Transcript

Document De synthèse Étude du dilemme urbain : urbanisation, pauvretÉ et violence Rédigé par Natalie Brender à partir de l’étude réalisée par Robert Muggah

Résumé

Le document synthèse suivant présente les principales conclusions tirées de l’étude de référence Researching the Urban Dilemma: Urbanization, Poverty and Violence (Étude du dilemme urbain : urbanisation, pauvreté et violence), qui avait pour objectif d’évaluer l’état actuel des théories et des données probantes relatives aux liens entre la violence urbaine et la réduction de la pauvreté ainsi qu’à l’impact et à l’efficacité des différentes interventions. Elle révèle une importante mobilisation

des spécialistes des sciences humaines à l’égard des problèmes liés à l’urbanisation, à la pauvreté urbaine et à la violence urbaine. L’étude indique en outre que l’on en sait beaucoup sur l’étendue et la répartition de la croissance urbaine, de même que sur l’appauvrissement et les inégalités en milieu urbain. Elle montre aussi que de nombreux travaux de recherche sur les répercussions et les coûts réels et apparents de la violence urbaine dans divers milieux à faible revenu et d’autres à revenu intermédiaire sont effectués à l’heure actuelle. Cependant, bon nombre de ces travaux et débats demeurent segmentés et se limitent encore à certaines disciplines et à certaines régions, sans compter qu’il existe d’importantes lacunes au chapitre des connaissances sur les liens entre la pauvreté urbaine et la violence urbaine. Le document de synthèse suivant présente quelques exemples d’interventions conçues pour prévenir et réduire la violence urbaine, mais précise qu’il reste à vérifier l’efficacité d’un grand nombre d’interventions mises en oeuvre pour atténuer et réduire l’insécurité et la pauvreté dans les villes à faible revenu et les villes à revenu intermédiaire. Le document se termine par un examen des lacunes critiques observées sur le plan des connaissances et des questions sur lesquelles les chercheurs devront se pencher dans leurs travaux futurs.

C E N T R E D E R E C H E R C H E S P O U R L E D É V E L O P P E m E N T i N T E R N aT i O N a L

À propos de Villes sûres et inclusives

Villes sûres et inclusives est une initiative de recherche cofinancée visant à constituer une base de connaissances scientifiques sur les liens entre la violence, la pauvreté et les inégalités en milieu urbain ainsi que sur les stratégies les plus efficaces pour contrer ces phénomènes. Cette initiative est administrée par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada, avec l’appui du Department for International Development (DFID) du Royaume-Uni.

Pour plus d’informations, consulter www.crdi.ca/villes

À propos du CRDI

Le CRDI, qui est un élément clé de l’aide internationale du Canada depuis 1970, appuie des travaux de recherche dans les pays en développement afin d’y favoriser la croissance et le développement. Il veille aussi à promouvoir la diffusion des connaissances ainsi acquises auprès de responsables des politiques, de chercheurs et de collectivités de par le monde. Il en résulte des solutions locales, novatrices et durables, qui offrent des choix aux personnes qui en ont le plus besoin et font changer les choses.

Pour plus d’informations, consulter www.crdi.ca

À propos du DFID

Le DFID administre l’aide apportée par le gouvernement britannique aux pays en développement afin de lutter contre la pauvreté dans le monde. Le DFID collabore avec les gouvernements des pays en développement afin qu’ils donnent à leurs citoyens les plus pauvres et les plus défavorisés les moyens de se sortir de la pauvreté en leur fournissant des soins de santé et des services d’éducation adéquats et en favorisant une bonne gouvernance et une croissance économique équitable.

Pour plus d’informations, consulter www.dfid.gov.uk

© Centre de recherches pour le développement international 2012

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Préface

En 2007, le monde est devenu une société à prédominance urbaine où, selon les estimations, les villes totalisent les trois quarts de la production

économique. L’urbanisation offre aux populations la perspective d’un meilleur accès à l’emploi et la possibilité de jouir de biens et de services, et ce, tant dans les pays en développement qu’ailleurs, la mondialisation reliant désormais les villes à l’échelle du globe.

L’urbanisation pose toutefois de nouveaux défis sur le plan des conflits, de la violence, de la pauvreté et des inégalités. Publié par la Banque mondiale en 2011, le Rapport sur le développement dans le monde a mis en évidence la gravité de la violence en tant que problème du développement. Il a indiqué à quel point la violence se transforme. Celle-ci s’articule de moins en moins autour des notions de guerre civile et de conflit, mais davantage autour de la violence criminelle, du terrorisme et des troubles de l’ordre civil. Le rapport souligne aussi le lien étroit qui existe entre la violence et la pauvreté et indique qu’à ce jour, aucun des pays à faible revenu fragilisés ou ravagés par des conflits n’a atteint ne serait-ce qu’un seul des objectifs du Millénaire pour le développement.

Les répercussions de la violence sur le développement humain sont considérables et variées. La violence entraîne des coûts directs mesurables comme des décès et des blessures, et des coûts indirects, dont des traumatismes psychologiques, le déplacement de populations et un ralentissement de la croissance économique. Dans les villes d’aujourd’hui, la violence se manifeste dans différentes sphères. Dans certains pays, la violence criminelle et organisée associée au trafic de la drogue est en partie liée à la politique interne. Des bandes et des milices en sont venues à se substituer à l’autorité publique en offrant une forme de protection à quelques collectivités, mais souvent à prix fort. La violence sociale, y compris celle qui se manifeste à la maison, constitue aussi un problème de taille, notamment pour les femmes et les jeunes vulnérables qui y sont confrontés.

Soucieux de trouver des solutions à ces problèmes, le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), organisme canadien, et le Department for International Development (DFID) du Royaume Uni ont lancé Villes sûres et inclusives. Cet effort de collaboration vise à constituer une base de connaissances scientifiques et de données probantes sur les liens entre la violence, les inégalités et la pauvreté ainsi que sur les stratégies les plus efficaces pour contrer ces phénomènes.

Dans un premier temps, afin d’éclairer la conception et la portée de l’initiative de recherche Villes sûres et inclusives, le CRDI a commandé une étude de référence intitulée Researching the Urban Dilemma: Urbanization, Poverty and Violence (Étude du dilemme urbain : urbanisation, pauvreté et violence) dont les quatre objectifs étaient de:

1. documenter les aspects connus des liens entre la violence, les inégalités et la pauvreté dans les centres urbains et d’évaluer la solidité de la base de connaissances. Une attention particulière a été accordée à l’évaluation des données probantes relatives aux expériences vécues dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Afrique subsaharienne et d’Asie du Sud;

2. décrire l’état actuel des théories relatives à la violence, à l’urbanisation et à la réduction de la pauvreté et de déterminer la mesure dans laquelle elles sont reliées et si les données probantes recueillies éclairent réellement les débats et les hypothèses qui orientent les travaux dans ces domaines;

3. déterminer les principales questions au sujet desquelles il existe un manque de données probantes et sur lesquelles des recherches plus approfondies s’imposent;

4. cerner les intervenants clés (chercheurs et institutions de recherche) qui produisent des connaissances sur ces questions.

L’étude prône une démarche intégrée et exhaustive visant à relever les défis que posent l’urbanisation rapide, l’escalade de la violence ainsi que la pauvreté et les inégalités croissantes. Le présent document de synthèse met en évidence les principales conclusions de l’étude.

L’étude de référence et le document de synthèse constituent un point de départ pour d’autres études et interventions. Les conclusions de l’étude ont contribué à façonner le programme de recherche que le CRDI et le DfID souhaitent faire avancer afin qu’ensemble, et avec d’autres intervenants, l’on puisse bientôt trouver des solutions aux grands défis actuels du développement.

Je tiens à remercier Robert Muggah d’avoir mené à bien cette étude, de même que Natalie Brender, qui en a synthétisé les conclusions avec brio. Je souhaite aussi remercier Markus Gottsbacher, Navsharan Singh, Ramata Thioune, Njeri Karuru, Véronique McKinnon et Charlotte Heath de leur apport et de leurs suggestions constructives, ainsi que les nombreux experts, dont la collaboration aux entrevues avec les intervenants clés s’est avérée très précieuse.

John de Boer Chef de programme Gouvernance, sécurité et justice Centre de recherches pour le développement international Ottawa, Canada

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Introduction

Les responsables des politiques et les praticiens sont de plus en plus conscients que le XXIe siècle est le cadre d’une flambée de la violence urbaine. Un nombre

important de villes à faible revenu et de villes à revenu intermédiaire affichent des taux de violence, d’insécurité, d’inégalité et de pauvreté supérieurs à la moyenne. La violence urbaine est un phénomène de plus en plus chronique et répandu dans bon nombre des villes du monde connaissant la plus forte croissance, plus particulièrement en Amérique latine et dans les Caraïbes ainsi qu’en Afrique subsaharienne, mais aussi en Asie du Sud et en Asie centrale. Même s’il accable tous les groupes socioéconomiques de multiples manières directes et indirectes, le fardeau de cette violence est particulièrement lourd à porter pour les citadins pauvres. Conjugués, ces faits préoccupent les experts de la sécurité et de l’aide en raison des répercussions qu’ils peuvent avoir sur la stabilité régionale et nationale et, de manière plus générale, sur le développement humain.

Le « dilemme urbain » renvoie à la nature d’arme à double tranchant de l’urbanisation qui s’est opérée au XXIe siècle. D’un côté, l’urbanisation favorise un développement progressif favorable aux pauvres. De l’autre, elle augmente les risques d’insécurité prolongée chez les citadins pauvres. Cet effet indésirable de l’urbanisation risque de détruire les chances qu’elle a de stimuler la croissance, la productivité et les retombées économiques. Il est donc essentiel de mener sur le terrain des travaux de recherche axée sur les politiques au sujet des liens entre l’urbanisation, la pauvreté, la violence et les inégalités, et de définir et d’évaluer les interventions visant à atténuer aussi bien les risques de violence urbaine que ses manifestations.

L’étude de Robert Muggah, qui s’est échelonnée sur deux mois en 2011 et en 2012, fait fond sur l’analyse de documents rédigés en de nombreuses langues, soumis à un comité de lecture et accessibles en ligne au grand public, et sur des consultations tenues avec des chercheurs et des intervenants de divers secteurs. Elle évalue l’état actuel des théories et des données probantes relatives aux liens entre l’urbanisation, la pauvreté urbaine et la violence urbaine. Elle offre aussi un aperçu de l’impact des différents types d’interventions visant à relever les défis que pose la violence urbaine au chapitre du développement. De plus, elle cerne les lacunes critiques au chapitre des connaissances qu’il faudra combler au moyen de travaux de recherche plus approfondis.

Le présent document de synthèse présente les principales conclusions de l’étude. La première partie explique en quoi consiste le dilemme urbain et décrit son importance. La deuxième partie présente l’état actuel des théories et des

données probantes, alors que la troisième partie fournit un aperçu des causes de la violence urbaine et des risques qui y sont associés. La quatrième partie aborde brièvement les efforts de résistance et de résilience déployés par des citoyens, et la cinquième section porte sur les interventions visant à réduire la pauvreté urbaine et à améliorer la sécurité des citoyens. Enfin, la sixième partie contient un plan de recherches futures et est suivie d’une courte conclusion.

1. Le dilemme urbain et son importanceCette première partie porte sur les effets directs et indirects de la violence urbaine, en particulier ceux qui touchent les citadins pauvres. Elle traite des répercussions – fatales ou non – de cette violence, du déplacement de populations, de l’érosion du capital social et de la cohésion sociale, de la diminution du bien-être socioéconomique et des répercussions sur la gouver-nance et la sécurité.

En raison de sa rapidité et de sa portée, et parce qu’elle est associée à des formes extrêmes de pauvreté et de violence, l’urbanisation mondiale peut parfois s’avérer déconcertante.

Plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes et, au cours des cinquante prochaines années, cette proportion at-teindra les deux tiers de la population.

En 1950, 80 villes comptaient plus d’un million d’habitants; on en dénombre aujourd’hui 480. Dans le monde, un citadin sur trois vit sous le seuil de la pauvreté. C’est l’Asie du Sud qui présente la plus forte proportion de citadins pauvres, suivie de l’Extrême-Orient, de l’Amérique latine et de l’Afrique subsaharienne. En outre, la presque totalité de la croissance démographique des décennies à venir se fera dans les pays à faible revenu et dans les pays à revenu intermédiaire et sera concentrée dans les milieux urbains marginaux et en périphé-rie, en particulier dans les bidonvilles.

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des pauvres et limite la productivité macroéconomique et microéconomique.

Du point de vue de la gouvernance, la violence urbaine mine les rapports entre les pouvoirs publics et la population, et peut encourager l’adoption de politiques de maintien de l’ordre axées davantage sur la répression que sur l’engagement con-structif (Jutersonke et coll., 2007).

Compte tenu de la diminution du nombre de conflits interna-tionaux et nationaux importants observée depuis les années 1990 et de l’augmentation des autres formes de violence associées aux réseaux de groupes armés et au crime organisé, de nombreux analystes de la sécurité croient que les guerres futures ne se dérouleront pas sur des champs de bataille, mais dans des milieux urbains. Les experts de la sécurité craignent fortement qu’une escalade de la violence à grande échelle se produise dans des villes qui ne sont pas en mesure de s’adapter à leur croissance démographique rapide et où l’on trouve d’importants foyers d’inégalités et de pauvreté.

2. État actuel de la théorie et des données probantesCette deuxième partie met en lumière le fait qu’à l’heure actu-elle, les responsables des politiques de sécurité et de dével-oppement doivent se concentrer sur les villes. Elle étudie la diversité et la segmentation des communautés de chercheurs qui s’intéressent à l’urbanisation, à la pauvreté urbaine et à la violence urbaine, de même que certaines des hypothèses sur lesquelles ces communautés s’appuient dans leurs travaux.

Cette partie décrit trois types de chercheurs qui se penchent sur différents aspects du dilemme urbain : ceux qui s’intéressent à des questions globales, ceux qui s’intéressent à des questions précises et ceux qui se concentrent sur la sécu-rité. Elle indique les lacunes critiques sur le plan des connais-sances et souligne l’importance de créer, d’enrichir et de mettre en commun des ensembles de données.

Cette partie traite également de notions et de théories fon-damentales qui orientent la recherche sur l’urbanisation, la pauvreté urbaine et la violence urbaine. Elle indique par ailleurs que la terminologie de référence est loin de faire l’unanimité.

Des spécialistes des sciences sociales se sont grandement intéressés aux problèmes distincts que constituent l’urbanisation, la pauvreté urbaine et la violence urbaine.

La documentation sur la portée et la répartition de la croissance urbaine, la nature de l’appauvrissement et des inégalités en milieu urbain et les effets de la violence urbaine dans les milieux à faible revenu et les milieux à revenu intermédiaire abonde. Toutefois, ces travaux ne permettent de comprendre le dilemme urbain que dans une certaine mesure. Plusieurs d’entre eux demeurent segmentés et se limitent encore à certaines disciplines et à certaines régions. De plus, ils ne s’attardent que très peu aux liens qui existent entre l’urbanisation, la pauvreté urbaine

Encadré 1. Répercussions de la violence urbaine et de la pauvreté en milieu urbain

• Les taux d’homicides enregistrés dans les villes dé-passent généralement les taux nationaux. À Caracas, au Cap et à Port of Spain, par exemple, ces taux sont respectivement 2,6, 1,77 et 1,72 fois plus élevés que les taux enregistrés pour l’ensemble du Venezuela, de l’Afrique du Sud et de Trinité-et-Tobago.

• C’est dans les secteurs particulièrement urbanisés et défavorisés que l’on observe les risques d’homicides les plus élevés, et le taux d’homicides des secteurs défavorisés peut-être plusieurs fois plus élevé que dans le reste de la ville.

• À l’échelle mondiale, le taux d’homicides est environ deux fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes. À l’échelle nationale, dans les milieux défavorisés, l’écart peut être encore plus important.

• Il a été démontré que la violence urbaine endémique transforme graduellement les relations et en vient à réduire l’efficacité des initiatives collectives essenti-elles aux échanges prévisibles au sein des sphères politique, commerciale et sociale.

• La violence urbaine peut nuire à l’apprentissage chez les enfants et les adolescents et ainsi avoir des réper-cussions négatives sur leur bien-être et miner la pos-sibilité qu’ils deviennent un jour des êtres productifs et soient capables de toucher un revenu.

Malheureusement, nombre de ces citadins pauvres seront fortement touchés par la violence et l’insécurité. En particulier dans des régions comme l’Amérique latine et les Caraïbes ainsi que l’Afrique subsaharienne, mais aussi en Amérique du Nord et partout en Asie du Sud et en Asie centrale, une violence endémique frappe de nombreuses villes et leurs environs et rayonne à partir de ces centres. Les citadins, surtout ceux des quartiers défavorisés, risquent davantage de tuer quelqu’un ou d’être tués que le reste des habitants de leur pays. Les personnes qui commettent des actes de violence directe – quelle qu’en soit la forme – ou qui en sont victimes subissent d’importants dommages psychologiques à long terme.

Les manifestations directes de la violence, comme les homi-cides, les voies de fait et les vols qualifiés, ne constituent que l’aspect le plus visible de la violence urbaine. Cette dernière a aussi plusieurs répercussions indirectes. Elle peut entraîner la détérioration du tissu social formé par les familles et les quartiers, restreindre la mobilité ou obliger le déplacement de certains et limiter l’accès au marché du travail et à l’éducation. La violence, la pauvreté et les inégalités se renforcent mu-tuellement et forment un cercle vicieux (Stewart, 2008), ce qui abaisse encore davantage le statut socioéconomique

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urbaine et examinent les expériences et les comportements, de même que les conditions intergénérationnelles, géographiques et structurelles qui déterminent la forme que la violence urbaine prend dans la vie des individus.

• Les chercheurs en sécurité adoptent un point de vue critique en ce qui concerne la sécurité, les espaces et la gouvernance en milieu urbain et critiquent les gouvernements qui appliquent des solutions quasi militaires à des problèmes de bien-être en milieu urbain et d’intégration sociale. Ils remettent en question la « sécurisation » continue des villes et de leurs populations et le recours croissant aux technologies de surveillance et de contrôle en milieu urbain.

Bon nombre des approches actuelles au regard du dilemme urbain s’appuient sur des théories qui ont été élaborées au début du XXe siècle pour expliquer la violence dans les villes et en périphérie. Dans la plupart des cas, ces théories s’appuient sur des expériences vécues en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord. Aujourd’hui, la possibilité de formuler des hypothèses ou des explications à partir de ces théories est remise en question en raison de tendances telles que l’augmentation du nombre de mégapoles et, par le fait même, du nombre de bidonvilles dans les milieux à faible revenu et les milieux à revenu intermédiaire de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine et des Caraïbes.

Certaines théories ont été élaborées afin d’expliquer le phénomène de la violence entre les individus, au sein des collectivités et à l’échelle de la société. Voici des théories qui ont éclairé des interventions visant à contrer la violence :

• Le désordre social. Théorie sociologique selon laquelle les inégalités économiques, l’hétérogénéité ethnique et l’instabilité résidentielle contribuent au désordre collectif et, au final, à la violence.

• Le carreau cassé. Théorie criminologique fondée sur l’hypothèse selon laquelle le désordre urbain a des effets symboliques et normatifs qui contribuent à la criminalité et à la violence qui s’y rattache.

• Le modèle écologique. Approche de santé publique selon laquelle il est possible de prévenir la violence en s’attardant aux interactions entre les facteurs de risques associés aux personnes, aux relations, aux collectivités et à la société.

• Le capital social et la cohésion sociale. Perspective économique comportementale et institutionnelle selon laquelle l’établissement d’un lien de confiance et de rapports sociaux étroits entre les personnes joue un rôle déterminant dans la réduction de la violence.

• L’émancipation des jeunes et les perspectives d’emploi chez les jeunes. Approche sociologique et psychologique selon laquelle il est possible de faire en sorte, grâce à des interventions ciblées, que les jeunes à risque – des garçons la plupart du temps – n’aient pas recours à la violence et n’adoptent pas de comportements antisociaux.

et la violence urbaine. Par exemple, bien que le Rapport sur le développement dans le monde 2011 de la Banque mondiale souligne que la violence est devenue à notre époque un enjeu clé du développement et qu’il existe une corrélation entre la pauvreté et l’insécurité, il ne comprend pas plus d’un paragraphe consacré à la violence urbaine.

Les connaissances sont particulièrement limitées pour ce qui est de l’efficacité des interventions visant à réduire l’insécurité dans les villes à faible revenu et dans les villes à revenu intermédiaire. Les experts s’entendent pour dire que la quantité de données probantes est trop faible pour permettre d’évaluer l’efficacité des différentes interventions. Même si un très grand nombre d’entre eux conviennent que les citadins pauvres sont les plus touchés par la violence urbaine, les mécanismes causaux qui s’y rattachent demeurent largement incompris.

Les lacunes au chapitre des données sur l’urbanisation, la pauvreté urbaine et la violence urbaine constituent l’un des défis fondamentaux à relever dans la recherche sur le dilemme urbain. Le manque de données chronologiques fiables limite la formulation de théories et empêche la conception, la mise en oeuvre et le suivi d’interventions visant à réduire la violence, les inégalités et la pauvreté en milieu urbain. L’insuffisance de recherches à long terme sur les répercussions de la violence urbaine sur les personnes, les familles et les collectivités aggrave le problème. Les initiatives de recherche sur ces problèmes en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est font particulièrement défaut.

En dépit de ces lacunes, de nombreux chercheurs conviennent qu’il existe des liens entre les inégalités et la violence. La modélisation statistique soutient l’hypothèse selon laquelle les inégalités en matière de revenu et la répartition inégale des débouchés économiques entre les différents groupes de la société encouragent la violence criminelle. Au fur et à mesure que les conditions de vie des citadins pauvres se précarisent, les risques relatifs aux conflits, aux crimes et à la violence tendent à augmenter. Il est communément admis que cette violence est fonction de la marginalisation politique, sociale et économique croissante.

i. Méthodes et théories

On peut répartir les spécialistes des sciences sociales qui s’intéressent aux différents aspects de l’urbanisation, de la violence urbaine et de la pauvreté urbaine en trois grandes catégories.

• Les chercheurs s’intéressant à des questions globales utilisent habituellement des méthodes quantitatives pour produire et étudier des ensembles de données, faire le suivi des tendances générales et prédire les effets de l’urbanisation ou de la densité de population sur les conflits armés ou sur la violence criminelle.

• Les chercheurs s’intéressant à des questions précises utilisent normalement des méthodes qualitatives et inductives pour comprendre différentes facettes de la violence urbaine au regard d’expériences vécues par des citadins. Ils étudient souvent les aspects historiques et culturels de la violence

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Il n’y a pratiquement pas de lien clair et direct entre les villes et la violence. De nombreuses villes sont aux prises avec une violence urbaine chronique, mais les villes ne sont pas

aussi violentes les unes que les autres, et la violence n’y est pas inévitable. De plus, les villes ne sont pas toujours plus violentes que les zones rurales, et les grandes villes densément peuplées ne sont pas toujours plus violentes que les petites villes. Si la croissance démographique urbaine semble reliée à la violence, le lien qui les unit n’est ni direct, ni absolu. Cela dit, il est vrai qu’un large éventail de villes de certaines régions semblent avoir été continuellement exposées à des degrés élevés de violence directe et indirecte au cours des dernières décennies.

Parmi les différentes théories élaborées pour expliquer les facteurs de risque liés à une augmentation de la violence, le modèle écologique est particulièrement intéressant. Plutôt que de proposer une cause unique, ce dernier établit différents facteurs de risque à l’origine de la violence aux échelons structurel, institutionnel, interpersonnel et individuel (Krug et coll., 2002). Il permet d’évaluer les rapports entre les risques et d’ainsi élaborer des interventions complexes (Turpin et Kurtz, 1997). Les approches complémentaires du modèle écologique évaluent les causes structurelles de la violence urbaine, à savoir les inégalités, la pauvreté et les influences sociétales telles que le patriarcat et les normes sexospécifiques (Pickup et coll., 2001). Celles-ci abordent à la fois l’identité et l’appartenance, tiennent compte des facteurs de risque sous-jacents et accordent une attention particulière à l’expérience de la violence dans une optique sexospécifique (Moser et McIlwaine, 2006). Selon ces approches apparentées, la violence urbaine n’est pas causée par un seul facteur isolé, mais plutôt par les effets cumulés et interdépendants de risques qui se juxtaposent et par des facteurs de protection réduits.

Les parties suivantes portent sur plusieurs variables que les chercheurs ont examinées pour expliquer la violence urbaine : l’urbanisation, la densité urbaine, la pauvreté, les inégalités et l’explosion démographique de la jeunesse.

i. Urbanisation et croissance démographique

La vitesse et l’ampleur de l’urbanisation risquent d’amener les organisations nationales et urbaines de plusieurs pays en développement à leur point de rupture.

À quelques exceptions près, le rythme d’urbanisation dépasse la capacité des administrations municipales et des résidents des villes à réagir.

ii. Définition des notions clés

Un des défis importants que pose la recherche sur le dilemme urbain découle de la terminologie et des notions variées utilisées par les chercheurs s’appuyant sur des méthodes et à des théories différentes. Les notions clés utilisées dans la formulation et la vérification d’hypothèses, notamment celles de « villes », de « bidonvilles », de « citadins pauvres » et de « violence urbaine », ont des définitions variées et souvent contestées.

La définition donnée à l’adjectif « urbain » varie grandement d’un pays à l’autre et d’une ville à l’autre, et elle comprend souvent un seuil démographique et un indice de fonctions urbaines. Les différentes échelles d’urbanité englobent des notions récentes telles que celles de « conurbation » et d’« agglomération » de villes, tandis que des termes comme « hypervilles » ou « mégapoles » sont utilisés pour décrire les zones densément peuplées ou très actives. Au bas de l’échelle, les établissements spontanés, décrits comme des « bidonvilles », sont souvent définis par leur pauvreté et leur caractère non officiel, sans que l’on tienne compte de leur complexité interne et de leur potentiel.

Même s’il n’existe pas de définition unique de la violence urbaine, on tend à décrire cette dernière en fonction de cinq variables, à savoir son caractère direct ou indirect, son intensité et sa durée, ses caractéristiques géographiques et sociales, son caractère intentionnel et le contexte dans lequel elle survient. Les analystes s’entendent généralement pour dire que la violence est souvent caractérisée par certaines formes d’insécurité interreliées et qu’il faut donc se doter de cadres multidimensionnels pour la décrire. Les analystes de la sécurité et les analystes militaires voient dans la violence urbaine qui survient dans les villes « fragiles » ou « instables » un précurseur de menaces à la sécurité à grande échelle.

Il est entendu que la pauvreté urbaine ne se mesure pas uniquement au moyen de paramètres financiers, mais aussi à l’aide de facteurs de vulnérabilité et de risque variés, notamment l’incidence sur la santé, la malnutrition, les taux de scolarisation et d’analphabétisme, le manque d’accès aux services essentiels et à l’infrastructure publique, la participation importante à des activités du secteur informel, la marginalisation géographique, la précarité de l’occupation résidentielle et l’exposition à la violence organisée.

3. Risques et causes de la violence urbaineCette troisième partie évalue les risques et les causes de la violence urbaine, notamment l’urbanisation, la densité urbaine, la pauvreté et les inégalités, l’explosion démographique de la jeunesse, le chômage chez les jeunes et les problèmes de gouvernance en général. On y présente des données empiriques importantes appuyant l’existence d’un lien entre la violence et l’urbanisation et les inégalités, mais aussi des données moins probantes en ce qui concerne les autres variables. On y conclut également que les possibilités de violence urbaine chronique découlent de l’effet cumulatif de divers risques.

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7,000,000 Monde

Régions les plus développées

Régions en voie de développement

Régions les moins développées

Régions en voie de développement sans les pays les moins développés

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Encadré 2. Un rythme d’urbanisation sans précédent

• Il a fallu environ 150 ans pour que la population de New York atteigne huit millions d’habitants, alors qu’à Mexico et à São Paulo, moins de 15 ans ont suffi pour que la population augmente du même nombre d’habitants.

• En 1947, Karachi comptait moins de 500 000 habitants; en 2011, sa région métropolitaine en comptait 18 millions.

• Les villes de Dhaka, de Kinshasa et de Lagos sont aujourd’hui environ quarante fois plus grandes qu’en 1950.

• Le nombre de villes comptant plus d’un million d’habitants s’est multiplié par plus de quinze depuis 1950.

• Les villes ont absorbé près des deux tiers de l’explosion démographique mondiale depuis 1950 et voient leur population d’ensemble gonfler d’un million de nouveau-nés et de migrants chaque semaine.

Le lien entre l’urbanisation et la pauvreté a fait l’objet de nombreux débats (Linn, 1982; FNUAP, 2007). Selon un certain nombre d’études de la Banque mondiale, l’urbanisation a permis de réduire la pauvreté en offrant de nouveaux débouchés aux migrants, en plus de bénéficier indirectement aux habitants des milieux ruraux (WSP, 2009a). Malgré tout, la pauvreté urbaine diminue plus graduellement que la pauvreté globale. L’incapacité de se préparer à une urbanisation rapide risque d’aggraver la pauvreté et la détérioration de l’environnement (Martine et McGranahan, 2010).

Statistiques tirées de http://esa.un.org/unpd/wup/index.htm

Les politiciens et les chercheurs établissent fréquemment un lien entre le soi-disant turbo-urbanisme et l’augmentation des taux de criminalité, de délinquance et de violence urbaine (Rodgers, 2010; Vockler, 2008). Toutefois, de nombreux chercheurs ont conclu que la violence et les tensions qui en découlent et qui se répercutent sur le développement sont reliées au rythme d’urbanisation et non à l’urbanisation en tant que telle (Banque mondiale, 2010). Cela dit, le lien de causalité entre l’urbanisation rapide et le taux de violence n’est pas clairement défini. Dans certains cas, l’urbanisation rapide a relativement peut d’incidences sur les taux globaux de criminalité et de violence (ONU-HABITAT, 2007). En outre, bon nombre des établissements humains comptant aujourd’hui parmi les plus vastes de la planète et affichant les rythmes d’urbanisation les plus élevés au monde – comme Tokyo, au Japon, ou Chongqing, en Chine – enregistrent des taux de criminalité très faibles (ONU-HABITAT, 2011).

ii. Densité démographique urbaine

Comme l’urbanisation, la densité démographique urbaine est souvent désignée comme un facteur qui contribue à la vulnérabilité d’une ville face à diverses formes de violence. Toutefois, les études qui examinent le lien entre la densité démographique urbaine et la violence donnent des résultats variés (Hasan, 2010). Dans les pays comme le Guatemala et le Népal, où la population vit surtout dans les zones rurales, la violence est nettement concentrée dans les villes (Jutersonke et coll., 2007; Banque mondiale, 2010). La taille et la densité démographique des villes ne sont pas toujours gage de taux de violence excessifs. Dans certaines villes très grandes et très densément peuplées comme Dhaka, Mumbai et Le Caire, par exemple, le taux d’homicides est inférieur à la moyenne nationale (ONUDC, 2011). De plus, les chercheurs produisent des évaluations contradictoires de la corrélation entre la violence urbaine et les bidonvilles densément peuplés. On pense que le manque de logements contribue à créer des tensions dans les relations domestiques et communautaires et, au final, de l’insécurité. Un

Figure 1. Croissance de la population urbaine (en milliers d’habitants) de 1950 à 2050

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iv. Jeunes citadins et chômage

Si les politiciens associent souvent la délinquance et le désordre public aux jeunes hommes peu instruits et sans emploi, ils s’attardent bien moins fréquemment aux parcours qui font en sorte que les jeunes ont recours à la violence. Certains chercheurs ont examiné la manière dont les garçons et les adolescents, dans les grandes villes américaines, sont conditionnés à adopter des comportements violents (Dahlberg, 1998; Shihadeh et Flynn, 1996). Des travaux plus récents ont étudié l’appartenance des jeunes à des gangs (Hagedorn, 2005; Small Arms Survey, 2010). Des intervenants du secteur militaire et de la sphère du développement cherchent aujourd’hui des façons de surmonter les défis associés aux groupes de jeunes hommes armés, comme les soldats démobilisés et les anciens membres de gangs.

Les chercheurs s’intéressant à des questions précises ont découvert que les garçons qui sont témoins d’agressions, pendant une guerre ou non, risquent davantage de commettre des actes violents à l’adolescence ou à l’âge adulte, que ce soit à la maison ou dans le cadre des activités de groupes organisés (Volpe, 1996). Les chercheurs s’intéressant à des questions globales ont examiné les liens qui existent entre l’explosion démographique de la jeunesse et la violence organisée.

Ils ont émis une hypothèse selon laquelle la chute des taux de fécondité et de mortalité fait en sorte qu’une forte proportion de jeunes n’auront pas de perspectives d’emploi et se joindront à des groupes armés pour assurer leur avancement sur les plans social et économique. Même si cette théorie est vivement contestée, certaines données probantes montrent que les explosions démographiques de la jeunesse, combinées à d’autres facteurs, expliquent certaines formes de violence organisée.

Si les gangs existent dans le monde depuis des générations, leur croissance récente à l’échelle régionale et leur influence

nombre croissant d’études signalent pourtant l’existence de formes complexes de sécurité et de résilience dans de grands bidonvilles densément peuplés (Jutersonke et coll., 2007).

iii. Pauvreté et inégalités en milieu urbain

Si les villes sont devenues plus populeuses et plus vastes, la pauvreté et les inégalités en milieu urbain ont elles aussi connu une expansion (Baker, 2008; Baker et Schuler, 2004). Cela dit, on ne s’entend pas sur la mesure dans laquelle la violence urbaine est reliée à la pauvreté et aux inégalités (Fainzylber et coll., 2002; Moser, 2004; Neumayer, 2005). La modélisation statistique montre que les inégalités offrent davantage d’explications que la pauvreté, en particulier en matière de revenu, et que les inégalités en matière de revenu et de répartition des débouchés économiques entre les divers groupes de la population favorisent la violence criminelle. À l’opposé, le revenu par habitant ne semble pas avoir d’effet marqué sur les taux de violence (Fajnzylber et coll., 2002; Graham et Chaparro, 2011).

Encadré 3. Les liens entre les inégalités et la violence

• Dans les milieux urbains, les inégalités constituent une forme de violence structurelle qui donne souvent lieu à des formes de violence plus réactionnaires. Les inégalités et la privation touchent non seulement le revenu, mais également l’accès aux services sociaux de base, la protection offerte par l’État, l’exposition à la corruption systématique et les formes d’inefficience qui se répercutent tout particulièrement sur les pauvres.

• Des chercheurs ont suggéré que l’augmentation du taux de violence urbaine était aussi étroitement liée aux processus de mondialisation et de restructuration, ainsi qu’à la démocratisation politique. Plus les conditions de vie des citadins pauvres deviennent précaires, particulièrement par rapport à celles des riches, plus les risques de conflits, de crimes ou de violence augmentent.

• En Asie du Sud, certains centres urbains et bidonvilles du Pakistan et de l’Inde font face à des flambées de violence sporadiques, visant souvent des groupes ethniques et religieux précis. Beaucoup de chercheurs considèrent que cette violence découle d’une marginalisation progressive et de la position de faiblesse de la main-d’œuvre.

• Ce sont souvent les travailleurs pauvres déplacés qui jouent un rôle dans les troubles violents. Les conditions à l’origine de la pauvreté et des inégalités semblent donner lieu à des formes particulières de violence urbaine, même si les liens qui les unissent ne sont ni nécessaires, ni évidents.

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d’exercer son autorité dans les villes, différents groupes peuvent voir le jour, y compris ceux que l’on appelle les entrepreneurs de la violence. Bon nombre de ces groupes prospèrent grâce à un bassin de recrues formées, mais aussi grâce à la complicité d’institutions publiques et de puissants réseaux de protection, comme on l’a constaté dans des villes des Caraïbes telles que Port of Spain et Kingston, ainsi que dans des villes du Cambodge, de l’Indonésie et du Timor Leste (Townsend, 2009; Leslie, 2010; Muggah, 2010).

4. Resilience and resistanceCette quatrième partie présente la notion de résilience, qui décrit la manière dont les institutions officielles et officieuses s’adaptent au stress, y compris aux formes chroniques et graves de violence urbaine.

Dans les villes où la violence sévit de façon chronique, comme Rio de Janeiro, Port-au-Prince, Beyrouth, Kingston et Johannesburg, des institutions officieuses

offrent des services par le truchement de canaux autres que les canaux officiels lorsque ces derniers sont insuffisants, et les résidents adoptent d’ingénieuses stratégies d’adaptation. On en sait toutefois relativement peu sur la manière dont ces mesures et d’autres facteurs permettent aux villes fragiles de se remettre des chocs graves ou des formes chroniques de violence. La résilience des villes, c’est-à-dire la manière dont elles s’adaptent au stress, est un sujet important auquel il faut s’attarder (Muggah et Jutersonke, 2012). Un certain nombre d’études récentes se penchent d’ailleurs sur les facteurs de protection qui, mis ensemble, peuvent contribuer à assurer la sécurité des citadins. Ces facteurs comprennent la réduction de l’exposition des enfants à la violence et la présence de modèles positifs dans la famille, l’existence de groupes de pairs, d’associations communautaires et d’écoles proactives, de réseaux communautaires et la possibilité d’occuper un emploi productif (Banque mondiale, 2010; Bells et coll., 2010).

transnationale sont sans précédent. Certains responsables des politiques établissent un lien entre les gangs et l’augmentation de la violence urbaine dans certains pays d’Amérique latine et des Caraïbes et de l’Afrique subsaharienne (Jutersonke et coll., 2009; Muggah, 2012b). Il n’y a toutefois pas de consensus sur ce qui constitue un gang, ni sur sa taille et le nombre de membres qui le composent. Qu’ils soient commis par des membres de gangs ou non, les homicides et les voies de fait sont majoritairement l’oeuvre de jeunes hommes, et les agresseurs s’en prennent souvent à des pairs.

v. Problèmes de gouvernance urbaine

Un des principaux facteurs à l’origine de la violence urbaine est l’incapacité des institutions publiques à réglementer et, au final, à gérer, le recours légitime à la force. Dans certaines villes, les systèmes conçus pour maintenir la loi et l’ordre sont dysfonctionnels et perçus comme illégitimes par les citoyens qu’ils sont censés servir. Les forces de sécurité officielles sont souvent incapables d’empêcher la violence organisée et peuvent évidemment faire partie des pires contrevenants. Il existe également une forte corrélation entre les séquelles des conflits armés, de l’autoritarisme politique et de la répression exercée par les forces de maintien de l’ordre et l’apparition et la persistance de la violence urbaine.

Dans les régions où les problèmes de gouvernance sont persistants, la violence politique peut donner lieu à des formes ouvertes et dissimulées de contrainte et de domination.

Dans de nombreux cas, les dirigeants élus sont de connivence avec des institutions publiques soi-disant non partisanes, y compris les forces de sécurité. Cette situation peut donner lieu à des formes contraignantes de mobilisation et d’extorsion de redevances (Clunan et Trinhunas, 2010; Rendes et Terlinden, 2010; Arias, 2006), à un rapport de concurrence entre les patrons et les parties de certains groupes pour la gestion des ressources et à des difficultés à combler les vides du pouvoir au sein d’institutions (Winton 2004). En effet, lorsqu’un État est faible et incapable

Encadré 4. Risques et répercussions sexospécifiques de la violence urbaine

• Dans les milieux ruraux et urbains, les hommes risquent beaucoup plus que les femmes de tuer ou d’être tués. Dans les milieux urbains, les hommes risquent plus que les femmes d’être victimes de voies de fait ou de vols qualifiés. En revanche, les femmes sont beaucoup plus souvent victimes de violence sexuelle et de violence domestique que les hommes.

• Les jeunes filles exposées à la violence à la maison peuvent être prédisposées à entretenir des relations marquées par la violence. Dans certains pays, les femmes dont la mère a été victime de violence risquent deux fois plus que les autres de signaler une agression perpétrée par un conjoint.

• Dans les contextes de violence impliquant des gangs et des affrontements ouverts, on a souvent recours à la violence sexuelle envers les jeunes filles et les femmes afin de les contraindre et de les intimider et pour définir les groupes rivaux.

• L’aménagement d’une ville peut influer sur les formes d’insécurité sexospécifiques. Des critiques féministes ont démontré que les espaces physiques et sociaux des villes témoignent des inégalités dans les rapports hommes-femmes qui existent dans une société donnée. Par exemple, alors que l’essor des banlieues transforme les habitudes des travailleurs et leurs déplacements entre les banlieues et les centres urbains, on accorde peu d’importance au degré de sécurité des femmes au moment de concevoir les réseaux de transport en commun, qui sont plutôt adaptés aux besoins des travailleurs de sexe masculin.

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U ne vaste gamme d’interventions ont été mises en oeuvre pour lutter contre la violence urbaine, en particulier dans les milieux à faible revenu et les milieux

à revenu intermédiaire (Wilmann, 2010). Ces interventions peuvent être classées dans deux catégories générales, à savoir les interventions « fortes » (contraignantes) et les interventions « douces » (fondées sur une participation volontaire). Les intervenants à l’origine de ces interventions peuvent être des institutions publiques « officielles » ou des acteurs « officieux » de la société civile (même si de nombreuses interventions prévoient une collaboration entre ces deux pôles). La figure 1 montre où se situent diverses interventions par rapport à ces variables.

Malgré tout, la base de données probantes permettant de connaître les interventions qui fonctionnent et celles qui ne fonctionnent pas reste assez maigre. De nombreuses interventions, même si elles sont fondées sur des hypothèses théoriques relatives aux liens entre urbanisation, pauvreté urbaine et violence urbaine, restent à être mises à l’essai dans un cadre rigoureux. De plus, le manque de données chronologiques et de capacités d’analyse à l’échelon local dans plusieurs milieux à faible revenu limite la capacité des responsables des politiques et des praticiens de distinguer les résultats concluants des autres résultats. Néanmoins, un examen des programmes et des initiatives montre que certaines interventions particulières axées sur la pacification et l’amélioration de bidonvilles ont donné des résultats encourageants, tandis que les effets des interventions axées sur les services de police et les programmes d’emploi, plus strictes, sont moins certains.

Voici un aperçu des interventions qui semblent efficaces pour améliorer la sécurité et le développement en milieu urbain, en particulier dans les milieux à faible revenu.

Pacification et services de police de proximité. Les interventions axées sur la pacification urbaine et les services de police de proximité réaffirment l’autorité de l’État tout en contribuant aux efforts de relance des services dans les zones négligées. Elles marient programmes socioéconomiques et répression policière. Une des composantes clés de ce type de mesures est la participation des citoyens au processus consistant à rendre prioritaires et à consolider le renforcement de la sécurité. Les interventions plus progressives ont pour but de rapprocher certaines zones isolées des villes grâce à une combinaison de mesures dissuasives et de mesures incitatives. Selon les données probantes qui ont été tirées de travaux de recherche empirique, ces interventions entraînent bien des résultats positifs, mais aussi des répercussions indésirables. On leur attribue une réduction marquée de la violence urbaine réelle et perçue, des occasions d’intégrer les zones structurées et non structurées des villes et la mise sur pied d’un processus de rétablissement du contrat social. Des doutes subsistent cependant à l’égard de leur efficacité et de leurs répercussions économiques négatives sur les résidents.

Encadré 5. Les résidents des villes moyennes et des petites villes sont plus vulnérables

Même si, de manière absolue, plus de gens sont touchés par la pauvreté et l’insécurité dans les grandes villes et les mégapoles, les résidents des villes moyennes et des petites villes des pays en développement sont, à de nombreux égards, plus vulnérables que les autres. Ces villes sont généralement bien moins pourvues que les autres en ce qui a trait aux capacités professionnelles, à la gouvernance et au financement. Leur vulnérabilité est accentuée par le manque d’investissements dans les infrastructures et les services urbains, comme l’approvisionnement en eau, les systèmes de gestion des déchets solides et les soins de santé. En outre, les villes moyennes et les petites villes ont moins d’expérience en matière de collaboration avec les intervenants de l’aide humanitaire et du développement et avec d’autres organismes internationaux.

5. Interventions relatives au dilemme urbain : ce qui fonctionneCette cinquième partie donne un aperçu de différentes interventions visant à renforcer la sécurité en milieu urbain. Parmi les principales interventions, notons la pacification et les services de police, les modèles axés sur les jeunes à risque, la revitalisation de milieux urbains et l’amélioration de bidonvilles ainsi que la gouvernance urbaine.

Cette partie souligne le manque d’évaluations fiables des activités de renforcement de la sécurité urbaine. Elle indique néanmoins que ces activités sont plus susceptibles de s’avérer efficaces si elles comprennent des interventions « fortes » et des interventions « douces », si elles favorisent le leadership à l’échelon local et l’engagement des collectivités et si elles sont évaluées régulièrement au fil du temps.

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la participation des collectivités à la création, à la validation et à la mise en oeuvre de stratégies, l’acquisition d’excellentes aptitudes à l’administration municipale, les capacités de suivi et d’évaluation fiables et les communications régulières (Jutersonke et coll., 2009).

Promotion du capital social et de la cohésion sociale. Au cours des dernières décennies, on a recommencé à voir le capital social et la cohésion sociale comme des moyens de prévenir la violence urbaine. À la suite des émeutes survenues à Londres en 2001 et en 2011, par exemple, des rapports rédigés par des équipes d’examinateurs de la cohésion à l’échelon des collectivités ont conclu que les émeutes avaient été causées par une polarisation ethnique et identitaire marquée. Ces rapports avançaient la nécessité d’améliorer la cohésion à l’échelon des collectivités grâce à des contacts entre les cultures et aux principes communs reliés à la citoyenneté. Une série de commissions ont recommandé la tenue de débats nationaux axés sur les jeunes (Giddens, 2011). Des organisations comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Banque mondiale ont commencé à orienter leurs investissements et leurs programmes vers la promotion du capital social et de la cohésion sociale, y compris dans les sociétés qui sortent d’un conflit armé ou qui risquent d’être le cadre de flambées de violence (PNUD, 2010; Banque mondiale, 2012).

Amélioration de la protection et atténuation des risques auxquels les jeunes sont exposés. Un large éventail d’interventions visent à promouvoir les facteurs de protection et à réduire les facteurs de risque qui touchent les jeunes. Bon nombre de ces interventions sont axées sur la planification familiale, les relations parents-enfants, la formation de l’identité et la naissance d’un sentiment d’appartenance chez les jeunes, l’éducation de la jeunesse, les activités parascolaires et les loisirs ainsi que la résilience des collectivités (PNUD, 2010; OMS, 2002). De telles interventions sont assez courantes dans les milieux urbains bien nantis, mais moins visibles dans les milieux plus pauvres, où elles sont généralement plus sporadiques et axées sur des projets. Dans les milieux urbains à faible revenu, l’un des principaux objectifs de ces interventions est d’offrir aux jeunes hommes la possibilité d’acquérir des connaissances et d’occuper un emploi rémunéré. Puisque le type et la qualité d’un emploi semblent en déterminer l’effet protecteur, les interventions qui améliorent les habiletés sociales et les aptitudes fondamentales sont aussi importantes que celles qui permettent de suivre une formation technique (WSP, 2009b; Fay, 2005). Les interventions les plus efficaces pour réduire la violence des gangs et le récidivisme comportent des stratégies à facettes multiples.

Outre les mesures d’application de la loi, elles comprennent des activités axées sur la protection et la réduction des risques,

Figure 2. Caractéristiques des interventions de prévention et de réduction de la violence urbaine

Source: Muggah 2012a

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systèmes de gouvernance urbaine efficaces. Le transfert des fonctions clés aux administrations municipales a eu des retombées très positives sur le degré de sécurité dans les villes où l’on retrouve des institutions fortes, comme Bogota, Medellín et Rio de Janeiro. Toutefois, dans les milieux où les structures et les capacités sont faibles, par exemple en Afrique subsaharienne, dans les Balkans et dans certaines parties de l’Asie centrale et de l’Asie du Sud, les résultats de telles initiatives demeurent incertains (Vetters, 2007). Un des principes fondamentaux de la gouvernance urbaine est la promotion des interactions entre les associations locales, les résidents et les institutions publiques. Ce principe est important puisqu’il permet d’assurer l’appui de la population à l’égard des plans d’action et la réussite à long terme des interventions. Sans de telles interactions, les interventions axées sur la sécurité peuvent donner lieu à de nouvelles flambées de violence si les stratégies sont mal expliquées, les interventions, mal gérées, et les attentes, insatisfaites.

L’encadré 6 ci-dessous présente un certain nombre d’interventions et les relie aux approches théoriques de la section 2.

Revitalisation de milieux urbains aux fins de la sécurité. Traditionnellement, les approches adoptées par les administrations municipales au regard de la pauvreté urbaine nécessitaient d’importantes mesures d’ingénierie sociale. Dans de nombreux cas, les milieux à faible revenu et, dans d’autres cas, les pauvres eux-mêmes, étaient vus comme une nuisance qu’il fallait remplacer par des infrastructures physiques et sociales améliorées et par une nouvelle classe moyenne. Toutefois, depuis les années 1980 et les années 1990, un certain nombre de gouvernements nationaux d’Asie du Sud ont trouvé des moyens novateurs de travailler avec des intervenants du secteur privé pour exploiter le potentiel inutilisé des bidonvilles, notamment en investissant dans le renouvellement et l’expansion de l’accès au marché (Mukhija, 2001). Différents modèles nationaux et métropolitains visant à revitaliser les zones urbaines en déclin ont été étudiés, y compris des prêts à faible taux d’intérêt et des bourses pour la remise en état des maisons, des incitatifs fiscaux visant à attirer les entreprises, des projets de logements sociaux, de nouvelles ententes de financement pour la revitalisation et des initiatives d’aménagement de l’environnement pour rapprocher des populations différentes.

Amélioration de bidonvilles aux fins de la sécurité urbaine. Au cours des dernières décennies, l’urbanisme a été marqué par l’attention accordée à l’amélioration des bidonvilles grâce au perfectionnement de la prestation de services, à de meilleurs logements et à des politiques d’emploi. Les résultats de ces initiatives sont contestés. Certains analystes obtiennent peu de données probantes sur les améliorations obtenues, mais ils observent des bienfaits progressifs en ce qui concerne la prestation de services, y compris la promotion de la sécurité. Les évaluations de la soi-disante nouvelle génération d’initiatives de développement des bidonvilles en Amérique latine révèlent une impression d’amélioration de la qualité de vie et de réduction de la violence (Riley et coll., 2001; Samper, 2011). Même si elles étaient surtout axées sur la réduction de la pauvreté, un grand nombre d’interventions mises en oeuvre au cours des deux dernières décennies pour améliorer les conditions de vie dans les bidonvilles étaient liées directement ou indirectement à la sécurité urbaine (Samper, 2011; ONU-HABITAT, 2011).

Des analystes attribuent à certains projets récemment réalisés en Amérique latine d’importants apports à la réduction de la violence urbaine, bien que leur effet sur la pauvreté urbaine ait été moins marqué.

Gouvernance urbaine aux fins de la sécurité. La gouvernance, plus particulièrement celle qui concerne la sécurité urbaine, est une composante essentielle de la prévention et de la réduction de la violence dans les villes. De nombreuses initiatives de promotion de la sécurité urbaine ne comprennent pas de

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Encadré 6. De la théorie à la pratique : quelques exemplesThéorie/Approche Description Fonctions Initiatives*Le désordre social Théorie sociologique

selon laquelle les inégalités économiques, l’hétérogénéité ethnique et l’instabilité résidentielle contribuent au désordre collectif et, au final, à la violence

Revitalisation et réaménagement de milieux urbainsEmbourgeoisement urbainSécurité accrue dans les villesAmélioration de bidonvilles

Urban Partnerships for Poverty Reduction (Dhaka) Kenya Slum Upgrading Program (Nairobi)Violence Prevention through Urban Upgrading Program (Le Cap)Proyecto integrado urbano de MedellínConsejo Nacional de la Vivienda (Buenos Aires)Favela Bairro (Rio de Janeiro)

Le carreau cassé Théorie criminologique fondée sur l’hypothèse selon laquelle le désordre urbain a des effets symboliques et normatifs qui contribuent à la criminalité et à la violence qui s’y rattache.

PacificationServices de police de proximité et axés sur les problèmesPrévention du crime par l’aménagement du milieu (PCAM)

Zero tolerance (New York, 1993)Safe Streets Program (différentes villes des États-Unis)Operation Ceasefire (Boston)Pacification Police Units, ou UPP (Rio de Janeiro, 2008-2014)

Le modèle écologique

Approche de santé publique selon laquelle il est possible de prévenir la violence en s’attardant aux interactions entre les facteurs de risques associés aux personnes, aux relations, aux collectivités et à la société.

Rencontres de jeunes enfantsInterventions liées à la violence conjugaleLois et règlements sur les armes à feuInterdictions temporaires visant l’alcool et les drogues

Early Head Start (États-Unis, années 90)Alcohol regulation and rationing (Australie, États-Unis et Bogota)Mayors Against Illegal Guns (600 villes des États-Unis)

Le capital social et la cohésion sociale

Perspective économique comportementale et institutionnelle selon laquelle l’établissement d’un lien de confiance et de rapports sociaux étroits entre les personnes joue un rôle déterminant dans la réduction de la violence.

Planification avec la participation des citoyens et échanges avec le secteur publicEspaces publics de coexistence Accès à la justice à l’échelon local Formation sur le leadership, éducation et soutienDéveloppement de micro-entreprises

Social capital for violence prevention (région métropolitaine de San Salvador)DESEPAZ (Cali, 1992-1994)HOPE VI et HOPE SF (années 2000, États-Unis)Projets de sécurité communautaire et de cohésion sociale du PNUD (plus de 13 pays)

L’émancipation des jeunes et les perspectives d’emploi chez les jeunes

Approche sociologique et psychologique selon laquelle il est possible de faire en sorte, grâce à des interventions ciblées, que les jeunes à risque – des garçons la plupart du temps – n’aient pas recours à la violence et n’adoptent pas de comportements antisociaux.

Soutien aux parents et à la famille et visites à domicileAptitudes sociales et aptitudes à la résolution de conflitsRéseaux d’encadrement et de jumelageInterventions scolaires et parascolairesFormation des anciens membres de gang et des enfants soldats

Kenya Youth Empowerment and Employment Initiative (Nairobi)Youth empowerment and employment project (Honiara)Youth employment and empowerment (Freetown et Monrovia)Programmes d’autonomisation des jeunes au NigeriaSafer Cities International Youth-led Urban Development Platform (DARUA)

*La majorité des initiatives de prévention de la violence englobent généralement une variété d’approches inspirées de divers cadres théoriques. Les cas énumérés ci-dessus ne sont fournis qu’à titre d’exemple; ils n’ont pas tous fait l’objet d’une évaluation approfondie. Source : Muggah (2012a)

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l’établissement de normes condamnant la violence urbaine. On doit encourager les chercheurs à travailler avec les responsables des politiques et les intervenants pour évaluer les interventions dès le début, notamment au moyen de mesures de randomisation et de conception expérimentale.La recherche doit comporter une démarche historique permettant d’observer les changements à long terme ainsi que des méthodes qualitatives afin de connaître la perception des populations ciblées et des intervenants.

Influence des autorités publiques et privées sur la teneur de la violence urbaine. Relativement peu de recherches s’intéressent à l’influence des institutions publiques sur l’évolution de la violence urbaine et à leur rôle sur sa croissance, sa limitation ou sa réduction. Alors que certaines villes, comme Le Cap, San Salvador, Karachi, São Paulo et quelques autres mégapoles, bénéficient de l’attention dont elles ont grandement besoin, on en sait peu sur la situation dans les autres villes et pays. Des recherches sur la collusion entre les autorités officielles et les soi-disant groupes armés illégaux doivent être réalisées. On doit aussi se pencher davantage sur les manières dont les initiatives de développement mettant l’accent sur les pauvres peuvent se heurter à une résistance violente.

Influence des communautés sur les effets des interventions de prévention et de réduction de la violence urbaine. Même s’il est essentiel que la communauté participe aux interventions et se les approprie pour que leurs résultats soient concluants et durables, les organismes de développement peinent à trouver des moyens pour que les communautés se définissent et se responsabilisent. Celles-ci s’en remettent souvent à des intermédiaires, tels que des institutions publiques ou des groupes locaux non gouvernementaux. Des recherches doivent être effectuées sur la légitimité de ces intermédiaires, les modes d’engagement collectif, les dynamiques de coopération politiques et sociales et la manière dont ces intermédiaires influent sur la violence urbaine et sont touchés par celle-ci. Il faut aussi étudier les stratégies locales de coopération, de cooptation et de résistance liées à la violence urbaine, en particulier au sein des populations défavorisées et marginalisées, et le rôle joué par les femmes et les jeunes à titre d’agents de changement.

Plan à long terme relatif au dilemme urbain. Comme les spécialistes s’efforcent de surmonter les risques actuels, il est à craindre que les catastrophes de demain soient ignorées. Parmi les risques principaux que les villes devront affronter, mentionnons les pandémies, l’insécurité alimentaire et les changements climatiques, lesquels pourraient à leur tour faire accélérer l’exode rural. Ces préoccupations et autres « sources de stress » doivent être étudiées des années à l’avance. À mesure qu’on explorera de nouveaux domaines, il sera essentiel d’investir dans la collecte de données afin de permettre d’évaluer et de prédire les « points chauds » urbains où des crises importantes risquent de survenir.

6. Un plan pour les recherches futures

Même si l’on acquiert lentement de plus en plus de connaissances sur le dilemme urbain, il existe toujours, dans la majorité des milieux à faible revenu

des pays en développement, un manque de travaux de recherche appliquée. Si l’urbanisation, la pauvreté urbaine et la violence urbaine continuent de susciter un engagement modéré en Amérique latine et dans les Caraïbes ainsi qu’en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, les évaluations des chercheurs se limitent généralement à des disciplines particulières et le financement soutenu des études à long terme demeure restreint.

Recherche de clarté dans la définition des concepts et la terminologie. Les chercheurs décrivent les concepts clés du dilemme urbain (« ville », « pauvreté », « inégalités » et « violence ») de plusieurs manières différentes. Il en résulte des divergences de concepts et de terminologie qui peuvent avoir des répercussions importantes sur l’orientation de la recherche, la communication des politiques et la conception, la mise en oeuvre et le suivi des programmes. Les chercheurs s’intéressant à des questions globales doivent utiliser des catégories et des variables bien définies pour établir des corrélations valables. À l’opposé, les chercheurs s’intéressant à des questions précises comparent normalement plusieurs définitions et interprétations et se penchent sur les diverses significations attribuées aux concepts par différentes personnes. Par conséquent, les chercheurs doivent préciser les concepts clés du dilemme urbain afin de permettre les échanges d’une discipline et d’une approche méthodologique à l’autre.

Production et analyse de données permettant de soutenir des mesures efficaces de prévention et de réduction de la violence urbaine. Étant donné que des données probantes et des analyses solides sont essentielles à la prise de mesures efficaces de prévention et de réduction de la violence urbaine, il est important d’investir dans la collecte de données aux échelles locales et nationales et d’améliorer les possibilités de traitement et d’analyse des données par les autorités locales. La nécessité d’avoir des données chronologiques et géoréférencées fiables, représentatives et ventilées (par sexe, âge et origine ethnique) sur la violence urbaine dans les milieux défavorisés de l’Afrique subsaharienne, de l’Amérique centrale, des Caraïbes, de l’Asie centrale et de l’Asie du Sud est criante. De manière plus particulière, il est essentiel d’investir dans les capacités de collecte de données de gestion publique et de données non gouvernementales dans les secteurs mal desservis.

Effets à long terme des initiatives de prévention et de réduction de la violence urbaine. On doit accorder beaucoup plus d’attention à l’évaluation des résultats et des effets réels et perçus des initiatives de prévention et de réduction de la violence urbaine dans les milieux à revenu intermédiaire et à faible revenu. On en sait assez peu sur l’efficacité des interventions à moyen terme ou à long terme qui visent à réduire la pauvreté et les inégalités ou à encourager

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Encadré 7. Pour commencer à combler les lacunes identifiées par l’étude de référence, l’initiative de recherche Villes sûres et inclusives cherche à subventionner des projets qui tenteront de répondre aux questions de recherche suivantes :

1. Quels sont les facteurs (sociaux, culturels, politiques, économiques, sexospécifiques et autres) qui contribuent le plus à la violence urbaine et en quoi représentent-ils à la fois une cause et une conséquence de la pauvreté et des inégalités ? Pourquoi des collectivités touchées de façon comparable par les inégalités et l’exclusion sociales et économiques subissent-elles différents degrés de violence ?

a. Quels rôles jouent les facteurs socioculturels dans la prévention de la violence, en particulier à l’échelle communautaire ?

b. Quelle économie politique se cache derrière la violence urbaine et en quoi l’économie et les structures de pouvoir licites et illicites (p. ex., le crime organisé, les gangs et les groupes terroristes) se nourrissent-elles et profitent-elles de cette violence ?

c. Pour les régions urbaines, quels sont les coûts économiques directs et indirects de la violence, y compris de la violence armée ainsi que du crime organisé et du terrorisme à l’échelle internationale ?

d. Pourquoi des collectivités touchées de façon comparable par les inégalités et l’exclusion sociales et économiques subissent-elles différents degrés de violence ? Pourquoi observe-t-on des degrés différents de résilience à la violence et à la criminalité dans des collectivités caractérisées par des problèmes d’exclusion sociale d’importance similaire ?

e. En quoi l’aspect géographique a-t-il un effet sur la violence dans les villes ? En quoi l’environnement bâti par les humains a-t-il une incidence sur la sécurité des différents groupes de la population (femmes, filles, jeunes hommes, personnes âgées, personnes handicapées) ?

2. Quelles sont les interventions les plus efficaces (officielles et officieuses) afin de contrer les phénomènes de la violence urbaine, de la pauvreté et des inégalités ? Pourquoi ? Comment de telles stratégies ont-elles contribué à améliorer les moyens de subsistance et la sécurité des personnes et des groupes les plus vulnérables et marginalisés, en particulier des femmes, des filles et des minorités ? Comment ces stratégies et ces mesures se répercutent-elles sur la légitimité et la reddition de comptes des pouvoirs publics, qui sont chargés de veiller à la sécurité et au bien-être des citoyens ?

a. Devant un problème de violence chronique et l’absence de réceptivité des institutions de l’État, à quelles stratégies officielles et officieuses les citoyens et les collectivités peuvent-ils avoir recours pour améliorer leur sécurité ? Quelles stratégies de résilience ont-ils adoptées et en quoi ces stratégies ont-elles permis de réduire la violence ? Ces stratégies étaient-elles différentes d’un groupe à l’autre (p. ex., les femmes, les jeunes et les autochtones) ? Quels ont été les effets de ces stratégies sur la réduction de la pauvreté ?

b. Quels sont les meilleurs moyens de mesurer l’efficacité des initiatives visant à réduire la violence urbaine (il peut s’agir aussi bien de processus que d’indicateurs) ?

c. Quels types d’interventions et de pratiques novatrices (des administrations municipales, des groupes de la société civile, des communautés, des citoyens, des services de sécurité) ont permis de promouvoir la sécurité des citoyens et de réduire la pauvreté dans les secteurs urbains où les taux de conflits et de violence sont élevés ?

d. Quelles interventions ou pratiques novatrices (officielles ou officieuses) ont permis de s’attaquer efficacement aux défis particuliers que doivent surmonter les femmes et les filles ? En quoi ces interventions permettent-elles d’établir un lien entre la violence contre les femmes et les filles et la violence à plus grande échelle ?

e. Quels types de distinctions les acteurs étatiques et les acteurs non étatiques ont-ils faites entre la « violence et la criminalité ordinaires » et la violence commise par des groupes du crime organisé transnational ? Quels ont été les effets de ces interventions sur les politiques liées à la réduction de la violence et de la pauvreté ?

f. Quelles mesures prises par l’État pour lutter contre la violence et les conflits urbains ont été efficaces pour affirmer ou rétablir la légitimité et la reddition de comptes des pouvoirs publics ?

g. Quelle incidence les nouveaux mécanismes de sécurité (comme les groupes de sécurité privés, les milices privées, les groupes de protection, etc.) ont-ils sur la légitimité et la reddition de compte de l’État ? Quelles interventions ont été les plus efficaces pour obliger les acteurs étatiques et non étatiques ayant joué un rôle dans la promotion de la violence à rendre des comptes ?

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3. Quelles sont les conditions facilitant l’élaboration de politiques et de pratiques efficaces (officielles et officieuses) qui renforcent la sécurité et protègent les moyens de subsistance des personnes et des groupes les plus pauvres et les plus vulnérables ? Comment favoriser l’adoption de telles politiques et pratiques et dans quelle mesure, le cas échéant, celles-ci peuvent-elles être appliquées dans d’autres contextes ?

a. Dans quelles circonstances les autorités municipales, les groupes de la société civile ou les citoyens et les collectivités ont-ils été en mesure d’établir des politiques et des pratiques visant à promouvoir la sécurité des citoyens et à réduire la pauvreté dans les secteurs urbains où les taux de conflits et de violence sont élevés ?

b. Quelles conditions ont rendu possible ou augmenté la participation des citoyens dans l’élaboration et la mise en oeuvre de stratégies efficaces visant à lutter contre la violence et à améliorer et protéger les moyens de subsistance des populations défavorisées des milieux urbains très violents ?

c. Quelles leçons pouvons-nous tirer du travail déjà accompli par les urbanistes en ce qui concerne le sentiment de sécurité au sein des communautés à faible revenu, ainsi que des initiatives lancées partout dans le monde pour promouvoir la sécurité dans les villes ?

d. Quelles conditions ont permis aux intervenants de lutter ensemble contre la violence urbaine dans les milieux où l’État et la population se méfient l’un de l’autre ?

e. Dans quelles circonstances les femmes, les filles et les jeunes ont-ils pu participer à l’élaboration et à la mise en oeuvre d’initiatives concluantes visant à promouvoir la sécurité des citoyens et, plus particulièrement, la leur ?

f. De quelle manière les politiques et les stratégies de prévention et de réduction de la violence et de la criminalité se sont-elles adaptées aux différents contextes socioculturels à l’échelle locale ?

g. Comment les populations urbaines font-elles des choix collectifs en ce qui concerne leurs objectifs, leurs droits et leurs ressources ?

h. Quels rôles jouent les dirigeants, les représentants, l’opinion publique et les groupes d’intérêts ? Quels sont leurs mandats et quels mécanismes de contre-pouvoir sont en place ? Comment les mesures collectives sont-elles mises en oeuvre dans ces milieux ?

ConclusionLe caractère urgent d’un grand nombre des problèmes associés au dilemme urbain force les responsables des politiques et les chercheurs de diverses disciplines à conjuguer leurs efforts pour analyser et mieux comprendre les répercussions directes et indirectes de la violence urbaine, de la pauvreté et des inégalités. Cependant, de nombreux gouvernements et organisations internationales commencent à peine, et ce, très lentement, à reconnaître le rôle prépondérant que jouent les villes en matière de sécurité et de développement.

Les institutions financières internationales telles que la Banque interaméricaine de développement (BID) et la Banque mondiale ont réalisé des avancées modestes en matière de soutien à la prévention et à la réduction de la violence urbaine. À l’échelle internationale, le programme Safer Cities d’ONU-HABITAT, l’International Center for the Prevention of Crime and Violence et le Forum européen pour la sécurité urbaine, par exemple, s’intéressent davantage au dilemme urbain. En outre, des alliances internationales ont été formées pour bâtir une base de connaissances encore plus solide. Parmi celles-ci, mentionnons des associations de maires d’Amérique du Nord, d’Amérique

latine et d’Europe de l’Ouest, l’Alliance pour la prévention de la violence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Réseau international pour les conflits et les situations de fragilité, sans oublier la Déclaration de Genève sur la violence armée et le développement.

Fait plus important encore, les villes commencent à trouver elles-mêmes des moyens de collaborer à l’intérieur et au-delà des frontières nationales. Depuis les années 1970 au moins, des villes lancent des initiatives de collaboration pour générer des investissements, trouver de nouvelles formes d’emploi et mettre en commun leurs stratégies de renforcement de la sécurité en milieu urbain. Depuis 1989, au moins 50 des plus grandes villes européennes ont participé à des initiatives de ce genre et, plus récemment, certaines villes asiatiques leur ont emboîté le pas. Bon nombre des réseaux ainsi créés ont établi des plans stratégiques pour promouvoir la revitalisation et le réaménagement auprès des administrations municipales, des groupes de la société civile et du secteur privé.

Les villes constituent un point d’insertion pour la mise sur pied de campagnes favorables aux pauvres et visant à contrer la violence car elles permettent un passage à grande échelle plus

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important que les milieux où la population est plus dispersée. Il faut en apprendre davantage sur les interventions qui fonctionnent, les raisons pour lesquelles elles fonctionnent et la manière dont des intervenants externes peuvent soutenir les efforts déployés. Il est à souhaiter que cette étude de référence, l’initiative de recherche Villes sûres et inclusives et les propositions qui en découleront permettront de trouver des réponses approfondies à ces questions.

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