'écho de l'antique caste! dos Grimaldi ?

J'ai plus d'une fois songé à toi, Goè'llie;- peu-

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