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L’Inde ......................................................................................................................... 2 I.
1. Perception de l'Inde par les étudiant-e-s ............................................................................ 2
2. Une émergence partielle et ambiguë .................................................................................. 2
3. Le gouvernement Modi à l’œuvre ...................................................................................... 6
4. Le pays de l’esclavage moderne ....................................................................................... 10
5. Nouvel Eldorado Indien pour la Suisse .............................................................................. 12
Les ressources naturelles ........................................................................................... 16 II.
1. Rareté et caractère épuisable .......................................................................................... 18
2. Forte volatilité des prix .................................................................................................... 18
3. Répartition géographique inégale .................................................................................... 18
4. Externalités liées aux retombées de l’extraction ............................................................... 19
5. Prédominance dans l’ombre d’économies nationales ....................................................... 19
6. Débats ............................................................................................................................ 19
a) Évolution technologique ...................................................................................................................... 19
b) Aubaine vs malédiction ........................................................................................................................ 21
c) Périphérie dépendante ........................................................................................................................ 22
d) Le syndrome hollandais ....................................................................................................................... 24
7. Énergies .......................................................................................................................... 25
8. Minerais .......................................................................................................................... 33
9. Les sociétés de négoce en Suisse ...................................................................................... 37
Le Moyen-Orient ................................................................................................... 42 III.
1. Le déroulement de faits depuis la mi‐2014 ....................................................................... 42
2. L’ombre de Daech sur le Moyen‐Orient ............................................................................ 44
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L’Inde I.
1. Perception de l'Inde par les étudiant-e-s
2. Une émergence partielle et ambiguë
Pour entrer dans le groupe des pays émergents, l’Inde a dû passer par une phase de
libéralisation de l’économie. Quelle était donc cette situation où l’économie était «
corsetée », depuis l’indépendance jusqu’aux années 1970-80 ?
Elle était corsetée [idée d’incapacité de bouger, idée de ne pas être libre], parce qu’après
l’indépendance (1947), sans être communiste, l’Inde était proche de l’Union soviétique qui y
envoyait ses techniciens et conseillers. L’économie était planifiée, de type socialiste, orientée
vers l’industrie lourde. Aujourd’hui encore, l’administration indienne reste pléthorique et peu
efficace.
Comment expliquer le succès de l’Inde dans les années 2000-2010 ?
Ces années 2000 à 2010, c’est l’âge d’or pour les émergents : Chine, Inde, Brésil, Russie.
Trend haussier constant pour le prix des matières premières, jusqu’à la crise de 2008 (crise
des subprimes) à laquelle ces économies émergentes échappent pour un temps. Le premier
pays à faiblir est le Brésil en 2011.
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Le développement indien passe d’abord par le marché intérieur. Quelles sont les
caractéristiques de ce marché ?
Ce marché peut être perçu de différentes manières. Vu positivement, il est quand même
porteur du développement indien. L’Inde est plutôt bien protégée en face des instabilités
conjoncturelles mondiales, car elle n’est pas une puissance industrielle exportatrice de biens
de consommation. Le secteur des services (informatique, finance, télécom) est le plus
dynamique : 55% du PIB, contre 25% pour l’industrie. Ce secteur s’appuie sur les classes
moyennes urbaines. Toutefois bien des fragilités peuvent être mises en évidence. Ce
marché intérieur indien ne correspond pas à la population de 1,28 milliard d’habitants. Il y a
certes une catégorie d’ultra-riches, 97 milliardaires en 2015, le pays étant 3e du classement
mondial (loin derrière les 537 Américains et les 430 Chinois). Et puis une classe moyenne
qui s’accroit : 50 millions de personnes, c’est conséquent comme marché. Toutefois, et c’est
une grosse réserve pour ce marché, une grande partie de la population (ruraux) a un pouvoir
d’achat dérisoire.
Les investissements indiens à l’étranger :
dans les ressources naturelles, les hydrocarbures (Oil India, Coal India, actifs en
Afrique, en Indonésie et en Australie)
l’industrie automobile : Tata motors
l’industrie lourde, la sidérurgie : Mittal. Exemple de fusion‐acquisition : en 2006, OPA
hostile de Mittal Steel sur Arcelor. Cas emblématique en France de l’usine de
Florange.
les TIC, technologies de l’information et de la communication (Infosys)
la pétrochimie (Reliance industries) et la pharmacie
Si l’on considère la structure de l’économie indienne – notamment l’importance des
différents secteurs – qu’est-ce que cela nous apprend sur la société ?
Le secteur des services est prédominant. Ce secteur exige une main‐d’œuvre éduquée,
formée. Elle a comme réservoir les élites et surtout les classes moyennes urbaines. Le
secteur secondaire manufacturier est peu dynamique tandis que la main‐d’œuvre peu
qualifiée est abondante. Chaque année, 12 millions d’Indiens sont de nouveaux candidats à
un emploi non qualifié ou peu qualifié. Problème : l’offre d’emploi est limitée. La société est
relativement figée et pour une immense majorité, il n’y a pas d’ascenseur social. Les classes
pauvres représentent 60% de la population.
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Quel est l’état de l’agriculture indienne, et plus largement des campagnes ?
60 % population et 15% du PIB. Pauvreté dans les campagnes. Moyens rudimentaires :
traction animale, travail des femmes et des enfants. Actuellement des millions de paysans
vivent dans une situation dramatique après deux années de mousson insuffisante, donc de
sécheresse. L’endettement pousse au suicide. A la fin février 2016, le gouvernement a
annoncé son intention de doubler les revenus des agriculteurs au cours des cinq prochaines
années. Il promet d’électrifier tous les villages d’ici mai 2018 (300 millions d’habitants
actuellement sans électricité dans les campagnes). Il annonce un budget de 12,7 milliards de
$ pour le développement du monde agricole ! L’Inde compte 120 millions d’agriculteurs
(chefs de familles) et 145 millions de travailleurs journaliers.
Comment expliquer les mauvais résultats de l’économie indienne entre 2011 et 2013 ?
Usure du pouvoir de Manmohan Singh : dix ans Premier ministre, après avoir été ministre
des finances dans les années 1990. Le Parti du Congrès ne pouvait pas faire passer les
réformes (administration, lois foncières) sans s’attaquer à ses électeurs. La gouvernance du
pays était faible. Au plan économique, la concurrence de la Chine a été rude (notamment
pour le secteur automobile).
Le Premier ministre Narendra Modi : préciser quatre atouts qu’il détient au moment de
son élection.
Il a dirigé durant douze ans le Gujarat (60 millions d’habitants, 200'000 km2), un Etat montré
comme modèle aussi aux étrangers. Narendra Modi peut s’appuyer sur cette réussite pour
étayer ses promesses :
attaquer les lenteurs de l’administration, selon le slogan « une gouvernance maximale
pour un gouvernement minimal »
favoriser les entreprises privées, l’industrie manufacturière pour la création d’emplois
nécessitant peu de qualifications
développer et moderniser les infrastructures, retrouver une croissance économique
forte
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Pourquoi le statut de l’Inde en tant que puissance nucléaire a été plutôt facilement
acquis et imposé ?
Elle a fait des essais secrets (1998) et a été légèrement pénalisée, mais elle a argumenté
pour défendre sa légitimité. Elle a signé un pacte avec les USA pour rassurer sur ses
intentions uniquement défensives. L’Inde veut jouer un rôle de contrepoids face à la Chine,
un rôle d’arbitre pour un équilibre en Asie du Sud. Une posture bien acceptée dans un
monde multipolaire en recherche d’équilibre.
Dans ses relations internationales, l’Inde joue sur plusieurs tableaux, avec des
rapprochements parfois antinomiques. En quoi cette politique des années 2000 n’est
pas une nouveauté ?
L’Inde poursuit l’opportunisme pratiqué quand elle était un des leaders des « non-alignés »
pendant la guerre froide [mouvement international ni capitaliste, ni communiste (quoique…),
fondé en 1955, avec l’Indonésie, l’Egypte….] Ces Etats tiraient le meilleur parti des soutiens
russes ou américains, selon les circonstances et les époques.
Pourquoi l’Inde est-elle mal à l’aise dans les organisations internationales, réclamant
des changements ?
L’Inde est frustrée de ne pas être au Conseil de sécurité de l’ONU, alors qu’elle est une
puissance nucléaire, a une armée forte et est le 2e Etat le plus peuplé au monde. L’Inde
défie les Occidentaux mais elle en a besoin : typiquement la relation avec le FMI et la
Banque mondiale (organismes de soutien au développement). Elle veut participer à la
direction de ces institutions et en même temps bénéficier de l’aide.
Quels sont les liens de l’Inde avec les BRICS ?
L’étoile des BRICS a pâli depuis 2010. L’Inde s’engage peu politiquement, tandis qu’elle
privilégie l’action économique. Elle soutient les initiatives pour une banque de
développement dans les pays du Sud, qui y supplanterait le FMI et la Banque mondiale.
Relation difficile avec la Chine : tensions diplomatiques car la frontière n’est pas exactement
définie, et sentiment d’infériorité car la balance commerciale est nettement défavorable à
l’Inde. La relation est plus simple et meilleure avec l’Afrique du Sud et le Brésil.
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En quoi la situation de l’Inde, en Asie du Sud, compromet son épanouissement
comme puissance régionale ?
Inde, sous-continent immense, est seule dans son environnement. Le seul Etat avec un peu
de poids, dans sa proximité, est le Pakistan, ennemi héréditaire (depuis 1947), même s’il y a
des périodes d’accalmie et des tentatives de rapprochement. A l’est, le Bangladesh et le
Myanmar sont parmi les Etats les plus pauvres au monde. Isolement global dans l’océan
Indien. Pour aller de l’Europe en Chine ou au Japon et réciproquement, il n’y a plus besoin
de faire escale en Inde.
3. Le gouvernement Modi à l’œuvre
Caractéristiques de l’organisation du pouvoir sous l’autorité de Norendra Modi :
Le pouvoir est centralisé autour du Premier ministre
Davantage de marge de manœuvre est donnée aux gouvernements des Etats
fédéraux intérieurs, notamment dans le domaine fiscal.
L’organisation politique de l’Inde est complexe. Quelles sont les principales
caractéristiques de ce fédéralisme, au plan de la répartition du pouvoir ?
L’Inde est un pays fédéral. Il y a un Etat central et 29 Etats fédéraux. Le fédéralisme est dit «
coopératif ».
Une limite à la coopération réside dans la défense d’intérêts d’un parti. Ainsi, des difficultés
peuvent apparaitre quand le gouvernement d’un Etat est dominé par un parti d’opposition (cf.
Parti du Congrès vs. BJP). L’objectif fixé par l’Etat central pour des réformes n’est pas
appuyé, afin que le parti tenant le pouvoir à New Dehli ne récolte pas les fruits d’un succès.
Donc dans ce système fédéraliste, les ambitions partisanes bloquent les réformes, avec une
perte d’efficacité globale.
Le parti politique du Premier ministre Modi inquiète nombre de défenseurs de la
démocratie. Pourquoi ?
Le BJP – Bharatiya Janata Party, parti du peuple indien – a une stratégie « communautaire
». Il est en relation avec la mouvance nationaliste hindoue. Ce parti qui comprend des
composantes agressives est défavorable aux minorités chrétiennes et musulmanes. Des
pressions sont exercées pour forcer des conversions à l’hindouisme. Et les conversions
d’hindous au christianisme sont jugées criminelles. Des auteurs d’attaques meurtrières
contre des chrétiens sont condamnés à des peines légères par des tribunaux acquis à la
cause nationaliste. (La Croix, 14 mars 2016)
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Quant aux étudiants, proches du parti du Congrès, ils dénoncent l’autoritarisme des
nationalistes hindous et leur intolérance. (La Croix, 21 février 2016)
Pour discréditer les opposants et par provocation, le BJP accuse certains de ses adversaires
d’avoir les faveurs du Pakistan. (RFI, 8 novembre 2015)
En quoi les deux partis politiques majeurs de l’histoire récente de l’Inde influencent-ils
les relations intercommunautaires ?
Le BJP est catégorisé comme le parti du chauvinisme hindou. Il est un parti de l’exclusion
des non hindous. Le Parti du Congrès, à l’origine de la république indienne, soutient les
principes de la multiculturalité et de l’Etat séculier (non religieux).
Le Parti du Congrès a payé un lourd tribut à la violence religieuse et ethnique. Un extrémiste
hindou a assassiné le Mahatma Gandhi, leader du Parti du Congrès, en 1948. Et les
premiers ministres Indira Gandhi puis Rajiv Gandhi ont été assassinés respectivement par
des activistes sikhs et tamouls.
La relance économique par des actions gouvernementales est influencée par le
contexte politique, au risque de décevoir les milieux d’affaires. Dans le contexte
indien, quels sont les enjeux, entre politique et économie ?
Le Premier ministre Modi opte pour une « approche graduelle ». Problème : cette
modération ne permet pas de satisfaire les promesses faites aux donateurs qui ont financé la
campagne électorale en vue de réformer le pays. La situation est délicate. Ces derniers
mois, le BJP a perdu des élections régionales (à Dehli en février 2015 puis dans l’Etat du
Bihar en novembre, face à une alliance de deux partis régionaux). Etre trop brusque dans la
méthode et dans les messages peut discréditer et faire perdre des électeurs.
De plus, le BJP et ses alliés dans la coalition sont minoritaires dans la Chambre haute.
Echec au projet de réforme portant sur l’acquisition des terres et encore à l’instauration d’une
TVA (taxe sur la valeur ajoutée) uniforme sur tout le territoire indien.
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Que faut-il comprendre par une « croissance inclusive » ?
Le gouvernement vise le développement des strates les moins favorisées et il met l’accent
sur l’éducation, la santé, l’agriculture.
Mais lancer des programmes ne signifie pas qu’ils seront suivis durablement par la
population peu encline à changer ses habitudes. Par exemple, 190 millions de comptes
bancaires ont été ouverts depuis août 2014, démarche appuyée par l’Etat. Toutefois, nombre
de ces comptes ne sont pas utilisés par les habitants illettrés des zones rurales. De plus,
aider les pauvres peut amener de la frustration dans des classes un peu plus aisées. Ainsi
la caste des « Jat » – des petits propriétaires terriens – s’est révoltée dernièrement,
réclamant des quotas d’emplois dans la fonction publique et des admissions dans les
universités. Ces violences dans le nord de l’Inde ont fait 19 morts et 200 blessés. (Le Monde,
22 février 2016).
Face à la crise agricole, cette caste des Jat se sent désavantagée par rapport à des plus
pauvres soutenus par l’Etat.
La campagne « Make in India » : quels sont ses objectifs ?
Attirer les investisseurs étrangers dans les secteurs des industries automobiles,
chimiques, pharmaceutiques, textiles, tourisme, transports.
Favoriser les transferts de technologies.
Exemple : le groupe taïwanais Foxconn a annoncé en août 2015 des investissements
de 5 milliards de $ en Inde.
Quelle est la méthode Modi, face aux partenaires internationaux ?
Le Premier ministre fait preuve de beaucoup d’assurance et de dynamisme pour susciter
l’intérêt. Il a fait 33 déplacements à l’étranger en 18 mois. Un changement de ton et d’impact
est perçu, en particulier avec la Chine. Narendra Modi a recherché une relation informelle et
personnelle avec Xi Jinping, en l’invitant au Gujarat, l’Etat dont il était gouverneur. M. Modi a
allégé la procédure de visa pour les touristes chinois. Toutefois les services de sécurité
indiens étaient opposés à cet assouplissement. En effet, les Ouigours du Xinjiang sont
musulmans et certains sont enrôlés dans des organisations islamistes terroristes. (« Daech,
paroles de déserteurs », documentaire de T. Dandois, F.-X. Tregan, France 2016).
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Pourquoi les relations bilatérales entre l’Inde et le Pakistan restent incertaines dans
les perspectives d’évolution ?
Les relations bilatérales sont faites de hauts et de bas. Régulièrement, des situations de
tensions naissent avec des échanges de tirs à la frontière. L’Inde ressent comme une
provocation la libération sous caution, par le Pakistan, d’un terroriste. Et les séquelles des
attentats de novembre 2008 à Bombay sont persistantes, et renforcées encore par d’autres
attentats plus récents. L’Inde annonce de possibles interventions anti-terroristes sur sol
pakistanais (reprise du mode opératoire américain) !
Quels sont les enjeux des relations triangulaires Inde-Chine-Pakistan, en se focalisant
sur chaque Etat ?
Inde : en retrait par rapport aux deux autres, avec la volonté d’un renforcement des
échanges économiques. Toutefois la balance commerciale Inde‐Chine est nettement
défavorable à New Dehli.
Chine : s’allie stratégiquement avec le Pakistan. Un axe chinois se met en place, avec la
nouvelle route de la soie. La Chine vise les richesses en hydrocarbures de l’Asie centrale et
de la Caspienne, ainsi que l’accès à la mer d’Arabie par l’Afghanistan et le Pakistan.
Pakistan : projet de corridor vers la Chine. Revendique le Cachemire indien (chef‐lieu
Srinagar), dont la population est très majoritairement musulmane et pro‐pakistanaise (déjà
depuis l’indépendance). Cette région du Cachemire, partagée entre les deux pays, reste
explosive.
Quelle est la position des Etats-Unis en Asie du Sud ?
Les USA veulent limiter l’influence de la Chine et souhaitent s’assurer le soutien de l’Inde,
laquelle reste prudente.
L’espace de l’Afpak (Afghanistan‐Pakistan) est un enjeu de la lutte anti-terroriste. Les USA
veulent rester dominants dans l’océan Indien (cf. Ile de Diego Garcia)
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Comment l’Inde s’y prend-elle pour lutter contre les inégalités régionales en termes
d’équipements et d’infrastructures et aussi de niveau de vie ? Et pourrait-on y voir un
retournement de l’histoire ?
Il n’est pas évident d’avoir une politique globale quand il y a 29 Etats fédéraux intérieurs
ayant chacun un pouvoir important dans les investissements. L’arc de croissance (du nord
au sud par la façade maritime ouest) relie les mégalopoles New Dehli, Mumbai, Bangalore
(capitale de l’informatique), Chennai. Hors axe de développement : Calcutta et tout le nord-
est. Un « quadrilatère d’or » est censé faciliter la circulation routière et ferroviaire et à mieux
répartir le développement, incluant la façade maritime orientale (Golfe du Bengale)
Vouloir équilibrer les régions est une forme de retour à la planification, au rôle moteur de
l’Etat. Ce système était appliqué avant la libéralisation des années 1980‐1990. Ainsi le
programme « digital India » prévoit de raccorder 250'000 villages du pays au haut débit d’ici
à 2020.
4. Le pays de l’esclavage moderne
Selon l’ONU et des ONG, l’Inde abriterait la moitié des 30 millions d’esclaves dénombrés
dans le monde. Tout en suivant un reportage de 26 minutes sur ce sujet, répondez aux
questions suivantes.
Quels sont les secteurs économiques concernés et servant successivement
d’exemples dans le reportage ?
Les grandes plantations (caféiers, poivriers) dans l’Etat du Karnataka (sud‐ouest)
Les briqueteries dans l’Etat du Pendjab (nord)
La confection de bijoux en or et en argent à Hyderabad, Etat du Telangana (région
centrale du Deccan)
Quel est le principal moyen utilisé par les esclavagistes pour « enchaîner », sinon
physiquement, du moins contractuellement les personnes ?
La servitude pour dettes. La plupart du temps, ces prêts sont modestes (150‐200 euros) à
l’échelle du pouvoir d’achat occidental. Les taux sont usuriers, avec ce cas exemplaire d’un
prêt de 100'000 roupies, pour 180'000 roupies à rembourser. Souvent il faut des années
pour effacer la dette, laquelle est transmise des parents aux enfants. Le travail forcé est un
effet de l’endettement (contracté dans le contexte d’une maladie, d’un décès).
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Pourquoi le système esclavagiste perdure-t-il jusqu’au XXIe siècle dans une
démocratie ?
Ce système est une tradition qui remonterait à « la nuit des temps ». Il correspond à un ordre
établi, avec des familles puissantes qui l’appliquent. Les esclaves sont résignés, avec le
sentiment que c’est leur destin. Il arrive qu’aucun salaire ne soit versé, même pas pour
subvenir aux besoins alimentaires. Selon le reportage, l’esclavage aurait été aboli
officiellement en Inde il y a 40 ans.
De plus, ce système qui pourrait toucher 1 ouvrier sur 10 dans les plantations paraît
favorable au succès de secteurs économiques d’exportation (café). Les propriétaires sont
appuyés par les contremaîtres et les autorités qui ferment les yeux.
Comment les intermédiaires se justifient-ils, en face de la police et de la justice ?
D’une part, ils disent avoir l’accord des parents, et venir du même village. Les familles sont
payées (exemple donné : 100 euros) et elles confient un enfant. A relever que des enfants
de 10-12 ans se retrouvent à 1600 kilomètres de leur famille (ex. Calcutta-Hyderabad).
D’autre part, ces intermédiaires se dédouanent en disant ignorer ce qui se passe dans les
ateliers.
Qui sont les libérateurs d’esclaves ?
Des ONG, à l’exemple des « Volontaires de la justice sociale », qui luttent pour les droits de
l’homme. La police, notamment dans le sud d’Hyderabad ou dans d’autres mégalopoles.
Toutefois, des réserves peuvent être émises. La volonté de « faire des exemples » et la
médiatisation font quand même penser à des opérations de communication (comparaison
possible avec les opérations anti-drogue dans les favelas). La constance de ces actions
devrait être démontrée. Le fait que les victimes prennent a priori la police pour une menace
montre la complexité de la situation.
Pourquoi certaines victimes, finalement, en veulent-elles à leurs « sauveurs » ?
Pourquoi ces enfants libérés de l’esclavage sont-ils mécontents ?
Les familles placent de grands espoirs dans ces placements d’enfants : exemple donné,
l’argent est destiné aux études et à la dot d’une grande sœur. Rêve d’un enfant de pouvoir
ouvrir un commerce et de donner de l’argent à sa mère. Sortir du système paraît difficile à
imaginer et les enfants sont résignés.
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Quels sont les impacts les plus négatifs de ce système esclavagiste, au plan de la
société ?
Des enfants de 10 ans ne sont pas scolarisés ! Il y aurait 5,5 millions d’enfants
exploités. L’instruction serait assurément le meilleur moyen de sortir de cette misère.
Il maintient le fossé entre les riches et les plus pauvres, dans une société très
inégalitaire. Ce travail forcé est une part de l’économie souterraine indienne.
Le maintien de cet esclavage, du travail forcé (en particulier des enfants) péjore
l’image de l’Inde au plan international.
5. Nouvel Eldorado Indien pour la Suisse
Pourquoi l’Inde est-elle un marché prometteur ?
Croissance du PIB de 7,4% en 2015 et bonne résistance face à la baisse de la
conjoncture mondiale = les autres émergents font moins bien
Les prix pétroliers actuellement bas sont favorables à l’Inde, importatrice
1,26 milliard d’habitants, donc énorme potentiel au niveau des consommateurs
Gouvernement réformateur, avec des mesures favorables aux investissements
Main d’œuvre qualifiée (« cerveaux », anglophone), jeune et relativement bon
marché ; coûts de production bas (mais coûts d’infrastructures élevés)
Quelles entreprises suisses s’établissent en Inde ? Peut-on faire une typologie ?
Les grandes sociétés multinationales : Novartis, Nestlé, Bobst, Givaudan
Les PME : « Switzerland Global Enterprise » (S-GE), une association de soutien aux
PME suisses, ainsi que le « Swiss Business Hub India » à Mumbai
Les start-up, avec « Swissnex India » à Bangalore
Ces entreprises sont actives dans les domaines de la mécanique, de la pharmacie, de
l’agroalimentaire. Elles travaillent pour la distribution en Inde (pas pour l’export).
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Pourquoi la comparaison entre la Chine et l’Inde est-elle fréquente ?
Deux cultures et civilisations majeures, avec des symboles forts, une grande diversité
(mieux préservée en Inde qu’en Chine).
Deux émergents, membres des BRICS, avec des taux de croissance élevés, qui
signalent la montée en puissance de l’Asie depuis les années 1990.
Deux Etats partenaires des Occidentaux mais concurrents face aux pays du Sud.
(présence chinoise et indienne en Afrique –> cf. la « Chindiafrique »).
Les deux pays les plus peuplés au monde, avec une population rurale encore
importante et quelque peu délaissée.
Deux Etats en recherche de modèles de développement et de gouvernance, avec une
composante idéologique non négligeable (compréhension différente des droits de
l’homme).
Quelles sont les spécificités de l’Inde, ses avantages et désavantages comparatifs,
parmi les puissances économiques ?
Avantages
Pays désigné comme le plus attractif en 2015
Moins de contraintes par rapport à la baisse des prix du pétrole (≠ Russie, Brésil)
Stabilité politique (démocratie parlementaire) et monétaire (roupie)
Dynamisme actuel dans la gouvernance économique avec des programmes pour
stimuler l’investissement étranger
Marché préservé, potentiel important au niveau de la croissance et des
consommateurs
Main-d’œuvre jeune et anglophone
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Désavantages
Manque d’infrastructures : routes, voies ferrées, réseau électrique, eau potable
Administration nombreuse et inefficace, corrompue
Taxes élevées et barrières à l’activité économique (créer une entreprise est très
compliqué)
Société très inégalitaire (grand écart entre les super-riches et les très pauvres) avec
des pratiques archaïques (esclavage)
Classe moyenne peu nombreuse proportionnellement à la population totale
Pays cher en comparaison avec d’autres émergents et avec la région
Question « point de vue » : les faiblesses, les manques sont une promesse pour les
investisseurs d’un développement sur le long terme !
Présentez des exemples concrets où des entreprises suisses développent des
activités en Inde, ou visent le marché indien.
Coop (Naturaline) soutient la fondation « bioRe » qui produit du coton bio en Inde et
veut y construire des toilettes dans les campagnes, suivant en cela un projet du
gouvernement Modi. Ce programme de construction est complété par des mesures de
sensibilisation, sinon il sera inefficace
Skillsonics : exportation en Inde du modèle suisse de l’apprentissage
Sterilux : la start-up (EPFL et Y-Parc) qui a créé une nouvelle méthode peu coûteuse
de stérilisation du matériel médical ; l’Inde est son marché offrant le plus grand
potentiel
Le cimentier Lafarge Holcim vise à se relancer grâce aux besoins d’infrastructures
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La Confédération favorise ces relations, jugées excellentes :
« La Suisse et l'Inde ont signé de nombreux accords bilatéraux dans divers domaines
(commerce, formation, transport aérien, finances, fiscalité, coopération scientifique et
technologique, etc.). La Suisse et l'Inde entretiennent un dialogue politique régulier depuis
2005 ». (…) « La Suisse compte parmi les dix principaux investisseurs en Inde.
Selon les statistiques de la Banque nationale suisse (BNS), les investissements directs
suisses en Inde se montaient fin 2013 à 6,82 milliards de francs. Plus de 200 entreprises
suisses sont présentes en Inde, sous la forme de joint-ventures ou de succursales. Fin 2013,
un peu plus de 100’000 emplois en Inde étaient liés aux investissements direct suisses. »
(https://www.eda.admin.ch/eda/fr/dfae/representations‐et‐conseils‐auxvoyageurs/
inde/suisse‐inde.html)
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Les ressources naturelles II.
Constat de l’importance croissante du commerce des ressources
Causes : la population mondiale augmente, les pays émergents consomment
Les conditions de cette demande croissantes sont influencées par la conjoncture
Définition de sens commun
La distinction n’est pas complètement satisfaisante.
La ligne de démarcation entre les ressources naturelles et les autres marchandises a un
côté arbitraire.
Distinctions
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Classement
Dans les statistiques étatiques et le commerce international, manque de distinction entre :
Définition
Constat
« En général, la valeur du capital naturel n’est pas prise en compte au niveau de l’entreprise
ou dans la comptabilité nationale. Ni la contribution des ressources naturelles à la
croissance, ni l’étendue et l’impact de leur dégradation, ne sont pleinement mesurés et
reconnus par les décideurs politiques. »
OMC Rapport 2010 Le commerce des ressources naturelles
Ressources non directement
commercialisables
Eau
Biodiversité
Terre
Paysages
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1. Rareté et caractère épuisable
Rareté génère une rente économique (exemple: la rente pétrolière)
Les politiques ou mesures commerciales qui changent l’offre et la demande modifient la
distribution des rentes dans le temps et entre les pays
Ces changements conduisent à des tensions ou à des conflits
2. Forte volatilité des prix
Combustibles: les prix ont flambé à plusieurs reprises depuis les années 1970, pour
s’effondrer ensuite
Prix des combustibles ont bondi de 234% entre 2003 et 2008 (stat. FMI)
3. Répartition géographique inégale
90% des réserves mondiales prouvées de pétrole se trouvent dans 15 pays (sur 200)
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4. Externalités liées aux retombées de l’extraction
Les actes d’un agent économique affectent indirectement d’autres agents (+/-)
Exemple d’externalité négative : un processus d’extraction provoque une pollution qui
nuit à la santé des riverains et à l’environnement
Marée noire dans le Golfe du Mexique: explosion de Deepwater Horizon en 2010
5. Prédominance dans l’ombre d’économies nationales
Les ressources naturelles occupent une place très importante dans l’économie de
nombreux pays. Ils misent sur un petit nombre de produits d’exportation.
Principaux pays exportateurs de combustibles (2008): Arabie Saoudite 90%, Iran 82%.
Koweit, Venezuela, Algérie, Nigéria, Angola > 90%
Produits miniers dans les exportations (2008): Zambie (80%), Chili (60%), Pérou (43%)
6. Débats
a) Évolution technologique
Contribue à de nouvelles découvertes
Permet l’exploitation de stocks auparavant inatteignables
Influence le taux d’épuisement
Peut modifier le rythme d’épuisement d’une ressource, mais pas le fait qu’elle est
épuisable
Quelles sont les parties prenantes ? Pourquoi ce qui parait a priori évident s’avère
complexe ?
Exemples : extraction de minerais ou d’hydrocarbures, secteur de la pêche
Approches primauté aux acteurs :
Les industries exploitantes
Les sociétés de négoce, les banques, les magnats (oligarques, etc.)
Le domaine de l’ingénierie (technoscientifique, techniques d’extraction)
Les entrepreneurs et promoteurs de nouvelles approches technologiques
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Les Etats producteurs et leurs gouvernements
Les Etats consommateurs et leurs gouvernements
Les groupes de pressions et les contre‐pouvoirs : les partis politiques (aux positions
divergentes), les lobbies, les ONG / organisations écologistes et humanitaires, certains
mouvements religieux
Les universités et technopôles
Les populations autochtones
Les ménages / les consommateurs
= Des liens sont à faire entre ces diverses parties prenantes
Une présentation a mis en avant la primauté au milieu (ressources, environnement), les
« acteurs » cités ci‐dessus étant des sous‐catégories agissantes.
Réflexions sur la complexité
Constat du caractère englobant (cf. les nombreuses parties prenantes).
Les producteurs n’ont pas le choix pour suivre, vu les lois du marché.
Le marché décide : plus précisément, difficile de savoir qui décide.
Les avancées technologiques ne sont pas forcément favorables pour l’environnement,
tandis que le sens commun (l’opinion publique en général) les voit positivement.
La technologie a de bons côtés mais il y a des répercussions sur d’autres domaines :
l’automatisation détruit énormément d’emplois !
Les technologies qui améliorent la durée de vie amènent la surpopulation mondiale.
Un espace de tensions avec des effets : les conflits d’intérêts (exploitants vs
populations), l’appât du gain (jusqu’à l’épuisement de la ressource), la migration des
populations.
Pas vraiment de règlementation. On ne s’inquiète pas trop de savoir comment on
exploite. Fonds marins : destruction irrémédiable de l’écosystème, des biotopes !
Beaucoup de promesses tandis que les grandes décisions internationales ne sont pas
faciles à appliquer.
= Des recoupements sont à faire entre ces réflexions.
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b) Aubaine vs malédiction
Traditionnellement, les économistes ont considéré la dotation en ressources comme un
facteur positif
Depuis les années 1950, constat qu’une dépendance excessive à l’égard des
exportations de ressources naturelles pouvait enfermer les pays dans un état de « sous-
développement » (thèse de Singer-Prebisch)
Trouver des exemples qui confirment cette théorie, et d’autres qui l’infirment.
Approche par pays
Où placer l’Arabie saoudite ? Les Emirats Arabes Unis ?
Aubaine
Pouvoir de négociation des pays producteurs (le robinet qui peut être fermé)
Pays spécialisés dans ce domaine
Ouverture au marché mondial
Création d’emplois dans ce secteur [à nuancer : le secteur de l’extraction est très
robotisé]
Richesse facile : Dubaï
Malédiction
Dépendance à ce marché, dépendance forte à l’exportation donc dépendance aux
importateurs
L’esclavage est subséquent à l’exploitation des ressources
Pays colonisés pour leurs ressources
Pas de diversification, sous-développement, reste de l’économie pas développé,
manque de savoir-faire, peu d’éducation
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Riches et pauvres avec de forts écarts, instabilité politique forte (Afrique, Asie),
corruption, dictatures, coups d’Etats, régimes militaires
A la merci des risques naturels, catastrophes
Réflexions et conclusions
À moyen terme, une aubaine, créer les fondements du développement
Un pays déjà développé est mieux placé (Norvège, Etats‐ Unis, Canada, Australie).
Par contre à long terme, une malédiction, risque d’épuisement, risque de catastrophe,
dépendance.
Pays d’Afrique sans ressources ou avec des ressources : avec des ressources, ils vont
tout de même mieux. Un avis discuté du fait que les pays sans ressources s’en sortent
autrement. Mais la croissance économique des pays exportateurs et leur niveau de
richesse ne sont pas proportionnels à leur richesse en ressources naturelles (Algérie,
Nigéria, etc.).
Constat sur la pauvreté africaine, en trois points : Dépenses et investissements publics
mal alloués. Secteurs d’extraction pas reliés à l’économie nationale. Les autorités ne
prennent pas les ressources naturelles auxquelles elles auraient droit (face aux
compagnies).
c) Périphérie dépendante
L’échec des efforts de développement serait dû à un rapport de forces inégal entre les
pays sous-développés de la « périphérie » et les pays industrialisés du « centre »
Les ressources vont de la périphérie au centre, favorisant les pays riches aux dépens
des pays pauvres, privant ces pays du capital et de la technologie nécessaires à leur
industrialisation
Les relations économiques existantes – et la nature de l’intégration mondiale –
enferment les pays en développement dans un état de sous-développement
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Vous représentez la corporation des sociétés de trading en matières premières et
vous devez argumenter contre cette schématisation. Présentez des arguments
résistant à la contradiction.
Remarque
Preuve que prendre la défense des sociétés de trading n’est ni facile ni usuel (elles‐mêmes
sont fort discrètes et avares en arguments), plusieurs idées émises étaient de nature à
confirmer la thèse « périphérie dépendante ». Ces prises de position ne sont pas reprises.
Les traders sont des intermédiaires. Ils permettent la régulation de l’offre et de la demande.
La Bourse [des matières premières] amène les fonds pour le financement à court terme des
exploitants. Le trading développe la prospérité mondiale. L’image du trading est faussée
avec des arguments émotionnels. Gros stéréotype : banque et spéculation créent la faim
dans le monde. Selon des experts, la spéculation n’a pas d’influence permanente sur les
prix, sauf pour le maïs. La spéculation influence les prix à court terme seulement.
Certaines sociétés de trading [commodities] s’engagent pour l’Afrique, avec des fondations
pour aider dans l’agriculture, les soins médicaux, par ex. en RDC. Elles investissent dans les
infrastructures routières, pour améliorer les conditions de travail et la sécurité, pour la
création de postes de travail.
Si les finances publiques de ces Etats riches en ressources sont catastrophiques, ce n’est
pas la faute des compagnies d’extraction ou des sociétés de négoce, mais bien des autorités
corrompues. Au lieu d’investir dans des équipements et des infrastructures, les élites gardent
les royalties pour elles‐mêmes. Non seulement ce n’est pas le rôle d’une entreprise de faire
des ingérences dans la politique d’un gouvernement, mais une société qui s’oppose à un
gouvernement doit quitter le territoire ou est menacée de devoir partir (ex. Zimbabwe).
Enfin, ces pays ne sont pas capables d’exploiter eux‐mêmes ces ressources, donc si les
sociétés d’extraction occidentales ne le faisaient pas, ces richesses resteraient inexploitées.
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d) Le syndrome hollandais
La découverte de ressources naturelles dans un pays modifie ses priorités
Les recettes de l’exportation des ressources conduisent à l’afflux de devises, au
renforcement de la monnaie et à la perte de compétitivité du secteur industriel
La spécialisation dans les industries d’extraction conduit à négliger l’industrie
manufacturière
Le moyen de remédier à cette «maladie»: maintenir une économie diversifiée
Quelle est l’origine de ce concept de « mal hollandais » ? Faites une représentation
dans un schéma montrant les étapes du processus, avec ses composantes, ses
parties prenantes. S’il y a la possibilité de prévenir ce mécanisme, pourquoi n’est-il
pas à la portée de tous les Etats ?
Le syndrome hollandais, ou maladie hollandaise, ou mal hollandais, trouve son origine dans
l’observation de l’économie des Pays‐Bas après la découverte de gisements de gaz dans la
province de Groningen, puis dans la mer, dans les années 1960.
Parties prenantes : Etat central, régions ou provinces, banque centrale, investisseurs /
spéculateurs, compagnies pétrolières /gazières, industries exportatrices.
Processus
Découverte de gisements de ressources naturelles (ex. du pétrole ou du gaz) dans un pays :
Afflux d’investissements (nationaux ou internationaux) dans ce secteur, et de main-
d’œuvre, avec la perspective de recettes et les promesses de rendement. Les autorités
soutiennent le trend.
La monnaie nationale se renforce.
La devise forte fait perdre sa compétitivité au secteur manufacturier et industriel tourné
vers l’exportation, dès lors ce secteur est en manque d’investissements. Il n’est plus
attractif, au contraire de l’industrie extractive.
Quand les ressources s’épuisent ou quand les cours sont bas, le pays se retrouve
plus pauvre qu’il n’était avant la découverte des ressources, car l’économie s’est « re-
primarisée » (reconcentrée sur le secteur primaire).
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Le meilleur moyen de lutter contre le syndrome hollandais est de garder une économie
diversifiée et compétitive. La Norvège a créé un fonds souverain pour réduire les risques.
Mais cette mesure prend du temps, au moins dix ans, jusqu’à montrer ses effets. Se reposer
sur l’extraction des ressources fait perdre à un pays sa compétitivité industrielle et sa
capacité à l’innovation.
7. Énergies
En quoi la stagnation de la consommation énergétique au niveau mondial cache-t-elle
une nouvelle donne et des situations diverses ?
La consommation augmente dans les pays du Sud, qu’ils soient « émergents » ou pas, en
particulier au Proche-Orient, en Afrique, en Asie (= 2 à 4 %). Par contre, la consommation
énergétique est en baisse dans les pays développés (OCDE, y compris les pays de l’UE= - 1
à -4 %).
Ce trend se confirme sur le moyen terme : la Chine consomme 23% de l’énergie mondiale et
dépasse nettement les Etats-Unis, tout comme l’Inde dépasse largement le Japon.
Comment expliquer cette baisse des prix du pétrole ?
Première raison : une offre abondante qui dépasse nettement la demande.
Deuxième raison : le ralentissement économique mondial. Possible contradiction:
a) le ralentissement économique mondial et en même temps l’augmentation de la
consommation globale d’énergie dans les pays émergents (cf. 1).
b) l’instabilité dans des pays producteurs (Syrie et Irak avec effets sur la Turquie, la
Russie et les relations avec l’Europe, ainsi que la Libye) laisserait penser à une
réduction de l’offre globale.
Le cas des Etats-Unis : en quoi la dernière décennie marque-t-elle une évolution
majeure ?
Avec l’exploitation des pétroles non conventionnels (pétrole de schiste), les Etats‐Unis sont
(re)devenus le premier producteur mondial. Ils visent l’autosuffisance. Cette ambition
correspond à des objectifs stratégiques (ne pas dépendre de pays à risques, l’Arabie
Saoudite ou le Venezuela, mais plutôt d’alliés comme le Canada et le Mexique), mais elle va
à l’encontre des grands principes de la maximisation des échanges prônés par l’Organisation
mondiale du commerce, gages de prospérité.
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En quoi la chute des cours a-t-elle un impact sur les échanges mondiaux et illustre-t-
elle des tensions ?
Les produits pétroliers sont distribués absolument partout, dans des volumes énormes (90
millions de barils/jour). Chaque variation des prix (exemple un baril de Brent à 27 $ en février
2016 et à 46 $ fin avril; 2011‐2013 > 100$ !), représente des sommes importantes au vu des
quantités, en milliards de $, dans la balance des paiements. Ces variations influencent les
transferts financiers entre producteurs (fréquemment très dépendants de cette ressource) et
consommateurs.
Reste que les pays producteurs n’arrivent pas à s’entendre pour une diminution de la
production, qui ferait remonter les cours (cf. l’échec de la réunion de l’OPEP à Doha à la mi‐
avril, avec toutefois un « plus haut » annuel fin avril 2016 !)
Quelles économies sont déstabilisées par la situation actuelle, et comme l’expliquer ?
Certains Etats ont des méthodes de gestion peu rigoureuses et des équipements obsolètes.
L’exemple emblématique est le Venezuela, qui a profité d’une décennie de prix élevés pour
mener une politique sociale généreuse (le « chavisme »). Cet Etat fait face actuellement à de
graves difficultés budgétaires, au point que le président Nicolas Maduro est en difficulté et a
décrété la fermeture partielle d’écoles et administrations pour des raisons budgétaires.
Des Etats dont les gouvernements sont autoritaires (Etats d’Asie centrale, Algérie, Iran)
peuvent être déstabilisés. Le Nigéria est dans une situation difficile à cause des islamistes
actifs dans une partie du pays. Le Sud‐Soudan se pacifie après une période de guerre.
L’Angola (2e producteur africain) se trouve en avril 2016 dans une situation sanitaire difficile
(fièvre jaune) et faute de moyens budgétaires à cause de la baisse de la rente pétrolière,
demande l’aide du FMI. La Russie est endettée et connaît des problèmes monétaires, mais
des nouvelles rassurantes viennent de Gazprom qui a quintuplé son bénéfice en 2015
(information d’avril 2016).
L’Arabie saoudite a les meilleures conditions d’extraction (pétrole onshore, terrestre, en
comparaison du pétrole offshore, extraction en mer à plus ou moins grande profondeur).
Comme pour le cas du minerai de fer, les compagnies les plus solides cherchent à asphyxier
les plus faibles dans les périodes difficiles. Mais même l’Arabie saoudite peine à boucler son
budget. Elle a annoncé son intention de créer un fonds souverain de 2000 milliards $ (avril
2016).
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Recul des investissements : quelles sont les conséquences ? (Secteurs et régions
touchées)
Les cinq majors occidentales (Exxon, BP, Shell, Chevron, Total) réduisent leurs activités et
investissements, notamment les grands projets (exemples au Qatar, en Arctique, et les
forages offshore profonds). L’objectif est de dégager toujours de la rentabilité. Le secteur
parapétrolier (constructeurs de plateformes et matériels de forage) licencie et se restructure.
Le secteur du raffinage est en surcapacité en Europe et se restructure également.
La volatilité est un concept important dans le domaine des matières. Quels constats
peut-on faire sur l’économie en général ?
Les économistes eux‐mêmes, sans forcément être de sensibilité opposée, peuvent débattre
de la volatilité et de ses effets donnés comme négatifs ou positifs. Sur les pays producteurs
et dépendants, la volatilité est dangereuse car en conjoncture baissière, les Etats ne peuvent
plus faire face à leurs obligations budgétaires planifiées en phase haussière (cf. réponse 5,
cas actuel de l’Angola).
Sur les pays consommateurs, la situation est plus relative. Ainsi la forte baisse des prix des
hydrocarbures, donc de la facture énergétique, n’a pas eu d’effet rapide ni spectaculaire sur
des économies en attente de relance, notamment en Europe (cas de la France). La volatilité
ne changerait rien à long terme. Simplement à court terme, elle serait liée aux ajustements
entre offre et demande. Toutefois les ONG dénoncent les activités de trading et shipping où
il y a manifestement une rétention de matières pour faire monter les prix ainsi que les
opérations spéculatives (hedge funds) sur les marchés. Les volumes échangés n’ont plus
rien à voir avec les volumes réels.
Comment expliquer que les grandes banques se désengagent du secteur, au profit de
sociétés de trading ?
Les exigences envers les banques ont nettement augmenté depuis la crise des subprimes
en 2008, car une banque en difficulté voire en faillite peut mettre en péril l’économie en
général. Les obligations de fonds propres qui seraient nécessaires pour le trading, ainsi que
les compétences requises, font que les banques préfèrent confier ce domaine aux sociétés
spécialisées dans le trading (exemple la banque américaine Morgan Stanley au profit de la
société suisse Mercuria et de l’américaine CCI).
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Pourquoi le Brésil parait dans une situation critique, alors que l’avenir paraissait très
prometteur encore en 2010 ?
Dans la phase de croissance de l’économie mondiale et de hausse du cours des matières
premières, les promesses d’IDE, plus encore que les investissements eux‐mêmes, étaient
très importantes au Brésil. Un mégaprojet d’exploitation pétrolière offshore à grande
profondeur, au large de Rio de Janeiro, avait été annoncé, avec appel aux investisseurs.
Toutefois, dès 2011, l’euphorie a laissé la place à la crise et au doute. D’une part, le
scandale Petrobras et les remous politiques qu’il provoque jusqu’à aujourd’hui déstabilisent
le pays, avec la procédure de destitution de la présidente Dilma Rousseff. La compagnie
pétrolière est lourdement endettée. D’autre part, tous les secteurs sont touchés si bien que la
qualité d’économie « émergente » en vient à être discutée. La Banque chinoise de
développement (donc un membre des BRICS), a consenti un prêt de 3,5 milliards de $ au
Brésil, soutien qui péjore l’image du Brésil, pays à risques.
Le cas du Canada. Quelle est la situation de l’Alberta, au plan de la production et des
investissements ?
Dans les années de hausse des prix du pétrole, l’Alberta, situé au centre‐ouest du Canada, a
connu un formidable développement. Développement de régions (Fort McMurray), arrivée de
main‐d’œuvre bien payée (camionneurs), et aussi arrogance des Albertins envers les
provinces moins riches, dont ils devaient soi‐disant financer les programmes sociaux. Le
premier ministre Stephen Harper, conservateur, soutenait pleinement la politique
économique reposant sur l’exploitation des ressources.
Avec la baisse du prix du brut, l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta n’est même
plus rentable, à cause des coûts élevés. Les nouveaux projets sont interrompus et les
grandes compagnies retirent du personnel. Toutefois l’exploitation continue, car les
investissements consentis ont été considérables. En effet, après le déboisement d’un
territoire, d’immenses quantités de sable gorgé de bitume sont extraites, convoyées et
traitées pour en ressortir du pétrole brut. Une opération bien plus compliquée que l’extraction
onshore par puits.
Aujourd’hui, le pouvoir central est occupé par le « libéral » (social‐démocrate) Justin
Trudeau, opposé à la politique d’extraction des ressources comme fondement de l’économie
nationale canadienne. C’est la revanche des provinces davantage urbanisées, comme le
Québec.
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Quels sont les enjeux autour du pipeline Keystone XL, au plan intérieur canadien, et
aux Etats-Unis, entre partisans et opposants ?
Buts de Keystone XL : transporter, acheminer du pétrole brut issu de l’exploitation des
sables bitumineux de l’Alberta (Canada) jusqu’au Texas (raffineries, terminaux pétroliers
pour l’exportation), en traversant du nord au sud le Montana, le Dakota du Sud, le Nebraska.
Enjeux intérieurs canadiens : que faire du pétrole brut de l’Alberta ? Le convoyer par train
vers l’est (océan Atlantique) est dangereux, à témoin le terrible accident de Lac‐Mégantic en
2013. Aller vers l’ouest et le Pacifique est quasiment impossible à cause des montagnes
(région de Vancouver). Reste la variante sud, vers les Etats‐Unis.
Enjeux intérieurs étatsuniens : alors que le Congrès à majorité républicaine soutient
l’avancement du projet d’oléoduc (pipeline), le président Obama a mis son veto en attendant
les résultats d’enquêtes sur les aspects écologiques. Débat sur l’apport économique
véritable pour ces régions défavorisées du Midwest. Les partisans prédisent un miracle
économique, les opposants dénoncent les risques de pollution et l’atteinte aux territoires
amérindiens pour la création d’un nombre très restreint d’emplois.
Enjeux extérieurs étatsuniens : Obama a fâché la société TransCanada, qui a déjà investi
une partie des 8 milliards de $ du projet. Il a aussi provoqué la colère du gouvernement
Harper, mais depuis octobre 2015, la relation est bien meilleure avec le nouveau
gouvernement et le premier ministre Justin Trudeau.
Quelle est l’état de l’offre et de la demande en gaz ?
Alors que le gaz se présente comme l’énergie fossile la plus propre, elle n’a pas tiré profit de
cette image. La demande est en recul en Europe (environ ‐10%). En cause le pétrole bon
marché, la guerre en Ukraine. La production en mer du Nord (GB, NL) diminue, tandis qu’elle
augmente en Asie centrale. Augmentation aussi du GNL (gaz naturel liquéfié), transporté par
navire méthanier. S’il est plus cher, le GNL offre des facilités de stockage et de livraison
dans des lieux inatteignables par gazoduc, par exemple le Japon.
Pourquoi les gazoducs du « corridor sud » sont-ils des équipements tellement
sensibles ?
La construction de gazoducs est dépendante de plusieurs facteurs‐clés. Il faut des Etats
stables aussi bien du côté des fournisseurs, des pays de transit et des pays acheteurs dans
leurs relations avec les autres partenaires. Depuis une quinzaine d’années, plusieurs
mégaprojets ont été planifiés dans le sud de l’Europe, mais aucun n’a encore complètement
abouti.
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Le projet Nabucco était soutenu par l’Union européenne et le but était d’être moins
dépendant du gaz russe. L’Iran ( le nom Nabucco est un diminutif tiré du nom d’un roi de
l’antique Babylone, située dans l’antiquité dans l’espace perse) était le fournisseur pressenti.
Cependant, l’embargo contre l’Iran à cause du nucléaire a fait que le projet de gazoduc
n’avait plus de fournisseur. De plus, seules des compagnies des pays traversés par le projet
soutenaient le projet, abandonné finalement en 2013, sans surprise.
Le projet South Stream devaient amener le gaz depuis la Russie, puis passer sous la mer
Noire jusqu’en Bulgarie, puis traverser les Balkans (Serbie) jusqu’en Italie du Nord. Ce projet
était le pendant méridional de Nord Stream. Bloqué par l’Union européenne dans le contexte
de la crise dans l’est de l’Ukraine, il a été abandonné par la Russie à la fin 2014, en guise de
représailles contre les sanctions décidées par Bruxelles. La Russie décide alors de livrer son
gaz vers la Turquie (projet Turkish Stream), mais à la suite de la crise russo‐turque (avion
russe abattu) à son paroxysme en février 2016, le projet est bloqué.
Le projet TAP se situe à la suite du gazoduc turc TANAP (Botas, Socar et BP, pour 2018).
TAP signifie TransAdriaticPipeline, donc il acheminera le gaz de la Grèce puis l’Albanie vers
l’Italie du Sud, par la mer Adriatique. Parmi ses promoteurs, de grandes compagnies (Statoil,
E‐On). Ce projet répond aux objectifs de l’Union européenne de moins dépendre de la
Russie, car le gaz provient de l’Azerbaïdjan (compagnie nationale Socar, avec BP), plus
précisément de la mer Caspienne et du champ pétrolier et gazier de Shah Deniz II.
En quoi la Suisse est-elle concernée par ce « corridor sud » ?
La société Axpo détient 5% (après désengagement partiel) du capital de TAP et avec ce gaz,
la compagnie suisse vise à alimenter une centrale en Italie pour produire de l’électricité.
Le projet Nord Stream 2 divise les Européens. Pourquoi ?
Tout d’abord, le gazoduc Nord Stream a été inauguré en 2011, pour son 1er tube.
L’Allemagne reçoit directement du gaz russe, via deux tubes sous‐marins dans la Baltique.
Nord Stream livre annuellement 55 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Gazprom
détient un peu plus de 50% du capital. Enjeu géostratégique : éviter de transiter par des
pays tiers, en particulier l’Ukraine. Bien avant la crise de 2015, les relations entre l’Ukraine et
la Russie étaient tendues et les robinets des gazoducs étaient utilisés de part et d’autre
comme moyens pour faire pression dans des négociations sur les prix, les quantités et les
échéances de paiement. Avec le gaz, l’Allemagne limite aussi son recours au charbon et au
nucléaire. A noter que la société Nord Stream est basée en Suisse, dans le canton de Zoug,
avec un centre de contrôle du gazoduc. (Ce n’est donc pas une société boîte aux lettres).
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Nord Stream 2 est un projet de doublement de Nord Stream. Parmi les Etats européens,
plusieurs fronts sont identifiables parmi les opposants.
Alors que l’Union européenne avait la volonté affichée depuis des années d’être moins
dépendante de la Russie pour son approvisionnement énergétique, Nord Stream 2 va
clairement dans un sens contraire. Encore plus inacceptable au moment où l’UE a
soumis la Russie à des sanctions économiques, après l’annexion de la Crimée, et
après que la Russie a établi des contre‐sanctions sur les produits agricoles.
Les Etats d’Europe centrale, Pologne, pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie)
craignent l’abandon quasi définitif de l’Ukraine, comme corridor de transit pour le gaz
russe, ce qui compromettrait leur propre approvisionnement et affaiblirait gravement
leur voisin ukrainien. A relever qu’en 2015, les Allemands avaient décliné la demande
russe de pouvoir utiliser le gazoduc allemand OPAL, pour alimenter l’Europe centrale
via Nord Stream.
L’Italie se sent pénalisée à la suite de l’abandon de South Stream et des difficultés à
réaliser un gazoduc au sud de l’Europe. Son gouvernement ne comprend pas pourquoi
l’Allemagne pourrait réaliser maintenant un gazoduc conjointement avec les Russes,
d’autant plus que l’Italie de Matteo Renzi n’était pas favorable au régime de sanctions
contre Poutine.
Le vote britannique de juin 2016 et les importantes répercussions en cas d’acceptation
d’une sortie de l’UE incitent à la plus grande prudence dans un investissement de
portée continentale.
Enfin dans plusieurs de ces fronts, un sentiment d’agacement face à l’arrogance
germanique paraît ressortir, notamment au sud de l’Europe.
Entre Occident et Orient, quel balancement pourrait se produire sur le marché de la
demande ?
Pour la Russie, ses acheteurs à l’avenir se situeront toujours plus en Asie. Certes, depuis les
champs gaziers et pétroliers sibériens jusqu’aux régions développées du nord‐est de la
Chine, les distances sont colossales et le relief pas toujours propice. Mais la compagnie
chinoise CNPC est sur les rangs pour l’extension de l’exploitation du gisement de Yamal
(Sibérie occidentale, déjà reliée à l’Europe par un gazoduc de 4000 km). Les contrats à long
terme (20 ans) ont été signés à 90% par des Asiatiques.
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Le charbon : quels sont ses points forts et ses points faibles ?
Points forts : abondant, bon marché, facile à transporter, localisé dans des régions
sûres (Chine, Inde, Australie, Etats-Unis, Allemagne), ancrage culturel (avec d’ardents
défenseurs).
Points faibles : rejets massifs de CO2 et en plus de poussières fines dans les régions
d’excavation avec effets sur la santé ; image passéiste (pas l’avenir, pas la
technologie).
Bilan critique des grandes conférences internationales sur le climat, quatre mois
après la COP 21 :
Ces conférences périodiques se terminent par des déclarations ambitieuses, mais le
passage aux actes est décevant. Ainsi les pays développés n’ont versé pour le moment que
10 des 100 milliards d’aide au pays du Sud pour une « fonds vert » entre 2015 et 2020. La
récente COP 21 à Paris en décembre 2015 n’échappe pas à la critique d’une opération de
marketing politique.
Le meilleur moyen de contrôler si les objectifs, toujours fixés à des horizons de 5 à 25 ans,
sont atteints, c’est de retourner aux engagements pris entre 1990 et 2010. Selon leurs
échéances, quel bilan peut‐on tirer ? Les résultats sont assurément en‐deçà des
promesses !
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8. Minerais
Le « super-cycle des matières premières » est bien terminé. Donnez trois raisons de
ce recul.
Une offre mondiale abondante (fer, cuivre, or, nickel, …) liée aux investissements dans
les mines.
La crise occidentale à partir de 2008 (effet de la crise des subprimes, banques USA).
Le ralentissement économique de la Chine, plus tardif, impacté par le ralentissement
occidental. Ces deux crises conjuguées amènent à une chute des cours à partir de
2011 (cas emblématique de l’or) puis encore en 2014 (minerai de fer).
Quel est l’impact de ce revirement de conjoncture, sur les pays producteurs, au plan
politique, économique et social ?
Les Etats dépendants du secteur minier, surtout des pays du Sud, rencontrent une
conjonction de problèmes, avec de fortes baisses du PIB : Mauritanie, Congo, Zambie,
Suriname, Mongolie, Chili…
Cas de l’Afrique du Sud : les trois grands groupes (Lonmin, Impala, Anglo American) ferment
des mines. En juillet 2015, Lonmin et Anglo American ont annoncé la suppression de 10'000
emplois dans le pays. Cas très médiatisé de la grève des mineurs à Marikana en août 2012,
avec 34 mineurs tués par la police. Les répercussions avaient été mondiales, avec des
polémiques sur le déroulement des faits et une mauvaise image.
Parmi les pays industrialisés, l’Australie a été la plus impactée, avec une grosse pression sur
le secteur de l’extraction du minerai de fer. Effet sur l’Etat, avec un déficit budgétaire en
augmentation de 35% dans cette période.
Comment les géants du secteur – notamment le premier groupe mondial BHP Billiton
– réagissent-ils à la situation ?
Jusqu’en 2014, les plus grands (BHP, Rio Tinto, Vale) ne voulaient pas réduire la production,
ce qui faisait souffrir les entreprises de taille moindre (en Australie, en Afrique de Sud).
Même le gouvernement australien appuyait BHP dans cette politique.
Depuis 2015, la situation a changé. BHP se restructure en se concentrant sur les activités
les plus rentables et en délaissant les moins profitables. L’objectif est d’augmenter la
rentabilité pour retrouver les performances d’avant la crise.
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Cas de la société suisse Glencore, géant du commodity trading (qui avait fusionné avec la
société minière XStrata en 2013) et qui a vendu en 2014 la mine de cuivre péruvienne de
Las Bambas à des investisseurs représentés par une société de Hong Kong, pour 7 milliards
de $.
En quoi le monde de la banque et le monde minier entretiennent-ils des « liaisons
dangereuses » ?
« Les liaisons dangereuses », le roman épistolaire de Choderlos de Laclos, est une
représentation de l’art de la manipulation. Deux films ont été tirés de ce roman.
« Manipulation » est un terme qui représente bien la relation entre le monde de la banque et
le monde minier. En 2015, le département de la Justice des Etats‐ Unis et la Commodity
Futures Trading Commission (CFTC) ont ouvert une enquête contre dix grandes banques
mondiales (HSBC, Bank of Nova Scotia, Barclays, Credit Suisse, Deutsche Bank, Goldman
Sachs, JP Mor-gan, Société Générale, Standard Bank, UBS) pour avoir manipulé sur le
London Metal Exchange les processus de fixation des prix de nombreux métaux (or, argent,
platine, palladium). Tentation de la cartellisation, des ententes secrètes.
Que demandent particulièrement les institutions internationales, les organismes de
régulation et les ONG, en face de ce commerce des minerais ?
Les ONG (Global Witness, La Déclaration de Berne, Greenpeace, WWF) demandent
davantage de respect pour les droits de l’homme et pour la protection de l’environnement.
Un des moyens d’y parvenir est d’avoir davantage de transparence dans la gestion et de
traçabilité pour les ressources.
Des organisations internationales (l’ONU, l’OCDE, l’UE) cherchent à renforcer le droit, à
lutter contre les mafias, contre l’action des groupes rebelles qui financent la guerre avec la
vente des ressources.
Si des améliorations significatives pourraient être attendues, au vu des pressions,
pourquoi se font-elles attendre ?
Premièrement, les sommes en jeu sont colossales, en milliards de $. Dans ce contexte, la
corruption est répandue, en particulier dans les pays du Sud. L’économie souterraine est
importante.
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Deuxièmement, les mines sont parfois situées dans des pays en guerre, où les autorités
n’ont pas la maîtrise de la totalité du territoire. Les zones d’extraction sont sous domination
de milices rebelles, qui achètent leur armement avec la vente des ressources. Existence
aussi de conflits frontaliers entre Etats.
Troisièmement, les organisations internationales et les Etats occidentaux (UE, OCDE)
doivent se limiter à formuler des recommandations, parce que les ingérences dans les
affaires intérieures d’un Etat sont délicates (accusations de néo-colonialisme). De plus les
entreprises occidentales ne sont pas elles-mêmes transparentes, d’autant plus si elles ne
sont pas cotées en bourse.
Donnez des exemples de commerces liés à des trafics illicites.
Le trafic illicite le plus médiatisé est celui des diamants (Sierra Leone, Centrafrique). Cette
problématique des « diamants de sang » a été représentée dans le film Blood Diamond
(2006). Le diamant brut n’est traçable (ni pour sa provenance ni lors du passage sous les
détecteurs de métaux dans les aéroports), contrairement à l’or, également au cœur des
trafics en Afrique centrale et Afrique occidentale. Liée au trafic illicite, l’extraction clandestine
de l’or n’est pas du tout règlementée ni contrôlée, si bien que son effet sur l’environnement
est bien plus néfaste (utilisation de mercure) que l’exploitation industrielle.
Pourquoi les « terres rares » ont pris une importance si considérable depuis une
quinzaine d’années, au plan commercial et au plan stratégique ?
Les « terres rares », comme leur nom l’indique, sont des métaux présents en quantités
minimes dans la croûte terrestre, si bien qu’il faut remuer des grandes quantités de terre
pour en extraire de petites quantités. L’opération est très polluante. Dans les années 1990,
les Etats-Unis ont délaissé la production à la Chine, moins regardante sur les externalités
négatives. Toutefois déjà à cette époque-là, des stratèges américains ont dénoncé
l’inconscience de laisser aux Chinois un quasi-monopole de l’extraction et du traitement de
ces métaux. En effet, ces métaux (identifiés dans une période récente, cf. leur
positionnement tout en bas du tableau périodique des éléments) sont indispensables dans
l’industrie de pointe (équipements électroniques, nouveaux alliages pour l’armement,
l’exploration spatiale). Ces métaux sont le tungstène, le coltan, l’antimoine, le gallium, le
germanium, le lithium, la fluorine, le palladium, etc.)
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La Chine avait décidé de répondre en première priorité à ses besoins, en instaurant des
quotas à l’exportation, qui ont été levés en 2015. Les pays occidentaux avaient décidé de
relancer la production, avec l’objectif de faire descendre la part chinoise de 95% à 65% de la
production mondiale. Des exploitations ont été ouvertes aux Etats-Unis, en Australie, en
Suède, au Groenland.
Entre les hydrocarbures (support 2) et les minerais (support 3), quelles similitudes et
quelles distinctions peut-on faire ressortir (conjoncture, pôles, impacts) ?
Les similitudes sont si nombreuses qu’elles sont la norme, notamment les caractéristiques
identifiant les ressources (rareté, volatilité, dépendance des pays producteurs, etc.)
Distinctions :
Les grands sommets internationaux (COP 21 récemment) se préoccupent des effets
de la consommation des hydrocarbures, pas des minerais. Effet supérieur des
hydrocarbures sur l’environnement.
Le syndrome hollandais est lié à la découverte de ressources et les cas documentés
sont liés au pétrole ou au gaz, et non pas à une découverte de minerais. Effet
supérieur des hydrocarbures sur l’économie en général et sur le consommateur final.
Le recyclage est davantage possible dans les métaux (fer, aluminium, etc.), tandis que
tous les hydrocarbures « brûlés » sont perdus. Seuls matériaux issus des
hydrocarbures et qui sont recyclables : certains plastiques (PET notamment), opération
pas rentable au plan économique mais faite avec un objectif de durabilité.
La « rente » des pays producteurs de pétrole a permis à des dynasties à se maintenir
au pouvoir pendant plusieurs dizaines d’années (Arabie saoudite notamment). Pas de
cas semblable de « rente » pour des pays riches en minerais (par exemple le Chili).
Discussion autour du caractère « indispensable » de la ressource, de la possibilité de
substituer une ressource à une autre (production d’énergie ou métaux).
Discussion autour du caractère épuisable, différent entre les hydrocarbures (cf. le «
peak oil » annoncé au début des années 2000 et relativisé aujourd’hui) et les métaux,
certains très abondants, d’autres rares
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9. Les sociétés de négoce en Suisse
Quel est le poids du secteur du négoce des matières premières dans l’économie
suisse ?
20 milliards de francs, 3,5% du PIB helvétique, plus de 10% du PIB genevois ;
Genève : 250 à 300 sociétés.
500 entreprises pour la Suisse – 10'000 à 12'000 personnes (selon conjoncture, plutôt
à la baisse). La plupart sont de petites entreprises employant moins de 50 personnes,
un marché de niche.
Comment le secteur est-il organisé pour la défense de ses intérêts ?
La STSA, qui réunit les trois associations régionales déjà présentes en Suisse (la
GTSA romande créée en 2006, puis en 2012 avec un secrétaire général ; la LCTA à
Lugano et la ZCA à Zoug).
La STSA, à sa fondation, représentait moins de 150 sociétés (170 en 2016), sur les
500 en Suisse.
La STSA organise aussi des activités de réseautage, de formation, de publication et
d’expertise à l’interne du secteur. Un objectif (donné dans le document 3) : un meilleur
recensement des sociétés. En effet, Stéphane Graber, secrétaire général de la STSA
et représentant romand, admet que des petites sociétés, présentes depuis des
dizaines d’années en Suisse, ne rejoignent pas la STSA. Et d’autres très grandes non
plus, notamment Glencore.
Qu’est-ce que la Suisse offre à ce secteur ?
Un pôle de compétences (banques, assurances, avocats spécialisés, etc.), des personnes
formées (cf. question 7), des conditions‐ cadres favorables (fiscalité, législation, sécurité,
qualité de vie en général).
Une longue tradition dans cette branche, avec une culture de la discrétion liée à la banque,
notamment jusqu’à une période récente avec le secret bancaire. Donc dans l’ensemble, un
environnement favorable aux entreprises.
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Dans ce secteur d’activité, « la Suisse est confrontée à divers défis », relève
l’Administration fédérale. Quels sont les deux principaux risques évoqués ?
Berne évoque des activités présentant un « risque » pour la réputation du pays, des firmes
ayant été impliquées dans des scandales internationaux. Comme le souligne la
Confédération elle-même, « particulièrement dans le domaine de l’extraction des matières
premières, ces activités soulèvent des questions délicates en matière de respect des droits
de l’homme, des normes sociales et environnementales ainsi que de transparence,
notamment des flux financiers ». On peut citer le travail des enfants, l’esclavage, l’absence
de protection de la santé, les disparitions voire les éliminations de personnes, la pollution
des eaux et des sols. Au plan financier, citons les risques pour la réputation de la place
financière, liés à l’évasion fiscale, au blanchiment, aux commerces illégaux (métaux
précieux, diamants), aux cartels.
De plus, la structure verticale, où les grandes sociétés de négoce possèdent l’ensemble de
la chaîne, des mines jusqu’aux consommateurs, fait que ces sociétés de trading ne peuvent
plus plaider l’ignorance de ce qui se passe sur le terrain. Et comme la Suisse abrite ces
sociétés, si elle ne fait rien, elle peut être accusée de complaisance.
La situation n’est pas simple, avec cet exemple donné dans le négoce du pétrole. Des
sociétés servent d’intermédiaires entre des marchés difficiles et des géants du secteur. Ces
petites sociétés prennent les risques à la place des grandes sociétés, puis disparaissent du
marché aussi vite qu’elles étaient apparues.
Quelles parties prenantes poussent la Confédération à ne pas rester une spectatrice
inactive ?
Certaines forces politiques, en particulier de gauche (jeunesses socialistes, PS) ou de
centre gauche (milieux chrétiens engagés, Parti évangélique)
Les ONG à caractère social (ex. La Déclaration de Berne, Pain pour le prochain,
Caritas) et pour les droits de l’homme (Amnesty international)
Les ONG pour la défense de l’environnement (WWF, Greenpeace)
Les organisations internationales qui visent à établir des normes communes (ex.
fiscales) et à lutter contre la criminalité économique, en particulier l’OCDE
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Quels sont les grands principes qui guident les Autorités fédérales (Parlement,
Exécutif) ?
Après l’expérience négative de la fin du secret bancaire, elle est devenue davantage active
et elle prend les devants pour établir des règlementations visant à encadrer le monde
opaque du commodity trading. Toutefois la Suisse garde une approche libérale de
l’économie et elle ne veut pas mettre trop de contraintes. Le gouvernement craint qu’une
multiplication des initiatives pour réglementer le secteur du trading, des exigences liées à
une demande de plus grande transparence, feraient partir ces sociétés vers des places
concurrentes et moins curieuses.
Comme le relève la Confédération, dans le cadre des travaux de mise en œuvre des
recommandations, le Département fédéral des finances est responsable de la mise en
œuvre de plusieurs recommandations : réglementation des marchés financiers (produits
dérivés), imposition des entreprises, lutte contre le blanchiment d’argent, défense des
intérêts de la Suisse dans les forums internationaux (par ex. G20, Conseil de stabilité
financière ou OCDE), publication des statistiques du commerce de l’or (en lien avec la
traçabilité).
La Suisse se donne donc comme objectif d’optimiser les conditions-cadres (stabilité du droit,
en l’occurrence) afin de présenter un avantage compétitif en face de Singapour, Dubaï, Hong
Kong.
Pourquoi des formations universitaires se sont-elles mises en place ces dernières
années ?
Genève est devenue effectivement une place centrale de formation. A côté de la formation
par les entreprises, il y a plusieurs formations académiques, notamment une « majeure » à
la HEG Genève qui peut être suivie en fin du cursus bachelor. La demande de formation est
à la hausse, tandis que l’emploi restera stable. Des personnes de la banque veulent se
reconvertir dans le commerce des matières premières. Ces formations universitaires visent à
assurer la relève face aux seniors. Une guerre pour la formation entre Singapour et Genève
a bien lieu.
Les nouveaux professionnels doivent être directement opérationnels, tandis que par le passé
ils se formaient sur le tas. Pour parer aux situations difficiles, les étudiants s’exercent par
simulations, avec des mises en situation.
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Il y a des recherches à effectuer, il faut accéder à des banques de données, demander des
conseils à des traders. Il faut effectuer des analyses sous stress, avoir la capacité à prendre
des décisions rapides, gérer plusieurs opérations simultanément, gérer des crises.
L’entraînement et la répétition visent à acquérir le savoir-faire. Le travail est complexe et
technique, avec beaucoup de données financières et légales dans un environnement volatil.
L’image de l’activité du négoce des matières premières est souvent réduite au seul
trading. Pourquoi cette image est-elle réductrice ?
En réalité, il y a relativement peu de traders, et bien d’autres métiers comme des spécialistes
des opérations logistiques (chargement, transport, inspections et contrôle des marchandises
(notamment les périssables), surveillance de la livraison, facturation, etc.) Dans le négoce
des matières premières, il faut d’abord raisonner sur les produits de base, sur les stocks
physiques. Il n’est pas toujours facile de délimiter ce secteur : une centrale d’achat est‐elle
une société de trading ? Et une société de négoce qui fabrique des produits alimentaires ?
En quoi la communication est-elle délicate dès que l’on aborde ce secteur du négoce
des matières premières ?
Avec la mondialisation, le développement des échanges, une nouvelle attention est portée
au secteur du commodity trading par les ONG et les médias. Mais dans le secteur, c’est
d’abord une communication b to b (b2b, business to business), pas médiatisée. Les sociétés
ont une position défensive d’autant plus qu’elles ont « mauvaise presse » depuis au moins
un demi-siècle. Le secret fait partie de la culture du secteur. C’est un monde
traditionnellement opaque.
C’est un secteur à clivage (pro- versus anti-) : par exemple, le discours d’ouverture et de
transparence de Stéphane Graber (secrétaire général de la STSA) est directement mis en
doute par Marc Guéniat, représentant de la Déclaration de Berne. En Suisse, l’image du
secteur est quelque peu biaisée car les grandes sociétés focalisent l’attention : ces sociétés
actives dans le secteur pétrolier ou minier ont des chiffres d’affaires en dizaines de milliards
de $, avec des cadres anglo-saxons millionnaires. Glencore n’est pas membre de la STSA à
sa fondation, cependant son entrée en bourse a contraint la société à fournir des
informations.
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Quand le secteur communique, il s’agit régulièrement de marketing et de lobbying, donc
d’une communication résolument orientée, dans le but de redorer l’image. Même le
secrétaire général de la STSA, Stéphane Graber, avoue : « nous n’avons que peu
d’informations dans nos bases de données. C’est un monde où la discrétion est de mise ».
On peut le croire.
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Le Moyen-Orient III.
1. Le déroulement de faits depuis la mi ‐2014
Décembre 2015
Perte de la ville de Ramadi (prise en mai, par Daech)
Accentuation des frappes aériennes en Syrie par la coalition
Janvier 2016
Rien à signaler (RAS)
Février 2016
La France demande l’arrêt des bombardements russes en Syrie
Mars 2016
Discussions à Genève sous l’égide de l’ONU, avec John Kerry
Arrestation de Salah Abdeslam
Attentats de Bruxelles
Perte de Palmyre par Daech (libérée par l’armée syrienne et les Russes) avec d’autres
pertes de territoires en Syrie et Irak
Le n°2 de Daech et responsable des finances, Abdel Rahmane Al‐ Kadouli, tué par un
raid américain
Avril 2016
Convois humanitaires et livraisons de l’aide aux populations des villes syriennes
opposées à el-Assad et assiégées par l’armée syrienne
Chute de 30% des revenus de l’EI (effet des frappes)
Nouvelles négociations de paix à Genève, sous l’égide de l’ONU (hors Daech)
Mai 2016
Abou Wahib, haut responsable de Daech, tué en Irak par une frappe de la coalition
Série d’attentats meurtriers, en Irak, en Syrie, au Liban
Reprise des bombardements russes sur Alep
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Constats entre janvier et mai
Batailles quasiment ininterrompues dans plusieurs villes stratégiques (Deir ez-Zor, Alep).
Les groupes armés sont multiples et pas faciles à identifier ni à différencier : ces rebelles
peuvent être laïcs, islamistes modérés, islamistes radicaux et djihadistes. Ces forces
rebelles peuvent être alliées ou ennemies, mais leur perception est parfois différente entre
les Russes et les Américains. Pour les Russes, quand ces forces sont opposés à l’armée
syrienne (les loyalistes, Bachar el-Assad), elles sont à combattre. Question notamment de la
légitimité d’une présence de représentants extrémistes à Genève, pour les discussions de
paix.
Quels constats peut-on faire en face de cette représentation (temporelle / spatiale) des
attentats ?
Depuis début 2015, fréquence des attentats nettement augmentée dès le début 2015
Pays les plus exposés : le Nigéria (et ses voisins) au premier plan ; Boko Haram est
très actif en Afrique. Puis l’Egypte, la Libye, le Moyen-Orient
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Constat que la médiatisation est bien plus forte en Occident alors que les attentats sont
peu nombreux, proportionnellement à d’autres pays dont on ne parle pas (« loi du
mort-kilomètre »), médiatisation différente selon la proximité (géographique, culturelle)
Les Etats-Unis, moins touchés, de même que des Etats d’Europe, peuvent mettre en
avant les succès de la lutte anti-terroriste (cf. tentatives d’attentats déjouées ou
réseaux démantelés) pour expliquer les différences entre régions.
2. L’ombre de Daech sur le Moyen‐Orient
Comment expliquer l’irruption de Daech [parties prenantes, périodisation, causes et
effets] ?
Chute de Saddam Hussein en 2003. Les Américains ont démantelé le parti Baas irakien
(fondement du régime Saddam Hussein) et l’armée. Ces Irakiens – en particulier les tribus
sunnites, les haut dignitaires, les officiers – n’ont pas trouvé de place dans la nouvelle
organisation du pays désormais tenu par les chiites (soutenus par l’Iran), et se sont rangés
parmi les groupes d’insurgés. Désordre du pouvoir. L’Arabie saoudite sunnite soutient les
groupes dissidents contre Bagdad et contre l’Iran chiite.
En 2006, scission d’Al-Qaïda et émergence de Daech.
En 2011, rôle ambigu de la Turquie dans la révolution en Syrie.
En 2013, Al Baghdadi se nomme Calife. Annonce de la création d’un califat, d’un Etat.
2014, prise Mossoul (Irak), première action militaire d’envergure, début d’offensive.
2014, Daech devient un acteur majeur du djihadisme international Bachar el-Assad
n’est peut-être pas responsable mais sa politique n’a pas amélioré les choses
En quoi Daech se distingue-t-il des autres groupes terroristes ?
Groupement né de l’alliance improbable entre une partie de l’armée de Saddam Hussein, les
tribus sunnites et des groupes djihadistes.
Un Etat, un califat autoproclamé par Abou Bakr Al-Baghdadi.
Une organisation étatique développée : un (quasi-)gouvernement, des structures
administratives pour les finances, la « justice » islamique, les écoles. But de mettre en
place un Etat avec la loi islamique
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Des militaires bien formés avec une spécialisation dans la guérilla urbaine et les
attentats. Des équipements provenant de l’ancienne armée irakienne de Saddam
Hussein.
Des ressources financières (cf. support 2) (1-2 millions /jour) = trafics, flux financiers
Grandeur : territoires plus vastes, que les autres groupes terroristes : 200'000 km2 et 8
millions habitants; 50'000 combattants, dont un tiers vient de l’étranger, 3000 de
l’Europe. Une communication active pour la propagande et les recrutements. Aisance,
facilité avec internet, les réseaux sociaux (ingénieurs).
Décrivez la coalition (anti-Daech) et présentez ses résultats
2014 (septembre), Conférence de Paris, coalition de 24 participants. Stratégie : aide
militaire appropriée, mesures politiques d’intégration de la minorité sunnite en Irak, aide
humanitaire, lutte contre le financement du terrorisme.
Elargissement à 62 pays, mais peu d’engagements En 2014, opposition russe à des frappes
aériennes ; frappes russes dès septembre 2015 contre les opposants à Bachar el-Assad.
Résultats mitigés
Daech pas éradiqué : bilan pas à la hauteur des ambitions (gains et pertes de
territoires)
Peu de pays qui s’engagent vraiment (parmi les 62)
La menace de Daech reste présente malgré les actions
Les « succès »
Certaines avancées contenues dans plusieurs villes, recul même de Daech
Mort de responsables de haut rang de Daech
Nouveau gouvernement plus ouvert aux sunnites
Aide à la reconstruction de l’armée irakienne
Des milices locales (chiites, quelques dizaines de milliers de combattants) appuient
l’armée irakienne
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Qu’en est-il du recrutement par Daech, au plan régional et international ?
Régional
Argent qui attire (300 $ par mois), pensions aux militants tués
Enseignants extrémistes dans les classes
Recrutement facile
Ils attirent des membres d’autres groupes djihadistes rivaux
Des membres d’autres groupes venus de Libye et du Nigéria s’allient
International
Utilisation des réseaux sociaux et recrutement par internet (facebook, etc.),
embrigadement qui pousse à l’isolement du jeune qui se tourne vers ses nouveaux «
amis »
Clips de propagande pour le recrutement : talent de marketing et communication de la
part de Daech
Application Telegram Messenger (les contenus s’effacent de suite).
Recrutement dans les prisons, dans les mosquées, dans des salles d’entraînement de
sports de combat (salles de boxe, etc.). Embrigadement et endoctrinement des jeunes.
Discours religieux (sur enfer).
Des jeunes Européens, même chrétiens, se radicalisent et rejoignent la Syrie. Constat
des parents de l’impossibilité de retenir les jeunes. La religion familiale ne joue pas
forcément de rôle. Recrutement de personnes qui n’étaient pas portées vers l’islam.
En quoi les Etats-Unis et l’Europe d’un côté, la Russie de l’autre, ont des objectifs dits
« contradictoires » ?
L’Europe et les USA sont contre le régime de Bachar-el-Assad et veulent éradiquer Daech.
La Russie veut préserver sa propre influence en Syrie, donc soutenir le régime d’Assad et
affaiblir ses opposants (divers mouvements rebelles), et lutter contre Daech comme seconde
priorité.
Reproche occidental à la Russie : les frappes russes au nord-ouest visaient des groupes
rebelles opposés à Bachar el-Assad, mais qui n’étaient pas des groupes terroristes, plutôt
des groupes d’opposition voulant le renversement du régime. Relents de guerre froide pour
la suprématie sur les territoires.
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Dans la coalition, les occidentaux soutiennent les rebelles non terroristes (préalable à la
participation à des discussions de paix et de partage du pouvoir). Dans la coalition, il n’y a
pas unanimité sur le sort à réserver à Bachar el-Assad. Pas d’action concrète et commune
de la coalition au sol, seulement des bombardements.
Prenez position par rapport au bilan critique, établi en page 5, sur la lutte menée par la
coalition occidentale
C’est facile de critiquer la coalition, cependant la situation est complexe :
Une guerre délicate à mener, avec des batailles dans les villes (guérilla). Les terroristes
s’insinuent parmi les populations civiles (autant en Syrie qu’au Nigéria et au Tchad).
Difficulté à établir qui est l’ennemi ! Les forces ne sont pas facilement identifiables,
notamment parmi les « rebelles ». Les groupes affiliés forment une nébuleuse. Les
groupuscules ont l’avantage du terrain.
Eradiquer complètement Daech ? C’était un objectif impossible à atteindre sans engagement
au sol, et encore, l’expérience de l’Afghanistan et de l’Irak démontrent qu’une mobilisation
sur le terrain ne garantit pas le succès. Les Américains sont présents sur le terrain avec des
« forces spéciales » (quelques centaines d’hommes, + 250 supplémentaires en train d’arriver
sur sol syrien). Les Américains veulent s’appuyer sur les Kurdes pour reprendre Raqqa.
Constat d’un recul de Daech ces dernières semaines. Daech a quand même été atteinte
dans ses sources de financement et les frappes aériennes l’ont fragilisée en supprimant des
chefs.
La lutte anti-Daech se mène aussi en Occident : pas d’attentat depuis Bruxelles. Etat
d’urgence en France maintenu jusqu’à l’été avec une volonté de vigilance.
Les intérêts nationaux et commerciaux de certains Etats paraissent primer sur les objectifs
de la coalition.
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Quelles sont les perspectives, à moyen terme, au Moyen-Orient, dans les pays
musulmans et dans le monde, en lien avec Daech ? [Essai de prospective]
Hypothèse : scénario optimiste
Daech et tout le mouvement terroriste est vaincu ; Bachar elAssad se retire du pouvoir (par
exemple, il peut trouver asile, avec ses proches, en Russie); les forces « rebelles » pro-
démocratiques peuvent occuper les lieux du pouvoir à Damas ; des élections sont
organisées ; retour rapide et massif des réfugiés dans leur patrie ; aide internationale pour
reconstruire la Syrie, ses infrastructures…
Hypothèse : entre l’optimisme et le pessimisme
Un entre-deux avec toutes les nuances, entre guerre et paix. Nombreuses hypothèses dans
les possibles développements militaires.
Hypothèse : scénario pessimiste
Effondrement total avec la guerre qui s’étendrait à tout le pays, y compris le sud et la capitale
Damas. Effet : des réfugiés par millions. Le Moyen-Orient (du Liban à l’Irak et alentour)
traverserait une période de déstabilisation totale. Puis Daech prendrait le pouvoir à l’ONU et
en Occident.
Autres hypothèses
L’Occident veut imposer sa solution démocratique en Irak, en Libye, en Syrie: ces pays sont
déstabilisés, entraînant tout le Moyen-Orient. Les frontières sont redessinées. Des menaces
nucléaires possibles, entre les armes déclarées ou cachées…
Pays occidentaux d’accord ? Coalition pour soutenir les régimes en place (y compris Bachar
el-Assad), avec des armes, pour éliminer l’impact de Daech et stabiliser la région. Ensuite
laisser ces pays se débrouiller entre eux. Droits humains bafoués ? Dommages collatéraux !
Tandis que les combats diminuent au Moyen-Orient, de plus en plus d’infiltrations de Daech
en Occident. Cas en Norvège : des réfugiés sont en fait des membres de Daech.
Daech prend possession de sites pétroliers, donc la guerre s’accentue car l’Occident ne veut
pas laisser faire.
L’idéologie est au fondement de la guerre : le problème ne va pas être réglé par les armes.
Problème entre chiites et sunnites : tant qu’il n’y a pas de résolution, les tensions
persisteront, sans amélioration. Daech perdurera tant que ces conflits subsisteront.