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Lift with Fing conference

Dossier bilan

15–16 octobre 2013 – Marseille, FranceVilla Méditerranée, Marseille

www.liftconference.com/lift-france-13

Avec 1250 participants aux conférences et 1800 visiteurs aux expositions, les 7 évènements de Lift with Fing auront dépassé le cap des 3000 participants. Nous souhaitons vous remercier de votre participation et de votre soutien. Cette 5ème édition à la Villa Méditerranée aura rencontré un plein succès !

Zoom sur ...

Lift ConferenceQuand l’innovation, la créativité, les technologies se rencontrent avec la société

mini On/OffLe Forum d’Action Modernités nous invite à produire autrement le bien commun

Questions Numériques Un atelier de prospective pour traiter les questions qui marqueront les prochaines années

Lift JeunesseParce que les défis de demain seront ceux de la jeunesse d’aujourd’hui

Carrefour des possibles10 projets pour mettre en lumière des usages innovants

Lift Experience760m2 d’exposition pour fabriquer autrement nos quotidiens

Mur de la TentationL’artiste Clara Feder nous interroge : « Saurez-vous résister à la tentation ? »

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Le teaser

Les photos

Les vidéos

Vivre la passion des fondus de Lift Experience !

Partager l’ambiance d’une édition et d’un cadre exceptionnels

Revivre Lift comme si vous y étiez !

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Zoom sur ...

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1. Mais qui sont les makers ?

2. Vers un nouvel écosystème artisanal ?

3. Industrie et nouveaux bricoleurs : faire ensemble ?

4. Biologisation de la technologie : le code d’une chaise est-il une chaise ?

5. Pour comprendre l’homme, rien ne vaut un robot !

6. Diffuser la culture makers au monde extérieur

7. La participation, un levier ?

> Retrouvez les comptes-rendus des interventions de Lift Conférence sur Internetactu.net

Peut-on répondre à nos crises économique, écologique et sociale en changeant la manière dont nous concevons et produisons nos objets ? D’autres techniques de conception et de fabrication... Une autre gestion du cycle de vie des produits... Un nouveau rôle pour les «consommateurs»... De nouveaux modèles d’innovation... Une autre vision de ce qui doit être produit, quand, par qui et pour quoi faire...

Sous l’impulsion de mouvements tels que ceux des Fab Labs, du «cradle to cradle», de la consommation collaborative, du «matériel open source», de la fabrication additive, de la conception agile et la production flexible, quelque chose est en train de changer dans l’industrie.Telle était l’ambition de Lift Conférence qui réunit ceux qui imaginent ces transformations et ceux qui en font une réalité.

Lift Conférence «Produire Autrement!»

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1. Mais qui sont les makers ?RéMi sussAn

Paru le 23 OctObre 2013 sur le blOg internetactu.net

Les makers étaient au cœur des questionnements de la 5e édition de Lift France, qui s’est tenu à Marseille les 15 et 16 octobre 2013, sur le thème “Produire autrement”.

Dès l’ouverture, Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation internet nouvelle génération (Fing), a posé une problématique qui dépasse de loin les enjeux industriels. Dans les années 2000, a-t-il expliqué, Neil Gershenfeld, le promoteur des Fab Labs, travaillait sur l’idée très futuriste selon laquelle l’ensemble de notre environnement allait se transformer en ordinateur. Parallèlement, il créait un cours au MIT, dans lequel il rassemblait des machines pilotées par ordinateur afin de créer des objets en trois dimensions. Quel rapport entre ces deux projets ? S’agirait-il des deux faces d’une même médaille ? Cette édition de Lift a ainsi tenté de faire le pont entre des considérations sur les nouvelles pratiques des makers et des domaines plus larges, comme la robotique ou l’intelligence artificielle.

Au cœur du sujet, la nouvelle définition d’un objet. Celui-ci commence aujourd’hui comme objet numérique derrière un écran. Puis, une fois fabriqué, il émane de lui une “aura numérique” en raison de multiples connexions qu’il peut établir avec son environnement. De fait, les objets appartiennent désormais de plein droit à l’économie numérique.Peut-on dire qu’ils ont changé de nature ? Qu’en déduire sur l’avenir de notre industrie, de nos économies ?

Une nouvelle typologie des objets

Un premier éclairage sur ces question est venu de Véronique Routin (@veroniqueroutin) et Fabien Eychenne (@fabieneychenne), responsables du programme ReFaire de la Fing, qui ont entrepris de visiter les communautés variées de makers de part le monde et d’échanger avec elles (voir leur présentation).

Mais qu’est-ce au juste qu’un maker ? Un bricolo du dimanche ? Un amateur ? Un militant ? Quelles sont ses motivations? C’est ce que le tandem s’est attaché à comprendre.

Lors de leurs explorations des différents FabLabs, ils ont été surpris de voir à quel point les pratiques du numérique s’incarnaient aujourd’hui dans le monde physique. C’est probablement le changement récent le plus remarquable selon eux, car le DIY (Do it yourself, faites-le vous-mêmes) ne date pas d’hier. C’était déjà une pratique répandue dans le mouvement punk, lorsque les musiciens se sont emparés du magnétophone à quatre pistes pour court- circuiter les studios d’enregistrement des majors. Et bien sûr, il y a l’archétypal garage de Steve Jobs et Steve Wozniak... Mais l’internet introduit une nouvelle dimension, qui fait passer le champ du DIY des cultures alternatives à une véritable remise en question de nos pratiques industrielles.

A ce type de fabrication récent correspond plusieurs types de nouveaux objets, comme l’avaient évoqué Fabien Eychenne et Véronique Routin dans nos pages. Il y a par exemple les “objets ego” : ceux que chacun fabrique dans son coin, pour son plaisir propre. Puis, les objets à

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terminer, que chacun est libre de personnaliser à sa guise. Ensuite il y a les “objets ouverts”, ceux qui appartiennent à la catégorie de l’open hardware. Les “objets communautés” suscitent autour d’eux un groupe d’individus qui s’évertuent à les faire vivre et évoluer. Par exemple, Chris Anderson, l’un des saints patrons des Makers et ex-rédacteur en chef de la revue Wired, a décidé de suivre les traces de son grand-père qui avait mis au point un système d’arrosage des jardins en 1943. Il a réuni autour de lui une petite communauté désireuse d’automatiser ce type d’engin, en recourant à des outils open source. Il y a aussi les “objets bouclés”, qui intègrent les paramètres nécessaires à leur recyclage en fin de vie, ainsi que le promeut le mouvement “cradle to cradle“. Enfin, il existe aussi des objets générateurs, qui servent à fabriquer d’autres artefacts, les imprimantes 3D comme la Makerbot en étant l’illustration parfaite.

Interrogés sur leurs motivations, les makers veulent avant tout cesser de jouer les consommateurs passifs. Ils souhaitent être des acteurs au sein du système. S’y joint une conception très exigeante de la propriété d’un objet : “On ne possède pas réellement quelque chose si on ne peut pas l’ouvrir.”

Les makers sont motivés également par des enjeux écologiques : ils sont intéressés par la réparation et le recyclage.

De la fabrication à la commercialisation

Cette nouvelle forme d’industrialisation implique la multiplication de nouveaux acteurs et services. L’équipe du groupe de travail ReFaire a créé ainsi un jeu de cartes permettant de mieux visualiser la naissance et le développement de ces nouveaux objets au sein de l’économie en train d’éclore. Parmi ces objets, on trouve bien évidemment, la Makerbot, fameuse imprimante 3D low cost. Celle-ci est d’abord née sous la forme d’un fork (un projet dérivé, dans le jargon de l’open source) avec la RepRap, qui était

avant tout une imprimante auto-réplicatrice. Les créateurs de Makerbot ne se sont pas intéressés à cette dernière fonction, mais se sont servis des plans de la RepRap pour créer une machine peu onéreuse et accessible à tous. Dès l’origine, la fabrication des premiers modèles s’est effectuée grâce au financement participatif.

L’imprimante a été mise au point dans un garage de Brooklyn, puis ses spécifications (logicielles et matérielles) ont été placées en open hardware et open source. Elle a alors été vendue en kit, chacun pouvant mettre à jour sa machine selon ses désirs. Surtout, les créateurs de la Makerbot ont développé autour de leur invention une communauté de partage des objets créés à partir d’elle : thingiverse. Lors d’une ultime étape, Makerbot a été rachetée par une grosse société, Stratasys, et les sources de la dernière version de l’imprimante 3D ont été fermées. Ce qui évidemment n’a pas été sans faire grincer quelques dents.

On trouve dans l’histoire de la Makerbot tous les ingrédients et toutes les valeurs de cette nouvelle industrie des objets : crowdfunding, open source, communauté... Mais également le rapport ambigu avec l’économie plus “traditionnelle”. Le monde des makers peut-il vivre en harmonie avec celui des grandes entreprises ?

Le fait est qu’un nombre important de groupes industriels, sans pour autant adopter la stratégie complètement “ouverte” propre à nombre de makers, se sont essayés à certaines de leurs pratiques. Ainsi, sous l’impulsion du groupe de travail de la Fing, Renault a créé un Fab Lab dans ses locaux. Ce n’est pas un lieu ouvert en réseau comme le voudrait la charte des Fab Lab, mais un espace dédié à l’intérieur de l’entreprise et réservé à ses salariés.

A Détroit, Ford a établi des relations avec un “techshop“. Il s’agit d’une espèce de Fab Lab, mais doté d’instruments beaucoup plus sophistiqués et aux visées plus commerciales. Les ingénieurs de Ford s’y rendent pour y observer les comportements des makers et ramener certaines pratiques intéressantes dans leur entreprise.

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En France, Seb a également lancé ses Fab Labs. Le constructeur en possédait déjà, mais leur accès était limité. Puis il a découvert que les projets les plus intéressants étaient mis au point le soir et est donc en train de concevoir un espace plus ouvert.

Passer à l’échelle

Reste une ultime interrogation : comment passer à l’échelle ? La pratique maker se limite bien souvent à la réalisation de prototypes et de petites séries. Comment passer à l’échelle et produire plusieurs milliers de pièces ?

Il existe plusieurs solutions à ce problème. La première consiste à faire appel à des sociétés dont c’est précisément l’objet, comme Seeedstudio, qui propose de produire- en moins grand nombre que dans le cas d’une usine traditionnelle – une importante quantité de pièces à partir de modèles conçus par les makers.

Une autre possibilité consiste à recourir à des usines en déshérence, dont la capacité de production excède l’activité effective, marasme économique oblige. Toutefois, et c’est une nouveauté, les grands acteurs s’y mettent aussi. Dans le cas du Raspberry Pi (Wikipédia), cet ordinateur minuscule à moins de 30$, Sony a joué un rôle intéressant. Mis au point par un programmeur du Pays de Galles, ce système a attiré l’attention de la firme japonaise, qui possède justement une usine dans cette région et a proposé d’en sous-traiter la fabrication. Il sort aujourd’hui 37 000 Raspberry Pi par semaine.

Reste que la cohabitation entre makers et industrie n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Nous y reviendrons...

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2. Vers un nouvel écosystème artisanal ?hubeRt guiLLAud

Paru le 24 OctObre 2013 sur le blOg internetactu.net

On a tendance à constater que, dans le domaine logiciel, le numérique favorise la concentration et la domination de nouveaux systèmes techniques, tout comme, dans celui des produits, la globalisation et l’automatisation ont favorisé la concentration industrielle et manufacturière. A l’heure de la production standardisée et globalisée, reste-t-il encore un espace pour une nouvelle forme d’artisanat ? Le modèle de l’innovation distribuée qu’a apporté le numérique peut-il s’appliquer au monde réel, comme le suggérait Chris Anderson dans Makers ? L’innovation dans le monde de la production, du matériel, de l’industrie, des “atomes” peut- elle fonctionner de manière aussi ouverte, décentralisée et agile qu’elle le fait parfois dans le monde du logiciel, des “bits” ?

C’est à ces questions qu’ont tenté de répondre Tanya Menendez et Olivier Mével sur la scène de Lift France 2013 qui se tenait à Marseille le 15 octobre 2013 sur le thème “Produire autrement”.

Tanya Menendez (@makertanya) est la cofondatrice de Maker’s Row (@MakersRow) qui se présente comme une usine d’approvisionnement pour artisans. Le projet de Maker’s Row est simple : référencer des usines et ateliers américains prêts à travailler avec des designers, des artisans, des créatifs. Cet annuaire de la production industrielle américaine taillée pour les petites séries et la créativité cherche

à apporter des réponses à la difficulté à trouver des partenaires pour concrétiser ses idées. Dans

sa courte présentation distante (vidéo), Tanya Menendez évoque Nicholas Cox un skater qui s’est mis à créer des vêtements de sport et des tee-shirts équipés de poches pour y glisser un smartphone ou un baladeur avec un trou pour y faire passer les écouteurs. Ingénieux. De cette idée toute simple, Nick a lancé une ligne de produits qu’il vend en ligne... “Il y a encore quelques années pourtant, cela aurait été impossible”, estime Tanya Menendez. Or, Nick, a été capable, grâce à l’internet, de construire son marché et vendre ses produits.

Mettre en relation concepteurs et fabricants

“Le mouvement maker n’est pas nouveau. Les hommes créent et fabriquent des choses depuis l’âge de pierre. Ce qui est nouveau, ce sont les outils et la possibilité qu’ils offrent de passer à l’échelle”.

Les gens ne veulent plus des choses à “taille unique” comme le propose la fabrication en grande série, estime peut-être un peu rapidement Tanya Menendez, ils veulent créer des solutions individualisées. Le mouvement DIY (Do it yourself, fais-le toi-même) permet aux individus d’être au service des besoins

de chacun, ce qui permet de s’adapter aux besoins spécifiques de communautés entières qui les encouragent en retour, à la manière des communautés innovantes que décrit von Hippel. Les plateformes et événements dédiés comme les sites de financement participatifs à la Kickstarter

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ou les nouvelles foires artisanales comme les Maker Faire permettent de soutenir ces projets à la fois financièrement et socialement et de rendre cet écosystème interconnecté toujours plus accessible.

Mais Tanya est plus intéressante encore quand elle évoque le succès de certains projets qui sont passés par Maker’s Row. C’est le cas de Black & Denim, lancé par Roberto Torres, un projet visant à relancer la production textile à Tampa, en Floride. Choisir de produire toute leur gamme de vêtements aux Etats-Unis leur a permis de pouvoir jouer du label “Made in America” explique Torres sur le blog de Marker’s Row et le catalogue de Maker’s Row leur a permis de trouver les fournisseurs qu’ils cherchaient avec difficulté. Tanya évoque encore une danseuse qui a créé une gamme de vêtements pour danseurs. “C’est parce qu’ils connaissent leurs cibles, leurs clients, que de nouveaux concepteurs peuvent créer des solutions adaptées”. Reste qu’il n’est pas si évident visiblement pour les fournisseurs de répondre à ces nouvelles demandes, qui supposent de trouver des solutions adaptées, de produire en petites quantités... Et Tanya d’évoquer SJ Manufacturing, une société textile qui longtemps n’a travaillé qu’avec de très grandes marques, ou Baikal, un fabricant de sac implanté à Manhattan par exemple, qui sont devenues capables de fabriquer des prototypes et des petites séries pour s’adapter à ces nouveaux marchés. Car c’est certainement là la difficulté principale que rencontrent les nouveaux artisans : trouver des fournisseurs qui seront capables de travailler avec eux !

Olivier Mével qui succédait à Tanya sur la scène de Lift, ne disait pas autre chose. Olivier Mével (@omevel) est le fondateur d’une des premières web agencies françaises, avant de confonder Violet, de créer la lampe Dal (qui n’a été produite

qu’à 50 exemplaires), puis le lapin Nabaztag (qui lui a été produit à 150 000 exemplaires). Depuis 2009, il est à la tête de 23deEnero, une petite entreprise qui conçoit des objets connectés pour des grands groupes, ainsi que ses propres objets à l’image des ReaDIYmate, ces kits de robots de papiers personnalisables et connectés.

Autant d’expériences qui montrent la difficulté à produire des objets connectés, estime Olivier Mével. Ces dernières années, notamment via Kickstarter, la plateforme de financement participatif, ont vu l’explosion de la créativité dans un domaine souvent peu innovant, celui de l’électronique grand public, qui a longtemps été une chasse gardée des grands industriels de l’électronique, un secteur difficile d’accès, car le niveau de financement à l’entrée y a toujours été élevé notamment du fait des investissements nécessaires et des volumes à produire.

Le nouvel écosystème du matériel électronique

Pourquoi en est-on arrivé là ? Pourquoi est- il désormais si facile de proposer des produits électroniques à la vente ? D’abord, parce qu’il est devenu plus facile de créer. Arduino et les services d’impression 3D comme Shapeways ont rendu le passage du prototype au produit plus facile. Le financement participatif a injecté de l’argent dans ces projets qui en ont besoin pour lancer leur production, permettant d’accélérer le passage du prototype à la fabrication et de valider la présence d’une demande.

Ce nouvel écosystème produit également de nouveaux distributeurs. Jusqu’à présent, le modèle de distribution de l’électronique grand public était celui d’achat d’énormes quantités avant les fêtes de fin d’années. Désormais, les modèles qui passent par l’internet sont plus adaptés aux objets de niches et aux faibles volumes, à l’image de Grand Street, qui ne propose qu’une dizaine d’objets à la vente simultanément et uniquement dans la limite des stocks disponibles. D’autres acteurs sont venus s’installer dans ce nouvel écosystème, comme les accélérateurs de fabrication matérielle, à l’image de Haxlr8r... Ce type de structure accueille vos idées de produit et, en 3 mois, vous amène à les construire dans toutes ses dimensions technique, logicielle, marketing... jusqu’à la porte de l’industrialisation. Du fait

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de l’expérience acquise, Haxlr8r, cofondé par le français Cyril Ebersweiler, présent à San Francisco et Shenzhen, a beaucoup de succès avec les produits qu’il lance sur Kickstarter, confie Olivier Mével.

Au final, c’est tout un écosystème qui s’est mis en place, tant et si bien qu’on parle de la longue traîne du matériel (Long Tail Hardware faisant référence à longue traîne de la distribution de produits) pour évoquer l’explosion des objets électroniques ou encore de Hardware renaissance.

Pour produire un blockbuster “matériel”, le plus souvent on le fabrique en masse dans des usines en Chine. Cela demande beaucoup d’investissements, des logistiques d’importation et de distribution assez lourdes... Certes, le coût unitaire est imbattable, mais cela ne fonctionne vraiment que si vous construisez au moins 30 à 100 000 pièces, explique Mével. A l’autre bout du spectre de la fabrication, il y a le monde du DIY, des makers, tels qu’on le voit sur Make Magazine ou Instructables. “Mais bien souvent, ceux qui savent construire des objets électroniques, le font pour construire leurs propres objets, pas nécessairement pour les vendre”, rappelle Olivier Mével. Et entre les deux, il y a tout un espace de production où il faut apprendre à fabriquer des produits électroniques en petites quantités, “ce qui n’est pas si simple...”

Imaginons que vous ayez réussi votre Kickstarter, propose Olivier Mével, que vous ayez levé 25 000 $ de quelque 200 investisseurs individuels. Ce financement devrait vous permettre de produire environ 500 exemplaires de votre produit, c’est- à-dire de quoi fournir ceux qui vous ont soutenu et de quoi vendre ensuite les exemplaires restants. Sur ce produit, imaginons qu’il ait une coque en

plastique. Ce n’est pas le plus difficile à fabriquer localement. Il existe en France de nombreuses entreprises d’injection plastique capables de fabriquer quelques centaines de pièces, à l’image de la coque du Fliike, ce compteur Facebook réel lancé par Smiirl.

Pour l’électronique, il faut une carte, des composants et des machines à souder... En France, il existe une industrie de la petite électronique qui sait faire ce type de commande pour 100 ou 500 pièces, sans que le coût soit rédhibitoire.

Le problème que rencontrent la plupart des concepteurs d’objets électroniques c’est l’assemblage, c’est-à-dire toute la suite du processus de fabrication comprenant l’assurance qualité, les tests, le packaging, l’assemblage du produit, son expédition... Le premier réflexe des jeunes entrepreneurs est de le faire soi-même. On assemble les produits un à un. L’avantage est que vous maîtrisez la fabrication, que vous pouvez modifier le design rapidement. L’autre avantage est que la production demeure locale... Mais cette méthode a aussi des inconvénients. D’abord, cela prend beaucoup de temps. Un temps qui n’est pas utilisé pour avancer sur le développement logiciel, sur l’animation de la communauté... L’autre inconvénient, c’est l’angoisse de la deuxième fois. Car une fois que vous avez assemblé vos 500 pièces et qu’il vous faut le refaire 6 mois plus tard, beaucoup se découragent, tant ce moment finalement, se révèle lourd à gérer, immobilisant.

La réindustrialisation en question

Pour ReaDIYmate Olivier Mével a travaillé avec Seed Studio, un facilitateur de production électronique basé à Shenzhen, en Chine. Une société innovante et réactive, qui produit et distribue ses propres produits ainsi que ceux de la florissante industrie de la copie que l’on trouve dans cette région. Seed Studio a développé une offre packagée pour fabriquer de petites séries. Quand Olivier Mével est arrivé avec ses

modèles, son prototype de boitier contenant une électronique qui n’était pas terminée, il a fallu 6 mois au facilitateur pour faire passer le produit du stade de prototype à celui d’un produit industrialisé qu’ils ont expédié à ceux qui les avaient financés sur Kickstarter. La prestation

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de ce type de facilitateurs s’avère très proche de ce que l’on trouve dans la fabrication de masse. D’un point de vue financier, les 240 pièces précommandées sur Kickstarter ont rentabilisé les 500 produites...

“L’industrie asiatique produit déjà tous les blockbusters de l’électronique grand public. Avec de telles offres, vont-elles aussi récupérer la production de niche ?”, s’inquiète Olivier Mével. “Et ce d’autant que, dès que vous soumettez un projet sur Kickstarter comme sur la plupart des plateformes de financement collaboratif, vous recevez immédiatement des dizaines d’offres d’entreprises chinoises vous proposant de fabriquer votre produit pour vous...” Comment peut-on faire pour proposer une offre de ce type aux concepteurs en France alors que nous avons toute l’industrie nécessaire pour capter ce type de marchés ?

Ce qui manque, estime Olivier Mével, c’est une offre packagée pour les startups du matériel. Or, on constate plutôt l’existence d’une véritable “fracture numérique” entre les startups hardware, leurs idées improbables et le réseau traditionnel des sous-traitants de l’électronique et de la plasturgie... qui vous demandent vos trois derniers bilans avant d’envisager peut-être pouvoir travailler avec vous. Pour arriver à faire la longue traîne du Made in France, il y a besoin que ces deux univers se rencontrent. Vite ! Vite avant qu’il ne soit trop tard...

En fait, précisera encore l’entrepreneur et designer, si la production de ce marché de niche se fait en Chine, ce n’est pas une question de coût... “Mais c’est vraiment une question de culture, d’accompagnement. Ce n’est pas une question de savoir-faire, mais bien une question d’agilité, d’enthousiasme.” Si l’on en croit Olivier Mével, la “réindustrialisation” est avant tout une question d’ouverture à l’innovation plus que de compétitivité économique.

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3. industrie et nouveaux bricoleurs : faire ensemble ?hubeRt guiLLAud

Paru le 25 OctObre 2013 sur le blOg internetactu.net

Y’a-t-il des relations, des connexions, entre les pratiques des très grandes entreprises et celles des makers ? Pour Marie-Noéline Viguié (@ marienoeline) directrice de Nod-a (@nodatweet), un cabinet de design qui conçoit des dispositifs créatifs collectifs, et qui fait se rencontrer bidouilleurs et entreprises, les grandes entreprises expriment un intérêt réel pour la culture maker, pour “cet amour du faire”. Les makers, ces “bricoleurs artisans”, se définissent souvent avant tout comme des ingénieurs, des inventeurs, des constructeurs. Leur communauté se soude autour de leur amour pour le faire, le concret... C’est cette révolution du faire qui impressionne les industriels, les professionnels, cette façon qu’ont ces amateurs à réinjecter du ludique, de l’esthétisme et de l’amateurisme (au sens où ils ne cherchent pas à construire quelque chose de parfait, tant s’en faut) dans leurs productions. Ce qui intéresse aussi les entreprises c’est le côté social et comportemental des makers, les valeurs qu’ils portent avec eux... Autant d’éléments que l’industrie aimerait parfois pouvoir insuffler à ses propres employés, semble dire en creux Marie-Noéline Viguié, sur la scène de Lift France où elle intervenait

Les initiatives pour faire un pont entre la grande industrie et les artisans bricoleurs existent. A Détroit, Ford a investit dans Techshop, ces laboratoires de fabrication privés qui essaiment à travers tous les Etats-Unis pour permettre aux gens de venir y construire leurs projets.

Les résultats ne se sont pas fait attendre. On a constaté 30% de hausse de dépôts de brevets chez Ford depuis le lancement de ce partenariat et surtout une plus grande acceptation d’idées plus en rupture de la part de la direction de l’entreprise... Pourquoi ? Parce que ceux qui reviennent du techshop, en reviennent avec du concret et plus seulement avec des idées. Sur le même principe, General Electric a lancé ses GE Garages pour proposer aux gens de fabriquer des choses d’une manière plus ludique et collaborative. Google a également lancé son garage... En France, aussi les Fab Lab essaiment en entreprise... Et les ateliers de créativité collective se démultiplient à l’image notamment de ceux auxquels participe ou coorganise Nod-a, comme les célèbres Museomix ou les Make- it Up Festival, qui a travaillé sur le concept d’obsolescence programmée...

“Pour travailler différemment, il faut changer radicalement”

Le problème est que ces initiatives demeurent souvent isolées et qu’elles ne changent pas toujours le quotidien des salariés comme des indépendants. “Pour travailler différemment, il faut changer radicalement”, estime Marie- Noéline Viguié... Mais ce n’est pas simple. Le monde de l’entreprise est rempli de consultants, de spécialistes dans l’accompagnement aux changements, mais on voit bien plus de consultants que de changements...

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“Le brainstorming ne suffit pas, il faut passer au makestorming”, assène la designer qui assure que le prototype, la maquette, soulèvent bien plus l’adhésion qu’une idée affichée sur un PowerPoint.

Et pourtant, même cela ne suffit pas toujours. Récemment, avec Leroy Merlin, plutôt que de faire une étude de marché pour trouver de nouveaux produits, Nod-a a organisé un atelier où de jeunes designers et des employés ont imaginé des prototypes un peu délirants, comme un rouleau à peinture permettant d’imprimer des messages personnalisés... Même chose avec la GameMob organisée avec la Française de Jeux (vidéo promotionnelle). Dans ces moments de créativité, beaucoup d’idées s’expriment alors, mais souvent, pour l’entreprise, il demeure difficile d’en faire quelque chose ensuite. En 2009, EDF avait lancé un grand atelier sur l’internet des objets qui avait donné lieu au formidable projet HomeSense (qu’Alexandra Deschamps-Sonsino était venue raconter à Lift France 2011)... Mais ce projet, aussi stimulant qu’il ait été, n’a abouti à rien d’autre. “Le process de l’industrie épuise les gens et les projets”, constate désabusée Marie-Noéline Viguié. Les séances de créativité s’organisent autour de l’objet, mais pas autour de toute la chaîne que celui-ci devra franchir pour exister réellement.

Certes, les industries ouvrent des lieux, des makers spaces... Certes, on a besoin d’espaces, mais encore faut-il qu’ils soient bien pensés, encore faut-il qu’on puisse s’y frotter à d’autres cultures, à d’autres que soi... Mais si la rencontre ne se fait pas ou mal entre industrie et makers ce n’est pas qu’une question de lieux... C’est aussi parce qu’on a tendance à séparer l’homme qui fait de celui qui travaille. Or, travailler ensemble demande souvent de casser les rapports d’autorité... ce que l’entreprise a bien du mal à faire.

L’autre chose est de comprendre les motivations qui donnent au mouvement maker son énergie. Et cette motivation, c’est l’intérêt général. La plupart des gens ne pensent pas que les ingénieurs qui travaillent dans l’industrie sont poussés par l’intérêt général, et c’est peut-être

cela qui manque à l’industrie : le partage, la culture du partage.

Les makers partagent et les réseaux sociaux sont devenus leurs espaces de production... Et là, même en interne, l’industrie a encore beaucoup à apprendre, estime la consultante. Le manager ne doit plus contrôler et diriger, mais doit animer. L’industrie n’innovera pas si elle continue à manager les hommes de la même manière. Les makers, ces bricoleurs du quotidien, nous montrent comment résister à l’absurdité du quotidien... Ils nous montrent ce que nous devons tous faire ! Créer des “zones de joie” dans le travail pour être mieux à même de faire notre psychanalyse collective de notre rapport au travail.

Maîtriser l’innovation est-ce innover ?

Et effectivement, le travail est un univers beaucoup moins amusant que celui décrit par Marie-Noéline Viguié, nous rappelle Alain Fontaine, responsable de la cellule innovation d’Airbus industrie qui lui succède sur la scène de Lift.

Et Alain Fontaine de rappeler d’emblée la lourdeur des processus de l’industrie aéronautique, qui semblent peut compatibles avec la créativité débridée et alerte de Nod-a. Dans l’aéronautique, les cycles de conception sont longs. Il faut 4 à 5 ans pour concevoir la prochaine génération d’avions et des investissements de 10 à 15 milliards d’euros. La chape de plomb industrielle retombe sur l’audience... “Comment être innovant pour proposer le meilleur avion du monde en le faisant de manière solide et robuste ?” interroge Alain Fontaine, en rappelant la complexité des organisations industrielles et en se moquant des procédés créatifs, comme si quiconque pouvait avoir envie de monter dans un avion en carton open source fait par des geeks. Soyons un peu sérieux, semble dire l’industriel... oubliant peut- être un peu vite les arguments de la présentation précédente en voulant y répondre.

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“Le problème dans l’industrie, ce ne sont pas les idées, il y en a trop. Le problème est de détecter les bonnes idées, celles qui s’intègrent à une vision, celles qui vont pouvoir fédérer les gens dans l’entreprise.”

Pour innover, estime Alain Fontaine, il faut d’abord créer un environnement dynamique, positif. Créer un mode de travail où les gens soient biens, notamment les plus jeunes, concède l’industriel, qui en creux, raconte la difficulté de l’industrie traditionnelle à séduire les meilleurs ingénieurs, qui sont tous bien plus attirés par les nouvelles industries que les anciennes...

Chez Airbus, il y a une structure qui regarde comment innover. En association avec le Massachusetts Institute of Technology ou le CEA, elle réalise un travail d’identification des sujets technologiques structurants dans le but d’acquérir les savoirs nécessaires à produire demain le meilleur avion qui soit. Pour réintroduire des dynamiques d’innovation, Airbus utilise de nombreuses méthodes. A la fois des méthodes pour organiser la cohérence de l’organisation, comme la méthode C-K de l’Ecole des mines et des méthodes de développement rapides, comme les sprints utilisés dans le développement logiciel ou les Quick Win. Des méthodes agiles qui ont pour fonction par exemple de développer des prototypes fonctionnels en 100 jours en permettant à de petites équipes de travailler sur de nouveaux concepts, avec des partenaires et des équipes dédiées...

Pour stimuler ses salariés, Airbus a aussi besoin “d’incarnations”, c’est-à-dire de leur faire rencontrer des personnes, des leaders, des gourous qui représentent et incarnent la modernité. Cela passe par des cycles de conférence où l’on fait venir des gens inspirants et des exhibitions où l’on montre et touche la

modernité... en faisant venir des prototypes et des nouveaux objets en développement, comme les Google Glass. Une évolution vers la personnification de l’innovation qui questionne également la manière dont les laboratoires demain devront peut-être s’organiser autour

de personnalités pour obtenir moyens, brevets, investisseurs...

Enfin, l’innovation s’incarne également dans des lieux. Et Alain Fontaine d’évoquer rapidement le “protospace”, un hangar de 400 m2 qui se veut l’équivalent d’un Fab Lab, et qui sert à réaliser de nouveaux équipements, à valider des concepts, à expérimenter... Un espace qui n’est certes pas très ouvert, sécurité oblige, mais qui a des relations avec Artilect, le Fab Lab de Toulouse et avec des espaces similaires dans d’autres grandes entreprises pour créer un réseau de bonnes pratiques...

Reste qu’à entendre Alain Fontaine, on avait plutôt l’impression d’entendre un discours de récupération de l’innovation, comme si en l’encadrant suffisamment, on pouvait donner l’impression d’en faire, d’être au goût du jour. Pas sûr que ce discours-là trompe grand monde...

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4. biologisation de la technologie : le code d’une chaise est-il une chaise ?hubeRt guiLLAud

Paru le 29 OctObre 2013 sur le blOg internetactu.net

Pierpaolo Andriani (@pierAndriani) est professeur à la Kedge Business School de Marseille. C’est un spécialiste de la complexité et il s’est intéressé sur la scène de Lift France 2013 à la manière dont les nouvelles technologies de production qui étaient au coeur de cette édition transforment notre rapport à la technologie.

Comme nous l’a montré Magritte, l’image d’une pipe n’est pas une pipe. Celle d’un cheval n’est pas un cheval. L’embryon ou le génome d’un cheval, qui contient pourtant toute l’information nécessaire au développement de l’animal, est-il un cheval ? Le génome est pourtant à la fois le code et la machine qui lit le code ADN, rappelle Pierpaolo Andriani...

Désormais, la technologie a sur les produits et les services, le même effet que la biologie a sur l’organisme. Le schéma d’une chaise est-il une chaise ? Le code qui permet d’imprimer une chaise sur une imprimante 3D est-il une chaise ?

Grâce aux logiciels, nous sommes en train de “biologiser la technologie”, affirme le spécialiste de la complexité. Le code fonctionne comme une série d’information biologique qu’une machine peut lire pour créer le produit ou le service correspondant, comme le fait la biologie du code ADN. “Nous sommes passées de formes intégrées à des atomes à des formes intégrées aux bits d’information. Mais les deux représentent des

structures et les deux sont exécutables. Reste que les programmes qui peuvent faire les uns et

les autres ne sont pas exactement les mêmes...” La forme physique est devenue une instanciation de la forme numérique. Comme en biologie, l’évolution de la forme se fait aux deux niveaux et surtout permet de séparer la conception de la fabrication, “parce que toute l’information nécessaire pour imprimer un objet est désormais incluse dans la conception”, comme l’expliquait Carl Bass, le patron d’Autodesk, le fameux logiciel de conception 3D, dans une tribune publiée par le Washington Post sur l’avenir de l’impression 3D.

Pour passer des atomes aux bits, il nous bien sûr imprimer les bits, comme le permettent les imprimantes 3D, mais également scanner le monde réel. Les scanners 3D autoentretiennent la longue traîne des formes que l’on peut désormais générer. Plus rien ne semble capable de limiter le nombre de formes que nous allons pouvoir imaginer... puisque non seulement nous pouvons scanner le monde réel, mais nous pouvons également le façonner, le modifier et l’instancier via des logiciels et des imprimantes capables de créer des formes que nous ne savions pas nécessairement créer auparavant.

Ce nouveau paradigme a bien sûr des conséquences en terme de design. La limite des formes est liée à leur fonction.

Et Pierpaolo Andriani d’en revenir à l’origine de la théorie du design, en convoquant l’anthropologue et architecte Christopher Alexander et son ouvrage de 1964, Notes on the synthesis of form qui définissait le design comme le “processus d’inventer des objets physiques qui déploient un nouvel ordre physique, une forme, en réponse à une fonction”.

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“Qui contrôle la fonction ? Les fonctionnaires ?”, ironise le chercheur. “On ne sait pas. On n’a pas de mots pour cela, car les fonctions viennent des formes, des objets eux-mêmes...” Le processus par lequel on découvre des formes à partir de fonctions se nomme l’exaptation, rappelle le chercheur. Et bien souvent, ce processus résulte d’erreurs. C’est par erreur qu’on invente le micro-ondes, c’est par erreur que les chercheurs découvrent la première drogue de synthèse (tirée d’un colorant de l’industrie textile), le premier antidépresseur d’un médicament antituberculeux... “On n’invente pas toujours la fonction, le plus souvent, elles existent dans les formes qui nous entourent”, explique Pierpaolo Andriani en évoquant de nombreux autres exemples, comme la manière dont l’allume- cigare de nos voitures a été détourné pour désormais fournir de l’électricité à une multitude d’autres choses, ou la manière dont des designers présentés à l’exposition Lift Experience (voir le .pdf des projets exposés et la galerie des projets) utilisaient le chocolat pour en faire des petits pots pour faciliter la prise de médicament (les Medibons de la Fabrique à innovation), ou celle dont Nicolas Buclin transformait des bonbonnes de gaz en instrument de musique ou encore l’appareil photo numérique à faire soi-même de Coralie Gourguechon et Stéphane Delbruel... pour n’évoquer que quelques-uns des projets présentés à Lift Experience. Mais les détournements et réinventions sont nombreux, à l’image de la manière dont on réinvente l’usage des bouteilles en plastique dans les pays en développement pour éclairer l’intérieur des maisons dans les bidonvilles (vidéo du projet Solar Bottle Bulb)... Tout l’enjeu bien souvent repose sur le fait de devoir trouver la fonction cachée, la fonction adaptée d’une innovation, qui n’est pas toujours celle qui a été imaginée à l’origine...

Quellesvontêtrelesconséquencesdelaséparation de la conception et de la production, telle que l’annonce la biologisation de la technologie ? Cette séparation risque de remettre toutes nos activités dans des garages pour les réinventer. Va- t-on trouver des fonctions cachées ? Ce nouveau cycle de conception-production-utilisation va-t-il

créer une opportunité d’innovation incrémentale ou radicale ? Va-t-il permettre de découvrir des fonctions préadaptées dans les formes ?

Alors que la conception traditionnelle traduit des fonctions en formes, les makers exaltent les formes pour leur apporter de nouvelles fonctions, résume Pierpaolo ANdriani. C’est ce que le chercheur appelle la conception exaptive. Le premier outil “inventé” par les premiers hominidés, cet os qui devient outil comme le suggère la fameuse scène de 2001 l’odyssée de l’espace est la première exaptation, la première recherche pour apporter une fonction à une forme. Le codage de la réalité risque juste demain de les démultiplier.

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5. Pour comprendre l’homme, rien ne vaut un robot !hubeRt guiLLAud

Paru le 30 OctObre 2013 sur le blOg internetactu.net

“L’un des plus grands mystères du monde qui nous entoure, c’est la manière dont les enfants grandissent, la manière dont ils apprennent à découvrir le monde, leur corps, les autres...”, estime le roboticien Pierre-Yves Oudeyer (@ pyoudeyer), directeur de recherche à l’Inria et responsable de l’équipe Flowers, sur la scène de Lift France 2013. Or, le développement cognitif d’un enfant prend place à plusieurs échelles : à l’échelle des cellules, des organes (comme le cerveau), du corps et de son environnement physique, mais aussi au niveau de l’individu et de son environnement social ainsi qu’au niveau de toute une population. Et tout cela entretient des relations complexes. “Dans le génome, on ne trouve pas un plan pour construire un organisme. Les organismes qui ont le même génome ne donnent pas forcément lieu au même organisme. Nous reposons sur un système complexe. L’individu se construit en interaction avec son environnement, ce qui signifie qu’il faut une approche systémique pour le comprendre.”

L’observation et la verbalisation, qui sont les outils des sciences humaines et du vivant, sont- elles des outils suffisants pour comprendre cette complexité ? Pour Pierre-Yves Oudeyer, cela ne suffit pas. Nous avons besoin des mathématiques pour modéliser et faire des simulations que ce soit pour comprendre les galaxies, le climat ou la formation du vivant. Et si le développement cognitif d’un enfant est encore plus compliqué,

alors nous avons aussi besoin de tenter de le simuler. Les simulations algorithmiques

nous ont permis de comprendre les sociétés d’insectes. Et depuis une dizaine d’années, on utilise des robots pour tenter de comprendre le développement de l’enfant, parce que le corps et ses propriétés physiques jouent assurément un rôle fondamental dans le développement cognitif.

“On comprend mal pourquoi on marche avec deux jambes et nous sommes encore plus loin de comprendre comment les enfants l’apprennent”. Visiblement, marcher n’est pas calculer, souligne- t-il dans sa présentation (.pdf). La démarche peu naturelle des robots humanoïdes, comme Asimo, le robot humanoïde de Honda, le montre bien. Même si la manière de construire ces robots s’inspire du vivant, le résultat en est souvent très éloigné. “Des milliers de calculs à la seconde permettent certes de faire que ces robots se déplacent sur des jambes, mais cela ne permet pas qu’ils marchent d’une manière naturelle”. Pour trouver une manière plus naturelle de marcher, il faut se tourner vers les travaux de Tad McGeer, qui, il y a 20 ans, a construit une paire de jambes mécaniques sans moteur, en reproduisant la géométrie de la marche humaine (vidéo). “La structure totalement mécanique qu’il inventa génère une marche naturelle et stable et démontre que la marche s’auto-organise, c’est-à- dire qu’elle nait d’une interaction physique entre le corps et la gravité qui génère un ordre, un fonctionnement qui n’est pas programmé par les gènes.” Une expérience qui aurait été impossible à réaliser avec un animal... “Seul un robot a permis de comprendre la marche”, estime, enthousiaste Pierre-Yves Oudeyer.

L’une des caractéristiques de l’homme est qu’il sait apprendre par lui-même, rappelle Pierre-Yves

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Oudeyer. Les apprentissages de l’enfant se font progressivement et dans un ordre particulier... Il apprend d’abord à tenir sa tête droite, puis à avancer en rampant, puis à se tenir debout, puis à marcher sur ses jambes. Tous nos apprentissages ne sont pourtant pas préprogrammés dans notre génome... Mais pourquoi les enfants veulent-ils apprendre à marcher sur leurs jambes ? Bien sûr, l’environnement social est moteur, mais cela ne suffit pas. La curiosité a certainement un rôle. Beaucoup de travaux de psychologie se sont récemment intéressés à comprendre notre motivation à pratiquer quelque chose pour le pur plaisir de le pratiquer. Mais force est de reconnaître qu’on ne sait pas encore grand- chose de la curiosité en neurosciences, souligne le chercheur.

A l’Inria, son équipe s’intéresse à comment les robots apprennent. Pour cela, il a fallu leur apprendre à trier leurs apprentissages, pour qu’ils retiennent ceux où ils gagnent en apprentissage des autres. Dans l’expérimentation Playground Experiment, le robot est amené à faire des expériences d’apprentissages, tout d’abord avec son corps : le robot doit apprendre à manipuler des objets alors que son programme ne lui a pas appris à le faire. On se rend compte alors que le comportement des robots s’organise en phases comportementales de plus en plus complexes... L’expérience Ergo Robots qui se tenait à la Fondation Cartier, a prolongé cette expérience sur comment le corps apprend d’une expérience sur l’apprentissage du langage. Dans cette installation, les robots interagissaient entre eux et avec les visiteurs pour négocier des mots pour désigner leurs environnements. Ils jouaient entre eux à des jeux de langage consistant à montrer des objets et leur donner un nom.

Chaque robot agissant de la même manière, ils mettent ensuite à jour entre eux leurs modèles de vocabulaire en pair à pair... De nouvelles conventions linguistiques se forment entre eux, se cristallisent, qui leur sont propres (vidéo). Si on ajoute d’autres robots au dispositif, ils inventent d’autres conventions... En fait, comme l’explique Pierre-Yves Oudeyer dans son dernier livre, Aux sources de la parole, le corps joue un rôle central

dans l’acquisition de la parole. Et on s’en rend compte grâce aux robots, qui permettent de faire du corps une variable expérimentale et de poser la question : “qu’elle est l’influence de la forme du corps dans l’acquisition du langage ?”

Pour répondre à cette question, il fallait pouvoir utiliser des robots dont on pouvait modifier facilement le corps, ce qui n’est pas vraiment le cas des robots disponibles que les chercheurs utilisent dans leurs recherches. D’où l’idée de créer un robot au corps plus facilement modifiable. C’est tout l’enjeu du projet de robot humanoïde Poppy (@poppy_project). Un robot construit à l’aide des techniques d’impression 3D afin de le doter d’un corps modifiable.

C’est un robot humanoïde open source français, “à construire soi-même”, dont le squelette s’imprime (pas les moteurs). Il s’avère relativement peu coûteux à construire (il faut compter environ 6000 euros de pièces et composants et deux jours de montage) et dont la morphologie est basée sur les recherches de Tad McGeer. On peut ainsi faire varier la forme des jambes pour le rendre plus stable, et il est doté d’une colonne multiarticulée qui permet de nouvelles possibilités d’équilibrage et de marche... Le robot est livré avec des composants logiciels permettant de programmer des comportements. Et surtout, il va permettre de confirmer des intuitions déjà avancées sur la marche et le déplacement, et montrer qu’en modifiant physiquement les robots, la structure de la langue qu’ils inventent est différente.

Dans cette présentation, la forme rejoint le fond. Les techniques (impression 3D, DIY...) et les valeurs (open source) des makers sont utilisées pour concevoir un robot... et fonctionnent comme une illustration concrète de la manière dont ces technologies changent notre rapport à la production d’objet. Le “produire autrement” qui donnait son titre à cette conférence Lift s’incarne...

Sur le fond, les propos de Pierre-Yves Oudeyer vont bien plus loin que le thème de cette édition de Lift. Ils me rappelaient une nouvelle de l’auteur de hard science-fiction Ted Chiang dans le recueil

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La Tour de Babylone, “L’histoire de ta vie”, où une linguiste confrontée à des extra-terrestres qui ont une apparence physique radicalement différente de la nôtre (ils sont désignés comme des “heptapodes”), tente d’établir un dialogue, sans grand succès, tant justement la morphologie a un impact sur la structuration même de la pensée... et rend la communication entre les deux espèces impossibles.

Non seulement le langage modèle ou reflète notre compréhension du monde, mais notre corporalité même semble y jouer un rôle majeur... Les recherches de Pierre-Yves Oudeyer et ses équipes semblent surtout venir le confirmer.

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6. diffuser la culture makers au monde extérieurReMi sussAn

Paru le 31 OctObre 2013 sur le blOg internetactu.net

Quel point commun entre un projet de quartiers numériques à Lomé et le MadLab de Manchester ? En fait, tous deux se définissent comme des initiatives grassroots, et se préoccupent d’introduire le numérique dans des milieux pas forcément bien équipés en haute technologie. Alors que l’initiative de “hubcité” porté par Koffi Sénamé Agbodjinou cherche à intégrer le numérique aux modes de vie africains , le MadLab britannique cherche à briser la frontière entre les technophiles geeks et le reste de la population.

Koffi Sénamé Agbodjinou (@senamekoffi), architecte togolais, fondateur de l’Africaine d’architecture, travaille sur la fusion entre les pratiques issues des Fab Labs et les traditions architecturales et culturelles africaines. Lors de sa conférence Lift, pour introduire son propos, il a évoqué l’improbable rencontre entre Maurin, un hacker français, chef d’atelier à la Blackboxe, un hackerspace de Paris, et Pierre, un maçon Tamberma, peuple du Togo dont le nom dérive d’un mot qui signifie : “ceux qui bâtissent avec la terre”. C’est dire si chez les représentants de cette ethnie, la création de bâtiments possède une grande importance culturelle. Les Tamberma sont notamment connus pour la construction d’incroyables châteaux en terre battue.

Comment concilier ces deux univers ? Pour Agbodjinou pourtant, les deux univers avaient quelque chose en commun et ce quelque chose tenait des valeurs que chacune de ces personnes portait en elles et insufflait dans leurs

réalisations... D’où l’idée, pour l’architecte de les faire travailler sur ce qu’ils avaient en commun au service d’un projet d’aménagement urbain à Lomé, le hubcité.

L’idée est de faire bénéficier les citoyens de cette métropole des avancées du numérique sans pour autant prétendre restructurer de manière artificielle cette cité, comme trop souvent dans les projets de smart cities.

Son premier objectif a consisté à adapter les modes de travail issus du numérique (ces modes de travail collaboratifs, horizontaux...) au style de vie africain. Pour concevoir son projet, il a donc lancé un “archicamp“, équivalent architectural des barcamps, mais dont l’organisation était très différente des pratiques occidentales. Alors qu’un barcamp dure le plus souvent une journée, l’archicamp de Lomé s’est prolongé sur trois semaines. Il s’est tenu dans la rue ou, parfois, dans des écoles primaires.

Quant aux Fab Labs, ils sont devenus des replabs, un équivalent simplifié plus facile et rapide à monter. Woelab, le premier replab, a été lancé en 2012. On y a notamment élaboré la w.afate, première imprimante 3D réalisée à partir de matériels informatiques recyclés qui a imprimé son premier objet il y a quelques jours.

L’idée de base de la “hubcité” est de créer dans Lomé un ensemble de “tiers lieux” numériques à partir desquels les nouvelles technologies et pratiques pourront se diffuser au sein de la cité, sans pour autant impliquer de profondes transformations de cette dernière.

A partir des discussions de l’archicamp, il s’est avéré qu’il existait une zone parfaitement adaptée

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à la création de ces nouveaux sites. En effet toute une partie de la ville est en déshérence, celle qui jouxte la frontière du Ghana. Lomé est la seule capitale au monde à se situer sur une frontière. A cause d’anciens conflits avec le pays limitrophe, tout un quartier a été laissé à l’abandon et se montre propice à la création de nouveaux sites expérimentaux.

Le premier d’entre eux est un terrain de basket. L’espace est très fréquenté par de jeunes vendeuses de jus de fruits, qui sont parfois devenues elles-mêmes basketteuses à l’occasion. Le second est un petit village avec un plan d’eau. Le troisième, tout aussi aquatique, est la lagune de Lomé, qui n’a pas été aménagée. Les constructions envisagées respecteront les traditions et utiliseront des matériaux locaux, notamment la paille. Mais ils seront également augmentés de numérique afin de les mettre en réseau, selon le principe du “Low High Tech”, initié avec la W.afate, qui consiste a adapté les technologies aux réalités du terrain. L’aménagement des lieux se projette comme des Fab Labs adaptés à la population, que les gens pourront utiliser pour leurs projets. Reste que les projets sont encore à l’état de projet. Sur le site de la lagune, les habitants en sont encore à nettoyer le site de ses ordures. Koffi Sénamé Agbodjinou ne se désespère pas pour autant. D’ici 2014, il souhaite que les deux premiers Fab Labs de Lomé soient vraiment lancés... et commencent effectivement à accompagner les projets.

Eloge du désordre

Le MadLab (@madlabuk, pour Manchester Digital Laboratory plus que pour “laboratoire dément”) de Manchester a été fondé en 2009. Dans cette institution (privée), basée sur le partage des idées et des pratiques, plus de 40 groupes se réunissent régulièrement, traitant de toute la gamme des technologies, y compris la photo, le cinéma, le livre... Le MadLab est aussi l’un des rares Fab Labs à s’être lancé dans la DIYBio, avec la

construction d’une machine PCR, d’amplification génétique in vitro. Ce qui est intéressant nous a expliqué Asa Calow (@asacalow), cofondateur et directeur du MadLab, c’est de voir ce qui se passe lorsque des communautés aux intérêts si divers se mélangent. Un amateur dans un domaine devient un expert dans un autre. Le but du MadLab est de faire sortir tout un chacun de sa “zone de confort”, de créer une “zone neutre” où tout le monde se trouve sur un pied d’égalité. Pour cela, le MadLab n’hésite pas à travailler avec nombre de structures locales de Manchester, universités, comme associations de quartier....

Reste qu’il est difficile de faire exister une telle structure horizontale sans apport financier public. Pour soutenir son action, le MadLab organise des cours sur divers sujets. Mais il poursuit également des projets à plus long terme, par exemple avec les enfants et les moins de 18 ans.

C’est par son initiative auprès des SDF que le MadLab s’est singularisé. “On travaille parfois avec des gens qui ne savent même pas recharger une batterie, ce qui nous permet d’entrer dans de tout nouveaux environnements”, nous a expliqué Calow sur la scène de Lift (voir sa présentation). En collaboration avec l’université de Lancaster, ses membres ont participé à la mise au point du PAT (Personal Appointment Ticketing), ce système consiste en une puce RFID collée sur un bracelet ou une carte, qui permet à une personne sans domicile fixe (dépourvue naturellement d’ordinateur ou de smartphone) d’accéder aisément à son profil où seront stockés ses rendez-vous médicaux ou administratifs.

Le désordre est une valeur au sein du MadLab, comme son nom l’indique. “Le désordre, c’est comme le jeu, mais en mieux... En science, on prend une chose complexe et on isole toutes les variables. Nous on fait l’inverse on prend l’objet complexe et désordonné et on ajoute des variables.” L’approche “désordonnée”, “hacker” de la technologie saura-t-elle diffuser ses valeurs même dans des populations peu enclines au numérique ? En tout cas, l’expérience mérite d’être tentée.

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7. La participation un levier ?hubeRt guiLLAud

Paru le 5 nOvembre 2013 sur le blOg internetactu.net

Le designer Massimo Menichinelli (@openp2pdesign) s’est intéressé aux Fab Labs parce qu’il s’intéressait aux processus de collaboration et à la conception ouverte (voir sa présentation). Il s’est notamment intéressé à comprendre en quoi les modèles open source avaient une influence sur la conception. Il a aussi commis un intéressant travail d’analyse de la communauté des makers italiens pour saisir sa structure et son fonctionnement.

Les Fab Labs, ces laboratoires de fabrication, proposent un accès démocratique aux outils de fabrication, estime celui qui a participé à la conception du Fab Lab du Musée des sciences de la ville de Trente (galerie photo). Ils permettent à plusieurs personnes de travailler ensemble, selon un processus de conception ouvert. Et ce sont ces processus de collaboration ouverts qui posent des questions aux acteurs publics… Faut-il considérer les Fab Lab comme de nouvelles formes de services publics ? La question pourrait paraître incongrue, pourtant, dans de nombreux endroits, les autorités publiques réfléchissent à l’impact de ces lieux sur la société et préparent des politiques de soutien à ces nouvelles formes de fabrication. En mars 2012, le président américain a lancé un plan d’investissement d’un milliard de dollars pour créer un réseau national de fabrication numérique, le National Network of manufacturing innovation. Le gouvernement britannique a également ouvert des fonds pour soutenir un réseau de Fab Lab, celui de Singapour un plan pour développer l’industrie de l’impression 3D… La France a lancé un appel à projet pour inciter au déploiement de Fab Labs

Outre le soutien à l’innovation, l’un des objectifs de ces investissements est de rendre la chaine de la production plus durable, de relocaliser l’industrie manufacturière… Il n’est pas sûr que les Fab Labs ou le mouvement maker y parviendront, mais les politiques s’intéressent au phénomène. Avant de passer à la phase de régulation, ils sont pour l’instant dans la première phase, celle de la promotion visant à développer le réseau et les systèmes de fabrication numériques… Barcelone tente d’implanter des Fab Labs dans chaque quartier en s’appuyant sur des communautés locales, à l’image du Fab Lab de Millor que nou, un lieu qui apporte de l’aide aux citoyens qui veulent réparer leurs propres objets et qui dispense des cours pour apprendre à le faire. Au Danemark, le MindLab, développe des ateliers de conception pour réinventer les services publics (voir notamment notre “Voyage dans l’innovation sociale scandinave”). Le rapport de l’European Design Leadership Board a proposé des recommandations pour promouvoir les Fab Labs. En fait, la conception ouverte que les Fab Labs promeuvent peut-elle insuffler de nouvelles valeurs aux décideurs politiques ? s’interroge Massimo Menichinelli. L’ouverture peut-elle remplacer la fermeture ? Les process Bottom Up remplacer les process Top Down, les procédures distribuées, les procédures centralisées… ?

Le succès de l’innovation sociale, du design de services, au Royaume-Uni ou au Danemark qui s’élargit encore modestement au reste de l’Europe est-il un signe avant-coureur de la transformation à venir des services publics ? La co-conception va-t-elle devenir la règle ? Si elle a fait ses preuves pour résoudre des problèmes isolés, ponctuels, peut-elle être intégrée dans les institutions voire utilisée au plus haut niveau

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politique, comme le recommande le Design Council britannique dans un récent rapport ?

L’ouverture, l’open source, créé un écosystème qui permet de concevoir un service adaptatif, estime Massimo Menichinelli. A partir de Linux, on a créé un ensemble d’initiatives logicielles rappel le chercheur en pointant vers la carte des projets dérivés de Linux. Certes, toutes ces initiatives n’ont pas réussi. Beaucoup des projets listés se sont arrêtés en cours de développement ou n’ont pas abouti. Mais le principe d’ouverture a permis de créer un ensemble d’initiatives, de répondre à de nouvelles questions… La nouvelle version de la carte des initiatives logicielles dérivées de Linux est tellement vaste, tellement foisonnante de projets qu’on ne peut plus la lire sans zoomer dessus. La participation n’est pas l’objet de cette nouvelle culture du DIY (do it yourself), du prototype, de la cocréation et de l’ouverture… La participation est un levier. Un levier pour transformer le monde et ses valeurs.

La journaliste, blogueuse et essayiste Anne-Sophie Novel (@SoAnn), connue pour animer le blog Même pas mal sur le Monde.fr, faisait le même constat dans sa synthèse de la journée. Qu’importe le terme qu’on emploie pour évoquer cette transformation en cours. Michel Serres parle de la petite poucette qui tient le monde de demain entre ses mains. Joël de Rosnay de la société fluide. L’anthropologue Pascal Picq de coévolution et Anne-Sophie Novel et Stéphane Riot parlaient dans leur ouvrage éponyme de la co-révolution… Autant de mots qui désignent, comme l’ont montré bien des présentations de cette 5e édition de Lift France, la façon dont le citoyen se réapproprie le monde que ce soit par l’information, par le développement de sa capacité d’agir, par ses actions sur l’espace public… Le numérique propose toute une gamme d’outils pour se réapproprier le pouvoir, pour proposer de nouvelles façons de faire politique, souvent stimulantes, même si parfois imparfaites.

Mais inventer ne suffit pas à changer la société. Les innovations et les basculements sont de plus en plus rapprochés rappelle Pascal Picq dans son dernier ouvrage, De Darwin à Levi Strauss, où il

souligne que les grands âges de l’esprit humain sont liés à notre capacité à agir sur le monde et qu’à mesure que nous développons notre capacité à agir sur le monde nous développons aussi notre capacité à le détruire, à le transformer… Les innovations et les basculements de notre rapport au monde qu’elles impliquent accélèrent leur rythme. Les nouveaux enjeux auxquels nous sommes confrontés exigent de nous des réponses toujours plus rapides.

Mais l’histoire nous rappelle que bien souvent nous disposons déjà de toutes les solutions techniques pour y faire face, rappelle Anne-Sophie Novel. En fait, ce ne sont pas tant les techniques qui changent le monde que les connaissances et les représentations du monde qui le change. Pour changer la société, inventer ne suffit pas, il est nécessaire d’assimiler, d’intégrer ce qu’on en comprend. Les gens qui ont assimilé l’open source, le partage, ont intégré dans leur ADN les valeurs de demain.

“Je suis bien consciente que la majorité des gens ne partagent pas ma vision du monde” que tout le monde n’est pas catastrophé par la perspective du réchauffement climatique, que tout le monde ne deviendra pas un maker du jour au lendemain… Oui, l’imprimante 3D, ce gadget appelé à changer le monde, ne sert pour l’instant qu’à créer d’autres gadgets… Mais l’important est l’esprit qu’il insuffle. “Face à l’urgence à laquelle nous sommes confrontés, l’accès libre permet d’aller plus vite et plus loin.”

Il faut continuer à le faire savoir, comme nous le fait savoir le succès des projets qui reposent sur ces valeurs, à l’image du stimulant Protei de Cesar Harada qui se propose de nettoyer les océans que nous avons pollués, ou comme le propose Wikispeed, la voiture open source qui ne consomme que deux litres aux cent…

Il faut continuer à diffuser l’innovation ouverte comme le font toujours plus de porteurs d’initiatives du quotidien et faire que les pouvoirs publics s’en emparent et relaient ces valeurs, conclut Anne-Sophie Novel. Ce sont elles qui changeront le monde, qui nous aideront à le réparer et à nous le réapproprier.

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Le Forum d’Action Modernités avait choisi de se déplacer à Marseille à l’occasion de la conférence Lift France pour organiser un débat :

« Affaires, entre-soi, violence : dégager l’horizon ! ». Il s’est inscrit dans le cycle de débats ouvert au printemps dernier sur le thème « Dégager l’horizon ! ». Il était une invitation à repenser et agir pour une vie démocratique locale plus sereine, plus transparente et plus ouverte.

Intervenants : Yamina Benchenni, porte-parole du collectif du 1er juin

Philippe de Fontaine Vive, président et initiateur du réseau Massilia Mundi

Fatima Orsatelli, conseillère régionale, déléguée à la politique de la Ville

Michel Peraldi, anthropologue, co-auteur du livre Gouverner Marseille.

Le débat s’est structuré autour des 4 thèmes suivants :1. A la bien, l’horizon ?

2. Décentralisation et architecture territoriale de la France

3. Cosmopolitisme et diversité

4. Culture et incivilités

> Retrouvez le compte-rendu du débat mini On/Off avec vidéos et podcasts

Mini On/Off« Produire autrement le bien commun Affaires, entre-soi,

violence : dégager l’horizon!»

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A l’intersection des innovations techniques, des mutations économiques et des transformations sociales, quelles sont les “Questions numériques” qui marqueront les années à venir ?

Ces questions sont essentielles pour anticiper plutôt que réagir. Chacun d’entre nous se les pose régulièrement, à sa manière, dans son activité. Mais trop souvent, sans y passer le temps nécessaire, sans les partager suffisamment, sans tirer parti des idées des autres.

D’où l’idée de proposer une démarche collective, annuelle, continue qui s’installe durablement dans le calendrier : convier décideurs, chercheurs et innovateurs, spécialistes ou non du numériques à formuler ensemble les «questions numériques» des années à venir – et à commencer d’imaginer les manières d’y répondre.

> En bref, prendre le temps d’anticiper.

Questions numériques, c’est donc à la fois :

> Un rendez-vous annuel de référence : la publication du Cahier d’enjeux et sa présentation lors d’une manifestation internationale.

> Un processus continu : identifier et cartographier les tendances, émergences et tensions ; choisir ensemble les plus importants ; en ateliers (2-3/an), élaborer ensemble les “Questions Numériques” et commencer à se projeter dans l’avenir qu’elles dessinent.

Pourquoi participer à ce groupe ?

> Le groupe « Questions Numériques » est une plateforme collaborative. Il découle directement du projet éponyme et vise à l’améliorer dans son processus de construction.

> L’objectif du groupe est donc de produire, de manière collaborative, des éléments de réponses intelligibles à la même problématique en se projetant sur les actions à mettre en œuvre dès à présent.

> Ce travail collaboratif est prévu sur toute l’année et sera ponctué de plusieurs évènements. Sur le même modèle que les années précédentes, cette édition devra être un creuset d’idées portant sur les problématiques numériques que vous jugerez émergentes et importantes.

> Retrouvez la production de Questions Numériques

Questions numériques

«Prendre le temps d’anticiper»

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> Parce que les défis de demain seront ceux de la jeunesse d’aujourd’hui, pour la première année s’est tenue Lift jeunesse : Lift dans un format et des contenus pensés pour les jeunes adultes et les lycéens accompagnés tout au long de l’année par leurs tuteurs étudiants. Lift Jeunesse, ou comment les enjeux naissent.

> La Fondation Internet Nouvelle Génération (FING), en collaboration avec l’association d’étudiants de Centrale Marseille, Échanges Phocéens, a présenté des animations adaptées pour appréhender les transformations liées aux nouvelles technologies et au numérique.

> Ce projet est né de la volonté de la FING de toucher un public différent. Le choix d’Echanges Phocéens comme partenaire était fortement lié à l’objectif poursuivi par cette association : contribuer à rétablir l’équité éducative. Chaque année depuis 2005, les étudiants centraliens, tuteurs ou parrains, accompagnent des élèves issus de milieux modestes pour élargir leur champs des possibles et les pousser à poursuivre des études supérieures ambitieuses. Concrètement, des séances de tutorat sont organisées toutes les semaines, hors vacances scolaires. En parallèle, des activités culturelles variées sont proposées : sorties, stages et excursions. Il s’agit de travailler des compétences transversales et la méthodologie, d’aborder l’orientation mais surtout de susciter chez ces jeunes curiosité, esprit critique et envie d’apprendre. Echanges Phocéens est depuis 2008 labellisé « Cordée de la réussite », dispositif porté par les pouvoirs publics visant à « élargir l’horizon de jeunes issus de milieu modeste et à les encourager à

saisir l’ampleur des opportunités offertes par les études supérieures ».

> Pour s’adresser à un autre public dans le cadre de Lift, la FING a donc invité en premier lieu, par le biais d’Echanges Phocéens, des lycéens scolarisés dans des établissements prioritaires ou participants à des cordées de la réussite. La manifestation était aussi ouverte à tous les jeunes intéressés.

> Pour développer la thématique de l’année « Produire autrement ! », les lycéens ont assisté à des conférences traitant ce thème de manière adaptée. Après une introduction par Guillaume Quiquerez de Centrale Marseille rappelant le(s) contexte(s), les intervenants Véronique Routin (Fing), Marie Noéline Viguié (Nod-a) & Frédéric Bardeau (simplon.co) ont abordé « les nouveaux savoirs, nouveaux objets, nouveau métiers » . Les discussions ont été animées par les étudiants de l’association Échanges Phocéens.

Après les interventions, la visite de l’exposition Lift expérience (machines et objets de demain, artistes et designers...) a clôturé l’après-midi. Certains lycéens ont été plus particulièrement acteurs de l’événement en participant à des animations spécifiques développées par O2zone TV.

> Retrouvez la présentation de l’évènement.

Lift Jeunesse«Parce que les défis de demain

seront ceux de la jeunesse d’aujourd’hui »

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Initié par la Fing et animé en Région par Design The Future Now, avec le soutien principal de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, le Carrefour des Possibles réunit pour chaque édition une équipe de veilleurs pour détecter 10 projets numériques aux scénarios d’usages innovants. En s’appuyant sur la richesse et la diversité des initiatives locales, cette démarche permet le croisement des pratiques et a pour ambition de favoriser un climat propice à l’innovation.

Illustration du dynamisme régional de la filière TIC, cette soirée a réuni deux cent cinquante personnes (entrepreneurs, artistes, agents publics, universitaires, agitateurs, etc.), avec pour conséquences de favoriser l’essor de nouveaux projets et de faciliter les connexions entre des porteurs de projets innovants et les participants.

> Retrouvez les 10 projets sélectionnés lors du Carrefour des possibles

Carrefour des possibles

«Partageons la culturede l’innovation !»

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Design The Future Now, en coproduction avec Lift with Fing et avec le soutien actif de l’ISEN Toulon, a proposé Lift Experience, une exposition pendant les 2 jours de Lift with Fing installée dans les 760 m2 du porte-à-faux de la Villa méditerranée sur la thématique “Produire autrement”. dans une société où la production se fait toujours plus conséquente, où la consommation ne connaît que peu de limites, certains se prennent au jeu de penser autrement. Penser autrement la production, les modes d’organisation, l’utilisation des matières premières, l’utilisation même des objets et, pourquoi pas, transformer l’obsolescence programmée en renouvellement des usages. A travers 30 projets et visions de makers, designers, bidouilleurs et entrepreneurs, le grand public était invité à fabriquer autrement nos quotidiens et expérimenter le futur !

Design The Future Now, commissaire de l’exposition

Au delà de son implication forte dans les réseaux d’acteurs innovation et technologie, l’association design The Future Now propose aux petits et “grands enfants” de découvrir, prototyper et expérimenter le monde de demain en partant du principe que le futur nous appartient. Pour cela elle s’appuie sur le design, le numérique, la créativité et le do it together, c’est-à-dire le “faire ensemble”. c’est en faisant qu’on apprend et c’est en partageant qu’on possède.

Pour partager la culture de l’inventivité au plus grand nombre, elle accompagne régulièrement

individus, universités, entreprises et associations dans le cadre d’ateliers de découverte, de formations aux technologies émergentes et d’accompagnement des démarches d’innovation. coproducteur du LIFT Experience cette année, l’association design The Future Now est également impliquée dans de nombreux projets innovants en Région Provence-Alpes-côte- d’Azur à la convergence du numérique et des cultures (scientifiques, environnementales, artistiques) et de l’innovation sociale.

Contact

Design The Future Now - Axelle [email protected] 06 10 52 12 19www.designthefuturenow.org

Lift experience«Le Futur nous appartient»

> Retrouvez les 34 installations et ateliers présentés lors du Lift Experience

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QUELQUES-UN dES 34 PROJETS PRéSENTéS LORS dE LIFT ExPERIENcE

OPENROVOpenROV est un projet de drône do It Yourself, centré sur l’exploration des fonds sous-marins créé par une communauté d’internautes amateurs et professionnels.BENOIT gANTOmE

KRAFT cAméRAUn appareil photo numérique simplifié et open source, en carton, à monter soi-même !cORALIE gOURgUEchON

LE RÊVOmATONEt si vous aviez une baguette magique ?Laissez un voeux pour le futur dans le Rêvomaton, un espace de recueil d’experiences et d’humeurs !dESIgN ThE FUTURE NOw

LE SEL dE LA VIEc‘est de sel qu’est faite cette bouteille à la mer. La voici proposée aux habitants et voyageurs pour y glisser les intentions qui sont les leurs, y faire un vœu, se relier à l’invisible.Em dESIgN

dO IT ThE KIT«do it the kit !» est un projet de kit de guerilla gardenning, pour reconquérir sa ville ! Il s’adresse à tous les amoureux de la nature, souhaitant sensibiliser à l’environnement et apporter une touche de poésie dans les rues !LN BOUL

LA cOw BOxFaire du «web» sans aller sur l’internet, c’est possible. La cowBox est un boîtier autonome, qui embarque un serveur disposant de tous les outils pour collaborer. La cowbox ouvre de nouvelles possibilités de connectivité hors les murs.ISEN TOULON

36 15 TwOUITOn croyait le minitel terminé, renvoyé dans les oubliettes de l’histoire de la technologie, comme une exception française de plus. Et pourtant, grâce à l’ajout de quelques ressources ouvertes (Linux, Raspberry Pi), notre bon vieux minitel s’offre une seconde jeunesse et devient une machine à touiter vintage.ISEN TOULON

> Retrouvez les 34 installations et ateliers présentés lors du Lift Expérience :ICI

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Construire le Mur de la Tentation ? Résister à la Tentation ?

Dans un monde dominé par la finance, où les valeurs prédominantes sont l’argent et le consumérisme, le plus difficile, c’est de résister à la Tentation.

Clara Feder nous a invité à construire une oeuvre d’art participative et interactive où chacun, résistant à l’appât du gain immédiat, a pu choisir d’apposer un ticket de loterie à gratter - non gratté et signé de sa main - , sur le « Mur de la Tentation ».

A Lift with Fing, l’artiste a ainsi mis en scène la performance Le Mur de la Tentation pour la première fois. Cette situation expérientielle inédite, à laquelle plus de quatre cents personnes ont participé, a été filmée.

Le Mur, Performance Live

Au terme d’un parcours (installation, photographies, tableaux, dessin) les participants prenaient un ticket de loterie à gratter qu’on leur offrait. Ils se dirigeaient ensuite vers un isoloir où ils apposaient leur signature sur le ticket, au lieu de le gratter. Pour finir, les participants apposent leur ticket sur le Mur de la Tentation, montrant aux yeux du monde qu’ils ont su résister, contrairement à ce qu’il est de règle de faire dans notre société de consommation.

Plus de 500 personnes sont venues. Sur les 9 heures de performance, 280 participants ont apposé leur ticket signé sur le Mur, 30 ont gratté leur ticket.

Le Mur Virtuel

Toutes les photos prises lors de la performance ont construit le Mur le Tentation virtuel. Chaque participant ayant «résisté» voit son visage s’afficher.

Un participant dévoile son opinion

Le soir du 16 octobre 2013, Patrick de Wilde, venu participer à la performance, a écrit un texte d’une rare qualité. Le voici :

« Je me suis rendu sur les lieux de l’installation. C’est dire que je ne passais pas par là, mais étais déterminé à y aller pour témoigner au sujet de la TENTATION. Fort de la pensée d’Oscar Wilde « Je résiste à tout, sauf à la tentation », mon idée était faite. Pourquoi résister?…» Lire la suite

L’artiste Clara Feder

Clara Feder est née à Paris, elle a étudié la cinématographie à l’Ecole de Film de New York University et les nouvelles technologies à Paris 8. Elle a vécu à New York, Paris, Marseille et Aix en Provence où elle travaille.

Elle a exposé à Paris, Londres et Marseille, Minneapolis et a également publié de nombreux ouvrages sous on nom d’écrivain, Virginie Michelet.

> Le site> La vidéo du Mur

Le Mur de la tentation

Clara Feder / Performance Live et Virtuelle

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La Fing (Fondation internet nouvelle génération) a pour mission de produire et partager des idées neuves et actionnables pour anticiper les transformations numériques.

Depuis 2000, la Fing aide les grandes entreprises et les start-ups, les territoires et les décideurs politiques, les chercheurs, les créateurs... à anticiper les opportunités et les risques associés aux technologies, à leurs usages et au système d’innovation qui les accompagne.

Une méthode : 4 approches complémentaires

Une Prospective Opérationnelle

Avec «Questions Numériques», la Fing anime un processus continu et collectif qui vise à identifier les défis numériques qui marqueront les années à venir. Lue par plus de 150 000 personnes, sa publication Internet Actu repère les signaux faibles et les tendances lourdes dans les technologies, les usages et les systèmes d’innovation.

L’Exploration Innovante

Les «expéditions» de la Fing explorent des nouveaux «territoires d’innovation». Sur des thèmes aussi divers que la mobilité, l’habitat, la ville, le vieillissement, l’identité, la confiance..., ses travaux nourrissent les stratégies d’entreprises et les choix publics.

Les Dispositifs d’Innovation

En s’engageant sur le partage des données publiques, sur la restitution des données personnelles aux individus, ou encore sur l’émergence de «Fab Labs» en France, la Fing agit concrètement en faveur d’une innovation plus ouverte et partagée.

Les Projets Innovants

La Fing valorise et met en réseau des projets innovants et ceux qui les portent. Au travers du Carrefour des Possibles, elle met en valeur plus de 200 projets innovants par an.

Un réseau

En France, la Fing fédère et anime un réseau sans équivalent de grandes entreprises et start-ups, laboratoires et universités, designers et créateurs, territoires et décideurs publics.

A l’international, la manifestation annuelle Lift, le partenariat avec Imagination for People et l’intervention de la Fing en Europe, placent la Fing au cœur d’un réseau dense et actif.

> www.fing.org > www.internetactu.net

La Fingdes idées neuves et

actionnables pour anticiper les transformations numériques

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Depuis 2006, Lift identifie les tendances et défis technologiques et leurs implications sociales et business à travers l’organisation d’une série d’événements internationaux et des projets innovants en Europe et Asie et en Amérique.

A Genève, avec plus de 1000 participants venus de Suisse et de 30 pays, 70 journalistes et bloggeurs, des milliers de mentions dans les médias sociaux touchant 1,5 million de personnes, la Conférence Lift s’est hissée en quelques années parmi les événements clés de l’innovation numérique et entrepreneuriale en Europe. Ses 25 orateurs prestigieux sont présents durant les trois jours de conférence se rendant accessibles y compris pendant la soirée fondue qui réunit plus de 300 personnes, ou lors de la Venture Night – la compétition de start-up.

A Marseille pour sa cinquième édition dans le cadre prestigieux de la Villa Méditerranée après le Pharo et le théâtre national de la Criée, Lift with Fing aura été un événement marquant de l’année capitale européenne de la Culture. Lift Jeunesse créé à Marseille aura été à la mesure de l’inventivité et de la générosité de l’ensemble des partenaires de Lift en France.

Lift dans le monde, au travers d’un savant mélange de conférences, d’ateliers, d’un espace d’expositions interactives (Lift Experience) et d’un « speed date » (à Marseille, le Carrefour des possibles) , nos rendez-vous internationaux permettent d’identifier les tendances de l’innovation digitale, d’en comprendre les impacts et de créer des opportunités d’affaires.

Lift Conférence figure parmi la liste de BILAN des 10 événements à ne pas manquer en 2013; TechCrunch.com reconnaît Lift comme l’un des meilleurs événements start-ups en Europe.

Pour de plus amples informations Sylvie Reinhard, directrice [email protected] Lift Events, 18 Quai du Seujet, 1201 Geneva, Switzerland

> www.liftconference.com

Lift eventsMaking innovation happen !

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Pour en savoir plus

Lift Conference & Questions Numériques> Daniel Kaplan> [email protected]> +33 689 62 99 68

Lift Experience> Axelle Benaich> [email protected]> +33 610 52 12 19

Mur de la Tentation> Clara Feder > [email protected]> +33 664 19 59 06

mini On/Off> Patricia Bosc> [email protected]> +33 616 27 30 65

Lift Jeunesse> Bénédicte> [email protected]> +33 604 15 65 13

Carrefour des possibles> Denis Pansu> [email protected]> +33 681 36 36 25

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